36
Les rachats au RREGOP : pas si compliqué que ça ! CHSLD : le public c’est mieux ! Entrevue avec Hugo Latulippe Nouvelles CSQ Hiver 2012 Publication officielle de la Centrale des syndicats du Québec Postpublications : N o de convention 40068962 SOUS LE PIC DES DÉMOLISSEURS SOUS LE PIC DES DÉMOLISSEURS SOUS LE PIC DES DÉMOLISSEURS

Les intervenantes en petite enfance

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Les intervenantes en petite enfance

Les rachats au RREGOP : pas si compliqué que ça !

CHSLD : le public c’estmieux !

Entrevue avec Hugo Latulippe

NouvellesCSQHiver 2012

Publication officielle de la Centrale des syndicats du QuébecPo

stpu

blic

atio

ns :

Node

con

vent

ion

4006

8962

SOUS LE PIC DESDÉMOLISSEURSSOUS LE PIC DESDÉMOLISSEURSSOUS LE PIC DESDÉMOLISSEURS

Page 2: Les intervenantes en petite enfance

Vos besoinsen assurance vieont peut-être changé.Plusieurs étapes de la vie engendrent des besoins spécifiquesen assurance vie : achat d’une propriété, mariage ou unioncivile, naissance ou adoption d’un enfant, etc. Votre régimed’assurance collective offre des montants de protectiond’assurance vie à des taux très avantageux. Informez-vous!

SSQ, la bonne place pour protégervotre avenir et celui de vos proches!

24448

www.ssq.ca

DENOUVEAUXPROJETSEN VUE?

Page 3: Les intervenantes en petite enfance

MOT DE LA RÉDACT ION

Notre rédactrice en chef,Catherine Gauthier, s’active àl’accroissement de la popula-tion québécoise. Elle est doncen congé de maternité pour lesmois à venir. Elle a toutefois eule temps de produire le premiernuméro de l’année que vousavez reçu en octobre. Nous luisouhaitons une belle grossesseet un bébé en santé !

Afin de conserver notrerythme de publication,Christine Marceau a pris larelève presque au pied levé.

Elle assumera les responsabilités de Catherine pendant sonabsence. Merci à Christine et aux membres de l’équipe des com-munications qui ont contribué à la constitution du plan de travailet à l’élaboration de ce numéro, de même qu’à tous les collabora-teurs et collaboratrices.

L o u i s e R o c h e f o r tDirectrice des communications

L’année 2011 n’est pas encore terminée, mais déjà nous pou-vons dire qu’elle aura été l’année où les peuples de plusieurspays ont crié leur ras-le-bol du pouvoir abusif des plus riches,qui veulent devenir encore plus riches, au détriment des autres.Force est de constater que les gouvernements qui veulent plaireà ces plus riches jamais assouvis coupent dans les servicespublics pour leur permettre d’arrondir leurs fins de mois.

Ici, au Québec, on ne se lasse pas de vouloir réduire les budgetsen éducation. Il faudra bien que nos dirigeants apprennent àcompter pour prendre conscience que l’avenir d’un pays passe pardes enfants éduqués et en santé. À lire : notre dossier L’éducationsous le pic des démolisseurs. Aussi, dans ce numéro, les CHSLD,les coops de santé, les indignés et une entrevue avec le cinéasteHugo Latulippe pour son film République : l’abécédaire du peuple.

Bonne lecture !

C h r i s t i n e M a r c e a uRédactrice en chef

Pour nous écrire :[email protected]

PH

OT

O F

RA

OIS

BE

AU

RE

GA

RD

PH

OT

O F

RA

OIS

BE

AU

RE

GA

RD

L’année detous lesdangers enéducation

Page 4: Les intervenantes en petite enfance

SommaireNouvellesCSQ

Hiver 2012Volume 32 • no 2

16

27

24

13

1213

10

24

198

10

18

19

21

22

30

32

À la une

Les coupes en éducation : les cas de Champlain et des cégeps

Line au pays des merveilles de la nouvelle gouvernanceen éducation

Éducation : Ne copiez pas les mauvaises idées

Santé et services sociaux

Hébergement des personnesâgées en perte d’autonomie :le public, c’est mieux !

Rencontre

Hugo Latulippe : un cinéaste engageant

Santé et services sociaux Formation universitaire obligatoirepour les infirmières ?

Les rachats au RREGOP : pas si compliqué que ça !

Une école qui carbure à la démocratie !

Les intervenantes en petite enfancePassionnées de réussite !

Les cégepsUne innovation québécoise qui a faitses preuves !

Les coopératives de santéIniquité et déresponsabilisation de l’État

SociopolitiqueLa colère des peuples

BurundiL’amélioration de l’éducation aucœur de l’avenir du pays

Nouvelles CSQVolume 32, no 2Publication de la Centraledes syndicats du Québec9405, rue Sherbrooke EstMontréal (Québec) H1L 6P3Tél. : 514 356-8888Téléc. : 514 356-9999Courriel : [email protected]

Directrice des communicationsLouise Rochefort

Rédactrice en chefChristine Marceau

CollaborationsLuc Allaire, Martin Belhumeur,France Bernier, Bruno-Pierre Cyr,Gabriel Danis, Nicole de Sève,Claude Girard, Pierre Jobin,Karine Lapierre, Jean Laporte,Hélène Le Brun, Marie-AndréeLemay, Chantal Locat, RéjeanParent, Marjolaine Perreault,Jean Robitaille, Marie-JoséeRousse, Denis St-Hilaire,Jacques Tondreau

Secrétaire adjointe aux publicationsFrance Giroux

Révision Micheline Jean

Design graphique et éditiqueSébastien Huot

Technicienne à la coordination graphiqueSylvie Bouchard

PublicitéJacques Fleurent 514 [email protected]

Caricature de la page couvertureFerg

PhotographesLuc Allaire, François Beauregard, Martin Cayouette, Michel Giroux,Caroline Hayeur, Jean-FrançoisLeblanc, Jacques Lévesque,Marie-Josée Rousse, Fotolia,Shutterstock

Prépresse et impressionTranscontinental

Dépôt légalBibliothèque nationale du QuébecBibliothèque nationale du CanadaTroisième trimestre 2011ISSN 1497-5157

La CSQ sur le Webcsq.qc.net

AbonnementService des communications514 [email protected]

PostpublicationsNo de convention 40068962Retourner toute correspondance nepouvant être livrée au Canada à :Publication de la Centrale des syndicats du Québec9405, rue Sherbrooke EstMontréal (Québec) H1L 6P3

22

Page 5: Les intervenantes en petite enfance

NouvellesCSQ Hiver 2012 5

ÉD ITORIAL

L’Action démocratique du Québec (ADQ) propose l’abolition pure et simple des commissions scolaires. LaCoalition de François Legault reprend la proposition à son compte et en rajoute une couche en voulant introduireun système de paie au mérite et en attaquant de front la sécurité d’emploi. Les libéraux, pour ne pas être enreste, nous proposent de sabrer les budgets des commissions scolaires à coup de centaines de millions. Pireencore, la ministre Beauchamp a mis de l’avant, au congrès de son parti, une mesure visant à mettre en concur-rence les écoles entre elles. Heureusement, ces inepties des libéraux ont été mises au rancart, mais elles nousdonnent l’air du temps. Les cônes orange commencent à se mettre en place. Déconstruction, danger !

Sous prétexte de donner plus d’autonomie aux écoles, on s’apprête à couper massivement dans lesbudgets de l’éducation sans donner aucune garantie que les sommes seront transférées dans lesécoles. La multitude de tests que nécessiterait cette mise en concurrence des établissements et deleur personnel n’est certes pas de nature à accroître l’autonomie professionnelle du personnelenseignant. Ce qui est certain par contre, c’est que tout cela conduirait à un effritement du sys-tème d’éducation.

Tous ces projets de démolition semblent assez clairs : les commissions scolaires qui ont pourmandat d’assurer une répartition équitable des services sur leur territoire pourraient bien passeraux marteaux piqueurs si l’on n’y prend garde. Des directions de commission scolaire fuientdéjà l’édifice de crainte de se retrouver sous les décombres. Par contre, ce qui inquiète danscette surenchère de déconstruction improvisée, c’est que tous ces projets de reconstructionenvisagés baignent dans un flou artistique.

Avant de démolir, il est d’usage d’avoir un plan de reconstruction et de prévoir une autreroute pendant la durée des travaux. Pas besoin d’être un architecte chevronné pour savoirça. Pourtant, cette évidence ne semble pas encore avoir sauté aux yeux de nos entrepre-neurs politiques. Si des travaux de rénovation peuvent être utiles, il en est autrement deschantiers de démolition envisagés. À terme, les grands perdants pourraient bien être ceuxqui sont la raison d’être de ces infrastructures, les élèves eux-mêmes.

R é j e a n P a r e n tPrésident de la CSQ

1 PISA : Programme international pour le suivi des acquis des élèves. Cette évaluation internationale,mise sur pied par l’OCDE, vise à tester les compétences des élèves de 15 ans.

À l’échelle internationale, les tests PISA1 nous révèlent que le système d’éducation québécoisse classe parmi les meilleurs, malgré ses lacunes. Ces données contredisent le tableau noirque les médias s’évertuent à brosser de notre réalité scolaire. Et ces bons résultats de nosélèves, nous les devons au travail exceptionnel du personnel qui fait l’éducation au jour lejour. Pourtant, les démolisseurs sont à nos portes. À en croire quelques-uns de nos politi-ciens les plus bruyants, le temps des grands chantiers serait venu.

Abonnez-vous au Blogue de Réjean Parent pour réagir à l’actualité avec lui ! Ses billets traitent d’une foule de sujets. Voici quelques titres récents :

• Les régimes de retraite : la propagande de Quebecor• Évaluer les enseignants… Encore !• Éducation : boucs émissaires recherchés

Pour consulter ces billets, et plus encore,visitez le site rejeanparent.ca et faites entendre votre voix !

L’éducation sous le pic des démolisseurs

PH

OT

O F

RA

OIS

BE

AU

RE

GA

RD

Page 6: Les intervenantes en petite enfance

NouvellesCSQ Hiver 20126

RE JEANPARENT.CA

[…] Ce qui me frappe dans les récents cas de violence qui sontrapportés, c’est que cette violence se manifeste de plus en plus horsdes murs de l’école dans les nouveaux médias sociaux. La vio-lence s’insinue à la maison devant l’écran d’ordinateur des élèvesou des enseignants. Mais qui enseigne à ces jeunes comment secomporter dans le nouveau monde numérique qui est le leur et d’oùles parents sont le plus souvent absents ? Qui leur enseigne lesrègles d’éthique liées aux nouvelles technologies ? […]

Pour consulter le blogue et pour échanger, visitez rejeanparent.ca.

À lire…L’actualité est riche en événements. Discutez-enavec Réjean Parent sur son blogue.

Le 1er novembre dernier, le président de la CSQabordait le sujet de La violence à l’école et l’éduca-tion numérique dans le Far Web :

RECHERCHE

En septembre dernier, était déposé le rapport derecherche issu de l’Enquête québécoise sur des condi-tions de travail, d’emploi et de santé et de sécurité dutravail (EQCOTESST). Cette enquête, sous la respon-sabilité du ministère du Travail, vise à faire le pointsur les conditions de travail au Québec et, éventuelle-ment, sur leur évolution1.

Quelques faits saillants du rapport de recherche■ Mobilité et précarité

La mobilité et la précarité marquent le marché du travail. Eneffet, 20 % des personnes de 55 ans et plus ont moins decinq années d’ancienneté, et 35,8 % des personnes inter-rogées connaissent une insécurité d’emploi. Donnée non

négligeable, 21,8 % des travailleuses et des travailleurs del’enseignement vivent une précarité d’emploi2.

■ Être syndiqué : un avantage

En ce qui concerne les conditions de travail, l’enquête révèleque celles et ceux qui sont syndiqués sont plus nombreux àtravailler à temps plein, à avoir des revenus de moyens àélevés et à bénéficier, en plus grande proportion, d’avantagessociaux liés à l’emploi (congés de maladie, assurance salaire,régime de retraite et mesures de conciliation travail-famille).

■ Santé et sécurité au travail

Le contenu de ce rapport, riche en données et en analyses,rappelle, à l’instar d’autres études menées dans différents pays,que l’intensification du travail et la précarité d’emploi sont desphénomènes que l’on observe actuellement partout dans lemonde et qui ont des conséquences, également au Québec,sur la santé des travailleuses et des travailleurs.

1 Cette enquête a été réalisée en 2008 par des entrevues télé-phoniques et doit être effectuée tous les cinq ans.

2 L’expression précarité d’emploi désigne à la fois une précaritécontractuelle et une insécurité d’emploi.

F r a n c e B e r n i e rConseillère CSQ à la recherche

L’EQCOTESSTUne enquête à connaître

et à diffuser !

Page 7: Les intervenantes en petite enfance

La CSQ vient de rééditer le Guide de prévention et d’interventioncontre la violence envers le personnel de l’éducation.

Ce guide s’adresse aux travailleuses et aux travailleurs du réseaude l’éducation et veut les sensibiliser au phénomène de la vio-lence dans leur milieu. Ainsi, tout le personnel de l’éducation estconcerné, à savoir le personnel enseignant, professionnel et desoutien, de même que les membres de la direction.

Comme des facteurs individuels, collectifs et organisationnels peu-vent influencer la probabilité qu’on soit victime de violence dans lemilieu de l’éducation, ce guide propose des moyens de préventionet d’intervention lors de manifestations de violence, tant sur le planindividuel que collectif.

Ce document explique, dans un premier temps, comment recon-naître la violence dans le milieu de l’éducation. Deuxièmement, ilprésente des facteurs explicatifs pour mieux comprendre cette vio-lence et ses conséquences. Troisièmement, il suggère plusieurstypes d’actions pour agir contre la violence. Quatrièmement, ilrappelle qu’il est possible d’obtenir le soutien du syndicat si vousêtes victime ou témoin de violence.

Disponible auprès de votre syndicat ou sur Internet : www.csq.qc.net.

NouvellesCSQ Hiver 2012 7

Les témoignages mettent de l’avantdes gestes concrets posés par les agriculteurs pour protéger l’environnement.

Une nouvelle websérie de vidéos éducatives sur les agriculteurs de chez nous.Découvrez le quotidien à la ferme de femmes et d’hommes passionnés d’agriculture. La réalisation des capsules agroenvironnementales a

du Programme pour l’avancement du secteur canadien de l’agriculture et de l’agroalimentaire, d’Agriculture et Agroalimentaire Canada.WWW.VOSAGRICULTEURS.TV

CAMPAGNE DE FINANCEMENT AU PROFIT DU RÉSEAU EVBLa Fondation lancera en 2012 le Fonds d’appui aux initiatives duréseau EVB, le FAIRE, visant à soutenir l’action de l’ensemble duréseau EVB. Votre appui est indispensable. Parce qu’il faut leFAIRE, donnez ! Visitez le www.fondationMF.ca.

EN BREF

Les membres de l’Alliance sociale

PH

OT

O:

MIC

HE

L G

IRO

UX

L’ALLIANCE SOCIALE EN APPUI AUX ÉTUDIANTSLors d’une conférence de presse tenue le 3 novembre dernier,l’Alliance sociale a apporté son appui aux étudiants contre lahausse de 1625 $ des frais de scolarité décrétée par le gou-vernement libéral de Jean Charest, un bel exemple d’unevision étroite en ce qui a trait aux finances publiques. Cettehausse constitue l’attaque la plus massive à l’accessibilité auxétudes des vingt dernières années.

Les organisations membres de l’Alliance sociale profiteront d’ail-leurs des consultations prébudgétaires afin de mettre de l’avantleurs propositions pour un budget qui respecte les principes desolidarité intergénérationnelle et d’équité sociale.

Page 8: Les intervenantes en petite enfance

NouvellesCSQ Hiver 20128

SANTÉ ET SERV ICES SOC IAUX

La Fédération de la santé du Québec(FSQ-CSQ) consulte ses membresLa présidente de la Fédération de la santé du Québec (FSQ-CSQ),Claire Montour, juge « cette position de l’OIIQ précipitée puisqu’au-cune véritable analyse de la fonction n’a été réalisée à l’appui decette revendication et qu’aucune consultation n’a été menée dans

les milieux de travail. Dans le contexte actuel de pénurie, parailleurs, une telle exigence pourrait entraîner d’importantes con-séquences sur le réseau public de santé, et ce, particulièrementen région ».

Au moyen d’un questionnaire envoyé à tous ses membres, la FSQa entrepris une vaste consultation afin de vérifier leur perception àl’égard de la formation universitaire obligatoire. La position del’Ordre sera par la suite débattue.

Le réseau collégial se questionnePour leur part, les fédérations du réseau collégial de la CSQ s’inquiè-tent aussi de cette position de l’OIIQ. « Les étudiantes et les étudiantsdiplômés au collégial en soins infirmiers sont très compétents lors-qu’ils arrivent sur le marché du travail. D’ailleurs, ces étudiantes etétudiants réussissent aussi bien, sinon mieux, que leurs consœurs etconfrères universitaires à l’examen d’admission de l’Ordre », affirmeMario Beauchemin, président de la Fédération des enseignantes etenseignants de cégep (FEC-CSQ). « Contrairement aux provincesanglophones et aux autres pays, le Québec possède un palier d’en-seignement supérieur unique qu’on appelle les cégeps, rendant diffi-cile la comparaison avec la formation universitaire obtenue ailleursaprès le secondaire. Avec son secteur technique, la formation collé-giale permet d’augmenter considérablement le nombre de diplômésprêts à intégrer les emplois nécessaires dans le secteur de lasanté », avance Marie Racine, présidente de la Fédération du per-sonnel de soutien de l'enseignement supérieur (FPSES-CSQ). « Si lenombre d’heures de formation en technique collégiale s’avère vrai-

ment insuffisant, lediplôme spécialiséd’études techniques(DSET) pourrait êtreune piste de solutionà envisager. Instauréil y a quelquesannées à peine, leDSET a justementcomme objectif d’of-frir une formationsurspécialisée danscertains domainesd’activité, principale-ment les sciences dela santé, pour mieux

répondre à certains impératifs du marché du travail. Pourquoi l’OIIQchoisit-il de ne pas explorer cette avenue ? » s’interroge BernardBérubé, président de la Fédération du personnel professionnel descollèges (FPPC-CSQ).

Formation universitaireobligatoirepour les infirmières ?

La formation initiale des infirmières et des infirmiersa été ramenée dans l’actualité par l’Ordre des infir-mières et infirmiers du Québec (OIIQ) lors de sonCongrès en octobre. L’Ordre réclame que le diplômerequis pour l’exercice de la profession soit un bac-calauréat, mettant ainsi fin au caractère terminal dudiplôme technique collégial, ceci afin de s’harmoni-ser avec le degré universitaire de formation pré-valant au Canada anglais et dans le monde.

H é l è n e L e B r u nConseillère CSQ en santé et services sociaux

P H O T O : C A R O L I N E H A Y E U R

P H O T O : F R A N Ç O I S B E A U R E G A R D

Claire Montour, présidente FSQ

Bernard Bérubé,président FPPC

Mario Beauchemin,président FEC

Marie Racine, présidente FPSES

Page 9: Les intervenantes en petite enfance

C’est avec fierté que nous accueillons de nouveauxmembres qui ajouteront au dynamisme et à lavitalité de notre Centrale !

■ Les RSG du Centre de la petite enfance Familigarde de LaSallesont représentées par l’Alliance des intervenantes en milieufamilial – Montréal (CSQ).

■ Les RSG du Bureau coordonnateur de la garde en milieu fami-lial de l’arrondissement de Jonquière sont maintenant représen-

tées par l’Alliance des intervenantes en milieu familial –Saguenay-Lac-Saint-Jean-Chibougamau (CSQ).

■ Les personnes salariées de La Maison des Jeunes des QuatreFenêtres inc. sont maintenant représentées par le Syndicat dupersonnel des organismes régionaux de loisir (FPLCC) (CSQ).

■ Les RSG du Réseau Petits Pas sont affiliées à L’Alliance desintervenantes en milieu familial – Outaouais (CSQ).

■ Les personnes salariées du Centre de la petite enfance LesCasinours sont représentées par le Syndicat des intervenantesen petite enfance de Montréal (SIPEM-CSQ).

■ Les personnes salariées de la Garderie éducative de l’écoleArmen-Québec de l’U.G.A.B. sont représentées par le Syndicatdes intervenantes en petite enfance de Montréal (SIPEM-CSQ).

■ Les personnes salariées d’Héma-Québec sont affiliées auSyndicat du personnel infirmier d’Héma-Québec (SPI-CSQ).

■ Les personnes salariées du Centre d’étude et de coopérationinternationale (CECI) sont affiliées au Syndicat du personnel duCentre d’étude et de coopération internationale (FPLCC) (CSQ).

NouvellesCSQ Hiver 2012 9

SUR LE TERRAIN

www.desjardins.com/caisseeducation

CONTACTEZ-NOUS! 1 877 442-EDUC

UN PROJET

À RÉALISER?

ErratumUne erreur s’est glissée dans l’article Quand la science titille lescinq sens dans les écoles, publié dans l’édition précédente dumagazine. Lorsque M. Fallu-Landry évoque la popularité de l’ate-lier HÉLIOS, on aurait dû lire que les élèves se demandent notam-ment « pourquoi la lumière se décompose à l’aide d’un prisme ? »

Toutes nos excuses. N.D.L.R.

Le 2 novembre dernier, des membres du per-sonnel de soutien du Collège John Abbott

(JACASPA-CSQ) et de la FPSES-CSQ ont marchéavec les grévistes du personnel de soutien del’Université McGill (MUNACA). Libres de touteinjonction, les affiliés CSQ ont sensibilisé les

passants par la distribution de tracts dénonçant,entre autres, l’intransigeance de McGill.

Renseignements : www.munacastrike.wordpress.com.

Appui aux grévistes du personnel de soutien de

l’Université McGill (MUNACA)

Page 10: Les intervenantes en petite enfance

NouvellesCSQ Hiver 201210

Bonne nouvelle ! Vos yeux glisseront bientôt sur quelques lignesqui vous permettront de comprendre en quoi consiste le rachat.Seconde bonne nouvelle ! Il est possible que ces mêmes lignesvous rapportent quelques dollars de plus lorsque votre vie profes-sionnelle fera partie de vos souvenirs.

Le rachat pour les nuls… prévoyants !Le rachat permet à une participante ou à un participant au RREGOPde faire compter dans son régime de retraite des périodes de servicenon cotisées ou d’absences sans salaire effectuées dans les secteurspublic et parapublic, moyennant le paiement d’un coût établi selon letype de rachat. Plus concrètement, il s’agit de racheter des périodesoù une personne n’a pu cotiser parce qu’elle était absente, ou encoreen raison des modalités existantes à son régime de retraite àl’époque concernée.

Voici, résumées, les principales périodes rachetables. Pourplus de détails, n’hésitez pas à communiquer avec votre syn-dicat local.

1. L’absence sans salaire

Il s’agit d’une période pendant laquelle une employée ou unemployé n’est pas au travail alors qu’il devrait s’y trouver etqu’il ne reçoit pas de rémunération, et ce, sans qu’il n’y ait find’emploi. À titre d’exemple, un congé sans traitement d’uneannée pour faire un voyage, retourner aux études ou essayerun nouvel emploi. Depuis 2002, vous n’avez plus à racheterles périodes d’absence de 30 jours consécutifs ou moinsainsi que les réductions du temps de travail de 20 % oumoins du temps régulier d’une employée ou d’un employé àtemps plein. En effet ces périodes sont maintenant soumises àla cotisation obligatoire.

SÉCURITÉ SOC IALE

D e n i s S t - H i l a i r e e tM a r t i n B e l h u m e u rConseillers CSQ à la sécurité sociale

Nous effectuons de nombreuses présentations et formations concernant le Régime de retraite desemployés du gouvernement et des organismes publics (RREGOP) dans le but avoué de permettre à nosmembres de tirer profit au maximum des sommes importantes d’argent qu’ils investissent dans lerégime pour leur avenir. Il ne fait aucun doute que la partie touchant le rachat est celle qui provoque leplus de réactions, mais plus encore, c’est celle qui permet dans bien des cas d’augmenter sa rente deretraite ou encore de quitter plus rapidement.

Les rachats au RREGOP :

PAS SI COMPLIQUÉ QUE ÇA !

X

PH

OT

O:

FO

TO

LIA

Page 11: Les intervenantes en petite enfance

NouvellesCSQ Hiver 2012 11

2. Le congé parental

C’est le congé sans salaire auquel adroit l’employée ou l’employé après lanaissance ou l’adoption d’un enfant.Prenez note qu’il ne s’agit pas du con-gé de maternité ou du retrait préventifqui sont des périodes créditées.

3. Le service occasionnel

On parle du service antérieur accomplipar du personnel occasionnel (à titred’exemple, le remplaçant ou le sur-numéraire) alors qu’il n’était pas visépar le RREGOP (avant 1987, dans lesecteur de la santé et avant 1988,dans le secteur de l’éducation). Dansle jargon syndical, ce sont nos mem-bres ayant un statut précaire.

4. Le service accompli dans un centrede recherche

On vise le service accompli dans uncentre de recherche du réseau de lasanté et des services sociaux allant dela date de la désignation ministériellede l’établissement jusqu’au jour précé-dant la date d’assujettissement auRREGOP. Il n’est pas possible deracheter le temps travaillé avant le4 septembre 1991.

Comment effectuer un rachat ?Il est relativement simple d’effectuer unedemande de rachat. Il faut s’adresser àson employeur actuel afin que ce derniervous fasse remplir les formulaires appro-priés. Il s’agit de compléter la demandede rachat ainsi que l’attestation de la pé-riode d’absence. Évidemment, si celle-ciétait chez un autre employeur, il faudrait leretracer afin qu’il atteste cette périoded’absence. Dans certains cas, des preu-ves secondaires devront être acheminées.Par la suite, la Commission administrativedes régimes de retraite et d’assurances(CARRA), l’administrateur du régime, vousacheminera une proposition de rachat quicomprend le coût et la période rachetable.Vous aurez ainsi 60 jours pour répondre,à défaut de quoi la proposition sera con-sidérée comme n’ayant jamais été pré-sentée. Pour que la proposition de rachatsoit légalement acceptée, elle doit êtreremplie et signée. Les modalités de paie-ment, qui doivent être également indi-quées, sont les suivantes :

■ par chèque, en versement unique, mensuel ou annuel ;

■ par retenues sur le salaire (si accepté par l’employeur) ;

■ par transfert de fonds provenant d’un REER ou d’un CRI ;

■ par retrait dans la banque de congésde maladie accumulés (si prévu auxconditions de travail).

Le coût du rachat doit être complète-ment acquitté avant la retraite. Deplus, si vous n’utilisez pas un REERou un CRI, vous pouvez générale-ment déduire dans vos déclara-tions de revenus les sommes ver-

sées pour le rachat.

Combien ça coûte ?Le coût du rachat varie énormément d’unesituation à l’autre. Cela dépend du mo-ment où vous demandez le rachat, dutype de rachat effectué, du salaire gagné,de la période à racheter, etc. À la CSQ,votre syndicat local peut vous aider dansvos différentes démarches de rachat. Ilvous est donc conseillé de le consulterafin d’obtenir des renseignements fortutiles sur le sujet. Mais encore une fois,dans le doute, déposez votre demande,cela ne vous engage à rien !

Est-ce que ça vaut la peine ?L’intérêt d’un rachat réside dans l’expec-tative d’un avantage financier. Pour déter-miner si un rachat est financièrementavantageux, il faut estimer sommairementaprès combien d’années de retraite il serarentable. En fait, il faut diviser le coût durachat par le montant d’augmentation dela rente annuelle. Vous saurez ainsi encombien d’années vous allez récupérervotre investissement.

Nous avons dressé les grandes lignes durachat dans le but de sensibiliser nosmembres à réfléchir sur les opportunitésqui peuvent améliorer leurs situationsfinancières à la retraite. Nous insistonsencore une fois pour que vous consultiezvotre syndicat local afin de vous aider à

maximiser l’investissement dansvotre régime de retraite.

Bonne réflexion et bonneretraite !

Un conseil simple : si vouscroyez avoir droit de racheter

une période quelconque,déposez sans délai votre

demande. En effet, si le prix nevous convient pas ou qu’unepériode n’est pas rachetable,

vous aurez au moins vérifiécette opportunité.

À lire absolument !Réjean Parent, sur son blogue, réplique aux articles mensongers de Quebecor sur le Régime de retraitedu secteur public. Nous vous invitons à visiter rejeanparent.ca

Page 12: Les intervenantes en petite enfance

NouvellesCSQ Hiver 201212

À LA UNE

Troisième série de coupes an-noncée en éducation. La minis-tre de l’Éducation et le ministredes Finances du gouvernementdu Québec martèlent que ce serasans effet sur les services auxélèves. Pourtant, le personnel del’éducation constate déjà lescontrecoups de la premièrevague et craint le pire.

C’est le cas, notamment, à la Commis-sion scolaire Marie-Victorin, sur la Rive-Sud (Montréal), déjà aux prises avec desdifficultés budgétaires. Pour y faire face,elle a choisi de briser une entente datantde ses débuts en augmentant de 25 mi-nutes en moyenne le temps d’enseigne-ment du personnel au secondaire.

Pour le vice-président du Syndicat de l’en-seignement de Champlain, Éric Gingras,ce temps d’enseignement supplémentaireaccordé tenait compte de la réalité de cer-

tains endroits plus défavorisés de notreterritoire. « Nous comprenons mal cettedécision qui va à l’encontre des prioritésétablies entre la commission scolaire etle personnel sur la nécessité de diminuerle décrochage scolaire et d’améliorer laréussite scolaire, particulièrement celledes garçons. »

Le Syndicat considère que cette ententecontenait plusieurs points positifs pour les élèves. Elle assurait une plus grandeparticipation du personnel à la vie de l’école et permettait aux enseignantsd’avoir moins d’élèves dans les groupes,en donnant un meilleur accompagnementà d’autres éprouvant plus de difficulté. Lepersonnel devra ainsi diminuer sa pré-sence auprès des élèves dans plusieurscirconstances (comme prof-conseil etresponsable d’élèves, et lors de récupéra-tions, d’activités parascolaires, de sortieséducatives, etc.).

Monsieur Gingras reproche à la commis-sion scolaire de jouer sur les mots. « Avecla modification du mode de financement àl’éducation des adultes, on éponge un

million de dollars de moins en revenusavec une coupe d’un million dans l’édu-cation des jeunes. Cherchez l’erreur ! »

Le vice-présidentdéplore aussil’incohérence deschoix de la com-mission scolaire.Elle supprime despostes informa-tiques au momentoù les écoles fontface aux défisd’une informatisation accrue et à la miseen place de tableaux interactifs. Elle coupedans les directions d’école, mais elle ajoutedes directions adjointes.

« Et l’on sait que ce n’est pas fini. Il y atoujours un nuage au-dessus de nostêtes parce que la commission scolaireaffirme vouloir optimiser les ressourcesen élèves handicapés ou en difficultéd’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA).Optimiser… qu’est-ce que ça veut dire ?Nos questions demeurent sans réponse »,conclut Éric Gingras.

Pour le président de la Fédération dupersonnel professionnel des collèges(FPPC-CSQ), Bernard Bérubé, les con-séquences des compressions budgé-taires dans les établissements sont deplus en plus visibles et affectent lesservices aux étudiants. Les restrictions,en incluant celles du printemps 2012,se chiffreront à 80 millions. Cela

représente 10 % du budget du réseau.Certains collèges puisent à même leurfonds de réserve, mais bientôt les cof-fres seront vides. Alors, il faudra bienéponger ces compressions.

« Nous observons qu’au moment où lescégeps accueillent un nombre plus impor-tant d’étudiants handicapés ou ayant destroubles d’apprentissage, il est impossiblede leur assurer tous les services auxquelsils auraient droit par manque d’un budgetdécent », affirme-t-il.

Monsieur Bérubé note également unediminution du personnel précaire etmême du personnel permanent dans lescollèges qui ne peuvent pas épongerleur déficit. « Ces emplois qui dispa-raissent touchent nécessairement lesservices aux étudiants. Il est malheureuxque des décisions gouvernementales àcourte vue soient en train de faire reculerle réseau collégial. »

Les coupes en éducationM a r j o l a i n e P e r r e a u l tConseillère CSQ aux communications

C l a u d e G i r a r dConseiller CSQ aux communications

MAI 2011 145 MILLIONS dans le budget del'éducation dont 35 M$ dans les cégeps et 110 M$dans le réseau des écoles primaires et secondaires.

– La ministre de l'Éducation

SEPTEMBRE 2011 180 M$ dans les réseauxscolaire et collégial.

– La présidente du Conseil du trésor

OCTOBRE 2011 100 M$ par annéependant 3 ans dans le réseau des écoles primaires etsecondaires.

– Le ministre des Finances

À CE JOUR : 625 M$ !!!LE CAS DE CHAMPLAIN

LE CAS DES CÉGEPS

ÉricGingras

Page 13: Les intervenantes en petite enfance

NouvellesCSQ Hiver 2012 13

À LA UNEÀ LA UNE

La dernière sortie de la ministre de l’Éducation, qui souhaitait lier le financementdes établissements scolaires à leur performance, relève de ces idées élaborées àla va-vite sans se soucier des impacts réels qu’elles pourraient avoir sur les éta-blissements et leur personnel. On dirait que la ministre de l’Éducation s’évertue ànoyer la raison dans le populisme en espérant ainsi augmenter la cote de popu-larité de son gouvernement.

Vade retro bureaucratie !La bureaucratie scolaire semble être devenue la tête de Turc préférée des politi-ciens et de ceux qui ambitionnent de le devenir. On n’en finit plus d’attribuer àcette caste honnie les piètres résultats de l’éducation, son coût élevé et son carac-tère parasitaire dans un système qui se veut efficace. Force est d’admettre que lenombre de cadres dans les commissions scolaires a crû régulièrement au coursdes dernières années, augmentant de 13,6 % entre 2000 et 2007. Cette aug-mentation s’explique en bonne partie par la mise en place des nombreux plansd’action gouvernementaux en éducation et par une reddition de comptes plusimportante demandée aux commissions scolaires dans les dix dernières années.

Line au paysdes merveilles

de la nouvellegouvernance en éducation

J a c q u e s T o n d r e a uConseiller CSQ, éducation

À suivre la politique éducative duQuébec, on peut y perdre aisémentson latin. Les décisions prises et les idées avancées, soit par le gou-vernement, soit par la ministre del’Éducation, du Loisir et du Sport,Line Beauchamp, laissent souventperplexes tellement elles semblentaller à contrecourant de ce que larecherche et les expériences sur leterrain nous apprennent. Tout n’estpas rose au pays de la nouvelle gouvernance en éducation !

Page 14: Les intervenantes en petite enfance

Ce phénomène a pris de l’ampleur depuis2008 avec l’arrivée des conventions departenariat et des conventions de gestion etde réussite éducative. Imposées par le gou-vernement afin de forcer les milieux à sedonner des cibles chiffrées de diplomationà atteindre, ces conventions ont exigé descommissions scolaires et des établisse-ments un travail important pour en élaborerle contenu, pour bâtir les indicateurs quipermettraient d’évaluer la performance desétablissements et pour effectuer la redditionde comptes qui accompagne ces conven-tions. Ainsi, les directions adjointes à laréussite éducative se sont multipliées dansles commissions scolaires afin de répondreà cette commande gouvernementale.

En somme, alors que le gouvernement etsa ministre de l’Éducation décrient lescoûts élevés de la bureaucratie scolaire etson inefficacité, ils contribuent à son aug-mentation par le nombre important d’exi-gences nouvelles qui atterrissent dans lacour des commissions scolaires. Anémiercette bureaucratie (la solution Beauchamp)ou faire disparaître les commissions sco-laires (la solution Legault) règlera-t-il leproblème ? On peut en douter. Un tel gestene fera que renvoyer vers les établisse-ments déjà surchargés des responsabilitésqui sont présentement assumées par lescommissions scolaires. Quelqu’un quelquepart devra tout de même remplir les com-mandes qui arrivent d’en haut.

Comment prôner l’équitéet renforcer les inégalitésen même temps ?Le modèle de gouvernance en éducationque cherche à mettre en place le gouver-nement depuis le début des années 2000repose sur la gestion axée sur les résul-tats. Sont apparus d’abord, en 2002, lesplans stratégiques et les plans de réussitesuivis des conventions de partenariat etdes conventions de gestion et de réussiteéducative, en 2008. Tout cet appareillages’est accompagné d’une foule d’indica-teurs de performance à mettre en place,de cibles chiffrées à atteindre, d’évalua-tions à administrer et de la reddition decomptes à faire en quantité importante.

Mais ce système demeurait incomplet, caril y manquait un mécanisme de sanctions/récompenses permettant au gouvernementd’avoir un pouvoir réel sur les établisse-ments et les commissions scolaires qui

performent ou ne performent pas. Laproposition de la ministre Beauchamp delier le financement à la performance desécoles est exactement ce mécanisme desanctions/récompenses.

Pour être vraiment efficace, ce mécanismedoit nécessairement s’appuyer sur unetriple base évaluative, soit l’évaluation desélèves (évaluation standardisée), l’évalua-tion du personnel enseignant (qui setraduit souvent par la chasse au « mau-vais prof » ou encore par la rémunérationau mérite) et l’évaluation des écoles (pal-marès). C’est pourquoi il est peu probableque la ministre lâche le morceau sur cetteproposition même si la base militante deson parti lui a dit non.

Ce mécanisme de sanctions/récompensesest bien connu, car utilisé abondammentdans les pays anglo-saxons, notammentaux États-Unis. Les impacts de ce méca-nisme sont aussi bien connus : inégalitésqui se creusent entre les écoles de mi-lieux favorisés et celles de milieux défa-vorisés ; augmentation de la triche et desmanipulations de notes pour gonfler artifi-ciellement la performance de l’établisse-ment ; renforcement de la sélection desélèves par les établissements afin de negarder que les meilleurs ; etc. Avec l’idéede la ministre Beauchamp, c’est l’école à

NouvellesCSQ Hiver 201214

À LA UNE

On dirait que la ministrede l’Éducation s’évertue

à noyer la raison dansle populisme.

Avec l’idée de la ministre Beauchamp,c’est l’école à multiplesvitesses qui se déve-loppe encore plus.

Page 15: Les intervenantes en petite enfance

multiples vitesses qui se développe encore plus : les écoles privées,les écoles publiques performantes, et donc bien financées, et lesécoles publiques qui peinent à atteindre les cibles fixées et qui sevoient sanctionnées financièrement.

En même temps que la ministre de l’Éducation souhaite mettre enplace ce mécanisme de sanctions/récompenses, elle demande à ceque les commissions scolaires assument un leadership en matièred’équité envers leurs écoles. Le fondement même du principe d’équitédemande à ce que l’on donne plus à ceux qui ont moins. La stratégied’intervention Agir autrement respecte ce principe, car les établisse-ments qui reçoivent les élèves les plus défavorisés obtiennent plus definancement que les autres. Avec le mécanisme de sanctions/ récom-penses de la ministre Beauchamp, ce sont les écoles de milieux aisés,donc celles qui ont déjà de bonnes performances, qui obtiendront plus.En résumé, on donnera plus à ceux qui ont plus.

Certes, le gouvernement se fait rassurant en indiquant qu’un tel sys-tème tiendrait compte du milieu socioéconomique où se trouvel’établissement scolaire. Mais il est difficile d’y croire puisque cemême gouvernement n’a pas respecté ce principe lorsqu’il a décidéd’imposer des cibles de diplomation à atteindre aux commissionsscolaires et à leurs établissements.

Ainsi, des commissions scolaires en milieu favorisé se sont vuimposer des cibles d’augmentation de la diplomation de l’ordre de4 à 6 points de pourcentage, alors que les commissions scolairesdes milieux les plus défavorisés se sont vu imposer des augmen-tations de l’ordre de 13 points de pourcentage. Finalement, ondemande à ceux qui ont moins d’en faire plus. L’essentiel de l’effortpour augmenter le taux de diplomation repose sur les épaules desécoles qui doivent déjà en faire beaucoup, compte tenu de l’originesociale de leurs élèves. Nul besoin d’être sociologue pour flairer iciune odeur d’injustice sociale.

Du soutien, pas des chambardements !Encore trop souvent au Québec, les changements effectués en édu-cation se font de manière ponctuelle (les nombreux plans d’action,les nombreuses stratégies d’intervention et initiatives gouvernemen-tales), sans véritable cohérence ni vision à long terme ou objectifsclairs et structurants.

Est-il nécessaire de chambarder à répétition le monde de l’éducationavec des recettes inefficaces testées ailleurs ? Est-il opportun de vou-loir chiffrer la réussite, surveiller et punir le personnel des établisse-ments scolaires ? Ne serait-il pas préférable que le gouvernement etla ministre de l’Éducation soutiennent ce personnel en lui fournissantles ressources (budgétaires, d’enseignement, professionnelles et desoutien) nécessaires à la réussite du plus grand nombre d’élèves etqu’ils l’accompagnent dans sa mission d’instruire, d’éduquer et dequalifier les jeunes et les adultes en formation.

L’essentiel de l’effort pour aug-menter le taux de diplomationrepose sur les épaules des écolesqui doivent déjà en faire beau-coup, compte tenu de l’originesociale de leurs élèves.

Ce projet a été rendu possible grâce à la contribution financière du Programme pour l’avancement du secteur canadien de l’agriculture et de l’agroalimentaire, d’Agriculture et Agroalimentaire Canada.

Un programme éducatif unique qui initie les élèves des 5 niveaux du secondaire à : l’agriculture, la consommation responsable, la crise alimentaire et l’environnement à l’heure de la mondialisation.

Activités en classe : visites d’agriculteurs, débats, lettres d’opinion

Outils pédagogiques : guide de l’enseignant, fiches de l’élève, cadres de débat et de rédaction, site web interactif www.jecultive.ca

Pour vous inscrire :Vanessa Kanga|[email protected] de développement pour l’exercicede la citoyenneté (CDEC)Tél. : 514 729-4933|Sans frais : 1 866 307-4933Ou en ligne sur www.jecultive.ca

Le programme débute dans les écoles en janvier 2012

Nous sommes en période d’inscription

www.upa.qc.cawww.citoyennete.qc.ca

Page 16: Les intervenantes en petite enfance

NouvellesCSQ Hiver 201216

À LA UNE

Lors d’une conférence, madameDiane Ravitch nous invitait à nepas copier les mauvaises idéesdes Américains en éducation.Sous les gouvernements Bush(père) et Clinton, elle œuvrait ausein de l’éducation publique. Elleconnaît bien son sujet.

Des mauvaises idéespour l’éducation1. Les tests standardisés

Selon elle, le testing envahit tout le sys-tème d’éducation : « On se préparepour les tests, on prépare les élèvespour les tests et on finit par éliminer del’enseignement tout ce qui n’est pastesté. » Les Finlandais, qui ont d’excel-lents résultats aux tests PISA, ont hor-reur des tests.

2. L’imputabilité du personnel de l’éducation

L’imputabilité du personnel de l’éduca-tion ne conduit pas à une améliorationde l’enseignement. Pourtant, les « réfor-mateurs » américains veulent évaluerles enseignants par les résultats desélèves. Cette contre-révolution suggèreà tort que le plus grand problème del’éducation, ce sont les enseignants etleurs syndicats.

Madame Ravitch conclut : « Dans cesconditions, qui va vouloir enseigner etsurtout, qui va vouloir enseigner auxélèves en difficulté ? »

3. À la remorque des « réformateurs » etdes grandes fondations privées

Les riches affairistes américains s’ima-ginent être de grands pédagogues. Pour-tant, il y a peu ou pas d’enseignantsparmi eux : « C’est devenu une espècede snobisme pour les gens riches d’avoirson école. » La Fondation Gates, avecsa nouvelle lubie sur l’évaluation desenseignants et la rémunération au mérite,en est un bon exemple.

Madame Ravitch termine : « Prenonsen compte la pauvreté, le développe-ment cognitif des enfants et le milieufamilial et arrêtons d’accuser lesenseignants de tous les maux. »

P i e r r e J o b i n3e vice-président CSQ

C l a u d e G i r a r dConseiller CSQ aux communications

Ne copiez pas les mauvaisesidées

Des budgets basés sur la performance

L’expérience de la Géorgie

montre le danger

Pendant que la ministre de l’Éduca-tion du Québec, Line Beauchamp,inspirée par le populisme de FrançoisLegault, songe à accorder des bud-gets supplémentaires aux écoles lesplus performantes, le président de laCSQ, Réjean Parent, l’a invitée le21 octobre dernier à prendre connais-sance d’une enquête révélatricemenée sur cette pratique en Géorgie.

L’enquête révèle que pour mériter cesprimes de rendement, un système detricherie a été mis en place dans la ma-jorité des écoles publiques enquêtées etétablies dans la ville d’Atlanta. Voici lesgrandes conclusions de l’enquête :

■ Les faits se sont déroulés sur dix ans.

■ 44 écoles sur 56 ont été impliquées.

■ 148 enseignants et 38 directeursd’école ont triché.

■ L’élément déclencheur : la volonté d’obtenir les subventions à la performance.

■ Les mauvaises réponses des élèvesont été effacées pour être remplacéespar les bonnes réponses.

■ Une culture de peur, d’intimidation etde silence s’était installée.

■ Le mot d’ordre : réussir à tout prix àl’examen annuel visant à évaluer laperformance des élèves.

C’est ce système qu’on veut établir auQuébec. Un système honni par l’anciennevice-ministre de l’Éducation du gouverne-ment américain, Diane Ravitch, qui étaitresponsable de son application. Aujour-d’hui, elle constate et reconnaît l’échec decette approche de gestion inspirée parl’entreprise privée. Diane Ravitch

Page 17: Les intervenantes en petite enfance

NouvellesCSQ Hiver 2012 17

RÉSEAU SCOLAIRE

Comme si notre système éducatif traînait de la patte, une hypo-thèse que démentent les résultats des élèves québécois dans lescomparaisons internationales, chacun a ses idées pour remettrel’éducation sur ses rails. À les entendre, il faudrait évaluer lesprofs, se débarrasser des incompétents, baser la rémunération surles performances des élèves, récompenser financièrement lesmeilleures écoles, relancer l’idée d’un ordre professionnel, abolirles commissions scolaires, ou leur couper les vivres dramatique-ment. À l’appui du recyclage de ces vieilles idées : des sondagespopulistes, des éditoriaux déguisés en « notes économiques », deséléments de programme politique démagogiques, mais surtoutl’omission de dire que la profession est déjà une des plus enca-drées, et la propagation de mythes qui ne tiennent pas la route.

Déjà préoccupée depuis plusieurs années par la nécessaire valori-sation de la profession enseignante, la FSE actualise son pland’action en fonction de cette nouvelle donne et s’associe à la CSQà l’intérieur d’une plus vaste campagne de défense et de promotiondes services publics, parce que les enseignants sont les principauxacteurs de l’éducation et qu’aucune réorientation ne saurait se faireen se privant de leur expertise, de leur avis. L’éducation est tropprécieuse pour la laisser entre les mains des politiciens et deshommes d’affaires, comme l’affirme Diane Ravitch, qui a déjà étéadjointe et conseillère du Secretary of Education des États-Unis.

Parce que c’est de cela qu’il s’agit : ramener l’éducation à unebusiness comme les autres, valoriser la « performance » au détri-ment du développement global de l’élève. Nos idéologues de laperformance chiffrée seraient malheureux en Finlande, un paysphare en matière d’éducation, qui ne décerne à ses élèves aucunenote avant le secondaire ! Mais la tendance se généralise, aumoins parmi les pays de l’OCDE, à « américaniser » la profes-sion, à la mercantiliser, à la privatiser, alors que nos voisins duSud accumulent les échecs. Pourquoi imiter les pires ?

Vouloir jumeler le salaire des enseignantes et enseignants auxnotes de leurs élèves est une dérive dangereuse et inacceptable

pour le Québec, tout comme la volte-face de la ministre de l’Édu-cation qui suggérait au congrès de son parti de récompenserfinancièrement les écoles les plus performantes. Tout effort pouraméliorer le résultat global de notre système éducatif doit, aucontraire, cibler les élèves les plus en difficulté et les milieux lesplus défavorisés, en leur accordant les ressources que com-mande leur situation.

Notre système peut être amélioré et le personnel scolaire doit par-ticiper à ce chantier, mais sur la base de son expertise propre, deson professionnalisme, de sa connaissance de ce qui marche oune fonctionne pas… sur le terrain, avec pour objectif le dévelop-pement optimal de tous les élèves, et non de sombres considéra-tions mathématiques et économiques déguisées en vertu ultime.

HAROsur l’éducation et les profs !

B r u n o - P i e r r e C y r e t J e a n L a p o r t eConseillers FSE

Des « caquistes » de François Legault, jusqu’au con-grès du Parti libéral du Québec, en passant par lesadéquistes et tous les ténors de la nouvelle droite,on semble s’être mis d’accord pour cibler depuisquelques mois la profession enseignante et ses prin-cipaux acteurs, les enseignantes et les enseignants.

Tout effort pour améliorer le résultatglobal de notre système éducatifdoit, au contraire, cibler les élèvesles plus en difficulté et les milieuxles plus défavorisés, en leur accor-dant les ressources que commandeleur situation.

PH

OT

O :

AR

CH

IVE

S F

SE

Page 18: Les intervenantes en petite enfance

NouvellesCSQ Hiver 201218

RÉSEAU SCOLAIRE

Il y a cinq ans, l’animateur de vie spirituelle et d’engagementcommunautaire (AVSEC) Steeve Loisel a complètement repenséle conseil étudiant de la Polyvalente Mgr Sévigny et d’EvergreenHigh School pour le transformer en Parlement étudiant calquésur l’Assemblée nationale.

« Mon but, c’était de montrer aux élèves que l’appareil démocra-tique peut vraiment avoir un impact sur leur vie et changer deschoses. Le résultat, c’est que la plupart des activités qui ont lieudans l’école découlent du Parlement », explique Steeve Loisel.

Représenter la voix de chaque élèveDès la rentrée des classes en septembre, chaque groupe-classeélit un député qui le représentera au Parlement durant l’année.

Les députés de 4e et 5e secondaire sont éligibles à se présenterau poste de premier ministre. Qu’ils emploient guitares, affiches,t-shirts ou macarons, ils enclenchent alors une campagne élec-torale qui durera une semaine et qui culminera par leur discoursélectoral. « Près de la moitié des 460 élèves des deux écolesassiste à ces discours sur l’heure du midi et la plupart se rendentaux urnes », affirme Steeve Loisel.

Une fois le premier ministre élu, les députés votent qui, parmieux, formera leur Conseil des ministres. Un ministre et deuxministres adjoints sont désignés à la tête de chaque ministère :Loisir, Sports et Santé, Innovation (entrepreneuriat), Environne-ment et Communication.

Des résultats visibles et concrets dans le milieuLe Parlement se réunit une fois par semaine. Une semaine surdeux, le Conseil des députés vote des projets : programmesdes journées thématiques (Halloween, Noël, Saint-Valentin,Pâques, Journée des enseignants, etc.), soirées dansantes, sorties parascolaires, concours de jeux vidéo, campagne definancement (Opération Enfant Soleil, Haïti, etc.). Tout ce quirelève de la vie sociale et communautaire de l’école est mis enplace par le Parlement.

Une fois les projets votés, les ministères se rassemblent lasemaine suivante pour les planifier. Le plus souvent, la réalisa-tion matérielle est confiée à la soixantaine d’élèves qui font partiedu groupe Établissements verts Brundtland (EVB-CSQ), qui agis-sent à titre de fonctionnaires.

« Depuis que le nouveau Parlement est installé, on remarque degrands changements dans les écoles, affirme Steeve Loisel. J’ai lesentiment que, soudainement, les élèves aiment l’école. Ils sesentent valorisés. Les jeunes de 1re secondaire se mêlent à ceuxde 5e secondaire. La violence dans les corridors a beaucoupdiminué. Je n’ai jamais vu des danses si populaires ! »

PH

OT

O J

AC

QU

ES

VE

SQ

UE

Le Parlement étudiant en compagnie de Magalie Albert,directrice de la Polyvalente Mgr Sévigny, Fatima Houda-Pepin, vice-présidente de l'Assemblée nationale,Georges Mamelonet, député de Gaspé et Steeve Loisel,animateur de vie spirituelle et d'engagement commu-nautaire et président du Syndicat des professionnelleset professionnels de commissions scolaires de laGaspésie et des Îles-de-la-Madeleine.

L’auditorium est plein à craquer. Quelque 250 jeunes auditeurs, silencieux, sont suspendus aux lèvres dudernier candidat en lice. L’élève de 5e secondaire discourt avec sérieux : « Je promets que la Nuit sportiveaura bel et bien lieu cette année ! » Au terme d’une semaine de campagne électorale endiablée, l’enjeu estde taille : on élira ce jour-là le premier ministre de la Polyvalente Mgr Sévigny et d’Evergreen High Schoolde Chandler, en Gaspésie.

K a r i n e L a p i e r r eConseillère en communication, FPPE (CSQ)

Une école qui carbure à la DÉMOCRATIE !

Page 19: Les intervenantes en petite enfance

NouvellesCSQ Hiver 2012 19

PET I TE ENFANCE

Les intervenantes des centres dela petite enfance (CPE) syndi-quées à la CSQ ont décidé demettre la priorité sur les mesu-res de soutien aux enfants ayantdes besoins particuliers lors deleur prochaine négociation.

Cette décision découle du fait que 96 %des CPE accueillent des enfants ayant desbesoins particuliers. Selon un sondageréalisé par la CSQ auprès des 46 CPEaffiliés à la Fédération des intervenantesen petite enfance du Québec (FIPEQ), lesproblèmes les plus fréquents touchent lelangage et le comportement.

La grande majorité des intervenantes enpetite enfance (91 %) se dit d’accordpour que les CPE facilitent l’intégration deces enfants, car leurs programmes édu-catifs favorisent le développement moteur,intellectuel, langagier et socioaffectif detous les enfants. Toutefois, les servicesprofessionnels sont trop limités, et 78 %des intervenantes affirment ne pas avoir

une formation suffisante. C’estpourquoi elles

revendiquent desmesures de soutienpour les enfantsprésentant desbesoins particuliers.

Elles demandent,notamment,d’augmenter du

double les mon-tants prévus sur une

base journalièrepour venir enaide à ces

enfants,de revoirla politiquenationale d’inté-gration desenfants à besoinsparticuliers, de déterminer des forma-tions pertinentes et accessibles, d’élaborerdes outils de dépistage permettant de con-seiller et d’orienter adéquatement les par-ents concernés vers les ressourcesdisponibles.

Afin de sensibiliser leurs membres à cetteréalité, les syndicats de la région deQuébec affiliés à la FIPEQ ont organiséune soirée-conférence, avec ÉgideRoyer, psychologue et professeuren adaptation scolaire àl’Université Laval.

Lors de sa conférence intituléePassionnées deréussite, M. Royer abeaucoup parlé deprévention. « C’esttellement impor-tant pour lesjeunes en difficulté,qu’on ne devraitjamais dire non à ce quedemande une éducatrice. Lorsqu’uneéducatrice affirme, par exemple,que Steve l’inquiète, on doit laprendre au sérieux parcequ’elle a tellement vud’enfants de cet âge-là,qu’elle sait si le comportementde Steve est problématique, ous’il présente un retard de langage. »

Selon Égide Royer, la prévention vise àfavoriser une transition réussie du service

de garde à l’école pour les enfants àbesoins particuliers. « C’est essentiel, àcause de la fenêtre d’intervention. Lors-qu’un enfant a trois ans, la fenêtre est trèsgrande, mais si l’on attend qu’il ait 16 anspour intervenir, cette fenêtre est beaucoupplus petite et les interventions coûtentbeaucoup plus cher, rappelant qu’un dollarinvesti en prévention permet d’économisersix dollars en interventions. Pourtant,lorsqu’on discute de prévention avec cer-tains décideurs, on a l’impression de jouer

au badminton avec une guimauve :on ne sait jamais si l’idée va finirpar traverser le filet ou si elle va,encore une fois, demeurer collée à

notre raquette. »

Ce qui est troublant, a-t-ilajouté, « c’est lorsqu’une

société moderne du savoirtolère qu’à peine ungarçon sur deux ob-tienne un diplôme,cinq ans après ledébut de ses études

secondaires ; lorsquebien des adolescents“surfeurs” sont assisdans une classe de pre-mière secondaire en

sachant si peu lire ; quand laprévention et l’intervention précoce

relèvent souvent davantage de souhaitsque de mesures concrètes ».

Ce qui doit être réaffirmé, c’est qu’il existeun savoir-faire solide pour aider un enfanten difficulté, mais surtout pour prévenir.

96 % des CPE accueillentdes enfants ayant desbesoins particuliers.

L u c A l l a i r eConseiller CSQ à l’action professionnelle

Les intervenantes en petite enfance

Passionnées

de réussite

Page 20: Les intervenantes en petite enfance

PET I TE ENFANCE EXPOSIT ION

« Faut-il encore redire que nous devons pouvoir compter sur desservices professionnels diversifiés et disponibles pour la petiteenfance ? Que la formation continue des intervenantes est de pre-mière importance ? Faut-il encore réitérer qu’en milieu défavorisé,donner accès à des services de garde est nécessaire, mais non suffi-sant ? Qu’il faut certains services spécialisés et des ressources dansles services de garde ? »

Égide Royer insiste : « Il faut intervenir tôt ! Il est nécessaire dese préoccuper très rapidement des jeunes qui présentent desproblèmes (actuels et émergents) d’apprentissage et de com-portement. Vous et moi savons que, pour ce faire, nous avonsbesoin d’orthopédagogues, de psychologues, de psychoéduca-teurs, d’orthophonistes qui conseillent et, au besoin, supervisentles éducatrices. Si nous voulons faire une différence, il est indis-pensable que les services professionnels soient disponibles auplus tôt pour les jeunes et leurs parents. »

Une étude avance que les jeunes qui manifestent des problèmes decomportement externalisés lorsqu’ils entrent à l’école ont quatre foisplus de risques de problèmes externalisés en 3e et 5e année du pri-maire. A contrario, si un jeune, en quittant la maternelle, suit habi-tuellement les consignes des adultes et a développé ou augmentéson intérêt pour la lecture, il aura plus de chances de réussite.

Les quelque 150 intervenantes en petite enfance assistant à cetteconférence en sont sorties enthousiasmées. Elles se sentent main-tenant mieux outillées pour défendre l’importance des services auxenfants à besoins particuliers et pour réclamer des mesures de sou-tien plus efficaces lors de la prochaine ronde de négociations.

DVD sur les enfants à besoins particuliersProcurez-vous le DVD de la conférence du professeur Égide Royer,organisée par les syndicats de la petite enfance de la région deQuébec (SIPEQ, Nouvelle Union et ADIM Québec), à la bibliothèquede la CSQ, au coût de 15 $.

Faites votre commande par téléphone, au 418 649-8888,poste 3142, ou rendez-vous sur le site promotions-videos.csq.qc.net.

Égide Royer

Il y a 75 ans, le 2 novembre1936, Laure Gaudreault, pion-

nière du syndicalisme ensei-gnant, fondait avec d’autres

institutrices l’AssociationCatholique des Institutrices

rurales du district d’inspection primaire de La Malbaie.Cette association se donnait notamment comme objectif

d’obtenir un salaire minimum de 300 $ par année etd’abaisser à 20 ans le nombre d’années de service pour

obtenir une pension de retraite.

Les personnes qui ont rendu possible cette exposition :Annick Meunier, direction de la recherche, UQAM, MariaLuisa Romano, coordination, Écomusée du fier monde,

Jean-François Piché, conseiller syndical CSQ, MartineBlanc, Service aux collectivités, UQAM, René Binette,

Écomusée du fier monde.

Les personnes qui ont rendu possible cette exposition :Annick Meunier, direction de la recherche, UQAM, MariaLuisa Romano, coordination, Écomusée du fier monde,

Jean-François Piché, conseiller syndical CSQ, MartineBlanc, Service aux collectivités, UQAM, René Binette,

Écomusée du fier monde.

Le premier Front commun lors de la négociation de1972 a notamment permis :

☛ l'obtention du Régime de retraite des employés dugouvernement et des organismes publics (RREGOP) ;

☛ l'obtention du minimum de 100 $ par semaine ;☛ les hausses salariales de 22,7 % sur 4 ans.

Trois présidences de laCentrale, de gauche àdroite : Réjean Parent,Lorraine Pagé et Yvon

Charbonneau.

De l’idée à l’action- Histoire du syndicalisme enseignant

NouvellesCSQ Hiver 201220

Page 21: Les intervenantes en petite enfance

NouvellesCSQ Hiver 2012 21

ENSE IGNEMENT SUPÉR IEUR

Encore une fois, François Legault adémontré son penchant pour les décla-rations simplistes et chocs lorsqu’il aaffirmé récemment que les cégeps,selon lui, étaient « un bel endroit pourapprendre à fumer de la drogue et àdécrocher ». Pire, dans son mea culpa,l’ancien ministre de l’Éducation n’a pascherché à retirer ses propos, laissantsimplement entendre qu’il ne comptaitpas abolir les cégeps au cours d’un pre-mier mandat puisqu’il fallait choisir sesbatailles ! Permettez-nous de luirafraîchir la mémoire en lui exposant lebien-fondé et les réussites majeures duréseau collégial.

Des accélérateurs de scolarisationPar leur présence partout au Québec etleur gratuité, les cégeps ont permis unedémocratisation sans précédent de l’ac-cès à l’enseignement supérieur. L’écono-miste Pierre Fortin avait raison de quali-fier, il y a quelques années, les cégeps« d’accélérateurs de scolarisation1 »puisqu’ils auront permis au Québec derattraper le retard qu’il accusait à ce

chapitre avec le reste du Canada. Mieux !les cégeps auront permis au Québec desurclasser ses voisins canadiens puisque85 % des jeunes diplômés du secondairepoursuivent des études postsecondairesau Québec. En outre, 70 % des jeunesQuébécoises et Québécois de 25 à 29 ansont acquis un diplôme collégial ou univer-sitaire, un score inégalé au Canada.

L’importance de la formation généraleUne des particularités des cégeps estqu’ils offrent une formation générale àtous les étudiants et étudiantes, peuimporte que ces derniers soient inscrits àla filière technique ou préuniversitaire. Deplus, cette cohabitation permet aussi à

certains étudiants de modifier leurs par-cours d’études en étant en contact avecdes étudiants et des programmes desdeux filières. Et c’est précisément cetterichesse qui serait perdue en adoptant lemodèle canadien préconisé par M. Legault.En effet, cet ex-ministre de l’éducation estfavorable à l’idée d’abolir l’enseignementpréuniversitaire au collégial en ajoutantune année au secondaire et une année auréseau universitaire. Pensons-nous vrai-ment qu’une année de plus au secteursecondaire permettra de favoriser la per-sévérance scolaire ? Quant à l’idée d’ajou-ter une année à l’université, voilà unebelle façon de transférer la facture à l’étu-diant pour ses changements d’orientation,avec les risques supplémentaires dedécrochage ou de persistance dans unevoie qui ne convient pas. Avec la hausseradicale des droits de scolarité annoncéedans le dernier budget du gouvernementCharest, espérons que cette idée ne sematérialisera pas !

Les cégeps,poumons des régionsBien plus que de simples « boîtes àcours », les cégeps représentent des mi-lieux de vie pour les étudiants et le person-nel ainsi que des carrefours culturels etéconomiques indispensables pourplusieurs communautés et régions. Tousles efforts investis dans la présente cam-pagne visant la survie du Cégep de laGaspésie et des Îles témoignent bien del’importance que peut représenter un cégeppour le dynamisme d’une communauté.

Devant les atouts indéniables des cégeps,on se questionne sur le bien-fondé desaffirmations à l’emporte-pièce de FrançoisLegault. Selon nous, le réseau collégialn’a pas besoin d’une énième opérationinjuste de dénigrement, mais bien d’unecampagne de promotion et de valorisationplus que méritée !

1 FORTIN, Pierre (2004). L’apport descégeps à la société québécoise, étudepréparée pour la Fédération descégeps.P

HO

TO

: J

EA

N-

FR

AN

ÇO

IS L

EB

LA

NC

Réplique à François Legault

Les cégeps : une innovation québécoise

QUI A FAIT SES PREUVES !G a b r i e l D a n i sConseiller CSQ, enseignement supérieur

Les cégeps auront permis au Québec desurclasser ses voisins

canadiens puisque 85 %des jeunes diplômés dusecondaire poursuiventdes études postsecon-

daires au Québec.

Page 22: Les intervenantes en petite enfance

NouvellesCSQ Hiver 201222

SANTÉ ET SERV ICES SOC IAUX

Un résident d’un milieu périurbain de la Mauriciecherchait en vain un médecin. Il a consenti à payerune quote-part à une coopérative de santé de larégion. Pour lui, c’était la seule façon de se fairesoigner rapidement. Il lui fallait devenir membre.

Cette pratique d’obliger une personne à devenir membre d’une coopérative pour avoir accès à un médecin est illégale. Récemment, la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ)a rabroué trois coopératives de santé pour avoir agi de la sorte.Celles-ci ont-elles été mises à l’amende ou fermées ? Bien sûrque non, et c’est en toute impunité que d’autres coopérativespoursuivent des pratiques douteuses.

L’accès à un médecin et aux services médicaux ne peut être con-ditionnel au paiement d’une somme d’argent, car cette façon defaire contrevient aux principes de gratuité et d’universalité de laLoi sur l’assurance maladie.

Le modèle des coopératives de santé peut-il donc s’harmoniseravec ces principes ? Si le modèle coopératif représente une solu-tion progressiste dans la vision d’une économie solidaire, en est-ilde même lorsqu’on parle de services médicaux publics ?

Prise en main communautaire ou déresponsabilisation de l’ÉtatLes coopératives de santé ont vu le jour il y a une quinzained’années. Pour les citoyennes et les citoyens de certaines com-munautés rurales, l’ouverture d’une coopérative visait à conserverdes services médicaux de proximité. Soitle médecin du village prenait sa retraite,soit le centre médical existant fermait. Vuet salué comme étant des initiatives deprise en charge collective (empower-ment), le modèle s’est répandu.Aujourd’hui, une cinquantaine decoopératives sont en marche.

Si les coopératives de santé ne sont pas,à proprement parler, des structures de pri-vatisation, il reste qu’elles représententune brèche dans la gratuité en exigeant

une part sociale et une contributionannuelle. De fait, cela devient uneiniquité pour les membres de lacoopérative par rapport à l’ensem-ble des citoyens qui, eux, n’ontrien à débourser pour maintenir uncentre médical. Cela fait porter surdes portefeuilles citoyens lerecrutement de médecins. Est-ce la responsabilité de lapopulation ou de l’État degarantir des services deproximité ? L’adminis-tration d’un centre médicalest-elle la responsabilitéd’une communauté ?

L’avantage est aux médecins Pourquoi les médecins nesentent-ils pas d’intérêt àétablir un centre médicaldans une communauté àmoins que celle-ci ne bâtisseune coopérative ? Parcequ’ils peuvent ainsi sedélester des dépenses admi-nistratives. L’édifice appartientà la coopérative, son entretienrelève d’elle et la gestion dupersonnel également.

Or, la rémunération de base dumédecin remboursée par laRAMQ inclut une part autour de

L’accès à un médecin et aux servicesmédicaux ne peut être conditionnel aupaiement d’une somme d’argent, carcette façon de faire contrevient auxprincipes de gratuité et d’universalité dela Loi sur l’assurance maladie.

Les coopératives de santé

Iniquité et déresponsabilisation de l’État

H é l è n e L e B r u nConseillère CSQ en santé et services sociaux

PH

OT

O:

FO

TO

LIA

Page 23: Les intervenantes en petite enfance

NouvellesCSQ Hiver 2012 23

30 % pour couvrir justement ces dé-penses administratives. Donc, exceptéson loyer, un médecin qui s’installedans une coopérative se trouve rému-néré davantage puisqu’il ne déboursepas cette part de rémunération. Il s’estmême déjà vu qu’un cabinet de méde-cins, déjà existant, se transforme dujour au lendemain en coopérative,évitant ainsi les frais administratifsdésormais payés avec les parts dequalification et les contributionsannuelles des citoyens !

Est-ce la responsabilité d’une communauté de financer les com-posantes techniques et administratives des cabinets médicaux ?

Certaines de ces coopératives sont venues se substituer auxpoints de services des CLSC en milieux ruraux et périurbains. Cespoints ont été abandonnés parce que les médecins refusaient d’yprendre part ! Aujourd’hui, des coopératives s’installent dans degrandes villes : Gatineau, Sherbrooke, Trois-Rivières ou mêmeMontréal ! Pour pallier une pénurie de médecins ? Il faut être naïfpour y croire.

D’autant plus que la création d’une coopérative déplace souventle problème d’accès d’un village qui a eu les moyens financiersde se prendre en main pour attirer des médecins, à un autre qui,lui, ne les a pas eus. La surenchère peut exister. Cela peut mêmecarrément contrecarrer les politiques publiques de répartition desressources médicales au détriment des besoins réels de la santédes populations. En effet, il est de la responsabilité des agencesde santé et de services sociaux de déceler les zones les plus enpénurie et d’organiser en conséquence les plans d’effectifs médi-caux (PEM). Il relève donc de la responsabilité de l’État d’appli-quer les mesures incitatives nécessaires pour que les médecinss’y installent.

Les coopératives de santé, un modèle inappropriéLe mouvement coopératif réalise de grandes choses pour le déve-loppement économique et social du Québec. Mais pour la presta-tion de services médicaux, il s’agit nettement d’un modèle inap-proprié. La formule coopérative ne s’harmonise pas avec lesprincipes fondamentaux liés aux services médicaux qui doiventêtre financés par des fonds publics. Le soin médical n’est pas unbien et service comme les autres. Il n’est pas un produit, mais undroit et ce droit relève du service public. En laissant les commu-nautés se débrouiller avec leur problème d’accès, l’État se désen-gage de cette responsabilité.

Pour le Dr Réjean Hébert et la juriste Marie-Claude Prémont, lescoopératives de santé représentent une forme de privatisation endouce du système public. « Comment permettre à ces organisa-tions de faire ce que l’on refuse à des corporations à but lucratif ounon ? Comment refuser à des cabinets médicaux ou à des multina-tionales de santé d’offrir, moyennant contribution, des accès privi-légiés aux services médicaux ? Comment refuser aux corporationsprivées d’accorder elles aussi des avantages supérieurs auxmédecins qui y pratiquent1 ? », s’interrogent-ils.

De l’avis de la CSQ, l’orientation est claire. Il est de la responsa-bilité du gouvernement de déployer les moyens nécessaires pour

assurer des services médi-caux de proximité sur l’ensemble duterritoire. Il doit garantir un encadrement trèsserré des coopératives de santé existantes etmettre fin à leur développement.

1 HÉBERT, Réjean et Marie-Claude PRÉMONT (2010). « Les coopéra-tives de santé : un apport ou une menace au système de santéquébécois ? », Le point en administration de la santé et des ser-vices sociaux, vol. 6, no 2.

La formule coopérativene s’harmonise pas avecles principes fondamen-taux liés aux servicesmédicaux qui doiventêtre financés par desfonds publics.

Planétarium gonflable, unique au Québec

PH

OT

O:

FO

TO

LIA

Page 24: Les intervenantes en petite enfance

NouvellesCSQ Hiver 201224

SANTÉ ET SERV ICES SOC IAUX

Hébergement des personnes âgées en perte d’autonomie

Le public, c’est mieux

Si vous étiez une personne âgées’apprêtant à emménager dansune résidence privée pour aînésautonomes, signeriez-vous l’annexe d’un bail permettant aupropriétaire de vous évincer à lasuite d’un avis de 90 jours dansle cas où votre degré d’autono-mie se dégraderait ?

Il s’agit là d’un cas dévoilé par GastonBeauregard, vice-président du Syndicat dupersonnel de l’enseignement des Hautes-Rivières (FSE-CSQ), dans une chroniquerédigée le 19 octobre 2011 pour le JournalLe Courant des Hautes-Laurentides.

Des projets de loifavorisant le secteur privéL’automne dernier, Québec a déposé deuxprojets de loi visant l’hébergement des personnes âgées : le projet de loi no 16,assorti d’un projet de règlement, sur la cer-tification des résidences privées pour per-sonnes semi-autonomes et le projet de loino 22 sur la résiliation de bail des aînés.

Ni l’un ni l’autre de ces projets de loi necontient des mesures pour protéger lespersonnes en perte d’autonomie qui se

voient évincées de leur résidence parceque le propriétaire en change la vocation,décide de cesser ses opérations ou pourtoute autre raison.

Résiliation d’un bail,un droit illusoireÀ l’inverse par contre, le projet de loino 22, ne répond pas aux attentes despersonnes aînées qui doivent quitter leurlogement pour des raisons de santé afinde s’installer en CHSLD ou en résidence.L’Association des retraitées et retraités del’éducation et des autres services publicsdu Québec (AREQ-CSQ) juge simplementillusoires les dispositions visant à réduirela pénalité de trois mois imposée aux per-sonnes âgées qui vivent cette situation.

Le président de l’AREQ, Pierre-Paul Côté,dénonce qu’à cet effet, « le projet de loiintroduit un simple droit de négocier faceà leur propriétaire, ce qui relève davan-tage du vœu pieux que du droit réel

H é l è n e L e B r u nConseillère CSQ en santé et services sociaux

« Il est totalement aberrant que despropriétaires facturent des services àdes personnes déménagées oumême décédées. »

PH

OT

O;

FO

TO

LIA

Page 25: Les intervenantes en petite enfance

NouvellesCSQ Hiver 2012 25

compte tenu du rapport de force en pré-sence. On s’attendait à ce que le délaisoit ramené à un mois afin d’éviterqu’une personne soit obligée de payerdeux loyers en même temps ».

Par ailleurs, l’AREQréclame égalementque les servicesfacturés aux aînéshébergés soientséparés du coût duloyer. Une personneâgée ne devraitpas, après sondépart, continuer depayer des repas,des bains etd’autres servicesdont elle ne bénéfi-cie plus. « Il est

totalement aberrant que des propriétairesfacturent des services à des personnesdéménagées ou même décédées. Ce sontpourtant des situations qui se produisent,d’où la formule morbide selon laquelle,dans certaines résidences, les morts man-gent ! », s’insurge Pierre-Paul Côté.

Une certification attenduedes résidences privéesDans le cas du projet de loi no 16 sur lacertification des résidences privées, cer-tains éléments s’avèrent intéressants. LaCSQ salue ainsi les mesures obligeant lesrésidences privées à engager du person-nel détenant une formation de base obli-gatoire et à maintenir un seuil minimal deressources humaines disponibles en touttemps à la résidence.

Par contre, le projet de loi délègue auxpropriétaires de résidences privées laresponsabilité d’évaluer les besoins deservices de la personne âgée. SelonLouise Chabot, 1re vice-présidente de laCSQ, « il peut être inquiétant de confierl’évaluation de la perte d’autonomie auxpropriétaires d’établissements. D’autantplus que ceux-ci ont tendance à dévelop-per des services à la carte, donc facturés,pour répondre aux besoins. Des risquesd’abus dans la facturation peuvent se pro-duire ». L’évaluation de la perte d’au-tonomie et des services requis devraitdemeurer une responsabilité publique etêtre réalisée par le personnel des centresde santé et de services sociaux (CSSS).

Le projet de loi no 16 ne règle pas nonplus la problématique des déplacementsfréquents vécus par les personnes âgées

hébergées en raison de la détériorationgraduelle de leurs conditions d’autonomie.« Tout le monde sait que les déménage-ments affectent grandement les personnesâgées. Leur environnement physique etsocial, leurs routines constituent unancrage important dans leur bien-êtreaffectif », indique Louise Chabot.

Au moment de la consultation sur lesservices à offrir auxpersonnes âgées en2005, la CSQ avaitdéveloppé le conceptde « projet de vie augrand âge », un peucomme cela se faitdans le secteur de laprotection de lajeunesse. Ainsi, dèsles premiers signesd’une perte d’au-tonomie chez unepersonne âgée, une équipe de profession-nels du CSSS devrait établir, avec la per-sonne âgée et son entourage, un projet devie, du maintien à domicile à un milieud’hébergement substitut si nécessaire. Ceprojet de vie serait planifié en réduisant leplus possible les déménagements.

Non au désengagementde l’ÉtatPar ailleurs, l’instauration de normes decertification de résidences privées, bienqu’essentielle, ne doit en aucun casdélivrer le gouvernement de l’obligation degarantir une offre publique de qualité pourles aînés en perte d’autonomie. Le secteurpublic s’avère le meilleur garant de stan-dards de qualité, et freiner son développe-ment au profit du secteur privé ne peutqu’entraîner une iniquité envers les per-sonnes âgées plus vulnérables. Le désen-gagement de l’État dans ce secteur peutfacilement se transformer en déni de droit,ce que le Barreau du Québec1 a claire-ment démontré lors de son passage encommission parlementaire.

Pour la CSQ, il est vrai que l’offre d’hé-bergement pour personnes âgées doit êtresuffisamment variée pour répondre aux

besoins de celles-ci et surtout doit res-pecter leur choix personnel. Mais varierla gamme de ressources ne devrait enaucun cas signifier un désengagement del’État envers des ressources entièrementpubliques ni créer une offre d’héberge-ment inéquitable.

Le développement incontrôlé des rési-dences privées pour personnes âgées,

particulièrement celles pourles aînés en perte d’au-tonomie, contribue à dégraderles conditions de vie deplusieurs d’entre eux.

C’est pourtant la progressionde l’hébergement privé que legouvernement du Québecfavorise. Depuis cinq ans, il afermé plus de 6 700 lits dansl’ensemble du Québec.

Une vaste étude publiée en2011 par l’Institut de recherche en poli-tiques publiques (IRPP) ne révélait-ellepas que la qualité des soins obtenusdans des résidences publiques étaitlargement supérieure à celle dégagée parles résidences privées ? En effet,Margaret McGregor, professeure auDépartement de pratique familiale del’Université de Colombie-Britannique, afait état d’une revue scientifique sur laquestion au journal Le Devoir2. Sa con-clusion est sans équivoque : « Les gou-vernements ne devraient pas hésiter àinvestir dans l’hébergement public desaînés puisque la recherche scientifiqueprouve que c’est le meilleur moyen d’of-frir des soins de qualité à une populationdes plus vulnérables. »

« Assurer des normes de formation dupersonnel et garantir des ressources dequalité s’avèrent une pratique déjà exis-tante dans un réseau, et ce réseau, c’estle secteur public ! » conclut la vice-prési-dente de la CSQ.

1 www.barreau.qc.ca/pdf/medias/positions/2011/20110831-pl-16.pdf p. 2.

2 RIOUX SOUCY, Louise-Maude (2011).« En CHSLD, qualité rime d’abord avecpublic », Le Devoir, 25 janvier.

Le secteur public s’avère le meilleur garantde standards de qualité, et freiner sondéveloppement au profit du secteur privéne peut qu’entraîner une iniquité envers lespersonnes âgées plus vulnérables.

Louise Chabot

Pierre-Paul Côté

Page 26: Les intervenantes en petite enfance

Les quelque 500 participantes et partici-pants aux carrefours régionaux ont purencontrer monsieur Moussa Konaté,expert malien en développement localintégré. Monsieur Konaté, à l’origined’un jumelage fructueux entre lesagriculteurs de Sanankoroba au Mali etceux de Sainte-Élisabeth dansLanaudière1, était jumelé à un agricul-teur de chaque région lors de la con-férence Dialogue Nord-Sud sur la réalitédes agriculteurs.

Au début des années 1980, cet ensei-gnant fut secrétaire général de la jeunessede la région de Kati, qui englobeSanankoroba et 500 autres villages. Lejumelage avec Sainte-Élisabeth, sa con-naissance des besoins des communautéset l’appui du Service universitaire cana-dien outre-mer (SUCO) lui ont permis de

mettre au point une approche dedéveloppement local innovatrice.

En 25 ans, grâce au jumelage avec lesagriculteurs de Sainte-Élisabeth,Sanankoroba s’est transformé, voyant sapopulation doubler et le nombre de jeunesfréquentant l’école multiplié par 10, dont40 % de filles. Rendus autonomes, lesvillageois ne souffrent plus de la faim.Intégrant les principes de la démocratieparticipative, le village a pris un véritableenvol laissant une place importante auxfemmes dans les prises de décision. Selonl’expression consacrée par Moussa Konaté,Sanankoroba « se sert de l’aide pour sepasser de l’aide ». La réussite est telle quele gouvernement malien entend maintenantétendre à grande échelle l’expérience dudéveloppement local née à Sanankoroba.« Les carrefours régionaux, une occasion

privilégiée de mieux faire connaître la réalitédes agriculteurs d’ici et d’ailleurs. La soli-darité entre agriculteur et citoyen, entre villeet campagne, entre école et milieu agricoleet entre Nord et Sud est de mise. », con-cluait Moussa Konaté.

1 La vidéo Pour une mondialisation de lasolidarité présentant, notamment, l’ex-périence du jumelage Sanankoroba-Sainte-Élisabeth est disponible au secré-tariat EVB-CSQ.

NouvellesCSQ Hiver 201226

EVB

Les carrefours ont été rendus possiblesgrâce au soutien de l’Union des produc-teurs agricoles (UPA), du CLUB 2/3, de ladivision jeunesse d’Oxfam-Québec, deRECYC-QUÉBEC, de la FondationMonique-Fitz-Back, de L’ŒUVRE LÉGER etde l’Association provinciale desenseignantes et enseignants du Québec(APEQ/QPAT). L’Agence canadienne dedéveloppement international (ACDI) aapporté son appui financier.

Merci aux coordonnateurs EVB régionaux,aux coordinations régionales de la CSQ

ainsi qu'aux représentants des fédérationsrégionales de l’UPA ! Tous ont contribuéau succès de ces événements !

Pour mieux connaître la provenance de lanourriture qu’on retrouve dans notre as-siette ainsi que les conditions danslesquelles elle a été produite, consultez latrousse éducative La Terre dans votreassiette. Celle-ci a servi d’inspiration auxCarrefours régionaux et peut êtretéléchargée à l’adresse suivante :http://eav.csq.qc.net/terre.

Les EVB en régionCinq carrefours de la citoyenneté responsable pour

renouer les liens entre l'école et le milieu agricole J e a n R o b i t a i l l e e tM a r i e - J o s é e R o u s s eConseillers CSQ pour un avenir viable

Renforcer les liens entre l’école et le milieu agricole, sensibiliser les jeunes et les adultes aux enjeuxlocaux et internationaux de l’agriculture et de l’alimentation, c'est ce que le réseau des Établissements vertsBrundtland (EVB-CSQ) a tenté de faire en tenant, au cours de l'année 2011, cinq carrefours régionaux de lacitoyenneté responsable. Sur le thème Nourrir le monde – La terre dans votre assiette, ces rencontres tenuesdans le Bas-Saint-Laurent, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, en Montérégie, dans l’ouest de Montréal et dans leCentre-du-Québec, ont rassemblé plus de 500 jeunes, des intervenantes et intervenants du milieu de l’édu-cation et de la santé ainsi que des groupes et des personnes intéressés par les enjeux de l’alimentation, del’agriculture et de la solidarité internationale.

Un invité de marque

Jean-Luc Leclair, président de laFédération de l’Union des produc-

teurs agricoles du Centre-du-Québec et Moussa Konaté.

PH

OT

O:

MA

RIE

-J

OS

ÉE

RO

US

SE

Page 27: Les intervenantes en petite enfance

NouvellesCSQ Hiver 2012 27

RENCONTRE

Il est réalisateur, producteur, auteur et poète. Onlui doit notamment Bacon, le film, un documen-taire percutant sur l’industrie porcine, mais aussiles émouvants Ce qu’il reste de nous, sur la situa-tion tibétaine et Requiem pour l’humanité. En2008, il nous a livré Manifeste en série, une sériedocumentaire politique coup de poing et voilàqu’il remet ça avec République : un abécédairepopulaire, un documentaire qui dresse l’état deslieux du Québec moderne et qui fait rêver d’unprojet de société.

Avec ce nouveau film, Hugo Latulippe sonne l’alarme quant àl’état inquiétant de la social-démocratie et propose, en ce débutde 21e siècle, de jeter les bases d’une république inspirée et pro-fondément moderne. Réalisé au printemps 2011, tout juste avantl’élection d’un gouvernement conservateur majoritaire à Ottawa,son documentaire réunit 53 penseurs québécois et présente leursréflexions sur le Québec contemporain. On y retrouve, notamment,Serge Bouchard, Lorraine Pagé, Dominic Champagne, FrancinePelletier, Camil Bouchard, Claude Béland, mais aussi des gens deterrain dont la réflexion est tout aussi riche tels que VéroniqueBrouillette, conseillère CSQ. Qu’ont en commun ces sociologues,artistes, militants, philosophes, politiciens et syndicalistes ? Unevision lucide de l’état du Québec d’aujourd’hui et le rêve d’unpays plus juste et plus inspirant. Ils parlent bien sûr d’économie,de santé, d’éducation et des questions environnementales, maisaussi de solidarité, de liberté, de création et de l’importance derêver « dans cette société qui crée la tristesse », dira l’un d’eux.Hugo Latulippe nous a reçus dans les bureaux d’EsperamosFilms dont il est l’un des fondateurs.

Qu’est-ce qui vous a donné l’impulsionde faire ce film ?« L’état du Québec d’aujourd’hui. On a tourné un peu avant l’élec-tion de Harper, mais disons qu’on la voyait venir dans le rétro-viseur, comme la déconfiture du Parti québécois... On traverse unepériode de grisaille invraisemblable. Mon idée, c’était de pomperde la poésie, de la beauté, de l’inspiration autour des questions dela politique et de l’organisation de la société dans l’espace public,parce que je pense qu’on en manque terriblement. »

Certains pourraient penser queRépublique tient plus du manifeste que du documentaire...« Sur la place publique, les journalistes m’accolent souvent l’éti-quette de cinéaste engagé ou militant. Je ne suis pas très à l’aiseavec ça. Moi, je me définis comme cinéaste. Je suis libre et jeveux le rester. Alors oui, c’est un film documentaire. Manifeste ensérie, que j’ai fait avant, c’était une série de 9 heures qui se termi-nait par un manifeste. Cette fois-ci, la forme est différente. Jen’avais pas d’agenda politique. »

Hugo Latulippe

UN CINÉASTE ENGAGEANTM a r i e - A n d r é e L e m a yCollaboration spéciale

« Mon idée, c’était de pomper de la poésie,de la beauté, de l’inspi-ration autour des ques-tions de la politique et del’organisation de la socié-té dans l’espace public. »

PH

OT

O:

ES

PE

RA

NO

S F

ILM

S

Hugo Latulippe

Page 28: Les intervenantes en petite enfance

NouvellesCSQ Hiver 201228

RENCONTRE

On sent tout de même chez vous unevolonté de changer les choses...« Après le visionnement, les gens me demandent souvent si jesouhaite faire de la politique ou comment nous devrions nous yprendre pour changer les choses. Pour le moment, je ne suis pasdu tout dans cette dynamique-là. Ce que je veux, c’est mettre desidées en circulation, des idées qui ne circulent pas assez. Le poli-tique, l’organisation de la société, c’est important. Il faut absolu-ment que ça s’élève au-delà du fait de simplement bien gouver-ner, d’équilibrer un budget. Il faut que nous sentions que noussommes un peuple, que nous sommes fiers et que nous allonsensemble vers un but. En Occident, le discours politique a cesséd’être inspirant. Au Québec, nous avons vécu unegrande période autour de 76, mais depuis...Ailleurs dans le monde, il y en a de l’inspiration. Ilsuffit de regarder ce qui se passe en Bolivie avecEvo Morales, ce qui s’est passé au Mexiqueautour des zapatistes et en Équateur où l’on aréécrit la constitution. J’ai beaucoup voyagé et jene peux pas faire abstraction de tout ce que j’aivu et entendu. Il faut additionner le meilleur, qu’ilvienne d’ici ou d’ailleurs, pour façonner notremonde à nous. »

Et avec l’ampleur que prendle mouvement des indignésde Wall Street, on constateque vous avez tout un sensdu timing...« Ça fait un bon moment que le contexte politique s’y prête.Actuellement, tout converge avec ce qui se passe dans la rue, ausquare Victoria, et la déconfiture du politique. Moi, je ne suisqu’un citoyen comme les autres. J’observe ce qui se passe. C’estnormal que mon film soit dans l’air du temps. »

Vous aviez clos Manifeste en série avec la phrase : « Nous sommes nombreux à rêver de la chute de l’Amérique. » Avez-vous l’impression que nous assistonsen ce moment au début de ce qu’il serait convenu d’appeler « la chute de l’empire » ?« C’était une métaphore. La chute de l’Amérique, pour moi ça veutdire la chute de l’idée de l’Amérique, de ce rêve qui en réalitén’existe pas. Oui, ça ressemble à ça. L’avènement du mouvementzapatiste correspond pour moi à un moment charnière. On aassisté à l’insurrection du peuple maya bafoué depuis 500 ans.C’est un peuple vulnérable sur le plan militaire et démographique,mais qui a malgré tout réussi à attirer l’attention sur les faibles et,depuis, le mouvement altermondialiste s’est développé. Ce com-bat m’inspire et me nourrit. »

Considérez-vous le mouvement syndical comme un moteur de changement ?« Les syndicats sont au cœur de la construction du Québec mo-derne. Lors d’une table ronde à Radio-Canada à laquelle j’ai par-ticipé récemment, un journaliste m’a accusé de donner trop deplace aux syndicats dans mon film... Je ne comprends pas quecertaines personnes puissent avoir une aussi mauvaise opiniondu travail des syndicats. Oui, il y a de temps en temps desgaffes, des erreurs, mais il ne faut pas les faire porter à l’ensem-ble du milieu syndical ! Le fondement du mouvement syndical,c’est d’être ensemble pour établir un rapport de force avec les

puissants de ce monde. Si l’onest rendus à dire que les syndi-cats ne sont pas utiles dans lasociété, je pense qu’on estsérieusement en déroute ! »

Parmi les participants devotre film, on entend notammentLorraine Pagé...« C’est une femme que j’appréciebeaucoup sur le plan humain.Son analyse est extrêmement fineet c’est une communicatrice quiest toujours d’une grande préci-sion. Ses idées s’enchaînent avec

aisance. Avec elle, on n’a jamais droit à des cassettes. J’aime saparole. Cette femme-là m’émeut. Elle ressemble à certaines desfemmes qu’il y a dans ma famille. À travers ses mots dans lefilm, c’est tout le bon sens des Québécois qui s’exprime et c’estbeau à voir. »

Que souhaitez-vous qu’on retienne de votre film ?« Dans les salles, le public réagit beaucoup au film. Les genspleurent, rient et ça suscite beaucoup de discussions. Mon paric’était d’ouvrir les vannes du sens, celles de la responsabilisationpersonnelle par rapport au destin collectif. »

« Si l’on est rendus à dire que les syndicats ne sont pas utiles dans lasociété, je pense qu’on est sérieusement en déroute ! »

Camil Bouchard, ex-député de l’Assembléenationale et intervenant dans le film

République, déclare à peu près dans ces mots :« On a au Québec un réseau formidable qu’il

faut soutenir et encourager, le réseau des EVB, qui constitue un véritable foyer

d’engagement social. »

Lorraine Pagé

PH

OT

O:

JE

AN

-F

RA

OIS

LE

BL

AN

C

Page 29: Les intervenantes en petite enfance

NouvellesCSQ Hiver 2012 29

FEMMES

Mais pourquoi en 2011 sent-on le besoinde se donner rendez-vous pour parler deféminisme ? Quelles ont été les contri-butions des féministes ? A-t-on encorebesoin du féminisme ? Comment carac-tériser le contexte actuel ? Quels sont lesdéfis que les féministes doivent releverpour les années à venir ? Voilà ce à quoinous amène l’ensemble des événementsliés aux EG, en commençant par ce lan-cement où plus de 300 femmes, ayantdes réalités et des préoccupations très dif-férentes et venant de toutes les régions duQuébec, ont su insuffler quelques répon-ses en guise d’introduction.

Les derniers Étatsgénéraux du féminisme,déjà vingt ans…En 1992, plus d’un millier de femmesparticipaient au forum Pour un Québecféminin pluriel. Au terme de cet événe-ment, les militantes se dotaient d’un projetsocial visant à transformer les conditionsde vie des femmes québécoises ainsi quecelles de l’ensemble de la population.Elles priorisaient, notamment, la lutte à lapauvreté, de même qu’elles s’assuraientde mieux intégrer les perspectives régio-nales et de progresser dans la lutte auxdiscriminations vécues par les femmesminorisées. Ces orientations étaient lefondement des actions des 20 dernièresannées, dont la Marche du pain et desroses de 1995 et la Marche mondiale desfemmes de l’an 2000.

Bilan, conjoncture et perspectivesEn plus de porter les réflexions des fem-mes, d’établir des bilans et d’analyser laconjoncture, ces EG permettront aux par-ticipantes de se pencher sur les priorités etles défis à relever pour l’avenir.

Malgré certaines avancées concernant lesdroits des femmes, nous constatons queces acquis sont fragiles et les reculs tou-

jours possibles, considérant le terreaud’une droite politique, sociale et écono-mique bien enracinée, le fondamentalismereligieux grandissant et que pour répondreà la crise financière, les droits humainssont relégués au dernier rang. C’est dansce contexte que nous devons redéfinirnotre mouvement, déterminer des orien-tations et des perspectives d’actionsrassembleuses et lutter pour l’atteinte del’égalité entre les femmes et les hommeset entre les femmes elles-mêmes.

Des rendez-vous à ne pas manquer !Cette grande aventure prendra différentesformes tels des assemblées publiques,des colloques, des tournées régionalesainsi que des rencontres virtuelles via leweb et les réseaux sociaux. Nous seronsconviées à créer des espaces de réflexion,parfois mixtes, dont l’aboutissement auralieu à l’automne 2014.

À la CSQ, c’est par la participation auxréseaux de la condition des femmes queles militantes de l’organisation pourronts’inscrire dans cette démarche de réflexionet d’action.

Beaucoup de renseignements suivrontdans les prochaines éditions de NouvellesCSQ ou via le site internet de la CSQ.Surveillez bien les rendez-vous à venir !

États généraux de l’analyse et de l’action féministesC h a n t a l L o c a tConseillère CSQ et responsable du Comitéde la condition des femmes

Les 27 et 28 mai 2011, àMontréal, la Fédération desfemmes du Québec (FFQ) invitait toutes les femmes duQuébec au lancement des Étatsgénéraux (EG) de l’analyse etde l’action féministes.

Page 30: Les intervenantes en petite enfance

NouvellesCSQ Hiver 201230

SOCIOPOL IT IQUE

Le chroniqueur britannique duFinancial Times, GideonRachman, demandait en septem-bre dernier la chose suivante :« Existe-t-il une humeur mon-diale ? » Du côté des exclus dupartage de la richesse, laréponse est OUI !

Depuis le printemps 2011, l’Europe estle théâtre de manifestations qui sepoursuivent inlassablement. L’Espagne,au bord de la faillite, avec un taux dechômage de 20 %, fut le pays fer delance de ce mouvement en mai 2011.Très rapidement ont suivi l’Italie, lePortugal et la Grèce, pays emportés parla catastrophe financière et étouffés parles plans d’austérité. Partout, ce sont desmilliers « d’indignés », souvent des diplô-més condamnés à des emplois sous-qualifiés ou ayant perdu espoir de trouverun emploi décent, qui ont dressé descampements afin d’occuper les placespubliques et de débattre de la mondiali-sation et de la démission des pouvoirspolitiques devant les marchés financiers.

En Grande-Bretagne, les violentes« émeutes shopping » de l’été dernierétaient une réaction devant l’absenced’avenir en termes d’éducation, d’emploi,de retraite et une critique de la société deconsommation par le pillage des biensque de plus en plus de gens n’ont jamaisles moyens de se procurer.

Au Chili, depuis plus de cinq mois, cesont les étudiantes et étudiants, et lessyndicalistes qui réclament la fin des dis-criminations et des inégalités socialesdans la santé, le logement, ainsi quel’égalité des droits à l’éducation, notam-ment par le gel des subventions aux uni-versités privées. En Israël, on a créé la« cité des tentes » dans la capitale Tel-Aviv. Là-bas, c’est le coût de la vie quimobilise la population, la dégradation dusystème de santé public et les compres-sions en éducation. En Chine et en Inde,ce sont les classes moyennes qui mani-festent contre la corruption, notammentdans la construction, et pour des réfor-mes permettant une gestion transparenteau sein de l’appareil de l’État.

De ce côté-ci de l’Atlantique, la mobili-sation anticapitaliste des « indignés deWall Street1 » a pris naissance à NewYork et s’étend depuis dans plusieursvilles étatsuniennes. Là encore, les re-vendications sont multiples : dénoncer lesoutien apporté par les gouvernements

aux grandes banques alors que le paysvit une crise industrielle et que le chô-mage s’accentue ; le détournement de ladémocratie par les lobbies omnipuis-sants ; le sous-financement de l’éduca-tion ; l’augmentation des frais de scolaritéet la déception à l’égard des politiquesd’Obama.

Au Québec, prenant le pas sur les mani-festations internationales, des centainesde militantes et militants occupent de-puis le 15 octobre le square Victoria àMontréal, baptisé « Place du peuple » etla Place de l’Université-du-Québec, àQuébec. On y discute d’inégalités derevenus, mais aussi de développementdurable, de protection des ressources etde lutte contre la corruption. À cela,s’ajoutent les mobilisations des étudianteset des étudiants appuyés par les organi-sations syndicales et populaires contre lahausse des frais de scolarité.

1 On peut suivre l’évolution de cette mobili-sation sur le site www.occupytogether.org.

PH

OT

OS

: J

EA

N-

FR

AN

ÇO

IS L

EB

LA

NC

N i c o l e D e S è v eConseillère CSQ à l’action sociopolitique

LA COLÈRE DES PEUPLES

Page 31: Les intervenantes en petite enfance

NouvellesCSQ Hiver 2012 31

Cependant, il est difficile de secouer l’iner-tie gouvernementale à l’égard de l’accrois-sement des inégalités. Selon Angel Gurria,secrétaire général de l’Organisation decoopération et de développement écono-miques (OCDE), « les inégalités de reve-nus augmentent sans cesse depuis deuxdécennies2 » et deviennent carrément dan-gereuses, et ce, même dans les paysreconnus pour leur filet social comme leCanada ou la Suède.

De quoi soulever l’indignation !

Quand on prend la parole…Il est prématuré, actuellement, de cernertoutes les clés de cette contestation interna-tionale. Par contre, il est possible de déga-ger certaines constantes. En effet, ce quicaractérise ces mouvements, c’est la prisede parole citoyenne dans des assembléesconstituées par les « Los indignados », c’estl’émergence de solutions de rechange àl’éclatement social provoqué par les déci-sions économiques, c’est la délibération etl’expérimentation de mécanismes de prisede décision démocratiques bref, la reprisedu débat politique sur des thèmes négligésdans le discours public.

Ce qui caractérise ces mouvements, c’estl’interpellation des gouvernements, toutesallégeances confondues, qui ont permisque le système financier l’emporte surl’économie réelle et que la spéculationfinancière soit source de richesse pour derarissimes gagnants, tout en abandonnantla population à la merci du marché. Cequi est réclamé, c’est l’éthique, la régula-tion des forces du marché, une juste dis-tribution de la richesse, des emplois réels,de véritables programmes de santé et ledroit inaliénable à l’éducation.

Ce qui caractérise aussi ces mouvements,c’est le rôle des médias sociaux qui per-mettent des mobilisations spontanées, desripostes rapides et, surtout, la circulationdes revendications et des débats entreinternautes d’un pays, mais aussi entreceux de différents pays. Cette communica-tion constante, ce transfert d’information,contribue à alimenter la réflexion pour unenouvelle culture politique et à développerdes solidarités internationales, donnantainsi un sens positif à la mondialisation.

Ces mobilisations s’inscrivent dans unetradition de luttes à travers le monde pourrésister au néolibéralisme, créant par le faitmême une nouvelle conscience commune.Pensons aux luttes contre l’Accord multi-latéral sur l’investissement (AMI) au milieudes années 90, aux sommets des peu-ples, au Forum mondial des alternatives, àla Marche mondiale des femmes et auxmanifestations contre le G-20 ou le G-8.

Aujourd’hui, le défi est de construire unprojet de rechange en s’appuyant sur cesmobilisations comme sur les luttes quoti-diennes afin d’y engager le plus de forcesdémocratiques et progressistes pour vrai-ment changer le système économique etpolitique en vue d’une société plus juste,plus solidaire.

2 GRAMMOND, Stéphanie (2011). « Le fossé se creuse, la classe moyenne s’érode », La Presse Affaires (14 mai), p. 2.

3 GRAMMOND, Stéphanie (2011). « Des salaires dignes des années folles », La Presse Affaires (14 mai), p. 2.

En 2009, au plus fort de la récession, les 100 patrons cana-

diens les mieux payés ontgagné 6,6 millions de dollars,selon le Centre canadien de

politiques alternatives (CCPA).Le contraste est frappant parrapport au Canadien moyenqui a gagné 42 990 $. […] Au

Canada, le 1 % de mieux nantis(les 246 000 privilégiés qui

gagnaient plus de 169 000 $ en2007) a touché 14 % des revenustotaux du pays. C’est deux foisplus que dans les années 703.

Des productions culturelles à voir

Le documentaire République : un abécédaire populaire de Hugo Latulippe, Survivre au progrès du réali-sateur Mathieu Roy, la pièce de théâtre Tout ça m’assassine de l’artiste engagé Dominic Champagne etle film Trou Story de Richard Desjardins et de son complice Robert Monderie.

Page 32: Les intervenantes en petite enfance

Voilà brièvement le portrait du systèmepublic d’éducation au Burundi, un paysd’Afrique subsaharienne où s’est rendue leprintemps dernier une équipe de la CSQreprésentée par Luc Allaire, conseiller à laCentrale, et Francine Pratte, une ensei-gnante du Syndicat de l’enseignement duLanaudière (SEL-CSQ). L’objectif était dedonner une formation à une délégation de26 membres du Syndicat des travailleursde l’enseignement du Burundi (STEB) por-tant sur les grands courants de réforme enéducation sur le plan international.

En marche vers l’éducation pour tousUne formation essentielle au moment oùle ministère de l’Éducation du Burundis’apprête à mettre en branle son impor-tante réforme pour l’école fondamentale.Une initiative prise dans le cadre de l’en-gagement du Burundi afin d’assurer àtoute sa population une éducation pri-maire de base de qualité d’ici 2015. Un

engagement concrétisé en 2000, par lasignature de la Déclaration mondiale surl’Éducation pour tous de l’UNESCO.

Après une décennie de guerres civilesfaisant de 100 000 à 300 000 victimesentre 1993 et 2006, l’école fait face à desdéfis énormes. Aujourd’hui, une paix fra-gile s’est instaurée dans un des pays lesplus pauvres du globe.

L’objectif qu’est l’éducation pour tous a eupour effet d’amener à l’école un si grandnombre d’élèves que les classes débordent.Le besoin de construire de nouvelles écolesest urgent. Malgré cela, le secrétaire géné-ral du ministère de l’Enseignement primaireet secondaire chargé de l’administration etdes finances, Gashamua Jean de Dieu,soutient que son gouvernement garde le

cap. Selon lui, l’école fondamentale devraitpermettre à tous les élèves de terminer leprimaire avec une formation suffisante pourexercer un métier et contribuer au déve-loppement du pays. Cependant, la réalitéest très différente. Si la presque totalité desenfants commence maintenant l’école pri-maire, le taux de décrochage, lui, atteint15 % dès la première année.

NouvellesCSQ Hiver 201232

INTERNAT IONAL

P H O T O S L U C A L L A I R E

Les enseignants doivent écriretoute la matière au tableau.

Des classes bondéesd'élèves dont l'âge varie de

11 à 18 ans.

Burundi, Afrique

L’amélioration de l’éducation au cœurde l’avenir du pays

C l a u d e G i r a r dConseiller CSQ aux communications

Des classes de plus de 100 élèves. Aucun matériel scolaire.L’enseignant doit écrire sur le tableau l’ensemble de la matièreenseignée. Des classes de 6e année dont l’âge des élèves varie de11 à 18 ans. Des élèves et des enseignants qui se rendent à l’écolel’estomac vide et qui ne prendront leur seul repas de la journéequ’une fois de retour à la maison. Des enseignants forcés d’occuperun second emploi pour survivre.

Page 33: Les intervenantes en petite enfance

Des enseignantes et des enseignants engagésLa présidente du STEB, Eulalie Nibizi, affirme que les enseignanteset les enseignants partagent cette volonté de transmettre un ensei-gnement primaire fondamental à tous les jeunes. Cependant,pour rendre les conditions d’exercice de la profession enseignante

plus humaines et pour améliorer lesconditions d’apprentissage desélèves, des efforts supplémentairesrestent à faire du côté gouvernementalafin d’atteindre l’objectif d’éducationpour tous avec un primaire complété.

« Le Burundi n’en est pas à sa pre-mière réforme en éducation. Si legouvernement veut en assurer sonsuccès, il doit regrouper lesenseignantes et les enseignants envéritables partenaires. Une réformepensée et commandée uniquementpar l’État, à laquelle le personnelenseignant ne serait pas associéétroitement, est vouée à l’échec. LeSTEB ne souhaite pas un tel scénarioqui desservirait les intérêts desélèves. L’avenir de notre pays passeobligatoirement par la qualité del’éducation », affirme Eulalie Nibizi.

Si la presque totalité des enfants commence maintenantl’école primaire, le taux dedécrochage, lui, atteint 15 % dès la première année.

Francine Pratte, enseignante du Syndicat de l'enseignement du Lanaudière, Luc Allaire, conseiller

CSQ, Gashamua Jean, secrétaire générale du ministèrede l'Enseignement primaire et secondaire, Eulalie

Nibizi, présidente STEB.

WWW.CUSO-VSO.ORG

Nous travaillons avec des enseignants locaux dans le but de mobiliser les enfants ainsi que pour les encourager à développer leur curiosité.

UNE NOUVELLEEXPÉRIENCEVOUS ATTEND ICIMalgré tous les obstacles qu’elles rencontrent,des personnes de tous les pays endéveloppement construisent un avenir meilleurpour leur famille et leur communauté.

Nous recrutons activement des professionnelsqualifiés :

«

«

UN MONDE DE VOLONTAIRES

– Melanie, formatrice d’enseignants du primaire, Rwanda

Page 34: Les intervenantes en petite enfance

CULTURE

L’APPEL DE MES RÊVESde Karina Bolduc

Le 22 octobre, j’assistais avec plaisir au lancement du premier romande Karina Bolduc : L’appel de mes nuits, aux Éditions Première Chance.Madame Bolduc est responsable d’un service de garde en milieu fami-lial. À travers ses nombreuses heures de travail, elle a réalisé son rêve.

Quelques jours après, elle a posé un geste important pour elle : offrirson roman à une enseignante de 1re secondaire qui a été marquantepour elle : « Outre ma famille, c’est cette enseignante qui m'a permis decroire que l'écriture faisait partie de moi. Après 20 ans, elle m'a recon-nue. Nous étions très émues. Mon geste était sa récompense poursouligner ses 25 ans d'enseignement. »

CHANSONS DE NOËL POUR LA FONDATION JASMIN ROY

La Fondation Jasmin Roy, à laquelle est associée laCSQ, lance un album deNoël dont les profits servi-ront à lutter contre l'intimida-tion en milieu scolaire et àsoutenir les victimes de vio-lence à l'école. Plusieursartistes québécois, dontMarie-Mai, Lynda Thalie,Annie Villeneuve, Wilfred Le

Bouthillier, Roch Voisine, Boom Desjardins et Jasmin Roy joignent joli-ment leurs voix autour de chansons de Noël pour appuyer cette cause.Joyeux Noël !

Pour en connaître davantage sur les activités de la Fondation JasminRoy, consultez le site www.fondationjasminroy.com.

P i e r r e J o b i n3e vice-président CSQ

Page 35: Les intervenantes en petite enfance

LA CSQ, FIÈRE PARTENAIRE DU FONDS DE SOLIDARITÉ FTQ !

Pour plus d’information sur le protocole CSQ - Fonds, communiquez avec le ou la responsable local(e) (RL) dans votre milieu de travail, votre syndicat local ou avec Langis Beaulieu, coordonnateur – CSQ au 1 800 361-5017.

www.fondsftq.com

www.csq.qc.net

PARTENAIRE

PLOISEM

ERRE

Page 36: Les intervenantes en petite enfance

XXX

UN GRAND

PRIX DE

30 000$

QUATRE PRIX DE5 000$ Rénovez

ou décorez…

Aucun achat requis. Une participation par personne par catégorie d’assurance. Le concours se termine le 31 décembre 2011. Tirage du grand prix le 17 janvier 2012. MC Marque de commerce de La Personnelle, compagnie d’assurances.

Demandez une soumission d’assurance auto, habitation ou entreprise pour courir la chance de gagner !

Vous n’êtes pas en période de renouvellement ? Transmettez-nous les datesd’échéance de vos polices actuelles et vous serez inscrit au concours !

Règlement complet disponible sur : lapersonnelle.com/decofolies

Les assurés de La Personnelle sont automatiquement inscrits au concours.

1 888 GROUPES ( 1 8 8 8 4 7 6 - 8 7 3 7 )

Du lundi au vendredi, de 8 h à 20 h Le samedi, de 8 h à 16 h

csq.lapersonnelle.com

Assureur choisi par la CSQ

depuis 25 ans!