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Presses Universitaires du Mirail Les mythes et leur expression au XIX e siècle dans le monde hispanique et ibéro-américain by Claude Dumas Review by: Jacques Gilard Caravelle (1988-), No. 52 (1989), pp. 132-134 Published by: Presses Universitaires du Mirail Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40851808 . Accessed: 16/06/2014 20:51 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires du Mirail is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Caravelle (1988-). http://www.jstor.org This content downloaded from 185.2.32.49 on Mon, 16 Jun 2014 20:51:58 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Les mythes et leur expression au XIXesiècle dans le monde hispanique et ibéro-américainby Claude Dumas

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Presses Universitaires du Mirail

Les mythes et leur expression au XIX e siècle dans le monde hispanique et ibéro-américain byClaude DumasReview by: Jacques GilardCaravelle (1988-), No. 52 (1989), pp. 132-134Published by: Presses Universitaires du MirailStable URL: http://www.jstor.org/stable/40851808 .

Accessed: 16/06/2014 20:51

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du juste milieu, ses écrits et ses faits, analysés patiemment par Claude Dumas, mettent en lumière les instruments et les cautions dont a su s'entourer le régime pour durer.

Jacqueline Covo.

Claude Dumas (éd.). - Les mythes et leur expression au XIX9 siècle dans le monde hispanique et ibéro-américain. Lille, P.U.L., 1988, 384 p.

Ce volume collectif, édité par les soins de Claude Dumas qui en a aussi rédigé la brève préface, réunit les communications d'un col- loque qui s'est tenu à Lille en mai 1984. Nous nous intéresserons ici aux onze communications traitant des aspects latino-américains.

Comme l'observe Claude Dumas dans sa présentation, il ne pou- vait être question d'imposer au préalable une définition précise, parmi toutes celles qui ont pu être données à la notion de mythe, mais il est vrai que, de façon majoritaire, les travaux ici consacrés à l'Amérique reposent ou débouchent sur une interprétation fonc- tionnaliste de cette notion. Si le mythe apparaît malgré tout dans presque tous ses états, on le trouve principalement dans sa version utilitaire et sous la forme d'un discours qui fuit la démarche et la formulation scientifiques. Discours non scientifique, même là où il y a une argumentation serrée ou se souhaitant telle (Bolivar étudié par Charles Minguet), et même là où il y a intention scientifique (Fernández Duro analysé par Jacqueline Covo et Maryse Villapa- dierna) ou seulement prétention (le racisme brésilien, étudié par Jean- Y ves Mérian).

Dans tous les travaux considérés ici on retrouve la constante de l'Histoire et des discours qu'elle suscite, avec entre les deux une ample marge pour le rêve, l'erreur ou même le mensonge. Il en est ainsi aussi bien pour les travaux consacrés à la littérature que pour ceux qui ont une orientation plus proprement historique. Le dis- cours rapporté à l'Histoire peut ou non être tourné vers l'avenir, mais rares sont les cas examinés qui ne se veulent pas, d'une façon ou d'une autre, générateurs d'une action possible (le seul exemple sans ambiguïté, dans ce cas, étant celui que traite Elvira Aguirre). On voit donc que les textes littéraires étudiés dans ce volume, mal- gré le rôle du hasard et la nature non exhaustive de tout programme de colloque, confirment la profonde tendance de la littérature latino- américaine à être un vecteur d'identité, à se concevoir comme dotée

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d'une mission concrète; la forme la plus dégradée du phénomène étant ici le cas de Cumandá, traité par Raquel Thiercelin : le mythe, et plus précisément un avatar du mythe américain, s'y trouve réduit à n'être plus qu'une convention littéraire, dans le but probable d'obte- nir une succès commercial.

Toutes les communications parlent, en insistant sur tel aspect plutôt que sur tel autre, d'un discours embrassant le passé et l'ave- nir de l'Amérique, avec entre les deux, la falsification du processus historique de transition; et, sinon une falsification délibérée, du moins une affabulation sur des faits mal connus ou expéditivement interprétés. Le mythe le plus évident - et aussi le plus tenace, au- delà même de l'époque étudiée - est incontestablement celui du Paradis, qui apparaît évoqué dans un grand nombre de ces commu- nications et qui reste sous-jacent mais perceptible dans quelques autres, ce mythe pouvant être présent aussi bien dans la production littéraire que dans les propositions des personnages historiques. Il véhicule donc l'image d'une Amérique terre d'abondance avant la Conquête et pouvant le redevenir une fois effacé l'épisode colonial. Ainsi trouve-t-on régulièrement l'idée qu'il suffira de peu de chose pour que le continent atteigne à une sorte de perfection édénique.

Plus précisément, on retrouve, comme il était inévitable - mais sous des éclairages originaux - , les ambiguïtés des projets et des frustrations des Créoles (communication de Claude Dumas). Dans la plupart des cas, on est confronté à une classe dirigeante ressassant ses projets, ses solutions ou ses rêveries, lesquels se manifestent dans des discours qui ont pour but fondamental de justifier et de prolonger une prééminence sociale et politique. Et ce, bien souvent, au prix de manipulations du réel et de l'intronisation, voire de l'ins- titutionnalisation, d'un mensonge (communications de Maurice Fraysse sur le « roto » chilien, et de Jean-Louis de Lannoy sur le bandit social mexicain).

Derrière cette caste créole et sa culture se profile l'Etat qui en est l'émanation et l'instrument. Cet Etat repose, ou reposera, sur le mythe de l'Etat-Nation, un mythe sinon hérité de l'Europe, du moins inspiré et renforcé par elle. Il s'agit de l'Etat qui peut être (Bolivar) et, quand il existe déjà - sous forme d'une réalité quotidienne peu satisfaisante - , de l'Etat qui devrait être. Pour celui-ci, scientifiques (ou supposés tels) et poètes proposent toute sorte de remèdes. L'artis- te n'est d'ailleurs pas le dernier à aspirer à quelque chose d'aussi peu poétique et libérateur que l'avènement d'une structure d'Etat, chargée de matérialiser un progrès, lequel serait d'ailleurs souvent un retour au Paradis d'avant la colonisation (Communications de

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Carmen Vásquez sur Peregrinación de Bayoán, et de Catherine Raffi- Beroud sur Enriquilló).

Telle nous semble être la clé pour l'unité de ce volume collectif : une nostalgie de l'Etat dans l'élite intellectuelle d'une classe qui était justement en train d'échouer sur ce point. La communication de Jacqueline Covo et Maryse Villapadierna donne d'emblée ce qui sera la tonalité générale : cette étude sur les manifestations du qua- trième centenaire, en 1892, n'est pas seulement une transition com- mode entre la partie péninsulaire et la partie américaine du volume; elle peut être aussi le centre de gravité de l'ensemble, avec son ana- lyse des mécanismes par lesquels l'ancienne mère-patrie croyait justifier son passé, résoudre ses problèmes internes et assurer son avenir. On y perçoit clairement ce sur quoi reviennent de façon variable les autres travaux : un hiatus entre les réalités socio-histori- ques et le discours d'Etat. Le mythe américain est là pour combler illusoirement tous les vides.

Jacques Gilard.

Julio Torri. - El ladrón de ataúdes. Recopilación y estudio preli- minar de Serge I. Zaïtzeff. México, Fondo de Cultura Economica, 1987, 72 p.

Ce bref et savoureux volume, condensé de tout l'art de Julio Torri, vient à point pour nous rappeler l'intérêt et l'importance de ce franc- tireur des lettres mexicaines, né en 1889, et qui disparut silencieuse- ment en 1970. Nous le devons, une fois encore, au travail et à la ferveur obstinés de Serge Zaïtzeff : celui-ci avait déjà mis à la dispo- sition du cercle croissant des amateurs de Torri deux éditions de textes non collectés et difficilement accessibles. La première est Diálogo de los libros (México, F.C.E., 1980, 282 p.), un recueil des premiers textes de Torri, où alternent contes, chroniques culturelles et comptes rendus de livres, et qui présente aussi, en deuxième partie, la correspondance fidèle (1910-1959) avec Alfonso Reyes, l'in- séparable ami des années estudiantines... On reconnaît dans ces pages le goût de Julio Torri pour la forme brève, son ironie perspi- cace, ses goûts raffinés - dira-t-on « décadents »? - en matière littéraire : Mallarmé, Lafforgue, les « modernistes », Charles Lamb et, sourtout Oscar Wilde. La seconde collection, Julio Torri y la crí- tica (México, UNAM, 1981, 102 p.), reprend quelques-uns (13 en tout) des articles critiques consacrés à Torri, constituant un précieux ap-

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