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EHESS Les néo-Indiens. Une religion du IIIe millénaire by Jacques Galinier; Antoinette Molinié Review by: Jacques Gutwirth Archives de sciences sociales des religions, 51e Année, No. 136 (Oct. - Dec., 2006), pp. 191-193 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30118843 . Accessed: 12/06/2014 14:18 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.78.108.40 on Thu, 12 Jun 2014 14:18:39 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Les néo-Indiens. Une religion du IIIe millénaireby Jacques Galinier; Antoinette Molinié

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EHESS

Les néo-Indiens. Une religion du IIIe millénaire by Jacques Galinier; Antoinette MoliniéReview by: Jacques GutwirthArchives de sciences sociales des religions, 51e Année, No. 136 (Oct. - Dec., 2006), pp. 191-193Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30118843 .

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qu'il fonctionne sur le modele d'une Eglise de multitude. Enfin, les allusions tris int&res- santes aux postures anti-s&culieres et a l'enjeu classique de l'&cole pouvaient sugg~rer des comparaisons avec l'attitude des autres families spirituelles sur la question. Malgre ces remarques, le livre montre en tout cas que, dans le cadre de d6mocraties parlementaires et de partis structur6s classiques, le protestantisme arrive rarement au pouvoir et applique encore moins des elements de o politique protestante a, si tant est que celle-ci existe - quelques traces d'une telle application au Guatemala et au Br~sil se faisant justement hors de l'interven- tion des partis protestants.

Patrick Harismendy

136-48 Jacques GALINIER, Antoinette MOLINIE

Les nio-lndiens. Une religion du IIIe millinaire Paris, Odile Jacob, 2006, 329 p.

Voici un livre remarquable fonda sur une experience ethnologique de plus de trente ans, principalement au Perou et au Mexique. Les auteurs, apris avoir consacre d'int&ressants travaux a des groupes d'Indiens plus ou moins traditionnels, nous livrent ici un ouvrage mar- quant qui embrasse de vastes phenomianes reli- gieux, culturels, politiques - touristiques et &conomiques aussi - qui concernent la < neo- indianite0 dont l'importance en Amerique hispanique est capitale. Souvenons-nous de l'intronisation r&cente du president bolivien Evo Morales avec ses rites < indiens > dans l'ancienne ville de Tihuanaco.

Le < neo-indien > qui a pris forme o,

dans le Nouveau Monde n'est ni l'arch&type des monographies ethnographiques, ni le metis des intellectuels antiracistes. Il est plus proche de notre culture televisuelle et de Disneyland. Dans sa vie quotidienne, il ne porte pas de plumes mais du polyester, bien qu'il s'habille en prince azteque ou en Inca les jours de fte te

(p. 8). Les deux auteurs, certes apres quelques

autres - moi-mime, j'avais commis un livre sur un jud6o-christianisme en pleine elabora- tion (Les judeo-chretiens aujourd'hui, Paris, Cerf, 1987) - ont constat~, par leur pratique du terrain, que l'ethnologue pouvait d&crire et analyser des phenomenes socioculturels emergeant - < une ethnogenese bouillonnante

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE - 191

et d~bordante de vitalitr (...) en train de faire irruption, sur les d&combres de la colonisa- tion > (p. 10). Et ce livre nous fait d&couvrir une r6alite foisonnante, sans oublier de nous &clairer sur les significations complexes qu'elles comportent.

o Au Mexique aussi bien qu'au P~rou, le mouvement n6o-indien peut se d6finir comme une communaute d'acteurs aux limites floues (...) dont les membres se reconnaissent de proche en proche, par certaines affinits slec- tives (...) Pas de cohesion interne, de clivages marques entre une elite de penseurs et de sacri- fiants, et une masse virtuelle de fiddles (...) mais un dogme plut6t dlastique, ouvert sur d'autres courants spirituels. La litt~rature de propagande et les rituels reinventes dans une grande effervescence n'hesitent pas

t piocher

dans les textes historiques et anthropologiques, quitte a en faire a l'occasion de surrealistes patchworks: nos propres textes ont parfois servi a alimenter a notre insu ce travail (...) (p. 24).

Il serait trop long de reprendre tous les points majeurs et mineurs de ce livre trrs riche. On se contentera de mentionner quelques themes saillants. Le premier chapitre traite de << l'Internationale neo-indienne >. Ainsi la decouverte, il y a cinq cents ans, de l'Amerique est-elle c6lebr~e le 12 octobre 1992, par une < d~ferlante nbo-indienne > a travers toute l'Amerique latine, comme o les cinq cent ans de resistance a la domination coloniale, a

l'imperialisme et au genocide >. La celebration commenc&e la veille i Teotihuacan, site celkbre pour ses deux pyramides du Soleil et de la Lune, se ddroule sur le Zocalo, la place cen- trale de Mexico. Des Indiens, des Inuits de l'Alaska jusqu'aux Mapuches du Chili sont presents. D'innombrables rituels et cer~mo- nies se deroulent devant le Templo Mayor, impressionnant site azteque, coeur du nexus politico-religieux de la capitale. Cette celebra- tion bigarr~e, avec, par exemple, cremation d'encens, activites de chamanes, etc., s'inscrit dans une vaste construction ideologique aux dimensions panamericaines : le Zocalo devient le centre du monde neo-indien.

A Cuzco, au Perou, se deroule le culte solaire annuel nbo-inca (organis6 par un sc&- nographe !). Celui que decrivent les auteurs avait eu lieu, semble-t-il, le 24 juin 2002. Un acteur interprite le rile d'Inti Raymi, le fils du soleil, qui est au coeur d'une serie de c&r0mo- nies auxquelles participent les autoritds mili-

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taires et civiles, notamment le maire de la ville. o La foule acclame ici un dieu vivant, avec tellement plus d'enthousiasme que les saints patrons de la ville lors des processions , (p. 72). A Cuzco, la fete forme un diptyque de d6votion avec Corpus Christi, c6l1bree la mime semaine. En v~rit&, la Fite-dieu se pre- sente comme une manifestation de ferveur

incai'ste pendant laquelle on c6l1bre autant le souvenir de la noblesse inca que la passion du Christ. Catholicisme et incai'sme se milent done allegrement dans l'esprit des participants.

Les auteurs esquissent un historique du mouvement neo-indien qui, dis ses debuts, represente une quite d'autochtonie, ce qui n'est pas tiche facile car les 6lites, notamment apres l'ind~pendance du P~rou et du Mexique, ont voulu ecarter de la representation natio- nale l'indigene qu'ils m~prisent ainsi que les descendants des envahisseurs espagnols, d'oii une mise en oeuvre mythologique pour fonder les nouvelles nationalit~s. Un des points cen- traux des theses ndo-indiennes est celui de la Terre Mere reclamant des offrandes sous forme rituelle pour garantir la survie de l'hu- manit6. Or, o dans la mouvance des courants neo-indiens vient prendre place une version non seulement "r~visionniste" mais "negation- niste" des sacrifices humains, une r6alite histo- rique indubitable a (p. 104-105). On decouvre une v~ritable reformulation de la cosmovision azthque avec une mise en avant pour le moins singuliire du respect de la nature et de la vie. Aujourd'hui cependant, cette attitude est direc- tement lide aux preoccupations de l'ecologie urbaine, car & Mexico le niveau de pollution atmospherique est 6lev6 et les pritres neo- indiens ne manquent pas de rappeler ces nui- sances dans leurs pribres. IL y a done une extra- ordinaire redefinition du passe & visees politiques et ideologiques. < Il s'agit d'une histoire mili- tante, dont les objectifs consistent a faire coi'n- cider une quite des origines avec une telkologie sociale, parfois teint~e de millenarisme > (p. 118).

Au Perou on trouve le mythe de l'ayllu communautaire et 6galitaire. < C'est dans la joie cosmique que les membres de l'ayllu tra- vaillent la terre (...) fondement metaphysique de l'existence > (p. 128). Le mythe de la Terre divinis~e a connu un succ~s foudroyant apri~s avoir surgi dans les mouvements revolution- naires des annees 1960 au cri de

, Tierra o

muerte > et plus tard dans la reforme agraire pbruvienne des ann~es 1970 men&e par des militaires de gauche.

La neo-indianit6 mexicaine a ceci de paradoxal qu'elle s'appuie et sur l'image de l'Indien primitif chasseur-cueilleur sur la fron- tibre americaine et sur celle de l'Indien impe- rial, parangon de la civilisation, bitisseur d'une capitale monumentale. Le mythe d'Aztlan, la terre des ancatres, joue aussi aux Etats-Unis, notamment en Californie, territoire perdu par le Mexique en 1848. Il existe une revendica- tion d'indianit6 chez des groupes largement mtisses oui, souvent, les < enfants d'Aztlan >

ne parlent que l'anglais... Au Mexique le patrimoine autochtone est pergu comme un capital symbolique valorisant, susceptible d'8tre exploiti &conomiquement A l'&tranger comme sur place, notamment pour le tourisme, quitte a le remodeler en le pliant aux canons de la neo-indianit .

J. Galinier et A. Molinie ajoutent encore quelques remarques explosives quant au metier d'ethnologue ou d'anthropologue: << les neo- Indiens proposent la forme ultime, la plus achevee, du processus de "decontamination" de la culture traditionnelle, processus dont on doit bien reconnaitre qu'il avait &td engage par les ethnologues, I leur corps defendant, en evacuant les aspects d&rangeants trop modernes, en alimentant les musees de somptueux objets reins~rds dans des 6crins dont l'esth&tisme ne permet pas, dans la plupart des cas, de comprendre le contexte d'origine... L'atmos- phere feutrre de ces cathedrales du savoir ne saurait faire oublier celle, poisseuse, dans laquelle salet6, violence, alcoolisme regnent en maitres, qui est celle que l'on rencontre sur le terrain > (p. 236). On pense evidemment au nouveau mus6e des < arts premiers > du quai Branly.

Les auteurs d~veloppent 6galement une analyse des rapports entre indianite andine et les theses du New Age.

,< L'attrait du messia-

nisme s'exprime dans le mythe du retour de l'Inca... Or de nombreuses propheties contem- poraines annoncent que l'entr&e prochaine dans l'ere du Verseau s'accompagnera de boulever- sements profonds d&crits dans l'Apocalypse de saint Jean. Un cataclysme nous amenera un "Grand Roi" dont I'avinement apparaitra comme un retour du Christ et ouvrira un nou-

vel Age d'or. On voit tout ce qui rapproche cette croyance New Age de celle du retour de l'Inca qui ressuscitera le jour oft sa tate et son tronc seront reunis > (p. 244-5). La convergence entre le retour de l'Inca et I'ige d'or est rendue possible grice A une id~alisation extrime de I'empire ainsi restaur6.

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I1 s'agit bien d'un livre savant, renovateur de l'ethnologie ambricaniste, qui nous fait sai- sir les arriere-plans de ph~nomenes politiques capitaux en Amerique du Sud et centrale. Malgre sa densite et parfois quelques lacunes quant aux dates de certains evenements et des definitions formul&es un peu tardivement, c'est une lecture hautement recommandable pour tous ceux qui s'interessent a l'Amerique latine mais aussi aux phenomenes neo-religieux de notre temps.

Jacques Gutwirth

136-49 Emma GANNAGP, Patricia CRONE, Maroun AOUAD, Dimitri GUTAS,

Eckart SCHOTRUMPF, eds.

The Greek Strand in Islamic Political Thought Proceedings of the Conference held at the Institute for Advanced Study, Princeton, 16-27 June 2003 Beyrouth, Imprimerie catholique, coil. o Milanges de I'lUniversiti Saint Joseph ,, LVII, 2004, 608 p.

Dans l'histoire de l'&change culturel qui a toujours accompagne les confrontations guer- rieres entre la rive nord et la rive sud de la M6diterranee, la transmission de la tradition grecque est certainement un des evinements les plus remarquables. Dans la doctrine conven- tionnelle, c'est dans la periode des vIIIe-XIe siecles que << l'Empire arabe >, (das arabische Reich, pour emprunter la cle1bre expression de Julius Wellhausen) se transforme en califat universel, ajoutant a son arabite une grande partie de l'heritage pratique, philosophique et scientifique disponible dans la region, elargis- sant ainsi l'ampleur de son savoir et les outils methodologiques qui vont lui servir pour conso- lider les bases intellectuelles de cet empire transforme.

Les chemins qu'a pris ce savoir pour entrer et contribuer i la formation de la civili- sation islamique etaient doubles: les contacts quotidiens et directs des conquerants avec la population des regions conquises, et la tra- duction du grec en arabe - souvent par l'inter- mediaire de l'arameen - d'un grand nombre d'ceuvres &crites. Sont particulibrement c616bres, et connus, les domaines medicaux, pharmaco- logiques et philosophiques lies aux grands noms d'Hippocrate, Galien, Dioscoride, Platon, Aristote et bien d'autres dont les oeuvres furent traduites dans le cadre de cette activite.

SGreek into Arabic >, d'apres le fameux titre du livre de Richard Walzer (Greek into

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE - 193

Arabic: Essays on Islamic Philosophy, Harvard University Press, 1962), un des grands sp&cia- listes de ce domaine pendant la premiere moi- ti& du xxe siecle, est done un des 6vinements intellectuels fondamentaux dans l'histoire du monde. Pour cette seule raison, toute 6tude solidement document~e est bienvenue parce que susceptible d'enrichir notre connaissance de cet echange et de ses effets. Le volume LVII de la collection si meritoire des Milanges de I'Universite Saint-Joseph a Beyrouth nous offre toute une gamme d'&udes jetant la lumibre sur ce processus. L'intention des editeurs de ce recueil de contributions d'un colloque de deux semaines (!) en 2003 a Princeton n'est, cependant, pas d'ajouter < seulement > A notre connaissance de ces traductions, mais d'aller plus loin et de rester, en m~me temps, plus sp&cifique. Plus de vingt articles s'int&essent a cet heritage grec dans la pensee politique musulmane.

Les premiers articles sont, en fait, consacr~s k quelques questions fondamentales de la pen- see politique grecque, par exemple le r6gime (im)parfait, le r61e du prophate ou du philo- sophe dans la cite ou la theologie politique, tandis que deux tiers des &tudes analysent ces mimes idees dans les oeuvres des grands penseurs du monde musulman o classique >, al-Firkbi, les Ikhwin as-safi', Ibn Ruchd (Averroes) et Ibn Khaldfin.

Ce qui &tait perceptible pendant le col- loque et qu'on retrouve dans ce recueil est essentiellement, comme le dit Patricia Crone dans son introduction, the continuity of late antiquity as Islam >, c'est-a-dire la fagon dont le monde musulman est, en fait, une/la conti- nuation de l'Antiquite, du monde hellenistique.

Ce volume est un veritable tresor pour tous ceux que passionne la question fascinante de la formation de l'islam comme civilisation.

Hartmut Faihndrich

136-50 Marcel GAUCHET

Un monde disenchant6 ? Paris, Les Editions de I'Atelier/Editions Ouvribres, 2004, 253 p.

En 1985, Marcel Gauchet publie Le D~sen- chantement du Monde, un ouvrage qui marque profond~ment les sciences sociales des reli- gions et suscite un grand nombre de reactions. Un monde desenchantM ? revient, pres de vingt ans plus tard, sur les principales thises de l'au-

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