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L’évolution psychiatrique 79 (2014) 605–609 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com ScienceDirect À propos de. . . Les neurosciences. À propos de. . . « Egas Moniz, uma biografia » de J. Lobo Antunes Charles De Brito (Psychiatre des hôpitaux, chef de service) EPS Barthélemy-Durand, 91152 Etampes, France Rec ¸u le 24 mai 2014 La lecture de la biographie d’Egas Moniz (1874–1955), qui a obtenu le prix Nobel de Phy- siologie et Médecine en 1949, avec le suisse W.R. Hess (1881–1971), « pour la découverte de la valeur thérapeutique de la leucotomie préfrontale dans certaines psychoses, för hans upptäckt av den prefrontala leukotomiens terapeutiska värde vid vissa psykoser », publiée à Lisbonne par João Lobo Antunes, neurochirurgien, nous propose une actualisation de sa pensée et de son œuvre. Nous devons tenir compte, néanmoins, avec l’auteur, que ses découvertes sur l’artériographie céré- brale, quelques années auparavant, ont constitué un moment majeur, plus important, sans doute, de l’évolution de la connaissance neurologique. Il a ouvert quelques portes d’une discipline en pleine mutation et dont l’histoire ne cesse de s’enrichir. Une précédente biographie d’Egas Moniz, axée principalement sur la dimension scientifique de sa vie, avait été publiée, en 1983, par H.J. Barahona Fernandes (1907–1992), professeur de psychiatrie à Lisbonne. Egas Moniz, que nous pouvons considérer comme un pionnier des neurosciences, a été aussi un esprit vif, un politique actif, un écrivain de qualité, un homme de son temps. Il a ainsi imprimé à son aventure portugaise une dimension universelle. En 1949, Egas Moniz a rec ¸u le prix Nobel de Physiologie et Médecine pour ses travaux sur le traitement chirurgical de certaines maladies mentales par la leucotomie. Il s’inscrivait ainsi dans la longue lignée de médecins et chercheurs portugais après Pedro Hispano, plus tard Pape Jean XXI (1220–1277), Amato Lusitano (1511–1568), Abraão Zacuto Lusitano (1575–1642), Ribeiro Sanches (1699–1783, Paris) et autres. Lobo Antunes J. Egas Moniz, uma biografia. Lisboa : Ed. Gradiva. 2010. Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] http://dx.doi.org/10.1016/j.evopsy.2014.05.009 0014-3855/© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

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Page 1: Les neurosciences. À propos de… « Egas Moniz, uma biografia » de J. Lobo Antunes

L’évolution psychiatrique 79 (2014) 605–609

Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com

ScienceDirect

À propos de. . .

Les neurosciences.À propos de. . . « Egas Moniz, uma biografia »

de J. Lobo Antunes�

Charles De Brito (Psychiatre des hôpitaux, chef de service) ∗EPS Barthélemy-Durand, 91152 Etampes, France

Recu le 24 mai 2014

La lecture de la biographie d’Egas Moniz (1874–1955), qui a obtenu le prix Nobel de Phy-siologie et Médecine en 1949, avec le suisse W.R. Hess (1881–1971), « pour la découverte de lavaleur thérapeutique de la leucotomie préfrontale dans certaines psychoses, för hans upptäckt avden prefrontala leukotomiens terapeutiska värde vid vissa psykoser », publiée à Lisbonne par JoãoLobo Antunes, neurochirurgien, nous propose une actualisation de sa pensée et de son œuvre.Nous devons tenir compte, néanmoins, avec l’auteur, que ses découvertes sur l’artériographie céré-brale, quelques années auparavant, ont constitué un moment majeur, plus important, sans doute,de l’évolution de la connaissance neurologique. Il a ouvert quelques portes d’une discipline enpleine mutation et dont l’histoire ne cesse de s’enrichir.

Une précédente biographie d’Egas Moniz, axée principalement sur la dimension scientifiquede sa vie, avait été publiée, en 1983, par H.J. Barahona Fernandes (1907–1992), professeur depsychiatrie à Lisbonne.

Egas Moniz, que nous pouvons considérer comme un pionnier des neurosciences, a été aussiun esprit vif, un politique actif, un écrivain de qualité, un homme de son temps. Il a ainsi impriméà son aventure portugaise une dimension universelle.

En 1949, Egas Moniz a recu le prix Nobel de Physiologie et Médecine pour ses travaux sur letraitement chirurgical de certaines maladies mentales par la leucotomie. Il s’inscrivait ainsi dansla longue lignée de médecins et chercheurs portugais après Pedro Hispano, plus tard Pape JeanXXI (1220–1277), Amato Lusitano (1511–1568), Abraão Zacuto Lusitano (1575–1642), RibeiroSanches (1699–1783, Paris) et autres.

� Lobo Antunes J. Egas Moniz, uma biografia. Lisboa : Ed. Gradiva. 2010.∗ Auteur correspondant.

Adresse e-mail : [email protected]

http://dx.doi.org/10.1016/j.evopsy.2014.05.0090014-3855/© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

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La reconnaissance mondiale que le prix a apporté à Egas Moniz a surpris par sa dimensionscientifique et son côté iconoclaste, apparu dans un petit coin de l’Europe, loin des grands centresde travail, de réflexion et de recherche internationaux. Le professeur de Neurologie de la Facultéde Médecine de Lisbonne devient du jour au lendemain fameux. Il faut souligner que cette appli-cation pratique de certaines connaissances du système nerveux central venait dans la suite de sestravaux sur l’artériographie cérébrale, initiés bien avant, dans le cadre d’une nouvelle techniquede localisation des tumeurs et autres lésions cérébrales.

La leucotomie est née dans la pensée d’Egas Moniz, constituant une idée nouvelle, à contre-courant de beaucoup de positions scientifiques de son époque. Une idée et une pratique que l’onpeut considérer comme polémiques, la découverte de la chirurgie psychiatrique, psychochirurgie,mais qui lui a valu le prix Nobel, au contraire de ses travaux sur l’artériographie, une découverted’utilité plus que prouvée et que l’on ne finit plus d’explorer.

Egas Moniz, dans son ouvrage « Tentatives opératoires dans le traitement de certaines psy-choses », paru à Paris en 1936, avait déjà avancé ses propositions thérapeutiques pour certainesmaladies mentales, après avoir travaillé sur les diagnostics neurologiques et les progrès de laneurochirurgie. Et ses propositions ont surpris les milieux scientifiques. Mais Egas Moniz avaitenvie de plonger dans un territoire inconnu. . . la chirurgie de certaines maladies mentales.

Egas Moniz cherchait ainsi les bases organiques de la pensée et de ses troubles en liaisonavec les structures cérébrales, les neurones et leurs synapses. Il se jetait ainsi dans l’hypothèsed’intervenir chirurgicalement pour certaines pathologies psychiatriques. Il s’inspirait, et les citaitsouvent, de l’Espagnol Santiago Ramon y Cajal (1852–1934) et du Russe Ivan Petrovich Pavlov(1849–1936), qui avaient aussi recu le prix Nobel de médecine (1900 et 1904, respectivement).

De la théorie à la pratique et de la théorie de la pratique, Egas Moniz s’est avancé rapidement.Et n’oublions pas que l’approche pharmacologique de certaines pathologies ne viendra qu’un peuplus tard. . . en 1952.

Ainsi, en collaboration avec le neurochirurgien Almeida Lima (1903–1985), il a commencé àintervenir de différentes facons au niveau du lobe frontal. Après plusieurs tentatives avec injectiond’alcool, il a imaginé son intervention au niveau du lobe préfrontal, en évitant les aires du langage etde la motricité. Il a baptisé son intervention de leucotomie, une coupure dans la substance blanche,désignation moins agressive que celle de lobotomie. Et il a inventé un appareil, le leucotome, unesorte d’aiguille vide munie d’une lame intérieure. Introduite à travers un petit orifice dans la calottecrânienne jusqu’au centre ovale de l’hémisphère, elle permet de créer une ouverture latérale, lalame formant un arc. La rotation de l’appareil coupe ainsi une petite sphère de 1 cm de diamètreenviron dans la substance blanche. Fermé l’arc, in situ, on retire l’aiguille sans blesser le cortex.Ces manipulations étaient exécutées par Almeida Lima, car Egas Moniz avait des déformationsgoutteuses des mains.

Egas Moniz ouvrit ainsi le chapitre hautement polémique de la psychochirurgie, d’abord auPortugal et ensuite dans le monde. Sobral Cid (1877–1941), psychiatre, s’est proposé de travailleravec lui, mais en gardant toujours un esprit critique. En même temps, d’autres techniques apparais-saient comme le traitement insulinique proposé par Manfred Sackel (1900–1957), en 1933–1935,ou convulsionnant après l’injection de cardiozol par Ladislas von Meduna (1896–1964), 1937,avant la convulsivothérapie par Ugo Carletti (1877–1963) et Lucio Bini (1908–1964), en 1938,diminuant un peu l’intérêt pour la leucotomie. Egas Moniz, neurologue, et Sobral Cid, psychiatre,deux figures universitaires majeures, se sont ainsi engagés dans un débat, toujours d’actualité,mais qui malheureusement s’est terminé trop tôt par le décès du second.

Egas Moniz, néanmoins, a dépassé les frontières d’un pays soumis à la dictature de Salazar ets’est aventuré courageusement dans le monde scientifique international.

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La psychochirurgie, déjà ébauchée par Gottlieb Burckaett (1836–1907), en 1890, et LudwigPrunsep (1875–1942), en 1906, a été réellement découverte par Egas Moniz. Mais elle doit sarépercussion mondiale aux américains Walter Freeman (1895–1972), neuropsychiatre, et JamesW. Watts (1900–1994), neurochirurgien, par la publication de « Psychosurgery », en 1942, rééditéen 1950. Mais leur collaboration n’a pas duré longtemps.

D’autres leucotomies furent réalisées dans d’autres pays, comme le Brésil, l’Italie, Cuba, laFrance, la Roumanie, l’Angleterre, l’EUA, et certaines en séries assez nombreuses. La discus-sion internationale a pu s’engager rapidement, d’abord dans des réunions de neurochirurgienseuropéens à Lisbonne, en 1947, et ensuite, en 1948, sur l’initiative de Freeman, dans le Pre-mier Congrès International de Psychochirurgie, à Lisbonne également. Lors de ce Congrès, EgasMoniz a recu le soutien d’un nombre important de médecins pour l’attribution du prix Nobel dePhysiologie et de Médecine, un évènement. Deuxième fois qu’un prix Nobel serait attribué à unethérapeutique psychiatrique ; le premier avait été donné à Julius Wagner Von Jauregg (1857–1940),pour la malariothérapie dans la paralysie générale, en 1927. Et l’on devra attendre Eric R. Kandelencore quelques années. . . 2000.

Egas Moniz a ouvert le chemin d’une nouvelle approche des pathologies mentales, d’autres ontperfectionné la technique. Mais beaucoup de cliniciens ont pu observer les résultats chez certainspatients et étudier de manière constructive une nouvelle dimension dans la thérapeutique avectoutes les préoccupations que lui-même avait énoncées.

Le Congrès International de Psychiatrie, organisé à Paris en 1950, a été présidé par Jean Delay(1907–1987), et dont le secrétaire était Henri Ey (1900–1977). Un de ces six thèmes principauxétait « Anatomo-physiologie cérébrale à la lumière des lobotomies et topectomies », avec desrapports de H.J. Barahona Fernandes, Lisbonne, W. Freeman, Washington, et A. Meyer, Londres.Et les débats ont été rapportés par une presse curieuse, soulignant les différents points de vue desreprésentants mondiaux des courants thérapeutiques.

Egas Moniz a toujours été attentif aux dérives d’une pareille intervention chirurgicale et pro-posait sa méthode après avoir bien évalué du point de vue clinique, jamais d’un point de vuesocial, la personne concernée. Et la porte reste toujours ouverte à la recherche dans le champde la chirurgie psychiatrique. Il prétendait « modifier les bases bio-physiologiques de vécus etconduites personnelles et sociales de malades avec affections longuement figées et irréversibles,avec souffrance exceptionnelle et insupportable ».

Egas Moniz ne pouvait pas s’avancer dans l’intervention chirurgicale au niveau cérébral sansla connaissance des structures et du fonctionnement général du cerveau. Et il a compris quesa spécialité, la Neurologie, nécessitait d’accompagner les avancées de toutes les branches de laMédecine, la connaissance approfondie des sciences basiques et le développement des techniquesauxiliaires de diagnostic, une sensibilisation qui a commencé autour de 1924. Et Egas Moniz aavancé sa méthode. . . Une méthode qui, comme disait Joseph Babinsk (1857–1942), dans lapréface à « Diagnostic des tumeurs cérébrales et l’épreuve de l’encéphalographie artérielle »,publié à Paris en 1931, constituait quelque chose de nouveau et que, avant lui, personne n’avaitenvisagé.

Il fallait injecter dans les artères du cerveau, à travers les carotides, une substance radio-logiquement opaque et miscible dans le sang circulant. Et Egas Moniz nous raconte dans ses« Conférences ».

« . . . Combien de fois j’ai parlé avec Sicard, Maurinesco et autres, sur le besoin d’obtenir pourle cerveau un procédé palpable de la localisation des tumeurs, similaire à celui que Sicard avaitobtenu pour les compressions médullaires, l’injection d’un produit iodé graisseux dans le canalmédullaire. » Et plus loin. . . « Depuis cette époque, je n’ai plus jamais écarté de ma pensée le

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propos de contribuer à une solution. C’était presque une obsession. . . Il fallait injecter dans lacarotide interne ! Quand cette idée a surgit dans une pensée, j’ai presque sentit des frissons. . . »

La première artériographie de l’homme vivant, après avoir travaillé sur des animaux et sur descadavres, a eu lieu le 28 juin 1927. Et ses travaux de recherche avec des moyens rudimentairessont remplis de situations anecdotiques, comme il raconte si bien dans ses différents écrits.

Ses techniques ont varié de l’injection dans la carotide avec incision cutanée chirurgicale à lapiqûre directe dans le vaisseau. Et les produits de contraste ont varié aussi, du bromure ou l’iodeau thorotrast, en 1931, rapidement abandonné par ses effets radioactifs, pour se fixer finalementsur des composés organiques utilisés sans risque.

Une fois obtenus les résultats désirés, après le cri Euréka !. . . d’Eduardo Coelho, son colla-borateur, en visualisant les images radiologiques, Egas Moniz s’est rendu à Paris pour présenterses travaux à Babinski, Souques (1860–1944) et Sicard (1872–1929) et se faire connaître, avecsuccès, il faut le dire, à la Société de Neurologie et à l’Académie de Médecine.

Egas Moniz a toujours su avec intelligence politique exploiter ses découvertes, il a toujourssu faire et faire savoir. L’angiographie est née comme méthode générique de l’investigationanatomique, anatomo-pathologique, physiologique et physiopathologique, applicable dans laclinique et dans des études expérimentales de la circulation et autres, comme il l’a biendéfini.

Le succès de l’artériographie cérébrale a été presque immédiat, ouvrant ainsi un nouveauchapitre à l’histoire de la neurologie, à l’histoire de la médecine, l’angiographie, devenue par lasuite une vraie méthode de routine. Une aventure née dans le point le plus à l’ouest de l’Europe,dans un pays soumis à l’obscurantisme d’une dictature et un peu oublié du reste du monde. . .

jusqu’à la découverte d’Egas Moniz.La découverte de cette technique aurait dû valoir à Egas Moniz le prix Nobel, plutôt que la

pratique de la leucotomie. Mais, les enjeux de l’époque en ont décidé autrement. . . L’attributiondu prix Nobel est toujours soumise à des influences de toutes sortes et le Portugais ne représentaitqu’un petit pays.

Antonio Caetano de Abreu Freire Egas Moniz, Egas Moniz ayant été rajouté par son parrainau moment de son baptême, porte depuis sa naissance, à Avanca, en 1874, un nom illustre.Egas Moniz a été précepteur du premier roi du Portugal, D. Afonso Henriques, Alphonse 1er, auxiie siècle. Il était un homme d’honneur, rentré dans la légende par ses faits héroïques et souventdonné comme exemple au Portugal.

Egas Moniz, au-delà de son travail de professeur de la Faculté de Médecine et de chercheur, atraversé une période agitée de l’histoire de son pays : chute de la monarchie, en 1910 et implan-tation de la Ire république, participation à différents postes politiques, Ministre, ambassadeur etfondateur d’un parti politique centriste d’existence éphémère. Un trajet politique assez intenseet pas toujours heureux, comme l’appartenance au gouvernement du dictateur Sidónio Pais,assassiné en 1918.

Il a représenté aussi le Portugal au moment de la signature du traité de Versailles, en 1919, et asubi, en 1926, le coup d’État fasciste et l’installation au pouvoir du dictateur Salazar, contre lequelil s’est toujours battu jusqu’à sa mort, à Lisbonne, en 1955. Mais après ses aventures politiques,il s’est investi complètement dans son travail d’enseignement et d’investigation.

Egas Moniz a beaucoup écrit dans différentes revues scientifiques portugaises et étrangères, etpublié plusieurs ouvrages en portugais et francais notamment. Il a toujours accompagné son travailde chercheur de ses réflexions intimes, publiées régulièrement, et qui constituent aujourd’hui untémoignage passionnant sur les joies et les déceptions de tous ceux qui s’engagent sur un chemininconnu.

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Le lecteur francophone dispose de plusieurs textes publiés en livre ou dans des revues de laspécialité comme « L’Encéphale » ou « Les Annales médico-psychologiques » entre autres.

Egas Moniz peut être considéré aujourd’hui comme un précurseur des neurosciences. Sontravail de recherche permanente sur les structures cérébrales et leurs différentes fonctions a ouvertun chapitre nouveau dans l’histoire de la neurologie et de la psychiatrie. Il s’est aventuré dansdifférents domaines car sa curiosité était insatiable, tout en restant toujours un homme conscientdes enjeux que ses travaux et ceux de ses contemporains comportaient.

La découverte et les expérimentations de la leucotomie, et non lobotomie, comme il l’a toujourssouligné, lui ont valu le prix Nobel en 1949, ouvrant la porte de la chirurgie psychiatrique et desmultiples recherches stéréotaxiques développées au fil des années. Par contre, la découverte qui l’ale plus passionné a été la visualisation de l’irrigation du cerveau à travers l’artériographie, pratiquéepour la première fois en 1927. Il l’a décrit d’ailleurs avec enthousiasme dans ses différentespublications. Et cette découverte a constitué la véritable avancée de la neurologie, une aventurequi se continue aujourd’hui. Sa véritable consécration.

Egas Moniz est resté un homme conscient des précautions à prendre dans le domaine de sesrecherches et a toujours pratiqué un dialogue constructif avec les autres cliniciens, collaborateursdirects ou spécialistes d’autres disciplines, portugais et étrangers. Il n’a jamais perdu de vue ladimension humaine de son travail et est resté toute sa vie un homme engagé contre toute formede totalitarisme, avec les risques que cela comportait en certains moments de l’histoire1.

Déclaration d’intérêts

L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

Références

[1] Egas Moniz AC. Diagnostic des tumeurs cérébrales et épreuve de l’encéphalographie artérielle. Paris: Masson et Cie;1931.

[2] Egas Moniz AC. L’angiographie cérébrale. Paris: Masson; 1934.[3] Egas Moniz AC. Tentatives opératoires dans le traitement de certaines psychoses. Paris: Masson et Cie; 1936.[4] Barahona Fernandes HJ. Anatomo-physiologie cérébrale et fonctions psychiques dans la leucotomie préfrontale. Paris:

Hermann; 1950.

1 On pourra se reporter aux références suivantes pour prolonger sa lecture en francais [1–4].