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Les officines du groupe Saturninus-Satto et leur clientèle du Bischwald :
Etude de la slgWée ornée et des estampWes sur slglUée unie
Le problème de l'importance du marché local pour les officines du groupe Saturninus-Satto a été abordé dans le passé principalement par M. Lutz( I ) . Les informations dont il disposait alors provenaient de fouilles ponctuelles et limitées géographiquement ce qui compliquait singulièrement le travail et ne permettait pas de tirer de conclusions définitives . Aujourd'hui nous disposons d'éléments complémentaires .
C'est pour contribuer à une meilleure connaissance du sujet que nous avons cru bon entreprendre cette publication . En effet , la plaine du Bischwald que nous prospectons depuis de très nombreuses années (près de 18 sites(2») permet d'avoir une vision d'ensemble précise sur une région étendue . La première difficulté à laquelle nous nous sommes heurtés a été l'extrême morcellement des tessons recueillis où ne figurent parfois plus qu'un ou deux motifs . Nous avons cependant jugé utile de faire une publication aussi complète que possible , car chaque tesson , aussi modeste soit-il , doit être reporté dans le décompte final(3) . Pour ce travail nous nous sommes largement référés à de nombreux ouvrages consacrés aux officines et à la production du groupe Saturninus-Satto et qui constituent désormais une référence de base(4) .
Voyons donc quelle est la situation des communications .
Le Bischwald et le réseau routier meuant aux officines du groupe Satuminus-Satto.
1) - M. LUTZ, L'atelier de Saturninus et de Satto à Mittelbronn (Moselle) XXIIe supplément à Gallia, Paris, 1970, p . 291 .
- M. Lutz , La sigillée de Boucheporn, XXXII' supplément à Gallia, Paris, 1977, p. 184 . 2 ) B HOERNER, La plaine du Bischwald à l 'époque gallo-romaine, dans Les Cahiers Lorrains, 1981 , le< trimestre , p. 13 et s. Nota : - une erreur s'est glissée dans les coordonnées du site Bistroff Hartenbusch , en réalité x = 919,10 - deux nouveaux sites ont été découverts depuis notre publication : y = 1 153 ,07
1 . Grostenquin lieu·dit Zwischen den Dôrfern x = 922 , 17 Y = 1 150 ,72
2. Bistroff lieu-dit Entenfang x = 918 ,72 Y = 1 153,72.
3) Nous devons beaucoup à Monsieur Lutz , sans l 'aide duquel ce travail serait resté dans l'ombre . L'auteur l'en remercie vivement. 4) M. LUTZ, - L'atelier de Saturnin us et de Salto à Mittelbronn,
- La sigillée de Boucheporn, E. DELORT, - Les vases ornés de la Moselle, Nancy , 1953 ;
- La céramique de Satto et de Saturninus (A.S.H.A.L. , XLVI, 1935 , pp. 355-406) ; - L 'atelier de Satto, vases unis, 3. ()()() marques, dans Mémoires de l'Académie Na-
tionale de Metz, CXVIIIe année , t .XVII , 1948) .
129
Par officines du groupe Saturninus-Satto nous entendons celles de B lickweiler , Boucheporn , Chémery , Mittelbronn et Eincheville(5 ) . L'on trouvera , ci-dessous , la carte du système routier reliant ces officines entre-elles , telle que l 'a dressée M. Lutz(6) .
Wo r m s
� o f f i c i n e s 1 5 k m ,
Cartographie. M. Le Moigne , Metz.
L'importante voie Metz-Grostenquin-Keskastel Sarre-Union , permettait au Bischwald de se raccorder aux officines de Boucheporn , Mittelbronn et Blickweiler et de le mettre en communication directe avec le complexe Chémery-Eincheville . Une part importante de la production de ce complexe a d'ail leurs dû transiter par le Bischwald , pour rejoindre la Sarre puis le Rhin , le « limes » rhénan ayant constitué un débouché de premier ordre(7) . Ce trafic incessant des marchandises a certainement contribué à la prospérité de la région , comme nous le verrons par la suite(8) .
Voyons maintenant les découvertes de sigillée :
5) M. LUTZ et P. WEILER, Eincheville-Le Tenig, nouvel atelier de potiers ? dans Les Cahiers Lorrains, 1981 , 1" trimestre , p. 33 et s . 6) M . LUTZ, Relations entre les officines de céramique sigillée gallo-romaines de la Moselle et de la Sarre dans A . S.H.A.L. , LXIII, 1963 , p. 34. 7) M . LUTZ, L'atelier de Saturninus et de Salto à Mittelbronn, p. 290 et 291 . 8) Le tesson VVRI (pl . 2) trouvé sur l a voie romaine près de Viller semble être témoin de ce trafic.
130
Site
.:.1 '" � .= � " -Gj :c , � Z :l .... '-l ....
� � -9 1 ;;< � :::3 � i
Q ,c � E! z :r' , = .. " il , ' .!::! ,, = z .c - = .... .. � : .... �
A) Inventaire de la sigillée ornée 1) Satuminus-Satto
N° Style
Classem. Références Eléments du décorilO) d'inventairr Delort(9)
0 G V A LH 68 R 1 2-5 23
LH 74 M 5' série VO 43/6626 2-1 1 -22 22-29
LH 76 M 5' série V0 44/3S67 2-22 22
LH 78 M 1 2-22
LH 69 MG ou G 1 2-22
LH 75 V 46 40
LH 70 1
LH 71 1
LH 72 2
LH 73 2 2
LH 77 1 2
LH 79 2 33
LH 80 2-20
LH 81 1 2 23
L" I l 1 V l '' série 2 2
LSL 12 41 LSL 14 3 1 -7
ITG 72 R 23
ITG 81 F feston N° 1 2 2-27 6
ITG 7S MG ou G 2-23
ITG 73 MG ou G 2
ITG 71 V 3' série 2-46 26-40
ITG 74 2-21
Provenance et Observations
P
6 ? CHEMERY
32 CHEMERY
16 CHEMERY
sigillée noire
estampille SA-3 TURNINUS 2
CHEMERY
1 6 CHEMERY
1 V1�ER 1 VVR 1 VOIe Ro, F 1 feston NO s l 9) Le classement Delort et les références données dans la colonne suivante sont tirés de l 'ouvrage d'E. DELORT, Vases ornés de la Moselle, Nancy , 1 953. 10) Nous avons adopté la classification proposée par M. Lutz dans L 'atelier de Saturninus et de Salto à Mittelbronn, p. 46 et s . Ainsi : o = Oves G = décor Géométrique V = décor Végétal ou Floral A = décor Animal P = décor de Personnages De même dans la colonne style R = Rinceaux F = Festons A = Arcades M = Métopes V = Vendanges Ch = Chasse M-G ou G = Métopes-Géométriques ou Géométriques (tessons pour lesquels une identification précise est impossible) .
131
Fig.
PL. 1
Pl . I
Pl . 1
Pl. 1
Pl . 1
Pl. 1
Pl . I
Pl. 1
Pl I
PI. 2 1
SATURNINUS SATTO
Site
.. Q :Ï f;o;l � Z . . � 1i i 1: .. � i ...
Z
i �l Ç,!) -
Z -� -a-z i i!: � rI:J. = 0 = � ... "
GROSTEN-QUIN J..poIz m
t .. O � � ... !-o ! � s;a =
N° �'inventaire
TIW 30
TIW 29
TIW 31
TIW 32
TIW 34
TIW 33
GJ I 37
GJ I 20
GJ I 21
GJ II 31
GJ II 33
GJ 11 36
GJ II 32
GJ 11 34
GJ II 35
GJ III 17
GJ III 15·16
BK 9
BK 13
BK 18
BK 25-31
BK 1 1·12
BK 19
BK 10
BK 16
BK 20
BK 22
132
Style C1assem. !Références
Delort
R 1re famille à feuil. de D.
MG ou G
M
M Hl< série V0 5118867 mais avec G22
M
R 4' famille V0 24!9608 Proche
F N° 4 VO 29/4751
R
R
R
R 1re famille
A arcade N° 3
Ch 1re série
Eléments du décor Provenance et
Fig. Observations
0 G V A P 1 2·5 36 Pl . 1
2 2·23 Pl . 1
2 18
18
2
2
2 2·23·9 22 Pl. 1
2
2
1 2 sans engobe à l'intérieur (lignes G2 verticales)
idem appartient au même 2·14-23 Pl . 1 vase : ŒEMERY
1 2 33
2·27 18 6 Pl . 1
1
2
23 34-48 Pl . 1
2·26-29 33·38 CHEMERY Pl . 2
1 1 2·22 1 1 1 1 frise inférieure
2 2·5
22 ? 23 sigillée noire Pl . 2
2 24
estampille SATURNINUS
2 2·23 23·24 rinceaux à feuilles! Pl . 2 18 et 26 mm sans frise ni astragales
2 2·37 33 4947 PI . 2
22 42 Pl . 2
32·33
2
2
2-22 ?
2) Maître aux boucliers et aux casques
Site N° Classem.
Références Eléments du décor( l l ) Provenance et
d'inventaire Delort(9) Observations 0 G V A P
ce potier a travaillé TETING-sur- ge série Z-29 Z-26 cavalier dans les 4 officines NIED ITG 76 Chasses VO 88/5575 Z-2 R-A23 V0 83nsll ainsi qu'aux
MARTRES-DE-VEYRE(l2j
Tattellllolz ITG BO Z-I idem GoIdp1Ib
1 GROSTENQUIN 1 GJI 19 J"00 1 1 Z-I 1 1 1 1 idem
GROSTENQUIN 6' série Z-7 GrudriesdI GGD I Arcades Z-34 Z-32 idem
R-A23
femme à la BISTROFF 8' série draperie idem KIoster BK 8 sans sépa- dieu-terme
rations VO 87/9356
3) Maître aux volutes
Site N° Classem. Référence Provenance et
d'inventaire Lutz(13) Lutz Eléments du décor<l I ) Observations Boucheporn 0 G V A P
GROSTENQUIN GJl 18 festons 5 JapoIzl animaux pl . 19 fig. 78 72 25 BOUCHEPORN
(?)
Les planches qui précèdent soulèvent les réflexions suivantes :
a) Saturninus-Satto
Sur les 60 tessons de sigillée ornée répertoriés , 54 appartiennent aux maîtres Saturninus-Satto . Ces chiffres révèlent d'une part la très forte diffusion de leurs produits sur le marché local et d'autre part leur prépondérance vis à vis des autres potiers ayant fabriqué de la sigillée ornée à leurs côtés dans les quatre grandes officines déjà citées .
1 1 ) - L'indice Z désigne la classification proposée par H. ZUMSTEIN, dans La céramique du " Potier aux bouc/iers et aux casques " au musée de Strasbourg, Re,\ue Archéologique de J 'Est, 6O bis, 1967 .
- L'indice R désigne la classification proposée par G .B . ROGERS dans Poterie Sigillée de la Gaule Centrale, J, les motifs non figurés, XXVII' supplément à Gallia, Paris, 1974 .
- Les références relatives au décor de Personnages $ont tirées de l'ouvrage d'E. DELORT, Va-ses ornés de la Moselle, o. c.
12) M. LUTZ, La sigillée de Boucheporn, p. 155 et s . , R. TERRISSE, Les céramiques gallo-ramaines des MaÎtres-de- Veyre (Puy-de-Dôme) , XIX' supplément à Gallia, Paris, 1968. Les résultats des fouilles menées en 1980 sur l'officine du Vieux-Fresne à Gueugnon confirmeraient la présence sur ce site du Maître aux boucliers et aux casques (F. COGNOT, L 'archéologie en Saône-et-Loire, dans Revue archéologique Sites, nO 10, p . 60) .
133
Fig .
Pl. 3
Pl. 3
Fig.
Pl. 3
SATURNINUS-SA TTO
PL. 1
134
' c h . o 1 , , � 3 e M ,
é c h o 2 3 e M o . . ,_ .......... -
RNINUS-SATfO SATU
PL. 2
135
Un regoupement des différents styles reconnus permet de dresser le tableau suivant :
Métopes-Style : Rinceaux Festons Arcades Métopes Géométrique ou Vendanges Chasse
Nb. de tessons
Géométrique
8 3 1 6 4 3
On retrouve ainsi én gros les fréquences de fabrication , des différents styles observés à Chémery . Seuls manquent la légende de Polyphème ainsi que les Griffons et les Dioscures . Quant à l 'attribution des tessons à un atelier précis cela reste un problème délicat . Il convient tout de même de remarquer que ceux dont l'origine a pu être précisée semblent se rattacher au complexe de Chémery .
b) Le « Maître aux boucliers et aux casques » .
Les 5 tessons qui se rattachent au « maître aux boucliers et aux casques », placent celui-ci loin derrière ses compagnons Saturninus et Satto , mais suffisent à attester la diffusion de ses produits dans la Plaine du Bischwald . Cette information est certainement importante si l'on pense que jusque une date récente on ne connaissait en Moselle que deux points d'exportation : Sarrebourg et St-Ulrich(l4l . Ce potier ayant travaillé dans les quatre officines du groupe Saturninus-Satto ainsi qu'aux Martres-de-Veyre il serait sans doute hasardeux d'attribuer les tessons recueillis à tel ou tel atelier mais ils proviennent certainement de la Gaule de l'Est .
1
M A I T I E A U X V O L U T E S M A I T I E A U X . O U C L I E I S E T A U X C A S Q U E S
G G D 1
é c h o
0L.! _-,-�r_�f c rn
PL. 3
14) M. LUTZ, La sigillée de Boucheporn, p. 180.
136
c) Le « Maître aux volutes »
Bien que représenté par un seul tesson la présence du « maître aux volutes » mérite d'être signalée puisqu'on ne l'a rencontrée jusqu'à présent que sur trois sites( 1 5 ) (Sarre-Union , Vechten et Arentsburg) pour la Gaule et le Limes rhénan . Ce maître a exercé ses activités à Boucheporn où il est classé parmi les potiers indigènes ayant de fortes affinités avec les potiers argonnais( 1 6) .
B) Inventaire des estampilles sur sigillée lisse 1) Estampilles anépigraphiques
GJI 38 Pl . 4
Etoile à 1 2 branches avec point central cerclé , support Curie 21 ( 17 ) Chémery n° 97( 1 8) . Ce type d'estampille se rencontre également à Eincheville{ l9 ) .
ESTAMPILLES N° Réf. FORME OFFICINE d'inventaire DELORT DRAG. D'ORIGINE
@ GJI 38 97 Curie 21 Chémery-Eincheville
� LSL lO 88 40 Chémery-
Qo Eincheville
� LH 63 84 Chémery
o 0
� LH 64 89 ? Chémery
0 0 °0 BK 21 88 40
Chémery-=® o Eincheville 0 . °
� GJ III 13 86 ? Chémery
Pl . 4
15) L. LUTZ, La sigillée de Boucheporn, p. 182. 16) M. LUTZ, La sigillée de Boucheporn, p. 142 et s . 17) D'après M . LUTZ. 18) E. Delort, L 'atelier de Satto, pl. 1 1 . Cf. également l'article de M. LUTZ, les Estampilles anépigraphiques sur vases sigillés de la Gaule de l 'Est, dans Cahiers Alsaciens d'Archéologie d'Art et d'Histoire, 1967, p. 201 et s . 19) M . LUTZ, P . WEILER, Eincheville, p. 40.
137
ESTAMPILLES 0 2 'leM é c ho 1 !
Œl GQI i RR·F )
138
N° Réf. FORME OFFICINE d'inventaire DELORT DRAG. D'ORIGINE
G.J III 1 4 89 ? Chémery
Chémery-
GJ III 1 8 13 Eincheville
CASSIUS ou Mittelbronn
42 MEB9lCUS
Curie 21 Chémery
LH 66 40
MEOOICUS
59 TTW 26 PECULIARlS
40
BK 30
BK 29
Pl . 5
44 MEfffiU
61 PECULIARlS
18/31
ChémeryEincheville ou Boucheporn
Chémery
Chémery
Chémery
é c ho ESTAMPILLES N° Réf. FORME OFFICINE
0 1 2 3 eM d'inventaire DELORT DRAG. D'ORIGINE , 1 1 1
@ LSL 13 5
Chémery CAPITU
LSL 10 Pl . 4
LH 63 Pl . 4
LH 64 Pl . 4
B K 2 1 Pl . 4
Pl . 5 (suite)
Rosace à 10 points avec point central cerclé , support DRAG. 40. Chémery nO 88(20) . Cette estampille fut également recueillie à Eincheville(2 1 ) .
Rosace à 8 points avec point central cerclé , support indéterminé . Chémery nO 84(22) . Ce type d'estampille semble relativement rare à Chémery où l 'on n'a découvert que 4 exemplaires(23 ) .
Rosace brisée dont il ne subsiste que 5 points répartis autour d'un anneau intérieur très fin , support indéterminé , très vraisemblablement Chémery nO 89(24) .
Rosace à 10 points avec point central cerclé , support DRAG. 40. Chémery nO 88 idem que LSL 1 0 , idem Eincheville .
GJ I I I 1 3 Rosace brisée dont il ne subsiste que 4 points répartis autour Pl . 4 d'un cercle intérieur, support indéterminé , très vraisemblable
ment Chémery n° 86(25 ) .
GJ I I I 1 4 Rosace abîmée dont i l subsiste 9 points répartis autour d'un Pl . 5 cercle interne , support indéterminé , vraisemblablement Ché
mery nO 89(26) .
2) Estampilles épigraphiques
GJ 111 18 CASSIVS , support indéterminé , cartouche rectangulaire avec Pl . 5 côté droit arrondi , le tout dans un cercle de 27 mm de diamètre :
Chémery n° 13(27) . Ce potier a également travaillé à Mittelbronn(28) ainsi qu'à Eincheville(29) .
20) E. DELORT. L 'atelier de Satco. pl. I l . Egalement : M. LUTZ. Les estampilles anépigraphiques sur vases sigillés de la Gaule de FEst. O . C . , 1 967.
21) M. LUTZ, P. WEILER, Eincheville, O . C . , p. 40.
22) E. DELORT, L 'atelier de Satto. O . C . , pl . I l . 23) id. , p. 103.
24) id. , pl. I l . 25) id. , pl . I l . 26) id. , pl . I l . 27) i. d. p l . 1 . 28) M. LUTZ, R . P . MORAND/HARTMANN, L a céramique de Mittelbronn, dans A . S. H. A . L. , UV, 1954, p . 89 et M. LUTZ. L 'officine de céramique gallo-romaine de Mittelbronn, dans Gallia , XVII , 1959, 1 .
29) M. LUTZ et P. WEILER, Eincheville. O . C . , p. 40 .
139
LSS 1 Pl . 5
LH 66 Pl . 5
MEBBICUS support Curie 21(30) cartouche rond avec point central , le tout dans un grand cercle de 54 mm de diamètre : Chémery n° 42(3 1 ) . On retrouve ce potier à Boucheporn(32) et à Eincheville(33) , mais ce type d'estampille paraît spécifique à Chémery .
MEBBICUS , support indéterminé , cartouche rectangulaire brisé : Chémery nO 40(34) (certaines lettres sont « tremblées ») . Ce type se rencontre aussi à Boucheporn et Eincheville(35) .
TTW 26 PECULIARIS support DRAG. 40 cartouche rectangulaire Pl . 5 dans un cercle de 29 mm de diamètre Chémery nO 59(36) .
BK 30 Pl . 5
BK 29 Pl . 5
LSL 13 Pl . 5
MEBBU (MEBBULUS) support indéterminé cartouche rectangulaire : Chémery nO 44(37) (certaines lettres sont « tremblées ») .
PECULIARIS support DRAG. 18/31 cartouche rectangulaire dans un double cercle de 46 et 92 mm de diamètre : Chémery nO 61 (38) .
CAPITU , support indéterminé , cartouche rectangulaire brisé dans un cercle : Chémery n° 5(39) .
C) Evolution du marché local
Jusque vers la fin du 1er siècle , la céramique gallo-belge constituait la vaisselle fine de base utilisée dans le Bischwald(40) . Jusque là la sigillée était peu répandue , surtout la sigillée ornée , dont on n'a retrouvé que deux tessons étrangers de la Gaule de l'Est .
En cette fin de 1er siècle , l 'industrie de la sigillée avait déjà amorcé depuis plus d'un siècle , son lent déplacement vers le « limes » rhénan , immense marché , cause de la « Puissance attractive de l'Est »(41) . C'est dans ce contexte qu'apparaît en pays médiomatrique , le groupe Saturninus-Satto , d'abord à Boucheporn , puis à Chémery vers la fin de l 'époque
30) D'après M . LUTZ 31 ) E. DELORT, L 'atelier de Satto, o.c . , pl . I . 32 ) M. LUTZ, La sigillée de Boucheporn, o.C . , p . 40. 33) M. LUTZ, P . WEILER, Eincheville, o.c . , p . 40 . 34) E. Delort , L 'atelier de Satto, o.c . ,pl. I . 35 ) M. LUTZ, La sigillée de Boucheporn, o.c. , p. 40, M. LUTZ, P. WEILER, Eincheville, o.c. , p. 40 . 36) E . DELORT, L 'atelier de Satto, o.c . , pl. II . 37) id. pl . I . 38) id. pl. I I . 39) id. pl. I . 40) Ce fait ne paraît pas limité à notre région, la même constatation a été faite à St-Ulrich : M. LUTZ, Le domaine gallo-romain de St-Ulrich (Moselle) 1, dans Gallia XXIX, 197 1 , I. p. 39. 4 1 ) M. LUTZ, La puissance attractive de l 'Est, dans Les Dossiers de l 'Archéologie, n° 9 , 1975 , p . 5 1 e t s .
140
flavienne . A cette époque où, le « limes » rhénan restait le débouché économique essentiel , le marché local présentait déj à , de bonnes possibilités de vente , puisque les habitants , nombreux , en étaient encore au stade des premières acquisitions de sigillée . Une situation économique générale favorable (début de la grande prospérité liée à la dynastie antonine) ayant dû entraîner une hausse du pouvoir d'achat favorisa certainement ce commerce en milieu rural(42) . De ce fait , très tôt après son ouverture , l'officine de Chémery connut un remarquable succès dans le Bischwald comme le montrent non seulement la sigillée ornée , mais surtout les nombreuses estampilles sur sigillée unie , qui dans leur très large majorité , proviennent de cet atelier. Boucheporn paraît avoir eu un rayonnement bien moindre , mais sa vocation était davantage tournée vers un aspect de recherches techniques et de mises au point que vers une productivité intense . Tout au long de la première moitié du Ile siècle , le succès du groupe Saturninus-Satto ne se démentit pas et la clientèle locale resta très attachée à ses produits (la sigillée provenant des officines n'appartenant pas au groupe est peu abondante à cette époque) . Les raisons d'une telle fidélité peuvent s'expliquer par différents facteurs :
1 . proximité des officines, surtout du complexe de Chémery , entraînant un prix de vente plus bas vus les frais de transport faibles et le contact direct producteurs-consommateurs .
2 . bonne qualité des produits proposés .
3 . une agressivité commerciale des autres officines de l'époque moins forte (période de splendeur pour la Gaule de l'Est) .
Dès le milieu du Ile siècle , cette situation évolue , et l'on voit apparaître sur la marché local , de plus en plus fréquemment , les produits de l'Argonne , de Haute-Yutz et peut-être de Metz(43) . La sigillée de Trèves est représentée en petite quantité . Ce changement coïncide une fois de plus avec une étape importante de l 'histoire de Chémery puisque c'est justement peu après le début de la 2e moitié du Ile siècle que Chémery ferme ses portes . Le fait troublant est l 'extrême discrétion de l'officine de Mittelbronn qui travaille alors à plein . Jusqu'à présent aucun produit typique de cette officine n'a pu être identifié . Ce phénomène , s'i! se confirme , ne manquera pas de poser des questions (cet atelier semble avoir exporté davantage vers l'Est notamment vers le Danube) .
L'officine de Blickweiler reste en-dehors de cette étude faute de documents suffisamment explicites permettant d'identifier la part de céramique du groupe Saturninus-Satto s'y rattachant . Sa date de fonctionnement et ce que l'on connaît de son aire de diffusion permettent de supposer que son influence resta très limitée (période de fonctionnement à cheval entre Chémery et Mittelbronn(43a) .
42) J .J . HAIT, Histoire de la Gaule romaine. Paris , 1970, p. 170. 43) On ne peut que regretter l'absence de publication en ce qui concerne cet atelier. 43a) R. KNORR, F. SPRATER, Die Westpfi;}zischen Sigillatat6pfereien von Blickweiler und Eschweiler-Hof, 1927 .
141
D) Répartition du marché local entre les différents potiers du groupe Saturninus-Satto
Dans le domaine de la sigillée ornée , les maîtres Saturninus et Satto eurent un rôle prépondérant sur le marché local , comme nous l'avons déjà précisé plus haut . Cependant , un autre maître potier travaillant dans leur entourage , et bénéficiant du même circuit de distribution , réussit également à pénétrer ce marché : le « maître aux boucliers et aux casques » , dont les produits se retrouvent sur un certain nombre de sites, mais en quantité bien moindre . Cela peut s'expliquer par :
- une production , très soignée , qui n'atteignit jamais les quantités industrielles fabriquées par Saturninus-Satto .
- un prix de revient plus élevé avec toutes les conséquences qui durent en découler . La question reste posée .
Outre le « maître aux boucliers et aux casques » , il est permis de penser que d'autres potiers , associés au groupe Saturninus-Satto (<< maître à la rosette », « maître à la rosette croix », etc . (44» , pénétrèrent , aussi dans la plaine du Bischwald , proportionnellement à leur production , qui fut loin d'atteindre les chiffres de Saturninus-Satto , ni même , ceux du « maître aux boucliers et aux casques ». Les chances de retrouver leur trace sont faibles, mais l'avenir devrait combler certaines lacunes , de même que devrait apparaître plus nettement le rôle , peutêtre modeste , joué par les potiers ne faisant pas partie du groupe Saturninus-Satto , mais ayant travaillé dans les mêmes officines (un exemple nous est fourni en la personne du « maître aux volutes ») .
Dans le domaine de la sigillée unie , les estampilles semblent prouver que les ventes furent réparties de façon beaucoup plus équilibrée entre les différents potiers .
Il n'est donc guère douteux que dès ses débuts , le complexe de Chémery trouva un marché favorable dans le Bischwald. De son côté la population locale dut bénéficier de l 'implantation d'ateliers de céramique à caractère très industriel à ses portes . Les échanges ne pouvaient qu'en être favorisés et il est possible , sinon probable , qu'une partie de la main d'œuvre s'y recrutait .
Conclusion
Notre étude fait nettement ressortir les limites actuelles de nos connaissances , raison pour laquelle le marché local , en ce qui concerne le groupe Saturninus-Satto , fut,jusqu'à une époque récente , sous-estimé . L'avenir dira si la situation rencontrée , dans le Bischwald, prévalait pour l 'ensemble du pays médiomatrique . Si tel était le cas , l 'importance du marché régional prendrait sans aucun doute , de toutes autres proportions que celles qu'on lui attribue actuellement .
Bertrand HOERNER
44) Cette hypothèse paraît vérifiée par la découverte toute récente d'un tesson du « maître à la rosette croix » .
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