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Les offres faites aux seniors L’allongement de l’espérance de vie pose des problèmes de société nouveaux qui portent à la fois, sur le social, la solidarité, la santé et les loisirs. Pages spéciales (Photo Pierre-Antoine Fournil) Sarrola Le dernier né des centres médicalisés p VI Solidarité Comment évolue l’aide à domicile p VI Société Radioscopie des plus de soixante ans p III (Photo D.R) (Photo Jean-Pierre Belzit) les suppléments de On ne parle plus de troisième âge, une qualification trop passéiste. Désormais, on met en avant les ainés ou les séniors. Ceux qui passent le cap des 60 ans. Derrière les mots il y a en vérité un phénomène de so- ciété. L’espérance de vie ne cesse de s’allon- ger et les centenaires se banalisent. Le problème n’est plus de vieillir mais de bien vieillir. Nicolas Sarkozy se propose d’ailleurs d’ouvrir une réflexion sur «la vie après 60 ans. » Le temps dont les gens disposent est à organiser en fonction des goûts, de la vivacité d’esprit et de la con- dition physique de chacun. Ce qui revient à dire que la retraite ne doit plus être vécue comme une ultime étape, une fin de vie en soi mais comme un nouvel es- pace de vie, un nouveau souffle. Évidem- ment, cela ne s’improvise pas. Il y a ceux qui ont un besoin vital de re- trouver une activité, de réaliser enfin des projets restés sans lendemain, de faire le voyage dont ils rêvaient. Ou simplement l’occasion d’enrichir ses connaissances. Pour d’autres, les choses sont parfois plus difficiles pour des raisons de santé ou de solitude. C’est la qu’entre en jeu l’esprit social avec tout le poids de la solidarité. L’une des préoccupations majeures en est sans nul doute le maintien à domicile sur- tout en milieu rural. Les personnes qui sont contraintes à quitter leur logement avec tous les souvenirs affectifs qui s’y rattachent vivent leur départ comme une déchirure. Elles perdent brutalement tous les repères qui ont jalonné leur existence. Certes nom- breux sont aujourd’hui qui apportent leur assistance mais il y a toujours des vides à combler surtout dans les régions de l’île où la présence de médecins fait défaut. Vivre plus, une ambition qui demande à être accompagnée de tous les moyens pour y parvenir dans les meilleurs conditions. Nous n’avons pas assez d’établissements pouvant recevoir des personnes ou des couples. Plus que des maisons de retraite, on souhaiterait des maisons d’accueil qui apportent le bon- heur d’être ensemble. Se pose évidemment le problème de leur financement en sachant que certaines réalisations ont évidemment un coût, elles n’ont pas de prix. Penser séniors c’est donc miser sur la diver- sité. Il revient à la société de se mouler dans changement qui s’imposent à elle. Ne lais- sons pas en friche la vie que l’on a tant de mal à conquérir. Dans ce domaine il faut surtout exclure l’assistanat et donner tout son sens à la solidarité en concevant un en- vironnement qui réponde au mieux à tou- tes les situations, à toutes les attentes. le billet de Jean-René Laplayne Un nouvel espace de vie

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Les offres faitesaux seniors

■ L’allongement de l’espérance de vie pose des problèmes de sociéténouveaux qui portent à la fois, sur le social, la solidarité, la santé etles loisirs.

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Le dernierné des centresmédicalisésp VI

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Radioscopiedes plusde soixante ansp III

(Photo D.R)

(Photo Jean-Pierre Belzit)

les suppléments de

On ne parle plus de troisième âge, unequalification trop passéiste. Désormais, onmet en avant les ainés ou les séniors. Ceuxqui passent le cap des 60 ans. Derrière lesmots il y a en vérité un phénomène de so-ciété. L’espérance de vie ne cesse de s’allon-ger et les centenaires se banalisent.Le problème n’est plus de vieillir mais debien vieillir. Nicolas Sarkozy se proposed’ailleurs d’ouvrir une réflexion sur « lavie après 60 ans. » Le temps dont les gensdisposent est à organiser en fonction desgoûts, de la vivacité d’esprit et de la con-dition physique de chacun. Ce qui revientà dire que la retraite ne doit plus êtrevécue comme une ultime étape, une finde vie en soi mais comme un nouvel es-pace de vie, un nouveau souffle. Évidem-ment, cela ne s’improvise pas.Il y a ceux qui ont un besoin vital de re-trouver une activité, de réaliser enfin desprojets restés sans lendemain, de faire levoyage dont ils rêvaient. Ou simplementl’occasion d’enrichir ses connaissances.Pour d’autres, les choses sont parfois plusdifficiles pour des raisons de santé ou desolitude. C’est la qu’entre en jeu l’espritsocial avec tout le poids de la solidarité.L’une des préoccupations majeures en estsans nul doute le maintien à domicile sur-tout en milieu rural. Les personnes qui sontcontraintes à quitter leur logement avectous les souvenirs affectifs qui s’y rattachentvivent leur départ comme une déchirure.Elles perdent brutalement tous les repèresqui ont jalonné leur existence. Certes nom-breux sont aujourd’hui qui apportent leurassistance mais il y a toujours des vides àcombler surtout dans les régions de l’île oùla présence de médecins fait défaut.Vivre plus, une ambition qui demande à êtreaccompagnée de tous les moyens pour yparvenir dans les meilleurs conditions. Nousn’avons pas assez d’établissements pouvantrecevoir des personnes ou des couples. Plusque des maisons de retraite, on souhaiteraitdes maisons d’accueil qui apportent le bon-heur d’être ensemble. Se pose évidemmentle problème de leur financement en sachantque certaines réalisations ont évidemmentun coût, elles n’ont pas de prix.Penser séniors c’est donc miser sur la diver-sité. Il revient à la société de se mouler danschangement qui s’imposent à elle. Ne lais-sons pas en friche la vie que l’on a tant demal à conquérir. Dans ce domaine il fautsurtout exclure l’assistanat et donner toutson sens à la solidarité en concevant un en-vironnement qui réponde au mieux à tou-tes les situations, à toutes les attentes.

le billet

de Jean-RenéLaplayne

Un nouvel espacede vie

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Les conseils générauxdans le vif du sujet

La Corse « une région attractive maisvieillissante ». Si les dernières statisti-

ques de l’INSEE ont mis en exergue cettenouvelle donne, sur le terrain de la politi-que sociale mise en place par le conseil gé-néral cela se traduit par un taux d’alloca-tions record. La Haute Corse est actuelle-ment le 4e département français où lapénétration de l’APA est la plus importante(allocation personnalisée d’autonomie). Etpour cause, un Corse sur quatre a plus desoixante ans.

1300 lits ouverts en dix ans

Un chiffre supérieur à quatre points de lamoyenne nationale. Un seul constat : la po-pulation vieillie. Une seule réponse : appor-ter des mesures adaptées à sa prise encharge. « Il y a une nécessité d’agir », confiePierre Olmeta, directeur des interventionssociales et sanitaires (DISS), tout en souli-gnant « que pour l’heure les capacités d’ac-cueil proposées sont suffisantes et subvien-nent aux demandes. En effet en dix ans, plusde 1300 lits en EHPAD ont été ouverts sur ledépartement ». Avec plus de 98 % de taux deremplissage dans les quinze établissementsd’hébergement pour personnes âgées dé-pendantes du département et une liste d’at-tente réduite, il semble que les besoins de lasociété aient été entendus. Pourtant la cul-ture insulaire se dresse parfois comme unebarrière à cette prise en charge : « Les person-nes intègrent tardivement ces structures, enmoyenne vers 83 ans. Un constat qui s’expli-que du fait qu’elles souhaitent rester autono-mes le plus longtemps. Mais le problème c’estqu’alors déjà fatiguées, leur espérance de vieest à partir de leur entrée estimée de 18 à 24mois ».

Multiplier les alternatives

D’autres projets sont encore en gestationou en cours d’exécution, pour renforcer ledispositif, notamment la création de placessupplémentaires dans les établissements deCalvi, Corte et Pietranera. « L’objectif est dedévelopper le plus grand nombre d’alternati-ves entre le domicile et l’établissement », ex-plique le directeur de la DISS. Et les optionsexistent : familles d’accueil, associationsagréées ou chèques emploi service univer-sel (CESU). Véritable fer de lance des politi-ques sociales, en moyenne 5500 personnesont bénéficié de l’APA en 2009, ce qui se tra-duit sur le budget départemental total par18 millions d’euros. Pour ce qui concerne lefonctionnement des EPHAD, le montant ac-cordé est estimé à 8.5 millions d’e. Pour allerau loin dans cette démarche de soutien, denouveaux schémas gérontologiques ont été

mis en place par le conseil général. Pourtous renseignements et informations, le cen-tre local d’information et de Coordination(CLIC) « permet d’aider les seniors dans tou-tes leurs formalités mais privilégie avanttout l’accueil et l’écoute. Dans le milieu rural,des minibus ont également été achetés pourrésoudre la situation des personnes isoléesau nombre de 250 sur l’ensemble du dépar-tement. Seul petit bémol qui s’imposecomme la véritable préoccupation de de-main : l’accompagnement des patients at-teints de la maladie d’Alzheimer. Selon cer-taines études, cette maladie neuro dégéné-rative pourrait toucher en 2012 plus 2000personnes dans le grand Bastia, souligne ledirecteur de la DISS. Reste à plancher sur denouvelles orientations et inévitablement àfouiller dans les caisses pour débloquer lescrédits nécessaires à leur prise en charge.

JULIE QUILICI

Pierre Olmeta : « Les structuresd’accueil des seniors sontpour l’heure suffisantes »

Depuis la mise en œuvre de l’Allocation per-sonnalisée d’autonomie (APA), les actions

du conseil général de Corse-du-Sud en faveurdes personnes âgées sont multiples. En effet,l’APA permet à la fois de servir de nombreusesprestations telles que les aides ménagères, leservice de portage de repas à domicile, ou en-core le service de téléalalarme mais aussi le ver-sement d’un complément budgétaire pour ceuxqui sont en établissement.Le budget consacré à cette populations’élève d’ailleurs à 33 millions d’euros, soit15,74 % du budget global. Sur cette somme,24 millions sont consacrés à l’APA, perçuepar 4 100 personnes en Corse-du-Sud. « Ilfaut savoir que l’un des éléments majeurs dela politique sociale du conseil général est lemaintien à domicile qui passe par le paie-ment de l’APA. Cela permet de mettre en placedes aides au maintien de l’autonomie », sou-ligne Louis Millo, directeur général adjointdes solidarités et des actions sanitaires dudépartement.Autre élément important, rompre l’isolementdes seniors. À ce titre, une étude vient d’êtremenée afin de repérer les causes d’isolementdes seniors de Corse-du-Sud. Disponible dès lemois d’avril, elle permettra de mieux adapterl’offre à la demande, et d’apporter des mesuresadaptées aux personnes âgées. L’une des gran-des préoccupations du département ces derniè-res années fut celle de combler le déficit enterme de capacité d’accueil en établissement.

« La capacité devrait doubler d’ici 2014 »

« Depuis 2005, 250 lits supplémentaires ont étécréés, souligne Christian Istria, directeur decabinet du département. Aujourd’hui, la Corse-du-Sud compte 730 lits en EHPAD (établissementd’hébergement pour personnes âgées dépendan-tes) ».600 lits sont encore programmés ou pro-grammables : maison de retraite de Bonifa-cio, de Cauro (en cours de construction),Sari-Solenzara, Viggianello, extension de l’hô-pital de Sartène ou encore la création de sixmaisons patrimoniales à Zicavo, GrossetoPrugna, Valle-di-Mezzana, Cuttoli, Pietrosellaet Sainte-Lucie de Tallano. « D’ici 2014, la ca-pacité d’accueil devrait doubler, précisePierre-Jean Luciani, conseiller général deCorse-du-Sud. On devrait ainsi se rapprocherde la norme nationale. À travers le prochainschéma départemental des personnes âgées ethandicapées, en cours d’élaboration, noussouhaitons porter une attention accrue à la for-mation du personnel intervenant sur ces thé-matiques. Le service à la personne nécessiteune vraie filière professionnelle. Le départe-ment a l’ambition et le devoir de répondre ef-ficacement à toutes les situations sociales pré-

caires mais aussi de veiller au bon fonction-nement du système en contrôlant donc sa qua-lité et son efficacité ».

Des ateliers en cours

Pour mettre en place ce schéma, des groupes detravail, pilotés par des élus en collaboration avecdifférents partenaires du secteur, seront organi-séssurplusieursgrandsaxes : lesmesuresdepré-vention, le maintien à domicile, les personnesâgées en établissement et la perte d’autonomiedes fonctions intellectuelles. « Ce travail de propo-sitions formera le socle du nouveau schéma »,conclut Louis Millo.Parallèlement à ces actions et réflexions, il fautégalement évoquer le Coderpa, le comité dépar-temental des retraités et personnes âgées. Uncomité consultatif, présidé par Jacques Billard,en charge de réfléchir sur la situation des ha-bitants âgés de plus de 60 ans.

EMMANUELLE FERRANDINI

Pour Pierre-Jean Luciani, conseiller généralde Corse-du-Sud, en charge des affaires socia-les, les seniors doivent être au cœur des pré-occupations.

(Photo Pierre-Antoine Fournil)

Pierre Olmeta est le directeur des Interven-tions sociales et sanitaires en Haute-Corse. Enmoyenne, 5500 personnes bénéficient del’aide aux personnes en difficultés.

(Photo Gérard Baldocchi)

■ corse-du-sud ■ haute-corse

Pierre-Jean Luciani : « Le serviceà la personne nécessite une vraiefilière professionnelle »

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Est-on vieux à 60 ans ? Si la réponseest positive pour certains, la popu-

lation âgée s’en consolera facilement :elle vit plus longtemps, avec unemeilleure santé et une autonomie plusaccrue. D’ailleurs, mieux vaut révisernotre jargon. Depuis quelques années,sous la plume de publicitaires mali-cieux, un glissement sémantique s’estopéré avec douceur. On ne dit plus les« vieux », mais les « seniors ». Cettenuance incite à redécouvrir nos aînésdont le sort est au carrefour des pré-occupations actuelles liées à l’emploiet aux retraites. Il est donc loin letemps où la société était malade deses « anciens » et préférait pêcher parignorance plutôt que de préparerl’avenir. Aujourd’hui, bien vieillir estdevenu un enjeu majeur. Une petite ré-volution culturelle dans le paysagedémographique insulaire.

Sur l’île de beauté, un habitant surquatre a plus de soixante ans et selonune étude de l’INSEE, le vieillissementdémographique y est plus importantque sur le continent. Même les per-sonnes les plus âgées sont propor-tionnellement plus nombreuses enCorse. Celles de soixante-quinze ansou plus représentent 10 % de la popu-lation insulaire contre 8 % au niveaunational. Mais le vieillissement géné-ral, qui touche les deux départements,résulte aussi d’une plus forte pré-sence des résidents âgés de 40 à 59ans. Selon les analystes, cette forte

présence est due aux « nombreux ef-fectifs de la génération issue du baby-boom ». La conséquence directe de cevieillissement démographique est évi-demment la progression de la partdes retraités dans la population. Ellereprésente 22 % des habitants de la ré-gion contre 21 % sur le continent, etvoila le problème du financement desretraites et de l’emploi des seniorsréapparaître avec encore plusd’acuité.

Aujourd’hui bien vieillirdevient un enjeu majeurLa crise sociale et économique aobligé le gouvernement à prendre desmesures concrètes pour permettreaux seniors de se réinsérer rapide-ment sur le marché du travail. Le plansenior a donc vu le jour pour « favo-riser le recrutement et le maintien del’emploi ». Ce dispositif législatif com-porte des mesures visant à mobiliserles aides à l’embauche (contrat initia-tive emploi, aide dégressive em-

ployeur, contrat d’accompagnementdans l’emploi…) mais aussi cellespermettant d’améliorer les conditionsde travail, de valoriser l’expérienceprofessionnelle. Ainsi, en Corse, à lafin de l’année 2008, 330 personnesâgées de 50 ans et plus détenaient unemploi aidé par l’État ou les parte-naires sociaux. Cependant, les chif-fres démontrent que le retour à l’em-

ploi n’est pas chose aisée. Selon undocument édité par le GIP Corse Com-pétences, « près de 12 % des seniorsfont face à une période d’inactivité deplus de deux ans ». Cette situation seconfirme avec la hausse de la de-mande d’emploi des plus de 50 ans,qui atteint 6,6 % de la population in-sulaire. Cette faible participation desseniors au marché du travail est sur-

tout prégnante chez les femmes, oùseulement 37 % ont un emploi contre48 % sur le continent. De grands ef-forts restent encore à faire pour attein-dre les 70 % de taux d’emploi des se-niors de la Suède. Peut-être que laclef de la réussite se trouve dans cesparoles de Tino Rossi « La vie com-mence à soixante ans, quand on laconnaît mieux qu’avant, et que l’on aappris par cœur tous les raccourcis dubonheur » à croire que notre sociétéest contraint à faire preuve de plus desagesse en repoussant les limites del’âge d’or !

PHILIPPE MARTINETTI

Un habitant sur quatrea plus de 60 ans en Corse

■ social

La promenade, le jogging et la randonnée sont parmi les activités appréciées des seniors. Ils y trouvent un moyen degarder la forme. (Photo D.R)

Chaque année, près de 4000 retrai-tés viennent vivre en Corse, ce quien fait la première région pour l’ac-cueil des retraités. Au delà, l’île estparticulièrement adaptée au tou-risme des seniors. Avant les chaleursétouffantes et après le soleil écra-sant de l’été, le printemps et l’au-tomne offrent aux vacanciers la paixdes grands sages. La Corse ouvre sesvolets et se prépare à raconter l’his-toire d’une société agropastorale aupatrimoine culturelle riche. La cli-matologie avantageuse, la sécuritéglobale, l’espace, la douceur devivre sont autant d’éléments quiplaident pour des longs séjours rési-dentiels. La Corse recèle, à proxi-mité immédiate des lieux de villé-giature, une multitude d’activitéssportives et de loisirs en pratiquedouce, où le climat tempéré y estidéal. Selon l’Agence du tourisme dela Corse, « les seniors sont uneclientèle à forte valeur ajoutée quifréquente essentiellement les hôtels3 étoiles ». La Corse une destinationde rêve !

La Corse :une destinationenviée des seniors

Un autre travail, après une premièrevie active… cela se fait désormaisavec la Loi de Modernisation del’Économie, qui, parmi les disposi-tions qu’elle comporte, crée un nou-veau statut d’entrepreneur indivi-duel ou “ auto-entrepreneur ”. En-trée en vigueur en janvier derniercette formule est une belle opportu-nité pour les retraités qui veulentgarder une activité professionnelle.Nombreux sont ceux qui osent fran-chir le cap et décident de créer em-ploi commercial. La souplesse dustatut permet aux seniors ou aux re-traités d’interrompre l’activité sansêtre soumis à des formalités ou obli-gations administratives et fiscalescomplexes. L’opportunité est doncintéressante pour les initiatives pri-vées, faut-il avoir la bonne idée etsurtout le désir d’entamer une nou-velle vie professionnelle.

Emploi : l’autoentreprise, uneopportunité à saisir

Les étiquettes sont difficiles à décoller, et le web n’est pas uniquement l’apanage de jeunes Geeks, traînant savatesdans la chambre, hypnotisés par l’écran de leurs ordinateurs. Contrairement aux représentations associant Inter-net à la modernité et donc la jeunesse, les seniors aiment la toile. Selon une étude du CSA, 46 % des plus de 50ans disposent d’une connexion à Internet à domicile. Ils sont aussi 58 % à avoir un ordinateur chez eux. Pour lesseniors, la fonction première du net est de créer du lien social et de maintenir une relation avec les proches et lafamille. L’étude indique également que 75 % des seniors pratiquent l’envoi et la lecture de mail. Cette expérience,Madame Lerouge, grand-mère âgée de 84 ans, résidant à Ajaccio, l’a vécue avec sa petite fille installée à Montréal.« Nous échangions des messages régulièrement, elle me faisait partager sa vie en photos et en vidéos, et parfoismême nous nous parlions par webcam ». Par ailleurs, le net est utile pour rechercher des infos pratiques (70 %),comparer les prix (58 %), découvrir de nouvelles choses (49 %), organiser voyages et sorties (48 %)... en conclusionInternet ne fonctionne pas comme une bulle mais permet d’échanger avec toutes les générations.

Vive les réseaux sociaux sur la toile

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Ce qu’ils disent...■ rencontres

Apprendre, encore et toujours :ce pourrait être la philosophie

de vie de Michel Pieracci (notrephoto). En effet, ce chirurgienmaintenant à la retraite se préparenon seulement à fêter ses 83 prin-temps mais également à bouclerune thèse en histoire portant sur« La mise en valeur agricole de laCorse et les concessions royalespendant la période monarchique ».Inscrit depuis 1999 à l’université deCorse, il décide de retourner sur lesbancs de la fac et de mettre à pro-fit son temps libre. « Je me suis tou-jours intéressé à l’histoire et j’ai pro-fité de ma retraite pour me lancerdans ces études. Apprendre autrechose, voilà ce qui me plaît. Et puisça m’aide à faire travailler ma mé-moire même si je dois avouer que jesuis maintenant obligé de faire desbrouillons avec l’âge », explique t-il.Michel, doyen des étudiants cor-ses, n’est pas un cas isolé et ilssont de plus en plus nombreux à re-tourner ainsi à l’école.

Ils sont neuf inscritsà l’université

Ils s’appellent André, Anne-MarieAnnie, Michel, Jean, Claudine, Ma-rianne, Christian et Jean-Jacques.Inscrits en doctorat, licence ou mas-ter, dans des filières en majorité lit-téraires, ils soulignent ce besoin derester actif à l’heure de la retraite. Dutemps libre, une soif d’apprendreet l’envie de retrouver cette am-biance à la fois studieuse et originalede l’université. Lorsque l’on inter-roge ces étudiants, ce sont lesmêmes raisons, les mêmes mots quireviennent. Pour André Vincentini,64 ans, inscrit en première annéede Corse, ce retour aux études estavant tout une façon de structurer

son savoir. « Je me suis inscrit à l’uni-versité pour apprendre la langue demes ancêtres. Le but n’est absolu-ment pas matériel ; c’est le plaisird’apprendre, d’être en contact avecdes universitaires qui m’a motivé etc’est vraiment très enrichissant. »Claudine Monney, 72 ans, inscrite enauditeur libre insiste elle sur lachance de pouvoir entreprendre deschoses qu’elle n’avait pas le temps defaire lorsqu’elle était en activité. « Jesuis un professeur de sciences phy-siques à la retraite. Voilà deux ansque je suis inscrite et que j’assiste li-brement aux cours d’histoire sanspasser d’examens. C’est un plaisird’acquérir un autre savoir totale-ment opposé à ma formation pre-mière. »Une motivation à toute épreuve etune soif d’apprendre en forme deleçon de vie. Michel Pieracci, 83ans et toujours étudiant, résumecela en quelques mots : « Toujoursfaire travailler le corps et l’espritpour avoir le sourire à tout âge ».

SYLVIE PELLEGRINI

Michel Pieracci :83 ans et toujoursétudiant ! Aide soignante. 63 ans. « Je travaille

depuis quinze ans comme aide soi-gnante dans le service pneumologiede l’hôpital d’Ajaccio. J’ai prévu deprendre ma retraite en juin prochainmais je conserve dans un coin de matête l’option de travailler jusqu’à 65ans et cela uniquement dans un butfinancier. En effet, je sais que ma re-traite sera maigre et je m’y préparedès aujourd’hui. C’est une réelle pré-occupation. Hormis le côté financier,

je suis ravie de partir à la retraite etde pouvoir profiter de mon tempslibre. J’avoue que la peur de l’ennuiest présente… Mon métier est telle-ment prenant que je crains ce passageà l’inactivité qui peut être très désta-bilisant. C’est d’ailleurs pour cela quej’ai prévu de faire du bénévolat. Il yaura une nostalgie, c’est certain et ilfaut s’y préparer parce que ce n’estpas anodin, c’est une autre vie quicommence. »

Christiane Epiphani : « Une autre viequi commence... »

Depuis 2007, l’université inter-âges de Corte propose gratuite-ment et pour tous de nombreusesactivités culturelles. Conférences,rencontres autour de l’art et ducinéma mais aussi soirées théma-tiques, tous les sujets sont abor-dés. Avec environ 220 personnesinscrites dont 160 seniors, cettestructure, gérée par le centre cul-turel universitaire (CCU), rencon-tre un franc succès. « Nous avonsvoulu mettre en place un lieu de

rencontre intergénérationnel dansun climat convivial. Il y avaitnécessité de rassembler et de pro-poser des activités à un publicavide de connaissance et disponi-ble. L’idée c’est d’apporter nonseulement un savoir mais aussid’établir un dialogue pour contri-buer à sa transmission » expliqueJacques Thiers, directeur du CCU.Inscription par téléphone au04.95.45.00.78 ou par mail [email protected]

L’université inter-âge de Corte :de la culture pour tous

Retraité artisan maçon. 63 ans. « J’aicommencé à travailler à l’âge de 17ans et je suis très content d’être à la re-traite depuis maintenant trois ans. J’aitoujours dit que pendant ma retraiteje ferai ce que je voudrais, sans aucuneobligation ! Alors, je m’occupe, je bri-cole, je fais partie de plusieurs associa-tions comme l’association des videsgreniers. J’adore la brocante et lesvoyages. Je sillonne donc les villagescorses mais aussi l’Italie et l’Espagne

à la recherche d’objets d’exception.Grâce à la retraite j’ai plus de liberté,moins de soucis, moins de stress, jefais ce qui me plaît et je me lève quandje veux. Les factures, les devis, lacomptabilité… Auparavant je vivaispour mon entreprise, aujourd’hui ça achangé. Même si je suis toujours àcent à l’heure, je n’ai plus d’obliga-tion, je choisis et je fais ce que j’aime !Je ne me sens pas du tout exclu :j’adore la retraite ! »

Edouard Gutierrez : « Vraimentj’adore la retraite ! »

Retraitée de l’Éducation nationale.83 ans. « À la retraite depuis 27 ans, jeme suis toujours dit qu’il était horsde question que je reste inactive. J’aidonc commencé par m’inscrire à descours de droit et j’ai obtenu mon di-plôme. Grande passionnée de pein-ture, j’ai également passé beaucoup detemps devant mon chevalet. Et puisl’autre passion de ma vie… L’écriture !J’ai toujours écrit mais je n’ai jamaisvraiment eu le temps de m’y consacrerréellement. Je me suis donc lancée

dans la rédaction d’un livre qui re-trace ma vie et celle de ma famille. Jerédige actuellement les derniers cha-pitres et j’espère bien le publier pro-chainement. La retraite est pour moiune formidable opportunité pour réa-liser des projets que j’ai toujours eu entête. Cependant, je m’aperçois aussique ce moment de la vie est souventempreint de solitude. Il est difficile detrouver des activités adaptées lors-que l’on habite en zone rurale et l’iso-lement est un des risques. »

Pauline Alfonsi : « Une opportunitépour réaliser des projets »

Retraité France Telecom. 62 ans.La retraite n’est pas facile à vivre.On se sent mis à l’écart, un peucomme des rebuts de la société. Jen’avais jamais pensé à la retraiteet quand ce temps est venu ça aété un choc. Le plus difficile est dene plus se lever le matin pour allertravailler, de ne plus avoir lemême rythme. Il faut du tempspour s’adapter. Ayant toujours étéactif au sein du milieu associatif,je me suis donc rapidement inté-

gré à des associations. Je fais ainsipartie de l’association l’ACLAMoù j’enseigne l’informatique et lespratiques internet. Je participeaussi à l’association nationale desretraités. Ces activités me pren-nent l’équivalent de trois jours parsemaine et sont indispensablespour moi. Difficile d’être dans lapeau d un jeune retraité mais c’estla vie associative qui m’a aidé !

PROPOS RECUEILLISPAR S.P

Alain Renaut : « Difficile d’êtredans la peau d’un jeune retraité »

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Touchés de plein fouet par la pré-carité, les seniors représentent

une grande partie des dossiers d’aidesociale traités par le Centre commu-nal d’action sociale (CCAS) de la Villed’Ajaccio. « En 5 ans leur nombre n’acessé d’augmenter, nous sommes deplus en plus sollicités. » souligne Pa-tricia Boyer, la directrice. APA (Allo-cation personnalisée d’autonomie),CMU (Couverture maladie univer-selle), allocation de solidarité auxpersonnes âgées, placement en foyerd’hébergement, etc., les obligationslégales sont la priorité de la struc-ture communale.

Lutter contre l’isolementAyant pour mission l’instruction ad-ministrative des dossiers, le CCASpropose un réel accompagnement.Accueillir les demandeurs, aider auremplissage des demandes, compileret valider les pièces justificatives puistransmettre à l’autorité compétente,Patricia Boyer insiste sur le véritablesuivi qui s’exerce. « Nous instruisonsles dossiers mais nous adoptonsaussi une démarche de conseil. Par-fois ce sont des personnes complète-

ment perdues qui viennent taper à laporte du CCAS » précise Jean-PierreGiocanti, instructeur de l’aide légale.Outre ces obligations légales, le CCASœuvre pour l’ensemble des seniorsvia des actions extralégales décidéespar son conseil d’administration.« Notre rôle est aussi de prévenir lesrisques de dépendance, dont l’isole-ment. Et ce ne sont pas forcément lespersonnes touchées par la précaritéfinancière qui sont concernées, » pré-cise Patricia BoyerDifficilement perceptible, cette préca-rité sociale trouve peu de réponsestant l’approche psychologique n’estpas aisée à mettre en place. Pour ré-pondre à ce besoin latent, le CCAStravaille avec les partenaires locauxet tous les organismes en lien avec lesseniors. C’est ainsi qu’est né il y adeux ans le Relais GérontologiqueSocial. Sorte de centre d’alerte, il apour but de repérer les personnesisolées et de les aider.De même, le service de portage desrepas, l’autre pilier de l’aide extra lé-gale, a été adapté en ce sens. En effet,avec environ 170 personnes concer-nées, il ne se résume pas à la seule li-

vraison d’un repas. « Bien plus qu’unservice de portage, nous voulionsun service générateur de lien social.Ainsi, sur demande, tous les aprèsmidis, les agents rendent visite gratui-tement aux personnes bénéficiairesdu service et peuvent les accompa-gner chez le médecin, chez le coiffeur,aller se balader, L’idée, là encore, estde rompre l’isolement » confie Mary-lou Lebougre en charge du service deportage.

« Les paniers de la solidarité »Le projet « Les paniers de la solida-rité » complète le dispositif. Mis enplace l’année dernière, il vise à ré-cupérer des denrées alimentairesproches de la date limite de conser-vation auprès de la grande distribu-tion pour confectionner des paniersdistribués aux seniors en difficultéfinancière. Disponibles à la Maisondes Ainés ou livrés à domicile, 70personnes en ont d’ores et déjà béné-ficié.

Déterminantes dans la création deliens amicaux souvent salvateurspour des personnes isolées, les dis-tractions sont l’autre axe développépar le CCAS. Les thés dansants, quiont lieu deux fois par mois à la mai-son de quartier de St Jean, les voya-ges organisés une fois par an, ainsique les après midis thématiques etrécréatifs de la maison des aînés sontautant d’exemples. « Le thé dansantest une réussite. Les personnes tis-sent des liens, certains font du covoi-turage et d’autres s’y sont rencon-trées et vivent maintenant ensem-ble ! » raconte la directrice.

« Nous avons besoin d’argent »Face à des besoins en nette augmen-tation pour cette fange de la popula-tion, la question des budgets et de la

mutualisation des moyens se posede plus en plus. « Les projets sont làmais nous avons besoin de plus d’ar-gent. Si nous voulons mener une ac-tion politique vraiment globale enmatière d’action sociale pour ce pu-blic précaire, il faut réunir tous lesmoyens financiers ; cela sous entendque le CCAS doit être aidé financière-ment par les autres collectivités, cequi n’est pas le cas actuellement »explique Patricia Boyer.Pour autant, le credo de l’équipe duCCAS d’Ajaccio reste le même : impul-ser une dynamique génératrice d’in-tégration et de lien social pour mieuxvivre ensemble.

SYLVIE PELLEGRINI

Une action sociale diversifiée■ ajaccio

Patricia Boyer, directrice du Centre Communal d’Action Sociale d’Ajaccio.Photos Alain Pistoresi

C.C.A.S 3, rue Sœur Alphonse,BP 174, 20178 Ajaccio Cedex.Tel : 04.95.51.52.88. Ouvert du lundiau vendredi, 8 h-12 h 15 et 13 h-17 h.

Maison des Ainés, Rendez-vous de laFraternité, Relais GérontologiqueSocialAvenue Maréchal Lyautey, RésidenceImpériale, Bat A, 20000 Ajaccio.Tel : 04.95.25.13.46Ouvert du lundi au vendredi,8 h-17 h.

Contacts

Réservés aux seniors, des thés dansants sont organisés, par le CCAS, dansune salle de la ville.

Une occasion de se retrouver autour d’une table pour échanger et mieux seconnaître dans une ambiance conviviale.

Face au vieillissement de la popula-tion, les mairies ont un rôle deproximité qui les place en premièreligne. Les enjeux sont nombreux etdestinés à évoluer. « Les mairiessont un relais pour cette populationchez qui la détresse est grandissanteet la précarité malheureusementinstallée. C’est un dossier majeurpour nous » note Joselyne Mattei-Fazi, maire de Renno et présidentede l’Association des maires de laCorse-du-Sud.Petites ou grandes communes, lesquestions sont les mêmes. « Lesmairies sont au premier rang et celava s’intensifier. À Sisco, nous avonsmis en place une structure qui ac-cueillera des seniors qui ne peuventplus vivre seuls. Des solutions sont àtrouver dans toutes les communes,c’est un réel défi pour l’avenir » ra-joute Ange-Pierre Vivoni, maire deSisco et président de l’Associationdes maires de Haute Corse.

Les mairiesen première ligne

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Depuis le 12 octobre dernier, aucœur du village de Sarrola-Carco-

pino, un tout nouvel établissementd’hébergement pour les personnesâgées dépendantes (EHPAD) a ouvertses portes. Il est l’un des rares à s’êtreimplanté en milieu rural.C’est un village dans le village. Unearchitecture intégrée au paysage pour5000 m2 de modernité. L’EHPAD deSarrola-Carcopino, dirigé par le doc-teur François Albertini, propose uneprise en charge complète pour les per-sonnes âgées dépendantes. Avec 104lits disponibles, l’établissement privédraine une capacité d’hébergementnon négligeable au cœur d’un milieurural. « L’idée revient à l’origine à NoëlSarrola, ancien maire, qui avait com-pris que la région manquait d’unestructure d’hébergement pour per-sonnes âgées. J’en suis très fier carc’est l’aboutissement d’un long cheminet une opportunité de développementet de dynamisme pour le village » com-mente Alexandre Sarrola, l’actuel pre-mier magistrat qui a succédé à songrand-père.

Des animations quotidiennesLa structure, entièrement médicalisée,disposed’uneéquipedecinquante-cinqpersonnes formées à la prise en chargedes seniors dépendants. À terme, unevingtaine d’emplois supplémentairesseront créés. « Nous disposons d’unpersonnel infirmier hautement qualifié.La présence d’un médecin coordina-teur,demédecinsgénéralistesetspécia-listes attachés à l’établissement, de ki-nésithérapeutesetdepharmaciensren-force la structure. Notre vocation estd’assurer l’hébergement mais aussi deprendre en charge la dépendance etd’assurer des soins qui ne nécessitentpas de séjour en milieu hospitalier »confie François Albertini.

Dans la droite ligne du plan nationalAlzheimer 2008-2012, les malades at-teints par cette pathologie bénéficientégalement de soins au sein d’une unitéspécifique.Par ailleurs, la prise en charge est com-plétée par des animations quotidien-nes. Activités manuelles, ateliers cui-sines, promenades, elles représententune part importante du dispositif. Deschambres individuelles, une bibliothè-que, une salle home-cinéma et une

vue omniprésente sur la nature alen-tour, ici l’accent est mis sur le confortet le bien être. « Nous élaborons uneprise en charge globale et originale, laplus humaine possible, qui place lerésident et sa famille au cœur du dis-positif » insiste le directeur.

Une offre à étoffer en Corse-du-SudAvec un tarif d’environ 1500 eurospar mois, l’EHPAD, grâce à une habi-litation à 78 % à l’aide sociale, est

aussi accessible aux plus démunis.Alors que l’offre en faveur des se-niors dépendants est plus importanteen Haute Corse, de nouvelles structu-res en projet notamment à Cauro ouà Bodiccione à Ajaccio devraient com-bler ce retard pris en Corse-du-Sud. Lademande est présente. En effet, enquatre mois d’ouverture, l’EHPAD deSarrola-Carcopino cumule déjà 70 ré-sidents ce qui est très rapide pourune telle structure. La question de

la situation des seniors dépendantsen Corse est aujourd’hui un thèmede premier plan pour lequel les ré-flexions doivent être menées de façonglobale. « Il faut être vigilant sur l’évo-lution démographique de l’île pourréviser de façon préventive les sché-mas gérontologiques et les plans deformation professionnelle et ainsiadapter les aides publiques » analysele docteur Albertini.

SYLVIE PELLEGRINI

A Sarrola, le dernier nédes établissements médicalisés

■ personnes âgées dépendantes

Alexandre Sarrola, maire de Sarrola-Carcopino, et le docteur François Albertini, directeur de l’EHPAD (à l’extrême gauche), entourés du personnel de l’établissement.Photo Jean-Pierre Belzit

Depuis 25 ans, l’Association du serviceà domicile propose un accompagne-

ment global aux seniors afin d’assurer leurmaintien à résidence en toute sécurité.Face à de nouveaux besoins, l’offre doitsans cesse s’adapter.Proximité : voici sans conteste le maître motpour définir l’action menée par l’ADMR.Ce réseau associatif maille le territoireselon une logique d’implantation en mi-lieu rural mais aussi depuis quelques an-nées en milieu urbain et périurbain.La vitalité associative locale apparaîtcomme le maillon fort de cette présencespécifique. Ainsi en Corse-du-Sud, le ré-seau ADMR fonctionne grâce à vingt-sixassociations disséminées sur le départe-ment et chapotées par la Fédération dépar-tementale. « Notre originalité est d’êtreancré sur le terrain. L’ADMR s’attache àce que ses services maillent l’ensemble duterritoire pour garantir des réponses par-tout où des besoins s’expriment » expli-que Jean-Antoine Pietri, le directeur de laFédération 2A.

4000 seniors pris en charge

Historiquement tournée vers les person-nes âgées et handicapées, l’ADMR œuvreen faveur du maintien à domicile à tra-vers une panoplie de services qui amé-liorent la qualité de vie tout en favorisantl’autonomie. Ménage, entretien du linge,préparation des repas, courses, accom-pagnement, téléassistance sont autantd’aides proposées. En Corse-du-Sud, 4000

seniors bénéficient de ces prestationspouvant être prises en charge dans lecadre de l’APA (allocation personnali-sée d’autonomie) ou par les caisses deretraite. « Il est important de permettreaux seniors de rester indépendants leplus possible. Nous proposons aussi desprestations complémentaires à visée so-ciale comme l’aide à la mobilité ou leportage des repas. Nous souhaitons pro-poser une prise en charge globale » pré-cise le directeur.L’ADMR gère également à Ajaccio un accueilde jour pour les malades d’Alzheimer ainsi

que la « Maison Jeanne d’Arc » à Vico pourles personnes âgées dépendantes.

De nouveaux défis à relever

Pour autant, les besoins explosent et ne ces-sent d’évoluer au cœur d’un schéma socié-tal insulaire qui n’est plus aussi centré surla solidarité familiale qu’il y a quelques an-nées. Face à des réalités sociales difficiles,l’évolution des accompagnements est enquestion. « L’offre de services reste per-fectible. En renforçant une offre territoria-lisée avec des mutualisations, un accès fa-cilité à l’information, une coordinationmaximisée entre les différents acteurs,nous aboutirions à plus d’efficacité » con-fie Jean-Antoine Pietri.Appréhender mutations et phénomènesémergents, voici donc les nouveaux défisde l’ADMR qui souhaite développer unvolet prévention et services innovants enfaveur notamment des jeunes retraités.

S.P

Grâce à l’aide apportée, le maintien à domicile devient possi-ble pour de nombreuses personnes.

L’aide, c’est aussi rompre la solitude, sefaire accompagner...

Photos D.R

Comment évolue l’aide à domicile■ solidarité

Fédération ADMR de la Corse-du-Sud,Villa Isabelle – 8, Rue Rossi, 20000 Ajaccio.Tel : 04 95 21 31 78, Fax : 04 95 21 77 66,www.admr2a.frFédération ADMR de Haute-Corse,Immeuble Europa, 20290 LuccianaTel : 04 95 36 18 47, Fax : 04 95 59 01 20,www.admr2b.org

Contacts

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Pourlesseniors, leréseauassociatifestirremplaçable.Nonseulementparce

quesonmaillages’étendà laquasi-tota-litédes360communesdel’îlemaisaussiparce que les associations sont très di-versifiées. Elles touchent à la fois au so-cial, au récréatif, au culturel, c’est-à-direqu’ellessontàmêmederépondreàtou-tes les situations, à toutes les attentes.Il y a en Corse plusieurs centaines d’as-sociations. Certaines sont présentesdans des zones élargies, comme cellesde l’aide à domicile, d’autres se can-tonnent dans une localité et sont étroi-tement liées à l’action municipale. C’estlecas d’Aiutuatutti àSantaReparataenBalagne, d’Allegrezza à Morta, de KyriéEleisonàGhisoni,deSourired’Automneà Ghisonaccia, pour ne citer qu’elles.Quelque que soit l’option, ces associa-tions expriment une force de solida-rité. Elles accompagnent les seniors etelles permettent à nombre d’entre euxd’éviter la solitude et de pouvoir con-tinuer à vivre à leur domicile.Peut-être faudrait-il penser à organi-ser chaque année une grande journéedes associations. Une occasion deleur rendre hommage et de mieux lesfaire connaître.

Une vie associative très intense■ à travers l’île

Un dictionnaire en bonne place. Cinq buzzers ali-gnés sur une table. Des questions qui s’égrai-nent, des réponses qui fusent et le bip qui reten-tit… Le club « Questions pour un champion »d’Ajaccio, créé en 2000, reproduit les condi-tions du célèbre jeu télévisé avec autant d’en-thousiasme. Situé à Mezzavia, il est l’un destrois clubs en Corse avec celui de Murzo et deBorgo. Faisant partie des activités proposées parl’Aclam, le club, présidé par Claude Valette, at-tire deux fois par semaine, une vingtaine depassionnés de la culture.« En créant ce club je voulais passer de bons mo-ments tout en apprenant des choses. Ici pas de

compétition, ce n’est pas réservé aux intellec-tuels, tout le monde peut jouer » explique ClaudeValette. Le football, l’histoire, la gastronomiesont autant de sujets inattendus que les parti-cipants doivent maîtriser. « Cette activité en-tretient ma mémoire et me fait beaucoup debien. Je viens ici pour le plaisir d’apprendremais aussi pour l’ambiance » confie le Dr Domi-nique Gubanti, 83 ans et doyen des joueurs.Ouvert le jeudi de 18h à 20h et le samedi de14h30 à 18h, le club mêle convivialité et connais-sance.Renseignements et inscriptions au04.95.10.80.35 ou 06.14.83.02.74

Mezzavia : questions pour un champion

Depuis 10 ans, le Réseau santé du Sartenais,Alta Rocca, Valinco prend en charge des se-niors malades ou handicapés pour favoriser unmaintien à domicile souvent bénéfique pour laguérison. Les besoins sont là : en à peine deuxans, le nombre de personnes suivies a doublépour atteindre les deux cents.« Permettre le maintien ou le retour à domicileet coordonner les intervenants médicaux est unepartie de notre mission. L’autre partie se dé-roule sur le terrain avec les déplacements descoordinatrices de soin. Chaque dossier est traitéde façon personnalisée afin d’aboutir à la miseen place d’un projet de vie spécifique » précise

Odile Mondoloni (notre photo), présidente del’association.En lien avec les professionnels de la santé de larégion et notamment l’hôpital de Sartène, le ré-seau offre un accompagnement devenu globalavec l’embauche d’une psychologue qui suitles patients en fin de vie. « Nous sommes con-frontés à une population vieillissante qui a desbesoins énormes. Notre but est de ne laisser per-sonne en souffrance » conclut la présidente.Contacts : Réseau de santé, hôpital de Sar-tène, BP 214, 20100 SartèneTel : 04.95.70.01.41 ou [email protected]

Sartène : le réseau santé

Des valeurs de solidarité et de générosité, detolérance et de respect, une force d’innova-tion qui favorise le bien vieillir, c’est sur cemode que fonctionne le club des Aînés ru-raux l’Amicizia de Vintiseri. Créé en 1984, leClub propose de nombreuses activitésd’échanges et de loisirs aux séniors de larégion. « L’Amicizia a été fondé avec l’aide duservice social de la Mutualité Sociale Agricoledont la préoccupation majeure était d’éviterl’exode rural » explique Jeanne-Marie San-toni Costantini, présidente du club. Mieuxvivre ensemble.La structure, qui vise le mieux vivre ensem-

ble et la préservation d’une vie sociale pourles retraités, offre à ses membres un espacede vie et de réflexion. Proposer des anima-tions, créer des évènements en directiondes séniors pour les éloigner de l’isolement,leur redonner le sourire et créer du lien so-cial, c’est en substance la mission que sedonne le club de Ventiseri. « Le grand âgen’est plus un poids mort mais un atout de dé-veloppement en milieu rural et une armecontre la désertification et l’isolement, un fer-ment d’union et d’amitié » souligne la prési-dente.Contact : 04.95.56.04.71

Ventiseri : les Aînés ruraux

Un dictionnaire sous le bras, ils sont une quin-zaine à se retrouver tous les jeudis soirs à la mai-son du temps libre à Corte. Ils font partie desdeux cents licenciés corses de scrabble. Avec unpremier club né à Corte il y a cinq ans, la Corsecompte aujourd’hui quatre autres clubs à Ajac-cio, Bastia, Calvi et Ghisonaccia.« Nous jouons en duplicate. Les joueurs ont tousles mêmes lettres et le gagnant est celui quiaura marqué le plus de points au terme de la par-tie, » explique Augusta Mougin, présidente duclub de Corte et de la Ligue corse de scrabble.Manque de jeunesLicenciés à la Fédération française de scrabble,

les membres participent souvent à des tournoisnationaux et internationaux. En janvier dernier,Anne-Marie Gasciolli, une joueuse cortenaise, aainsi remporté une coupe lors du tournoi deNormandie. Les clubs sont ouverts à tous etles jeunes sont encouragés à participer. « Lesmoins de trente ans sont difficiles à mobiliser.C’est dommage car leur orthographe progresse-rait. Cette gymnastique de l’esprit va de paireavec l’amitié : tout se termine toujours par unbon repas » lance la présidente. Nul doute queles joueurs seront au rendez-vous les 22 et 23 maiprochain à Calvi pour le championnat de Corse.Contact : 06.14.50.81.47

Corte : club de scrabble

Si pour certains la retraite est un mo-ment de bonheur, d’autres la viventtrès mal. Ils ne parviennent pas àtrouver un nouveau rythme, pris dansle carcan de leurs habitudes quoti-diennes. Il leur faut trouver le moyende combler ce vide, de retrouver uneactivité qui les rend utiles. Ils sontnombreux à rechercher un exutoiredans le bénévolat. Il en est ainsi pourMarie Catherine Lozari, une ensei-gnante à la retraite depuis quatre ansmaintenant. « J’ai vécu une périodedifficile, celle de la rupture avec unmétier qui me mettait au quotidienau contact avec l’extérieur, c’est-à-diremes collègues, les parents d’élèves,les enfants eux-mêmes. J’avais sou-dain l’impression d’être coupée dumonde. Mes trois fils travaillent sur lecontinent et mon mari, à la retraitelui bien avant moi, a bâti ses journéesautour de ses amis. Je dois à une demes nièces d’avoir pu enfin émergergrâce au bénévolat. Je vis une démar-che de solidarité qui m’enrichit lecœur et l’esprit ».En ces temps de précarité où les as-sociations caritatives sont de plus enplus sollicitées, le bénévolat est unenécessité. Sans lui rien ne serait pos-sible. Le Secours Populaire, le Se-cours Catholique, les Restos duCœur et bien d’autres encore y ontrecours. Les seniors sont leurs forcesvives. On ne remerciera jamais assezces hommes et ces femmes qui es-saient d’atténuer le malheur des au-tres en donnant beaucoup de leurtemps et de leur énergie.

Des seniors parmiles bénévoles

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