4
Phosphatières du Cloup d’Aural - Route de Varaire, 46230 Bach, Lot, Midi-Pyrénées, France – Page 1/4 Les phosphatières du Cloup d’Aural Route de Varaire - 46230 BACH Tél. : 06.03.93.45.91 [email protected] http://www.phosphatieres.com A la surface du causse de Limogne, au sud-est du Lot, plus d’une centaine de gouffres envahis par la végétation se cachent au coeur des bois de chênes ou dans les landes à genévriers. Des sites naturels sauvages et méconnus. Des puits d’une trentaine de mètres de profondeur et des canyons aux formes surprenantes créent des paysages romantiques et un peu inquiétants. Ce sont en fait de très anciennes grottes (ère tertiaire alors que les grottes « classiques » comme Padirac sont du Quaternaire) dont la voûte a été enlevée par l’érosion. Dans cet univers humide où la lumière est tamisée, les plantes se développent plus que la normale, ce qui créée une ambiance tropicale et ajoute une touche d’imprévu sur ce causse aride. La ruée vers le phosphate. Jusqu’à la deuxième moitié du XIX ème siècle, rien ne permettait de soupçonner la présence de ces cavités qui étaient entièrement comblées par des sédiments. En 1865, Jean-André Poumarède, ingénieur chimiste, découvrit le premier gisement à Caylus. Intrigué par la vigueur du blé par endroits, il remarque au sol des pierres très différentes des calcaires du Causse. Après analyse, elles se révèlent être des nodules de phosphate, contenant plus de 70% de phosphate tricalcique. Ce minerai traité à l’acide sulfurique devient assimilable par les végétaux. C’est donc un engrais. A l’annonce de sa découverte, des prospecteurs représentant des compagnies étrangères, partent à la recherche de ces gisements, sources de futures richesses. Un nouvel eldorado s’annonce. En 1870 débute l’exploitation industrielle des carrières, ces gouffres dans le plateau calcaire, comblés d’argile et de phosphate. Leur exploitation s’effectuait donc principalement à ciel ouvert, et consistait en un curage systématique des 161 poches réparties sur une petite zone longue de 50 km, large de 10 km, au croisement des départements du Lot, de l’Aveyron et du Tarn-et-Garonne. 2 040 ouvriers (quelques mineurs du bassin de Decazeville mais surtout des ouvriers quercynois) extraient plus de 30 000 t. de phosphate par an. C’est la « ruée vers le phosphate » : prospecteurs, concessions,

Les phosphatières du Cloup d’Aural Route de Varaire ... · grottes (ère tertiaire alors que les grottes « classiques » comme Padirac sont du Quaternaire) dont la voûte a été

Embed Size (px)

Citation preview

Phosphatières du Cloup d’Aural - Route de Varaire, 46230 Bach, Lot, Midi-Pyrénées, France – Page 1/4

Les phosphatières du Cloup d’Aural Route de Varaire - 46230 BACH

Tél. : 06.03.93.45.91 [email protected] http://www.phosphatieres.com

A la surface du causse de Limogne, au sud-est du Lot, plus d’une centaine de gouffres envahis par la végétation se cachent au cœur des bois de chênes ou dans les landes à genévriers.

Des sites naturels sauvages et méconnus.

Des puits d’une trentaine de mètres de profondeur et des canyons aux formes surprenantes créent des paysages romantiques et un peu inquiétants.

Ce sont en fait de très anciennes grottes (ère tertiaire alors que les grottes « classiques » comme Padirac sont du Quaternaire) dont la voûte a été enlevée par l’érosion.

Dans cet univers humide où la lumière est tamisée, les plantes se développent plus que la normale, ce qui créée une ambiance tropicale et ajoute une touche d’imprévu sur ce causse aride.

La ruée vers le phosphate.

Jusqu’à la deuxième moitié du XIXème siècle, rien ne permettait de soupçonner la présence de ces cavités qui étaient entièrement comblées par des sédiments.

En 1865, Jean-André Poumarède, ingénieur chimiste, découvrit le premier gisement à Caylus. Intrigué par la vigueur du blé par endroits, il remarque au sol des pierres très différentes des calcaires du Causse. Après analyse, elles se révèlent être des nodules de phosphate, contenant plus de 70% de phosphate tricalcique. Ce minerai traité à l’acide sulfurique devient assimilable par les végétaux. C’est donc un engrais.

A l’annonce de sa découverte, des prospecteurs représentant des compagnies étrangères, partent à la recherche de ces gisements, sources de futures richesses. Un nouvel eldorado s’annonce.

En 1870 débute l’exploitation industrielle des carrières, ces gouffres dans le plateau calcaire, comblés d’argile et de phosphate. Leur exploitation s’effectuait donc principalement à ciel ouvert, et consistait en un curage systématique des 161 poches réparties sur une petite zone longue de 50 km, large de 10 km, au croisement des départements du Lot, de l’Aveyron et du Tarn-et-Garonne. 2 040 ouvriers (quelques mineurs du bassin de Decazeville mais surtout des ouvriers quercynois) extraient plus de 30 000 t. de phosphate par an. C’est la « ruée vers le phosphate » : prospecteurs, concessions,

Phosphatières du Cloup d’Aural - Route de Varaire, 46230 Bach, Lot, Midi-Pyrénées, France – Page 2/4

modifications de l’économie locale (des compagnies françaises, belges et anglaises louent et achètent des terrains), broyage par les moulins, descente du minerai en gabarres par la vallée du Lot jusqu’à Bordeaux et exportation vers l’Angleterre.

Mais après seize années d’exploitation florissante, le Quercy est, en 1886, touché par une grave crise qui atteint les principales sources de richesse de la région : essoufflement de la production et concurrence de nouveaux gisements en Floride et en Afrique du Nord entraînent le déclin des phosphatières du Quercy ; à cela s’ajoute l’épidémie de phylloxera qui atteint son sommet et touche gravement les vignobles de la région, ainsi que la faillite de l’industrie drapière de Cahors

utilisant le chanvre, cette plante textile qui représentait à l’époque la seconde source de richesse du secteur. L’exode rural massif qui suivit a certainement participé à la dispersion des souvenirs de cette phase florissante.

Un observatoire exceptionnel de l’évolution.

De nombreux fossiles (gastéropodes, insectes, lézards, serpents, tortues, crocodiles, oiseaux, et 420 espèces de mammifères) ont été découverts dans ces gisements.

Les fossiles mis à jour à l’époque de l’exploitation sont représentés dans les collections du monde entier, de Moscou à Sidney et de Buenos Aires à New York, sans parler des musées français et européens.

Depuis 1965, l’exploitation paléontologique se poursuit de façon ininterrompue et livre chaque année de nouveaux éléments. L’étude des fossiles implique une vingtaine de spécialistes issus des laboratoires d’Aix-en-Provence, Lyon, Montpellier, Paris, Poitiers, et Toulouse

Chaque cavité renferme des fossiles propres à une période bien précise. Cette variété traduit la diversité des milieux et climats de l’ère Tertiaire. En classant ces cavités par ordre chronologique, les scientifiques ont pu recréer le film de l’évolution des mammifères sur 34 millions d’années, de l’Eocène au Miocène. Ils ont d’ailleurs surnommé les Phosphatières du Quercy : « Un laboratoire naturel de l’évolution ». Une telle séquence chronologique est unique en milieu continental. C’est pour toutes ces raisons que les fossiles des phosphatières sont référence mondiale.

Un patrimoine pour demain.

Si les vestiges de l’exploitation minière se sont peu à peu dissimulés dans le paysage (chemins d’accès effacés, végétation envahissante), ils ont quasiment disparu de la culture locale : les anciens ont entendu parler du phylloxéra, de la guerre mais peu de l’exploitation des « trous à phosphate ».

Les paléontologues ont longtemps travaillé dans la discrétion par souci de préservation des sites fossilifères.

Depuis 1992, l’association des « Phosphatières du Quercy » s’attache à faire connaître et respecter ce patrimoine naturel et historique pour le transmettre aux générations futures.

Phosphatières du Cloup d’Aural - Route de Varaire, 46230 Bach, Lot, Midi-Pyrénées, France – Page 3/4

L’aménagement du site du Cloup d’Aural

A Bach, au lieu-dit Cloup d’Aural, plusieurs phosphatières offrent un condensé des différentes formes et tailles des gisements, d’accès simple ou difficile : gouffre, cheminée, puits, réseau de fissures, galerie. Elles permettent de découvrir deux milieux naturels bien différenciés. En surface, le Causse et ses végétaux caractéristiques, qui présentent toutefois à certains endroits, c’est-à-dire sur les tas de déblais (argile extrait des « poches à phosphate » et contenant un peu de phosphate) un aspect particulier : la végétation est plus haute (genévriers notamment), les troncs plus larges… Le fond de la phosphatière révèle quant à lui une richesse végétale surprenante avec une abondance de mousses et de fougères (10 variétés répertoriées à ce jour) dont la luxuriance contraste fortement avec la végétation clairsemée du Causse. En mai et juin, 12 variétés d’orchidées y fleurissent. Les cavités portent toutes des traces de l’exploitation au XIX ème siècle : tas de déblais, murs de soutien pour appareil de treuil, empreintes creusées par le va-et-vient des cordes pour remonter les seaux, boulins, traces de coups de pioches sur les parois. Ces vestiges font revivre le travail des mineurs.

Ouvert au public en l’an 2000, le site a reçu près de 9000 visiteurs en 2008, dont 1700 scolaires. La visite comprend : o Une visite guidée d’une durée d’environ 45 minutes o Des espaces thématiques réaménagés entre 2006 et 2009 :

� L’espace « Animaux du passé » présente plus d’une vingtaine de silhouettes grandeur nature de vertébrés retrouvés dans les Phosphatières du Quercy ;

� le « Sentier paléontologique » consiste en une dizaine de panneaux sur lesquels les paléontologues expliquent comment les fossiles racontent plus de 30 millions d’années d’évolution de la faune et des climats ;

� le « Sentier du Temps » permet de voyager sur 100 millions d’années, de la formation des calcaires du Causse pendant le Secondaire à nos jours.

� Le « Chemin du Phosphate » : évocation du phosphate

son origine, son rôle et son exploitation du 19ème siècle à aujourd’hui.

� L’espace « Flore du Causse et des Phosphatières » : présentation des 70 principales

espèces végétales parmi les 150 répertoriées sur le site. � L’espace « Eau en pays calcaire » : sensibilisation à l’organisation des réserves aquifères

souterraines du Causse.

Phosphatières du Cloup d’Aural - Route de Varaire, 46230 Bach, Lot, Midi-Pyrénées, France – Page 4/4

o Un bâtiment permettant l’accueil des scolaires dans de bonnes conditions quelle que soit la

météo. Il sert également pour des expositions temporaires pendant les trois mois d’été : • « Les dinosaures d’Occitanie » en 2008 • « Géol’ot » en 2009 (exposition labellisée « Année internationale de la Planète

Terre »)