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LES PIERRES A ÉCUELLES Author(s): A. Morlot Source: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 10 (Juillet à Décembre 1864), pp. 25-27 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41734281 . Accessed: 21/05/2014 19:08 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 193.104.110.126 on Wed, 21 May 2014 19:08:22 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

LES PIERRES A ÉCUELLES

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LES PIERRES A ÉCUELLESAuthor(s): A. MorlotSource: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 10 (Juillet à Décembre 1864), pp. 25-27Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41734281 .

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LES PIERRES A ÉCUELLES

Bien que nous considérions, en général, les pierres à bassins et les pierres à écuelles comme des phénomènes naturels et que nous n'ayons pas vu une seule de ces pierres qui nous ait paru l'œuvre de l'homme; l'autorité qui s'attache au nom de M. Morlot et comme géologue et comme archéologue, nous fait un devoir de mettre sous les yeux de nos lecteurs les observations suivantes qu'il nous envoie, observations qui sont, peut-être, de nature à modifier l'opinion de ceux qui, comme nous, ne sont pas convaincus que ces pierres soient des monuments historiques. A. B.

On connaît en Suède, sous le nom de Bollersteen (pierres de Bal- der), des blocs qui présentent à leur surface des concavités, souvent pas plus grosses que le creux de la main, ďorigine évidemment arti- ficielle, et qu'on peut appeler, faute de mieux, des écuelles. La tra- dition désigne ces blocs comme sacrés, et l'on rapporte que, dans cer- taines régions écartées de la Suède, les habitants vont encore, à l'heure qu'il est, déposer en secret des offrandes dans ces écuelles. Ce ne serait pas le seul cas de pratiques payennes maintenues dans le Nord. Ces écuelles se remarquent quelquefois sur les blocs qui forment le recouvrement de tombeaux antiques, mais on les rencontre aussi sur des pierres isolées, sans relation avec des sépultures.

En Suisse on trouve des pierres du môme genre (en allemand Schaalensteine). Ce sont ordinairement des blocs erratiques, en gra- nite ou en roche cristalline des Alpes, mais de grandeur moyenne, c'est-à-dire telle que le regard puisse facilement plonger sur la sur- face, sans que l'observateur ait besoin de s'élever au-dessus du sol environnante Les écuelles ont le plus souvent de cinq à neuf centimètres de diamètre, sur un à deux centimètres de profondeur; il est fort rare qu'elles aillent à quinze centimètres de diamètre, sur six à sept cen- timètres de profondeur. Aussi, quand l'œil n'est pas habitué à les saisir, passent-elles facilement inaperçues, et bien des personnes, en voyant

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26 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. un de ces blocs pour la première fois, ne voudront-elles pas y recon- naître un autel antique.

Les écuelles sont en nombre très-variable. Il n'y en aura parfois qu'une, deux ou trois, tandis qu'ailleurs la surface supérieure du bloc en sera recouverte, et qu'il s'en trouvera même sur les saillies accidentelles des faces latérales, comme la figure ci-jointe le fait voir. Du reste leur disposition est très-irrégulière.

Les caractères indiqués, dérivés des observations faites en Suisse, se reproduisent en Suède, d'après les renseignements fournis par le professeur Nilsson, auquel est due la figure ci-jointe d'une pierre à écuelles de son pays.

Notons encore, qu'en Suisse, du moins, les écuelles sont parfois reliées par des rigoles, et qu'on remarque, mais très-rarement, des creux de forme allongée, représentant une espèce d'empreinte du

pied humain. Les pierres en question sont plus répandues en Suisse qu'on ne

l'aurait cru; on en trouve toujours davantage, à mesure qu'on ap- prend à les chercher et à les reconnaître. Elles sont assez souvent

désignées par la tradition locale, ce qui fournil alors un bon moyen de les découvrir. Ce sera, par exemple, un bloc qui tourne sur lui-même à l'heure de midi, ou bien un bloc auprès duquel se pratique le sabbat des sorciers, en terme provincial de la Suisse romande la chéte, ou bien simplement un bloc auquel on a donné un nom propre. Me trou- vant, en août 1856, au village d'Ayer,dansleVald'Anniviers, canton du Valais, par conséquent au cœur des Alpes, j'eus l'idée de deman- der s'il n'y avait pas dans les environs quelque bloc à désignation

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particulière. On m'indiqua alors la pierre du sauvage (sur le versant de la montagne, à trois cent pieds environ au-dessus du village, c'est-à-dire à cinq mille pieds au-dessus du niveau de la mer), en me disant qu'on voyait souvent autrefois les fées auprès de ce bloc, lequel je trouvai couvert d'écuelles. - Rappelons ici la remarque du pro- fesseur Nilsson, que les nains de la tradition germanique et scandi- nave, auxquels correspondent les sauvages et les fées des pays romands, représentent la race primitive, ou du moins antérieure à celle qui possède aujourd'hui le pays.

La circonstance que des traditions et superstitions se rattachent en- core à ces pierres à écuelles fait présumer qu'elles servaient au culte des Druides, dans l'âge du fer, car toute souvenance de l'âge du bronze paraît éteinte. Mais cela n'empêche pas que leur origine ne puisse remonter plus haut, leur emploi ayant très-bien puse maintenir d'une époque à l'autre.

Puisqu'on rencontre les pierres à écuelles en Suède et en Suisse, il est probable qu'on les retrouvera dans d'autres pays de l'Europe, ainsi qu'en Asie et en Afrique. Dans les îles de l'Océan Pacifique, il y a des constructions du genre de nos dolmens. Dans la petite île de Fongatabou, groupe des îles des amis, on voit un de ces curieux mo- numents. Ce sont deux énormes dalles, dressées de champ et sup- portant un bloc allongé, de 24 pieds de longueur, posé transversa- lement, et sur le centre duquel se trouve creusé un petit bassin ou une écuelle (d'après une lettre très-précise, avec figure, de Philippe Hervey de Sydney, dans le London Illustrated, news, du 10 mars i860).

Lausanne, 22 mai 1864.

A. Morlot.

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