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LES SÉPULTURES na CHRISTOPHE COLOMB La question de savoir si le cercueil découvert en sep- tembre 1877 à Santo Domingo,, contient les véritables restes (le Chrisloplac Colomb, ou si cc n'est qu'une pieuse super- cherie destinée, à activerune canonisation devenue difficile et des quûtes dont devra bénéficier la caLhédralc domini- caine, ne cesse d'occuper l'opinion publique en Espagne et aux Antilles. Pour les Espagnols, c'est, pansU-il, coin- mettre une mauvaise action et manquer . de patriotisme, de douter que le tibia qu'on vénère à la havane soit celui de» Christophe Colomb. Cette opinion bizarre, est poussée si loin, qu'un écrivain madrilène n cru nécessaire d'informer ses lecteurs que des considérations dnnordre supé- rieur à la logique des faits lui imposaient un silence pa- triotique et le devoir de ne pas publier une certaine par- • tic de son travail (4).. Serait-ce que . ce douloureux sacrifice portait sur des arguments ou (les preuves contraires à la thèse exigée de l'autre côté des Pyrénées ?. M. l'évêque de Santo-Iiomingo, à qui l'on doit cette dé- couverte si bruyante (2), soutient son dire et continue de ré- (1) « Pero consideraciones de un Grdets superior â la iogica de los hochas y â la importancia de estas nhismos restes con cièrtos acuerdos de esta respetahle corporacion ll'Académie d'histoire] ponton â su aulor un pa- triôtico siiencio y â prescindir aqui de esta parte, a p te el teinor de a]i,nen- tar pttjazgaoiones-injnstass Los reftosde Colon, dans la Revisla Contempo- r'anea, Nadrid, numéro du 30 mars 1878, p. 188. () Colon en Quisqueya. Coteccion de docrunent os concernientes al dosait- hrimiento de les restas de Christoboi Colon en la Catedrat de Santo Do- mino, Santo Ioniingo, 1877., in-18,-OS pages. n I + Document I - IiI1I!III!I!I1tIii!Iiiij III!!! . . . - ' * 0000005578658 s

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LES SÉPULTURESna

CHRISTOPHE COLOMB

La question de savoir si le cercueil découvert en sep-tembre 1877 à Santo Domingo,, contient les véritables restes(le Chrisloplac Colomb, ou si cc n'est qu'une pieuse super-cherie destinée, à activerune canonisation devenue difficileet des quûtes dont devra bénéficier la caLhédralc domini-caine, ne cesse d'occuper l'opinion publique en Espagneet aux Antilles. Pour les Espagnols, c'est, pansU-il, coin-mettre une mauvaise action et manquer. de patriotisme, dedouter que le tibia qu'on vénère à la havane soit celui de»Christophe Colomb. Cette opinion bizarre, est poussée siloin, qu'un écrivain madrilène n cru nécessaire d'informerses lecteurs que des considérations dnnordre supé-

rieur à la logique des faits lui imposaient un silence pa-triotique et le devoir de ne pas publier une certaine par-

• tic de son travail (4).. Serait-ce que . ce douloureux sacrificeportait sur des arguments ou (les preuves contraires à lathèse exigée de l'autre côté des Pyrénées ?.

M. l'évêque de Santo-Iiomingo, à qui l'on doit cette dé-couverte si bruyante (2), soutient son dire et continue de ré-

(1) « Pero consideraciones de un Grdets superior â la iogica de los hochasy â la importancia de estas nhismos restes con cièrtos acuerdos de estarespetahle corporacion ll'Académie d'histoire] ponton â su aulor un pa-triôtico siiencio y â prescindir aqui de esta parte, a p te el teinor de a]i,nen-tar pttjazgaoiones-injnstass Los reftosde Colon, dans la Revisla Contempo-r'anea, Nadrid, numéro du 30 mars 1878, p. 188.

() Colon en Quisqueya. Coteccion de docrunent os concernientes al dosait-hrimiento de les restas de Christoboi Colon en la Catedrat de Santo Do-mino, Santo Ioniingo, 1877., in-18,-OS pages.

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GLES SÉPULTURES DE CHRISTOPHE COLOMU.

pondre vaillamment aux critiques, d'où qu'elles viennent.Mais s'il rencontre de grandes difficultés à convaincre lespatriotes et les incrédules, dont le nombre, hélas! augmentechaque jour, et pour cause, il faut aussi avouer que sesadversaires n'ont pas réussi non plus à prouver que lesrestes exhumés en 1705 fussent véritablement ceux deChristophe Colomb. De part et d'autre on n'a d'ailleurs dis-cuté qu'avec des généralités ou des hypothèses, sansremou-ter jamais aux sources, et sans qu'un fait nouveau, sansqu'une seule preuve documentaire de quelque valeur aitété produite pour ou contre cette théorie.

Puisque legoùveruemcntespagnol attachait une si grandeimportance à la question qu'à la première nouvelle desordres stères furent donnés pour qu'on ne communiquÛtrien des aehives nationales, nous pensions qu'il tireraitlui-même des dépôts de Séville et de Madrid les piècesprobahtes, ou tout au moins quelque document inédit dontles critiques pourraient tous profiter. C'était, et c'est encôre,notre seule raison pour intervenir (1) dans ce mince débat.Il se peut que le rapport demandé à l'Académie d'his-toire par le gouvernement nous ménage une agréable sur-pêise; mais en attendant, il faut avouer qu'à cet égard lelivre de M - Prieto (92), qui est une publication quasiofficielle, ne répond pas tout à fait aux besoinsde la Qu se.

C'est un mémoire codposé de deux parties, dont la pre-mière est une simple réimpression de L'article que l'auteurn publié dans la Revista (le Cuba en octobre 1877. Nous n'yavons remarqué que la mention d'une Relacion de cosas du

1a Espailola, qui aurait été rédig6e en 1549 par l'arche-

(1) Los restos dc don Cristoval Coton. DisqnisIcon. SeviIla,FrzrriciscoAlvarez y C'a. 1878 petit in-4', X et 90 pages.

() Informe que sobre les restos de Colon presenla ut Ezeino Si. Gober-Nador General b. Joaquin Jovejtar y Sole,, ,tesjrnies île sa i,ierje i Sautaboininqr, Don Antordo Ldémez I'rieto. !iopreso j'or orden de! Gohierno Gangr,,!. IIaIj:ina, ISIS, in-°, O9 pages, Ni rI'rpIctrdiec et 10 planches.

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LES SÉPULTURES liE C!IIIISTOPIIE COLOMI1. 7

vêque Alonso de Fuenmayor, et où il est dit que les restesde Colomb furent reçus à Santo-I)omingo par son petit-fils(Ion Luis et déposés dans la eapilla inayor de la cathédralcNous avons deux cédules de Charles-Quint (1) démontrantqiiece n'est qu'après plusieurs années de délais et une assezvive opposition de la part du chapitre, que la famillé de l'A-miral réussit h faire inhumer les restes (le CC grand hommedans l'église métropolitaine, au plus tût en 1541. Laréception et •l'inhtimation ne furent donc pas simulta-nées, comme le langage du vénérable archevêque semblelè faire croire.

La seconde partie du mémoire de M. Prieto est une enquêtefaite à Santo-Domingo, sur lavis de M. Jovellar, gouverneurgénéral de Cuba. L'auteur y reproduit des assertions cm-pruntées pour la plupartft un livresans valeur et qui sont très-hasardées. Ainsi, il n ' y a aucune preuve que Colomb ait étéinhumé dans les caveaux du monastère des fransciscains del'Observance de Valladolid après des obsèques solennelles,et que son cercueil y soit resté déposé jusqu'en 1513. Tout cequ'on en sait, c'est qu'il est mort dans cette ville après le10 mai 1506, probablement le jour de l'Ascension. Le resteest une pure hypothèse qui ne remonte guère avant l'année1824, quand Navarrete préparait l'introduction à sa Gobe-don. L'Amiral tenait les franciscains en grande estime, etllernaldez et Las Casas disent qu'eu 1406 il portait un té-toment qui par la coupe et la couleur se rapprochait (le larobe de hure de cet ordre. Le curé de los Palacios ajoutemême l'avoir vu ceint du ebrdon de Saint-François. On estparti de cette donnée pour broder des légendes qui in-spirent des ouvrages aussi déclamatoires que dépourvus ticcritique, mais où bon nombred'écrivains espagnols etita-lieus vont- maintenant puiser leurs informations touchantColomb et la découverte du Nouveau Monde.

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(I) Cédules des ! août 15U et 5 novembre 151fr; /oc, cil., p'. I) ut U.

il

8!.ES SÉPULTURES DE CHRISTOPHE COLOMD.

La date de 1513, énoncée comme étant celle de la trans-lation des restes de l'Amiral à Las Cuevas, ne repose sur riend'authentique. C'est une interpolation due aux copistes quifournirent à Navarrete un résumé des premières annalesde la Chartreuse des Grottes (1). D'ailleurs nous avons lepropre témoignage defliégoColomb. Dansson premiertesta-ment, Diego déclare que c'est lui-même qui, en l'année 1500,ordonna que les cendres de son père fussent déposées aumonastère de las Cuevas; et à cet effet il constitua auxpères chartreux une pension annuelle de dix mille mara-védis (2). Les honneurs funèbres rendus aux cendres doColomb dans la cathédrale de Séville sont une inventionI'Alfonso Ulloa (3), qui dit même que l'Amiral y fut en-terré, bien qu'il soit avéré que c'est ait deLas Cuevas, situé de l'autre côté .du Guadalquivir, que L'onensevelit les restes du grand navigateur. M. Prieto répèteégalement que dans la chapelle dccc célèbre couvent, oùse trouvait soit on lisait une épitaphe composéepar le prieur Diego Luxan et que Juan de Castellanos luiaurait empruntée. Il n'y a pas le moindre indice que leP. Diego Luxan aitjainais composé une épitaphe quelconque,et encore moins que celle (lui fut probablement gravéesut' la tombe de l'Amiral dans la chapelle du Saint-Christ,

- (I) Comparez le texte original nu Protocole, de et fllonaslerio de las Cve-l'as, p. 44 (le notre flisquisicion précitée, avec l'extrait inséré dans l'intro-duction de la Coleocion de Navarrete, L. I, p. 148.

() a ilarrda once tientmonde, que basta que yo S mis albaceas ô here-deros terigarrios disposieionr Y l'aernttad pari tu que perteneco â la seirul-tara perpetuL del A!irriraulc mi semou' 1radre quo oins lraya, que de lan! iclia liunosmia dol diczrno scan dadas é los ladres del rnnnasterio de lasCuevas de Sevilla, â dondi yo ,riandd depo.ni(ar et nlieho ctieipo et cRû deqir inientos flrseve. dies irti I triera s'en! is en cade Un a ijo, ni terriras que e!! iesiraviese depositado. » Testament e" date rIe Séville le 10 mars 1509;tris. qui se trouve dans tes archives de M. le dure de \'eraguas.

(3) ri! son corpofil poi condotto a Sinnigl ta, et r]tnu i nella Ch tasa niaggi riredi qrietla Ci[Iâ (u nepoltà 00Fr frrne!,re pompa. ru llis1orie, Venue, 1571,L 217. Cf. Brille lin de la Socidiéde Géogr'a;ilrte, r,ovenn,bro 1871, p. 495.

LES SÉPULTURES 0E CHRISTOPHE COLOMEI, Oet, nous diton•, ensuite importée à Santo-Domingo,justement l'inscription commençant par ces vers:

hic locus abscondit praiclari membra Columbi,Cujus sacristain nonien ad astra volai.

Cette inscription est l'oeuvre personnelle de Castellanos,et elle n'est pas Plus authentique que les autres épila-plies latines qui terminent la plupart de ses élégies.M. Prieto prétend qu'elle se trouve dans des manuscrits(lu XVI' siècle, mais il ne les cite pas, et il oublie de nous diresi ces documents sont antérieurs au il juin 4588, date duprivilège des .Eegias. L'épitaphe est insérée dans le die-lionnaire de Coletti; mais cet ouvrage n'a été publié qu'en1771, et le savant jésuite ne dit nulle part avoir jamais lucette inscription à Santo-Domingo ou ailleurs sur un me-miment funéraire quelconque. Venir déclarer qu'il l'y avue parce qu'au lieu de donner : « Cujus sacratum nomenad astra votai», il introduit ],a z « Cujus praiclaruninoraon S astra volai n, c'est se contenter de peu. L'épi-taphe se trouve également dans le dictionnaird d'Alcedo;mais Mcedo n'est qu'un audacieux plagiaire (le Coletti,dontH répète servilement jusiju'aux expressions(1).Alcedon'ajoute donc rien à l'autorité, déjà si contestable à cetégard, de Coletti. Ensuite, soit n'a été impriméqu'en 1786, et nous savonspar Moreau de Saint-Méry, quivisita la cathédrale en 1780, (lue bien avant cette époqueil n'y avait plus trace ni souvenance dc monument funé-raire ou. d'inscription. D'ailleurs M. Pricto aurait pu facile-meit se convaincre que les épitaphes des élégies de Castel-•lanos sont l'uvre de ce poilte et qu'elles ne furent jamaisgravées sur la tombe de ses héros. Dans une des chapellesde la cathédrale de Santo-Domingo on voit encore les épi-

(I) Là où le géographe italien écrit :Egii fis poste questo Jfpilafio,belli) per es,sere opera di quel tempi » le lexicographe espagnol ditSe tepuso este epitafio, excellente ,,ara quelles (tempos.

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10LES SÉPUI.TUIiES DE CIIRIST0PITE COLOMB%

taphes détaillées de liodriRo de Bastidas, de sa femme cL(l'un de ses fils. M. Prieto lui-même les publie dans ii nappendice qui n'estpas la partie la moins intéressante deson travail. Pourquoi alors omet-il l'épitaphe

fi le tumulus condit Bastidw soucia raemhraQII,T fixie gladic nuper acerba manas

• 1jse quia dives viutute cl rolèorc presiansflux Sauctœ Marùv priniunz in orbe fuit?

Cependant Castellanos, à la lin de sa belle élégie suritodrigo de Bastidas (t), nons donne ces vers en les faisantprécéder de l'attestation ordinaire -

Y enciina de la tout par ci puestaDejaron una (cira, que fué esta

La raison cii est que celte épitaphe ne se trouve pas plussur la pierre tumulaire de Bastidas que ne se trouvaientsur les tombes de ces aventuriers qui dans les savanes duVénézuela furent tués ou, comme Pedro de Ursua,mandés par les indiens, les épitaphes que Castellanos leura'oetroyécs dans ses effusions poétiques. Enfin il n'est pasnon plus exact que les restes de Christophe Colomb aient ététransférés à Santo-Domingo au printemps de l'année 1536epuisque l'autorisation de procéder à celte translation nefut accordée à Maria de Tolède que le 2 juin 1537, et queCharle-Quint dit dans sa cédule qu'à cette date ces restesétaient encore à Séville au monastère de Santa Maria de LasCuevas e donde al presenic esta (2)

(1) EleqIas de.Varones ilustresde muas, l'art. II, p. 260 du t. IV de lacollection (l'Àribau. Madrid, 1817, in-80 . I

(2) RanI carIa dada en Valladolid â dos del mes de /nitio de! aiïo 1537,dans notre Dis quisieion, p. 42.

LES SÉPULTURES DE CIInISTOPIIE COLOMU. 11

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M. Pricto se flatte d'établir l'histoire de la sépulture del'immortel navigateur « jusqu'au moment de sa translationà la Havane C'est justement la question, à résoudre, etnous ne croyons pas que, malgré ses efforts méritoires, ily ait réussi. Comme premier argument, l'auteur invoquel'antique jurisprudence espagnole, qui, d'après •Solorzano,déclarait toute capilla mayor lieu de sépulture réservé ex-clusivement aux membres de la famille royale.; et commeCharles-Quini, s'est départi de ce privilége en faveur deColomb (et de ses descendants), on semble vouloir en con-clure que l'Amiral seul eut cet honneur à Santo-IDomingo.Mais il ne faut pas oublier que Alexandre Geraldini y futégalement enterré; que, d'après la cédule royale du 5 no-vembre 1540, le chapitre se réserva expressément le droitd'y ensevelir ses évêqûes; que, plus tard, lorsque lite appartenait encore à l'Espagne, on y inhuma Jsidoro Peralta.La règle n'était donc pas absolue, et les citations deSolorzano ne prouvent pas queles ossements exhumés en4706 appartinssent à Christophe Colomb plutôt qu'à un deses fils ou petits-fils, voire même qu'à « algun difunto o,pour nous servir des termes prudents et singuliers du procèsverbal d'exhumation.

L'auteur relève avec soin les allusions qu'il a pu trouverconcernant la sépulture de l'Amiral à Santo-Dorningo.Qu'elles émanent de Fueumayor de Las Casas (1559),de Montemayor (1655) ou d'Esealaute (1676), ces brèves.allusions disent seulement que Colomb était enterré dansle choeur de la cathédrale: ce dont personne n'a jamaisdouté. Ce qu'il fallait démontrer, c'était l'emplacementprécis de cette sépulture dans ledit choeur et les change-ments qu'elle avait pu et dÙ subir; c'était en donner la des-cription exacte, authentique, et fixer lés points de repère

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12LES SÉPULTURE DE CuflisToPilIt COLOMII.

qui pouvaient avoir permis à Aristizabal de procéder à l'ex-humation de 4705 sans crainte de méprise.

Mais cette identification était-clic possible? avons-nousdes données plausibles;. voire de simples indices? A cetégard, il n'y il rien. Pour trouver au moins une dé-signation de l'emplacement originairement octroyé aux hé-ritiers de l'Amiral, nous comptions sur le texte des testa-ments de Diego et de Luis Colomb, et plus encore sur ladescription qui devait nécessairement accompagner le res-crit de Charles-Quint. lei encore, tout est vague.

Dans l'acte de .1498 instituant un majorat, Colomb or-donne qu'on construise à Haïti une église qui s'appelleraSanta Maria de la Conception, dans laquelle il y aura unechapelle où se diront des messes pour le salut de son âme.Le testament du 10 mai 4506, signé la veille do sa mort,confirme cette disposition; mais ni dans ce document, nidans aucun dont nous ayons connaissance, il n'est questiondu lieu où l'Amiral voulait être enterré. Quant à choisirSanto Domingo pour lieu de sa sépulture dernière, quoi quesa bru en ait pu dire, ce n'était guère possible. Capitaled'une vice-royauté dont on l'avait spolié, cette ville, an mo-ment de la mort de Christophe Colomb, était gouvernée parNicolas de Ovando, sou ennemi juré. D'autre part, la ca-Ihédrale ne fut commencée qu'en 1512; et, en 4506, il n'yavait que la chapelle du monastère. de Saint-François,ronslruite en 4503, où il eût pu être enterré suivant la hou-trime du temps, qui, pour des personnages de distinction,n'admettait comme sépulture que les caveaux consacrésdes églises. Mais, cette chapelle ayant été fondée par Ovandoet sous sdn patronage, il est probablque cet homme férocese serait opposé à ce que les restes mortels de ChristopheCulomi, y fussent déposés.

L'idée de transférer les cendres de l'Amiral à Santo-Do-min go ippartienL entièrement à son fils Diego. Sa premièreintention avait été de faire construire clans la chapelle de la

LES SÉAJLTURES . DE CIIRISTOPHE COLOMIli13

Anti qua de la cathédrale de Séville, en face de la sépulturedu cardinal .Mendoza, un tombeau dans lequel ChristopheColomb et lui-même seraient ensevelis (1); PJ'fs tard ilchangea d'idée, et dans son second testament, du 8sep-tembre 4523; Diégo, alors qu'il jouissait de la vice-royautédes Indes et croyait avoir établi à Hispaniola sa résidencedéfinitive et celte de sa race, exprima la volonté qu'on con-struisit -à Santo-Domingo un monastère de religieuses de

Sainte-Claire, et qu'on y établit la sépulture de son père,de sa mère Felipa 'Muiliz, de son oncle Barthélemy, lasienne propre et celle de ses descendants (2). Cc couvent

(1) • E par e,ianto basta ahora ya no tengo asignado higar cierto parala perpétua sepultura del cuerpo del Almiranté mi seilor padre,' santagloria hay,, ni del mie, digo que mi volunlad seria y es, que se hicieseana sepultu 'ra muy honrada en la edpiilla de la Antigua de la iglesiamajor de Sbvilla, eneinla del-postigo'que es frondera` A la sepultnra del

.cardons - Mendoza y mande, que -mis . albaceas escojan la Iglosia y lugarque mas eompeteute fuere para nuestra honra yestado y salud, que [liiise fabrique y baga la dicha sopultura perpetim, déndola porpetua rama V

dotacion pai'a'ûlla. ii Testament de inno précité.(2) s ï es su voluntad edifie'ar en ,Santo Donungo un monasterio de mon.

jas de Santa Clam, en cl cual y en la Capilla ilayor de su Iglesia esté clenterramiento del Almirante y sùyo, y que se traiga â dieha Capflia al ciicîpodol Âlinimante su parité que estâ depositado en cl Monasterio de los Cuevasde Sevilta. Yquo se lleven ta nubien A la dieha septilbdra de la iglesiadeSauta Clara, cl ciierpo de D Felipa aluni,, mujer de! primer Almiranto,que esâ en Lisboa -n cl Nonasterio del Carméa en ana Cfpillf de su fi-finie que se nombra (le la 'Piedad. Que se traiga ait voisina cl cûetpodelAdelantado, D. Bartolomé colon, que eslâ depositado en ci Monasterio de Sa"Francisco de la eiu,lad de Santo Domingo.... et cual llonasterio, lgtcsia y

Capilia Mayor leseilala per enterramiento dc'su padre é suyo é de sus Su-cesares y descendientes. » Résumé du testament dé Diégo colomh, e1éeutéà Santo-Domingo le 8 septembre 1523, dans l'informe de ai. Prieto, p. 5.De celte pièce importante, dont nous avons déjà publié des extraits(Fernand Colomb, p . 3-4), il ressort qu'en 1523 les restes de Barthélemyii'étaieut plus À las Cuevas, si tant est qt'ils y furent jamais, comme-le ditle Protocole; et que c'est dans le couvent de saint FranQois à Santo Do-adage qu'ils fuient inhumés et où ils se trouvent probablement encore,ans avoir été transférés à la cathédrale. Quant à ceux de la seule femme

légitime de Christoplic Coldmab, il est intéressant d'apprendre que cc n'estpas à Porto Santo, mais dans la chapelle des Perestrelli, ou de ta Piété.

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14LES SÉPULTURES DE CHRISTOPHE COLOMB.

fut construit, on eu voit même encore les ruines. et lescaveaux,majs Christophe Colomb ne parait y avoir étéenterré àaucun époque.

Malgré ce testament; fait si peu de temps avant la mortde Diego, dix ans au moinss'écoulèrent sans qu'on fit unetentative pour exécuter ses volontés, et ce fut avec d'impor-tantes modifications. Vers l'année 1537, la veuve de Diego,UJona Maria de Tolède, adressa une supplique à Charles-Quint afin d'obtenir l'autorisation d'exhumer les restes deChristophe Colomb (lui 50 trouvaient encore à Las Cuevaset de les transporter à Hispaniola, attendu, disait-elle,que c'était la dernière volonté de l'Amiral. Bien que sonmari, en une solennelle occurrence, trente ans auparavant,- •eût laissé supposer précisément le contraire, Charles-Quintpar sa cédule du 2juin t537, y consentit et octroya, à Luis' 'T.

Colomb et à ses descendants, la capilla mayor de la cathé-drale de Santo-Domingo, avec la faculté d'y construire detombeaux et d'y placer les armoiries de la famille. L'empe-reur se réserva néanmoins la partie haute du choeur pour-qu'on y mît les armes de Castille et Léon (1).

Nous ne pouvons dire pourquoi l'on préféra la cathédrale -à la chapelle du monastère de Sainte-Claire, malgré la vo-lonté expresse de Diego Colomb; à moins de supposer que,

au monastère del Carmen, ù Lisbonne, qu'ils forent enterrés. Nous avonsinstituô (les recherches dans cette ville, où l'édifice de ce monastère sub-iste encore on partie. Nous tiendrons les lecteurs du Bulletin au courant

des renseignements qu'on voudra bien nous faire parvenir.( l ) « ilaceilsos inereed al dieho Almirante D. Luis Colon de la dicha

pilla MayorMayor de la dicha Iglesia Catedral do la dicha eiudad de Santo Domnin-go de la dieha Isla Espaflola, y le damos licencia y faeultad para que poSasepullar las diehos huesos del dicho Almirante Don Cristôbal colon suabueloy se puedan sepultar los diehos sus padres y herinanos y herSeras y 5117

ecaores en su casa y mayorargo, agora y en Ioda ticmpo para siempre In-mas y para que puecla liacer y liaga un ella él y los dichos sus herederos ysilcesores Indes y cualesquier vultos que quisieren y por bien tuviereo yPenon y pongan en elles y en cada uno de elles sus armas con tante queno las-puedan poner ni pongan en Io alto do la dicha Capilla donde quere-'nos y mandamos que se poiigan nuestras armas restes. o

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LES SÉPULTURES DE GIIRISTOPIIE COLGMB..15

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onze ans après sa mort, ce couvent de religieuses du secondordre de Saint-François n'était pas encore construit..

111

La. cédule de Charles-Quint ne semble pas avoir été bienaccueillie à Santo-Do min go. Le.dhapitre de la cathédrale em-ploya des moyens dilatoires pour éviter d'y obéir, alléguantque la capilla mayorétait trop petite et qu'il fallait attendre

(lue don Luis l'eût reconstruite et dotée, comme il s'étaitengagé à le faire. Ce descendant dégénéré d'un grand

homme (4), et qui préludait à nier ses promesses (2), ré-pondit qu'il n'avait jamais rien promis de semblable, et,faisait appel à l'empereur, il obtint la publication d'une

nouvelle cédule royale. Ala date du 22 août 1539, on or-

,donna donc au chapitre de livrer possession de la capilla

(t) Bulletin de la Société de Géographie; octobre 1874, p. 403, etPernand Colomb, Paris, 1872, in-8', p. 35.

(2) « I invoque destitues per et aho 1552 ci Almirante don Luis Colon pri-mer Duque de Veraguas y moto de D. cliristovat, pretendiô con instan-cias la Capilli [de el Santo Christo, en e) monasterio do las Cuevas] para suen lierre, y de sus doscendien tes , ofreeiendo (Dii ducados que auia cosPainsu fabrica, y 27 ducados para su ornato y reparos, Ilegando atan buenostermines su prebencion, que ya se allia slcado licencia de el Rev. P. Ce-neral per parte dol Monasterlo, dodo en dicho aflo de 1552; se frustré ettraboule, quedando la casa en posesion y directe dominlo de su Capilla. »Protocole de et Monasterlo de las Cuevas, dans notre Dlsquisicion, p. 45.Ainsi, ce mauvais sujet, à la veille de passer en jugement et d'être con-damné pour polygamie, proposa au monastère des Grottes d'y établis' sasépultureet celle de ses descendants, malgré les intentions formelles de soupère, qui, trente ans auparavant, avait décidé que ce serait à Santo-Domin-go; mais, là encore, don Luis semble avoir manqué h sa promesse. Il futnéanmoins enseveli dans cette chapelle du saint Christ ou de sainte Aune,au monastère des Crottes, après le 29 janvier 1572. Voyez l'Expedienteprame vidopar Pedro Navarro corne testarnentario en Von Luis Coton., tntdes archives des Indes k Séville (E. I, C. I. L. 7, 14. R. 24) ii paraitrait,d'après M. l'évêque Coechia, que ses restes forent plus tard égalementtransférés k Santo-Domingo et inhumés dans te choeur de ta cathédrale,.du côté de la tribune de l'épître.

16LES SÊPULTURES. DE CHIUSTOPRE COLOMI3.

mayorà l'héritier des Colomb. Malgré un ordre aussi formel, la volonté du puissant monarque fut encore méconnue,et le 5 novembre 1540, il dut lancer une dernière cédulecommandant aux chanoines récalcitrants de se soumettresans tarder.

C'est dans ce rescrit que nous espérions trouver, une de-scription précise de l'emplacement octroyé. Malheureuse-ment, l'empereur ne 'fait qu'y rappeler la cédule de 1537, etcelle-ci ne donne que de bien vagues renseignements. Cepen-dant, en reproduisant les termes des objections présentéespar le chapitre, la cédule de 1540 nous permet d'établir ceque le clergé de la cathédrale était disposé à accorder. C'estun point de repère qui n'est pasà négliger : « La partiebasse du choeur, à droite et à gauche, pour y placer desdeux côtés, dans l'épaisseur dumur, les effigies (v&tos);également la même partie basse du choeur, sans pourtantatteindre les dalles (pavimiento) du maître-autel, afin quesans dépasser de niveau,l'amiral (don Luis) puisse con-struire des caveaux pour ses inhumations (1). »

D'autre part, Chalès-Quint s'était réservé la partie hautedu choeur pour placer ses armes. L'autorisation ne portaitdonc que sur la partie de la capilla . rnayor du choeur . cpm-.prise entre la nef et les marches qui conduisaient au sanc-tuafte; mais il reste toujours à déterminer 'à quelle hauteurde cette partie basse du choeur don Luis construisit le tom-beau de son illustre aïeul. Sur ce point important la pénuriede détails est, plus grande encore.

Nous devons cependant admettre que les restes moptels.d'un homme aussi célèbre ne furent pas ensevelis sans

('I) e Y as[ le seflatâbades en Io bajo della [Capilla Ma3'orj â la raisons-no y A la otra para que eu â,nbôs lados pudiera e) diel,o Atinirante [donL.lIi,l hacer 5115 vultos eu cl grueso de la pared é que asi 'mismo le sefialâ-bades et luesmo cueipo de le bain de la dieha capiila Mayor sin ]legar alpavirnicisto Oct Aller Mayor para que dl snismo 'paso de Io dli» pudiore hacervéheda para suà enterrai,ucntds. » iteai Céduta dada en Madrid ô 5 rU%ÇT»pjgjjde 1540. Voyez l'informe de bI.' l'rieto, P.

LES SÉPULTURES. DE CIIRISTOI'iIE COLONIe.17

•qu'ûn%main pieuse ait élevé une pierre tumulaire, gravédes inscriptions ou sculpté à côté un bas-relief oti unécusson. D'ailleurs la cédule précitée indique (les niches àcreuser dans le mur pour y placer des statues, un buste,une effigie funéraire quelconque; car le vieux mot vulto si-gnifie tout cela et bien d'autres choses encore. La restric-tion de ne pas atteindre le niveau du maître-autel, indiqueaussi l'intention de construire de véritables tombeaux dontla hauteur no devait pas être telle que les fidèles fussentempêchés de voir le prêtre à l'autel, mais qui cependantauraient eu une certaine élévation au-dessus du sol de l'é-glise. Malheureusement, de ces indices extérieurs, non-seu-lement il n'en existe plus un seul, et nul ne se rappelle àaucune époque déterminée en avoir jamais vu ou entenduparler, mais tout porte à croire qu'ils commencèrent à (lis-paraître dès In fin du xvie siècle.

M. Prieto cite, de1564 à 1791, onze tremblements de terredont quelques-uns fuirent si désastreux, notamment celuidu 10 mai 1673, que « presque toutes les maisons de lavillè et l'églisd métropolitaine s'écroulèrent (1) n. Eflècti-'ement, nous voyons le vénérable archevêque Escalrnte Sc

plaindre plus tard que malgré ses efforts il n'avait pu u effa-cer les traces de la grande catastrophe, ayant sei1ementélevéla tour, construit l'abside dela capilla mayor, le choeuret le grand autel, en laissaùt dans un état pitoyable lechapelles et les sépultures () o, Voici donc un chœur - quidaterait tout au»lus de la- fin du xvir siècle et dont la re-'construction ne se serait pas étendue jusqu'aux tombeaux.A ces causes de ruine il faut, ajouter les déprédations cern-

(I) a Arri,i,,6 casi todas las caas de la ciudad y la tglesia metropolila-na- » supplique adressée au conseil des Iodes par larclievûquc Juan dcEsea jaùtc Turcios y Mondera; ins. cité par M. I'rieto, p. ai.

() « Lev;tntado la terre, cornlriiesto cl absida (je la Capilla niayor y o)y Lerio é altar ,navo r, que da u do en 1TULi laStitlterO estad t) las t;' I il las

y scpolturas. » Loc oit., p. 40.

18LES SÉPULTURES DE CHRISTOPHE COLONS.

mises par Francis Dnike lorsqu'il s'empara de la ville e».1580 (1), et les travaux de défense et de précaution lors-qu'elle fut de nouveau assiégée par la flotte de Penn en1655. Dans les termes mêmes de l'archevêque Francisco Piee( de la relation officielle de Montemayor, u les sépulturesfurent soustraites à la vue pour que les hérétiques nepussent les souiller et les profaner, et l'on agit surtout ainsi(&hincadamcnte) à l'égard de la sépulture de l'ancien ami-ral (2) . Ce qui ressort de cette dernière phrase, c'estqu'en 4655 onfit disparaître ce qui pouvait rester des signesvisibles 'de la tombe de Christophe Colomb, et rien depuisn'indique qu'ils aient jamais été rétablis. Du reste, les dé-molitionselles changements continuèrent. D'après M.Prietoon poussa la déjastatièn jusqu'à démolir entièrement lech'durde la cathédrale, oeuvre d'archieeture remarquable;et les pierres sculptées qui ne servirent pas à construiredes maisons particulières sent encore dispersées dans tousles coins du cimetière de l'église(3). Le langage de Fauteur

« Les soldats de- Drak eonaniencèrent à raser la ville; ils en avaient-déja abhttu une bonne partie, lorsque les Espagnols. accoururent et ra-chetèrent le reste. » Charlevoix, iIisl de S. Domingue, liv. VI, t. I, P.de l'éditA in--l-'. C'est par implication qu'on accuse les Anglais, qui, envéritables hérétiques, commençaient alors leurs déprédations pav les égliseset les monastères catholiques, de s'être attaqués à ta cathédrale. Dans l'Ea-pedilio Franc)sci Dralci, Leyde, 1588, in-4"., il n'est pas fait mention ilal'église métropolitaine de Santo-flomingo. Nais dans la relation publiéepar M. louis Lacour d'après le nis de la Bibliothèque nationale de Paris,on voit que les matelots de Drake n'eurent pour ce -lieu consacré qu'unrespect relatif, puisqd'ils y avaient établi un bûcher où l'on brûlaitvifs les moisies qui leur tombaient sous la mainLa ville fut a demybrnslée, deux religieux pendus, et deux antres briislés dedans l'esglise. s'

(2) s Que las sepotturas se cnbriesen para que no ba gou en chas desa-cato, é lu'ofanaci o I les ereges ; é ahineadarnente Le ssiphico con la sepoltnradcl Âlmiranle vicie que estft cool evangelio de mi sarcla iglesia étapilla."G! oriosa heaûa de las armes, espaûolas contra les !ngleses imbiados po; etGeneral Gui!lernso Pesa para apoderarse de la eitcdad é isla de Santo Do-mingo; ms. cité par M. Prielo, p. M. C'est une relation adressée au roipar le licencié Francisco Nontemayor de Cuenca.

(3) » l'uede corisiderarse coma una profanacion artistica, que no otro

LES SÉPULTURES DE Cl]l%ISTOPIIE COLOMU.19

tend à•laisscr supposer que cette démolition aurait été ac-complie dc nos jours; mais nous savons par les attestationsde Nufiez Caccres et de Galvez, dont nous parlerons tout àl'heure, qu'au siècle dernier, avant l'arrivée d'Aristizabal,le sanctuaire de la cathédrale fut de nouveau abattu. Ce neserait donc plus le choeur primitif ou môme un choeur da-tant du grand tremblement de terre, que les autorités es-pagnoles auraient exploré lors de l'excavation de 4705, maisun choeur construit en 4783 seulement.

En ce qui concerne les preuves documentaires, il y a a14

moins deux siècles que les termites, l'incurie et les incen-dies qui ordinairement sont la suite immédiate des tremble-ments de terre, sanspai'ler du sac de la ville par les Anglaisen 4586, ont détruit à Santo-Domingo et aux Antilles lescartulaires, les pouillés, les registres et autres documentsqui eussent pu guider la critique dans ses recherches (4).Les aichives deM. le due de Veraguas àMadrid, bien qu'ellesaient nécessairement pourpoint de départ les papiers defamille qui furent remis à son ancêtre don Nuûo Colomb dePortugal le 45 mai 4609 par le prieur de la Chartreuse desGrottes, ne contiennent rien sur ce sujet. Entih, les archivesmêmes de cc monastère, aujourd'hui reléguées dans uncoin oublié de Séville, viennent d'être examinées sur notredemande par un de nos amis, qui nous écrit n'avoir pu

nosnbrâ merece la destruccion complota dot liermoso coro antiguo, dot coolIOS fragmicntos esculturaies, de piedra, han sida arrojados con dcsprecio encl Cementerio de la igtesia. s Informe, page 28. -

(1) « Depuis 1783, l'an a encoro cherché dans les dépôts de la PartieEspagnole quelques traces des laits relatifs à Christophe Colomb, maistoujours infructueusement; je suis mémo très-redevable, à cet égard, auzèle complaisant de M. le chevalier de BoulMe, alors commandant ].a

la Belette, qui, clans un voyage ii Santo-Domingo fait en 1787, voulutbien, et pour concourir à mon ouvrage et pour satisfaire une curiosité qu'ilpartageait, fouiller dans les archives do chapitre, que le doyen et l'arthi-viste lui montrèrent avec beaucoup d'affabilité. More;cu de Saint-MérvDescHptian topograplrjiie et politique de ta Partie Espagnole (je liste Saint-Domingue. Pliiladehpliie, 179G, j n-R°, t. I, p . 129.

20IEs .SlrULTUnES:DE CIII1ISTOPITE COLOMU.

I rouvr djns ces liasses un seul mot se rapportant à Colombou à sa famille (1). Si nos souvenirs ' sont exacts, nous crai-gnons que la Colombine elles archives des Indes à Sévillene soient pas plus riches en documents de ce genre. C'estce qu'au reste nous saurons un de ees .jours par le rapportqu'on attend (le l'Académie d'histoire avec autant de cu-riosité .qie d'impatience (2).

S'il n'y a aucun indiceni dans les documents, ni dans lesmonuments, et si toute trace a disparu depuis au moinsleux cents ans, on est en peine de découvrir les données surlesquelles Aristizahaa procédé à cette exhumation dont onexige que nous acceptions l'étiquette comme parole d'Évan-gile. Le critique est aussi fondé à se demander sur quoi lesécrivains espagnols s'appuient pour venir déclarer avectant d'assurance que l'amiral espagnol n'a pu se tromper,que sa main infaillible a porté droit sur le lieu précis etque, en conséquence, le tibia pieusement recueilli par luiest indubitablement celui de . Christophe Colomb, premieramiral des Indes! Ce n'est certes pas son procbs-verbal quirous fournira les renseignements nécessaires. Non-seule-ment ce document, ou du moins l'analyse qu'en (tonne Na-varrete, ne parle ni d'enquête, ni d'identification, voire detradition, mais loin d'étiqueter dans le-sens patriotique lesesquilles et le tibia exhumés, loin de les attribuer à Colomb,il dit prudemment que c'étaient les restes d'un mort quel-conque: ((paries de algun difunto u.

(I) lç lie exaniinado prolijarnente las legajos nias antiguos de las pa-pales do la Cartuija, todus las que conticrien pa;ielts diversos; NADA, lupar easual j dad lie vislo sk1 iuera cl appellido Colon! Muchas titul;iciones (lefiestas, muchas cousus, cia nâda que pimodo servi' para la historia de-Co-lon, ni para ninguna aira. » Lettre (le Séville du 1G nui 1878.

(2; D'après N. Jacol)o (le la Pezuela en et Archiva de Indics de Sevil-b y su depen'Ieneia cl Àrrl,ivo Colonabiano, existe toda la ddcumentacionque se refi ci.c à las difereutcs Lrasluirnaeiuncs 'le Colon. » Espérons queI' Aead bu, e d'histoire[(lire publiera ces documents, si réelleynenl ils exislecil

LES SÉPULTURES DE CHRISTOPHE coionr,:21:

M

Iv

On invoque alors la tradition. Nous ne nions pas qu'elle,puisse' fournir des renseignements utiles, mais il est élé-mentaire que c'est à la condition d'être contrôlée par lacritique. Aussi, lorsqupde patriotiques écrivains allèguentaujourd'hui, et pour la première fois, 'que le souvenir dulieu précis de la sépulture de Christophe Colomb-s'est trans-mis de génération en génération à Santo-Domingo, pendantdes siècles, malgré les démolitions, les siéges, les sacs, lesémigrations (1), les épidémies (2), les révolutions et lestremblements de terre, au milieu d'une population insou;ciante, abâtardie et de sang multicolore, le critique est fondéu croire que ce qu'ils appellent une tradition n'est en réalitéqu'une bypot/ièe forgée après coup pour les besoins de ladanse. Aussi exige-t-ilqu'on lui démontre d'abord l'existencede cette tradition, et ensuite qu'on lui en précise les termes,lit et l'origine.

La tradition qui, d'une manière générale, place la sépulturede Colomb dans le choeur de la cathédrale, est constante;mais pour lui attribuer en sa vague généralité un caractèreprobant, il faudrait établir que dans l'espace compris, entrela balustrade et le maître-autel, du côté de l'évangile;il n'y a eu qu'un seul caveau, , et toujours le même, maltgré les nombreux remaniements que comportent des cala-

(1) « En vain une ordonnance du conseil des Indes, du If, décembre1526, prohiba les émigrations; comme elle exceptait les cas de conquMe etdo nouvel établissement, à la charge de remplacer les colons qu'un prou -(Irait, les levées continuèrent et le remplacement n'eut jansais lieu. o ?lo-reau (le Saint-Méry, loc. cil., t. I, P. 130.

(2) Enfin les épidémies de la petite !érole, du saramrion, espèce derougeur très'dangercuse, et de la dysenterie, notamment en tOUC, appoIé.

la cruelle année des 6 o, achevèrent la dépopulation et réduisirent la calernie à n'être plus qu'une espèce da désert au commencement du siècle ac-tuel (1700). ibidem, p. f10.

LES SÉPULTURES DE CI1IIISTOI'IIE COLOMD.

strophes si diverses. Il faudrait également démontrer queledit caveau a toujours conservé son précieux dépôt. Depareilles preuves sontde nos jours impossibles à recueillir,tout le monde l'admet. Cependant il doit exister des indicesd'un caractère assez plausible pour permettre au critiqued'arriver par le raisoûnement k définir les éléments de cettetradition qu'on invoque sans jamais la préciser.

Malgré nos recherches, nous n'avons pu trouver quecuatre auteurs qui ne se soient pas contentés de dire d'unefaçon gnétaIe que Christophe Colomb était enterré dansla capilla' mayor; mais coque trois (l'entre eux ajoutent esttrès-succinct et très-vague.

L'archevêque don Francisco Pio dit que la sépulture étaitcuti cvangelio »; et son successeur don Juan de Escalante

Turcios y Mendoza, u a la diestra de ci alun' eu la CopulaMayor». Aujourd'hui cet emplacement couvre une longueurde 7 , 43 (î), et ni pie ni Escalante ne nous disent à quelledistance de l'autel se trouvait le caveau. tin seul - pointreste acquis, c'est que lit était à droite. Maisse trouvait-elle dans la parte liante ou dans la partiebasse du choeur, comme l'exigeait la cédule de Charles-Cjuint(2)?

Un autre arclieveque, don DorningoFernandez Navarrete,dédit cette sépulture comme étant placée du côté desmarchesrelies du maître-autel : d al Iode de la pcana dcl A liai'Mayor (3) o Mais comme tout maître-autel a des marches

(1) M. Prietb, qui e mesuré le choeur, dit qu'il est de 9m64 de largeurpar 7"13 le profondeur. cet espace correspond à l'emplacement udces-aite pour plus de vingt caveaux de s una vara eubica s.

(2) Voir le plan placé eu frontispice, lequel est une réduction de celuiqu'a dressé M. l'rieto à Saute Dorningo même.

(3) y para este fin, habieudose descubierto este Isla p0,' cl insignel'uv eclebrado en et inonde Don Cliristoval colon (euyos Ijuessos yaZeil OUI

ana Casa de pouio en et I' resbvtei-i o, al lido de la peana dcl Aller Ma yu rte est;', nucst, Gatedi'al, cous loi de su luer,n;su,u (sic) 1)011 Luis Culou 1110

e stfsn al ' tri., s egu r la tra;l ici o n (le los a ut j gu os 'le csLl I ski, s Synode J)io-

LES SÉPULTURES DE CIIHISTOPIIE COLOMI;.23sur sa largeur entière, on ne peut rien conclure de cettebrève description, si ce n'est une tendance à désigner unendroit rapproché dudit autel. Fernandez dit aussi que lesossements étaient conservés ' dans une caisse de plombtc tnyos hucssos gacen en una taxa de p (0mo

La dernière citation que nous puissions donner est cm-pruntée à un écrivain précis, doué d'esprit critique, et quis'appuie sur les dépositions de témoins dcvsu. Grâce à luinoirs pouvons enfin préciser ce qétÀit cette traditionquelques années avant l'arrivée de l'amiral Gabriel de Ans-tizabal à Santo-Domingo.

Moreau de Saint-Néry, plus tard historiographe de lamarine en France, mais qui était né aux Antilles et avaiton gtemps vécu à Saint- Do ni ingue, ayant écrit à sort ami,(loir Solano, ancien président de la partie espagnolele l'île, afin d'obtenir des renseignements exacts sur cesujet môme, reçut en réponse, au printemps de 1183, uneIcitre de don isidoro Peralta successeur de Solano dansces hairtestonctions, et trois certificats délivrés par le doyendu chapitre et deux chanoines de la cathédrale. Ces attes-Litions déelaraientque le 30janvier 1783, en reconstruisantle sanctuaire qui avait été abattu, u on trouva du côté de lairihund où se chante I'Evangite, et près de la porte par oùl'on monte à l'escalier de la chambre capitulaire, un coffredepierrecreux, deforme cubique et hautd'environ une var'e,renfermant une urne de plomb un peu endommagée, quicontenait plusieurs ossements humains (1)». D'après Peraltales chanoines coustatèrentqueles ossements étaient réduitsen cendre, en majeure partie, mais qu'on avait distingué

oesano dot Arzohispado de Santo Dorninqo, cet etuada por et 111mo, y Pet'-trio. Sr. D. Pro9 Do,ningo Fernande Nararrete. ,4iio 4e MDCLXXXIII,((UI V ,Itt N(ivie,nb,'e. I\tadi'ii], iiiij,i'enta (le Manuel Fernn;tnrlez, n ' -P sinewwej, 119 pages, p. 13.

(1) Iiescriptbon de la Partie Esugnote de liste Saint-Domingue, vol.h[-8';t. I. p. 15-l2&

UTES SÉPULTIJIIES DE CIIIiISTOL'IIE COLOMIS.

des os de l'avant bras: Quant au coffre de pierre, si il étaitconnu d'après une tradition constante et mi ariable pourrenfermer les restes dé Christophe Colomb o..

Cette fois le critique se trouve en présence d'une tradi-tion précise, constatée (I), confirmée par des faits etconsi-gnée dans des pièces dont un homme aussi compétent queMoreau de Saint-Méry reconnaît le caractère authentique.Ce qui y ajoute aussi un grand poids, c'est le fait qu'ellesdatent d'une époque où nul ne songeait. encore transférerles restes (le Christophe Colomh à la Havane OIT ailleurs.CutLetradition concorde également avec le renseignement -tout succinct qu'il soit que donnent Pin et Escalante. Leri côté de la tribune où se chante l'Évangile a est bien « larliestra del Al tue ». Un seul détail nous préoccupe Peral-ta dit que la a caisse ac pierre était enterrée dans insanctuaire u. Or, dans les églises catholiques, on donne cenom à la portion du choeur, ordinairement surélevée; quicontient le maître-autel. La sépulture se trouvait donc en1783 dans la partie liante; on peut mémo supposer qu'elles'y trouvait avant cette époque, car les termes d'Escalante« a la diestra del Altar » indiquent l'intention do relier lasépulture à un emplacement rapproché du maître-autel.Ceci, cependant, parait être une déviation des termes de l'au-torisation accordée par Chades-Quint, qui s'était réservéu b alto de la dicba capilla u. Mais cette réserve ne portait-elle pas seulement sur l'apposition des armoiries, laissant hdon Luis le droit de creuser la sépulture dans la partie haute

( l ) D'après M. l'rieto, les descriptions données par Pentu, Sanchez etGalvez seraient confirmées dans un sermon prêché à Santo Domingo le 14'Bai 178 par don J. J. Canules, curé de la cathédrale. (Informe, p. 72).Il y aurait également un acte notarié parlant ries réparations faites en 4784au sépulcre de l'Amiral Idem., p. 30). Enfin, il existerait aussi unedescription succincte faite vers 1700 par Villa Urritia y Salee,Io, membre duconseil des Iodes. Voilà Tes renseignements que M. Prieto aurait dû publier.in &v!eIaço aulicu de ces insipidei sermons prècliér en 1700 à la Il ava ne,et (Lui oc nous apprennent absolument rien d'utile.

LES SÉPULTURES DE CHRISTOPHE COLO3Ifl.25

du choeur, quitte à ne placer l'écusson de sa famille que surla partie basse? Ou bien est-ce que plus tard lès termes del'autorisation furent modifiés, ou que, dans les reconstruc-tions postérieures, en ces temps de trouble où les coloniesétaient livrées à elles-mêmes, le chapitre prit sur lui detransférer de la partie basseà lapartie haute et les resteset la pierre tumulaire de Christophe Colomb?

nL'A

Quelques années après la découverte et les constatationsde Nufiez Gaceres et de ses collègues du chapitre, lorsqu'enconséquence du traité de Bâle l'Espagne dut abandonnerà la France le territoire et la ville de Santo-Domingo, l'a-miral Gabriel de Aristizahal, qui commandait la station,crut de son devoir de transférer les restes de ChristopheColomb à la Havane. En compagnie de l'archevêque et d'unnombreux état-major, il se renditdonc, le20 décembre 1795,à la cathédrale. Là, c il fit ouvrir un caveau qui se trouvaitclans le choeur, du côté de l'évangile u. A la suite de cettephrase on en lit une autre dans son procès-verbal qui estencore plus vague, car elle n'est pas reliée à ce qui la pré-cède: çi pa cd principal . ypeana del altarthayon u Devons-nous ajouter une préposition et traduire : près du murprincipal et des marches du iiiaitre-antel u, ou bien: u entrela mur principal et les marches du maître-autel n? L'uneou l'autre de eS deux versions indigne que ledit caveauétait àproxirnité du sanctuaire, et, conséquemment, dans lapartie haute du choeur.

Maintenant, pour être d'accord avec la tradition u con-stante et invariable e, Aristizabal dut trouver dans leditcaveau, d'abord « un coffre de pierre creux de forme cu-bique et haut d'environ une vare » ; puis, dans ce coffre depierre, « une urne de plomb un pea endommagée qui con-

26LES SIhULTUrIES liE CLIILISTOPLIE COLOMII.

tenait plusieurs ossements humains », et parmi ces osse-ments il dut distinguer u des os do l'avant-brhs n.

Une caisse de pierre, une urne de plomb, un radius ouun cubitus, voilà donc quels étaient les éléments essentiels,les points de repère indispensables, pour établir la simili-tude exigée entre celte fouille solennelle et k seule tradi-lion authentique et incontestée.

Or, lorsque l'amiral Gabriel de Aristizabal procéda àl'excavation officielle, que trouva-t-il?

e Plusieurs lamelles (le plomb qui paraissaient provenir(l'une caisse de ce métal, des esquilles de tibia et quelquesfragments d'un mort quelconque (I). »

C'est là tout ce que ce zélé fonctionnaire, l'archevêque etson clergé, virent dans ce caveau en l'an de grâce 1795; cesont ces maigres restes, anonymes et douteux, qu'ils re-cueillirent soigneusement et envoyèrent à la Havane, d'oùil est même possible qu'ils aient disparu (2). Quant au coffrede pierre, à l'urne de plomb et aux os de l'avant-bras, le ca-veau exploré n'en contenait nul vestige. -

Et lorsque nous songeons que douze ans seulements'é-

(I) « Se al,riô una boveda que estaba sobre cl presbiterio al Indu delevangeiio, riared principal y panna dol altar mayor, que tiene conte unavara eul,ica,y en dia se encontraroii unas planchas cornu de Larcin (lelarge de plume, indirante (le hahcr haliida caja de dicito 'natal, y 1W.i1n7.ns(le 1m u insus tIc couilles y 01m, varias partes tic al gun di lii iitu, que raCe-gieron en uns salvilla, y Ioda la tierra que cou filles liahia, que par lo,,fragmicotos coi' qua estalia niezelada se conocia mer despoJs le mqucl ra-(laver. 'I ?avari'ete. C'oteccion, t. IL, p. 368.

(2) Dans te numéro du iiI jaMier 18.1.1 du Dia,'io de ta Ilabana, on lit(lue quelques années avant celte date les cendres de Cliristoplie CommIsturent exliuniées du choeur de la cathédrale de la havane et Lra,isférdesdans te cimetière général de celte villa. Voici t'extrait, tel qu'il est lonn,dans Le n' du 27 juillet 18? 8, de Et T,iunfo, journal havanais « Las ce-idzas dc i). Cristôlial Colon, 1riiner Atmiramite y lescnbridor ([Cils liidias,Irasla da s â la capital de la j sla de Culot lesp 0es de lit cession de la paleest mû nI a loin i suut de Sont,) Do i ni mgo, se depns il aron on cl pres In ter o miela calmI m'a I il O IL lia ban n, diii le t armai] ce i e mn u fiesta r]na /000 potins u Casse enterra,'Ofl en e) Cernenieriu Ge,ies-al.

LES SÉPULTURES DE CI!IlISîOPE COLOMIL 27Laicnt écoulés entre les consialations rapportées par Peralla,Nuûez Gaceres, Sanchez et Calvez, et l'exhumation faitesous les yeux dAristizabal; que dans l'intervalle la cathé-drale n'a subi ni catastrophe ni nouvelles démolitions;([t1'eflfln une urne de plomb, encaissée et consignée avecson enveloppe de pierre dans un caveau muré, A l'abri del'intempérie des saisons, ne se délite pas en quelques an-nées, il faut reconnaître que le résultat de l'exhumationfldte en 1795 par Aristizahal est en désaccord avec la seuletradition authentique qu'on puisse invoquer.

VI

En résumé, nous serions désolé que le lecteur pût con-clure de ce qui précède que nous avons voulu rompre unelance en faveur de M. l'évêque Gocchia et de sa merveilleusedécouverte. Non, en vérité, car la thése de ce prélat reposesur toute due série d'ingénieux efforts que nous serionstrès-embarrassés de défendre ou d'expliquer. Notre but aété plus modeste. Nous avens cherché à démontrer que,dans l'état actuel de la question, rien, absolument rien neprouve que les ossements qu'on conserve ou qu'on croitconserver dans la cathédrale tic la Havane, soient véritable-ment les restes mortels de Christophe Colomb.

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