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LES SERMENTS DE STBÀSBOTJRG ÉTUDE HISTORIQUE, CRITIQUE ET PHILOLOGIQUE PAR Armand GASTÉ PROCSSEIJIl A LA FACULTÉ DES LETTRES OS. CÀEN DEUXIÈME ÉDITION, BEVUE ET CORRIGÉE PARIS LIBRAIRIE CLASSIQUE EUGÈNE flLIN V" L1JG]]N]i J3XCLIN 3T P'IJI.S BUE DE VÀ1JGJRÀRD J 52 1888 iIB LWTH Ê Q') Document II Ii 111111 III 111111110 H III! 0000005548262 - -

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LES

SERMENTSDE STBÀSBOTJRG

ÉTUDE HISTORIQUE, CRITIQUE ET PHILOLOGIQUE

PAR

Armand GASTÉPROCSSEIJIl A LA FACULTÉ DES LETTRES OS. CÀEN

DEUXIÈME ÉDITION, BEVUE ET CORRIGÉE

PARISLIBRAIRIE CLASSIQUE EUGÈNE flLIN

V" L1JG]]N]i J3XCLIN 3T P'IJI.S

BUE DE VÀ1JGJRÀRD J N° 52

1888

iIB LWTH Ê Q')

Document

II Ii 111111 III 111111110 H III!0000005548262 - -

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LES

SERMENTS DE STRASBOURG

DANS QUELLES CIRC0NSTANCI5 LES SEUMENTS, DITS DE STIIASBOURG,

-FURENT PRONONCÉS -

Louis le Débonnaire venait de mourir de chagrin à Ingeiheim(20 juin 840), clans une île du Rhin, près Mayence, et, comme

le dit MicheletL'unité de l'empire mourait avec lui. »C'était, ajoute le grand historien, une vaine entreprise que

d'en tenter la résurrection, comme le fit Lothaire. Et avecquelles forces? Avec l'Italie, avec les Lombards qui avaient simal défendu Didier contre Charlemagne. Bernard contre Louisle Débonnaire. Le jeune Pépin, qui se joignit à lui par opposilion h Charles le Chauve, amenait pour contingent l'arméed'Aquitaine, si souvent défaite par Pépin le Bref et Charle-magne. Chose bizarre, c'étaient les hommes dit Midi, les vain-cus, les hommes de la langue latine, qui voulaient soutenirl'unité de l'Empire contre la Germanie et la Neustrie. Les Ger-mains ne demandaient que l'indépendance. »

Toutefois ce nom de fils allié des fils de Charlemagne, celitre d'empereur, de roi d'Italie, et aussi • d'avoir Home et lepape pour soi; but cela imposait encore. Ce fut donc humble-ment, au nom (le la paix, de l'Église, (les pauvres et desorphelins, que les rois de Germanie et de Neuslrie' s'adres-sèrent à Lothaire, quand les urinées furent en présence

1. Louis ot Charles.

L)

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(25 juin 841), à Fontenoi près d'Auxerre: Ils offrirent endon, di[ Nithard, foui, ce qu'ils avaient dans leur armée, à. l'ex-ception des chevaux et (les armes s'il ne voulait pas, ils con-sentaient à lui céder chacun une portion du rovaun)e l'un jus-qu'aux Ardennes, l'autre jusqu'au lilun ; s'il refusail 'encore, ilsdiviseraient toute la Fiance en portions égales, et lui laisse-raient le choix. Lothaire répondit, sojon sa coutume, qu'il leurferait savoir par ses messagers ce qu'il lui plairait; et, envoyantalors Drogon, Hugues et Hérihert., il leur manda qu'auparavantils ne lui avaient rien proposé de tel, et qu'il voulait avoir dutemps pour réfléchir. Mais au fait Pépin n'était pas arrivé, etLothaire voulait l'attendre. »

Le lendemain, au jour et à 1heure qu'ils avaient, eux-mêmesindiqués à Lotliaire, les deux frères l'attaquèrent et le défirent.Si l'on en croyait les historiens, la bataille aurait été acharnéeet sanglant e... « Mais, poursuit 'Michelet, la bataille fut si peudécisive que les vainqueurs ne purent poursuivre Lothaire cefut lui, au contraire., qui, h la campagne suivante, serra de prèsCharles le Chauve. Charles et Louis, toujours en péri], forrnè-reni une nouvelle alliance à Strasbourg, et essayèrent d'y inté-resser les peuples en leur parlant, non la ]augue de l'Église,seule eu usage jusque-là dans les traités elles conciles, mais lelangage populaire usité en Gaule et en Germanie. Le roi desAllemands' fit serment en. langue romane ou française ; celuides Fiançais 2 (nous pouvons dès lors emplo yer ce nom) juraen langue germanique. Ces paroles solennelles prononcées aubord du Rhin, sur la limite des deux peuples, sont le premiermonument de leur llatioa;ililé 2 . »

Louis, comme lainé, jura le premier. « Lodhuvicus, dit Ni-thard, qui major natu erat prier lic deinde se servaturumtestatus est PRO DEO ANIUII., etc.

Lorsque Louis eut fait ce serment, Charles jura ]a mêmechose en langue allemande: Quod cum Lodhuvicus explesset.,Xarolus teudisca lingua sic liœc eadein verha testatus est ING!ODES MINNA, etc.

t. Louis.2. Charles l e Chauve.3. Micnu.r.î, Iïia. de Franc,, ]iv, Vil, cl,. ii,.

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A leur tour, les deux peuples prononcèrent le serment sui-vant, chacun dans sa propre langue. i Sacraineutwn autem,quod utrorumque populus quique propria lingua testatus est,Romana lingua sic se liabet Si LOOHUVIOS SAGRAÏMENT,etc.; teudisea ;tutetn lingea 0M KARL TJIEN EID, ete.';

Voilà donc dans quelles circonstances furent prononcés cesfanieux Serments que l'on considère (ceux qui furent prononcésromano iin.gna, bien entendu) eornnib les premiers monumentsde la langue française.

Ces Serments ont été recueillis par un historien tout à faitdigne de foi, par Nithard, fils d'Angilhert, gouverneur de toutesles côtes de la France maritime, premier chapelain du palais,khbé (Te S;iint-fl.iquier, et de Berthe, fille de CharlcmagneNithard, après avoir servi Clirles le Chauve dans ses diversesenLrepises, et essayé, mais en vain, de le réconcilier avec sefrères Lothaire et Louis, quitta la cour et se confina dans iiiretraite, probablement à Saint-Piquier, dont il devint abbé,comme l'avait été son père. Suivant Petau il mourut en 85,12.

L'ouvrago auquel Nithard doit sa renommée est son Histoire,en quatre livres : Des dissensions des fils de Louis le Pieux(De 'dissensionibus fluiorvni Ludovici Pu). Publiée' pour lpremière fois par Pierre Pithou (Armoliura et histori,t' Fron,eotv.in oh anno Cheisti 708 ad annann 990, scriptores côtetànei XII.. Pansus, 1588), cette histoire se trouve clans letoine VII du Recueil des historiens des Gaules de Dom Bouquet,2et dans le tome Ii des Àlonunaenta Gernionioe historiea, d ii

Peri z.

- 4. « 'Par- ces deux peieptes qui prononcèrent les formules (luserinent,I] fat évidemment. -entendre les principaux personnages de chaquecôté. La formule même atteste qu'il s'agit des Smles,des coiiseihiersdes - deux rois Si, disent-ils, notre ,teigfle'l5 viole son set-ment et guénous ne puissions pas j'en. 'dsQonrr,e,'.. . Chacun de ces /idNes. comme ondisait, répéta-t-il là iiiéme . formule, ou deux repi-ésentonis f,u-ent-iWchoisis? C'est ce que Nithiorit ne dit pas; la première hypothèse sembleappuyée par l'emploi de la fohnnle du pronetu singulier de la pré-bière personne. s G. P. n i s, Mémoire sur les Serments de Strasbourg;inséré, dans les Mi.çcellonca di Filologia, dédiés à In mémoire des Profes-

seurs Caix et Canello, 4855, Florence.- :2. Consulter, sua' Nit i l peur la Bulilieyraphie': Ul ysse Cil s:VALIsa,ltrpes'toire historique des sources du Moyen Age. p. 1650.

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II

ÉTUDE DU M5. OU SONT coNSERv gs LES SERMENTS 1)8 STRASBOURG

Le texte des Serments de Strasbourg ne nous a été transmisque par un seul manuscrit. Ce ms., de la fin (lu dixième ou ducommencement du onzième siècle, appartient h la Bibliothèquenationale et est inscrit sousle if 9708, Fonds Latin.

D'où vient ce manuscrit? Acquis, après la mort de la reineChristine de Suède, par le pape Alexandre VIII, pour la Biblio-thèque du Vatican, où il était inscrit sous le n° 4964, ce msest venu à Paris en 4798, h la suite de la prise de Borne par lesFrançais.

Si l'on en croyait Pertz' et Ghevallet 5 , ce ms. aurait faitretour h la Bibliothèque du Vatican.

fl n'en est rien.En 4845, lorsque les mss. du Vatican furent rendus au pape,

le if 4904 était absent des rayons et se trouvait entre lesmains d'un érudit qui l'avait emprunté (probablement de Mcer-cm). Grâce à cette heureuse circonstance, ce précieux ms., sifrançais d'origine, et qui offrait un intérôt capital pour l'histoire,de notre langue vers le milieu (]fi neuvième siècle, resta ennotre possession. Il y est encore; c'est, comme nous l'avons

I. t' Codex senlo xvii Ilibliolbecre Palatinrn Vatican, sub n° 1964iÈlntus, belle ,,llirno Pzirisios redut,, ibique n ci. floquefort evoluins...Mot haute redditus feinte Intel, lice, vol maxima cura nostra adhibitaiteriim ornerait. » [Il était, cil effet, difficile de trouver à Borne ce quiétait â Paris.]

2. ô ce ins., provenant de la Bibliothèque (lu Vatican, apporté deRouie pendant nos guerres de l'Empire, fut déposé illa Bibliothèquenationale. C'est un volume en vélin, petit ii-foliu, à deux colonnesdune belle écriture, du neuvième siècle ou du commencement dudixième; il est coté l'allie., n' 1964. Depuis lors, ce ,nrnivcrit estretourne à Bonze cl doit "voir eU ,'iinUqre è la Bi/ lio(hâque du Val,-con. mm (DE CmIsvAmnT, On g, et form. de ta tan g. fr.; 1853.) Chevallotsavait fort bien où se trouvait le ais, de Nitlmard mois il n'osait ledire, de peur d'éveiller l'attention du gouvernement papal.

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dit, le n° 0768 du Fonds Latin de la Bibliothèque nationale'.Des /he-similés, plus ou moins s'ussis, ôist été donnés pur

Roquefort (Glossaire de la langue romane, tome I, page 20 duDiscours préliminaire) par (le Mourcin (Serments de Stras-bourg, Paris, 1815), qui a emprunté son fac-similé à Roquefort;par de Chevallet (Ong, et formation de la langue fi'., tome Ipage 84).

La meilleure reproduction de la page du ais. qui contient lesSerments est, sans contredit, l'héliogravure qui se trouve entête de l'Album de la Société des tiiociens lettes français.

1.] est difficile de reproduire en txpograpbie les abréviationsdu ms. Toutefois, nous (levons dire que MM. Ed. Iioschwitz(Les plus anciens monuments de la langue française) el M. G.Paris (les Serments de Strasbourg, Florence, 4885) sont arrivésaussi près que possible de la perfection.

Grâce à ces secours divers, que nous fournissent la gravure,la lithographie, la photographie et la typographie, nous pou-vons facilement lire ce texte vénérable,.

Essayons donc,

1. Si l'on veut savoir comment ce lus, était ve,i,i entre les mainsde Chrisl.ine de S,,ôde, nous répondrons, en non,, servant, des rensei-gnenselits fournis par le Mémoire de M. Paris, et de ceux qua bienvoulu nous envoyer notre savant compatriote, M. Siméon Luce, fle,l'institut

« Dans la première année du quinzième siècle, ce les, appartenait àrabhaye de Salut-Magloire, à laquelle Pont Pelau suppose qu'il avaitÔté donné pal- li ligues te Grand, fondateur de cette abba y e, En 1572,

les lei igieux de Soi nt-Mogloire furent transférés dons un couvent situéprès tic Saiiit-iacques-du-llaut-las. Les Religieux de Saint-Magloireveudi,'ent-ils alors leurs manuscrits et leurs livres? c'est probable. Leisis, de ïNitliald fut vraisemblablement acheté par Claude Faueliet; carflodin, celui qui publia le premier (') le texte des Serments, nous ditque le Président Fauchet les lui avait montrés. On retrouve ensuite lenu. de Nitba,'d dans la bibliothèque du savant antiquaire, Paul Peton,qui mourut en 1614. Eu 4650, Is, Woss acquit une grande partie deslivres de Pet-au pour la reine de Suède, Christine, Christine emportaavec elle tous ses livres à Itome, où l'on sait qu'elle mourut en 1680.C'est l'année suivante que le pape Alexandre VIII acheta les manuscritsde la reine de Suède. » -

(') Et noa l'aire,, jas, ce an, o le dit sua 'gel. La proma j èm'o édition de la tttpmbIiqaçde Badi,o est de 1577 le livre do Vakemtas oc ponmit pion 4597,

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sFI

Serment de Louis le Germanique

J Pro dd awur & cp x ï5ian 1)01)10 & nro cômun2 faluament dift di Jri anant . :inquantdf3 . fanir & podir medunat fifaluaraico4 cift menti fradit Iiarlo & lit iudha5 & in cari huila cofa ficû om p droit fonG fradra Laluar diftIno quid il mialtre7 fi faz&Et ah!ndhcr nul plaid nùqua8 prindrai qui meon no] cift ineon fradre9 harle in damno fit

serment de l'armée de Chârles

Silodhu2 . uigffagrarnent que fou fradre Karlo3 iurat conferuat Et liarluf racoffendra4 defuo pari fi loftanit . fi ioretur nar nonS luit poef . iieio neneuif cul co roUir mirG int poif in noUa mulla contra lodhu7 uuig nunli iuer

Premier.Serrneut._1 rc ligne. dô est,J'abréviatiou dedeo,et lion pas de don, comme ont mal lu Fréhel . , Schilter, Eckhartet beaucoup d'autres, qui se sont contentés de les copier. - p,avec lailongernent de la boucle qui traverse de droite à gaucheJe grand jambage. est pour pi-o. - xpian, les deux premièreslettres de ce mot sont comme des lelties grecques, un - et un p(ici elles ressemblent plutôt à un x et à ou p) Le signe (-),qui se trouve au-dessus du mot., indique une abréviation quin'esLautre que ist c/a (lsT) jan. - Abréviation pour nos-tro [n (osa-) vo).— cômun. Abréviation pour commun [co (it) munl.

2. - en avant. Une remarque à faire, c'est que le de en estbarré, par le copiste lui-même très probablemeni - II faut lirein avant. - inquantd's. L'accent (oui lapostrophe) entre d et sindqtie une abréviation. Il faut donc séparer en tipis motsiiquand's 1 cl lire hi quant deus. ,-

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3. - Séparer inedunal en deux mots mé dunat. - sisaiva-raico. Séparer en trois mots si saloara.i co.

4. - ad iI2d/ia. .11 faut remarquer d'abord le point que l'onvoit, en étudiant le ins. avec aUention sous le d dé ad. Cesigne indique qu'il faut supprimer la lettre sous laquelle il setrouve. Lit il faut réunit' les deux tronçons de ce mot,(lue le copiste a eu toit de séparer. E faut clone lire aindita.

5. - cad liane. Béunir ces deux tronçons du même mot., etlire cod/mna. - sici. Le signe (- ) qui se trouve sur lu indiqueune abréviation. Il faut donc lire cun. On doit aussi séparerCII deux sien»;, et lire 'si cum. - p, avec une barre dans lapartie inférieure du grand jambage, indique la suppression dedeux lettres (cv). - Bouc, lire pc;.

6. - Remarquer le troisième mot de la ligne 6; le compareravec le deuxième de la 2' ligne. Mômes letires et surtout mêmedisposition (les deux dernières. Faut-il lire dis! ou difi?MM. ioscbwitz et. Stengel lisent dis!. MM. Meyer. et G. Parislisent difi. En comparant, dit ce dernier, ce mot à disi de laligne 2, et à cisi des lignes 1 et 8, il me semble bien voir derrièreIci de 171e petit trait droit (lui distingue cette lettre dé l's,Cf. P. Meyer, /?omania, IV, 45& » Pour nous. eu étudiant avecsoin les s de la page du uns. 9768 f. I. publié en héliogravuredans l'A lbwn de. la Socidié des anciens textes français, nousvoyons aussi souvent que dans les f, le petit trait dont parleM. G. Paris. Ex. l' col., ligne 3, si! (après cona!ns) ligne 5,justiiic; ligne 9, sic; ligne 13, silo; ligue 15. Sic?!, etc., etc.

- bio. Séparer en deux in o. - miai!rc. Séparer eh deux,et lire mi al!rc.

- si. Réunir si à clive de hi ligne précédente et lire altresi.- fate!. Il y a bien fiiz&, c'est-à-dire fate!, et non fan!,comme ont luFaudbet.,Ponlanus, etc. - af)ladhcv. Séparer endeux ah ladite;' (ou plutôt Lndhcr). - nu qua = nua qivam.

Nous pouvons donc maintenant lire

I Pro Deo atour et pro cbrist.ian poblo et rostre commun2 snivament . dist di in aunnt in quant Deus3 sauir et podir me dunat si saluarai eo4 cist rneou fradre Karlo . et in aiudiia5 et in cadhuna cosa si cum oint per dreit son

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G fradra saluai- dist in o quid il mi al Ire -7 - si fazet. Et ah Ludher nul plaid moquant8 prindrai qui nwon vol cist meon fradreD harle in damno sit

Reste une difileulté à aplanir nous devons remarquer lessignes de ponctuation.

2.— Un point air milieu de la ligne entre saluan en! et dis!Le même point après auant

3. - Le môme point après dunat, et après co (à moins que,P

eu r Cr dernier, le point ne soit une ladre du vélin).4. - Le même point après Ka.rlo, et après aiud/ia5, 6. 7, 8. - Le même point après cosa, dise, finet, cis!.Ces signes de ponctuation sont-ils tous convenablement,

placés? C'est Cu que nous verrons plus loin.

Second Serment. - Occupons-nous maintenant du ser-ment de l'armée de Charles.

Lisons d'abord le manuscrit.Ligne 1. - Si/odhu . Séparer Si et lodhu (ou plutôt

Loditu).2.— uigs . Réunir uiqs h Lodhu de la ligne précédente, et

lire Lod/tuuiys. — que. De Mourcin a cru devoir remarquer leIrait oblique de droite à gauche, qui se trouve sous l'a. Selon lui,q r serait mis pour qua'; et il faudrait traduire sacrement quepar sacramenta. qua'. Mais, comme a, bien voulu me répondreM. Gaston Paris, consulté par moi à ce sujet, l'a' (le qua' nesignifie rien; les copistes de cette époque (voir les Poèmes deClermont) mettent e ou e sans discernement.. Sacrameneaaurait donné en français .saqramente.

3. - meosscndra. Séparer mecs et sendra.4. - desuo. Séparer de et suo. - , pour non. - lostanit.

On a lu loi Canif; 10 sta.nif; bosiaint; l'enfreint (en suppri-mant la négation non); Io franit, etc. Contentons-nous, pour lemomenc de constater qu'on lit dans le ms. bostaiiii. M. SLengeia cru voir, à tort, sous li de bostanit, un point qui annulaitcelte lettre. Il est facile de voir, en étudiant la page de Nitliard,Publiée en héliogravure dans l'Alhuin de la Société des ancienstetcs, que tons les s dépassent par en bas la ligne tracée à la

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pointe sèche. Ex. dans le 2° serment français, ligne 2, sa.rjra-ment, son.; ligne 3, conservaI, Karlus, meos, etc.— ioretvr nai'.Séparer k et relur, et rapprocher relui' et na;'. Lire k relurnar.

5. - fini = l'iut. - neio. Séparer, et lire ne io. - neneùls.Séparer, et lire ne neufs. - relu;' nov. Rejoindre ces deux trou-çons du même mot, et lire, comme plus haut, returnar.

6. - Remarquer le petit d tu-dessus de aiuha, entre l'y etl'/i. - iodlai. Mettre une majuscule et réunir à ce Commence-ment de nom propre uuig de la ligne suivante, et lire 'Lodltuu uig(Lodlnewiy).

7. - nunh mer. Gommentt faut-il lire, je ne dis pas ces deuxmots, mais ces deux agglomérations de lettres? On n. lu niaiii aie;', - min. lui ier; - nui; lui juer, - ;mun si juer, - etmême midi iuer.

Nous essaierons, si c'est possible, de trouver la bonne 1ecture. lin attendant, lisons ce qu'il y a dans le ms., c'est-à-direnunhi mer.

Le second Serment pourra donc se lire ainsi

I ........................Si Lodhu2. - uigs sagrament . qwe son fradre Karlo3. lurat. conseruat . Et Karlims meos sendra4. de sue part non lostanit(?) . si io returnar non5. 1 lot pois . ne io ne neuls Gui CO relurnar6. lut pois in nulla aiudha contra Lodhu -7. -. wig nnnh (?) iuer(?)

Remarquez que nous mettons, après trois mots douteux,Iosianit, nunl; et ive;', un point d'interrogation remarquezaussi que nous ne mettons pas de point sur le premier jambagedu groupe mer, car rien, pour le moment, ne nous dit que icpremier jambage soit Ou ne soit pas un i.

Gomme poui' le premier serment, la ponctuation mérite d'ap-peler noire attention.

2. - Uti point au milieu de la ligne, après sagrament.3. - Un point après conseruat.4. - Un point après lostanit.i. et 6. - Un point, après pais.

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• Cette.lecture attentive du ms. doit BOUS convaincre que nousn'avons pas sous les Yeu ,., le texte de Niti ard lui-même. Commele dit fort justement M. Edélestand du Méril (Essai philoso-phique sur la formation du langage français, 1852. p. 399)

Il est probable que ce petit fils de Karl magne (Nilliard), quiécrivait son histoire par ordre de Karl le Chauve, avait sous lesyeux le texte môme des Serments;..; nous ne possédons plusqu'une seule copie de son travail, et le scribe la certainementtrès altéré u

Pouvons-nous rétablir le texte méme que Nithard a dû avoirsous les yeux?

LIII

LES PRINCIPAUX AUTEURS QUI SE SONT OCCUPÉS DES SERMENTS

Mais, d'abord, parlons des savants ou clos érudits qui ont cité,avec plus ou moins de bonheur, ces deux Serments, ou qui lesont commentés.

Le premier en date, JEAN BonIN, dans ses Six Livres de laRépublique, Paris, 1577 (livre V, p. 633),a donné le texte deces deux serments, texte bien fautif, où Ion voit, par exemple,dans le 1er Serment : ligne 1, ebmum; - ligne 3, san.ir pordi... si saiverio; - ligne 4, parle (au lieu de Km-le); -ligne 5, po p dreit; - ligne 6, dise i?o qui id vn. alts'e; -ligne 7, si frirai; - ligne 8, mcmi vol cisC; - ligne 9, in diinosiL

Et, dans le 2' Serment, on voit: ligne 3, mcosenckr; —ligne 4,de ssw par non lostaint si Io retourner; - ligne 5, luit.... ne

t. « Les formules des Serments (les deux rois et (le leurs fidèles ontcertainement été émîtes avant d'être prononcées----Nithard dut avoirles originaux niémes entre les 'nains.. Il les inséra lots quels dansson texte. On pourrait aller plus loin, et se demander s'il ne l'ut, paslui-même chargé de la rédaction des formules, et si l'intérêt qu'illeur e trouvé ne vient pas en partie de ce qu'il en est l'nulcur. n

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veufs;ligne G, me pois; - ligne 7, nunh mer sont sup-primés.

Nous sommes assez loin du texte; Bodin n'en donne pasmoins une traduction des deux serments. La voici, à titre decuriosité. (On pouvait s'attendre à pis.)

I. - Pour lambur de Dieu et du peuple chrétien et de nostresalut commun, de ce jour en avant, en tant que Dieu savoir etpouvoir me doint, si sauverai-je ce mien frère CIa.rle et enson nycic et en chacune chose ainsi comme homme par droitson frère sauver doit, et non pas comme un autre se lèroit. Et àluy n'aurav querelle que mou vouloir soit, si mon frère Chattene inc fait tort.

11. - Si J4oflvs garde le serment fait à so it et Charlemon seigneur de sa part ne le lient ) si détourner je ne le puis,je ne veux pas avecluy retourner en paix, ne luy prester aucuneoheyssance.

Après Bodin, viennent, par ordre de date (je cite, d'a.pi'ès deMourein, en faisant nit et après vérification)4588 P. Pirnou. Aimalium et hisiorim F,'ancornm ab. cnn.

Christi 708 ad. mm. 990, scriplores coe1anci XJT; exbibiiotb. P. Pit/wei. Farisiis, 1588. - [P. Pitliou donne

-les deux textes sans traduction.]1597 Vuinxics. De litteris et liiigva Getaruin. Lugd. Bat.,

4597. (Textes sans traduel.)4599 JUSTE LIPSE. Opera mania. Antverphe, 4637. ('l'orne II,

p. 494. Epistolmum scieetm'um cd Belges centuria tertia,ep. Xliv, ilenrico Sc/tottio.) - Juste I4se ne donne quele premier, serment. Texte assez exact, sauf, ligne 3 prodreit, au lieu de per dreit, et, ligne 8, eiss meon fradre, aulieu de cia, etc.

1610 CLAUDE FAuChEr. Les OEuvres.... Paris, 1610. Des Anti-quitez fr0?? çoises, livre IX, f° 330, v° - Les textes, donnéspar Fauchet, sont très incorrects.

Ex. l"SEnnErçr.-2° sckw&rtz (au lieu desalvcment); 40fra_•dro; 60 il vii (au lieu de il mi) 70 farci; que meon volcist.• 110 SEaulNT. —° frode Carle; 30 meossender; 4 0 noIe sianit,

retornar no; 5° vcio supprimé.., ne nuis eui ; 6 5 ni pois...mile; 70 midi

C]. Fauchet n raison d'ajouter, après sa traduction (moins

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nia.uvaise que son texte) : u J'ay nus ces serments (possiblemal escrits et par un qui n'eniendoa ce vieil langage),pour montrer les langues qui estoient lors communes esCOUPS (le flOS Princes, a fin que par cet eschantiilon cliascunpuisse cognoistre lu corruption qui depuis s'en est. falote. »

1611 Fruirm (Marpiard) est le premier qui ait fait, une disser-tation sur ces deux serments. On la trouvera dans sonouvrage intitulé J?cr'um gerinanicarurn scriptores alt-quoi, etc., cdii. tertia ...Argentorali 1717 (t. 1, P. 72).

Le texte n'est pas très pur. Ainsi on litJr SERMENT. 1 0 PrO Don; 4 0 cesi... frodra ; 60 il imi;

70 forci; 8° neon.11° SERMENT. 2° fl?CO sendra; 60 nit pois.

4616 l?oNTANus (Originum F,'ancicarum /ihri V!, Harclervici,1616) donne, page 605, les deux textes avec la traduction:Dans le texte ou lit

fer SERMENT. 2° do (ail lieu de d's) 50 dreiti; 81 cist.M e SERMENT. 2° in 8110; 50 9?C?ilsClli ; 7° jiter.La traduction que donne Pontanus est celle d'An thonius

7'/L:esius, qu'il appelle cc collega meus, vii' clo.rissimus1636 ANunÉ nu CursNE (iislori.x Fran.coruin .eriptores...

Pansus, 1636, tome 11, p. 383) donne, à quelques va-riantes près, les mêmes testes que Fréher, dont il empruntela dissertation.

643 MÉZERAY (s'oy. l'éd. de 1646, tome!, p. 258) ne donne dupremier serment que jusqu'à (et y compris) dia di en avant.Suit la traduction complète du premier serment.

4655 B0REL (Trésor des recherches et aneiquitéz gauloises etfrançaises, Paris; 1655) donne à ],a iij les deux texteset la traduction. Ces deux textes sont très incorrects.Exemples tirés du 11° serment 2° sa gramnem que; 4° inSItO part va los tallit; 5° ne veulscrci... retournar.

1678 Du GANGE. Glossarium ad serip tores mcdix et infinixlatinitatis. Pans sa Préface (voy. tome T, p. 39, de l'éd.de 4733), Du Gange donne le texte roman avec la traduc-tion latine et des notes sur quelques passages. En margequelques variantes, presque toutes tirées de Bodin.

Pr SERMENT, ligne 2. P. C. donne saivanento (pour salvarnent)Il' SERMENT, ligna 7 1110? S pie?'.

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1700 LE GENDRE. Ilist. de Fronce jusqu'à M mort de Louis XIII.Le Gendre donne (voy. l'éd. de 1719, tome If, p. 252) letexte du 1cr Serment et lit

Ligne 2, salvamenlo... in guam; - ligne 3, saviret podir.salvareio; .- ligne 6, si cuni son /5'adre oui dreit; -ligne 8, meon.volcist.

4702 SCIIILTEII. Dans son Thesaurus antiquitotum tev.tonicaruni,Sehilter donne les deux textes accompagnés de notes etd'une traduction latine, le leu

'd'après Friekius.

1743 DANIEL. Rist. de France, 4713, tome I, p. GOS. PaSlne donne que le Jet Serment.

Ligne t , amor... Christiano; - ligne 2, salva.mento; -ligne 3, salvareio;—ligne 3, SZ cm; - ligne 6, altio, etc.

47..? LEIBNITZ (Opera omnia. Genev. 4768) cite les deux textes(interlinéaires l'un à l'autre, avec quelques notes).

4729 Eciui,ticr. Commcntarii de reMis Froncioe orientalis,Wiceburgi, 1729, tome T, p. 354. Textes interlinéairesl'un à l'autre et trad. lot.

1737 Asnwc. 41dm. pour l'histoire naturelle de la province deLanguedoc, Paris, 1737.— Page 506, texte roman, tra-duction latine in Lerlinéaire - en outre, traduction enlanguedocien. -

I" SERMENT. 1 0 Pro Dcii; - U° Ino (et entre parentil. foi-leimo); 70 furet;— 80 mccii vocist (entre parentb, forte cocist.).

Ile SERMENT. 40 de sua parte... non 10 (unit; - 5 0 li,a(entre parenth. 11m, qui est traduit par ilium,.., ne vis, aulieu de ne uculs).

1741 Pucws. 11km. de l'Acad. des Inser. et Belles-Lettres;t. x.ylJ, P.

I" Siuuii-n avec trad. fr .Ligne 4", Duclos met dons son texte Don, et ajoute en

marge Don, doit être une faute pour Do; - ligne 4,cest fradra; - ligne 6, ilimi.

1746 flivur (Dom). Rist. htt. de la Fronce, 4746, t. VIT, p. XXXde l'Avertissement. Dom Rivet ne donne que le ler Ser-ment avec trad. fi . -

4° poplo;—. 20 sa/vaincnto ; _40 salvareo;—Y liom dreioç60 ni o qui.

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1 7ii .Bououwi' (Dom). Recueil des •historiens des Gaves et dela Fronce, 1. VII, p. 27.

Les deux textes avec la dissertation de Friihér (p. 34).1751 Scnwnn. Alsacia illustrata, Colmarit, 1 751..

Le'de'ux textes et trad. lat. avec quelques notes.1751 BONAMY. 111dm. de l'Acad. des 'user, et 11.-Lettres, t. XXVI,

P. 638.Bonamy donne le texte roman avec deux traductions inter-

linéaire,l'uiie en latin, l'autre en langage du xii 0 siècle.De plus, des noies et une dissertation.(C'est un mémoire curieux à consulter'.)

1775 OBERLIN. Dans son Essai sur le patois lorrain des environsdu comté du Bon de la Roche, Strasbourg, 1775, Oberlindonne le texte roman, avec trois traductions :10 française;20 gascoline; 30 lorraine.

1778 CousiT ax GÉREUN. Monde primitif, 4778, (Explication du frontispice à la suite du Discours prélimi-

naire. - Texte roman avec trad. fr .le t SEBMENT. 4e Deu;3 0 salvari jo; —0° dise in o qidd.110 SEBMENI'. 4: 0 nOV. los (cuit... riturnar.

4787 LE BRIGÂNT. Autres détachements de la langue primitive.Paris, 4787.

Commencement des deux textes du 1er Serment avec traduc-tion.

1808 ROQUEFORT. Glossaire de la langue romane, Paris, 1808,t. I, p. 20 du Disc. prélim. Fac-simile du ms. de Nithard.

Textes accompagnés de trad. fi . - En outre traduction de1onamy. (Voy. ce nom, plus haut.)

4808 GJUMM (Jacob). Voy. PEIITZ (Mon.unienta Germanire historica, t. II. p. 666). Notes pou" l'explication des sermentsen langue germanique.

4809 CnAMP0LIIION-FlGisAc. Nouvelles recherches sur les patois,page 9 de la Préf., p. 156. Texte roman avec trad. fr .

4814 Gin. Langue et lite. des anciens Francs.Gley donne, avec le texte des deux Serments, une lrad. lia.Teste très pur, sauf dans le P' serment, ligne 1. Pro Don.

et, 110 Serment, /0 stanit.

1. Vov. A l'Appendice.

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4'81 Ps MounciN. Le Mémoire de M. de Mourcin mérite tôotparticulièrement d'être cité; et une chose nous étonne,c'est qu'on ne le Toit cité nulle part'. Que les érudits aile-mands n'en patient pas ou le dédaignent, rien d'étrangeà cela; mais on comprend moins qu'en France on ne men-tionne pas un travail, dont on peut ne pas accepter toutesles conclusions, mais qui, dans tous les cas, tait grandhonneur à l'érudition française.

Voici 1e litre complet de ce Mémoire Serments ps'étés àStrasbourg, en. 842, par Charles le Chauve, Louis le Ger-manique et leurs armées respectives, extraits de Nit/iard,nwn user. de la Bibi, du Roi, n o 4964; traduits en fran-çais, avec notes grammaticales et critiques, des observa-tions sur les langues romane et francique, et vii spéci-men du manuscrit, par M. de Mourcun, inemh,'c de laSociété royale des Antiquaires de J' rance, etc. - A Paris,de l'imprimerie P. Didot l'aîné, imprimeur du Roi', 1815.

Ce mémoire, qui n'a pas moins Je 84 pages, contient, outre lefae-simile du rns., emprunté h Roquefort., un tableau desdiverses leçons fautives, suivies jusqu'en 1845, par tous lesauteurs que nous avons cités plus hat]t d'après ce conscien-cieux érudit, et par d'autres, moins importants, dont nousn'avons pas cru devoir parler.

Ii n'est pas possible de nommer tous les auteurs qui, depuisde Mourcin, ont cité les Serments de Strasbourg, ou quiles ont commentés. Ce serait une tâche inflnie. Sous nementionnerons que les principaux.

1827 Tn!Enlu (Aug.). Lettres sur l'hist. de France.4846 Dinz. Attromanische Spraclidenkniale. Bonn, 1846.1852 Du MÉnic (Filet.). Essai philosophique sur la formation

de la langue française. Paris, 1853.4852 Buneux'. Grammaire de la langue d'oil. Berlin, {À52.1853 f sinvàttwr (an). Origine et formation de la langue .fran-

Laise. .Pu1s, 1853.

1. Excepté toutefois le Mémoire de M. G. Paris sur les S. dc S. dansles Miscet. di Fitotogia, dédiés û la mémoire des professeurs Gaix etCaitello, 4985. Florence. Nous sommes heureux du voir M. G. P. due,

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4866 BAISTSCH. Chrestoinat hic de (ancien. franais. 1-eip-zig,4860, 12, etc.

4871 BBÂEELMANN. Zeitschrift fur deutsche Philologie. lii,85-95.-

Tout rôcemment, c'est-à-dire en 4884XOSCUWITZ. Les plus anciens monuments de la langue fran-

çaise. 40 édition, Heilbronn, llenningei. Voy., p. 43, l'indi-cation des plus récents travaux faits sur les Serments deStrasbourg,

CoNsras. Crestomatlsie dc l'ancien français. Paris, Wieweg.- Et. Svppi&nent, môme librairie, 1886, p. 22 et suiv.

PETIT 11E JULLEVILLE. Notions générales sur les origines et surl'histoire de la langue française. Paris. Pelalain.

Plus récemment encore, c'est-à-dire en 4885, portant la datede 1886 Ed. KoscliwirE. Covnmentar su den ,eltestenfransosisehen Sprachdenk;niilern, dans l'A ltfransosisc/iellibliotheck du D' Vendelin Foerster (Heilbronn, lIen-ninger, 4886).

N'oublions pas les dissertations, articles critiques, etc., quiont ôté faits sur les Serments, notamment par Nisi.

LUcKING. Die a'ltesten franzosisc/ten i}fundarten. Ber-lin, 4877.[Voy., à cc sujet, G. Paris J?.hinania, VII.]

P. MEYER. Remania, 111,371.ConNu. .Jlomania, IV, 454; VI, 248.BoucIEn1E. Revue des langues romanes, X, 220, et 2° série,

I, 48.E. DEVILURD. Chrestomathie de l'ancien français. Paris,

C. Elincksieck, 1887.Enfin, dans le volume que les romanistes de divers pays ont

consacré à la mémoire de Caix et Canello (ilfiseeilanea di

à ce sujet (voy. la J?omania, n°' 02-64, P. 629) :« M. Gasté t raison dedire qu'on 'la pas assez rendu justice au travail de de Mourcin, où,parmi bien des erreurs, on trouve des remarques fort justes, et souventen avance sur la science de soit » - Dans le n° 2 du Moyen Age,

M. Wi I]nott e semble se plaindre, que « M. do M ou rein Li eau e une tropgrande place dons notre Etude. i 3e répondrai que j'ui tenir à rendre àce savant, trop négligé par nous antres Frane,ais, la justice pli lui estdise.

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- -Filologia, Florence), M. Gaston Paris vient de publier, sous letitre de Serments de Strasbourg (p, 77-89), un fragment dél'introduction, si vivement attendue, au commentaire «uilprépare de ces précieux textes.

Iv

ÉTUDE DU TEXTE DES SERMENTS DE STRASBOURG

Nous étudierons, autant que possible, mot par mot, les Ser-ments, en nous aidant de tous les travaux antérieurs que nousavons pu nous procurer.

§ t.

Serment de Louis le Germanique

Ligue 1r0, - Pro. Mot latin qui est devenu por. NO POil Or,ned argent... (Coutume de sainte Eulalie, 8); puis pur Punli won Dcu... (Ch. de Bol., 80, Ms.. Oxft enfin pour Si,c,cite VOUS ?'Cqu?t?T30u POUR le partie de l'enfant (fleuri de Va-lenciennes, Ed. N. dcwailly,99. - F. Didot, 1874).

D'après M. A. Darrnes(etèr, qui n bien voulu jeter les yeuxsur la première édition de ce modeste travail, « pro sentit unlatinisme du scribe qui aurait résolu l'abréviation originale &k la façon latine = pro, au lieu de la résoudre comme motfrançais, c.-à-d. por. Le second mot& doit éLue lu por. n

.Dô. - Il faut lire deo; et deo -• devon. Les textes bas latinsdes périodes mérovingiennes notent habituellement par o l'accusatifuin. - Ceux qui ont lu l'intéressant ouvrage de M. d'Ar-bois (le Jubainville (la Déclinaison latine en Gaule d l'époquemérovingienne, Paris. J. B. Dumoulin, 1872) ne seront nulle-:ment surpris de voirDeo, qui semble un datif ou un ablatif, maisqui est, en réalité, un accusatif (deum = don, =4eo), rempli-cor Dci (génitifl. - Ne trouve-t-on pas hi causa tenerabilevira (pour venerabilis tiTi); Sub Christo cultui (pour su6

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Christi cultu); Signum dorano il]0 rege (pour signum domniillius regis..) (Voy. D'ARBOIS DE JUBAINVILLt, la Déci. la(., etc.,p. 44.) - Voy. aussi la Vie de sainte Euphrosyne (Ms. 35 dela Bibliothèque de l'École (le Médecine de Monl.pellier, publiépar M. Boucherie). Au § 10, on trouve pro constantia ismaragdoau lieu de pro constan.tia. Jsmaragdi. - L'ordre analytique,dans l'expression pro Deo auna', serait pro amur Deo, commedans celle-ci

Dame, dist la vieille, laissiezPer anior Dru, rie rn'arestiie7..

(Le Castoiement que li pèles enseigne â son fils, conte 11, v 86, fa hi. B,tome Il.)

La particule de qui, dans notre langue, exprime le génitifn'est pas exprimée..... On dit encore aujourd'hui l'Jldtel-Dicu,Choisy-le-Roi, etc. (DE MouncEN.)

A mur. Latin amorem. Amur, dans la Ch. de Bol., vers 86,Ms. d'Oxf. Serai ses Jtom par ujun et par feid: Amor,Ch. de Roi., vers 3596, Ms. d'Oxf. Pais ne ÂnOn ne dei apaien rendre; Amour, cf. Henri de Valenciennes, éd. Natal.de W., § 596: Dont le baisa li esnpereres et li pardonna toutemale AMOUR.

Christian. Latin Christion.um. - Christien, dans la Canti-lène de sainte Eulalie Quèd elle fuiet Io nom CifiU5TIEN.- Chrestien, dans Villehardouin (Éd. Nat. de W., § 56). Linavies fut si riches et si bels que onques lins. Itom CIIE5TIENSplus bel ne plus riche ne vit.

Poblo. Latin populo, espagnol pueblo; puepie, dans Ville-hardouin, § 3107 : Et toz li ]'uEPLES de la cité accorrat; peuple,dans Joinville, § 12 : Son cors mist-il en avan.ture pour icPEuPLE de la terre garantir.

Nostro. « Nostro,. dit M. A. Darmesteter, est un mot fran-çais= nostre. Le scribe ou le rédacleur des Serments ne saitpas encore comment noter l'c, son nouveau du français, d'uncaractère indécis, quil représente par o (nostro, poblo, dtnnno),para (fradra, sendra, contra),' par e (alt re) , par u (Karlus), etc. »

Commun. Du latin colnmunem.Ligne 2. - Salvament. Du bas latin salcamentum. - Il faut

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ici retourner un peu en arrière, afin de comprendre le sens desmots : pro c/ivistian poblo et nostro commun saluamcnt, il nefaut pas traduire, comme on l'a fait généralement : « pour lepeuple chrétien et pour notre salut commun. n - Christia?. etpoblo sont au génitif, comme Deo. (laris pro Dco arnur. II fautdonc traduire, en latin : çi Pro salv;unento (salute) christianipopuli et nostro coininuni. [saiva.rnento]; n et, en fiançais: o Pourle salut du peuple chrétien et le nôtre commun. n Voy. DuCange, au mot. Salvarnentum (P) - Capitula Caroli C. lit. 30,CRI). 2 : Jn.nostro cl popv.li SALVAMENTO. - Y. Latin de. -Jst. Latin isto. - Di. Latin die (Cf. Cantilène de sainte Enlaiic,12 : o Chi rex eret a cels dis sevre pagiens. n - Cf. S. Bro.ndan,3518

Et quant eonfes ne etc rcntliDatnp ces en fui de di en di.

- Di est resté dans les mots Lundi, Mardi, etc. - in; Latinin, qui devait se prononcer en. - Nous avons vu que le copiste.avait d'abord mis en, puis barré l'dpour en faire uni. Voidiles intéressantes remarques que ce changement de en i suggèreh M. Gaston Paris

n Cette correction est fort intéressante : elle montre (lue lecopiste, malgré des distractions, s'efforçait decopier exactementce qu'il avait sous les yeux. Elle nous fait- voir, en outre, com-bien les chances d'une transcription infidèle étaient plusgrandes ici (pour le texte français) que pour le texte allemand;en copiant cc dernier qu'il ne comprenait pas, le scribe ne ris-quait que d'omettre ou mal lire des lettres mais, pour lefrançais, il étaitsujet à deux influences perturbatrices. - D'autrepart, la français de Nithai'd est si voisin du latin, seule languehabituellement écrite, qu'il est tout- naturel de l'en rapprocherencore; c'est ce jnavait déjà fait, sans cloute, le premier ré-dacteur des formules, et ce (lite devait faire le copiste : c'est àcette influencé qu'il, faut attribuer les formes nu-n guam, 1, 7;Karlus, 11. 2; non, 11, 3, sans parier des ad)réviations em-ployées en latin avec une valeur autre que celle qu'èllesdoivent, avoir en français. D'autre part, en cent cinquante ans, lefrançais s'était développé, et en même temps la tradition ortho-graphique remontant- h l'époque mérovingienne, (lue retiré-

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sentait le texte original des Serments, avait tout à fait disparu..De là, certaines hésitations et contradictions la plus sûre portesur le mot in, que le scribe, comprenant bien le sens, avaitnoté en, comme on prononçait et écrivait de soit cl qu'il aênsuite.corrigé in, peur se conformer à l'original, qui le donneix autres fois'.))- Avant. Ce mot est formé de ah + unie. Voy. FnAcllET,

Dia. étym. au mot avant. - Dans la formule de serinent queCharlemagne exigéait de ses peuples, on lit : e Saerarnentalequaliter proniitto ego quod ah isto die in enjeu... » :BALUZE,L. I, p. 377. Les mots d'ist di in avant sont donc calqués sur ahou plutôt sur de isto die in antea. - Quant. Latin quantum.e IN QUANT, autant que, ou plus mot à mot : CI autant d'é-tendue que. u (ils Mouncir.)

Ligne 3. - Savir. D'où vient le mot savu'? Vient-il (lu baslatin savi) -um, qu'on trouve dans les formules de MarcuiplieRecueil générai des Forrn., de E. de Bozière (t. I, p. ii. n' 1V)Secundum meum savirum? - Saviruni vient du latin sapérc,changé dabs là basse latinité en sapire. Dans les Formules deM. E. de Rosière, on trouve, 2° part., p. 1004 : agin gratias. -Cf. Dit y' Saviru,n. « Sacramentum fidelitatis in Capitul.Caroli C. tit. 45: Ego ill. Karolo Ii ludvici et Juditx fluo ahista die in ante fidelis ero secnndu,n 'neum sAvntuM, sicut fran eushomo per rectum esse debet svo reqi. u - Mais comme, aprèssavir, nous avons podir, nous devons penser que savii' est,.eommepodir, un infinitif (sapire = sapére). - J'odir. A passes'est substitué potêre, lequel est devenu podér, écrit, podir dansles Serments, puis podeir, pou.eir, et dans les dialectes (lu centre

t. M. G. P. ajoute « On peut peut-être ranger clans ]a mêmeclasse io à côté de co, harle à côté de harle, frarire à côté de f'adracet- même non à côté de nuit. D'ailleurs, s'il u généralement compris sontexte, le copiste ne s'est pas piqué de l'entendre partout dc silopart 11, 2. en estest un indice, et nous pouvons affirmer que non lesta-nit 11, 2, lui était aussi inintelligible qu'à nous. Luth,, à ces diverse,causes d'erreur, il faut peut-étre ajouter les inleriuùdiaircs possiblesentre l'original et la copie, postérieure au moins d'un siècle et demi;cependant la fldélité générale est si grande. notaiemesil- dans letexte allemand, que je suis porté à croire notre texte directementtranscrit sur l'autographe de Nithard ou l'exemplaire exécuté sou, sesyeux.,)

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et de l'est ponoir (plus lard pouvoir). (Gb. J0RET, Bec. cvii.,XXI' aunée, n°36, p. 162.) - Cf. Baluze:Il; p 207: ((Quai)-turn Deus miEl scire etposse dederit. » - R, p. 226 « Quan-,tum sciero et po!.ncro. o - ii, p. 272 « Secundurn meum seireet posse. o - Me. Accusatif latin, mais ici avec le sens du com-plément indirect. Me est resté dans la langue avec le double sens,dci datif et de l'accusatif: 11 me (mihi) donne un livre.. - H me(me) chérit, - Dune! = donc!. La prononciation de lu devait,être voisine don, comme dans amie' de la première ligne. Ceverbe, d'après M. Constans, régirait une proposition infinitive« En tant que -Dieu donne moi savoir et pouvoir. o Je crois queM. Gonstans restera seul de son avis. - Si. Lat. sic. Particuleaffirmative. On peut aussi considérer ce mot comme l'annoncede si cum, de la ligne 5. - Salvovai. Saivare -j- /rcbco. Lefutur, français s'est., comme on le sait, formé de l'infinitif et (lel'auxiliaire /uzbere. Dans la Vie de sainte bup/rros?/ne, noustrouvons, § 16 : Deus satisfacerc -j- Itahe!... avec le sens desatisfaciet. - Eo. Latin ego. On trouve les différentes formes io,co, jo. Voy. BuAciir]', au mot je.

Ligne 4. - Gis!, Latin. ecce -3- istum. Voy. Brucnr€T etLrrrnÉ au mot cc. - Gist 1 deviendra ces! dans Villehardouin(32, Edit. de Wailly) : « La somme de cest avoir qui ci estdevant nomez. » - Meon = n?éum. De môme meos = indus.

Le doit, sans doute, se prononcer id: muSon, midos. Son =s-u-m», atone, et indique un atone mon qui ne paraît pas dansnotre texte. o (À. D.) - Fradre. Latin fratrem, cas régime.- ICarlo. Latin Kavium, ou plutôt Gar(o)lum. e Ce mot.est dérivé du teuton keri, et signifie fort, n (De M.)--Aindim.. Subst. verbal, formé du verbe adju tare. Cas régime.- Cf. Du Cange, v° a?ud/ma. « ÂIul)rmÀ, Auxilium o in ChartaLusitanica, apud Br'andaonum in Monarchia Lusitanica, liE. 45,cap. 24. Et.iamPicardj nosiri dicunt Aiude, eadem notione (Agit.

I. « Li des &'rnmen!s = e fermé, d'où il suit quechristian doit se prononce. .... .... chm'inien,in ................................ én.eist. .............................ces!,priirdrai ..................... .....prendrai,seoir, .podir....................... sav6,', podé".

(A. DA,OIESTF.TER.)

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da liispani; Aide Galli). - On trouve, au Mo yen Age, les dUrG-rentes formes suivantes du mot actuel aide aindim, odiude,ÛiUWC, aiwe, aicue, ÛiO?Vc, (Lue, aime, cuire, aguwe et onde. -La forme aider (d'où aidier), dit, A. Scheler (Diet. dêtym. /'r.),repose sur lu syncope effare, où le j s'est résolu en j (cf.bailler de hojulare). - Codhuna. Ce mot viendrait. (voy. 1M-n(niia,4873, p. 80-85, et 1875, p. 458) de xd employé en baslutin dans un sens distributif. Cette forme survit en provençal,cri espagnol, en portugais. - L'osa. Dit Vay. lemot chose, clans ]3HÀCIIET •et dans LITTDÉ. - Cairn. Latin quo-modo edo atone serait itoml)é. Voy. BUACIIET, au mot comme.Si orna n le sens de sic -j- ut

Et fi hans liom, dont je vous di,Estoit si 00m JO l'eotCl]di,Trop biens de cors et do visage,Riche d'avoir et de lignage.

(Le Chevalier au ha,'izel, t Il, laid, U, tome 1.)

0m. En latin homo. Cas sujet. De là est venu le nom indéfinion. - Droit. Du bas latin drectum, ou d?-i clv n = directuni.Dans Baluze (tome T, p: 377) on trouve •.sicut J'orne, PER DISIC-TuM debet esse domino suo. Ailleurs, tome 11, p. 71 et 207 perrectum ; P. 272 recto. - Son.. Voy. la remarque tic M. A. D.au mot vucOn. ligne 4'.

Ligne 6. - fradra. En latin /i'atrcm. Pourquoi ici fradra et

j. Dans une note insérée dans ta Revue des tangues romanes, 1885,p. 309. hi. L. Clédat propose de lire (10e S., I. 4) et in aiudtuz ER inca?tuna causa. (Eu ero), c'est-â-d ire ., et en aide [hiij serai en chaquechose. 1, Déjà de Mourein (p. 25) avait signalé la difficulté du passage,et, après avoir don les raisons qui lui font rejeter er, il pense qu'ilfaut conserver le texte (lu )1s.,hi;..et traduire cosa par le mot moyen. Laphrase signifierait: 'u Je défendrai ino,, faire Charles, guis voici, et parmon aide, et par tous moyens, ainsi qu'on doit, selon l'équité, ddfeundreson frire. u - Voy., â ce sujet, la Rounania, 1886, 471 et 633. M. P. Meyer(471) dit que la correction proposée par M. Clédat. et. bien avant lui,par l)ona,i,v (t. XXVI. Mém. de lAc_ des fuse.). o est acceptable, 'nais nesi'npose pas u'. - M. Sliirzingcr ([tom., G3:3) n'accepte pus lui correetio,,de Bouauuy, proposée de nouveau par M. Clédat, et s'e.iu lie,ut au textedu Ms. - M. Clédat (lien. des tangues romanes), ouais +837, p. 458, main-lient sa correction u, et in cf edo or'..

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pourquoi, ligne 4, fradre? Pour cet o., ainsi qu'au mot sui-vant, salvar, dit M. G. Paris (J?omania, VIT, p. 124), il fautadmettre, avec quelques restrictions, l'opinion de M. Storm, etne voir dans cet o qu'une expression graphique d'un sonson quin'est plus u. Voy. la remarque de M. À. U. au mot nost;:o,ligne 1. - Saivar. Lalin suivare. Voy. la note précédente,et le mot saivurai, ligne 3. —Dist(?). Faut-il lire disi, avecMM. de Mourcin, Koschwitz, SI engel, etc.; faut-il lue difi avecM.M. P. Me yer, Cornu, G. Paris, Ltieking, etc? Voy. ce que nousavons dit, à propos de la lecture de ce mol., page II. Ce qu'il ya de certain, c'est que le mot en question (difi ou dis!) doit setraduire par debet. On retrouve la même phrase dans bonnombre de formules de serment de la méme époque. Voy. Ba-bUSE, t. I, p. 377 : Sicut per drictum DEBET esse homo dominosuo. u T. II, p. 71 u Sicut fra.ncus homo, per rectum, esse. DEBET

suoregi. » Du reste, dans le serment en langue allemande: sosoman mil re/tto sinon ôrnod/ier 5CAL signifient en mot k motcomme on avec droit son frère (sauver, s.-ent..) noi'. Oies(Sprac/tdenkrnikler, 9), qui admet dis!, dit que l's, lequel nepeut venir (le debet, est une lettre intercalée, analogue à l's dansles présents, vist, de videt; list de legit, qu'on trouve dans desmonuments (lu X1T° siècle. - Selon lui, fi n'est pas une combi-naison de lettres française. Burguy prétend que le copiste s'esttrompé et o, mis disi pour di/i, lequel par l'intermédiaire dedive!, devet se rattache naturellement à debet. Storm n'admetpas le rapprochement que fiez établit, entre dist et les formesvisi et lis!. Jl n'admet, pas non plus dift. et explique dist pardccci. (Dcccl aurait donné dis!, comme decen a donné dis =dix.) Mais Storm oublie que dist a un sujet : om. et M. Meyerpense, avec raison, qu'on ne peut, pour sauver la conjecture deStorm, admettre que dis! = dccct o. perdu sa constructionlatine.

Mais, dira-t-on, si om était un cas oblique? On pourrait alorsconstruire: sic quomodo JlOMIrEM... SUUUI fratrcm saivare dccc!.Malheureusement, on ne peut fournir d'autre exemple de 0m,employé comme cas oblique indéfini. Groher pense que dis! =dcbet est une erreur de lecture du copiste pour diii. Selon lui,diii serait pour dii'!, div!, dint. Cette explication n'est pas snf-fisainment appuyée pour être définitivement admise. J . Cornu

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(Remania, IV, 454) lit dift et fait venir ce mot de dcbet. » J, dit-il, est (dans le manuscrit) la notation constante de e long. n Direprésente, selon lui, dé (bel). Pàur fi, u sans recourir à 1'allemand gifi tic gebet, on sait, dit Cornu, que y final s'endurcit en

f .. brief de nnvem; nef de ri ycm, etc., etc. n Malheureuse-ment, nous avons déjà vu que Diez remarque que efi n'est pasune combinaison de lettres française, et qu'elle n'est pas tlava ri-tage latine, italienne ou espagnole . « li mirait pu ajouter aussiprovençale, n dit Kosdhwitz. (Extraits de Eosch\vitz et de laRemania.) - k son tour, M. Gb. Joret (1kv. cvii., 5 septembre4887. p. 46) dira, à ce sujet u k l'époque (les Serments, le b,Précédé de la ionique, n'était pas encore tombé; il s'était sen-leinent affaibli en u; mais devant t, cette senoee u est devenuenécessairement sourde, de là défi, pour dév'i, et, par suite,d'une, transcription particulière au scribe des Serments, difi.

Après avoir produit tous ces arguments pour et contre diseou difi, nous ajouterons comme conclusion: Le mot du manus-crit, dife, doit se lire dift, et l'explication de M. Joret noussemble la. meilleure. - In. Latin (voy. la note I de la page 25).(On ne doit tenir aucun compte du point avant in, non plis quede la majuscule in.) - O = hoc, cas régime. - Quid. Latin,sens de qrrod. In hoc qu.id (c'est-à-dire in hoc qnod) signifielittéralement en cela que, et, en français, à. la coudition que. -Il = ilie, cas sujet.. Gomment se fait-il que le môme mot iileait produit l'article le et le pronom pers. de la 3e pers. il? Voy.à ce sujet GLÉDAT. Or. du vieux f,. , § 236.— Mi = mil,.i. Voy.mc, accusatif pour le datif, ligne 3. - .4ltre. Voy . la fin dumot, ligne 7.

Ligne 7. - Si (aitrc + si). En latin allerum + sic, c'est-à-dire, en mot à mot, autre chose ainsi, et, en français, autantsemblablement. - b'azct. En latin facial, 3 pers. S. du prés.du sniij. - cf. Ch. de Roi., y . 750 (E M. Gautier) ((N'avez barunId mielz de lui la ncET. » - Et. Latin. Ne pas tenir compte dupointmis par, le copiste après./itzet, non plus que de la majusculede Et—il b. Ce mot, ( [ni signifie avec ici, vient du latin apud.De Mourcin ne voit dans ce mot que la préposition latine ab.Mais il ne faut pas oublier que opud s'est abi-égé en a; et ab.Puis, unis au démonstratif hoc, op ou ab=ah+lioc ont donné

vocc, puis avec, - Ludlter. u Mot composé de leMi, peuple, et

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de /ièrr, maître. n (On MounciN.) - D'après M. Ch. Joret (foc.cit.), les rnots•.iud/wi' et Lodhowigs ont pour premier élémentklud n célèbre n , lat. (inclutus), F. xXutd, comme le montrentles formes primitives Hioditari, Hlvdwiq. - Nul. Latin nuilum,cas régime. - Plaid. Latin placitum (sens de accommode-InC,I1, arrangement). Voy. ce mot dans ERÀCIIET. - Nu.nquam.Latin. Voy., page 23, la citation empruntée au savant mémoirede M. G. Paris.

Ligne 8. - Prindrai. En latin prenderc + ltaheo. Pourquoil ei à la place de le? Voy. la note I de la page 25.— Qui. Latin,se rapportant h plaid. On trouve aussi, dans le bas latin, quw= quod. Voy. P'Aitnois DE JuBÀINYILLFI De la décl. lot., etc.,

p . 455 « Ad snonasthyrio (monasieriuni) QUE (quod) est con-struct us (eonstrnclnrn). n - Meon. Lat. indion. Vol. Substantifverbal de vol-eir = vol-En. T.ra(luistz :11 à ma volent(', par mavolonté. n C'est une sorte d'ablatif absolu. - Cist = ecce+ istum. Cas régime. Voy. ligne 4. - ilfcon = Méum. Casrégime. - P'radrc = Fratrem. Voy. ineon et frodre, ligne 4llemarquer l'absence (le préposition devant le cas d'attributionâ CC fliC?? frère. n On en tiouve de fréquents exemples dit deMourcin. dans les écrits du XIII5 siècle. n Ex.

celui qui Sc volt commander,N'ose ennemis rien demander.

- Celui, pour â celui. [Sainte Ldocade, y . 2459, faN. J), t. I.]Ligne 9. - Karle. Nouvelle forme du cas régime. Voir au

mot nostro, ligue 1. - in damne. Mots latins'. - Su. Est-ceun mot latin, 3e pers. s. du prés. du subi. ? « Si ? , h moins d'êtreun latinisme, (lit M. Cornu, Remania, VI, 248, ne saurait avoirpour base que siat, demandé par l'ensemble des langues ro-ma:ues, et qu'il serait mal à propos de séparer de scie soie, sciessoies.

Traduisons maintenant le Serment de Louis le Germaniqueen latin étymologique'

1. « On peut aussi bien y voir des mots français, en damne. » (A. D.)

- 2. Nous n'admettons. pour cette traduction, que deux cas, le nominnti f, cas sujet, et lacc,,sati f cas régime (direct ou indirect).

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4. Pro Deum (Dei) amorcm et pro christianum populum (chris-tiani populi) et nostrum commune

2. salvarnentum (salutem), de istum diem in ai) +.nnte, inquantum Deus

3. savirum (ou snpCre) et potére mc (mihi) donat, sic salvare+ habeo ego-

lit ecce ± istum menin fratrem Karlum, et in aiud/ia (ad-juinentum)

5. et in xoed ± una causa, sic quomodo homo per drictum(directum) Suum

6. Tratrem saivare DEBET, in hoc quod 111e mihi alterum +7. sic faciat, et ai) Lotitarium nulluin placitum nunqunni8. prendere + habeo qui (quod) meum voile (velle) ecce + is-

tum (isti) menai (meo) fratrein (fral.ri)O. Karlum (Karlo) in damnurn si!.

Après cette traduction (lu 4cr serinent en latin étymologique,nous pouvons en donner, en français, la traduction littérale

4. Pour ((le) Pieu l'amour et pour (le) [salut] (du) chrétienpeuple et noire commun2. salut', de ce jour en avant, en autant que Dieu3. savoir et pouvoir me donne, ainsi sauverai-je4. ce mien frère Charles, et en aide5. et en chacune chose, ainsi comme homme par droit (= selon

le droit., l'équité) son6. frère sauver doit, en cela que( pourvu que) il me autant

(= également, altresi)7. Tasse. Et avec Lothaire aucun arrangement (plaid) jamais8. (je ne) prendrai, qui (à) mon vouloir (= par ma volonté) à

te mien frère9. Charles en dommage soit.

Pour plus de clarté

Pour l'amour de Dieu et pour le salut du peuple chrétien et

4. On lit dans le serment de Charles qui répète en tudesque celui deLouis lad in thes christianes foiches i,,d 'g ager hodigero gchaflnfrsi. Ennet 5. mot ii Pour dii chrûtien peuple et (le nous deux salut. » (Voy.Dc Ciir,v,uin. I, 83.)

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noire (salut) commun, de ce jour en avant, autant que Dieuin'eu donne@a) le savoir et le pouvoir, je défendrai mon frèreCharles, et l'aiderai en toute circonstance, comme on doit selonl'équité défendre son frère, pourvu qu'il en fasse autant à monégard. Et jamais je ne prendrai avec Lothaire aucun arrange-ment qui, de ma volonté, puisse ôtre nuisible h mon frèreCharles.

Voici maintenant le serinent de Charles en langue tudesqueavec la traduction interl:inéaire

Ai Godes munie md in flics eltrislia.nes To1e1ieEn (pour) de Dieu amour et en (pour) du chrétien peuplemd miser boditero ge/uilinissi, fon iitcseme doge frein-et de nous tous deux salut,decejourà l'a-mordes. sofromsomir Gos gewizci mdi tnoitdvenir, ainsi longtemps comme à moi Dieu savoir et pouvoirfurqibil, 80Itaidik ilteson nunon bruoditer, soso mondonnera, ainsi je sauverai cemien frère, comme onmil rch.lo sinonhruoderscai, in skin t/tazavec droit sonfrère (sauver) doit, en ce que (pourvu

el, miggosomaduo, mdi mil Ludi,eren inque) il à moi ainsi pareillement fasse, et avec Lothaire enno/iiteiniu iliing ne gegango, litenUuOiZ millionimo

nulles affaires n'irai-(je), lesquelles, (h) mon vouloir, à luice scadhen iverdiien.à dommage deviennent.

Il est h remarquer qu'après les mots titesan ntinan hntod/ur,il y aune lacune, par inadvertance du copiste. En effet, immé-diatement après le mot bruoditer (frère), le copiste a mis soso(comme), oubliant les mots tudesques qui devaient traduireLouis (remplaçant Jt'ario) et et in aindita clin cadkuna cosa.

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§ 2.

Serment de l'armée de Charles

Ligne I - Si. latin. - Lodltuvigs, qui devrait être écritLod/wwigs. u Cette dernière orthographe, dit de Mourcin, estplus conforme it ïusage des anciens Francs, qui écrivaient cenom avec trois u (Lodhuuuigs = Lod/niwigs) ; je dis avectrois n, car les anciens Francs, ainsi que nos pères, ne connais-saient pas le w. Or, la langue latine se refusant, pour ainsi dire,à cette accumulation tIc trois fois la même lettre, on avait cou-turne d'écrire Looiiuuicus avec cieux u seulement. C'est ainsiqu'ail le retrouve presque part ont dans la Chronique (le Nithard.Le copiste a donc pu, par habitude, illeilre Lodhuuigs au lieude Lodlniuuigs que je croirais préféra.hleici. o o Ce mot est com-posé de Leut, peuple, et wig, ou wik, citadelle, lieu de défense,refuge; il signifie donc refuge du peuple, c'est-h-dire protec-teur du peuple. o (Di M.) M. Cli. Joret voit dans le mot Lodhu-wiq deux éléments bled, célèhre (voy. Serment, ligne 6,au mot Luditer), et wiq, signifiant « combat

Lgnc 2. - Sagrament. Latin sacramentum. Vo','. plus haut(page 12), au sujet de la conjecture de de Mourcin, sacramentaqux. II est Mcheux, nous ne le nions pas, qu'on ne puisse ad-mettre ici le pluriel saeramenla que. Le pluriel ne serait pasdéplacé ici. Louis et. Charles, en effet, se lient par deux pro-messes, par deux engagements. Chacun d'eux jure 1 0 qu'ildéfendra soli (Charles ou Louis); 2 0 qu'il ne prendra jamaisavec Lothaire quelque engagement que ce soit qui puisse êtredomagcable 'n son fière (Charles ou Louis). M. Émile four-eois, dans sa thèse (1885) sur le Capitulaire de Kiersy-sur-

Oise, a fort bien fait remarquer que les princes carolingiens etleurs sujets, dirigés par 1'Eglise, ont cherché à opposer au dé-sordre et aux violences (le la société du neuvième siècle unrégime de concorde et de paix, ..et que ce régime reposait surDEUX principes essentiels que chacun devait respecter et prati-quer 1 0 ne pas faire du tort à son voisin (parcere, abstinere,

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justitia); 2° oublier les loris qu'il a pu vous fi-tire, avoir pitié delui, le secourir (indulgere, rn?serieordia). Or, si l'on pouvaitadmettre ici le pluriel, le mot de la 4' ligne (lostanit), si diffi-cile à expliquer, pourrait se décomposer en lus = illos = illd(sacrameirta) et en tanit = teneba! , si toutefois on acceptait,avec M. Cornu (Ilornania, VI, 248) tanit = tenebat. Voy. plusbas le mot iostanit. Mais, encore une fois, il y a dans le Ms.sagrarnent que; et il est impossible de Traduire ces deux motsautrement que par saerainen.t.wn quein (quein = quod). - Que.Quein, latin. Voy. au mot saqranîen.t. Que (avec une barreoblique sous le) est une faute d'orthographe pour le que simple.- Son. Suu,n, cas régime; ici datif. - J?rodre. Fraticyn, CMrégime; ici datif, Fratre = frein. - Karlo. .Cas régime; iedatif.

Ligne 3. - Jurai. Latin. Jurai, correspondant au mot gesuordu serinent, en langue tudesque, doit être au parfait de l'indica-tif. '—Cf. Ch. de Itol., 2134: u Li quens Ilollans unkes'n'amatcuard. n (N'amai = non arnavit.) - Conservai. ici, au 'ion-traire, conservai est au présent de l'indicatif. Forme latine.Kanlus. Cas sujet. - Aîeos = inéus, cas sujet. voir 4e? Serin.,ligne 4. meon. - Sendra. L'a final n'a guère plus de valeurqu'un e muet (voy. plus haut /'radra), 4cr Serment, ligne 6.Scnd,'a 011 sandre vient tin latin senior score, puis sen(d)repar intercalation du d euphonique. Cf. ten(d)re de tenertog,cen(d)ie de cinerem, etc.

Ligne 4. - Sico = sua. Cas régime. Suo est une erreurdu copiste pour sue = sua. - Part = partein =' panie -Lostanit. Voilà un mot qui a fait verser des flots d'encre. -est certain que û lostanit représente le mot forbrie/iit dans leserment tudesque. Or, forbriehii serait mieux représent.é parun mot français voisin (lu latin frangi!, qui le traduit à peuprès exactement. li n'est donc pas surprenant qu'on aitait voululire Io FnAwr'r (iilud (sae;'anientum) FRÀNcIT), au lieu de non illudsibi lent'!, comme on a essayé de traduire non /0 5(e) tanit.Mais ceux qui lisent b /i'anit sont obligés de supprimer lanégation non. D'ailleurs, le texte, Très lisible, donne û iosianie.Gomment a-t-on essayé d'interpréter ces deux mots si diffé-i'ents?

Bonrn (4577) lit non bostaint et traduit tic le tient. -- Claude

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FAUCHET (1610) donne nolo stanit, ce qui ne présente aucunsens. Dans sa traduction française, il met, comme Bodin, ne letient. - FfiÉ]IEII, PONTÂNUS, André, Du CUE5NE donnent non lostanit. - Bonn. : un (os terni. Traduction : ne le tient. - Du

non los tenu. Trad. lai. : non iihid tenet. - Asînucnon. (o tanit. - Dom Bouunr : non In stanit. - BONANY : nonlos tanit. Dans sa traduction en fiançais du douzième sièclenon le tcmist. Dans sa trial. let. illud teneret. Paris sa trad.fr. : ne le tint point. - Counr DE, GEBELIN : non (os tenu. -ROQUEFORT 1 71012 10 .stanit. Gizy: (o stanit. Trad. fr. : viole.DE MounciN : non (os tenU. En latin : non ilbos tenet. Jibos,d'après de Mourcin, se rapporte à saeranzenta qux. Voy. plusiiautau mot sagrarnent. DrEz: non los tenu. JAS, selonfiez, est le pronom (o, avec le datif pléonastique se. (On trouvese pléonastique dans Jiodee . et Girart de Roussillon.) mesajoute . : l'encre sacrainentum est l'expression consacrée. n -CIIEVÂLLET. t Du verbe stanir, tenir, dérivé de extenere, dontle initial ai été retranché, comme il l'est ordinairement en ita-lien. On trouve dans le Glossaire de Pu Cange le verbe sic ntari,passif de s! en tare, fréquentatif de stenere pour extenere. Demême cxi raneus fournit à la basse latinité straneus, stro.niu.s; àl'italien straniere, à notre ancien français strange. n - CORNU(Jboniania, VI, 248) explique (os comme Fiez. Mais, pour lui,tanit = tenebat. L'a de la première syllabe ne présente pas dedifficultés, vu l'incertitude des atones dans les Serments, et vules exemples si nombreux où l'a répond à e et à i. Cf. SaintAlexis, Ms. L. anxmes (animas) [74 à 421. Dans le Voyage deSaint. J3randan, publié par Sorbier : iAmcz (tonde) [477].« Tanit, continue M. C., est un temps permis par la syntaxe,et pour la forme il est aussi bien justifié que su. n (Voy. plushaut.) - BucnobTz lit non (o stanit. Selon lui, stanit est pourstat, et non (o stanit doit se traduire par ne s'y tient pas..c'est de la. haute fantaisie. -P. MEYER (Jbumania, 111, 274,Rem.) corrige suivit en /'ranit, ce qui donne un mot cores-poiidant à l'allémafrd for'briclilt; mais il ne se dissimule pasque cnqui fait perdre à sa correction beaucoup de sa force,c'est la suppression de la négation non. - Sucuinrt admet lacorrection de P. Meyer, et voici comment il explique l'introduc-tion fautive, selon lui, de non avant ,franit. « Le copiste, dit-il,

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avait dans l'idée non conservai; il a d'abord écrit ndn par dis-traction, sans s'occuper du texte qu'il avait sous ]es yeux puisil a écrit, sans les comprendre, les mots du texte : Io /'ranit'qu'il a mal lus eV qu'il a transcrits: lostanit. «Continuant ânonsfaire assister au travail du copiste. Sorbier ajoute: « Une foisles mots non lostanii écrits, le copiste n'a pas pris la peine decomparer son texte avec celui (lu ms. qu'il avait sous les yeux,et, par conséquent, n'a pas vu que non était de trop... n Tout celaest fort ingénieux! - LUCIUNG conteste l'explication de Suchieret en donne une autre, encore plus hardie, dit Kosehwitz. Selonlui, il devait y avoir, dans le ms. original, celui que transcri-vait tin premier copiste : ion fraini, c'est-à-dire l'en frai ni, illudinfrangit = infringit, sans négation ii avant ces deux mots.Le premier copiste, distrait, aura lu /on/'raint, et comprisle 3! /''aint = 10 non fraint; et, intervertissant la lettre n qu'ilprenait, à tort, pour une négation ( pi), il l'aura maladroitementmise avant b. Alors, selon Lflcki:ng, lev fraint du ms. originalaurait été lu Ion fraint, interprété Io ii freine et changé en ii b/'ranit; tout cela par un premier copiste distrait ou stupide.Puis est venu un second copiste, qui s'est dit : s Mais avecf)'anit, il ne faut pas de négation, car cette négation produiraitun contresens (non illnd frangit, au lieu de illud frangit). »C'est alors que le second copiste aurait, pour conserver la néga-tion, changé franit en stanit. Mais on peut répondre à Liicking

Si le deuxième copiste s'est aperçu que le • premier copisteavait mis la négation en trop, pourquoi ne sukprimait -il pascelte négation malencontreuse? C'était beaucoup plus simpleque de changer franit en stanii. - Gitoincu veut qu'on lisen 10 su tint (non 10 suon tint = non ibbud sunm [sacramenturn]tcnct). - LINDNER lit de suo parteni lo fraint. c, Entre le p depari, dit-il, et 1'n suivant, il y a suffisamment d'espace pour lejambage d'un on, mais celui-ci a disparu. » - o Conjectureaussi inutile que possible, n dit M. G. Paris (Rom., XI, 444).—Enfin M. L. CLÉnAT (More. chois. des auteurs fr. du moyendge, Paris, Carnier, février 1880) nous propose de lire : 'bsuoi fi'attit I

4. M. G. Paris (Rom., 1886, 643), dans le conipl.e rendu [réa élogieixettrès mérité du Commentaire du flr Ed. Kosehwitz dont nous nous

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36 -b = Ego. Voy; Serment de Charles, ligne 3, 60. - Rôturnarvo -j- tornare.Ligne 5. - L 1' = le. Ilium, cas régime. - lui vient de

ide. Pois. Le verbe pouvoir vient, non pas de posse, mais de*ptê).c, qui est devenu en fiançais podeir (podir),poeir,pooir,pouvoir. - iVe = nec, latin. - b, ego, latin. - Neuls =nuilus, latin (ne + niius). - Gui est un régime direct, et égaleguem. - J'o = ego, latin. Remarquer les deux formes io etco = ego. - Returnar, latin re -j- tornare.

Ligne 6. - liai, latin ide. - Pois (voy. plus haut, 51lïgne).- iVulia, latin. - Aiud/ta (voy. premier Serment, ligne 4). -Contra, latin. - Lodhuuuig. Remarquer le premier u et lesdeux suivants, qui équivalent à w (voy., pour ce mot, Lo-d/suuigs, à la P ligne). - Non = non, latin. A'bn deviendramm, puis nen, et enfin ne. - Li auer (?). Comment lire li aver (?)On a souvent lu li iver = illi ivero; OU li juer = illi (ilium)juvero. - Diez (suivi par Bartsch et Grober) pense qu'on doitlire li iv er = jili ibi cr0. - Grimm suppose li lu or illi egoero. (lu = ego.) Nous avons d4jà vu io et co. Lucking donnel'explication qui parait la plus satisfaisante, en écrivant nuit luiier = non illui (=1111) cr0. —M. G. Paris n'admet pas la leçonde M. Liicking il comprend, comme Diez nun li iu er (nonliii ibi erÔ).

sommes tant aidé nons-même dans le présent travail, propose « uneexplication qu'il croit vraisemblable depuis longtemps - Il lit etKarts ,neos rendra de sua part Io suon fruini, et ajoute 's Je supposeqic'r,n copiste intermédiaire entre l'original et le nôtre (ou peut-être lescribe) avait oublié les trois lettres von (losfraint pour bosuonfranct)et les avait récrites a,i-dcsncs de la ligne; un autre les aura remisesdans le texte, tuais en lisant non et en se trompant de place non bos-fi'aint; un maire aura écrit non en nbr'égé, et omis l's devenue mi ntel-ligible de boa, et ainsi s'est formée la leçon actuelle, ii bostanit en y joi-gnanL la mauvaise bd nie si pour fl'; notre copiste ne comprenait rienà ce passage qu'il a copié, comme il a fait l'allemand qu'il ne compre-nait pas davantage, aussi fldiilceaent que possible. r - s Le ms. porteincontestablement iiboftanit, mais le scribe ne comprenait pas ce qu'ilécrivait. Le nas. original devait, ovni" (o paon fraint ou in Ça frein t. Unpremier copisLe a écrit lof non fra int, nia second non lof fraiut, mettant- correctement - en tête de la propirsitiomi ce qu'il prenait polir lanégtion non, et notre copiste Si loflanit, copiant sans comprendre, et,par conséquent, faisant des méprises de lettres ou de parties de lettres.

r

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Faisons ce que nous avons fait pour le premier Serinent, ettraduisons le second en latin étymologique

Si Lodho-2. viens sacramentum quem (quod) suum fratrem Karlum

(sue fratri Ratio)1 juravit conservat, et Rarlus, meus senior,4. de suam partem non ILLUBTENET (fl), si ego retornare non5. ilIum inde possurn, iec ego nec nullus cui (quem) ego rotor-

nare6. mdc possum, in nullam aiudham (in nullo adjumento) contra

Lodho-7. vjcum non ilui (1111) cro.

Voici la traduction littérale en français

Si Lou-2. is [le] serment que [à] son frère Charles3. [il] a juré conserve, et [que] Charles, mon seigneur,4. dosa part ne le tient pas, si moi retourner ne5. l'en puis, ni moi, ni aucun que je retourner6. en puis, en aucune aide contre Leu-7. is [je] ne lui serai [pas].

Et pour plus de clarté

Si Louis respecte le serment qu'il n juré à son frère Charles,et que Charles, mon seigneur, de son côté ne le tienne pas, sije ne l'en puis détourner (en = de violer son serment), ni moi,ni aucun [de ceux] que j'en pourrai détourner, je ne lui serai enaucune aide contre Louis.

Enfin, voici la traduction littérale du second serment tu-desque

Oba Karl t,'zen eid, Men et sinerno hruodher LvdhuwiyeSi Charles le serment, que il à sonfrèreLouis

gesuor geleisiit mdi Lvdlnewig min hcno lien et iinoa juré, tient et (que) Louis, monseigneur, celuique il à lui

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gesuor foi'bricliit, oô iii inan es i pwenden ne mag noli iiia juré rompt, - si je lui de cela détourner ne peux, ni moi

noli t/wro noithein, Men M es &wenden may, wid/iar KarleIl i de ceux aucun, que je de cela détourner peux, mire Charles

irno cd follusti ne wirdhit.à lui à secours ne sera'.

t. Le véritable sujet de wirdhit est no/z/sein thero,aucun deceux ", etc.

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APPENDICE

- l'age lB, note 1. - Voici, â litre de curiosité, la traduction, enfrançais du douzième siècle, que donne Bonarny

4cr Serinen t . pur Dec amor et por -christian -pople et nostre communsalvement, de ste di en avant., en quant Don savoir et poïrme donne,si salverai-je cist mon frète Karle et en oïude serai en cascune Cose Si

clins 0m per dreiet soir salver dist en o qui il me altrosi faseet, eta Lothaire nul pinid nouques prendrai qui par mon voit e cist monfi-ere Rai-le en dans soit.:

20 Serment. Si Louis le sagremeut que son frère Karle jure r , conserve,et Karles mon senhor de sue part non Io tanist, si je retourner ne lentPets, ne je, ne nuls cui je retourner eut pois, en nul aïude contre Louisnuis Ii serai.

1. Contresens. Il faut « qu'il jure à son frère u.

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TABLE

Pages.

I. Dans quelles circonstances les Serments, dits de Strasbourg,furentPrononcés .......................................... 5

ILEtud e du Ms. où sont conservés les Serments de Strasbourg8

lii. Les principaux auteurs qui se sont, oecupês des Serments14IV. Etade du texte les Serments de Strasbourg ...............21

4es Serment de Louis le Germanique .......................2f§ 2. Serment de l'armée de Charles ...........................42

 I'IsNoIev .................................................... 39

(p,

SÀtNTCLOI's). - IMPRIMERIE V5 EUGÈNE 8RLIN ET FILS