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Les techniques traditionnelles de restauration : une étude RAMP Programme général d'information et UNISIST Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture PGI-88/WS/17 Paris, 1992

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Les techniquestraditionnellesde restauration :

une étude RAMP

Programme général d'information et UNISIST

Organisation des Nations Uniespour l'éducation, la science et la culture

PGI-88/WS/17

Paris, 1992

Original espagnol : PGI-88/WS/17Paris, septembre 1992

LES TECHNIQUES TRADITIONNELLES DE RESTAURATIONUNE ETUDE RAMP

deV. Vinas et R. Vinas

Programme général d'information et UNISIST

Organisation des Nations Uniespour l'éducation, la science et la culture

Notice recommandée pour le catalogue :

Vinas, Vicente

Les techniques traditionnelles de restauration : une étude RAMP/établie parVicente Viîlas et Ruth Vinas /pour le/ Programme général d'information etUNISIST - Paris : UNESCO, 1992. iv, 82 pages ; 30 cm - (PGI-88/WS/17).

I. VINAS, RuthII. TitreIII. UNESCO. Programme général d'information et UNISISTIV. Programme de gestion des documents et des archives (RAMP)

© UNESCO, 1992

(i)

TABLE DES MATIERES

PRESENTATION DE L'OUVRAGE 3

1. INTRODUCTION : LA NOTION DE CONSERVATION - PRINCIPESDEONTOLOGIQUES 4

1.1 La conservation 41.2 La protection 51.3 La restauration 6

2. LE TRACE 8

2.1 Encres et couleurs : définition et composition 82.2 Dégradation et traitement des constituants du tracé dans

le cas des manuscrits 92.3 Dégradation et traitement du tracé dans le cas

des dessins et peintures 112.4 Dégradation et traitement du tracé dans le cas

des imprimés et des gravures 14

3. LES SUPPORTS CELLULOSIQUES 15

3.1 Le papier : définition et composition 153.2 Autres supports cellulosiques 17

3.2.1 Le papyrus 183.2.2 L'amate 19

3.3 Facteurs de dégradation et méthodes de prévention 213.4 Techniques de restauration : matériaux et procédés 25

3.4.1 Contrôle 253.4.2 Examen 263.4.3 Photographie 263.4.4 Protection physique du document 263.4.5 Désinfection et désinsectisation 273.4.6 Nettoyage 303.4.7 Désacidification 313.4.8 Blanchiment 313.4.9 Stabilisation hygroscopique 343.4.10 Consolidation 343.4.11 Séchage et mise à plat 373.4.12 Réparation des entailles et des déchirures et

comblage des lacunes 373.4.13 Lamination 403.4.14 Encapsulation 43

4. LE PARCHEMIN 44

4.1 Définition et composition 444.2 Agents de détérioration et protection préventive 454.3 Techniques de restauration : matériaux et procédés 46

4.3.1 Désinfection et désinsectisation 464.3.2 Fixage des encres et couleurs 474.3.3 Nettoyage mécanique à sec 484.3.4 Nettoyage à l'aide de solvants 48

(ii)

4.3.5 Nettoyage aqueux 484.3.6 Blanchiment 494.3.7 Désacidification 494.3.8 Stabilisation hygroscopique 494.3.9 Séchage et mise à plat 534.3.10 Restauration du support, entailles et déchirures. . . 544.3.11 Coloration des pièces d'apport 574.3.12 Laminâtion 58

5. LES RELIURES 58

5.1 Définition et composition 585.2 Le cuir : définition et composition 595.3 Facteurs de dégradation du cuir et méthodes de prévention . . 615.4 Techniques de restauration : matériaux et procédés 62

5.4.1 Reliure inutilisable 625.4.2 Reliure disparue 635.4.3 Reliure vide 635.4.4 Reliure détériorée et irremplaçable 64

6. LES SCEAUX 71

6.1 Définition et composition 716.2 Facteurs de dégradation et méthodes de prévention 726.3 Techniques de restauration : matériaux et procédés 73

6.3.1 Sceaux de cire 736.3.2 Sceaux plaqués par apposition directe 76

6.3.3 Sceaux plaqués par apposition indirecte ettimbre sec 76

6.3.4 Sceaux de métal 76

BIBLIOGRAPHIE CONSULTEE 79

PGI-88/WS/17

PREFACE

Afin de mieux répondre aux besoins des Etats membres, et plus particu-lièrement des pays en développement, dans ce domaine spécialisé qu'est lagestion des documents et l'administration des archives, la Division duProgramme général d'information de 1'UNESCO a mis au point un programme à longterme, le Programme de gestion des documents et des archives (Records andArchives Management Programme, RAMP).

Les grands éléments du Programme RAMP correspondent aux thèmes générauxdu Programme général d'information et contribuent à sa réalisation. Aussi leRAMP comporte-t-il des projets, études et autres activités visant à :

- élaborer des normes, règles, méthodes et autres instruments normatifspour le traitement et le transfert de l'information spécialisée et lacréation de systèmes d'information compatibles ;

- permettre aux pays développés et aux pays en développement de créerleurs propres bases de données et d'accéder à celles qui existent déjàde par le monde de façon à intensifier l'échange et la circulation del'information par la mise en oeuvre des technologies modernes ;

- promouvoir la mise en place de réseaux régionaux spécialisésd'information ;

- contribuer au développement harmonieux de services et systèmes inter-nationaux d'information compatibles ;

- créer des systèmes nationaux d'information et améliorer les diverséléments de ces systèmes.

Les auteurs décrivent les techniques traditionnelles de conservationmatérielle des documents graphiques en tenant compte des perfectionnements quileur ont été apportés et que tous les laboratoires modernes ont aujourd'huirepris.

Ils définissent les termes de conservation, protection et restauration,en indiquant les objectifs auxquels ces opérations doivent tendre, abordent laquestion des tracés et des supports (cellulosiques et protéiques) ainsi qued'autres éléments complémentaires (reliures et sceaux). Ils étudient en outrela nature des altérations, leurs causes possibles, les moyens de les préveniret les méthodes de restauration qui conviennent aux différents matériaux.

Toute observation ou suggestion concernant cette étude sera la bienvenueet doit être adressée à la Division du Programme général d'information,UNESCO, 7, place de Fontenoy, 75700 Paris. On pourra se procurer à la mêmeadresse d'autres études réalisées dans le cadre du RAMP.

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PRESEHTATION DE L'OUVRAGE

L'objet du présent ouvrage est d'offrir un panorama très large destechniques classiques traditionnellement employées pour assurer la conser-vation matérielle des documents graphiques, en y traitant néanmoins desperfectionnements des techniques et des matériaux qui, depuis une dizained'années, sont communément mis en oeuvre dans les laboratoires les plusavancés.

Par souci de méthode, avant d'aborder les traitements à appliquer à unmatériau donné, les auteurs formulent quelques considérations sur ses consti-tuants physiques ; en effet, il est clair que le choix du traitement le plusavantageux dépend de la nature du support à sauvegarder, de la typologie et dela gravité des causes et effets de la dégradation et du comportement futur dudocument en question dans un environnement déterminé.

Parmi tout l'éventail des matériaux à conserver, ils traitent dessupports cellulosiques - papier, papyrus et "amate" (ou "amatle") - et dessupports protéiniques - parchemin, peau tannée - ainsi que d'autres matériauxplus hétérogènes qui, comme ceux des reliures ou des sceaux influent sur lecaractère des documents ou sur leur état fonctionnel. C'est néanmoins lepapier - support le plus courant dans les bibliothèques et archives du mondeentier - qui joue le premier rôle en l'occurrence et c'est pourquoi le présentouvrage est centré prioritairement sur la problématique de sa conservation,qu'il faut du reste connaître pour comprendre ce qui est dit dans leschapitres consacrés à d'autres matériaux.

Tenant compte de ce que l'ouvrage de C. Crespo et V. Viïïas : "La préser-vation et la restauration des documents et ouvrages en papier" a été publié en1986 dans cette même collection RAMP, on a évité de revenir sur des aspectsdéjà traités et l'on a laissé de côté ou simplifié certaines données ; laprésente étude suit en effet les mêmes lignes directrices que l'ouvrageprécédent qu'elle développe.

Les auteurs n'ont pu, faute de place, s'étendre sur la question desressources humaines et financières nécessaires pour mener à bien les trai-tements conseillés. En règle générale, tous les traitements mentionnés àl'exception de ceux qui exigent le recours à des techniques spécialiséesappliquées dans d'autres secteurs des travaux de laboratoire peuvent êtreréalisés par une seule personne, étant entendu que l'effectif à affecter à cestravaux et les moyens à mettre en oeuvre pour que l'atelier/laboratoire, quelqu'il soit, fonctionne au mieux seront dictés par le volume du travail et lesdélais à respecter.

Conscients que les ressources disponibles sont souvent très limitées, lesauteurs proposent à l'occasion des méthodes de traitement peu onéreuses ouartisanales, susceptibles d'être substituées à d'autres plus inaccessibles oucomplexes ; cependant, ils n'ont pas été en mesure d'établir un barème précisdes coûts qui leur aurait permis de recommander les méthodes les plus écono-miques car il est évident que le prix d'un produit dépend des conditions del'approvisionnement et du marché et qu'il appartiendra à chaque établissementd'étudier les possibilités qui lui sont offertes de choisir le fournisseur quilui conviendra le mieux et le livrera à temps.

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1. INTRODUCTION : LA NOTION DE CONSERVATION - PRINCIPES DEONTOLOGIQUES

1.1 LA CONSERVATION

On entend ici par conservation la conservation matérielle des objets,c'est-à-dire l'ensemble des opérations qui visent à prolonger leur vie en lesprotégeant des dommages à prévoir ou en remédiant aux dommages qu'ils ont déjàsubis.

S'agissant des biens culturels, la finalité de la conservation est desauvegarder les propriétés physiques et culturelles des objets qui sontconsidérés comme des biens culturels dans le but d'éviter qu'ils perdent deleur valeur, et pour faire en sorte qu'ils subsistent au-delà de la duréelimitée d'une vie humaine.

Ainsi définie, la conservation tire son origine du fait que tous les biensculturels de caractère mobilier - ceux auxquels est consacré cet ouvrage -sont constitués par un élément physique, le support sur lequel est apposé,dans le cas des documents graphiques, le tracé qui contient le message propreau document.

Par nature, ce type de bien exige des travaux de conservation qu'ilssauvegardent à la fois son intégrité physique et son intégrité fonctionnelle.Par intégrité physique, on entend la conservation de tous les éléments quiconstituent la matière du document ; l'intégrité fonctionnelle est la capacitéde transmettre l'information qui y est rassemblée. Autrement dit, si un docu-ment conserve son aspect matériel mais a perdu ou est menacé de perdre lacapacité de transmettre son contenu originel, on ne peut en aucun cas leconsidérer comme étant en bon état de conservation. A l'inverse, si soncontenu perdure mais que le support physique en est si fragile ou mutilé quela transmission du contenu intellectuel ou culturel du document s'en trouveempêchée, celui-ci a cessé de remplir sa fonction. En conséquence, les travauxde conservation d'un document graphique - livre, feuillet ou tout écrit oudessin considéré comme tel - doivent viser à assurer la stabilité et la dura-bilité de la pièce en question.

La stabilité fait référence à la conservation de la nature physique dudocument ; la durabilité à sa capacité de transmettre l'information. L'inté-grité archivistique ne sera assurée que si la nature physique du document estconservée et cette intégrité archivistique ne sera optimale que s'il y a con-servation harmonieuse de l'intégrité physique et de l'intégrité fonctionnelle.

Pour conserver physiquement un document, il existe deux moyens d'action :

(a) prévenir la détérioration (protection) ;

(b) réparer les dommages (restauration).

Les deux actions sont complémentaires, mais il faut savoir que c'estl'inefficacité des mesures de prévention prises ou leur absence qui rend larestauration nécessaire.

Pour la bonne application des méthodes de prévention comme des méthodesde restauration, il est nécessaire d'observer certaines règles qui fournissentdes principes d'intervention unifiés et empêchent qu'en agissant sur lescaractères physiques de l'oeuvre on en amoindrisse la valeur culturelle. Ils'agit d'éviter des agissements tels que ceux qui, dans un but purementlucratif, font des restaurations une falsification ou un camouflage, commed'éviter, à l'opposé, l'excès de zèle qui conduit à tort à penser que protégerveut dire interdire absolument la consultation et que l'unique méthode deconservation possible est l'action préventive, la restauration étant à rejeter.

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Pour éviter cela et unifier les principes de leur action, les vraisprofessionnels règlent leur conduite sur un code qui leur indique commentappliquer correctement les méthodes de prévention et de restauration. Si lesrègles fixées sont souplement adaptables, l'observation en est rigoureuse etvise dans tous les cas à sauvegarder l'intégrité culturelle des objets.

Face à l'anarchie préoccupante qui régnait dans le passé, les spécia-listes des différentes questions qui touchent aux biens culturels se sontrencontrés, à l'occasion de réunions et de congrès internationaux, pour tâcherde trouver des solutions uniformes aux grands problèmes qu'ils connaissenttous. Avec le patronage de l'UNESCO, un pas décisif est désormais franchi versl'établissement d'un ensemble de règles unanimement acceptées qui fait desoeuvres témoignant de la culture un élément du patrimoine de toute l'humanité.

Les principes de conservation actuels, qui sont le fruit de ces débats,peuvent se résumer en quelques règles, énumérées ci-dessous, règles conformesà des objectifs qui s'efforcent d'estomper les différences entre restaurationet protection :

1.2 LA PROTECTION

La protection a pour but d'éviter les dommages que pourraient occasionnerau bien à conserver tel facteur d'environnement ou circonstance accidentellepropre au milieu qui l'entoure. C'est pourquoi les techniques de prévention nesont pas d'ordinaire appliquées directement aux biens. Elles visent plutôt àréguler les conditions microclimatiques du lieu, qu'elles cherchent à débar-rasser des agents nocifs ou des éléments qui peuvent exercer une actiondégradante de manière temporaire ou permanente.

Il s'agit de prévoir les dommages provoqués par des causes extrinsèques,étrangères à la nature des pièces à conserver mais qui risquent à plus oumoins long terme d'en amoindrir la valeur culturelle.

Tenant compte du fait que ces biens doivent impérativement rester stableset disponibles, les règles prévoient :

1. de créer un environnement répondant aux exigences de stabilité et dedurabilité du bien en mettant tout en oeuvre pour enrayer l'action desfacteurs d'altération sans causer, directement ou indirectement, dedommages à l'oeuvre ou aux oeuvres que l'on désire protéger.

Ce principe implique la connaissance préalable :

(a) du comportement physique et chimique de la structure et des élémentsdes documents à conserver ;

(b) des causes potentielles de leur dégradation ;

2. de protéger la pièce de toute détérioration si une utilisation inconsi-dérée est de nature à mettre en péril l'intégrité culturelle :

(a) en limitant le droit à la consulter qui sera exclusivement réservéaux personnes ayant un impérieux besoin de l'avoir directement enmain dans l'intérêt de la culture ;

(b) en se procurant une réplique qui, tout en conservant les qualités del'original et sans être une falsification, satisfasse la curiositéou les besoins de la recherche.

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1.3 LA RESTAURATION

La restauration a pour but de rendre à l'oeuvre son intégrité physique etfonctionnelle en remédiant aux altérations qu'elle a subies.

Les procédés curatifs s'appliquent donc là directement à l'oeuvre car ilstentent de remédier à tous dommages qui lui ont été infligés au fil de sonhistoire - mutilation ou amoindrissement de sa valeur documentaire.

Cette application directe ne va pas sans une responsabilité particu-lière à l'égard de l'oeuvre comme à l'égard de son histoire, dont elle estindissociable.

La restauration est avant tout renoncement et respect absolu - renon-cement à toute intervention créatrice et respect immense pour ce que l'auteura réalisé et souhaité transmettre. C'est pourquoi, plutôt qu'un art, larestauration est à l'heure actuelle une technique mettant en oeuvre unensemble de méthodes scientifiques interdisciplinaires qui apportent autravail de conservation l'authentique garantie de la rigueur des sciences quilui sont appliquées.

On ne peut nier la similitude qui existe concrètement entre la respon-sabilité du médecin et celle du conservateur dans leur souci commun derepousser les limites naturelles de l'homme pour l'un et de ses oeuvres pourl'autre. D'où l'adoption par le restaurateur des consignes de la médecine etde l'art médical : avant tout ne pas causer de maux plus graves ("primum nonnocere") ni appliquer sans analyse préalable n'importe quel traitement ("iln'y a pas de maladies ; il n'y a que des malades").

La restauration satisfait dûment à ces principes par un cheminementanalytique qui vise à déterminer la valeur intellectuelle et matérielle del'oeuvre. Compte tenu de toutes les considérations qui précèdent, le travaildu restaurateur consiste à :

1. reconnaître et faire ressortir l'intégrité absolue de l'oeuvre. Celasuppose :

(a) d'en définir la valeur documentaire ;

(b) de déterminer les caractéristiques et les propriétés des matériauxqui la composent ;

(c) d'analyser la structure de tous les éléments constitutifs del'ensemble ;

(d) de situer dans le temps et dans l'espace le moment historique de sacréation et des ajouts que l'oeuvre a pu recevoir ;

(e) de déterminer la justification objective de toutes les modificationsmatérielles ou fonctionnelles qu'il a subies ;

2. faire le diagnostic de son état de conservation en déterminant :

(a) les causes des altérations ;

(b) leurs effets, c'est-à-dire les dommages matériels et fonctionnelsinfligés ;

3. déterminer le traitement à appliquer en fonction des conclusions desréflexions précédentes.

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Cette procédure analytique qui fait intervenir les sciences appliquéesappropriées et précèdent toute intervention réparatrice est suivie de la miseen oeuvre des moyens et procédés de restauration. Les règles qui doivent régirla restauration proprement dite peuvent se résumer de la manière suivante :

1. renoncer à tout traitement exigeant des ressources techniques et humainessupérieures à celles disponibles ;

2. s'abstenir de toute manipulation impliquant la modification réelle ouapparente de la valeur authentique et personnelle de l'oeuvre ;

3. respecter toute addition tendant à compléter le bien culturel, dans lamesure où elle fait partie intégrante de son histoire ;

4. éliminer tous les camouflages qui sont étrangers à l'intégrité del'oeuvre ou en empêchent ou faussent l'interprétation historique ;

5. stabiliser et consolider les éléments détériorés en se gardant de lesremplacer librement par d'autres ;

6. remettre en place les éléments qui se trouvent matériellement disjointsde l'oeuvre et dont il est évident qu'ils font partie de l'ensemble ;

7. reconstituer les éléments disparus lorsque les manques sont identi-fiables ; en pareil cas, on utilisera des matériaux d'une qualitéreconnue et dont il sera facile de déceler le caractère étranger àl'intégrité originelle de l'oeuvre une fois qu'ils lui auront étéincorporés ;

8. opter pour le remplacement des éléments manquants non identifiableslorsque leur présence est nécessaire à la compréhension ou à la sauve-garde matérielle de l'oeuvre, en employant des techniques, des matériauxet des formes qui, par leur neutralité, s'harmonisent avec la structureoriginelle et le style propre de l'ensemble tout en s'en distinguant ;

9. dans tout traitement de restauration, utiliser des moyens et des procédésà l'innocuité et à la réversibilité garanties compte tenu des carac-téristiques de l'oeuvre ;

10. consigner en détail toute intervention de restauration dans un dossierspécial.

Il nous paraît utile, après avoir indiqué à grands traits ces quelquesconsidérations générales, de souligner que la notion de conservation englobe àla fois la restauration - les remèdes appliqués à des dommages déjà visibles -et la protection - la meilleure manière de conserver - qui agit à titrepréventif en barrant la route aux facteurs d'altération ou en les évitant. Sila protection est efficace, il ne sera pas nécessaire de restaurer, et l'onfera donc l'économie d'une intervention qui a une incidence directe sur lanature des restes plus ou moins importants du bien authentique.

Enfin, avant d'entrer dans le vif de notre sujet, nous tenons à faireobserver que nul ne peut apprendre la restauration en mettant simplement enpratique ce qui est écrit ici ou dans tout autre ouvrage ou en recourant à desméthodes empiriques non éprouvées. La restauration exige une solide formation,un apprentissage continu et l'appui scientifique, technique et consultatif

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d'une équipe de personnes aux spécialités multiples. Elle demande uneconnaissance étendue de la nature et du comportement des matériaux à traiteret à employer mais aussi un sens des responsabilités très aigu ; nous devonsdonc rester ouverts aux critiques constructives, conscients de ce que lesvaleurs contenues dans tout témoin de la culture sont irremplaçables et de ceque la restauration comporte toujours un risque.

2. LE TRACE

2.1 ENCRES ET COULEURS ; DEFINITION ET COMPOSITION

L'encre est le matériau avec lequel on trace les signes, écriture oudessin ; c'est, d'une manière générale, toute substance permettant d'écrire,d'imprimer ou de colorier au moyen de techniques et d'instruments appropriés.Les couleurs sont le matériau qu'emploie le peintre.

Pour remplir leur fonction, encres et couleurs doivent comprendreplusieurs constituants de base qui sont : un colorant (pigments qui leurconfèrent leur teinte), un solvant (véhicule dans lequel le pigment est diluéou dispersé), un liant (qui assure l'adhérence entre les particules pigmen-taires comme entre celles-ci et le support) et un mordant (substance chimiquequi fixe l'encre sur le support, pouvant ainsi remplacer le liant) ; elle peutpar ailleurs comprendre également des adjuvants tels que des épaississants,des aromatisants, des antiseptiques, etc.

Les encres utilisées sur les manuscrits sont dites encres à écrire. Laplus ancienne de toutes est l'encre au carbone que l'on obtient en faisantincomplètement brûler des matières organiques qui sont ensuite dispersées dansde l'eau et agglutinées au moyen d'un liant, encore que l'on puisse égalementy ajouter un peu de mordant ; l'encre au bistre obtenue par décoction de lasuie présente une composition analogue mais est de moins bonne qualité.

Parmi les plus communément utilisées pour écrire, on citera les encresmétalloacides ainsi appelées parce que le colorant en est un métal auquel estajouté un acide qui joue le rôle de mordant. Dans cette catégorie, on dis-tingue les encres ferrogalliques (constituées d'un sel de fer et d'acidegallotannique), les encres au campêche (obtenues par décoction de racines etbranches de campêche et ajout de sels métalliques variables selon la couleursouhaitée), celles à l'alizarine (sel de fer dissout dans un acide auquel onajoute de l'indigo dilué dans de l'acide sulfurique) et celles au vanadiumdans lesquelles, pour l'essentiel, ce métal remplace le fer des encresferro-galliques.

Les encres utilisées actuellement dans les crayons-feutres, crayons-à-bille, stylos, etc., sont en général constituées d'aniline dissoute dansdivers milieux. Actuellement, elles sont synthétisées par la transformation dubenzène alors qu'avant d'être fabriquées par ce procédé industriel, ellesétaient tirées de l'indigo.

Les encres utilisées pour réaliser impressions et gravures sont ditesd'imprimerie et se caractérisent par le fait que le solvant en est une matièregrasse et le pigment en général du noir de fumée ou du carbone.

Elles présentent certaines caractéristiques variables selon le procédéd'impression utilisé : ainsi les encres pour héliogravure se caractérisent parleurs solvants qui sont des hydrocarbures aromatiques. Les encres typogra-phiques pour l'impression des journaux et celles pour offset contiennent unsiccatif à action rapide qui facilite l'impression à grande vitesse, lesencres lithographiques contiennent un corps gras (cire, suif, huile...)destiné à empêcher l'encre d'adhérer à la plaque, etc.

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Parmi les matières utilisées pour peindre et dessiner, on distinguequatre groupes principaux : les matières solides, les couleurs à l'eau, cellesà l'huile et les peintures acryliques.

Les matières solides ont pu contenir un solvant au stade de leur fabri-cation mais en sont dépourvues au stade de l'application. Ce sont principa-lement les crayons de graphite, les crayons de couleur, les cires, lespastels, les sanguines, le fusain, la pierre noire, etc.

Le second groupe se caractérise par le fait que l'eau en est le solvantet comprend principalement l'encre de Chine dont le pigment est le carbone,l'aquarelle qui utilise comme liant la gomme arabique, la tempera qui sedistingue de l'aquarelle par l'épaississant qu'elle contient et qui luiconfère son opacité et la détrempe qui a pour liant l'albumine.

Les couleurs à l'huile se distinguent des précédentes en ce que lepigment y est dilué dans de l'huile qui est généralement de l'huile de lin oude noix.

Enfin, les produits acryliques qui sont les plus modernes se carac-térisent par le fait qu'ils ont pour liant un agent synthétique qui peut êtreaussi bien acrylique que polyvinylique.

2.2 DEGRADATION ET TRAITEMENT DES CONSTITUANTS DU TRACEDANS LE CAS DES MANUSCRITS

Parmi toutes les encres servant à l'écriture des manuscrits, celles quiposent le moins de problèmes de conservation sont celles qui contiennent unpigment de carbone, matière tout à fait stable que ne dégradent ni la lumière,ni les agents chimiques encore qu'elle puisse se détacher du support parfriction ou abrasion.

Mais toutes les encres ne réagissent pas de la même manière et certainessont sujettes à diverses altérations sous l'action, par exemple de la lumière(encres à la sépia, au bistre, au campêche, anciennes encres d'aniline, . . . ) ,d'éléments chimiques qui peuvent faire virer la couleur (le chlore dansl'encre à la sépia et au campêche...) ou de substances qui, comme l'eau,dissolvent le liant qui soude les pigments entre eux.

Les conseils donnés pour remédier aux problèmes causés par la lumièresont les mêmes que ceux qui seront donnés à propos des supports cellu-losiques ; si les encres ont déjà été dégradées par la lumière et sont à peinelisibles, on peut recourir à la lecture ou à la photographie aux rayonsultraviolets ou, dans certains cas, aux infrarouges ou encore, pour utiliserune technique plus moderne, au laser. Bien que conseillées ici pour les textespâlis, ces méthodes peuvent également donner de bons résultats lorsque lepâlissement est dû à n'importe quelle autre cause. L'emploi de réactifschimiques est un système non dénué de risques et généralement très dommageableen ce qu'il provoque l'oxydation des encres et à la longue la destructiontotale ; certains réactifs actuellement à l'essai semblent donner de bonsrésultats mais l'usage doit en être réservé aux spécialistes.

Pour éviter de voir les pigments s'écailler, se dissoudre, se disperserou changer de couleur, il est nécessaire de vérifier dans tous les casl'innocuité de tout traitement que l'on se propose d'appliquer aux élémentsgraphiques. Il conviendra toujours de déterminer la solubilité des encres etcouleurs dans tous les liquides à employer pour la restauration des documentsainsi que leur résistance aux frottements et les risques de décoloration ou devirage si l'on emploie des substances chimiques telles que les agents deblanchiment, les désacidifiants, etc.

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On peut facilement faire un essai de solubilité de l'encre, soit enpassant sans frotter un tampon de coton imbibé du produit à essayer sur unepetite surface située dans une zone peu visible (de préférence dans la partieinférieure), soit en se servant d'un buvard ou d'un papier absorbant. Desessais peuvent également être effectués à l'échelle microscopique par l'appli-cation d'une quantité infime de produit avec un coton-tige pour vérifier siles pigments gonflent ou se modifient d'une façon quelconque.

Le plus logique, en cas d'altération, serait d'essayer divers produitssimilaires jusqu'à ce qu'on en trouve celui qui n'altère pas le tracé ; sil'on veut par exemple effectuer un nettoyage à l'eau mais que l'encre esthydrosoluble, on peut faire un essai à l'alcool et si l'encre se révèleinsoluble dans ce milieu, le substituer à l'eau.

Mais dans bien des cas, il n'existe aucun produit inoffensif et il arrivemême que l'encre s'altère sous l'effet du simple frottement. Il n'y a alorsque deux solutions : soit renoncer au traitement, soit employer un fixatif quiprotège le pigment en le maintenant sur le support et en le recouvrant defaçon à empêcher qu'il subisse les effets d'agents extérieurs.

Le fixatif n'est pas toujours la solution idéale car, parfois, il n'estpas suffisamment puissant pour bien protéger l'encre, outre qu'il peutoccasionner une brillance ou des changements de texture et une coloration plusfoncée (s'il n'est pas éliminé) et qu'il risque de s'oxyder avec le temps.

C'est pourquoi il faut l'appliquer en quantité infime et seulement surles zones où c'est nécessaire. Il sera enlevé à l'issue du processus derestauration ; même si, dans certains cas, il faut renoncer à l'enlever euégard à la mauvaise adhérence du pigment au support, un fixatif doit toujoursêtre réversible pour éviter les problèmes de conservation ultérieurs.

Les fixatifs les plus employés sont : pour les milieux non aqueux - carc'est un produit soluble dans l'eau - la gélatine de laboratoire (préparée aubain-marie à raison de 30 grammes par litre d'eau), l'acétate de cellulose ensolution de concentration variable dans l'acétone, le Paraloïd dilué dans unesolution de nitrate de potassium, le xylène ou le toluène et le nylon solubledilué dans l'alcool chauffé à environ 35° C (voir le tableau 4).

N'importe lequel de ces fixatifs peut être appliqué par imprégnation à labrosse ou par pulvérisation : le premier procédé permet d'imbiber plussûrement le pigment de fixatif mais n'est pas toujours recommandé car labrosse risque dans certains cas d'arracher ou d'enlever les pigments.

Il est parfois plus commode et moins nocif d'isoler l'encre du milieuaqueux utilisé en recouvrant les tracés de crayon gras, substance quis'élimine ensuite aisément par gommage.

Il est un problème dont on n'a pas encore parlé et qui concerne un groupebien précis d'encres : il s'agit de l'acidité et de l'oxydation qui sontpropres aux encres métallo-acides et surtout ferrogalliques.

Nous avons vu que ces encres étaient constituées d'un acide et d'unmétal. Le métal peut, d'une part, s'oxyder et, d'autre part, catalyser uneproduction d'acide sulfurique à partir du dioxyde de soufre atmosphérique etde l'humidité ambiante. L'acide sulfurique vient alors renforcer l'actioncorrosive du mordant acide de l'encre.

A la longue, l'oxydation brûle véritablement le support, en particulierlà où les traits sont les plus épais. L'acidité apparue se transmet aux autresfeuillets en contact direct avec l'encre et peut finir par détruire le support

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de telle sorte que l'écriture apparaîtra comme tracée par perforation aupoinçon. Cette altération est très grave et l'unique moyen d'y remédierconsiste à neutraliser l'encre en la désacidifiant puis à protéger le supportpar le procédé de la "lamination" pour éviter qu'il ne se désintègre.

Pour la conservation future du document traité, la technique de lami-nation la plus appropriée est la méthode mécanique au polyéthylène, matériauqui fait fonction d'isolant et évite que les feuillets contigus en contactavec le texte endommagé ne soient contaminés.

Si pour une raison quelconque, une partie du tracé est perdue - soit quel'encre ait subi des dommages, soit que le support en ait disparu - il vautmieux ne pas tenter de remise en état surtout s'il n'existe aucune documen-tation digne de foi permettant de le faire. Les retouches et reconstitutionsdestinées à compléter des textes partiellement effacés sont à proscrireabsolument.

On ne pourra envisager le comblage de parties manquantes que si l'on enpossède un fac-similé ou une photographie ; dans ce cas, la meilleure manièrede procéder sera de joindre en appendice une copie de la source d'information.Deux possibilités s'offrent alors : soit réaliser une reconstitution du tracépar des moyens et procédés distincts de ceux de l'original, soit recopierexactement le texte manquant sur un feuillet séparé pour en mettre en évidencele caractère moderne ; si cette copie est effectuée sur un papier transparent,elle pourra être superposée à l'original, remplissant ainsi les partiesmanquantes sans risque de falsification du document ni d'atteinte à sonintégrité.

2.3 DEGRADATION ET TRAITEMENT DU TRACE DANS T.K CAS DES DESSINS ET PEINTURES

Quand on parle de restauration de documents graphiques, on entend aussicelle de toutes les illustrations complétant un texte ainsi que les peintureset dessins réalisés sur tout support propre à l'écriture.

A la différence des manuscrits et imprimés, les peintures sont réaliséesau moyen de couleurs diverses permettant d'obtenir des teintes différentes.Alors que certains pigments sont très résistants aux altérations, d'autressont facilement dégradés par la lumière (rouge de cinabre, vermillon, jaune dechrome, bleu de Prusse...), par l'humidité (vert émeraude...) par la chaleur(blanc de plomb...), par les éléments acides (oxyde de plomb, vermillon, blancde zinc, jaune de cadmium et de zinc, bleu d'Alexandrie et de céruléum, vertémeraude et de chrome...), ou alcalins (vert de carbonate basique de cuivre,bleu de Prusse...) ou par d'autres éléments comme l'ammoniaque (rouge decochenille, d'alizarine...). En outre, quelques pigments d'origine métalliqueont tendance à provoquer l'oxydation du support ou à poser des problèmesd'acidité analogues à ceux qui caractérisent les encres métalloacides (commele verdet ou vert-de-gris, à base d'acétate de cuivre, employé comme pigmentvert sur de nombreuses cartes).

On conçoit donc le risque qu'il y a à entreprendre un quelconque trai-tement sans avoir vérifié comment se comportait chaque couleur ; car si unpigment ne vire pas lors de la désacidification du support par exemple, celane veut pas dire que les autres couleurs du document vont demeurer stables.

Comme nous l'avons vu, les pigments sont mélangés à diverses substancespour produire différents types de couleurs. Selon la matière utilisée, ledessin posera tel ou tel problème et nécessitera tel ou tel type derestauration.

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Ainsi, le principal problème posé par les matières solides (pastel,fusain, ...) tient au défaut d'adhérence des pigments au support, défautd'autant plus marqué que la surface sur laquelle elles sont appliquées estlisse car les pigments se fixent sur le support en s'incrustant dans le grainde la feuille.

Le fixage n'est pas toujours la solution qui convient car les pigmentsrestent amalgamés et perdent leur aspect velouté d'origine. Mais elle estparfois absolument nécessaire en dépit de cet effet. Lorsqu'il est indispen-sable de recourir à cette solution, il vaut mieux appliquer le fixatif àl'envers du support dans tous les cas où celui-ci est suffisamment fin pourabsorber la substance. Le fixage sera alors réalisé par pulvérisation car unebrosse arracherait la couleur.

On risque aussi que les pigments se chargent d'électricité et adhèrent auverre de l'encadrement. Il faut donc ménager entre le verre et la peinture (oule dessin) un vide de 5 à 10 mm. Outre qu'il convient d'éviter les mouvementsrisquant de faire "tomber" les pigments (vibrations, secousses, . . . ) , on peutappliquer des produits anti-électricité statique utilisés en photographie.

Dans le cas des couleurs à l'eau, le problème majeur tient à leur solu-bilité par dissolution du liant et au risque de craquèlement de la couchepicturale lorsqu'elle est très épaisse.

Les peintures à l'eau sont d'autant plus stables qu'elles sont plusfluides au moment de leur application car elles pénètrent alors plus profon-dément dans les fibres du support (cas des aquarelles). A l'inverse, pluselles sont denses, plus elles forment une couche superficielle opaque risquantde se décoller (cas des temperas et détrempes).

On résout également les problèmes de craquèlement de la couche picturaleet de solubilité des pigments en fixant les couleurs ; il convient de noter àce propos qu'il ne faut jamais employer un fixatif dissout dans un liquide oùle liant soit soluble. Il est recommandé d'appliquer le fixatif sur l'enversde l'oeuvre ; on se rappellera que la pulvérisation donne une couche protec-trice plus homogène mais moins compacte que l'imprégnation à la brosse,laquelle peut se révéler plus sûre dans bien des cas.

Les couleurs à l'huile employées sur du papier ne posent pas du tout lemême problème que les matières étudiées jusqu'à présent ; elles ne sontgénéralement pas solubles dans les milieux utilisés pour la restauration etleur altération la plus fréquente tient à l'oxydation du liant (huile) et à ladégradation du vernis protecteur.

Une autre altération très courante tient à ce que la surface huileuse deces peintures les rend assez réceptives aux salissures : celles-ci y adhèrentet se déposent en outre sur les reliefs et aspérités qu'elles peuventprésenter. Le problème se résout facilement par des mesures protectricestelles que l'encadrement sous verre et dans tous les cas la mise à l'abri descourants d'air.

Un éclairage excessif provoque le jaunissement des vernis qui recouvrentgénéralement les huiles ainsi que l'oxydation du liant. C'est pourquoi il estrecommandé de s'en tenir à un éclairage modéré et de prohiber les éclairagesdirects.

L'oxydation des couleurs à l'huile est irréversible et il n'y existe pasde remède. Les couches de vernis détériorées s'éliminent au moyen de diverssolvants ; les plus utilisés sont l'alcool éthylique ou méthylique, l'acétoneet l'ammoniaque, purs ou en mélange, encore qu'il soit recommandé de les

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diluer dans un milieu ayant un effet neutralisant (eau, térébenthine oupétrole rectifié) pour les rendre moins dommageables. D'autres solvants pourvernis sont la morfoline, la diméthylformaline, l'acétate d'amyle, labutylamine, les solvants nitrocellulosiques...

Le mieux est d'effectuer plusieurs essais avec différents produitsdiversement dosés jusqu'à en obtenir un qui, pour une efficacité maximale,n'altère pas les couleurs et ne les dissolve pas. Ces essais seront réalisésavec des tampons de coton, procédure qui sera également employée pour éliminerles vernis détériorés.

Après avoir enlevé le vieux vernis, on procédera à l'application d'unenouvelle couche pour protéger la peinture des agressions de l'environnement.Le vernis utilisé devra dans tous les cas être transparent et présenter unindice de réfraction élevé tout en étant résistant et aisément éliminable àl'aide de produits qui n'endommagent pas l'oeuvre car à la longue il sedégradera et devra être remplacé.

Les vernis les plus utilisés sont d'origine naturelle, le mastic et ledammar par exemple qui sont solubles dans les solvants volatils, la térében-thine et le white spirit ; il existe également des vernis de résines synthé-tiques en principe plus stables comme, par exemple, l'acétate de polyvinyledissous dans l'alcool éthylique. Comme les fixatifs, le vernis peut êtreappliqué à la brosse ou par pulvérisation.

On obtiendra une meilleure protection en recouvrant le vernis de cires ;elles en atténueront en outre la brillance excessive. Les plus appropriéessont les cires microcristallines et la cire d'abeille ; pour les appliquer, onen imbibe un chiffon de soie avec lequel on frotte les surfaces.

Les peintures qui posent le moins de problèmes de conservation sont lespeintures acryliques car, étant composées de pigments synthétiques et deliants polyvinyliques ou de résines acryliques, elles s'altèrent très peu. Enraison de leur grande stabilité, ce sont celles qui conviennent le mieux pourles travaux de comblage à condition que ceux-ci soient réalisés sur une pièced'apport, car une fois sèches elles ne peuvent être enlevées qu'avec del'alcool tiède au prix de grands efforts.

Les règles à suivre pour le comblage des dessins et peintures diffèrentlégèrement de celles qui ont été énoncées dans la section consacrée auxmanuscrits car l'esthétique de l'oeuvre entre ici en jeu.

Ces règles sont moins strictes car il faut préserver l'harmonie esthé-tique de l'oeuvre inhérente à sa fonction ; c'est pourquoi la reconstitutiondes parties manquantes est en général ici une technique recommandable sousréserve du respect de certains principes :

Le comblage ne doit jamais se transformer en camouflage ou en falsifi-cation et doit être repérable à première vue. Il ne doit pas non plus fournirune interprétation infondée des parties manquantes ; en cas d'absence dedocumentation sur les zones à combler, on y réalisera des taches de couleuramorphes - sans tracé défini si le tracé initial est inconnu - en veillant àce qu'il n'y ait pas de solution de continuité visuelle entre les limites del'oeuvre originale et la zone reconstituée.

Pour éviter d'attirer l'attention sur la partie reconstituée, on n'uti-lisera jamais de tons qui, isolément ou en combinaison, tranchent trop sur lescouleurs d'origine ; l'intensité chromatique de la partie reconstituée devraêtre égale aux deux tiers de celle de l'original.

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Pour reconstituer le dessin, on pourra opter pour l'une des troistechniques suivantes :

1. la reconstitution intégrale par les mêmes techniques que celles del'original, la condition étant de ne pas employer la même matière etde rendre visible sur l'envers le caractère rapporté des pièces ;

2. la reconstitution au pointillé : l'image est reconstituée par unesorte de pointillé qui respecte l'harmonie de l'oeuvre, y comprisdans ses nuances chromatiques. Ce procédé simple donne des effetsheureux mais est à écarter si l'oeuvre est elle-même réalisée aupointillé ou selon une technique analogue, sauf à observer lesprincipes de la reconstitution intégrale ;

3. la reconstitution par rayures ; ce procédé, techniquement plusdifficile que le précédent, donne un résultat très agréable àl'oeil. Il consiste à tracer des rayures parallèles, uniformes etrégulières ; l'épaisseur des traits, leur longueur et leur super-position produisent un effet qui distingue la partie restaurée maisne dépare pas l'oeuvre. Afin de ne pas compromettre l'équilibre del'ensemble, les rayures doivent dans tous les cas être verticalesmême si l'original contient des lignes orientées différemment.

Sauf emploi des techniques des rayures ou du pointillé, le comblage seragénéralement réalisé au moyen de matériaux différents de ceux de l'original.

La majorité des supports ne posent pas de problèmes de reconstitutionparticuliers à l'exception du parchemin qui, en raison de ses propriétés,n'absorbe pas d'ordinaire les encres ou couleurs les plus couramment utiliséespour la restauration (aquarelles, temperas, encre de chine, crayons decouleur...).

La confection d'encres ou couleurs analogues aux anciennes est unesolution compliquée qui doit être écartée car elle fera mettre en doutel'authenticité de l'ensemble. Les tracés sur parchemin se reconstitue trèsbien au moyen de couleurs acryliques ; pour fixer les couleurs à l'eau, onpeut appliquer préalablement une couche de fiel de boeuf sur la zone à recons-tituer. L'adhérence des crayons de couleur sera facilitée si les crayonsutilisés sont des crayons à aquarelle qui, après application, seront dissousau xylène ou au toluène par frottement de la surface au moyen d'un cotonimbibé d'un de ces solvants. La technique des rayures peut également êtrepratiquée au crayon, fixées ensuite par pulvérisation.

2.4 DEGRADATION ET TRAITEMENT DU TRACE DANS LE CAS DES IMPRIMESET DES GRAVURES

Les encres d'imprimerie se caractérisent par leur grande stabilité quiest due :

- au colorant qu'elles contiennent, lequel est obtenu par calcination dematières organiques et ne donne donc pas prise aux altérations chi-miques provoquées par la lumière ;

- à leur solvant-liant qui, étant constitué d'huile, n'est pas solubledans l'eau et, lorsqu'elles atteignent avec le temps un certain degréd'oxydation, ne l'est pas non plus dans les corps gras.

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Les problèmes que ces encres peuvent occasionner sont dus soit à desfacteurs physiques soit à un défaut de fabrication. Si l'huile utilisée commesolvant n'a pas été bien dégraissée, elle tachera l'envers du support, aupoint parfois d'ôter de leur netteté aux traits que l'imbibition du papierfera paraître flous. Ce type d'altération est irréversible car une fois oxydéel'huile ne peut être éliminée.

A l'inverse, lorsque l'huile a été trop dégraissée, les pigments s'agglu-tinent mal et peuvent se détacher, ce qui diminue l'intensité chromatique dessignes graphiques et tache les feuillets contigus ; on remédie à ce problème àl'aide de fixatifs déjà mentionnés.

En général, les encres typographiques pour l'édition de journaux courentde plus grands risques de s'altérer en raison de la qualité médiocre de leursconstituants.

Les gravures polychromes posent davantage de problèmes que cellesréalisées en noir car les couleurs en sont parfois moins stables à la lumièreet peuvent virer sous l'effet de traitements chimiques. Cette éventualité estrare mais il faut en tenir compte afin de prendre les précautions voulues(essais de solubilité et de fixage).

Dans bien des cas, ces gravures n'étaient pas polychromes à l'originemais ont été colorées à la main au moyen de produits à l'eau. Il faut alorsprendre à leur sujet les mêmes précautions que pour les aquarelles.

A l'heure actuelle, la majorité des colorants qui entrent dans la compo-sition des encres d'imprimerie sont de nature synthétique et, selon lescaractéristiques de leur fabrication, peuvent se révéler soit extrêmement,soit médiocrement stables ; dans l'ensemble, leur comportement est plutôt bon.

Il est courant, lorsqu'on restaure des imprimés ou des gravures, de lessoumettre à un blanchiment en profitant de ce que leurs encres sont inalté-rables par les éléments chlorés ; dans le cas des estampes, ce traitement esten outre dicté par l'importance attachée au facteur esthétique ; il ne fautcependant pas oublier que le procédé a des effets dommageables et qu'il nefaut pas l'appliquer sans discernement mais prendre toutes les précautionsvoulues et n'y recourir que lorsque des impératifs esthétiques l'exigent.

Les règles à respecter pour le comblage des imprimés sont les mêmes quepour les manuscrits, tandis que celles qui sont applicables aux dessins valentégalement pour les gravures ; imprimés et gravures se différencient toutefoisdes manuscrits et dessins en ce qu'ils ont été reproduits à de multiplesexemplaires et que l'on trouvera probablement en ce qui les concerne soit descopies soit une documentation à laquelle se reporter.

3. LES SUPPORTS CELLULOSIQUES

3.1 LE PAPIER ! DEFINITION ET COMPOSITION

Le papier est actuellement le principal support de l'écriture ; du pointde vue physique, il n'est rien d'autre qu'un enchevêtrement de fibres, généra-lement végétales, étalé en feuille.

Ses origines sont extrêmement lointaines j sa composition et sa fabri-cation ont varié au fil du temps, mais sans changer dans le principe.

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Le papier proprement dit fit très probablement son apparition auIle siècle ap. J.-C, en Chine. On l'obtenait à l'origine à partir de résidusde soie, de tissu ou de plantes comme le mûrier et la ramie, broyés, mélangésà de l'eau et filtrés à l'aide d'une sorte de tamis de bambou où se déposaitla pâte. Une fois sèche, collée (généralement avec des agents de collageextraits de racines et d'algues) et purifiée, cette pâte devenait une surfaceapte à recevoir l'encre.

Le procédé de fabrication chinois, dont le secret était jalousementgardé, s'est à l'origine relativement peu répandu. Il gagna tout d'abord laCorée, puis le Japon (Vile siècle), où l'on parvint en perfectionnant lesméthodes à obtenir des papiers de meilleure qualité.

Après la conquête de Samarcande, au Ville siècle, les Arabes arrachèrentce secret à des prisonniers chinois et propagèrent l'usage de ce support surl'ensemble de leurs territoires, l'introduisant ainsi en Occident parl'Espagne. L'utilisation du papier est attestée en Europe, et plus précisémentà Cordoue et à Séville, dès le Xe siècle ; à partir de ce moment, son usage serépandit lentement dans le reste du continent, le papier ne parvenant enRussie qu'au XVIIIe siècle, c'est-à-dire plus tard qu'en Amérique, où il futintroduit au XVIe siècle par les Espagnols.

Dans le même temps, les matières premières entrant dans sa fabricationallaient se modifiant. Les Arabes y incorporèrent des fibres de coton, tandisqu'en Europe on utilisa essentiellement les chiffons de coton, mais aussi etsurtout, de chanvre et de lin.

Le procédé consistait à laisser pourrir les morceaux de chiffon dans dela chaux pour en faciliter le défibrage ; on les broyait ensuite à l'aide demaillets hydrauliques ou, à partir du XVIIe siècle, d'une pile hollandaise(roue cylindrique armée de couteaux), systèmes qui permettaient d'obtenir unmeilleur raffinage.

La pâte ainsi obtenue était extraite de la pile au moyen de formesmétalliques qui laissaient leur empreinte sur le papier, et celui-ci, une foissec, était collé. Au début, on se servait de colles végétales ; plus tard, onpassa aux colles animales et, enfin, on recourut à l'alun pour durcir la pâte.

Le papier ainsi obtenu est de très bonne qualité, en raison de sa légèrealcalinité, qui le protège contre l'acidité, et de la nature de ses additifs,qui sont intrinsèquement inoffensifs. Seule la présence d'alun suscite desproblèmes de conservation. Ses principales caractéristiques sont les marques(vergeures) laissées par la forme et l'uniformité de la dilatation, danstoutes les directions, due à la régularité de répartition des fibres.

Le procédé manuel céda progressivement la place à des méthodes de plus enplus mécanisées qui permirent d'obtenir un papier aux caractéristiques dif-férentes, dit papier continu. La première machine de ce type apparut vers lafin du XVIIIe siècle et est l'ancêtre des machines actuellement utilisées dansl'industrie papetière.

Les machines à papier continu consistait en une toile sans fin surlaquelle se déposait la pâte, donnant non pas des feuilles mais de longuesbandes de papier. Le papier continu se distingue essentiellement par le faitqu'en raison du mouvement de la machine les fibres tendent à se disposer depréférence dans le sens longitudinal, si bien que le papier se dilate davan-tage transversalement. Ce type de papier se reconnaît aussi à l'absence devergeures, mais cette absence n'est qu'une preuve relative, puisque l'on peutfabriquer des papiers avec de fausses vergeures ou, à l'inverse, fabriquer despapiers à la main en se servant de formes de toile qui ne laissent pasd'empreinte (papier vélin).

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En même temps qu'apparaissait le papier continu, s'amorçaient d'autreschangements ; par exemple, la pénurie de chiffons blancs obligea à recourir àdes chiffons de couleur, qu'à partir du XVIIIe siècle on réussit à blanchir aumoyen de substances chlorées. Les colles végétales et animales furent peu àpeu remplacées par un apprêt à base d'alun, plus avantageux dans la mesure oùl'on pouvait le mélanger à la pâte et supprimer ainsi la phase d'encollage.

L'utilisation du chlore conduisit à une dégradation des matériaux com-posant le papier, dont le chlore facilite l'oxydation ; de même, l'alun (selde l'acide sulfurique) se révéla lui aussi nocif, car en se dissolvant dansl'eau, il provoque une forte réaction acide qui détruit la réserve alcaline etendommage les fibres de cellulose.

Mais le problème de la qualité du papier prit une acuité nouvelle avec lapénurie de chiffons qui obligea à recourir à une autre matière première, lebois, utilisé pour la première fois au XIXe siècle. Ce nouveau matériau avaitl'inconvénient de contenir moins de cellulose et davantage de lignine. Cettedernière, présente en assez grande quantité dans le bois, est un élément quicontribue à l'acidification et à l'oxydation du papier.

Les méthodes de fabrication de la pâte de bois influent elles aussi surla qualité du papier ; ainsi, la pâte dite mécanique, obtenue par défibrage dutronc au moyen de systèmes abrasifs, donne un papier de moins bonne qualité,présentant des fibres courtes et inégales.

L'industrie papetière a remédié au problème de la lignine en éliminantcelle-ci grâce au défibrage chimique ; parmi ces systèmes, on notera leprocédé au sulfate, qui donne le papier dit kraft, remarquable par sarésistance.

Fruit d'une association des systèmes de défibrage mécanique et chimique,la pâte semi-chimique est de meilleure qualité que la pâte mécanique et pluséconomique que la pâte chimique, bien que de moins bonne qualité qu'elle.

Les papiers à pâte chimique n'ont pas apporté de solution au problème deleur conservation, car s'ils sont à l'abri des effets nocifs de la lignine,ils contiennent toujours des éléments chlorés, de la colophane et de l'alun.

La solution réside dans le papier stable-durable, fabriqué à partir depâte de bois de bonne qualité, doté d'une réserve alcaline et collé au moyende résines stables.

A l'avenir, la fabrication du papier pourrait s'orienter vers l'utili-sation de fibres synthétiques qui permettraient d'obtenir un matériau trèsrésistant ; on en citera pour exemple le polyester, déjà utilisé commesubstitut du papier végétal.

De nos jours, la composition du papier est extrêmement complexe, dans lamesure où l'on peut y introduire de multiples additifs qui modifient lescaractéristiques du produit et permettent d'obtenir des types de papier aussidivers que le papier couché ou le papier végétal, lesquels demandent, enmatière de conservation, des traitements très différents.

3.2 AUTRES SUPPORTS CELLULOSIQUES

Bien que le papier soit aujourd'hui le support de l'écriture parexcellence, nous ne devons pas oublier que d'autres époques et d'autrescivilisations en ont connu d'autres.

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Nous laisserons de côté pour l'instant les matériaux qui sont du ressortde la conservation archéologique (pierre, argile, métaux, os, ivoire...) etles supports d'origine animale (parchemin et peaux tannées), dont il seraquestion dans d'autres chapitres, pour consacrer toute notre attention auxmatériaux d'origine organico-végétale (cellulosique) qui sont dans bien descas d'authentiques ancêtres du papier.

Le premier support cellulosique de l'écriture fut probablement, en raisonde la facilité qu'il y avait à se la procurer, l'écorce des arbes ; appar-tiennent aussi à cette catégorie des supports cellulosiques les feuilles depalmier, utilisées en Inde jusqu'au XVe siècle, les cannes de bambou de laculture chinoise (500 av. J.-C. - Xe siècle) et les tablettes de bois enduitesde cire ou de stuc qui furent utilisées dans le monde romain et en Egypte duVe siècle av. J.-C. jusque dans les débuts de l'ère chrétienne.

Parmi les supports, dont l'obtention est déjà l'aboutissement d'unprocessus relativement élaboré de fabrication, figurent en premier lieu, lesfeutres, qui sont l'ancêtre direct du papier. Ils furent caractéristiques nonseulement de la civilisation chinoise, mais aussi d'autres peuples, quiobtenaient un support d'écriture en broyant des morceaux de toile ou simple-ment au moyen de fibres enchevêtrées.

Les tissus aussi furent utilisés à cette fin, par exemple, les soiesen Orient et les tissus de "pita" (fibre d'agave) dans les culturesprécolombiennes.

Mais les deux supports cellulosiques les plus importants, parce quecaractéristiques de peuples d'un haut degré de civilisation, qui les utili-sèrent de manière habituelle et les répandirent chez leurs voisins, sont lepapyrus et l'amatle ou amate, dont nous allons parler plus longuement.

3.2.1 Le papyrus

Le papyrus, Cyperus papyrus, est un végétal de la famille des cypé-racées qui poussait spontanément et en abondance au bord des cours d'eau danscertaines régions (il est aujourd'hui en voie de disparition). Il en existetrois variétés : C. nyloticus, qui pousse spontanément le long du fleuve etdans le delta du Nil, C. syriaca, isolé en Syrie, et C. siciliaca, identifiéen Sicile. On peut considérer comme des variétés du papyrus les "matas" quipoussent spontanément en Amérique centrale.

Le papyrus peut mesurer jusqu'à quatre mètres de haut et sa tige, qui agénéralement une épaisseur d'une dizaine de centimètres, a un aspect lisse etse termine par un panache de feuilles allongées à l'extrémité duquel sedéveloppent de petites fleurs verdâtres. La section de la tige, formée decouches concentriques, a l'aspect d'un triangle aux angles légèrement arrondis.

Les Egyptiens furent les premiers à utiliser le papyrus comme support del'écriture. Dès le troisième millénaire, il apparaît représenté dans leshiéroglyphes et l'on en a conservé un qui remonte à 2200 av. J.-C.

De l'Egypte, le papyrus gagna le monde gréco-romain, puis se répanditdans toute l'Europe, où il fut le principal support utilisé jusqu'auXle siècle ap. J.-C. et où il resta en usage dans l'Eglise romaine jusqu'auXVe siècle.

Ce que l'on sait de la fabrication des rouleaux de papyrus nous est connugrâce aux écrits d'auteurs classiques comme Pline. Les choses se passaient,semble-t-il, ainsi :

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1. On coupait la tige de la plante transversalement en tronçons de 30 à50 cm et on prélevait l'écorce.

2. On y découpait de fines bandes longitudinales.

3. On les disposait de manière à obtenir une surface plane.

4. Sur cette première couche, on plaçait transversalement une ouplusieurs autres séries de bandes, toujours disposées transver-salement les unes par rapport aux autres.

5. On martelait la surface à l'aide d'un maillet de bois et l'onpressait le tout sous une lourde planche.

6. Une fois séché au soleil, le papyrus était lissé à l'aide d'unpolissoir de pierre ou d'os.

La sève libérée par le végétal au moment du martelage favorisait l'uniondes bandes de papyrus qui formaient une feuille à superficie compacte. Ellefaisait également fonction d'apprêt, si bien que la feuille était à ce stadedéjà à demi apte à recevoir l'écriture. Le processus de polissage et, danscertains cas, l'application de chaux achevait de lui donner les caracté-ristiques nécessaires.

Le fait que l'on ait parlé de différentes qualités de papyrus selon quecelui-ci était fabriqué à partir de couches plus ou moins superficielles de latige, suggère quelques variantes dans la fabrication. Il est possible qu'enpratiquant une coupe longitudinale à partir de la moelle on ait réservé lescouches intérieures à la fabrication de papyrus plus blanc et plus doux etcelles de l'extérieur, plus sombres, à la production de supports plusgrossiers.

Le rouleau de papyrus proprement dit, qui résultait de la réunion de"feuillets" de 15 à 17 cm chacun, pouvait atteindre jusqu'à 30 m de long. Ceslongues bandes étaient enroulées sur un bâton que les Romains appelaient"umbilicum", qui en facilitait la manipulation et évitait les déchirures.

L'encre la plus habituellement utilisée sur ce support était le noir defumée lié à la gomme arabique, encore qu'il existe des papyrus portant desillustrations en couleurs.

3.2.2 L ' amate

Principal support de l'écriture en usage dans les plus grandes civili-sations de l'Amérique précolombienne, les civilisations maya et aztèque,1'amate remonte peut-être à une culture plus ancienne du golfe du Mexique.L'utilisation de l'amate est attestée pour la première fois dans la culture deTeotihuacân, dans les premiers siècles de l'ère chrétienne, et se maintientjusqu'au XVIe siècle, où il est remplacé par le papier.

L'amate est une espèce de feutre (fibres enchevêtrées) obtenu à partird'un figuier sauvage portant le même nom qui pousse dans de vastes régionsd'Amérique centrale, et en particulier dans le Yucatan.

Botaniquement, il appartient au genre "Ficus" et parmi les variétésles plus appréciées de cette plante figurent le "F. Cotinifolia", le"F. Petiolaris" et le "F. Lancifolia". Ces arbres, qui atteignaient des dimen-sions gigantesques, portent des racines aériennes qui servent à étayer leurénorme ramure. Ce sont ces racines qui étaient utilisées dans la fabricationde 1'amate.

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Différents chroniqueurs décrivirent sommairement le procédé employé parles Mayas, les Aztèques et autres peuples moins importants de Méso-Amériquepour transformer la matière végétale de ces arbes en "papier".

De toutes ces descriptions, la plus complète est peut-être celle quedonna en 1570 le naturaliste Francisco Hernandez ; selon cet auteur, lesindigènes coupaient les grosses branches et les immergeaient dans les rivièresen les maintenant sous l'eau à l'aide de pierres. Ils les y laissaientplusieurs jours de manière à les ramollir. Ensuite, ils en enlevaient l'écorceet les battaient sur une surface plane avec une pierre rainurée montée sur unmanche afin de faire éclater et de défibrer le bois jusqu'à en faire une massede consistance molle qu'ils coupaient en petits morceaux. Cela fait, ilsbattaient ces morceaux à l'aide d'une pierre plate jusqu'à obtenir un agglo-mérat fibreux qu'ils aplatissaient et lissaient pour former des feuilles oudes lamelles de grandeur variable. Une fois sèches, ces dernières présentaientles caractéristiques d'un papier grossier et compact, mais d'aspect plusfruste que le papier fabriqué à la même époque en Europe.

D'autres chroniqueurs donnent une description légèrement différente duprocédé de fabrication et parlent de fibres cuites - auxquelles on ajoutaitune substance collante en guise d'apprêt - et d'une sorte d'enduit à la chauxutilisé pour boucher les pores de l'amate et le rendre plus propre à1'écriture.

Des recherches sur la composition de l'amate d'anciens codex ont permisd'identifier les fibres de différentes espèces de ficus, mais aussi de maguey.Il est probable qu'on se servait de préférence de ficus, mais que l'onutilisait aussi, selon la région, de plantes locales comme le maguey et,peut-être, le palmier.

Concernant l'apprêt, les chercheurs inclinent à penser qu'il vient dugluten d'une orchidacée qui sert aussi bien d'apprêt pour le papier que deliant pour les couleurs.

Quant à l'enduit à la chaux de certains codex, les analyses réaliséesindiquent qu'il s'agit d'un carbonate de chaux d'origine végétale provenantprobablement d'un arbuste du Yucatan. Il se peut que l'on ait utilisé lescendres blanches obtenues en le brûlant pour en enduire certains codex et leurconférer ainsi un aspect plus lisse.

Ce qui paraît hors de doute, c'est qu'avant d'être utilisé comme supportde l'écriture, ce type de "papier" servit à confectionner des offrandes, desornements et des habits à caractère sacré ainsi que des pièces de vêtement etdes couvertures dans les classes modestes.

Pour ce qui est de la forme des livres écrits sur amate, on n'a conservéque des documents repliés en accordéon, écrits sur les deux faces et protégéspar des couvertures de bois, dont l'aspect extérieur rappelle assez celui deslivres européens. Il en est de dimensions variées, mais en moyenne, ilscomportaient une cinquantaine de pages de 25/18 cm et pouvaient atteindre 10 à15 m, une fois dépliés.

Aux époques plus modernes, la technique de fabrication s'est légèrementmodifiée : après lavage à l'eau courante, on cuit les fibres dans une marmiteavec des cendres de bois et de la chaux vive, puis on les lave à nouveau et onles bat, de manière à obtenir une pâte plus homogène. On étale sur une surfaceplane et l'on polit.

Certains peuples d'Asie orientale et d'Océanie ont utilisé des supportsanalogues à l'amate, par exemple, le tapa, obtenu à partir d'un mûrier etutilisé à Hawaii, à Tahiti et ailleurs dans le Pacifique.

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3.3 FACTEURS DE DEGRADATION ET METHODES DE PREVENTION

II ne faut pas oublier que toute substance, surtout si elle estorganique, est périssable.

Les techniques de protection préventive visent à freiner autant quepossible le processus de dégradation, et leur application exige une analysepréalable des causes possibles d'altération.

La protection est une tâche prioritaire en matière de conservation et,même si l'on entreprend des travaux de restauration, il est nécessaire demettre l'accent sur les traitements préventifs pour éviter des dommagesultérieurs.

S'agissant de la nature des causes, on peut parler de causes extrinsèques(qui tiennent à l'environnement et aux conditions dans lesquelles sontconservés les documents) et intrinsèques (qui tiennent aux matériaux entrantdans leur composition et leur structure).

Les causes extrinsèques sont extérieures à l'objet et sont pour laplupart entièrement prévisibles, dans la mesure où elles tiennent au micro-climat dans lequel est entreposé le document. C'est vers la lutte contre cescauses, dites naturelles, que sont de préférence orientées les opérationspréventives, car, bien souvent, un environnement agressif favorise l'appa-rition d'altérations d'origine intrinsèque.

Parmi les altérations d'origine naturelle, celles qui sont provoquées parle couple température-humidité occupent une grande place. L'eau est un élémentindispensable à la bonne conservation des matériaux cellulosiques, puisque lesfibres qui les composent sont réunies entre elles par des liaisons semi-chimiques dans lesquelles l'eau favorise la formation des ponts hydrogène quiassurent la cohésion des molécules de cellulose.

L'absence d'humidité entraîne la disparition d'une partie de cesliaisons, et fragilisent le document. La sécheresse fait en outre craquer lescolles.

En revanche, l'excès d'humidité entraîne la décomposition par hydrolyseet favorise la formation d'acides, la fragilisation de l'apprêt et le ramol-lissement des colles.

Les changements brusques de température et d'hygrométrie provoquent ladilatation, l'arrachement des couches superficielles et le craquèlement desdocuments d'archives et, lorsque ces deux variables atteignent des valeursélevées, la prolifération de micro-organismes.

Le microclimat qui convient aux matières cellulosiques se caractérise parune humidité relative de 50 à 60 % et une température se situant entre 16 à21 °C.

La prévention doit être envisagée dès le choix de l'emplacement et laconstruction de l'édifice qui abritera les documents graphiques. Il ne fautpas qu'il y ait d'humidité dans le sous-sol ; on imperméabilisera les ciments,les murs, les couvertures, les cloisons et les plafonds et l'on utilisera depréférence pour les sols des dalles de granito ou de matériaux imperméablespour éviter l'absorption d'humidité. Sont également recommandés les murs àdouble paroi et le recours aux isolants thermiques. En outre, il est préfé-rable de placer les magasins au-dessus du radier.

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La régulation de la température et de l'humidité peut être assurée par lesystème de climatisation, sous réserve que celui-ci fonctionne en permanence,mais le mieux est la ventilation naturelle établie grâce à un courant d'airascendant qui entre par le niveau le plus bas du local et sort par l'extrémitésupérieure opposée.

Pour éviter les phénomènes de condensation, on veillera à ne pas adosserles rayonnages contre les murs et on surélèvera les étagères de six centi-mètres au moins par rapport au sol.

Pour réguler l'hygrométrie à l'intérieur des vitrines, on peut utiliserdes appareils de climatisation ou bien des substances hygroscopiques comme legel de silice, dans la proportion de un à trois kilogrammes par mètre cube,qui convient pour les vitrines ou les locaux de petites dimensions.

La lumière est un autre facteur de dégradation très important. Elle peutdonner lieu à des altérations chimiques (surtout dues aux ultraviolets) etphysiques (surtout dues aux infrarouges). Les modifications physiques provo-quées par le réchauffement dû à la lumière entraînent le jaunissement dupapier, une intensification des réactions chimiques, des vibrations internesqui produisent à leur tour une agitation moléculaire et, enfin, la désagré-gation du matériau.

Les altérations chimiques sont dues à la photolyse qui occasionne larupture des chaînes moléculaires, entraînant la fragilisation et la désagré-gation du document, ainsi qu'une photo-oxydation, qui apparaît après lalibération d'oxygène intervenue pendant la désagrégation. Cet oxygène libérépeut agir en solitaire comme décolorant (jaunissement du papier et décolo-ration des encres) ; il peut aussi former de nouvelles molécules nuisibles auxmatériaux telles qu'oxydes, acides, peroxyde d'hydrogène et autres, dontl'action est à son tour favorisée par l'excès de chaleur et d'humidité.

Moins il y a de lumière dans les dépôts d'archives, mieux les documentsse conservent. Une intensité de 50 lux paraît convenir : elle n'endommage pasla matière cellulosique, mais est suffisante pour permettre d'identifier et demanipuler les ouvrages en rayon. Il est bon de réduire les ouvertures del'édifice pour diminuer la lumière solaire et de poser sur les vitres desfiltres à ultraviolets (vernis, feuilles de plastique...). La lumière la moinsnuisible est la lumière fluorescente, à condition que les lampes soientéquipées d'écrans diffuseurs filtrants ; dans les vitrines, un éclairageindirect est dans tous les cas préférable.

Une autre cause d'altération physique due à l'environnement réside dansles vibrations, dont l'effet peut aller jusqu'à désagréger les pièces. Pourles éviter, la solution consiste à implanter l'édifice sur un terrain solide,dans une zone non sismique, loin des trains, des aéroports et autres sourcesde vibration, et où il y a peu de bruit. Si toutes ces conditions sontimpossibles à réunir, il faudra en tenir compte au stade de la construction del'édifice et placer les rayonnages et les vitrines sur des patins amortisseurs(caoutchouc).

Autre catégorie de dommages naturels, les dommages d'origine physico-mécanique occasionnés par les manipulations, un rangement défectueux, etc.,qui sont causes de déchirures, de taches et autres malheurs. Pour prévenir cetype de dommages, il faut d'une part prévoir des modes de rangement conve-nables et d'autre part réduire les manipulations - et, du même coup, ladétérioration des originaux - en en établissant des reproductions (microfilms,microfiches, etc.).

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Les détériorations chimiques d'origine environnementale sont liées à lapollution de l'atmosphère, qui transporte des particules nocives comme ledioxyde de soufre combiné à l'humidité et catalysé par des particules métal-liques, celui-ci finit par former de l'acide sulfurique. Les matières quevéhiculent la poussière, la fumée et les vapeurs (spores, métaux, sels, gaz etautres) peuvent agir comme des abrasifs, des catalyseurs, des agents decontamination biologique, etc.

Le moyen le plus efficace d'empêcher les particules et vapeurs d'entrerdans les locaux consiste à installer des systèmes de filtrage (filtres aucharbon actif, secs ou semi-secs...).

Dernière cause d'altération extrinsèque et naturelle, la contaminationbiologique est déjà de l'ordre de la catastrophe. Eu égard aux dégâts qu'ilsprovoquent, les organismes vivants - petits mammifères, insectes, champignonset bactéries - peuvent en effet être considérés comme un fléau.

Les petits mammifères et les insectes rongent le papier, y laissant destrous et des salissures. Les altérations provoquées par les micro-organismesse traduisent par des taches de différentes couleurs et, en général, par unramollissement très caractéristique du support cellulosique.

La lutte contre les bibliophages peut commencer dès la fabrication mêmedes éléments qui entrent dans le document graphique, avec l'introduction desubstances à effet répulsif dans leur composition - surtout dans celle descolles naturelles, si "appétissantes" pour beaucoup d'insectes.

Mais ce type de défense dès le stade de la fabrication n'est pas duressort des services de conservation-restauration des archives, qui devrontchercher d'autres moyens pour éviter ce genre de dommages.

La première défense, face aux agents biologiques, consiste à agir surl'environnement de manière à rendre difficile ou impossible la présenced'organismes. On évitera la conjonction de fortes températures et de tauxélevés d'humidité, qui est propice à leur prolifération. On évitera aussi lapoussière et la saleté, le manque de ventilation, l'obscurité totale, lesrecoins et les zones inaccessibles aux regards où les insectes et les rongeurspeuvent se cacher, ainsi que les ouvertures donnant directement sur l'exté-rieur, par lesquelles ils peuvent s'introduire dans les locaux.

Il importe de procéder à des contrôles périodiques pour s'assurer de leurabsence et de s'abstenir de faire entrer dans les locaux des documents etobjets nouveaux sans être sûr qu'ils sont exempts de toute contamination. Entout état de cause, il faut prévoir dans les dépôts des dispositifs de pré-vention (cf. 3.4.5 et tableau 1 - Désinfection/désinsectisation) qui empêchentles bibliophages d'y pénétrer et de s'y développer.

Outre les causes de détérioration naturelles, il existe des risques desinistres et d'actes délictueux dans une certaine mesure imprévisibles commeles inondations, les incendies, le vandalisme et autres, qu'il convient deprévenir.

Bien qu'il soit impossible de maîtriser totalement ces risques, il existetoujours des moyens de les réduire et d'atténuer les éventuels dommages.

Pour éviter les incendies, on utilisera du mobilier ininflammable et l'onrecourra, dans la construction de l'édifice, à des matériaux ignifuges. Onévitera les planchers de bois et les étagères seront métalliques et traitéesau moyen d'anti-oxydants. Il est souhaitable que les matériaux des murs, dusol et des plafonds puissent résister au feu pendant deux heures au moins. Il

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faudra, pour réduire les risques, veiller à ce que l'installation électriquesoit bien conçue et en bon état et installer un paratonnerre. Des cloisons etportes coupe-feu empêcheront la propagation des flammes.

Les portes seront renforcées au moyen de deux tôles d'acier enfermant unmatériau isolant et on laissera suffisamment de jeu entre elles et leur bâtipour permettre la dilatation. Il faudra prévoir pour l'évacuation des esca-liers extérieurs ou, mieux encore, des toboggans pour accélérer le sauvetagedes documents.

On installera des détecteurs d'incendie, du type à détection ionique degaz de combustion, et de systèmes d'extinction, si possible, à poudre poly-valente pour les extincteurs portatifs et à halon pour l'installation fixe.

La question de la prévision des inondations et dégâts des eaux esttraitée dans le chapitre relatif à la prévention de l'humidité dans lesaménagements et le gros-oeuvre de l'édifice. En cas de sinistre, il estrecommandé de lyophiliser les ouvrages et documents mouillés ou, en dernierressort, de les congeler en attendant de les restaurer, pour éviter l'appa-rition d'autres facteurs d'altération susceptibles de se manifester du fait del'humidité accumulée (cf. 3.4.11).

Les causes intrinsèques d'altération du papier tiennent aux substancesqui entrent dans sa composition (matières premières et adjuvants) ; lesrisques diffèrent suivant les matériaux employés et sont en relation directeavec l'évolution technique, les papiers continus étant plus exposés que lespapiers fabriqués à la main.

Les premiers papiers fabriqués à la main ne contiennent presque pasd'agents nocifs, sauf dans les cas, très occasionnels, où sont restées prisesdans la pâte à papier des particules métalliques qui, outre qu'elles pro-voquent des taches par oxydation, peuvent déclencher une dégradation chimique.

En ce qui concerne le papier de fabrication plus récente (à partir duXVTIIe siècle), l'adjonction de composés chlorés, l'alun, la colophane et, enparticulier, la pâte de bois elle-même favorisent l'altération des supportspar des facteurs chimiques (oxydation et acidité) qui diminuent leur résis-tance mécanique et provoquent leur jaunissement.

L'acidité est l'élément le plus nuisible aux supports cellulosiques carson action n'apparaît que lorsque le mal est fait.

Le meilleur moyen de prévenir l'acidité consiste à désacidifier lesdocuments dont le pH est inférieur à 7 à l'aide de substances qui y laissentune réserve alcaline.

Enfin, rappelons que, bien souvent, le format ou l'aspect particulier dudocument peuvent constituer un risque d'altération. Quand les documents sontde dimensions importantes ou peu courantes, ils se trouvent facilement écornésou déchirés. Dans d'autres cas, certains accessoires comme les sceaux plaquéssont des facteurs de risque. Très souvent, les reliures, attaches, etc.,défectueuses sont cause de déchirures, de taches, etc. Le seul moyen deprévenir les dégradations consiste à ranger correctement les documents et àdonner en consultation des copies à la place des originaux.

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3.4 TECHNIQUES DE RESTAURATION ; MATERIAUX ET PROCEDES

II serait impossible de généraliser ou d'établir des principes intan-gibles concernant les techniques de restauration à mettre en oeuvre, qu'ils'agisse de documents en matériaux cellulosiques ou en tout autre matériau,car chacun nécessite un traitement différent selon sa condition et sa problé-matique propre.

Mais l'on ne saurait davantage prétendre que la restauration recourt àune démarche scientifique et technique s'il n'existait pas un modèle théoriqueavec une méthodologie regroupant et coordonnant toutes les phases del'opération.

Ce modèle, dit "processus de restauration", correspond au traitementidéal, en ce sens qu'il décrit toutes les opérations possibles, à exécuterdans un ordre déterminé de manière à ce que les produits et méthodes utilisésau cours d'une phase soient compatibles avec ceux qui l'ont été avant ou leseront après.

Le processus de restauration établit des règles qui évitent les impro-visations, mais il n'en reste pas moins que chaque ouvrage ou document estunique en son genre et qu'il faudra lui appliquer telle ou telle phase dutraitement, selon ses besoins propres.

Sur la base de ce modèle théorique, et pour proposer un prototype de ceque devrait être un travail de restauration, les phases successives du travailsont les suivantes :

3.4.1 Contrôle

La restauration commence par l'ouverture d'un dossier qui accompagnerala pièce tout au long du processus et par l'inscription dans un registre del'historique et de la provenance de cette dernière ainsi que des rensei-gnements nécessaires à son identification.

Ce dossier peut être réduit à une simple fiche normalisée où l'on noteaussi bien les caractéristiques du document que son état de conservation etles procédés et produits utilisés lors du traitement. Ces fiches, que l'oncommencera à établir dès cette phase de contrôle, seront complétées au fur età mesure que progressera le travail de restauration et, celui-ci achevé, on yfera figurer les recommandations concernant la future conservation de1'ouvrage.

Ce type de fiche pourrait se présenter, paT exemple, comme ceci :

N° d'enregistrement : Date d'entrée et de sortie :

Objet Etat de conservation : Processus de restauration

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3.4.2 Krainm

II commence par l'analyse de la pièce, de ses caractéristiques aussibien physiques que culturelles, et aboutit, une fois identifiées les altéra-tions et leurs causes, à un véritable diagnostic. A partir de ces données, onprescrit le traitement adapté aux caractéristiques et à l'état de détério-ration du document.

L'analyse s'effectue avec le secours des sciences appliquées à la res-tauration, lesquelles permettent d'établir, grâce aux indices physiques,chimiques et biologiques appropriés, la nature et l'état de conservation de lapièce.

3.4.3 Photographie

La photographie intervient elle aussi pour la constitution du dossierouvert lors de la phase de contrôle. Un cliché sert de témoin de l'état deconservation de la pièce, de son évolution au cours du processus de restau-ration et du résultat final (photographie sous éclairage zénithal, frisant,par transparence...) ; il constitue en outre l'un des moyens d'analyse quipermettent de déceler certains dommages et certaines particularités invisiblesà l'oeil nu (macro et microphotographie, photographie aux infrarouges, auxultraviolets...).

La photographie a une autre fonction importante, à savoir celle desécurité face aux risques inhérents à tout processus de restauration. Onl'utilise également parfois pour établir un "double" de l'original (microfilm,microfiche, facsimile...), et préserver celui-ci des détériorations liées à saconsultation. Mais nous avons déjà fait à maintes reprises allusion à ce typed'utilisation de la photographie à des fins préventives.

3.4.4 Protection physique du document

Avant de se lancer dans certaines interventions impliquant l'utilisationet l'application de produits étrangers à la pièce à restaurer, il est néces-saire de procéder à certains préparatifs propres à garantir la sécurité desmanipulations et à protéger l'original contre les risques éventuels.

Les documents devront être protégés :

(a) En attendant le traitement ; entreposés dans des réceptacles appro-priés qui les protègent pendant le transport (étuis, chemises,enveloppes, sacs...).

(b) Pendant les traitements gazeux ; correctement placés sur desétagères ou sur des supports supplémentaires et éventuellementenveloppés dans une résille rigide ou souple (gaze ou toile fine,résille de plastique...).

(c) Pendant les traitements partiels ; la zone non traitée sera couverted'une feuille imperméable semi-rigide et, si possible, transparente(par exemple une feuille de méthacrylate).

(d) Pendant les traitements par immersion ; selon l'état du document, onemploiera un support simple ou double (chemises) rigide ou souple,perméable ou imperméable, étant entendu que, dans les cas extrêmes,on pourra recourir à la laminâtion préalable de l'une des faces. Lesupport de type souple et perméable le plus fréquemment utilisé estle "Reemay". Parmi les supports rigides et perméables, figurentessentiellement les résilles métalliques inoxydables ou en fibres

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synthétiques et, s'agissent de matériaux imperméables, les plusutilisés sont le méthacrylate transparent pour les matériaux rigideset le téflon, le térephtalate de polyéthylène et le film de polyé-thylène pour les matériaux souples.

S'agissant de la protection des encres et des couleurs (fixatifs), nousavons déjà donné des indications dans le chapitre correspondant.

3.4.5 Désinfection et désinsectisation

En principe, que l'on ait ou non détecté la présence d'altérations dues àl'action de facteurs biologiques, il faut procéder systématiquement à ladésinsectisation et à la désinfection de toute pièce qui entre dans l'atelierde restauration pour prévenir une éventuelle contagion.

Cette opération vise à stopper l'action nuisible des insectes (désinsec-tisation) et des micro-organismes (désinfection). Les moyens utilisés pouréliminer ces agents bibliophages sont en général chimiques et portent le nomd'insecticides, fongicides ou bactéricides, selon qu'ils détruisent lesinsectes, les champignons ou les bactéries. Quand le procédé utilisé estmortel pour tout organisme vivant, on l'appelle stérilisation.

A coté des produits chimiques (tableau 1), il existe pour lutter contreles bibliophages des méthodes physiques et biologiques, mais celles-ci soitsont en cours d'expérimentation soit relèvent du domaine de la protectionpréventive.

Les produits chimiques peuvent être utilisés à l'état solide (par subli-mation), liquide (par pulvérisation et, moins fréquemment, immersion) etgazeux (fumigation).

Ce sont les substances solides qui ont les effets les plus durables, maisleur pouvoir léthal est faible, de sorte que le plus indiqué est de lesutiliser à titre préventif. Le traitement le plus efficace est la fumigation,mais l'action des produits est alors extrêmement éphémère. C'est pourquoi ilest recommandé d'associer les gaz et les liquides ou les solides ou bien deprocéder à une deuxième fumigation dans les 15 à 20 jours suivant le premiertraitement, pour le cas où le produit n'agirait pas sur les oeufs des insectes.

Il convient de préciser que tous les produits utilisés dans ce type detraitement sont extrêmement toxiques, surtout les produits gazeux, et il esttoujours souhaitable que les traitements de désinfection et de désinsec-tisation soient appliqués par du personnel spécialement formé.

On procédera au traitement par fumigation dans des enceintes sous vide ouen surpression et, si le produit le permet, dans des pièces hermétiquementcloses. La pulvérisation peut s'effectuer plus simplement à l'intérieur derécipients fermés, les précautions nécessaires étant prises pour éviter lesfuites de produit.

Il faut être conscient du fait que ces techniques (surtout celles faisantappel aux gaz) suppriment temporairement la cause d'altération, mais que laprésence de bibliophages a son origine dans la conjonction d'une série defacteurs tenant à l'environnement qui conduiront, s'ils subsistent, à l'appa-rition d'une nouvelle invasion.

Par conséquent, il faut, comme nous l'avons indiqué dans la section 3.3,supprimer ce risque en prenant les mesures préventives voulues pour queles documents puissent bénéficier d'un microclimat propice à leur bonneconservation.

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3.4.6 Nettoyage

Par nettoyage, on entend toute action destinée à éliminer les traces desalissures ou les ajouts qui déparent l'ouvrage ou portent atteinte à sonintégrité.

Le mode de nettoyage dépend du type de salissure :

(a) Nettoyage mécanique : il sert à éliminer les particules solidestelles que la poussière. Il doit être systématiquement pratiqué avant touttraitement par immersion dans un liquide, car les particules solides peuventrester incrustées dans le support si elles ne sont pas éliminées au préalable.

On utilise pour ce faire des instruments qui agissent à sec parextraction (aspirateurs, air comprimé, pinceaux...) ou abrasion (gommes àeffacer, brosses en fibre de verre, poudre de glaise, scalpel, gommesélectriques).

(b) Nettoyage à l'aide de solvants non aqueux : il est utilisé depréférence pour enlever les taches de graisse et les substances non aqueuses.Les solvants s'appliquent en bain ou localement (à l'aide de tampons de gaze,papier absorbant, agents colloïdaux, pinceaux, compte-gouttes...).

Avec les solvants organiques, des précautions doivent être prises car lesproduits peuvent être explosifs, inflammables et toxiques.

Les taches les plus communes s'enlèvent avec les produits suivants :

Les vernis avec du méthanol, de l'éthanol ou de l'acétone. La cire,d'abord mécaniquement et par la chaleur, puis avec de l'éther de pétrole, duchloroforme ou du toluène. Le ruban adhésif avec de l'éther sulfurique et duchloroforme à 50 % ; les taches de rouille avec de l'acide oxalique à 3 % ;les taches de couleur à l'huile avec de l'essence de térébenthine ou dudiméthylformamide ; les taches d'encre à tampon avec de l'acide acétique et del'éthanol à 50 % ; les taches d'encre de stylo et de feutre avec de l'éthanol,du diéthylèneglycol ou du polyéthylèneglycol ; les taches d'encre d'anilineavec de l'éthanol et les taches de graisse avec du tétrachloro-éthylène, del'éther de pétrole, du diméthylformamide ou de l'essence de térébenthine.

Lorsque les taches de graisse sont à ce point oxydées que les solvantsdeviennent inefficaces, on peut recourir à la saponification, si le support dudocument est solide.

La saponification consiste en gros à transformer la graisse de la tacheen savon, lequel est ensuite éliminé avec de l'eau. C'est une méthode récente,qui n'est pas encore très éprouvée ; l'usage d'une substance très caustique(l'hydroxyde de sodium) expose le document à de grands risques.

On prépare une solution d'hydroxyde de sodium à 5 % dans de l'eauchauffée à environ 50 °C, puis on ajoute la même quantité d'alcool que d'eau(pour éviter un gonflement des fibres). On applique localement le mélange surla tache, avec une baguette de verre et on neutralise avec de l'acide acétiqueà 5 %. On répète alternativement ces deux opérations jusqu'à disparition de latache, en épongeant la saleté avec un buvard. Enfin, on neutralise avec del'hydroxyde de calcium.

S'il subsiste des traces de salissure, on achève de les éliminer par unblanchiment à l'hypochlorite de sodium.

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(c) Lavage : il supprime les taches occasionnées par des suspensions oudes solutions aqueuses ; on plonge la pièce dans un bain d'eau additionnée ounon d'autres susbtances, telles que des tensioactifs, des agents colloïdaux oudes enzymes.

En général, il est recommandé d'utiliser de l'eau dont la température nedépasse pas 40 °C et d'y ajouter des tensioactifs (type détergents) à raisonde 0,1 à 0,5 %, à condition qu'ils soient inoffensifs, puis de rincer. Lestensioactifs les plus couramment employés dans les ateliers de conservationdes documents graphiques sont le Lissapol N, le Teepol G et le Triton X 100.

3.4.7 Désacidification

L'acidité est l'un des agents les plus pernicieux pour la conservationdu papier. Son action caustique rompt la chaîne moléculaire de la cellulosedont elle affaiblit les propriétés physiques au point d'en provoquer ladésagrégation.

La désacidification élimine la cause de ces altérations (acidité) maisnon les effets (jaunissement et fragilité).

Bien qu'elle n'agisse pas sur l'aspect extérieur, la désacidificationn'en revêt pas moins une importance primordiale dans la mesure où elle"soigne" le document en éliminant un des plus graves facteurs d'altération.

11 existe une large gamme de produits de désacidification aussi biengazeux (peu efficaces ou excessivement compliqués à employer et onéreux, commele diéthyle de zinc), que liquides, tant aqueux (hydroxyde de calcium) que nonaqueux (hydroxyde de baryum). La plupart de ces produits, outre qu'ils éli-minent l'acidité, laissent dans le document une charge alcaline qui renforceleur pouvoir neutralisant (tableau 2).

L'excès d'alcalinité aussi est une cause d'altération et ce qu'il fautc'est parvenir à un état neutre ou légèrement alcalin selon le cas (papiersmodernes pH 7 et papier de chiffon pH 8-9). Si l'action désacidificatrice estexcessive ou si le produit laisse un voile blanc en se décantant, on remédieau problème en plongeant la pièce dans une solution légèrement acidulée (pH 5)au moyen de quelques gouttes de citron ou de tout autre acide faible.

3.4.8 Blanchiment

Le blanchiment a pour objet de faire disparaître la couleur de la tacheou le jaunissement général d'un document, mais non la substance qui en est àl'origine ; il faut le considérer non comme une méthode radicale de nettoyage,mais comme un traitement esthétique.

Le blanchiment est un procédé qui vise exclusivement l'aspect extérieurdu document, et qui a, du point de vue de la conservation de celui-ci, deseffets négatifs puisqu'il peut détériorer gravement la cellulose.

Cette détérioration se traduit par une perte de consistance du papier,car la plupart des agents de blanchiment agissent en décolorant les taches paroxydation et ce faisant attaquent aussi la cellulose en détruisant les chaînesmoléculaires.

Bien que les agents de blanchiment soient le plus souvent des substancestrès alcalines (ce qui est en soi un éventuel facteur d'altération), ilspeuvent à la longue abîmer le document par oxydation et acidification à causede la formation de petits groupes carboxyles dans la cellulose. En outre,

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dans le bain de blanchiment, des acides organiques sont libérés par les tacheset par la décomposition même des produits de blanchiment, ce qui accélère leprocessus de blanchiment, mais aussi la dégradation.

L'emploi de produits chlorés pose un problème important, car leur actionse poursuit une fois que le processus est achevé, d'où la nécessité, pour lafreiner, de recourir à des antichlores qui en outre suppriment les résidusnocifs.

Malgré tous ces dangers, le blanchiment est nécessaire dans le cas dedocuments dont la valeur esthétique est primordiale et qui sont gravementabîmés par une tache qui les dénature. Si l'on opte pour ce traitement, ondoit le faire en prenant des précautions pour réduire les problèmes quiviennent d'être exposés.

Avant tout, il faut commencer par désacidifier les documents (de préfé-rence avec de l'hydroxyde de calcium) afin d'éliminer l'excès d'acidité dansla solution que l'on peut, par ailleurs, tester au fur et à mesure pour yajouter des substances alcalines en cas de forte baisse du pH.

Après le blanchiment, on rince le document dans de l'eau et, si on aemployé un produit chloré, on neutralise au moyen d'un antichlore. On utiliseen général du thiosulfate de sodium, du métabisulfite de sodium ou du bisul-fite de sodium en solution aqueuse à 2-5 %, mais on y préfère de plus en plusune solution aqueuse légèrement acidulée (pH 5) avec un acide faible (acétique,citrique), car il semble que les résidus des produits cités plus haut peuventà terme provoquer l'apparition de taches. Après la neutralisation, on rince ànouveau le document et on mesure le pH pour le désacidifier une deuxième foissi nécessaire.

En règle générale, on effectue le blanchiment par bain, mais on peutaussi le faire par application locale de pâtes contenant des agents colloï-daux, avec un pinceau, un buvard, un coton-tige ou une mèche de coton enrouléesur un bâtonnet, un compte-gouttes, etc. Il existe également un produit quel'on peut appliquer sous forme de gaz (voir tableau 3).

Des expériences ont été faites avec des rayons lumineux, mais la méthodene paraît pas sans danger, car elle agit par photo-oxydation et présented'autres inconvénients, notamment la lenteur même de l'opération et soninefficacité sur des papiers de pâte de bois, qu'elle jaunit plus qu'elle neblanchit.

3.4.9 Stabilisation hygroscopique

Ce traitement de restauration est surtout réservé aux matériauxprotéiniques, mais on peut à titre exceptionnel l'appliquer à des matériauxcellulosiques excessivement déshydratés et cassants, comme il peut arriveravec les papyrus, les manuscrits sur "amate" ou les papiers ayant descaractéristiques particulières telles que le papier végétal friable etgondolé. On utilise dans ce cas du polyéthylèneglycol, comme on le verra dansle chapitre consacré à la restauration des parchemins.

La stabilisation hygroscopique pour pallier l'excès d'humidité estabordée dans le cadre de la section sur le séchage - mise à plat.

3.4.10 Consolidation

A cause du lavage ou d'autres types de bains, ou en raison de la pertenaturelle des propriétés du support, il peut s'avérer nécessaire d'appliqueraux matériaux cellulosiques un nouvel encollage ou apprêt afin de suppléer àla perte de matière adhésive qui en renforçait la structure.

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L'encollage se fait par bain ou imprégnation à la brosse et sera plus oumoins fort selon les caractéristiques et l'état du document. Les produitsemployés seront les mêmes que les agents de collage utilisés dans la restau-ration comme fixatifs ou pour réparer les entailles, mais ils seront beaucoupplus dilués.

Les plus recommandés sont les dérivés cellulosiques semi-synthétiquescomme la méthylcellulose ou l'hydroxypropylcellulose lorsque le traitementaqueux n'est pas possible (voir tableau 4), car ils sont beaucoup plus stablesque les colles d'origine naturelle.

3.4.11 Séchage et mise à plat

Tout traitement impliquant l'usage d'un liquide crée une série dedéfauts car il fait gonfler les fibres ; le papier se déforme et se gondolefortement. On remédie à tous ces problèmes par une mise à plat.

Pour que le document reprenne son ancienne dimension, il ne faut pasrecourir à des procédés de séchage rapide ni exercer de fortes pressions quine feront qu'aggraver la déformation. Il faut que l'eau s'évacue lentementpour que les fibres se remettent librement en place.

La méthode la plus recommandée est le séchage à l'air, suivi d'unpressage doux à température ambiante ou modérée, entre des planchettes ou sousune presse à faible pression.

Lorsque l'on soumet un document à une pression, il faut prendre garde àne pas en abîmer la texture ; pour cela, on le recouvre d'un matériau plus oumoins rugueux ou satiné selon le cas (Reemay, feuilles de polyester ou depolyéthylène, papier paraffiné...). Si le document porte des marques tellesque les empreintes d'une gravure, il faut les protéger en plaçant le documententre deux feuilles bristol ou de buvard.

Les livres mouillés lors d'un sinistre posent de graves problèmes deséchage. Pour éviter les problèmes d'attente prolongée, la solution optimaleest la lyophilisation (dessication par le froid sous vide). Si l'on ne disposepas des installations nécessaires, on peut recourir à la congélation simple.Il faut préciser que les reliures en peau supportent mal ces deux traitements.

Un moyen facile d'éviter l'action des micro-organismes consiste à fairesécher à l'air les livres ouverts à température égale (moins de 25 °C) et,lorsqu'il sont presque secs, de les soumettre à un léger pressage.

On peut activer le séchage en utilisant des produits hygroscopiques quiabsorbent l'humidité (gel de silice, sépiolite...) ou en humidifiant lesdocuments avec une substance volatile qui favorise l'évaporation (baind'alcool).

Avec les documents difficiles à traiter et que l'on ne peut humidifier ouque l'on ne parvient pas à mettre à plat, on obtient de bons résultats enutilisant une table à aspiration. L'air aspiré à travers la table fait adhérerle document sur une surface lisse et poreuse et l'on obtient ainsi, à l'aidede solvants volatils, de vapeur ou par le simple courant d'air, le séchage etla mise à plat souhaités.

3.4.12 Réparation des entailles et des déchirures et comblage des lacunes

La réparation des entailles et des déchirures consiste à remettre enplace les parties abîmées en leur conférant cohésion et solidité. On colle lesdéchirures avec un produit adhésif, par exemple de la méthylcellulose mélangée

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à un peu d'acétate de polyvinyle (voir tableau 4) en se servant des barbes ou,à défaut, en renforçant la zone détériorée avec du voile transparent ou dupapier plus épais selon le document.

On obtient un ajustage parfait en s'aidant d'un négatoscope (table deverre éclairée par-dessous) qui permet de vérifier par transparence si lesbords de 1'entraille sont bien assemblés ou s'ils sont trop écartés.

Lorsque le papier déchiré est épais, le simple renforcement à l'aide devoile ne suffit pas en général car la déchirure tend à se rouvrir ; dans cecas, il est recommandé de tailler chaque bord en biseau pour constituer unsillon en "V" dans lequel on placera un renforcement en forme de coin.

Pour la reconstitution du support (comblage de lacunes), on peut utiliserdes procédés manuels ou mécaniques.

Les procédés manuels consistent à greffer des pièces en utilisant unmatériau semblable à celui du document. L'ajustage de la pièce se fait dediverses façons : effilochage des bords au scalpel ; au pointillé avec uneépingle ; déchirure suivant une rainure ou collage direct d'un fragment depapier sur le pourtour de la lacune, en éliminant ensuite le matériau enexcédent. On peut aussi colmater les petits trous avec de la pâte à papier.

Les procédés mécaniques reposent sur le principe de la fabrication dupapier à la main. Ils consistent en gros à disposer le document sur untreillis qui agit comme une ancienne forme à façonner les feuilles : on faitcouler sur cette forme de l'eau contenant de la fibre en quantité propor-tionnelle au volume de matériaux qu'il s'agit de redéposer.

Lorsque l'eau s'écoule, les fibres sont retenues par un filtre disposéentre le document et le treillis et viennent remplir le trou par lequel l'eaupasse (précisément là où se trouvait la lacune).

Avec ce système, on peut aussi assembler des fentes, car il subsistetoujours des fibres entre les deux bords ; mais s'il y a une grande barbe depapier, il faudra la coller au préalable sinon elle restera volante. Enl'absence de barbes, on effectue un léger défibrage des bords pour favoriserla fixation des fibres.

Une fois que les fibres se sont déposées dans les lacunes, on soumet lafeuille à la pression nécessaire pour aplanir les fibres qui, en séchant,auront fusionné avec le papier grâce à la formation de ponts hydrogène(adhésion chimique) ou de façon mécanique si on a ajouté dans la disper-sion de fibres une substance collante (résine synthétique, gélatine,méthylcellulose...).

Outre qu'elle implique l'adjonction d'une matière étrangère au document,l'utilisation d'un agent de collage risque de nuire au bon fonctionnement dela machine ; la simple liaison chimique par ponts hydrogène suffit en général.

Pour obtenir une bonne liaison chimique, il suffit que les fibres aientsubi un raffinage et un défibrage adéquats (valeurs recommandées 25-30° et2-3 mm) et que l'on utilise une presse de préférence hydraulique, capable defournir la pression nécessaire (5 kg/cm2) pour que se forment les pontshydrogène.

Les systèmes mécaniques diffèrent par le principe utilisé pour fairepasser l'eau à travers le document. Le plus simple est celui de la chutelibre, dans lequel l'eau est entraînée par son propre poids. Cette méthode

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peut donner lieu à une aspiration, qui, si elle n'est pas suffisamment rapide,entraîne le dépôt de fibres en surépaisseur sur des endroits qui ne présen-taient pas de lacunes à combler.

On remédie à ce problème en utilisant des machines dans lesquelles oncrée un appel d'air au moyen d'une pompe (système Vinyector, espagnol) ougrâce au système d'absorption Venturi (Recurator, israélien).

Dans le procédé Vinyector, l'aspiration assurée par la pompe fait queles fibres se déposent seulement dans les trous. L'eau peut en outre êtreréutilisée.

Le Vinyector est aussi employé dans divers traitements de restauration etune fois que le document est déposé sur le tamis, on peut effectuer toutes lesopérations (désinfection, nettoyage, désacidification, blanchiment, neutra-lisation...) en se contentant d'incorporer différents produits selon le butrecherché.

Les fibres employées pour le colmatage mécanique doivent être analogues àcelles du document original, mais on utilise souvent, par commodité et parceque l'efficacité en est avérée, un mélange standard de fibres de pâte de boisau sulfate, blanchie ou brute (25 g ) , de coton (3 g) et de lin (2 g). L'emploid'une quantité déterminée de pâte de bois au sulfate blanchie ou brute, oumieux encore, de pâte de coton teint d'une couleur foncée, donne le tonjaunâtre typique des papiers (en général on mélange 5 g de pâte de bois bruteou de pâte de coton foncé et 20 g de pâte blanchie). Le lin confère la duretéet le coton la spongiosité. Pour les supports d'une autre couleur, on teintles fibres de coton avec des colorants directs dans une suspension aqueuse. Onutilise à cet effet des teintures de couleur rouge (magenta), bleue (cyan) etjaune, que l'on peut combiner avec le blanc pour obtenir la couleur voulue(quadrichromie).

3.4.13 Laminâtion

La lamination consiste à appliquer sur une ou des faces du document oules deux un renforcement qui lui donne plus de corps et le rend ainsi plusdurable et plus facile à manier.

Ce revêtement doit être aussi mince et aussi transparent que possible,sauf dans le cas des documents qui, étant vierges au verso, admettent surcette face la pose d'un renforcement opaque plus épais.

La lamination est une technique curative, à laquelle on ne doit pasrecourir systématiquement, car elle modifie toujours la surface et augmentel'épaisseur du document. Elle peut rendre le tracé moins net et elle augmentela nocivité des facteurs intrinsèques de détérioration si on ne les a paspréalablement éliminés. Aussi n'est-elle recommandée que lorsque le supportest fragilisé ou cassant et que sa durabilité n'est pas garantie. La lami-nation est donc nécessaire et même indispensable dans le cas de documentssouffrant d'acidité, d'oxydation des encres ou attaqués par des agentsbibliophages.

Ce serait une grave erreur que de procéder à la lamination d'un documentsans avoir débarrassé son support de tous les facteurs de détériorationprésente ou passée. Ces agents pourraient en effet être activés et causer ungrave dommage à l'oeuvre qu'il faudrait alors délaminer, opération qui ne vapas sans risque pour l'intégrité du document.

Il existe des procédés manuels et mécaniques de lamination. Le procédémanuel le plus classique comprend les opérations suivantes :

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1. Une fois que le document a été nettoyé, mis à plat, fixé, neutra-lisé, etc., on le pose face retournée sur un support souple et imperméable enmatériaux de type téflon ou polyéthylène. On l'humecte avec un pulvérisateurpour qu'il se plaque entièrement sur support afin d'éviter des dilatationsultérieures qui pourraient provoquer des déformations ou des ondulations.

2. On fait de même avec le papier, le voile de non-tissé, la toile ouautre matériau choisi comme renforcement.

3. Une fois que l'on a mis parfaitement à plat le document et lerenforcement dans leurs supports respectifs et que l'on a éliminé l'excèsd'humidité à l'aide d'un buvard ou d'un papier absorbant, on applique avec unebrosse douce la colle choisie, en allant du centre vers les bords pour éviterla formation d'ondulations ou de pliures.

4. On prend le support qui contient le renforcement et en le retournanton le pose sur le document de telle façon que les fibres, si elles ont un sensdominant, se croisent avec celles du document afin d'éviter les tensions ou unenroulement.

La façon dont on pose le renforcement est très importante pour laréussite de l'opération. Le document quant à lui doit, dans tous les cas,rester à plat et fixe sur son support, lui-même posé sur la table de travail.On procédera selon l'une ou l'autre des manières suivantes :

(a) On commence par poser un des côtés du renforcement sur le côtécorrespondant du document, puis on abaisse lentement le reste.

(b) On opère à partir du milieu du document au-dessus duquel on présentele renforcement plié en V. On continue ensuite à coller les deuxcôtés qui viennent recouvrir le reste du document.

5. Une fois que l'on a obtenu une superposition parfaite, on presselégèrement avec un rouleau, en allant du centre vers les bords, afin d'éli-miner l'excédent de colle et de chasser les bulles qui auraient pu se formerpendant l'opération.

6. Après ce premier repassage, il convient d'ôter le support du renfor-cement (resté sur la partie supérieure). Quelques entailles effectuées- perpendiculairement au document - dans la bordure du renforcement éviterontl'apparition de déformations lors du séchage.

S'il n'y a pas de trace de colle, on peut couvrir le tout d'un buvard oud'un papier absorbant pour favoriser le séchage définitif. Dans le cascontraire, il vaut mieux utiliser une feuille anti-adhésive, perméable, entissu non tissé (type Reemay), pour activer le séchage.

7. Pour la mise à plat et le séchage définitif, on place le documentlaminé d'abord entre des buvards renouvelés périodiquement, puis dans unepresse ou entre deux planchettes.

Une solution rapide, mais qui n'est valable que si l'on utilise unmatériau de renfort mince (voile, mousseline, etc.), consiste à poser celui-cidirectement sur le document et à appliquer une colle suffisamment fluide pourtraverser le renfort et le souder au document.

On peut aussi utiliser des papiers de renfort préalablement revêtus d'unecolle thermoplastique ou réactivable à l'aide d'un solvant. Les colles lesplus utilisées sont le Primai, le Paraloïd ou d'autres analogues qui effec-tivement peuvent être ramollis par la chaleur produite par un fer à repasser

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et/ou le solvant correspondant appliqué avec une brosse ou un tampon de coton,une fois que le renforcement a été superposé au document. Dans les deux cas,

il faut exercer une pression suffisante pour favoriser l'adhérence des deuxcouches.

Les procédés de laminâtion mécanique ont pour principe l'applicationd'une température capable de faire fondre un adhésif thermoplastique (parexemple du polyéthylène) pour souder le renforcement au document. Pour cela,il existe sur le marché différents types de machines qui en gros sont forméesde deux plaques électriques à température contrôlée par thermostat, entrelesquelles on place les documents à laminer, et de deux rouleaux qui chassentl'air et aplanissent les feuilles.

Quand on veut laminer un document sur les deux faces, on place sur laservante de la machine à laminer un carton (de préférence en fibre d'amiante àcause de sa résistance) qui sert de support général à l'ensemble, on superposecomme isolant une feuille de téflon, puis on place le voile de renforcement,ensuite la pellicule d'adhésif thermoplastique et enfin le document, que l'onrecouvre d'une autre pellicule d'adhésif, de voile, de téflon et de carton.

Le sandwich ainsi formé est glissé entre les plaques chauffantes où ildevra rester le temps nécessaire pour atteindre le point de fusion del'adhésif (en principe entre 25 et 30 secondes). Immédiatement, les rouleauxentrent en action, chassent l'air et compriment le sandwich jusqu'à adhérencecomplète du renforcement et du document.

Si on veut laminer une seule des deux faces, on ne place pas de pelliculed'adhésif et de renforcement sur l'autre face.

Lorsque le document présente des lacunes, on peut les combler avec despièces, en procédant de la façon suivante : on fait comme s'il s'agissait dene laminer que le recto, en plaçant sur le verso des morceaux du papier choisipour le comblage, de façon à recouvir les lacunes. Par-dessus, on pose letéflon et le carton correspondant et on procède à la laminâtion.

On constate alors que chaque pièce s'est fixée au document précisément àl'endroit voulu grâce à l'action de l'adhésif. A l'aide d'un scalpel, on rognele papier en excédent qui n'a pas collé. Une fois l'opération terminée, onlamine le verso, ce qui fait que le document est laminé des deux côtés et lestrous sont rebouchés.

Dans tous les cas, il convient de laisser une marge de 2 à 5 mm sur toutle pourtour du document afin d'éviter un arrachement des couches superfi-cielles par la suite et aussi de mieux protéger le document contre une éven-tuelle attaque de micro-organismes qui pourraient s'introduire par la tranchede la feuille.

Les presses thermostatiques sont un moyen de procéder de façon simplifiéeà la lamination par pression et chaleur. On peut y introduire simultanémentplusieurs documents placés dans leurs sandwichs respectifs, que l'on empileles uns sur les autres. L'inconvénient, c'est qu'il peut se produire desirrégularités dans la fusion de l'adhésif à cause des écarts de température etde pression que subissent les documents selon leur emplacement.

A côté de ces systèmes traditionnels, il existe un autre type de machineà laminer, équipée d'une bande transporteuse sur laquelle on dépose l'ensembledécrit plus haut, mais sans les cartons extérieurs. Le tout passe dans unezone où l'on provoque une élévation de température par injection d'air chaudet finalement, des rouleaux de caoutchouc assurent le pressage final.

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Dans les cas où il est possible de recourir à un traitement aqueux et oùle document, s'agissant en particulier de gravures et de dessins, a besoind'un comblage et d'une consolidation, on peut obtenir un renforcement typelamination à l'aide de la machine à colmater décrite au paragraphe 3.4.12. Ilsuffit pour cela de surdoser la quantité de pulpe introduite dans la machine.L'excédent de pulpe recouvrira alors le verso du document sur toute lasurface, en une couche d'épaisseur proportionnelle à la quantité de pulpeinjectée. Le document devra être placé face dessous et ne comporter aucuneinscription au verso, le revêtement obtenu étant opaque.

Enfin, il faut citer la table d'aspiration, instrument de travail utilepour effectuer les laminations manuelles, surtout dans le cas de documentstrès abîmés ou en morceaux, car elle permet de maintenir le document bien àplat pendant qu'on applique l'adhésif et le renforcement.

L'appareil s'est également révélé efficace pour des laminations utilisantun adhésif thermoplastique, fondu sur place avec de l'air chaud fourni par desspatules thermostatiques.

3.4.14 Encapsulation

L1encapsulation est utilisée en lieu et place de la lamination pourprotéger des documents fragiles et des documents appelés à être déplacés,exposés, etc., ou pour assurer la conservation définitive d'oeuvres planes(gravures, dessins, etc.). Elle consiste à installer le document entre deuxfeuilles transparentes dont on scelle les quatre côtés pour former unepochette plate, qui donne de la consistance au document et le soustrait enoutre aux facteurs extérieurs d'agression. Le document n'est maintenu paraucun système de fixation à l'intérieur de la pochette dont les dimensionsintérieures épousent celles de l'oeuvre pour éviter tout jeu susceptible del'endommager.

La façon de procéder la plus simple est la suivante : on étend unefeuille du matériau choisi, de préférence du téréphtalate de polyéthylène(mylar, melinex) ou un matériau analogue, dont les dimensions sont adaptées àcelles du document à encapsuler. Sur la feuille on place l'oeuvre que l'onentoure, en ménageant une marge extérieure de 3 à 5 mm, d'un ruban autocollantdouble-face. Après quoi, on recouvre d'une autre feuille qui se collera grâceau ruban adhésif. Ensuite, on passe un rouleau sur la capsule pour chasserl'air emprisonné qui s'échappera par un coin que l'on aura pris soin de ne pascoller (un très petit trou suffit).

Enfin, on massicote le tout sur le pourtour extérieur.

Au lieu de faire ce travail à la main, on peut aussi clore la pochette aumoyen d'un appareil spécial à thermofusion ou à ultrasons qui font fondre lepolyéthylène et permettent d'obtenir une fermeture hermétique d'une plus bellefinition.

Bien entendu, avant de procéder à 1'encapsulation, il faudra, comme dansle cas de la lamination, s'assurer que le document est exempt de tout facteurintrinsèque de détérioration.

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4. LE PARCHEMIN

4.1 DEFINITION ET COMPOSITION

Le parchemin est une peau serai-tannée dont l'utilisation comme support del'écriture remonte au Ile siècle av. J.-C. au moins, en Asie mineure.

Selon Pline, le parchemin fut inventé dans la ville de Pergame pourremplacer le papyrus dont l'importation avait été interdite, en raison de larivalité entre les célèbres bibliothèques d'Alexandrie et de Pergame.

Quelle que soit son origine, le fait est que le parchemin a peu à peuremplacé le papyrus en raison de l'abondance de sa matière première et de sesavantages manifestes comme support de l'écriture. Il ne cède du terrainqu'avec la généralisation de l'usage du papier dans le monde européen (auXlVe siècle, approximativement, selon les régions).

Nous avons très peu de renseignements sur la façon dont le parcheminétait fabriqué dans l'Antiquité, mais les techniques n'étaient sans doute pastrès différentes de celles employées par les moines du Moyen Age.

On utilisait pour la fabrication du parchemin des peaux d'agneau, dechevreau ou de veau, que l'on faisait séjourner trois jours dans de l'eau dechaux pour que les matières inutiles (graisses, chair et poils) se détachentplus facilement. Ensuite, on procédait à l'épilation de la peau en la grattantà l'aide d'un instrument tranchant.

Enfin, la peau était étirée sur un cadre pour le séchage. Après séchage(ou, dans certains cas, sur une peau légèrement humectée), la dernière phasedu traitement était le ponçage de la peau sur ses deux faces afin d'homogé-néiser son grain et de lisser également l'une et l'autre face de ce qui, déjà,était un véritable parchemin.

Lorsque le matériau ainsi obtenu était destiné uniquement à l'écriture,il était blanchi avec de la poudre de plâtre qui avait également une actiondégraissante. Quand il devait être enluminé, le parchemin était recouvertd'une préparation à base de talc destinée à obtenir un fond opaque pour mieuxfaire ressortir les couleurs.

Le produit de ces traitements était un support moins souple que lepapyrus, mais agréable d'aspect et doux au toucher, sur lequel on pouvaitécrire recto verso et corriger ou effacer les erreurs par simple grattage.

Ces propriétés, alliées à la robustesse et à la dureté du parchemin,constituent le facteur primordial qui a conduit à l'abandon du rouleau commeformat du livre et du document graphique pour le format rectangulaire quiapparaît dès le premier siècle de l'ère chrétienne.

Du point de vue physiologique, le parchemin correspond à la coucheprofonde de la peau (derme), et ses deux faces ont des caractéristiques biendistinctes : la face superficielle, fleur de la peau dite couche fleur, estplus compacte et plus sombre, sa couleur tire sur le jaune et elle a untoucher granuleux ; c'est sur cette face que l'on écrivait de préférence. Laface profonde, dite croûte, côté chair, plus blanche, est celle en contactavec les couches plus grasses chez l'animal vivant.

Le parchemin le plus fin, réservé aux livres précieux de petit format,est fabriqué avec la peau d'animaux nouveau-nés ou mort-nés (vélin) : dans cecas, la peau est si fine et d'une telle transparence que l'on ne distingue pasla couche fleur de la croûte, à peine formée.

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De tous les éléments constitutifs d'une peau vivante, les seuls quisubsistent dans le parchemin sont les protéines insolubles et l'eau. Lesprotéines se lient en formant des fibres qui ont une grande cohésion physiqueet un fort pouvoir d'hydratation ; contrairement à celles du papier, cesfibres ne sont pas entrelacées ni enchevêtrées. Le seul élément qui exerce uneaction cohésive est l'eau qui, comme dans le papier, forme des liaisonsintermoléculaires assurant la cohésion chimique des fibres par le biaisprincipalement de ce qu'il est convenu d'appeler les ponts hydrogène. Cettestructure, comme nous le verrons ultérieurement, explique que l'eau et plusprécisément l'humidité jouent un rôle si important dans la conservation desparchemins.

4.2 AGENTS DE DETERIORATION ET PROTECTION PREVENTIVE

De manière générale, on peut dire que le parchemin est attaqué par lesmêmes agents de détérioration que les matériaux cellulosiques, mais intrin-sèquement, s'agissant d'une substance protéinique, il est moins exposé à ladétérioration et résiste mieux au vieillissement naturel.

Les brusques variations d'humidité et de température sont le pire ennemidu parchemin dont elles peuvent déformer la surface et dégrader l'aspect ;comme il s'agit d'une peau qui n'a pas été entièrement stabilisée par letannage, le problème majeur est un problème d'instabilité physico-chimiquerésultant de sa sensibilité et de ses exigences face au couple température-humidité.

Le parchemin se caractérise par sa forte hygroscopicité étant donné que,comme nous l'avons vu pour les matériaux cellulosiques, la cohésion de sesfibres est due aux molécules d'eau. Ces molécules se combinent avec les atomesd'oxygène et d'hydrogène des fibres contiguës ; grâce à ces liaisons chi-miques, les fibres protéiniques s'unissent entre elles, et leur cohésion estmaintenue aussi longtemps que l'équilibre hygrométrique n'est pas rompu.

Ce phénomène de cohésion chimique est identique à celui des fibrescellulosiques, à cette différence près qu'il n'y a pas dans le parcheminentrelacement des fibres, ni charges ou adhésifs (comme les produits d'apprêtdu papier) assurant une cohésion mécanique.

La peau a la propriété d'être souple du fait de cette dispositionnaturelle des fibres protéiniques, mais lorsque l'équilibre hygrométrique estrompu par suite d'une perte d'humidité, celles-ci adoptent des formesrigides ; le dessèchement entraîne l'isolement des filaments protéiques (pertede l'union par les ponts hydrogène) et cette rupture des liaisons occasionneune perte de souplesse qui favorise le craquèlement, 1'exfoliation, voire ladésagrégation du support.

En cas de sursaturation en eau, le nombre très élevé de molécules pré-sentes dans ce liquide favorise la transformation des fibres en gélatines ; ladécomposition du parchemin est en outre activée par l'hydrolyse.

Entre autres techniques de protection, celles mentionnées pour lesmatériaux cellulosiques sont également applicables au parchemin ; il convientde leur ajouter la stabilisation hygroscopique des matériaux au polyéthylène-glycol. En outre, pour protéger plus efficacement le parchemin des effets dela température et de l'humidité lorsqu'il est exposé à un microclimat trèsagressif, on peut le traiter en surface avec de la cire microcristalline.

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En tout état de cause, le microclimat idéal pour le parchemin est cons-titué par une humidité relative comprise en 60 et 50 % et une température de18 à 22 °C ; bien que sensible aux variations hydrothermiques, le parchemins'adapte relativement bien au milieu ambiant, mais à partir de 40 °C et d'untaux d'humidité relative de 70 %, il subit des altérations graves.

Les causes chimiques de détérioration sont moins fréquentes que pour lepapier. Le problème de l'acidité est pratiquement inexistant du fait dessubstances alcalines (chaux) utilisées pour la fabrication du parchemin ;cependant, on peut rencontrer des parchemins acides par suite d'une prépa-ration mal faite, de l'action de micro-organismes ou d'une pollutionatmosphérique.

Pour prévenir les effets de l'acidification due à des agents atmosphé-riques, on peut, outre l'installation de systèmes de filtrage de l'air,utiliser à titre préventif une solution à base de lactate de potassiumappliquée directement sur le parchemin (procédé décrit ci-après dans lasection relative aux traitements des peaux tannées).

Le problème de l'alcalinité, plus fréquent dans le cas des parchemins quedans celui des papiers, entraîne le jaunissement du support, mais cet effet,bien que dû généralement à un excès de chaux, peut également s'expliquer parune contamination bactérienne, par la présence d'acides gras résultat d'untannage défectueux ou par la pollution atmosphérique, en particulier si lapoussière est chargée de particules de fer qui se transforment en hydroxydecoloré.

S'agissant des agents de détérioration biologique, on précisera quel'action de nombreux micro-organismes est affaiblie par l'alcalinité dumatériau, mais si le milieu est propice à leur prolifération, le parchemin estattaqué par ceux-ci comme par les insectes.

Un problème plus grave pour les parchemins que pour le papier est celuides salissures superficielles. Celles-ci sont plus difficiles à éliminer carelles ont un plus grand pouvoir de pénétration, du fait en partie de laformation d'acides gras, mais également de la structure même du parchemin quifavorise l'incrustation des salissures entre les pores côté croûte et dans legrain côté fleur.

4.3 TECHNIQUES DE RESTAURATION ; MATERIAUX ET PROCEDES

La procédure à suivre pour la restauration des parchemins est, pourl'essentiel, celle qu'il convient d'appliquer à tout autre documentd'archives, mais, compte tenu de la composition particulière du parchemin(matériau protéinique), certains procédés et produits sont à éviter, alorsqu'à l'inverse, des techniques différentes, très peu utilisées pour lesmatériaux cellulosiques, peuvent s'avérer nécessaires.

Cela dit, nous ne reviendrons pas dans cette section sur la descriptiondes traitements classiques, déjà mentionnés dans le chapitre relatif auxdocuments sur papier ; nous commencerons donc par les techniques de désin-fection et de désinsectisation, en omettant les étapes préalables d'analyse etde photographie déjà évoquées précédemment.

4.3.1 Désinfection et désinsectisation

La principale chose à retenir pour le traitement des parchemins,compte tenu des caractéristiques de ce matériau, est qu'il ne faut jamaisutiliser comme mélange gazeux le bromure de méthyle qui a pour effet, vérifié,de durcir et de dénaturer les peaux.

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De même, le traitement des parchemins à l'aldéhyde formique est décon-seillé car il entraîne leur déshydratation et finit par les durcir.

A l'exception de ces deux produits, tous ceux mentionnés pour la restau-ration des papiers conviennent, à condition de respecter les concentrationsindiquées. Même ainsi, la méthode la plus utilisée à titre préventif, contrel'action possible des micro-organismes sur des parchemins humides, consiste àplacer les documents dans des pochettes en polyéthylène imprégnées de penta-chlorophénol et de borax (cette technique permet en effet de prévenirl'apparition de problèmes chimiques aussi bien que biologiques : rappelons quele borax a une action de désacidification en même temps que des propriétésfongicides).

Un autre traitement à caractère essentiellement préventif est le place-ment de papiers buvards imprégnés de thymol au contact des documents, bien quel'efficacité de ce produit soit assez faible à notre avis.

Le traitement le plus efficace est la fumigation en autoclave à l'oxyded'éthylène en mélange avec du fréon ou du dioxyde de carbone durant 2, 4 ou6 heures selon le but poursuivi : désinsectisation, désinfection ou stérili-sation. Rappelons que ce traitement est uniquement curatif et qu'il doit êtrecombiné, dans un deuxième temps, avec un traitement préventif visant àempêcher une nouvelle contamination.

4.3.2 Fixage des encres et couleurs

Comme pour tout autre matériau, il est évident qu'avant de recourir àun quelconque traitement d'un parchemin, il faut s'assurer que le tracé nesera pas altéré par les produits utilisés ; si tel n'est pas le cas, le fixagedes encres et couleurs est nécessaire.

Les techniques de fixage décrites à propos de la restauration du papierpeuvent convenir ; cependant, pour le parchemin, les produits les plusindiqués sont les suivants :

Le nylon soluble, en solution alcoolique, donne généralement de bonsrésultats ; bien qu'il présente l'inconvénient d'être incompatible, du fait desa réversibilité, avec l'alcool (substance assez fréquemment utilisée pour lestraitements dans le cas du parchemin), il a l'avantage, sur d'autres fixatifs,de former une pellicule protectrice qui facilite la pénétration des produitsliquides au lieu d'imperméabiliser totalement la zone traitée.

L'acétate de cellulose (préparé et soluble dans l'acétone) est l'un desproduits les plus utilisés pour le fixage des encres et des couleurs. Il donnede très bons résultats sur le parchemin et il présente l'avantage, lorsqu'ilest utilisé en couche très épaisse, de former une fine pellicule qu'on peut"éplucher" après le traitement, ce qui évite d'avoir à recourir à des solvantspour l'éliminer. La formation de cette pellicule semble dépendre non seulementdu degré d'épaisseur de l'acétate, mais aussi de la nature de l'encre ou de lacouleur. Par conséquent, s'il existe un risque, au moment où l'on détache lapellicule d'acétate, d'arracher en même temps la couche pigmentée, il estrecommandé d'utiliser de l'acétone pour dissoudre le fixatif.

Le Primai, soluble dans l'eau mais, une fois durci, réversible dans dessolvants organiques, xylène et toluène, est également indiqué pour letraitement des parchemins.

Actuellement, le produit le plus largement utilisé est le Paraloïd,préparé et réversible dans le tétrachloro-éthylène, le xylène, le toluène etparticulièrement le nitrate de potassium. Ce produit est également commer-cialisé en atomiseur.

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Le fixatif est généralement appliqué au moyen d'un pinceau sur les tracésuniquement, mais lorsque l'on doit traiter des surfaces importantes, l'usaged'un atomiseur est recommandé, à condition de protéger à l'aide d'un cache lereste du document, pour pulvériser le produit uniquement à l'endroit dutracé ; dans le cas où il est nécessaire d'appliquer au pinceau un produitcommercialisé en atomiseur, il suffit d'en vaporiser une petite quantité dansun récipient. L'application au pinceau est plus sûre que l'usage d'unatomiseur.

4.3.3 Nettoyage mécanique à sec

Le parchemin, matériau généralement plus résistant que le papier etdans lequel la salissure s'incruste davantage, admet et demande l'emploi detraitements légèrement abrasifs, contrairement au papier qui exige destechniques plus douces.

Le nettoyage fait habituellement appel à des gommes de dureté variableainsi qu'à la gomme électrique et au pinceau en fibre de verre, particu-lièrement indiqué pour les coins noircis par les doigts qui ont tourné lespages.

Lorsque le nettoyage porte sur le côté fleur, il doit s'accompagner d'unsoin tout particulier pour ne pas abîmer ni altérer cette surface très fine.

4.3.4 Nettoyage à l'aide de solvants

II est établi que les solvants sont moins efficaces pour le parcheminque pour les matériaux cellulosiques ; cette réserve faite, nous recommandonspour l'élimination des taches grasses le dichloréthylène, le tétrachloro-éthylène et le chloroforme.

Les taches d'oxyde ou de fer peuvent être traitées à l'aide d'unesolution à 5 % d'acide oxalique dans l'eau tiède ; cependant, ce traitementdoit être appliqué avec précaution et neutralisé ensuite avec un agent dedésacidification.

4.3.5 Nettoyage aqueux

Ce traitement est nécessaire dans la plupart des cas, moins pouréliminer la salissure du parchemin que pour faciliter son étirage ultérieur.On peut pour cela utiliser un bain d'eau avec adjonction d'un tensioactifneutre, bien que ce procédé ne soit pas très répandu, les résultats étant àpeine supérieurs à ceux que l'on obtient avec un simple bain d'eau ; en outre,le risque existe qu'à long terme certains résidus puissent être nocifs.

La méthode la plus couramment utilisée est l'immersion des parcheminsdans un bain d'eau et d'alcool dans des proportions variables. L'alcool a poureffet d'accélérer l'ouverture des pores et d'accroître le pouvoir de péné-tration du liquide en même temps qu'il favorise un séchage plus rapide enactivant 1'évaporâtion.

A des fins de nettoyage toujours, on peut également employer des mélangesd'eau, d'alcool, d'acétone et d'ammoniaque (ce dernier ayant en outre unelégère action de blanchiment). Les proportions varient selon la solubilité desencres et des couleurs dans les différents milieux. A conditions égales, ilest préférable d'employer l'alcool et d'éviter l'acétone, qui tend à provoquerun léger durcissement du parchemin.

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La méthode la plus usitée consiste à immerger le parchemin durant uneheure dans un bain d'eau, d'alcool et de glycérine dans les proportions de 15,70 et 15 % respectivement, car la glycérine favorise l'assouplissement duparchemin.

4.3.6 Blanchiment

Comme nous l'avons vu précédemment, le parchemin réagit assez mal auxtraitements chimiques, et plus mal encore aux produits chlorés qui, outre uneefficacité très moyenne, ont des effets extrêmement nocifs puisqu'ilsentraînent un ramollissement du parchemin et des déformations ; malgré tout,la littérature fait état de l'emploi de chloramine T à 5 % rincée rapidement àl'eau et ensuite neutralisée. Mais les piètres résultats obtenus ne justifientjamais, à notre sens, le risque pris.

Un agent de blanchiment moins dangereux, mais offrant des résultats toutaussi peu satisfaisants, est l'eau oxygénée (peroxyde d'hydrogène) diluée ounon.

En tout état de cause, l'usage d'hypochlorites est totalement déconseilléen raison de leur fort pouvoir de dégradation sur la structure du parchemin(gélatinisation).

4.3.7 Désacidification

Du fait même de leur méthode de fabrication (semi-tannage des peauxtraitées par la chaux), il est assez rare de rencontrer des parcheminsprésentant un degré d'acidité tel que leur neutralisation soit nécessaire ;nous avons vu cependant que ce problème pouvait se poser par suite d'unepréparation mal faite et, surtout, d'une pollution atmosphérique.

En règle générale, les produits utilisés pour la désacidification dupapier sont aussi valables pour celle du parchemin ; les plus indiqués sontcependant l'hydroxyde de calcium (parce qu'il n'entraîne aucune adjonction desubstance étrangère au parchemin), en solution aqueuse saturée, et l'hydroxydede baryum, soluble dans le méthanol, milieu auquel le parchemin réagit parti-culièrement bien (15 g par litre de méthanol en bain de 20 mn).

Pour faciliter l'opération et obtenir une meilleure efficacité, il estrecommandé, plutôt que de procéder à une désacidification isolée à l'aide desproduits mentionnés, de combiner ce traitement avec le nettoyage aqueux. Pourcela, il suffit, dans le bain d'eau, d'alcool et de glycérine précédemmentdécrit, de remplacer l'eau ou l'alcool par l'hydroxyde de calcium ou de baryumrespectivement.

Les proportions à respecter sont les suivantes :

- 15 % d'hydroxyde de calcium, 70 % d'éthanol et 15 % de glycérine, ou

- 15 % d'eau, 70 % d'hydroxyde de baryum et 15 % de glycérine.

L'avantage de l'une et l'autre formule est de permettre d'effectuersimultanément deux traitements : le nettoyage et la désacidification.

4.3.8 Stabilisation hygroscopique

La stabilisation hygroscopique ou hydroscopique est le traitement parexcellence du parchemin puisque cette phase du processus de restauration, àquelques rares exceptions près, s'applique uniquement à ce type de support.

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II s'agit par ce traitement de réguler l'humidité, en cas d'humiditéexcessive comme en cas d'humidité insuffisante. Le parchemin étant un maté-riau fortement hygroscopique, l'humidité à laquelle il s'est trouvé exposétout au long de son histoire a une incidence directe sur son état de conser-vation, et la stabilisation hygroscopique est le seul moyen susceptible de luiredonner la souplesse perdue.

Lorsqu'on parle de stabilisation hygroscopique en général, on faitréférence à l'opération de restauration qui vise à restituer au parcheminl'humidité perdue, mais ce terme doit également s'appliquer aux traitementsrendus nécessaires par un excès d'humidité : dans ce cas en effet, leparchemin tend à se gélatiniser, favorisant ainsi l'activité des micro-organismes, d'où la nécessité d'un traitement d'assèchement.

En dehors de la simple exposition à l'air, méthode trop lente pour unmatériau comme le parchemin, les traitements les plus indiqués sont lessuivants :

1. L'immersion du document dans un bain d'éthanol : l'alcool en s'éva-porant a une action déshydratante, qui facilite le séchage du parchemin touten prévenant toute altération éventuelle due à des agents biologiques.

2. La pulvérisation sur le document de produits régulateurs d'humidité enmême temps qu'inoffensifs pour le parchemin, parmi lesquels le carbonate decalcium, la sépiolite et le gel de silice sont particulièrement indiqués. Cessubstances sont appliquées par saupoudrage sur le parchemin, afin d'enabsorber l'humidité, et renouvelées à intervalles réguliers jusqu'àl'obtention du degré d'humidité souhaité. Parmi les produits cités, le gel desilice est le plus adapté parce que sa coloration est un indicateur de sonaction asséchante : bleu à l'origine, c'est-à-dire sec, il vire en effetprogressivement au rouge à mesure qu'il s'humidifie. Ces produits peuvent êtreréutilisés après chauffage, qui leur fait perdre l'humidité absorbée.

En dehors de ces deux procédés, relativement peu coûteux, il existe desenceintes d'humidification-déshumidification. Cet équipement, beaucoup plusonéreux, assure un traitement efficace : il permet en effet de réduirel'humidité du parchemin par un procédé de déshydratation contrôlée, l'eaus'évaporant progressivement à mesure que l'on augmente la température.

Le degré optimal d'humidification d'un parchemin est fonction del'atmoshère où il sera finalement installé (humidité relative de 50 à 60 % depréférence).

Il est beaucoup plus courant d'avoir à restituer au parchemin l'humiditéperdue que le contraire. Lorsque l'humidité est insuffisante, le parcheminperd sa souplesse et présente en outre de nombreuses ondulations.

Il existe deux méthodes traditionnelles pour remédier à ce problèmeépineux de la déshydratation du parchemin. La première consiste à en corrigerles effets en apportant au parchemin de l'humidité, la seconde à lui appliquerdes produits lubrifiants (graisses) comme on le ferait pour une peau tannée.

Dans le premier cas, le traitement consiste à maintenir le parchemin enmilieu humide en utilisant une enceinte d'humidification à l'intérieur delaquelle le parchemin est soumis à une humidité relative de 80 %, à environ15 °C, jusqu'à totale récupération de l'humidité. Cet appareil, relativementcoûteux, peut être remplacé par une vitrine ou une installation du typearmoire, dans laquelle on entretient une forte humidité par évaporation d'eauou simplement à l'aide d'humidificateurs.

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Mais le maintien du parchemin en milieu humide jusqu'à sa complètestabilisation s'accompagne du risque de favoriser l'activité microbiologique(à laquelle on peut remédier en utilisant des fongicides), de provoquer ladissolution des encres ou l'apparition de taches d'humidité et de poussière.Il s'agit en outre d'un traitement peu efficace à long terme dans la mesureoù, une fois le parchemin replacé dans son milieu d'origine, le même problèmeresurgit, même si le degré d'humidité ambiante est adéquat.

Les traitements à base de corps gras sont encore moins adaptés auparchemin que la méthode que nous venons de décrire ; en effet, comme nousl'avons vu dans le chapitre consacré aux causes de détérioration, ce n'est pasde graisse que le parchemin desséché a besoin, mais d'humidité. Les substanceshuileuses confèrent au parchemin une relative souplesse, sans poser leproblème d'une prolifération microbiologique ou de la dilution des encres,mais elles peuvent occasionner des transparences dues à un excès de graisse,un toucher onctueux propre à retenir davantage la poussière, un changement decoloration de la peau et, enfin, l'oxydation des huiles ; en outre, lesrésultats ne sont pas satisfaisants étant donné le faible pouvoir d'absorptiondes graisses du parchemin, qui limite considérablement la souplesse acquise.

Les "huiles" sont généralement appliquées par "frictions légères", aprèsimmersion du parchemin dans un bain d'éthanol et d'eau à parts égales durant24 heures environ.

Parmi les produits utilisés jusqu'ici, citons les lanolines, les cires,les paraffines, les glycérines et des huiles d'origines diverses comme l'huilede castor, l'huile de pied de boeuf (qui, outre un toucher onctueux, propre àtoutes les huiles, a la particularité de laisser des brillances et des trans-parences) et l'huile de cèdre ; pour cette dernière, on utilise de préférenceun tampon de coton pour en imprégner le parchemin, qui est ensuite placé entredeux plaques de verre dégraissées au talc.

En théorie, le traitement idéal pour un parchemin déshydraté serait lacombinaison des deux méthodes citées : conférer à la peau l'humidité internela plus adéquate et ensuite imperméabiliser la surface en l'enduisant d'unesubstance qui empêche l'évaporation. Dans la pratique, cependant, il n'est paspossible d'allier convenablement ces deux traitements car la peau semi-tannéene possède pas le pouvoir d'autorégénération propre à la "peau vivante" et lesagents atmosphériques sont capables de percer cette défense artificielle.

D'autres substances ont également été utilisées, au fil du temps, pourrendre au parchemin sa souplesse : les vitamines, les albumines, le spermaceti(ou blanc de baleine) et l'urée, ces deux dernières parfois associées dans unmême traitement.

Les résultats fournis par ces techniques ne sont guère satisfaisants.Dans le cas de l'urée, nous savons qu'elle entraîne des transparences, et lesémulsions de spermaceti pour leur part laissent des traces blanches que l'onpeut, il est vrai, éliminer au benzol. En tout état de cause, elles sontsupplantées par la méthode que nous décrivons ci-après.

Elle consiste à traiter le parchemin par le polyéthylèneglycol, qui apermis de résoudre de manière totalement satisfaisante le problème de lastabilisation hygroscopique.

Le polyéthylèneglycol est un dérivé des glycols (polyalcool) obtenuindustriellement par condensation de différents polymères de l'oxyded'éthylène.

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On le trouve dans le commerce sous différentes formes de poids molé-culaires distincts, depuis l'état solide jusqu'à l'état très fluide ; pour lastabilisation hygroscopique du parchemin, on utilise les polyéthylèneglycols200 à 400, d'aspect visqueux mais suffisamment fluides.

Les propriétés qui justifient l'emploi du polyéthylèneglycol pour laconservation des parchemins sont les suivantes : il a un pH pratiquementneutre ; il n'est pas volatil ; il ne favorise pas l'activité des micro-organismes ; il a une pénétrabilité acceptable, il a une action adoucissanteet lubrifiante et, surtout, il a un pouvoir élevé de régulation de l'humiditécar c'est un corps hygrométrique qui agit comme une éponge : en fonction dudegré d'humidité ambiante, il absorbe ou cède de l'eau, sans que lesconstantes internes soient modifiées.

Ses éléments (carbone, hydrogène et oxygène) ont une totale affinité avecceux du parchemin, aucune substance étrangère n'étant ajoutée.

On pourrait dire que le polyéthylèneglycol se comporte comme un substitutde l'eau en rétablissant, grâce à ses groupes hydroxyles, les ponts hydrogènecoupés ; il offre en outre l'avantage d'être un traitement permanent en raisonde sa non-volatilité.

Jusqu'ici, aucun essai, pas même les essais de vieillissement artificiel,n'a permis de mettre en évidence un quelconque effet secondaire indésirablelié à l'utilisation du polyéthylèneglycol.

Le seul facteur qui demande des précautions est la solubilité des encres,qu'il est dans certains cas nécessaire de protéger au moyen de fixatifs.

Le traitement par le polyéthylèneglycol consiste simplement à imprégnerle parchemin de cette substance ; il peut être appliqué par bain, parfrictions douces ou à la brosse selon le type de manipulation autorisé parl'état de conservation du parchemin.

Dans le cas d'une application à la brosse, après imprégnation leparchemin est placé, jusqu'à l'absorption du produit, entre deux feuilles depolyéthylène ou entre deux plaques de verre (bien que ce dernier procédé soitdangereux du fait d'une adhérence possible). Dans les frictions, on frottedoucement avec les doigts en décrivant des mouvements circulaires. Pour lebain, le produit est également utilisé pur jusqu'à pénétration totale ; lasaturation est mise en évidence par le fait que le parchemin acquiert unetransparence caractéristique qui disparaît totalement avec le séchage dudocument.

Pour ce qui concerne le traitement par immersion, les premiers essais ontété réalisés avec du polyéthylèneglycol à 50 % en solution aqueuse oualcoolique au bain-marie, dans des bacs à thermostat maintenant la tempé-rature à 30 °C. Ces essais avaient pour but d'accroître la pénétrabilité duproduit, sans quoi, dans le cas de parchemins extrêmement épais, desséchés etsatinés, le traitement pouvait demander des semaines.

Aujourd'hui, on résout ce problème en plongeant au préalable le documentdans un bain d'eau, d'alcool et de glycérine (15 %, 70 % et 15 % respec-tivement) durant une heure ; autrement dit, on peut profiter du bain utilisépour le nettoyage du parchemin afin de procéder à la stabilisation hygrosco-pique par le polyéthylèneglycol. Le premier bain prépare les pores duparchemin à l'absorption du polyéthylèneglycol. L'alcool ouvre en quelquesorte les pores, facilitant ainsi le passage de l'eau, laquelle à son tourfavorise la pénétration de la glycérine, et cette dernière celle dupolyéthylèneglycol.

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Le principe du bain préalable n'est pas réservé aux parchemins épais ; ilpeut être appliqué à tous les types de parchemin pour réduire la durée dutraitement.

En résumé, la stabilisation hygroscopique par le polyéthylèneglycolcomprend un premier bain d'eau, d'alcool et de glycérine d'une durée d'uneheure, suivi de l'imprégnation de polyéthylèneglycol (par immersion depréférence) jusqu'à saturation.

Le traitement est complété par le séchage - mise à plat. Cette opérationpermet d'éliminer les transparences dues à la saturation, qui disparaîtrontpour finir lors du séchage sous presse entre des buvards.

Ce traitement sert non seulement à rendre au parchemin la souplesseperdue, mais aussi à éliminer les rides et à prévenir les effets possibles devariations de l'humidité ambiante.

4.3.9 Séchage et mise à plat

La méthode la plus classique est le séchage sur cadre qui permetd'étirer le parchemin dont les bords sont maintenus au moyen de pincesspéciales. Cette méthode entraîne habituellement des déformations, de sorteque le pourtour du document ainsi traité présente de légères irrégularités dufait d'une tension plus importante à l'endroit des pinces. Pour les éviterautant que possible, on place les pinces bord à bord et on interpose entre lesmâchoires et le parchemin une protection en matériau mou comme le feutre, pouréviter toute éraflure ou déchirure. Cette technique, encore utilisée de nosjours, présente l'avantage de permettre un traitement d'humidification local,utile dans le cas d'encres ou de couleurs très solubles ou susceptibles des'altérer.

Dans ce cas, on procéderait par frictions pour humecter les endroitsvoulus à l'eau ou au polyéthylèneglycol, l'ensemble du document étant soumis àun étirage progressif.

Une autre méthode classique est la simple mise sous presse entre desbuvards après humidification. Dans ce cas, pour éviter une attaque par desmicro-organismes, il est recommandé de changer très fréquemment les buvards,surtout si l'on n'a pas utilisé du polyéthylèneglycol. Ce système n'estefficace que pour les parchemins présentant peu de rides, étant donné que lesrides trop importantes pourraient se changer en plis.

Une autre solution consiste à placer le parchemin, une fois humidifié,sur une plaque de verre préalablement dégraissée au talc et de le recouvrird'un buvard. L'étirage est réalisé en plaçant sur les extrémités du buvard despoids ou des baguettes de plomb destinés à maintenir l'ensemble, mais sansempêcher le parchemin de se rétracter durant le séchage, afin d'éviternaturellement toute déchirure. On réduit ce risque en évitant des poids troplourds et un séchage trop rapide ; dans certains cas, il est conseillé, pourl'étirage, d'alterner les opérations d'humidification et d'étirage autant defois qu'il apparaît nécessaire.

Un inconvénient de la mise à plat des parchemins au moyen de buvards estque ceux-ci peuvent, dans certains cas, absorber les encres amollies etaffaiblies par le traitement de stabilisation.

La méthode la plus indiquée en particulier dans le cas de parcheminsprésentant des rides très importantes, est la suivante :

- on prépare deux plaques de verre ou de bois bien lisse dégraissées autalc ;

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- sur l'une de ces plaques, on pulvérise un peu d'eau ;

- sur cette plaque, on place une feuille de polyéthylène que l'on étire àl'aide d'un rouleau, afin que, l'humidité aidant, la feuille soitparfaitement tendu ;

- sur la feuille de polyéthylène, on place le parchemin préalablementtraité par le polyéthylèneglycol, le mélange d'eau, d'alcool et deglycérine ou tout autre produit selon le cas ;

- le parchemin humide est entièrement recouvert d'une autre feuille depoloyéthylène ;

- à l'aide du rouleau, on fait adhérer ce film au parchemin en éliminanttoutes les bulles d'air et en aplanissant le parchemin, lequel, sous lapression du rouleau, doit être à plat et parfaitement lisse entre lesfeuilles de polyéthylène. Pour faciliter la mise à plat et l'élimi-nation des bulles d'air, il est recommandé d'étendre au rouleau lafeuille de polyéthylène en commençant l'opération par le centre pourfinir par les bords, ce qui permet d'expulser par les côtés le produiten excédent ;

- sur ce "sandwich" (polyéthylène, parchemin, polyéthylène), on placeenfin un second support, en verre de préférence. Le poids du verreévite la réapparition des rides et permet, du fait de sa transparence,de surveiller à tout moment le comportement des encres et couleurs etdu parchemin en général ;

- au bout de 24 heures, approximativement, on enlève le verre et onremplace la feuille de polyéthylène du dessus par un buvard, avant deremettre en place la plaque de verre ou la planchette ;

- au bout de 24 heures encore, l'autre feuille de polyéthylène estégalement remplacée par un papier buvard et le document, entre ces deuxbuvards, est mis sous presse jusqu'à séchage définitif. Ces buvardssont régulièrement changés jusqu'à absorption totale de l'humidité,afin d'éviter les moisissures et l'altération du tracé.

Le temps indiqué pour le séchage est donné uniquement à titre indicatifet doit être modulé en fonction des caractéristiques du parchemin et de sonépaisseur.

4.3.10 Restauration du supportP entailles et déchirures

Les techniques les plus anciennes de réparation des déchirures sur unparchemin font appel à la couture, effectuée à cheval comme une reprise depréférence, avec de la ficelle, du boyau et, plus récemment du fil de nylon,mais il est évident que ces méthodes sont peu indiquées. En effet, ellessupposent qu'on perfore le support d'origine et, malgré certaines couturesétonnamment réussies, le résultat reste toujours inesthétique.

Une autre méthode traditionnellement utilisée pour la pose de pièces oula réparation d'entailles ou de déchirures consiste à appliquer sur les bordsà assembler de l'acide acétique qui a un effet adhésif du fait qu'il provoquela gélatinisation du parchemin, lequel, en séchant, reste collé. Mais cettetechnique est déconseillée du fait de sa faible efficacité et de la détério-ration qu'elle entraîne inévitablement.

La méthode la plus indiquée pour la restauration des parchemins déchirésest l'emploi de colles, mais celles utilisées pour la restauration desmatériaux cellulosiques ne conviennent pas toutes au parchemin.

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Parmi les colles d'origine naturelle, on a d'abord utilisé pour réparerles parchemins des colles animales : elles ne sont pourtant pas le matériau leplus indiqué dans la mesure où, avec le temps, elles noircissent, cris-tallisent et perdent leur pouvoir adhésif. Il en va de même pour les collescellulosiques (colle de pâte) qui, de surcroît, n'offrent aucune adhérence.

Pour ce qui concerne les colles cellulosiques semi-synthétiques, leurfaible pouvoir adhésif ne justifie pas leur utilisation, même s'ils ne posentpas les problèmes des colles animales.

Parmi les colles synthétiques, celles dont l'application exige destempératures élevées sont totalement contre-indiquées étant donné que leparchemin ne supporte pas les températures supérieures à 40 °C.

D'autres types de produits adhésifs comme le Primai, le Paraloïd,l'acétate de cellulose, etc., bien qu'appliqués à l'aide de solvants, ne sontpas non plus conseillés pour la restauration des parchemins en raison de leurpouvoir adhésif insuffisant.

Les colles contact, qui ont un pouvoir adhésif suffisant, ne sont pas nonplus conseillées parce qu'elles salissent la surface traitée.

Le produit adhésif le plus adapté est l'acétate de polyvinyle, bien quele résultat dépende de la marque du produit et de son degré de pureté. Ilconvient toutefois d'utiliser en priorité ce type de colles pour la restau-ration des parchemins en raison de leur efficacité parfaitement vérifiée.Rappelons que ces colles polyvinyliques sont réversibles uniquement dansl'éthanol, et que, bien que cette réversibilité ne soit pas totale danscertains cas, on peut l'améliorer en incorporant un peu de colle cellulosiquesemi-synthétique, de préférence de la méthylcellulose.

Contrairement au cas du papier, dans le cas du parchemin, le séchage del'adhésif ne doit jamais être accéléré au moyen de spatules thermostatiques ;il est préférable de ne pas trop insister avec la spatule manuelle et delaisser le parchemin sécher seul en lui appliquant des poids légers.

Lorsque les déchirures du parchemin présentent des bords suffisammentlarges pour qu'un simple collage soit suffisant, il suffit de les gratterlégèrement pour rendre lisse la surface interne. Dans le cas d'incisions ou debords très étroits, l'emploi d'un renforcement est nécessaire.

Les renforcements utilisés traditionnellement pour réunir les deux bordsd'une entaille sont les boyaux de boeuf ou de porc, conservés dans l'alcool etappliqués sur l'entaille comme une pièce ; il est préférable d'utiliser duvélin, voire la face fleur elle-même.

Le côté fleur du parchemin correspond à la partie légèrement granuleuseet plus résistante, et sa couleur tire parfois sur le jaune. Pour le séparerdu côté croûte, il suffit de déchirer un morceau de parchemin neuf et d'endétacher soigneusement, à l'aide de pinces, des bandes les plus longues et lesplus larges possible (la déchirure doit être semblable à celle que l'on faitsur un papier lorsque l'on veut laisser une barbe très large).

La face fleur ainsi obtenue est extrêmement fine et transparente, et,appliquée habilement, elle est pratiquement invisible. On l'applique sur lerecto du parchemin (côté fleur de l'original) et, s'il est nécessaire deconsolider le verso, on utilise du voile de japon, de la mousseline ou dunon-tissé ou, mieux encore, des raclures provenant de croûte.

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Dans le cas de parchemins épais, il est nécessaire, en l'absence dedébord à la déchirure, d'appliquer un renfort que l'on peut réaliser, commepour le carton, en posant une pièce, pour autant que l'une des deux faces duparchemin soit vierge.

Pour la réalisation de ces pièces, il existe deux techniques : la découpeclassique en biseau au scalpel, ou la technique dite "du petit chapeau"spécifique de la restauration des parchemins.

La première présente l'inconvénient d'abîmer le document dans la mesureoù elle exige de biseauter au scalpel non seulement la pièce à ajuster maisaussi les bords de la lacune de l'original, de sorte qu'elle est déconseilléelorsque les deux faces du document sont écrites.

La seconde méthode dite "du petit chapeau" permet de ne pas toucher àl'original, puisque toutes les manipulations sont effectuées sur la pièced'apport :

- le côté croûte vers le haut, on applique l'original sur la pièce et onrelève avec précision les contours de la lacune ; il est préférablepour cette opération d'utiliser une pointe fine (la pointe d'unbistouri) plutôt qu'un crayon susceptible de salir le document ;

- on découpe la pièce en laissant une marge extérieure de trois à cinqmillimètres par rapport aux contours de la lacune ;

- on gratte tout le côté chair sur le débord jusqu'à la couche fleurqu'on rend aussi fine et transparente que possible. Il faut faire ensorte qu'entre le débord et la pièce proprement dite, il se forme nonpas un biseau mais un angle aussi proche que possible de 90° ;

- on encastre la pièce dans l'original en rabattant le mince débordconstitué par la face fleur mise à nu. S'il apparaît des transparences,cela signifie que le débord empiète sur la lacune ; dans ce cas, il estpréférable de recommencer l'opération, bien qu'il soit possible d'yremédier en colmatant la lacune avec des débris de la croûte, une foisla pièce fixée ;

- une fois que l'on a vérifié que la pièce s'ajustait parfaitement, onapplique une fine couche d'acétate de polyvinyle sur le débord ; aprèsavoir laissé sécher un court instant, on assemble les parties, on placeun poids et on attend le temps nécessaire.

En cas de surépaisseur, il ne faut en aucun cas amincir les bords del'original.

Le comblage des lacunes des parchemins au moyen d'autres matériaux (commele papier, par exemple) est totalement déconseillé car des matériaux decomposition différente réagissent différemment : très vite, des déformationsapparaîtraient.

Une autre méthode de comblage des lacunes des parchemins, qui n'est pasencore tout à fait au point, s'inspire d'une certaine manière du colmatage

mécanique des lacunes (procédé pour l'instant inapplicable aux matériauxprotéiniques).

Ce procédé vise à combler les lacunes de petite taille avec de la poudrede parchemin obtenue par broyage et tamisage ; il est recommandé dans le casde parchemins attaqués par les insectes bibliophages. Le procédé est lesuivant :

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- on colmate les lacunes en appliquant du voile côté croûte ;

- on imprègne de colle les petits orifices ;

- on saupoudre les lacunes de poudre de parchemin ;

- on recouvre les lacunes côté fleur de boyau de boeuf.

Le produit adhésif utilisé pour ce traitement est la gélatine (20 g) dansune solution d'eau (500 ce), d'éthanol (500 ce) et d'acide acétique (250 ce).

Une variante qui, à notre avis, améliore le traitement consiste à uti-liser comme colle de l'acétate de polyvinyle, ce qui évite de poser les deuxcouches extérieures en plus de la poudre de parchemin. De la sorte, outrequ'on utilise un produit adhésif mieux adapté, on ne risque pas de tensionsentre matériaux différents.

4.3.11 Coloration des pièces d'apport

Souvent, les parchemins à restaurer ont acquis avec le temps, ou dufait de leur méthode de préparation, une teinte jaunâtre caractéristique. Ilest normal que les pièces de parchemin neuf utilisées pour combler les lacunesd'un parchemin ancien n'aient pas la même coloration et qu'elles soient plusblanches.

La pose d'une pièce de couleur différente peut avoir un effet inesthé-tique qui, selon le type de document, aura plus ou moins d'importance.

On peut colorer la pièce pour obtenir une teinte proche de celle duparchemin original, bien que les principes de la restauration imposent declairement différencier la "retouche" opérée pour éviter tout soupçon defalsification.

Cette opération peut être réalisée par différents moyens :

La méthode la plus ancienne, celle qu'utilisaient de préférence lesrelieurs désireux de masquer des retouches sur des reliures anciennes, faitappel au permanganate de potassium, plus ou moins concentré en fonction del'intensité souhaitée. On dissout le permanganate de potassium dans de l'eauet on l'applique sur le parchemin à l'aide d'un coton ; pour obtenir un tonplus soutenu, on répète l'opération ou on augmente la quantité de produit. Sil'on veut au contraire atténuer la coloration, on "efface" avec la substanceneutralisante correspondante : du métabisulfite de sodium à la concentrationappropriée.

Le problème avec cette méthode tient au fait que le permanganate, outreson pouvoir colorant, a aussi une action oxydante et qu'à long terme, il peutdétériorer le document. Sa neutralisation entraîne la disparition de lateinte. Il est donc déconseillé pour la coloration des parchemins utilisés enrestauration.

La technique la plus répandue actuellement consiste simplement à appli-quer des peintures à l'huile à l'aide d'un coton, et il est recommandé, pouraméliorer l'adhérence de la couleur, de mélanger un siccatif à la peinture.

En ce qui concerne la conservation, les couleurs acryliques sont supé-rieures aux huiles, sujettes à oxydation, bien que, s'agissant de piècesrapportées, ce problème soit minime. Les couleurs acryliques sont des pein-tures stables, qui adhérent sans difficulté au parchemin du fait de laprésence d'acétate de polyvinyle dans leur composition ; elles ont pour

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principal inconvénient de sécher rapidement, ce qui fait que l'homogénéité del'application est difficile à maîtriser quand on traite une surface rela-tivement importante.

Une autre méthode plus délicate et moins efficace est la teinture duparchemin à l'infusion de thé. On peut également utiliser des crayons àaquarelle : on applique la couleur au crayon selon l'intensité souhaitée, puison estompe à l'aide d'un coton imbibé de xylène qui est un solvant à évapo-ration lente et permet donc de nuancer les tons recherchés.

Concernant la restauration des tracés sur le parchemin, voir lechapitre 2.3.

4.3.12 Laminâtion

Etant donné l'épaisseur et la solidité du parchemin, il est rare derencontrer des documents si fragiles et si abîmés qu'il soit nécessaire de lesplastifier.

Si le cas se présente pourtant, on ne doit en aucun cas procéder à unelamination mécanique à chaud sur des matériaux protéiniques.

La méthode la plus efficace est la lamination manuelle à l'aide d'unvoile appelé en Espagne "crepelina" collé avec de l'acétate de polyvinyle :c'est un textile synthétique très fin, du type tulle, totalement transparentet ayant suffisamment de maintien.

La colle peut s'appliquer indistinctement sur le parchemin ou sur letextile, ou encore sur les deux. On peut soit appliquer la colle sur leparchemin puis poser le voile, soit placer le voile sur le parchemin etappliquer la colle jusqu'à ce qu'elle pénètre le parchemin (la seconde méthodeest plus rentable).

L'emploi d'autres types de colle est déconseillé puisque, comme nousl'avons vu dans la section sur les déchirures, elles ont un faible pouvoiradhésif, cristallisent ou laissent des taches. De même, il est préférabled'éviter d'utiliser des matériaux de renforcement comme le voile de japon, lepapier ou autres matériaux cellulosiques, généralement fragiles ; les toiles,pour leur part, n'offrent pas la transparence requise, et la soie naturelle,d'un usage autrefois répandu, doit également être écartée du fait de sa faibledurabilité.

5. LES RELIURES

5.1 DEFINITION ET COMPOSITION

La reliure est la partie du livre qui a pour fonction spécifique deprotéger celui-ci pendant la manipulation et pendant l'emmagasinage.

On pourrait considérer comme l'ancêtre le plus lointain de la reliure lesimple étui de toile qui enveloppait et protégeait les rouleaux de papyrus àla manière d'un sac. Mais on ne saurait, malgré l'analogie de fonction, parlerde reliure avant que les Romains n'aient adopté pour leurs livres le formatrectangulaire.

Les premières reliures consistaient simplement en une couture qui tenaitensemble les feuilles ou les cahiers du livre, ceux-ci étant fixés à des platsde bois ou à une feuille de parchemin au moyen de cordelettes appelées nerfs.

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A l'origine, les couvertures étaient unies, mais on ne tarda pas à lesorner, les ornements prenant une importance sans cesse croissante et se pliantaux modes et aux courants artistiques de chaque époque.

C'est ainsi que la reliure, née d'exigences fonctionnelles, a pris unevaleur artistique et documentaire.

La restauration d'une reliure est donc tributaire de l'aspect artistique,même si l'aspect utilitaire ne doit pas être oublié.

Les éléments constitutifs de la reliure sont, à quelques variations près,généralement les mêmes et se disposent toujours plus ou moins de la mêmemanière, cette disposition étant appelée "architecture du livre". Les partiesles plus importantes de la reliure sont les suivantes :

- Plats : plaquettes de bois, de carton... qui couvrent le corps du livre.

- Couverture : matériau qui recouvre les plats. Il s'agit en général decuir, de toile...

- Dos : côté du livre auquel sont fixées les pages.

- Couture : système d'assemblage des pages entre elles.

- Tranches : plans formés par les bords des feuilles.

- Chasse : rebord de la couverture en saillie par rapport au corps dulivre.

- Mors : sillons pratiques sur les côtés du dos et sur lesquels viennents'adapter les plats.

- Encoche de coiffe : fente triangulaire pratiquée dans les plats et quisert à ajuster le cuir au mors.

- Nerfs : cordelettes sur lesquelles s'effectue la couture et au moyendesquelles le corps du livre est réuni aux plats.

- Gardes : feuilles de papier ou de toile qui sont placées au début et àla fin du corps du livre et qui couvrent l'intérieur des plats.

- Tranchefile : galon que l'on place aux extrémités du dos pour protégerle bord des cahiers.

A côté de ces éléments essentiels, il en existe beaucoup d'autres quiservent à renforcer davantage encore la reliure ou ont des fins purementesthétiques (fermoirs, coins, cabochons, pièces de titre, etc.).

5.2 LE CUIR : DEFINITION ET COMPOSITION

D'origine très lointaine, le cuir sert depuis au moins cinquante milliersd'années à de multiples usages (vêtements, récipients, etc.). Avec le temps,on en a fait un support de l'écriture et il constitue aujourd'hui l'un desprincipaux éléments de la reliure.

La peau, tannée ou non, présente deux faces bien distinctes : la "fleur",uniforme, compacte et relativement sombre, est la face externe du derme ; lacroûte, de coloration plus claire et d'aspect spongieux, correspond à lacouche interne.

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A l'état vivant, la peau est un revêtement d'une grande souplesse etd'une grande capacité d'adaptation, lesquelles sont dues essentiellement à sonpouvoir de régénération et à l'équilibre de ses éléments. Mais à la mort del'animal, elle commence à perdre ses propriétés, et surtout ses qualitésmécaniques, que l'on ne parvient à préserver qu'en lui appliquant des traite-ments de stabilisation.

Le problème est qu'en se déshydratant, la peau perd l'élément qui assurela cohésion des fibres de collagène, de sorte qu'il faut recréer ces liaisonset lui restituer la souplesse perdue par un autre moyen. C'est ce queréalisent les divers systèmes de tannage.

Avant de tanner une peau, il faut tout d'abord procéder aux opérationssuivantes : saumurage pour faciliter la conservation en attendant le tannage ;mouillage pour ramollir et dessaler (opération aujourd'hui réalisée dans destambours rotatifs) ; trempage dans la chaux pour détacher les poils ; échar-nage pour éliminer la graisse et la chair adhérant à la peau ; et enfin,macération, destinée à faire perdre à la peau son alcalinité et à l'immunisercontre les attaques de certains micro-organismes ; cette dernière opération sefaisant autrefois avec du fumier et aujourd'hui à l'aide d'enzymes.

Pour le tannage minéral, il faut en outre un apprêt qui fait fonction deconservant temporaire ; les substances utilisées sont l'acide sulfurique, quisert à déchauler la peau, et le chlorure de sodium, employé pour éliminer lesboursouflures provoquées par l'acide.

Il existe quatre systèmes de tannage : le tannage animal, le tannagevégétal, le tannage minéral et le tannage au moyen de produits synthétiques.

Le tannage animal est le plus primitif ; il consistait à mastiquer lapeau avec les dents. L'action des enzymes et l'action mécanique confèrent aumatériau sa souplesse. On obtient un tannage d'aspect analogue au moyen desubstances lubrifiantes à base d'huiles de poisson qui permettent aux fibresde glisser les unes sur les autres.

Le tannage végétal est le tannage classique et celui qui convient lemieux pour les reliures. Les substances tannantes utilisées sont les taninsobtenus à partir de végétaux comme le chêne, l'acacia, le châtaignier, lesapin et autres. Autrefois, on se contentait de mettre le bois en contact avecla peau. Aujourd'hui, la méthode s'est perfectionnée : l'utilisation de bainsacides facilite la pénétration du tanin, qui est commercialisé sous forme depoudre et appliqué en bain dans des tambours rotatifs.

Le tannage végétal convient pour la reliure, car le cuir obtenu s'adaptefacilement aux rebords des reliures et se prête à l'estampage et à la dorure.

Dans le tannage minéral, les tanins sont remplacés par le chrome,substance qui renforce les chaînes de collagène, conférant ainsi cohésion etsouplesse à la peau. L'opération peut se faire en deux bains, le chrome étantappliqué à la peau sous forme de dichromate de sodium acidifié à l'acidesulfurique et neutralisé ensuite à l'hyposulfite de sodium ; ou en un seulbain à base de sulfate basique, de chrome, auquel cas la réduction intervientdans le bain avant l'immersion de la peau.

Du point de vue physico-chimique, le tannage au chrome donne un cuir quise conserve mieux, mais se travaille beaucoup moins bien et rend la dorure etl'estampage difficiles.

Du point de vue commercial, il est plus rentable en raison de sa rapi-dité ; il suffit en effet d'une semaine pour le tannage au chrome, alors qu'ilfaut 90 jours pour le tannage végétal.

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Peu courant pour les cuirs de reliure, le tannage synthétique s'effectuede préférence au moyen de sulfonate de phénol-aldéhyde et de lignosulfate demagnésium, qui s'obtiennent à partir de résidus cellulosiques.

Une fois tannés, les cuirs peuvent être teints ; on les graisse et mêmeon les vernit, pour leur donner davantage de souplesse et de solidité (dans cecas, on emploiera des huiles végétales, animales ou minérales et des résinesspéciales).

D'une manière générale, on peut dire que le tannage est une opérationirréversible qui empêche l'hydrolyse des protéines, s'oppose aux attaques demicro-organismes, améliore les qualités mécaniques de la peau et en améliorele toucher, la souplesse et la solidité.

5.3 FACTEURS DE DEGRADATION DU CUIR ET METHODES DE PREVENTION

Les cuirs sont un matériau beaucoup plus stable que les peaux nontannées. Les matériaux protéiniques, une fois tannés, ne sont plus sujets auxréactions physico-chimiques occasionnées par l'eau et sont moins altérés par1'hydrolyse.

En dépit de ces avantages, le cuir est sensible aux conditions clima-tiques extrêmes ; dans les climats très secs, il durcit et se fendille, tandisque dans les climats très humides, il peut subir de graves altérations dues àla putréfaction.

Le tannage est très efficace également contre les attaques d'agentsbiologiques, qu'il s'agisse aussi bien des moisissures que des insectes, maisil ne peut empêcher la prolifération de micro-organismes, lorsque les condi-tions sont favorables, et en particulier lorsque l'humidité relative estsupérieure à 68 % ; dans ce cas, moisissures et bactéries provoquent destaches et fragilisent le cuir. Sur les cuirs employés en reliure, les attaquesde bibliophages sont assez fréquentes et peuvent être à l'origine de gravesperforations, surtout à partir de la zone du dos, qui contient des substancesappétissantes pour les insectes (colles naturelles). Pour prévenir cesattaques, voir la partie consacrée au papier, dans la section 3.3.

Le cuir a aussi sur les peaux non tannées l'avantage de présenter demeilleures propriétés mécaniques. Il est plus souple, plus doux et plussolide, ce qui n'empêche pas les cuirs de recouvrement de subir fréquemmentdes altérations mécaniques lorsque les livres, mal installés, sont exposés auxfrottements et aux éraflures.

Dans une reliure mal faite, les mors peuvent facilement se rompre ; demême, un poids excessif et de trop grandes dimensions facilitent les accidentsde manipulation, avec les dommages qui s'ensuivent.

Ajoutons aux recommandations formulées plus haut au sujet de la conser-vation du papier, qu'un cuir bien graissé et, par conséquent, plus souple,surtout aux jointures, sera relativement à l'abri de ce type de détériorations.

Nous avons mentionné l'existence de différents types de tannage, quiconfèrent chacun à la peau des qualités déterminées, les procédés appliquésaux peaux utilisées en reliure étant le tannage au chrome ou, de préférence,le tannage végétal. Les peaux tannées au chrome sont moins exposées auxaltérations de type chimique et biologique et pratiquement insensibles à unphénomène assez grave dans le cas des peaux tannées au tanin végétal, à savoirl'acidité.

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L'acidité est favorisée par la présence dans l'atmosphère de dioxyde desoufre qui, catalysé par les particules métalliques présentes dans le cuirmême et avec le concours de l'humidité ambiante, dégage de l'acide sulfuriquequi, associé à l'oxygène, rend le cuir cassant, surtout dans les zones lesplus exposées à l'air (le dos).

On parvient en rangeant les livres dans une atmosphère pure ou souspochette close à remédier dans une grande mesure à ce problème.

Il est prouvé que les cuirs traités tannés au moyen de substances végé-tales sont plus sensibles à la pollution atmosphérique quand ils ont subi unlavage quelconque, car les substances non tanniques hydrosolubles qui lesprotègent contre les agents chimiques ont été lessivées. C'est pourquoi ilvaut mieux utiliser des cuirs qui n'ont pas subi de lavage lors des phasesultérieures de leur fabrication (par exemple au stade de la teinture).Cependant, on peut remédier à cet inconvénient en traitant le cuir récemmenttanné ou lavé (c'est-à-dire avant que ne se produise l'attaque chimique) avecdes sels protecteurs pour remplacer les substances protectrices disparues. Cetraitement consiste en une imprégnation, par vaporisation ou à l'éponge, delactate de potassium (50 g pour un demi-litre d'eau).

5.4 TECHNIQUES DE RESTAURATION ; MATERIAUX ET PROCEDES

II convient d'appliquer pour la restauration des reliures les mêmesprincipes que pour celle des autres parties des documents graphiques(chapitre 1), mais fréquents sont les cas qui laissent place au doute quant àla bonne marche à suivre.

D'une manière générale, il se présente quatre cas de figure : (1) lareliure est inutilisable et sans grande valeur documentaire ; (2) la reliure adisparu ; (3) la reliure est vide, le corps du livre ayant disparu ; et (4) lareliure est détériorée et irremplaçable.

5.4.1 Reliure inutilisable

C'est le cas de nombreux livres de fabrication moderne, reliés demanière rudimentaire, les feuilles étant simplement collées et les couverturesen papier-carton.

Dans ce cas, le mieux est de remplacer la reliure par une autre plusfonctionnelle et plus solide ; il ne faut pas oublier en effet que l'une desprincipales fonctions de la reliure est de protéger le livre.

Le mieux est de décoller les feuillets en enlevant par un procédémécanique la colle, puis de les coudre à plat, seule manière d'éviter qu'ellesne se détachent au bout de peu de temps.

Une solution moins coûteuse consiste à recoller les feuilles au moyend'un produit adhésif à l'acétate de polyvinyle. Dans ce cas, on étale la collevers la droite et la gauche en disposant le dos en éventail de manière à cequ'elle pénètre de quelques millimètres entre les bords des feuillets. Pourrenforcer encore la cohésion du tout, on pratique à la scie des entaillestransversales dans le dos (en les disposant de préférence obliquement) et l'ony insère des cordelettes qui font office de nerfs. Elles se détachent moinsfacilement lorsque les incisions sont disposées en oblique.

On confectionne ensuite la reliure en veillant à ce que les plats soientdans un matériau et d'une teinte similaires au matériau et au colorisd'origine. Habituellement, on recolle l'ancienne couverture sur le plat

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supérieur ; si l'on préfère éviter cette solution, il faut alors la glisserdans une pochette ménagée sur le contreplat pour la conserver comme témoin. Onpeut aussi la placer au moyen d'un onglet à l'intérieur du livre, après lespages de garde, à la manière d'un frontispice.

5.4.2 Reliure disparue

C'est un cas très fréquent dans lequel on s'interroge généralementbeaucoup sur la marche à suivre. Si l'on ne sait rien de l'ancienne reliure,on confectionne une reliure conforme au style de l'époque et aux caracté-ristiques de l'ouvrage, mais d'aspect anodin, autrement dit, en fuyantl'originalité et l'ostentation. On se gardera d'oublier que si l'on confec-tionne une nouvelle reliure, c'est pour protéger le livre, et jamais l'on necédera à la tentation de faire un travail de reliure artistique qui prétenderivaliser avec l'oeuvre elle-même.

On n'oubliera pas non plus que, pour éviter de tomber dans la falsifi-cation, il ne faut utiliser que des matériaux et des techniques modernes, enveillant toutefois à ce qu'ils s'harmonisent avec l'ensemble et n'occasionnentpas de problèmes de conservation par la suite.

Si l'on dispose de descriptions, de dessins ou de photographiespermettant de se rendre compte de l'aspect de la reliure d'origine ainsi quedes techniques et des matériaux utilisés, on s'efforce de réaliser un montagesemblable, mais toujours avec des matériaux et des procédés contemporains,pour éviter le piège de la falsification ; dans ce cas, il est indispensabled'établir une fiche sur laquelle on notera tout ce que l'on sait de la reliureprimitive. Normalement, cette fiche s'insère dans le livre même à la manièred'un appendice ou dans un endroit discret comme, par exemple, dans unepochette à l'intérieur du plat verso.

5.4.3 Reliure vide

Le cas n'est pas très fréquent, mais il arrive que l'on se trouve enprésence d'exemplaires sans texte pour des raisons aussi variées que l'actionde bibliophages ou des facteurs physiques ou, tout simplement, la manie d'uncollectionneur qui ne conservait des livres que les couvertures.

Dans ce genre de circonstances, deux solutions s'offrent au restau-rateur : confectionner un corps de feuillets blancs ou réaliser un montage àla manière d'une maquette.

Dans le premier cas, on emploiera du papier de bonne qualité, du typeemployé à l'époque de la reliure, et l'on confectionnera les coutures ainsique tous les éléments disparus selon les mêmes principes (bonne qualité etharmonie avec l'ensemble, mais sans risque de falsification).

L'autre solution, peut-être la plus élégante, consiste à adapter lareliure sur un pavé de méthacrylate transparent du format du livre. De cettemanière, on rend l'aspect du livre ancien sans y rien ajouter, tout enlaissant voir par transparence la structure interne de la reliure. Ce systèmeconvient tout particulièrement pour les expositions.

Une autre solution possible, plus incomplète, consiste à restaurer lacouverture et tous les matériaux restant de l'ancienne reliure et à conserverle tout dans une pochette de polyéthylène (encapsulâtion). La sauvegarde estainsi assurée, mais au détriment de la valeur esthétique et fonctionnelle del'objet.

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5.4.4 Reliure détériorée et irremplaçable

C'est statistiquement le cas le plus fréquent dans les ateliers derestauration. Il faut alors tenter avec les moyens disponibles de retrouverl'aspect originel en restituant à la reliure sa fonctionnalité et en conser-vant la plus grande quantité possible d'éléments anciens. Les partiesmanquantes les plus nécessaires seront reconstituées suivant les principesmaintes fois exposés tout au long de ces pages.

Les différentes phases du travail de restauration des reliures,abstraction faite de celles qui sont identiques à celles qui interviennentdans la restauration du papier (analyse, photographie et désinsectisation-désinfection), sont les suivantes :

5.4.4.1 Démontage

Le démontage peut être considéré comme faisant partie de la phased'analyse, puisque c'est à ce stade que l'on relève les particularités dumontage primitif du livre et de la disposition de ses éléments, pour pouvoirensuite les réassembler de la même manière. Pour ce travail, on établit desschémas, on prend des photographies et on note tout autre renseignement ; ilne faut en aucun cas se fier à sa mémoire.

Le démontage sera fait avec un soin extrême ; on peut y voir en effet unvéritable travail de recherche, puisqu'il aide à découvrir comment étaientconfectionnées les reliures à telle ou telle époque et en tel ou tel lieu.

La première opération à effectuer pour éviter les erreurs consiste àpaginer le livre, ce qui est très important, surtout pour les livres les plusanciens, dont la numérotation n'est pas toujours exacte. La paginations'effectue à l'aide d'un crayon à mine tendre, de préférence dans l'angleinférieur interne de la feuille. Cette zone est peu visible et généralementplus résistante que les coins extérieurs, que l'on risque d'endommager engommant les chiffres après le traitement.

Le crayon est le moyen le plus indiqué pour paginer un livre, car ils'enlève facilement à la gomme et ne s'altère pas lors du lavage ou dublanchiment des feuillets.

La pagination doit se faire à partir de la première page du livre (mêmesi elle est blanche), quelle que soit la pagination d'origine.

Exemple de schéma pour un document comprenant trois cahiers de quatrefeuillets

1 2 3 4 5 6 7 8 9 n 10 11 ,, 12

1 I î I I

0 feuillet volantfeuillet volant qui ne l'était pas à l'origine

Pli* feuillet disparu

La pagination faite, on peut dérelier le livre ; il est conseillé decommencer le travail en tranchant les nerfs ou près des plats ; si la coutureest en bon état et qu'on souhaite la conserver, on ne tranchera pas les nerfs,on les décollera simplement des plats.

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S'il est nécessaire de recoudre, on procédera au démontage du texte. Onenlèvera d'abord des tranchefiles et les renforts du dos. On s'efforcera de nepas abîmer les tranchefiles pour les réutiliser ; si elles sont en tropmauvais état, on en gardera les restes comme témoins du matériau utilisé et dumode de fabrication.

Les papiers, tarlatanes ou toiles servant de renfort au dos serontenlevés par des moyens mécaniques, à l'aide d'un scalpel, car s'il est vraique l'humidité en faciliterait le décollement, on risquerait en ramollissantla colle de tacher les cahiers au niveau du mors ; mais si le livre a besoind'être lavé, l'inconvénient ne sera sans doute pas très grave, puisque ce typede tache disparaît généralement par simple immersion dans de l'eau additionnéed'un produit tensioactif. Si le nettoyage mécanique ne suffit pas, on humi-difie légèrement le dos, en veillant toujours à ce que l'humidité n'abîme pasles cahiers.

Pour faire tomber du dos les restes de colle, la meilleure solutionconsiste à lui donner de part et d'autre quelques coups de marteau : la collecristallisée se casse et saute. Il vaut mieux ne pas trop insister, si lesfeuilles menacent de craquer.

Avant de découdre le livre, on prendra la précaution d'établir un schémade la couture primitive pour pouvoir la reproduire ensuite ; on notera cesrenseignements au fur et à mesure que l'on démonte le livre ou, mieux encore,avant, en passant les cahiers en revue un à un.

Schéma des deux types de couture les plus courants :

Cahier par cahier Par cahiers alternés

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Pour découdre le livre, on peut couper au dos les fils visibles autourdes nerfs. Si l'on veut découdre quelques cahiers seulement ou analyser lacouture au fur et à mesure qu'on la défait, on cherche à l'intérieur du livrele centre des cahiers en question et on tranche les fils un à un. Si l'onsouhaite conserver une partie de la couture, on la défait en tirant le fil parles trous pour conserver un brin long auquel rabouter, le moment venu, lenouveau fil.

Pour séparer les cahiers sans risquer de déchirer la pliure, il estpréférable de laisser le livre à plat sur une surface lisse et de pincer dubout des doigts le cahier au milieu du bord, de manière que, sur la tranche,les feuillets restent bien alignés. On lève ensuite le cahier en ouvrant lelivre et l'on tire doucement, à petits coups secs. Si, en tirant, on laissaitles bords des feuillets disposés en éventail, l'effort porterait entièrementsur la pliure, qui risquerait de se déchirer.

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Dans la plupart des livres, il existe une numérotation qui indiquel'ordre des cahiers (signature) ; nous pourrons donc en nous aidant de cessignes repérer facilement le début et la fin d'un cahier et la position desfeuillets correspondants.

En ce qui concerne le démontage des plats, on en séparera tous leséléments en notant leur position et en gardant toujours des échantillons desmatériaux détériorés ; il est souvent très utile de réaliser une réplique enmaquette pour éviter les erreurs.

5.4.4.2 Nettoyage et restauration des cahiers

Une fois tous les cahiers séparés, on procède à un nouveau nettoyageconsistant à détacher les derniers restes de colle au scalpel, en travaillanttout d'abord sur le cahier plié, tel qu'il a été extrait du livre, puis, sinécessaire, sur les feuillets extérieurs détachés et dépliés.

Si les feuillets n'ont pas besoin d'être traités, on fera disparaîtrel'éventuelle déformation du mors en aplanissant les cahiers contre le rebordd'une table et, enfin, en mettant tout le livre sous presse.

Il arrive très souvent qu'en raison de l'état du corps du livre ou quependant le nettoyage des cahiers, quelques feuilles se soient coupées sur lapliure, surtout à l'extérieur.

Si les deux feuilles présentent des déchirures ou de petites lacunes, onles réunira à l'aide d'une bande de voile et de méthylcellulose. Si leslacunes sont importantes, il faudra les combler.

Le problème de la restauration des pliures au moyen de voile est que sil'on en restaure un grand nombre, il en résulte une augmentation excessive del'épaisseur du dos du livre. Pour éviter cela, on s'efforcera d'en restaurerle moins possible en ne réparant pas les déchirures les plus petites, que lacolle que l'on appliquera au dos suffira à maintenir.

Dans certains cas et pour aller plus vite, lorsqu'un feuillet extérieurs'est coupé au niveau de la pliure, on recolle le bord de la feuille détachéesur le pli suivant. C'est la technique qu'utilisent la majorité des relieurs,mais ce n'est pas la meilleure car elle ne respecte pas la structure origi-nelle du livre.

Le remplacement des feuilles de garde disparues ou inutilisables ne posepas de problèmes ; on cherchera un papier analogue à celui du reste du livre(vergé ou continu, blanc cassé ou blanc pur...) en veillant à ce qu'il soit debonne qualité.

S'il manque un feuillet intérieur, on peut ou suivre la règle du non-remplacement ou la remplacer par un feuillet blanc de caractéristiquesanalogues, cette dernière solution étant la plus juste, puisqu'en démontant lelivre, on peut vérifier facilement, d'après la structure des cahiers, s'ilmanque un feuillet ou plusieurs, alors que cela est difficile à voir quand lelivre est encore relié. De cette manière, le lecteur saura très exactement cequ'il manque de l'ouvrage.

D'autre part, si le feuillet disparu appartenait à la même feuille qu'unautre feuillet qui est toujours là, celui-ci tiendra mieux si on le réunit àun feuillet de substitution et si l'on coud la feuille pliée normalement.

Dans certains cas, quand il existe un autre original identique au livreen restauration, on peut remplacer le feuillet disparu par une copie du

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feuillet de l'autre exemplaire, encore qu'il soit préférable que cette copiene fasse pas partie du livre, mais soit placée en annexe pour éviter touteconfusion quant à sa nature.

L'opération de restauration des cahiers se termine par la mise souspresse du corps du livre, puis par la couture, qui devra être une imitation dela couture d'origine.

5.4.4.4 Couture, collage, tranchefiles et garniture du dos

Le mieux consiste à respecter la couture primitive, mais si cettedernière est détériorée ou si l'on a décousu le livre pour en traiter lesfeuilles, il faudra la refaire. Pour cela, on reproduira la couture d'origineen repassant par les mêmes trous. On utilisera de préférence du fil de lin oude chanvre (ce dernier est tout à fait indiqué pour les nerfs), étant entenduque l'on recherchera toujours des matériaux identiques aux matériaux primitifs.

Il arrive que l'on n'ait à recoudre que les premiers et derniers cahiers,soit que l'on n'ait traité que cette partie du livre, soit qu'avec le temps etl'usage, ces cahiers se soient détachés. Dans ce cas, il n'est pas nécessairede refaire toute la couture ; on peut rabouter un nouveau fil à l'ancien etterminer la couture. Si une partie du nerf a disparu ou est très endommagée,on colle un cordon de chanvre effiloché sur le nerf d'origine (en passantpar-dessous un fil de nylon, on obtient une meilleure tenue), puis on ajouteun fil de lin à l'ancienne couture et l'on continue par une couture cahier parcahier pour plus de solidité.

Si la couture primitive est mal adaptée, soit qu'elle gêne l'ouverture dulivre, soit qu'elle augmente excessivement l'épaisseur du dos, on devra lachanger, tout du moins en tant que couture fonctionnelle, mais on garderatoujours une trace de la couture d'origine. Pour ce faire, on desserre lacouture primitive (bien qu'il faille pour cela découdre un cahier) et onsurajoute une couture moderne pour assembler les cahiers. Cette nouvellecouture peut être réalisée sur des rubans superposés au nerf d'origine.

Il existe une grande variété de types de coutures. En général, on utilisela couture cahier par cahier pour donner davantage de tenue aux livres et lacouture par cahiers alternés lorsque l'on risque d'augmenter l'épaisseur dudos, soit que le fil soit trop gros, soit que l'on ait utilisé trop de voilelors de la restauration des cahiers.

L'étape suivante est l'encollage du dos. On emploie généralement desacétates de polyvinyle, mais si ces colles sont de bonne qualité du point devue de la prévention, elles ont l'inconvénient d'être réversibles ; c'estpourquoi l'utilisation de colles naturelles n'est pas déconseillée, à condi-tion que l'on y ajoute, au stade de la fabrication, des substances qui pré-viendront les attaques d'agents biologiques (par exemple, de l'orthophényl-phénol) ; la colle de pâte additionnée de fongicides et de bactéricides est cequ'il y a de meilleur pour coller les couvertures de cuir.

Comme on l'a déjà dit, les tranchefiles doivent être conservées, si leurétat le permet ; si elles sont trop endommagées et si l'on n'a pas eu d'autressolutions que de les enlever en décousant le livre, on les remplacera pard'autres de caractéristiques analogues fabriquées à la main. Souvent, latranchefile à refaire comportait à l'origine une âme de basane, qu'il vaudramieux remplacer, si cela n'est pas trop visible, par du chanvre, qui nevieillit pour ainsi dire pas.

En ce qui concerne la garniture du dos, le matériau le plus indiqué enraison de son innocuité et de sa solidité est le papier kraft. L'usage de latarlatane est également recommandé et, s'il faut employer une toile, on lachoisira de préférence en coton.

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Pour les renforts du dos, le matériau le mieux adapté est un bristolsouple à base de fibre de coton.

5.4.4.5 Les plats

Les plats sont en général à changer : d'une part ils sont faits d'unmatériau de mauvaise qualité et d'autre part ils n'entrent pas en ligne decompte du point de vue de l'esthétique de l'ouvrage, puisqu'ils sont rarementvisibles.

Quand un livre a été lavé et que la dimension des feuillets a de ce faitaugmenté, l'ancienne reliure se trouve être trop petite ; il faut donc refairedes plats de plus grande taille.

Comme les plats en carton et en bois anciens se conservent mal, le mieuxest de les remplacer les premiers par du carton neutre et les autres par ducontreplaqué qui ne gauchit pas et qui, en raison de son collage, est moinssujet aux attaques des bibliophages. Parmi les matériaux de substitutionactuellement utilisés pour les plats, figurent également les plaquettes deméthacrylate ou d'acétate de polyvinyle, qui donnent d'excellents résultats ;outre qu'elles ne posent pas de problème d'esthétique, puisqu'elles restentcachées, elles sont absolument sans danger et se conservent parfaitement.

Pour faciliter le démontage ultérieur de la reliure, il ne faudra collerni la matière de recouvrement ni les feuilles de garde directement sur cesnouveaux plats. On intercalera une feuille de papier ou de carton neutre debonne qualité que l'on collera au méthacrylate ou à l'acétate de polyvinyle aumoyen d'une colle contact ou synthétique et à la matière de recouvrement etaux feuilles de garde avec de la colle de pâte.

Les plats sont souvent confectionnés avec du papier dit contrecollé. Lepapier contrecollé est composé d'un grand nombre de feuilles de papier colléesentre elles de manière à former une sorte de carton ; on employait généra-lement à cette fin des documents sans valeur ou des restes de livres. En aucuncas, on ne jettera le papier contrecollé utilisé pour les plats d'un livre,car ces papiers jadis sans valeur peuvent un jour devenir d'importantsdocuments pour les chercheurs. Ces feuilles devront être décollées, lavées,restaurées et réinsérées en appendice en compagnie de la fiche concernant larestauration de l'ouvrage.

Il est parfois nécessaire de conserver les ais de bois, surtout lorsquela matière de recouvrement de reliure d'origine manque. Il faudra alors, etdans tous les cas, les traiter au moyen d'insecticides, car ils représententla partie du livre la plus sujette aux attaques des bibliophages et peuventdevenir un foyer de contagion pour l'ensemble de l'ouvrage.

Lorsqu'ils portent des traces d'attaques d'insectes, il convient de lesconsolider en y injectant de la résine de pâte de bois, de préférence sousvide ou bien en remplissant les orifices à l'aide d'une seringue. Pour ce typed'opération, on utilise aussi de l'acétate de polyvinyle et, surtout, desrésines époxy et du polyester, qui ont l'avantage de ne pas se rétracter enséchant.

Si le bois est gauchi, on le redresse en insérant des coins, lesquelsseront plus efficaces et plus résistants s'ils ont la forme de pastilles ou,mieux encore, de queue d'aronde ; ce même système convient également pourassembler des pièces entre elles.

Enfin, on pourra appliquer sur le bois un revêtement légèrement isolant àbase de cire microcristalline.

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5.4.4.6 Les couvertures

La restauration des couvertures sera fonction de la matière et de sondegré de détérioration.

Les pièces doivent toujours être réalisées dans un matériau analogue à lamatière d'origine et une solution très courante pour les couvertures de toilecomme de cuir consiste à remettre l'ancienne couverture sur la nouvelle, cettedernière assurant la véritable fonction, tandis que la couverture d'origine,posée par dessus, sert simplement de témoin.

Comme la zone des mors, des bords et des coins est celle qui se détérioreen premier, dans la plupart des cas, on procédera au montage de l'anciennecouverture sur la nouvelle après avoir coupé la première en trois morceauxcorrespondant respectivement au dos et aux deux plats, en faisant généralementabstraction des remplis de la couverture, à moins que ceux-ci ne soient entrès bon état ou ne soient ornés sur les chasses.

La pose sur une nouvelle couverture évite d'avoir à combler les lacunesde l'ancienne couverture.

Il se pose assez fréquemment un autre problème en ce qui concerne lescouvertures aussi bien de toile que de cuir, qui est celui de la nécessitéd'augmenter les dimensions des plats et des couvertures du fait que le corpsdu livre a été dilaté par un lavage. La solution, très simple, consiste àprendre sur la matière du rempli, étant entendu qu'il faut que les chassesrestent recouvertes.

Les couvertures sont le plus souvent en cuir ; ce matériau est en généralune proie facile pour les bibliophages. Pour le désinsectiser, on suivra lesindications fournies pour le parchemin (partie 4.3.1).

Décoller la couverture de cuir des plats ne pose généralement pas deproblème, surtout si les plats sont en carton. On la détachera en tirantdoucement et, pour terminer, on nettoiera les restes de carton et de colleavec des moyens mécaniques (scalpel et papier de verre) ; on peut s'aiderparfois d'un peu d'eau pour enlever plus facilement le carton, auquel cas onveillera à ne pas mouiller le cuir.

Lorsque les plats sont en bois, si le cuir se détache mal, il risque dese déchirer. Une solution peut coûteuse consiste à dégrossir le bois jusqu'àce que le cuir soit complètement dégagé.

Un problème plus difficile se pose pour les remplis que l'on risque, sile cuir s'est durci, de casser en cherchant à les ouvrir pour ôter lacouverture. Le mieux est d'utiliser des substances lubrifiantes (citées plushaut) ou d'humidifier légèrement le rempli en appliquant immédiatement unapprêt (mais l'humidité peut alors tacher la couverture).

On utilisera pour nettoyer la couverture du savon neutre ou du fiel deboeuf, que l'on frictionne à l'aide d'un tampon de coton ou d'un chiffon.

La lubrification est un traitement spécifique des cuirs, qui consiste àles assouplir par application de substances grasses qui pénètrent entre lesfibres et les aident à glisser les unes sur les autres, empêchant le matériaude se craqueler et de durcir. Pour lubrifier le cuir, on l'imprègne parfrictions légères en veillant à ne pas utiliser trop de produit pour éviterles taches ; le mieux est d'utiliser un morceau de chiffon bien essoré et depolir le cuir après séchage.

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Les produits les plus utilisés sont les huiles de bois de cèdre et depied de boeuf, le baume du Canada, les crèmes nutritives, la lanoline, lescires teintées, les bitumes et les cires naturelles contenant des fongicides,la cire microcristalline, la cire au polyéthylèneglycol... Il est recommandéd'utiliser un mélange de lanoline ou de cire 213, qui pénètrent, et decire 212 ou analogue, qui demeure en surface et sert de protection.Plenderleith recommande le produit utilisé au British Muséum, mélange delanoline anhydride (200 g ) , d'huile de cèdre (300 ml), de cire d'abeille(15 g) et d'hexane ou d'éther de pétrole (300 ml).

Pour restaurer le cuir, on emploie de préférence des cuirs à tannagevégétal ; pour boucher les petits trous dus aux insectes, on emploiera de lacroûte de cuir mélangée à de la colle de pâte. Pour combler des lacunes deplus grandes dimensions, on dolera ou amincira le cuir d'origine par la croûte(l'envers) jusqu'à ce qu'il ne reste que la fleur, que l'on posera en ména-geant un recouvrement sur le cuir neuf légèrement aminci auparavant (du côtéde la fleur) ou après (du côté de la croûte). Si l'on met la couverture souspresse, on obtiendra un bien meilleur résultat.

Lorsqu'on pose une couverture ancienne sur une nouvelle, on se contented'amincir légèrement les bords de l'ancienne, que l'on devra, une fois cettedernière coulée, sceller à l'aide d'un adhésif thermoplastique ou avec de lacire pour éviter qu'ils ne s'exfolient et ne se détachent. Les adhésifs lesplus indiqués pour les cuirs sont les colles additionnées de fongicides et,dans certains cas, l'acétate de polyvinyle.

Les règles à respecter pour reconstituer les manques dans les ornementsdes reliures (gaufrures et dorures) ne sont pas très fixées et l'on a, aucours de l'histoire de la restauration, adopté de multiples solutions (parmilesquelles la reconstitution complète de filets ornés au moyen de plaquesphotomécaniques). La plus largement acceptée aujourd'hui consiste à ne pasreconstituer la décoration primitive sur les pièces d'apport et de laisservierges celles-ci. Dans certains cas, pour ne pas nuire à l'harmonie del'ensemble, on prolonge les lignes principales dans la pièce à la manière defilets gaufrés, mais sans refaire de dorure.

En ce qui concerne les reliures en toile, s'il s'agit de matériauxriches, la restauration pose d'importants problèmes ; il est souvent néces-saire de procéder à une lamination avec du voile non tissé ou une automatièresynthétique pour leur redonner de la tenue et les conserver en couverture.

Pour le nettoyage, on utilisera des moyens mécaniques - brossage,aspiration, jet d'air puisé, en protégeant la toile sous une résille, si sonétat de conservation est précaire. Le nettoyage à l'eau réclame de trèsgrandes précautions et ne doit être pratiqué qu'en cas d'absolue nécessité. Onutilisera alors des agents tensioactifs, de la saponite ou tout simplement dela vapeur. Pour éviter les déchirures et les déformations, on fixera la toilesur une surface plane à l'aide d'épingles et l'on procédera au lavage enfrottant légèrement avec un chiffon humide préalablement imprégné de produit.Au cas où l'emploi d'un solvant serait nécessaire, on utilisera de préférencele dichloroéthylène, encore que ceux qui sont mentionnés à propos de larestauration du papier (section 3.4.6) conviennent également, à conditionqu'ils ne décolorent pas la toile. Outre la facilité avec laquelle il supprimecertaines taches, le nettoyage aux solvants a l'avantage, sur le nettoyage àl'eau, de réduire les risques de déformation de la toile, mais aussi depermettre un séchage beaucoup plus rapide. Les solvants les plus courammentemployés pour nettoyer les toiles par immersion sont le tétrachloro-éthylèneet le white-spirit additionnés, pour plus d'efficacité, d'une solutionalcoolique de savon.

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Pour sécher la toile, on la tamponne avec du papier buvard avant de laretirer de la plaque sur laquelle on l'a fixée.

Il peut y avoir aussi sur les couvertures des ornements métalliques, telsque fermoirs, coins et autres ; ceux-ci seront nettoyés avec de l'eau et desproduits tensioactifs, puis traités avec des laques et des vernis spéciaux quiles protégeront des salissures et de l'oxydation (Paraloïd et produitssimilaires).

Lorsqu'il s'avère nécessaire de reproduire une pièce, on la confectionneen laiton et, pour lui donner un aspect ancien qui ne détonne pas dansl'ensemble, on la traite avec un mélange composé de deux parties d'acidenitrique, d'une partie d'eau oxygénée et d'une partie d'eau ; après une rapideimmersion, on lave la pièce et on la chauffe à la flamme. Pour éviter de lafaire passer pour authentique, on simplifie le modèle et l'on veille à ce quele vieillissement n'imite pas exactement la patine de l'original.

6. LES SCEAUX

6.1 DEFINITION ET COMPOSITION

Les sceaux sont des éléments qui sont joints à un document pour l'authen-tifier ou servir de marque d'identification personnelle de l'auteur ; on peutconsidérer qu'ils remplacent la signature. Dans quelques cas, ils servent enoutre à clore de manière inviolable.

Les sceaux ont une origine très ancienne et l'on trouve jusque dans lestextes bibliques des passages qui font allusion à leur usage pour authentifierdes documents aussi bien que pour sauvegarder le secret de leur contenu.

Les sceaux les plus anciens sont les sceaux "plaqués" : ils résultent dusimple pressage d'une matrice sur une substance malléable de sorte quecelle-ci en conserve la trace ou empreinte. Cette apposition se fait engénéral au verso du document et selon un procédé qui peut être direct ouindirect.

Dans le procédé direct, la matrice est appliquée directement sur lasubstance malléable de manière que celle-ci en garde l'empreinte. Ce type desceau, déjà utilisé sous l'Empire romain, s'est répandu dans tout l'Occidenteuropéen et a été légué au Moyen Age.

Dans le procédé indirect, la matière malléable est placée entre ledocument et un fragment de papier et c'est ce dernier qui reçoit l'empreintedu sceau. L'usage en est postérieur.

Les premiers sceaux plaqués étaient apposés au moyen d'un anneausigillaire ou bague-cachet. Au fil du temps, les dimensions en ont augmenté etl'on a cessé d'utiliser comme matrices des bagues ou breloques pour se servird'objets qui n'étaient plus portés par la personne dont ils étaient censésconférer la marque.

Cette augmentation de leur taille jointe à la fréquente nécessitéd'apposer plusieurs sceaux sur un même document a débouché sur l'invention dusceau "pendant" qui, au cours du Xlle siècle, a évincé le sceau plaqué.

Les sceaux pendants se composent d'un morceau de cire ou de métal portantune empreinte soit sur une face soit sur les deux ; ils sont attachés audocument par une cordelette ou un ruban appelé lacs de suspension et ont pourfonction de certifier la validité du texte qu'ils accompagnent.

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II semble que les sceaux pendants de métal soient d'origine byzantine etaient été utilisés par la Chancellerie pontificale dès le Vie siècle au moins.On en explique l'apparition par la nécessité d'employer un matériau moinsfragile que la cire et l'impossibilité de faire adhérer ce matériau (métal)directement au document.

Les sceaux pendants et en particulier ceux faits de métaux nobles (or etargent) accompagnaient les documents d'une grande importance ou étaientutilisés par les personnalités et institutions très éminentes. A la fin duXle siècle, on a commencé à les confectionner au moyen de cires plus résis-tantes et ils ont finalement détrôné les sceaux plaqués.

Au XlIIe siècle, les sceaux connaissent une large diffusion dans descouches sociales inférieures à celles où ils étaient en usage aux sièclesantérieurs ; d'où l'apparition d'un grand nombre de sceaux de taille plusmodeste et ne portant d'empreinte que sur une seule face. A cette époque, laforme circulaire, usuelle jusque-là, cède le pas à d'autres : formes lobu-laires, étoiles, polygones, double ogive... tandis que, grâce à l'emploid'oxydes métalliques, d'autres couleurs (rouge, vert, jaune, vermillon) sesubstituent à la teinte de la cire naturelle qui était normalement utilisée.

Lorsque le parchemin tombe en désuétude en raison de la généralisation del'usage du papier, on revient au sceau plaqué car la consistance plus fragiledu nouveau support de l'écriture ne résiste pas au poids des sceaux pendants.

C'est ainsi que les sceaux plaqués réapparaissent au cours de la premièremoitié du XlVe siècle, les sceaux pendants étant réservés aux documents detrès haute importance. A partir de la fin de ce même siècle et au cours dusuivant, l'usage des sceaux commence à régresser à mesure que s'y substitue lasignature personnelle ; il se restreint ensuite de plus en plus jusqu'à avoirpratiquement disparu de nos jours.

Nous avons vu que les sceaux pouvaient être confectionnés en métal ou encire. Parmi les métaux, les plus utilisés ont été le plomb et à un moindredegré, le cuivre et ses alliages (bronze et laiton) ; comme nous l'avons dit,pour les sceaux d'une grande importance, on employait l'or et l'argent ; lesexemplaires en métaux nobles qui ont été conservés sont toutefois relativementrares.

Les sceaux de cire pouvaient se composer simplement de cire naturelled'abeille, pure ou mélangée à d'autres ingrédients destinés à la durcir(résines, craie, gomme-laque, poix...). La cire d'abeille durcie au moyend'argile et de cire végétale de carnauba est appelée cire d'Espagne ; plusdure mais également plus cassante, elle est très employée pour confectionnerles sceaux plaqués.

A l'heure actuelle, on n'utilise plus de sceau à proprement parler mais,en raison de son innocuité pour les documents, le timbre sec, simple marque enrelief faite sur le support au moyen d'une estampe.

6.2 FACTEURS DE DEGRADATION ET METHODES DE PREVENTION

Les matériaux à base de cire et de ses dérivés sont plus stables face auxfacteurs d'altération que les matériaux cellulosiques et protéiniques étudiésplus haut.

Les facteurs climatiques les affectent peu, à l'exception des hautestempératures qui peuvent provoquer leur ramollissement et leur fusion (la cirenaturelle se rammolit à partir de 40 °C ; la cire d'Espagne est plusrésistante).

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Les attaques d'agents biologiques sont également relativement peufréquentes encore que possibles ; certains insectes dévorent en effet la cire,surtout si elle est pure. La cire d'Espagne est insensible à ces attaques.

La principale cause de dégradation des sceaux est d'ordre physico-mécanique ; autrement dit, elle procède de leur usage ou du mode de rangement,lesquels peuvent être à l'origine d'éraflures ou de cassures du sceau comme dedéchirures du document.

On remédie à ce problème par un rangement correct, en protégeant lessceaux au moyen d'un matériau qui les met à l'abri des chocs éventuels(polyéthylène contenant des bulles d'air) ou en les insérant dans des boîtesou des montures de carton ou autres matériaux à l'intérieur desquels ils n'ontpas suffisamment de jeu pour risquer d'être brisés ou de subir desfrottements. Dans l'encadrement des documents à sceau pendant, il faut ménagerpour le sceau un logement spécial.

Pour éviter qu'ils ne soient trop manipulés par les chercheurs, on peuten établir une reproduction ; on la réalise dans un matériau pratiquementincassable tel qu'une résine synthétique renforcée de fibre de verre, à partird'un moule de latex ou de silicone.

Le cas des sceaux métalliques est très différent ; leur dégradation estgénéralement due à des facteurs chimiques. Le principal problème qu'ils posenttient à ce que le métal dont ils sont composés s'oxyde et se corrode au simplecontact de l'humidité et de l'oxygène de l'air ambiant lorsque celui-cicontient des gaz sulfureux et du dioxyde de carbone.

Dans le cas particulier du plomb, il est normal que le métal se couvred'une patine d'oxyde qui le protège en partie de la dégradation chimique maisqui, si elle se forme dans une atmosphère polluée et excessivement humide,donne naissance à un composé d'aspect laiteux (gris blanchâtre) - le carbonatebasique de plomb ; celui-ci provoque la corrosion de la pièce, transformant lemétal en un matériau poreux qui, en augmentant de volume, fait disparaître lesdétails et les contours du dessin.

Il est également fréquent que le contact avec des composés salinsentraîne la formation d'incrustations métalliques qui de manière générale nesont pas dangereuses mais déparent l'aspect extérieur du sceau.

Pour prévenir ou atténuer l'action de tous ces facteurs, on peut choisirsoit de recouvrir le sceau d'une matière isolante (cire microcristalline),soit d'agir sur le milieu en mettant le sceau à l'abri dans une vitrineremplie de gaz inerte (méthode excessivement coûteuse) ou en épurant l'air aumoyen de filtres antipollution.

D'une manière générale, le plomb est un métal très sensible aux acidesorganiques qu'altèrent aussi les tanins du chêne ou autre bois insuffisammenttraité ; il est donc déconseillé de conserver dans des étuis de bois lessceaux de cette matière, sauf à les enduire de vernis.

6.3 TECHNIQUES DE RESTAURATION ; MATERIAUX ET PROCEDES

6.3.1 Sceaux de cire

Lorsqu'on a identifié, analysé et photographié la pièce et qu'on en adiagnostiqué l'état, la première chose à faire est de la nettoyer.

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Le nettoyage des sceaux de cire est normalement effectué avant tout demanière mécanique, au moyen de brosses et de pinceaux ainsi que de systèmesagissant par jet d'air puisé ; on va même dans les cas extrêmes jusqu'àrecourir au scalpel pour enlever les salissures incrustées. On peut égalementprocéder par voie aqueuse en appliquant, de préférence localement avec untampon de coton, de l'eau contenant un tensioactif quelconque (Teepol,Lissapol...).

Diverses méthodes sont utilisables pour consolider les pièces (resoudagede fragments et comblage des lacunes).

La solution consistant à faire fondre les bords des cassures pour yresouder les fragments détachés est à écarter absolument parce qu'elleimplique une dégradation de la pièce originale et l'éventuelle altération dudessin à proximité de la cassure.

Une autre méthode consiste à appliquer de la cire chaude, pure oumélangée à des produits tels que la colophane, qui fera fonction de fondant etrenforcera la pièce en colmatant les petites lacunes de la cassure. Ce procédépeut toutefois rendre malaisée la distinction entre les fragments d'origine etles pièces d'apport outre qu'il fait apparaître de légères auréoles dans lazone de fusion parce que la couleur du sceau est absorbée par les adjuvantsutilisés.

On évitera ces deux problèmes en employant, au lieu de cire d'abeille ouautre cire naturelle, une cire microcristalline (produit semi-synthétiquedérivé du pétrole) : ces cires se différencient de la cire naturelle par leurconstitution, ne provoquent pas "d'auréole" et, en raison de leur structuremicrocristalline, présentent une grande plasticité. Relativement stables,elles ne sont pas non plus attaquées par les insectes.

Pour les appliquer, on dépose une petite quantité de cire fondue sur lesbords de la cassure et on exerce une pression sur les deux morceaux à resouderjusqu'à obtenir une adhérence parfaite.

Lorsque les pièces sont lourdes ou de grande taille, cette méthode serévèle inefficace en raison de l'insuffisante solidité de la soudure. Pourrésoudre le problème, on a parfois eu recours à l'insertion de broches métal-liques qui font en quelque sorte office de chevilles et assujettissentensemble les fragments à resouder. Pour cela, on pratique des trous dans lesmorceaux avec une aiguille chauffée et on y insère les broches préalablementchauffées elles aussi.

L'inconvénient, c'est que si le sceau est soumis à un choc, il a tendanceà se casser au niveau de l'assemblage, ce qui provoque l'arrachement de sescouches superficielles. Ce type de cassure est assez fréquent et le résultatest catastrophique.

L'autre procédé utilisable consiste, au moyen d'une pointe chauffanted'un millimètre de diamètre sur vingt de longueur, portée à une température de100 à 150 °C, à creuser de fines entailles en biais où l'on coulera la ciremicrocristalline chaude.

Lorsque certains fragments ont été perdus, il est nécessaire de lesremplacer par des pièces d'apport afin de consolider l'ensemble. Autrefois,celles-ci étaient faites de plâtre coloré que l'on sculptait ensuite pourreconstituer le dessin. A l'heure actuelle, on préfère utiliser de la ciremicrocristalline et s'abstenir, pour des raisons déontologiques, de recréerles éléments graphiques. Pour reconstituer les zones manquantes, la premièrechose à faire est de confectionner une plaque de cire de même diamètre que le

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sceau mais d'épaisseur légèrement moindre. Pour cela, on coule de la cirefondue sur un support sur lequel on aura collé une bande de bristol délimitantle périmètre du sceau. Une autre méthode un peu plus complexe consiste àfabriquer une forme en pâte à modeler ou autre matière malléable pour y coulerde la silicone ; on obtient ainsi un moule que l'on emplit ensuite de cire.

Lorsque la plaque de cire est prête, on pose l'original dessus et onmarque les contours du morceau à découper. On le découpe ensuite au moyen soitde la pointe chauffante soit d'une scie à chantourner.

Pour souder la pièce d'apport à l'original, on enfonce, comme indiquéci-dessus, la pointe chauffante en biais de manière qu'elle traverse les deuxfaces à rapprocher en allant de la pièce d'apport vers l'original. Les piècesd'apport seront placées à une hauteur moyenne par rapport aux bords du chantdu sceau de sorte que, la pièce étant vue de profil, on distingue un légerdécrochement à l'endroit comme à l'envers.

Cette différence d'épaisseur atteste 1'inauthenticité du morceaurapporté. Pour procéder à la finition de celui-ci, on en aplanit les joints auburin et on en égalise la surface par des moyens mécaniques (à l'aide depapier de verre fin, de fibre de verre...) ou en employant des solvantsorganiques (naphte, xylène...) qui lissent la cire microcristalline solubledans ces produits.

L'unique objectif étant de consolider le sceau, il n'est en aucun casquestion de reconstituer le dessin même s'il en existe un modèle digne defoi ; on veille cependant à l'effet esthétique en teintant la cire micro-cristalline pour qu'elle s'harmonise avec l'ensemble.

La méthode la plus appropriée pour ce faire consiste, après l'avoir faitfondre, à ajouter à la cire un colorant à l'huile en se rappelant qu'oncherche à obtenir une tonalité et non la couleur exacte. Pour vérifier le tonobtenu, on prélève une goutte du mélange qu'on laisse refroidir car la teintevarie selon le degré de fusion.

Par leur innocuité et leur stabilité, les peintures à l'huile consti-tuent ici les agents colorants les plus appropriés. D'autres matériaux, telsque les pigments naturels ou les anilines donnent de moins bons résultats :les premiers ont tendance à se décanter et les secondes pâlissent à la lumièresolaire.

6.3.1.1 Le lacs de suspension

Qu'ils soient en cire ou en métal, tous les sceaux sont attachés audocument par un ruban ou cordon appelé lacs de suspension.

Il est évident que si le lacs est coupé, le document se trouve privé deson sceau et, partant, de la preuve de son authenticité. Si le document ou lesceau doit être soumis à un traitement par immersion qui risque d'endommagerle ruban ou, le liquide remontant par capillarité, de provoquer une tache surle document, on recouvre le lacs d'une matière imperméabilisante telle que lacire, naturelle ou microcristalline, qui sera éliminée par fusion ou à l'aidede solvants (xylène, naphte, tétrachlorure de carbone...) une fois letraitement achevé.

Si le lacs est fragilisé ou détérioré, on peut le renforcer au moyen defils de nylon qui sont pratiquement invisibles et très résistants.

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6.3.2 Sceaux plaqués par apposition directe

Ces sceaux sont normalement en cire d'Espagne. Le traitement de cematériau est sensiblement le même que celui conseillé pour la cire naturellepure mais dans ce cas les fissures seront colmatées au moyen d'adhésif, depréférence du Primai mêlé à de l'hydroxypropyl cellulose ou bien des résinesépoxy ou des cyanoacrylates.

Lorsque des fragments sont perdus, on s'abstient normalement de lesremplacer car, le sceau adhérant au papier, la disparition de certainsmorceaux n'en amoindrit pas d'ordinaire la solidité. Si l'on choisit de lesreconstituer, on suivra la procédure indiquée pour les sceaux de cirenaturelle.

6.3.3 Sceaux plaqués par apposition indirecte et timbre sec

Les sceaux apposés indirectement se composent de deux éléments : lacire d'Espagne et le papier. Lorsque ceux-ci sont dissociés, on les réassembleau moyen de n'importe quelle colle utilisée pour la restauration du papier (del'acétate de polyvinyle par exemple).

Si la cire est brisée, on la resoude avec les produits déjà mentionnés àpropos des sceaux apposés directement, en faisant en sorte de ne pas tacher lepapier. Si l'intérieur du sceau se trouve réduit en poudre ou excessivementémietté, la meilleure solution est d'éliminer cette matière pulvérulente et deresouder le sceau au papier. Il convient dans ce cas de respecter la tachelaissée par le matériau utilisé précédemment (cire naturelle ou cired'Espagne), qui portera témoignage de son existence.

Le papier porteur d'un sceau placé d'un timbre sec recevra, s'il présentedes lacunes ou s'il est sale, le même traitement que les documents faits dumême matériau (nettoyage mécanique ou à l'eau, colmatage...), l'unique réserveétant qu'il faut tenir compte de la présence du sceau au moment de mettre ledocument sous presse car si le sceau n'était pas protégé, le dessin moulédisparaîtrait.

On évitera du reste de mettre sous presse les documents portant dessceaux, que ceux-ci soient de ce type ou apposés directement ; si toutefoisc'est indispensable, on protégera le sceau au moyen d'un tampon de coton ou decaoutchouc mousse et l'on ménagera dans le papier buvard ou autre supportutilisé pour la mise sous presse une réservation de la superficie du sceaupour éviter que celui-ci ne soit aplati ; si le sceau est relativement volu-mineux, on superposera plusieurs feuilles de buvard ou de matériau plus épais(carton) jusqu'à obtenir une épaisseur égale à la sienne, de manière à leprotéger complètement.

6.3.4 Sceaux de métal

Nous avons déjà vu que le principal problème posé par les sceauxmétalliques tenait à leur oxydation. Les méthodes de traitement permettant deremédier à ce défaut ne manquent pas ; cependant aucune ne convient pourrestaurer des sceaux attachés à des documents car elles supposent toutesl'immersion dans un milieu qui endommagerait le lacs.

Les sceaux métalliques détachés des documents seront restaurés par lesméthodes utilisées pour traiter n'importe quelle pièce de métal (procédéélectrochimique, électrolyse à l'acide...).

Dans le procédé électrochimique, on place le sceau dans un récipient defer, on le recouvre de zinc et on le fait bouillir dans de l'hydroxyde de

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sodium à 10 - 20 % ; si le lacs est présent, on peut également appliquer cetraitement localement en recouvrant le sceau de zinc et en utilisant del'acide sulfurique à 90 %. Le procédé électrochimique détruit la patine dusceau et élimine la matière dégradée au lieu de la transformer en substanceinoffensive ; il n'est donc pas recommandé si le dessin du sceau risque d'yperdre de sa netteté.

Le procédé électrolytique consiste à immerger le sceau dans de l'hydroxydede sodium à 5 % en le reliant à un câble électrique qui fait fonction decathode. L'anode est constituée de plusieurs lames de fer qui sont égalementplongées dans le récipient et reliées à un courant électrique. Le passage ducourant provoque une réduction électrolytique qui a pour effet de retrans-former une partie du matériau dégradé en "métal sain".

Après le traitement électrolytique ou électrochimique, le sceau doit êtrelavé à l'eau distillée et, enfin, consolidé.

Une autre méthode moins conseillée consiste à utiliser des acides- l'acide formique par exemple pour les sceaux d'argent, l'acide citrique pourceux de cuivre, etc.

Pour traiter le plomb, métal le plus fréquemment rencontré, il existe desméthodes spécifiques telles que l'immersion dans l'acide nitrique suivie de laneutralisation à l'alcool (encore que ce procédé donne un aspect laiteux auplomb), la méthode Caley ou le traitement aux résines échangeuses d'ions.

La méthode Caley consiste à immerger le sceau dans un bain d'acidechlorhydrique dosé à 100 ml d'acide pour un litre d'eau distillée ; aprèségouttage et rinçage à l'eau distillée, on le plonge pendant une à deux heuresdans un autre bain, celui-ci d'acétate d'ammonium chaud (100 gr par litred'eau distillée). On le lave ensuite à l'eau distillée, on l'égoutte et on lelave à nouveau pour finalement le sécher à l'air ou par trempage dansl'alcool, puis on le consolide par immersion dans de la paraffine à 100 °C.

Dans le procédé aux résines échangeuses d'ions, on recouvre de granulesde résine le sceau placé dans un récipient et on ajoute de l'eau distillée ;il est généralement nécessaire de changer les résines plusieurs fois jusqu'àce que les incrustations d'oxyde disparaissent. Cette méthode qui a étéinventée par le British Muséum représente un progrès par rapport à d'autresparce qu'elle n'exige ni produits chimiques, ni lavages.

Pour traiter les sceaux de plomb fixés aux documents, le Service deslivres et documents (Espagne) recourt aux traitements électrolytiques locaux.

Ce procédé consiste à utiliser comme anode une pointe de platine et commeélectrolyte de l'acide sulfurique. Le sceau fait fonction de cathode et estrelié au moyen de pinces au circuit électrique. On provoque la réductionélectrolytique en versant une goutte d'acide sulfurique sur le sceau et en yappliquant la pointe de platine reliée à un courant électrique. Les élémentsdétériorés se retransforment de la sorte en plomb métallique et le sceauretrouve son aspect d'origine.

Pour éviter les dégradations causées par l'acide sulfurique, on pratiqueplusieurs rinçages successifs à l'eau distillée jusqu'à disparition totale etvérifiée de toute trace d'acide. On élimine enfin les résidus par brossage etl'on procède à la consolidation.

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Dans le cas des matériaux métalliques, cette dernière opération estréalisée par immersion dans de la cire micro-cristalline chaude, des résinessynthétiques ou des colles, de préférence thermo-plastiques. Le mieux est deprovoquer l'imprégnation complète du sceau en créant le vide. Les appareilsnécessaires pour ce faire sont très coûteux mais on peut leur substituer lesystème Venturi : la force d'un jet d'eau provoque l'absorption de l'aircontenu dans une enceinte hermétique, ce qui favorise l'imprégnation parl'agent consolidant sans que subsiste la moindre bulle.

La consolidation par immersion est déconseillée lorsque les sceauxadhèrent aux documents ; en pareil cas, il faut procéder à une imprégnation àla brosse. Les produits appropriés à cet usage sont le Paraloïd dilué à 10 %dans du nitrate de potassium ou le tétrachloro-éthylène qui laisse sur lesceau une pellicule transparente mate.

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