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Le Cirad et le Jardin planétaire à la Grande Halle de la Villette 1 5 S E P T E M B R E 1 9 9 9 - 2 3 J A N V I E R 2 0 0 0 P A R I S , G R A N D E H A L L E D E L A V I L L E T T E le jardin nourricier L ES TROPIQUES , L ES TROPIQUES , le jardin nourricier

LES TROPIQUES, LES TROPIQUES,

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Page 1: LES TROPIQUES, LES TROPIQUES,

CIRAD

Centre de coopérationinternationaleen rechercheagronomiquepour le développement

Le Cir

ad

et le

Jardin

planét

aire à

la

Grande

Halle

de

la Vil

lette

• 15 SEPTEMBRE

1999-23JANVIER

2000•PARIS,

GRANDE

HALLEDELAVILL

ETTE

Crédit photos et illustrations(de gauche à droite et de haut en bas)

Les tropiques, l’autre jardin(pp. 2 et 3) :Illustration originale de Terri Andon –Zébus Afar, © Cirad-Emvt – Pluie-Averse, © Sunset – Désert, Brossard, © Sunset – Savane à Madagascar,C. Lanaud, © Cirad – Ouragan El Niño,© Weather Stock/Sunset – Lutte contrel’ensablement au Maroc, V. Dollé, © Cirad – Ouragan Georges, WeatherStock, © Sunset – Illustrations originalesde Helen Larkins.

Les tropiques, une histoire(pp. 4 et 5) :Groupe de bovidés, Sahara, Acacus,Lybie (environ 2000 avant notre ère), © Y. et C. Gauthier – Outilspréhistoriques, © Agropolis Museum –Le Jardin d’essai d’Alger. Carte postale – Scène de labourage enÉgypte. L’Illustration, 1847(Bibliothèque municipale deMontpellier) – Liste des plantescultivées, extrait du Rapport du Jardind’essais de Camayenne, Guinéefrançaise, 1899 (Document Cirad) –Greffage d’orangers dans les serres del’Institut national d’agronomiecoloniale, © Cirad – Moissonneuses,Canada, Masterfiles, © Pix –Hélicoptère, 1957 (Bibliothèquemunicipale de Montpellier), © Scienceet Vie – © Agropolis Museum – Barrage,M. Morell, © IRD – Plantationd’arachides, © Cirad – Serres, © Cirad.

Les tropiques, une diversité(pp. 6 et 7) :Collecte de matériel biologique, © Cirad – Paysage de forêt tropicale,Japack, © Sunset – Caméléon,C. Lanaud, © Cirad – Ornithorynque, in Voyage de découvertes aux terresaustrales, Freycinet et F. Péron, 1816 (Bibliothèque municipale deMontpellier) – Grenouille, C. Lanaud, © Cirad – Illustrations du radeau descimes par Jean-Louis Tripp.

Les tropiques, des ressources(pp. 8 et 9) :Arche de Noé, illustration originale deTerri Andon – Interprétation d’imageSpot, plantation d’hévéa au Liberia, © Cirad – Parc Naukluff, Namibie, FLPA,© Sunset – Chutes d’Iguazu à lafrontière du Brésil et de l’Argentine,J. Warden, © Sunset – Sécheresse enThaïlande, Kittprempool, © Still Pictures – Tsé-tsé en position depiqûre : Glossina fuscipes fuscipes,Newstead, 1910, B. Geoffroy et D. Cuisance, © IRD/Cirad – Troupeau,© Cirad-emvt – Petite fille portant dupoisson, Mauritanie, Demi Onep, © Still Pictures – Éléphants et impalas,Zimbabwe, I. de Szoborowski, © Cirad.

Les tropiques, un enjeu(pp. 10 et 11) :Marché de poissons à Dhaka,Bangladesh, Shehzad Noorani, © StillPictures – Rizière, C. Poisson, © Cirad –Rizière en Guinée, C. Poisson, © Cirad –Rizière aux Philippines, C. Poisson, © Cirad – Rizière d’altitude, C. Poisson,© Cirad – Riz, C. Poisson, © Cirad –Rizière en Indonésie, © A. Rival –Illustrations de Helen Larkins.

Les tropiques, un défi(pp. 12 et 13) :Enfants à Madagascar, C. Lanaud, © Cirad – Marché d’Abidjan, C. Lanaud, © Cirad – Récolte de thé enMalaisie, C. Lanaud, © Cirad – Rizièreau Bangladesh, Shehzad Noorani, © Still Pictures – Labour dans unerizière au Bangladesh, ShehzadNoorani, © Still Pictures – Marché deChichikastenan, Guatemala,Timmermann, © Sunset – CerradosBrésil, R. Billaz, © Cirad – Culture desoja dans une couverture de paille deriz, L. Séguy, © Cirad – Rocinha, Rio deJaneiro, John Maier, © Still Pictures –Dhaka, Bangladesh, Shehzad Noorani,© Still Pictures.

Les tropiques, des nourritures(pp. 14 et 15) : Illustrations de Helen Larkins.

GROUPE AGENCEFRANCAISE DEDEVELOPPEMENT

Couverture : Illustration originale deTerri Andon

Coordination : Anne Hébert, Cirad,Direction des relations extérieures

Textes : Pascale Ammar-Khodja, avec la collaboration des chercheurs duCirad et de l’Ird

Création et mise en pages : Denis Delebecque, Bernard Favre, Pascale Thiers, Louma productions

© Cirad août 1999

Plusieurs exemples et références de cette brochure ont ététirés de documents de la Fao (Rome, Italie).Certaines des pages (en particulier la première et la dernièredouble page) ont été élaborées en collaboration avecAgropolis-Museum (Montpellier). Agropolis-Museumprésente au public une exposition permanente sur lesagricultures et les nourritures du monde, avec notamment la Fresque historique de l'alimentaire, Paysages du monde,Aliments du monde, Nourritures du monde, Boissons dumonde, Banquet de l'Humanité.Agropolis-Museum est ouvert au public tous les jours sauf le mardi de 14 à 18h00. Agropolis-Museum est aussi un musée virtuel : www.agropolis.fr, rubrique Agropolis-Museum.E-mail : [email protected]él. : 0467 04 75 00Fax : 0467 04 13 69

le jardin nourricier

42, rue Scheffer75116 ParisTéléphone :01 537020 22Télécopie :01 537021 44www.cirad.fr

FFEM

LES TROPIQUES,LES TROPIQUES,le jardin nourricier

Ce document a été édité par le Cirad à l’occasion de l’exposition promenade « Le Jardin Planétaire » organisée du15 septembre 1999 au 23 janvier 2000 à la Grande Halle de la Villette.

Il a été réalisé avec le concours :• du ministère des Affaires étrangères,Sous-Direction de la recherche ; • du ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement ; • de l’Agence française pour ledéveloppement (AFD) ;• du Fonds français pourl’environnement mondial (FFEM).

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• 15 SEPTEMBRE

1999-23JANVIER

2000•PARIS,

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Les tropiques, l’autre jardin(pp. 2 et 3) :Illustration originale de Terri Andon –Zébus Afar, © Cirad-Emvt – Pluie-Averse, © Sunset – Désert, Brossard, © Sunset – Savane à Madagascar,C. Lanaud, © Cirad – Ouragan El Niño,© Weather Stock/Sunset – Lutte contrel’ensablement au Maroc, V. Dollé, © Cirad – Ouragan Georges, WeatherStock, © Sunset – Illustrations originalesde Helen Larkins.

Les tropiques, une histoire(pp. 4 et 5) :Groupe de bovidés, Sahara, Acacus,Lybie (environ 2000 avant notre ère), © Y. et C. Gauthier – Outilspréhistoriques, © Agropolis Museum –Le Jardin d’essai d’Alger. Carte postale – Scène de labourage enÉgypte. L’Illustration, 1847(Bibliothèque municipale deMontpellier) – Liste des plantescultivées, extrait du Rapport du Jardind’essais de Camayenne, Guinéefrançaise, 1899 (Document Cirad) –Greffage d’orangers dans les serres del’Institut national d’agronomiecoloniale, © Cirad – Moissonneuses,Canada, Masterfiles, © Pix –Hélicoptère, 1957 (Bibliothèquemunicipale de Montpellier), © Scienceet Vie – © Agropolis Museum – Barrage,M. Morell, © IRD – Plantationd’arachides, © Cirad – Serres, © Cirad.

Les tropiques, une diversité(pp. 6 et 7) :Collecte de matériel biologique, © Cirad – Paysage de forêt tropicale,Japack, © Sunset – Caméléon,C. Lanaud, © Cirad – Ornithorynque, in Voyage de découvertes aux terresaustrales, Freycinet et F. Péron, 1816 (Bibliothèque municipale deMontpellier) – Grenouille, C. Lanaud, © Cirad – Illustrations du radeau descimes par Jean-Louis Tripp.

Les tropiques, des ressources(pp. 8 et 9) :Arche de Noé, illustration originale deTerri Andon – Interprétation d’imageSpot, plantation d’hévéa au Liberia, © Cirad – Parc Naukluff, Namibie, FLPA,© Sunset – Chutes d’Iguazu à lafrontière du Brésil et de l’Argentine,J. Warden, © Sunset – Sécheresse enThaïlande, Kittprempool, © Still Pictures – Tsé-tsé en position depiqûre : Glossina fuscipes fuscipes,Newstead, 1910, B. Geoffroy et D. Cuisance, © IRD/Cirad – Troupeau,© Cirad-emvt – Petite fille portant dupoisson, Mauritanie, Demi Onep, © Still Pictures – Éléphants et impalas,Zimbabwe, I. de Szoborowski, © Cirad.

Les tropiques, un enjeu(pp. 10 et 11) :Marché de poissons à Dhaka,Bangladesh, Shehzad Noorani, © StillPictures – Rizière, C. Poisson, © Cirad –Rizière en Guinée, C. Poisson, © Cirad –Rizière aux Philippines, C. Poisson, © Cirad – Rizière d’altitude, C. Poisson,© Cirad – Riz, C. Poisson, © Cirad –Rizière en Indonésie, © A. Rival –Illustrations de Helen Larkins.

Les tropiques, un défi(pp. 12 et 13) :Enfants à Madagascar, C. Lanaud, © Cirad – Marché d’Abidjan, C. Lanaud, © Cirad – Récolte de thé enMalaisie, C. Lanaud, © Cirad – Rizièreau Bangladesh, Shehzad Noorani, © Still Pictures – Labour dans unerizière au Bangladesh, ShehzadNoorani, © Still Pictures – Marché deChichikastenan, Guatemala,Timmermann, © Sunset – CerradosBrésil, R. Billaz, © Cirad – Culture desoja dans une couverture de paille deriz, L. Séguy, © Cirad – Rocinha, Rio deJaneiro, John Maier, © Still Pictures –Dhaka, Bangladesh, Shehzad Noorani,© Still Pictures.

Les tropiques, des nourritures(pp. 14 et 15) : Illustrations de Helen Larkins.

GROUPE AGENCEFRANCAISE DEDEVELOPPEMENT

Couverture : Illustration originale deTerri Andon

Coordination : Anne Hébert, Cirad,Direction des relations extérieures

Textes : Pascale Ammar-Khodja, avec la collaboration des chercheurs duCirad et de l’Ird

Création et mise en pages : Denis Delebecque, Bernard Favre, Pascale Thiers, Louma productions

© Cirad août 1999

Plusieurs exemples et références de cette brochure ont ététirés de documents de la Fao (Rome, Italie).Certaines des pages (en particulier la première et la dernièredouble page) ont été élaborées en collaboration avecAgropolis-Museum (Montpellier). Agropolis-Museumprésente au public une exposition permanente sur lesagricultures et les nourritures du monde, avec notamment la Fresque historique de l'alimentaire, Paysages du monde,Aliments du monde, Nourritures du monde, Boissons dumonde, Banquet de l'Humanité.Agropolis-Museum est ouvert au public tous les jours sauf le mardi de 14 à 18h00. Agropolis-Museum est aussi un musée virtuel : www.agropolis.fr, rubrique Agropolis-Museum.E-mail : [email protected]él. : 0467 04 75 00Fax : 0467 04 13 69

le jardin nourricier

42, rue Scheffer75116 ParisTéléphone :01 537020 22Télécopie :01 537021 44www.cirad.fr

FFEM

LES TROPIQUES,LES TROPIQUES,le jardin nourricier

Ce document a été édité par le Cirad à l’occasion de l’exposition promenade « Le Jardin Planétaire » organisée du15 septembre 1999 au 23 janvier 2000 à la Grande Halle de la Villette.

Il a été réalisé avec le concours :• du ministère des Affaires étrangères,Sous-Direction de la recherche ; • du ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement ; • de l’Agence française pour ledéveloppement (AFD) ;• du Fonds français pourl’environnement mondial (FFEM).

Page 3: LES TROPIQUES, LES TROPIQUES,

Le soleil, à la verticale dans les régionstropicales, fournit une énergieconsidérable, théoriquement favorablepour la production agricole. Mais lestropiques sont un milieu fragile :

l’aridité et la sécheresse, l’agression despluies et l’érosion, la dégradation de lamatière organique des sols…constituent de fortes contraintes audéveloppement de l’agriculture.

BrésilMunifumi Mitsubara est le pionnier d’une agriculture respectueuse del’environnement. Il vit dans les zones tropicales du Mato Grosso où safamille s’est installée après avoir quitté le Japon au début du siècle. Au

cours des années 80, il a accueilli pendant plusieurs années, dans sonexploitation (la Fazenda Progreso), les expérimentations conduites par le

Cirad sur des techniques de semis réalisé sans labour directement sur unecouverture végétale. Il y consacra plusieurs dizaines d’hectares

et des financements très conséquents.La Fazenda Progreso, de 2000 ha environ, est située dans les fronts

pionniers de la route conduisant de Cuiaba (MT) à Santarem (PA), dansles Cerrados. M. M. l’avait acquise au début des années 70 alors qu’il

était marchand de grains dans le sud du Brésil. Il décida de s’y installerquelques années plus tard, en abandonnant ses activités antérieures pour y cultiver du soja. Mais, à cause de l’érosion engendrée par la

monoculture (le soja ne se cultive qu’une partie de l’année, entre-tempsles sols sont à nu) et les outils de labour, il a dû modifier

ses pratiques culturales.Son sens aigu de l’observation, le soin qu’il a apporté à mettre en œuvresur ses propres parcelles les recommandations issues de la recherche, luiont permis de suivre pas à pas les étapes qui ont conduit à la maîtrise du

semis direct dans des couvertures permanentes, et d’améliorerconsidérablement les résultats de son exploitation (augmentation des

rendements, diminution des dépenses d’intrants, diversification descultures, constitution d’un élevage très performant...).

Membre influent de la Coopérative locale, il a joué un rôle déterminantdans l’adoption massive de ces techniques par les autres agriculteurs

(plusieurs centaines de milliers d’hectares en quelques années).Aussi modeste que studieux et entreprenant, il est sans cesse

à la pointe du progrès technique.

Les tropiques,

l’autre jardin Forêt équatoriale,

déserts brûlants,steppes arides

du Sahel, savanes herbeuses, lagunes, marécages…la zone intertropicale présente une grande variétéde paysages, de cultures et de modes de vie.

Les tropiques ne connaissent pas d’hiverrigoureux, de printemps fleuri, d’été torrideet d’automne coloré. Sauf en altitude et

dans les déserts de latitude élevée, les tropiquesne connaissent pas le gel. À l’exception de lazone équatoriale, deux saisons liées au rythme des pluies se partagent l’année : une saison sèche

relativement fraîchede décembre à

février, puis de plus en plus chaude

jusqu’en avril-mai, et une

saison des pluiescorrespondant

à l’été dansl’hémisphère nord.La pluie constitue

la principale préoccupationdes populations tropicales qui

redoutent terriblement la sécheresse. Lesprécipitations sont, en effet, très variables etimprévisibles. Sous les tropiques, il pleut trop, ou pas assez.

MexiqueDans une petite vallée sèche à 1600 mètres d’altitude, LasFuentes est un village de hauts plateaux tempérés, sièged’un ejido – une forme juridique particulière d’usage de laterre, qui est attribuée de façon communautaire à ungroupe de paysans; il abrite également des paysans sansterre, mais aucun propriétaire privé, à la différence desvillages voisins où subsistent quelques héritiers des anciensgrands domaines constitués à partir de la conquêteespagnole, les haciendas.À plusieurs reprises, Chava Martinez a été élu présidentdu conseil de l’ejido. Plus jeune il partait chaque annéetravailler aux États-Unis.Aujourd’hui, les relations qu’il a tissées avecl’administration locale lui permettent de négocier lefinancement d’un puits collectif pour l’irrigation, ou des

arrangements concernant leremboursement des dettes de l’ejido.Pour lui et sa famille, une mauvaiserécolte serait dramatique si labanque publique se montrait tropstricte.La conjoncture actuelle derestriction des aides l’inquiète.

Au regard de la place qu’il occupe au cœur des débats de société et de développement, l’environnement constitue désormais un enjeu politique et socio-économique vital.Pour relever le défi, la France se doit de :• assister ses partenaires en matière de gestion desressources naturelles, supports de leurs économies (forêts,grands fleuves, eaux souterraines, ressources halieutiques,sols, diversité biologique…);• parfaire la connaissance scientifique des phénomènes etl’analyse approfondie des interactions homme-nature;• privilégier des actions de terrain exemplaires etreproductibles.

Ses objectifs sont :• chez ses partenaires, contribuer à la conservation del’environnement, appuyer la mise en œuvre d’opérations de développement durable, former des compétences;• pour elle-même, valoriser son expertise et élaborer despositions françaises sur l’enjeu environnemental ;• en multilatéral, rechercher les cohérences dans les actions afin de mieux rentabiliser les ressources financièresdisponibles.Dans son engagement pour la protection de l’environnement,la France intervient dans le cadre des conventionsinternationales issues de la Conférence de Rio sur ledéveloppement durable (1992).

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« Le cultivateur qui a connu lasécheresse ne l’oublie jamais. Des années plus tard, loin de

l’Afrique, dans le climat humided’une région septentrionale,

il s’éveille en sursaut la nuit au bruitd’une soudaine averse et s’écrie :

enfin, enfin! » Karen Blixen, Hors de l’Afrique

« L’attitude d’un Indien en face des nuages et de la pluie

demeure fondamentalement différentede celle d’un Occidental. Pour le

premier, nuages est synonymed’espérance; pour l’autre, il évoque laconsternation. L’Indien scrute le ciel,

et si le soleil est caché par uncumulus, son cœur se remplit

d’allégresse. » Khushwant Singh

Les actions du ministère des Affaires Étrangères

Page 4: LES TROPIQUES, LES TROPIQUES,

Ici, ce sont les pluies qui caractérisent les climats. Les tropiquesconnaissent trois grands climats types avec cependant desvariantes régionales.• Le climat équatorial humide est caractérisé par destempératures élevées et constantes, des précipitations abondantestout au long de l’année, une humidité atmosphériquepermanente. C’est le domaine de la grande forêt, des plantationspérennes (palmier à huile, cacaoyer, caféier, hévéa), destubercules (igname, patate, manioc), des bananiers et du maïs.Les paysans y pratiquent souvent des culturesitinérantes sur brûlis ou ils y exploitent desagroforêts. Il s’étend sur unezone couvrant environ

cinq degrés de part et d’autre de l’équateur : en Amérique sur lebassin amazonien (Brésil, Surinam, Guyane française, Guyana,Venezuela) ; en Asie du Sud-Est et Pacifique sur des portions dela Péninsule malaise, de l’Indonésie, de la Nouvelle-Guinée, etde nombreuses îles du Pacifique; en Afrique orientale sur lescôtes du Kenya et de la Tanzanie et la côte est de Madagascar, enAfrique occidentale et centrale sur le bassin du Congo (Zaïre) etla bande côtière du golfe de Guinée.• Le climat tropical soudanien, aux deux saisons très contrastées(sèche et humide), décline une succession de climats qui assureune transition progressive entre les deux extrêmes.C’est le domaine des savanes et des grandes cultures annuelles :coton, maïs, sorgho, riz pluvial… Il est aussi le lieu deprédilection d’une association active et intensive entrel’agriculture et l’élevage. Il s’étend entre les 5e et 15e degrés de

latitude nord et sud : sur l’Amérique du Sud,l’Afrique centrale et occidentale. Il plonge même jusque dans certaines parties de l’Asie du Sud-Est. On l’observe également à des latitudes plus élevées et dans la zoneéquatoriale d’une grande partie de l’Afriqueorientale.

• Le climat tropical sec, voire aride, intéresse les zonesdésertiques chaudes et semi-arides. Ces zones ont unepluviosité faible et aléatoire souvent concentrée enune saison très courte. Sans irrigation, les culturespluviales y sont risquées ou pratiquement impossibles(Afrique du Nord, Arabie, Iran, Inde du Nord-Est,Australie et une partie de la côte Pacifique del’Amérique du Sud). C’est le domaine desoasis, des grands élevages transhumants, desnomades et du miraculeux mil pénicillairequi peut se contenter de quelque 300 à450 millimètres de pluie. Il estgénéralement centré sur lestropiques du Cancer et duCapricorne (Sahelafricain, Nordestedu Brésil en sont les exemples les plusconnus).

UN CLIMAT ÉQUATORIAL, DES CLIMATS TROPICAUX

CamerounGaston Bivina habite Ekali, un village de

la zone forestière camerounaise, situé àenviron 50 km de Yaoundé. Dans le

village coexistent deux systèmesd’arbitrage : celui des notables et celui del’administration territoriale. Comme tousles anciens, Gaston fait partie du Conseil

des notables.Comme bon nombre de petits planteurs

tropicaux, Gaston, gros travailleur, aplanté, année après année, des cacaoyers,

« capital arbres » capable de donner unrevenu régulier lui permettant de marquer

son droit sur le sol par rapport à sesvoisins. Sa femme se consacre

aux cultures vivrières, qui peuvent sevendre mais qui sont surtout produites

pour nourrir la famille (manioc, banane plantain…).

Jusqu’à une date récente, Gaston a bien maîtrisé son activité

agricole, en cohérence avec sa force familiale de travail.

De 1956 à 1991, la collecte du cacao était effectuée sous le contrôle de

l’administration camerounaise qui fixaitun prix garanti aux producteurs.

À présent, la libéralisation des échangeslaisse les petits planteurs seuls face aux

commerçants. En outre, la tendanceactuelle à la baisse des cours

du cacao est pour eux un élément supplémentaire de fragilité.

OugandaSamwiri habite la région duKigezi au sud-ouest del’Ouganda. Cette régiond’altitude, située sur l’équateur,est très vallonnée et très peuplée.Comme la plupart de sescompatriotes, Samwiri seconsacre aux cultures vivrièresqui lui permettent de nourrir safamille.Grâce à des sols très fertiles et àdeux saisons des pluies, il récoltetoute l’année du manioc, despatates douces et des bananesplantains et deux fois par an desharicots, du maïs et du millet.Mais, dans sa région, lesagriculteurs sont très nombreuxet ne possèdent, comme lui, quepeu de terres : moins de deuxhectares en général. Il n’y a pasde machines agricoles, sa femmeet ses enfants l’aident beaucouppour les travaux des champs. Lesparcelles cultivées se trouvent àflanc de montagne, sur desterrasses. Leur village, lui, est aufond de la vallée. Le Kigezi toutentier ressemble à un jardin bienentretenu. Il espère que lesrécoltes seront meilleures cetteannée, après la sécheresse dudébut de l’année 1997 et lespluies torrentielles du début de1998. Pour améliorer sesrevenus, et à condition detrouver de la terre à acheter, il ale projet de planter des caféiers :son pays est le premierproducteur de café d’Afrique.

Burkina FasoAmidou habite la région de l’Oudalan à l’extrême nord du Burkina Faso.Cette région est caractéristique du milieu sahélien. Une pluviositémoyenne annuelle de 350 à 400 mm, en une seule courte saison despluies, permet d’y pratiquer à la fois une culture extensive de mil et unélevage plus ou moins mobile.Plusieurs groupes ethniques d’agro-pasteurs (à la fois agriculteurs etéleveurs), sédentaires ou semi-nomades, coexistent dans l’espace régional.Si certaines unités de production familiales se consacrent prioritairementà l’élevage et d’autres à l’agriculture, la plupart combinent ces deuxactivités. Les semi-nomades, contrairement aux sédentaires, s’installentpendant la saison sèche sur les terres cultivables afin d’y concentrer lafumure animale grâce au parcage des troupeaux; pendant la saison despluies, ils habitent à l’écart des champs pour que les animauxn’occasionnent pas de dommages aux cultures.Le mil et le lait constituent les bases de l’alimentation. La vented’animaux permet d’acheter sur les marchés les compléments céréaliersnécessaires et les autres biens de consommation. En période difficile, desactivités complémentaires, telles que la cueillette (de nombreux végétauxsauvages permettent de diversifier et de compléter la ration alimentaire) etsurtout le travail des hommes lors des migrations lointaines, peuvent êtreindispensables à la survie de la famille et à la reconstitution du cheptel.

ComoresLes Comores sont un archipel de l’océan Indien, au large de Madagascar et descôtes africaines. C’est là qu’Ahmed vit avec sa famille, sur l’île la moinspeuplée, Mwali, dans un village de pêcheurs au bord du lagon. En fait, commebeaucoup de Comoriens, Ahmed est pêcheur-agriculteur : le produit de lapêche lui permet de compléter la nourriture habituelle, ou d’acheter du riz etd’autres denrées lorsqu’il vend suffisamment de poisson : c’est ce qu’on appellela pêche vivrière.Ahmed ne peut pas prendre la mer tous les jours avec sa « galawa », unepirogue à deux balanciers : elle est trop fragile lorsque la mer est agitée,pendant la période de mousson par exemple, d’octobre à mars. Il pêche surtoutla nuit, sur le récif, avec une lampe à pétrole. Il utilise des lignes de fond ou detraîne et parfois des nasses ou un filet pour ramener des thons, des bonites etdes « capitaines ».Avec sa femme, il cultive aussi un potager où il récolte du manioc, designames, du maïs, des légumes. De plus, la cocoteraie plantée autour du villagepermet d’utiliser les fruits pour se nourrir, pour fabriquer de l’huile, du savon,des bougies, et les palmes pour tresser les toits et les cloisons des maisons.Ahmed espère pouvoir bientôt obtenir un prêt pour acheter une « japawa »,une barque en plastique insubmersible dont le gouvernement encourage l’achatpour développer la pêche artisanale. Elle lui permettra de sortir plus souvent etd’aller plus loin.

Sri LankaDepuis quatre ans, la vie de Shantala et

de sa famille est en train de changer.Shantala travaillait dans une grandeplantation de thé, qui est la culture

dominante au Sri Lanka.Les plantations de thé ont été créées parles Anglais au siècle dernier. Le thé est

d’excellente qualité car il pousse sur desterrasses au flanc des montagnes où le

climat tropical est tempéré par l’altitudeet où la pluviosité est importante (plus

l’altitude est élevée, plus le thé estcorsé), mais sa culture demande

beaucoup de travail. La cueillette –tâche délicate – se fait toute l’année;ensuite, il faut rouler les feuilles, les

laisser fermenter puis les sécher avantde les trier et de les mettre en sacs. Le

salaire journalier est de quelques francset, pour pouvoir vivre, toute la famillede Shantala travaillait à la plantation.

Il y a quelques années, Shantala aentendu parler d’une association quiproposait une plantation en location-vente aux journaliers acceptant de se

constituer en coopérative. Le thé seraitcommercialisé, sans intermédiaires,

selon le principe du commerce équitable(Fair Trade) : un prix minimum,toujours supérieur aux coûts de

production, garanti aux coopérateurs, uncontrat conclu sur plusieurs années. Ceprincipe correspond à une demande de

plus en plus grande des consommateurset donne aux producteurs une sécurité

qui leur permet de faire des projets.Après avoir hésité, Shantala a rejoint la

coopérative et aujourd’hui elle ne leregrette pas : ses revenus ont augmenté,

elle possède quelques parts de laplantation, elle peut faire soigner ses

enfants quand ils sont malades etenvisage même d’envoyer les plus jeunes à l’école.

Mais le travail reste dur…

JavaLa famille Prawiro habite Kedung, l’un deshameaux du village de Wukirsari, situé dansla province de Yogyakarta, en Indonésie.L’essentiel de son activité économique seconfine au hameau. Un réseau d’entraideparticulièrement actif lie tous les habitantsde Kedung, pour des travaux tels que laconstruction et l’entretien des réseauxd’irrigation. Les Prawiro se rendent àWukirsari pour le marché (tous les cinqjours), ou pour régler des problèmesadministratifs avec le chef de village. Unefois par an, à l’occasion du lebaran (fin duramadan), toute la famille se rend àYogyakarta, capitale culturelle de Java.Bien que de nationalité indonésienne,Monsieur Prawiro se considère avant toutcomme javanais.Avec 8 ares de pekarangan (jardin) et 50 ares de sawah (rizière) en pleinepropriété, qu’ils cultivent toute l’année sansinterruption, les Prawiro bénéficient d’unstatut social élevé. Ils font partie des 15 %de privilégiés tirant l’essentiel de leursrevenus de l’activité agricole. À Kedung,seulement une famille sur deux possède unjardin et une rizière. La petitesse dessurfaces en propriété oblige de nombreusesfamilles à recourir au travail à l’extérieur pour compléter leurs revenus.

3

Page 5: LES TROPIQUES, LES TROPIQUES,

Le développement del’agriculture dépend dessols et des climats. Mais

l’histoire explique également lesdifférences et les inégalités qui

caractérisent aujourd’hui les agricultures de notre planète.Ainsi, ce sont seulement quelques sociétés d’Eurasie, d’Afriqueet d’Amérique qui connurent les outils métalliques à l’âge dubronze. Ce sont les mêmes qui, à l’âge du fer, remplacerontcouteaux, petites haches, pointes de bâtons à fouir par desoutils beaucoup plus performants comme les haches, les houes,les bêches, les faucilles et seront les premières à trouvercomment utiliser l’énergie animale (araire, bât, charrette).

Certaines sociétés humaines vivront aussi des bouleversementsconsidérables, notamment du fait de la colonisation.Les écarts se creuseront encoredavantage dans la seconde moitié duXIXe siècle. Les agricultures del’Europe du Nord-Ouest et del’Amérique du Nord connaîtront unvéritable essor grâce aux progrès del’industrie, à l’apparition de nouveaux

Dès que les hommes ont commencé à travailler la terre, ils ont donné naissance à des

communautés agricoles et des civilisations qui se sont développées différemment.

Avec le temps, les écarts se sont creusés.

une histoireLes tropiques,

Page 6: LES TROPIQUES, LES TROPIQUES,

matériels mécaniques à tractionanimale ou à vapeur (faucheuses,moissonneuses, batteuses…) et à larévolution des transports (chemins de fer, bateaux à vapeur) qui permettraaux paysans d’écouler plus facilementet plus rapidement leur production.Au XXe siècle, l’apparition denouvelles techniques et de nouveauxoutils (motorisation, sélection,fertilisation minérale, traitements) feraexploser ces inégalités au profit des paysdéveloppés.

L’insuffisance alimentaire chronique en Asie inquiète particulièrement lesÉtats-Unis après la Seconde Guerre mondiale. La menace de pénuriesalimentaires, voire de famines, dans les pays en développement alerta en effetles pays du Nord sur la nécessité d’accroître la production agricole. L’Indedevient alors un enjeu stratégique dans cette course production-population.Des fondations nord-américaines (Rockefeller, Ford…) entreprennent, à lafin des années cinquante, d’aider à la modernisation des agricultures en Asie,mais aussi en Amérique latine où éclataient des conflits agraires générés par lapauvreté. Elles investirent alors dans le transfert, vers les régions tropicales,des techniques agricoles conçues en Occident. C’est la « Révolution verte »dont l’objectif fut avant tout de mettre au point des variétés de blé et de riztrès productives, en utilisant massivement engrais et pesticides. Lacommunauté internationale mène alors parallèlement une politique agricoled’accompagnement considérable, finançant massivement des infrastructuresd’irrigation, mettant en place un appareil parapublic de grande envergure(organismes de recherche publique, de vulgarisation, entreprises publiquesd’approvisionnement en intrants, offices publics d’achat, organismes publics

de financement du crédit…); les résultats furent spectaculaires. En Asie, laRévolution verte a permis notamment à de grands pays de devenir autosuffisants enriz (Inde, Indonésie, Bangladesh et Philippines) ou de passer au rang de grandsexportateurs (Vietnam, Birmanie).Mais la Révolution verte atteignit cependant ses limites en deux ou trois décennies.Elle ne put être appliquée partout et s’est limitée à des pays à fort potentiel deproduction (abondance d’eau, sols et climats favorables), à forte densité de population,dotés d’infrastructures de communication, d’institutions facilitant le fonctionnement de

l’économie de marché, depolitiques publiques trèsincitatives. En outre, ellea été préjudiciable pourl’environnement :remontée des nappesphréatiques et salinisationdes sols dans les zonesintensément irriguées,pollution par les intrantschimiques, etc.

La Révolution verte

Les premiers contacts des voyageurs européens avec les paysasiatiques, puis la découverte des Amériques et de l’Afrique ont faitconnaître au vieux monde de nombreuses plantes exotiques, dontcertaines ont occupé progressivement une place considérable dansl’alimentation et l’agro-industrie.Dès avant la Révolution française, le thé, le café, la pomme de terre,le sucre de canne, le coton et l’indigo avaient dépassé en Europe lestade de simple curiosité exotique : nobles et bourgeois avaient prisgoût aux breuvages stimulants et à la consommation des autresplantes qui se répandaient dans la population.

À partir du XIXe siècle, avec le développement des transports àvapeur et la généralisation de l’expansion coloniale, de nouveauxproduits tropicaux devinrent accessibles, puis essentiels, pour leséconomies européennes : c’est le cas du riz, des huiles végétales(d’arachide, de palme), de la banane et de plusieurs autres fruitstropicaux, mais aussi de l’hévéa avec la très forte croissance dumarché des pneumatiques. Plus récemment, avec l’« acclimatation »du maïs aux conditions tempérées, c’est encore une plante tropicalequi occupe une place de choix dans l’économie agroalimentaire despays tempérés.

Ces plantes tropicales qui ont bouleversé notre alimentation

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Les tropiques constituent une sourceinestimable de diversité biologique. La vie et la reproduction s’y poursuiventtout au long de l’année. Le froid, le geln’empêchent jamais la croissance continuedes plantes et la prolifération incessante de toute sorte d’organismes vivants.

Elles ne couvrent que 6 % de la superficie du globe et pourtant les forêts tropicales concentrentplus de la moitié des espèces animales et végétales de notre planète. On estime que, dans cesespaces tropicaux, seulement 10 % des organismes vivants sont décrits et qu’il resterait environ30 millions d’espèces à identifier, surtout des insectes. Un hectare de forêt porte, en moyenne, de50 (en Asie) à 300 (en Afrique) espèces de grands arbres accompagnés de plus de deux milleautres plantes. Les milieux forestiers de la ceinture tropicale du globe ont également uneparticularité par continent, notamment parce qu’ils abritent une faune spécifique comme le gorille en Afrique, le panda en Asie, sans compter les orchidées d’Amérique du Sud, etc.Pour l’humanité, les forêts tropicales jouent un rôle fondamental. Elles lui apportentdirectement nourriture, pharmacie et matières premières et, plus globalement, ont un rôleessentiel pour la protection des sols, la régulation des eaux. En outre, elles marquent leurinfluence sur les climats.Mais l’utilisation souvent abusive de ces espaces (par exemple par une exploitation mal organiséeet un défrichement régulier pour les besoins de l’agriculture) a conduit, depuis un demi-siècle, àune forte réduction des superficies de forêts tropicales ou à une perturbation de leur diversité.Chaque année, 15 à 20 millions d’hectares disparaissent (l’équivalent d’un terrain de footballchaque seconde), signifiant l’extinction probable de très nombreuses espèces.

Diversité et alimentation

Si la diversité biologique est cruciale pour ledevenir des écosystèmes « naturels », elle l’estplus encore pour les agriculteurs, éleveurs etpêcheurs et plus généralement pour leshumains, leur alimentation et leur cadre de vie.Parmi près de 13000 plantes alimentairesconnues, 4800 sont cultivées mais quatreespèces seulement représentent près de 50 % del’alimentation mondiale (le blé, le maïs, le riz etla pomme de terre) et 18 plantes enreprésentent 80 %. Ce faible nombre de plantessur lesquelles repose notre alimentation ainsique la diminution de leur diversité génétiquepourraient entraîner des risques importants encas d’épidémie ou de changement climatique.La mondialisation des échanges, jointe auxprogrés dans la sélection de variétés à hautrendement, aboutit à ce que l‘alimentation del’humanité repose sur un petit nombre deplantes, d’animaux, de plus en plus fragiles.Chaque pays, chaque culture dispose d’unpatrimoine de savoir-faire agro-alimentaire etculinaire important qui s’appuie sur cettediversité et la spécificité des plantes et animaux,et permet de les valoriser. La diversité est doncà la fois biologique et culturelle.

une diversité...Les tropiques,

Les forêts tropicales, un des berceaux de la diversité

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On estime à environ 13 millions le nombre d’espèces végétales et animales présentes sur la terre, sur lesquelles 1,75 million ont été identifiées à ce jour. Les forêts

tropicales à elles seules concentrent la moitié des espèces denotre planète. Cette diversité biologique est essentielle à lasurvie de l’humanité. C’est au sein de cette diversité qu’ont étédécouvertes, domestiquées et sélectionnées les espèces de

végétaux cultivés et d’animaux élevés. Mais c’est aussi dans cette diversité qu’on été

trouvés et pourrontêtre trouvés

les gènesnécessairesà l’amélioration de

ces espèces. Pourtant, des pertes irréversibles sont déjà à déplorer. On estime, par exemple, qu’au cours

du XXe siècle il y a eu une réduction deplus des trois quarts des potentialités d’utilisation dela diversité variétale dans les cultures.

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Comment favoriser le développementéconomique et social des pays pauvrestout en préservant l’environnement dela planète?Telle est la préoccupation visée par laFrance lorsqu’elle crée en 1994 leFFEM (Fonds français pourl’environnement mondial),spécialement destiné à promouvoir lesactivités qui concilient ou réconcilientdéveloppement économique et

préservation des grands équilibres denotre planète. Le FFEM finance,dans une cinquantaine de pays dumonde situés majoritairement enAfrique, des projets exemplaires decette préoccupation dans quatredomaines : la protection de labiodiversité, la lutte contre l’effet de serre, la protection des eauxinternationales et la préservation de la couche d’ozone.

Le Fonds français pour l’environnement mondial

Le radeau des cimesDepuis une dizaine d'années, grâce à cette invention française, les

scientifiques peuvent accéder au sommet des arbres de la forêttropicale, situé entre 30 et 45 mètres au-dessus du sol. Ce

radeau des cimes représente une occasion unique decollecter micro-organismes, échantillons botaniques

et échantillons d'insectes dont beaucoup étaientméconnus jusqu'alors. Ces données permettent demieux comprendre l'écologie des forêts tropicales.

Les expéditions mises en place à cette occasionrassemblent des chercheurs de nombreux pays

et représentent une aventure humaine etscientifique passionnante. Trois missions sur

cinq ont eu lieu en Guyane française dont la forêt fait l'objet de

nombreuses études.

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Les ressources naturelles comme l’eau, les sols, les formations végétales, lesanimaux (terrestres et aquatiques)…font aussi partie de notre patrimoine.

Les tropiques,

Jusqu’à une époque récente, ces ressources naturelles étaientgénéralement utilisées de façon harmonieuse. Mais la populationhumaine, en raison de son nombre croissant et des technologies qu’elle développe, influence

fortement le devenir des ressources qui sont vitales au développement de l’agriculture des pays duSud. Il devient donc urgent detrouver des solutions techniquesqui permettent de les préserver. Il est également indispensablede proposer des solutions visantà donner aux usagers de cepatrimoine les moyens de levaloriser et de le gérerdurablement, en conservant des pratiques et organisationssociales garantes de la survie des communautés rurales.

Les sols, uneressource capitalemais en dangerTous les sols cultivables ne sontpas mis en valeur et certainesrégions disposent encore deréserves (essentiellement enAmérique latine et en Afrique)dont l’inventaire et laclassification sont cependantlargement avancés et leursaptitudes agricoles connues.Toutefois, ces ressources sontlimitées en surface et inégales envaleur et en répartition; 11 %seulement des sols de la planèteont une véritable vocationagricole, les autres étant trophumides, trop secs, trop escarpés,trop peu profonds, chimiquementinaptes ou gelés en permanence.Bien que l’érosion soit au départun phénomène naturel,l’influence de l’homme peut enaggraver et accélérer les processus.Actuellement, cette dégradationdes sols affecte plus ou moinssérieusement près de 2 milliardsd’hectares de terres arables et depâturages dans le monde, soit unesuperficie plus vaste que celle desÉtats-Unis et du Mexique réunis.Elle est due notamment à ladésertification et à la destructionde la végétation qui ne protègeplus les sols des méfaits duruissellement et du vent. Une foisdétruit, le sol est souventirréversiblement perdu et la zoneconcernée peut demeurer stérile.En outre, les pluies tropicales sontgénéralement plus abondantes etagressives qu’en régions tempéréeset les sols – particulièrement aprèsdéboisement – arriventdifficilement à absorber de tellesquantités d’eau : le ruissellementet l’érosion peuvent alors prendredes formes catastrophiques.Par ailleurs, la mise en culturesous irrigation artificielle de zonesarides provoque des processusparfois lents (échelle du millierd’années), mais parfois trèsrapides (échelle de la dizained’années), de dégradationchimique des sols par salinisation.Actuellement, on estime que 20 à 30 millions d’hectares parmiles plus productifs sontsérieusement affectés.

L’eau est indispensable à la plupart des activités humaines, économiques,sociales ou culturelles. Or, les ressources en eau sont limitées et l’eau estinégalement répartie : les deux tiers de l’humaniténe disposent pas d’eau saine. L’eau insalubre faitdes milliers de victimes dans le monde pendant quela croissance démographique fait reculer le volumedisponible par habitant. Depuis 1950, ce volume adiminué de moitié en Amérique du Nord et des troisquarts en Afrique. La pénurie d’eau toucheaujourd’hui 230 millions de personnes dans vingt-six pays. Avec l’augmentation de la demande, lespays, les foyers, l’industrie et l’agriculture sedisputent tous l’eau. Si L’eau est peu fréquemmentrare, elle est très souvent insalubre ou inaccessible.Dans une ville comme Douala au Cameroun (10 mètres de précipitations annuelles) seules 50 000 personnes, sur plusde 2 millions, ont accès à une eau potable.

Dans les années à venir, cela risque de s’amplifier. D’ores et déjà, l’accèsà l’eau est un facteur supplémentaire de conflits.

La Conférence de Paris sur l’eau et ledéveloppement durable qui s’est tenue enmars 1998 a permis à plus de 80 pays devenir témoigner de l’importance de cettebataille de l’eau. Ils ont posé les principesd’une gestion durable de la ressourcepermettant de contribuer au développementdes pays tropicaux : priorité à accorder audéveloppement des capacités humaines plutôtqu’aux grands projets souvent sanslendemain, nécessité d’une gestion au plusprès du terrain qui associe tous les groupessociaux, et enfin, dans ce but, échange

d’expériences en réseau qui doit fonder la coopération internationaledans le domaine de l’eau.

L’eau recouvre les trois quarts de la surface du globe,mais 97,5 % est salée. Sur les 2,5 % restants, unebonne partie est souterraine, est inaccessible ou geléedans les glaciers.

L’accès à l’eau pour tous

... des ressources

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La glossine ou « mouche tsé-tsé » véhicule des parasites (trypanosomes) aux effets pathologiquesgraves sur les hommes (« maladie du sommeil ») mais aussi sur le bétail (amaigrissement, chute

de lait, avortement, mortalité, incapacité à l’effort, etc.).Les pertes qui en résultent, estimées à 1,5 milliard de dollars par an, freinent considérablement le

développement de l’agriculture mais aussi l’approvisionnement en protéines (viande, lait).Ces maladies ou trypanosomoses sont transmises généralement par la piqûre d’une mouche (il y a

31 espèces ou sous-espèces de tsé-tsé en Afrique) préalablement contaminée avec le sang parasité d’unmammifère infecté.Le bétail peut être traité et guéri s’il n’est pas trop gravement atteint et les experts estiment qu’on pourrait élever 33 millions de bovins supplémentairessur le continent africain.La FAO pense qu’actuellement 60 millions de bovins et 100 millions de petitsruminants sont exposés au risque.La lutte est dirigée à la fois contre les tsé-tsé et contre le parasite. Elle associe lecontrôle de l’insecte à une gestion raisonnée de la maladie (thérapie, sélectiond’animaux tolérants, etc.).Pour faire face à ce défi, le Cirad s’est orienté vers le contrôle local des tsé-tsépar des méthodes simples, souples, propres et gérables par les populationsrurales : pièges, écrans attractifs, imprégnation insecticide du bétail (devenantdes pièges vivants). Il a également investi dans la mise au point d’un vaccinoriginal anti-effet pathogène du parasite. Il s’est, par ailleurs, engagé dans desméthodes d’identification rapide des milieux favorables aux tsé-tsé et fréquentéspar le bétail, méthodes associant imagerie satellitaire et enquêtes de terrainpermettant de spatialiser les zones à risques parasitaires et leur gestion.

Garant des grandes conventions internationales signées dans le domaine del’environnement, le ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnementest aussi un partenaire de terrain pour les pays en développement. Son action reposeprincipalement sur la recherche, l’information et le recueil de données. C’est ainsi que,dans le cadre de la lutte contre la désertification, il aide l’Observatoire du Sahara et duSahel, participe à l’Organisation météorologique mondiale, et forme des techniciens ausein d’ONG africaines. Ses interventions peuvent être très diverses : cycles d’étudessur la gestion environnementale de la Patagonie; aide au classement de la palmeraie de Errachidia, dans le Sud marocain; lutte contre l’érosion marine des côtesméditerranéennes; développement d’un projet d’agroforesterie au Brésil pour luttercontre l’effet de serre… Mais toutes participent de la même volonté de faire de laprotection de l’environnement un défi collectif et non un obstacle au développement.

Élevage : mieux combattre les tsé-tséAu Zimbabwe, comme dans denombreux pays d’Afrique, lacohabitation des agriculteurs et dela faune sauvage n’est pas toujourspacifique.Les activités humaines ont réduitet fragmenté l’espace dans lequel lafaune avait l’habitude de sedéplacer. Privés de l’accès à l’eau,les animaux sauvages dévastent parleur passage les champs pour allers’abreuver. Parfois même, ils pillentles greniers des villages etdéclenchent la colère desvillageois. Chaque année, uncinquième des récoltes peut êtredétruit. L’objectif est donc detrouver un équilibre afin que lesanimaux et les humains puissent separtager l’espace en toute quiétude.C’est dans cet esprit qu’a été lancéle projet de conservation de labiodiversité dans la vallée duZambèze. Les paysans acceptent demieux respecter l’habitat natureldes animaux. En compensation, lafaune, sans être mise en péril, paieun tribut en nature. Savalorisation, bien gérée, se fait sousdifférentes formes et contribue audéveloppement des villages et aumieux-être des habitants. Ennégociant des quotas deprélèvement, on augmente lesproduits et les revenus locaux issusde l’exploitation de la faune, onmet notamment de la viande debrousse à la portée des villageois(qui manquent de protéines).Convaincus de la nécessité deprotéger la faune sauvage, lesvillageois participent auxconcertations et aux négociations.Le regard qu’ils portent sur leurenvironnement s’est modifié.D’autant que les paysages et lafaune protégés peuvent se prêter audéveloppement d’un écotourismedans la région (autre source derevenus importante) ainsi qu’à lachasse sportive. Des formations à lagestion des ressources naturellesont donné aux responsables locauxles moyens d’élaborer une politiquede développement dynamique etdurable où chacun trouve sonintérêt. Ce projet mené par leCirad et financé par l’aide française(ministère des Affaires étrangères, FFEM) montre la voie d’une entente écologique possible entre développeurs et

protecteurs.

Les communautéslocales et la gestion de leurs ressources

En Asie, des millions de gens tirent la majorité de leurs protéines alimentaires des ressources aquatiques. Lespêcheries marines et continentales fournissent près de 30 % des protéines animales de la région. En Afrique,

cette proportion est de 21 %, en Amérique latine de 8 %, et en Asie de plus de 50 %. Environ 30 % duproduit mondial de la pêche est transformé en farine de poisson pour le bétail ou la pisciculture et n’est

pas destiné à la consommation humaine. Environ 60 % des prises mondiales sont pêchées par les paysen développement. Or la pêche a aujourd’hui atteint ses limites naturelles. Alors que les pêcheurs despays du Nord utilisent des techniques industrielles et modernes, ceux des pays en développementsont équipés de flottilles artisanales. Il en résulte une surexploitation des stocks aquatiques et uneconcurrence inégale sur une même ressource. Si l’on n’y prend pas garde, la situation de ces stocksdans le monde risque de se détériorer et de ne plus se renouveler.

Préserver les ressources aquatiques

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Les actions du ministère de l’Environnement

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Aujourd’hui, malgré lesprogrès spectaculairesréalisés dans

l’agriculture et dans les politiquespubliques au cours des cinquante

dernières années, et malgré un certain ralentissement de

la croissance démographique,plus d’un tiers del’humanité souffrede malnutritionliée à des carencesen minéraux etvitaminesessentiels. Mêmelorsque lanourriture est largementdisponible, tous leshabitants n’ont pasforcément lesmoyens de se laprocurer. Les pluspauvres sont ensituationd’insécuritéalimentaire. Leurgarantir l’accès à lanourriture resteessentiel pouréchapper au piègede la pauvreté.

La sécuritéalimentaire existe

lorsque tous les habitants, à tout moment, ont accès auxaliments nécessaires pour mener une vie saine et active,autrement dit quand l’alimentation est disponible tout aulong de l’année et à des prix à la portée de chacun. Or, pourdes milliards d’hommes, trouver de quoi manger reste unsujet d’inquiétude et l’accroissement de la populationmondiale est tel qu’il continue à excéder la disponibilitéalimentaire dans de nombreux pays.

Actuellement, plus de 800 millions de personnes souffrent de sous-alimentationchronique. La sécurité alimentaire est menacée dans de nombreux pays par larapidité de la croissance démographique et la généralisation de la pauvreté.

Le droit de s’alimenter

Il n’y a pas de droit de l’homme plusfondamental que celui des’alimenter. En 1948, laDéclaration universelle des droits del’homme reconnaissait que toutepersonne a droit à un niveau de viesuffisant pour assurer sa santé, sonbien-être et ceux de sa famille,notamment pour l’alimentation.La sous-alimentation (manque denourriture) fait bien plus de victimesque les famines sans faire la une desjournaux télévisés. Elle devientcritique lorsque le besoin énergétiqueminimum n’est pas assuré (de 1600à 1800 calories par personne et parjour) avec de fortes disparités selonle sexe, l’âge, le poids ou le mode de vie.La malnutrition (carencesmultiples, en protéines, fer,vitamines…) entraîne des maladiesspécifiques qui affaiblissent lesindividus, les rendent plusvulnérables aux autres maladiescourantes. Elle freine la croissancedes enfants, y compris leurdéveloppement intellectuel. Ainsi, lemanque de vitamine A est lié àl’augmentation de la mortalitéinfantile. Elle est aussi souventresponsable de la cécité des enfants.L’anémie, due en majorité aumanque de fer, est le problème leplus répandu, avec 2 milliards depersonnes touchées dans le monde.La malnutrition affaiblit les facultésintellectuelles et la productivité, etelle est l’une des causes principalesde la mortalité maternelle dans lespays en développement.

un enjeuLes tropiques,

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Le riz est consommé partout dans le monde, et représente le quart des ressourcesalimentaires de la planète. Sa part est discrète dans l’alimentation très diversifiée desconsommateurs des pays les plus développés (5 kg en France). En revanche, le riz estl’aliment de base de plus de la moitié de l’humanité (190 kg par habitant et par an auMyanmar, ex-Birmanie, 145 kg en Indonésie), nourriture traditionnelle dans denombreux pays (65 kg au Japon), ou plus récemment plébiscité (60 kg au Sénégal,45 kg au Brésil).Sa consommation augmente particulièrement en Afrique et en Amérique latine où il sesubstitue aux féculents et autres céréales, mais aussi dans les pays développés, sous unediversité de formes (étuvé, précuit, complet, etc.) et avec une bonne image diététique.Les besoins mondiaux en riz usiné augmenteront au rythme de 2 % par an,essentiellement enraison del’accroissement de lapopulation.Le riz est une des plusanciennes plantesvivrières cultivées, sa domesticationremontant à plusieursmillénaires. Elle s’esteffectuée en Asie d’où leriz s’est propagé vers laChine (sa culture y estattestée depuis troismillénaires avant notreère) ainsi qu’en Afriqueoù sa diffusion a étéplus limitée. Sonintroduction dans lesautres parties du mondeest plus récente.Cultivé sur tous lescontinents, il est présentdes zones tropicales auxzones tempérées et à desaltitudes allant jusqu’à2400 mètres au Népal.Il peut êtretraditionnellementirrigué mais aussisubmergé sous napped’eau de parfoisplusieurs mètres de profondeur, de mangrove, pluvial(comme les autres céréales), sur brûlis, défriche deforêt, de plaine ou d’altitude. Cette grande variété desmodes de culture du riz sculpte et diversifie beaucoupde paysages de notre planète. Savoir développer

durablement tous ces types de riziculture contribue à améliorer la sécurité alimentaire.La demande croissant très fortement, il est nécessaire d’accroître la productivité tout enluttant contre une pression parasitaire et des ravageurs de plus en plus élevée. Il faut,en outre, élargir l’aire de production à différents milieux.Le Cirad s’est particulièrement impliqué avec ses partenaires dans le transfert auprès des pays du sud de l’ensemble des technologies mises au point. En 1990, il créenotamment des variétés de riz pluvial adaptées à des altitudes supérieures à 1000 mètresen région tropicale. À Madagascar, elles sont cultivées jusqu’à 1500 mètres, avec des rendements de 5 t/ha (1 tonne avec des variétés conventionnelles). Il travailleactuellement sur tous les constituants des systèmes de production à base de riz. Pourappuyer cette démarche, il porte un effort particulier sur la qualité du grain, la lutte

contre les ennemis des cultures, lesvariétés hybrides, la production desemences et lesbiotechnologies. Le rizpossède, en effet, laparticularité d’avoir le plus petit génomeparmi ceux desgraminées cultivées et représente unconcentré del’informationgénétique retrouvéechez ces dernières. Ce caractèresynthétique rend plusfacilement accessiblele décryptage desgènes (agencement,expression, fonction).

Le riz, plante mythique de la sécurité alimentaire

Nourrir les villes du Sud

La planète compte chaque annéeenviron 60 millions de citadinssupplémentaires. D’ici 2025, ceux-cireprésenteront plus de 60 % de lapopulation mondiale. Cette explosionurbaine est particulièrement marquéedans les pays du Sud. Elle y provoqueune brutale remise en cause dessystèmes traditionnels de production,d’échange et de consommation. Dansles villes et leur proche périphérie, sedéveloppent alors de nouvelles formesd’agriculture, d’élevage,d’agroforesterie mais aussi denouveaux métiers spécialisés pourtransformer et distribuer les alimentset restaurer les citadins. Cetteagriculture périurbaine joue un rôlecroissant dans l’approvisionnementdes villes, notamment en produitsfrais. Elle procure aux citadins qui s’yconsacrent de nouveaux emplois etrevenus. Cette proximité offre auxagriculteurs et éleveurs des facilitésd’accès au marché, aux services, auxproduits intermédiaires de la ville.Dans ce contexte, et bénéficiant deces opportunités, les systèmes deproduction et d’échanges évoluent viteet constituent un vivier d’innovationsintéressantes. Mais la proximité de laville se traduit aussi par une fortepression foncière sur les terrescultivables, par des difficultés decohabitation entre citadins,agriculteurs ou éleveurs, par unaccroissement des risques sanitairespour les aliments. Néanmoins, sil’agriculture en zone périurbaine resteconfrontée à de multiples difficultés,elle invente chaque jour de nouvellesfaçons de réconcilier l’urbanisation etl’agriculture.

ROI DES TUBERCULES

Je suis le Manioc, le Roi des Tubercules.Je souffre, mais je suis bien content,Parce que je suis aimé par tout le monde.Ah! Mais surtout par les Camerounais(es).Moi le manioc,Mes feuilles c’est un délice, elles sont découpées et préparéesAvec l’arachide ou avec les palmistes; on me donne ce joli Nom de « Kouem »;Oui je souffre.Mais je suis content, parce que je suis le bien-aimé.Mes tubercules sont enlevés et préparés.Là c’est mon propre nom le « Manioc ».Ce n’est pas fini, oui je souffre, mais bien content.On me trempe dans l’eau, je pourris, je sens,On m’attache dans le sac, tout mon jus sort,On me pile, je prends le nom de famillematernelle « Miondo »(Bâton de Manioc), « Mintoumba », « Bobolo ».Oui je souffre, mais bien content.Ce n’est pas fini.Mon jus séché c’est l’amidon pour divers usages.Moi le Roi des Tubercules.Chez mes frères Nigérians, je subisplusieurs transformationsEt me donne le nom « Gari ».De mes feuilles aux tubercules passent par mon jus, rien n’est négligé. Oh! quel bonheur.Je suis content,Parce que je suis vraiment le Roi des Tubercules.

Endale Shylot, Cameroun

L’humanité subit le fléau de la faminedepuis la nuit des temps : la plusancienne que l’on connaisse eut lieu enÉgypte en 3500 avant J.-C. et la pirefit entre 9 et 13 millions de victimes enChine entre 1876 et 1879. Les faminessont causées par des facteurs humainscomme la guerre et les conflitsethniques, religieux et tribaux, ainsi quepar les conditions météorologiques et les

cataclysmes naturels. Les populationspauvres ne sont pas aptes à y faire face.Les famines n’ont pas disparu au XXe siècle. Certaines sont restéestragiquement célèbres (1978 dans leNord-Est du Brésil, 1983 au Sahel,1984 en Éthiopie, 1989 au Soudan, et1992 en Somalie). Même si elles se sontraréfiées, les famines ont fait davantagede victimes que les guerres au cours dela dernière décennie. Cependant, leschiffres sont peu élevés comparés au

nombre de personnes dont le régimealimentaire ne suffit pas à les mainteniren bonne santé.• Aujourd’hui, pour une populationmondiale de 6 milliards d’individus :– 10 à 15 millions meurent encore defaim chaque année;– 800 à 850 millions sont sous-alimentés, soit une personne sur six;– 1,5 à 2 milliards souffrent demalnutrition, soit une personne sur trois ;

– 190 millions d’enfants de moins de 5 ans souffrent de carencesprotéiniques énergétiques.• Sénèque : « On ne peut attendre nirespect de la loi, ni raison de ceux qui ont faim ».• « Seul celui qui aconnu la famineconnaît le goût des aliments ». Proverbe peul duNord-Cameroun.

La famine

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D’ici 2025, notre planète devrait compter près de9 milliards d’habitants dont 7 milliards se trouveront dans les zones tropicales.

Pouvons-nous produire assez, assurer à chacun l’accès àune alimentation suffisante, de façon durable et celasans porter atteinte à l’environnement?Autant de questions qui poussent lacommunauté internationale àpromouvoir à l’échelle de laplanète un développementdurable, et l’idée d’unenouvelle révolutionagricole ditecette fois

révolution doublement verte, plus productiveque la première et vraiment « verte » : un

accent particulier est maintenant donné àla gestion des ressources naturelles qui, pourl’agriculture, sont avant tout des facteursde production (sol, eau, ressourcesgénétiques…). Il s’agit donc aujourd’hui demieux prendre en compte la spécificité desmilieux naturels et la diversité des types

d’agriculture qui leur correspondent pourproposer de nouvelles techniques de

production et de nouveaux modesde gestion des ressources naturelles.Mais il s’agit aussi de proposer desinnovations institutionnelles dans

les domaines de la gestion del’espace et du foncier, de l’eau,

de la biodiversité, des

un défiLes tropiques,

Pour l’AFD, la préservation des patrimoines deressources naturelles dans les projets dedéveloppement devient une priorité. Outilprincipal de financement de l’aide française audéveloppement, l’AFD prend en compte danstous les projets qu’elle finance la dimensionenvironnementale à travers des études d’impactet de définition de mesures correctives. Ces études précèdent les décisions definancement et la mise en œuvre de tous lesprojets d’infrastructures.

Dans le domaine de la production agricole,l’AFD, en compagnie des principauxpartenaires de l’aide française, va apporterson appui technique et financier à un vasteprogramme de développement des méthodesagro-écologiques : ces techniques trèsprometteuses doivent permettre à des économies paysannes de la zoneintertropicale de sortir de la spiraled’appauvrissement continu dans lequel elles sont prises.

Nourrir la planète tout en préservant les ressources naturelles,mieux insérer l’économie des pays tropicaux dans l’économie mondiale compterontparmi les défis vitaux du troisième millénaire. L’agriculture est au cœur de ces enjeuximportants qui nous concernent tous.

COMMERCE INTERNATIONAL : CONJUGUER AGRICULTURE ET ENVIRONNEMENT

L’Organisation mondiale du commerce (OMC)ouvre un nouveau round de négociations en find’année 1999. L’organisation internationale,chargée de négocier un nouvel accordcommercial mondial et de trancher les litigescommerciaux entre États, va devoir, pour lapremière fois, prendre en compte des critèressociaux et environnementaux. Les accordscommerciaux devront rester compatibles avecles accords internationaux existants destinés à

protéger certaines espèces animales, assurer laqualité des eaux ou limiter la circulation desdéchets toxiques… Mais pas seulement.Lorsqu’elle règle les différends commerciauxentre États, l’OMC devra prendre en compteles principes de précaution et de pollueur-payeur dont pourrait se justifier un pays. Enfin et surtout, ces règles devront contribuerau développement durable des pays endéveloppement et ne pas se contentersimplement de faciliter le développement des exportations des pays développés.

L’Agence française de développement

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émissions de gaz à effet de serre… et de mettre en place des agricultures durables et plus productives.Dans les pays en développement, qui dépendent fortement sur le plan économique de l’agriculture,augmenter l’utilisation durable des ressources agricoles et promouvoir le développement rural demeurentles moyens les plus rapides et les plus satisfaisants pour lutter contre la pauvreté et améliorer la sécuritéalimentaire. L’agriculture, les forêts et les pêches sont donc de puissants moteurs du développement. La France de l’outre mer constitue dans la relève de ce défi un atout majeur. Elle permet en effet laréalisation, sur ces terres tropicales, de recherches et d’expérimentations dont les résultats sont importantspour l’avancée des connaissances scientifiques mais aussi pour la contribution au développement des paysde la zone intertropicale.

Dans les années 1970, les agriculteursdu sud du Brésil avaient dû trouver dessolutions pour faire face à l’érosion dessols due à la grande culture mécaniséedu soja. Ils eurent l’idée de laisser surplace les résidus de leur récolte jusqu’ausemis suivant, sans plus labourer. Cettepratique de semis direct fut un succès.Elle échoua cependant dans les zonesintertropicales de savanes herbeusesmassivement défrichées du centre-ouestbrésilien, les cerrados. Dans ces régions,au climat plus chaud et plus humide, lacouverture était beaucoup plus difficile àmaintenir. Dès 1983, le Cirad effectueun travail de pionnier en adaptant auxcerrados ces techniques de semis directsur couvert végétal à la grande culturemécanisée.Aujourd’hui, trois millions et demid’hectares de la zone tropicalebrésilienne sont couverts par dessystèmes de culture à base de soja, deriz, de maïs, de cotonnier et de fourrageutilisant ces nouvelles pratiquesagricoles : en protégeant en permanencele sol (soit par une couverture morteconstituée de résidus de récolte, soit parune couverture vive constituée par uneplante différente de celle cultivée) et en

semant directement à travers cette couverture à l’aide d’outilsadaptés, on supprime les labours qui, en zone tropicale humide,peuvent détériorer très vite les sols s’ils sont inconsidérémentréalisés.Ces techniques offrent de nombreux avantages, puisqu’ellespermettent notamment à l’agriculteur de réduire la pénibilitéde son travail et d’accroître la productivité.Elles ont, en outre, des effets bénéfiques pourl’environnement : recyclage des nutriments par lesplantes de couverture; préservation du sol et de l’eau;limitation de la déforestation (par stabilisation desexploitations).Aujourd’hui, le Cirad se consacre à l’adaptation de ces techniques pour la zone tropicale dans plusieurs paysen voie de développement, notamment à Madagascar.

L’idée centrale de la gestionagro-écologique des sols est dereproduire, dans les champscultivés, les mécanismes quiassurent l’équilibre des forêtsavec leurs milieux : protéger lesol en permanence contre lespluies torrentielles et lestempératures excessives quicaractérisent les climatstropicaux; recycler leséléments nutritifs du sol avant

qu’ils ne soient drainés hors dela portée des cultures grâce àun enracinement profond;favoriser le développement etle maintien des organismesvivants du sol (insectes, vers,micro-organismes), quicontribuent très activement àl’« aérer », à produire del’humus et à solubiliser leséléments minéraux desmatières organiques.

À propos de gestion agro-écologique

Des techniques agro-écologiques pour une agriculture respectueuse de l’environnement

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Les Chinois découpent leurs aliments (légumes,poissons...) en petits morceaux à l’aide d’unfendoir et d’un billot. Ils les cuisent à feu vif dansun wok. Ces préparations se consomment avec

du riz (cuit aujourd’hui dans un autocuiseurélectrique), et de la sauce

de soja, du gingembre, de laciboule et d’autres

épices.

Les femmes écrasent le mil à l’aide d’un pilon. Dans unchaudron, elles cuisent ensuite cette farine avec de l’eau.Cette bouillie s’appelle le tô ou bien la pâte. On la mange avec une sauce à base de concentré detomates, de gombos (condiment), de piments, de poisson

séché, de haricots secs... Cette sauce estpréparée dans un mortier, le

tô zunlugo.

Au Burkina Faso…

Certaines plantes alimentairestraditionnelles pourraient bien devenir lesaliments de demain. On a ainsiredécouvert l’amarante et le quinoa, desgraines provenant, à l’origine, des Andeset considérées comme sacrées par lesIncas du Pérou et les Aztèques duMexique. Elles sont toutes deux

nourrissantes et d’utilisations diverses.Elles sont également vivaces : l’amaranteprospère dans les climats chauds, lequinoa résiste aux gelées et poussejusqu’à des altitudes de 4 000 mètres. (Extrait de « L’ampleurdes besoins », Atlas des produitsalimentaires et de l’agriculture, FAO.)

Les aliments oubliés du monde

En Chine…

Aux quatre coins du monde, les cuisines et les recettes ne seressemblent pas, les ustensiles de cuisine ne sont pas les mêmes. À chacun sa façon de faire.

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des

nourrituresLes tropiques,

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Dans un mortier depierre appelé lemolcajete, lesMexicainspréparent unesauce à base delégumes, d’épices,de piments... quisont écrasés avecun pilon. Cette sauceaccompagne généralementune viande (dinde, poulet...), bouillie séparément dans une marmite, la cazuela. Les repas sont toujours accompagnés par les tortillas (galettes de maïs), désormaisachetées toutes prêtes.

On mange souvent dans la rue, mais aussisur la plage. Des marchandes transportentdans un panier les produits frais(poissons, crevettes, brochettes devolailles, légumes) prêts à être cuisinés etdans un autre le brasero dont ellesraniment la flamme pour les grilladesqu’on leur demande. Le tout est servidans des petits bols ou des assiettes en carton.

En Thaïlande…

Le « poulet-frites » est un plat bien apprécié en France. On fait rôtir le poulet dans un fourélectrique. Les frites (achetées surgelées)sont cuites dans une friteuse électrique. Les repas sont traditionnellementaccompagnés de pain, acheté en boulangerie.

En France…

Les vendeurs ambulants deDelhi, en Inde, proposent unemultitude de plats. Le riz au

safran est un mets très répanducar beaucoup d’Indiens sont

végétariens. Le riz est cuit et coloréavec du safran dans une grande marmite,

puis servi avec une sauce à la tomate, trèsépicée. On le consomme sur place, pesé etservi sur des assiettes.

En Inde…

Au Mexique…

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