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OEPP/EPFU Bull. NO 3 : 51-55 (1972) Les tydeides (Acari) sur vigne Tetrapodili Eriophyidae Prostigmata Tetranychidae Phytoptipalpidae Tyde i dae Cunaxidae Stigmaeidae Mesostigmata Phytoseiidae Tarsonemini Tarsonemidae par G. SCHRUFT Staatliches Weinbau-lnstitut. Freiburg/Br. (RBp. fBd. d'Aliemagnel Ravageurs Ravageurs et predateurs Predateurs lndiffbrents SOMMAIRE Les reprCsentants de cette famille sont encore mal connus tant du point de vue de la systCmatique que du rale qu'ils jouent sur la vigne. Les publications consultees font Ctat de mceurs prCdatrices et phytophages de certaines espikes sans que la liiite entre les deux soit clairement dCfinie. En Allemagne fCdCrale, deux espkes nouvelles ont CtC rencontrCes sur la vigne : Tydeus gotzi Schruft et Prone- mutus stiirki Schruft. I1 apparalt que la premisre est h la fois prCdatrice et phyto- phage alors que la seconde semble exclusivement appartenir au group des prCda- teurs. T. gotzi et P, stiirki vivent essentiellement aux dCpens des Criophyides mais semblent aussi s'en prendre aux oeufs et stades postembryonnaires de Punonychus ulmi Koch. Les facteurs conditionnant la dynamique des populations des tydCidCs demeurent obscurs. Introduction Les consequences dksastreuses de l'introduction de nouveaux ravageurs et mala- dies sont bien connues. Pour la vigne, I'importation du phylloxkra, Phylloxera uastatrix Plan&., en provenance de l'AmCtique, a eu des rdpercussions catastrophiques en Europe, mais il faut se rappeler aussi que l'o'idium, Uncifiula necatoi (Schw.) Burr. et le mildiou, Pkzsmoprwa uiticolrl (Berk. et Curt.) Berl. et de Toni, ont entrain6 de graves perturbations. La mise en kvidence de nouveaux ddprddateurs n'est pas nkcessairement due une introduction mais peut &re liCe B l'application de programmes de traitement qui se rkpercutent sur des esgces jugdes Sans importance et classkes dans la cadgorie des a indskrentes a. Tel est le cas en Allemagne fkddrale avec le dheloppement inattendu de Phomopsis uiticola Sacc. et de l'araignke rouge. En tenant compte de ces phCnomknes, nos Ctudes se sont orientkes vers la famille des tydkidks, dont les reprksentants sont de petits acariens rencontrks sur Ies parties akriennes de la vigne, souvent en compagnie des autres acariens Cnum6rks au tableau 1.

Les tydéidés (Acari) sur vigne

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Page 1: Les tydéidés (Acari) sur vigne

OEPP/EPFU Bull . NO 3 : 51-55 (1972)

Les tydeides (Acari) sur vigne

Tetrapodili Eriophyidae Prostigmata Tetranychidae

Phytoptipalpidae Tyde i dae Cunaxidae Stigmaeidae

Mesostigmata Phytoseiidae Tarsonemini Tarsonemidae

par G. SCHRUFT Staatliches Weinbau-lnstitut. Freiburg/Br. (RBp. fBd. d'Aliemagnel

Ravageurs

Ravageurs et predateurs Predateurs

lndiffbrents

SOMMAIRE Les reprCsentants de cette famille sont encore mal connus tant du point de

vue de la systCmatique que du rale qu'ils jouent s u r la vigne. Les publications consultees font Ctat de mceurs prCdatrices et phytophages de certaines espikes sans que la liiite entre les deux soit clairement dCfinie. En Allemagne fCdCrale, deux espkes nouvelles ont CtC rencontrCes sur la vigne : Tydeus gotzi Schruft et Prone- mutus stiirki Schruft. I1 apparalt que la premisre est h la fois prCdatrice et phyto- phage alors que la seconde semble exclusivement appartenir au group des prCda- teurs. T. gotzi et P, stiirki vivent essentiellement aux dCpens des Criophyides mais semblent aussi s'en prendre aux oeufs et stades postembryonnaires de Punonychus ulmi Koch. Les facteurs conditionnant la dynamique des populations des tydCidCs demeurent obscurs.

Introduction

Les consequences dksastreuses de l'introduction de nouveaux ravageurs et mala- dies sont bien connues. Pour la vigne, I'importation du phylloxkra, Phylloxera uastatrix Plan&., en provenance de l'AmCtique, a eu des rdpercussions catastrophiques en Europe, mais il faut se rappeler aussi que l'o'idium, Uncifiula necatoi (Schw.) Burr. et le mildiou, Pkzsmoprwa uiticolrl (Berk. et Curt.) Berl. et de Toni, ont entrain6 de graves perturbations.

La mise en kvidence de nouveaux ddprddateurs n'est pas nkcessairement due une introduction mais peut &re liCe B l'application de programmes de traitement qui se rkpercutent sur des esgces jugdes Sans importance et classkes dans la cadgorie des a indskrentes a. Tel est le cas en Allemagne fkddrale avec le dheloppement inattendu de Phomopsis uiticola Sacc. et de l'araignke rouge.

En tenant compte de ces phCnomknes, nos Ctudes se sont orientkes vers la famille des tydkidks, dont les reprksentants sont de petits acariens rencontrks sur Ies parties akriennes de la vigne, souvent en compagnie des autres acariens Cnum6rks au tableau 1.

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Les acariens phytophages comprennent essentiellement les Tetranychidae (arai- gnCes rouges) et les Eriophyidae. Dans les zones plus mkridionales, les reprCsentants du genre Breuipalpus appartenant Q la famille des Phytoptipalpidae sont plus frkquents. Au nombre des pddateurs, les typhlodromes de la famille des Phytoseiidae occupent une place importante, mais nous avons Cgdement rencontrC sur vigne des representants des Cunaxidae et des Stigmaeidae (SCHRUFT, 1969).

Les Tarsonemidae connus comme dangereux ravageurs de nombreuses cultures ne jouent qu’un r6le insignifiant sup la vigne. Leurs stylets relativement courts ne peu- vent s’attaquer qu’aux tissus tr2s tendres et c’est apparemment pour cela qu’ils se ren- contrent souvent dans les galles produites par Eriophyes uitis Pgst. ; nous les assimilons au groupe des acariens indiff Crents.

Tydiidks sur uigne

Lors de nos etudes faunistiques, les tydkidk ont CtC friquemment rencontrks sans que nous puissions reconnahe le r6le vkritable qu’ils jouaient sur la vigne. Leur taille oviforme ou piriforme est de 0,1 Q 0,3 mm et ils sont notamment reconnaissables 21 une rainure transversale qui sipare gCnCralement la partie antkrieure de la partie post& rieure du corps. Celui-ci est jaunltre, porteur de quatre paires de pattes effilCes compor- tant chacune 6 articles.

GUENTHART (1957) est le premier B signaler les tydCidCs SIX vigne en Suisse occidentale et mkridionale, sans toutefois identifier les espkes ; celles-ci semblent d‘ailleurs peu frhuentes en Suisse septentrionale et orientale. En Afrique du Sud, MEYER et RYKE (1959) ont signal6 les espkes Tydeus grabouwi Meyer et Ryke et T. eriophyes Meyer et Ryke, egalement sur vigne. Cette dernike vit en communautk avec les Criophyides. Plus ricemment, MALTSHENKOVA (1967) se rCf&re a w tydCidCs, rencontris sur hybrides de vigne et Perle de Szaba en Moldavie (URSS), sans toutefois PrCciser les e sees . Nos propres investigations entreprises en 1963 et 1964 nous ont ameds A la description de deux nouvelles e s e e s de tydCidb. Leurs caracthes mor- phologiques et une Ctude comparative de plusieurs genres et esp&ces seront publies sous peu.

La derni2re rkvision de la famille a CtC faite par BAKER (1965) qui deplore le manque de donnCes biologiques et l’absence d’informations prdcises sur le mode alimen- taire de ces acariens. Certaines es&es sont prddatrices, leurs proies Ctant essentiellement composkes dkriophyides et doeufs de dtranyques alors que d’autres sont phytophages, ce qui ne les em+e pas d ’ h e Cgalement prddatrices.

D e semblables incertitudes existent pour les espkes infCodCes Q la vigne. GUENTHART (1957) n’a pas pu constater de digglts attribuables a w tydCidCs et l ’ e see T. eriophyer que MEYER et RYKE (1959) signalent semble etre un prddateur des Criophyides.

MALTSHENKOVA (1967), enfin, fait une distinction entre une espke phytophage et une es+e prkdatrice qui sont cependant difficiles k &parer morphologiquement. L‘espke phytophage cause de drieux dommages aux vignes qui se traduisent par une dkoloration des feuilles le long des nervures et prks des pCtioles.

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Nos investigations ont permis de rCunir un certain nombre de donnCes biolo- giques sur les deux espi.ces nouvelles (SCHRUFT, 1966).

Tydeus gotzi

Cette es+e est ovovivipare ; elle hiverne en partie sur les bourgeons ou h proximiti de ceux-ci. Avec le dipart de la vgdtation intervient une migration (observde d b le 28 avril, en 1964) vers les jeunes feuilles qui sont coloniskes de prCfCrence h la face infdrieure. C’est Ih que les acariens Cvoluent jusqu’en automne avant de gagner les lieux d’hibernation. Un contrdle effect& le 30 septembre 1964 a permis de ddnombrer 17 acariens reprisentant tous les stades Cvolutifs. Le dCveloppement postembryonnaire comprend 4 stades larvaires ; les jeunes larves, souvent associies aux individus en mue, se trouvent frkquemment sup le limbe de la feuille alors que les stades plus 2gds se groupent le long des nervures principales. En cas de ponte, les larves klosent aussitdt et I’enveloppe de l’ceuf est si fine qu’elle demeure difficilement repdrable.

Pronematus starki

Cette es+e ovipare se trouve kgalement h la face infkrieure des feuilles. A la diffirence de la prkkdente, son cycle Cvolutif ne comprend que trois stades larvaires. Lceuf d’un diarnhe d’environ 0,09 mm est fix6 A la surface de la feuille par un fil tCnu d’un diam2tre voisin de 2 p.

Importance des tydt idts sur vigne

Pour T. gotzi, nos observations ont rkvClC deux modes d’alimentation distincts. Lespke est en effet prkdatrice en ce qu’elle s’attaque aux Criophyides Calepitrimerus uitis K. et E. uktis mais tout en prklevant Cgalement, h dkfaut de proie, le suc vgCtal. Dans ce dernier cas, les taches plus claires de la feuille, comparables h celles que pro- duisent les piqihes des Criophyides, sont imputables aux tydkidks. I1 faut noter, cepen- dant, que ces taches sont moins claires et ne prdsentent pas la structure CtoilCe et les contours nettement marquCs caractiristiques des Criophyides. De graves d g i t s tels que Maltshenkova en signale n’ont toutefois jamais CtC observes en Allemagne f6dCrale.

LexpCrimentation destinCe h dCfinir le rgime alimentaire de T. gotzi s’est faite en petite cage, ce qui a permis de constater que seuls les trois premiers stades lar- vaires se dheloppent en prCsence d’une nourriture exclusivement vkgdtale. Les trito- nymphes et adultes ne survivent pas h ce rigime, aussi peut-on en ddduire que l’alimen- tation est essentiellement carnivore ou alors qu’il se produit un changement de rdgime alimentaire en cows d’holution.

P. stiirki vit aux dkpens des kriophyides et il n’a pas ktC possible d’itablir si cette es&e est kgalement phytophage. ’ La coloration parfois rougeitre des tydCidCs permet par ailleurs de conclure que ceux-ci s’attaquent kgalement B diffkrents stades Cvolutifs des tktranyques.

Le mode de vie des tydCidCs, on le voit, est compliquk, ce qui explique cer- taines contradictions rencontrkes dans la 1ittCrature auxquelles il faut ajouter notre propre

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ignorance sur bien des points. Ainsi, nous ne connaissons pas encore le mecanisme qui determine les gradations des tydeidks susceptibles de causer un r&l prejudice B la vigne. On peut meme kmettre l’hypothkse d’une autoregulation des populations par can- nibalisme lorsque les proies font defaut.

R.4ssum.4

Faute detudes biologiques approfondies, les tydCidCs rencontrb sur la vigne constituent un groupe d’acariens ma1 connu dont le tale de prkdateur et de ravageur n’est pas clairement defini. Le manque dq connaissances sur les facteurs qui diterminent la dynamique des populations est kident ; il pourrait dailleurs conduire B une appari- tion beaucoup plus importante de ces acariens B la suite de certaines mesures anti- parasitaires dont les condquences sont imprhisibles.

OEPP/EPFO Bull. W 3: 51-55 (1972)

RESUME

Tydeid Mites on Grapevine

by G. SCHRUFT Staatliches Weinbau-lnstitut, Freiburg/Br. (Fed. Rep. of Germany)

The various species of this family are not well known and their effect on the grapevine, as well as their behaviour, still remains obscure. The latest review on the tydeid mites was published in 1965 by BAKER who stressed the lack of biological data on the different species, which can be predacious or phytophagous.

GUENTHART (1957) did not observe any harmful effect due to the species found in Swiss vineyards whereas Tydetcs eriophyes Meyer et Ryke, as studied in South Africa, turned out to be predatory on eriophyid mites. More recently, Schruft has found m o new species, in German vineyards, which he describes in his dissertation (SCHRUFT, 1966). The first is T. gotzi Schruft which is ovoviviparous and hibernates on or close to the buds. At the beginning of May the larvae migrate onto the young leaves where the subsequent generations will stay until the fall. It appears that this species is predacious on Cdepitrimertcs &is K. and Eriophyes &is Pgst. but it is phytophagous in the absence of prey.

The second species referred to is Pronemutws stiirki Schruft which also feeds on eriophyid mites but it is not yet known if it can also be phytophagous.

More exhaustive studies are needed to clearly define the effect of tydeid mites on the grapevine and to define the impact of pesticide treatments which could be decisive in the population dynamics of eriophyid mites.

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