Les universités privées, « mal-aimées » de l'enseignement supérieur russe

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  • 8/8/2019 Les universits prives, mal-aimes de l'enseignement suprieur russe

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    Les Universits prives, mal-aimes de

    lenseignement suprieur russe

    Zoom sur les universits russes

    Tatiana Kastouva-Jean

    Septembre 2010

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    L'Ifri est, en France, le principal centre indpendant de recherche,

    d'information et de dbat sur les grandes questions internationales. Cren 1979 par Thierry de Montbrial, l'Ifri est une association reconnued'utilit publique (loi de 1901). Il n'est soumis aucune tutelleadministrative, dfinit librement ses activits et publie rgulirement sestravaux.

    Avec son antenne de Bruxelles (Ifri-Bruxelles), l'Ifri s'impose comme undes rares think tanks franais se positionner au cur mme du dbateuropen.

    L'Ifri associe, au travers de ses tudes et de ses dbats, dans unedmarche interdisciplinaire, dcideurs politiques et conomiques,

    chercheurs et experts l'chelle internationale.

    Les opinions exprimes dans ce texte nengagent que la

    responsabilit de lauteur.

    Centre Russie/NEI Droits exclusivement rservs Ifri Paris, 2010

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    Auteur

    Tatiana Kastouva-Jean est diplme de luniversitpdagogique dEkaterinbourg, du Master franco-russe derelations internationales Sciences-Po/MGIMO et agalement obtenu un DEA de relations internationales luniversit de Marne-la-Valle. Chercheur lIfri, elletravaille sur lenseignement suprieur, la recherche et lepotentiel humain de la Russie.

    Slection darticles de lauteur sur lenseignementsuprieur en Russie

    "Projet MISiS", futur modle de l'enseignement suprieur enRussie ?, Russie.Nei.Reports,n 1, octobre 2009 ;

    Russie : la rforme de l'enseignement suprieur , Point sur lactualit

    internationale, Revue internationale d'enseignement de Svres, n 50, avril2009 ;

    Enseignement suprieur, cl de la comptitivit russe ,Russie.Nei.Visions, n 28, avril 2008,

    La Russie et le processus de Bologne : europenne par ducation ? ,Politique trangre, n 2, 2007 ;

    "Splendeurs et misres" de l'enseignement suprieur en Russie ,Russie.Nei.Visions, n14, septembre 2006.

    Pour contacter la direction du projet

    e-mail :[email protected] postale : Ifri, 27, rue de la Procession, 75015, Parisfax : +33 1 40 61 60 69

    http://www.ifri.org/?page=detail-contribution&id=5692&id_provenance=97http://www.ifri.org/?page=detail-contribution&id=5692&id_provenance=97http://www.ifri.org/?page=detail-contribution&id=5692&id_provenance=97http://www.ifri.org/files/Russie/ifri_jean_education_sup_FR_avril_2008.pdfhttp://www.ifri.org/files/Russie/ifri_jean_education_sup_FR_avril_2008.pdfhttp://www.ifri.org/files/Russie/ifri_jean_education_sept2006_fr.pdfmailto:[email protected]:[email protected]:[email protected]:[email protected]://www.ifri.org/files/Russie/ifri_jean_education_sept2006_fr.pdfhttp://www.ifri.org/files/Russie/ifri_jean_education_sup_FR_avril_2008.pdfhttp://www.ifri.org/?page=detail-contribution&id=5692&id_provenance=97http://www.ifri.org/?page=detail-contribution&id=5692&id_provenance=97
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    Sommaire

    INTRODUCTION ............................................................................................. 3

    POURQUOI SE MEFIE-T-ON DES EES PRIVES ? ............................................... 7Essor de lenseignement non-public en Russie depuis 1991 ................... 7Spcificits des tablissements non-publics ......................................... 10Les raisons dune attitude ngative....................................................... 12

    LANCRAGE PROGRESSIF DES EES NON-PUBLICS ........................................ 16Conditions matrielles, financements et politique des prix .................... 18Corps enseignant et politique salariale .................................................. 20Recrutement et dbouchs ................................................................... 23Lorganisation des tudes ..................................................................... 26La recherche ......................................................................................... 27La coopration internationale ................................................................ 29

    NATURE DES RELATIONS AVEC LTAT ........................................................ 31Leviers dinfluence de ltat sur le secteur priv.................................... 31L'ambivalence des relations .................................................................. 33

    PERSPECTIVES........................................................................................... 38

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    La valeur sociale des diplmes privssemble faible et les perspectives decarrire des diplms compromises

    demble

    diplmes des EES publics les plus connus dont 80 % rduisent leur choix quelques tablissements prestigieux, comme lUniversit dtat de Moscou(MGU), lAcadmie publique du droit de Moscou ou encore lUniversitdtat des Relations internationales de Moscou (MGIMO)4. Une attitudesemblable est observe parmi les candidats eux-mmes : la mme tudede ReitOR a dmontr que les deux tiers (67,2 %) des candidats interrogssouhaitaient faire leurs tudes dans un tablissement public alors que 30 %ny accordaient pas dimportance5.

    Il est encore souvent considr que les universits prives nont nila base matrielle ncessaire, ni de professeurs qualifis, ni de traditionsscientifiques et que leurs fondateurs nont quune seule envie : gagner leplus dargent possible6. Il faut se dbarrasser de ces "pseudo-universits"le plus vite possible, sinon elles vontruiner un tas dtudiants et lconomie dupays en mme temps : cette opinionexprime rcemment sur un forum de

    discussion de la trs officielle RossijskayaGazeta rsume lambiance dans laquelle doivent voluer les EES non-publics7. Dans ces conditions, la valeur sociale des diplmes privs semblefaible et les perspectives de carrire des diplms compromises demble.

    Cependant, malgr ce contexte difficile, on constate une forteaugmentation du nombre de ces tablissements ainsi que de leurstudiants depuis le dbut des annes 1990 (voir tableau 1 plus bas). Autreparadoxe : les autorits russes vouent une admiration sans borne auxuniversits prives amricaines (Harvard, Stanford) dont le modle estpropos comme un exemple suivreaux universits publiques russes8.Pourquoi dans ce cas-l une telle mfiance vis--vis des tablissements

    privs nationaux et comment arrivent-ils se dvelopper et recruter descandidats dans un environnement quasi-hostile 9 ? Quel est la nature deleur rapport avec ltat et comment sinscrivent-ils dans les rformesconduites dans le secteur ? Sont-ils ou seront-ils capables de former une lite russe diffrente de celle qui est traditionnellement forme dans lesuniversits publiques ou dincarner la modernisation et linnovation, chresau prsident Medvedev ?

    Nous avons tudi pour cette monographie deux universitsprives Moscou : la diversit et lhtrognit du secteur non-publicnous semblait imposer le devoir de vrifier nos hypothses au moinsauprs de deux tablissements.

    4Nacionalnyj rejting universitetov 2009 [Classement national des universits 2009],Interfax, 2009, 172 p, p. 48.5 ReitOR, Bitva so stereotypami , op. cit[3].6 Entretien avec un expert travaillant dans une Universit publique russe Moscou,avril 2010.7Rossijska Gazeta, 19 mai 2009, .8Ce paradoxe est moins important quau premier abord, car, compte tenu des rformesactuelles dans le secteur, les coles publiques ont vocation voluer vers le statutd tablissement autonomes qui, selon plusieurs de nos interlocuteurs, est une forme semi-publique semi-prive .9 Entretien avec un vice-recteur dun EES non-public Moscou, avril 2010.

    http://www.rg.ru/2009/05/19/vuzy.htmlhttp://www.rg.ru/2009/05/19/vuzy.htmlhttp://www.rg.ru/2009/05/19/vuzy.html
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    La premire est Rossijskij Novyj Universitet (Nouvelle Universitrusse) ou RosNOU10. Fonde parmi les premiers EES privs en 1991, elleest aujourdhui parmi les plus connues et les mieux ancres dans lepaysage universitaire. Cet tablissement se distingue par son statutduniversit classique, rares parmi les EES privs (il faut avoir au moins7 programmes de formation pour pouvoir prtendre ce titre). RosNOUforme 30 000 tudiants au total (toutes formes dtudes confondues) dontla moiti en rgions et propose 60 programmes de formation (cyclesuprieur, cycle professionnel court, cole doctorale, formationsprofessionnelles supplmentaires). Le spectre des filires est large :conomie, droit, pdagogie et psychologie, gestion des systmesdinformation, mathmatique applique et informatique, finance,comptabilit et audit, conomie mondiale, management, jurisprudence,tourisme, traduction, relations publiques. Le recteur (fondateur) delUniversit Vladimir Zernov est aussi prsident de lAssociation desEES non-publics (ANVUZ)11 : il est le porte-parole et un dfenseur trs actif

    des intrts de son secteur dans lespace politique et mdiatique russe.Le deuxime tablissement est lInstitut Juridique International

    (IJI)12 qui compte 16 000 tudiants (avec les succursales ou un peu plus de6 000 Moscou). De profil plus troit que RosNOU, il forme, comme sonnom lindique, aux mtiers du droit (dont lexpertise judiciaire, les affairesdouanires, arbitrage13). Il a t cr en 1992 par le ministre de la Justicecomme un tablissement public lui appartenant. En 1998, ltablissement achang de statut et est devenu priv (mme sil est rest attach auMinistre). Depuis 2005, la liste des fondateurs de lInstitut a chang plusieurs reprises14. En 2006, le ministre sest retir de la liste desmembres fondateurs et lInstitut appartient aujourdhui deux socits : laSARL russe Communications ducatives et la SARL Universconsult , enregistre en Bulgarie15. Cependant, le lien avec leministre semble toujours solide, car la plupart des diplms travaillentdans ses structures, la Procuratura (le Parquet) gnrale, les organes descurit, etc. Il a 17 programmes accrdits de formation suprieure et descycles courts.

    Les deux tablissements choisis se situent Moscou, sontaccrdits et correspondent ce titre aux critres (standards) imposs parltat russe16. Les deux disposent dun rseau de succursales dans les

    10 Site de lUniversit : .11 Cre en 1995, cette association runit 250 EES non-publics et dispose dantennes

    rgionales. Elle a pour objectif de dfendre et promouvoir les intrts de lenseignementsuprieur russe non-public. Elle coopre avec des instances publiques (par exemple, en2003, un accord a t sign entre lANVUZ et le Ministre de tutelle sur la coopration pourloctroi des licences et laccrditation des tablissements non -publics).12Site de lInstitut : .13Les tribunaux darbitrage russes sont chargs de rsoudre les contentieux conomiquespublics et privs.14 Selon un chercheur russe du rseau PROPHE (Program for Research on Private HigherEducation), il sagit dune particularit juridique russe : la liste de fondateurs nest pas historique et immuable , elle peut changer au fur et mesure de lvolution deltablissement et reflte de fait le changement de propritaires. Entretien tlphonique,25 mars 2010.15 Cette socit est directement lie la direction de lInstitution.16 Nous avons volontairement vit pour cette tude les tablissements privs rputsdemble comme des fabriques diplmes .

    http://www.rosnou.ru/http://www.rosnou.ru/http://www.rosnou.ru/http://lawacademy.ru/http://lawacademy.ru/http://www.rosnou.ru/
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    Pourquoi se mfie-t-on des EESprivs ?

    Essorde lenseignement non-public en Russiedepuis 1991

    Lenseignement priv existait en Russie depuis le 18e sicle avant dedisparatre lpoque sovitique18. La loi Sur lEnseignement de 1992 aautoris la cration des EES non-publics et a fix les procdures doctroide licences et daccrditation. la diffrence de lindustrie, par exemple, lesecteur de lenseignement non-public nest pas n la suite de laprivatisation des EES publics dj existants, mais a t le rsultat de lacration de nouveaux tablissements, coexistant avec les premiers et dansla moiti des cas crs par eux. Parmi les autres fondateurs, on peuttrouver des instances affilies ltat, des administrations de diffrentsniveaux, des organisations religieuses, des fondations russes et (de rares)trangres ou encore des particuliers.

    La lgislation russe emploie le terme dtablissementdenseignement suprieur non-public(negosudarstvennye VUZy) pluttque privs19. Ce terme est contest par plusieurs experts et les intressseux-mmes. Pour certains experts, il nest pas justifi car lcole privene soppose pas en Russie lcole publique, mais se distingue delleavant tout par le type de financement 20 : si pour les EES publics, laprincipale source de financement est le budget fdral, pour les EES non-publics, il sagit essentiellement des versements des tudiants et de leursfamilles. Pour les intresss, le terme de non-public est rcuser, car cestablissements ne poursuivent pas les intrts personnels desfondateurs, mais remplissent bel et bien des missions publiquesimportantes comme la formation de jeunes gnrations, la cration

    demplois, loffre dune source supplmentaire de revenus aux enseignants

    18Voir sur lapparition et lhistoire de lenseignement priv en Russie, V. Solonicyn,Negosudarstvennoe obrazovanie v Rossii [Enseignement non-public en Russie], Moscou,MOSU, 1998, 273 p. Lenseignement priv se dveloppait paralllement au public dansdiffrents domaines (mdecine, pdagogie, archologie, gographie, commerce,agriculture) avec cette spcificit que les EES privs cette poque taient ddis auxfemmes. En fvrier 1917, on comptait 59 EES privs reprsentant environ la moiti du total(124).19 Par facilit de langage, nous employons indiffremment les deux termes dans cette tude.20 Entretien avec un expert Moscou, avril 2010.

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    du secteur public, la rduction des tensions sociales, etc.21. Parconsquent, ils font partie intgrante du tissu conomique et social dupays. Le titre de non-public ne ferait qualimenter la perception ngativede ces tablissements et masquer les pratiques rpandues dans les EESpublics daccueillir des tudiants qui paient leurs formations22.

    Les statistiques russes sparent les tablissements publics etmunicipaux, dune part, et les non-publics, de lautre. Cette sparationrigide est respecte dans les classements nationaux, les publics et lesprivs ne figurant quasiment jamais ensemble. Certains experts lesoulignent comme une particularit du paysage universitaire russe : auxtats-Unis, cette sparation est moins nette, les uns figurant ct desautres dans les statistiques et les classements, et le nom compte plusque la forme de proprit 23. Ainsi, la trs prestigieuse Ivy Leaguecomprend essentiellement des universits prives.

    Le tableau 1 et les graphiques 1 et 2 permettent de constater que le

    secteur non-public se dveloppe trs activement depuis 199224

    et occupeaujourdhui une place importante dans lenseignement suprieur russe. Sien 1993-1994, 78 EES non-publics formaient 70 000 tudiants, en 2008-2009 (dernires statistiques disponibles), 474 EES non-publics comptent1,3 million dtudiants. Le rythme de croissance de leurs effectifs a t plusrapide que celui des EES publics. En 2009, sur 10 000 habitants, oncomptait 529 tudiants dont 438 dans le public et 91 dans le priv. Les troisquarts des tablissements non-publics ont une accrditation et sont doncreconnus par ltat.

    Tableau 1 : Dveloppement du secteur non-public dans lenseignementsuprieur russe, comparaison avec le secteur public (1991-2008)

    Au dbut delanne scolaire 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2008Nombre

    dtablissements

    EES publics etmunicipaux

    519 548 569 578 590 621 652 655 658 660

    EES non-publics _ 78 193 302 349 387 392 413 450 474Total 519 626 762 880 939 1008 1046 1068 1108 1134

    Nombredtudiants, en

    milliersEES publics et

    municipaux2763 2543 2655 3046 3728 4797 5596 5985 6208 6215

    EESnon-publics _ 70 136 202 345 630 860 1079 1253 1298Total 2763 2613 2791 3248 4073 5427 6456 7065 7461 7513

    Source : Rossijskij statistieskij eegodnik [Annuaire statistique russe], Rosstat, diffrentesannes. Obrazovanie v Rossijskoj Federacii : 2007 [Enseignement dans la Fdration deRussie : 2007], Annuaire statistique, Moscou, GU-VShE, 2007, pp. 362, 364.

    21 V. Solonicyn, Negosudarstvennoe obrazovanie v Rossii, op. cit. [18], p. 3, 163. Entretienavec lauteur Moscou en avril 2010.22 Entretiens Moscou dans une des universits choisies, avril 2010.23 Entretiens Moscou, avril 2010.24Le nombre dEES non-publics a surtout augment de 1993 1997, mais depuis 1997 ilconnat un certain ralentissement (avec une lgre reprise depuis 2005).

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    Graphique 1 : Evolution du nombre dtablissements denseignementsuprieur en Russie, 1991-2008

    Graphique 2 : Evolution du nombre dtudiants dans lenseignementsuprieur en Russie, 1991-2008

    Sources pour les deux graphiques : les tableaux ci-dessus.

    Comme les tablissements publics, les EES non-publics ont dessuccursales, situes dans les grands centres urbains, mais aussi dans desendroits plus reculs. Sur 2 500 succursales, 720 appartiennent aux EESprivs. Certaines ne sont pas accrdites, ce qui leur vaut une avalanchede critiques et daccusations sur la baisse de la qualit et la dvaluation deleurs diplmes. Les stratgies de dveloppement de certaines colesprives misent sur ce rseau : ainsi, lAcadmie moderne des scienceshumaines (SGA) a plus de 150 succursales travers le pays. RosNOUdispose de 16 succursales accrdites (sur 19) et lInstitut juridiqueinternational de 10 succursales accrdites (sur 12).

    0

    200

    400

    600

    800

    1000

    1200

    EES publics et

    municipaux

    EES privs

    Total

    0

    1000

    2000

    3000

    4000

    5000

    6000

    7000

    8000

    EES publics etmunicipaux

    EES privs

    Total

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    Daprs les dernires statistiques (encore incompltes) disponiblesconcernant lanne 2009-2010, le nombre dEES non-publics sest rduitpour la premire fois depuis le dbut des annes 1990 : 22 tablissements(4,6 %) ont ferm leurs portes la suite de la crise conomique etdmographique depuis 2008. la rentre 2009, la plupart des institutionsprives ont accus une baisse significative de leurs effectifs en premireanne, value entre 10 et 40 % en fonction des tablissements25. Cettetendance est rcente ; elle met galement lpreuve les EES publics,dont le nombre dtudiants, surtout dans les filires payantes, se rduit. Lesdirigeants de RosNOU et de lIJI nous ont confirm la baisse de leurscandidats la rentre 2009 de 10-15 %. Les craintes pour lavenir sontpalpables.

    Spcificits des tablissements non-publics

    Premire caractristique quantitative des EES non-publics russes : silssont relativement nombreux (42 % du nombre total), ils ne forment que17 % des tudiants russes. Ils sont donc beaucoup plus petits en taille. Audbut de leur existence, certains comptaient entre 50 et 700 personnes. En2008, un EES non-public russe compte 2 700 tudiants en moyenne contre9 400 pour les publics. Les EES non-publics russes se distinguent sur cepoint des pays asiatiques et latino-amricains, mais sinscriventparfaitement dans la tendance des pays postcommunistes avec un secteurpublic trs prsent26. La seule exception est peut-tre lAcadmie modernedes sciences humaines (SGA) qui mise sur les formations distance pour

    former 170 000 tudiants travers le pays et reprsente une universitde rseau . Les deux tablissements choisis sont plus grands que lamoyenne : RosNOU forme 30 000 tudiants et lInstitut juridiqueinternational 16 000 (avec les succursales) ce qui les rend au premierabord comparables aux EES publics27.

    Cependantet cest la deuxime caractristique des EES publicsleurs contingents se composent en grande partie dtudiants qui suiventdes cours du soir, par correspondance ou mixte. Le tableau 2 montreclairement qu la diffrence du public, la majorit des tudiants du privsuivent des tudes prenant dautres formes que des tudes temps plein :en 2008, sur 279 000 tudiants admis, 198 400 (soit 71 %) faisaient leurs

    tudes par correspondance et 59 700 temps plein (soit 21%). Ces ratios

    25 Par exemple, le recteur de lInstitut de business national, S. Plaksij affirme avoir recruten 2009, 850 tudiants, ce qui reprsente une chute de 20 % par rapport lanneprcdente (1 100 tudiants). Kommersant, 15 fvrier 2010,.26 Base de donnes PROPHE (Program for Research on Private Higher Education),, ainsi que louvrage collectif prpar par lquipe duprojet PROPHE : S. Slantcheva, D. C. Levy (eds), Private Higher Education in Post-Communist Europe, Palgrave Macmilllan, 2007.27 Pour prendre lexemple des trois universits dj tudies dans le cadre du projet Zoomsur les universits russes , lInstitut de lacier et des alliages (MISiS) compte16 500 tudiants temps plein, lUniversit technique Bauman 18 000 tudiants tempsplein et le Haut Collge dconomie 15 000.

    http://www.kommersant.ru/doc.aspx?DocsID=1322354&ThemesID=285http://www.kommersant.ru/doc.aspx?DocsID=1322354&ThemesID=285http://www.kommersant.ru/doc.aspx?DocsID=1322354&ThemesID=285http://www.albany.edu/dept/eaps/prophe/http://www.albany.edu/dept/eaps/prophe/http://www.albany.edu/dept/eaps/prophe/http://www.albany.edu/dept/eaps/prophe/http://www.kommersant.ru/doc.aspx?DocsID=1322354&ThemesID=285
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    dans le public sont respectivement de 45 % et de 49 %. Nos deuxexemples sinscrivent parfaitement dans cette tendance : 70 % de leurstudiants suivent des tudes par correspondance. En 2008, lIJI comptait Moscou, par exemple, 6 180 personnes dont 696 suivaient des tudes plein temps, 355 des tudes mixtes (en journe et par correspondance),1 214 uniquement par correspondance et 3 916 sous forme dexternat.

    Tableau 2 : Etudiants admis dans les EES par type dtudes (en milliers depersonnes) en 2008

    Nombredtudiants

    admis

    Formes dtudesEtudes plein

    tempsCours du

    soirEtudes par

    correspondanceExternat

    Total2008 1641,7 727,2 71,4 810,0 33,1

    EES publicset municipaux

    2008 1362,7 667,4 56,7 611,5 26,9EES non-publics

    2008 279,0 59,7 14,7 198,4 6,1Source :Rossijskij statistieskij eegodnik2009 [Annuaire statistique russe 2009], Rosstat,tableau 7.49, .

    Troisime caractristique, la plupart des EES non-publics sontspcialiss en sciences humaines et sociales, en droit, en conomie et engestion (93 % des tudiants du secteur non-public). Rares sont les EESprivs de profil technique mme sils commencent apparatre (mdecine,ingnierie, transport, etc28). Cette spcialisation est facile expliquer.Dune part, il sagit de mtiers qui manquaient la nouvelle conomie russe au dbut des annes 1990 et pour laquelle il existait une demandeconomique et sociale. Les EES privs y ont rpondu ainsi que des EES

    publics qui ont cr des filires appropries gratuites et payantes pourformer ces nouveaux mtiers. Mme les universits techniques publiquesouvraient cette poque des filires de juristes et de managers quintaient pas de leur profil pour disposer dune source de revenuscomplmentaires. Certaines, ayant reu dernirement des financementsrenforcs de la part de ltat, les abandonnent aujourdhui pour seconcentrer sur leur mtier dorigine29. Dautre part, la mise en place de cesfilires ne demandait pas beaucoup dinvestissements, les quipementsrequis ntant pas aussi lourds que pour les filires techniques.En 2008, sur 233 200 diplms des EES non-publics, 112 500 dtenaientdes diplmes en conomie et gestion, 65 100 en sciences humaines et400 seulement, par exemple, en sciences naturelles (tableau 2).

    Tableau 2. Spcialistes forms par des EES non-publics par groupe demtiers (en milliers de personnes) en 2004-2008 (slection)

    2004 2005 2006 2007 2008Nombre total de spcialistesdiplms

    146,2 173,3 199,1 226,6 233,2

    dont :

    28 V. Zernov (rd.), Negosudarstvenna vysa kola Rossii. Stanovlenie, sostonie,perspektivy razviti[cole suprieure non-publique en Russie. Devenir, tat, perspective dedvelopement], Moscou, Universitetska kniga, 2009, p. 96-97.29 Voir T. Kastouva-Jean, "Projet MISiS", futur modle de l'enseignement suprieur enRussie ? , Russie.Nei.Reports, n1, octobre 2009, .

    http://www.gks.ru/bgd/regl/b09_13/IssWWW.exe/Stg/html2/07-49.htmhttp://www.gks.ru/bgd/regl/b09_13/IssWWW.exe/Stg/html2/07-49.htmhttp://www.ifri.org/?page=detail-contribution&id=5692&id_provenance=97http://www.ifri.org/?page=detail-contribution&id=5692&id_provenance=97http://www.ifri.org/?page=detail-contribution&id=5692&id_provenance=97http://www.ifri.org/?page=detail-contribution&id=5692&id_provenance=97http://www.gks.ru/bgd/regl/b09_13/IssWWW.exe/Stg/html2/07-49.htm
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    conomie et gestion 62,2 77,0 96,2 108,1 112,5Sciences humaines 49,9 55,7 59,9 64,0 65,1Education et pdagogie 3,3 3,1 3,2 3,4 3,2Physique et mathmatiques 0,6 0,3 0,1 0,2 0,2Sciences naturelles 0,2 0,4 0,4 0,5 0,4

    Sciences sociales 0,6 0,7 0,9 0,9 0,8Sant publique 0,3 0,2 0,2 0,2 0,3Culture et arts 0,9 1,3 1,7 2,3 2,6

    Source: Rossijskij statisticeskij ezegodnik 2009, 2009 [Annuaire statistique russe 2009],Rosstat, tableau 7.54 (slection), .

    Enfin, quatrime particularit, les EES non-publics proposentrarement un spectre de disciplines large. En effet, sur 474 tablissementsnon-publics accrdits en mai 200930, seulement 11 avaient un statutduniversit (dont RosNOU) qui suppose un spectre large de programmeset la conduite des recherches fondamentales et appliques. Le statut leplus courant pour un EES non-public est par consquent celui dInstitut : ils

    sont au nombre de 395 (dont lIJI). Les autres ont le statut dAcadmie.Pour comparer, dans le public la situation est inverse : sur 660 EES, 350(ou 65 %) sont des Universits, 156 (20 %) des Acadmies et 145 (15 %)des Instituts31. Le statut dinstitut est considr dans le secteur publiccomme tant le moins prestigieux32.

    En revanche, dans le but dlargir leur contingent, les EESproposent plusieurs niveaux dtudes. Ils intgrent dautres cycles que lesuprieur et ont souvent en leur sein des collges qui offrent des cyclesde formations professionnelles courtes, quivalent des tekhnikums delpoque sovitique (entre 22 et 36 mois dtudes). Ils offrent galementtoutes sortes de formations complmentaires pour les personnes en

    activit.

    Les raisons dune attitude ngative

    Les spcificits numres (petite taille, prdominance des tudiants parcorrespondance et des filires de sciences molles , statut dInstitut),alimentent un certain ddain des EES publics ainsi que des a prioringatifsdans la socit vis--vis des EES non-publics. Parmi dautres facteursdexplication, nos interlocuteurs ont voqu une trs forte culture

    tatique , ancre dans la mentalit russe et qui date de la priodesovitique, voire avant33. Les attentes vis--vis de ltat taient toujours

    30Le site de lAgencenational daccrditation .31Rossijskij statistieskij eegodnik 2009 [Annuaire statistique russe 2009], Rosstat,.32Cest lune des raisons pour laquelle la plupart des anciens Instituts russes de lpoquesovitique ont rajout dans les annes 1990 leur appellation dorigine le statutd universit , ce qui aboutit la coexistence des deux dans leurs appellations actuelles.Par exemple, Institut dtat des relations internationales de Moscou (Universit) . Cesexemples peuvent tre multiplis linfini.33 Les coles prives existaient dans la Russie tsariste. Il est tonnant de constater que,dj cette poque, ils ne bnficiaient pas de la confiance du gouvernement. Lun desauteurs russes du dbut du XXe sicle (P. Kapterev) expliquait que le gouvernement

    http://www.gks.ru/bgd/regl/b09_13/IssWWW.exe/Stg/html2/07-54.htmhttp://www.gks.ru/bgd/regl/b09_13/IssWWW.exe/Stg/html2/07-54.htmhttp://www.gks.ru/bgd/regl/b09_13/IssWWW.exe/Stg/html2/07-54.htmhttp://www.nica.ru/naa/structure/http://www.nica.ru/naa/structure/http://www.nica.ru/naa/structure/http://www.gks.ru/bgd/regl/b09_13/IssWWW.exe/Stg/html2/07-54.htmhttp://www.gks.ru/bgd/regl/b09_13/IssWWW.exe/Stg/html2/07-54.htm
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    fortes dans la socit russe : il est cens se charger des missions socialesles plus importantes, dont lducation nationale, et tre garant de saqualit. Lducation gratuite pour tous (ainsi que les services mdicaux)tait perue comme un acquis social de lpoque sovitique prserver.Lide que lenseignement suprieur puisse ne pas relever de lacomptence exclusive de ltat et tre payant a eu du mal tre accepteau dbut des annes 1990 par la socit, qui craignait une perte de qualitet une aggravation des ingalits sociales.

    Ct EES publics, cette perception ngative vis--vis des confrresdu priv est paradoxale trois gards. Premirement, dans 50 % des cas,les EES privs ont t crs avec la participation des EES publics (dont20 % exclusivement par des EES publics)34. Selon un chercheur, lesinstitutions denseignement non-publiques ont souvent t diriges demanire informelle par des recteurs duniversits publiques et opraient enralit comme leurs succursales 35. Au dbut de leur existence, ils ontsouvent bnfici de leurs locaux, de leurs quipements et de leur corps

    enseignant, palliant le manque de revenus de ce derniers dans desconditions de sous-financement du secteur et en contribuant de cettemanire sa survie. Leur existence semble avoir limit la fuite interne des cerveaux, savoir les dparts des enseignants vers dautres secteursdactivit plus lucratifs.

    Deuximement, les tablissements privs et publics cooprentsouvent. On peut citer la coopration entre lUniversit indpendante delcologie et des sciences politiques de Moscou (non-publique36) et lInstitutnergtique de Moscou (public), ou RosNOU et MFTI (lInstitut physico-technique de Moscou dont sont issus son recteur et plusieurs enseignants),lUniversit technique Bauman ou la MGU. Les formes de coopration sont

    diverses : stages de perfectionnement pour les professeurs, utilisationcommune des laboratoires, cration de chaires communes. Par exemple,RosNOU a une chaire commune (tlcommunications et systmesinformatiques) avec le MFTI et une autre (technologies de linformationpour les marchs de valeurs mobilires) avec lUniversit Bauman.Cependant, il semblerait que souvent dans ces cooprations, lestablissements privs jouent un rle de partenaire junior : ainsi, selonun accord de coopration, les bakalavrs 37 trangers forms RosNOUcontinuent leurs tudes au niveau master Bauman.

    ntait pas favorable aux coles prives, car il voulait former les citoyens son got et sa

    faon, craignait la concurrence des coles prives et, dune manire plus gnrale,acceptait mal lexistence des tablissements pour lesquels il ntait pas un matreabsoluLes pensionnats et les coles privs taient considrs comme un mal ncessairequil fallait limiter par tous les moyens et liminer dans la mesure du possible . Cit dansV. Solonicyn, Negosudarstvennoe obrazovanie v Rossii , op. cit. [18], p. 12-13, 109.34 Entretien tlphonique avec un chercheur russe du rseau PROPHE (Program forResearch on Private Higher Education), install aux tats-Unis, 25 mars 2010.35 D. Suspitsyn, Between the State and the Market : Sources of Sponsorship andLegitimacy in Russian Nonstate Higher Education , in S. Slantcheva and D. C. Levy (eds),Private Higner Edication in Post-Communist Europe. In Search of Legitimacy, N-Y, PalgraveMacmillan, 2007, p. 171.36Cette Universit a t cre en 1992 sous lgide de plusieurs associations cologiquesavec le soutien du ministre de lEnvironnement.37 Dans le systme franais, ils correspondent au premier niveau du systme LMD (licence-matrise-doctorat).

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    Le problme de fond est la concurrenceentre public payant et non-public

    qui se situent sur les mmes crneaux sur le march ducatif et

    visent une mme clientle solvable

    Troisimement, lenseignement payant nest pas propre au seulsecteur priv en Russie. Nous lavons dj dit, les EES publics ont crplusieurs filires payantes de sorte que la majorit des tudiants (55-60 %selon les valuations) payent leurs tudes38. lheure actuelle, en Russie,4,7 millions dtudiants paient leurs tudes dont 3,2 millions dans lepublic39. Cest donc faire preuve dhypocrisie que daccuser les EESprivs de la dgradation de la qualit des formations parce quelles sontpayantes 40.

    Au final, lenseignement suprieur en Russie fonctionneactuellement trois vitesses : lenseignement public gratuit (le plus prispar les tudiants et leurs familles) ; lenseignement public payant (o lestudiants reoivent exactement la mme formation que les heureux lus dela premire formule, mais moyennant finances) et, enfin, le secteur non-public, concurrent direct de ce deuxime cercle . On comprendaisment que le problme de fond est la concurrence entre publicpayant et non-public qui se situent souvent sur les mmes

    crneaux (droit, conomie,gestion) sur le march ducatif etvisent une mme clientle solvable,mais insuffisamment prpare pourrussir les concours delenseignement public gratuit. Le vice-prsident du Comit pour lEducation

    de la Douma Gadjimet Safaraliyev affirme en termes trs directs que laposition des EES publics est celle dun prdateur qui protge son territoireet craint quun intrus ne vienne lui enlever sa nourriture. La stratgie la plussimple dans ces conditions est de lutter contre les EES privs enexpliquant ceux qui veulent bien entendre quils ne font que de la ventede diplmes 41. Les craintes de la concurrence saccroissent avec lecontexte de crise dmographique. En 2007, le nombre de jeunes sortant delcole secondaire tait de 1,1 million ; en 2008 981 000, en 2009 930 000 et en 2010 808 00042. Selon les projections, il ny en aura que760 000 lhorizon 2015. La lutte pour les candidats nen sera que plusrude.

    Enfin, il faut reconnatre que le secteur priv nest pas homogne.Relats dans la presse43, les exemples retentissants de triche, de vente dediplmes (qui concernent, dailleurs, aussi le secteur public), dapparition etde disparition rapide des pseudo-universits ne manquent pas, moinsaujourdhui que dans les annes 1990, quand plusieurs navaient ni de

    38Il est noter quil ny a pas de dlimitation stricte entre le public gratuit et payant : ontrouve des places payantes et gratuites dans les mmes filires.39 RIA Novosti, 5 mars 2009, . Un doyendune facult trs prise la MGU qui a ouvert il y a 5 ans nous expliquait qu sa facult, ilny avait que 5 places budgtaires gratuites, le reste tant payant. Entretien Moscou,avril 2010.40 Entretien Moscou avec un vice-recteur dun tablissement non-public, avril 2010.41Kommersant Dengi, 15 fvrier 2010,.42.43 Exemples de quelques articles rcents en russe : , ,.

    http://www.rian.ru/society/20090305/163945736.htmlhttp://www.rian.ru/society/20090305/163945736.htmlhttp://www.kommersant.ru/doc.aspx?DocsID=1322354&ThemesID=285http://www.kommersant.ru/doc.aspx?DocsID=1322354&ThemesID=285http://www.kommersant.ru/doc.aspx?DocsID=1322354&ThemesID=285http://www.rg.ru/2009/05/19/vuzy.htmlhttp://www.rg.ru/2009/05/19/vuzy.htmlhttp://ura.ru/content/svrd/11-03-2010/news/1052111359.htmlhttp://ura.ru/content/svrd/11-03-2010/news/1052111359.htmlhttp://ura.ru/content/svrd/11-03-2010/news/1052111359.htmlhttp://ura.ru/content/svrd/11-03-2010/news/1052111359.htmlhttp://www.rg.ru/2009/03/13/diplom.htmlhttp://www.rg.ru/2009/03/13/diplom.htmlhttp://www.ng.ru/education/2010-08-18/8_false.htmlhttp://www.ng.ru/education/2010-08-18/8_false.htmlhttp://www.ng.ru/education/2010-08-18/8_false.htmlhttp://www.rg.ru/2009/03/13/diplom.htmlhttp://ura.ru/content/svrd/11-03-2010/news/1052111359.htmlhttp://ura.ru/content/svrd/11-03-2010/news/1052111359.htmlhttp://www.rg.ru/2009/05/19/vuzy.htmlhttp://www.kommersant.ru/doc.aspx?DocsID=1322354&ThemesID=285http://www.rian.ru/society/20090305/163945736.html
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    locaux propres, ni de corps enseignant, ni de capacits de recherche.Certains tablissements (ou leurs succursales) nont jamais fait dedmarches pour obtenir des licences ou des accrditations. Le contenu deslicences des autres ne correspond pas la campagne publicitaire ni auxmtiers auxquels ils forment. Les troisimes livrent une concurrencedloyale en pratiquant des prix au-dessous du march, etc. SelonV. Zernov, le recteur de RosNOU et prsident de lassociation des EESnon-publics, ces brebis galeuses portent atteinte limage du secteurentier. plusieurs reprises, il a affirm quil existait 30-40 tablissementsprivs de bon niveau, soit 10 % seulement du secteur. Les estimationspeuvent varier. Une accrditation par ltat est considre comme unpremier indicateur de qualit. Il sagit du noyau dur du secteur auquelappartiennent les deux tablissements choisis, qui sont dsormais bienancrs dans le paysage, malgr quelques faiblesses structurellespersistantes quils partagent dailleurs avec les EES publics.

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    Encadr 1 : Ecole russe dconomie*Dirig par le jeune et dynamique recteur

    S. Gouriev, cet tablissement a adopt desmodes de gestion et de fonctionnement loccidentale. Elle dispose dun conseilinternational de tuteurs, invite des professeurstrangers, dveloppe des programmes derecherche, etc. Signe fort de sa reconnaissanceinternationale, lcole a accueilli B. Obamalors de sa premire visite prsidentielle enRussie en juillet 2009. Dans son discours, leprsident amricain a soulign les qualitsdune cole fonde avec le soutienoccidental qui est devenue vritablementrusse **. Lcole met laccent sur le retour

    et la fidlisation des diplms russes ayantobtenu leur PhD Harvard et au MIT. Luttercontre la fuite des cerveaux est la bataille danslaquelle elle semble russir***. Outre largentque versent les tudiants pour leurs tudes,lcole a des financements provenant deplusieurs fondations et entreprises russes ettrangres et a lanc en 2009 une campagneen vue de la cration dun endowment****.

    * .** Intervention de B. Obama, 7 juillet 2009,.*** Entretien de lauteur avec le prsident de laRESH, L. Makarov, octobre 2007, Moscou.**** Voir le rapport annuel 2008-2009,, p. 20.

    Lancrage progressif des EES non-publics

    Dune manire gnrale, aprs les dbuts difficiles des annes 1990, lesEES privs accrdits ont connu une priode de stabilit et de

    dveloppement, lie lalamlioration de la situationconomique dans le pays (qui a

    amlior la solvabilit desfoyers) jusqu la criseconomique de 2008. Un vice-recteur dune universit priveexplique que la situation aradicalement chang depuis ledbut des annes 1990 et,aujourdhui, certains EES privsconcurrencent srieusement lesuniversits publiques. Certainstablissements se sont forgune rputation dexcellence

    linternational. Lexemple de laRESH (cole russedconomie) fonde en 1992est parlant cet gard : il sagitdune cole prestigieuse quiconcurrence le Haut Collgedconomie44 (voir lencadr 1).Comme autres labelsdexcellence dans le secteurnon-public, sont souvent citslcole suprieure de Moscoudes sciences sociales et

    conomiques (connue commeChaninka), lUniversitinternationale de Moscou, etdautres. La contribution desEES privs la formation des

    lites est encore faible mais nest pas nulle. Selon ltude de ReitOR(mai 2010) sur la formation des lites publiques russes, sur

    44 Voir C. Sigman Le Haut Collge d'conomie : cole de commerce, universit et thinktank , Russie.Nei.Reports, n 2, octobre 2009, .

    http://fir.nes.ru/ru/Pages/default.aspxhttp://fir.nes.ru/ru/Pages/default.aspxhttp://fir.nes.ru/SiteCollectionDocuments/Obama_at_NES_rus.pdfhttp://fir.nes.ru/SiteCollectionDocuments/Obama_at_NES_rus.pdfhttp://fir.nes.ru/SiteCollectionDocuments/Obama_at_NES_rus.pdfhttp://fir.nes.ru/SiteCollectionDocuments/Obama_at_NES_rus.pdfhttp://www.ifri.org/?page=detail-contribution&id=5693&id_provenance=97http://www.ifri.org/?page=detail-contribution&id=5693&id_provenance=97http://www.ifri.org/?page=detail-contribution&id=5693&id_provenance=97http://www.ifri.org/?page=detail-contribution&id=5693&id_provenance=97http://www.ifri.org/?page=detail-contribution&id=5693&id_provenance=97http://www.ifri.org/?page=detail-contribution&id=5693&id_provenance=97http://www.ifri.org/?page=detail-contribution&id=5693&id_provenance=97http://www.ifri.org/?page=detail-contribution&id=5693&id_provenance=97http://fir.nes.ru/SiteCollectionDocuments/Obama_at_NES_rus.pdfhttp://fir.nes.ru/SiteCollectionDocuments/Obama_at_NES_rus.pdfhttp://fir.nes.ru/ru/Pages/default.aspx
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    Par leur mode de fonctionnement, lecontenu et la qualit des formations

    dispenses, les tablissements privsaccrdites sont comparables aux

    publics

    1 278 responsables de niveau fdral et rgional des trois branches dupouvoir, 13 personnes (soit 1 %) venaient dEES non-publics45.

    Parmi les avantages comparatifs des EES privs, leurs dirigeantscitent frquemment la rapidit de la rponse la demande sociale et

    louverture de nouvelles filires ( l ou les EES publics vont mettre un anpour ouvrir une filire, les EES non-publics sont capables de le faire en 2-3 mois , affirme un vice-recteur). Ainsi, le programme de modernisation deD. Medvedev a incit RosNOU financer sur ses fonds propres laformation de managers pour les innovations (cole de V. Irikov) dont lebesoin est estim 50 000 personnes dans les annes venir46. RosNOUentretient aussi des liens troits avec les agences demploi de son districtpour ragir rapidement aux besoins locaux de formation. De son ct, lIJIest aussi bien inscrit dans le tissu social local. Il a ainsi ouvert un centre deconsultation juridique gratuit auprs de la mairie de larrondissement. Outredes retombes positives pour sa rputation et les bons rapports avec lamairie, ce centre permet de se faire connatre pour attirer de futurs

    candidats.Autre point positif, les vice-recteurs des deux universits prives

    que nous avons visites sont fiersde labsence de corruption dansleurs tablissements, le problmequils pointent comme tant gravedans les tablissements publics.Lun des vice-recteurs dvoile quedes enseignants mls la

    corruption ont t renvoys de son tablissement47. Labsence decorruption a t confirme dans nos entretiens avec les tudiants.

    Dune manire gnrale, les EES privs accrdits ont donc russi stabiliser leur situation financire, fidliser leurs corps enseignant, se faire connatre auprs des candidats potentiels. Ils ont acquis leurspropres locaux, mnent des recherches, travaillent de prs avec des colessecondaires pour recruter des tudiants. De fait, par leur mode defonctionnement, le contenu et la qualit des formations dispenses, ils sontcomparables aux EES publics. Cette ressemblance consolide leur lgitimitdans la socit, mais semble handicaper le secteur en empchant savritable diversification.

    45 ReitOR, Rejtingi vusov po obrazovani predstavitelej lity gosudarstvennogo upravleniRossii 2010 [Classements des tablissements denseignement suprieur daprs laformation des reprsentants des lites publiques russes 2010], Moscou, mai 2010, tabl. 5,. En analysant cepourcentage, il faut aussi tenir compte de la cration relativement rcente des EES privs,dont les premiers diplms ne sont sortis de lenseignement suprieur quen 1997.46 V. Zernov (rd.), Negosudarstvenna vysa kola Rossii, prface par V. Zernov,op. cit. [28], p. 17.47 Entretiens Moscou, avril 2010.

    http://www.reitor.ru/common/img/uploaded/files/elite_sc_2010.pdfhttp://www.reitor.ru/common/img/uploaded/files/elite_sc_2010.pdfhttp://www.reitor.ru/common/img/uploaded/files/elite_sc_2010.pdfhttp://www.reitor.ru/common/img/uploaded/files/elite_sc_2010.pdf
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    Conditions matrielles, financements et politiquedes prix

    Comme une grande partie des EES non-publics, les deux tablissementstudis ont cr leur propre base matrielle. Ils ont achet des locauxadapts lactivit denseignement ou des foyers48, cr des laboratoireset des salles informatiques, amnag des salles de confrences, constitudes bibliothques49, ont acquis des quipements pour ldition(typographies, voire maison ddition) et les loisirs50. Ils ont sign descontrats de bail ou de service de longue dure pour assurer leurstudiants laccs une cantine, aux services mdiaux ou des installationssportives ou de loisir. Plusieurs des EES accrdits offrent dsormais desconditions dtudes comparables ceux des EES publics.

    Le principal revenu (et de loin) des EES non-publics est constitudes sommes verses par les tudiants. Pour les EES privs les mieuxtablis, une petite part de revenus supplmentaires provient des produitsde recherche et de rares commandes publiques. Ainsi, dans le budget deRosNOU, les revenus apports par les tudiants reprsentent 80 %51. Lereste est rparti entre les appels doffres du ministre de tutelle et desfondations publiques, de commandes dtat (par exemple, la formationdenseignants du secondaire pour larrondissement Central de Moscou en2009), la vente de produits de recherche, les financements desentreprises52 et dautres sources. Sans surprise, les salaires reprsententle plus gros poste de dpense (60 %). Pour lIJI, les sommes verses parles tudiants reprsentent 94,5 % des recettes. La part des entreprises est

    de 1,5 %, des commandes publiques 1 % et encore 3 % sont apports pardes travaux de recherches. Les dpenses de lIJI se rpartissent dunemanire suivante : 46 % les salaires, achats dquipements etinvestissements 35,5 %, recherches menes sur fonds propres 10,5 % etautres dpenses 8 %. On constate ainsi que les appels doffres, lacommercialisation des produits de recherche ou les financements venantdes entreprises ne reprsentent quune infime part des revenus des EESprivs. Dans ces conditions, on comprend aisment que maintenir lecontingent dtudiants est une mission vitale qui devient difficile en tempsde crise conomique et dmographique.

    Lun des instruments de la stratgie dattraction est la politique des

    prix. Il faut rappeler que chaque tablissement dfinit dune manireautonome ses prix, qui doivent couvrir les frais salariaux, lacquisition de

    48RosNOU est propritaire de son btiment et dun foyer de 600 places qui permet de logerpresque tous les tudiants plein temps. LIJI est propritaire dune moiti de ses locaux Moscou et loue lautre moiti.49 RosNOU dispose de 257 000 ouvrages, tandis que la bibliothque de lIJI est beaucoupplus petite (10 places, 69 m2, 28 451 livres et 29 abonnements des priodiques).50Par exemple, achats dinstruments de musique et dquipements pour un studio thtraldans le cas de lIJI.51 Nous respectons la demande des tablissements tudis de ne pas diffuser les chiffresprcis du budget.52Il sagit essentiellement des entreprises qui financent les cursus des tudiants en vue deles embaucher la fin de leurs tudes ( tselevye studenty).

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    nouveaux quipements, le bail, les services publics communaux (eau,chauffage, etc.). Les besoins tant levs, dans les annes 1990, les EESprivs pratiquaient des prix suprieurs ceux proposs par les EESpublics. Aujourdhui, la tendance sest inverse : les prix dans les EESprivs sont sensiblement plus attractifs. Cette tendance est confirme parltude de ReitOR de juillet 2009, selon laquelle le cot des tudes dans le public payant a largement dpass les prix du priv53. Ainsi, une annedtude dans le public payant cotait en moyenne 150 000 roubles(3 846 euros), tandis que dans le priv le prix ntait que de 60 000 roubles(1 539 euros). Les formations les plus chres taient proposes par laMGU (200-350 000 roubles par an ou 5-9 000 euros), le MGIMO (235-300 000 roubles/an ou 6-7 500 euros), et le Haut collge dconomie (200-300 000 roubles/an ou 5-7 500 euros). Pour comparer, les prix de RosNOUvarient entre 60 000-95 000 roubles/an (1 500-2 500 euros). Pour prendrelexemple dune formation prcise : pour la filire Management etconomie , le MGIMO demande 240 400 roubles par an, le HCE

    234 800 et la MGU 249 400. La mme formation la RESH cote119 400 roubles/an, Acadmie Internationale de business et de gestion45 900, RosNOU 60 000. Pour les EES accrdits, octroyant aussi lesdiplmes reconnus par ltat, pouvoir proposer des prix attractifs est unavantage comptitif.

    Le prix des tudes (mais aussi de la chambre au foyer) sonttransparents et ne changent pas au cours de lanne54. Dune anne lautre, le prix est corrig par linflation. Pendant la crise, le secteur priv afait des efforts pour maintenir un tarif fix au dbut de lanne et viter lafuite des tudiants. Cependant, la faillite est la hantise de plusieurs EESnon-publics et risque de devenir ralit. Tous sont la recherche denouveaux financeurs, changent de propritaires, ngocient avec ltatlaccs aux financements et aux appels doffres publics, etc55.

    Ce vice-recteur dune universit prive souligne le problme dufaible dveloppement de crdits ducatifs accessibles aux tudiants dupriv. Ainsi, le trs connu programme de crdits ducatifs Kredo de labanque Soyouz nen accordait qu des tudiants de quelques universitspubliques dlite (4 000 tudiants en 2008 en ont bnfici). Ce mcanismene fonctionne plus depuis la crise financire. Dautres banques, notammentla Caisse dpargne (Sberbank), ont essay de rpondre lappel duprsident Medvedev, lanc en fvrier 2008, aider les tudiants.Cependant, les banques demandent toujours des garanties dtat, ce quiexclut les tudiants des universits prives. Pourtant, lgalit daccs est

    reconnue lgalement. Le problme revient rgulirement dans le discourspolitique sans tre vraiment rsolu. Par exemple, en mars 2009, le vice-ministre de lEnseignement et de la Recherche V. Miklouchevski, lors dunetable ronde MISiS, consacre aux initiatives prsidentielles de soutien

    53 ReitOR, Stoimost obueni v moskovskih vuzah 2009, [Prix des tudes dans lestablissements denseignement suprieur de Moscou 2009] Moscou, juin 2009, 48 p.,.54 Ceci a t confirm dans nos entretiens avec les tudiants, avril 2010, Moscou. Sur le sitede RosNOU, les prix sont affichs dune manire on ne peut plus claire : par facult, parfilires, par type dtudes, par mois, par semestre et par an, .Mme chose pour le foyer, .55 Entretien avec un vice-recteur Moscou, avril 2010.

    http://reitor.ru/ru/observatory/stoimosty/stoim2009/http://reitor.ru/ru/observatory/stoimosty/stoim2009/http://www.rosnou.ru/entrant/cost/http://www.rosnou.ru/entrant/cost/http://www.rosnou.ru/entrant/cost/http://www.rosnou.ru/useful/obwegitie/http://www.rosnou.ru/useful/obwegitie/http://www.rosnou.ru/useful/obwegitie/http://www.rosnou.ru/entrant/cost/http://reitor.ru/ru/observatory/stoimosty/stoim2009/
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    des tudiants, a assur que les crdits seraient accessibles aux tudiants plein temps des EES non-publics accrdits aux mmes conditions quceux du public (10 000 tudiants seraient susceptibles den bnficier)56.

    Corps enseignant et politique salariale

    Lun des signes de la solidit dun EES non-public est la part desenseignants titulariss57. Nous lavons dit, lorigine, plusieurs EES privsnavaient pas de corps enseignant propre et taient une source de revenusupplmentaire pour les enseignants du public. Lun deux nous confiaitqu lpoque, les enseignants considraient ce cumul comme un malinvitable et provisoire qui devrait cesser ds que ltat se mettrait financer le secteur de manire suffisante58. Labsence du corps enseignant

    propre a t lobjet de vives critiques adresses aux EES non-publics toutau long des annes 1990. Ceci nest plus justifi aujourdhui pour les EESaccrdits. Une norme lgale impose aux EES de plus de 9 ansdexistence un ratio obligatoire denseignants titulaires qui doit tre aumoins de 50 %59. Nos deux tablissements rpondent ce critre : ce ratioest de 67 % pour RosNOU et de 56,8 % pour lIJI60. Laugmentation dunombre denseignants titulaires est lobjectif du programme dedveloppement de ce dernier.

    Les statistiques du tableau 4 permettent de tirer quelquesconclusions concernant le corps enseignant employ dans le secteur priv.Premirement, on constate effectivement que la proportion des

    enseignants non titulaires a baiss dune manire significative de 65 % en1995 40 % en moyenne en 2008, ce qui prouve que les EES non-publicsont en effet russi stabiliser leur corps enseignant. Deuximement,en 2008, les enseignants travaillant dans les EES privs sont lgrementplus qualifis quen 1995, le nombre de docteurs et de candidats ssciences61 tant pass de 64,5 68 % sur cette priode. Troisime

    56 Le taux de crdit est de 11,5 %. RIA Novosti, 5 mars 2009,.57 Nous employons dans cette tude le terme enseignants titulaires pour traduire leterme russe de tatnye prepodavateli . Cependant, il faut savoir que les enseignantsrusses, tant dans le public que dans le priv, ne bnficient pas de garantie demploi vie

    (comme dans la fonction publique franaise) ni mme de CDI (contrat dureindtermine). Ils cumulent des CDD (contrats dure dtermine) de 5 ans, voire moins(mme un an).58 Entretien Moscou, avril 2010.59Cette norme est dau moins 40 % pour les EES de 5-9 ans dexistence et de 30 % pourceux qui ont de 3 5 ans. Oukase du Service fdral de surveillance dans lenseignementdu 30 aot 2005 n1938, ; voir notamment,lannexe 2 .60Otet o resultatah samoobsledovani negocudarstvennogo obrazovatelnogo urezdeniavysego professionalnogo obrazovani Mezdunarodny ridieskij Institut 2009[Compte-rendu de lauto-valuation de ltablissement denseignement suprieur non-public Institut

    juridique international , Moscou 2009].61Lcole doctorale russe maintient toujours deux niveaux : candidat s sciences (quigrosso modocorrespond docteur en franais) et docteur s sciences (qui corresponden franais lhabilitation diriger les recherches).

    http://www.rian.ru/society/20090305/163945736.htmlhttp://www.rian.ru/society/20090305/163945736.htmlhttp://www.rg.ru/2005/10/27/kriterii-obr-dok.htmlhttp://www.rg.ru/2005/10/27/kriterii-obr-dok.htmlhttp://www.rg.ru/pril/8/42/89/3910_1z.gifhttp://www.rg.ru/pril/8/42/89/3910_1z.gifhttp://www.rg.ru/pril/8/42/89/3910_1z.gifhttp://www.rg.ru/pril/8/42/89/3910_1z.gifhttp://www.rg.ru/2005/10/27/kriterii-obr-dok.htmlhttp://www.rian.ru/society/20090305/163945736.html
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    conclusion : pour la premire fois en 2008 le nombre denseignantstravaillant dans le priv a baiss de 15 000, ce qui est certainement li labaisse du nombre dtudiants, la fermeture de quelques tablissementset la crise conomique. Enfin, en recoupant les donnes avec letableau 3, on peut dduire que le taux dencadrement est comparable dansle public et le priv (un enseignant pour 18 et 20 tudiants respectivement).

    Tableau 4. Nombre denseignants dans les EES russes (1995-2009)(dbut de lanne scolaire, en milliers de personnes)

    1995 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008Publics et

    municipauxNombre

    denseignantstitulaires -

    total 240,2 265,2 272,7 291,8 304,0 313,6 322,1 334,0 340,4 341,1dont ceux qui

    possdentdes grades

    scientifiquesdocteur ssciences 20,1 28,0 29,8 32,3 34,2 35,8 37,3 39,4 41,2 42,1

    candidat ssciences 117,5 125,4 128,5 135,5 142,2 148,6 155,3 162,8 168,9 173,5

    Non-publicsNombre

    denseignants- total 13,0 42,2 46,9 47,8 50,1 50,7 65,2 75,0 78,8 63,5

    dont ceux quipossdentdes gradesscientifiquesdocteur ssciences 2,1 5,2 6,2 6,2 6,6 6,7 11,0 15,6 17,2 10,4

    candidat s

    sciences 6,3 19,7 20,9 21,3 22,7 22,9 31,1 36,7 38,8 33,1le nombre

    denseignantsnon titulaires

    sur le total,en milliers et

    en %8,5

    (65%)27,8

    (65,8%)29,9

    (64%)28,3

    (59%)26,6

    (53%)24,6

    (49%)28,5

    (44%)30,6(41%

    31,1(39%)

    25,7(40%)

    Source : Rossijskij statistieskij eegodnik2009 [Annuaire statistique russe 2009], Rosstat,tableau 7.46, . Lepourcentage des enseignants non titulaires dans le priv est calcul par nos soins.

    RosNOU compte 1 200 enseignants (avec les succursales) dont400 travaillent au sige Moscou (dont 12 acadmiciens, 87 professeurset 218 matres de confrence). La majorit (72 %) a des titres scientifiques.

    En 2010, lIJI compte 240 enseignants (titulaires et non titulaires) dont42 docteurs s sciences et 150 candidats s sciences. Parmi lesenseignants des disciplines de profil (disciplines juridiques), 90 %dtiennent un titre scientifique et 10 % sont des responsables et desemploys seniors dinstances juridiques russes. Chaque professeur titulaireest oblig une fois tous les trois ans de passer des cours de recyclage de diffrents types (cours, confrences, etc.).

    Lun des vice-recteurs de RosNOU souligne que la particularit desEES non-publics est le faible taux d autorecrutement la diffrence dupublic o la tendance est de recruter essentiellement des anciens diplmsnayant parfois jamais travaill ailleurs. Leur nombre est, par exemple, de

    http://www.gks.ru/bgd/regl/b09_13/IssWWW.exe/Stg/html2/07-46.htmhttp://www.gks.ru/bgd/regl/b09_13/IssWWW.exe/Stg/html2/07-46.htmhttp://www.gks.ru/bgd/regl/b09_13/IssWWW.exe/Stg/html2/07-46.htmhttp://www.gks.ru/bgd/regl/b09_13/IssWWW.exe/Stg/html2/07-46.htm
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    90 % au MISiS ou lUniversit technique Bauman62. RosNOU, laproportion est strictement inverse et luniversit est fire de souligner queplusieurs professeurs sont des praticiens et viennent dhorizons trsdiffrents. En revanche, lge moyen des enseignants est lev et prochedes EES publics (51,4 ans pour RosNOU et 48 ans pour lIJI).

    En ce qui concerne les salaires, ils taient plus avantageux dans lesecteur non-public jusqu environ 2005. Depuis, les injections definancements dans plusieurs EES publics (laurats du concours desprogrammes innovants dans le cadre du projet national Education, ceux duconcours des universits fdrales et duniversits nationales derecherche) a contribu au rapprochement des salaires au point de gommercet avantage comptitif du secteur priv63. RosNOU, par exemple, lesalaire de base dun professeur est de 36 000 roubles par mois (un peumoins de 1 000 euros64), dun matre de confrences (docent en russe)33 000 roubles par moi (ces chiffres correspondent la moyenne des EES Moscou). En ce qui concerne lvaluation par les enseignants de leur

    situation matrielle, 6 % sestiment aiss et peuvent se permettre descongs coteux et lachat dune voiture, 56 % sont satisfaits de leursituation financire, mais des vacances et lachat dune voiture leurdemanderaient un effort dconomie, encore 22 % devraient recourir descrdits et 15 % se restreignent sur plusieurs postes de dpenses65.

    Selon lenqute de satisfaction anonyme mene par RosNOU parmises enseignants en 2009 (nous ne disposons pas des mmes donnespour lIJI), les enseignants apprcient un climat psychologique agrable(51 %), le statut prestigieux de lUniversit parmi dautres EES russes(38 %) et les perspectives dvolution professionnelle (26 %). Il est noterque les critres comme raisons de confort personnel (proximit du domicile

    ou horaires commodes) jouent aussi un rle non ngligeable. La grandemajorit exprime leur satisfaction de travailler luniversit et donne unenote moyenne de (+2,2) sur lchelle comprise entre (-3) et (+3)66.

    62

    Entretien MISiS, mai 2009, Moscou. C. Sigman, L'Universit technique Bauman : unatout majeur de la politique industrielle russe , Russie.Nei.Reports, n3, mars 2010,. Il est possible quelautorecrutement dans le public soit plus important dans les EES techniques que dans lesEES de sciences sociales et humaines.63 Entretien avec un vice-recteur, avril 2010, Moscou.64 Rappelons que le salaire moyen net dans le pays en 2009, tous secteurs confondus, estde 17 290 roubles par mois (30 552 Moscou).65Monitoring udovletvornnosti prepodavatelej i sotrudnikov detelnost RosNOU[Enqute de satisfaction des enseignants et collaborateurs par lactivit de RosNOU], mai-

    juin 2009, 206 personnes,.66 Paradoxalement, malgr la satisfaction, seuls 4 % des enseignants sur 17 % ayant desenfants en ge dentrer aux tudes suprieures souhaiteraient que ces derniers fassentleurs tudes RosNOU. Monitoring udovletvornnosti prepodavatelej, op. cit. [65].

    http://www.rosnou.ru/univer/sistema_ka4estva/monitoring_ka4estva/http://www.rosnou.ru/univer/sistema_ka4estva/monitoring_ka4estva/http://www.rosnou.ru/univer/sistema_ka4estva/monitoring_ka4estva/http://www.rosnou.ru/univer/sistema_ka4estva/monitoring_ka4estva/
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    Pour les EES non-publics, le problmenest pas seulement la quantit

    suffisante des contingents recruter,mais aussi la qualit des candidats

    Recrutement et dbouchs

    Comme les EES publics, le secteur non-public accrdit mne un travail derecrutement depuis le cycle secondaire : il entretient des liens troits aveccertains coles et lyces, cr des classes spcialises et envoie sesprofesseurs ou des tudiants en fin de cursus enseigner dans ces classes.Comme le secteur public, il organise des cours prparatoires pour lentre(aujourdhui des cours de prparation pour le test national unifi, EGE).RosNOU travaille avec des classes dans 38 coles. LIJI mne un travaildorientation professionnelle auprs de 60 coles. Il a aussi une cole de jeunes juristes dont lobjectif est dveiller lintrt des jeunes pour lesmtiers du droit. Des cours sont organiss pour des lves de 8-11 classesdans deux coles du quartier (nous verrons plus loin que le critre deproximit est important pour les tudiants qui choisissent un tablissement

    priv). En choisissant lIJI, ces jeunes bnficieront de 20 % de rductionsur le prix des tudes.

    Les tudiants des EES privs semblent venir de milieuxrelativement aiss : RosNOU, 43 % dtudiants jugent leur situationmatrielle satisfaisante et encore 18 % ne se refusent rien . Deux pourcent seulement ont du mal joindre les deux bouts . Dans 69 % descas, leurs parents ont un diplme du suprieur (contre 23 % qui nen ontpas) qui est accompagn dans encore 8 % des cas dun titre scientifique67.La plupart des tudiants sont des Moscovites (80 %).

    Nous lavons prcis, en 2008, les EES non-publics ont souffert dumanque de candidats (sous-recrutement valu entre 10 et 15 % pour

    chacun des tablissements tudis). Pour sauver le contingent,lassociation des EES non-publics, a propos en 2009 de fermer certaines

    filires (notamment celles formant les juristes, conomistes et managers) dansles EES publics dont ce nest pas laspcialit et de diriger des commandespubliques pour la formation de cesspcialistes vers les meilleurs EES

    privs. Certains EES publics techniques commencent en effet renoncerdlibrment aux filires qui ne correspondent pas leur profil (neprofilnyespecialnosti) pour recentrer leur activit sur leur mtier dorigine. Ainsi, en2009, MISiS, par exemple, a ferm sa filire juridique. Le recteur de cetteuniversit publique souhaitant ainsi limiter les risques pour la crdibilit etle prestige de son tablissement aprs avoir obtenu le titre d universitnationale de recherche 68. Cependant, il sagit de sources de financementimportantes que tous les EES publics ne sont pas prts abandonner etlappel de lassociation est reste sans suite.

    67 RosNOU, Monitoring udovletvornnosti studentov obrazovatelnym processom [Enqutede satisfaction des tudiants par le processus de formation], mai-juin 2009, 421 personnes,.68 Voir T. Kastouva-Jean, "Projet MISiS", futur modle de l'enseignement suprieur enRussie ? , op. cit. [29].

    http://www.rosnou.ru/univer/sistema_ka4estva/monitoring_ka4estva/http://www.rosnou.ru/univer/sistema_ka4estva/monitoring_ka4estva/http://www.rosnou.ru/univer/sistema_ka4estva/monitoring_ka4estva/http://www.rosnou.ru/univer/sistema_ka4estva/monitoring_ka4estva/
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    Pour les EES non-publics, le problme nest pas seulement laquantit suffisante des contingents recruter, mais aussi la qualit descandidats. Lexistence des trois cercles de lenseignement suprieurque nous avons dcrits plus haut a une consquence importante sur lesstratgies des candidats : les tablissements privs ne relvent souventque du troisime choix (seulement si lon na pas t accept dans le public gratuit ou le public payant ), voire de non choix . En effet,nos conversations avec les tudiants de RosNOU confirment que leur choixa rarement t rflchi et volontaire, il a vacill entre le hasard et unesolution de repli aprs un chec intgrer le secteur public. Une tude desmotivations des tudiants du priv et du public rvle que 40,8 % destudiants du priv ont choisi leur tablissement parce quil tait situ proximit du lieu de rsidence (facteur qui joue pour seulement 15,8 % destudiants du public), 34 % ont voqu un prix accessible (4,7 % pour lepublic), et 23,7 % la facilit des examens dentre (contre 12,6 % pour lepublic)69. Les facteurs comme la qualit de formation recherche (26,5 %

    contre 55,5 % dans le public) ou le suivi des cours prparatoires pourintgrer ce mme tablissement (10,6 % contre 28,9 %) jouent moins quepour les tudiants des EES publics. Daprs un sondage de RosNOU, lafacilit daccs (35 % des candidats), la proximit du lieu de rsidence(30 %), des prix accessibles (28 %) ont t des facteurs dcisifs. Encore15 % reconnaissent ne pas avoir t admis dans un autre EES. Seuls 15 %voquent la haute qualit des tudes qui les ont attirs70. Cette tude laisseprsager un niveau des candidats et une motivation plus faibles que pourles tudiants du secteur public. Il est possible que cette qualit destudiants au moment du recrutement soit aussi lune des raisons quialimentent les a prioringatifs des employeurs russes et le ddain des EESpublics. Selon lexpression pjorative dun vice-recteur dune universit

    publique, les collgues du priv rcuprent les dchets du secteurpublic , donc ont rarement des candidats de bon niveau.

    Un vice-recteur de RosNOU reconnat que les universits privesaccueillent rarement les meilleurs tudiants qui se dirigent massivementvers le public71. Selon une tude, parmi les tudiants du priv8,2 % avaient des diplmes secondaires avec la mention excellent . Lemme indicateur pour les EES publics est de 22 %72. Les rsultats descandidats au test national unifi sont dsormais un indicateur important. En2009, RosNOU a accueilli les candidats ayant en moyenne 51-55 pointssur 100 (pour comparer, les 5 tablissements publics de la capitale les pluspriss ont accueilli des candidats avec 80-85 points en moyenne).

    Cependant, selon le mme vice-recteur, premirement, il y a biendes exceptions : il cite quelques personnes avec des rsultats au EGE trslevs (81-85) qui ont intgr lUniversit en 2009. Deuximement, selonlui, vers la 3eanne dtudes cet cart entre les niveaux des tudiantsserait compltement combl, car les EES privs ont lhabitude detravailler avec ce type de contingent et savent motiver ceux qui nont

    69.70 RosNOU, Monitoring udovletvornnosti studentov obrazovatelnym processom, op. cit.[67].71 Entretien Moscou, avril 2010.72.

    http://www.ubo.ru/articles/?cat=100&pub=1506http://www.ubo.ru/articles/?cat=100&pub=1506http://www.ubo.ru/articles/?cat=100&pub=1506http://www.ubo.ru/articles/?cat=100&pub=1506http://www.ubo.ru/articles/?cat=100&pub=1506http://www.ubo.ru/articles/?cat=100&pub=1506
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    Les dbouchs ne sont pas un sujetdinquitude dans les discours des

    dirigeants des tablissements privs

    pas connu de succs lcole secondaire 73. Depuis 2005, lAgencenationale daccrditation organise deux fois par an des Internet-examens fdraux sur une base volontaire dont lobjectif est dvaluer laqualit denseignement, la correspondance aux standards dtat et depermettre une comparaison avec dautres EES privs ou publics. Le tauxde russite (pourcentage dtudiants qui ont prouv avoir assimil lesdisciplines enseignes) des EES non-publics est suprieur (!) celui desEES publics (78 % contre 74 % pour les tablissements sige et 79 %contre 75 % pour les succursales)74. Plusieurs tudiants de RosNOU ontgagn des concours rgionaux pour leurs travaux scientifiques et ont tlaurats des olympiades. RosNOU compte quelques laurats des boursesprsidentielles. Ladministration de lIJI affirme tre intraitable sur ladiscipline et les mauvaises notes : le taux dabandon et de renvoi destudiants y serait relativement lev75.

    la diffrence du recrutement et contrairement ce quon pourraitpenser eu gard lattitude des employeurs, les dbouchs ne sont pas un

    sujet dinquitude dans les discours des dirigeants des tablissementsprivs. Ils disposent de dpartementschargs des dbouchs de leurstudiants. Selon eux, tous leursdiplms trouvent facilement dutravail avant la dernire annedtudes. Il est en effet probable que pour les deux EES tudis leproblme ne se pose pas. RosNOU est aujourdhui bien connue et biencote parmi les EES privs. Le profil pluridisciplinaire des diplms leurpermet de travailler dans diffrents domaines. LIJI forme beaucoupdadultes dj en activit et entretient des liens directs avec lesadministrations publiques et les instances judicaires de Moscou. Il sagit decooprations cibles avec des employeurs de proximit au niveau de laville et de larrondissement o se trouve le sige : direction du ministre dela Justice pour le district fdral Central, Cour constitutionnelle, Tribunaldarbitrage, Guilde des avocats russes, direction judicaire de la Haute Courde Russie pour la rgion de Moscou, direction des huissiers pour la rgionde Moscou, cours de juridiction gnrale, etc. Les employs de cesinstances sont souvent invits comme enseignants et des stages se fontdans ces institutions. Selon les statistiques de lIJI, entre 2005 et 2009,lInstitut a form 1 500 diplms (tudes du jour) : 100 % ont trouv des

    73 Ces tablissements disposent souvent de dpartements de consultation psychologique,organisent des tests pour les tudiants de 1re anne (capacits relationnelles, capacitdadaptation, dviances comportementales ventuelles comme la toxicomanie, etc.).74Svodnyj otet o provedenii Federalnogo Internet-examena v sfere professionalnogoobrazovani v periode s 20 aprel po 25 in 2010. Vysee professionalnoe obrazovanie[Le rapport gnral sur lInternet-examen fdral dans le domaine de lenseignementprofessionnel pour la priode du 20 avril au 25 juin, 11 e tape, avril-juin 2010, p. 6,. En 2010, 1195 EES de 82 rgionsrusses y ont pris part. Les rsultats sont analyss par RosNOU sur le site et les troisdisciplines de moins de 50 % de russite avec le nom des enseignants en toutes lettres sontaffichs en rouge, Otet o resultatah 10go tapa Internet-ekzamena [Le compte-rendu surles rsultats de la 10etape de lInternet-examen], dcembre 2009-janvier 2010,.75Entretien lIJI, avril 2010.

    http://www.fepo.ru/index.php?menu=about_history#fepo11http://www.fepo.ru/index.php?menu=about_history#fepo11http://www.rosnou.ru/univer/sistema_ka4estva/monitoring_ka4estva/http://www.rosnou.ru/univer/sistema_ka4estva/monitoring_ka4estva/http://www.rosnou.ru/univer/sistema_ka4estva/monitoring_ka4estva/http://www.rosnou.ru/univer/sistema_ka4estva/monitoring_ka4estva/http://www.fepo.ru/index.php?menu=about_history#fepo11
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    emplois ; 78,7 % travaillent selon le profil de formation reu76 et 86,3 %sont rests dans la rgion77.

    Selon un dirigeant de RosNOU, les salaires de dpart des diplms la sortie de luniversit se situent entre 15 000 et 30 000 roubles/mois.

    Cette fourchette correspond aux salaires moyens des diplms dbutant Moscou78, mais est infrieure ceux des leaders du march comme laMGU, le MGIMO ou lAcadmie financire79.

    Lorganisation des tudes

    Dans les tablissements accrdits, lorganisation des tudes (rpartitionsur lanne, nombre dheures, type de contrle des connaissances, rapportentre le travail en cours et le travail personnel en dehors des cours), ainsique le contenu des formations sont comparables aux EES publics. titred'exemple, la filire de jurisprudence lIJI (cursus plein temps) supposeune formation thorique de 9 882 heures (147 semaines) dont5 032 heures (51 %) de travail dans les murs de lInstitut (auditornanagruzka, cours magistraux et sminaires obligatoires) et 4 668 (47 %) detravail indpendant. Sy ajoutent six semaines de stage, 15 semaines deprparation d'un mmoire de fin dtudes et 36 semaines de sessionsdexamens. Le travail hebdomadaire reprsente 30 heures par semaine enmoyenne. La marge de libert de lInstitut dans la conception duprogramme de formation est denviron 10 %, susceptible daugmenter 30 % aprs ladoption de nouveaux standards dtat dits de

    troisime gnration . Par exemple, un EES priv, li par les standards,ne peut pas dcider librement de ladoption du systme de contrle continudes connaissances au lieu des sessions dexamens habituelles80.

    Pourtant, la formation dans un EES priv se veut plus souple que dans le public, ce qui est mis en avant comme un atout. Ainsi, sur sonsite, RosNOU souligne ses neuf avantages comparatifs dont lapossibilit de travailler tout en suivant des tudes grce un emploi dutemps individualis partir de la troisime anne81. Le travail des tudiantspendant les tudes (tant dans le public que dans le priv) sembleaujourdhui tout fait banalis dans la pratique; les entreprises demandentmme une exprience de travail un diplm directement la sortie delcole. Selon les estimations, 60 % des tudiants travailleraient Moscou(42 % en rgions) dont 70 % manqueraient des cours. Cette exprience

    76Il sagit dun pourcentage lev. Par exemple, MISiS, seuls 30-45 % des diplms (lorsde nos entretiens, les chiffres de 10-15 % ont mme t cits) travaillent conformment auprofil de la formation suivie.77Otet o resultatah samoobsledovani, op. cit. [60],p. 120.78 Les salaires des diplms de MISiS se situent, par exemple, entre 20 000 et30 000 roubles par mois.79Voir ltude du portail , juillet 2010,.80 Entretien avec V. Solonitzine, directeur du Centre de qualit des formations RosNOU,.81 8+1 priina postupit v RosNOU [8+1 raisons dentrer RosNOU], .

    http://www.ubo.ru/analysis/?cat=146&pub=1993http://www.ubo.ru/analysis/?cat=146&pub=1993http://www.ubo.ru/analysis/?cat=146&pub=1993http://www.rosnou.ru/student/sessionn/Solonicin/http://www.rosnou.ru/student/sessionn/Solonicin/http://www.rosnou.ru/useful/8_reasons/http://www.rosnou.ru/useful/8_reasons/http://www.rosnou.ru/useful/8_reasons/http://www.rosnou.ru/useful/8_reasons/http://www.rosnou.ru/student/sessionn/Solonicin/http://www.ubo.ru/analysis/?cat=146&pub=1993
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    acquise tt peut tre bnfique pour trouver rapidement un emploi, maispeut pnaliser par la suite pour lavancement de carrire82. Ainsi, lInstitutde lacier et des alliages (MISiS), 30 % des tudiants interrogs dans lecadre dune enqute interne en 2008 travaillaient et encore 30,8 % lefaisaient occasionnellement. Environ 70 % de ces tudiantsreconnaissaient que le travail les empchait de suivre correctement lecursus83. Les EES publics considrent donc cette tendance comme unhandicap, car travailler lors de ses tudes nuirait la qualit delenseignement. Les EES privs affirment quils ne font que lgaliser unesituation qui existe partout de facto et limitent les dgts en autorisantun emploi du temps plus souple84. Ainsi, RosNOU, les chiffres dassiduitsont les suivants : 3 % des tudiants manquent plus de la moiti descours ; 10 % manquent entre un quart et la moiti des cours et 78,4 %manquent moins dun quart des coursou nen manquent jamais85.

    Le taux de satisfaction des tudiants est lev : sur lchelle entre (-2) et (+2), les tudiants sonds RosNOU notent lUniversit (+1,5). Plus

    de 50 % trouvent lorganisation des cours optimale86. A lIJI, 56 % destudiants estiment les tudes prestigieuses et 53,7 % intressantes. Autotal, 65 % expriment leur entire satisfaction87.

    La recherche

    Le recteur et plusieurs vice-recteurs de RosNOU, ainsi que le directeurscientifique (S. Kapitza, le fils du prix Nobel P. Kapitza), sont des anciens

    du MFTI, lInstitut physico-technique de Moscou (Moskovski Fiziko-Tekhnitcheskij Institut, appel couramment Fiztech ), qui, lpoquesovitique, tait lun des rares tablissements appliquer le principedintgration de lenseignement et de la recherche. Autant dire quelintgration de lenseignement et de la recherche est un principe cher ladirection de RosNOU. On explique mme que le rve du recteur-fondateur V. Zernov, ds lorigine, a t de crer un Fiztech des scienceshumaines , donc une universit o lenseignement et la rechercheseraient troitement lis88.

    En effet, RosNOU se targue dtre un centre de recherche dehautes technologies. Elle est l'une des rares universits prives disposerdun parc technologique. Depuis trois ans, RosNOU a mis au point unetrentaine dinnovations et a enregistr 3 brevets. RosNOU est le fondateuret lditeur de la revue V mire nauki (dont S. Kapitza est rdacteur enchef).

    82 V. Zernov (rd.), Negosudarstvenna vysa kola Rossii, op. cit. [28],p. 146-147.83 Analitieskij ott po oprosam vnytrennuh i vnenih potrebitelej MISiSa za 2004-2007[Compte-rendu analytique daprs les sondages des clients internes et externes de MISiS,2004-2007], MISiS, Direction du dveloppement stratgique, Moscou, 2008, 52 pages.84 Entretien avec un vice-recteur Moscou, avril 2010.85Monitoring udovletvornnosti studentov obrazovatelnym processom, op. cit. [67].86Ibidem.87Otet o resultatah samoobsledovani.., op. cit. [60].88 Entretien Moscou avec un vice-recteur de RosNOU, avril 2010.

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    Cependant, nous avons vu que la part de la recherche dans lesrecettes reste bien plus faible que lapport des tudiants. Par ailleurs, unechose tonnante noter est lincohrence entre les thmes de recherche etla liste des produits innovants raliss par RosNOU, dune part, et laspcialisation de lUniversit, dautre part. Si lUniversit se rclame dessciences humaines, ses recherches portent sur des domaines appartenantaux sciences dures et correspondent plutt la formation initiale desenseignants forms par le MFTI. Dans la liste des innovations de RosNOUfigurent un appareil cardiologique ( kardiokod ) qui permet de transmettreles donnes du patient par tlphone portable et avoir une consultation distance ; une installation olienne ; un systme de scurit des serveurs ;un systme daccs biomtrique (vocal) ; des nanotechnologies (desappareils permettant de transporter des substances dans la cellule) ; unrducteur de bruit, etc. On comprend facilement quil sagit de produitstrouvant des dbouchs auprs des entreprises, mme trangres, etrapportent des financements, mais ces recherches ne sont pas directement

    lies aux matires enseignes et sont plutt des activits parallles.En ce qui concerne lIJI, les recherches menes sont troitement

    lies au profil de lInstitut : thorie et histoire du droit et de ltat, droit civil,droit des affaires, droit familial, droit international priv, droit criminel,procdure pnale. Certaines sont finances par des sources extrieures etdautres sur les fonds propres. Parmi les clients qui ont pass descommandes lIJI figurent le Service fdral du cadastre, l'Agence fdralepour lEnseignement (ferme en avril 2010), le dpartement de droit deladministration du district autonome de Yamalo-Nenets, le secrtariat duConseil de lassemble parlementaire des pays-membres de la CEI. Cesrecherches relvent souvent plutt de lexpertise. Pour citer quelquesexemples de projets et de leur montant : laboration des modles definancement des procdures de licences, dattestation et daccrditationpublique pour lAgence fdrale pour lenseignement (cot du projet :2 millions de roubles) ou expertise du projet de loi sur lenvironnement pourla rgion de Yamalo-Nenets (60 000 roubles)89. Les financements sur fondspropres sont destins avant tout lorganisation de confrences, de tablesrondes ou des publications (comme les 11 volumes encyclopdiques Ministre de lEnseignement et de la Recherche en documents ).LInstitut dite depuis 2001 une revue scientifique semestrielle (VestnikMUI).

    Les indicateurs de recherches obligatoires remplir pourlaccrditation sont respects, voire dpasss par lIJI. Ainsi, le financement

    annuel moyen des recherches sur les 5 dernires annes est de2 738 677 roubles (70 222 euros), les dpenses moyennes pour lesrecherches par an et par enseignant est de 24 452,4 roubles (626 euros) etle nombre de monographies pour 100 enseignants titulaires est de 1,6. Lesindicateurs fixs par laccrditation sont respectivement de 1 500 000roubles par an, 5 000 roubles par enseignant et 1,2 monographie90. Lesindicateurs daccrditation pour RosNOU sont diffrents cause du statut

    89Otet o resultatah samoobsledovani., op. cit. [60].90Ibid.

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    Le niveau dintgration au processusde Bologne est aussi faible pour lestablissements privs que publics

    plus lev dUniversit (respectivement, 10 000 000 roubles ; 18 000roubles et 2 monographies91) quelle dpasse galement.

    Les deux tablissements ont des coles doctorales (depuis 2001).RosNOU compte actuellement 228 doctorants et lIJI 270. Les deux

    remplissent le critre daccrditationqui est dau moins une thse par ansur 100 enseignants pour lInstitut et de 3thses pour lUniversit. Commedans le public, le taux de soutenance de thses reste un point faible (entre25 et 30 % dinscrits).

    La coopration internationale

    Comme les tablissements publics, les structures du priv mnent aussides cooprations internationales, accueillent des tudiants trangers etessaient de sintgrer au processus de Bologne. l'instar du public, leniveau dinternationalisation est faible. RosNOU participe aux programmesinternationaux et a nou des partenariats avec des universits enAllemagne, en Isral, en France, en Chine, etc. Le Centre de formationinternational accueille des tudiants trangers : ils sont au nombredenviron 700 et viennent essentiellement des pays asiatiques et desanciennes rpubliques sovitiques. RosNOU a des cooprations avec uneuniversit bulgare, une tawanaise, une chinoise, une polonaise et unechypriote.

    LIJI a organis des confrences internationales sur la rsolutiondes conflits et la tolrance chez les jeunes dans les rgions pluriethniques,

    avec la participation dune universit chinoise et une indienne. Le programme Bridge between East and West runit les professeursduniversits de France, de Chine etdInde. Entre 2005 et 2008, septtudiants ont ralis des stages enAllemagne, en Pologne, en Autriche,en Bulgarie, en France afin de sefamiliariser avec les systmes juridiques de ces pays. Quelquesenseignants trangers ont t invits : depuis 2005, 3 sries de cours avecdes reprsentants de la Haute cour administrative dAutriche, un consultantde la CCI de Paris et des reprsentants de lUE ont t organiss.

    Le niveau dintgration au processus de Bologne est aussi faibleque pour les tablissements publics russes. On peut prendre commeindicateur lintroduction des deux niveaux dtudes : bakalavriat et magistratura (licence 3 et matrise 2 dans le systme franaisaujourd'hui). Le tableau 5 montre que les EES privs continuent formermajoritairement des spcialistes (5 ans dtudes indivisibles) : en 2008,sur 233 200 diplms du priv, on comptait 189 500 spcialistes (79,5 %), 41 700 bakalavr (17,9 %) et 500 masters (0,2 %). Dans le

    91Oukase du Service fdral de surveillance dans lenseignement du 30 aot 2005 n1938, ; voir notamment, lannexe 2.

    http://www.rg.ru/2005/10/27/kriterii-obr-dok.htmlhttp://www.rg.ru/2005/10/27/kriterii-obr-dok.htmlhttp://www.rg.ru/pril/8/42/89/3910_1z.gifhttp://www.rg.ru/pril/8/42/89/3910_1z.gifhttp://www.rg.ru/pril/8/42/89/3910_1z.gifhttp://www.rg.ru/2005/10/27/kriterii-obr-dok.html
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    public la part des spcialistes est encore plus leve : sur 1 125 300diplms, on compte 1 044 300 spcialistes (92,8 %),56 900 bakalavr (5 %) et 16 400 masters (1,4 %)92.

    Tableau 5 : Diplms des EES daprs le niveau des diplmes

    (en milliers de personnes)2004 2005 2006 2007 2008

    EES publics et municipauxNombre de diplms - total 930,4 978,4 1055,9 1108,9 1125,3

    dont:Spcialiste 865,5 910,6 982,8 1030,3 1044,3Bakalavr 51,3 53,3 55,8 57,5 56,9Maguistr 10,5 11,0 12,4 14,6 16,4

    EES non-publicsNombre de diplms - total 146,2 173,3 199,1 226,6 233,2

    dont:Spcialiste 118,4 141,1 166,3 182,8 189,5Bakalavr 26,6 31,3 31,7 41,5 41,7

    Maguistr 0,2 0,1 0,1 0,3 0,5

    Source : Rossijskij statistieskij eegodnik2009 [Annuaire statistique russe 2009], Rosstat,slection du tableau 7.56, disponible ladresse :.

    RosNOU forme, par exemple, 90 % de spcialistes, 7 % de bakalavr et 3 % seulement de masters. En ce qui concerne les annexesau diplme en anglais, ils sont dlivrs sur demande et titre payant. LIJIne fait que rflchir lintroduction du systme de crdits ECTS. Les deuxtablissements ne disposent pas de programmes en langues trangres. ( ;

    92 Le rsultat de laddition est lgrement infrieur 100 %, car un petit pourcentage estreprsent par des personnes tant sortis de lenseignement suprieur sans obtenir dediplme.

    http://www.gks.ru/bgd/regl/b09_13/IssWWW.exe/Stg/html2/07-56.htmhttp://www.gks.ru/bgd/regl/b09_13/IssWWW.exe/Stg/html2/07-56.htm
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    Nature des relations avec ltat

    Tout au long de cette tude, nous avons soulign des ressemblances entrele secteur public et le secteur priv accrdit. Les standards ducatifs sontidentiques (preuves dentre, conditions dtudes, programmes). Lesproblmes aussi : ge moyen lev des enseignants, faible implicationdans le processus de Bologne, etc. Finalement, la principale diffrenceconcerne le mode de financement (absence de financement public et doncune plus grande fragilit financire des EES privs). La question daccs

    au financement public pour le secteur priv cristallise les dbats depuisplusieurs annes. Les relations avec ltat sont au cur de laproblmatique du dveloppement des EES privs. Or, les relations avecltat semblent ambiges et celles avec les EES publics penchent plus versla concurrence que vers la complmentarit.

    Leviers dinfluence de ltat sur le secteur priv

    Du point de vue lgislatif, non seulement ltat russe autorise lexistence

    des tablissements non-publics, mais dclare soutenir dans la mmemesure les deux formes denseignement. Les deux secteurs sont rgis parla mme lgislation qui leur reconnat les mmes droits et obligations,notamment l'occasion des deux procdures principales l'octroi deslicences (licenzirovanie) et l'accrditation (akkreditaci)93. Elles sont liesentre elles : la deuxime nest pas possible sans la premire. Dans lemm