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Les événements météorologiques extrêmes dans un contexte de changement climatique O BSERVATOIRE NATIONAL SUR LES EFFETS DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE La documentation Française Rapport au Premier ministre et au Parlement

Les événements météorologiques extrêmes

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Page 1: Les événements météorologiques extrêmes

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

O BSERVATOIRE NATIONAL SUR LES EFFETS DU REacuteCHAUFFEMENT CL IMATIQUE

Ladocumentation

Franccedilaise

Rapport au Premier ministreet au Parlement

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

O B S E R V AT O I R E N AT I O N A L S U R L E S E F F E T S D U R Eacute C H A U F F E M E N T C L I M AT I Q U E

La documentation Franccedilaise

Rapport au Premier ministreet au Parlement

Publications de lrsquoONERC agrave la Documentation franccedilaise

Un climat agrave la deacuterive comment srsquoadapter Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2005

Strateacutegie nationale drsquoadaptation au changement climatique La Documentation franccedilaise Paris 2007

Changements climatiques et risques sanitaires en France Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2007

Changement climatique Coucircts des impacts et pistes drsquoadaptation Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2009

Villes et adaptation au changement climatique Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2010

Lrsquoadaptation de la France au changement climatique Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2012

Les outre-mer face au deacutefi du changement climatique Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2013

Lrsquoarbre et la forecirct agrave lrsquoeacutepreuve drsquoun climat qui change Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2014

Le littoral dans le contexte du changement climatique Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2015

Adaptation au changement climatique eacutevaluation de la deacutemarche nationale et recommandations Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2016

Vers un 2e plan drsquoadaptation au changement climatique pour la France Enjeux et recommandations Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2017

En application de la loi du 11 mars 1957 (art 41) et du Code de la proprieacuteteacute intellectuelle du 1er juillet 1992 compleacuteteacutes par la loi du 3 janvier 1995 toute reproduction partielle ou totale agrave usage collectif de la preacutesente publication est strictement interdite sans autorisation expresse de lrsquoeacutediteur Il est rappeleacute agrave cet eacutegard que lrsquousage abusif et collectif de la photocopie met en danger lrsquoeacutequilibre eacuteconomique des circuits du livre

copy Direction de lrsquoinformation leacutegale et administrative Paris 2018 ISBN 978-2-11-145703-4

3

Sommaire

MOT DU PREacuteSIDENT RONAN DANTEC 5

REacuteSUMEacute 7

Chapitre A

Introduction 11

Contexte 13

Eacuteveacutenements extrecircmes deacutefinitions 14

Risques lieacutes aux eacuteveacutenements extrecircmes deacutefinitions 21

Les extrecircmes meacuteteacuteorologiques du point de vue des sciences sociales 24

Chapitre B

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel 27

Eacuteveacutenements extrecircmes deacutejagrave observeacutes coucircts humains et financiers 29

Lien entre les changements deacutejagrave observeacutes et les activiteacutes humaines 54

Chapitre C

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene 61

Quel sera lrsquoimpact futur du changement climatique sur les risques naturels majeurs 63

Conclusions 87

Chapitre D

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes 89

La preacutevention et la gestion des risques un eacuteleacutement majeur de lrsquoadaptation au changement climatique 91

La preacutevention des risques naturels majeurs un enjeu qui requiert la mobilisation de tous 94

La preacutevention des risques une politique structureacutee et de long terme qui articule des actions compleacutementaires 100

Reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute et de lrsquoexposition aux risques exemples de mise en œuvre 139

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

4

Conclusion 153

Bibliographie 159

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire 169

Action internationale 171

Politique drsquoadaptation au changement climatique 177

Information formation et communication 178

ANNEXES 187

Annexe 1Glossaire sigles et acronymes 189

Annexe 2Indicateur risque climatique 192

Annexe 3De nouveaux indicateurs de changement des extrecircmes meacuteteacuteorologiques en France 194

Annexe 4Contributeurs et remerciements 198

5

Mot du preacutesident Ronan Dantec

Il y a un an le cyclone Irma deacutevastait plusieurs icircles des Antilles Plus important cyclone depuis Allen en 1980 nous en connaissons les conseacutequences tragiques des morts dans une dizaine de pays des deacutegacircts estimeacutes entre 50 et 100 milliards de dollars

Les scientifiques nous disent aujourdrsquohui que la puissance de ces laquo super-cyclones raquo plus que leur nombre peut ecirctre correacuteleacutee avec le reacutechauffement climatique en cours les tempeacuteratures de lrsquoeau et de lrsquoair Il est donc probable que ces pheacutenomegravenes extrecircmes se reproduisent nous devons nous y preacuteparer

Les difficulteacutes rencontreacutees dans la reconstruction de Saint-Martin ougrave 90 des espaces de vie ont eacuteteacute deacutetruits ou gravement endommageacutes doivent nous interpel-ler et nous amener agrave deacutefinir des orientations majeures dans les choix de recons-truction des bacirctiments la conception des reacuteseaux les systegravemes drsquoassurance incluant le suivi administratif des droits de proprieacuteteacute Crsquoest un lieu commun de souligner que territoires riches et pauvres nrsquoont pas les mecircmes capaciteacutes de reacutesilience de mobilisation des fonds neacutecessaires agrave leur reconstruction Les dif-feacuterences dans la rapiditeacute de reconstruction des diffeacuterentes icircles antillaises disent mieux qursquoun long discours cette reacutealiteacute que nous ne devons pas occulter

Les cyclones antillais ne sont pas la seule conseacutequence extrecircme du changement climatique que nous vivons ces derniers mois canicules incendies meurtriers et deacutevastateurs en Gregravece en Californie et mecircme en Scandinavie seacutecheresseshellip le monde se confronte chaque jour davantage aux conseacutequences du deacuteregraveglement La mission de lrsquoONERC devient ainsi chaque jour plus strateacutegique ses conclu-sions et propositions seront de plus en plus attendues

Ce travail speacutecifique sur les eacuteveacutenements climatiques extrecircmes le premier dont se saisit la commission speacutecialiseacutee mise en place au sein du Conseil national de la transition Eacutecologique est aussi lrsquooccasion de preacuteciser la maniegravere dont nous allons travailler dans la dureacutee agrave partir des thegravemes que nous choisissons collec-tivement Les grands principes qui nous guideront et dont je suis garant en tant que preacutesident de cette commission speacutecialiseacutee doivent ecirctre la colleacutegialiteacute en eacutetant attentif au dialogue et agrave lrsquoeacutecoute entre tous les acteurs lrsquoanalyse sans tabou des reacuteponses apporteacutees parfois dans lrsquourgence aux situations rencontreacutees lrsquoab-sence drsquoautocensure mais en cherchant le consensus dans la deacutefinition de pro-positions agrave la hauteur des enjeux Sans ces exigences nos travaux seront vains

copy Gaeumll Arnaud

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Articuleacute au deuxiegraveme Plan national drsquoadaptation au changement climatique qui est notre feuille de route pour les prochaines anneacutees le travail de notre com-mission doit permettre drsquoenrichir et de guider lrsquoaction publique de mieux lrsquoarticu-ler avec les dynamiques de terrain des acteurs eacuteconomiques des associations des chercheurs et des eacutelus locaux Crsquoest un programme ambitieux mais face agrave la rapiditeacute du deacuteregraveglement climatique nous ne pouvons nous soustraire agrave notre responsabiliteacute collective

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Reacutesumeacute

Notre planegravete est le theacuteacirctre de nombreuses menaces naturelles tempecirctes cyclones inondations mouvements de terrain seacutecheresses Les conseacutequences des catastrophes naturelles sont souvent dramatiques tant du point de vue du bilan humain qursquoen termes de dommages eacuteconomiques La France a eacuteteacute particu-liegraverement eacuteprouveacutee par la canicule de lrsquoeacuteteacute 2003 qui a provoqueacute un excegraves de pregraves de 15 000 deacutecegraves Quant au bilan financier les rapports reacutecents des caisses de reacuteassurance montrent que les coucircts mondiaux des deacutesastres meacuteteacuteorologiques ont atteint un record en 2017 avec plus de 400 milliards de dollars pour ceux ayant pu ecirctre estimeacutes

On parle drsquoeacuteveacutenements extrecircmes ou drsquoextrecircmes climatiques pour deacutesigner agrave la fois les pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques et les pheacutenomegravenes climatiques Le GIEC deacutefinit dans son cinquiegraveme rapport de synthegravese les pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques extrecircmes comme des pheacutenomegravenes rares se produisant en un endroit donneacute et agrave un moment particulier de lrsquoanneacutee Lorsque des conditions climatiques extrecircmes se prolongent on parle de pheacutenomegravene climatique extrecircme

Le preacutesent rapport deacutecrit lrsquoeacutetat de lrsquoart dans le domaine des eacuteveacutenements extrecircmes leur observation leur eacutevolution dans un climat changeant la politique de preacuteven-tion des risques naturels dont les systegravemes de preacutevision et drsquoalerte les crises et leur gestion la reacutesilience et les pistes drsquoadaptation

Les vagues de chaleur font partie des extrecircmes climatiques les plus preacuteoccu-pants au regard de la vulneacuterabiliteacute de nos socieacuteteacutes et de lrsquoeacutevolution attendue au XXIe siegravecle Lrsquoaugmentation de la freacutequence et de lrsquointensiteacute des vagues de chaleur en France est sans eacutequivoque les vagues de chaleur recenseacutees depuis 1947 agrave lrsquoeacutechelle nationale ont eacuteteacute deux fois plus nombreuses au cours des trente-quatre derniegraveres anneacutees que sur la peacuteriode anteacuterieure

On observe eacutegalement en France une augmentation en freacutequence et en intensiteacute des seacutecheresses Lrsquoextension moyenne des seacutecheresses des sols est tregraves nette depuis les anneacutees 1990 Depuis le deacutebut du XXIe siegravecle douze anneacutees sur dix-sept ont deacutepasseacute la moyenne des surfaces toucheacutees sur la peacuteriode 1961-1990 et les anneacutees 2003 2005 2011 et aussi 2017 ont occasionneacute des seacutecheresses de grande ampleur

Pour ce qui concerne lrsquoeacutevolution du risque de feux de forecircts et de broussailles on constate deacutejagrave une hausse marqueacutee de lrsquoIndice feu meacuteteacuteo (IFM) moyen de 18 sur la peacuteriode 1958-2008 sur lrsquoensemble du territoire franccedilais indiquant des condi-tions meacuteteacuteorologiques de plus en plus propices aux incendies

Les mouvements de sol induits par le retrait-gonflement des argiles constituent eacutegalement un risque majeur en raison de lrsquoampleur des deacutegacircts mateacuteriels qursquoils provoquent notamment parce qursquoils touchent la structure mecircme des bacirctiments

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Et ce pheacutenomegravene de retrait-gonflement des argiles srsquoamplifie avec le changement climatique au point drsquoavoir engendreacute 86 milliards drsquoeuros drsquoindemnisation pour des centaines de milliers de maisons en France pour la peacuteriode 1990-2013 En ce qui concerne lrsquoeacutevolution de lrsquointensiteacute et de la freacutequence des pluies intenses lrsquoamplitude des pluies journaliegraveres les plus fortes sur le pourtour meacutediterraneacuteen a augmenteacute de 20 environ entre 1960 et aujourdrsquohui En automne sur les Ceacutevennes la probabiliteacute de deacutepasser aujourdrsquohui des seuils eacuteleveacutes (300 mmjour) comme ceux observeacutes en 2014 a environ tripleacute en soixante-cinq ans En termes de freacutequence le nombre drsquoeacuteveacutenements geacuteneacuterant des cumuls de pluie supeacuterieurs agrave 200 mm est eacutegalement en hausse significative du point de vue sta-tistique depuis 2000

Parmi les eacuteveacutenements extrecircmes les plus meacutediatiseacutes aujourdrsquohui on observe eacutegale-ment une augmentation de lrsquoactiviteacute des cyclones tropicaux dans lrsquoAtlantique nord depuis les anneacutees 1970 et une forte augmentation de leur freacutequence dans les anneacutees 2000 En 2005 on a ainsi releveacute vingt-sept systegravemes cycloniques contre une dizaine par an en moyenne De mecircme la saison 2017 srsquoest distingueacutee avec le nombre record drsquoouragans majeurs (six eacuteveacutenements de cateacutegorie supeacuterieure agrave 3 dont trois ouragans de cateacutegorie 5 Irma Joseacute et Maria)

Agrave plus haute altitude crsquoest lrsquoactiviteacute avalancheuse qui a augmenteacute en particulier dans les massifs du sud des Alpes franccedilaises

Pris de maniegravere indeacutependante aucun eacuteveacutenement climatique ne peut ecirctre attribueacute en tant que tel au changement climatique Toutefois les travaux de recherche eacuteta-blissent que le changement climatique vient modifier la probabiliteacute drsquooccurrence de certains aleacuteas Cela concerne les vagues de chaleur certains types de seacuteche-resses les preacutecipitations intenses dans certaines reacutegions les cyclones les plus intenses et la hausse du niveau des mers

En meacutetropole on peut ainsi anticiper que degraves la peacuteriode 2021-2050 les vagues de chaleur estivales deviendront plus freacutequentes plus longues et plus intenses avec des eacutevolutions plus marqueacutees encore pour le quart Sud-Est de la France Drsquoici la fin du siegravecle pour le sceacutenario tendanciel un eacutepisode tel que celui de lrsquoeacuteteacute 2003 deviendrait courant voire serait reacuteguliegraverement deacutepasseacute tant en intensiteacute qursquoen dureacutee Agrave lrsquoinverse les vagues de froid seront moins freacutequentes moins longues et moins intenses mais ne disparaicirctront pas complegravetement

Le risque de seacutecheresse devrait srsquoaggraver avec une aggravation plus rapide et plus intense des seacutecheresses lieacutees au deacuteficit de preacutecipitation et agrave lrsquoaugmenta-tion de lrsquoeacutevapotranspiration des sols La France risque donc de connaicirctre drsquoici 2100 des seacutecheresses agricoles quasi continues et de grande intensiteacute totale-ment inconnues dans le climat actuel

Les eacutevolutions attendues pour les pluies extrecircmes sont variables geacuteographique-ment cependant une tendance geacuteneacuterale se dessine avec une augmentation de la quantiteacute de pluie tombant au cours des eacutepisodes les plus extrecircmes ndash comme les pheacutenomegravenes dits laquo ceacutevenols raquo (voir annexe 3) ndash principalement en hiver avec

Reacutesumeacute

9

de plus une extension des zones impacteacutees au-delagrave des reacutegions habituellement toucheacutees notamment vers le Sud-Est ou les Pyreacuteneacutees

Les territoires exposeacutes aux risques drsquoincendies de forecircts devraient ecirctre plus eacutetendus couvrant une part importante de la forecirct des Landes agrave lrsquohorizon 2040 et les forecircts de Sologne agrave lrsquohorizon 2060

Le reacutechauffement des oceacuteans accompagneacute de la fonte des glaciers engendre une hausse du niveau marin de plusieurs millimegravetres par an en acceacuteleacuteration sur les derniegraveres deacutecennies Drsquoici 2100 la hausse devrait ecirctre de plusieurs dizaines de centimegravetres voire un megravetre de maniegravere non uniforme selon les cocirctes Cela est de nature agrave accroicirctre le risque de submersion marine mais aussi selon les cocirctes les effets drsquoeacuterosion littorale

Dans les Alpes franccedilaises drsquoici la fin du siegravecle le nombre drsquoavalanches devrait diminuer tandis que les deacuteclenchements de laves torrentielles devraient augmen-ter significativement

Les eacutetudes actuelles ne permettent pas de mettre en eacutevidence une tendance future notable sur lrsquoeacutevolution du risque de vent violent lieacute aux tempecirctes En outre-mer les simulations du climat pour le XXIe siegravecle indiquent que les cyclones ne devraient pas ecirctre plus nombreux mais plus intenses

LrsquoOrganisation meacuteteacuteorologique mondiale rappelle que les pheacutenomegravenes lieacutes au temps au climat et agrave lrsquoeau sont agrave lrsquoorigine de 90 des catastrophes naturelles Qursquoils soient drsquoorigine climatique ou non la reacuteponse aux eacuteveacutenements extrecircmes mise en place par la politique de preacutevention des risques naturels majeurs vise agrave preacutevenir les atteintes agrave la vie humaine reacuteduire les conseacutequences preacutevisibles et les dommages potentiels des eacuteveacutenements agrave geacuterer les crises et les catastrophes quand elles surviennent anticiper les situations post-crise et reacuteparer les dommages

En France cette politique srsquoappuie sur un socle comprenant le dispositif laquo reacutegime CatNat raquo instaureacute en 1982 qui repose sur un meacutecanisme public-priveacute de solidariteacute nationale couvrant tous les particuliers disposant drsquoun contrat drsquoassurance laquo dom-mages raquo pour lrsquoindemnisation et le Fonds de Preacutevention des Risques Naturels Majeurs (FPRNM dit laquo Fonds Barnier raquo) creacuteeacute en 1995 pour la soutien agrave la preacuteven-tion La preacutevention des risques repose historiquement sur la mobilisation drsquooutils de maicirctrise de lrsquourbanisme dans les zones agrave risques et de reacuteduction de la vulneacutera-biliteacute du bacircti existant tel que le plan de preacutevention des risques naturels (PPRN) Elle srsquoinscrit de plus en plus dans une approche complegravete de tous les axes de la preacutevention en particulier dans les programmes drsquoaction de preacutevention du risque drsquoinondation (PAPI) porteacutes par les collectiviteacutes locales

La preacutevention des risques naturels majeurs doit se faire sur des territoires perti-nents Dans le cas des inondations elle se fait ainsi agrave des eacutechelles emboicircteacutees agrave la fois agrave lrsquoeacutechelle du bassin hydrographique du bassin versant et du territoire agrave risque important drsquoinondation dans des deacutemarches drsquoameacutenagement durable des territoires

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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La preacutevention des risques naturels articule sept axes drsquoaction qui sont chacun indispensables et doivent ecirctre mis en œuvre de maniegravere compleacutementaire connais-sance surveillance information maicirctrise de lrsquourbanisme reacuteduction de la vulneacute-rabiliteacute gestion de crise retour drsquoexpeacuterience Dans le cadre de lrsquoeacutelaboration du deuxiegraveme plan national drsquoadaptation au changement climatique (PNACC-2) les dis-cussions relatives agrave la preacutevention des risques naturels et agrave la reacutesilience des ter-ritoires ont conforteacute la politique mise en œuvre la prioriteacute est sa mise en œuvre efficace par tous les acteurs Ainsi est ressortie la neacutecessiteacute drsquoun portage local de cette politique qui dans la dureacutee devrait ecirctre de moins en moins jacobine et eacutemaner de plus en plus des territoires le besoin plus important que jamais drsquoune mise agrave jour des connaissances et drsquoun approfondissement de la connaissance des aleacuteas les plus impacteacutes par le changement climatique la mise en place drsquoou-tils nouveaux non plus pour reacuteduire la vulneacuterabiliteacute des territoires mais pour per-mettre leur transformation et ainsi leur adaptation aux eacuteveacutenements climatiques actuels et futurs Les actions preacutevues dans le PNACC-2 complegravetent ainsi la preacute-vention des risques naturels par le mise en exergue drsquooutils tregraves transversaux comme le deacuteveloppement drsquoun service drsquoattribution des eacuteveacutenements extrecircmes lrsquoadaptation de la gestion forestiegravere agrave lrsquoaccroissement preacutevisible des risques drsquoin-cendies en termes de freacutequence drsquooccurrences et de surfaces concerneacutees la limi-tation de la consommation drsquoespaces naturels agricoles et forestiers la meilleure infiltration des preacutecipitations dans le sol la meilleure reacutesilience des bacirctiments la transformation des territoires les plus exposeacutes aux effets du changement cli-matiquehellip Ils permettront de minimiser les impacts attendus du changement cli-matique en renforcement des politiques deacutejagrave en place de gestion des risques naturels majeurs et des risques sanitaires

Des exemples de mise en œuvre locale drsquoactions visant agrave reacuteduire les risques naturels sont preacutesenteacutes

Lrsquoameacutelioration continue des connaissances permettra de preacuteciser les impacts futurs du changement climatique Les incertitudes ineacutevitables ne doivent pas empecirccher une action indispensable pour se preacuteparer degraves agrave preacutesent agrave une tem-peacuterature moyenne mondiale supeacuterieure de 2 degC agrave celle de lrsquoegravere preacuteindustrielle Lrsquoeffort meneacute pour lrsquoatteacutenuation nrsquoenlegraveve aucune pertinence aux actions drsquoadap-tation au changement climatique qui sont clairement compleacutementaires Le chan-gement climatique donne une nouvelle actualiteacute agrave la preacutevention des risques naturels et fait ressortir la neacutecessiteacute de la mobiliser au mieux La limitation de lrsquoexposition drsquoenjeux (habitations entreprises hellip) existants ou nouveaux doit plus que jamais ecirctre une prioriteacute dans le contexte drsquoaleacuteas croissants et se faire dans une deacutemarche drsquoameacutenagement durable des territoires en articulation eacutetroite avec drsquoautres politiques comme celle de la gestion de lrsquoeau de preacuteservation de la nature ou de la construction

Chapitre AIntroduction

copy Cerema

Introduction

13

Contexte

Auteur Jeacuterocircme Duvernoy

MTES DGECSCEEONERC

Notre planegravete est le theacuteacirctre de nombreuses menaces naturelles tempecirctes cyclones inondations mouvements de terrain seacutecheresses Les conseacutequences des catastrophes naturelles sont souvent dramatiques tant du point de vue du bilan humain qursquoen termes de dommages eacuteconomiques 1 LrsquoOrganisation meacuteteacuteo-rologique mondiale rappelle que les pheacutenomegravenes lieacutes au temps au climat et agrave lrsquoeau sont agrave lrsquoorigine de 90 des catastrophes naturelles Les rapports reacutecents des reacuteassureurs le deacutemontrent avec des chiffres saisissants en 2017 les coucircts mondiaux des deacutesastres meacuteteacuteorologiques ont atteint un record avec plus de 400 milliards de dollars pour ceux ayant pu ecirctre estimeacutes 2 Pour certains aleacuteas le contexte de changement climatique pourrait se traduire par une recrudescence des eacuteveacutenements extrecircmes ou des impacts accrus en termes de risques pour les populations et les activiteacutes eacuteconomiques exposeacutees de santeacute et de fragilisation des eacutecosystegravemes Cela concernerait les vagues de chaleur certains types de seacutecheresses les preacutecipitations intenses dans certaines reacutegions les aleacuteas gravi-taires qui leur sont souvent associeacutees en zone de relief (glissements de terrain laves torrentielles avalanches etc) les cyclones les plus intenses et la hausse du niveau des mers Le degreacute de certitude de ces tendances (voire de leur exis-tence ou de leur sens drsquoeacutevolution) deacutepend toutefois du type drsquoeacuteveacutenement et de la zone consideacutereacutes

On distingue les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes et les eacuteveacutenements clima-tiques extrecircmes qui ne se situent pas sur la mecircme freacutequence temporelle Ainsi les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes sont typiquement associeacutes agrave des pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques eacutevoluant dans une eacutechelle de temps infeacuterieure agrave une journeacutee ou au maximum de quelques jours tandis que les eacuteveacutenements cli-matiques extrecircmes surviennent sur une peacuteriode plus longue Ils peuvent reacutesul-ter de lrsquoaccumulation de plusieurs eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques (extrecircmes ou non) Par exemple lrsquoaccumulation de jours faiblement pluvieux tout au long de la saison peut conduire agrave une saison nettement en dessous de la moyenne voire agrave une seacutecheresse

Dans un souci de simplification et selon la terminologie usuellement utiliseacutee ce rapport emploiera le terme drsquo laquo extrecircme climatique raquo pour deacutesigner soit un pheacuteno-megravene meacuteteacuteorologique extrecircme soit un eacuteveacutenement climatique extrecircme Bien qursquoils srsquoagissent drsquoeacuteveacutenements naturels les seacuteismes et les eacuteruptions volcaniques sont exclus de cette eacutetude car sans lien avec le changement climatique

1 Livre blanc Feacutedeacuteration franccedilaise de lrsquoassurance (FFA) 2015

2 NOAA Ball State University Center for Business and Economic Research Reuters CoreLogic

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

14

Par deacutefinition 3 les eacuteveacutenements climatiques sont qualifieacutes drsquoextrecircmes lorsqursquoune variable meacuteteacuteorologique ou climatique prend une valeur situeacutee au-dessus (ou au-dessous) drsquoun seuil proche de la limite supeacuterieure (ou infeacuterieure) de la plage des valeurs observeacutees pour cette variable Le cinquiegraveme rapport de synthegravese du GIEC (AR5) 4 nous rappelle qursquoil srsquoagit drsquoun pheacutenomegravene rare en un endroit et agrave un moment de lrsquoanneacutee Mecircme si les deacutefinitions du mot rare varient un pheacutenomegravene meacuteteacuteoro-logique extrecircme devrait normalement se produire rarement les seuils eacutetant fixeacutes de telle maniegravere que moins de 10 des pheacutenomegravenes observeacutes soient qualifieacutes drsquoextrecircmes Ces seuils sont eacutegalement deacutefinis en fonction du besoin projections statistiques assurance social eacuteconomiquehellip Dans lrsquoabsolu les caracteacuteristiques de conditions meacuteteacuteorologiques qualifieacutees drsquoextrecircmes peuvent varier drsquoun lieu agrave un autre Selon le type drsquoeacuteveacutenement le changement climatique pourrait avoir un impact sur la freacutequence (rareteacute) ou sur lrsquointensiteacute des eacuteveacutenements extrecircmes

Ce rapport est composeacute de plusieurs chapitres Lrsquointroduction rappelle le contexte et les deacutefinitions mais donne eacutegalement un point de vue plus social Le chapitre B est consacreacute aux eacuteveacutenements extrecircmes passeacutes Le chapitre suivant srsquointerroge sur les eacutevolutions possibles de ces diffeacuterents eacuteveacutenements dans un contexte de changement climatique Une seacutelection drsquoeacuteveacutenements reacutecents est eacutetudieacutee en deacutetail Les derniers chapitres sont consacreacutes agrave la politique franccedilaise drsquoadapta-tion au changement climatique et de gestion des risques naturels majeurs aux exemples drsquoadaptation possibles et agrave la conclusion Les eacuteveacutenements extrecircmes sont passeacutes en revue en commenccedilant par les eacuteveacutenements climatiques et leurs impacts puis les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques Les effets de cascade ou effet domino drsquoun eacuteveacutenement deacuteclencheur drsquoun autre eacuteveacutenement majeur ne sont pas eacutetudieacutes dans ce rapport

Eacuteveacutenements extrecircmes deacutefinitions

Auteur Jeacuterocircme Duvernoy

MTES DGECSCEEONERC

Vagues de chaleur canicules vagues de froid de quoi parle-t-on LrsquoOMM deacutefinit les vagues de chaleur comme un temps inhabituellement chaud et sec ou chaud et humide qui dure au moins deux agrave trois jours et qui produit le plus souvent un impact sensible sur la santeacute humaine et les systegravemes naturels Dans le volume 4 du rapport Le climat de la France au 21e siegravecle (Ouzezau et al 2014) les vagues de chaleur eacutetaient deacutefinies comme des peacuteriodes de cinq jours conseacutecutifs avec une tempeacuterature maximale supeacuterieure de 5 degreacutes agrave la normale 1976-2005 Une meacutethode de deacutetection a posteriori des vagues de chaleur a eacuteteacute mise au point dans

3 Managing the Risks of Extreme Events and Disasters to Advance Climate Change Adaptation httpswwwipccchreportsrex

4 httpswwwipccchreportar5syr

Introduction

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le cadre du projet Extremoscope pour ecirctre applicable agrave toutes les eacutechelles spa-tiales et tous les horizons temporels (Soubeyroux et al 2016)

Les deacutefinitions issues du Plan national canicule 5 font office de reacutefeacuterence pour le deacuteclenchement des alertes La canicule y est deacutefinie comme une peacuteriode ougrave les moyennes glissantes sur trois jours des tempeacuteratures minimales et maximales atteignent des seuils drsquoalerte deacutepartementaux ces seuils pouvant ecirctre moduleacutes par des facteurs aggravants de la chaleur (humiditeacute preacutecociteacute pollution de lrsquoair fac-teurs populationnels de type grands rassemblementshellip) en lien avec les Agences reacutegionales de santeacute (ARS) La canicule est donc caracteacuteriseacutee par des peacuteriodes de tempeacuteratures eacuteleveacutees de jour comme de nuit Ces peacuteriodes sont susceptibles de constituer un risque pour lrsquoensemble de la population exposeacutee

On parle drsquoeacutepisode persistant de chaleur lorsque les tempeacuteratures sont eacuteleveacutees et perdurent dans le temps (plus de trois jours) proche ou en dessous des seuils drsquoalerte deacutepartementaux et de pic de chaleur pour lrsquoatteinte de tempeacuteratures maximales pouvant atteindre des records mais sur une dureacutee tregraves courte (un agrave deux jours)

Une vague de froid est un eacutepisode de temps froid caracteacuteriseacute par sa persistance son intensiteacute et son eacutetendue geacuteographique pendant au moins deux jours les tempeacuteratures atteignent des valeurs nettement infeacuterieures (de 5 degC) agrave une valeur de reacutefeacuterence de la reacutegion concerneacutee En France la vigilance meacuteteacuteorologique utilise comme indicateur lrsquoindice de refroidissement eacuteolien prenant en compte lrsquoeffet de la tempeacuterature et du vent et un seuil unique pour toute la France

Il faut distinguer plusieurs types de seacutecheresses (Wilhite et Glantz 1985) La seacutecheresse meacuteteacuteorologique correspond agrave un deacuteficit prolongeacute de preacutecipitations La seacutecheresse agricole se caracteacuterise par un deacuteficit en eau des sols superfi-

ciels (entre 1 et 2 m de profondeur) suffisant pour alteacuterer le bon deacuteveloppement de la veacutegeacutetation Elle deacutepend des preacutecipitations et tient compte de lrsquoeacutevapora-tion des sols et de la transpiration des plantes (lrsquoeau puiseacutee par les racines est eacutevaporeacutee au niveau des feuilles) La seacutecheresse agricole est donc sensible aux preacutecipitations agrave lrsquohumiditeacute et agrave la tempeacuterature de lrsquoair au vent mais aussi agrave la nature des plantes et des sols

La seacutecheresse hydrologique se manifeste lorsque les lacs riviegraveres ou nappes souterraines montrent des niveaux anormalement bas Elle deacutepend des preacutecipi-tations mais aussi de lrsquoeacutetat du sol influant sur le ruissellement et lrsquoinfiltration Le reacuteseau hydrographique deacutetermine les temps de reacuteponse aux deacuteficits de preacute-cipitations observeacutes sur diffeacuterentes peacuteriodes

La seacutecheresse geacuteotechnique est une peacuteriode de longueur variable caracteacute-riseacutee par un deacuteficit pluviomeacutetrique plus ou moins marqueacute et se traduisant par une diminution de la teneur en eau de lrsquohorizon du sous-sol

5 httpssolidarites-santegouvfractualitespressecommuniques-de-pressearticleplan-national-canicule

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

16

Lrsquoincendie de forecirct ou feux de forecirct est laquo une combustion qui se deacuteveloppe sans controcircle dans le temps et dans lrsquoespace raquo En plus des forecircts au sens strict les incendies concernent des formations subforestiegraveres de petite taille par exemple le maquis la garrigue et les landes drsquoau moins un hectare

En France meacutetropolitaine trente-deux deacutepartements sont aujourdrsquohui identifieacutes par le Code forestier comme particuliegraverement exposeacutes au risque de feux de forecirct La reacutegion meacutediterraneacuteenne (avec 4 millions drsquohectares de maquis) et le massif aqui-tain (avec 1 million drsquohectares de forecircts de pins dans les Landes) sont les reacutegions les plus exposeacutees au risque incendie Les laquo feux de forecircts raquo se produisent prin-cipalement en eacuteteacute mais peuvent eacutegalement se deacutevelopper en hiver du fait de la seacutecheresse dans certaines reacutegions Les conditions meacuteteacuteorologiques (vent chaleur hygromeacutetrie seacutecheresse) ont une grande influence sur la nature des feux de forecircts

Le retrait par assegravechement des sols argileux lors drsquoune seacutecheresse prononceacutee (seacutecheresse geacuteotechnique) etou durable produit des deacuteformations de la surface des sols (tassements diffeacuterentiels) Il peut ecirctre suivi de pheacutenomegravenes de gonflement au fur et agrave mesure du reacutetablissement des conditions hydrogeacuteologiques initiales ou plus rarement de pheacutenomegravenes de fluage avec ramollissement Le pheacutenomegravene de retrait-gonflement des argiles engendre reacuteguliegraverement sur le territoire franccedilais des deacutegacircts consideacuterables aux bacirctiments ayant deacutepasseacute 60 millions drsquoeuros cumuleacutes par deacutepartement entre 1989 et 1998 En raison notamment de leurs fondations superficielles les maisons individuelles sont particuliegraverement vulneacuterables agrave ce pheacutenomegravene Plus de 4 millions de maisons seraient potentiellement exposeacutees 6

Les pluies extrecircmes 7 sont caracteacuteriseacutees par lrsquoapport drsquoune importante quantiteacute drsquoeau sur une courte dureacutee (drsquo1 heure agrave une journeacutee) Cette quantiteacute peut eacutegaler celle reccedilue habituellement en un mois voire en plusieurs mois Des cumuls de lrsquoordre de 50 mm en 24 heures dans la plupart des reacutegions de plaine et de lrsquoordre de 100 mm en 24 heures dans les reacutegions montagneuses sont consideacutereacutes comme des seuils critiques Le deacutepassement de ces seuils peut provoquer lorsque la nature du terrain srsquoy precircte de graves inondations Pour les pheacutenomegravenes les plus violents le cumul des preacutecipitations deacutepasse geacuteneacuteralement les 100 mm en une heure Dans le Sud de la France les cumuls observeacutes peuvent mecircme deacutepasser 500 mm en 24 heures

Les tempecirctes et les cyclones 8 La deacutenomination de vent violent srsquoapplique en meacuteteacuteorologie aux vents de force 10 agrave 12 sur lrsquoeacutechelle de Beaufort crsquoest-agrave-dire aux vents moyens atteignant au moins 89 kmh (valeur minimale de la force 10)

6 httpwwwstatistiquesdeveloppement-durablegouvfrfileadmindocumentsProduits_editoriauxPublicationsDatalab_essentiel2017datalab-essentiel-122-retrait-gonflement-argiles-octobre2017pdf

7 httppluiesextremesmeteofr

8 httpwwwmeteofrancefrprevoir-le-tempsphenomenes-meteoles-tempetes

Introduction

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Dans le langage courant et notamment dans le cadre de la laquo garantie tempecircte raquo en France des contrats drsquoassurance la reacutefeacuterence concerne les rafales supeacuterieures agrave 100 kmh 9 Ainsi lorsque le vent atteint les 100 kmh dans lrsquointeacuterieur des terres et 120 kmh (voire 130 kmh) sur les cocirctes la deacutepression agrave lrsquoorigine de ces vents sera qualifieacutee de laquo tempecircte raquo Ce terme deacutesigne donc agrave la fois une zone eacutetendue de vents violents et la deacutepression qui les geacutenegravere

Les tempecirctes affectant plus de 10 du territoire seront qualifieacutees de laquo majeures raquo au niveau national

Des deacutefinitions speacutecifiques existent en meacuteteacuteo marine et tropicale Ainsi en meacuteteacuteoro-logie marine une tempecircte correspond agrave la force 10 de lrsquoeacutechelle de Beaufort crsquoest-agrave-dire agrave des vents moyens de 89 agrave 117 kmh et des rafales de 110 agrave 150 kmh

En meacuteteacuteorologie tropicale on appelle laquo tempecircte tropicale raquo une deacutepression obser-veacutee au niveau des latitudes tropicales ou subtropicales dont les vents moyens sont compris entre 62 et 117 kmh Au-delagrave de ces valeurs la deacutepression devient un laquo cyclone tropical raquo 10 Ces pheacutenomegravenes tourbillonnaires de pression centrale tregraves basse mesurent en moyenne de 500 agrave 1 000 km de diamegravetre mais peuvent parfois atteindre des dimensions beaucoup plus importantes (le typhon Tip observeacute dans le Pacifique en 1979 avait un diamegravetre de pregraves de 2 200 km) Les Antilles Franccedilaises lrsquoicircle de La Reacuteunion sont particuliegraverement exposeacutees agrave ces pheacutenomegravenes

En Europe le risque inondation est le premier risque naturel climatique par lrsquoim-portance des dommages qursquoil provoque le nombre de communes concerneacutees lrsquoeacutetendue des zones inondables et les populations reacutesidant dans ces zones Plus de 171 millions de personnes en France sont par exemple exposeacutees aux inonda-tions par deacutebordement de cours drsquoeau soit environ un habitant sur quatre

Les inondations touchent plus de personnes dans le monde que nrsquoimporte quel autre aleacutea Celles-ci peuvent prendre de nombreuses formes

crue ou deacutebordement de cours drsquoeau ruissellement en surface submersion marine (inondation temporaire des zones cocirctiegraveres par la mer dans

des conditions meacuteteacuteorologiques etou de mareacutees deacutefavorables) remonteacutee de nappe phreacuteatique rupture drsquoouvrage autres rupture de poche glaciaire deacutebordement de reacuteseau drsquoeaux pluviales

Agrave lrsquoorigine de ces pheacutenomegravenes sauf cas de rupture drsquoouvrage se trouve un aleacutea meacuteteacuteorologique fortes pluies en intensiteacute ou en dureacutee pour le ruissellement et pour les crues ainsi que pour les remonteacutees de nappes houle de forte intensiteacute

9 wwwffa-assurancefr

10 Selon la reacutegion du globe les cyclones prennent un nom diffeacuterent ouragan en Atlantique Nord typhon en Asie de lrsquoEst meacutedicane dans le bassin meacutediterraneacuteen cyclone dans les autres bassins oceacuteaniques

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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etou niveau marin eacuteleveacute pour la submersion marine 11 orages tempecirctes cyclones en outre-mer Les submersions marines peuvent avoir eacutegalement une autre origine comme un seacuteisme sous-marin dans le cas des tsunamis Ce cas nrsquoest pas traiteacute dans ce rapport car il ne provient pas drsquoun pheacutenomegravene atmospheacuterique

Dans les reacutegions de montagne certains versants pentus sont souvent affecteacutes par des processus appeleacutes laves torrentielles ou couleacutees de deacutebris ou debris flows en anglais (Jomelli V IRSTEA) Ces couleacutees de deacutebris se caracteacuterisent par un meacutelange drsquoeau et de seacutediments (Meunier 1991 Blijenberg 1988) Ils forment des modeleacutes associant en contrebas drsquoune paroi rocheuse un chenal bordeacute par des leveacutees et agrave lrsquoaval un deacutepocirct reacutesultant de lrsquoaccumulation de deacutebris sous forme de langue ou drsquoeacuteventail (Van Steijn et al 1988 Nieuwenhuijzen and Van Steijn 1990 Van Steijn 1991 1996 Remaitre et al 2005) (fig A1) Le terme geacuteneacuteral de debris flow rassemble cependant des formes varieacutees de mouvements de masse (Meunier 1991) On distingue usuellement les laves torrentielles corres-pondant agrave un eacutecoulement turbulent drsquoeau chargeacutee en seacutediments dans un chenal raide des couleacutees de deacutebris superficielles (Coussot 1994) Ces derniegraveres cor-respondent agrave un eacutecoulement superficiel rapide ou extrecircmement rapide sur une pente raide sans confinement dans un chenal preacuteeacutetabli partiellement ou tota-lement satureacute de deacutebris (Hungr 2005) Celles-ci ne seront pas eacutetudieacutees ici car leurs impacts sur les socieacuteteacutes sont geacuteneacuteralement limiteacutes (Jomelli et al 2011) et leurs caracteacuteristiques morphoseacutedimentaires ainsi que leur fonctionnement sont peu diffeacuterents des laves torrentielles (Jomelli et al 2011)

Dans le deacutetail il existe plusieurs types de laves torrentielles en fonction de la concentration en seacutediments (fig A2) On peut distinguer les laves torrentielles transportant des seacutediments de toute taille des laves torrentielles immatures elles-mecircmes diffeacuterentes des eacutecoulements torrentiels agrave charge de fond Il existe un continuum entre ces diffeacuterents eacutecoulements mais les conditions de deacuteclen-chement et la dynamique diffegraverent sensiblement drsquoun type agrave lrsquoautre

Le manteau neigeux formeacute de lrsquoaccumulation successive de couches de neige est en perpeacutetuelle eacutevolution Une fois au sol les cristaux de glace continuent de se transformer et les strates eacutevoluent au greacute du vent des chutes de neige et drsquoautres interactions avec lrsquoatmosphegravere Lrsquoinstabiliteacute du manteau neigeux peut alors conduire agrave lrsquooccurrence drsquoavalanches

On distingue souvent les deacuteclenchements drsquoavalanches spontaneacutes et provoqueacutes

Les deacuteparts spontaneacutes donnent lieu agrave des avalanches dites naturelles Ils sont essentiellement drsquoorigine meacuteteacuteorologique le plus souvent conseacutecutifs agrave drsquoim-portantes chutes de neige ils peuvent aussi ecirctre causeacutes par lrsquohumidification du manteau neigeux sous lrsquoeffet de la pluie du redoux ou encore du rayonnement solaire Ces avalanches si elles sont suffisamment grandes peuvent toucher des infrastructures des routes ou des habitations et de ce fait causer des deacutegacircts et parfois des victimes en fond de valleacutee

11 Se reacutefeacuterer au Rapport ONERC 2015 Le littoral dans le contexte du changement climatique

Introduction

19

Figure A2 ndash Les diffeacuterents types drsquoeacutecoulement

(A charriage 1er mai 2015 B lave immature 21 juillet 2017 C lave 4 juillet 2018) torrent du Manival (Isegravere)

Photos Irstea

Figure A1 ndash Lave torrentielle sous couvert forestier dans le massif des Eacutecrins (juillet 2014)

On distingue un chenal et des leveacutees lateacuterales avec granoclassement Certains arbres montrent des traces drsquoeacuterosion sur la face amont de leur tronc et sont couverts de deacutepocircts sablo argileux donnant une indication de la hauteur de lrsquoeacutecoulement (flegraveche rouge) Lrsquoeacutechelle est donneacutee par la pochette drsquoun appareil photo en bas agrave droite

Photo Irstea

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

20

Les deacuteclenchements provoqueacutes aussi appeleacutes accidentels dus au passage de pratiquants de la montagne (skieurs randonneurshellip) sont essentiellement lieacutes agrave la qualiteacute de la neige et agrave lrsquoempilement des couches ainsi qursquoagrave la raideur et agrave la forme de la pente Ils sont responsables de la tregraves grande majoriteacute des bles-sures et deacutecegraves par avalanche et nrsquoentraicircnent que tregraves rarement des avalanches de grande ampleur pouvant engendrer des dommages dans les valleacutees

Les eacuteveacutenements extrecircmes neigeux sont issus de tempecirctes de neige produites par des deacutepressions meacuteteacuteorologiques hivernales importantes Entre la fin de lrsquoau-tomne et le deacutebut du printemps de tels systegravemes se forment dans une masse drsquoair sous le point de congeacutelation et les preacutecipitations tombent sous forme de neige en quantiteacute importante

Lrsquoimpact drsquoune tempecircte de neige varie selon lrsquoendroit ougrave elle se produit Les reacutegions ougrave de tels pheacutenomegravenes se produisent reacuteguliegraverement sont eacutequipeacutees pour les sur-monter alors que les villes ougrave elles se produisent rarement peuvent ecirctre paralyseacutees par quelques centimegravetres au sol Par exemple le 7 feacutevrier 2018 lrsquoicircle-de-France a connu des chutes de neige remarquables pour la reacutegion Ainsi la couche a atteint 15 agrave 20 cm sur les Yvelines et le Val-drsquoOise et 12 cm agrave Paris Il faut remonter au mois de mars 2013 pour retrouver les derniegraveres chutes de neige aussi impor-tantes en reacutegion parisienne Lrsquoabondance de la neige se conjugue souvent agrave des vents forts geacuteneacuterateurs de congegraveres Parmi les nombreux risques induits par les extrecircmes neigeux et les tempecirctes hivernales figurent ainsi la rupture drsquoinfrastruc-tures critiques (voies de communications lignes eacutelectriques) la perturbation du transport aeacuterien voire lrsquoeffondrement de toitures La vulneacuterabiliteacute aux eacuteveacutenements

neigeux des territoires tels que lrsquoicircle-de-France est issue de la conjonction entre un eacuteveacutenement neigeux extrecircme une population tregraves dense non habitueacutee et non eacutequipeacutee et un manque de moyens (saleuse deacuteneigeuse) Il convient eacutegalement de noter une faiblesse des eacuteleacutements de connaissances sur lrsquoattribution et lrsquoeacutevo-lution des tempecirctes hivernales geacuteneacuteratrices de forts eacuteveacutenements neigeux dans le contexte du changement climatique De ce fait ce type drsquoeacuteveacutenement nrsquoest pas traiteacute de maniegravere complegravete dans ce rapport

Introduction

21

Risques lieacutes aux eacuteveacutenements extrecircmes deacutefinitions

Auteurs Jeacuterocircme Duvernoy

MTES DGECSCEEONERC

Le Service des Risques Naturels et Hydrauliques

MTES DGPRSRNH

Lrsquoexistence drsquoun risque naturel deacutecoule de lrsquoarticulation drsquoun pheacutenomegravene naturel intense ndash cet eacuteveacutenement eacutetant par nature incertain on le deacutesigne sous le terme drsquoaleacutea ndash et de la preacutesence drsquoenjeux qui repreacutesentent lrsquoensemble des personnes et des biens (ayant une valeur moneacutetaire ou non) pouvant ecirctre affecteacutes par ce pheacutenomegravene Les conseacutequences drsquoun aleacutea sur les enjeux sont diffeacuterentes selon la vulneacuterabiliteacute de ces enjeux

On parle de risque naturel laquo majeur raquo lors de la survenue drsquoun eacuteveacutenement drsquoorigine naturelle dont les effets peuvent mettre en jeu un grand nombre de personnes occasionner des dommages importants et deacutepasser les capaciteacutes de reacuteaction de la socieacuteteacute Le qualificatif de laquo majeur raquo est bien sucircr deacutelicat agrave deacutefinir et peut varier dans le temps et dans lrsquoespace Les risques majeurs peuvent ecirctre caracteacuteriseacutes agrave la fois par une probabiliteacute drsquooccurrence faible et une graviteacute telle qursquoelle cause de nombreuses victimes et drsquoimportants dommages aux biens et agrave lrsquoenvironnement

Un des critegraveres possibles pour qualifier un risque de laquo majeur raquo repose sur les modaliteacutes de prise en charge des sinistres suite agrave un eacuteveacutenement Dans le systegraveme franccedilais actuel peut ecirctre regardeacute comme majeur un eacuteveacutenement qui relegraveve de la reacuteassurance notamment agrave travers le meacutecanisme de reconnaissance drsquoeacutetat de catastrophe naturelle La France est lrsquoun des pays agrave srsquoecirctre doteacutes drsquoun dispositif garantissant agrave chacun de ses citoyens une indemnisation systeacutematique en cas de sinistre causeacute par un pheacutenomegravene naturel exceptionnel Instaureacute en 1982 le reacutegime drsquoindemnisation dit laquo reacutegime CatNat raquo repose sur un meacutecanisme public-priveacute de solidariteacute nationale et couvre tous les particuliers disposant drsquoun contrat drsquoassurance laquo dommages raquo Il fonctionne sur la base drsquoune prime additionnelle drsquoassurance qui srsquoeacutelegraveve agrave 12 de la prime sur le bacircti et agrave 6 sur les veacutehicules motoriseacutes Ces primes sont reacuteassureacutees au niveau national principalement par lrsquoentreprise agrave capitaux publics Caisse Centrale de Reacuteassurance (CCR) En cas drsquoeacuteveacutenement drsquoampleur exceptionnelle qui provoquerait des dommages supeacute-rieurs aux reacuteserves de reacuteassurance lrsquoEacutetat apporte sa garantie Pour une inondation par exemple le processus drsquoindemnisation preacutevu par le reacutegime de catastrophes naturelles nrsquoest deacuteclencheacute agrave ce jour que si le pheacutenomegravene eacutetait au moins de type deacutecennal (peacuteriode de retour supeacuterieure agrave dix ans)

En 2015 et 2016 4 341 eacutetats de catastrophes naturelles ont eacuteteacute reconnus en France avec des dommages assureacutes de lrsquoordre de 5 milliards drsquoeuros

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

22

Encadreacute 1

Deacutefinition du risque

Aleacutea danger peacuteril

Pheacutenomegravene ou tendance physique naturel ou anthropique ou incidence physique susceptible drsquoentraicircner des pertes en vies humaines des bles-sures ou autres effets sur la santeacute ainsi que des deacutegacircts et des pertes touchant les biens les infrastructures les moyens de subsistance la four-niture des services les eacutecosystegravemes et les ressources environnementales

Vulneacuterabiliteacute

Degreacute par lequel un systegraveme risque de subir ou drsquoecirctre affecteacute neacutegativement par les effets neacutefastes des changements climatiques y compris la varia-biliteacute climatique et les pheacutenomegravenes extrecircmes La vulneacuterabiliteacute deacutepend du caractegravere de lrsquoampleur et du rythme des changements climatiques aux-quels un systegraveme est exposeacute ainsi que de sa sensibiliteacute et de sa capa-citeacute drsquoadaptation (GIEC 2007) Propension ou preacutedisposition agrave subir des dommages La vulneacuterabiliteacute englobe divers concepts ou eacuteleacutements notam-ment les notions de sensibiliteacute ou de fragiliteacute et lrsquoincapaciteacute de faire face et de srsquoadapter (GIEC 2014)

Figure A3 ndash Le rapport SREX analyse comment lrsquoexposition et la vulneacuterabiliteacute aux pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques et climatiques deacuteterminent les conseacutequences et la probabiliteacute drsquoune catastrophe (le risque de catastrophe)

Source GIEC SREX

Introduction

23

Exposition

Preacutesence de personnes de moyens de subsistance drsquoespegraveces ou drsquoeacuteco-systegravemes de fonctions ressources ou services environnementaux drsquoeacuteleacute-ments drsquoinfrastructure ou de biens eacuteconomiques sociaux ou culturels dans un lieu ou dans un contexte susceptibles de subir des dommages (GIEC 2007)

La norme ISO 14 090 preacutecise dans une note que lrsquoexposition peut chan-ger au fil du temps par exemple agrave la suite drsquoun changement drsquoaffecta-tion des terres

Risque

Conseacutequences eacuteventuelles et incertaines drsquoun eacuteveacutenement sur quelque chose ayant une valeur compte tenu de la diversiteacute des valeurs Le risque est souvent repreacutesenteacute comme la probabiliteacute drsquooccurrence de tendances ou drsquoeacuteveacutenements dangereux que viennent amplifier les conseacutequences de tels pheacutenomegravenes ou tendances lorsqursquoils se produisent

Les risques naissent de la conjonction drsquoun pheacutenomegravene physique deacuteclen-cheur et drsquoune situation de vulneacuterabiliteacute et drsquoexposition des personnes et des biens

Figure A4 ndash Scheacutema explicatif des concepts associeacutes agrave la vulneacuterabiliteacute au changement climatique

Source MTES CGDD

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Les extrecircmes meacuteteacuteorologiques du point de vue des sciences sociales

Auteur Jean-Paul Vanderlinden

Laboratoire CEARC universiteacute de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et universiteacute Paris-Saclay

Lorsque lrsquoon se penche sur les eacuteveacutenements extrecircmes comme pheacutenomegravenes se deacuteployant dans la sphegravere publique plusieurs laquo extrecircmes raquo coexistent intera-gissent geacutenegraverent des enjeux diffeacuterents des instrumentalisations diffeacuterentes Il importe donc lorsqursquoun eacuteveacutenement extrecircme est invoqueacute dans le cadre de lrsquoaction publique par exemple drsquoecirctre particuliegraverement attentif au contexte particulier et agrave la compreacutehension que peuvent en avoir les acteurs concerneacutes Nous proposons ici quelques cleacutes pour reacutealiser cette contextualisation

Quelques eacuteleacutements concernant les donneacutees utiliseacutees

Les eacuteleacutements preacutesenteacutes sont le reacutesultat drsquoun travail drsquoanalyse meneacute sur diffeacuterents ensembles de donneacutees textuelles qui ont eacuteteacute reacutecolteacutees ces derniegraveres anneacutees articles de presse couvrant la vague de froid de 1953-1954 en France articles de presse couvrant la canicule de 2003 en France des enregistrements videacuteo et audio de deux groupes de discussion sur le sujet rassemblant des parties pre-nantes de secteurs public et priveacute meneacutes agrave Paris et finalement une seacuterie drsquoen-tretiens meneacutes

avec des chercheurs en sciences du climat se speacutecialisant dans les ques-tions relatives aux eacuteveacutenements extrecircmes

avec des cadres du secteur de lrsquoassurance avec des responsables au sein de collectiviteacutes territoriales

Extrecircme meacuteteacuteorologique un concept multiforme

Les analyses baseacutees tant sur la presse et les meacutedias que sur des entretiens et des ateliers (Vanderlinden 2015) montrent que le vocable laquo eacuteveacutenement meacuteteacuteo-rologique extrecircme raquo (extrecircme pour la suite du texte) est polyseacutemique 12 Pour cer-tains il srsquoagit de lrsquoeacuteveacutenement meacuteteacuteorologique en soi dans sa rareteacute pour drsquoautres ce sont les impacts qui sont laquo extrecircmes raquo ce qui est important ce sont les conseacute-quences parfois ce sont les deacuteficits de solidariteacute ou lrsquoeacutechec du politique qui semblent laquo extrecircmes raquo Le sens donneacute agrave laquo extrecircme raquo peut eacutevoluer dynamiquement au fil du temps au fur et agrave mesure que lrsquoeacuteveacutenement se produit et au cours de ses reacutepercussions Par exemple tant la vague de chaleur de 2003 que lrsquohiver 1953-1954 sont traiteacutes par la presse drsquoabord comme une curiositeacute (lrsquoeacutecart agrave la normale

12 Qui a plusieurs significations qui peut ecirctre compris de plusieurs faccedilons

Introduction

25

amuse) ensuite comme une crise eacutemergente (lrsquoeacutecart agrave la normale prend un tour plus sinistre en raison de ses impacts) ensuite comme une faillite des solidari-teacutes (les impacts auraient pu ecirctre eacuteviteacutes la solidariteacute eut-elle eacuteteacute plus importante) et finalement lrsquoextrecircme devient par une instrumentalisation plus ou moins impor-tante un objet politique

Une inscription dans une chaicircne de causaliteacute dont il ne peut ecirctre fait abstraction

Ces laquo glissements de sens raquo srsquoinscrivent dans des scheacutemas de causaliteacute ougrave les extrecircmes meacuteteacuteorologiques ne sont pas les seuls responsables des impacts associeacutes les ineacutegaliteacutes socio-eacuteconomiques les diffeacuterentiels drsquoexposition lrsquohis-toire et lrsquoameacutenagement du territoire le retrait de lrsquoEacutetat les meacutecanismes de gou-vernance des risques par exemple peuvent jouer un rocircle dans lrsquoimportance des conseacutequences drsquoun eacuteveacutenement et donc dans son traitement en tant qursquoextrecircme On observe par exemple reacuteguliegraverement que lorsque sont envisageacutees les deacuteclara-tions causales associeacutees agrave des eacuteveacutenements extrecircmes (du climat agrave lrsquoimpact en passant par les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes) les parties prenantes peuvent se concentrer sur diffeacuterentes parties de la chaicircne causale en fonction de leurs inteacuterecircts particuliers ce qui exclut parfois la causaliteacute

Une entreacutee risque ougrave les probabiliteacutes peuvent ecirctre mal comprises

Du point de vue de la gouvernance les extrecircmes sont freacutequemment traiteacutes via une entreacutee risque Nous consideacuterons ici une des deacutefinitions dominantes du risque un risque est la combinaison drsquoun aleacutea et drsquoun ou plusieurs enjeux lrsquoaleacutea est carac-teacuteriseacute par une intensiteacute et des incertitudes Dans un contexte de gouvernance de risque la communication de lrsquoincertitude ou des incertitudes repreacutesente un deacutefi particulier Une dimension que nous rencontrons souvent tient agrave la confusion que creacutee lrsquoutilisation du concept de peacuteriode de retour Bien entendu la peacuteriode de retour comme inverse de la probabiliteacute drsquooccurrence drsquoun eacuteveacutenement une anneacutee donneacutee est bien comprise dans lrsquounivers de la gouvernance des risques Nous rencontrons deux deacutefis neacuteanmoins Pour un public eacutelargi la peacuteriode de retour est parfois comprise comme une peacuteriodiciteacute stricte et non comme lrsquoexpression de probabiliteacute Cela peut geacuteneacuterer des pheacutenomegravenes de surexposition De faccedilon plus importante le calcul des peacuteriodes de retour repose sur une hypothegravese de station-nariteacute du climat Or sous un climat changeant cette hypothegravese nrsquoest plus veacuterifieacutee si elle lrsquoa jamais eacuteteacute Comment alors expliquer au public lrsquoorigine des probabili-teacutes utiliseacutees lrsquoorigine du chiffre associeacute agrave la peacuteriode de retour annonceacutee

Changement climatique

Climat Meacuteteacuteorologie

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

26

Un deuxiegraveme deacutefi est en cours drsquoeacutemergence sur le front de la compreacutehension des incertitudes associeacutees aux extrecircmes meacuteteacuteorologiques Il existe aujourdrsquohui une communauteacute de chercheurs en sciences du climat qui se concentre sur le deacuteve-loppement drsquooutils drsquoattribution drsquoun eacuteveacutenement preacutecis Ces exercices sont par nature probabilistes les exercices drsquoattribution ont pour reacutesultats lrsquoexpression de probabiliteacutes nicheacutees Par exemple Stott et ses collegravegues en 2004 eacutetaient en mesure drsquoeacutecrire qursquoil y avait 95 de chance que la probabiliteacute drsquoun eacuteveacutenement du type de celui de la vague de chaleur de 2003 ait doubleacute (Stott 2004) Ce type de deacuteclaration par sa complexiteacute est difficilement compris par un public large

Quelques preacutecisions plus theacuteoriques

Une entreacutee particuliegravere a eacuteteacute utiliseacutee celle de lrsquoarticulation sociale pour poser le regard des sciences sociales sur les extrecircmes meacuteteacuteorologiques Par articulation sociale il faut entendre lrsquointeraction des concepts au sein des groupes sociaux et entre eux concepts et groupes interagissant dynamiquement Ex ante on peut consideacuterer que les concepts sont inteacutegreacutes dans des systegravemes de signification on peut supposer que les interactions entre et au sein de ces systegravemes sont essen-tielles agrave lrsquoutilisation des concepts De plus on ne peut pas dissocier le concept drsquoeacuteveacutenement extrecircme des causaliteacutes qui y sont associeacutees En effet une partie importante de ces reacutesultats montre que drsquoembleacutee pour les sujets laquo eacuteveacutenements extrecircmes raquo causaliteacutes invoqueacutees et responsabiliteacutes sont des concepts enchevecirc-treacutes constamment preacutesents lorsqursquoun eacuteveacutenement singulier a lieu

Chapitre BEacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute

et actuel

Dans ce chapitre les eacuteveacutenements extrecircmes sont passeacutes en revue agrave travers un bref historique des eacuteveacutenements les plus marquants et un aperccedilu de leurs impacts eacuteconomiques et sociaux Lrsquoinfluence du changement climatique est ensuite analyseacutee sur une seacutelection drsquoeacuteveacutenements reacutecents

copy Thierry Degen ndash Terra

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Eacuteveacutenements extrecircmes deacutejagrave observeacutes coucircts humains et financiers

Vagues de chaleurAuteurs Mathilde Pascal

Santeacute publique France

Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Les vagues de chaleur font partie des extrecircmes climatiques les plus preacuteoccu-pants au regard de la vulneacuterabiliteacute de nos socieacuteteacutes et de lrsquoeacutevolution attendue de leur freacutequence et leur intensiteacute au XXIe siegravecle (GIEC 2013) La France a eacuteteacute parti-culiegraverement eacuteprouveacutee par la canicule de lrsquoeacuteteacute 2003 qui a provoqueacute un excegraves de pregraves de 15 000 deacutecegraves entre le 4 et le 18 aoucirct directement attribuable agrave la chaleur (Poumadegravere et al 2005) Depuis 2003 des vagues de chaleur particuliegraverement intenses ont toucheacute de nombreuses autres zones de la planegravete (Russie 2010 Texas 2011 Australie 2012 Espagne 2015) tandis que la meacutetropole a eacuteteacute agrave nouveau confronteacutee agrave des eacuteveacutenements moins intenses que 2003 mais de plus en plus freacutequents (juillet 2006 aoucirct 2012 juillet 2013 juillet 2015 aoucirct 2016 juin 2017 juillet et aoucirct 2018) Sur de grandes reacutegions du territoire des vagues de chaleur tregraves intenses se sont eacutegalement produites dans les anneacutees reacutecentes comme sur les reacutegions meacutediterraneacuteennes en aoucirct 2017 et 2018 avec des tem-peacuteratures diurnes et nocturnes record Cette reacutecurrence drsquoeacuteveacutenements extrecircmes a neacutecessiteacute de deacutevelopper des outils de preacutevention de ces aleacuteas (systegraveme de vigi-lance meacuteteacuteorologique plans de veille sanitaire) mais aussi drsquoanalyse en temps reacuteel (Schneider et al 2012) Dans le cadre du projet Extremoscope (2013-2016) une deacutefinition des vagues de chaleur a eacuteteacute mise au point pour ecirctre applicable agrave toutes les eacutechelles spatiales et tous les horizons temporels (Soubeyroux et al 2016) et un historique complet des vagues de chaleur a eacuteteacute eacutetabli agrave lrsquoeacutechelle nationale depuis 1947 et agrave lrsquoeacutechelle deacutepartementale depuis 1958

Lrsquoaugmentation de la freacutequence et de lrsquointensiteacute des vagues de chaleur en France est sans eacutequivoque les vagues de chaleur recenseacutees depuis 1947 agrave lrsquoeacutechelle nationale ont eacuteteacute deux fois plus nombreuses au cours des trente-quatre derniegraveres anneacutees que sur la peacuteriode anteacuterieure (fig B1) Cette eacutevolution se mateacuterialise aussi par lrsquooccurrence drsquoeacuteveacutenements plus forts (dureacutee intensiteacute globale) ces derniegraveres anneacutees Ainsi les quatre vagues de chaleur les plus longues et trois des quatre plus intenses se sont produites apregraves 1981

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Vagues de froidAuteurs Mathilde Pascal

Santeacute publique France

Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Une meacutethode eacutequivalente a eacuteteacute mise au point pour la caracteacuterisation des vagues

de froid Si le reacutechauffement climatique global tend agrave diminuer lrsquointensiteacute des eacutepisodes froids en Meacutetropole le diagnostic sur lrsquoeacutevolution observeacutee des vagues de froid nrsquoest pas symeacutetrique agrave celui des vagues de chaleur Les vagues de froid recenseacutees depuis 1947 agrave lrsquoeacutechelle nationale ont eacuteteacute leacutegegraverement moins nom-breuses sur les trente-quatre derniegraveres anneacutees que sur la peacuteriode anteacuterieure mais surtout moins intenses Ainsi les quatre vagues de froid les plus longues et les plus intenses (feacutevrier 1956 janvier 1963 janvier 1985 et janvier 1987) ont eacuteteacute observeacutees il y a plus de vingt-cinq ans mais ce type drsquoeacuteveacutenement reste bien preacutesent dans notre climat de deacutebut du XXIe siegravecle comme en teacutemoigne lrsquoeacutepisode de feacutevrier 2012 (fig B2)

Lrsquoinfluence de la tempeacuterature sur la mortaliteacute et sur le recours au soin est deacutesor-mais eacutetablie par de tregraves nombreuses eacutetudes eacutepideacutemiologiques (Hanna 2015 Corso 2017 et Pascal 2013) Ces eacutetudes mettent en eacutevidence un effet non-lineacuteaire tregraves rapide de la chaleur sur la santeacute concentreacute dans les quelques heures agrave quelques jours suivant lrsquoexposition et un effet du froid plus modeacutereacute persistant sur plusieurs semaines apregraves lrsquoexposition (fig B3)

Figure B1 ndash Recensement des vagues de chaleur en France de 1947 agrave 2018 agrave partir de lrsquoindicateur thermique national

Source Meacuteteacuteo-France Climat HD

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Figure B2 ndash Recensement des vagues de froid en France de 1947 agrave 2018 agrave partir de lrsquoindicateur thermique national

Source Meacuteteacuteo-France Climat HD

Figure B3 ndash Influence de la tempeacuterature sur le risque relatif (RR) de deacutecegraves cumuleacute sur les vingt et un jours suivant lrsquoexposition agrave un percentile de tempeacuterature (par rapport agrave la mortaliteacute attendue pour une tempeacuterature meacutediane) ndash Meacuteta-analyse (courbe en trait plein et IC95 ) de dix-huit villes meacutetropolitaines (courbes en pointilleacutes) sur la peacuteriode 2000-2010

Source Corso M 2017

Ris

que

rela

tif (

RR

)

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Lrsquoeacutepideacutemiologie montre eacutegalement que la tempeacuterature a une influence sur la morta-liteacute agrave partir de valeurs qui ne sont geacuteneacuteralement pas consideacutereacutees comme laquo froides raquo ou laquo chaudes raquo Ces tempeacuteratures laquo douces raquo contribuent mecircme davantage agrave la mortaliteacute que les extrecircmes chauds ou froids car elles cumulent un impact faible mais sur un nombre important de jours Ces eacutetudes mettent eacutegalement en eacutevi-dence que lrsquoimpact sur la mortaliteacute survient mecircme agrave partir de tempeacuteratures habi-tuelles Ainsi en France sur dix-huit villes meacutetropolitaines entre 2000 et 2010 le froid a eacuteteacute responsable de 39 [32 46] de la mortaliteacute (impact cumuleacute sur 0-21 jours) principalement due agrave des tempeacuteratures habituelles situeacutees par exemple entre - 3 et 6 degC dans les villes semi-continentales et entre 4 et 10 degC dans les villes meacutediterraneacuteennes La chaleur a eacuteteacute responsable de 12 [11 12] (impact cumuleacute sur 0-3 jours) de la mortaliteacute totale avec un effet apparais-sant agrave partir de tempeacuteratures variant de 13 agrave 21 degC selon la ville

Ainsi en termes de preacutevention il importe de prendre en compte lrsquoensemble des tempeacuteratures et pas uniquement les eacuteveacutenements les plus extrecircmes vagues de chaleur ou vagues de froid

Un focus particulier sur ces eacuteveacutenements demeure toutefois neacutecessaire car ils preacutesentent des caracteacuteristiques particuliegraveres neacutecessitant une reacuteponse organiseacutee pour proteacuteger les personnes et eacuteviter lrsquoembolisation du systegraveme de soin Sur le plan sanitaire la preacutevention de ces eacuteveacutenements srsquoappuie sur le Plan national cani-cule (PNC) et le Plan grand froid

Dans le cadre de la chaleur des tempeacuteratures tregraves extrecircmes peuvent se traduire par une surmortaliteacute massive concentreacutee sur quelques jours et drsquoune ampleur ineacutedite dans le champ des risques sanitaires En effet si la chaleur laquo modeacutereacutee raquo frappe principalement des personnes vulneacuterables du fait de leur eacutetat de santeacute de leur acircge ou de leur exposition professionnelle la chaleur tregraves intense pose un risque pour la quasi-totaliteacute de la population

Les seuils du Plan national canicule ont eacuteteacute eacutetablis afin de cibler les eacuteveacutenements neacutecessitant une reacuteponse rapide des pouvoirs publics mais en aucun cas pour eacuteviter tout effet sanitaire de la chaleur Pendant ces peacuteriodes le PNC se concentre sur des actions drsquoinformation et de communication lrsquoidentification agrave lrsquoeacutechelle des municipaliteacutes des personnes vulneacuterables le deacuteclenchement des plans blancs et plans bleushellip Ces mesures sont agrave lrsquoinitiative de nombreux acteurs institutionnels municipaux associatifs et gradueacutees selon le niveau de vigilance En parallegravele la preacutevention de fond commence agrave se deacutevelopper avec notamment des mesures visant agrave reacuteduire lrsquoicirclot de chaleur urbain et agrave deacutevelopper des icirclots de fraicirccheur Cette preacutevention de fond doit toutefois veiller agrave ne pas aggraver les ineacutegaliteacutes sociales de santeacute et agrave beacuteneacuteficier agrave lrsquoensemble des personnes vulneacuterables

Les efforts de preacutevention se justifient par lrsquoimportance des impacts sanitaires Entre 1974 et 2013 on recense 931 peacuteriodes reacutepondant agrave la deacutefinition de cani-cules agrave lrsquoeacutechelle deacutepartementale en France meacutetropolitaine durant lesquelles ont eacuteteacute observeacutes plus de 32 000 deacutecegraves en excegraves La canicule de 2003 qui nrsquoa aucun eacutequivalent historique y compris depuis la mise en place du PNC totalise presque

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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la moitieacute de cet impact avec pregraves de 15 000 deacutecegraves en excegraves Les autres cani-cules les plus meurtriegraveres se sont concentreacutees en 1976 avec 4 500 deacutecegraves en excegraves 1983 avec 2 900 deacutecegraves en excegraves et 2006 avec 1 400 deacutecegraves en excegraves (rapport Santeacute publique France agrave paraicirctre) Dans les anneacutees reacutecentes les cani-cules les plus seacutevegraveres ont eacuteteacute observeacutees en 2015 avec un impact estimeacute de 1 700 deacutecegraves en excegraves (Pascal M 2017) et en 2018 avec environ 1 500 deacutecegraves en excegraves Il faut souligner que ces impacts diffeacuterents peuvent srsquoexpliquer par des diffeacuterences dans lrsquointensiteacute de la chaleur lrsquoeacutetendue geacuteographique la taille de la population toucheacutee et ne permettent pas drsquoen tirer des conclusions sur lrsquoeffica-citeacute des mesures de preacutevention mises en place

En parallegravele de la mortaliteacute on continue drsquoobserver tous les ans un effet sensible de la chaleur sur le recours aux soins drsquourgences notamment pour des patholo-gies tregraves speacutecifiques de la chaleur (PLC) Toutes les classes drsquoacircges sont concer-neacutees (fig B4)

En plus de lrsquoaugmentation du nombre de canicules au fil des anneacutees on constate eacutegalement une modification de leur reacutepartition geacuteographique et calendaire Ceci pose de nouveaux deacutefis en matiegravere de preacutevention Par exemple les vagues de chaleur preacutecoces de juin 2015 et 2017 semblent se caracteacuteriser par un recours aux soins drsquourgences pour PLC plus important que drsquoordinaire chez les enfants et les jeunes adultes en lien avec des expositions possibles en milieux scolaires et professionnels (Pascal M 2017)

Figure B4 ndash Part (en ) moyenne des recours aux soins pour PLC dans lrsquoactiviteacute totale codeacutee selon le niveau de vigilance (agreacutegation nationale) par anneacutee et classe drsquoacircge

Pascal M 2017

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Dans le cas du froid il srsquoagira de preacutevenir par exemple non seulement ses effets mais eacutegalement ceux des conditions meacuteteacuteorologiques associeacutees pouvant entraicircner des accidents traumatismes ou intoxications au monoxyde de carbone Actuellement le Plan grand froid se concentre sur des campagnes de commu-nication et des mesures speacutecifiques pour les personnes preacutecaires (places drsquoheacute-bergement maraudes trecircve hivernale aides financiegravereshellip) On dispose de peu de donneacutees sur lrsquoimpact des vagues de froid ces eacuteveacutenements eacutetant beaucoup plus rares et ne faisant pas lrsquoobjet de bilans systeacutematiques comme les vagues de chaleur

Figure B5 ndash Sur la peacuteriode 1970-2016 part (en ) des canicules de la peacuteriode survenue apregraves la mise en place du plan national canicule en 2004

Source Santeacute publique France 2018

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Les seacutecheressesAuteurs Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Jeacuterocircme Duvernoy

MTES DGECSCEEONERC

LrsquoEurope du Sud et la France notamment sont particuliegraverement concerneacutees par les effets du changement climatique avec une augmentation en freacutequence et en intensiteacute des seacutecheresses (GIEC 2007) La variabiliteacute des temps de reacuteaction des aquifegraveres des cycles eacutecologiques ou socio-eacuteconomiques impose de consideacuterer les deacuteficits hydriques sur diffeacuterentes profondeurs temporelles de quelques mois agrave quelques anneacutees Srsquoil nrsquoexiste pas drsquoindicateur universel pour tous les types de seacutecheresse un indicateur standardiseacute deacutenommeacute SPI a eacuteteacute recommandeacute par lrsquoOr-ganisation mondiale de la meacuteteacuteorologie en 2010 pour lrsquoanalyse des seacutecheresses meacuteteacuteorologiques lieacutees agrave un deacuteficit du cumul de preacutecipitations Dans le cadre du projet ClimSec (2008-2011) cet indicateur a eacuteteacute eacutetendu agrave la seacutecheresse des sols (Soubeyroux et al 2012) et permet de suivre les eacuteveacutenements en temps reacuteel et drsquoen produire un recensement depuis 1958 agrave lrsquoeacutechelle nationale et reacutegionale

Si on nrsquoidentifie pas agrave ce jour de tendance agrave llsquoeacutevolution des seacutecheresses meacuteteacuteo-rologiques agrave lrsquoeacutechelle de la meacutetropole lrsquoextension moyenne des seacutecheresses des sols depuis 1959 est en revanche tregraves nette depuis les anneacutees 1990 (fig B6) Depuis le deacutebut du XXIe siegravecle douze anneacutees sur dix-sept ont deacutepasseacute la moyenne des surfaces toucheacutees sur la peacuteriode 1961-1990 Les anneacutees 2003 2005 2011 2017 et aussi 2018 ont occasionneacute des seacutecheresses de grande ampleur

Figure B6 ndash Recensement du pourcentage annuel de la surface du territoire affecteacutee par la seacutecheresse depuis 1959

Source Meacuteteacuteo-France Climat HD

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Le pheacutenomegravene de retrait-gonflement des argiles qui geacutenegravere de graves deacutesordres sur le bacircti est occasionneacute par un assegravechement fort du sol en preacutesence drsquoargiles Plusieurs indicateurs ont eacuteteacute deacutefinis dans le cadre du dispositif catastrophes naturelles auquel ce pheacutenomegravene est eacuteligible depuis 1990 ils srsquoappuient sur le caractegravere anormal de la moyenne trimestrielle drsquohumiditeacute du sol eacutevalueacutee par simulation du bilan hydrique du sol Deux types drsquoeacuteveacutenement sont particuliegravere-ment suivis les seacutecheresses estivales intenses et les seacutecheresses de longue dureacutee centreacutees sur lrsquohiver

Une reacuteanalyse des eacuteveacutenements depuis 1959 (Blanchard et Soubeyroux 2015) a mis en eacutevidence le caractegravere exceptionnel des anneacutees 1989 et 1990 mais aussi de la seacutecheresse estivale de 2003 Lrsquoaugmentation de la freacutequence observeacutee des seacutecheresses depuis les anneacutees 1990 est aussi particuliegraverement notable (fig B7) et est agrave rapprocher de lrsquoextension des surfaces toucheacutees Ainsi depuis le deacutebut du XXIe siegravecle onze anneacutees sur seize ont deacutepasseacute la moyenne des surfaces tou-cheacutees sur la peacuteriode 1961-1990 (source Climat HD)

Pregraves de 63 des sols meacutetropolitains montrent des preacutedispositions au retrait-gonflement des sols argileux ou marneux (fig B8a) La survenance des sinistres deacutepend drsquoautant plus de lrsquointensiteacute des pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques que lrsquoaleacutea retrait-gonflement srsquoavegravere faible Lrsquoanalyse statistique des aleacuteas des enjeux et de la sinistraliteacute conseacutecutive agrave une seacutecheresse exceptionnelle (part du territoire en aleacutea retrait-gonflement drsquoargiles fort ou moyen densiteacute de maisons individuelles

Figure B7 ndash Recensement du pourcentage annuel de la superficie potentiellement affecteacutee par les effets de retraitgonflement des argiles depuis 1959

Source Meacuteteacuteo-France

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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nombre drsquoarrecircteacutes de CatNat seacutecheresse) permet de deacuteterminer six cateacutegories de communes 1 (fig B8b)

Jusqursquoagrave 2017 (avec le cyclone Irma) la seacutecheresse de 2003 eacutetait lrsquoeacuteveacutenement extrecircme le plus coucircteux du fait de lrsquoampleur nationale avec plus de 4 000 com-munes toucheacutees Les deacutegacircts assureacutes ont eacuteteacute estimeacutes agrave 183 milliard drsquoeuros (actualiseacutes) Drsquoun point de vue assurantiel les coucircts des seacutecheresses se limitent aux dommages aux bacirctis du fait du retrait-gonflement des argiles ou mouvements de sol (Bilan CatNat 1992-2017)

Les feux de forecircts et de broussailles

Auteurs Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Jeacuterocircme Duvernoy

MTES DGECSCEEONERC

Les feux de forecircts constituent un risque important en France avec des enjeux eacuteco-nomiques forts Du point de vue climatique la caracteacuterisation du risque feu de forecirct srsquoappuie geacuteneacuteralement sur le calcul de lrsquoIndice feu meacuteteacuteo (IFM) Cet indice caracteacuterise gracircce agrave une valeur numeacuterique le danger meacuteteacuteorologique drsquoincendie au pas de temps quotidien en syntheacutetisant le danger drsquoeacuteclosion et le danger de propagation Plus la valeur de lrsquoIFM est eacuteleveacutee plus les conditions meacuteteacuteorolo-giques sont propices aux incendies Si cette meacutethode permet de bien caracteacuteri-ser lrsquoeacutevolution de la composante climatique du risque feu il nrsquoest cependant pas

1 httpgeoidddeveloppement-durablegouvfr

Figure B8a ndash Gauche aleacutea retrait-gonflement des argiles B8b ndash droite typologie de la vulneacuterabiliteacute des territoires au retrait-gonflement des argiles

Sources BRGM 2013 DGFIP MAJIC 2014 Meem DGPR Gaspar 2016 Traitements MTES CGDDSDES 2017

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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directement possible de relier une valeur donneacutee drsquoIFM agrave un niveau de risque Une eacutetude meneacutee par Meacuteteacuteo-France pour le CGEDD (Regimbeau et Cloppet 2010) a utiliseacute la reacuteanalyse SAFRAN (reacutesolution 8 km) pour eacutetudier la tendance de lrsquoIFM sur la peacuteriode 1958-2008 et comparer les peacuteriodes 1961-1980 et 1989-2008 Bien qursquoen zone meacutediterraneacuteenne le nombre de feux ait diminueacute alors que lrsquoindice aug-mentait sur le moyen terme (1983-2008 fig B9) et pour les moyennes il y a correacute-lation entre le nombre annuel de deacuteparts de feux et la moyenne annuelle de lrsquoIFM

Il apparaicirct qursquoen moyenne annuelle quatre anneacutees se distinguent par un IFM moyen eacuteleveacute les anneacutees 2003 1976 1989 et 1990 On retrouve sans surprise quatre anneacutees marqueacutees par des conditions chaudes et segraveches Lrsquoanalyse sur la peacuteriode estivale donne des reacutesultats assez proches Les quatre anneacutees avec lrsquoIFM moyen estival le plus eacuteleveacute sont dans lrsquoordre 1976 2003 1990 et 1962 (fig B9) La confrontation des deux peacuteriodes met en lumiegravere une hausse marqueacutee de lrsquoIFM moyen sur lrsquoensemble du territoire franccedilais LrsquoIFM a augmenteacute de 18 sur la peacuteriode Cette eacutetude a examineacute eacutegalement le nombre de jours par an avec deacutepassement de plusieurs seuils drsquoIFM dont la valeur 20 associeacutee agrave un risque reacuteel drsquoincendie Le nombre de jours avec IFM gt 20 augmente sur la quasi-totaliteacute du territoire Sur les reacutegions Poitou-Charentes et Pays-de-la-Loire cette augmen-tation est comprise entre dix et vingt-cinq jours par an Sur le pourtour meacutediterra-neacuteen cette hausse deacutepasse cinquante jours par an soit une augmentation sur lrsquoanneacutee de la saison feu de lrsquoordre de sept semaines La quasi-totaliteacute de la Corse a connu au moins trente jours de plus par an avec IFM gt 20 Cette augmenta-tion est principalement observeacutee durant lrsquoeacuteteacute On observe cependant que pour la reacutegion Pays-de-la-Loire crsquoest la peacuteriode mars-avril-mai qui contribue le plus agrave la hausse constateacutee Pour le pourtour meacutediterraneacuteen et la Corse la peacuteriode autom-nale contribue de maniegravere significative Cela suggegravere un deacutebut plus preacutecoce de la

Figure B9 ndash Valeurs annuelles drsquoIFM moyen sur la France sur la peacuteriode 1958-2008

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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saison des feux de forecirct dans lrsquoOuest de la France et un prolongement automnal de la saison des feux dans le Sud-Est de la France Sur la peacuteriode 1961-1980 386 du territoire connaicirct au moins un jour tous les ans avec IFM gt 20 Sur la peacuteriode 1989-2008 745 du territoire connaicirct au moins un jour tous les ans avec IFM gt 20 Cela repreacutesente un quasi-doublement de la superficie consideacutereacutee par rapport agrave la peacuteriode 1961-1980

Figure B10 ndash Cartes du nombre moyen de jours par an avec un IFM gt 20 pour les deux peacuteriodes drsquoeacutetudes 1961-1980 (carte de gauche) et 1989-2008 (carte de droite)

Source Meacuteteacuteo-France

0

500

1000

1500

2000

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1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

Nom

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Anneacutee

Figure B11 ndash Nombre de feux de forecirct dans les deacutepartements du pourtour meacutediterraneacuteen franccedilais

Source ONERC drsquoapregraves Base de donneacutees Promeacutetheacutee

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Les preacutecipitations extrecircmesAuteur Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Dans un climat plus chaud le GIEC (rapport 2013) indiquait qursquoune augmentation du risque de preacutecipitations extrecircmes au cours du XXIe siegravecle eacutetait probable et un reacutesultat eacutequivalent a eacuteteacute eacutetabli pour la France (Ouzeau et al 2014) La caracteacute-risation des tendances climatiques sur les pluies intenses agrave lrsquoeacutechelle drsquoun terri-toire est un enjeu primordial pour la preacutevention des risques hydrologiques mais elle srsquoavegravere particuliegraverement difficile du fait de leur forte variabiliteacute spatiale et du nombre limiteacute de donneacutees de qualiteacute suffisante permettant drsquoen rendre compte qursquoil srsquoagisse de seacuteries observeacutees ou issues de modeacutelisation Une analyse (Soubeyroux et al 2015) de lrsquoeacutevolution des pluies extrecircmes annuelles en reacutegion Meacutediterraneacuteenne agrave partir de 700 seacuteries locales a montreacute une preacutedominance de tendances agrave la hausse mais avec une confiance limiteacutee du point de vue statis-tique (fig B12)

Des travaux reacutecents meneacutes dans le cadre du projet Extremoscope ont permis de mettre au point un indicateur agreacutegeacute robuste baseacute sur les seacuteries quotidiennes de preacutecipitation permettant de caracteacuteriser agrave la fois la freacutequence et lrsquointensiteacute de ces pluies extrecircmes (Ribes et al 2018)

En termes drsquointensiteacute (fig B12a) une augmentation robuste de 22 +- 5 est ainsi mise en eacutevidence sur la peacuteriode 1961-2015 (Vautard et al 2015 Ribes et al 2018) Cette augmentation est environ une agrave trois fois plus forte que celle qui est preacutedite par lrsquoaugmentation de la tempeacuterature observeacutee dans la reacutegion et la loi physique qui relie la quantiteacute drsquoeau dans lrsquoatmosphegravere agrave la tempeacuterature

En termes de freacutequence (fig B12b) le nombre drsquoeacuteveacutenements geacuteneacuterant des cumuls de pluie supeacuterieurs agrave 200 mm est eacutegalement en hausse significative du point de vue statistique depuis 2000

Toutefois les autres reacutegions franccedilaises sont soumises agrave des pluies de nature diffeacuterente Par exemple les forts cumuls qui ont pu ecirctre observeacutes durant lrsquohiver 2013-2014 reacutesultent drsquoune situation meacuteteacuteorologique avec un flux persistant de sud-ouest apportant une reacutepeacutetition drsquoeacutepisodes de pluies modeacutereacutees Les analyses du projet Extremoscope nrsquoont pas pu mettre en eacutevidence une tendance marqueacutee dans ce cas tout comme dans le cas des pluies printaniegraveres ayant donneacute lieu agrave une crue importante de la Seine en juin 2016 (cf p 58)

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Figure B12a (haut) ndash Eacutevolution du maximum annuel quotidien de preacutecipitation sur les reacutegions meacutediterraneacuteennes depuis 1962 B12b (bas) eacutevolution de la freacutequence drsquoeacutepisodes de pluies extrecircmes sur les reacutegions meacutediterraneacuteennes depuis 1962

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Cyclones et tempecirctesAuteur Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Les tempecirctes associeacutees aux systegravemes deacutepressionnaires tregraves mobiles de lrsquoAtlan-tique ou quasi-stationnaires en Meacutediterraneacutee font partie des extrecircmes climatiques aux conseacutequences lourdes pour nos socieacuteteacutes Du fait de la combinaison de leurs effets (vents violents action des vagues et submersion marine pluies intenses) et de lrsquoextension spatiale des zones affecteacutees les deacutegacircts occasionneacutes sont freacute-quemment importants tant en matiegravere de vies humaines que de coucircts eacutecono-miques ou de deacutegacircts sur lrsquoenvironnement Agrave elles seules les tempecirctes Lothar et Martin de deacutecembre 1999 ont fait en France meacutetropolitaine 92 victimes et occa-sionneacute plus de 15 Mdeuro de dommages 2 La tempecircte Xynthia en feacutevrier 2010 a durement toucheacute plusieurs reacutegions dont la faccedilade Atlantique et conduit agrave des eacutevo-lutions en matiegravere de preacutevention des risques sur le littoral Les tempecirctes de lrsquohiver 2017 dont la tempecircte Zeus le 6 mars ou celles agrave reacutepeacutetition de janvier 2018 ont rappeleacute en France et dans les diffeacuterents pays du Nord de lrsquoEurope la vulneacuterabi-liteacute de nos socieacuteteacutes face agrave ce type drsquoeacuteveacutenement

Du point de vue climatologique les donneacutees fiables pour analyser les tempecirctes eacutetaient jusqursquoagrave reacutecemment assez limiteacutees tant en reacutesolution spatiale qursquoen pro-fondeur temporelle Depuis fin 2016 une nouvelle base de donneacutees drsquoanalyse des rafales de vent en France agrave haute reacutesolution spatio-temporelle (25 km et 1 heure) permet de disposer de chroniques complegravetes des tempecirctes depuis 1980 3 et drsquoanalyser les tendances en termes de nombre drsquoeacuteveacutenements ou de seacuteveacuteriteacute (Soubeyroux et al 2018)

Au niveau national (fig B13) il apparaicirct que le nombre drsquoeacuteveacutenements de tem-pecirctes a fortement varieacute entre la peacuteriode 1980 agrave 1995 et les anneacutees 1995 agrave 2015 (reacuteduction de moitieacute du nombre drsquoeacuteveacutenements) Il est cependant difficile drsquoattribuer cette eacutevolution aux seuls effets du changement climatique notamment du fait de lrsquoinfluence de la variabiliteacute de la circulation geacuteneacuterale (oscillation multideacutecennale Atlantique et oscillation Nord Atlantique) sur lrsquoactiviteacute des tempecirctes sur le Nord de lrsquoEurope et la France en particulier La diminution de lrsquoactiviteacute tempeacutetueuse et drsquoune maniegravere geacuteneacuterale la baisse des vents de surface sur la terre est constateacutee dans un nombre croissant drsquoeacutetudes et lrsquoaugmentation de la rugositeacute de la surface terrestre (urbanisation augmentation des forecircts) est citeacutee comme un facteur drsquoex-plication probable (Vautard et al 2010 McVicar et al 2012 Wever 2012)

En matiegravere de cyclones lrsquoactiviteacute exceptionnelle de la saison cyclonique 2017 sur lrsquoAtlantique Nord et notamment lrsquoarc antillais (Chauvin et al 2017) a interrogeacute sur la contribution eacuteventuelle du changement climatique pour expliquer la reacutepeacute-tition de ces eacuteveacutenements et leur intensiteacute Mais si les climatologues disposent

2 wwwgeorisquesgouvfr

3 tempetesmeteofr

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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drsquoobservations sur les cyclones tropicaux depuis la fin du XIXe siegravecle surtout sur lrsquoAtlantique les bases de donneacutees fiables ne deacutebutent au mieux que dans les anneacutees 1970 avec lrsquoarriveacutee des satellites car ces pheacutenomegravenes naissant sur les oceacuteans pouvaient passer inaperccedilus avant Gracircce agrave ces observations satellitaires et agrave des traitements automatiseacutes systeacutematiques pour caracteacuteriser les cyclones les climatologues ont donc pu identifier des tendances fiables de lrsquoactiviteacute cyclo-nique de 1970 agrave nos jours

On observe ainsi une augmentation de lrsquoactiviteacute des cyclones tropicaux dans lrsquoAtlan-tique nord depuis les anneacutees 1970 (Planton et al 2015) Leur freacutequence semble augmenter plus fortement dans les anneacutees 2000 En 2005 on relegraveve ainsi vingt-sept systegravemes cycloniques contre une dizaine par an en moyenne De mecircme la saison 2017 se distingue avec le nombre record drsquoouragans majeurs (six eacuteveacutene-ments de cateacutegorie supeacuterieure agrave 3 dont trois ouragans de cateacutegorie 5 Irma Joseacute et Maria) Mais sur lrsquoAtlantique nord en particulier lrsquoactiviteacute cyclonique varie natu-rellement selon des cycles de plusieurs dizaines drsquoanneacutees Avec un recul drsquoune quarantaine drsquoanneacutees seulement il est impossible de distinguer lrsquoimpact du chan-gement climatique de la variabiliteacute naturelle du pheacutenomegravene

Des travaux reacutecents montrent que la latitude agrave laquelle les cyclones ont atteint leur intensiteacute maximale a migreacute vers les pocircles au cours des trente-cinq derniegraveres anneacutees dans les deux heacutemisphegraveres Cette constatation est coheacuterente avec

Figure B13 ndash Eacutevolution du nombre de tempecirctes observeacutees en France meacutetropolitaine de 1980 agrave 2017 (barre bleu) et moyenne glissante sur cinq ans (trait rouge) agrave partir de la base de donneacutees du site httptempetesmeteofrancefr

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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lrsquoexpansion observeacutee de la ceinture tropicale au cours de cette peacuteriode La cein-ture tropicale est une zone confineacutee de part et drsquoautre de lrsquoEacutequateur par de larges zones deacutesertiques dans laquelle regravegne un climat chaud et humide Son exten-sion est deacutetermineacutee par la circulation atmospheacuterique Depuis quelques deacutecen-nies on constate que cette zone srsquoeacutelargit en direction des pocircles dans les deux heacutemisphegraveres Plusieurs facteurs pourraient expliquer cette expansion (variabiliteacute naturelle ozone stratospheacuterique reacutechauffement des tempeacuteratures de surface changement dans le profil vertical des tempeacuteratures)

Inondations crues lentes et crues rapides

Auteur Florence Habets

Universiteacute Pierre et Marie Curie

La France est impacteacutee par les crues rapides les crues lentes et les submer-sions cocirctiegraveres La freacutequence importante des crues rapides est associeacutee agrave une forte mortaliteacute (fig B14 Paprotny et al 2018)

Figure B14 ndash Occurrence des crues en Europe en fonction du type de crue

(Submersion cocirctiegravere en bleu crue lente en vert clair crue rapide en vert fonceacute ou multicomposante en vio-let) Agrave gauche lrsquoeacutevolution par mois sur lrsquoEurope avec en rose le nombre de deacutecegraves associeacutes Agrave droite dis-tribution du type de crue par pays et nombre de deacutecegraves par pays

Source Paprotny et al 2018

Nom

bre

drsquoeacutev

eacutenem

ents

Ces diffeacuterents types de crues sont associeacutes agrave des pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques diffeacuterents preacutecipitations intenses pour les crues rapides longues peacuteriodes humides pour les crues lentes tempecircte pour les submersions cocirctiegraveres Cela se traduit notamment par des dates drsquooccurrence de ces eacuteveacutenements qui varient dans lrsquoespace comme illustreacute fig B15 Lrsquoeacutetude de la date drsquooccurrence du deacutebit maximum annuel montre des changements dans la dynamique de ces maximums annuels avec des zones comme la Bretagne ougrave le pic se produit plus tocirct qursquoavant et drsquoautres comme la plaine de la Garonne ougrave il arrive plus tard (Bloschl et al 2017)

Nom

bre

de d

eacutecegraves

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Un type particulier de crues lentes est celle causeacutee par deacutebordement de nappe Un cas exemplaire est celui du bassin de la Somme en 2001 pour lequel des maisons ont eacuteteacute inondeacutees pendant plusieurs mois (Neacutegrel et Petelet-Giraud 2005) Une analyse historique (fig B16) des niveaux des nappes seacutedimentaires de la moitieacute nord de la France par modeacutelisation permet via lrsquoutilisation drsquoun indice standardiseacute du niveau pieacutezomeacutetrique drsquoestimer lrsquoextension et lrsquointensiteacute des eacutepisodes ougrave les niveaux de la nappe sont tregraves hauts (au-delagrave drsquoune peacuteriode de retour de dix ans en chaque point) Les anneacutees 2000 et 2001 apparaissent effectivement comme des anneacutees extrecircmes sur une grande partie des aquifegraveres seacutedimentaires eacutetudieacutes

Figure B15a (gauche) ndash Dates drsquooccurrence des maximums de deacutebits annuels en Europe entre 1960 et 2010 (droite) eacutevolution de la date drsquooccurrence des maximums entre 1960 et 2010 exprimeacutee en nombre de jours par deacutecennie

Chaque flegraveche repreacutesente une station hydromeacutetrique La direction et la couleur indiquent la date moyenne drsquooccurrence tandis que la longueur indique la concentration des crues agrave une peacuteriode donneacutee (courte tregraves disperseacutee dans le temps longue tregraves concentreacutee dans le temps)

Source Bloschl et al 2017

Figure B16 ndash Surface (abscisse) et intensiteacute (ordonneacutee) de lrsquooccurrence des hauts niveaux de nappe (peacuteriode de retour de dix ans) en moyenne sur les aquifegraveres preacutesenteacutes sur la carte

Reacutesultats issus du projet Aqui-FR wwwmetisupmcfr~aqui-fr

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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En 2015 le risque drsquoinondation a contribueacute agrave hauteur de 104 milliards de dollars ameacutericains aux pertes annuelles moyennes mondiales En France et sur la peacuteriode couvrant 1982 agrave 2017 le coucirct moyen annuel des inondations est estimeacute agrave 526 Meuroan Les inondations de la Seine et de la Loire de 2016 ont coucircteacute de lrsquoordre du milliard drsquoeuros

Les laves torrentiellesAuteur Vincent Jomelli

Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagriculture

Les laves torrentielles constituent un pheacutenomegravene complexe pour au moins trois raisons

drsquoun point de vue statistique il srsquoagit drsquoun eacuteveacutenement rare qui se produit parfois selon une freacutequence plurideacutecennale

le deacuteclenchement de ce type de processus deacutepend des conditions climatiques et geacuteomorphologiques (pente veacutegeacutetation lithologie etc) qui sont interconnecteacutees

les conditions de deacuteclenchement sont souvent lieacutees agrave des pheacutenomegravenes cli-matiques extrecircmes eux-mecircmes encore mal compris

Deux conditions sont neacutecessaires au deacuteclenchement des laves torrentielles (Caine 1980 Johnson et Rodine 1984 Van Steijn 1996 Iverson 1997) drsquoune part des preacutecipitations de longue dureacutee ou de forte intensiteacute et drsquoautre part un grand volume de deacutebris rocheux mobilisable En regravegle geacuteneacuterale un eacutepisode de pluie intense deacuteclenche ce processus (Guzzetti et al 2008) bien que des laves torren-tielles aient eacuteteacute eacutegalement provoqueacutees par la libeacuteration soudaine drsquoeau stockeacutee sous un glacier par la rupture drsquoun barrage morainique ou encore par la fonte rapide de neige (Evans et Clague 1994) La relation entre le deacuteclenchement des laves torrentielles et les caracteacuteristiques des pluies a eacuteteacute eacutetudieacutee agrave de nombreuses reprises depuis les travaux pionniers de Caine (1980) Cet auteur et drsquoautres par la suite ont montreacute que plus lrsquointensiteacute des pluies est forte plus la dureacutee de ces averses est courte (Marchi et al 2002 Guzzetti et al 2008 Berti et al 2012 Pavlova et al 2014 Bel et al 2017) En revanche si lrsquoimportance du volume de deacutebris stockeacutes dans le chenal est connue depuis longtemps (Statham 1976) cet aspect reste encore agrave explorer en profondeur (Pech et Jomelli 2001) Ce volume de deacutebris peut provenir soit drsquoaccumulations morainiques (Haeberli et al 1990 Rickenman et Zimmermann 1993) soit de deacutebris geacutelifracteacutes accumuleacutes dans un couloir ou au sommet drsquoun deacutepocirct de pente (Pech et Jomelli 2001) par graviteacute ou transporteacutes par une avalanche (Theule et al 2012)

Lrsquoimportance du synchronisme spatio-temporel entre les fortes pluies et un volume de deacutebris stockeacutes a deacutejagrave eacuteteacute souligneacutee agrave plusieurs reprises (notamment Pech et Jomelli 2001 Malet et al 2005 Bel et al 2017) En drsquoautres termes si une lave torrentielle est deacuteclencheacutee la probabiliteacute de deacuteclenchement les mois ou les anneacutees suivantes sera faible mecircme si de fortes pluies sont observeacutees car si

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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le volume stockeacute dans le chenal a eacuteteacute totalement mobiliseacute au cours du premier eacuteveacutenement plusieurs anneacutees seront a priori neacutecessaires pour sa reconstitution

Les liens entre les laves torrentielles et le contexte geacuteomorphoclimatique

De nombreuses eacutetudes visant agrave documenter lrsquoactiviteacute des laves torrentielles dans diffeacuterentes reacutegions montagneuses ont reacuteveacuteleacute une forte variabiliteacute spatio- temporelle des bassins versants eacutetant plus actifs que drsquoautres On a donc chercheacute agrave identi-fier les facteurs geacuteomorphologiques ayant un impact important sur lrsquoactiviteacute des laves (Thiery et al 2007 Capitani et al 2013) En geacuteneacuteral lrsquoapproche consistait agrave explorer les relations statistiques entre lrsquoapparition de laves et une ou plusieurs variables geacuteomorphologiques explicatives deacutecrites agrave lrsquoeacutechelle du bassin-versant ou agrave une eacutechelle plus reacutegionale Parmi ces variables cleacutes les caracteacuteristiques geacuteologiques du bassin-versant (lithologie ou preacutesence drsquoune faille tectonique) ont eacuteteacute souligneacutees (Lorente et al 2002 Jomelli et al 2007 Cheng et al 2016) La taille du bassin-versant et sa pente sont eacutegalement consideacutereacutees comme des variables influant la freacutequence ou lrsquointensiteacute du processus tout comme le type de veacutegeacutetation ou lrsquoutilisation du sol (Jianzhong et al 2013)

La variabiliteacute des conditions meacuteteacuteorologiques est eacutegalement agrave prendre en compte Comme mentionneacute preacuteceacutedemment la preacutesence de laves torrentielles est dans la plupart des cas lieacutee agrave des pluies de longue dureacutee ou intenses Or les cumuls preacute-cipiteacutes de pluie etou de neige ainsi que la freacutequence des eacuteveacutenements extrecircmes varient dans le temps Certaines peacuteriodes peuvent donc ecirctre plus favorables que drsquoautres au deacuteclenchement de ce type de processus Ainsi une activiteacute accrue a eacuteteacute observeacutee en Europe occidentale pendant les peacuteriodes humides de lrsquoHolocegravene (Blikra et Nemec 1998 Matthews et al 2009) Lrsquoimpact du changement clima-tique actuel sur lrsquoactiviteacute des laves a eacutegalement eacuteteacute eacutetudieacute (Jomelli et al 2004 Wieczorek et Glade 2005 Pavlova et al 2014 Savi et al 2016) reacuteveacutelant le plus souvent un accroissement de lrsquooccurrence

Les liens entre les conditions geacuteomorphologiques et meacuteteacuteorologiquesclimatiques responsables du deacuteclenchement des laves doivent eacutegalement ecirctre consideacutereacutes Par exemple le seuil de preacutecipitations deacuteclenchant les laves deacutepend des caracteacuteris-tiques du sol qui controcirclent la saturation et la pression interstitielle (Peruccacci et al 2012) Lrsquoactiviteacute des laves deacutepend eacutegalement du volume de seacutediments pouvant ecirctre mobiliseacute dans le bassin-versant Ce volume est directement influenceacute par des variables geacuteomorphologiques telles que la lithologie (Hung et al 2005 Mc Coy et al 2012) mais ce stock varie eacutegalement selon un cycle saisonnier et connaicirct une variabiliteacute interannuelle qui deacutepend du climat (Theule et al 2012)

Pour eacutetudier les relations entre le fonctionnement des laves torrentielles et le climat actuel deux eacutechelles spatiales doivent ecirctre consideacutereacutees celle du bassin-versant expeacuterimental tregraves bien instrumenteacute (Bel et al 2017) et lrsquoeacutechelle reacutegionale (Pavlova et al 2012) Les deux approches ont leurs avantages et leurs inconveacute-nients raisons pour lesquelles elles doivent ecirctre utiliseacutees de concert Rappelons ici briegravevement les principaux reacutesultats issus de ces observations en commenccedilant tout drsquoabord par les bassins-versants expeacuterimentaux

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Lrsquoeacutechelle du bassin-versant expeacuterimental

Nos connaissances sur le deacuteclenchement des laves torrentielles ont eacuteteacute largement ameacutelioreacutees gracircce aux observations reacutealiseacutees depuis huit ans dans le bassin-ver-sant expeacuterimental du Reacuteal situeacute dans les Preacutealpes franccedilaises du Sud agrave proximiteacute du village de Peacuteone dans le deacutepartement des Alpes-Maritimes Ce bassin-versant de 23 km2 tregraves actif veacutegeacutetaliseacute agrave plus de 70 a eacuteteacute eacutequipeacute de trois stations de mesures comprenant chacune un geacuteophone des capteurs de hauteur drsquoeau une cameacutera et un pluviomegravetre (Navratil et al 2013) Ce systegraveme a permis drsquoidenti-fier plus drsquoune trentaine drsquoeacuteveacutenements dont certains nrsquoont pas atteint la partie basse du bassin-versant Gracircce agrave ces observations on sait que ces eacutecoulements se produisent principalement en eacuteteacute (43 ) et au printemps (40 ) et plus rare-ment agrave lrsquoautomne (10 ) et en hiver (5 )

Ce dispositif de mesures a aussi permis drsquoeacutetudier finement les relations inten-siteacute-dureacutee (ID) des pluies responsables drsquoun deacuteclenchement de lave Ce seuil ID varie quelque peu selon le volume de seacutediments mobiliseacutes et les distances parcourues (Bel et al 2017) Une augmentation systeacutematique du seuil ID a eacuteteacute constateacutee avec la surface de drainage Gracircce agrave ces observations un seuil drsquointen-siteacutedureacutee des preacutecipitations en fonction des caracteacuteristiques des eacuteveacutenements pluvieux a eacuteteacute deacutefini Les conditions meacuteteacuteorologiques propices au deacuteclenchement des laves ont eacuteteacute identifieacutees et ont eacuteteacute ensuite compareacutees aux autres types drsquoeacutecou-lements Dans le bassin-versant les laves sont deacuteclencheacutees apregraves des pluies de forte intensiteacute pendant quelques minutes combineacutees agrave de forts cumuls le jour de lrsquoeacuteveacutenement et les deux jours preacuteceacutedents Les valeurs drsquointensiteacute deacuteclenchant les laves varient en fonction de la saison Celles-ci sont geacuteneacuteralement comprises entre 10 mm au printemps et plus de 40 mm pour les autres saisons

Les preacutecipitations ayant eu lieu les jours preacuteceacutedant le deacuteclenchement apparaissent ecirctre un facteur pertinent pour diffeacuterencier les laves des autres types drsquoeacutecoule-ments Pour ces derniegraveres un cumul de preacutecipitations compris entre 8 et 30 mm srsquoavegravere ecirctre un seuil au-delagrave duquel les laves se deacuteclenchent Les laves torren-tielles immatures se produisent apregraves des eacutepisodes pluvieux intenses et de courte dureacutee combineacutes agrave des cumuls journaliers relativement faibles Les eacutecoulements agrave charge de fond se produisent eux apregraves de fortes pluies drsquointensiteacute modeacutereacutee

Ces observations des processus en temps reacuteel reacutealiseacutees dans des bassins-versants expeacuterimentaux permettent aussi drsquoameacuteliorer nos connaissances sur la physique de lrsquoeacutecoulement afin de deacutevelopper des modegraveles deacuteterministes et drsquoestimer des dis-tances drsquoarrecirct (Laigle et Marchi 2000 Mallet et al 2005 Remaitre et al 2008)

Au total ce type de dispositif est indispensable pour comprendre finement le fonc-tionnement des processus Il doit donc ecirctre maintenu sur la dureacutee et reproduit dans drsquoautres contextes environnementaux (veacutegeacutetation lithologie climat) pour saisir leurs effets sur le deacuteclenchement et le fonctionnement des laves Ces observa-tions doivent eacutegalement ecirctre combineacutees agrave des observations reacutealiseacutees cette fois agrave une eacutechelle spatiale plus large preacutesenteacutee ci-dessous

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Lrsquoeacutechelle reacutegionale

Pour eacutetudier les causes des variations de lrsquoactiviteacute des laves torrentielles il faut disposer drsquoobservations permettant de satisfaire deux conditions

une longue peacuteriode de temps pour deacutetecter potentiellement un changement significatif dans lrsquoactiviteacute du processus et du climat

un large territoire pour prendre en compte les variations spatiales lieacutees aux caracteacuteristiques du bassin-versant par exemple la lithologie

On beacuteneacuteficie en France drsquoun reacuteseau drsquoobservations de laves torrentielles reacutealiseacutees par les agents du RTM (Office national des forecircts ndash restauration des terrains en montagne) en partenariat avec lrsquoIRSTEA sur lrsquoensemble du territoire alpin (Brochot et al 2002) Ces donneacutees uniques couvrant plusieurs deacutecennies preacutesentent neacuteanmoins certaines faiblesses rappeleacutees ici Le recensement ayant lieu au pied des bassins-versants il srsquoagit drsquoun nombre minimal drsquoeacuteveacutenements au regard des observations reacutealiseacutees dans le bassin-versant expeacuterimental du Real par exemple Les eacuteveacutenements geacuteo-reacutefeacuterenceacutes sont documenteacutes au pas de temps journalier le plus souvent Par ailleurs bien que reacutealiseacutee par des speacutecialistes lrsquoidentification des types drsquoeacutecoulement est parfois deacutelicate a posteriori Toutefois ces observa-tions apportent un eacuteclairage nouveau et essentiel agrave la compreacutehension des laves torrentielles dont quelques exemples sont preacutesenteacutes ici Dans les hauts bas-sins-versants du Drac de lrsquoIsegravere et de la Durance des relations intensiteacute-dureacutee des preacutecipitations ont eacuteteacute proposeacutees agrave partir drsquoobservations meacuteteacuteorologiques et des reacuteanalyses SAFRAN (Pavlova et al 2011 2012 2014) Toutefois la faible densiteacute du reacuteseau drsquoobservation meacuteteacuteorologique rend peu pertinent ce type drsquoap-proche ID agrave cette eacutechelle spatiale En effet de tregraves nombreux eacuteveacutenements ont eacuteteacute deacuteclencheacutes sans que des preacutecipitations aient eacuteteacute mesureacutees agrave proximiteacute les stations meacuteteacuteorologiques eacutetant le plus souvent situeacutees agrave basse altitude et parfois distantes de plusieurs kilomegravetres du bassin-versant consideacutereacute Dans ces sec-teurs une approche fondeacutee sur une modeacutelisation probabiliste srsquoest aveacutereacutee plus pertinente pour identifier les conditions meacuteteacuteorologiquesclimatiques propices au deacuteclenchement des laves agrave partir de variables mesureacutees au pas de temps jour-nalier ou mensuel cette fois (Pavlova et al 2014) Le nombre de jours de pluies entre le 15 mai et le 15 octobre ainsi que la moyenne des tempeacuteratures maxi-males sont les deux variables qui se sont aveacutereacutees ecirctre les mieux correacuteleacutees au deacuteclenchement des laves agrave une eacutechelle reacutegionale (Pavlova et al 2014) (fig B17) Ces longues seacuteries eacuteveacutenementielles sont de qualiteacute variable dans le temps et lrsquoespace raison pour laquelle une pseudo-homogeacuteneacuteisation a eacuteteacute testeacutee avec succegraves (Jomelli et al 2015) Ces longues seacuteries corrigeacutees ont permis de deacutetec-ter une augmentation de lrsquooccurrence des laves au cours de ces derniegraveres deacutecen-nies en lien avec le climat (Jomelli et al 2007 2015) Cette base de donneacutees eacuteveacutenementielles a aussi permis de caracteacuteriser la plupart des bassins-versants et deacuteterminer ainsi dans lesquels les laves se produisent plus favorablement que drsquoautres types drsquoeacutecoulements concentreacutes en srsquoappuyant sur lrsquoindice de Melton (Bertrand et al 2013)

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Par ailleurs ces investigations conduites sur un large territoire ont permis de montrer que les relations entre les laves torrentielles et le climat nrsquoeacutetaient pas univoques mais deacutependaient fortement du contexte geacuteomorphologique comme la lithologie lrsquoaltitude et la taille de la zone amont qui a une forte influence sur la freacutequence et le temps de retour de ces laves (Jomelli et al 2007) Une remonteacutee en altitude de la zone de deacuteclenchement des laves torrentielles a ainsi pu ecirctre mise en eacutevidence lieacutee agrave lrsquoaugmentation des tempeacuteratures De plus agrave basse alti-tude (lt 2 200 m) le nombre de laves a diminueacute depuis les anneacutees 1980 alors qursquoune augmentation significative a eacuteteacute observeacutee en altitude (Jomelli et al 2004)

Agrave cette eacutechelle spatiale le contexte geacuteomorphologique peut ecirctre consideacutereacute dans la relation climatdeacuteclenchement des laves Sur le plan meacutethodologique les modegraveles deacuteterministes peuvent prendre en compte simultaneacutement les variables environnementales et climatiques dans lrsquoeacutevaluation de lrsquoactiviteacute des laves torren-tielles Par exemple les modegraveles de stabiliteacute des pentes utilisent des variables geacuteotechniques pour deacutefinir la sensibiliteacute du sol aux eacutecoulements en fonction des preacutecipitations Cependant ces modegraveles sont geacuteneacuteralement appliqueacutes aux bassins-versants preacutesentant des caracteacuteristiques environnementales homogegravenes situeacutees dans la mecircme zone climatique afin de reacuteduire la difficulteacute de la modeacutelisation Les approches agrave partir drsquoanalyses statistiques utilisent geacuteneacuteralement des donneacutees couvrant un large territoire impliquant une grande variabiliteacute environnementale et climatique Mais ici aussi pour reacuteduire la complexiteacute de lrsquoanalyse les preacutedic-teurs environnementaux et climatiques sont le plus souvent consideacutereacutes seacutepareacute-ment Reacutecemment une modeacutelisation bayeacutesienne hieacuterarchique a permis de montrer que le climat joue un rocircle deacuteterminant lorsque lrsquoactiviteacute des bassins-versants est homogegravene (au moins une lave deacuteclencheacutee par deacutecennie) Agrave lrsquoinverse crsquoest la litho-logie qui srsquoavegravere ecirctre la variable la plus discriminante pour expliquer la raison pour laquelle certains bassins-versants sont tregraves actifs tandis que drsquoautres le sont peu (Jomelli et al 2018 submitted)

Figure B17 ndash Probabiliteacute de deacuteclenchement des laves torrentielles dans les Alpes franccedilaises du Nord agrave partir de SAFRAN (1970-2005)

Source drsquoapregraves Pavlova et al 2014

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Les avalanches

Auteurs Nicolas Eckert Thierry Faug Florie Giacona Jeacuterocircme Lopez-Saez

Mohamed Naaim

Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Christophe Corona

GEOLAB Centre national de la recherche scientifique Clermont-Ferrand

Samuel Morin

Meacuteteacuteo-France Centre drsquoeacutetude de la neige Grenoble

Quelques reacutesultats statistiques sur les observations des avalanches pour les der-niegraveres deacutecennies dans les Alpes franccedilaises

LrsquoEnquecircte permanente sur les avalanches (EPA) constitue une base de donneacutees quasi instrumentale qui reacutepertorie les avalanches sur pregraves de 3 000 couloirs des Alpes depuis le deacutebut du XXe siegravecle Les observations qui y sont consigneacutees ont pour lrsquoinstant eacuteteacute analyseacutees surtout sur la peacuteriode post-Seconde Guerre mon-diale au cours de laquelle elles sont plus systeacutematiques En matiegravere de nombre drsquoavalanches malgreacute une forte variabiliteacute interannuelle un maximum relatif drsquoac-tiviteacute a pu ecirctre identifieacute autour de 1980 suivi par une deacutecroissance (fig B18a Eckert et al 2010) Une tendance similaire se retrouve de maniegravere amplifieacutee et inverseacutee dans les altitudes drsquoarrecirct atteintes par les avalanches (fig B18b) et plus encore dans les altitudes drsquoarrecirct atteintes par les grandes avalanches qui remontent nettement depuis 1980 (fig B18c) Une autre tendance significative est la diminution nette et reacuteguliegravere de la proportion drsquoavalanches avec aeacuterosol depuis le deacutebut des anneacutees 1970 eacutepoque agrave partir de laquelle cette information est enregistreacutee dans lrsquoEPA (fig B18d)

Lrsquoaugmentation relative de lrsquoactiviteacute avalancheuse sur la peacuteriode 1960-1980 a coiumlncideacute avec des hivers plus froids et neigeux par ailleurs bien documenteacutes par drsquoautres indicateurs (courtes avanceacutees glaciaires notamment) Le laquo recul des avalanches raquo accompagneacute drsquoune diminution de la proportion des avalanches avec aeacuterosol qui srsquoest produite ensuite coiumlncide quant agrave lui avec une peacuteriode de reacutechauf-fement marqueacute (Castebrunet et al 2012)

Le lien entre altitude drsquoarrecirct des avalanches et tempeacuterature a pu ecirctre mis en eacutevi-dence de maniegravere explicite au travers de correacutelations entre les frottements qui controcirclent la dynamique des avalanches et les proprieacuteteacutes physiques de la neige Sur les couloirs bien documenteacutes de la haute valleacutee de lrsquoArve il a pu ecirctre montreacute que le coefficient de frottement de la neige augmente avec la tempeacuterature de la neige (Naaim et al 2013) Ce reacutesultat suggegravere que la remonteacutee en altitude des positions drsquoarrecirct des avalanches depuis 1980 peut effectivement ecirctre attribueacutee au moins en partie agrave lrsquoaugmentation des tempeacuteratures hivernales

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Figure B18 eacutevolutions reacutecentes de lrsquoactiviteacute avalancheuse dans les Alpes franccedilaises enregistreacutee par lrsquoEPA a) nombre moyen drsquoavalanches par couloir et par an b) altitude drsquoarrecirct moyenne annuelle c) altitude drsquoarrecirct deacutecennale (niveau de retour) d) proportion drsquoavalanches avec aeacuterosol (incluant les eacutecoulements mixtes)

Ce scheacutema global simple masque en reacutealiteacute des eacutevolutions diffeacuterencieacutees forte-ment controcircleacutees par lrsquoaltitude Agrave basse altitude (approximativement en dessous de 1 500 m) la diminution de lrsquoactiviteacute avalancheuse depuis 1980 environ a eacuteteacute drastique en lien avec la forte reacuteduction de lrsquoenneigement induite par le reacutechauf-fement du climat Au contraire agrave plus haute altitude lrsquoactiviteacute a reacutecemment aug-menteacute depuis 1980 (Lavigne et al 2015) peut-ecirctre sous lrsquoeffet de lrsquoaccroissement de la variabiliteacute climatique hivernale et de lrsquoactiviteacute avalancheuse de neige humide

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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sur laquelle on reviendra Cette tendance concerne en particulier les massifs du sud des Alpes franccedilaises qui ont en moyenne une altitude plus eacuteleveacutee que ceux situeacutes au nord des Alpes franccedilaises et sont soumis conjointement aux influences climatiques meacutediterraneacuteennes et atlantiques

Ailleurs etou sur des peacuteriodes plus longues

Pour reacuteellement appreacutehender le lien avalanche-climat il est neacutecessaire de srsquoin-teacuteresser agrave des peacuteriodes temporelles plus longues incluant des eacutepoques ougrave le climat eacutetait clairement diffeacuterent des conditions actuelles Des donneacutees paleacuteo-envi-ronnementales suggegraverent ainsi qursquoau Petit acircge glaciaire (PAG) 4 des avalanches majeures se sont produites dans des endroits ougrave lrsquoactiviteacute a eacuteteacute bien moins intense durant les derniegraveres deacutecennies Ces eacutevolutions pluriseacuteculaires ont pu ecirctre docu-menteacutees en Scandinavie au moyen drsquoune approche licheacutenomeacutetrique qui utilise lrsquoacircge des lichens pour deacuteterminer la freacutequence des remaniements dans les zones drsquoarrecirct drsquoavalanches Dans les montagnes europeacuteennes et en Ameacuterique du Nord lrsquoapproche dendrogeacuteomorphologique baseacutee sur lrsquoidentification et la datation des perturbations de croissance lieacutees aux avalanches dans les cernes de croissance de vieux peuplements forestiers a eacuteteacute utiliseacutee La plus ancienne chronique ava-lancheuse actuellement reconstruite remonte jusqursquoau XIVe siegravecle dans le massif du Queyras Lrsquointerpreacutetation climatique de telles seacuteries reste toutefois difficile du fait du caractegravere limiteacute de la quantiteacute de donneacutees ainsi reconstruites et des biais inheacuterents agrave la meacutethode (perte de meacutemoire avec le temps etc)

Les proxies sont utilement suppleacutementeacutes par lrsquoanalyse des archives historiques qursquoil convient toutefois de replacer dans leur contexte avec preacutecision (qualiteacute et origine des sources eacutevolutions du vocabulaire etc) Dans cette optique les massifs franccedilais de moyenne montagne (Massif vosgien Massif central Jura) constituent des sites drsquoeacutetude privileacutegieacutes Lrsquoaltitude des zones de deacutepart drsquoavalanche corres-pond agrave lrsquoaltitude moyenne de la limite pluieneige durant la saison hivernale ce qui les rend particuliegraverement sensible au reacutechauffement Des travaux reacutecents baseacutes sur une analyse historique suggegraverent ainsi une quasi-extinction de lrsquoacti-viteacute avalancheuse de basse altitude au cours de la seconde moitieacute du XIXe siegravecle dans le Massif vosgien peacuteriode qui coiumlncide avec la sortie du PAG Toutefois les sources historiques eacutetant geacuteneacuteralement eacutetroitement associeacutees agrave la vulneacuterabi-liteacute donc aux deacutegacircts causeacutes par les avalanches elles ne permettent pas agrave elles seules de renseigner lrsquoeacutevolution de lrsquoaleacutea naturel Des investigations suppleacutemen-taires associant donneacutees historiques proxies eacutetudes diachroniques des usages des sols et diffeacuterents outils de simulation climatique restent donc agrave mener pour confirmer et si possible geacuteneacuteraliser ces premiers reacutesultats relatifs agrave lrsquoeacutevolution seacuteculaire de lrsquoactiviteacute avalancheuse avec le climat

4 Le Petit acircge glaciaire (PAG) est une peacuteriode climatique froide survenue en Europe et en Ameacuterique du Nord du deacutebut du XIVe agrave la fin du XIXe siegravecle approximativement

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Lien entre les changements deacutejagrave observeacutes et les activiteacutes humaines

Auteurs Serge Planton

Meacuteteacuteo-France

Robert Vautard

IPSL

De nombreux eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques ou climatiques extrecircmes ont ponctueacute la derniegravere deacutecennie en France (voir Partie preacuteceacutedente) Ces pheacutenomegravenes ont parfois eacuteteacute laquo sans preacuteceacutedent connu raquo comme la vague de chaleur de 2003 engendrant des impacts nouveaux auxquels la socieacuteteacute nrsquoeacutetait pas preacutepareacutee Srsquoil est difficile de relier directement ces eacuteveacutenements au changement climatique en revanche les projections climatiques pour le milieu ou la fin du siegravecle montrent une eacutevolu-tion de la freacutequence ou de lrsquointensiteacute de plusieurs types drsquoeacuteveacutenements (vagues de chaleur seacutecheresses preacutecipitations intenses notamment) sans montrer de signal significatif pour drsquoautres (tempecirctes notamment)

Degraves lors plusieurs questions geacuteneacuterales se posent chaque fois qursquoun eacuteveacutenement se produit

Cet eacuteveacutenement ou bien lrsquoeacutevolution de ses caracteacuteristiques sont-ils seulement

drsquoorigine naturelle ou en partie lieacutes aux activiteacutes humaines Comment les pheacute-

nomegravenes observeacutes peuvent-ils se comparer aux projections du climat futur

Les reacuteponses agrave ces questions sont cruciales pour anticiper les risques agrave venir et preacuteparer les politiques drsquoadaptation lieacutees aux extrecircmes En effet les eacuteveacutenements extrecircmes engendrent des dommages importants de faccedilon transversale et simul-taneacutee dans diffeacuterents secteurs de lrsquoeacuteconomie de la santeacute ou de lrsquoenvironnement Ils ont parfois servi de deacuteclencheurs de nouvelles politiques drsquoadaptation (ex le Plan national canicule en 2003) Une meilleure compreacutehension et interpreacuteta-tion des causes de ces aleacuteas dans un cadre climatique eacutevolutif permettraient de mieux les anticiper au lieu de subir leurs conseacutequences

Le lien au changement climatique pour la plupart de ces eacuteveacutenements reste agrave eacutetudier Pourtant nous ne partons pas de rien En effet drsquoune part un nombre croissant drsquoeacutetudes srsquointeacuteressent actuellement agrave la deacutetection et agrave lrsquoattribution des change-ments climatiques des eacuteveacutenements extrecircmes et de leurs conseacutequences eacuteven-tuelles Il srsquoagit de deacuteterminer si lrsquoeacutevolution des statistiques (freacutequence amplitude) drsquoun type drsquoeacuteveacutenement (par exemple la probabiliteacute drsquoobserver une vague de chaleur ou la freacutequence de preacutecipitations intenses) peut ecirctre expliqueacutee par la seule varia-biliteacute interne du climat et si ce nrsquoest pas le cas drsquoeacutevaluer les contributions au changement deacutetecteacute de diffeacuterents facteurs externes qursquoils soient anthropiques (par exemple les gaz agrave effet de serre ou les particules de pollution atmospheacuterique) ou naturels (par exemple lrsquoactiviteacute solaire ou volcanique) Les meacutethodes actuelles

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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reposent souvent sur la comparaison de simulations climatiques avec et sans les facteurs suspecteacutes et leur coheacuterence avec les observations

Drsquoautre part plus reacutecemment lrsquoattention srsquoest porteacutee sur lrsquoattribution drsquoeacuteveacutene-ments singuliers Il srsquoagit dans ce cas drsquoeacutetudier speacutecifiquement un eacuteveacutenement observeacute et drsquoestimer comment les facteurs externes ont pu modifier la probabi-liteacute drsquooccurrence des eacuteveacutenements du mecircme type Le terme drsquoattribution est ici agrave manier avec prudence car il ne srsquoagit pas drsquoaffirmer que lrsquoeacuteveacutenement nrsquoaurait pas eu lieu en lrsquoabsence du forccedilage anthropique par exemple mais drsquoindiquer srsquoil est devenu plus ou moins probable agrave cause de ce forccedilage

Sont reacutesumeacutes ici quelques reacutesultats obtenus par le projet Extremoscope 5 (Gasparrini 2017) Les eacuteveacutenements extrecircmes eacutetudieacutes ici eacutetaient ceux pour lesquels les donneacutees historiques sont disponibles homogegravenes et fiables (vagues de chaleur vagues de froid seacutecheresses ou preacutecipitations intenses)

Pendant le deacuteroulement du projet de novembre 2013 agrave octobre 2016 six eacuteveacute-nements meacuteteacuteorologiques et climatiques particuliegraverement marquants qui se sont produits en France ont eacuteteacute retenus pour lrsquoanalyse Trois se rapportent agrave des eacuteveacutene-ments pluvieux et trois agrave des eacutepisodes chauds mais aussi secs pour lrsquoun drsquoentre eux Par la suite drsquoautres pheacutenomegravenes ont pu eacutegalement ecirctre eacutetudieacutes dans le cadre de la nouvelle laquo Convention services climatiques raquo soutenue par le ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire

Nous donnons ici une courte synthegravese de lrsquoeacutetude de chacun des six eacuteveacutenements analyseacutes pendant le projet Extremoscope Quelques figures choisies pour deux des six cas permettent drsquoillustrer le type de visualisation pouvant ecirctre produit pour caracteacuteriser chaque eacuteveacutenement et son lien avec le changement climatique

Les pluies intenses de lrsquohiver 2013-2014

Les cumuls de pluie de lrsquohiver 2013-2014 ont deacutepasseacute les records des cinquante derniegraveres anneacutees sur la Bretagne ougrave ils ont engendreacute des inondations majeures (fig B19) Cet eacuteveacutenement est ducirc agrave la persistance drsquoune circulation atmospheacuterique avec des vents de sud-ouest chargeacutes drsquohumiditeacute Les simulations climatiques reacutegionales reproduisent difficilement les forts cumuls sur lrsquohiver et ne montrent pas de changement significatif des proprieacuteteacutes des extrecircmes depuis 1971 Il est donc impossible avec les reacutesultats obtenus ici de conclure agrave un changement ducirc aux activiteacutes humaines pour ce type drsquoextrecircme

5 Programme GICC MTESCGDDDRISR

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Les pluies Ceacutevenoles de lrsquoautomne 2014

Les pluies journaliegraveres les plus fortes sur le pourtour meacutediterraneacuteen ont une amplitude qui a augmenteacute de 20 environ (incertitude plusmn 15 ) entre 1960 et aujourdrsquohui En automne sur les Ceacutevennes la probabiliteacute de deacutepasser aujourdrsquohui des seuils eacuteleveacutes (300 mmjour) comme ceux observeacutes en 2014 a environ tripleacute en soixante-cinq ans (Vautard et al 2015) Il est difficile drsquoexpliquer ces tendances sans invoquer lrsquoinfluence humaine sur le climat Une nouvelle eacutetude tregraves reacutecente (Luu et al 2018) a permis de montrer que les simulations reacutealiseacutees dans le cadre du projet EURO-CORDEX inteacutegrant les eacutemissions anthropiques ont des tendances eacutequivalentes coheacuterentes avec les observations tout en sous-estimant les cumuls de preacutecipitations Lrsquoorigine humaine de cette augmentation est donc probable

Figure B19 ndash Caracteacuterisation du caractegravere exceptionnel des preacutecipitations de lrsquohiver 2013-2014 avec lrsquoindicateur agreacutegeacute de preacutecipitations agrave lrsquoeacutechelle de la reacutegion Bretagne calculeacute sur la peacuteriode 1959-2017 (cumul moyen sur la zone)

Source Extremoscope

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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La vague de chaleur et la seacutecheresse de lrsquoeacuteteacute 2015

Lrsquoeacuteteacute 2015 est le troisiegraveme eacuteteacute le plus chaud observeacute en France apregraves 2003 (+ 32 degC) 2018 (+ 2 degC) Il a notamment eacuteteacute marqueacute par deux vagues de chaleur en juillet Lrsquoanomalie de tempeacuterature a eacuteteacute accompagneacutee drsquoune anomalie anticy-lonique sur lrsquoEurope Lrsquoeacuteteacute 2015 a eacuteteacute eacutetudieacute agrave travers deux meacutethodes de deacutetec-tion et attribution Si les deux meacutethodes srsquoaccordent pour dire que le changement climatique a augmenteacute lrsquointensiteacute de cette vague de chaleur elles diffegraverent quant agrave leur quantification de cette augmentation La meacutethode des analogues de cir-culation conduit agrave une augmentation de 11 degC tandis que la meacutethode baseacutee sur des simulations reacutegionales attribue 03 degC au changement climatique Par ail-leurs une eacutetude reacutecente srsquoest focaliseacutee sur le deacuteficit en preacutecipitation au cours du mecircme eacuteteacute (Hauser et al 2017) La variabiliteacute des reacutesultats entre les diffeacute-rents modegraveles nrsquoa pas permis de conclure agrave un signal significatif des activiteacutes humaines pour ce paramegravetre

Le record de chaleur de deacutecembre 2015

Le mois de deacutecembre 2015 le plus chaud jamais observeacute en France (fig B20) a eacuteteacute eacutetudieacute agrave partir de plusieurs meacutethodes afin de deacuteterminer le rocircle eacuteventuel

Figure B20 ndash Caracteacuterisation des mois de deacutecembre en France en rapport agrave la normale (moyenne 1981-2010) pour les preacutecipitations en pourcentage de cette normale (axe des abscisses) et eacutecart agrave la normale des tempeacuteratures en degreacute Celsius (axe des ordonneacutees)

Source Meacuteteacuteo-France

Tempeacuteratures et preacutecipitations en deacutecembre de 1959 agrave 2017

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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du changement climatique dans son apparition Les tempeacuteratures eacuteleveacutees sont largement dues aux vents de sud soufflant au cours du mois mais lrsquointensiteacute de cet eacuteveacutenement est 025 degC agrave 06 degC plus eacuteleveacutee que ce qursquoelle aurait eacuteteacute avec les mecircmes vents dans un climat avec moins de gaz agrave effet de serre Les simulations climatiques utiliseacutees ne contiennent aucun cas de tempeacuteratures aussi eacuteleveacutees agrave la fin du XXe siegravecle alors que quelques cas apparaissent dans la peacuteriode actuelle Ce type drsquoeacuteveacutenement est donc extrecircmement peu probable dans un climat sans influence humaine mais deviendra de plus en plus probable au cours du XXIe siegravecle sans reacuteduction des eacutemissions de gaz agrave effet de serre (fig B21) Une eacutetude publieacutee reacutecemment a par ailleurs permis de deacutemontrer que pour des circulations atmos-pheacuteriques similaires les tempeacuteratures sont moins eacuteleveacutees dans le milieu du XXe siegravecle que dans la peacuteriode plus reacutecente (Jeacutezeacutequel et al 2017)

Les pluies extrecircmes du printemps 2016

Un eacutepisode de trois jours de pluies quasi continues srsquoest produit sur le centre de la France les 29-30-31 mai 2016 occasionnant des inondations dans les bassins de la Loire et de la Seine notamment sur plusieurs affluents Une augmentation de freacutequence de ce type drsquoeacuteveacutenement agrave cette peacuteriode de lrsquoanneacutee nrsquoest pas deacutetec-table dans les observations En revanche les simulations de plusieurs ensembles

Figure B21 ndash Valeurs de retour de lrsquoindicateur thermique pour le mois de deacutecembre en fonction de la peacuteriode de retour pour les observations durant la peacuteriode reacutecente (couleur cyan) et pour diffeacuterentes peacuteriodes pour les simulations Euro-CORDEX

Source IPSL

Vale

ur d

e re

tour

(degC

)

Peacuteriode de retour (anneacutees)

1971-2000

Actuel [2001-2030]

2021-2050

2041-2070

Obs 1949-2015

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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de modegraveles montrent une augmentation drsquoun facteur 15 agrave 2 environ de cette freacute-quence par rapport agrave un climat sans activiteacutes humaines ou agrave une peacuteriode clima-tique de la fin du XXe siegravecle Il est donc possible que les activiteacutes humaines aient augmenteacute lrsquointensiteacute et la probabiliteacute drsquooccurrence de tels pheacutenomegravenes sans que les observations permettent de le confirmer

Les vagues de chaleur tardives de lrsquoeacuteteacute 2016

La France a connu des tempeacuteratures tregraves eacuteleveacutees au cours de la fin de lrsquoeacuteteacute 2016 Bien que classiques pour une vague de chaleur de milieu drsquoeacuteteacute les tempeacuteratures rencontreacutees ont eacuteteacute tregraves exceptionnelles pour une fin drsquoeacuteteacute et des valeurs record pour la peacuteriode du 16 aoucirct au 15 septembre ont eacuteteacute atteintes Une analyse agrave partir des simulations climatiques montre que de telles tempeacuteratures sont extrecirc-mement peu probables sans la modification du climat induite par les activiteacutes humaines Elle montre aussi que dans le futur des tempeacuteratures aussi eacuteleveacutees entre le 16 aoucirct et le 15 septembre seront freacutequentes Cela montre que les mesures drsquoadaptation aux vagues de chaleur doivent aussi srsquoeacutetendre au mois de septembre

Drsquoautres eacutetudes ont eacuteteacute meneacutees depuis comme celle sur lrsquoeacuteteacute exceptionnel et la vague de chaleur drsquoaoucirct 2017 sur les reacutegions meacutediterraneacuteennes (Kew et al 2018) montrant que drsquoune part la probabiliteacute de telles tempeacuteratures avait pro-bablement augmenteacute drsquoun ordre de grandeur 6 avec une peacuteriode de retour actuelle drsquoune dizaine drsquoanneacutees sur la reacutegion concerneacutee et drsquoautre part que dans un climat 2 degreacutes plus chaud que sans activiteacutes humaines ce type de tempeacuteratures deviendrait la norme dans cette reacutegion Il faut rappeler les tempeacuteratures record observeacutees (plus de 41 degC agrave Nicircmes) et la forte seacutecheresse qui a accompagneacute cet eacuteveacutenement occasionnant des pertes pour la viticulture notamment

Conclusions

La diversiteacute de ces eacuteveacutenements portant parfois sur une saison parfois sur quelques jours conduit agrave tirer des conclusions diffeacuterentes concernant un possible effet des activiteacutes humaines Ces conclusions vont de lrsquoabsence drsquoeffet identifieacute (pluies intenses seacutecheresses) jusqursquoagrave une empreinte claire des activiteacutes humaines sur la probabiliteacute drsquoeacuteveacutenements comparables (vagues de chaleur) La quantification preacutecise de lrsquoinfluence humaine sur les extrecircmes de chaleur nrsquoest toutefois pas possible agrave ce stade

Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale ces conclusions sont en accord avec les reacutesultats des eacutetudes meneacutees au niveau international et dont une synthegravese avait eacuteteacute faite au cours drsquoun atelier du colloque Our Common Future Under Climate Change qui srsquoest tenu quelques mois avant la confeacuterence de Paris sur le climat (Paris 7-10 juillet 2015) La principale conclusion de cet atelier focaliseacute sur la question de la deacutetec-tion et de lrsquoattribution des eacuteveacutenements singuliers eacutetait la suivante

6 La probabiliteacute a eacuteteacute multiplieacutee par un facteur 10

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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laquo Les preuves que lrsquoinfluence humaine exacerbe les extrecircmes de tempeacuterature ont continueacute agrave se renforcer et la confiance dans le fait que ce soit aussi le cas pour les extrecircmes de preacutecipitations augmente raquo

Agrave ce jour il nrsquoexiste pas drsquoeacutetude formalisant lrsquoattribution de changements dans lrsquoac-tiviteacute avalancheuse aux activiteacutes humaines (ni en France ni dans les autres pays de montagne) bien que la question se pose reacuteguliegraverement lors de chaque eacuteveacute-nement avalancheux majeur (par exemple janvier 2018 dans les Alpes du Nord)

De mecircme lrsquoinfluence du changement climatique sur les eacuteveacutenements extrecircmes neigeux certains risques gravitaires les risques lieacutes aux glaciers et leur eacutevolution dans un climat futur nrsquoont pas eacuteteacute lrsquoobjet de suffisamment drsquoeacutetudes pour obtenir des eacuteleacutements suffisants et des conclusions pertinentes

Chapitre CEacutevolutions

dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

Auteurs Serge Planton Meacuteteacuteo-France

Robert Vautard IPSL

copy Arnaud Bouissou ndash Terra

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Plusieurs des reacutesultats preacutesenteacutes dans ce chapitre font reacutefeacuterence aux sceacute-narios drsquoeacutemissions futures de gaz agrave effet de serre deacutefinis dans le contexte du travail drsquoexpertise du GIEC (GIEC 2013) Il srsquoagit des sceacutenarios dits RCP pour Representative Concentration Pathways (profils repreacutesentatifs drsquoeacutevo-lution de concentration) qui ont servi de base au calcul de projections cli-matiques tant agrave lrsquoeacutechelle globale qursquoagrave lrsquoeacutechelle reacutegionale crsquoest-agrave-dire celle du sous-continent europeacuteen ou de la France meacutetropolitaine Cependant agrave lrsquoeacutechelle reacutegionale les reacutesultats les plus reacutecents preacutesenteacutes ici ne prennent en compte que deux sceacutenarios parmi les quatre proposeacutes par les experts du GIEC ndash RCP85 de fortes eacutemissions de gaz agrave effet de serre et RCP45 drsquoeacutemis-sions laquo modeacutereacutees raquo - Ce sont en effet les seuls pour lesquels un ensemble relativement important de simulations a eacuteteacute reacutealiseacute agrave partir drsquoune dizaine de modegraveles climatiques reacutegionaux diffeacuterents (drsquoune reacutesolution drsquoune dizaine de kilomegravetres) dans le cadre du projet europeacuteen de recherche Euro-CORDEX lanceacute en 2009 Degraves lors la question du sceacutenario du reacutechauffement agrave 2 degC agrave lrsquoeacutechelle globale correspondant sensiblement au sceacutenario RCP26 est poseacutee Elle nrsquoest pas essentielle agrave un horizon temporel limiteacute au milieu de ce siegravecle (typiquement pour la peacuteriode 2021-2050) car agrave cet horizon les pro-jections climatiques deacutependent faiblement du sceacutenario drsquoeacutemissions de gaz agrave effet de serre En revanche agrave lrsquohorizon de la fin de ce siegravecle (typiquement pour la peacuteriode 2071-2100) les reacutesultats en deacutependent fortement Il faut toutefois noter que les quelques simulations reacutealiseacutees agrave lrsquoeacutechelle reacutegionale pour le sceacutenario RCP26 montrent une relative stabiliteacute des reacutesultats concer-nant les extrecircmes climatiques entre le milieu et la fin de ce siegravecle (voir par exemple les reacutesultats des simulations du modegravele Aladin-Climat de Meacuteteacuteo-France figurant sur le portail Internet Drias 1) Il est donc possible de trans-poser les reacutesultats des sceacutenarios RCP45 et RCP85 au milieu du siegravecle pour disposer drsquoune estimation des changements auxquels on peut srsquoattendre agrave la fin du siegravecle pour le sceacutenario RCP26

1 httpwwwdrias-climatfr

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Quel sera lrsquoimpact futur du changement climatique sur les risques naturels majeurs

Croiser les connaissances relatives agrave lrsquoeacutevolution des aleacuteas avec les enjeux exposeacutes actuellement et dans la mesure du possible de leurs eacutevolutions atten-dues permet drsquoestimer les conseacutequences potentielles du changement climatique en matiegravere de risques naturels

Plusieurs eacutevaluations meneacutees par le secteur des assurances anticipent une hausse notable de la sinistraliteacute et du coucirct des dommages dus agrave des aleacuteas naturels dont une part non neacutegligeable est expliqueacutee par le changement climatique principale-ment sur les aleacuteas seacutecheresse et submersion marine Toutefois ces eacutetudes sou-lignent que la hausse de la sinistraliteacute sera principalement due agrave une exposition accrue des biens ndash leur nombre leur localisation leur valeur ndash dans des zones agrave risques qui pourraient croicirctre Ainsi la concentration croissante de population et drsquoactiviteacutes dans le sud de la France et sur le littoral est de nature agrave accroicirctre la sinistraliteacute Certains territoires drsquooutre-mer connaissent aussi une forte crois-sance deacutemographique (Mayotte Guyane)

Les eacutetudes meneacutees par les assureurs ne prennent pas en compte les mesures drsquoadaptation qui visent agrave limiter cette augmentation de la sinistraliteacute ou la reacuteduire

Encadreacute 1

Les conseacutequences du changement climatique sur les dommages assureacutes

en France agrave lrsquohorizon 2050 eacutetude de la Caisse centrale de reacuteassurance

(CCR) et Meacuteteacuteo-France

Auteur Emmanuel Vullierme

MTES DGPRSRNH

Au regard des reacutecentes catastrophes la question de lrsquoeacutevolution future de la freacutequence et des conseacutequences financiegraveres des eacuteveacutenements est de toute premiegravere importance pour assurer la soliditeacute du reacutegime drsquoindemni-sation des catastrophes naturelles

Apregraves une premiegravere eacutetude meneacutee dans le cadre de la 21e Confeacuterence des parties (COP 21) organiseacutee agrave Paris en deacutecembre 2015 2 la CCR a souhaiteacute estimer lrsquoimpact que pourrait avoir le sceacutenario du GIEC le plus pessimiste sur le coucirct des catastrophes En 2018 cette nouvelle eacutetude meneacutee en partenariat avec Meacuteteacuteo-France srsquoappuie sur le sceacutenario qui suppose que les eacutemissions de gaz agrave effet de serre vont se poursuivre agrave la mecircme ten-dance qursquoactuellement (sceacutenario dit laquo RCP85 raquo) Selon le GIEC la hausse

2 Modeacutelisation de lrsquoimpact du changement climatique sur les dommages assureacutes dans le cadre du reacutegime Catastrophes Naturelles Caisse centrale de reacuteassurance deacutecembre 2015

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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des tempeacuteratures mondiales (terres et oceacuteans) serait alors comprise entre 14 degC et 26 degC en 2050 et entre 26 degC et 48 degC en 2100 par rapport aux tempeacuteratures de la peacuteriode preacute-industrielle Le niveau de la mer pour-rait connaicirctre une augmentation drsquoenviron 23 cm agrave lrsquohorizon 2050 (2016-2065) par rapport au niveau moyen de 1986-2005

Les reacutesultats de modeacutelisation du climat futur reacutealiseacutee par Meacuteteacuteo-France agrave lrsquoaide de son modegravele Arpegravege-Climat sont venus alimenter les modegraveles drsquoaleacutea (inondation seacutecheresse et submersion marine) et de dommages de la CCR (Moncoulon 2014 et Naulin 2016) Pour ce faire 400 anneacutees agrave climat actuel et agrave climat 2050 ont eacuteteacute simuleacutees par les modegraveles de Meacuteteacuteo-France Cette chaicircne de modeacutelisation permet drsquoeacutevaluer in fine la hausse des pertes annuelles moyennes agrave lrsquohorizon 2050 (fig C1)

Lrsquoanalyse des reacutesultats agrave lrsquoeacutechelle locale fait apparaicirctre de fortes dispari-teacutes territoriales avec une exposition importante de la faccedilade atlantique et de lrsquoIcircle-de-France (fig C2) Ces reacutesultats sont eacutegalement reacuteveacutelateurs des enjeux agrave prendre en compte dans les politiques de preacutevention agrave savoir la concentration des biens dans les futures zones agrave risque et la reacutecurrence eacuteleveacutee de certains eacuteveacutenements

Figure C1 ndash Eacutevolution des pertes annuelles moyennes en 2050

Source Meacuteteacuteo-France

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Certaines actions ont une influence sur la survenue de certains aleacuteas soit pour les reacuteduire soit de maniegravere incidente les accentuer Ainsi les pheacutenomegravenes de ruissellement susceptibles de provoquer des inondations peuvent ecirctre locale-ment accentueacutes par lrsquoartificialisation des sols Autre exemple lrsquoartificialisation du sol en milieu urbain a tendance agrave augmenter localement les tempeacuteratures par rapport aux zones rurales ce qui est susceptible de provoquer des pheacutenomegravenes drsquoicirclots de chaleur et drsquoamplifier les effets des canicules

La mise en œuvre de la politique de preacutevention des risques naturels non seule-ment apregraves les crises et sur la base des retours drsquoexpeacuterience mais surtout dans la dureacutee et par lrsquoaction conjugueacutee de diffeacuterents acteurs permet de limiter les risques naturels majeurs Ces acteurs interviennent dans deux logiques compleacutementaires

la preacutevention qui vise agrave empecirccher lrsquoaleacutea ou reacuteduire les effets drsquoun possible eacuteveacutenement sur les personnes et les biens

lrsquointervention au moment ougrave survient lrsquoeacuteveacutenement dommageable

Plus la preacutevention est efficace moins la socieacuteteacute est ameneacutee agrave engager des deacutepenses importantes pour assurer la gestion de crise puis la reacuteparation de deacutegacircts

Les deacutepartements drsquooutre-mer ne sont pas couverts par cette eacutetude mais ils font lrsquoobjet de travaux compleacutementaires devant aboutir en 2019 afin de mesurer lrsquoeacutevolution de lrsquoexposition de ces territoires agrave lrsquohorizon 2050

Figure C2 ndash Eacutevolutions projeteacutees des dommages potentiels entre 2018 et 2050

Source CCR

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Vagues de chaleur

Agrave lrsquoeacutechelle mondiale drsquoapregraves le dernier rapport du GIEC (GIEC 2013) il est quasi-ment certain que dans la plupart des reacutegions continentales les extrecircmes chauds seront plus nombreux aux eacutechelles quotidienne et saisonniegravere Il est par ailleurs tregraves probable que les vagues de chaleur seront plus freacutequentes et dureront plus longtemps

Ces reacutesultats se transposent naturellement agrave lrsquoeacutechelle de la France comme le montrent les reacutesultats des sceacutenarios climatiques reacutegionaux preacutesenteacutes sur le portail Drias les futurs du climat et ceux qui ont eacuteteacute reacutealiseacutes dans le cadre du projet Euro-CORDEX Degraves la peacuteriode 2021-2050 les vagues de chaleur estivales deviendront agrave la fois plus freacutequentes plus longues et plus intenses par rapport agrave la peacuteriode de reacutefeacute-rence 1976-2005 (Ouzeau et al 2014) Les pics de chaleur pourront atteindre des niveaux plus eacuteleveacutes On srsquoattend ainsi agrave ce qursquoil y ait de lrsquoordre de deux fois plus de jours de vagues de chaleur tous sceacutenarios confondus Le quart Sud-Est de la France devrait connaicirctre des eacutevolutions plus marqueacutees que les autres reacutegions avec un nombre annuel de jours de vagues de chaleur pouvant augmenter de cinq agrave dix jours en moyenne contre un agrave trois jours en moyenne sur la peacuteriode de reacutefeacute-rence Un eacutepisode tel que celui de lrsquoanneacutee 2003 qui a toucheacute lrsquoensemble de la France meacutetropolitaine pourrait se reproduire mais il resterait exceptionnel agrave lrsquoho-rizon 2050 au contraire de ce qui pourrait se passer vers la fin du siegravecle avec le sceacutenario RCP85 (Ouzeau et al 2016)

Agrave lrsquoappui de cette affirmation les figures C3 et C4 montrent les caracteacuteristiques statistiques des canicules simuleacutees par huit modegraveles climatiques utiliseacutes dans le cadre du projet Euro-CORDEX pour les peacuteriodes 2021-2050 et 2071-2100 res-pectivement pour les sceacutenarios drsquoeacutemissions RCP45 et RCP85 Les canicules y sont repreacutesenteacutees au travers des caracteacuteristiques (dureacutee intensiteacute du pic de chaleur et intensiteacute moyenne) des 10e 50e et 90e centiles de la distribution des vagues de chaleur simuleacutees par chacun des modegraveles Pour les deux sceacutenarios la canicule de 2003 un peu plus longue est compatible avec le 90e centile des canicules simuleacutees pour la peacuteriode 2021-2050 Elle ne serait donc deacutepasseacutee que dans 10 des cas ce qui confirme son caractegravere exceptionnel agrave moyen terme En revanche pour la peacuteriode 2071-2100 la canicule de 2003 est deacutepasseacutee en intensiteacute et en dureacutee et cela drsquoautant plus que les eacutemissions sont eacuteleveacutees Avec le sceacutenario RCP85 la canicule de 2003 apparaicirct ainsi comme un pheacutenomegravene relativement banal (proche de la meacutediane de la plupart des modegraveles)

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Figure C3 ndash Caracteacuteristiques statistiques des vagues de chaleur futures pour les peacuteriodes 2021-2050 et 2071-2100 suivant le sceacutenario RCP45

La dureacutee drsquoune canicule est indiqueacutee en jours sur lrsquoaxe horizontal son pic drsquointensiteacute en degreacutes sur lrsquoaxe vertical et le diamegravetre du disque est proportionnel agrave son intensiteacute moyenne Pour chacune des peacuteriodes les caracteacuteristiques des 10e 50e et 90e centiles des ensembles de canicules simuleacutes par 8 modegraveles drsquoEuro-CORDEX sont reproduites La canicule de 2003 est repreacutesenteacutee en rouge sur la figure

Source Ouzeau et al 2016

Figure C4 ndash Caracteacuteristiques statistiques des vagues de chaleur futures pour les peacuteriodes 2021-2050 et 2071-2100 suivant le sceacutenario RCP85

Source Ouzeau et al 2016

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Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Vagues de froid

Agrave lrsquoinverse le changement climatique srsquoaccompagnera drsquoune moindre seacuteveacuteriteacute des extrecircmes froids Pour le GIEC il est quasiment certain que dans la plupart des reacutegions continentales les extrecircmes froids seront moins nombreux aux eacutechelles quotidienne et saisonniegravere Les peacuteriodes de vagues de froid seront aussi moins freacutequentes moins longues et moins intenses Il est toutefois important de noter que des vagues de froids continueront agrave se produire et pourront donc geacuteneacuterer des impacts sociaux-eacuteconomiques

Les simulations climatiques reacutegionales confirment ce constat agrave lrsquoeacutechelle de la France meacutetropolitaine De nombreux indicateurs peuvent ecirctre utiliseacutes pour carac-teacuteriser les extrecircmes froids mais ils montrent tous cette mecircme tendance drsquoeacutevo-lution Agrave titre drsquoexemple le nombre annuel de jours particuliegraverement froids (au moins 5 degC plus froids que la valeur de reacutefeacuterence) de lrsquoordre drsquoune dizaine en moyenne hivernale sur la plupart des reacutegions franccedilaises pour la peacuteriode 1976-2005 se trouverait ainsi reacuteduit drsquoun agrave quatre jours voire de six jours sur le Nord-Est du pays pour la peacuteriode 2021-2050 (Ouzeau et al 2014) Drsquoapregraves la mecircme eacutetude et pour le mecircme indicateur la reacuteduction du nombre annuel de jours particu-liegraverement froids irait de deux agrave huit jours dans lrsquoextrecircme Sud du pays jusqursquoagrave six agrave plus de dix jours dans le Nord-Est selon les sceacutenarios et les modegraveles

Les figures C5 et C6 illustrent respectivement pour les sceacutenarios RCP45 et RCP85 cette diminution avec un autre indicateur disponible sur le portail Drias les futurs du climat Il srsquoagit du 10e centile de la tempeacuterature minimale quotidienne hivernale exprimeacute en degreacutes crsquoest-agrave-dire le seuil de tempeacuterature en dessous duquel on compte les 10 des nuits drsquohiver les plus froides sur une peacuteriode donneacutee Cet indica-teur est calculeacute pour la peacuteriode de reacutefeacuterence ainsi que son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 et 2071-2100 Le calcul est effectueacute pour les diffeacuterents modegraveles drsquoEuro-CORDEX et les cartes produites ici ne repreacutesentent que la meacutediane de cet ensemble de modegraveles (la moitieacute des valeurs des eacutevolutions simuleacutees est supeacuterieure et lrsquoautre moitieacute infeacuterieure) Agrave lrsquohorizon 2100 et pour les deux sceacutena-rios climatiques utiliseacutes les modegraveles simulent ainsi une augmentation des tem-peacuteratures minimales en hiver

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Seacutecheresses

Drsquoapregraves le GIEC (GIEC 2013) pour le sceacutenario RCP85 et agrave la fin du XXIe siegravecle un risque accru de seacutecheresse est probable dans des zones actuellement arides Crsquoest dans la zone meacutediterraneacuteenne dans le sud-ouest des Eacutetats-Unis et en Afrique australe que lrsquoassegravechement des sols serait le plus marqueacute Agrave lrsquoinverse certaines reacutegions situeacutees aux hautes latitudes ou en Afrique eacutequatoriale devraient connaicirctre une diminution de ce risque Lrsquoeffet du changement climatique sur les seacutecheresses est donc tregraves deacutependant de la reacutegion du globe concerneacutee

La France meacutetropolitaine se situe dans lrsquoensemble des reacutegions pour lesquelles le risque de seacutecheresse devrait ecirctre aggraveacute par le changement climatique induit par les eacutemissions de gaz agrave effet de serre On distingue les seacutecheresses meacuteteacuteorologiques

Figure C5 - 10e centile de la tempeacuterature minimale quotidienne exprimeacute en degreacutes pour la peacuteriode de reacutefeacuterence 1976-2005 (agrave gauche) et son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 (au centre) et 2071-2100 (agrave droite) suivant le sceacutenario RCP45 Les cartes reproduisent la meacutediane (50e centile) de lrsquoensemble de simulations Euro-CORDEX

Source portail Drias les futurs du climat

Figure C6 - 10e centile de la tempeacuterature minimale quotidienne exprimeacute en degreacutes pour la peacuteriode de reacutefeacuterence 1976-2005 (agrave gauche) et son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 (au centre) et 2071-2100 (agrave droite) suivant le sceacutenario RCP85 Les cartes reproduisent la meacutediane (50e centile) de lrsquoensemble de simulations

Source portail Drias les futurs du climat

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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deacutetermineacutees agrave partir des preacutecipitations les seacutecheresses agricoles deacutetermineacutees agrave partir des contenus en eau du sol superficiel (typiquement jusqursquoagrave une profon-deur drsquoun megravetre) et les seacutecheresses hydrologiques deacutetermineacutees agrave partir du deacutebit des cours drsquoeau et du niveau des nappes

Les effets du changement climatique sur les seacutecheresses meacuteteacuteorologiques et agri-coles ont eacuteteacute eacutetudieacutes dans le cadre du projet de recherche national ClimSec (2008-2011) Pour le diagnostic des seacutecheresses dans le climat futur le projet a pris en compte les reacutesultats de simulations de changement climatique provenant de six modegraveles globaux mis en œuvre dans le cadre du programme international CMIP3 (Coupled Model Intercomparison Project) Les projections climatiques alors dispo-nibles ne concernaient pas les sceacutenarios drsquoeacutemissions de gaz agrave effet de serre RCP deacutejagrave citeacutes mais les sceacutenarios deacutefinis anteacuterieurement par les experts du GIEC et ayant servi de base au quatriegraveme rapport drsquoeacutevaluation (appeleacute aussi AR4) du GIEC Cependant une correspondance peut ecirctre eacutetablie entre ces anciens sceacutenarios et les sceacutenarios RCP puisque les eacutemissions de gaz agrave effet de serre du sceacutenario A2 sont seulement leacutegegraverement infeacuterieures agrave celles du sceacutenario RCP85 le sceacutenario A1B srsquoapparente au sceacutenario RCP60 et le sceacutenario B1 nrsquoest pas tregraves eacuteloigneacute du sceacutenario RCP45 (GIEC 2013) Afin drsquoaboutir au traitement des seacutecheresses en France une eacutetape compleacutementaire de reacutegionalisation du climat agrave des eacutechelles relativement fines a ducirc ecirctre reacutealiseacutee agrave partir des sorties des modegraveles globaux Les variables climatiques ainsi obtenues ont servi de donneacutees drsquoentreacutees agrave un modegravele hydromeacuteteacuteorologique appeleacute Safran-Isba-Modcou (modegravele SIM) calculant en parti-culier le bilan hydrologique des sols (Soubeyroux et al 2012)

Les reacutesultats montrent une aggravation plus rapide et plus intense des eacuteveacutene-ments lieacutes au deacuteficit drsquohumiditeacute du sol qursquoau deacuteficit de preacutecipitation Les projec-tions climatiques indiquent surtout que notre pays risque de connaicirctre au cours de la seconde moitieacute du XXIe siegravecle des seacutecheresses agricoles quasi continues et de grande intensiteacute totalement inconnues dans le climat actuel Lrsquoaugmentation plus rapide du risque de seacutecheresse agricole compareacutee agrave celle du risque de seacuteche-resse meacuteteacuteorologique srsquoexplique par une augmentation de lrsquoeacutevapotranspiration 3 en surface directement lieacutee agrave lrsquoaugmentation de la tempeacuterature (Soubeyroux et al 2012)

Ces reacutesultats sont illustreacutes sur la figure C7 qui montre lrsquoeacutevolution de la superfi-cie de la France affecteacutee par des seacutecheresses meacuteteacuteorologiques et par des seacuteche-resses agricoles sur des peacuteriodes comprises entre 1961 et 2100 Les seacutecheresses sont deacutefinies agrave partir de valeurs drsquoindices standardiseacutes calculeacutes soit agrave partir des preacutecipitations (seacutecheresses meacuteteacuteorologiques) soit agrave partir des contenus en eau du sol (seacutecheresses agricoles) Les calculs portent sur les observations de la peacuteriode 1961-2008 et sur les reacutesultats des simulations de la peacuteriode 1961-2100 par le modegravele climatique Arpege-Climat de Meacuteteacuteo-France et le modegravele SIM Les diagrammes se rapportent agrave des seacutecheresses modeacutereacutees agrave extrecircmes sur la

3 Quantiteacute drsquoeau transfeacutereacutee vers lrsquoatmosphegravere par lrsquoeacutevaporation au niveau du sol et par la transpiration des plantes

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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France Cette figure montre clairement que la seacutecheresse meacuteteacuteorologique extrecircme de 1976 serait deacutepasseacutee agrave la fin de ce siegravecle en termes de superficie toucheacutee avec les sceacutenarios de plus fortes eacutemissions de gaz agrave effet de serre Elle montre aussi plus nettement que la seacutecheresse agricole extrecircme de 1990 serait deacutepas-seacutee degraves les anneacutees 2050 en termes de superficie toucheacutee avec ici aussi un rocircle aggravant lieacute agrave lrsquointensiteacute des eacutemissions de gaz agrave effet de serre futures

Ce type drsquoeacutetude a eacuteteacute actualiseacute en 2018 (Boeacute et al 2018) en exploitant les sceacute-narios CMIP5 reacutegionaliseacutes (Dayon et al 2018) Les reacutesultats ont eacuteteacute analyseacutes sur les sceacutenarios RCP85 et RCP26 Pour ces deux sceacutenarios les reacutesultats confir-ment les tendances obtenues preacuteceacutedemment le temps passeacute en seacutecheresse agricole augmente geacuteneacuteralement de 30 agrave 40 sur la France agrave horizon 2100 avec des changements allant jusqursquoagrave 50 dans le Sud de la France La seacuteveacuteriteacute de ces eacutepisodes de seacutecheresse augmente eacutegalement de faccedilon plus marqueacutee sur le bassin de la Seine et lrsquoamont de la Loire (fig C8)

Cette eacutetude integravegre eacutegalement lrsquoanalyse de lrsquoeacutevolution des seacutecheresses hydro-logiques Il srsquoagit ici uniquement de lrsquoinfluence des eacutemissions de gaz agrave effet de serre les actions anthropiques (et notamment les soutiens drsquoeacutetiage) ne sont pas inteacutegreacutees La dureacutee et lrsquointensiteacute des seacutecheresses hydrologiques augmentent sur quasiment toute la France agrave horizon 2100 de faccedilon assez reacuteduite sauf dans le Sud ougrave les valeurs peuvent deacutepasser 10 Les Alpes font exception avec des diminutions de la dureacutee et de lrsquointensiteacute des seacutecheresses hydrologiques en lien avec lrsquoeacutevolution du manteau neigeux (fig C9)

Figure C7 ndash Diagrammes en boicirctes sur des peacuteriodes comprises entre 1961 et 2100 de la superficie de la France affecteacutee par les seacutecheresses meacuteteacuteorologiques (agrave gauche) et agricoles (agrave droite) modeacutereacutees agrave extrecircmes (seuil de 16 )

Ces diagrammes sont calculeacutes agrave partir des distributions drsquoeacuteveacutenements trimestriels (de preacutecipita-tions agrave gauche et de contenu en eau du sol agrave droite) issues de simulations climatiques reacutegionaliseacutees du modegravele Arpege-Climat suivant les sceacutenarios B1 (en violet) A1B (en mauve) et A2 (en jaune) du GIEC

Source Soubeyroux et al 2012

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Figure C8 ndash Moyenne drsquoensemble agrave horizon 2100 pour les projections RCP85 (Dayon et al 2018) des changements par rapport agrave la peacuteriode 1961-2008(a) de pourcentage de temps passeacute en seacutecheresse agricole (b) relatifs de la seacuteveacuteriteacute des seacutecheresses agricoles

Source figure issue de Boeacute et al 2018

Figure C9 ndash Moyenne drsquoensemble agrave horizon 2100 pour les projections RCP85 (Dayon et al 2018) des changements par rapport agrave la peacuteriode de reacutefeacuterence 1961-2008(a) de pourcentage de temps passeacute en seacutecheresse hydrologique (attention la palette de couleur est trompeuse seule la couleur bleu fonceacute correspond agrave une diminution) (b) relatifs de la seacuteveacuteriteacute des seacutecheresses hydrologiques Chaque point correspond agrave une station hydromeacutetrique simuleacutee par SIM et nrsquoinclut pas les impacts des ameacutenagements (deacutebits naturels)

Source figure issue de Boeacute et al 2018

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En parallegravele ces projections climatiques ont eacutegalement eacuteteacute utiliseacutees dans le cadre des travaux meneacutes dans le projet Aqui-FR 4 et de la convention service climatique 5 pour eacutetudier lrsquoeacutevolution des seacutecheresses hydrogeacuteologiques Celles-ci sont caracteacute-riseacutees par un niveau des nappes plus bas que le bas niveau de peacuteriode de retour de dix ans Lrsquoanalyse porte sur les sceacutenarios drsquoeacutemission RCP26 et RCP85 Les simulations sont reacutealiseacutees en supposant que les preacutelegravevements en nappe restent constants dans le temps (pas de mesure drsquoadaptation) Les projections indiquent une forte augmentation de lrsquoextension des nappes impacteacutees par les seacutecheresses pour le sceacutenario drsquoeacutemission RCP85 (+ 50 ) avec une intensiteacute des seacutecheresses qui srsquoaggrave en moyenne de plus de 20 et une augmentation moins marqueacutee surtout en fin de siegravecle pour le sceacutenario RCP26 avec une augmentation des sur-faces impacteacutees et de lrsquointensiteacute de lrsquoordre de 10 (fig C10)

4 wwwmetisupmcfr~aqui-fr

5 httpsconvention-services-climatiqueslsceipslfrdemonstrateurs

Figure C10 ndash Intensiteacute et pourcentage drsquoextension des seacutecheresses des nappes

Elles sont caracteacuteriseacutees comme lrsquooccurrence de basses eaux de peacuteriode de retour 10 ans sur les aqui-fegraveres seacutedimentaires preacutesenteacutes dans le graphe pour les projections RCP26 (cercle) et RCP85 (triangle) pour diffeacuterents horizons temporelles (couleurs)

Source figure issue du projet Aqui-FR et de la convention des services climatiques

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Incendie de forecircts

Lrsquoaugmentation du risque drsquoincendie de forecircts est mentionneacutee dans le rapport du GIEC sur les impacts du changement climatique (GIEC 2014) plus particu-liegraverement pour lrsquoAmeacuterique du Nord et lrsquoEurope du Sud Le risque drsquoincendie de forecirct pourrait en effet augmenter du fait agrave la fois de lrsquoaugmentation des tempeacutera-tures et de lrsquoaugmentation des conditions de seacutecheresses dans certaines reacutegions du globe En Europe du Sud agrave la fin de ce siegravecle et pour le sceacutenario RCP85 la surface brucircleacutee chaque anneacutee pourrait ainsi ecirctre multiplieacutee par un facteur compris entre 3 et 5 par rapport agrave la surface actuelle

En France lrsquoaugmentation de la freacutequence des eacutepisodes de fortes chaleurs et lrsquoaug-mentation du risque de seacutecheresse combineacutees avec une augmentation attendue des zones forestiegraveres et des friches devraient aussi entraicircner lrsquoaugmentation des feux de forecircts Une eacutetude de la sensibiliteacute des forecircts franccedilaises au risque drsquoincen-die (Chatry et al 2010) a montreacute que les surfaces forestiegraveres les plus sensibles au risque de feu actuellement localiseacutees dans le Sud-Est de la France pourraient srsquoeacutetendre de 30 agrave lrsquohorizon 2040 et couvrir une part importante de la forecirct des Landes Ce risque extrecircme pourrait mecircme srsquoeacutetendre aux forecircts de Sologne agrave lrsquoho-rizon 2060 Cette eacutetude srsquoest appuyeacutee sur les reacutesultats de lrsquoanalyse de lrsquoeffet du changement climatique sur le risque incendie mesureacute au travers de lrsquoIndice forecirct meacuteteacuteo (IFM) (Cloppet et Reacutegimbeau 2009) La figure C11 illustre cet effet avec le nombre de jours pour lesquels lrsquoIFM deacutepasse une valeur de 40 correspondant agrave un risque extrecircme drsquoincendie Ces cartes ont eacuteteacute produites agrave partir de simulations du changement climatique pour le sceacutenario A1B (proche du sceacutenario RCP60) reacutea-liseacutees avec le modegravele Arpege-Climat de Meacuteteacuteo-France Le nombre annuel de jours avec un risque extrecircme drsquoincendie est de dix agrave quarante jours dans le Sud-Est

Figure C11 ndash Nombre moyen de jours par an avec un Indice forecirct meacuteteacuteo (IFM) supeacuterieur agrave 40 pour la peacuteriode 1961-1980 (carte de gauche) et lrsquohorizon 2060 (sceacutenario drsquoeacutemissions A1B)

Source portail Drias les futurs du climat

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meacutediterraneacuteen dans les conditions du climat passeacute reacutecent mais est quasiment nul dans toutes les autres reacutegions En revanche agrave lrsquohorizon 2060 on observerait de lrsquoordre drsquoune dizaine de jours preacutesentant un risque extrecircme drsquoincendie dans la plupart des reacutegions de France y compris les plus septentrionales

Pluies extrecircmes

Drsquoapregraves le GIEC (GIEC 2013) les eacutepisodes de preacutecipitations extrecircmes devien-dront plus intenses et freacutequents en lien avec lrsquoaugmentation de la tempeacuterature moyenne en surface En effet une atmosphegravere plus chaude contient plus de vapeur drsquoeau et est associeacutee agrave la fois agrave une augmentation de lrsquoeacutevapotranspira-tion et agrave une augmentation des preacutecipitations crsquoest-agrave-dire agrave une intensification du cycle hydrologique global Cela se traduit par une augmentation tregraves probable des preacutecipitations extrecircmes pour la plupart des reacutegions continentales des moyennes latitudes et pour les reacutegions tropicales humides agrave la fin de ce siegravecle Il est eacutega-lement probable que les preacutecipitations de mousson et celles qui sont associeacutees aux cyclones tropicaux srsquointensifient

En France agrave lrsquohorizon 2050 comme agrave lrsquohorizon 2100 les eacutevolutions attendues pour les pluies extrecircmes deacutefinies comme les pluies deacutepassant un seuil deacutetermineacute (par exemple 20 mmjour) sont tregraves variables geacuteographiquement En revanche indeacutependamment de lrsquohorizon temporel une tendance geacuteneacuterale se dessine pour une augmentation de la quantiteacute de pluie tombant au cours des eacutepisodes les plus extrecircmes (Ouzeau et al 2014) Pour le Sud-Est meacutediterraneacuteen du pays en raison drsquoune reacutesolution insuffisante les modegraveles climatiques eacutetaient jusqursquoagrave ces derniegraveres anneacutees dans lrsquoincapaciteacute de reproduire les eacutepisodes les plus intenses (deacutepassant typiquement 200 mmjour) Les premiers reacutesultats des recherches meneacutees avec des modegraveles de reacutesolution plus fine (quelques kilomegravetres) permettent maintenant drsquoaugmenter le reacutealisme des simulations et drsquoobtenir les premiers reacutesultats sur lrsquoeffet du changement climatique futur Elles introduisent une incertitude sur lrsquoeffet du changement climatique sur lrsquointensification des pluies extrecircmes quotidiennes de la reacutegion mais elles confirment une intensification future des pluies horaires

Les figures C12 et C13 illustrent respectivement pour les sceacutenarios RCP45 et RCP85 le pourcentage de preacutecipitations intenses pour la peacuteriode de reacutefeacuterence et son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 et 2071-2100 les preacutecipitations intenses eacutetant deacutefinies par un cumul quotidien de preacutecipitations deacutepassant le 90e centile Les cartes preacutesenteacutees sont extraites du portail Drias les futurs du climat Le calcul est effectueacute pour les diffeacuterents modegraveles drsquoEuro-CORDEX et les cartes extraites du portail ne reproduisent ici que la meacutediane de cet ensemble de modegraveles (la moitieacute des valeurs des eacutevolutions simuleacutees est supeacuterieure et lrsquoautre moitieacute infeacuterieure)

Ces reacutesultats preacutesenteacutes pour la saison drsquohiver montrent clairement une augmen-tation de la proportion de pluies intenses indeacutependamment des sceacutenarios et de lrsquohorizon Pour le printemps et lrsquoautomne lrsquoaugmentation de la proportion de pluies intenses nrsquoest pas aussi systeacutematique mecircme si elle se confirme nettement pour le sceacutenario RCP85 agrave la fin de ce siegravecle En eacuteteacute mecircme pour ce sceacutenario et

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cet horizon on note un reacutesultat inverse avec une diminution de la proportion de pluies tombant sous forme de pluies intenses Il convient cependant drsquoecirctre tregraves prudent avant drsquoen tirer des conclusions car la reacutesolution des modegraveles utiliseacutes (une dizaine de kilomegravetres) nrsquoest clairement pas suffisante pour reproduire les eacutepisodes orageux qui sont ceux qui se produisent le plus freacutequemment au cours de la saison Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les modegraveles climatiques actuels ne per-mettent pas de tirer de conclusion concernant les effets du changement clima-tique sur les pheacutenomegravenes orageux et donc aussi en particulier sur lrsquointensiteacute des pluies les plus extrecircmes associeacutees agrave ces eacutepisodes

Figure C12 ndash Pourcentage des preacutecipitations quotidiennes intenses pour la peacuteriode de reacutefeacuterence 1976-2005 (agrave gauche) et son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 (au centre) et 2071-2100 (agrave droite) suivant le sceacutenario RCP45 Les cartes reproduisent la meacutediane (50e centile) de lrsquoensemble de simulations Euro-CORDEX

Source portail Drias les futurs du climat

Figure C13 ndash Pourcentage des preacutecipitations quotidiennes intenses pour la peacuteriode de reacutefeacuterence 1976-2005 (agrave gauche) et son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 (au centre) et 2071-2100 (agrave droite) suivant le sceacutenario RCP85

Les cartes reproduisent la meacutediane (50e centile) de lrsquoensemble de simulations Euro-CORDEX

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Cyclones et tempecirctes

Le cinquiegraveme rapport du GIEC (GIEC 2013) fait eacutetat drsquoun faible niveau de confiance dans les projections climatiques concernant les cyclones tropicaux agrave lrsquohorizon du milieu de ce siegravecle en particulier en raison de lrsquoimportance de la variabiliteacute cli-matique naturelle En revanche agrave la fin du XXIe siegravecle il est probable que la freacute-quence globale des cyclones tropicaux diminuera ou restera la mecircme Comme indiqueacute plus haut les preacutecipitations moyennes associeacutees aux cyclones augmen-teront probablement Il en est de mecircme pour la vitesse moyenne du vent maximal associeacutee aux cyclones qui se traduit par une augmentation probable de la freacute-quence des cyclones les plus intenses (de cateacutegories 4 et 5)

Cependant en particulier en raison de lrsquoincertitude sur lrsquoamplitude simuleacutee du reacutechauffement oceacuteanique attendu dans les diffeacuterents bassins le GIEC nrsquoaccorde qursquoun faible degreacute de confiance aux projections par reacutegion de la planegravete tant en termes de freacutequence que drsquointensiteacute des cyclones Cela concerne les reacutegions fran-ccedilaises des territoires drsquooutre-mer potentiellement exposeacutees aux cyclones pour les-quelles il nrsquoest pas possible de preacuteciser ces eacutevolutions futures

Concernant les tempecirctes des moyennes et hautes latitudes les experts du GIEC concluent qursquoagrave la fin du XXIe siegravecle iI est probable que la trajectoire des tempecirctes de lrsquoheacutemisphegravere Sud se deacuteplace leacutegegraverement vers le pocircle En revanche ils nrsquoac-cordent qursquoun faible degreacute de confiance agrave la projection de lrsquoeacutevolution des trajec-toires des tempecirctes dans lrsquoheacutemisphegravere Nord

Cette forte incertitude se confirme agrave lrsquoeacutechelle de la France meacutetropolitaine puisque les eacutetudes actuelles ne permettent pas de mettre en eacutevidence une tendance future notable sur lrsquoeacutevolution du risque de vent violent lieacute aux tempecirctes Les projections ne montrent en effet aucune tendance significative de long terme sur la freacutequence et lrsquointensiteacute des tempecirctes que ce soit agrave lrsquohorizon 2050 ou agrave lrsquohorizon 2100 Une eacutetude reacutecente des tempecirctes de janvier 2018 (notamment Eleanor qui a toucheacute la France) a confirmeacute que les tendances de telles tempecirctes eacutetaient tregraves faibles et que les activiteacutes humaines ont eu peu drsquoeffet (voir chapitre B)

De plus de la mecircme faccedilon que pour les orages les modegraveles climatiques actuels ne sont pas agrave mecircme de simuler les pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques de petites eacutechelles comme les mini-tornades et ne permettent donc pas de tirer de conclu-sions sur les eacutepisodes de vents extrecircmes associeacutes agrave ce type de pheacutenomegravenes

Afin drsquoillustrer lrsquoabsence de signal notable de changement concernant les vents forts la figure C14 reproduit le rapport entre lrsquointensiteacute moyenne du vent maximal hivernal simuleacutee pour le futur et lrsquointensiteacute moyenne du vent maximal hivernal de la peacuteriode de reacutefeacuterence correspondant au climat reacutecent La projection climatique a eacuteteacute reacutealiseacutee avec le modegravele climatique reacutegional Aladin-Climat de Meacuteteacuteo-France suivant le sceacutenario drsquoeacutemissions A1B (proche du sceacutenario RCP60) dans le cadre du projet national SCAMPEI (2008-2011) Ces cartes montrent que lrsquoaugmenta-tion future du risque de vent fort au nord reste modeacutereacutee (de lrsquoordre de 5 ) tout comme la diminution au sud (aussi de lrsquoordre de 5 ) Lrsquoanalyse drsquoautres simu-lations reacutealiseacutees avec deux autres modegraveles climatiques reacutegionaux montre par ailleurs que la variabiliteacute spatiale du signal de changement deacutepend du modegravele

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Inondations crues lentes crues rapides submersions

Auteur Florence Habets

Universiteacute Pierre et Marie Curie

On distingue ici diffeacuterents cas drsquoinondation principalement parce que les meacuteca-nismes geacuteneacuterant ces inondations diffegraverent et que lrsquoeacutevolution de ces meacutecanismes dans le contexte du changement climatique peut ecirctre plus ou moins difficile agrave estimer

De fait les projections de lrsquoeacutevolution des inondations sont agrave ce jour encore assez rares (une exception reacutecente mais sur un petit domaine a eacuteteacute eacutetudieacutee par Grelier en 2017) et les eacutetudes se focalisent plus souvent sur des risques de crues des cours drsquoeau Ces crues ne sont pas toujours deacutebordantes et ne geacutenegraverent donc pas forceacutement des inondations La notion de crue peut suffire agrave anticiper un risque drsquoinondation si on considegravere qursquoagrave une intensiteacute de deacutebit en un point correspond une hauteur drsquoeau donneacutee et donc un risque de deacutebordement Cependant le fait de se focaliser sur les crues en riviegravere laisse de cocircteacute un type drsquoinondation dont lrsquooccurrence risque drsquoaugmenter avec le changement climatique les inon-dations locales lieacutees agrave des preacutecipitations intenses mais pas forceacutement tregraves eacuteten-dues spatialement

Ainsi on considegravere tout drsquoabord les inondations associeacutees agrave des eacutepisodes de

preacutecipitations intenses

Lrsquoextension spatiale de ces preacutecipitations intenses peut ecirctre assez reacuteduite et la dureacutee assez bregraveve au point que la riviegravere agrave proximiteacute puisse ne pas ecirctre en crue malgreacute la preacutesence de zone inondeacutee

Figure C14 ndash Rapport entre lrsquointensiteacute moyenne du vent maximal hivernal pour les peacuteriodes 2021-2050 (agrave gauche) et 2071-2100 (agrave droite) et lrsquointensiteacute moyenne du vent maximal hivernal de la peacuteriode

Source SCAMPEI

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Bien que ce type drsquoeacuteveacutenement soit difficile agrave reproduire par les modegraveles de climat actuel une tendance agrave la hausse est projeteacutee sur lrsquoensemble de la France (voir chapitre B) Or on peut srsquoattendre agrave ce que des eacuteveacutenements preacutecipitants de lrsquoordre de 100 mmjour geacutenegraverent des inondations principalement dans les zones imper-meacuteabiliseacutees Une particulariteacute de ce type drsquoinondation est qursquoil peut atteindre des zones qui peuvent ecirctre eacuteloigneacutees (ou tregraves au-dessus) drsquoune riviegravere et qui ne sont donc pas forceacutement preacutepareacutees aux inondations avec des risques accrus concer-nant les conseacutequences en termes de pollution etou risque industriel Ainsi mecircme si lrsquoeacutevolution de ce risque est difficilement quantifiable il faut lrsquointeacutegrer et antici-per des moyens de preacutevention

Un cas particulier est le cas des eacuteveacutenements dits laquo ceacutevenols raquo qui impactent le sud meacutediterraneacuteen de la France principalement en automne et ce quasiment tous les ans Ces eacutepisodes sont non seulement intenses mais souvent eacutetendus spatialement et geacutenegraverent des crues rapides souvent deacutevastatrices Des eacutetudes speacutecifiques ont eacuteteacute meneacutees pour anticiper lrsquoeacutevolution de ces eacutepisodes dans un contexte de changement climatique (par exemple Beaulant et al 2011 Colmet Daage et al 2018 Drobinski et al 2018) Lrsquoensemble de ces eacutetudes srsquoaccordent sur une augmentation de lrsquointensiteacute de ces preacutecipitations extrecircmes avec le chan-gement climatique avec de plus une extension des zones impacteacutees au-delagrave des reacutegions habituellement toucheacutees notamment vers le Sud-Est ou les Pyreacuteneacutees Le risque associeacute agrave ces crues rapides laquo ceacutevenoles raquo augmente donc avec le chan-gement climatique (voir Annexe 3)

Drsquoautres crues rapides peuvent se former lors drsquoune fonte rapide et importante du manteau neigeux causeacutee par exemple par une forte eacutevolution de la tempeacutera-ture ou des preacutecipitations (mecircme modeacutereacutees) sur ce manteau neigeux La conjonc-tion de ces eacutepisodes reste difficile agrave projeter dans le futur du fait notamment de la complexiteacute propre aux zones de relief (Lafaysse et al 2014) Mecircme si les projections srsquoaccordent sur une baisse du manteau neigeux (Dayon et al 2018 Verfaillie et al 2018 Beniston et al 2018) la fonte plus preacutecoce du manteau neigeux avec le changement climatique pourrait impliquer un phasage plus freacute-quent avec un bassin aval humide (car en condition hivernale) ce qui pourrait maintenir ce risque de crue

Les crues lentes sont associeacutees agrave des preacutecipitations importantes sur des dureacutees assez longues (une agrave plusieurs semaines voire plusieurs mois) etou sur des bassins assez grands Ces eacuteveacutenements sont a priori plus agrave la porteacutee des modegraveles de climat mecircme si les sources drsquoincertitudes restent importantes De rares eacutetudes se sont focaliseacutees sur des crues centennales (par exemple Dumas et al 2013) En effet lrsquoestimation statistique de ces changements est moins fiable lorsqursquoon utilise des projections climatiques drsquoune centaine drsquoanneacutees seulement Ainsi lrsquoeacutevolution des crues lentes est en geacuteneacuteral analyseacutee via lrsquoeacutevolution des crues deacutecennales qui restent des eacuteveacutenements assez rares au vu des peacuteriodes eacutetudieacutees Cependant ces crues ne sont en geacuteneacuteral pas deacutebordantes aujourdrsquohui et ne sont donc pas forceacutement des bons indicateurs de lrsquoeacutevolution des inondations par crues lentes

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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La figure C15 preacutesente ainsi les eacutevolutions des crues deacutecennales en France meacutetro-politaine en moyenne sur plusieurs projections reacutealiseacutees avec les deux sceacutena-rios drsquoeacutemission les plus contrasteacutes RCP85 et RCP26 Globalement il y a une tendance agrave la diminution ou agrave la stabiliteacute des crues deacutecennales dans le Sud et agrave une augmentation ou une stabiliteacute dans le Nord avec des modifications plus intenses pour le sceacutenario RCP85

Lrsquoeacutevolution du risque drsquoinondations par remonteacutee de nappes a eacuteteacute eacutetudieacutee indirec-tement via lrsquoanalyse de lrsquoeacutevolution des hauts niveaux de nappes sur les aquifegraveres seacutedimentaires de la moitieacute nord de la France dans le cadre des travaux meneacutes dans le projet Aqui-FR 6 et de la convention service climatique 7 en utilisant les pro-jections climatiques reacutegionaliseacutees de Dayon et al 2018 Les premiers reacutesultats analyseacutes sur les sceacutenarios drsquoeacutemission RCP26 et RCP85 montrent que si la freacute-quence et lrsquointensiteacute des hautes eaux change peu agrave la fin du XXIe siegravecle (2070-2100 compareacute agrave 1980-2010) les surfaces impacteacutees sont elles reacuteduites en moyenne de 10 agrave 25 pour les sceacutenarios drsquoeacutemission RCP26 et RCP85 respective-ment On peut donc estimer que globalement ce risque diminue en France mecircme srsquoil ne disparaicirct pas et ce bien que lrsquointensiteacute des crues deacutecennales augmente Cela est en lien avec la diminution preacutevue de la ressource en eau souterraine

6 wwwmetisupmcfr~aqui-fr

7 httpsconvention-services-climatiqueslsceipslfrdemonstrateurs

Figure C15 ndash Moyenne drsquoensemble des changements relatifs du deacutebit journalier maximal drsquoune peacuteriode de retour de dix ans entre les peacuteriodes 2070-2100 et 1960-1990 pour les sceacutenarios drsquoeacutemission RCP85 (agrave gauche) et RCP26 (agrave droite)

Source figure issue de Dayon 2015

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Laves torrentiellesAuteur Vincent Jomelli

Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagriculture

Une eacutetude portant sur des couleacutees de deacutebris non chenaliseacutees se produisant dans le massif des Eacutecrins agrave lrsquohorizon de la fin de ce siegravecle semble indiquer que lrsquoaug-mentation de lrsquooccurrence des couleacutees de deacutebris sur la peacuteriode 1970-2005 ne devrait pas se maintenir en toute reacutegion ni en toute peacuteriode notamment du fait de la sensibiliteacute de la freacutequence de cet aleacutea aux conditions de gel et au retrait des glaciers (Jomelli et al 2009)

Forts de ces reacutesultats on a tenteacute de comprendre la reacuteponse possible des laves torrentielles au changement climatique pour trois peacuteriodes distinctes (1970-2000 2030-2060 et 2070-2100) Ces tests ont eacuteteacute conduits agrave partir de diffeacuterents sceacute-narios climatiques en pratiquant une descente drsquoeacutechelle du modegravele agrave maille variable Arpege du modegravele zoomeacute LMDZ de lrsquoInstitut Pierre-Simon-Laplace (IPSL) ou encore en utilisant les sorties agrave haute reacutesolution drsquoALADIN de Meacuteteacuteo-France (Jomelli et al 2007 2009 2012 Pavlova et al 2014) ou drsquoautres simulations (Turkington et al 2016) Les reacutesultats montrent en geacuteneacuteral quels que soient le modegravele et le sceacutenario climatique utiliseacutes une augmentation significative de la probabiliteacute de deacuteclenchement de laves torrentielles dans les Alpes pour la fin du siegravecle Les reacutesultats sont en revanche un peu plus contrasteacutes selon les reacutegions et les modegraveles pour le milieu du XXIe siegravecle Lrsquoensemble de ces reacutesultats doit cependant ecirctre pris avec beaucoup de prudence car plusieurs problegravemes meacutetho-dologiques restent agrave reacutesoudre Le principe repose sur une modeacutelisation statis-tique probabiliste couplant un recensement imparfait des laves torrentielles avec des donneacutees meacuteteacuteorologiques actuelles modeacutelisation qui est ensuite forceacutee par des sceacutenarios climatiques ayant leurs propres incertitudes Agrave ces incertitudes srsquoajoutent drsquoautres interrogations que nous pouvons lister ici sans ecirctre exhaustif

Tout drsquoabord cette approche statistique fondeacutee sur un forccedilage des rela-tions observeacutees actuellement entre le climat et le deacuteclenchement des laves en utilisant des sceacutenarios climatiques futurs suppose une stationnariteacute spa-tio-temporelle de cette relation climat-laves torrentielles Or cette hypothegravese nrsquoest pas veacuterifieacutee

Ensuite ces modegraveles statistiques nrsquointegravegrent pas la variabiliteacute environne-mentale qui nous lrsquoavons vu joue un rocircle certain dans le fonctionnement de ces processus

Enfin plus important encore ces modegraveles ne considegraverent que les aspects cli-matologiques Or on sait qursquoune lave se deacuteclenche si et seulement si un stock de deacutebris mobilisable est disponible La variabiliteacute spatio-temporelle de ce stock de deacutebris est encore tregraves mal documenteacutee (Veyrat-Charvillon et Meunier 2006 Theule et al 2012 2015) et son eacutevolution dans le futur encore plus incertaine

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Ce stock est parfois appreacutehendeacute agrave partir drsquoune approche laquo pseudo-proxy raquo en consideacuterant par exemple le nombre de jours de gel depuis le dernier eacuteveacutene-ment ou le nombre de jours depuis lrsquohiver preacuteceacutedent lrsquoeacuteveacutenement (Jomelli et al 2003 Bel et al 2017) (fig C16) Mais cette approche doit agrave lrsquoavenir ecirctre lar-gement ameacutelioreacutee pour espeacuterer atteindre des reacutesultats robustes

Figure C16 ndash Probabiliteacute de deacuteclenchement drsquoune lave torrentielle dans les Alpes franccedilaises en fonction du cumul de jours de gel depuis le dernier eacuteveacutenement et le nombre de fois (Ri) ou les preacutecipitations excegravedent 30 mmj pendant lrsquoeacuteteacute

Source drsquoapregraves Jomelli et al 2003

Nombre de jours de gel

En tout premier lieu des recherches doivent ecirctre engageacutees sur la reconstitution du stock de deacutebris en relation avec le climat Nous lrsquoavons dit preacuteceacutedemment cet aspect est crucial pour ameacuteliorer les connaissances sur le fonctionnement des laves Des observations agrave partir de bassins-versants expeacuterimentaux ont permis de mettre en eacutevidence une cycliciteacute saisonniegravere dans la reconstitution et la mobi-lisation du stock dont deacutepend lrsquointensiteacute des laves (Theule et al 2012) Ce type drsquoapproche doit ecirctre geacuteneacuteraliseacute pour eacutetudier les variables influenccedilant le bilan seacutedimentaire

Un meilleur transfert des connaissances sur le fonctionnement des laves drsquoune eacutechelle spatiale agrave lrsquoautre est aussi neacutecessaire Aujourdrsquohui les reacutesultats acquis sur les relations entre le deacuteclenchement et les pluies obtenus agrave lrsquoeacutechelle du bas-sin-versant ne peuvent pas ecirctre geacuteneacuteraliseacutes agrave un plus large territoire Agrave court terme il serait sans doute pertinent drsquoeacutetudier ces relations entre les conditions meacuteteacuteorologiques et le deacuteclenchement des laves agrave lrsquoeacutechelle du bassin-versant en utilisant des variables dont le pas de temps est identique agrave celui disponible agrave

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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lrsquoeacutechelle reacutegionale Agrave plus long terme une meilleure connaissance des preacutecipita-tions intenses au pas de temps horaire tenant compte des effets orographiques agrave une eacutechelle reacutegionale sera un atout certain

Approfondir les connaissances sur lrsquoactiviteacute des laves torrentielles sur ces der-niers siegravecles permettrait de mieux appreacutehender les relations entre le fonctionne-ment de ce processus et le climat Il serait aussi plus aiseacute drsquoidentifier les impacts multiples de lrsquohomme non seulement sur le climat mais aussi sur le bassin-ver-sant en modifiant notamment la veacutegeacutetation et le profil en long par des ameacutenage-ments (Strunk 1992 Blikra et Nemec 1998 Stoffel et al 2005 Helsen et al 2002 Jomelli 2013)

Il est enfin neacutecessaire de poursuivre les efforts sur la vulneacuterabiliteacute associeacutee au fonctionnement de ce processus Divers champs ont eacuteteacute exploreacutes comme la vul-neacuterabiliteacute du bacircti ou du reacuteseau routier (Mallet et al 2006 Puissant et al 2014) Des tests drsquointerruption srsquoappuyant sur diffeacuterents sceacutenarios socio-eacuteconomiques ont eacuteteacute proposeacutes pour estimer les coucircts et les meilleures solutions (Utasse et al 2016) Cependant des recherches visant agrave accroicirctre la reacutesilience fondeacutee notam-ment sur une analyse du retour drsquoexpeacuterience pourraient ecirctre reacutealiseacutees de faccedilon sys-teacutematique aux eacutechelles locales et reacutegionales Autant de pistes que les chercheurs pourront deacutevelopper en partenariat avec la socieacuteteacute civile et les futurs deacutecideurs

AvalanchesAuteurs Nicolas Eckert Thierry Faug

Florie Giacona Jeacuterocircme Lopez-Saez Mohamed Naaim

Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Christophe Corona

GEOLAB Centre national de la recherche scientifique Clermont-Ferrand

Samuel Morin

Meacuteteacuteo-France ndash Centre drsquoeacutetude de la neige Grenoble

Les eacutevolutions futures de lrsquoactiviteacute avalancheuse peuvent ecirctre en partie deacuteduites des projections climatiques une fois celles-ci adapteacutees agrave la topographie des massifs montagneux et associeacutees agrave des simulations drsquoeacutevolution du manteau neigeux Ainsi pour les Alpes franccedilaises la combinaison de reacuteanalyses nivo-meacuteteacuteorologiques fines et de relations statistiques avalanche-climat a permis de projeter sous lrsquohypothegravese drsquoun sceacutenario drsquoeacutevolution future drsquoeacutemission de gaz agrave effet de serre moyen (sceacutenario A1B GIEC Rapport SREX) une diminution globale de 20 agrave 30 de lrsquoactiviteacute avalancheuse au cours du XXIe siegravecle par rapport agrave la peacuteriode 1960-1990 dite laquo de reacutefeacuterence raquo (fig C17a Castebrunet et al 2014)

La baisse attendue est bien plus drastique au printemps et agrave basse altitude du fait drsquoune reacuteduction tregraves forte du manteau neigeux (fig C17c) En revanche on srsquoattend agrave une augmentation de lrsquoactiviteacute avalancheuse degraves lors que le manteau

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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neigeux restera suffisamment important crsquoest-agrave-dire en plein hiver agrave haute altitude (fig C17b) Pour les indicateurs annuels et saisonniers les changements atten-dus sont deacutejagrave importants pour 2050 et la peacuteriode 2050-2100 ne verra qursquoune poursuite des eacutevolutions deacutejagrave engageacutees et en partie deacutejagrave reacutealiseacutees par rapport agrave la peacuteriode 1960-1990

Ces projections sont leacutegegraverement modifieacutees sous lrsquohypothegravese de sceacutenarios drsquoeacutevolu-tion des eacutemissions de gaz agrave effet de serre plus maicirctriseacutee (diminution moins marqueacutee de lrsquoactiviteacute avalancheuse globale) ou au contraire plus laquo catastrophique raquo (dimi-nution plus marqueacutee de lrsquoactiviteacute avalancheuse globale) La sensibiliteacute au choix du sceacutenario reste cependant assez faible sur les indicateurs globaux de sorte que cette tendance agrave la baisse de lrsquoactiviteacute avalancheuse globale semble assez robuste

Aucune eacutetude speacutecifique ni en France ni ailleurs nrsquoa pour lrsquoinstant cibleacute speacutecifi-quement les projections drsquoavalanches de grande ampleur mais eacutetant donneacute les reacutesultats obtenus sur le passeacute on peut penser que leur tendance moyenne au

Figure C17 ndash Projections futures sous hypothegravese drsquoun sceacutenario drsquoeacutevolution des eacutemissions de gaz agrave effet de serre laquo moyen raquo distribution interannuelle drsquoun indice drsquoactiviteacute avalancheuse totale standardiseacute par rapport agrave la peacuteriode de reacutefeacuterence 1960-1990 a) Hiver entier b) Plein hiver c) Printemps

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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recul devrait se poursuivre au fur et agrave mesure que les conditions hivernales leur seront moins favorables Deux beacutemols doivent toutefois ecirctre apporteacutes agrave ce postu-lat Drsquoabord une tendance moyenne au recul nrsquoexclut pas que de maniegravere a priori de plus en plus sporadique des avalanches de grande ampleur continuent agrave se produire les hivers 2008-2009 (Eckert et al 2010) et 2017-2018 lrsquoont ample-ment deacutemontreacute dans les Alpes franccedilaises Ensuite les avalanches de neige humide de grande ampleur sont agrave lrsquoorigine drsquoun risque speacutecifique vraisemblablement en train drsquoaugmenter (fig C18)

Vers plus drsquoavalanches humides

Au cours des reacutecents hivers les Alpes franccedilaises ont en effet connu une succes-sion de peacuteriodes de forte activiteacute drsquoavalanches de neige humide Lrsquoeacutevolution de la part des avalanches de neige humide dans lrsquoactiviteacute totale a eacuteteacute le premier reacutesul-tat obtenu degraves le tournant des anneacutees 2000 (Martin et al 2001) des eacutetudes de simulation visant agrave eacutetudier lrsquoimpact du reacutechauffement climatique sur lrsquoactiviteacute avalancheuse Il est agrave preacutesent eacutetayeacute par des analyses statistiques systeacutematiques (Naaim et al 2016) et constitue un lien intuitif entre observations et projections lrsquoactiviteacute avalancheuse de neige humide se manifeste deacutejagrave etou se manifestera dans le futur plus preacutecocement agrave toutes les altitudes en particulier dans des sec-teurs et durant des peacuteriodes ougrave elle est pour lrsquoinstant peu importante voire quasi inexistante (haute altitude etou en laquo plein hiver raquo fig C17b) Hors des Alpes cette eacutevolution a eacuteteacute mise en eacutevidence en Himalaya agrave lrsquoaide drsquoanalyses dendro- geacuteomorphologiques (Ballesteros-Canovas et al 2018)

Figure C18 ndash Deacutepocircts drsquoavalanche de neige humide de grande ampleur janvier 2018 Bessans Savoie

Photo Irstea

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Au cours des peacuteriodes reacutecentes drsquoactiviteacute drsquoavalanches de neige humide des eacuteveacute-nements de grande voire tregraves grande ampleur avec des conseacutequences specta-culaires en matiegravere de dommages aux infrastructures ont eacuteteacute observeacutes Ainsi la destruction de la gare du teacuteleacutesiegravege de Saint-Franccedilois-Longchamp en 2013 a eacuteteacute marquante en raison de la dynamique particuliegravere de lrsquoavalanche qui lrsquoa causeacutee Drsquoextension importante malgreacute sa vitesse reacuteduite elle a plieacute les deux premiers pylocircnes Lrsquoaugmentation de lrsquohumiditeacute de la neige peut ainsi conduire agrave des ava-lanches catastrophiques pour deux raisons une augmentation des distances par-courues et des trajectoires laquo impreacutevisibles raquo du fait drsquoun coefficient de frottement effectif faible (meacutecanisme de lubrification) et des pressions drsquoimpact restant tregraves eacuteleveacutees malgreacute des vitesses nettement plus faibles que celles des eacutecoulements de neige segraveche (Ancey et Bain 2015) Pour eacutetablir que le risque lieacute aux avalanches de neige humide augmente effectivement avec le reacutechauffement notre connais-sance du comportement meacutecanique de la neige humide reste toutefois agrave affiner De mecircme les tendances passeacutees et futures dans les eacutevolutions des avalanches de neige humide de grande ampleur et les dommages associeacutes restent agrave eacutetudier

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Conclusions

Auteur Marie Carrega

MTES DGECSCEEONERC

La France du fait de sa situation geacuteographique est soumise agrave une grande diver-siteacute drsquoaleacuteas naturels Pris de maniegravere indeacutependante aucun eacuteveacutenement clima-tique ne peut ecirctre attribueacute en tant que tel au changement climatique Toutefois les travaux de recherche eacutetablissent que le changement climatique vient modifier lrsquooccurrence de certains aleacuteas

En meacutetropole on peut ainsi anticiper que degraves la peacuteriode 2021-2050 les vagues de chaleur estivales deviendront plus freacutequentes plus longues et plus intenses avec des eacutevolutions plus marqueacutees encore pour le quart Sud-Est de la France Un eacutepisode tel que celui de lrsquoeacuteteacute 2003 pourrait se produire agrave lrsquohorizon 2050 mais il resterait exceptionnel Drsquoici la fin du siegravecle pour le sceacutenario tendanciel un tel pheacutenomegravene deviendrait en revanche courant voire serait reacuteguliegraverement deacutepasseacute tant en intensiteacute qursquoen dureacutee

Agrave lrsquoinverse les vagues de froid seront moins freacutequentes moins longues et moins intenses mais ne disparaicirctront pas complegravetement

Le risque de seacutecheresse devrait srsquoaggraver avec une aggravation plus rapide et plus intense des seacutecheresses lieacutees au deacuteficit drsquohumiditeacute du sol plutocirct qursquoau deacuteficit de preacutecipitation La France risque donc de connaicirctre drsquoici 2100 des seacuteche-resses agricoles quasi continues et de grande intensiteacute totalement inconnues dans le climat actuel

Les eacutevolutions attendues pour les pluies extrecircmes sont variables geacuteographique-ment cependant une tendance geacuteneacuterale se dessine avec une augmentation de la quantiteacute de pluie tombant au cours des eacutepisodes les plus extrecircmes ndash comme les pheacutenomegravenes dits laquo ceacutevenols raquo (voir Annexe 3) ndash principalement en hiver avec de plus une extension des zones impacteacutees au-delagrave des reacutegions habituellement toucheacutees notamment vers le Sud-Est ou les Pyreacuteneacutees

Les territoires exposeacutes aux risques drsquoincendies de forecircts devraient ecirctre plus eacutetendus couvrant une part importante de la forecirct des Landes agrave lrsquohorizon 2040 et les forecircts de Sologne agrave lrsquohorizon 2060

Le reacutechauffement des oceacuteans accompagneacute de la fonte des glaciers engendre une hausse du niveau marin de plusieurs millimegravetres par an en acceacuteleacuteration sur les derniegraveres deacutecennies Drsquoici 2100 lrsquoaugmentation devrait ecirctre de plusieurs dizaines de centimegravetres voire un megravetre de maniegravere non uniforme selon les cocirctes Cela est de nature agrave accroicirctre le risque de submersion marine mais aussi selon les cocirctes les effets drsquoeacuterosion littorale (ONERC 2015) Un rapport speacutecial du GIEC sera publieacute en 2019 permettant de mieux eacutevaluer la hausse attendue du niveau moyen des mers

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Dans les Alpes franccedilaises drsquoici la fin du siegravecle le nombre drsquoavalanches pour-rait diminuer mecircme si lrsquoactiviteacute avalancheuse de neige humide se manifeste deacutejagrave etou se manifestera dans le futur plus preacutecocement quelle que soit lrsquoaltitude Toutefois les processus geacuteneacuterateurs de risque en montagne sont nombreux et complexes et leur eacutevolution avec le climat sujet agrave discussion (Beniston et al 2018 Stoffel et Huggel 2012)

Par ailleurs les deacuteclenchements de laves torrentielles devraient augmenter significativement

Les eacutetudes actuelles ne permettent pas de mettre en eacutevidence une tendance future notable sur lrsquoeacutevolution du risque de vent violent lieacute aux tempecirctes Les projections ne montrent en effet aucune tendance significative de long terme sur la freacutequence et lrsquointensiteacute des tempecirctes que ce soit agrave lrsquohorizon 2050 ou agrave lrsquohorizon 2100

En outre-mer les simulations du climat pour le XXIe siegravecle indiquent que les cyclones ne devraient pas ecirctre plus nombreux En revanche le nombre de cyclones de forte intensiteacute devrait augmenter

Chapitre DPreacutevention et gestion

des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques

extrecircmes

Auteurs Laure Tourjansky Emmanuel Vullierme et le service des risques naturels hydrauliques

MTES DGPRSRNH

Marie Carrega Jeacuterocircme Duvernoy Sarah Voirin MTES DGECSCEEONERC

copy Laurent Mignaux ndash Terra

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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La preacutevention et la gestion des risques un eacuteleacutement majeur de lrsquoadaptation au changement climatique

Les eacuteveacutenements climatiques extrecircmes (inondations seacutecheresses tempecirctes cyclones etc) font reacuteguliegraverement de nombreuses victimes dans le monde et des dommages consideacuterables Du fait de la diversiteacute des territoires franccedilais meacutetro-pole outre-mer territoires traverseacutes par un important reacuteseau hydrographique mon-tagne campagne littoral concentration drsquoenjeux dans les villes la France subit des eacuteveacutenements extrecircmes tregraves varieacutes Les catastrophes survenues ces derniegraveres anneacutees en France rappellent que notre territoire est particuliegraverement exposeacute avec en particulier les crues du Var en 2015 les crues sur les bassins du Loing de la Seine et de la Loire au printemps 2016 le cyclone Irma en septembre 2017 la tempecircte Eleanor en janvier 2018 La forte mobilisation meacutediatique lors de ces eacuteveacutenements ne doit pas faire oublier que la preacutevention des risques naturels se fait neacutecessairement dans la dureacutee en inteacutegrant les eacutevolutions attendues du climat La preacutevention srsquoarticule bien sucircr avec la preacuteparation et la gestion de crise lorsqursquoun eacutevegravenement agrave risque surgit

Qursquoils soient drsquoorigine climatique ou non (on pense en particulier aux seacuteismes) la reacuteponse aux eacutevegravenements extrecircmes est abordeacutee par les pouvoirs publics dans une approche systeacutemique La politique de preacutevention des risques naturels majeurs a pour objectif de reacuteduire lrsquoexposition aux risques des populations et agrave les rendre moins vulneacuterables Elle vise agrave preacutevenir les atteintes agrave la vie humaine et reacuteduire autant que possible les conseacutequences preacutevisibles et les dommages potentiels des eacutevegravenements agrave geacuterer efficacement les crises et les catastrophes quand elles surviennent anticiper les situations post-crise et reacuteparer les dommages

Cette politique est structureacutee par plusieurs textes agrave commencer par la loi Barnier 1 et inscrite dans les lignes directrices eacutedicteacutees par lrsquoONU dans le cadre de Sendai pour la reacuteduction du risque de catastrophes Si le cadre est avant tout donneacute par lrsquoEacutetat cette politique trouve son efficaciteacute dans la mobilisation de nombreux acteurs agrave commencer par les collectiviteacutes locales car elle srsquoarticule eacutetroitement avec lrsquoameacutenagement du territoire mais aussi les entreprises et les citoyens Aussi la politique de preacutevention des risques naturels meneacutee par lrsquoEacutetat comporte des actions reacutegaliennes (information preacuteventive eacutelaboration de plans de preacuteven-tion des risques naturels) et des dispositifs drsquoaccompagnement tels que la mobi-lisation du fonds de preacutevention des risques naturels majeurs dit laquo Fonds Barnier raquo

Dans le cadre de lrsquoeacutelaboration du deuxiegraveme plan national drsquoadaptation au chan-gement climatique (ONERC 2017) les discussions relatives agrave la preacutevention des risques naturels et agrave la reacutesilience des territoires ont largement conforteacute la politique mise en œuvre et mis en avant des axes nouveaux la neacutecessiteacute drsquoun portage local de cette politique qui eacutemane des territoires une approche jacobine nrsquoeacutetant

1 Loi no 95-101 du 2 feacutevrier 1995 relative au renforcement de la protection de lrsquoenvironnement

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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plus suffisante le besoin permanent drsquoune mise agrave jour des connaissances et drsquoun approfondissement de la connaissance des aleacuteas les plus impacteacutes par le changement climatique la mise en place drsquooutils nouveaux de transformation des territoires

Une hausse de 2 degC de la tempeacuterature moyenne de la planegravete drsquoici la fin du siegravecle se deacuteclinerait de faccedilon diffeacuterencieacutee selon ces territoires mais srsquoaccompagnerait partout de changements importants dans le reacutegime des preacutecipitations et dans la freacutequence et la seacuteveacuteriteacute des eacuteveacutenements extrecircmes Ces changements seront moins importants si lrsquoon arrive agrave contenir lrsquoaugmentation de la tempeacuterature ter-restre en limitant les eacutemissions de gaz agrave effet de serre anthropiques Toutefois du fait de lrsquoinertie du systegraveme climatique mecircme si lrsquoon parvenait agrave arrecircter degraves main-tenant toute eacutemission de gaz agrave effet de serre le climat de la Terre continuerait agrave changer pendant plusieurs deacutecennies et la hausse du niveau des mers se pour-suivrait pendant plusieurs siegravecles Il faut donc se preacuteparer agrave ces changements

La deacutefinition de lrsquoadaptation au changement climatique a eacuteteacute affineacutee au rythme des rapports du GIEC Si le dernier rapport deacutefinit lrsquoadaptation comme laquo la deacutemarche drsquoajustement au climat actuel ou attendu ainsi qursquoagrave ses conseacutequences raquo elle peut ecirctre appreacutehendeacutee drsquoun point de vue plus socieacutetal par laquo lrsquoensemble des eacutevo-lutions drsquoorganisation de localisation et de techniques que les socieacuteteacutes devront opeacuterer pour limiter les impacts neacutegatifs de ces changements et maximiser leurs effets beacuteneacutefiques raquo ainsi eacuteloigner les populations et les activiteacutes eacuteconomiques de zones rendues inondables par le changement climatique adopter des varieacute-teacutes de plantes plus reacutesistantes et mieux adapteacutees aux climats du futur ajuster les reacuteseaux eacutenergeacutetiques aux variations attendues de la consommation drsquoeacutenergie adapter les infrastructures de transport ou reacutehabiliter des zones urbaines apregraves des deacutesastres naturels lieacutes au changement climatique sont toutes des actions drsquoadaptation (de Perthuis 2010)

Les possibiliteacutes drsquoadaptation sont nombreuses mais pour reacuteduire la vulneacuterabi-liteacute au changement climatique actuel et futur diffeacuterentes eacutetapes drsquoadaptation seront neacutecessaires

Adaptation autonome ou spontaneacutee adaptation en reacuteponse agrave un aleacutea clima-tique veacutecu ou agrave ses effets sans aucune preacutemeacuteditation explicite ou consciente et axeacutee sur la lutte contre le changement climatique

Adaptation increacutementale mesures drsquoadaptation ayant pour objectif princi-pal le maintien de la nature et de lrsquointeacutegriteacute drsquoun systegraveme ou drsquoun processus agrave une eacutechelle donneacutee

Adaptation transformationnelle adaptation qui change les eacuteleacutements fonda-mentaux drsquoun systegraveme en reacuteponse au climat et agrave ses effets

Il existe une intersection entre les activiteacutes des communauteacutes travaillant sur lrsquoadap-tation au changement climatique et celles travaillant sur la reacuteduction des risques de catastrophe Les deux visent agrave reacuteduire les impacts neacutegatifs du changement climatique et des catastrophes sur lrsquoenvironnement naturel la socieacuteteacute humaine et les eacuteconomies en anticipant les risques et les incertitudes et en cherchant agrave reacuteduire leurs vulneacuterabiliteacutes (Mitchell et al 2010) Comme le changement climatique

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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rendra en geacuteneacuteral les eacuteveacutenements extrecircmes plus freacutequents et plus intenses il est primordial drsquoassurer la meilleure coheacuterence possible entre la politique de preacuteven-tion et de gestion des risques et celle de lrsquoadaptation au changement climatique tant au niveau des pratiques qursquoau niveau des politiques nationale reacutegionale et communaleintercommunale

En Europe la France est lrsquoun des pays les plus avanceacutes en matiegravere de planifi-cation de lrsquoadaptation au changement climatique avec une Strateacutegie nationale drsquoadaptation au changement climatique publieacutee en 2006 et un premier Plan national drsquoadaptation au changement climatique couvrant la peacuteriode 2011-2015 Le deuxiegraveme Plan national drsquoadaptation au changement climatique (PNACC-2) a notamment pour objectif de laquo mieux proteacuteger les Franccedilais face aux eacuteveacutenements cli-matiques extrecircmes raquo comme inscrit dans le Plan climat du gouvernement publieacute le 6 juillet 2017 (axe 19) Il vise ainsi agrave reacuteduire les impacts des catastrophes natu-relles sur la seacutecuriteacute et la santeacute sur les biens eacuteconomiques physiques sociaux culturels et environnementaux des personnes des entreprises et des collectiviteacutes dans le contexte du changement climatique La phase de concertation preacutealable agrave lrsquoeacutelaboration de ce plan a eacuteteacute notamment nourrie par un groupe de travail speacutecifi-quement deacutedieacute agrave lrsquoeacutelaboration de recommandations en matiegravere de preacutevention et gestion des risques naturels dont certaines portaient directement sur les eacuteveacutene-ments extrecircmes Drsquoautres groupes de travail theacutematiques ont eacutegalement apporteacute leurs contributions agrave lrsquoameacutelioration de la gestion des eacuteveacutenements extrecircmes dans un contexte climatique changeant Eacutetant donneacute que de nombreux territoires sec-teurs drsquoactiviteacutes et eacutecosystegravemes sont et seront impacteacutes par le changement clima-tique la politique nationale drsquoadaptation apparaicirct clairement comme une politique publique laquo transversale raquo Le domaine drsquoaction laquo Gouvernance raquo du PNACC-2 vise ainsi agrave renforcer le pilotage strateacutegique de la deacutemarche drsquoadaptation dans une logique de coconstruction avec les eacutechelons de gouvernance territoriaux incluant les acteurs locaux et la socieacuteteacute civile

Le changement climatique loin de remettre en cause les outils de la preacutevention et de la gestion des risques naturels leur donne une nouvelle actualiteacute et fait res-sortir la neacutecessiteacute de les mobiliser au mieux La limitation de lrsquoexposition drsquoenjeux (habitations entrepriseshellip) existants ou nouveaux doit plus que jamais ecirctre une prioriteacute dans le contexte drsquoaleacuteas croissants et se faire dans une deacutemarche drsquoameacutenagement durable des territoires Des eacutevolutions eacuteventuelles devraient alors porter en premier lieu sur les leviers permettant lrsquoadheacutesion des parties pre-nantes agrave cette preacutevention afin qursquoelle ne soit pas perccedilue uniquement comme une contrainte et srsquoinsegravere pleinement dans une deacutemarche plus globale et transver-sale drsquoadaptation au changement climatique

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La preacutevention des risques naturels majeurs un enjeu qui requiert la mobilisation de tous

Les instances onusiennes de lrsquoUnited Nations system for disaster risk reduction (UNISDR) ont adopteacute le cadre drsquoaction de Sendai 2015-2030 qui reconnaicirct pour la premiegravere fois le rocircle du changement climatique comme facteur de risques de catastrophes Il srsquoarticule avec lrsquoaccord de Paris sur le climat adopteacute en deacutecembre 2015 et les objectifs de deacuteveloppement durable eacutetablis par les Eacutetats membres des Nations unies rassembleacutes dans lrsquoAgenda 2030 Il succegravede au cadre drsquoaction de Hyogo pour la peacuteriode 2005-2015

Pour eacutecarter les nouveaux risques tout en reacuteduisant les risques existants le cadre de Sendai deacutefinit quatre prioriteacutes agrave lrsquoeacutechelle mondiale

comprendre les risques de catastrophe renforcer la gouvernance des risques de catastrophe pour mieux les geacuterer investir dans la reacuteduction des risques de catastrophe aux fins de la reacutesilience renforcer lrsquoeacutetat de preacuteparation aux catastrophes pour intervenir de maniegravere

efficace et pour laquo mieux reconstruire raquo durant la phase de relegravevement de remise en eacutetat et de reconstruction

La politique franccedilaise de preacutevention des risques naturels srsquoinscrit dans ce cadre

Les leviers de lrsquoEacutetat

Le cadre europeacuteen est donneacute depuis 2007 par une directive centreacutee uniquement sur lrsquoaleacutea inondation qui est lrsquoaleacutea naturel le plus preacutesent en Europe (directive no 200760CE relative agrave lrsquoeacutevaluation et agrave la gestion des risques drsquoinondation) Dans le cadre de cette directive chaque pays de lrsquounion europeacuteenne est tenu de rapporter tous les six ans les efforts entrepris pour reacuteduire les conseacutequences neacutegatives des inondations sur son territoire

En matiegravere de protection des populations et face agrave des situations drsquourgence de grande ampleur auxquelles ne pourrait pas faire face seule la protection civile drsquoun pays lrsquoUnion europeacuteenne a instaureacute en 2001 un meacutecanisme europeacuteen de protec-tion civile qui permet aux pays de coordonner leur aide Gracircce agrave un travail de sen-sibilisation de formation drsquoeacutechanges drsquoexperts et agrave lrsquoorganisation drsquoexercices de simulation il contribue agrave preacuteparer et agrave limiter les conseacutequences des catastrophes

Agrave lrsquoeacutechelle nationale le ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire est porteur de la politique de preacutevention des risques naturels et de la preacutevision des crues Il srsquoappuie sur le ministegravere de la Coheacutesion des territoires pour la prise en compte des risques dans lrsquourbanisme et le controcircle du respect des regravegles de construc-tion Le ministegravere de lrsquoEacuteconomie assure la tutelle du secteur des assurances en charge de lrsquoindemnisation en cas de sinistre Les ministegraveres en charge de lrsquoAgri-culture de la Santeacute des Affaires eacutetrangegraveres de la Culture et de lrsquoEacuteducation natio-nale contribuent eacutegalement dans leurs domaines de compeacutetences agrave la preacutevention

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des risques Le directeur geacuteneacuteral de la preacutevention des risques du ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire en tant que deacuteleacutegueacute aux risques majeurs assure une coordination avec le ministegravere de lrsquoInteacuterieur (DGSCGC) qui intervient en cas de crise (voir page 128 laquo Preacuteparer et geacuterer la crise raquo)

LrsquoEacutetat met en œuvre des actions dans les domaines leacutegislatif reacuteglementaire et technique pour ameacuteliorer la preacutevention et la reacuteduction des risques agrave la source drsquoune part et drsquoautre part lrsquoinformation et la protection des citoyens Les minis-tegraveres srsquoappuient sur plusieurs opeacuterateurs dont les actions concernent en premier lieu la connaissance du risque agrave travers des projets de recherche lrsquoobservation et la preacutevision des aleacuteas les mesures de la reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute qui peuvent eacutegalement ecirctre mobiliseacutes en gestion de crise Au global le ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire consacre environ 30 millions drsquoeuros par an agrave la preacutevention des risques naturels dont un tiers est destineacute aux opeacuterateurs un autre tiers au reacuteseau de preacutevision des crues et le dernier tiers agrave des acquisitions de connaissance des actions drsquoameacutelioration de la culture du risque des opeacutera-tions de communication et le fonctionnement des services

LrsquoEacutetat a eacutegalement un rocircle important pour accompagner les parties prenantes de la preacutevention des risques Le soutien agrave la preacutevention srsquoappuie largement sur le Fonds de preacutevention des risques naturels majeurs (FPRNM appeleacute aussi laquo fonds Barnier raquo) creacuteeacute en 1995 et doteacute via les contributions des assureacutes au titre du dis-positif CatNat drsquoenviron 200 millions drsquoeuros par an plafonneacute agrave 137 millions en recettes pour la Loi de finances de 2018 La mise en place et lrsquoutilisation du FPRNM visent agrave permettre un eacutequilibre entre des mesures de preacutevention efficaces et lrsquoin-demnisation postcatastrophe Sur la peacuteriode 2012-2017 il a eacuteteacute mobiliseacute agrave pregraves de 50 pour la preacutevention des inondations par deacutebordement de cours drsquoeau agrave 13 pour la submersion marine agrave pregraves de 10 pour les mouvements de terrain

Srsquoil a drsquoabord permis de financer les deacutelocalisations de biens exposeacutes agrave un risque naturel majeur (38 sur les deacutepenses cumuleacutees entre 2010 et 2017) son uti-lisation a progressivement eacuteteacute eacutelargie par le leacutegislateur agrave drsquoautres cateacutegories de deacutepenses mesures de reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute des biens et de lrsquoameacutenagement du risque (40 ) et de connaissance de lrsquoaleacutea et information preacuteventive (14 )

Les collectiviteacutes territoriales sont les premiegraveres utilisatrices du FPRNM elles peuvent mobiliser jusqursquoagrave 125 millions drsquoeuros sur la mesure laquo eacutetudes et travaux des collectiviteacutes locales raquo qui constitue la principale mesure du FPRNM Les ter-ritoires de Charente-Maritime de Vendeacutee ainsi que les Antilles Franccedilaises ont mobiliseacute une part importante du FPRNM suite aux catastrophes qui ont affecteacute ces territoires (tempecircte Xynthia cyclone Irma etc) et du fait des enjeux speacuteci-fiques aux Antilles

Les particuliers et les entreprises de moins de vingt salarieacutes peuvent eacutegalement en beacuteneacuteficier sous certaines conditions

Le cadre drsquoeacuteligibiliteacute au soutien du FPRNM exprime de fait des lignes directrices de la preacutevention des risques partageacutees entre tous ses acteurs

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La mobilisation des collectiviteacutes locales

Les collectiviteacutes territoriales ont un rocircle deacuteterminant et croissant dans la preacuteven-tion et la gestion des crises lieacutees aux risques naturels Le maire est chargeacute de la connaissance et de la diffusion de lrsquoinformation sur les risques aupregraves de la population En tant que responsable de lrsquoameacutenagement et de la seacutecuriteacute il doit veiller agrave communiquer reacuteguliegraverement sur la connaissance des risques sur son ter-ritoire il est chargeacute de lrsquoalerte et de lrsquoorganisation des secours en cas de crise Il dispose agrave cet effet drsquooutils strateacutegiques et reacuteglementaires tels que le Plan com-munal de sauvegarde (PCS) et le Plan local drsquourbanisme (PLU)

Outre lrsquoeacutechelon communal les intercommunaliteacutes ndash communauteacutes de communes drsquoagglomeacuteration urbaines meacutetropoles ndash constituent des acteurs de premier plan en particulier en matiegravere drsquoameacutenagement du territoire et de Gestion des milieux aquatiques et de preacutevention des inondations (Gemapi) Crsquoest lrsquoesprit des lois MAPTAM 2 en 2014 et NOTRe 3 en 2015

2 Loi no 2014-58 du 27 janvier 2014 de modernisation de lrsquoaction publique territoriale et drsquoaffirmation des meacutetropoles

3 Loi no 2015-991 du 7 aoucirct 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la Reacutepublique

Figure D1 ndash Deacutepenses du fonds de preacutevention des risques naturels majeurs par type drsquoacteur

Source ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire (MTES) 2017

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Lrsquoinstauration de la compeacutetence laquo Gemapi 4 raquo depuis le 1er janvier 2018 repreacutesente une eacutevolution structurante dans la gouvernance en matiegravere de gestion des milieux aquatiques et de preacutevention des inondations La loi attribue cette compeacutetence aux intercommunaliteacutes de maniegravere obligatoire et exclusive compeacutetence qursquoelles ont la possibiliteacute de deacuteleacuteguer ou transfeacuterer agrave des syndicats mixtes Les collectivi-teacutes deacutepartementales et reacutegionales deacutejagrave impliqueacutees pourront eacutegalement poursuivre leur action en matiegravere de compeacutetence Gemapi Cette compeacutetence permettra en particulier la bonne gestion dans la dureacutee des ouvrages hydrauliques ndash travaux et entretien des systegravemes drsquoendiguement des barrages eacutecrecircteurs de crues des bassins de reacutetention ndash concourant agrave la preacutevention des inondations

Les conseils deacutepartementaux et reacutegionaux sont aussi impliqueacutes dans la preacuteven-tion des risques Le conseil deacutepartemental par exemple deacutefinit les politiques drsquoinvestissement et finance le fonctionnement des diffeacuterents services deacuteparte-mentaux speacutecialiseacutes Pour les secours aux victimes les Services deacutepartementaux drsquoincendie et de secours (SDIS) sont placeacutes sous une double autoriteacute ndash preacutefet et conseil deacutepartemental ndash pour la gestion opeacuterationnelle et la gestion fonctionnelle des secours et sont chargeacutes avec le Service drsquoaide meacutedicale urgente (SAMU) des secours aux victimes Eacutetablissement public deacutepartemental le SDIS eacutelabore et met en œuvre sous lrsquoautoriteacute du preacutefet le Scheacutema deacutepartemental drsquoanalyse et de couverture des risques (SDACR)

Lrsquoarticulation territoriale de la politique de preacutevention des risques avec les autres politiques sectorielles dans une logique drsquoadaptation au changement climatique reposera notamment sur un reacuteseau de comiteacutes reacutegionaux de lrsquoadaptation en meacutetro-pole et outre-mer dans le cadre de lrsquoeacutelaboration ou de la reacutevision drsquoorientations et de scheacutemas reacutegionaux comme les SRADDET SRCAE SAR PRFB hellip

En outre-mer une meilleure reacutesilience aux effets du changement climatique est prise en compte dans la mobilisation drsquooutils speacutecifiques Les outils de program-mation tels que les plans de convergence les contrats de plan Eacutetat-Reacutegion les suites donneacutees au Livre bleu des outre-mer les PRFB mais aussi les documents de planification territoriale speacutecifiques agrave chacun des territoires ultramarins ins-criront des actions en faveur de lrsquoadaptation au changement climatique Gracircce agrave la mobilisation drsquooutils financiers adapteacutes ces actions viseront agrave renforcer le deacuteveloppement et la maintenance des infrastructures la recherche et lrsquoameacuteliora-tion de la connaissance au niveau reacutegional et transfrontalier la preacuteservation des ressources et milieux naturels et des eacutecosystegravemes qursquoils abritent et agrave faire des territoires ultramarins un atout strateacutegique quant aux relations avec les autres Eacutetats de leur bassin de coopeacuteration reacutegionale Cette action permettra eacutegalement de srsquoassurer de la coheacuterence de lrsquoensemble de ces actions entre lrsquoeacutechelon terri-torial et le niveau national

4 httpswwwecologique-solidairegouvfrgestion-des-milieux-aquatiques-et-prevention-des-inondations-gemapi

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Encadreacute 1

5 Discours du Preacutesident de la Reacutepublique Emmanuel Macron devant la 72e Assembleacutee geacuteneacuterale des Nations unies 19 septembre 2017

Financements internationaux et europeacuteens pour la prise en compte

des eacuteveacutenements extrecircmes

De nombreuses sources de financement internationales et europeacuteennes existent pour deacutevelopper les capaciteacutes drsquoobservation de mesure drsquoalerte et drsquoadaptation aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes mais elles sont par-fois sous-utiliseacutees au risque mecircme de ne pas ecirctre peacuterennesLes donneacutees meacuteteacuteorologiques sont souvent encore peu fiables ou totale-ment absentes dans de nombreux pays Lrsquoinitiative CREWS (Climate risks and early warning systems) a eacuteteacute lanceacutee agrave Paris agrave la COP21 en 2015 agrave la suite de la troisiegraveme confeacuterence sur la reacuteduction des risques de catas-trophes agrave Sendai en mars 2015 ougrave les Eacutetats partis srsquoeacutetaient engageacutes agrave laquo accroicirctre significativement la disponibiliteacute et lrsquoaccegraves agrave des systegravemes drsquoalerte preacutecoce multirisques agrave lrsquoinformation et aux eacutevaluations sur les risques pour les populations drsquoici 2030 raquo Cette initiative a pour but drsquoaider les pays les plus vulneacuterables et les moins avanceacutes et les petits Eacutetats insulaires en deacuteveloppement agrave ameacuteliorer la prestation de services meacuteteacuteorologiques et climatologiques et agrave augmenter leur capaciteacute agrave produire et diffuser des alertes preacutecoces efficaces multirisques axeacutees sur les impacts afin de proteacuteger les personnes les biens et les moyens de subsistance Lrsquoobjectif est de mobiliser 100 millions de dollars ameacutericains drsquoici agrave 2020 afin de combler les lacunes des programmes bilateacuteraux et multilateacuteraux exis-tants La France fait partie des partenaires financiers de cette initiative et a contribueacute agrave hauteur de 10 millions drsquoeuros entre 2017 et 2018 au financement du fonds fiduciaire Afin de peacuterenniser cette initiative qui va dans le sens de ses engagements internationaux en matiegravere de finance-ment de la lutte contre le changement climatique la France preacutevoit un ren-forcement de son implication dans lrsquoinitiative CREWSLa France mobilise eacutegalement drsquoautres fonds internationaux notamment le Fonds vert pour le climat pour financer la preacutevention des risques et lrsquoadap-tation au changement climatique dans les outre-mer Le Fonds vert pour le climat a eacuteteacute mis en place par les 194 Eacutetats partis agrave la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques en 2010 agrave Cancugraven comme partie inteacutegrante du meacutecanisme financier de la Convention Il a pour but de financer agrave parts eacutegales des projets drsquoatteacutenuation et drsquoadaptation dans les pays en deacuteveloppement Agrave ce jour les investissements du Fonds vert repreacute-sentent 26 Md USD au profit de cinquante-quatre projets et programmesDans lrsquoobjectif de consacrer 055 du revenu national de la France pour lrsquoaide publique au deacuteveloppement drsquoici cinq ans 5 et de mettre en œuvre les actions du PNACC-2 les acteurs de lrsquoaide au deacuteveloppement tels que lrsquoAFD vont augmenter la part des financements de lrsquoaide au deacuteveloppement

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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deacutedieacutee agrave lrsquoadaptation y compris la part des dons agrave hauteur de 15 mil-liard drsquoeuros agrave horizon 2020 et renforcer le volet adaptation au change-ment climatique dans les organisations multilateacuterales de financement du deacuteveloppement et du climat tels que le Fonds vert pour le climatDans ce cadre la contribution du ministegravere des outre-mer au Fonds vert permettant le financement de la preacutevention des risques et lrsquoadaptation au changement climatique dans les outre-mer porte sur deux volets

un precirct agrave taux zeacutero laquo Fonds vert raquo deacutedieacute agrave la Nouvelle-Caleacutedonie la Polyneacutesie franccedilaise et agrave Wallis-et-Futuna

une enveloppe drsquoassistance agrave maicirctrise drsquoouvrage de laquo lrsquoeacutequivalent Fonds vert raquo Cette enveloppe est destineacutee agrave financer lrsquoidentification la structu-ration et lrsquoeacutevaluation des projets environnementaux financeacutes par lrsquoAgence franccedilaise pour le deacuteveloppement (AFD) et agrave lrsquoeacutelaboration dans les reacutegions ultrapeacuteripheacuteriques des plans climat-air-eacutenergie territoriaux Les entiteacutes eacuteli-gibles sont les collectiviteacutes territoriales ultramarines leurs groupements et satellites les entreprises publiques locales susceptibles drsquoecirctre beacuteneacutefi-ciaires drsquoun precirct AFD bonifieacute par lrsquoeacutequivalent laquo Fonds vert raquo Ainsi une ligne budgeacutetaire a eacuteteacute consacreacutee agrave un laquo eacutequivalent Fonds vert raquo au sein de la mis-sion laquo outre-mer raquo du budget geacuteneacuteral en 2017 et a eacuteteacute reconduite en 2018La France participe eacutegalement au financement de la preacutevention des risques et agrave lrsquoadaptation aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes au niveau euro-peacuteen notamment agrave travers lrsquoAccord de partenariat 2014-2020 entre lrsquoUnion europeacuteenne lrsquoEacutetat et les Reacutegions qui acte la mobilisation drsquoune partie des fonds europeacuteens au financement de lrsquoObjectif Theacutematique 5 ndash adaptation au changement climatique et preacutevention des risques (OT5) Les Fonds

europeacuteens structurels et drsquoinvestissement (FESI) sont mobiliseacutes pour soutenir des actions dans les reacutegions particuliegraverement vulneacuterables et la prioriteacute est donneacutee au deacuteveloppement de solutions de geacutenie eacutecologique Agrave cet effet le Fonds europeacuteen de deacuteveloppement reacutegional (FEDER) sou-tient des actions qui visent globalement agrave ameacuteliorer la protection des terri-toires et des populations exposeacutes aux effets des aleacuteas climatiques et aux risques tandis que le Fonds europeacuteen agricole de deacuteveloppement rural (FEADER) intervient speacutecifiquement dans le domaine des sols (limitation des risques drsquoartificialisation drsquoeacuterosion et de perte de matiegravere organique) et de la lutte contre les incendies Lrsquoenjeu financier pour la France reacuteside dans le fait de continuer agrave pouvoir mobiliser des financements europeacuteens au-delagrave de lrsquoexercice actuel (2014-2020) malgreacute une sous-utilisation chro-nique des FESI Le maintien drsquoun objectif theacutematique visant explicitement lrsquoadaptation et la preacutevention des risques est essentiel pour permettre aux reacutegions lrsquoayant identifieacute comme prioritaire de mobiliser un cofinance-ment europeacuteen agrave hauteur de 50 Lrsquoenveloppe fleacutecheacutee pour la France au titre de lrsquoOT5 pour le FEDER srsquoeacutelegraveve agrave 295 millions drsquoeuros sur la peacuteriode 2014-2020 Au 2 juillet 2018 seuls 36 de ces fonds eacutetaient program-meacutes Crsquoest pourquoi le PNACC-2 souhaite faciliter et renforcer lrsquoaccegraves et la mobilisation des fonds europeacuteens par les porteurs de projets franccedilais

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Un travail en reacuteseau

Lrsquoefficaciteacute de la politique de preacutevention passe par une appropriation et un apport de tous les partenaires dans un travail en reacuteseau Le Conseil drsquoorientation pour

la preacutevention des risques naturels majeurs (COPRNM) creacuteeacute par deacutecret du 1er aoucirct 2003 est un lieu de concertation et drsquoarbitrage composeacute drsquoeacutelus drsquoexperts de pro-fessionnels de repreacutesentants de la socieacuteteacute civile et des services de lrsquoEacutetat mobi-liseacutes sur les lignes directrices de cette politique Une commission speacutecifique la commission mixte inondation organise et anime lrsquoassociation des parties pre-nantes et contribue agrave la coheacuterence des dispositifs en vue de la gestion des risques drsquoinondation de tous types en France Elle constitue lrsquoinstance de gouvernance nationale en matiegravere de preacutevention des inondations

Les Assises nationales des risques naturels 6 reacuteunissent tous les deux ou trois ans les acteurs de la preacutevention des risques naturels pour eacutechanger et deacutebattre sur lrsquoeacutetat de la situation et les perspectives de reacuteduction des catastrophes Ces assises sont aussi lrsquooccasion de contribuer au deacuteveloppement drsquoune culture commune du risque en mutualisant les connaissances des diffeacuterents acteurs inter-venant dans les domaines concerneacutes par la preacutevention et la gestion des risques naturels Services de lrsquoEacutetat eacutelus associations assureurs chercheurs bureaux drsquoeacutetudes tous sont appeleacutes agrave se mobiliser pour ces journeacutees de rencontres et drsquoeacutechanges en particulier les collectiviteacutes et leurs eacutelus acteurs de la mise en place de la politique de preacutevention agrave lrsquoeacutechelle de leurs territoires

La preacutevention des risques une politique structureacutee et de long terme qui articule des actions compleacutementaires

En matiegravere de risque naturel la reacuteduction du risque agrave la source est impossible par deacutefinition ou limiteacutee La politique consiste donc agrave connaicirctre au mieux les pheacute-nomegravenes naturels et agir pour reacuteduire autant que faire se peut leurs conseacute-quences Un enjeu est drsquoagir laquo en amont raquo des catastrophes agrave un moment ougrave leur effet est difficile agrave connaicirctre preacuteciseacutement dans une approche de long terme en contraste avec le sentiment drsquourgence quand une catastrophe srsquoannonce Cette politique demande la mobilisation de diffeacuterents outils dans une approche stra-teacutegique et eacutequilibreacutee ndash pas seulement orienteacutee sur la protection contre lrsquoaleacutea par exemple ndash elle-mecircme longue agrave eacutelaborer On retient traditionnellement une struc-turation autour de sept axes qui sont chacun indispensables et doivent ecirctre mis en œuvre de maniegravere compleacutementaire et articuleacutee connaissance surveillance information maicirctrise de lrsquourbanisme reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute gestion de crise retour drsquoexpeacuterience

6 httpswwwecologique-solidairegouvfrprevention-des-risques-naturelse2

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Connaicirctre lrsquoaleacutea et le risque

La connaissance de lrsquoaleacutea est le socle indispensable de la preacutevention Les connais-sances et recherches scientifiques permettent de mieux cerner les causes des pheacutenomegravenes et les meacutecanismes mis en jeu Elles mobilisent

la connaissance des eacuteveacutenements passeacutes gracircce aux recherches historiques et agrave la constitution de bases de donneacutees (climatologique hydrologique nivo-logique) ou drsquoatlas (par exemple cartes des zones inondables agrave partir des donneacutees historiques carte de localisation des pheacutenomegravenes avalancheux) La capitalisation des donneacutees drsquoeacuteveacutenements historiques en matiegravere drsquoinondation par exemple repose sur la Base de donneacutees historiques sur les inondations (BDHI) 7 qui recense et deacutecrit les pheacutenomegravenes de submersions dommageables drsquoorigine fluviale marine ou autres survenus sur le territoire franccedilais (meacutetro-pole et outre-mer) au cours des siegravecles passeacutes et jusqursquoagrave aujourdrsquohui Elle met agrave disposition une seacutelection drsquoinondations remarquables qui se sont produites sur le territoire et srsquoenrichit au fil de lrsquoeau En compleacutement une base de donneacutees de repegraveres de crues a eacuteteacute mise en ligne agrave la fois pour ecirctre consulteacutee et pour ecirctre alimenteacutee par tout un chacun grand public ou organismes 8

la connaissance des aleacuteas et des enjeux pour eacutevaluer les risques auxquels chaque territoire est exposeacute Cette connaissance eacutemane drsquoeacutetudes ou recherches meneacutees par des opeacuterateurs de lrsquoEacutetat ou par des bureaux drsquoeacutetudes Elle neacuteces-site parfois des modeacutelisations numeacuteriques (modegravele meacuteteacuteorologique hydrolo-gique ou autre) et se concreacutetise par des cartes drsquoextension et drsquointensiteacute des pheacutenomegravenes

On distingue la recherche amont qui srsquointeacuteresse aux grandes eacutevolutions tendan-cielles agrave une eacutechelle laquo macro raquo telle que lrsquoeacutevolution des zones sensibles aux incen-dies de forecirct lrsquoimpact de la hausse des tempeacuteratures sur les risques drsquoorigine glaciaire et peacuteriglaciaire de la connaissance fine de lrsquoaleacutea et des enjeux agrave une eacutechelle locale permettant par exemple drsquoeacutetablir un zonage de Plan de preacutevention des risques naturels (PPRN) Cette derniegravere est eacutegalement neacutecessaire dans une approche opeacuterationnelle drsquoameacutenagement du territoire et de la gestion crise par exemple pour preacuteparer lrsquoeacutevacuation de populations et organiser les secours en cas drsquoeacuteveacutenement meacuteteacuteorologique intense

Une connaissance approfondie des risques est indispensable pour appreacutehender les conseacutequences possibles des pheacutenomegravenes et mettre en place des mesures de preacutevention approprieacutees en tenant compte de la vulneacuterabiliteacute du site consi-deacutereacute Les eacuteleacutements de connaissance doivent reacuteguliegraverement ecirctre mis agrave jour pour tenir compte des progregraves scientifiques drsquoune part et des eacutevolutions de lrsquooccupa-tion du territoire drsquoautre part

7 Base de donneacutees historiques sur les inondations httpbdhifr

8 httpswwwreperesdecruesdeveloppement-durablegouvfr

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Ainsi il est par exemple neacutecessaire de mieux comprendre comment vont eacutevoluer dans le contexte du changement climatique

les glaciers ndash comme le rappelle lrsquoeacutepisode de Tecircte Rousse 9 pregraves du mont Blanc les mouvements de terrains en montage qui peuvent ecirctre modifieacutes par lrsquoeacutevo-

lution de la tempeacuterature des sols ou encore les boisements pour faire degraves agrave preacutesent les choix qui limiteront le

risque incendie dans les deacutecennies agrave venir

Agrave titre drsquoexemple dans les Alpes du nord le risque drsquoincendie de forecirct est poten-tiellement en augmentation au regard des eacutevolutions probables des conditions meacuteteacuteorologiques Le deacutepartement de lrsquoIsegravere classeacute agrave laquo risque moyen 10 raquo preacutesente une activiteacute incendie peu importante mais non neacutegligeable Lors de conditions meacuteteacuteorologiques exceptionnelles des feux tregraves intenses et difficilement controcirc-lables peuvent se deacutevelopper comme cela a eacuteteacute le cas en 2003

Bien qursquoencore mal connue lrsquointeraction entre plusieurs risques naturels est de nature agrave aggraver les situations Sur les secteurs deacutejagrave soumis agrave un aleacutea mouve-ments de terrain les incendies par la perte du couvert veacutegeacutetal qursquoils occasionnent peuvent occasionner un sur-aleacutea notamment en cas de fortes preacutecipitations Ils aggravent ainsi les pheacutenomegravenes drsquoeacuterosion des sols de ravinements et couleacutees de boues drsquoeacuteboulements rocheux ou encore de glissements de terrain

Plusieurs projets tel que les projets Drias les futurs du climat et Extremoscope (GICC MTESDRISR) ou des plates-formes telles que Geacuteorisque et Vigicrues ont drsquoores et deacutejagrave permis drsquoaccroicirctre la connaissance des risques depuis la publication du premier plan national drsquoadaptation au changement climatique et sont autant de points drsquoinformation pour les deacutecideurs ou le grand public (ONERC 2017)

Dans le cadre de lrsquoeacutelaboration du PNACC-2 lrsquoacquisition de nouvelles connais-sances et leur disseacutemination ont fait lrsquoobjet drsquoun groupe de travail speacutecifique Il est ainsi preacutevu le deacuteveloppement par les eacutetablissements drsquoenseignement supeacute-rieur et de recherche impliqueacutes dans le projet Extremoscope drsquoun service drsquoattri-bution des eacuteveacutenements extrecircmes (ex pour quantifier lrsquoeacutevolution de la probabiliteacute drsquooccurrence drsquoune seacutecheresse seacutevegravere pour un lieu donneacute) afin de reacutepondre aux questions reacutecurrentes du public des meacutedias et des responsables politiques apregraves chaque pheacutenomegravene de grande ampleur sur ses liens de causaliteacute avec le change-ment climatique (ex cyclone tropical forte pluie seacutecheresse intense vague de chaleur) et avec lrsquoideacutee drsquoaccroicirctre la sensibilisation de la population aux conseacute-quences du changement climatique en srsquoappuyant sur lrsquoanalyse de situations veacutecues reacutecentes Lrsquoacquisition de nouvelles connaissances sur les eacuteveacutenements extrecircmes et la maniegravere de srsquoen proteacuteger et la diffusion de ces informations sont eacutegalement deacuteclineacutes de maniegravere plus sectorielle

Dans le domaine de la preacutevention et de la gestion des feux de forecirct et de brous-sailles lieacutes au changement climatique lrsquoEacutetat et les eacutetablissements publics tels

9 httpwwwgeorisquesgouvfrarticlesglacier-de-tete-rousse-comprendre-le-phenomene-des-poches-deau

10 Circulaire DGFARSDFBC2007-5064

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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que lrsquoOffice national des forecircts (ONF) vont ainsi engager un certain nombre de mesures pour mieux cerner lrsquoaugmentation de lrsquoaleacutea incendie et lrsquoextension des zones propices aux incendies et en informer la population

deacutetermination des zones sensibles agrave lrsquoaugmentation de lrsquoaleacutea incendie de forecircts par la modeacutelisation des relations feu-climat incluant une reacuteflexion sur les interfaces laquo habitat-forecirct raquo et la deacuteprise agricole

eacutevaluation de lrsquointensiteacute des incendies des dommages induits sur les forecircts et de la vulneacuterabiliteacute des bacirctis drsquointerface agrave lrsquoincendie de forecirct

poursuite de la sensibilisation des populations notamment au respect des obligations leacutegales de deacutebroussaillement (voir encadreacute 6 de ce chapitre)

Les eacuteveacutenements extrecircmes sont eacutegalement pris en compte dans le PNACC-2 de maniegravere indirecte agrave travers les effets qursquoils ont sur la santeacute Dans le domaine de la preacutevention et de la gestion des risques sanitaires lieacutes au changement clima-tique il srsquoagit drsquoameacuteliorer la connaissance et la sensibilisation aux risques deacutejagrave identifieacutes ou eacutemergents agrave lrsquoeacutechelle nationale voire reacutegionale tant pour la popu-lation geacuteneacuterale que pour les travailleurs Pour ce qui est de la surveillance une meilleure articulation entre la production des donneacutees et les connaissances de surveillance environnementale climatique et les connaissances eacutepideacutemiologiques sanitaires permettra de construire des indicateurs valideacutes et de proposer une offre de services utiles pour lrsquoaction notamment pour le niveau reacutegional (par exemple en identifiant les facteurs de risques et en documentant les impacts sanitaires actuels et futurs) et des services climatiques pertinents pour la protection de la santeacute Par ailleurs les moyens de surveillance et drsquoalerte eacutepideacutemiologiques et sanitaires des populations (travailleurs inclus) seront consolideacutes Le service sani-taire des eacutetudiants en meacutedecine mis en place agrave la rentreacutee 2018 permettra de diffu-ser et mettre en œuvre des messages de preacutevention aupregraves de diffeacuterents publics (public scolaire structure drsquoaccueil de personnes acircgeacutees services sociauxhellip)

Pour reacutealiser ces missions drsquoameacutelioration continue de la connaissance le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement srsquoappuie sur ses opeacuterateurs publics dans le cadre de conventions Associeacutees agrave des financements sur creacutedits budgeacutetaires ces conven-tions chaque anneacutee en ordre de grandeur repreacutesentent par exemple

35 Meuro pour Meacuteteacuteo-France qui recouvrent des actions relatives au deacutevelop-pement de lrsquoobservation ndash extension du reacuteseau de mesure radars meacuteteacuteorolo-giques ndash et de la preacutevision ndash vigilance meacuteteacuteorologique

17 Meuro pour lrsquoInstitut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagriculture (IRSTEA) sur des actions de recherche et drsquoex-pertise avec notamment un travail sur la prise en compte des avalanches de neige humide dans les strateacutegies de preacutevention en montagne Ces avalanches eacutetant ameneacutees agrave se reacutepeacuteter dans le contexte du changement climatique

11 Meuro pour le Bureau de recherches geacuteologiques et miniegraveres (BRGM) sur des actions de recherche et drsquoexpertise qui recouvrent notamment un appui sur les mouvements de terrain et les enjeux relatifs agrave lrsquoeacutevolution du trait de cocircte

Si ces connaissances sont indispensables agrave lrsquoeacutelaboration au pilotage agrave la mise agrave jour de la politique de preacutevention des risques naturels il est tout aussi impor-tant qursquoelles soient porteacutees agrave la connaissance du public Cela permet de limiter

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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les formes de fatalisme et de superstition par rapport aux risques naturels Crsquoest le rocircle en particulier du portail Geacuteorisques (fig D2) mis en place par le ministegravere en charge de lrsquoenvironnement qui vise agrave ce que chacun puisse disposer drsquoune information sur les risques agrave proximiteacute de laquo sa maison raquo En srsquoappuyant sur les diffeacuterentes donneacutees disponibles au sein du ministegravere il preacutesente sous forme de cartes et de listes les diffeacuterents risques pour reacutepondre agrave la question laquo Quels sont les risques auxquels je suis exposeacute raquo Geacuteorisques a permis drsquoamplifier au sein des services du ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement et de ses opeacuterateurs le mouvement drsquoharmonisation drsquoagreacutegation au sein de bases nationales et de publication des donneacutees sur les risques notamment des cartes de plans de preacute-vention des risques (en lien avec le Geacuteoportail de lrsquourbanisme 11) Lrsquoobjectif priori-taire de cette plateforme est lrsquoameacutelioration continue de la varieacuteteacute et de la qualiteacute des donneacutees de lrsquoergonomie et des possibiliteacutes de consultation et de reacuteutilisa-tion de lrsquoinformation

Cette connaissance peut utilement ecirctre compleacuteteacutee par des indicateurs et ana-lyses qui permettent une mise en perspective du risque LrsquoObservatoire national des risques naturels (ONRN) apporte ce type drsquoinformations ainsi que les obser-vatoires reacutegionaux des risques naturels majeurs

11 httpswwwgeoportail-urbanismegouvfr

Figure D2 ndash portail Geacuteorisques httpwwwgeorisquesgouvfr

Source BRGM

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Encadreacute 2

Lrsquoobservatoire national des risques naturels

LrsquoObservatoire national des risques naturels (ONRN) a eacuteteacute creacuteeacute en mai 2012 suite aux conseacutequences catastrophiques de la tempecircte Xynthia par la signature drsquoune convention de partenariat entre lrsquoEacutetat repreacutesenteacute par le ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire (MTES) la Caisse centrale de reacuteassurance (CCR) et la Mission des socieacuteteacutes drsquoassurances pour la connaissance et la preacutevention des risques naturels (MRN grou-pement technique de la Feacutedeacuteration franccedilaise de lrsquoassurance ayant sta-tut drsquoassociation) Cette convention a eacuteteacute reconduite pour des peacuteriodes de trois ans en 2014 et en 2017 Le conseil de gestion de lrsquoONRN est doreacutenavant preacutesideacute par un repreacutesentant du Conseil geacuteneacuteral de lrsquoenviron-nement et du deacuteveloppement durable (CGEDD)

Les principaux objectifs de lrsquoONRN sont ameacuteliorer et capitaliser la connaissance sur les aleacuteas et les enjeux contribuer au pilotage et agrave la gouvernance de la preacutevention des risques servir lrsquoanalyse eacuteconomique de la preacutevention et de la gestion de crise contribuer agrave lrsquoameacutelioration de la culture du risque promouvoir les observatoires territoriaux

LrsquoONRN a notamment eacutelaboreacute cinquante-trois indicateurs couvrant cinq aleacuteas (inondation seacutecheresse

mouvement de terrain seacuteisme tempecircte-grecircle-neige) visualisables via une cartographie interactive et teacuteleacutechargeables sur le portail de lrsquoONRN (ex nombre de maisons individuelles exposeacutees agrave lrsquoaleacutea retrait-gonflement des argiles fort ou moyen en 2014 nombre de reconnaissances drsquoeacutetats de catastrophes naturelles laquo mouvements de terrain raquo de 1982 agrave 2017 freacutequence des sinistres tempecircte-grecircle-neige des particuliers par deacuteparte-ment cumuleacutee sur la peacuteriode 1987 agrave 2015 etc)

une base de donneacutees sur les eacuteveacutenements naturels dommageables (en cours de constitution)

Il a mis en place un reacuteseau des observatoires initieacute agrave lrsquooccasion des Assises nationales des risques naturels en 2016

Source httpwwwonrnfr

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Surveiller et preacutevoir

Lrsquoobjectif de la surveillance est drsquoanticiper un pheacutenomegravene naturel et de pouvoir avertir les populations et les acteurs agrave temps pour qursquoils se preacuteparent et adaptent leurs comportements pendant la crise Elle neacutecessite lrsquoutilisation de disposi-tifs drsquoanalyse preacutepareacutes en amont et de mesures inteacutegreacutees dans un systegraveme drsquoalerte des autoriteacutes ou des populations La surveillance meacuteteacuteorologique est un eacuteleacutement essentiel du dispositif de preacutevision des pheacutenomegravenes climatiques poten-tiellement dangereux tels que les orages tempecirctes vagues de chaleur et de leurs conseacutequences comme les avalanches ou les incendies de forecircts Par exemple la surveillance des deacutebits des cours drsquoeau associeacutee agrave la preacutevision des preacutecipita-tions permet de preacutevoir la survenance de crues sur 22 000 km des cours drsquoeau franccedilais et drsquoen estimer lrsquoampleur

Lrsquoameacutelioration de lrsquoobservation et de la preacutevision des pheacutenomegravenes est un enjeu majeur drsquoadaptation au changement climatique Le programme drsquoinvestissements en radar de Meacuteteacuteo-France a ainsi eacuteteacute confirmeacute avec le deacuteploiement de cinq radars agrave lrsquohorizon 2021 pour un montant de 11 millions drsquoeuros

La surveillance permet drsquoavertir les autoriteacutes ou les populations drsquoun danger par des moyens de diffusion efficaces et adapteacutes agrave chaque type de pheacutenomegravene Internet radio et TV haut-parleurs messages teacuteleacutephoniques etc

Les sites wwwvigilancemeteofrancecom et wwwvigicruesgouvfr (voir encadreacute 3) sont les supports de la vigilance nationale en matiegravere de risque meacuteteacuteorologique et hydrologique

Certains pheacutenomegravenes agrave dynamique rapide comme les orages les tempecirctes ou les cyclones tropicaux restent plus difficiles agrave preacutevoir agrave la fois en termes de loca-lisation de chronologie et drsquointensiteacute Leur dangerositeacute incite agrave les eacutetudier pour progresser dans notre capaciteacute drsquoanticipation et agrave mobiliser des moyens tech-niques de plus en plus performants pour les preacutevoir Les projections proposeacutees par les climatologues pour la fin du siegravecle laissent supposer des eacutevolutions sen-sibles de ces pheacutenomegravenes augmentation du nombre de cyclones dans les cateacute-gories les plus puissantes intensification des pheacutenomegravenes convectifs du type laquo ceacutevenol raquo par exemple Il est donc drsquoautant plus important de nous preacuteparer agrave mieux les annoncer

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Encadreacute 3

Le reacuteseau Vigicrues

Le reacuteseau Vigicrues du ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement a pour mis-sion de suivre lrsquoeacutevolution des principaux cours drsquoeau franccedilais et de pro-duire la laquo vigilance crues raquo destineacutee aux autoriteacutes et au grand public Il est constitueacute drsquoun service central situeacute agrave Toulouse le Service central drsquohydro-meacuteteacuteorologie et drsquoappui agrave la preacutevision des inondations (Schapi) drsquouniteacutes drsquohydromeacutetrie et de services de preacutevision des crues dans les Directions reacutegionales de lrsquoenvironnement de lrsquoameacutenagement et du logement (Dreal) Au total ce sont pregraves de 500 agents preacutesents sur le terrain toute lrsquoan-neacutee qui permettent la preacuteparation de la preacutevision et de la vigilance et la mobilisation lors des eacutepisodes de crues (Schapi) Pendant le premier semestre 2018 le reacuteseau a eacuteteacute mobiliseacute de maniegravere soutenue notam-ment en janvier-feacutevrier avec les crues du bassin de la Seine puis en mai-juin lors drsquoun long eacutepisode orageux sur la Normandie la Bretagne et la Nouvelle-Aquitaine

Au sein drsquoun reacuteseau de 3 000 stations hydromeacutetriques 1 700 retrans-mettent leurs observations en temps reacuteel Elles sont utiliseacutees par les preacute-visionnistes dans les services de preacutevision des crues et au Schapi pour deacutefinir un niveau de risque de crue sur les 24 heures agrave venir et preacuteparer des bulletins des preacutevisions

La vigilance laquo crues raquo permet de preacutevenir les autoriteacutes et le public qursquoil existe un risque de crues sur le reacuteseau reacuteglementaire plus ou moins important selon la couleur de vigilance (vertjauneorangerouge) Cela permet aux autoriteacutes locales notamment les preacutefets et les maires ainsi qursquoau public de se mettre en situation de reacuteagir de maniegravere approprieacutee selon lrsquoimpor-tance du danger et de geacuterer la situation dans les meilleures conditions Cette vigilance est relayeacutee par le dispositif de vigilance meacuteteacuteorologique mis en place par Meacuteteacuteo-France

La vigilance laquo crues raquo a plusieurs particulariteacutes

Elle preacutesente le niveau de vigilance sur des tronccedilons de cours drsquoeau sur les 22 000 km du reacuteseau hydrographique surveilleacutes par lrsquoEacutetat aux abords desquels se situent plus de 75 de la population qui vit ou travaille en zone inondable

Elle est aussi accompagneacutee drsquoinformations compleacutementaires les niveaux drsquoeau et les deacutebits des cours drsquoeau observeacutes en temps reacuteel

sur pregraves de 1 700 points de mesure teacuteleacutetransmis ainsi que leurs varia-tions au cours des derniers jours et des derniegraveres heures

sur une seacutelection de points des hauteurs drsquoeau preacutevues complegravetent les observations le nombre de ces points est en augmentation reacuteguliegravere

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Le reacuteseau Vigicrues en meacutetropole a fini de se constituer en 2006 lorsqursquoil a publieacute sa premiegravere carte de vigilance et il continue aujourdrsquohui agrave srsquoameacute-liorer et se moderniser (qualiteacute des mesures et des transmissions sta-tions hydromeacutetriques non intrusives geacuteneacuteralisation de la preacutevision au droit des stations hydromeacutetriques dans les zones de fort enjeu etc)

Il est aussi preacutesent dans les deacutepartements drsquooutre-mer ce sont des cel-lules de veille hydrologique qui ont eacuteteacute mises en place ou qui sont en voie de lrsquoecirctre Compte tenu de la nature complexe et intense des pheacutenomegravenes dans ces territoires leurs missions se focalisent principalement sur le suivi des pheacutenomegravenes et le deacuteveloppement des connaissances

En dehors du reacuteseau surveilleacute Vigicrues un autre service a eacuteteacute deacuteveloppeacute pour avertir les maires les services communaux et les preacutefectures en cas de pheacutenomegravenes localiseacutes drsquoinondations par ruissellement ou de crues rapides de petits cours drsquoeau (pheacutenomegravenes qui pourraient srsquoaccroicirctre avec le changement climatique) il srsquoagit de Vigicrues Flash Ce service est proposeacute depuis 2017 par le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement et permet aux autoriteacutes locales qui en font la demande drsquoecirctre averties drsquoun risque de crues rapides dans les prochaines heures sur une seacutelection de cours drsquoeau non couverts par la vigilance laquo crues raquo deacutecrite plus haut

Figure D3 ndash Carte de France Vigicrues des 22 000 km du reacuteseau hydrographique surveilleacute par lrsquoEacutetat

Source Meacuteteacuteo-France

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Lrsquohydromeacutetrie est aussi la base de la connaissance et du suivi des eacutetiages reacutepon-dant ainsi agrave lrsquoun des autres enjeux du changement climatique la seacutecheresse De cette gestion des basses eaux deacutepend notre capaciteacute agrave produire de lrsquoeau potable agrave reacuteguler la consommation drsquoeau pour lrsquoagriculture agrave refroidir certaines centrales produisant de lrsquoeacutenergie et les mesures de restriction qui peuvent srsquoaveacuterer indis-pensables pour permettre un juste eacutequilibre entre les diffeacuterents utilisateurs de la ressource

Diffuser lrsquoinformation preacuteventive et participer agrave lrsquoeacuteducation des populations

La graviteacute du risque est fonction de la vulneacuterabiliteacute et des enjeux un des moyens essentiels de la preacutevention est lrsquoadoption par les citoyens et les acteurs eacutecono-miques de comportements adapteacutes aux menaces Dans cette optique a eacuteteacute ins-taureacute le droit des citoyens agrave une information sur les risques majeurs auxquels ils sont soumis et sur les mesures de sauvegarde qui les concernent (article L 125-2 du Code de lrsquoenvironnement) Cette information reacuteglementaire meacuterite souvent drsquoecirctre compleacuteteacutee par des outils peacutedagogiques ou des campagnes de sensibilisa-tion sur un sujet complexe qui reste moins bien connu que la preacutevention de la production de deacutechets et leur recyclage ou lrsquoattention porteacutee agrave la preacuteservation de la biodiversiteacute

Lrsquoinformation preacuteventive reacuteglementaire repose sur le Dossier deacutepartemental des

risques majeurs (DDRM) eacutetabli par le preacutefet qui comprend pour les diffeacuterentes communes concerneacutees la description des risques et leurs conseacutequences pour les personnes les biens et lrsquoenvironnement et lrsquoexposeacute des mesures de sauve-garde preacutevues pour en limiter les effets Sur la base des informations contenues dans le DDRM le maire eacutetablit le Dossier drsquoinformation communal sur les risques

majeurs (DICRIM) consultable par le public agrave la mairie Dans les communes exposeacutees agrave un ou plusieurs risques lrsquoaffichage des risques et des consignes est

10 000 communes environ sont eacuteligibles agrave ce service mais seulement 10 de ces communes y sont aujourdrsquohui abonneacutees

Vigicrues Flash est le compleacutement drsquoun autre service plus ancien proposeacute par Meacuteteacuteo-France le service APIC (Avertissement pluies intenses agrave lrsquoeacutechelle des communes) Sur le mecircme principe il permet drsquoecirctre averti lorsque les preacutecipitations en cours ou reacutecentes revecirctent un caractegravere exceptionnel sur une commune ou les communes environnantes

Ces deux services reacuteserveacutes aux maires et aux preacutefets sont gratuits et se traduisent par des envois de SMS courriels et messages audios com-pleacuteteacutes par une cartographie des communes et tronccedilons de cours drsquoeau concerneacutes par les avertissements

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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obligatoire dans les lieux et eacutetablissements deacutefinis par le maire et systeacutematique-ment dans les campings

La mise en œuvre de lrsquoinformation preacuteventive est eacuteligible au fonds de preacutevention des risques naturels majeurs (FPRNM) dans la limite de 20 millions drsquoeuros par an (chiffre qui comprend eacutegalement la reacutealisation des PPRN) En 2017 lrsquoeacutelabora-tion des DDRM du Puy-de-Docircme du Territoire de Belfort de la Corse du Sud et de neuf autres deacutepartements ont par exemple eacuteteacute financeacutes pour un montant de 195 000 euros

Depuis 2006 tout acheteur ou locataire de biens immobiliers (bacircti ou non bacircti) doit ecirctre informeacute lorsque le bien est situeacute dans une zone de sismiciteacute ou dans le peacuterimegravetre drsquoun plan de preacutevention des risques naturels ou technologiques et donc srsquoil est dans une zone inondable soumise aux feux de forecircthellip Le vendeur ou le bailleur doit indiquer agrave lrsquoacqueacutereur ou au locataire sur un document annexeacute au contrat la situation de ce bien vis-agrave-vis du ou des risques naturels ou tech-nologiques auxquels la commune est exposeacutee Cette information obligatoire est obtenue agrave partir des documents disponibles en mairie ou en preacutefecture ou agrave lrsquoaide du site Internet Geacuteorisques Elle contient les servitudes qui srsquoimposent au bien consideacutereacute et preacutecise les indemnisations dont le bien a eacuteteacute lrsquoobjet au titre drsquoune deacuteclaration de lrsquoeacutetat de catastrophe naturelle

Le retour drsquoexpeacuterience depuis 2006 sur cette mesure indique que lrsquoinforma-tion sur les risques reste souvent un paramegravetre parmi drsquoautres (surface empla-cement) lors de lrsquoachat ou de la location drsquoun bien et nrsquoinflue pas sur la valeur finale du bien La question peut ecirctre poseacutee de donner cette information plus en amont dans le processus de choix du logement agrave la maniegravere du diagnostic de performance eacutenergeacutetique

La reacuteduction des accidents et dommages passe aussi par lrsquoeacuteducation aux risques

et la sensibilisation des populations Depuis 1993 les ministegraveres chargeacutes de lrsquoenvironnement et de lrsquoeacuteducation srsquoattachent agrave promouvoir lrsquoeacuteducation agrave la preacute-vention des risques majeurs Depuis 2004 cette approche est officiellement inscrite dans le Code de lrsquoeacuteducation et concerne les programmes scolaires des enseignements primaire et secondaire tout eacutelegraveve de collegravege et de lyceacutee beacuteneacutefi-cie dans le cadre de sa scolariteacute obligatoire drsquoune sensibilisation agrave la preacutevention des risques et aux missions des services de secours ainsi que drsquoun apprentis-sage des gestes eacuteleacutementaires de premier secours Les ministegraveres en charge de lrsquoenvironnement et de la santeacute lrsquoObservatoire national sur les risques naturels (ONRN) lrsquoInstitut franccedilais pour les formateurs risques naturels majeurs et protec-tion de lrsquoenvironnement (IFFO-RME) et les associations renforceront lrsquoinformation

preacuteventive lrsquoeacuteducation et la formation par lrsquoimplication des citoyens des entre-prises et des eacutelus Le reacuteseau associatif est en effet un vecteur de diffusion agrave pri-vileacutegier dans les eacutetablissements scolaires notamment via lrsquoaccompagnement agrave la reacutealisation des plans particuliers de mise en sucircreteacute 12

12 Plans de secours agrave lrsquoeacutechelle des eacutetablissements drsquoenseignement

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Encadreacute 4

Plan national canicule

Auteur Karine Laaidi

Santeacute publique France

Degraves 2004 le ministegravere chargeacute de la santeacute a mis en place un Plan natio-nal canicule associeacute agrave un Systegraveme drsquoalerte canicule et santeacute (Sacs) mis en œuvre conjointement par Meacuteteacuteo-France et Santeacute publique France Ce plan deacuteclineacute au niveau deacutepartemental fonctionne selon quatre niveaux drsquoalerte baseacutes sur la vigilance meacuteteacuteorologique

vert (veille saisonniegravere) du 1er juin au 15 septembre jaune (avertissement chaleur) lorsque les tempeacuteratures sont proches

des seuils drsquoalerte ou ponctuellement tregraves intenses mais sur seulement un ou deux jours

orange (alerte canicule) lorsque les seuils drsquoalerte sont atteints ou deacutepasseacutes avec eacuteventuellement des facteurs aggravants (pollution humi-diteacute de lrsquoairhellip)

rouge (mobilisation maximale) lorsque la chaleur est exceptionnelle en dureacutee intensiteacute et extension geacuteographique avec drsquoeacuteventuels effets non sanitaires (seacutecheresse deacutelestages eacutelectriqueshellip)

Ces niveaux de plan sont associeacutes agrave des mesures de gestion et de preacuteven-tion avec un focus particulier vers les populations les plus vulneacuterables pour lesquelles lrsquoacclimatation est plus difficile (personnes acircgeacutees en mauvais eacutetat de santeacute vivant en habitat indigne nourrissons personnes peu habi-tueacutees agrave la chaleur travailleurs exposeacutes agrave la chaleur sportifs occasionnels)

En vigilance jaune la preacutevention relegraveve avant tout de la communication

Figure D4 ndash Plaquette de sensibilisation

Source ministegravere des Solidariteacutes et de la Santeacute

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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En orange (niveau deacuteclencheacute dans 66 deacutepartements en 2018) voire en rouge (niveau qui nrsquoa encore jamais eacuteteacute deacuteclencheacute mais aurait corres-pondu agrave la canicule drsquoaoucirct 2003) les mesures sont varieacutees et peuvent ecirctre mises en œuvre selon la situation communication preacuteventive ouver-ture drsquoun numeacutero vert drsquoinformation assistance aux personnes vulneacuterables inscrites sur les registres communaux deacuteclenchement des plans bleus dans les maisons de retraite ou des plans blancs dans les hocircpitaux etc

Sur la base drsquoeacutetudes eacutepideacutemiologiques Santeacute publique France a produit des supports de preacutevention rappelant les risques les signaux drsquoalerte pour la santeacute et les conseils de preacutevention

Les villes expeacuterimentent eacutegalement des mesures drsquoadaptation comme lrsquoarrosage des chausseacutees lrsquoouverture des parcs la nuit la cartographie des lieux frais accessibles au public ou des applications pour teacuteleacutephone mobile permettant de repeacuterer les lieux frais pregraves de chez soi et les par-cours les moins chauds pour srsquoy rendre

Malgreacute les mesures drsquoadaptation mises en place on constate toujours un impact des canicules que ce soit sur les recours aux soins drsquourgences ou sur la mortaliteacute la canicule de 2006 a ainsi occasionneacute une surmortaliteacute drsquoun peu plus de 1000 deacutecegraves celle de 2015 plus de 1700 celle de 2017 345 et environ 1 500 pour 2018 Ces chiffres moindres que ceux de 2003 peuvent srsquoexpliquer en partie par lrsquoefficaciteacute des mesures de preacutevention mais aussi par le fait que ces canicules ont eacuteteacute moins seacutevegraveres que celle de 2003 La surmortaliteacute pourrait donc ecirctre bien plus eacuteleveacutee dans lrsquoave-nir avec lrsquoaugmentation de la freacutequence et de la seacuteveacuteriteacute des canicules

Ceci est drsquoautant plus vrai que selon une enquecircte meneacutee en 2015 aupregraves de la population franccedilaise si les gestes de preacutevention semblent bien connus au premier rang desquels boire de lrsquoeau et maintenir sa maison au frais le coup de chaleur nrsquoest pas un risque clairement identifieacute et la perception de ses propres risques est faible y compris chez les personnes de plus de 65 ans (seulement 3 de la population interrogeacutee pense avoir un risque important lors drsquoune canicule et 4 des plus acircgeacutes) De mecircme parmi les mesures adopteacutees par les personnes acircgeacutees en cas de canicule si le recours agrave la solidariteacute de proximiteacute est freacutequent le recours aux ser-vices municipaux pour se signaler ou demander de lrsquoaide reste une pratique marginale (seules 4 des personnes acircgeacutees deacuteclarent srsquoecirctre inscrites sur les registres de leur ville) A cela srsquoajoute pour les acteurs de terrain (pro-fessionnels de santeacute ou du secteur social en particulier) de nombreuses difficulteacutes de mise en œuvre de la preacutevention souvent lieacutees au manque de personnel ou de moyens parfois agrave une certaine meacuteconnaissance des risques ou des gestes de preacutevention ou encore agrave une reacuteticence des per-sonnes vulneacuterables agrave accepter les comportements adeacutequats pour se pro-teacuteger de la chaleur soit qursquoelles ne se considegraverent pas agrave risque soit qursquoelles ne ressentent pas la soif ou la chaleur

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Encadreacute 5

Plan froid

Auteur Karine Laaidi

Santeacute publique France

En ce qui concerne le froid il nrsquoy a pas de systegraveme drsquoalerte la preacutevention de court terme nrsquoeacutetant pas la plus importante pour preacutevenir les risques Le court terme est geacutereacute uniquement par la vigilance grand froid de Meacuteteacuteo-France et par la vigilance neige-verglas qui peut lui ecirctre concomitante Des conseils de preacutevention y sont associeacutes eacutelaboreacutes en lien avec les autoriteacutes sanitaires (bien se couvrir en particulier les extreacutemiteacutes manger et boire chaud et non alcooliseacute preacuteparer ses trajets en voiture eacuteviter les efforts physiques intenses surtout pour les personnes cardiaques chauffer conve-nablement sa maison en faisant attention au risque lieacute au monoxyde de car-bone) Des places drsquoheacutebergement sont ouvertes en hiver pour les personnes

sans abri mais leur ges-tion deacutepend des besoins drsquoaccueil et non plus des tempeacuteratures exteacuterieures depuis la loi Duflot Les maraudes du Samu social peuvent ecirctre intensifi eacutees lors des vagues de froid

La preacutevention passe donc surtout pour la population geacuteneacuterale par des mesures de fond qui sont avant tout drsquoordre social droit au logement opposable trecircve hivernale interdisant lrsquoex-pulsion des locataires du 1er novembre au 31 mars et interdisant les coupures de gaz et drsquoeacutelectriciteacute aides fi nanciegraveres pour le chauf-fage lutte contre lrsquohabitat indigne

Le grand froid demande agrave mon corps de faire des efforts suppleacutementaires sans que je mrsquoen rende compte Mon cœur bat plus vite pour eacuteviter que mon corps se refroidisse Cela peut ecirctre particuliegraverement dangereux pour les personnes acircgeacutees et les malades chroniques

Si je reste dans le froid trop longtemps ma tempeacuterature corporelle peut descendre

en dessous de 35degC je suis alors en hypothermie Mon corps ne fonctionne plus normalement et cela peut entraicircner

des risques graves pour ma santeacute

Si je reste dans le froid trop longtemps les extreacutemiteacutes de mon corps

peuvent devenir drsquoabord rouges et douloureuses puis grises et indolores

(gelures) Je risque lrsquoamputation

Si je fais des efforts physiques en plein air je risque drsquoaggraver

drsquoeacuteventuels problegravemes cardio-vasculaires

bull Je couvre particuliegraverement les parties de mon corps qui perdent de la chaleur tecircte cou mains et pieds

bull Je me couvre le nez et la bouche pour respirer de lrsquoair moins froid

bull Je mets plusieurs couches de vecirctements plus un coupe-vent impermeacuteable

bull Je mets de bonnes chaussures pour eacuteviter les chutes sur un sol glissant

bull Jrsquoeacutevite de sortir le soir car il fait encore plus froid

bull Je me nourris convenablement et je ne bois pas drsquoalcool car cela ne reacutechauffe pas

bull Je limite les efforts physiques comme courir

bull Si jrsquoutilise ma voiture je prends de lrsquoeau une couverture et un teacuteleacutephone chargeacute et je me renseigne sur la meacuteteacuteo

bull Je suis encore plus attentif avec les enfants et les personnes acircgeacutees qui ne disent pas quand ils ont froid

Je chauffe mon logement sans le surchauffer et en mrsquoassurant de sa bonne ventilation

wwwmeteofr 32 50 euro wwwbison-futeequipementgouvfr social-santegouvfr wwwsantepubliquefrancefr

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Quand je sors je me couvre

mon corps agrave la bonne tempeacuterature

Je suis prudent et je pense aux autres

Je chauffe sans surchauffer

Figure D5 ndash Plaquette de sensibilisation

Source ministegravere chargeacute de la Santeacute

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Afin drsquoameacuteliorer la culture du risque pour le plus grand nombre le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement met en place des campagnes de communication sur les aleacuteas les plus dangereux pour la vie humaine et qui pourraient connaicirctre une recrudes-cence avec le changement climatique comme les pluies intenses et les feux de forecirct

La campagne de preacutevention des pluies dites laquo ceacutevenoles raquo (voir Annexe 3) a eacuteteacute mise en place apregraves les eacuteveacutenements dramatiques de 2015 et reconduite trois fois de 2016 agrave 2018 Elle met lrsquoaccent sur les comportements qui sauvent face agrave un risque croissant et pour lequel les preacutevisions preacutecises resteront difficiles et les mesures structurelles de reacuteduction du risque limiteacutees (fig D6)

Figure D6 ndash Plaquette de sensibilisation

Source ministegravere de lrsquoInteacuterieur et ministegravere en charge de lrsquoenvironnement

Une autre campagne de preacutevention mise en place en 2018 sensibilise au risque laquo incendie raquo agrave nouveau dans les deacutepartements du Sud de la France (encadreacute 6)

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Campagne nationale 2018 de preacutevention des incendies de forecircts

En 2017 plus de 3 000 feux sont survenus dans le Sud de la France La France meacutetropolitaine particuliegraverement le Sud est un territoire propice aux incendies de forecircts Les conditions estivales avec une seacutecheresse des sols marqueacutee et des vents forts sont favorables agrave la survenue drsquoeacuteveacute-nements drsquoincendies dont les conseacutequences peuvent ecirctre destructrices et dramatiques sur le plan humain

Les effets du changement climatique sur les incendies de forecircts sont eacutega-lement eacutetablis les zones exposeacutees aux incendies devraient srsquoeacutetendre en France meacutetropolitaine vers le Nord-Ouest en particulier dans les Pays-de-la-Loire le Centre-Val-de-Loire et la Bretagne Dans les zones deacutejagrave expo-seacutees les incendies pourraient srsquoeacutetendre agrave la moyenne montagne Il est probable que la saison des incendies de forecircts dans lrsquoanneacutee srsquoallongera passant drsquoenviron trois mois actuellement agrave six mois dans un avenir proche Les incendies devraient ecirctre plus intenses et plus rapides compte tenu des seacutecheresses accrues Cela devrait conduire agrave une augmentation des grands feux et donc agrave une plus grande reacutepeacutetition du passage des

Figure D7 ndash Cartographie national des zones potentiellement sensibles aux incendies de forecircts ndash modeacutelisation 2040

Source Meacuteteacuteo-France

Encadreacute 6

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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incendies en un mecircme point sur de courtes peacuteriodes (tous les dix agrave vingt ans) engendrant alors de fortes reacutegressions des peuplements forestiers dans les reacutegions les plus exposeacutees

Lrsquoaugmentation des moyens de surveillance et de secours et des moyens de protection des sapeurs-pompiers dans les zones actuellement concer-neacutees devra donc eacutegalement srsquoaccompagner de lrsquoaccroissement des zones drsquointervention potentielles vers le nord et du renforcement de la mutua-lisation des moyens de surveillance et de secours au niveau europeacuteen pour mieux geacuterer les crises

90 des feux sont drsquoorigine anthropique et 80 des deacuteparts de feux se deacuteclenchent agrave moins de 50 m des habitations Au bout du compte plus drsquoun incendie sur deux reacutesulte drsquoune imprudence

La preacutevention du risque incendie de forecirct passe donc par des compor-tements responsables Des acteurs locaux tregraves impliqueacutes megravenent des

actions de preacutevention reacutecurrentes mais certains comportements cleacutes meacuteritent drsquoecirctre rappeleacutes

En juillet 2018 le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement a ainsi lanceacute une campagne nationale de sensibilisation et de preacutevention du risque incendie en lien avec le ministegravere de lrsquoInteacuterieur et le ministegravere en charge de lrsquoAgri-culture eacutegalement tregraves impliqueacutes dans la preacutevention et la lutte contre les incendies cibleacutee sur les trente-deux deacutepartements du Sud les plus expo-seacutes (Aquitaine Occitanie Paca Corse) Lrsquoobjectif de la campagne est de diffuser les bons comportements face au risque incendie de forecirct pour

veiller agrave ne pas en ecirctre la cause accidentellement dans les zones drsquoin-terface forecirct-habitat i e ne pas deacuteclencher

agir pour limiter la propagation adopter les reacuteflexes de sauvegarde

Les actions drsquoinformation preacuteventive et drsquoameacutelioration de la culture du risque chacune dans leur domaine drsquoefficaciteacute sont prioritaires en ce qursquoelles orientent les choix permettant drsquoadopter les comportements qui sauvent Elles sont aussi un eacuteleacutement indispensable drsquoacceptation de politiques qui peuvent paraicirctre par ailleurs contraignantes sans beacuteneacutefice immeacutediat ou clair

Prendre en compte les risques dans lrsquoameacutenagement du territoire

La preacutevention des risques naturels srsquoinscrit dans la dureacutee quand les choix drsquoameacute-nagement du territoire integravegrent la prise compte de lrsquoaleacutea pour eacuteviter drsquoimplanter des enjeux (population bacirctihellip) dans des zones exposeacutees ou reacuteduire la vulneacuterabi-liteacute des bacirctiments existants Le croisement de lrsquoameacutenagement et du risque naturel

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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srsquoappuie eacutegalement sur la connaissance de lrsquoaleacutea elle requiert une expertise et la mobilisation drsquoopeacuterateurs de lrsquoEacutetat par exemple le Centre drsquoeacutetudes et drsquoex-pertise sur les risques lrsquoenvironnement la mobiliteacute et lrsquoameacutenagement (Cerema)

Dans le domaine de la preacutevention et de la gestion des feux de forecirct et de brous-sailles lieacutes au changement climatique la gestion forestiegravere devra ecirctre progressi-vement adapteacutee agrave lrsquoaccroissement preacutevisible des risques drsquoincendies en termes de freacutequence drsquooccurrences et de surfaces concerneacutees tant en meacutetropole qursquoen outre-mer en mobilisant lrsquoensemble des acteurs de la forecirct 13 (Plan national de la forecirct et du bois 2016-2026) Un certain nombre de mesures sont envisageacutees pour adapter la France agrave lrsquoaugmentation de lrsquoaleacutea incendie et agrave lrsquoextension des zones propices aux incendies notamment la poursuite de lrsquoeacutelaboration de strateacute-gies reacutegionales et territoriales de preacutevention du risque drsquoincendies de forecirct inteacute-grant ce risque dans lrsquoameacutenagement du territoire afin de mettre en place les outils de preacutevention adapteacutes en articulation avec les documents drsquourbanisme porteacutes par les eacutelus locaux

Le deacuteveloppement de strateacutegies fonciegraveres eacutequilibreacutees de moyen et long termes tenant compte de lrsquoensemble des enjeux socio-eacuteconomiques environnementaux et culturels aux moyens de la limitation de la consommation drsquoespaces naturels agricoles et forestiers pour atteindre lrsquoobjectif de zeacutero artificialisation nette du Plan biodiversiteacute de lrsquoinfiltration des preacutecipitations avec lrsquoambition de deacutesimpermeacutea-biliser agrave terme et des techniques alternatives notamment la restauration eacutecolo-gique permettra de reacuteduire les pheacutenomegravenes de ruissellement drsquoeacuterosion des sols et les risques drsquoinondation

Le Plan de preacutevention des risques naturels (PPRN) constitue lrsquooutil central drsquointer-vention de lrsquoEacutetat pour maicirctriser lrsquourbanisme dans les zones agrave risques et reacuteduire la vulneacuterabiliteacute du bacircti existant Si en 1982 la loi relative agrave lrsquoindemnisation des vic-times de catastrophes naturelles (loi no 82-600 du 13 juillet 1982) a institueacute le plan drsquoexposition aux risques crsquoest la loi Barnier de 1995 qui instaure les PPRN se substituant agrave tout autre plan ou dispositif approuveacute par les preacutefets

Le PPRN permet drsquointerdire les constructions dans les zones drsquoaleacuteas les plus forts et de les encadrer par des prescriptions dans des zones drsquoaleacuteas moindres Srsquoil peut imposer des prescriptions aux constructions existantes crsquoest un outil parti-culiegraverement efficace dans les zones de forte pression fonciegravere Lrsquoeacutelaboration du PPRN permet de partager sous lrsquoautoriteacute du preacutefet de deacutepartement en associant les collectiviteacutes locales dans une deacutemarche de concertation une connaissance documenteacutee de lrsquoaleacutea une diffusion de cette information et lrsquoadaptation de lrsquour-banisme au travers drsquoune reacuteglementation

13 httpagriculturegouvfrle-programme-national-de-la-foret-et-du-bois-2016-2026

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Encadreacute 7

14 httpwwwsidedeveloppement-durablegouvfrEXPLOITATIONACCIDRaccueil-risques-majeursaspx

Les plans de preacutevention des risques naturels (PPRN)

proceacutedure drsquoeacutelaboration

La proceacutedure drsquoeacutelaboration des PPRN est cadreacutee dans le Code de lrsquoenvi-ronnement par les articles L 562-1 agrave L 562-9

Le PPRN est composeacute de trois documents un rapport de preacutesentation qui expose les eacutetudes entreprises les reacutesul-

tats et les justifications des deacutelimitations des zones et reacuteglementations inscrites dans le regraveglement et celles rendues obligatoires

un plan de zonage issu du croisement des aleacuteas (freacutequence et inten-siteacute des pheacutenomegravenes) et des enjeux identifiant des zones inconstructibles et des zones constructibles sous reacuteserve drsquoameacutenagements particuliers

un regraveglement deacutecrivant les contraintes constructives et drsquourbanisme agrave respecter dans chaque zone Le PPRN deacuteterminera par exemple la hau-teur minimale du premier plancher drsquoune habitation nouvelle en zone inon-dable ou rendra obligatoire le renforcement des faccedilades amont en cas de chutes de blocs ou drsquoavalanches

Approuveacute par le preacutefet le PPRN est annexeacute apregraves enquecircte publique et approbation au Plan local drsquourbanisme (PLU) en tant que servitude drsquouti-liteacute publique Son eacutelaboration doit se faire dans les trois ans agrave compter de la prescription du PPRN par le preacutefet prorogeable une seule fois pour une peacuteriode de dix-huit mois

Dans la pratique la reacutealisation des PPRN deacutepend aussi de lrsquoexpeacuterience des territoires (la preacutevention des risques est plus facilement porteacutee par des territoires ayant connu une catastrophe) du positionnement des eacutelus et riverains sur la prise en compte du risque et des volonteacutes politiques

La concertation entre lrsquoEacutetat les collectiviteacutes locales et les parties pre-nantes du territoire est un eacuteleacutement cleacute dans lrsquoeacutelaboration des PPRN Agrave chaque eacutetape (cartographie de lrsquoaleacutea plan de zonage regraveglement) les col-lectiviteacutes sont associeacutees En outre les conseils municipaux des communes concerneacutees doivent ecirctre obligatoirement consulteacutes avant le lancement de lrsquoenquecircte publique

Des guides meacutethodologiques ont eacuteteacute eacutediteacutes par le ministegravere chargeacute de lrsquoen-vironnement 14 Un projet de deacutecret visant agrave mettre en place un encadre-ment agrave lrsquoeacutechelle nationale (dit laquo deacutecret PPR raquo) pour les Plans de preacutevention des risques (PPR) relatifs aux aleacuteas deacutebordement de cours drsquoeau et sub-mersion marine est en cours de preacuteparation Ce projet de deacutecret se place dans la continuiteacute des doctrines eacutedicteacutees preacuteceacutedemment dans les circu-laires et guides nationaux mais prend eacutegalement en compte les besoins

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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drsquoeacutevolution remonteacutes du laquo terrain raquo qursquoil srsquoagisse des services deacuteconcen-treacutes de lrsquoEacutetat ou des collectiviteacutes agrave la lumiegravere du retour drsquoexpeacuterience dont on beacuteneacutefi cie sur ces PPR

Il reprend donc les grands fondamentaux de la politique de preacutevention des risques (ne pas augmenter les risques pour les vies humaines preacuteser-ver les champs drsquoexpansion des crues limiter lrsquoaugmentation des enjeux exposeacutes aux risques etc) mais en ayant une approche plus effi ciente et prenant mieux en compte la logique de projet de territoire dans une approche globale inteacutegrant lrsquoexistant et le neuf (et non une approche bacircti-ment par bacirctiment) Notamment le projet de deacutecret favorise un renouvel-lement urbain permettant une baisse de la vulneacuterabiliteacute

Aujourdrsquohui plus de 11 000 communes sont doteacutees drsquoun PPRN approuveacute ce qui repreacutesente une population drsquoenviron 45 millions habitants 70 des PPRN concernent le risque inondation

La croissance du nombre de PPRN approuveacutes traduit une mobilisation remarquable des preacutefets et des services de lrsquoEacutetat qui permet une augmen-tation consideacuterable de la couverture geacuteographique du dispositif et la pro-gression de la diversiteacute des aleacuteas traiteacutes avec lrsquoeacutelaboration plus reacutecente des PPR littoraux (PPRL) traitant de submersion marine qui integravegrent les effets du changement climatique

Srsquoil reste des PPRN agrave prescrire ou agrave approuver sur certains territoires preacute-sentant des risques importants lrsquoessentiel des travaux agrave mener concerne agrave preacutesent la reacutevision de PPRN Cela ne se justifi e que si la connaissance de lrsquoaleacutea a eacutevolueacute notamment suite au retour drsquoexpeacuterience apregraves une catastrophe

Figure D8 ndash Eacutevolution du nombre de communes ayant un ou plusieurs PPRN prescrit ou approuveacute entre 1959 et 2015

Source ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Lrsquoensemble du territoire nrsquoa pas vocation agrave ecirctre couvert par des PPRN Lrsquoeacutelaboration de PPRN doit se faire sur les territoires preacutesentant un risque eacuteleveacute Crsquoest sur les territoires doteacutes de PPRN que les collectiviteacutes locales et les particuliers ont la possibiliteacute de mobiliser le Fonds de preacutevention des risques naturels majeurs (FPRNM) pour ameacuteliorer la reacutesilience du territoire Ce principe constitue la base drsquoune priorisation de la preacutevention des risques naturels en y permettant le deacuteploie-ment des moyens financiers drsquoaccompagnement degraves lors que les collectiviteacutes ou les particuliers en font la demande Si cette priorisation a eacuteteacute faite agrave lrsquoeacutechelle deacutepartementale par les preacutefets dans la peacuteriode de deacuteploiement la plus intense (1990-2015) la finalisation de la reacutealisation des PPRN le choix des neacutecessaires reacutevisions lrsquoarticulation avec drsquoautres outils de prise en compte du risque dans lrsquoameacutenagement constituent doreacutenavant une prioriteacute des services du ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement

En effet en dehors des zones identifieacutees comme les plus agrave risque drsquoautres outils sont mobilisables pour prendre en compte les risques naturels dans lrsquoameacutenagement Certains pheacutenomegravenes comme le recul du trait de cocircte ont vocation agrave ecirctre traiteacutes par les outils drsquoameacutenagement des collectiviteacutes locales plutocirct que par un PPRN

Le Plan local drsquourbanisme (PLU) compeacutetence intercommunale deacutesormais (PLUi) peut ainsi deacutefinir les zones agrave risques et les regravegles speacutecifiques agrave respecter Le Code de lrsquourbanisme dans son article L 101-2 pose drsquoailleurs la preacutevention des risques naturels et technologiques dans ses objectifs Lrsquoarticle R 151-31 du mecircme code preacutevoit la possibiliteacute drsquointerdire des constructions dans certaines zones du PLU eut eacutegard agrave lrsquoexposition de ces zones aux risques naturels Le Scheacutema de coheacute-rence territoriale (SCoT) document reacuteglementaire de planification agrave lrsquoeacutechelle des groupements de communes qui fixe des perspectives drsquoameacutenagement du territoire agrave horizon de quinze agrave vingt ans est eacutegalement un outil pertinent pour prendre en compte la preacutevention des risques naturels

En outre lorsqursquoil a connaissance drsquoun risque sur son territoire le preacutefet est tenu drsquoen informer les maires et les administreacutes agrave travers un laquo porter agrave connaissance raquo Il srsquoagit drsquoun document drsquoinformation qui comporte un descriptif et une cartogra-phie de chaque risque ainsi que les consignes de seacutecuriteacute agrave adopter en cas de survenance drsquoeacuteveacutenements

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Encadreacute 8

15 Voir deacutefinition en chapitre A

Les plans de preacutevention des risques littoraux (PPRL)

Le littoral constitue une zone particuliegraverement sensible aux risques natu-rels de par lrsquointensiteacute des pheacutenomegravenes qui peuvent srsquoy produire et la concentration des populations sur des petites surfaces (ONERC 2015) Territoire ougrave convergent des dynamiques eacuteconomiques sociales et natu-relles le littoral est une zone attractive En 2010 pregraves de 8 millions de personnes y habitaient soit une densiteacute 25 fois supeacuterieure au reste de la France (outre-mer inclus) Agrave cela srsquoajoute la capaciteacute drsquoaccueil touristique importante de ces zones (reacutesidences secondaires campings et hocirctels) estimeacutee agrave plus de 7 millions de lits Selon les perspectives de lrsquoInsee ces chiffres devraient encore augmenter dans les anneacutees agrave venir

Les cocirctes franccedilaises sont notamment exposeacutees au risque de submer-sion marine 15 et connaissent eacutegalement des eacutevolutions du trait de cocircte

14 million de Franccedilais vivent en zone potentiellement inondable du fait des submersions marines et ce risque pourrait srsquoamplifier avec la hausse du niveau des mers due au reacutechauffement climatique

Suite agrave la tempecircte Xynthia de 2010 lrsquoune des actions identifieacutees comme prioritaires a eacuteteacute de geacuteneacuteraliser les plans de preacutevention des risques pour

lrsquoaleacutea submersion marine (aussi appeleacutes laquo PPR littoraux raquo ou laquo PPRL raquo) sur le littoral franccedilais Une liste de 303 communes prioritaires a eacuteteacute eacutetablie afin de concentrer les efforts sur les secteurs les plus sensibles agrave cet aleacutea Agrave ce jour 162 communes de cette liste sont couvertes par un PPR littoral approuveacute

La premiegravere phase de lrsquoeacutelaboration du PPRL consiste agrave cartographier les aleacuteas auxquels le territoire est exposeacute Le changement climatique est notamment pris en compte au travers drsquoune premiegravere cartographie inteacute-grant lrsquoeacuteleacutevation du niveau de la mer attendue agrave courte eacutecheacuteance (estimeacutee agrave + 20 cm par rapport au niveau actuel) et drsquoune autre cartographie agrave cent ans (hausse du niveau des mers estimeacutee agrave + 60 cm) La cartographie des enjeux permet par ailleurs de comprendre lrsquoorganisation du territoire (pocircles structurants zones en deacuteveloppement espaces naturels etc) Crsquoest sur la base du croisement de ces eacuteleacutements cartographiques que srsquoengage le processus de concertation entre les acteurs du territoire en vue drsquoabou-tir agrave la deacutefinition drsquoune strateacutegie partageacutee drsquoameacutenagement du territoire inteacutegrant le risque et in fine la deacutelimitation des zones sur lesquelles sera appliqueacute le regraveglement du PPRL (appeleacutee zonage reacuteglementaire)

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Agrave titre drsquoexemple sur la commune de Fouesnant dans le Finistegravere le PPR littoral a eacuteteacute approuveacute le 12 juillet 2016 Les deux cartes drsquoaleacuteas de la figure D9 (aleacutea de reacutefeacuterence en haut agrave gauche et aleacutea agrave eacutecheacuteance cent ans agrave droite) traduisent lrsquoemprise et les effets potentiels drsquoune submer-sion marine sur le territoire Le recensement des enjeux (carte en bas agrave gauche) permet quant agrave lui drsquoidentifier les zones urbaines (en violet et bleu) ou naturelles (en vert) ou les eacutetablissements sensibles exposeacutes aux aleacuteas preacuteceacutedemment deacutefinis Le zonage reacuteglementaire deacutelimite ensuite les secteurs ougrave lrsquoinconstructibiliteacute est la regravegle (zones rouges) et drsquoautres secteurs ougrave les constructions sont possibles moyennant le respect de cer-taines prescriptions (zones bleues)

Figure D9 ndash Aleacuteas et enjeux du PPRL de Fouesnant 2016

Source drsquoapregraves les bases de donneacutees Cadastre et ORTHOreg

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Reacuteduire lrsquoaleacutea et reacuteduire la vulneacuterabiliteacute

Pour reacuteduire les risques naturels il est possible de reacuteduire lrsquointensiteacute de lrsquoaleacutea en cherchant agrave se proteacuteger contre la survenue drsquoun eacuteveacutenement drsquoune part et reacuteduire lrsquoexposition des enjeux (habitations bacirctiments industriels et commerciaux patri-moine historique et naturel reacuteseaux de transports de teacuteleacutecommunications drsquoeacutelec-triciteacute drsquoeauhellip) en les adaptant agrave lrsquoaleacutea

La protection contre un aleacutea naturel peut passer par la reacutealisation drsquoouvrages de protection comme une digue ou un paravalanche Une digue ne reacuteduit pas lrsquoam-pleur drsquoune inondation mais vise agrave proteacuteger les biens et les personnes donc agrave diminuer les dommages provoqueacutes par la monteacutee de lrsquoeau Il en va de mecircme avec les barriegraveres anti-avalanches les coupes pare-feu dans les forecircts les grillages anti-eacuteboulements sur le flan de certaines routes de montagne qui empecircchent le deacuteclenchement ou la propagation du pheacutenomegravene

La mise en place de protections se justifie pour proteacuteger les enjeux existants Elle requiert cependant plusieurs points drsquoattention

examiner sur lrsquoensemble de la zone de risques les conseacutequences des dis-positifs de protection mis en place notamment en aval pour les inondations

inteacutegrer le fait que les ouvrages de protection ne sont pas infaillibles et prendre en compte des hypothegraveses de deacutefaillance dans les regravegles drsquourbanisme agrave proxi-miteacute de ces ouvrages Dans le cas des digues la jurisprudence (Conseil drsquoEacutetat 06042016 MEDDE cBonnefoi no 386000) eacutetablit que lorsque les terrains sont situeacutes derriegravere un ouvrage de protection il appartient agrave lrsquoautoriteacute com-peacutetente de prendre en compte non seulement la protection qursquoun tel ouvrage est susceptible drsquoapporter eu eacutegard notamment agrave ses caracteacuteristiques et aux garanties donneacutees quant agrave son entretien mais aussi le risque speacutecifique que la preacutesence mecircme de lrsquoouvrage est susceptible de creacuteer en cas de sinistre drsquoune ampleur supeacuterieure agrave celle pour laquelle il a eacuteteacute dimensionneacute ou en cas de rupture Il convient donc derriegravere une digue de preacutevoir une zone de sur-aleacutea

garder en meacutemoire que les ouvrages demandent un entretien reacutegulier Ils font lrsquoobjet drsquoune reacuteglementation et drsquoun controcircle speacutecifiques par les services de lrsquoeacutetat

adapter les reacuteseaux et infrastructures essentiels assurant les services de base agrave la population tels que transports (fiabiliteacute et confort climatique) eacutenergie teacuteleacute-communication reacuteseaux drsquoeau potable collecte des eaux useacutees et pluviales permettra de mieux anticiper les crises (ONERC 2017)

Les ouvrages de protection ne permettent pas de reacuteduire les pheacutenomegravenes cli-matiques diffus tels que les vagues de chaleur ou les tempecirctes pour lesquels la reacuteduction des risques passera par lrsquoadaptation des enjeux agrave lrsquoaleacutea

En matiegravere de preacutevention des inondations la reacuteforme dite laquo Gemapi raquo et le deacutecret laquo digues raquo de 2015 (deacutecret no 2015-526 du 12 mai 2015) constituent des temps forts leacutegislatifs et reacuteglementaires

Depuis le 1er janvier 2018 la loi attribue aux intercommunaliteacutes la compeacutetence de gestion des milieux aquatiques et preacutevention des inondations (Gemapi) de

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maniegravere obligatoire et exclusive Cette compeacutetence devra permettre agrave partir de plus de 9 000 km de digues existantes aujourdrsquohui drsquoidentifier agrave terme les quelque 4 000 km qui preacutesentent un enjeu fort de protection des populations Une fois identifieacutees elles seront autoriseacutees en tant que systegraveme drsquoendiguement dans le cadre preacutevu par le deacutecret laquo digues raquo Ce travail requiert une mobilisation importante des collectiviteacutes locales et des services de lrsquoEacutetat dans les cinq agrave dix ans agrave venir La mise agrave niveau des systegravemes drsquoendiguement par les collectiviteacutes devrait entraicircner un recours accru au FPRNM en compleacutement des autres finan-cements mobilisables et notamment la taxe Gemapi que chaque intercommuna-liteacute est libre de lever ou non (dans la limite de 40 euros multiplieacute par le nombre drsquohabitant de lrsquointercommunaliteacute)

Il convient de souligner qursquoagrave travers le choix du leacutegislateur de confier cette com-peacutetence aux intercommunaliteacutes deacutejagrave en charge de lrsquoameacutenagement crsquoest bien la meilleure prise en compte du risque drsquoinondation dans lrsquoameacutenagement qui est rechercheacutee tout en maximisant les cobeacuteneacutefices avec une bonne gestion des milieux aquatiques Le leacutegislateur a ainsi preacutevu la possibiliteacute de regroupement des inter-communaliteacutes entre elles dans une logique de bassin versant par exemple tout en maintenant de la souplesse dans les modaliteacutes drsquoexercice de la compeacutetence

Parallegravelement agrave cette nouvelle compeacutetence le cadre reacuteglementaire des PPR inon-dations (PPRI) est en cours drsquoeacutevolution (encadreacute 7) dans la mecircme logique de coheacuterence entre les systegravemes drsquoendiguement tels que deacutefinis par la collectiviteacute et lrsquoameacutenagement du territoire qursquoelle porte Si la caracteacuterisation de lrsquoaleacutea neacutecessite de tenir compte drsquoune possible deacutefaillance de la digue lrsquoeacutelaboration de la partie reacuteglementaire du PPR inondation pourra tenir compte de faccedilon tregraves encadreacutee de la meilleure gestion des ouvrages de protection dans le cadre de la reacuteforme Gemapi

Au fur et agrave mesure des reacutevisions la mise en coheacuterence progressive de la preacuteven-tion des inondations permettra que ces mecircmes collectiviteacutes srsquoappuient sur des deacutemarches strateacutegiques de type PAPI (chapitre D laquo Exemples de mise en œuvre raquo)

La reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute des bacirctiments permet drsquoadapter le territoire aux risques drsquoaccroicirctre la reacutesilience sans deacuteplacer les enjeux exposeacutes par la mise en place de dispositifs visant agrave rendre les enjeux exposeacutes plus reacutesilients face agrave un aleacutea naturel Il peut srsquoagir drsquoeacuteleacutements leacutegers comme la pose de batardeaux (cloisons amovibles eacutequipeacutees de joints eacutetanches) devant les portes et les fenecirctres pour proteacuteger lrsquointeacuterieur de la maison drsquoune inondation mais aussi de mesures plus structurelles construction de bacirctiments reacutesistants aux vents forts dans les zones soumises agrave des aleacuteas cycloniques doteacutes drsquoun eacutetage non habiteacute ou drsquoune piegravece refuge agrave lrsquoeacutetage en zones soumises aux inondations construction de fon-dations inteacutegrant le risque de seacutecheresse et de retrait-gonflement des argileshellip

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Encadreacute 9

Reacuteduire le dommage au bacircti soumis au retrait-gonflement des argiles

Les mouvements de sol induits par le retrait-gonflement des argiles consti-tuent un risque majeur en raison de lrsquoampleur des deacutegacircts mateacuteriels qursquoils provoquent notamment parce qursquoils touchent la structure mecircme des bacircti-ments Ce pheacutenomegravene qui srsquoamplifie avec le changement climatique repreacutesente pour la peacuteriode 1990-2013 86 milliards drsquoeuros drsquoindemni-sation et des centaines de milliers de maisons en France Il touche princi-palement les maisons individuelles qui disposent souvent de fondations plus leacutegegraveres que les bacirctiments collectifs et dont les maicirctres drsquoouvrages sont souvent des particuliers et non des professionnels de la construc-tion Il est essentiel de reacuteduire le nombre de sinistres lieacutes agrave ce pheacuteno-megravene drsquoautant que lrsquoapplication de regravegles de lrsquoart simples et bien connues permet drsquoeacuteviter tout sinistre gracircce agrave la reacutealisation de fondations ad hoc

Dans cet esprit la loi dite laquo Eacutelan raquo (eacutevolution du logement de lrsquoameacutenage-ment et du numeacuterique) preacutevoit la reacutealisation drsquoun diagnostic geacuteotechnique preacutealable agrave la vente des terrains constructibles situeacutes en zones agrave risque Il reviendra ensuite au constructeur de prendre en compte les eacuteleacutements issus de cette eacutetude pour preacutevoir les dispositions constructives neacuteces-saires et optimiser le coucirct des fondations Ce dispositif permettra de trai-ter le sujet de maniegravere plus rapide et efficiente que les PPR laquo argile raquo Cette mesure agrave terme soulagera la mobilisation du Fonds CatNat

Plusieurs mesures permettent de renforcer la dynamique de reacuteduction de la vulneacute-rabiliteacute et favoriser un retour agrave la normale agrave la suite drsquoun eacuteveacutenement climatique

Les PPRN lorsqursquoils existent integravegrent geacuteneacuteralement des mesures prescrip-tives visant agrave reacuteduire la vulneacuterabiliteacute du bacircti existant Cela peut concerner par exemple la pose de batardeaux ou la creacuteation drsquoun espace refuge pour se pro-teacuteger des inondations Ces mesures beacuteneacuteficient pour les particuliers drsquoun soutien agrave travers le Fonds de preacutevention des risques naturels majeurs (FPRNM) agrave hauteur de 40 du montant des travaux dans la limite de 10 de la valeur moneacutetaire du bien La mise en œuvre de ces mesures doit ecirctre encourageacutee en mobilisant notamment les assureurs pour qursquoils incitent leurs clients agrave rendre leurs biens plus reacutesilients

Il nrsquoexiste pas agrave ce jour de norme ou drsquoeacutetiquette laquo reacutesilience des bacirctiments raquo La reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute hors des PPRN en particulier neacutecessite donc tout particuliegraverement la formation des diffeacuterents intervenants (architectes ingeacute-nieurs en geacutenie civil entrepreneurs) en matiegravere de conception et de prise en compte des pheacutenomegravenes climatiques et geacuteologiques et de deacutefinition des regravegles de construction sur la base de bonnes pratiques ou de la documentation existante (ex reacutefeacuterentiel de travaux de preacutevention du risque drsquoinondation dans lrsquohabitat

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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existant 16) Elle relegraveve eacutegalement drsquoune implication des proprieacutetaires qui doivent agir personnellement afin de reacuteduire la vulneacuterabiliteacute de leurs biens et ecirctre precircts dans certains cas agrave consentir agrave un coucirct suppleacutementaire Ces bonnes pratiques peuvent tout particuliegraverement ecirctre mises en œuvre lors drsquoopeacuterations drsquoameacutelio-ration de lrsquohabitat et de renouvellement urbain Elles seraient mieux encoura-geacutees avec un accompagnement accru en particulier apregraves une catastrophe ou un retour concret au travers des coucircts drsquoassurance par exemple La meilleure reconstruction suite agrave une catastrophe reste un enjeu majeur

La reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute des reacuteseaux constitue eacutegalement un axe fort de la preacutevention compte tenu de la deacutependance croissante des populations et de lrsquoeacuteconomie vis-agrave-vis des reacuteseaux de transports drsquoeacutenergie de teacuteleacutecommuni-cations drsquoeau et drsquoassainissement Au-delagrave des dommages purement mateacute-riels les dysfonctionnements induits en cas drsquoincident se reacutepercutent sur les activiteacutes et les eacutechanges qui en sont tributaires drsquoautant plus que les reacuteseaux sont interconnecteacutes entre eux une coupure drsquoeacutelectriciteacute peut compromettre lrsquoassainissement et la distribution de lrsquoeau une coupure de tronccedilon de route peut gecircner les services de secours Le coucirct drsquoune crue centennale en Icircle-de-France pourrait par exemple srsquoeacutelever agrave 30 milliards drsquoeuros selon lrsquoOrganisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques (OCDE) compte tenu notam-ment des coucircts indirects dont ceux lieacutes au dysfonctionnement des reacuteseaux Plusieurs initiatives ont eacuteteacute prises dans certains territoires On peut citer en Icircle-de-France la deacuteclaration drsquointention afin de reacuteduire la vulneacuterabiliteacute des reacuteseaux en cas drsquoinondation signeacutee en avril 2016 avec les opeacuterateurs de reacuteseau dans les domaines de lrsquoeacutenergie des teacuteleacutecommunications de lrsquoeau de lrsquoassainisse-ment et des transports et les collectiviteacutes compeacutetentes

16 httpwwwcohesion-territoiresgouvfrIMGpdfreferentielinondation_-definitions_et_domaine_d_appli-cation-pdf

Le Grand prix drsquoameacutenagement laquo Comment bacirctir en terrains inondables

constructibles raquo

Dans la suite de lrsquoadoption de la strateacutegie nationale de gestion des risques drsquoinondation (SNGRI) avec lrsquoobjectif essentiel pour les populations laquo mieux vivre en zone inondable raquo en 2014 un grand concours international drsquoar-chitecture adapteacute aux terrains inondables constructibles a eacuteteacute organiseacute Ceci a montreacute qursquoil est possible de construire sur de tels terrains degraves lors que les populations qui y habitent ou y travaillent ne sont pas mises en danger et que leurs biens ne risquent pas drsquoecirctre endommageacutes par lrsquoeau au moment du passage de la crue ou des remonteacutees de nappes Cette deacutemarche met ainsi en avant des projets innovants en quartiers

Encadreacute 10

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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inondables constructibles dans le respect des reacuteglementations drsquourba-nisme et de preacutevention des risques permettant drsquoatteindre les objectifs de la strateacutegie nationale de gestion des risques drsquoinondation en compleacute-mentariteacute avec les autres politiques publiques

Lors de la premiegravere eacutedition en 2015 vingt-deux projets laureacuteats ont eacuteteacute primeacutes comme celui de la reconversion des anciennes usines Matra agrave Romorantin-Lanthenay qui a montreacute toute sa pertinence par sa reacutesilience lors des inondations en juin 2016

En 2016 une deuxiegraveme session a eacuteteacute eacutelargie aux projets en cours de conception ou portant simplement sur des dispositifs constructifs Dix projets ont eacuteteacute ainsi retenus Le jury srsquoest attacheacute agrave observer drsquoabord lrsquoexemplariteacute la meacutethode lrsquoapproche inteacutegreacutee et le rapport aux usages Un nouvel appel agrave projets est preacutevu en 2019

Le palmaregraves 2016 et la plaquette des projets laureacuteats sont consultables sur le site Internet du ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement httpswwwecologique-solidairegouvfrlaureats-du-grand-prix-damena-gement-comment-mieux-batir-en-terrains-inondables-constructibles

Figure D10 Romorantin-Lanthenay lors de la crue de juin 2016

copy Ville de Romorantin-Lanthenay

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Preacuteparer et geacuterer la crise

Le risque zeacutero nrsquoexiste pas Quelles que soient lrsquoimportance et lrsquoefficaciteacute des mesures preacuteventives les pouvoirs publics ont le devoir une fois lrsquoeacutevaluation des risques eacutetablie drsquoorganiser les moyens de secours neacutecessaires pour faire face aux crises Cette organisation neacutecessite un partage eacutequilibreacute des compeacutetences entre lrsquoEacutetat et les collectiviteacutes territoriales

En cas de crise le Premier ministre dispose de la Cellule interministeacuterielle de crise (CIC) qursquoil active en fonction des neacutecessiteacutes La CIC assure la gestion strateacutegique de la crise au niveau gouvernemental Elle organise agrave cette fin une centralisation et une synthegravese des informations en provenance des diffeacuterents ministegraveres impli-queacutes Elle reccediloit eacutegalement les informations en provenance des preacutefets de deacutepar-tement et de zone de deacutefense et de seacutecuriteacute En son sein elle dispose drsquoorganes interministeacuteriels respectivement chargeacutes de lrsquoanalyse et de lrsquoanticipation de la communication gouvernementale et de la logistique interministeacuterielle de crise

Le ministegravere de lrsquoInteacuterieur est eacutegalement un acteur de premier plan pour la preacutepa-ration et la gestion des crises ainsi que lrsquoorganisation des compeacutetences des col-lectiviteacutes locales En cas de crise le ministre de lrsquointeacuterieur srsquoappuie sur le Centre opeacuterationnel de gestion interministeacuterielle des crises (COGIC) de la Direction geacuteneacute-rale de la seacutecuriteacute civile et de la gestion des crises (DGSCGC) Le COGIC assure un suivi permanent permettant de renseigner les autoriteacutes sur tout eacuteveacutenement de seacutecuriteacute civile jugeacute important par son ampleur par sa speacutecificiteacute ou son impact meacutediatique Il est en mesure drsquoassurer la gestion et la coordination drsquoune crise de niveau national Il assure une partie dans son domaine particulier de la per-manence de la capaciteacute de reacuteponse de lrsquoEacutetat en eacutetroite coordination si neacuteces-saire avec la CIC Dans ce cadre le COGIC assure son rocircle de synthegravese des informations de la chaicircne territoriale dans le domaine du laquo meacutetier seacutecuriteacute civile raquo Il srsquoassure de la transmission des deacutecisions de la CIC aux Zones de deacutefense et de seacutecuriteacute (ZDS) Enfin le COGIC est le point drsquoentreacutee des demandes drsquoaides du meacutecanisme europeacuteen de protection civile via le Centre europeacuteen de reacuteponse des crises (ERCC) Le COGIC peut ecirctre redeacuteployeacute geacuteographiquement dans le cadre du plan de continuiteacute drsquoactiviteacute en particulier en deacuteployant le Module drsquoappui et de gestion de crise (MAGEC) sur un site approprieacute

Les diffeacuterents ministegraveres srsquoappuient sur leurs services deacuteconcentreacutes sous lrsquoeacutegide des preacutefets

Dans sa commune le maire est responsable de lrsquoorganisation des secours de premiegravere urgence et est agrave mecircme de mettre en œuvre le Plan communal de sauve-garde (PCS) Ce plan qui srsquoappuie sur les informations contenues dans le Dossier drsquoinformation communal sur les risques majeurs (DICRIM) deacutetermine en fonc-tion des risques connus les mesures immeacutediates de sauvegarde et de protec-tion des personnes fixe lrsquoorganisation neacutecessaire agrave la diffusion de lrsquoalerte et des consignes de seacutecuriteacute recense les moyens disponibles et deacutefinit la mise en œuvre des mesures drsquoaccompagnement et de soutien agrave la population

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Le PCS est obligatoire dans les communes doteacutees drsquoun PPRN approuveacute ou situeacutees dans le champ drsquoapplication drsquoun plan particulier drsquointervention (en cas drsquoinstal-lations industrielles ou de certains ameacutenagements hydrauliques) En cas de sur-venance drsquoune catastrophe ce plan integravegre les moyens de la commune dans le dispositif de gestion aux cocircteacutes des autres intervenants (secours publics asso-ciationshellip) Lrsquoeacutelaboration des PCS reste un enjeu fort le nombre de PCS eacutetant encore tregraves infeacuterieur agrave celui du nombre de communes couvertes par un PPRN environ 8 000 PCS contre 15 500 PPRN

Dans les communes concerneacutees par un PPRN le maire est eacutegalement tenu drsquoin-former ses administreacutes des risques auxquels la commune est exposeacutee au moins une fois tous les deux ans Cette information est deacutelivreacutee avec lrsquoassistance des services de lrsquoEacutetat compeacutetents agrave partir des informations relatives au risque que le preacutefet transmet au maire La mobilisation des maires pour porter les messages de sensibilisation est donc particuliegraverement importante

Lorsque lrsquoorganisation des secours revecirct une ampleur ou une nature particuliegravere elle fait lrsquoobjet dans chaque deacutepartement et dans chaque zone de deacutefense et en mer drsquoun dispositif organisant la reacuteponse de seacutecuriteacute civile (ORSEC loi de moder-nisation de la Seacutecuriteacute civile du 13 aoucirct 2004) Le dispositif ORSEC (Organisation

Figure D11 ndash Scheacutema de fonctionnement des diffeacuterentes instances de gestion de crise du ministegravere de lrsquoInteacuterieur

Source httpwwwreseau-canopefrrisquesetsavoirsla-gestion-des-criseshtml

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de la reacuteponse de la Seacutecuriteacute civile) deacutepartemental est arrecircteacute par le preacutefet et deacuteter-mine compte tenu des risques existants dans le deacutepartement lrsquoorganisation geacuteneacuterale des secours et recense lrsquoensemble des moyens publics et priveacutes sus-ceptibles drsquoecirctre mis en œuvre Il comprend des dispositions geacuteneacuterales applicables en toutes circonstances et drsquoautres propres agrave certains risques particuliers iden-tifieacutes dont les risques naturels ou lieacutes agrave lrsquoexistence et au fonctionnement drsquoins-tallations ou drsquoouvrages deacutetermineacutes

Le dispositif ORSEC de zone est mis en œuvre en cas de catastrophe affectant au moins deux deacutepartements de la mecircme zone de deacutefense ou rendant neacutecessaire la mise en œuvre de moyens deacutepassant le cadre deacutepartemental Le dispositif Orsec maritime deacutecline ces principes pour les risques existants en mer

Le dispositif ORSEC preacutevoit notamment que les eacutetablissements drsquoenseignement des premier et second degreacutes font partie des eacutetablissements recevant du public devant srsquoauto-organiser en cas drsquoeacuteveacutenement majeur les affectant Par conseacutequent chaque eacutetablissement drsquoenseignement doit prendre en compte les risques preacutevi-sibles auxquels il est exposeacute et deacuteterminer les mesures neacutecessaires pour assurer la mise en sucircreteacute des eacutelegraveves et des personnels en cas drsquoaccident majeur Cela passe par un Plan particulier de mise en sucircreteacute (PPMS) eacutelaboreacute par le chef drsquoeacuteta-blissement et qui doit faire lrsquoobjet drsquoun exercice annuel speacutecifique Les PPMS mecircme srsquoils se distinguent des diffeacuterents plans de secours peuvent ecirctre articu-leacutes avec le dispositif ORSEC et avec le PCS pour les communes qui en disposent

Encadreacute 11

Retour sur la saison cyclonique 2017 aux Antilles

Le cyclone Irma drsquoune ampleur exceptionnelle (287 kmh enregistreacute) a frappeacute de maniegravere diffeacuterencieacutee une grande partie des icircles de la Caraiumlbe du 30 aoucirct au 12 septembre 2017 et plus particuliegraverement deacutebut sep-tembre les icircles de Saint-Martin et Saint-Bartheacutelemy Des vents de plus de 300 kmh se sont abattus sur les deux icircles pendant plusieurs heures pro-voquant des pheacutenomegravenes de submersion marine eacutepisode suivi drsquoun deu-xiegraveme cyclone Joseacute le 9 septembre qui passera agrave proximiteacute immeacutediate des icircles sans y entraicircner de dommages majeurs Puis du 18 au 19 sep-tembre crsquoest au tour du cyclone Maria drsquoimpacter la Guadeloupe

Sur la base des preacutevisions de Meacuteteacuteo-France lrsquoalerte cyclonique violette qui preacutevoit le confinement de populations et lrsquointerdiction totale de circu-ler a eacuteteacute deacuteclencheacutee Lrsquoanticipation du pheacutenomegravene srsquoest appuyeacutee notam-ment sur lrsquoutilisation du PPRN pour organiser lrsquoeacutevacuation drsquoune partie de la population avant le passage drsquoIrma agrave Saint-Martin

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Lrsquoanticipation facteur essentiel du deacutebut de la gestion de crise caracteacuteriseacutee par une mobilisation plusieurs jours avant lrsquoarriveacutee dlsquoIrma (phase anticipation)

Suivi par les services de la preacutefecture de la zone Antilles lrsquoouragan Irma a attireacute lrsquoattention des autoriteacutes bien avant la date drsquoimpact preacutevisionnel (6 septembre)

Ainsi degraves le 1er septembre la DGSCGC a eacuteteacute preacute-alerteacutee par lrsquoEacutetat-major Interministeacuteriel de la zone Antilles des hypothegraveses de trajectoire dont la plus deacutefavorable a orienteacute la deacutecision de preacutepositionner avant lrsquoarriveacutee du pheacutenomegravene des moyens de seacutecuriteacute civile dans les icircles du Nord ndash une mission drsquoappui en situation de crise composeacutee de cinq personnes au service de la preacutefegravete deacuteleacutegueacutee agrave Saint-Martin ndash un deacutetachement drsquointervention laquo cyclone raquo des formations militaires de la seacutecuriteacute civile composeacute de cinquante-sept personnes deacuteployeacute agrave Saint-Martin et Saint-Bartheacutelemy

Degraves le 4 septembre soixante-deux sapeurs-sauveteurs eacutetaient deacuteployeacutes avant lrsquoimpact drsquoIRMA sur les icircles du Nord en renfort des moyens locaux

Une reacuteponse post-cyclonique Irma adapteacutee agrave la survenance des ouragans Joseacute et Maria (phases de monteacutee en puissance et drsquoanticipation)

En appui des remonteacutees drsquoinformations sur lrsquoeacutetendue des deacutegacircts dans les zones impacteacutees mais eacutegalement compte tenu de lrsquoarriveacutee des deux autres ouragans Joseacute (9 septembre) et Maria (18 septembre) la reacuteponse opeacuterationnelle de seacutecuriteacute civile a alterneacute entre lrsquoanticipation et la mon-teacutee en puissance en srsquoarticulant autour de

lrsquoengagement drsquoun deacutetachement de seacutecuriteacute civile composeacute de dix per-sonnes pour mettre en œuvre et activer une plateforme logistique en Guadeloupe

lrsquoengagement de trois deacutetachements laquo cyclone raquo en reacuteponse au cyclone Irma un deacutetachement des formations militaires de la seacutecuriteacute civile (soixante-deux personnes) deux deacutetachements de sapeurs-pompiers territoriaux (Icircle-de-France et Sud respectivement soixante et soixante-six personnes)

le deacuteploiement drsquoune mission drsquoappui en situation de crise au service de lrsquoEacutetat-major interministeacuteriel de la zone Antilles (cinq personnes)

la mise en place drsquoune mission drsquoappui en situation de crise (cinq per-sonnes) au service de la preacutefecture de Guadeloupe

la mise en place drsquoun groupe de commandement (cinq personnes) au service des icircles du Nord

Par ailleurs lrsquoapproche de Maria identifieacutee degraves le 15 septembre a motiveacute le deacuteploiement de renforts suppleacutementaires en Guadeloupe

en anticipation lrsquoengagement drsquoun deacutetachement des formations mili-taires de la seacutecuriteacute civile de plus de 100 sapeurs-sauveteurs

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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en reacuteponse lrsquoengagement de deux deacutetachements composeacutes de sapeurs-pompiers et de militaires soit plus de 160 personnes

Au plus fort de la crise ce sont pregraves de 550 sapeurs-pompiers et mili-taires de la seacutecuriteacute civile qui eacutetaient deacuteployeacutes dans les diffeacuterentes icircles des Antilles Plus de 610 personnes ont servi en cumuleacute sur cette opeacuteration

Lrsquoaccompagnement vers la reconstruction (phase de reacute-articulation)

La phase drsquourgence eacutetant passeacutee une reacute-articulation (sortie de crise) pre-nant en compte un deacutesengagement partiel des moyens de seacutecuriteacute civile srsquoest opeacutereacutee agrave compter du 4 octobre

Un deacutetachement des formations militaires de la seacutecuriteacute civile de 57 puis 40 militaires de la seacutecuriteacute civile a eacuteteacute maintenu agrave Saint-Martin jusqursquoau 15 deacutecembre

Les opeacuterations reacutealiseacutees

Les diffeacuterents deacutetachements engageacutes ont œuvreacute dans le domaine des missions drsquoassistance agrave la population suite au passage drsquoun ouragan

Les opeacuterations se sont neacuteanmoins concentreacutees sur la satisfaction des besoins primaires eau (39 millions de litres drsquoeau distribueacutes eacutequiva-lent agrave une piscine olympique) et nourriture (34 150 rations et 353 tonnes de denreacutees distribueacutees)

Pour autant les deacutetachements ont eacutegalement eacuteteacute engageacutes dans les mis-sions habituelles inheacuterentes agrave ce type de catastrophe

mise hors drsquoeau de bacirctiments soit environ 50 000 m2 de toitures bacirccheacutees 29 kilomegravetres de routes deacutegageacutes aide agrave la reconstruction soit cinquante-cinq actions de seacutecurisation et

de reacutehabilitation drsquoeacutetablissements scolaires sept actions de reacutehabilita-tion de centres commerciaux et entreprises

Les conseacutequences eacuteconomiques ont eacuteteacute estimeacutees agrave presque 2 Mdseuro 17 pour les biens assureacutes dans le cadre du reacutegime CatNat ce qui en fait lrsquoun des eacuteveacutenements les plus coucircteux depuis la creacuteation du reacutegime de catastrophes naturelles Le controcircle de la construction et la reacutesilience des reacuteseaux sont au cœur drsquoune reconstruction moins vulneacuterable et de la mission confieacutee au deacuteleacutegueacute interministeacuteriel agrave la reconstruction nommeacute par le Gouvernement

17 Les catastrophes naturelles en France Bilan 1982-2017 CCR

En dehors des enjeux de mise en seacutecuriteacute des populations drsquoautres probleacutema-tiques sont agrave consideacuterer en matiegravere de gestion de crise La gestion des deacutechets par exemple et leur traitement en situation de crise et post-crise est un enjeu fort tant pour des questions de santeacute publique que de retour agrave la normale des

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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territoires sinistreacutes Une catastrophe climatique est susceptible de geacuteneacuterer de grandes quantiteacutes de deacutechets dont la gestion doit ecirctre assureacutee malgreacute les per-turbations engendreacutees par la catastrophe Les reacutecentes inondations survenues en 2016 et 2018 sur le bassin de la Seine ont rappeleacute une fois encore la neacuteces-siteacute de prendre en compte cet aspect dans la politique de preacutevention Le cadre leacutegislatif et reacuteglementaire de la planification des deacutechets actuellement en vigueur preacutevoit drsquoailleurs que les Plans de preacutevention et de gestion des deacutechets non dan-gereux et dangereux comprennent des mesures permettant drsquoassurer la gestion des deacutechets en situations exceptionnelles notamment celles susceptibles de perturber la collecte et le traitement des deacutechets Plusieurs guides existent pour accompagner les collectiviteacutes et promouvoir les bonnes pratiques en la matiegravere

Srsquoameacuteliorer sur la base des retours drsquoexpeacuterience

Apregraves la gestion de crise drsquoune catastrophe vient la reconstruction Crsquoest la peacuteriode la plus difficile la plus longue et la moins sensationnelle Succeacutedant agrave la gestion de crise tant suivie par les meacutedias la reconstruction srsquoinstalle et laquo fait oublier raquo la catastrophe Pour autant crsquoest une phase cruciale pour assurer la reacutesilience du territoire

Lorsque la catastrophe arrive elle fait ressortir les laquo racines profondes raquo de la vulneacute-rabiliteacute du territoire Le Pressure and Release Model (Blaikie et al 1994 fig D12) lie les causes profondes aux dynamiques territoriales et aux conditions de vie actuelles pour comprendre la catastrophe lrsquoaleacutea agit comme un reacuteveacutelateur des vul-neacuterabiliteacutes inheacuterentes aux territoires Le rapport du preacutefet Philippe Gustin pour la reconstruction de Saint-Martin et de Saint-Bartheacutelemy (2017) signalait ainsi qursquolaquo il est neacutecessaire de rappeler agrave titre preacuteliminaire quelques eacuteleacutements factuels relatifs agrave Saint-Martin et Saint-Bartheacutelemy Les speacutecificiteacutes politiques territoriales cultu-relles et administratives de ces icircles preacutesentent un caractegravere si particulier qursquoelles auront neacutecessairement un impact sur les ambitions porteacutees pour leur reconstruc-tion raquo Tout le long de ce rapport les difficulteacutes endeacutemiques aux deux collectiviteacutes et leurs caracteacuteristiques intrinsegraveques qui sont rendues visibles pendant la phase de reconstruction sont rappeleacutees Ceci fait eacutecho aux propos de la mission inter-ministeacuterielle montrant qursquoil srsquoagit bien plus que drsquoune reconstruction mais drsquoune laquo refondation raquo des icircles du Nord Ainsi la reconstruction ne relegraveve pas seulement drsquoune reconstruction agrave lrsquoidentique ou drsquoune question technique mais elle neacuteces-site aussi de prendre en compte les questions socio-eacuteconomiques pour laquo refon-der raquo des territoires plus reacutesilients

La vulneacuterabiliteacute est un concept eacutevolutif penser lrsquoapregraves-catastrophe permet drsquoagir sur ces laquo causes profondes raquo de la vulneacuterabiliteacute et de deacutevier de la trajectoire de vulneacuterabiliteacute Cela augmente donc la reacutesilience agrave terme du territoire Cependant pour ecirctre efficace il faut savoir exploiter les opportuniteacutes et maicirctriser la gestion des fonds de maniegravere agrave ne pas creuser les ineacutegaliteacutes mais agrave les reacuteduire surtout dans des territoires tregraves exposeacutes Les enjeux pour passer du laquo deacutesastre au deacuteve-loppement raquo sont ainsi eacutetroitement lieacutes (Moatty et al 2017)

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Il srsquoagit donc de mieux appreacutehender la reconstruction pour exploiter la laquo fenecirctre drsquoopportuniteacute raquo qursquoelle ouvre tout en anticipant assez pour y inteacutegrer une phase laquo drsquoeacutethique preacuteventive raquo 18 (preacutevenir la reconstruction laquo phase preacuteventive raquo tout en y inteacutegrant des mesures pour reacuteduire les vulneacuterabiliteacutes et donc aussi les ineacutega-liteacutes environnementales 19 laquo phase eacutethique raquo) Anticiper notamment en construi-sant un document de cadrage permettrait agrave la fois drsquoeacuteviter de mal reconstruire et drsquoexploiter la fenecirctre drsquoopportuniteacute au mieux mais aussi drsquoagir sur les causes profondes de la vulneacuterabiliteacute afin de ne pas geacuteneacuterer davantage drsquoineacutegaliteacutes envi-ronnementales apregraves la catastrophe Au Japon par exemple un plan drsquoanticipa-tion de la reconstruction en cas drsquoeacuteruption du mont Fuji a eacuteteacute eacutelaboreacute en 2001 et ce agrave lrsquoeacutechelle nationale

De cette maniegravere on agit aussi sur les causes de la maladaptation agrave long terme

Le processus de reconstruction drsquoun point de vue institutionnel peut ecirctre deacutefini comme lrsquoeacutelaboration par les gestionnaires et deacutecideurs (bailleurs de fonds ser-vices de lrsquoEacutetat eacutelus et institutions) de politiques strateacutegies et programmes drsquoac-tions agrave destination des acteurs locaux (eacutelus locaux populations et associations) pour leur donner les moyens drsquoaccompagner le relegravevement des individus restau-rer lrsquoaccessibiliteacute du territoire et de reacuteduire les risques (Moatty 2015) Lrsquoenjeu majeur de la preacutevention des risques est de poursuivre et renforcer encore la mobi-lisation de lrsquoensemble des acteurs et des parties prenantes Au regard des enjeux du changement climatique des voies drsquoameacutelioration concregravetes se deacutegagent alors

La meilleure reacutesilience 20 des bacirctiments notamment lors de la reconstruc-tion apregraves catastrophe Dans la mesure ougrave il est difficilement envisageable de mettre en place agrave lrsquoheure actuelle une norme laquo reacutesilience des bacirctiments raquo drsquoautres outils devront ecirctre mobiliseacutes outre lrsquoexemplariteacute et la peacutedagogie Cela pourrait passer par des incitations eacuteconomiques ou financiegraveres qui pour-raient relever soit du reacutegime assurantiel soit drsquoun soutien adapteacute du FPRNM Agrave ce jour et crsquoest indispensable lrsquoaction publique est prioriseacutee sur les zones agrave plus fort enjeux que sont les territoires soumis agrave PPRN La question pourrait se poser drsquoun accompagnement cibleacute pour ameacuteliorer la reacutesilience de territoires qui nrsquoont pas vocation agrave ecirctre couverts par un PPR une deacutemarche en ce sens a eacuteteacute engageacutee dans le cadre des PAPI (chapitre laquo Exemples de mise en œuvre raquo) Des mesures ou soutiens speacutecifiques pourraient aussi permettre une meil-leure reconstruction apregraves sinistre Lrsquoaccompagnement par les assureurs des particuliers et des entreprises en termes de conseil pour des reconstructions plus reacutesilientes est une voie qui se met progressivement en place Srsquoagissant de lrsquoaccompagnement financier les taux et conditions drsquoutilisations actuels du FPRNM pour des travaux de reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute preacutevus dans un PPRN laissent un reste agrave charge pour les particuliers Une expertise pourrait conduire

18 Lrsquoeacutethique preacuteventive est un ensemble de mesures permettant la prise en compte de lrsquoaleacutea dans le zonage de la reconstruction le respect des normes preacuteventives de la reconstruction et la mise en place de mesures de gestion drsquoune prochaine crise (alerte eacutevacuation etc) (Vinet et al 2011)

19 La notion drsquoineacutegaliteacutes environnementales deacutesigne des situations dans lesquelles les vulneacuterabiliteacutes envi-ronnementales sont indissociables des vulneacuterabiliteacutes sociales (Taylor 2000 tireacute de Claeys et al 2017)

20 Voir glossaire

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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agrave srsquointerroger sur le niveau de ce soutien et au besoin agrave envisager une reacutevi-sion des taux actuels pour les rendre plus attractifs et que srsquoenclenche une dynamique de diagnostics et de travaux de reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute du bacircti Enfin la reacuteponse agrave certains aleacuteas pour lesquels aucune protection inteacutegrale ne peut se concevoir demandera encore un travail particulier sur la reacutesilience des bacirctiments crsquoest le cas en matiegravere de risque cyclonique Si le retour drsquoex-peacuterience sur le cyclone Irma tend agrave montrer que les constructions parasis-miques ont mieux reacutesisteacute (toiture excepteacutee) agrave lrsquoouragan il reste sans doute agrave mieux deacutefinir ce que serait une construction paracyclonique et agrave apporter des reacuteponses agrave lrsquohabitat illeacutegal

La transformation des territoires les plus exposeacutes aux effets du changement

climatique Lrsquoapprobation de PPRN les mesures de reacuteduction de la vulneacuterabi-liteacute les approches en termes de programme drsquoaction comme les PAPI sur des peacuterimegravetres aussi pertinents que possible au regard de lrsquoaleacutea ont consolideacute au cours des derniegraveres deacutecennies une politique de preacutevention des risques natu-rels partenariale qui apporte eacutegalement des reacuteponses aux enjeux du change-ment climatique La reacuteponse au recul du trait de cocircte en fournit un exemple (encadreacute 15)

Chaque catastrophe naturelle constitue une occasion de progresser dans la preacute-vention et de rechercher comment creacuteer les conditions neacutecessaires agrave la diminu-tion du risque pour lrsquoavenir Le retour drsquoexpeacuterience permet de tirer les leccedilons drsquoune action et drsquoaffiner la connaissance des pheacutenomegravenes

Au niveau national le ministegravere de lrsquointeacuterieur assure la synthegravese et la diffusion au niveau national des retours drsquoexpeacuterience reacutealiseacutes sous lrsquoautoriteacute du repreacutesen-tant de lrsquoEacutetat apregraves tout recours au dispositif Orsec qursquoil srsquoagisse drsquoun eacuteveacutene-ment reacuteel ou drsquoun exercice

Le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement analyse tout particuliegraverement ces retours drsquoexpeacuteriences de maniegravere agrave

centraliser au mieux et analyser les donneacutees relatives aux catastrophes (mani-festations du pheacutenomegravene chronologie)

constituer des pocircles de compeacutetences pour aider les territoires impacteacutes agrave ameacuteliorer la preacutevention des risques et leur reacutesilience et agrave reacuteduire les dommages

assurer la diffusion des enseignements tireacutes de lrsquoanalyse des pheacutenomegravenes et des catastrophes survenus en France ou agrave lrsquoeacutetranger

Concernant le risque inondation les services de preacutevision des crues des Dreal et le Schapi ont en charge de capitaliser la connaissance locale sur les cours drsquoeau et les eacuteveacutenements extrecircmes survenus par le passeacute Ils peuvent assister les autoriteacutes locales dans la pose de repegraveres de crues sur des bacirctiments ou des ouvrages caracteacuteristiques

Les eacuteveacutenements majeurs font lrsquoobjet de retours drsquoexpeacuterience interministeacuteriels Le Conseil geacuteneacuteral de lrsquoenvironnement et du deacuteveloppement durable (CGEDD) placeacute directement aupregraves du ministre chargeacute de lrsquoenvironnement contribue aux rap-ports de mission drsquoexpertise sur des eacuteveacutenements majeurs tels que les tempecirctes

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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de 1999 et plus reacutecemment les inondations de la Seine en 2016 et 2018 Des reacuteflexions sont en cours pour capitaliser au mieux ces retours drsquoexpeacuterience dans un format plus systeacutematique qui en faciliterait lrsquoanalyse

Par ailleurs le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement soutient et participe agrave lrsquoor-ganisation de manifestations commeacutemoratives au niveau local (crue de 1910) et aux actions engageacutees par les associations en faveur de la capitalisation de la meacutemoire des eacuteveacutenements

Encadreacute 12

La vigilance meacuteteacuteorologique un processus drsquoameacutelioration continue

Le dispositif de vigilance meacuteteacuteorologique encadreacute par une circulaire inter-ministeacuterielle (ministegravere de lrsquoInteacuterieur et ministegravere de la Transition eacutecolo-gique et solidaire) est opeacutereacute et diffuseacute par Meacuteteacuteo-France via de nombreux meacutedias de communication Crsquoest une proceacutedure drsquoavertissement de la popu-lation des autoriteacutes et des meacutedias sur le risque drsquooccurrence de pheacuteno-megravenes meacuteteacuteorologiques et hydrologiques dangereux dans les 24 heures agrave venir Chaque jour elle est actualiseacutee plusieurs fois systeacutematiquement agrave 6 heures et 16 heures et autant que neacutecessaire en cas de changement de niveau de risque

La carte de vigilance est produite en coopeacuteration avec Santeacute publique France pour ce qui concerne la canicule et avec le Service hydrographique et oceacuteanographique de la Marine (SHOM) pour lrsquoaleacutea vagues-submersion Elle est articuleacutee avec Vigicrues pour les aleacuteas pluie-inondation et inondation

En cas de risque marqueacute niveau de vigilance orange voire rouge la carte srsquoaccompagne de bulletins nationaux et reacutegionaux Ces bulletins preacutecisent les zones concerneacutees par le ou les aleacuteas la temporaliteacute et lrsquointensiteacute des pheacutenomegravenes attendus ou en cours

Au fil des anneacutees et des retours drsquoexpeacuterience sur les eacuteveacutenements clima-tiques majeurs le dispositif de vigilance a eacutevolueacute et srsquoest enrichi pour mieux informer la population et fournir les conseils de bons comporte-ments en cas de pheacutenomegravene meacuteteacuteorologique dangereuxndash La vigilance de Meacuteteacuteo-France a eacuteteacute creacuteeacutee suites aux tempecirctes Martin et Lothar de 1999 Un des constats suite agrave ces catastrophes eacutetait qursquoune meilleure information de la population aurait pu limiter les conseacutequences dramatiques de ces eacuteveacutenements (140 victimes pour lrsquoensemble de lrsquoEu-rope dont 92 pour la France meacutetropolitaine) Mise en place en 2001 pour cinq aleacuteas meacuteteacuteorologiques en meacutetropole (vent violent fortes preacutecipita-tions orages neige-verglas avalanches) la vigilance est conccedilue pour une eacutechelle deacutepartementale adapteacutee aux structures de planification et de gestion des crises et selon 4 niveaux de couleurs correspondant agrave des

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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niveaux de risque (vert jaune orange rouge) Elle est articuleacutee avec les dispositifs drsquoalerte (ORSEC) mis en œuvre par les autoriteacutes deacutepartemen-tales et municipales (preacutefet mairehellip)ndash En 2004 les aleacuteas canicule et grand froid sont ajouteacutes suite notam-ment agrave la canicule de lrsquoeacuteteacute 2003ndash Pour prendre en compte les conseacutequences hydrologiques des fortes preacutecipitations les fortes pluies ont eacuteteacute remplaceacutees en 2007 par le risque laquo pluie-inondation raquo (risque de fortes pluies etou drsquoinondations associeacutees) Cela a eacutegalement permis de relayer le niveau de vigilance de Vigicrues dans la vigilance meacuteteacuteorologique

En octobre 2011 un an et demi apregraves la tempecircte Xynthia la vigilance laquo vagues-submersion raquo a compleacuteteacute le dispositif

Depuis 2016 la chronologie de la vigilance est accessible pour chaque deacutepartement Cela permet de connaicirctre lrsquoeacutevolution temporelle de la cou-leur de la vigilance aleacutea par aleacutea

Le travail se poursuit pour produire la vigilance meacuteteacuteorologique agrave une eacutechelle infradeacutepartementale et eacutetendre sa validiteacute au lendemain Par ail-leurs la vigilance vague-submersion va ecirctre eacutetendue agrave lrsquooutre-mer

Figure D13 ndash Carte de vigilance meacuteteacuteorologique du 1er deacutecembre 2017

Source Meacuteteacuteo-France

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Des reacuteflexions autour de la reconstruction post-catastrophe ont deacutejagrave eacuteteacute meneacutees en France notamment dans le domaine de la geacuteographie lrsquoobjectif est drsquoen tirer une opportuniteacute preacuteventive Les inondations en France meacutetropolitaine par exemple ont fait lrsquoobjet de nombreux travaux en raison de leur occurrence et de la phase post-catastrophe qui suit

Projet RETINA (Irstea) laquo Reacutesilience des territoires face agrave lrsquoinondation pour une approche preacuteventive par lrsquoadaptation post-eacuteveacutenement raquo

Ce projet meneacute de 2013 agrave 2016 dans le cadre des projets Risque deacutecision ter-ritoire (RDT) du ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement cherchait agrave deacuteterminer comment proceacuteder aux diffeacuterentes phases post-catastrophe par des retours drsquoex-peacuterience sur les inondations dans le Var (1999) et dans lrsquoAude (2010) quel type drsquoadaptation pendant ces phases (reacuteparation reconstruction reacuteorganisation) Lrsquoideacutee eacutetait donc drsquoobserver lacuteadaptation pendant les phases de laquo reacutesolution des deacutesordres raquo et drsquoen tirer des enseignements

Projet RAITAP (Cerema) laquo Repenser lrsquoAction preacuteventive face au risque drsquoinonda-tion agrave une eacutechelle territoriale inteacutegrant lrsquoAction post-inondation raquo

Ce projet a donneacute des reacuteponses importantes pour mieux comprendre la recons-truction post-catastrophe

Lrsquoexistence drsquoune structure organisationnelle unique permet de prendre des deacutecisions rapidement et efficacement Cependant sa dureacutee nrsquoexcegravedant pas deux ans elle ne reacuteduit donc pas la vulneacuterabiliteacute agrave moyen terme

Lrsquoexistence drsquoune eacutequipe sur place restreinte permet de prendre des deacuteci-sions de reconstruction dans lrsquourgence bien que son efficience deacutepende des qualiteacutes personnelles des individus y travaillant

Srsquoil existe une dynamique de renouvellement urbain avant la catastrophe il est plus aiseacute de faire eacutevoluer le projet en partant de la deacutemarche preacute-existante plutocirct que de tout reconstruire

Il y a une meilleure acceptabiliteacute sociale de la reconstruction lorsque des vies sont exposeacutees agrave lrsquoaleacutea

Reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute et de lrsquoexposition aux risques exemples de mise en œuvre

Introduction

Devant lrsquoaugmentation preacutevisible des pheacutenomegravenes extrecircmes avec le changement climatique la reacuteduction des impacts sur les enjeux passera par la mise en œuvre de mesures sur lrsquoexposition et sur la vulneacuterabiliteacute

Le bon fonctionnement des eacutecosystegravemes est agrave lrsquoorigine drsquoune multitude de services eacutecosysteacutemiques constituant ainsi une des cleacutes pour une meilleure atteacutenuation et adaptation Il faut donc veiller agrave renforcer la reacutesilience des eacutecosystegravemes face au

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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changement climatique dans une logique de maximisation des synergies entre preacuteservation des eacutecosystegravemes et usages humains en anticipant les transforma-tions agrave venir et en privileacutegiant les solutions fondeacutees sur la nature partout ougrave cela est pertinent La preacuteservation la restauration et le renforcement des continuiteacutes eacutecologiques en srsquoappuyant sur la trame verte et bleue et les infrastructures agro-eacutecologiques le deacuteveloppement drsquoun reacuteseau coheacuterent connecteacute et repreacutesentatif drsquoaires proteacutegeacutees mettant en place une gestion adaptative la recomposition spa-tiale du littoral agrave des eacutechelles de territoire pertinentes en inteacutegrant les espaces arriegraveres littoraux et en respectant les cellules hydroseacutedimentaires la veacutegeacutetalisa-tion des espaces urbains la mise en place de techniques alternatives drsquoassai-nissement la proposition drsquoessences si possible locales mieux adapteacutees aux stations forestiegraveres et plus reacutesilientes au feu et de modes de gestion paysagegravere limitant la propagation du feu sont autant drsquoexemples de solutions fondeacutees sur la nature qui permettent drsquoaccroicirctre la reacutesilience du territoire

Le bacircti devra eacutegalement ecirctre adapteacute au changement climatique pour favoriser sa reacutesilience aux risques tant naturels que sanitaires dans un urbanisme inteacutegrant ce changement notamment en utilisant les labels existants voire des moyens reacutegle-mentaires En zone urbaine lrsquoimpact des vagues de chaleur deacutepend en grande partie des infrastructures en place de lrsquourbanisme du type drsquohabitat et des modes de vie De nombreuses villes sont confronteacutees au pheacutenomegravene drsquolaquo icirclot de chaleur urbain raquo (ICU) qui deacutesigne lrsquoexcegraves des tempeacuteratures de lrsquoair observeacute reacuteguliegravere-ment pregraves du sol dans les zones urbaines en comparaison avec les zones rurales qui les entourent Les maxima drsquointensiteacute de lrsquoICU peuvent aller de 2 degC pour une ville de 1 000 habitants jusqursquoagrave 12 degC pour une ville de plusieurs millions drsquoha-bitants (ONERC 2010) Srsquoappuyer sur des solutions urbanistiques et architectu-rales innovantes permettrait donc de lutter contre lrsquoeffet drsquoicirclot de chaleur urbain et de renforcer le confort du bacircti

La reacuteduction des risques drsquoinondation et de submersion entre dans cette approche dans le cadre des Plans de gestion du risque inondation dont les PAPI consti-tuent un outil et dont le troisiegraveme appel agrave projet met lrsquoaccent sur les milieux natu-rels particuliegraverement concerneacutes par la mise en œuvre de cette approche sur les mesures autres que les travaux de protection

Lrsquoexemple des Programmes drsquoaction de preacutevention des inondations (PAPI)

La preacutevention des risques naturels se fait agrave des eacutechelles emboicircteacutees Elle est parti-culiegraverement structureacutee pour le risque inondation ougrave lrsquoaction est meneacutee de lrsquoeacutechelle du bassin hydrographique agrave celle du bassin versant et jusqursquoau territoire agrave risque important drsquoinondation Ainsi le risque inondation est pris en compte de lrsquoamont agrave lrsquoaval des cours drsquoeau Pour tous les aleacuteas sont ainsi mis en coheacuterence

des logiques de protection qui peuvent ecirctre relativement eacuteloigneacutees geacuteographi-quement des enjeux (par exemple les barrages eacutecrecircteurs de crues)

des ameacutenagements des territoires au travers des PPR ou des PLU des reacuteductions de la vulneacuterabiliteacute des enjeux agrave lrsquoeacutechelle des bacirctiments des mesures qui touchent aux comportements des personnes

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Agrave cet emboitement geacuteographique et institutionnel correspond la compleacutementa-riteacute des diffeacuterents outils La mise en place des Programmes drsquoaction de preacuteven-tion des inondations (PAPI) porteacutes par les collectiviteacutes locales est lrsquoillustration mecircme drsquoune deacutemarche eacutequilibreacutee et inscrite dans la dureacutee

Lrsquoappel agrave projets national permettant la labellisation et le subventionnement des PAPI par lrsquoEacutetat via le FPRNM existe depuis 2002 Il a eacuteteacute renouveleacute en 2011 puis en 2018 au travers de cahiers des charges agrave destination des collectiviteacutes locales porteuses

Lrsquoeacutelaboration des PAPI demande en premier lieu celle de strateacutegies locales sur un territoire pertinent vis-agrave-vis des risques drsquoinondation strateacutegie qui permet de deacutefinir un programme drsquoactions et drsquoopeacuterations agrave entreprendre Les engagements pris dans les PAPI de troisiegraveme geacuteneacuteration sont deacuteclineacutes en sept axes

axe 1 lrsquoameacutelioration de la connaissance et de la conscience du risque axe 2 la surveillance la preacutevision des crues et des inondations axe 3 lrsquoalerte et la gestion de crise axe 4 la prise en compte du risque inondation dans lrsquourbanisme axe 5 les actions de reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute des personnes et des

biens (obligatoire) axe 6 le ralentissement des eacutecoulements axe 7 la gestion des ouvrages de protection hydrauliques

Le dispositif est destineacute agrave tous les territoires agrave enjeux couverts par un PPR inon-dation exposeacutes aux inondations quelle qursquoen soit la nature (hors deacutebordements de reacuteseaux) et vise agrave assurer une prise en compte globale des diffeacuterents aleacuteas inondation auxquels peut ecirctre soumis le territoire

Les projets de PAPI doivent srsquoefforcer de mobiliser lrsquoensemble des axes de la gestion des risques drsquoinondation dans une gradation et un eacutequilibre qui varient drsquoun territoire agrave lrsquoautre Les travaux dimensionnant sur des ouvrages de protec-tion sont soumis agrave une analyse coucirct-beacuteneacutefice visant agrave eacutevaluer la pertinence des travaux preacutevus ou agrave une analyse multicritegravere pour les projets dont le montant est supeacuterieur agrave 5 millions drsquoeuros

La deacutemarche PAPI porte en premier lieu sur la gestion des risques drsquoinonda-tion tout en recherchant une coheacuterence avec les objectifs des autres politiques publiques mises en œuvre sur le territoire (ameacutenagement du territoire et deacutevelop-pement local preacuteservation des milieux naturels du patrimoine culturel qualiteacute de lrsquoeauhellip) Si le PAPI est porteacute par une collectiviteacute locale qui devrait ecirctre agrave terme une collectiviteacute exerccedilant la compeacutetence Gemapi le portage des actions est assureacute par les acteurs du territoire selon leur compeacutetence (collectiviteacutes territoriales ser-vices de lrsquoEacutetat particuliers entreprises)

Au 1er janvier 2018 159 PAPI et projets drsquoendiguements hors PAPI ont ainsi eacuteteacute labelliseacutes Ils repreacutesentent un total de 1 846 Meuro alloueacutes agrave la preacutevention des inon-dations dont 751 Meuro drsquoaide de lrsquoEacutetat principalement au titre du FPRNM Environ 67 millions drsquohabitants (40 de la population exposeacutee au risque) et 38 millions

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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drsquoemplois (plus de 40 des emplois exposeacutes au risque) beacuteneacuteficient de ces deacutemarches de preacutevention La masse la plus importante de deacutepense concerne les travaux sur les systegravemes drsquoendiguement (50 ) qui par nature sont les plus coucircteux On observe toutefois ces derniegraveres anneacutees qursquoune part croissante des deacutepenses est consacreacutee au ralentissement des eacutecoulements (axe 6) et agrave la mobi-lisation des fonctionnaliteacutes naturelles des milieux humides

Il srsquoagit de deacutemarches drsquoameacutenagement durable dont lrsquoinscription dans la dureacutee se justifie compte tenu des investissements envisageacutes et de la neacutecessiteacute de dis-poser drsquoun programme partageacute avec les diffeacuterentes parties prenantes La dureacutee drsquoeacutelaboration du PAPI est variable selon la maturiteacute du territoire (un agrave trois ans)La convention-cadre PAPI srsquoeacutetend au maximum sur six ans

Encadreacute 13

Lrsquoeacutelaboration du PAPI Breacutevenne-Turdine

Dans la continuiteacute du travail engageacute via le contrat de riviegravere le programme drsquoaction de preacutevention des inondations (PAPI) Breacutevenne-Turdine labelliseacute en 2013 a eu pour volonteacute de privileacutegier les solutions fondeacutees sur la nature et drsquoimpacter le moins possible les milieux naturels Le bassin ne compre-nant pas de digue agrave lrsquoorigine le choix a eacuteteacute fait de ne pas en construire Le programme ne comprenant pas drsquoouvrages de protection (axe 7) est ainsi baseacute sur le principe drsquoaccepter les deacutebordements lagrave ougrave il nrsquoy a pas drsquoenjeux et de revenir agrave un fonctionnement naturel des cours drsquoeau

La strateacutegie choisie a en effet miseacute sur la preacutevention du risque aupregraves de la population reacutealisation drsquoaction de communication (vulgarisation du PPRI organisation drsquoun salon tous les deux ans plan familial de mise en sucircreteacute reacutealisation de diagnostics de vulneacuterabiliteacute gratuits pour les habi-tants) sensibilisation des eacutelus qui assurent ensuite un rocircle de relais mise en place du reacuteseau laquo sentinelle raquo avec des habitants volontaires qui font remonter les informations ou alertes

Ainsi la vulneacuterabiliteacute du territoire a diminueacute mais crsquoest surtout la conscience du risque qui a beaucoup eacutevolueacute La concertation meneacutee notamment avec les riverains et acteurs agricoles dans une deacutemarche drsquoouverture et de discussion constructive et pas seulement informative a eacuteteacute un facteur deacuteterminant dans le choix des actions

Le syndicat a fait appel agrave un cabinet de meacutediation et a pu compter sur une forte implication des maires facilitant le lien avec les habitants Des eacutevo-lutions ont eacuteteacute apporteacutees au programme choix de deux ouvrages sur les cinq initiaux baisse de lrsquoimpact sur le foncier appui sur des mateacuteriaux natu-rels sur-inondation de zones pour proteacuteger lrsquoaval renforcement de lrsquoaction sur le ruissellement La faisabiliteacute des adaptations a ensuite eacuteteacute reveacuterifieacutee

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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La deacutemarche exemplaire du PAPI pour les inondations est reproduite pour drsquoautres aleacuteas tels que les caviteacutes souterraines (non traiteacutees dans ce rapport) et les risques en montagne

Encadreacute 14

Les risques en montagne

Les risques en montagne preacutesentent des caracteacuteristiques geacuteophysiques et socio-eacuteconomiques speacutecifiques La geacuteographie de la montagne de par la pente et le relief conditionne fortement les pheacutenomegravenes naturels Les aleacuteas en preacutesence sont multiples (glissements de terrains laves torren-tielles crues avalancheshellip) soudains rapides (cineacutetique plus eacuteleveacutee en montagne qursquoen plaine) et souvent de forte intensiteacute Un mecircme terri-toire est couramment concerneacute par plusieurs pheacutenomegravenes Les reacuteflexions meneacutees dans le cadre des Assises nationales des risques naturels en deacutecembre 2013 ont conclu agrave la neacutecessiteacute de territorialiser davantage la gestion des risques en montagne dans une approche multirisque multi-acteur colleacutegiale et partenariale avec lrsquoEacutetat les eacutelus locaux la socieacuteteacute civile et lrsquoensemble des acteurs du territoire

Dans ce contexte lrsquoEacutetat souhaite soutenir lrsquoeacutemergence et la mise en œuvre de projets concerteacutes de preacutevention des aleacuteas de montagne sur des peacuteri-megravetres coheacuterents par lrsquointermeacutediaire des strateacutegies territoriales pour la preacutevention des aleacuteas de Montagne (STEPRIM) Un appel agrave projets a eacuteteacute ouvert en 2017 agrave lrsquoensemble des collectiviteacutes groupements de collectiviteacutes ou autres structures drsquointeacuterecirct public dont le peacuterimegravetre de compeacutetence est tout ou partie inclus dans les massifs montagneux franccedilais Il avait pour objectif drsquoinitier et drsquoencourager des deacutemarches pilotes de gestion inteacute-greacutee des risques naturels sur les territoires de montagne Il srsquoagissait de deacutefinir une strateacutegie deacuteclineacutee en programme drsquoactions opeacuterationnel pour atteindre des objectifs en termes drsquoameacutelioration de la connaissance et de la conscience des risques de preacutevision et de surveillance des risques drsquoalerte et de gestion de crise de prise en compte des risques dans lrsquour-banisme de reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute et de travaux de protection

Des exemples de reacutealisation sont rapidement preacutesenteacutes dans les pages suivantes deacutemontrant que de telles reacutealisations sont possibles

Des solutions urbanistiques et architecturales

Construction sur pilotis agrave Saint-Pierre-des-Corps pour lutter contre les inondations

Saint-Pierre-des-Corps a eacuteteacute laureacuteat du Grand Prix drsquoameacutenagement laquo Comment mieux bacirctir en terrains inondables constructibles raquo lanceacute le 16 janvier 2015 par

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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le ministegravere en charge de lrsquoeacutecologie et du logement et qui vise agrave promouvoir des projets drsquoameacutenagement innovants pour rendre les habitants moins vulneacuterables aux risques drsquoinondation

Agrave la confluence du Loir et du Cher la commune est particuliegraverement exposeacutee agrave lrsquoaleacutea inondation ce qui limite fortement son deacuteveloppement

Pour relever ces deacutefis Saint-Pierre-des-Corps a deacutecideacute de miser sur lrsquoinnovation architecturale Lrsquooriginaliteacute du projet est drsquoavoir conccedilu un quartier entiegraverement percheacute sur pilotis pour srsquoadapter au risque Le projet a permis la construction de soixante-seize logements dont vingt logements sociaux sur un espace de 2 hec-tares dans une zone inondable agrave proximiteacute du centre-ville Lrsquoensemble est consti-tueacute de maisons suspendues relieacutees entre elles par des coursives permettant de continuer agrave se deacuteplacer en cas drsquoinondation de jardins agrave la place des routes limi-tant lrsquoartificialisation du terrain pour faciliter lrsquoeacutecoulement des eaux et drsquoun bassin de reacutetention pour recueillir les eaux pluviales

Gestion alternative des eaux agrave Rouen pour adapter les projets drsquoameacutenagement

urbain au changement climatique

De par sa situation geacuteomorphologique la ville de Rouen fait face agrave plusieurs eacuteveacute-nements extrecircmes et qui auront de plus en plus drsquoimpacts avec le changement climatique Au niveau national la Seine-Maritime est un deacutepartement reconnu comme sensible au risque drsquoinondation Situeacutee dans une cuvette induisant de faibles vitesses de vents la ville de Rouen est par ailleurs sujette au pheacutenomegravene drsquoicirclot de chaleur urbain associeacute aux fortes tempeacuteratures

Pour relever ce double deacutefi le parti pris a eacuteteacute de mettre en place une gestion inteacute-greacutee des eaux dans lrsquoeacutecoquartier de la zone drsquoameacutenagement concerteacute Luciline ndash Rives de Seine Pour lutter contre les inondations plusieurs solutions ont eacuteteacute trouveacutees afin drsquoassurer la fonctionnaliteacute du quartier mecircme en peacuteriode de crue ouvrages hydrauliques avec clapets antiretour contre les mareacutees construction de chambre de crues sureacuteleacutevation des seuils construction drsquoun reacuteseau de noues srsquoappuyant sur une noue 21 centrale paysagegravere de 5 megravetres de large et 3 megravetres de profondeur

De mecircme la lutte contre lrsquoicirclot de chaleur urbain srsquoappuie eacutegalement sur la gestion des eaux la remise agrave jour partielle de la riviegravere Luciline via des canaux et les noues le deacuteveloppement des toitures veacutegeacutetaliseacutees et la mise en place drsquoun reacuteseau de geacuteothermie basse tempeacuterature agrave partir de la nappe drsquoeau drsquoaccompagnement de la Seine permettant de seacutecuriser les apports eacutenergeacutetiques pour le chauffage hivernal et le rafraicircchissement estival des bacirctiments de lrsquoeacutecoquartier

21 Sorte de fosseacute herbeux qui remplit un rocircle de zone-tampon pour les eaux de ruissellement

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

145

Figure D14 ndash Maisons sur pilotis agrave Saint-Pierre-des-Corps

copy Atelier Alain Gourdon

Figure D15 ndash Rouen Quartier Luciline ndash Rives de Seine

copy Agence DampA

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Encadreacute 15

22 httpwwwgeolittoraldeveloppement-durablegouvfr

Le recul du trait de cocircte

Le recul du trait de cocircte est un pheacutenomegravene naturel qui concerne environ 20 du littoral franccedilais (hors Guyane) et ce chiffre pourrait ecirctre revu agrave la hausse avec les effets du changement climatique Il est caracteacuteriseacute par une cineacutetique lente et preacutevisible qui sauf exception ne met donc pas en jeu des vies humaines mais qui conduit agrave terme agrave la disparition deacutefi-nitive du terrain En ce sens le recul du trait de cocircte constitue un para-megravetre agrave prendre en compte pour lrsquoameacutenagement des territoires littoraux agrave moyen et long termes

Afin de disposer drsquoun eacutetat des lieux de lrsquoeacutevolution du trait de cocircte sur le littoral franccedilais un indicateur national de lrsquoeacuterosion cocirctiegravere a eacuteteacute produit par le Cerema 22 La cocircte atlantique (notamment la Charente-Maritime et la Gironde) et la cocircte meacutediterraneacuteenne (notamment le Gard et les Bouches-du-Rhocircne) sont particuliegraverement concerneacutees En outre-mer le littoral de la Guyane fait partie des cocirctes les plus instables au monde mais nrsquoa pas eacuteteacute traiteacute dans cette eacutetude (fig D16)

Des eacutetudes scientifiques sont meneacutees pour mieux comprendre lrsquoimpact du changement climatique sur lrsquoeacuterosion du littoral

Plusieurs propositions de loi posent depuis 2016 la question de lrsquoadap-tation des territoires littoraux au recul du trait de cocircte Ces travaux parle-mentaires visent notamment agrave faciliter lrsquoanticipation du pheacutenomegravene sur ces territoires en preacutevoyant des dispositions propres agrave la zone soumise au recul du trait de cocircte Il faut trouver un eacutequilibre entre la liberteacute des col-lectiviteacutes de faire vivre leurs territoires et lrsquoobligation drsquoanticipation ainsi que la transformation du territoire qui en deacutecoule et la neacutecessiteacute drsquoinfor-mation des citoyens suffisamment en amont Cela suppose drsquoune part de pouvoir doter les collectiviteacutes drsquooutils drsquourbanisme adapteacutes le PPR nrsquoeacutetant vraisemblablement pas lrsquooutil le plus adeacutequat pour le recul du trait de cocircte et drsquoautre part de disposer drsquooutils de financement permettant drsquoamorcer les deacutemarches de transformation des territoires

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

147

Figure D16 ndash Eacutevolution du trait de cocircte

Sources Cerema et MTES 2017

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

148

Une deacutemarche prospective participative agrave Lacanau pour lutter contre le recul du trait de cocircte

Confronteacute agrave un pheacutenomegravene drsquoeacuterosion marine qui menace une grande partie de son eacuteconomie touristique Lacanau a initieacute une reacuteflexion sur la relocalisation dans le cadre de lrsquoappel agrave projets national laquo Relocalisation des activiteacutes et des biens littoraux raquo lanceacute en 2012 par le ministegravere de lrsquoEacutecologie du Deacuteveloppement durable et de lrsquoEacutenergie Sous lrsquoaction des vagues et des tempecirctes la dune sur laquelle sont implanteacutees les activiteacutes et les biens est maintenue par un ouvrage de deacutefense Au pied de celui-ci la plage se reacutetreacutecit et srsquoabaisse Au nord et au sud de lrsquoouvrage les dunes naturelles reculent drsquoenviron deux megravetres par an en moyenne et ont reculeacute de 10 agrave 25 megravetres selon les endroits lors des tempecirctes de lrsquohiver 2013-2014

Pour faire face agrave ces deacutefis la mairie de Lacanau et le GIP littoral Aquitain ont choisi drsquoengager une deacutemarche prospective permettant drsquoenvisager plusieurs futurs possibles (strateacutegie de relocalisation ou strateacutegie de lutte active contre lrsquoeacuterosion) pour caracteacuteriser les enjeux drsquoadaptation au pheacutenomegravene drsquoeacuterosion et participa-tive srsquoappuyant sur un comiteacute de concertation local constitueacute drsquoune trentaine de personnes repreacutesentant les reacutesidents les associations environnementales les acteurs eacuteconomiques et institutionnels du territoire

Figure D17 ndash Photographie extraite de lrsquoObservatoire du littoral canaulais (vue aeacuterienne sud-nord) prise dans le cadre de la Strateacutegie locale de gestion de la bande cocirctiegravere 2016-2018 de Lacanau

copy Ville de Lacanau Photographe 1 Moment 1 Image Partenaires Europe (Fonds FEDER) Reacutegion Nouvelle-Aquitaine preacutefecture de Gironde (Fonds FNADT) GIP littoral aquitain

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

149

Cette deacutemarche a permis drsquoidentifier une lacune majeure lrsquoabsence drsquooutil pour geacuterer les biens menaceacutes par lrsquoeacuterosion marine des cocirctes sableuses Lrsquoeacutetude de faisabiliteacute nrsquoa pas permis de trancher entre protection et relocalisation agrave lrsquoeacutechelle locale mais elle a deacuteboucheacute sur la deacutefinition drsquoune strateacutegie locale de gestion du trait de cocircte par la mairie de Lacanau pour la peacuteriode 2016-2018 preacutevoyant une seacuterie drsquoactions laquo sans regret raquo qui fonctionneront quelles que soient les deacuteci-sions futures

Des solutions fondeacutees sur la nature

Cyclones tempecirctes tropicales

Restauration de la mangrove pour lutter contre les impacts des cyclones et des tempecirctes tropicales

Lrsquourbanisation croissante du littoral a fortement deacutegradeacute les mangroves de Guadeloupe Sur la zone industrielle de Jarry 600 hectares ont eacuteteacute remplaceacutes par des infrastructures urbaines depuis 1967 Or les mangroves jouent un rocircle essentiel dans la conservation des littoraux tropicaux en stabilisant le trait de cocircte et en diminuant lrsquoeacutenergie des vagues

Figure D18 ndash Plants de paleacutetuviers rouges agrave la pointe Jarry

Source Replantation de paleacutetuviers agrave la Pointe Jarry (Guadeloupe) ndash action reacutealiseacutee dans le cadre de Cagraveyoli programme de gestion des espaces naturels du Grand port maritime de Guadeloupe

copy 22 feacutevrier 2018 Mariane Aimar Caraiumlbes

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

150

Pour faire face agrave ce deacutefi le Grand port maritime de Guadeloupe (GPMG) srsquoest engageacute en 2016 avec le soutien de la CDC Biodiversiteacute dans un plan de res-tauration des mangroves dans le cadre du programme environnemental Cagraveyoli Depuis Coraiumlbes prestataire en charge du projet a creacuteeacute deux peacutepiniegraveres de paleacute-tuviers et a initieacute apregraves plusieurs mois de culture les premiegraveres transplantations en milieu naturel Quarante plants de paleacutetuviers rouges (Rhizophora mangle) sont deacutesormais installeacutes sur la pointe Sud de Jarry Ainsi le littoral guadeloupeacuteen beacuteneacuteficiera agrave terme drsquoune meilleure protection face aux houles cycloniques et agrave lrsquoeacuterosion marine

Conclusions

Reacuteduire lrsquoimpact des catastrophes naturelles est un objectif qui fait bien sucircr consen-sus Face agrave des eacuteveacutenements extrecircmes qui pourraient compte tenu du change-ment climatique ecirctre plus freacutequents et plus intenses la politique de preacutevention est compleacutementaire de la politique drsquoadaptation Il srsquoagit drsquoune politique de long terme deacutejagrave mise en œuvre concregravetement dans de nombreux territoires mais qui doit se renforcer de maniegravere notamment agrave contribuer agrave la stabiliteacute du reacutegime drsquoin-demnisation Le maintien de la soutenabiliteacute du dispositif CatNat dans le contexte du changement climatique passera par le renforcement des mesures de preacuteven-tion gracircce agrave la mobilisation du FPRNM Drsquoautres leviers comme une prise en charge diffeacuterente des dommages lieacutes au retrait-gonflement des argiles (qui ne fait pas de victimes) apporteraient une eacutevolution favorable agrave lrsquoeacutequilibre du dispositif

Lrsquoeacutevaluation de la politique de preacutevention des risques est complexe ne serait-ce qursquoagrave cause du nombre des acteurs mobiliseacutes des moyens (humains et financiers) mis en œuvre difficiles agrave quantifier ou du fait drsquoindicateurs difficiles agrave deacutefinir ou agrave objectiver (comme ceux deacutefinis dans le cadre drsquoaction de Sendai pour la reacuteduc-tion des risques de catastrophes) Les mesures de preacutevention mises en œuvre ont neacuteanmoins largement porteacute leurs fruits lors les inondations survenues en jan-vier-feacutevrier 2018 (eacutetude meneacutee par la CCR 23) Sur le bassin de la Seine en amont de la confluence avec lrsquoOise les pertes eacuteviteacutees se mesurent en dizaines de mil-lions drsquoeuros et repreacutesentent plus de 30 des dommages assureacutes Les mesures de preacutevention concernent les travaux reacutealiseacutes en amont de Paris sur les grands lacs reacuteservoirs qui servent notamment agrave stocker de lrsquoeau en cas drsquoeacutepisode de crue pour limiter le deacutebit en aval Au-delagrave de lrsquoaction des lacs des effets reacuteels mais non quantifiables des dispositifs de preacutevention et de preacuteparation agrave la crise ont participeacute agrave une reacuteduction des coucircts des inondations

Mieux eacutevaluer et faire connaicirctre le coucirct des dommages provoqueacutes par les aleacuteas naturels constituent des leviers de preacutevention efficaces et qui permettent de limiter le recours au reacutegime drsquoindemnisation national (dispositif CatNat) Lrsquoinformation preacuteventive et la culture du risque sont pour cela des acceacuteleacuterateurs de projets ils sont indispensables pour feacutedeacuterer et mener agrave bien les choix drsquoameacutenagement du

23 httpswwwccrfr-retour-sur-les-inondations-de-janvier-et-fevrier-2018 lien au 2 octobre 2018

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

151

territoire porteacutes largement par les collectiviteacutes locales autour de constats parta-geacutes Des outils existent qursquoils soient drsquoordre strateacutegique reacuteglementaire ou finan-cier pour engager une transformation des territoires les plus exposeacutes dans le contexte du changement climatique

Conclusion

Conclusion

155

PLACARD (PLAtform for Climate Adaptation and Risk reDuction)

un projet de recherche europeacuteen pour renforcer les liens entre lrsquoadaptation au changement climatique et la preacutevention des risques

PLACARD est un projet de recherche lanceacute en juin 2015 et fi nanceacute dans le cadre du programme de recherche europeacuteen Horizon 2020 et coordonneacute par la Fondation de la faculteacute des sciences de lrsquouniversiteacute de Lisbonne Ce projet a eacuteteacute conccedilu pour renforcer les liens entre les communauteacutes de lrsquoadaptation au changement climatique et de la reacuteduction des risques de catastrophe aux niveaux international europeacuteen national et infranational afi n de mettre en coheacuterence et drsquoameacuteliorer la planifi cation de leurs actions PLACARD entend relever ce deacutefi en fournissant un espace commun de dia-logue et de partage drsquoexpeacuteriences sous la forme drsquoun reacuteseau opeacuterationnel reliant les organisations et reacuteseaux existants Ce reacuteseau englobant sou-tiendra le deacuteveloppement et la mise en œuvre drsquoun agenda de recherche et drsquoinnovation pour ameacuteliorer lrsquoutilisation des fi nancements deacutedieacutes agrave la recherche et pour deacutevelopper des orientations agrave destination des institu-tions souhaitant srsquoattaquer aux enjeux de lrsquoadaptation au changement cli-matique et de la preacutevention des risques de catastrophe Les principaux attendus de ce projet sont

la creacuteation drsquoune plate-forme en ligne permettant drsquoorganiser des consulta-tions et de faciliter le dialogue entre diffeacuterents groupes de parties prenantes

Interactions entre les politiques de preacutevention des risques et drsquoadaptation au changement climatique

Source ONERC drsquoapregraves Swiss NGO DDR Plateform

Adaptation au Changement Climatique

Preacutevention Reacuteduction des Risques

RisquesClimat

bull Hausses des tempeacuteratures

bull Modifications des reacutegimes de preacutecipitation

bull Impacts sur les eacutecosystegravemes

bull Fonte des glaciers

Risques geacuteologiques bull Tremblements de terre bull Tsunamis bull Glissements de terrains

Eveacutenements extrecircmes bull Seacutecheresses bull Pluies intenses et

inondations bull Grecircle bull Vagues de

chaleurde froid bull Feux de forecircts bull Tornades bull Cyclones

Gestion des risques climatiques (y compris les eacuteveacutenements extrecircmes)

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

156

le deacuteveloppement de synergies et une plus grande coopeacuteration entre lrsquoUnion europeacuteenne les Eacutetats membres et les initiatives de lrsquoadaptation au changement climatique et de la preacutevention des risques de catastrophes financeacutees au niveau international

un meilleur essaimage des activiteacutes de recherche et drsquoinnovation dans les domaines de lrsquoadaptation au changement climatique et de la preacuteven-tion des risques de catastrophe

lrsquoameacutelioration de lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformation et agrave la connaissance dans ces domaines

une assimilation accrue des enjeux de prospective sous-jacents une ameacutelioration dans les domaines de la science des politiques

publiques de la communication de lrsquoeacutechange drsquoinformation et de connaissance

Les eacuteveacutenements passeacutes et notamment les plus reacutecents ont deacutemontreacute la vulneacutera-biliteacute de nos populations et territoires La canicule de 2003 reste dans tous les esprits avec une surmortaliteacute de plus de 15 000 personnes mais eacutegalement avec un coucirct assurantiel qui a deacutepasseacute 18 milliard drsquoeuros (actualiseacutes 2017) Les plans canicule mis en place depuis ont tregraves certainement pu reacuteduire les coucircts humains mais le sceacutenario climatique le plus pessimiste (RCP85) montre qursquoune canicule telle que celle de 2003 pourrait ecirctre un pheacutenomegravene relativement banal agrave lrsquohorizon 2100

Si pris de maniegravere indeacutependante aucun eacuteveacutenement extrecircme ne peut ecirctre attribueacute en tant que tel au changement climatique les travaux de recherche eacutetablissent que le changement climatique vient modifier lrsquooccurrence ou lrsquointensiteacute de certains aleacuteas Dans le domaine assurantiel les reacutesultats de modeacutelisation du climat futur reacutealiseacutee par Meacuteteacuteo-France agrave lrsquoaide de son modegravele Arpegravege-Climat croiseacutes avec les modegraveles drsquoaleacutea (inondation seacutecheresse et submersion marine) et de dommages de la CCR permettent drsquoeacutevaluer in fine la hausse attendue des pertes annuelles moyennes agrave lrsquohorizon 2050 agrave 50

Lrsquoaugmentation de freacutequence et drsquointensiteacute des aleacuteas lieacutes au systegraveme climatique principalement les extrecircmes hydromeacuteteacuteorologiques et lrsquoapparition de nouveaux risques dus agrave lrsquoeacutevolution du climat potentiellement nouveaux risques hydromeacute-teacuteorologiques des catastrophes biologiques (par exemple ravageurs ou maladies vectorielles non traiteacutes dans ce rapport) rendent encore plus neacutecessaire lrsquoarti-culation qui lie les politiques de preacutevention et de gestion des risques naturels et drsquoadaptation au changement climatique Dans les deux cas il srsquoagit avant tout drsquoanticiper les pheacutenomegravenes afin drsquoen limiter les conseacutequences et de tirer parti du retour drsquoexpeacuteriences de la gestion de crise pour mieux reconstruire

Les actions preacutevues dans le deuxiegraveme plan national drsquoadaptation au change-ment climatique permettront de minimiser les impacts attendus du changement

Conclusion

157

climatique en renforcement des politiques deacutejagrave en place de preacutevention et de gestion des risques naturels majeurs et des risques sanitaires

Lrsquoameacutelioration continue des connaissances permettra de preacuteciser les impacts futurs du changement climatique Les incertitudes actuelles ne doivent toute-fois pas empecirccher lrsquoaction pour se preacuteparer degraves agrave preacutesent agrave une tempeacuterature moyenne mondiale de 2 degC supeacuterieure agrave celle de lrsquoegravere preacute-industrielle qui corres-pond agrave lrsquoobjectif de long terme de lrsquoAccord de Paris tout en continuant agrave faire le maximum pour ne pas deacutepasser 15 degC

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Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

Creacuteeacute par la loi du 19 feacutevrier 2001 lrsquoONERC mateacuterialise la volonteacute du Parlement et du gouvernement drsquointeacutegrer les effets du changement climatique dans les politiques publiques environnementales en France meacutetropolitaine et drsquooutre-mer LrsquoONERC est rattacheacute au ministegravere de la Transition eacutecologique et soli-daire (MTES) via le Service climat et efficaciteacute eacutenergeacutetique de la Direction geacuteneacuterale de lrsquoeacutenergie et du climat (DGEC)Lrsquoorientation de lrsquoaction de lrsquoONERC est assureacutee depuis 2017 (deacutecret no 2017-211 du 20 feacutevrier 2017) par une commission speacutecialiseacutee deacutedieacutee du Conseil national de la transition eacutecologique preacutesideacutee par M Ronan Dantec seacutena-teur de Loire-Atlantique (arrecircteacute du 14 avril 2017) LrsquoONERC est dirigeacute par M Laurent Michel directeur geacuteneacuteral de lrsquoeacutenergie et du climat Le secreacuteta-riat geacuteneacuteral est assureacute par M Eacuteric Brun assisteacute de cinq chargeacutes de mission dont une adjointe au secreacutetaire geacuteneacuteral et un ingeacutenieur documentaire-web-mestre appuyeacutes sur la quasi-totaliteacute de la peacuteriode par trois chargeacutes de mission dont un entiegraverement deacutedieacute agrave lrsquoaccueil par la France de la 47e reacuteunion pleacute-niegravere du GIEC Au sein du Service climat et efficaciteacute eacutenergeacutetique lrsquoONERC constitue le laquo pocircle Adaptation au changement climatique raquo de la DGEC en charge du pilotage et la mise en œuvre de la politique nationale drsquoadapta-tion Il assure eacutegalement la fonction de point focal de la France au sein du Groupe drsquoexperts intergouvernemental sur lrsquoeacutevolution du climat (GIEC) Cette annexe sans ecirctre exhaustive preacutesente les principales actions de lrsquoONERC entre octobre 2017 et septembre 2018

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

171

Action internationale

Du fait de lrsquoaccueil par la France de la 47e reacuteunion pleacuteniegravere du GIEC qui srsquoest tenue du 13 au 16 mars 2018 au siegravege de lrsquoUnesco agrave Paris la fonction de point focal du GIEC pour la France a occupeacute une large part des activiteacutes internationales de lrsquoobservatoire en 2017 et 2018 En outre lrsquoONERC a poursuivi sa participa-tion reacuteguliegravere aux autres travaux internationaux notamment au niveau de lrsquoUnion europeacuteenne et de la CCNUCC et a deacuteveloppeacute des relations multilateacuterales et bila-teacuterales avec les services en charge des politiques publiques drsquoadaptation dans plusieurs pays

Groupe drsquoexperts intergouvernemental sur lrsquoeacutevolution du climat (GIEC)

En septembre 2017 la France a proposeacute drsquoaccueillir la 47e reacuteunion pleacuteniegravere du GIEC reacutepondant ainsi agrave lrsquoun des objectifs annonceacutes dans le Plan climat du gou-vernement publieacute le 6 juillet 2017

La tenue agrave Paris de cette reacuteunion quelques mois apregraves le One Planet Summit et le lancement de lrsquoinitiative Make Our Planet Great Again teacutemoigne de lrsquoengage-ment constant de la France sur les questions climatiques et marque son appui reacutesolu aux travaux du GIEC

Ceacuteleacutebration des trente ans du GIEC

copy ONERC ndash VB

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

172

Avec comme programme de travail essentiel de renforcer de faccedilon peacuterenne la situa-tion financiegravere du GIEC cette 47e pleacuteniegravere a pleinement reacutealiseacute son principal objec-tif Lors de la journeacutee de ceacuteleacutebration en lrsquohonneur des trente anneacutees drsquoexistence du GIEC le ministre drsquoEacutetat ministre de la Transition eacutecologique et solidaire et le ministre de lrsquoEurope et des Affaires eacutetrangegraveres ont ainsi rappeleacute lrsquoaugmentation significative de la contribution de leurs deux ministegraveres aupregraves du GIEC agrave hauteur de 1 million drsquoeuros par an jusqursquoagrave la publication du sixiegraveme rapport drsquoeacutevaluation en 2022 Cette annonce concreacutetise lrsquoengagement du Preacutesident de la Reacutepublique pris lors de la COP 23 et confirmeacute lors du One Planet Summit

Pour accompagner cet eacuteveacutenement une nouvelle eacutedition du livret laquo Mieux com-prendre le GIEC raquo a eacuteteacute eacutelaboreacutee avec lrsquoappui de la direction de la communication (DICOM) du MTES Cette brochure fait le point sur ce qursquoest le GIEC comment il fonctionne et ce qursquoil produit Un numeacutero speacutecial de la lettre aux eacutelus pour les trente ans du GIEC a eacutegalement eacuteteacute diffuseacute agrave cette occasion Cette eacutetroite colla-boration avec la DICOM a aussi permis de reacutealiser une courte animation videacuteo sur trente ans de travaux du GIEC

Ces supports de communication ont eacuteteacute largement diffuseacutes sur les reacuteseaux sociaux et sur le Web Lrsquoeacuteveacutenement a fait lrsquoobjet drsquoune couverture meacutediatique conseacutequente aussi bien dans la presse geacuteneacuteraliste que speacutecialiseacutee

Le GIEC est engageacute dans son sixiegraveme cycle drsquoeacutevaluation visant agrave produire le sixiegraveme rapport drsquoeacutevaluation (AR6) trois rapports speacuteciaux et une mise agrave jour du rapport meacutethodologique pour les inventaires drsquoeacutemissions de gaz agrave effet de serre

Animation videacuteo sur trente ans de travaux du GIEC

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

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Livret laquo Mieux comprendre le GIEC raquo

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Reacuteunions pleacuteniegraveres et du bureau du GIEC

En coordination avec les ministegraveres en charge de la recherche et des affaires eacutetran-gegraveres lrsquoONERC en tant que point focal du GIEC pour la France assure la repreacute-sentation permanente de la France au sein des organes de gouvernance du GIEC

Sur la peacuteriode couverte par ce rapport lrsquoONERC a ainsi participeacute agrave la 47e reacuteunion pleacuteniegravere qursquoil a organiseacutee agrave Paris ainsi qursquoagrave la 55e reacuteunion du bureau du GIEC en appui de Valeacuterie Masson-Delmotte repreacutesentante franccedilaise au bureau copreacute-sidente du groupe de travail 1

Encadreacute 1

laquo Trente ans du GIEC et sixiegraveme cycle drsquoeacutevaluation raquo

Depuis trente ans le GIEC eacutevalue lrsquoeacutetat des connaissances sur lrsquoeacutevolu-tion du climat ses causes ses impacts Il identifie eacutegalement les possi-biliteacutes de limiter lrsquoampleur du reacutechauffement et la graviteacute de ses impacts et de srsquoadapter aux changements attendus Les rapports du GIEC four-nissent un eacutetat des lieux reacutegulier des connaissances les plus avanceacutees Cette production scientifique est au cœur des neacutegociations internationales sur le climat Elle est aussi fondamentale pour alerter les deacutecideurs et la socieacuteteacute civile

La liaison permanente entre le GIEC et les Eacutetats est assureacutee par un point focal national En France cette fonction est exerceacutee par lrsquoObservatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique (ONERC) depuis 2001

La publication des trois volumes (sciences du climat atteacutenuation adap-tation) du 6e rapport drsquoeacutevaluation est programmeacutee pour lrsquoanneacutee 2021 Le rapport de synthegravese paraicirctra au cours du premier semestre 2022

Trois rapports speacuteciaux seront aussi produits au cours de ce sixiegraveme cycle en octobre 2018 un premier rapport speacutecial sur lrsquoimpact drsquoun reacutechauf-

fement global de 15 degC au-dessus des niveaux preacute-industriels et sur les trajectoires drsquoeacutemission de gaz agrave effet de serre correspondantes

en aoucirct 2019 un deuxiegraveme rapport speacutecial sur les liens entre le chan-gement climatique la deacutesertification la deacutegradation des terres la ges-tion durable des terres la seacutecuriteacute alimentaire et les flux de gaz agrave effet de serre dans les eacutecosystegravemes terrestres

en septembre 2019 un troisiegraveme rapport speacutecial sur les liens entre le changement climatique les oceacuteans et la cryosphegravere

En mai 2019 sera aussi produit un raffinement du rapport meacutethodolo-gique sur les inventaires nationaux drsquoeacutemissions de gaz agrave effet de serre datant de 2006

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

175

Sixiegraveme cycle du GIEC en France

Sur la peacuteriode octobre 2017 ndash septembre 2018 lrsquoappel agrave candidatures pour la nomination par la France des auteurs et des eacutediteurs de revue des volumes 1 2 et 3 du sixiegraveme Rapport drsquoeacutevaluation du GIEC a eacuteteacute preacutepareacute et largement diffuseacute par le point focal franccedilais du GIEC en coordination avec le ministegravere de lrsquoEnsei-gnement supeacuterieur de la Recherche et de lrsquoInnovation (MESRI) et le ministegravere de lrsquoEurope et des Affaires eacutetrangegraveres (MEAE) Cet appel a permis agrave plus de 80 scien-tifiques franccedilais ou travaillant en France de candidater Les nominations soumises par la France ont ensuite fait lrsquoobjet drsquoune seacutelection par le comiteacute scientifique de pilotage mis en place par le bureau du GIEC pour chacun des rapports

Au total trente-neuf scientifiques nomineacutes par la France ont eacuteteacute seacutelectionneacutes pour participer agrave lrsquoeacutelaboration du sixiegraveme rapport drsquoeacutevaluation du GIEC aux trois rap-ports speacuteciaux et au raffinement du guide meacutethodologique pour les inventaires nationaux de gaz agrave effet de serre en tant que coordinateurs auteurs principaux ou eacutediteurs reacuteviseurs

En tant que point focal franccedilais du GIEC lrsquoONERC a organiseacute en coordination avec le MEAE et le MESRI plusieurs revues des rapports speacuteciaux en cours drsquoeacutela-boration par le GIEC deux revues du rapport speacutecial sur lrsquoimpact drsquoun reacutechauffe-ment global de 15 degC au-dessus des niveaux preacute-industriels et sur les trajectoires drsquoeacutemission de gaz agrave effet de serre et une revue du raffinement du rapport meacutetho-dologique sur les inventaires nationaux drsquoeacutemissions de gaz agrave effet de serre

Sur la peacuteriode du sixiegraveme cycle du GIEC le financement de lrsquoUniteacute drsquoappui tech-nique (en anglais Technical Support Unit ndash TSU) du Groupe de travail I du GIEC est assureacute par la France Le suivi du financement et des activiteacutes de cette TSU sont assureacutes par lrsquoONERC et des services du MESRI et du MEAE LrsquoONERC a de plus coordonneacute le versement de la contribution franccedilaise 2018 au budget central de fonctionnement du GIEC

Enfin lrsquoONERC appuie la participation des chercheurs franccedilais aux travaux du GIEC en prenant en charge une partie des frais de missions des centaines drsquoexperts

Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC)

Sous la coordination de la Direction des affaires europeacuteennes et internationales (DAEI) du MTES lrsquoONERC a participeacute au sein de la deacuteleacutegation franccedilaise agrave la 23e session de la Confeacuterence des parties agrave la CCNUCC (COP 23) ayant eu lieu agrave lrsquoautomne 2017 et agrave lrsquointersession de Bonn au printemps 2018 LrsquoONERC a assureacute avec le Deacutepartement de la lutte contre lrsquoeffet de serre (DGECSCEE) une fonction drsquoappui scientifique et technique au sein de lrsquoeacutequipe de neacutegociations climatiques pour les aspects relatifs aux sciences climatiques et aux politiques publiques drsquoadaptation

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

176

Un agent de lrsquoONERC (eacutelu agrave la COP 22) siegravege deacutesormais aux reacuteunions du Comiteacute de lrsquoadaptation mis en place par la CCNUCC afin drsquoexaminer lrsquoensemble des travaux relatifs agrave ce sujet dans le cadre des neacutegociations climatiques mondiales

Dans le cadre de lrsquoappui aux neacutegociations climatiques mondiales lrsquoONERC parti-cipe eacutegalement avec le DLCES au groupe informel drsquoexperts europeacuteens consa-creacute aux sujets scientifiques ayant pour objectif de construire une vision commune sur ces sujets au sein des Eacutetats membres de lrsquoUnion europeacuteenne

Espace europeacuteen

Repreacutesentant la DGEC lrsquoONERC siegravege pour la France au sein du groupe de travail mis en place par la Direction geacuteneacuterale climat de la Commission europeacuteenne pour le suivi de la strateacutegie europeacuteenne drsquoadaptation adopteacutee en 2013 dont le pro-cessus de reacutevision a eacuteteacute engageacute deacutebut 2017 Dans ce cadre lrsquoONERC met agrave jour annuellement les informations concernant la politique et les actions drsquoadaptation en France diffuseacutees par la plate-forme drsquoeacutechange Climate-ADAPT 1 en coordination avec lrsquoAgence europeacuteenne de lrsquoenvironnement (AEE)

LrsquoONERC a par ailleurs organiseacute la 26e reacuteunion du groupe drsquoinformation sur lrsquoadap-tation au changement climatique du reacuteseau drsquoagences europeacuteennes de protection de lrsquoenvironnement (meeting of the Information Group on Climate Change Adaptation of the Network of European Environmental Protection Agencies IG CCA EPA)

Cette reacuteunion qui srsquoest deacuterouleacutee les 5 et 6 avril agrave La Deacutefense a reacuteuni une ving-taine drsquoexperts de chefs ou de directeurs de ces organismes Ces deux journeacutees ont permis de nombreux eacutechanges drsquoexpeacuteriences sur des questions drsquointeacuterecirct commun aux organisations impliqueacutees dans la mise en œuvre pratique de la politique environnementale de lrsquoadaptation Une intervention de Santeacute publique France a eacuteclaireacute les participants sur la politique franccedilaise de gestion des cani-cules et vagues de chaleur

Sous la coordination du CGDDSOeS du MTES lrsquoONERC fait partie du groupe de travail feacutedeacutereacute dans le reacuteseau Eionet rassemblant les correspondants de lrsquoAEE inteacute-resseacutes par les probleacutematiques drsquoobservation des effets du changement clima-tique et de lrsquoadaptation Agrave ce titre lrsquoONERC a contribueacute au rapport technique sur le suivi le rapportage et lrsquoeacutevaluation des politiques nationales drsquoadaptation en Europe notamment au travers drsquoun encadreacute sur la politique franccedilaise drsquoadaptation

LrsquoObservatoire pyreacuteneacuteen du changement climatique a inviteacute lrsquoONERC agrave faire partie de son comiteacute de pilotage La premiegravere reacuteunion a eu lieu agrave Biarritz le 9 novembre en marge du deuxiegraveme colloque international sur le changement climatique dans des zones de montagne PYRADAPT 2017

1 httpclimate-adapteeaeuropaeu

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

177

Dans le cadre de travaux drsquoeacutevaluation de la strateacutegie de lrsquoUnion europeacuteenne rela-tive agrave lrsquoadaptation au changement climatique lrsquoONERC a eacuteteacute solliciteacute agrave de nom-breuses reprises LrsquoONERC a ainsi rempli et fait circuler la Fiche pays pour la France fiche deacutecrivant la politique drsquoadaptation au changement climatique LrsquoONERC a eacutegalement initieacute la reacuteponse au questionnaire de consultation publique relative agrave lrsquoeacutevaluation de la strateacutegie de lrsquoUnion europeacuteenne relative agrave lrsquoadaptation au chan-gement climatique publieacute du 8 deacutecembre 2017 au 1er mars 2018

Initiatives multilateacuterales et bilateacuterales

Dans le cadre du cluster francophone du Partenariat sur la transparence de lrsquoac-cord de Paris (PATPA) lrsquoONERC est intervenu pour preacutesenter la deacutemarche fran-ccedilaise et a co-animeacute deux ateliers theacutematiques sur lrsquoadaptation au changement climatique agrave Douala (Cameroun) en mai 2018 Vingt et un pays africains franco-phones eacutetaient repreacutesenteacutes

Dans le prolongement de la contribution de lrsquoONERC agrave la septiegraveme communica-tion nationale de la France agrave la CCNUCC lrsquoobservatoire a preacutesenteacute lrsquoaction de la France en matiegravere drsquoadaptation et de recherche aux experts de la CCNUCC venus auditer les acteurs franccedilais en avril 2018

LrsquoONERC a eacuteteacute nommeacute au Conseil pour le climat de la Convention alpine creacuteeacute en septembre 2016 afin de regrouper les initiatives et les contributions sur le chan-gement climatique existant dans les Alpes et drsquoavancer des propositions pour lrsquoeacutetablissement drsquoun systegraveme concret drsquoobjectifs de la Convention alpine dans la perspective drsquoun laquo espace alpin climatiquement neutre raquo en accord avec les objec-tifs europeacuteens et internationaux

Dans une logique de collaboration transfrontaliegravere lrsquoONERC a eu lrsquooccasion de participer agrave plusieurs eacutechanges bilateacuteraux formels et informels avec ses homolo-gues de la plupart des pays voisins de la France meacutetropolitaine (groupe Science IG CCA Convention Alpine etc) ainsi que quelques pays plus eacuteloigneacutes afin de parta-ger les ideacutees et les pratiques en matiegravere drsquoadaptation au changement climatique

Politique drsquoadaptation au changement climatique

30 novembre 2017 adoption du projet drsquoavis sur le PNACC-2 par la Commission speacutecialiseacutee du CNTE chargeacutee de lrsquoorientation de lrsquoONERC

21 deacutecembre 2017 avis tregraves favorable au PNACC-2 adopteacute agrave la quasi-unani-miteacute par le CNTE

1er semestre 2018 finalisation du PNACC-2

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

178

Information formation et communication

LrsquoONERC assure ses missions drsquoinformation et de communication en eacutetroite col-laboration avec la Direction de la communication (DiCom) du MTES Ces actions visent tous les publics par lrsquointermeacutediaire de diffeacuterents supports dont certains sont preacutesenteacutes ci-apregraves LrsquoONERC apporte son soutien en matiegravere de reacutealisation de supports drsquoinformation sur lrsquoadaptation au changement climatique pour diffeacute-rents organismes (services deacuteconcentreacutes du MTES administrations centrales y compris hors MTES communication interne au MTES eacutetablissements publics organisations non-gouvernementales presse associations)

Site Web

La diffusion sur le site Web du ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire des informations preacutesenteacutees par lrsquoONERC permet agrave tous les publics drsquoappreacutehender les enjeux lieacutes au changement climatique au travers des pages sur les impacts la connaissance la deacutemarche drsquoadaptation les publications et des bases de donneacutees

Ainsi aux informations concernant lrsquoObservatoire srsquoajoutent les pages deacutedieacutees aux indicateurs du changement climatique De plus la deacutemarche drsquoadaptation au changement climatique engageacutee aux niveaux national europeacuteen et internatio-nal est preacutesenteacutee selon ces trois axes Enfin lrsquoinformation sur le GIEC permet de mieux comprendre son fonctionnement et de consulter et de suivre ses travaux

Le contenu des pages est reacuteguliegraverement mis agrave jour ainsi que leur preacutesentation afin de srsquoadapter aux nouveaux standards de communication et de faciliter lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformation

Site Web du ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire (httpwwwecologique-solidairegouvfronerc)

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

179

Rapports annuels

Le Rapport annuel Vers un 2e plan drsquoadaptation au changement climatique pour la France ndash Enjeux et recommandations a eacuteteacute publieacute au mois de novembre 2017 et diffuseacute directement agrave plus de 1 500 destinataires Ce rapport rassemble les recom-mandations issues de la concertation nationale pour un deuxiegraveme Plan national drsquoadaptation au changement climatique (PNACC) Celle-ci srsquoest largement appuyeacutee sur les eacutevaluations du premier PNACC 2011-2015 permettant drsquoavoir un retour drsquoexpeacuteriences drsquoun cycle complet de politique publique Ces recommandations ont alimenteacute le deuxiegraveme PNACC objet de lrsquoaxe 19 du Plan climat de la France La deacutemarche drsquoadaptation au changement climatique ainsi renforceacutee apportera une contribution significative aux politiques climatiques visant une socieacuteteacute bas-carbone reacutesiliente au changement climatique et plus largement agrave la transition eacuteco-logique et solidaire de la France

Rapport Vers un 2e plan drsquoadaptation au changement climatique pour la France ndash Enjeux et recommandations publieacute agrave La Documentation franccedilaise

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Lettre drsquoinformation aux eacutelus

Dans la peacuteriode couverte par le preacutesent rapport lrsquoONERC a poursuivi ses activi-teacutes de communication en parallegravele des travaux pour lrsquoeacutelaboration drsquoun nouveau plan national drsquoadaptation au changement climatique

Ainsi un numeacutero speacutecial de la lettre de lrsquoONERC aux eacutelus diffuseacute agrave plus de 3 000 exemplaires quelques semaines avant la ceacutereacutemonie drsquoanniversaire des trente ans du GIEC a permis de rappeler toute lrsquoimportance de ses travaux et de son expertise qui contribuent pleinement aux actions drsquoatteacutenuation et drsquoadaptation des territoires Deux autres numeacuteros ont eacuteteacute preacutepareacutes pour accompagner la sortie du preacutesent rapport et du 2e plan national drsquoadaptation au changement climatique

Lettre de lrsquoONERC aux eacutelus laquo Le climat change agissons raquo no 29 ndash numeacutero speacutecial GIEC feacutevrier 2018

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

181

Seacutelection drsquoinformations theacutematiques (lettre de veille technique)

La lettre de veille technique contient une seacutelection drsquoune vingtaine de liens Web classeacutes selon les cateacutegories laquo actualiteacute raquo laquo publications raquo et laquo manifestations raquo ainsi que quelques informations relatives agrave lrsquoobservatoire Ces informations cibleacutees sont diffuseacutees tous les deux mois agrave 875 abonneacutes volontaires (contre une cin-quantaine seulement jusqursquoen 2012)

Centre de ressource sur lrsquoadaptation au changement climatique (CRACC)

Parmi les principales recommandations preacutesentes dans lrsquoeacutevaluation du premier PNACC par le CGEDD en 2015 figurait celle laquo de confier agrave un consortium constitueacute de lrsquoAdeme et du Cerema la mission drsquoorganiser avec lrsquoappui drsquoautres institutions speacutecialiseacutees un centre de ressources sur lrsquoadaptation au changement climatique [hellip] chargeacute drsquoapporter un appui technique pour lrsquoeacutelaboration des scheacutemas et plans drsquoadaptation territoriaux et pour lrsquointeacutegration des enjeux drsquoadaptation dans les plans et politiques sectoriels raquo

Le deacuteveloppement de ce centre de ressources sur lrsquoadaptation au changement cli-matique a eacuteteacute confieacute au Cerema en partenariat avec lrsquoAdeme ainsi que drsquoautres organismes ayant largement œuvreacute au cours du preacuteceacutedent plan

Interventions actions de formation et seacuteminaire

Dans la peacuteriode couverte par le preacutesent rapport lrsquoONERC est intervenu agrave de nom-breuses reprises agrave lrsquooccasion de confeacuterences nationales ou internationales Ci-apregraves quelques exemples drsquointerventions

Le secreacutetaire geacuteneacuteral de lrsquoONERC a ainsi preacutesenteacute lors de la session drsquoouverture de la confeacuterence internationale Climate Change and Water 2018 (deacutebut feacutevrier 2018 au Centre international de congregraves de Tours) la deacuteclinaison du changement cli-matique aux probleacutematiques locales de lrsquoeau dans le Plan national drsquoadaptation au changement climatique

LrsquoONERC a eacutegalement participeacute agrave un atelier du reacuteseau Teddif (territoires environne-ment et deacuteveloppement durable en Icircle-de-France) deacutedieacute aux enjeux et aux possibili-teacutes drsquoaction pour les territoires en matiegravere drsquoadaptation au changement climatique qui srsquoest tenu mi-mars 2018 agrave Paris et qui a reacuteuni une centaine de participants

LrsquoONERC est intervenu en clocircture de la journeacutee de restitution des travaux du projet AdaMont qui srsquoest tenu agrave Paris fin mars Le projet AdaMont vise agrave deacutevelop-per une action de recherche partenariale et inteacutegreacutee sur lrsquoadaptation au change-ment climatique sur un territoire de moyenne montagne en associant production de connaissances et deacutemarche opeacuterationnelle en lien avec le changement clima-tique et les pratiques agrave faire eacutevoluer

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

182

Agrave lrsquooccasion des dix ans du club ViTeCC lrsquoONERC a preacutesenteacute le projet de deu-xiegraveme plan national drsquoadaptation au changement climatique Ce club qui fecircte ses dix ans preacutesente les reacutesultats de projets de recherche aux deacutecideurs territoriaux institutions et entreprises membres

LrsquoONERC a participeacute agrave une reacuteunion du reacuteseau PCAET de Bretagne deacutedieacutee agrave lrsquoadap-tation au changement climatique et co-organiseacutee par la Dreal lrsquoAdeme Bretagne et le conseil reacutegional de Bretagne

LrsquoONERC a eacutegalement participeacute au lancement du programme deacutedieacute agrave lrsquoadaptation au changement climatique du Comiteacute 21 premier reacuteseau multi-acteurs du deacuteve-loppement durable et de la RSE qui souhaite accompagner ses adheacuterents pour deacutecrypter les enjeux en cours anticiper ceux agrave venir et mettre en place les muta-tions agrave opeacuterer

Actions de formation

En eacutetroite collaboration avec le bureau en charge de la formation agrave la DGEC lrsquoONERC a participeacute agrave la mise en place drsquoune formation ouverte et agrave distance pour les agents MTES afin de sensibiliser les nouveaux arrivants agrave la probleacutematique de lrsquoadaptation au changement climatique Cette formation a vocation agrave ecirctre ouverte aux eacutelus et agents des collectiviteacutes territoriales

Expositions peacutedagogiques itineacuterantes

Les deux expositions itineacuterantes 2 lrsquoune (exposition scientifique) visant un public averti agrave des fins drsquoexplication des pheacutenomegravenes et lrsquoautre visant un public le plus large possible agrave des fins de sensibilisation ont eacuteteacute preacutesenteacutees pendant une dureacutee de 326 jours au sein drsquoeacutetablissements scolaires drsquoentreprises drsquoassociation et de collectiviteacutes territoriales

Au cours du deuxiegraveme trimestre 2018 une plaquette de preacutesentation des deux expositions a eacuteteacute reacutealiseacutee et diffuseacutee plus particuliegraverement aux bibliothegraveques des eacutetablissements drsquoenseignement supeacuterieur ainsi qursquoagrave une seacutelection de contacts au sein de collectiviteacutes territoriales

2 httpswwwecologique-solidairegouvfrobservatoire-national-sur-effets-du-rechauffement-climatique-onerce6

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

183

Journal de lrsquoexposition itineacuterante laquo Le climat change raquo

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Les indicateurs du changement climatique

Les vingt-huit indicateurs deacutecrivant lrsquoeacutetat du climat et ses impacts preacutesents sur le site de lrsquoONERC sont reacuteguliegraverement mis agrave jour Cela a permis de disposer fin 2018 de 86 drsquoindicateurs inteacutegrant des donneacutees de moins de cinq ans

Gracircce aux contributeurs et partenaires de lrsquoONERC certaines modifications sont intervenues dans la constitution des indicateurs du changement climatique Mi-2018 deux synthegraveses drsquoindicateurs locaux et reacutegionaux laquo Le bilan de masse drsquoune seacutelec-tion de glaciers tempeacutereacutes franccedilais raquo et laquo la date des vendanges pour un panel de vignobles franccedilais raquo produites en collaboration avec le Service de la donneacutee et des eacutetudes statistiques (SDES) du ministegravere et qui sont eacutegalement publieacutees sur le site de lrsquoObservatoire national de la biodiversiteacute (ONB) ont ainsi rejoint la seacuterie diffuseacutee par lrsquoONERC laquo Lrsquoeacutevolution de la date de migration de certains oiseaux raquo est eacutegalement un nouvel indicateur produit par la Ligue de protection des oiseaux (LPO) en remplacement de lrsquoindicateur sur les migrations des oies Agrave la mecircme peacuteriode laquo les quantiteacutes de pollens de bouleau libeacutereacutes raquo ont eacuteteacute mises agrave jour par le Reacuteseau national de surveillance aeacuterobiologique (RNSA)

La deacutemarche de lrsquoONERC qui consiste en une mise agrave disposition du public sur le site Web du ministegravere des indicateurs du changement climatique et de ses impacts reste innovante au niveau international car peu de pays se sont inves-tis dans ce type de publication avec une actualisation suivie

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

185

Preacutesentation de lrsquoindicateur date des vendanges pour un panel de vignobles franccedilais sur le site du ministegravere

ANNEXES

Annexes

189

Annexe 1GLOSSAIRE SIGLES ET ACRONYMES

Accumulation morainique Amas de deacutebris rocheux entraicircneacutes ou deacuteposeacutes par un glacier

Barrage morainique Barrage creacuteeacute par une accumulation morainique

Deacutebris geacutelifracteacutes Deacutebris provoqueacutes par lrsquoeacuteclatement des roches soumis aux cycles de gel et deacutegel

Deacutepression Reacutegion de lrsquoatmosphegravere caracteacuteriseacutee par une pression atmospheacute-rique plus basse que celle des reacutegions adjacentes situeacutees agrave la mecircme altitude Les deacutepressions sont geacuteneacuteralement accompagneacutees de mau-vais temps vents forts et preacutecipitations

Eacutecoulement turbulent Eacutecoulement dans lequel la vitesse preacutesente en tout point un caractegravere tourbillonnaire

Eacutechelle synoptique Comprend les pheacutenomegravenes atmospheacuteriques dont lrsquoordre de grandeur est de quelques milliers de kilomegravetres pour les dimensions horizontales de quelques kilomegravetres pour la dimension verticale et de quelques jours pour la dureacutee

Eacutetiage Niveau annuel le plus bas atteint par un cours drsquoeau en un point donneacute

Fluage Deacuteformation lente drsquoun mateacuteriau qui se produit sous lrsquoeffet drsquoune contrainte constante agrave tempeacuterature constante

Forccedilage anthropique Variation du flux de rayonnement reacutesultant (diffeacuterence entre lrsquoeacuteclairement descendant et lrsquoeacuteclairement ascendant exprimeacutee en W mndash 2) provenant de lrsquoaction de lrsquohomme

GIEC Groupe drsquoexperts intergouvernemental sur lrsquoeacutevolution du climat

Indice de refroidissement eacuteolien Tempeacuterature ressentie calculeacutee en tenant compte de la tempeacuterature de lrsquoair et de la vitesse du vent agrave tempeacute-rature donneacutee la sensation de froid eacutetant plus vive en preacutesence de vent que par temps calme

Lithologie Nature des roches formant un objet ensemble ou couche geacuteologique

Nappes seacutedimentaires Aquifegraveres formeacutes dans des formations seacutedimentaires telles que les grands bassins

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

190

Niveau pieacutezomeacutetrique Niveau de lrsquoeau souterraine mesureacutee par forage en un point et agrave un instant donneacute

Peacuteriode de retour Temps statistique entre deux occurrences drsquoun eacuteveacutenement naturel drsquoune intensiteacute donneacutee Une crue dont la peacuteriode de retour est de dix ans a chaque anneacutee une chance sur dix de se produire

Plan Blanc Dispositif de crise qui permet agrave un eacutetablissement de santeacute de mobi-liser immeacutediatement les moyens de toute nature dont il dispose en cas drsquoafflux de patients ou pour faire face agrave une situation sanitaire exceptionnelle Il peut ecirctre deacuteclencheacute par le directeur ou le respon-sable de lrsquoeacutetablissement qui en informe sans deacutelai le repreacutesentant de lrsquoEacutetat dans le deacutepartement ou agrave la demande de ce dernier

Plan Bleu Plan drsquoorganisation permettant la mise en œuvre rapide et coheacuterente des moyens indispensables permettant de faire face efficacement agrave une crise quelle qursquoen soit sa nature eacutelaboreacute sous la responsabi-liteacute du directeur drsquoun eacutetablissement meacutedicosocial

PLC Pathologies en lien avec la chaleur (coup de chaleur deacuteshydratationhellip)

PPI Plan particulier drsquointervention preacutepareacute par le repreacutesentant de lrsquoEacutetat dans le deacutepartement apregraves avis des maires et de lrsquoexploitant concerneacutes deacutefinissant les mesures agrave prendre aux abords des installations ou ouvrages dont les caracteacuteristiques sont fixeacutees par deacutecret en Conseil drsquoEacutetat Ils deacutefinissent lrsquoorganisation des secours en cas drsquoaccidents susceptibles drsquoaffecter les populations etou lrsquoenvironnement dans une installation classeacutee (installation nucleacuteaire usine chimique stoc-kage souterrain de gazhellip)

PPMS Plan particulier de mise en sucircreteacute des eacutetablissements scolaires face agrave un risque majeur qursquoil soit drsquoorigine naturelle (tempecircte inondation submersion marine seacuteisme mouvement de terrainhellip) technologique (nuage toxique explosion radioactiviteacutehellip) ou agrave des situations drsquour-gence particuliegraveres (intrusion de personnes eacutetrangegraveres attentatshellip) susceptibles de causer de graves dommages aux personnes et aux biens qui doit permettre la mise en œuvre des mesures de sauve-garde des eacutelegraveves et des personnels en attendant lrsquoarriveacutee des secours ou le retour agrave une situation normale

Probabiliteacutes Les termes suivants ont eacuteteacute utiliseacutes pour indiquer la probabiliteacute eacutevalueacutee drsquoun reacutesultat quasiment certain probabiliteacute de 99-100 tregraves probable 90-100 probable 66-100 agrave peu pregraves aussi pro-bable qursquoimprobable 33-66 improbable 0-33 tregraves improbable 0-10 exceptionnellement improbable 0-1 Pour plus drsquoinforma-tion se rapporter au rapport du GIEC notamment le Rapport de syn-thegravese du cinquiegraveme cycle drsquoeacutevaluation

Proxy mesure indirecte et approximative en cas drsquoindisponibiliteacute de mesure directe

Annexes

191

Reacuteassurance Opeacuteration par laquelle un assureur fait garantir par un autre assu-reur (reacuteassureur) tout ou partie des risques qursquoil a lui-mecircme couverts

Reacutesilience Capaciteacute de reacutesistance drsquoun systegraveme socio-eacutecologique face agrave une perturbation ou un eacuteveacutenement dangereux permettant agrave celui-ci drsquoy reacutepondre ou de se reacuteorganiser de faccedilon agrave conserver sa fonction essentielle son identiteacute et sa structure tout en gardant ses facul-teacutes drsquoadaptation drsquoapprentissage et de transformation

Sinistraliteacute Quantiteacute de sinistres qursquoune compagnie drsquoassurances devra rembour-ser compareacutee aux primes encaisseacutees

Tassement diffeacuterentiel Mouvement non uniforme drsquoenfoncement du sol sous lrsquoac-tion drsquoune charge Il peut de ce fait provoquer des dislocations des maccedilonneries comme lrsquoapparition de fissures

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

192

Annexe 2INDICATEUR RISQUE CLIMATIQUE

Plaquette DICOM Indicateur exposition des populations

INDICATEURS du changement climatique

Cet indicateur rend compte de lrsquoexposition des popula-

tions aux risques climatiques en France meacutetropolitaine

et en outre-mer Il envisage deacutesormais 5 niveaux

drsquoexposition tregraves fort fort moyen faible tregraves faible

La vulneacuterabiliteacute des territoires exposeacutes est

susceptible de srsquoaccroicirctre avec le changement climatique dans la mesure

ougrave lrsquoon srsquoattend agrave ce que certains eacuteveacutenements et extrecircmes meacuteteacuteorolo-

giques deviennent plus freacutequents plus reacutepandus ou plus intenses

LA PAROLE Agrave Veacuteronique ANTONI

chargeacutee de mission sols et risques naturels

Le risque climatique reacutesulte de la combinaison drsquoun eacuteveacutenement naturel lieacute au climat (inonda-tion tempecircte feu de forecirct) et de la vulneacuterabiliteacute des enjeux en preacutesence (population industrie patrimoinehellip) En 2016 18 des communes sont consideacutereacutees agrave risque fort ou tregraves fort 11 agrave risque moyen et 52 agrave risque

faible ou tregraves faible Pour un cin-quiegraveme des communes aucun

Lrsquoanalyse des eacuteveacutenements natu-rels importants permet en outre drsquoapprocher lrsquoeacutevolution reacuteelle des risques climatiques durant ces trois derniegraveres deacutecennies En effet depuis 1982 lrsquoeacutetat de catastrophe naturelle des com-

munes toucheacutees est constateacute par arrecircteacute interministeacuteriel Le nombre global des arrecircteacutes pour les eacuteveacute-nements climatiques varie for-tement chaque anneacutee mais

se deacutegage raquo

wwwstatistiquesdeveloppement-durablegouvfr

Exposition des populations aux risques climatiquesC

hangement clim

atiq

ue

et santeacute

Annexes

193

Exposition des populations aux risques climatiques

0 50 100 km

N

BONNE

PRATIQ

UE

Retrouvez lensemble des informations sur les indicateurs wwwonercgouvfr

MINISTEgraveREDE LA TRANSITION

EacuteCOLOGIQUEET SOLIDAIRE

ONERCObservatoire national

sur les effets du reacutechauffement climatique

85 circuits de guet sont activeacutes en moyenne chaque

anneacutee en peacuteriode de risques tregraves seacutevegraveres Durant la saison des feux de forecirct les risques font lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation quotidienne permettant de

lisation et de positionnement des moyens Le guet aeacuterien armeacute reacutepond agrave deux objectifs deacutetection preacutecoce des incendies naissants (le pilote alerte tout de suite sa base) et premiegravere intervention (le pilote effectue un premier largage permettant

sinon drsquoeacuteteindre le feu naissant du moins de ralentir sa pro-gression) Le guet aeacuterien armeacute est assureacute soit par deux avions Tracker (capaciteacute drsquoembarque-ment de 33 tonnes chacun) soit par un Canadair (6 tonnes) soit par un Dash (10 tonnes) Sur les 800 incendies recenseacutes en moyenne chaque eacuteteacute dans le Sud de la France 200 sont atta-queacutes par des moyens aeacuteriens Au cours des 10 derniers eacuteteacutes en moyenne 1 100 heures de vol ont eacuteteacute consacreacutees agrave ces mis-sions de surveillance

FEUX DE FOREcircT

Guet aeacuterien armeacute

INDICATEURS du changement climatique

Cette carte illustre le niveau drsquoexposition de la population aux risques naturels qui est susceptible drsquoaugmenter avec le changement climatique Lrsquoexposition est drsquoautant plus eacuteleveacutee que la densiteacute de population et le nombre de ces risques naturels

de lrsquoeacutetat de catastrophe naturelle parues agrave ce jour Lrsquoampleur des risques encourus deacutepend plus que jamais des choix reacutealiseacutes en matiegravere de deacuteveloppement et drsquoameacutenagement du territoire

DIC

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62 de la population est

exposeacutee de maniegravere

forte ou tregraves forte aux

risques climatiques

LE C

HIF

FRE

Source MTES Gaspar 2017 - Insee RP 2014 (2017 pour Mayotte) copyIGN BD Cartoreg 2010 Traitements SDES 2018

Guadeloupe Martinique Guyane La reacuteunion Mayotte

20 km 20 km 20 km 10 km100 km

Indice dexposition

Tregraves fort

Fort

Moyen

Faible

Tregraves faible

Aucun risque deacuteclareacute

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

194

Annexe 3DE NOUVEAUX INDICATEURS DE CHANGEMENT

DES EXTREcircMES MEacuteTEacuteOROLOGIQUES EN FRANCE

Un des volets importants du projet Extremoscope (GICC et MTESDRISR) a concerneacute le deacuteveloppement de nouveaux indicateurs permettant de caracteacuteriser les eacuteveacutenements extrecircmes Ces indicateurs permettent ensuite de construire des seacuteries chronologiques des eacuteveacutenements et ainsi drsquoeacutetudier comment leur freacutequence ou leurs caracteacuteristiques ont eacutevolueacute au cours des derniegraveres deacutecennies Ils per-mettent aussi de se projeter dans le futur dans la mesure ougrave les modegraveles clima-tiques sont capables de les reproduire de faccedilon reacutealiste

Vagues de chaleur

Un premier indicateur original qui a eacuteteacute deacuteveloppeacute concerne la caracteacuterisation des vagues de chaleur qui au contraire des indices utiliseacutes jusqursquoici pour le suivi climatique agrave Meacuteteacuteo-France peut ecirctre appliqueacute agrave lrsquoeacutechelle de reacutegions franccedilaises et est transposable agrave nrsquoimporte quelle condition climatique Gracircce agrave ce nouvel indicateur il est possible drsquoillustrer agrave lrsquoeacutechelle de chaque deacutepartement franccedilais le nombre drsquoeacuteveacutenements qui se sont produits dans la peacuteriode 1959-2015 et leur intensiteacute maximale au moyen des donneacutees de la reacuteanalyse drsquoobservations SAFRAN de Meacuteteacuteo-France (fig 1) Les reacutesultats de simulations climatiques du

Figure 1 ndash Climatologie des caracteacuteristiques des vagues de chaleur en France sur la peacuteriode 1959-2015

Fondeacutee sur lrsquoindicateur thermique deacutepartemental SAFRAN

Nombre cumuleacute drsquoeacuteveacutenements (agrave gauche) intensiteacute maximale moyenne (agrave droite)

Source Soubeyroux et al 2016

Annexes

195

projet europeacuteen Euro-CORDEX ont par ailleurs permis de se projeter dans le futur et de confirmer que la canicule de lrsquoeacuteteacute 2003 pourrait selon certains sceacutenarios devenir un eacuteveacutenement courant largement deacutepasseacute en intensiteacute et dureacutee par les vagues de chaleur les plus intenses de la fin de ce siegravecle (Ouzeau et al 2016 Soubeyroux et al 2016)

Eacutevolution des pluies extrecircmes dans le sud-est meacutediterraneacuteen de la France

Intensiteacute

Deux seacuteries sont repreacutesenteacutees sur le graphique

Seacuterie 1 laquo histogramme en ocre et vert raquo Rapport entre lrsquointensiteacute du maximum annuel du cumul quotidien de preacutecipitations et la valeur de reacutefeacute-rence (moyenne 1961-1990)Les valeurs infeacuterieures agrave la valeur moyenne eacutetablie sur la peacuteriode 1961-1990 sont repreacutesenteacutees en ocre celles supeacuterieures en vert

Seacuterie 2 laquo courbe en trait plein bistre raquo Moyenne glissante sur 11 ans du paramegravetre repreacutesenteacute sous forme drsquohistogramme Par construction de la moyenne glissante qui est centreacutee sur lrsquoanneacutee concerneacutee il nrsquoy a pas de valeur pour les cinq premiegraveres anneacutees de la seacuterie ni pour les cinq derniegraveres

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

196

Freacutequence

Deacutefinitions

Cumul quotidien de preacutecipitations quantiteacute drsquoeau recueillie entre J 06h UTC et J + 1 agrave 06h UTC

Donneacutees et meacutethodes

Les meacutethodes de construction des indicateurs de pluies extrecircmes sont baseacutees sur les travaux de lrsquoarticle publieacute par Ribes et al en 2018 (2018) Les donneacutees prises en compte pour le calcul de cet indicateur sont issues drsquoune seacutelection de seacuteries quotidiennes du reacuteseau drsquoobservation meacuteteacuteorologique de Meacuteteacuteo-France sur le pourtour meacutediterraneacuteen (deacutepartements des reacutegions Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes Cocircte drsquoAzur agrave lrsquoexception de la Corse ainsi que les deacutepartements du Tarn de lrsquoAveyron de lrsquoArdegraveche et de la Drocircme)

Deux seacuteries de donneacutees sont repreacutesenteacutees sur le graphique

Seacuterie 1 laquo histogramme en vert fonceacute raquo

Nombre annuel de jours avec un cumul de preacutecipitations supeacuterieur agrave 200 mm en reacutegion meacutediterraneacuteenne sur le reacuteseau de stations seacutelectionneacutees

Seacuterie 2 laquo histogramme en vert clair raquo

Nombre annuel de jours avec un cumul de preacutecipitations supeacuterieur agrave 150 mm en reacutegion meacutediterraneacuteenne sur le reacuteseau de stations seacutelectionneacutees

Annexes

197

Seacuteries quotidiennes de reacutefeacuterence

Lrsquohomogeacuteneacuteisation est un traitement statistique qui consiste agrave deacutetecter et corri-ger les biais dans les seacuteries de mesures afin de produire des seacuteries de reacutefeacuterence adapteacutees agrave lrsquoanalyse des eacutevolutions climatiques Ce traitement srsquoapplique agrave des seacuteries de moyennes mensuelles Or lrsquoanalyse des extrecircmes meacuteteacuteorologiques se base sur des donneacutees quotidiennes On utilise alors les seacuteries quotidiennes de reacutefeacuterence Ces derniegraveres ne sont pas corrigeacutees mais ont eacuteteacute seacutelectionneacutees en raison de leur qualiteacute en utilisant notamment les reacutesultats de lrsquohomogeacuteneacuteisation

Intensiteacute

Lrsquoindicateur intensiteacute correspond agrave lrsquointensiteacute du maximum annuel du cumul quo-tidien de preacutecipitations Il est calculeacute agrave partir drsquoune soixantaine de seacuteries seacutelec-tionneacutees parmi les seacuteries quotidiennes de reacutefeacuterence disponibles sur le pourtour meacutediterraneacuteen

Les critegraveres de seacutelection concernent une contrainte de couverture temporelle (nombre limiteacute de donneacutees manquantes) une contrainte sur la moyenne du maximum annuel calculeacutee sur la peacuteriode de

reacutefeacuterence 1961-1990 qui doit ecirctre au moins eacutegale agrave 60 mmjour

Chaque seacuterie retenue est normaliseacutee par sa moyenne sur la peacuteriode 1961-1990 Les seacuteries normaliseacutees sont ensuite regroupeacutees par classe de proximiteacute eacutevalueacutee agrave partir drsquoune meacutethode deacutecrite dans Ribes et al 2018 Les moyennes des seacuteries normaliseacutees sont calculeacutees pour chacune des classes et chaque anneacutee puis les moyennes de chaque classe sont elles-mecircmes moyenneacutees pour former la seacuterie temporelle de lrsquoindicateur

Freacutequence

Lrsquoindicateur freacutequence correspond au nombre de journeacutees de pluie intense meacutedi-terraneacuteenne On comptabilise une journeacutee de pluie intense degraves que le cumul quo-tidien de preacutecipitation deacutepasse un seuil donneacute (150 ou 200 mm) pour au moins une seacuterie parmi toutes les seacuteries quotidiennes de reacutefeacuterence disponibles sur le pourtour meacutediterraneacuteen (de lrsquoordre de 90 seacuteries)

Reacutefeacuterences

Le site des pluies extrecircmes de Meacuteteacuteo-France httppluiesextremesmeteofr

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

198

Annexe 4CONTRIBUTEURS ET REMERCIEMENTS

Cet ouvrage a eacuteteacute reacutealiseacute sous la direction de Laurent Michel directeur de lrsquoOb-servatoire national des effets du reacutechauffement climatique et drsquoEacuteric Brun secreacute-taire geacuteneacuteral

Auteurs

Vincent Bourcier Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Marie Carrega Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Christophe Corona GEOLAB CNRS Clermont-Ferrand France

Anaiumls Degache-Masperi Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Jeacuterocircme Duvernoy Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Nicolas Eckert Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Pierre Etchevers Meacuteteacuteo-France

Thierry Faug Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoen-vironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Florence Habets universiteacute Pierre-et-Marie-Curie

Florie Giacona Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Vincent Jomelli Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagriculture

Karine Laaidi Santeacute publique France

Jeacuterocircme Lopez-Saez Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Samuel Morin Meacuteteacuteo-France ndash Centre national de la recherche meacuteteacuteorologique Grenoble

Mohamed Naaim Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Mathilde Pascal Santeacute Publique France

Annexes

199

Serge Planton Meacuteteacuteo-France Institut Pierre-Simon-Laplace

Jean-Michel Soubeyroux Meacuteteacuteo-France

Laure Tourjansky MTES Direction geacuteneacuterale de la preacutevention des risques

Jean-Paul Vanderlinden universiteacute Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines

Robert Vautard Institut Pierre-Simon-Laplace

Sarah Voirin Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Emmanuel Vullierme MTES Direction geacuteneacuterale de la preacutevention des risques

Personnes ayant contribueacute agrave la relecture

Vincent Bourcier Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Eacuteric Brun Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Romain Cailleton Direction geacuteneacuterale de lrsquoeacutenergie et du climat

Marie Carrega Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Olivier David Direction geacuteneacuterale de lrsquoeacutenergie et du climat

Jeacuterocircme Duvernoy Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Freacutedeacuteric Schafferer Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Laure Tourjanski MTES Direction geacuteneacuterale de la preacutevention des risques

Sarah Voirin Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

  • Sommaire
  • Mot du preacutesident Ronan Dantec
  • Reacutesumeacute
  • Chapitre A ndash Introduction
  • Chapitre A ndash Introduction
    • Contexte
      • Chapitre A ndash Introduction
        • Eacuteveacutenements extrecircmes deacutefinitions
          • Chapitre A ndash Introduction
            • Risques lieacutes aux eacuteveacutenements extrecircmes deacutefinitions
              • Chapitre A ndash Introduction
                • Les extrecircmes meacuteteacuteorologiques du point de vue des sciences sociales
                  • Chapitre B ndash Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel
                  • Chapitre B ndash Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel
                    • Eacuteveacutenements extrecircmes deacutejagrave observeacutes coucircts humains et financiers
                      • Chapitre B ndash Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel
                        • Lien entre les changements deacutejagrave observeacutes et les activiteacutes humaines
                          • Chapitre C ndash Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene
                          • Chapitre C ndash Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene
                            • Quel sera lrsquoimpact futur du changement climatique sur les risques naturels majeurs
                              • Chapitre C ndash Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene
                                • Conclusions
                                  • Chapitre D ndash Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes
                                  • Chapitre D ndash Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes
                                    • La preacutevention et la gestion des risques un eacuteleacutement majeur de lrsquoadaptation au changement climatique
                                      • Chapitre D ndash Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes
                                        • La preacutevention des risques naturels majeurs un enjeu qui requiert la mobilisation de tous
                                          • Chapitre D ndash Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes
                                            • La preacutevention des risques une politique structureacutee et de long terme qui articule des actions compleacutementaires
                                              • Chapitre D ndash Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes
                                                • Reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute et de lrsquoexposition aux risques exemples de mise en oeuvre
                                                  • Conclusion
                                                  • Bibliographie
                                                  • Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire
                                                  • Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire
                                                    • Action internationale
                                                      • Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire
                                                        • Politique drsquoadaptation au changement climatique
                                                          • Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire
                                                            • Information formation et communication
                                                              • ANNEXES
                                                              • ANNEXES
                                                                • Annexe 1 ndash Glossaire sigles et acronymes
                                                                  • ANNEXES
                                                                    • Annexe 2 ndash Indicateur risque climatique
                                                                      • ANNEXES
                                                                        • Annexe 3 ndash De nouveaux indicateurs de changement des extrecircmes meacuteteacuteorologiques en France
                                                                          • ANNEXES
                                                                            • Annexe 4 ndash Contributeurs et remerciements
Page 2: Les événements météorologiques extrêmes

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

O B S E R V AT O I R E N AT I O N A L S U R L E S E F F E T S D U R Eacute C H A U F F E M E N T C L I M AT I Q U E

La documentation Franccedilaise

Rapport au Premier ministreet au Parlement

Publications de lrsquoONERC agrave la Documentation franccedilaise

Un climat agrave la deacuterive comment srsquoadapter Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2005

Strateacutegie nationale drsquoadaptation au changement climatique La Documentation franccedilaise Paris 2007

Changements climatiques et risques sanitaires en France Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2007

Changement climatique Coucircts des impacts et pistes drsquoadaptation Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2009

Villes et adaptation au changement climatique Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2010

Lrsquoadaptation de la France au changement climatique Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2012

Les outre-mer face au deacutefi du changement climatique Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2013

Lrsquoarbre et la forecirct agrave lrsquoeacutepreuve drsquoun climat qui change Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2014

Le littoral dans le contexte du changement climatique Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2015

Adaptation au changement climatique eacutevaluation de la deacutemarche nationale et recommandations Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2016

Vers un 2e plan drsquoadaptation au changement climatique pour la France Enjeux et recommandations Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2017

En application de la loi du 11 mars 1957 (art 41) et du Code de la proprieacuteteacute intellectuelle du 1er juillet 1992 compleacuteteacutes par la loi du 3 janvier 1995 toute reproduction partielle ou totale agrave usage collectif de la preacutesente publication est strictement interdite sans autorisation expresse de lrsquoeacutediteur Il est rappeleacute agrave cet eacutegard que lrsquousage abusif et collectif de la photocopie met en danger lrsquoeacutequilibre eacuteconomique des circuits du livre

copy Direction de lrsquoinformation leacutegale et administrative Paris 2018 ISBN 978-2-11-145703-4

3

Sommaire

MOT DU PREacuteSIDENT RONAN DANTEC 5

REacuteSUMEacute 7

Chapitre A

Introduction 11

Contexte 13

Eacuteveacutenements extrecircmes deacutefinitions 14

Risques lieacutes aux eacuteveacutenements extrecircmes deacutefinitions 21

Les extrecircmes meacuteteacuteorologiques du point de vue des sciences sociales 24

Chapitre B

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel 27

Eacuteveacutenements extrecircmes deacutejagrave observeacutes coucircts humains et financiers 29

Lien entre les changements deacutejagrave observeacutes et les activiteacutes humaines 54

Chapitre C

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene 61

Quel sera lrsquoimpact futur du changement climatique sur les risques naturels majeurs 63

Conclusions 87

Chapitre D

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes 89

La preacutevention et la gestion des risques un eacuteleacutement majeur de lrsquoadaptation au changement climatique 91

La preacutevention des risques naturels majeurs un enjeu qui requiert la mobilisation de tous 94

La preacutevention des risques une politique structureacutee et de long terme qui articule des actions compleacutementaires 100

Reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute et de lrsquoexposition aux risques exemples de mise en œuvre 139

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

4

Conclusion 153

Bibliographie 159

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire 169

Action internationale 171

Politique drsquoadaptation au changement climatique 177

Information formation et communication 178

ANNEXES 187

Annexe 1Glossaire sigles et acronymes 189

Annexe 2Indicateur risque climatique 192

Annexe 3De nouveaux indicateurs de changement des extrecircmes meacuteteacuteorologiques en France 194

Annexe 4Contributeurs et remerciements 198

5

Mot du preacutesident Ronan Dantec

Il y a un an le cyclone Irma deacutevastait plusieurs icircles des Antilles Plus important cyclone depuis Allen en 1980 nous en connaissons les conseacutequences tragiques des morts dans une dizaine de pays des deacutegacircts estimeacutes entre 50 et 100 milliards de dollars

Les scientifiques nous disent aujourdrsquohui que la puissance de ces laquo super-cyclones raquo plus que leur nombre peut ecirctre correacuteleacutee avec le reacutechauffement climatique en cours les tempeacuteratures de lrsquoeau et de lrsquoair Il est donc probable que ces pheacutenomegravenes extrecircmes se reproduisent nous devons nous y preacuteparer

Les difficulteacutes rencontreacutees dans la reconstruction de Saint-Martin ougrave 90 des espaces de vie ont eacuteteacute deacutetruits ou gravement endommageacutes doivent nous interpel-ler et nous amener agrave deacutefinir des orientations majeures dans les choix de recons-truction des bacirctiments la conception des reacuteseaux les systegravemes drsquoassurance incluant le suivi administratif des droits de proprieacuteteacute Crsquoest un lieu commun de souligner que territoires riches et pauvres nrsquoont pas les mecircmes capaciteacutes de reacutesilience de mobilisation des fonds neacutecessaires agrave leur reconstruction Les dif-feacuterences dans la rapiditeacute de reconstruction des diffeacuterentes icircles antillaises disent mieux qursquoun long discours cette reacutealiteacute que nous ne devons pas occulter

Les cyclones antillais ne sont pas la seule conseacutequence extrecircme du changement climatique que nous vivons ces derniers mois canicules incendies meurtriers et deacutevastateurs en Gregravece en Californie et mecircme en Scandinavie seacutecheresseshellip le monde se confronte chaque jour davantage aux conseacutequences du deacuteregraveglement La mission de lrsquoONERC devient ainsi chaque jour plus strateacutegique ses conclu-sions et propositions seront de plus en plus attendues

Ce travail speacutecifique sur les eacuteveacutenements climatiques extrecircmes le premier dont se saisit la commission speacutecialiseacutee mise en place au sein du Conseil national de la transition Eacutecologique est aussi lrsquooccasion de preacuteciser la maniegravere dont nous allons travailler dans la dureacutee agrave partir des thegravemes que nous choisissons collec-tivement Les grands principes qui nous guideront et dont je suis garant en tant que preacutesident de cette commission speacutecialiseacutee doivent ecirctre la colleacutegialiteacute en eacutetant attentif au dialogue et agrave lrsquoeacutecoute entre tous les acteurs lrsquoanalyse sans tabou des reacuteponses apporteacutees parfois dans lrsquourgence aux situations rencontreacutees lrsquoab-sence drsquoautocensure mais en cherchant le consensus dans la deacutefinition de pro-positions agrave la hauteur des enjeux Sans ces exigences nos travaux seront vains

copy Gaeumll Arnaud

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

6

Articuleacute au deuxiegraveme Plan national drsquoadaptation au changement climatique qui est notre feuille de route pour les prochaines anneacutees le travail de notre com-mission doit permettre drsquoenrichir et de guider lrsquoaction publique de mieux lrsquoarticu-ler avec les dynamiques de terrain des acteurs eacuteconomiques des associations des chercheurs et des eacutelus locaux Crsquoest un programme ambitieux mais face agrave la rapiditeacute du deacuteregraveglement climatique nous ne pouvons nous soustraire agrave notre responsabiliteacute collective

7

Reacutesumeacute

Notre planegravete est le theacuteacirctre de nombreuses menaces naturelles tempecirctes cyclones inondations mouvements de terrain seacutecheresses Les conseacutequences des catastrophes naturelles sont souvent dramatiques tant du point de vue du bilan humain qursquoen termes de dommages eacuteconomiques La France a eacuteteacute particu-liegraverement eacuteprouveacutee par la canicule de lrsquoeacuteteacute 2003 qui a provoqueacute un excegraves de pregraves de 15 000 deacutecegraves Quant au bilan financier les rapports reacutecents des caisses de reacuteassurance montrent que les coucircts mondiaux des deacutesastres meacuteteacuteorologiques ont atteint un record en 2017 avec plus de 400 milliards de dollars pour ceux ayant pu ecirctre estimeacutes

On parle drsquoeacuteveacutenements extrecircmes ou drsquoextrecircmes climatiques pour deacutesigner agrave la fois les pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques et les pheacutenomegravenes climatiques Le GIEC deacutefinit dans son cinquiegraveme rapport de synthegravese les pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques extrecircmes comme des pheacutenomegravenes rares se produisant en un endroit donneacute et agrave un moment particulier de lrsquoanneacutee Lorsque des conditions climatiques extrecircmes se prolongent on parle de pheacutenomegravene climatique extrecircme

Le preacutesent rapport deacutecrit lrsquoeacutetat de lrsquoart dans le domaine des eacuteveacutenements extrecircmes leur observation leur eacutevolution dans un climat changeant la politique de preacuteven-tion des risques naturels dont les systegravemes de preacutevision et drsquoalerte les crises et leur gestion la reacutesilience et les pistes drsquoadaptation

Les vagues de chaleur font partie des extrecircmes climatiques les plus preacuteoccu-pants au regard de la vulneacuterabiliteacute de nos socieacuteteacutes et de lrsquoeacutevolution attendue au XXIe siegravecle Lrsquoaugmentation de la freacutequence et de lrsquointensiteacute des vagues de chaleur en France est sans eacutequivoque les vagues de chaleur recenseacutees depuis 1947 agrave lrsquoeacutechelle nationale ont eacuteteacute deux fois plus nombreuses au cours des trente-quatre derniegraveres anneacutees que sur la peacuteriode anteacuterieure

On observe eacutegalement en France une augmentation en freacutequence et en intensiteacute des seacutecheresses Lrsquoextension moyenne des seacutecheresses des sols est tregraves nette depuis les anneacutees 1990 Depuis le deacutebut du XXIe siegravecle douze anneacutees sur dix-sept ont deacutepasseacute la moyenne des surfaces toucheacutees sur la peacuteriode 1961-1990 et les anneacutees 2003 2005 2011 et aussi 2017 ont occasionneacute des seacutecheresses de grande ampleur

Pour ce qui concerne lrsquoeacutevolution du risque de feux de forecircts et de broussailles on constate deacutejagrave une hausse marqueacutee de lrsquoIndice feu meacuteteacuteo (IFM) moyen de 18 sur la peacuteriode 1958-2008 sur lrsquoensemble du territoire franccedilais indiquant des condi-tions meacuteteacuteorologiques de plus en plus propices aux incendies

Les mouvements de sol induits par le retrait-gonflement des argiles constituent eacutegalement un risque majeur en raison de lrsquoampleur des deacutegacircts mateacuteriels qursquoils provoquent notamment parce qursquoils touchent la structure mecircme des bacirctiments

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

8

Et ce pheacutenomegravene de retrait-gonflement des argiles srsquoamplifie avec le changement climatique au point drsquoavoir engendreacute 86 milliards drsquoeuros drsquoindemnisation pour des centaines de milliers de maisons en France pour la peacuteriode 1990-2013 En ce qui concerne lrsquoeacutevolution de lrsquointensiteacute et de la freacutequence des pluies intenses lrsquoamplitude des pluies journaliegraveres les plus fortes sur le pourtour meacutediterraneacuteen a augmenteacute de 20 environ entre 1960 et aujourdrsquohui En automne sur les Ceacutevennes la probabiliteacute de deacutepasser aujourdrsquohui des seuils eacuteleveacutes (300 mmjour) comme ceux observeacutes en 2014 a environ tripleacute en soixante-cinq ans En termes de freacutequence le nombre drsquoeacuteveacutenements geacuteneacuterant des cumuls de pluie supeacuterieurs agrave 200 mm est eacutegalement en hausse significative du point de vue sta-tistique depuis 2000

Parmi les eacuteveacutenements extrecircmes les plus meacutediatiseacutes aujourdrsquohui on observe eacutegale-ment une augmentation de lrsquoactiviteacute des cyclones tropicaux dans lrsquoAtlantique nord depuis les anneacutees 1970 et une forte augmentation de leur freacutequence dans les anneacutees 2000 En 2005 on a ainsi releveacute vingt-sept systegravemes cycloniques contre une dizaine par an en moyenne De mecircme la saison 2017 srsquoest distingueacutee avec le nombre record drsquoouragans majeurs (six eacuteveacutenements de cateacutegorie supeacuterieure agrave 3 dont trois ouragans de cateacutegorie 5 Irma Joseacute et Maria)

Agrave plus haute altitude crsquoest lrsquoactiviteacute avalancheuse qui a augmenteacute en particulier dans les massifs du sud des Alpes franccedilaises

Pris de maniegravere indeacutependante aucun eacuteveacutenement climatique ne peut ecirctre attribueacute en tant que tel au changement climatique Toutefois les travaux de recherche eacuteta-blissent que le changement climatique vient modifier la probabiliteacute drsquooccurrence de certains aleacuteas Cela concerne les vagues de chaleur certains types de seacuteche-resses les preacutecipitations intenses dans certaines reacutegions les cyclones les plus intenses et la hausse du niveau des mers

En meacutetropole on peut ainsi anticiper que degraves la peacuteriode 2021-2050 les vagues de chaleur estivales deviendront plus freacutequentes plus longues et plus intenses avec des eacutevolutions plus marqueacutees encore pour le quart Sud-Est de la France Drsquoici la fin du siegravecle pour le sceacutenario tendanciel un eacutepisode tel que celui de lrsquoeacuteteacute 2003 deviendrait courant voire serait reacuteguliegraverement deacutepasseacute tant en intensiteacute qursquoen dureacutee Agrave lrsquoinverse les vagues de froid seront moins freacutequentes moins longues et moins intenses mais ne disparaicirctront pas complegravetement

Le risque de seacutecheresse devrait srsquoaggraver avec une aggravation plus rapide et plus intense des seacutecheresses lieacutees au deacuteficit de preacutecipitation et agrave lrsquoaugmenta-tion de lrsquoeacutevapotranspiration des sols La France risque donc de connaicirctre drsquoici 2100 des seacutecheresses agricoles quasi continues et de grande intensiteacute totale-ment inconnues dans le climat actuel

Les eacutevolutions attendues pour les pluies extrecircmes sont variables geacuteographique-ment cependant une tendance geacuteneacuterale se dessine avec une augmentation de la quantiteacute de pluie tombant au cours des eacutepisodes les plus extrecircmes ndash comme les pheacutenomegravenes dits laquo ceacutevenols raquo (voir annexe 3) ndash principalement en hiver avec

Reacutesumeacute

9

de plus une extension des zones impacteacutees au-delagrave des reacutegions habituellement toucheacutees notamment vers le Sud-Est ou les Pyreacuteneacutees

Les territoires exposeacutes aux risques drsquoincendies de forecircts devraient ecirctre plus eacutetendus couvrant une part importante de la forecirct des Landes agrave lrsquohorizon 2040 et les forecircts de Sologne agrave lrsquohorizon 2060

Le reacutechauffement des oceacuteans accompagneacute de la fonte des glaciers engendre une hausse du niveau marin de plusieurs millimegravetres par an en acceacuteleacuteration sur les derniegraveres deacutecennies Drsquoici 2100 la hausse devrait ecirctre de plusieurs dizaines de centimegravetres voire un megravetre de maniegravere non uniforme selon les cocirctes Cela est de nature agrave accroicirctre le risque de submersion marine mais aussi selon les cocirctes les effets drsquoeacuterosion littorale

Dans les Alpes franccedilaises drsquoici la fin du siegravecle le nombre drsquoavalanches devrait diminuer tandis que les deacuteclenchements de laves torrentielles devraient augmen-ter significativement

Les eacutetudes actuelles ne permettent pas de mettre en eacutevidence une tendance future notable sur lrsquoeacutevolution du risque de vent violent lieacute aux tempecirctes En outre-mer les simulations du climat pour le XXIe siegravecle indiquent que les cyclones ne devraient pas ecirctre plus nombreux mais plus intenses

LrsquoOrganisation meacuteteacuteorologique mondiale rappelle que les pheacutenomegravenes lieacutes au temps au climat et agrave lrsquoeau sont agrave lrsquoorigine de 90 des catastrophes naturelles Qursquoils soient drsquoorigine climatique ou non la reacuteponse aux eacuteveacutenements extrecircmes mise en place par la politique de preacutevention des risques naturels majeurs vise agrave preacutevenir les atteintes agrave la vie humaine reacuteduire les conseacutequences preacutevisibles et les dommages potentiels des eacuteveacutenements agrave geacuterer les crises et les catastrophes quand elles surviennent anticiper les situations post-crise et reacuteparer les dommages

En France cette politique srsquoappuie sur un socle comprenant le dispositif laquo reacutegime CatNat raquo instaureacute en 1982 qui repose sur un meacutecanisme public-priveacute de solidariteacute nationale couvrant tous les particuliers disposant drsquoun contrat drsquoassurance laquo dom-mages raquo pour lrsquoindemnisation et le Fonds de Preacutevention des Risques Naturels Majeurs (FPRNM dit laquo Fonds Barnier raquo) creacuteeacute en 1995 pour la soutien agrave la preacuteven-tion La preacutevention des risques repose historiquement sur la mobilisation drsquooutils de maicirctrise de lrsquourbanisme dans les zones agrave risques et de reacuteduction de la vulneacutera-biliteacute du bacircti existant tel que le plan de preacutevention des risques naturels (PPRN) Elle srsquoinscrit de plus en plus dans une approche complegravete de tous les axes de la preacutevention en particulier dans les programmes drsquoaction de preacutevention du risque drsquoinondation (PAPI) porteacutes par les collectiviteacutes locales

La preacutevention des risques naturels majeurs doit se faire sur des territoires perti-nents Dans le cas des inondations elle se fait ainsi agrave des eacutechelles emboicircteacutees agrave la fois agrave lrsquoeacutechelle du bassin hydrographique du bassin versant et du territoire agrave risque important drsquoinondation dans des deacutemarches drsquoameacutenagement durable des territoires

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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La preacutevention des risques naturels articule sept axes drsquoaction qui sont chacun indispensables et doivent ecirctre mis en œuvre de maniegravere compleacutementaire connais-sance surveillance information maicirctrise de lrsquourbanisme reacuteduction de la vulneacute-rabiliteacute gestion de crise retour drsquoexpeacuterience Dans le cadre de lrsquoeacutelaboration du deuxiegraveme plan national drsquoadaptation au changement climatique (PNACC-2) les dis-cussions relatives agrave la preacutevention des risques naturels et agrave la reacutesilience des ter-ritoires ont conforteacute la politique mise en œuvre la prioriteacute est sa mise en œuvre efficace par tous les acteurs Ainsi est ressortie la neacutecessiteacute drsquoun portage local de cette politique qui dans la dureacutee devrait ecirctre de moins en moins jacobine et eacutemaner de plus en plus des territoires le besoin plus important que jamais drsquoune mise agrave jour des connaissances et drsquoun approfondissement de la connaissance des aleacuteas les plus impacteacutes par le changement climatique la mise en place drsquoou-tils nouveaux non plus pour reacuteduire la vulneacuterabiliteacute des territoires mais pour per-mettre leur transformation et ainsi leur adaptation aux eacuteveacutenements climatiques actuels et futurs Les actions preacutevues dans le PNACC-2 complegravetent ainsi la preacute-vention des risques naturels par le mise en exergue drsquooutils tregraves transversaux comme le deacuteveloppement drsquoun service drsquoattribution des eacuteveacutenements extrecircmes lrsquoadaptation de la gestion forestiegravere agrave lrsquoaccroissement preacutevisible des risques drsquoin-cendies en termes de freacutequence drsquooccurrences et de surfaces concerneacutees la limi-tation de la consommation drsquoespaces naturels agricoles et forestiers la meilleure infiltration des preacutecipitations dans le sol la meilleure reacutesilience des bacirctiments la transformation des territoires les plus exposeacutes aux effets du changement cli-matiquehellip Ils permettront de minimiser les impacts attendus du changement cli-matique en renforcement des politiques deacutejagrave en place de gestion des risques naturels majeurs et des risques sanitaires

Des exemples de mise en œuvre locale drsquoactions visant agrave reacuteduire les risques naturels sont preacutesenteacutes

Lrsquoameacutelioration continue des connaissances permettra de preacuteciser les impacts futurs du changement climatique Les incertitudes ineacutevitables ne doivent pas empecirccher une action indispensable pour se preacuteparer degraves agrave preacutesent agrave une tem-peacuterature moyenne mondiale supeacuterieure de 2 degC agrave celle de lrsquoegravere preacuteindustrielle Lrsquoeffort meneacute pour lrsquoatteacutenuation nrsquoenlegraveve aucune pertinence aux actions drsquoadap-tation au changement climatique qui sont clairement compleacutementaires Le chan-gement climatique donne une nouvelle actualiteacute agrave la preacutevention des risques naturels et fait ressortir la neacutecessiteacute de la mobiliser au mieux La limitation de lrsquoexposition drsquoenjeux (habitations entreprises hellip) existants ou nouveaux doit plus que jamais ecirctre une prioriteacute dans le contexte drsquoaleacuteas croissants et se faire dans une deacutemarche drsquoameacutenagement durable des territoires en articulation eacutetroite avec drsquoautres politiques comme celle de la gestion de lrsquoeau de preacuteservation de la nature ou de la construction

Chapitre AIntroduction

copy Cerema

Introduction

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Contexte

Auteur Jeacuterocircme Duvernoy

MTES DGECSCEEONERC

Notre planegravete est le theacuteacirctre de nombreuses menaces naturelles tempecirctes cyclones inondations mouvements de terrain seacutecheresses Les conseacutequences des catastrophes naturelles sont souvent dramatiques tant du point de vue du bilan humain qursquoen termes de dommages eacuteconomiques 1 LrsquoOrganisation meacuteteacuteo-rologique mondiale rappelle que les pheacutenomegravenes lieacutes au temps au climat et agrave lrsquoeau sont agrave lrsquoorigine de 90 des catastrophes naturelles Les rapports reacutecents des reacuteassureurs le deacutemontrent avec des chiffres saisissants en 2017 les coucircts mondiaux des deacutesastres meacuteteacuteorologiques ont atteint un record avec plus de 400 milliards de dollars pour ceux ayant pu ecirctre estimeacutes 2 Pour certains aleacuteas le contexte de changement climatique pourrait se traduire par une recrudescence des eacuteveacutenements extrecircmes ou des impacts accrus en termes de risques pour les populations et les activiteacutes eacuteconomiques exposeacutees de santeacute et de fragilisation des eacutecosystegravemes Cela concernerait les vagues de chaleur certains types de seacutecheresses les preacutecipitations intenses dans certaines reacutegions les aleacuteas gravi-taires qui leur sont souvent associeacutees en zone de relief (glissements de terrain laves torrentielles avalanches etc) les cyclones les plus intenses et la hausse du niveau des mers Le degreacute de certitude de ces tendances (voire de leur exis-tence ou de leur sens drsquoeacutevolution) deacutepend toutefois du type drsquoeacuteveacutenement et de la zone consideacutereacutes

On distingue les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes et les eacuteveacutenements clima-tiques extrecircmes qui ne se situent pas sur la mecircme freacutequence temporelle Ainsi les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes sont typiquement associeacutes agrave des pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques eacutevoluant dans une eacutechelle de temps infeacuterieure agrave une journeacutee ou au maximum de quelques jours tandis que les eacuteveacutenements cli-matiques extrecircmes surviennent sur une peacuteriode plus longue Ils peuvent reacutesul-ter de lrsquoaccumulation de plusieurs eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques (extrecircmes ou non) Par exemple lrsquoaccumulation de jours faiblement pluvieux tout au long de la saison peut conduire agrave une saison nettement en dessous de la moyenne voire agrave une seacutecheresse

Dans un souci de simplification et selon la terminologie usuellement utiliseacutee ce rapport emploiera le terme drsquo laquo extrecircme climatique raquo pour deacutesigner soit un pheacuteno-megravene meacuteteacuteorologique extrecircme soit un eacuteveacutenement climatique extrecircme Bien qursquoils srsquoagissent drsquoeacuteveacutenements naturels les seacuteismes et les eacuteruptions volcaniques sont exclus de cette eacutetude car sans lien avec le changement climatique

1 Livre blanc Feacutedeacuteration franccedilaise de lrsquoassurance (FFA) 2015

2 NOAA Ball State University Center for Business and Economic Research Reuters CoreLogic

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Par deacutefinition 3 les eacuteveacutenements climatiques sont qualifieacutes drsquoextrecircmes lorsqursquoune variable meacuteteacuteorologique ou climatique prend une valeur situeacutee au-dessus (ou au-dessous) drsquoun seuil proche de la limite supeacuterieure (ou infeacuterieure) de la plage des valeurs observeacutees pour cette variable Le cinquiegraveme rapport de synthegravese du GIEC (AR5) 4 nous rappelle qursquoil srsquoagit drsquoun pheacutenomegravene rare en un endroit et agrave un moment de lrsquoanneacutee Mecircme si les deacutefinitions du mot rare varient un pheacutenomegravene meacuteteacuteoro-logique extrecircme devrait normalement se produire rarement les seuils eacutetant fixeacutes de telle maniegravere que moins de 10 des pheacutenomegravenes observeacutes soient qualifieacutes drsquoextrecircmes Ces seuils sont eacutegalement deacutefinis en fonction du besoin projections statistiques assurance social eacuteconomiquehellip Dans lrsquoabsolu les caracteacuteristiques de conditions meacuteteacuteorologiques qualifieacutees drsquoextrecircmes peuvent varier drsquoun lieu agrave un autre Selon le type drsquoeacuteveacutenement le changement climatique pourrait avoir un impact sur la freacutequence (rareteacute) ou sur lrsquointensiteacute des eacuteveacutenements extrecircmes

Ce rapport est composeacute de plusieurs chapitres Lrsquointroduction rappelle le contexte et les deacutefinitions mais donne eacutegalement un point de vue plus social Le chapitre B est consacreacute aux eacuteveacutenements extrecircmes passeacutes Le chapitre suivant srsquointerroge sur les eacutevolutions possibles de ces diffeacuterents eacuteveacutenements dans un contexte de changement climatique Une seacutelection drsquoeacuteveacutenements reacutecents est eacutetudieacutee en deacutetail Les derniers chapitres sont consacreacutes agrave la politique franccedilaise drsquoadapta-tion au changement climatique et de gestion des risques naturels majeurs aux exemples drsquoadaptation possibles et agrave la conclusion Les eacuteveacutenements extrecircmes sont passeacutes en revue en commenccedilant par les eacuteveacutenements climatiques et leurs impacts puis les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques Les effets de cascade ou effet domino drsquoun eacuteveacutenement deacuteclencheur drsquoun autre eacuteveacutenement majeur ne sont pas eacutetudieacutes dans ce rapport

Eacuteveacutenements extrecircmes deacutefinitions

Auteur Jeacuterocircme Duvernoy

MTES DGECSCEEONERC

Vagues de chaleur canicules vagues de froid de quoi parle-t-on LrsquoOMM deacutefinit les vagues de chaleur comme un temps inhabituellement chaud et sec ou chaud et humide qui dure au moins deux agrave trois jours et qui produit le plus souvent un impact sensible sur la santeacute humaine et les systegravemes naturels Dans le volume 4 du rapport Le climat de la France au 21e siegravecle (Ouzezau et al 2014) les vagues de chaleur eacutetaient deacutefinies comme des peacuteriodes de cinq jours conseacutecutifs avec une tempeacuterature maximale supeacuterieure de 5 degreacutes agrave la normale 1976-2005 Une meacutethode de deacutetection a posteriori des vagues de chaleur a eacuteteacute mise au point dans

3 Managing the Risks of Extreme Events and Disasters to Advance Climate Change Adaptation httpswwwipccchreportsrex

4 httpswwwipccchreportar5syr

Introduction

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le cadre du projet Extremoscope pour ecirctre applicable agrave toutes les eacutechelles spa-tiales et tous les horizons temporels (Soubeyroux et al 2016)

Les deacutefinitions issues du Plan national canicule 5 font office de reacutefeacuterence pour le deacuteclenchement des alertes La canicule y est deacutefinie comme une peacuteriode ougrave les moyennes glissantes sur trois jours des tempeacuteratures minimales et maximales atteignent des seuils drsquoalerte deacutepartementaux ces seuils pouvant ecirctre moduleacutes par des facteurs aggravants de la chaleur (humiditeacute preacutecociteacute pollution de lrsquoair fac-teurs populationnels de type grands rassemblementshellip) en lien avec les Agences reacutegionales de santeacute (ARS) La canicule est donc caracteacuteriseacutee par des peacuteriodes de tempeacuteratures eacuteleveacutees de jour comme de nuit Ces peacuteriodes sont susceptibles de constituer un risque pour lrsquoensemble de la population exposeacutee

On parle drsquoeacutepisode persistant de chaleur lorsque les tempeacuteratures sont eacuteleveacutees et perdurent dans le temps (plus de trois jours) proche ou en dessous des seuils drsquoalerte deacutepartementaux et de pic de chaleur pour lrsquoatteinte de tempeacuteratures maximales pouvant atteindre des records mais sur une dureacutee tregraves courte (un agrave deux jours)

Une vague de froid est un eacutepisode de temps froid caracteacuteriseacute par sa persistance son intensiteacute et son eacutetendue geacuteographique pendant au moins deux jours les tempeacuteratures atteignent des valeurs nettement infeacuterieures (de 5 degC) agrave une valeur de reacutefeacuterence de la reacutegion concerneacutee En France la vigilance meacuteteacuteorologique utilise comme indicateur lrsquoindice de refroidissement eacuteolien prenant en compte lrsquoeffet de la tempeacuterature et du vent et un seuil unique pour toute la France

Il faut distinguer plusieurs types de seacutecheresses (Wilhite et Glantz 1985) La seacutecheresse meacuteteacuteorologique correspond agrave un deacuteficit prolongeacute de preacutecipitations La seacutecheresse agricole se caracteacuterise par un deacuteficit en eau des sols superfi-

ciels (entre 1 et 2 m de profondeur) suffisant pour alteacuterer le bon deacuteveloppement de la veacutegeacutetation Elle deacutepend des preacutecipitations et tient compte de lrsquoeacutevapora-tion des sols et de la transpiration des plantes (lrsquoeau puiseacutee par les racines est eacutevaporeacutee au niveau des feuilles) La seacutecheresse agricole est donc sensible aux preacutecipitations agrave lrsquohumiditeacute et agrave la tempeacuterature de lrsquoair au vent mais aussi agrave la nature des plantes et des sols

La seacutecheresse hydrologique se manifeste lorsque les lacs riviegraveres ou nappes souterraines montrent des niveaux anormalement bas Elle deacutepend des preacutecipi-tations mais aussi de lrsquoeacutetat du sol influant sur le ruissellement et lrsquoinfiltration Le reacuteseau hydrographique deacutetermine les temps de reacuteponse aux deacuteficits de preacute-cipitations observeacutes sur diffeacuterentes peacuteriodes

La seacutecheresse geacuteotechnique est une peacuteriode de longueur variable caracteacute-riseacutee par un deacuteficit pluviomeacutetrique plus ou moins marqueacute et se traduisant par une diminution de la teneur en eau de lrsquohorizon du sous-sol

5 httpssolidarites-santegouvfractualitespressecommuniques-de-pressearticleplan-national-canicule

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Lrsquoincendie de forecirct ou feux de forecirct est laquo une combustion qui se deacuteveloppe sans controcircle dans le temps et dans lrsquoespace raquo En plus des forecircts au sens strict les incendies concernent des formations subforestiegraveres de petite taille par exemple le maquis la garrigue et les landes drsquoau moins un hectare

En France meacutetropolitaine trente-deux deacutepartements sont aujourdrsquohui identifieacutes par le Code forestier comme particuliegraverement exposeacutes au risque de feux de forecirct La reacutegion meacutediterraneacuteenne (avec 4 millions drsquohectares de maquis) et le massif aqui-tain (avec 1 million drsquohectares de forecircts de pins dans les Landes) sont les reacutegions les plus exposeacutees au risque incendie Les laquo feux de forecircts raquo se produisent prin-cipalement en eacuteteacute mais peuvent eacutegalement se deacutevelopper en hiver du fait de la seacutecheresse dans certaines reacutegions Les conditions meacuteteacuteorologiques (vent chaleur hygromeacutetrie seacutecheresse) ont une grande influence sur la nature des feux de forecircts

Le retrait par assegravechement des sols argileux lors drsquoune seacutecheresse prononceacutee (seacutecheresse geacuteotechnique) etou durable produit des deacuteformations de la surface des sols (tassements diffeacuterentiels) Il peut ecirctre suivi de pheacutenomegravenes de gonflement au fur et agrave mesure du reacutetablissement des conditions hydrogeacuteologiques initiales ou plus rarement de pheacutenomegravenes de fluage avec ramollissement Le pheacutenomegravene de retrait-gonflement des argiles engendre reacuteguliegraverement sur le territoire franccedilais des deacutegacircts consideacuterables aux bacirctiments ayant deacutepasseacute 60 millions drsquoeuros cumuleacutes par deacutepartement entre 1989 et 1998 En raison notamment de leurs fondations superficielles les maisons individuelles sont particuliegraverement vulneacuterables agrave ce pheacutenomegravene Plus de 4 millions de maisons seraient potentiellement exposeacutees 6

Les pluies extrecircmes 7 sont caracteacuteriseacutees par lrsquoapport drsquoune importante quantiteacute drsquoeau sur une courte dureacutee (drsquo1 heure agrave une journeacutee) Cette quantiteacute peut eacutegaler celle reccedilue habituellement en un mois voire en plusieurs mois Des cumuls de lrsquoordre de 50 mm en 24 heures dans la plupart des reacutegions de plaine et de lrsquoordre de 100 mm en 24 heures dans les reacutegions montagneuses sont consideacutereacutes comme des seuils critiques Le deacutepassement de ces seuils peut provoquer lorsque la nature du terrain srsquoy precircte de graves inondations Pour les pheacutenomegravenes les plus violents le cumul des preacutecipitations deacutepasse geacuteneacuteralement les 100 mm en une heure Dans le Sud de la France les cumuls observeacutes peuvent mecircme deacutepasser 500 mm en 24 heures

Les tempecirctes et les cyclones 8 La deacutenomination de vent violent srsquoapplique en meacuteteacuteorologie aux vents de force 10 agrave 12 sur lrsquoeacutechelle de Beaufort crsquoest-agrave-dire aux vents moyens atteignant au moins 89 kmh (valeur minimale de la force 10)

6 httpwwwstatistiquesdeveloppement-durablegouvfrfileadmindocumentsProduits_editoriauxPublicationsDatalab_essentiel2017datalab-essentiel-122-retrait-gonflement-argiles-octobre2017pdf

7 httppluiesextremesmeteofr

8 httpwwwmeteofrancefrprevoir-le-tempsphenomenes-meteoles-tempetes

Introduction

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Dans le langage courant et notamment dans le cadre de la laquo garantie tempecircte raquo en France des contrats drsquoassurance la reacutefeacuterence concerne les rafales supeacuterieures agrave 100 kmh 9 Ainsi lorsque le vent atteint les 100 kmh dans lrsquointeacuterieur des terres et 120 kmh (voire 130 kmh) sur les cocirctes la deacutepression agrave lrsquoorigine de ces vents sera qualifieacutee de laquo tempecircte raquo Ce terme deacutesigne donc agrave la fois une zone eacutetendue de vents violents et la deacutepression qui les geacutenegravere

Les tempecirctes affectant plus de 10 du territoire seront qualifieacutees de laquo majeures raquo au niveau national

Des deacutefinitions speacutecifiques existent en meacuteteacuteo marine et tropicale Ainsi en meacuteteacuteoro-logie marine une tempecircte correspond agrave la force 10 de lrsquoeacutechelle de Beaufort crsquoest-agrave-dire agrave des vents moyens de 89 agrave 117 kmh et des rafales de 110 agrave 150 kmh

En meacuteteacuteorologie tropicale on appelle laquo tempecircte tropicale raquo une deacutepression obser-veacutee au niveau des latitudes tropicales ou subtropicales dont les vents moyens sont compris entre 62 et 117 kmh Au-delagrave de ces valeurs la deacutepression devient un laquo cyclone tropical raquo 10 Ces pheacutenomegravenes tourbillonnaires de pression centrale tregraves basse mesurent en moyenne de 500 agrave 1 000 km de diamegravetre mais peuvent parfois atteindre des dimensions beaucoup plus importantes (le typhon Tip observeacute dans le Pacifique en 1979 avait un diamegravetre de pregraves de 2 200 km) Les Antilles Franccedilaises lrsquoicircle de La Reacuteunion sont particuliegraverement exposeacutees agrave ces pheacutenomegravenes

En Europe le risque inondation est le premier risque naturel climatique par lrsquoim-portance des dommages qursquoil provoque le nombre de communes concerneacutees lrsquoeacutetendue des zones inondables et les populations reacutesidant dans ces zones Plus de 171 millions de personnes en France sont par exemple exposeacutees aux inonda-tions par deacutebordement de cours drsquoeau soit environ un habitant sur quatre

Les inondations touchent plus de personnes dans le monde que nrsquoimporte quel autre aleacutea Celles-ci peuvent prendre de nombreuses formes

crue ou deacutebordement de cours drsquoeau ruissellement en surface submersion marine (inondation temporaire des zones cocirctiegraveres par la mer dans

des conditions meacuteteacuteorologiques etou de mareacutees deacutefavorables) remonteacutee de nappe phreacuteatique rupture drsquoouvrage autres rupture de poche glaciaire deacutebordement de reacuteseau drsquoeaux pluviales

Agrave lrsquoorigine de ces pheacutenomegravenes sauf cas de rupture drsquoouvrage se trouve un aleacutea meacuteteacuteorologique fortes pluies en intensiteacute ou en dureacutee pour le ruissellement et pour les crues ainsi que pour les remonteacutees de nappes houle de forte intensiteacute

9 wwwffa-assurancefr

10 Selon la reacutegion du globe les cyclones prennent un nom diffeacuterent ouragan en Atlantique Nord typhon en Asie de lrsquoEst meacutedicane dans le bassin meacutediterraneacuteen cyclone dans les autres bassins oceacuteaniques

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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etou niveau marin eacuteleveacute pour la submersion marine 11 orages tempecirctes cyclones en outre-mer Les submersions marines peuvent avoir eacutegalement une autre origine comme un seacuteisme sous-marin dans le cas des tsunamis Ce cas nrsquoest pas traiteacute dans ce rapport car il ne provient pas drsquoun pheacutenomegravene atmospheacuterique

Dans les reacutegions de montagne certains versants pentus sont souvent affecteacutes par des processus appeleacutes laves torrentielles ou couleacutees de deacutebris ou debris flows en anglais (Jomelli V IRSTEA) Ces couleacutees de deacutebris se caracteacuterisent par un meacutelange drsquoeau et de seacutediments (Meunier 1991 Blijenberg 1988) Ils forment des modeleacutes associant en contrebas drsquoune paroi rocheuse un chenal bordeacute par des leveacutees et agrave lrsquoaval un deacutepocirct reacutesultant de lrsquoaccumulation de deacutebris sous forme de langue ou drsquoeacuteventail (Van Steijn et al 1988 Nieuwenhuijzen and Van Steijn 1990 Van Steijn 1991 1996 Remaitre et al 2005) (fig A1) Le terme geacuteneacuteral de debris flow rassemble cependant des formes varieacutees de mouvements de masse (Meunier 1991) On distingue usuellement les laves torrentielles corres-pondant agrave un eacutecoulement turbulent drsquoeau chargeacutee en seacutediments dans un chenal raide des couleacutees de deacutebris superficielles (Coussot 1994) Ces derniegraveres cor-respondent agrave un eacutecoulement superficiel rapide ou extrecircmement rapide sur une pente raide sans confinement dans un chenal preacuteeacutetabli partiellement ou tota-lement satureacute de deacutebris (Hungr 2005) Celles-ci ne seront pas eacutetudieacutees ici car leurs impacts sur les socieacuteteacutes sont geacuteneacuteralement limiteacutes (Jomelli et al 2011) et leurs caracteacuteristiques morphoseacutedimentaires ainsi que leur fonctionnement sont peu diffeacuterents des laves torrentielles (Jomelli et al 2011)

Dans le deacutetail il existe plusieurs types de laves torrentielles en fonction de la concentration en seacutediments (fig A2) On peut distinguer les laves torrentielles transportant des seacutediments de toute taille des laves torrentielles immatures elles-mecircmes diffeacuterentes des eacutecoulements torrentiels agrave charge de fond Il existe un continuum entre ces diffeacuterents eacutecoulements mais les conditions de deacuteclen-chement et la dynamique diffegraverent sensiblement drsquoun type agrave lrsquoautre

Le manteau neigeux formeacute de lrsquoaccumulation successive de couches de neige est en perpeacutetuelle eacutevolution Une fois au sol les cristaux de glace continuent de se transformer et les strates eacutevoluent au greacute du vent des chutes de neige et drsquoautres interactions avec lrsquoatmosphegravere Lrsquoinstabiliteacute du manteau neigeux peut alors conduire agrave lrsquooccurrence drsquoavalanches

On distingue souvent les deacuteclenchements drsquoavalanches spontaneacutes et provoqueacutes

Les deacuteparts spontaneacutes donnent lieu agrave des avalanches dites naturelles Ils sont essentiellement drsquoorigine meacuteteacuteorologique le plus souvent conseacutecutifs agrave drsquoim-portantes chutes de neige ils peuvent aussi ecirctre causeacutes par lrsquohumidification du manteau neigeux sous lrsquoeffet de la pluie du redoux ou encore du rayonnement solaire Ces avalanches si elles sont suffisamment grandes peuvent toucher des infrastructures des routes ou des habitations et de ce fait causer des deacutegacircts et parfois des victimes en fond de valleacutee

11 Se reacutefeacuterer au Rapport ONERC 2015 Le littoral dans le contexte du changement climatique

Introduction

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Figure A2 ndash Les diffeacuterents types drsquoeacutecoulement

(A charriage 1er mai 2015 B lave immature 21 juillet 2017 C lave 4 juillet 2018) torrent du Manival (Isegravere)

Photos Irstea

Figure A1 ndash Lave torrentielle sous couvert forestier dans le massif des Eacutecrins (juillet 2014)

On distingue un chenal et des leveacutees lateacuterales avec granoclassement Certains arbres montrent des traces drsquoeacuterosion sur la face amont de leur tronc et sont couverts de deacutepocircts sablo argileux donnant une indication de la hauteur de lrsquoeacutecoulement (flegraveche rouge) Lrsquoeacutechelle est donneacutee par la pochette drsquoun appareil photo en bas agrave droite

Photo Irstea

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Les deacuteclenchements provoqueacutes aussi appeleacutes accidentels dus au passage de pratiquants de la montagne (skieurs randonneurshellip) sont essentiellement lieacutes agrave la qualiteacute de la neige et agrave lrsquoempilement des couches ainsi qursquoagrave la raideur et agrave la forme de la pente Ils sont responsables de la tregraves grande majoriteacute des bles-sures et deacutecegraves par avalanche et nrsquoentraicircnent que tregraves rarement des avalanches de grande ampleur pouvant engendrer des dommages dans les valleacutees

Les eacuteveacutenements extrecircmes neigeux sont issus de tempecirctes de neige produites par des deacutepressions meacuteteacuteorologiques hivernales importantes Entre la fin de lrsquoau-tomne et le deacutebut du printemps de tels systegravemes se forment dans une masse drsquoair sous le point de congeacutelation et les preacutecipitations tombent sous forme de neige en quantiteacute importante

Lrsquoimpact drsquoune tempecircte de neige varie selon lrsquoendroit ougrave elle se produit Les reacutegions ougrave de tels pheacutenomegravenes se produisent reacuteguliegraverement sont eacutequipeacutees pour les sur-monter alors que les villes ougrave elles se produisent rarement peuvent ecirctre paralyseacutees par quelques centimegravetres au sol Par exemple le 7 feacutevrier 2018 lrsquoicircle-de-France a connu des chutes de neige remarquables pour la reacutegion Ainsi la couche a atteint 15 agrave 20 cm sur les Yvelines et le Val-drsquoOise et 12 cm agrave Paris Il faut remonter au mois de mars 2013 pour retrouver les derniegraveres chutes de neige aussi impor-tantes en reacutegion parisienne Lrsquoabondance de la neige se conjugue souvent agrave des vents forts geacuteneacuterateurs de congegraveres Parmi les nombreux risques induits par les extrecircmes neigeux et les tempecirctes hivernales figurent ainsi la rupture drsquoinfrastruc-tures critiques (voies de communications lignes eacutelectriques) la perturbation du transport aeacuterien voire lrsquoeffondrement de toitures La vulneacuterabiliteacute aux eacuteveacutenements

neigeux des territoires tels que lrsquoicircle-de-France est issue de la conjonction entre un eacuteveacutenement neigeux extrecircme une population tregraves dense non habitueacutee et non eacutequipeacutee et un manque de moyens (saleuse deacuteneigeuse) Il convient eacutegalement de noter une faiblesse des eacuteleacutements de connaissances sur lrsquoattribution et lrsquoeacutevo-lution des tempecirctes hivernales geacuteneacuteratrices de forts eacuteveacutenements neigeux dans le contexte du changement climatique De ce fait ce type drsquoeacuteveacutenement nrsquoest pas traiteacute de maniegravere complegravete dans ce rapport

Introduction

21

Risques lieacutes aux eacuteveacutenements extrecircmes deacutefinitions

Auteurs Jeacuterocircme Duvernoy

MTES DGECSCEEONERC

Le Service des Risques Naturels et Hydrauliques

MTES DGPRSRNH

Lrsquoexistence drsquoun risque naturel deacutecoule de lrsquoarticulation drsquoun pheacutenomegravene naturel intense ndash cet eacuteveacutenement eacutetant par nature incertain on le deacutesigne sous le terme drsquoaleacutea ndash et de la preacutesence drsquoenjeux qui repreacutesentent lrsquoensemble des personnes et des biens (ayant une valeur moneacutetaire ou non) pouvant ecirctre affecteacutes par ce pheacutenomegravene Les conseacutequences drsquoun aleacutea sur les enjeux sont diffeacuterentes selon la vulneacuterabiliteacute de ces enjeux

On parle de risque naturel laquo majeur raquo lors de la survenue drsquoun eacuteveacutenement drsquoorigine naturelle dont les effets peuvent mettre en jeu un grand nombre de personnes occasionner des dommages importants et deacutepasser les capaciteacutes de reacuteaction de la socieacuteteacute Le qualificatif de laquo majeur raquo est bien sucircr deacutelicat agrave deacutefinir et peut varier dans le temps et dans lrsquoespace Les risques majeurs peuvent ecirctre caracteacuteriseacutes agrave la fois par une probabiliteacute drsquooccurrence faible et une graviteacute telle qursquoelle cause de nombreuses victimes et drsquoimportants dommages aux biens et agrave lrsquoenvironnement

Un des critegraveres possibles pour qualifier un risque de laquo majeur raquo repose sur les modaliteacutes de prise en charge des sinistres suite agrave un eacuteveacutenement Dans le systegraveme franccedilais actuel peut ecirctre regardeacute comme majeur un eacuteveacutenement qui relegraveve de la reacuteassurance notamment agrave travers le meacutecanisme de reconnaissance drsquoeacutetat de catastrophe naturelle La France est lrsquoun des pays agrave srsquoecirctre doteacutes drsquoun dispositif garantissant agrave chacun de ses citoyens une indemnisation systeacutematique en cas de sinistre causeacute par un pheacutenomegravene naturel exceptionnel Instaureacute en 1982 le reacutegime drsquoindemnisation dit laquo reacutegime CatNat raquo repose sur un meacutecanisme public-priveacute de solidariteacute nationale et couvre tous les particuliers disposant drsquoun contrat drsquoassurance laquo dommages raquo Il fonctionne sur la base drsquoune prime additionnelle drsquoassurance qui srsquoeacutelegraveve agrave 12 de la prime sur le bacircti et agrave 6 sur les veacutehicules motoriseacutes Ces primes sont reacuteassureacutees au niveau national principalement par lrsquoentreprise agrave capitaux publics Caisse Centrale de Reacuteassurance (CCR) En cas drsquoeacuteveacutenement drsquoampleur exceptionnelle qui provoquerait des dommages supeacute-rieurs aux reacuteserves de reacuteassurance lrsquoEacutetat apporte sa garantie Pour une inondation par exemple le processus drsquoindemnisation preacutevu par le reacutegime de catastrophes naturelles nrsquoest deacuteclencheacute agrave ce jour que si le pheacutenomegravene eacutetait au moins de type deacutecennal (peacuteriode de retour supeacuterieure agrave dix ans)

En 2015 et 2016 4 341 eacutetats de catastrophes naturelles ont eacuteteacute reconnus en France avec des dommages assureacutes de lrsquoordre de 5 milliards drsquoeuros

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Encadreacute 1

Deacutefinition du risque

Aleacutea danger peacuteril

Pheacutenomegravene ou tendance physique naturel ou anthropique ou incidence physique susceptible drsquoentraicircner des pertes en vies humaines des bles-sures ou autres effets sur la santeacute ainsi que des deacutegacircts et des pertes touchant les biens les infrastructures les moyens de subsistance la four-niture des services les eacutecosystegravemes et les ressources environnementales

Vulneacuterabiliteacute

Degreacute par lequel un systegraveme risque de subir ou drsquoecirctre affecteacute neacutegativement par les effets neacutefastes des changements climatiques y compris la varia-biliteacute climatique et les pheacutenomegravenes extrecircmes La vulneacuterabiliteacute deacutepend du caractegravere de lrsquoampleur et du rythme des changements climatiques aux-quels un systegraveme est exposeacute ainsi que de sa sensibiliteacute et de sa capa-citeacute drsquoadaptation (GIEC 2007) Propension ou preacutedisposition agrave subir des dommages La vulneacuterabiliteacute englobe divers concepts ou eacuteleacutements notam-ment les notions de sensibiliteacute ou de fragiliteacute et lrsquoincapaciteacute de faire face et de srsquoadapter (GIEC 2014)

Figure A3 ndash Le rapport SREX analyse comment lrsquoexposition et la vulneacuterabiliteacute aux pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques et climatiques deacuteterminent les conseacutequences et la probabiliteacute drsquoune catastrophe (le risque de catastrophe)

Source GIEC SREX

Introduction

23

Exposition

Preacutesence de personnes de moyens de subsistance drsquoespegraveces ou drsquoeacuteco-systegravemes de fonctions ressources ou services environnementaux drsquoeacuteleacute-ments drsquoinfrastructure ou de biens eacuteconomiques sociaux ou culturels dans un lieu ou dans un contexte susceptibles de subir des dommages (GIEC 2007)

La norme ISO 14 090 preacutecise dans une note que lrsquoexposition peut chan-ger au fil du temps par exemple agrave la suite drsquoun changement drsquoaffecta-tion des terres

Risque

Conseacutequences eacuteventuelles et incertaines drsquoun eacuteveacutenement sur quelque chose ayant une valeur compte tenu de la diversiteacute des valeurs Le risque est souvent repreacutesenteacute comme la probabiliteacute drsquooccurrence de tendances ou drsquoeacuteveacutenements dangereux que viennent amplifier les conseacutequences de tels pheacutenomegravenes ou tendances lorsqursquoils se produisent

Les risques naissent de la conjonction drsquoun pheacutenomegravene physique deacuteclen-cheur et drsquoune situation de vulneacuterabiliteacute et drsquoexposition des personnes et des biens

Figure A4 ndash Scheacutema explicatif des concepts associeacutes agrave la vulneacuterabiliteacute au changement climatique

Source MTES CGDD

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Les extrecircmes meacuteteacuteorologiques du point de vue des sciences sociales

Auteur Jean-Paul Vanderlinden

Laboratoire CEARC universiteacute de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et universiteacute Paris-Saclay

Lorsque lrsquoon se penche sur les eacuteveacutenements extrecircmes comme pheacutenomegravenes se deacuteployant dans la sphegravere publique plusieurs laquo extrecircmes raquo coexistent intera-gissent geacutenegraverent des enjeux diffeacuterents des instrumentalisations diffeacuterentes Il importe donc lorsqursquoun eacuteveacutenement extrecircme est invoqueacute dans le cadre de lrsquoaction publique par exemple drsquoecirctre particuliegraverement attentif au contexte particulier et agrave la compreacutehension que peuvent en avoir les acteurs concerneacutes Nous proposons ici quelques cleacutes pour reacutealiser cette contextualisation

Quelques eacuteleacutements concernant les donneacutees utiliseacutees

Les eacuteleacutements preacutesenteacutes sont le reacutesultat drsquoun travail drsquoanalyse meneacute sur diffeacuterents ensembles de donneacutees textuelles qui ont eacuteteacute reacutecolteacutees ces derniegraveres anneacutees articles de presse couvrant la vague de froid de 1953-1954 en France articles de presse couvrant la canicule de 2003 en France des enregistrements videacuteo et audio de deux groupes de discussion sur le sujet rassemblant des parties pre-nantes de secteurs public et priveacute meneacutes agrave Paris et finalement une seacuterie drsquoen-tretiens meneacutes

avec des chercheurs en sciences du climat se speacutecialisant dans les ques-tions relatives aux eacuteveacutenements extrecircmes

avec des cadres du secteur de lrsquoassurance avec des responsables au sein de collectiviteacutes territoriales

Extrecircme meacuteteacuteorologique un concept multiforme

Les analyses baseacutees tant sur la presse et les meacutedias que sur des entretiens et des ateliers (Vanderlinden 2015) montrent que le vocable laquo eacuteveacutenement meacuteteacuteo-rologique extrecircme raquo (extrecircme pour la suite du texte) est polyseacutemique 12 Pour cer-tains il srsquoagit de lrsquoeacuteveacutenement meacuteteacuteorologique en soi dans sa rareteacute pour drsquoautres ce sont les impacts qui sont laquo extrecircmes raquo ce qui est important ce sont les conseacute-quences parfois ce sont les deacuteficits de solidariteacute ou lrsquoeacutechec du politique qui semblent laquo extrecircmes raquo Le sens donneacute agrave laquo extrecircme raquo peut eacutevoluer dynamiquement au fil du temps au fur et agrave mesure que lrsquoeacuteveacutenement se produit et au cours de ses reacutepercussions Par exemple tant la vague de chaleur de 2003 que lrsquohiver 1953-1954 sont traiteacutes par la presse drsquoabord comme une curiositeacute (lrsquoeacutecart agrave la normale

12 Qui a plusieurs significations qui peut ecirctre compris de plusieurs faccedilons

Introduction

25

amuse) ensuite comme une crise eacutemergente (lrsquoeacutecart agrave la normale prend un tour plus sinistre en raison de ses impacts) ensuite comme une faillite des solidari-teacutes (les impacts auraient pu ecirctre eacuteviteacutes la solidariteacute eut-elle eacuteteacute plus importante) et finalement lrsquoextrecircme devient par une instrumentalisation plus ou moins impor-tante un objet politique

Une inscription dans une chaicircne de causaliteacute dont il ne peut ecirctre fait abstraction

Ces laquo glissements de sens raquo srsquoinscrivent dans des scheacutemas de causaliteacute ougrave les extrecircmes meacuteteacuteorologiques ne sont pas les seuls responsables des impacts associeacutes les ineacutegaliteacutes socio-eacuteconomiques les diffeacuterentiels drsquoexposition lrsquohis-toire et lrsquoameacutenagement du territoire le retrait de lrsquoEacutetat les meacutecanismes de gou-vernance des risques par exemple peuvent jouer un rocircle dans lrsquoimportance des conseacutequences drsquoun eacuteveacutenement et donc dans son traitement en tant qursquoextrecircme On observe par exemple reacuteguliegraverement que lorsque sont envisageacutees les deacuteclara-tions causales associeacutees agrave des eacuteveacutenements extrecircmes (du climat agrave lrsquoimpact en passant par les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes) les parties prenantes peuvent se concentrer sur diffeacuterentes parties de la chaicircne causale en fonction de leurs inteacuterecircts particuliers ce qui exclut parfois la causaliteacute

Une entreacutee risque ougrave les probabiliteacutes peuvent ecirctre mal comprises

Du point de vue de la gouvernance les extrecircmes sont freacutequemment traiteacutes via une entreacutee risque Nous consideacuterons ici une des deacutefinitions dominantes du risque un risque est la combinaison drsquoun aleacutea et drsquoun ou plusieurs enjeux lrsquoaleacutea est carac-teacuteriseacute par une intensiteacute et des incertitudes Dans un contexte de gouvernance de risque la communication de lrsquoincertitude ou des incertitudes repreacutesente un deacutefi particulier Une dimension que nous rencontrons souvent tient agrave la confusion que creacutee lrsquoutilisation du concept de peacuteriode de retour Bien entendu la peacuteriode de retour comme inverse de la probabiliteacute drsquooccurrence drsquoun eacuteveacutenement une anneacutee donneacutee est bien comprise dans lrsquounivers de la gouvernance des risques Nous rencontrons deux deacutefis neacuteanmoins Pour un public eacutelargi la peacuteriode de retour est parfois comprise comme une peacuteriodiciteacute stricte et non comme lrsquoexpression de probabiliteacute Cela peut geacuteneacuterer des pheacutenomegravenes de surexposition De faccedilon plus importante le calcul des peacuteriodes de retour repose sur une hypothegravese de station-nariteacute du climat Or sous un climat changeant cette hypothegravese nrsquoest plus veacuterifieacutee si elle lrsquoa jamais eacuteteacute Comment alors expliquer au public lrsquoorigine des probabili-teacutes utiliseacutees lrsquoorigine du chiffre associeacute agrave la peacuteriode de retour annonceacutee

Changement climatique

Climat Meacuteteacuteorologie

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Un deuxiegraveme deacutefi est en cours drsquoeacutemergence sur le front de la compreacutehension des incertitudes associeacutees aux extrecircmes meacuteteacuteorologiques Il existe aujourdrsquohui une communauteacute de chercheurs en sciences du climat qui se concentre sur le deacuteve-loppement drsquooutils drsquoattribution drsquoun eacuteveacutenement preacutecis Ces exercices sont par nature probabilistes les exercices drsquoattribution ont pour reacutesultats lrsquoexpression de probabiliteacutes nicheacutees Par exemple Stott et ses collegravegues en 2004 eacutetaient en mesure drsquoeacutecrire qursquoil y avait 95 de chance que la probabiliteacute drsquoun eacuteveacutenement du type de celui de la vague de chaleur de 2003 ait doubleacute (Stott 2004) Ce type de deacuteclaration par sa complexiteacute est difficilement compris par un public large

Quelques preacutecisions plus theacuteoriques

Une entreacutee particuliegravere a eacuteteacute utiliseacutee celle de lrsquoarticulation sociale pour poser le regard des sciences sociales sur les extrecircmes meacuteteacuteorologiques Par articulation sociale il faut entendre lrsquointeraction des concepts au sein des groupes sociaux et entre eux concepts et groupes interagissant dynamiquement Ex ante on peut consideacuterer que les concepts sont inteacutegreacutes dans des systegravemes de signification on peut supposer que les interactions entre et au sein de ces systegravemes sont essen-tielles agrave lrsquoutilisation des concepts De plus on ne peut pas dissocier le concept drsquoeacuteveacutenement extrecircme des causaliteacutes qui y sont associeacutees En effet une partie importante de ces reacutesultats montre que drsquoembleacutee pour les sujets laquo eacuteveacutenements extrecircmes raquo causaliteacutes invoqueacutees et responsabiliteacutes sont des concepts enchevecirc-treacutes constamment preacutesents lorsqursquoun eacuteveacutenement singulier a lieu

Chapitre BEacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute

et actuel

Dans ce chapitre les eacuteveacutenements extrecircmes sont passeacutes en revue agrave travers un bref historique des eacuteveacutenements les plus marquants et un aperccedilu de leurs impacts eacuteconomiques et sociaux Lrsquoinfluence du changement climatique est ensuite analyseacutee sur une seacutelection drsquoeacuteveacutenements reacutecents

copy Thierry Degen ndash Terra

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Eacuteveacutenements extrecircmes deacutejagrave observeacutes coucircts humains et financiers

Vagues de chaleurAuteurs Mathilde Pascal

Santeacute publique France

Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Les vagues de chaleur font partie des extrecircmes climatiques les plus preacuteoccu-pants au regard de la vulneacuterabiliteacute de nos socieacuteteacutes et de lrsquoeacutevolution attendue de leur freacutequence et leur intensiteacute au XXIe siegravecle (GIEC 2013) La France a eacuteteacute parti-culiegraverement eacuteprouveacutee par la canicule de lrsquoeacuteteacute 2003 qui a provoqueacute un excegraves de pregraves de 15 000 deacutecegraves entre le 4 et le 18 aoucirct directement attribuable agrave la chaleur (Poumadegravere et al 2005) Depuis 2003 des vagues de chaleur particuliegraverement intenses ont toucheacute de nombreuses autres zones de la planegravete (Russie 2010 Texas 2011 Australie 2012 Espagne 2015) tandis que la meacutetropole a eacuteteacute agrave nouveau confronteacutee agrave des eacuteveacutenements moins intenses que 2003 mais de plus en plus freacutequents (juillet 2006 aoucirct 2012 juillet 2013 juillet 2015 aoucirct 2016 juin 2017 juillet et aoucirct 2018) Sur de grandes reacutegions du territoire des vagues de chaleur tregraves intenses se sont eacutegalement produites dans les anneacutees reacutecentes comme sur les reacutegions meacutediterraneacuteennes en aoucirct 2017 et 2018 avec des tem-peacuteratures diurnes et nocturnes record Cette reacutecurrence drsquoeacuteveacutenements extrecircmes a neacutecessiteacute de deacutevelopper des outils de preacutevention de ces aleacuteas (systegraveme de vigi-lance meacuteteacuteorologique plans de veille sanitaire) mais aussi drsquoanalyse en temps reacuteel (Schneider et al 2012) Dans le cadre du projet Extremoscope (2013-2016) une deacutefinition des vagues de chaleur a eacuteteacute mise au point pour ecirctre applicable agrave toutes les eacutechelles spatiales et tous les horizons temporels (Soubeyroux et al 2016) et un historique complet des vagues de chaleur a eacuteteacute eacutetabli agrave lrsquoeacutechelle nationale depuis 1947 et agrave lrsquoeacutechelle deacutepartementale depuis 1958

Lrsquoaugmentation de la freacutequence et de lrsquointensiteacute des vagues de chaleur en France est sans eacutequivoque les vagues de chaleur recenseacutees depuis 1947 agrave lrsquoeacutechelle nationale ont eacuteteacute deux fois plus nombreuses au cours des trente-quatre derniegraveres anneacutees que sur la peacuteriode anteacuterieure (fig B1) Cette eacutevolution se mateacuterialise aussi par lrsquooccurrence drsquoeacuteveacutenements plus forts (dureacutee intensiteacute globale) ces derniegraveres anneacutees Ainsi les quatre vagues de chaleur les plus longues et trois des quatre plus intenses se sont produites apregraves 1981

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Vagues de froidAuteurs Mathilde Pascal

Santeacute publique France

Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Une meacutethode eacutequivalente a eacuteteacute mise au point pour la caracteacuterisation des vagues

de froid Si le reacutechauffement climatique global tend agrave diminuer lrsquointensiteacute des eacutepisodes froids en Meacutetropole le diagnostic sur lrsquoeacutevolution observeacutee des vagues de froid nrsquoest pas symeacutetrique agrave celui des vagues de chaleur Les vagues de froid recenseacutees depuis 1947 agrave lrsquoeacutechelle nationale ont eacuteteacute leacutegegraverement moins nom-breuses sur les trente-quatre derniegraveres anneacutees que sur la peacuteriode anteacuterieure mais surtout moins intenses Ainsi les quatre vagues de froid les plus longues et les plus intenses (feacutevrier 1956 janvier 1963 janvier 1985 et janvier 1987) ont eacuteteacute observeacutees il y a plus de vingt-cinq ans mais ce type drsquoeacuteveacutenement reste bien preacutesent dans notre climat de deacutebut du XXIe siegravecle comme en teacutemoigne lrsquoeacutepisode de feacutevrier 2012 (fig B2)

Lrsquoinfluence de la tempeacuterature sur la mortaliteacute et sur le recours au soin est deacutesor-mais eacutetablie par de tregraves nombreuses eacutetudes eacutepideacutemiologiques (Hanna 2015 Corso 2017 et Pascal 2013) Ces eacutetudes mettent en eacutevidence un effet non-lineacuteaire tregraves rapide de la chaleur sur la santeacute concentreacute dans les quelques heures agrave quelques jours suivant lrsquoexposition et un effet du froid plus modeacutereacute persistant sur plusieurs semaines apregraves lrsquoexposition (fig B3)

Figure B1 ndash Recensement des vagues de chaleur en France de 1947 agrave 2018 agrave partir de lrsquoindicateur thermique national

Source Meacuteteacuteo-France Climat HD

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Figure B2 ndash Recensement des vagues de froid en France de 1947 agrave 2018 agrave partir de lrsquoindicateur thermique national

Source Meacuteteacuteo-France Climat HD

Figure B3 ndash Influence de la tempeacuterature sur le risque relatif (RR) de deacutecegraves cumuleacute sur les vingt et un jours suivant lrsquoexposition agrave un percentile de tempeacuterature (par rapport agrave la mortaliteacute attendue pour une tempeacuterature meacutediane) ndash Meacuteta-analyse (courbe en trait plein et IC95 ) de dix-huit villes meacutetropolitaines (courbes en pointilleacutes) sur la peacuteriode 2000-2010

Source Corso M 2017

Ris

que

rela

tif (

RR

)

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Lrsquoeacutepideacutemiologie montre eacutegalement que la tempeacuterature a une influence sur la morta-liteacute agrave partir de valeurs qui ne sont geacuteneacuteralement pas consideacutereacutees comme laquo froides raquo ou laquo chaudes raquo Ces tempeacuteratures laquo douces raquo contribuent mecircme davantage agrave la mortaliteacute que les extrecircmes chauds ou froids car elles cumulent un impact faible mais sur un nombre important de jours Ces eacutetudes mettent eacutegalement en eacutevi-dence que lrsquoimpact sur la mortaliteacute survient mecircme agrave partir de tempeacuteratures habi-tuelles Ainsi en France sur dix-huit villes meacutetropolitaines entre 2000 et 2010 le froid a eacuteteacute responsable de 39 [32 46] de la mortaliteacute (impact cumuleacute sur 0-21 jours) principalement due agrave des tempeacuteratures habituelles situeacutees par exemple entre - 3 et 6 degC dans les villes semi-continentales et entre 4 et 10 degC dans les villes meacutediterraneacuteennes La chaleur a eacuteteacute responsable de 12 [11 12] (impact cumuleacute sur 0-3 jours) de la mortaliteacute totale avec un effet apparais-sant agrave partir de tempeacuteratures variant de 13 agrave 21 degC selon la ville

Ainsi en termes de preacutevention il importe de prendre en compte lrsquoensemble des tempeacuteratures et pas uniquement les eacuteveacutenements les plus extrecircmes vagues de chaleur ou vagues de froid

Un focus particulier sur ces eacuteveacutenements demeure toutefois neacutecessaire car ils preacutesentent des caracteacuteristiques particuliegraveres neacutecessitant une reacuteponse organiseacutee pour proteacuteger les personnes et eacuteviter lrsquoembolisation du systegraveme de soin Sur le plan sanitaire la preacutevention de ces eacuteveacutenements srsquoappuie sur le Plan national cani-cule (PNC) et le Plan grand froid

Dans le cadre de la chaleur des tempeacuteratures tregraves extrecircmes peuvent se traduire par une surmortaliteacute massive concentreacutee sur quelques jours et drsquoune ampleur ineacutedite dans le champ des risques sanitaires En effet si la chaleur laquo modeacutereacutee raquo frappe principalement des personnes vulneacuterables du fait de leur eacutetat de santeacute de leur acircge ou de leur exposition professionnelle la chaleur tregraves intense pose un risque pour la quasi-totaliteacute de la population

Les seuils du Plan national canicule ont eacuteteacute eacutetablis afin de cibler les eacuteveacutenements neacutecessitant une reacuteponse rapide des pouvoirs publics mais en aucun cas pour eacuteviter tout effet sanitaire de la chaleur Pendant ces peacuteriodes le PNC se concentre sur des actions drsquoinformation et de communication lrsquoidentification agrave lrsquoeacutechelle des municipaliteacutes des personnes vulneacuterables le deacuteclenchement des plans blancs et plans bleushellip Ces mesures sont agrave lrsquoinitiative de nombreux acteurs institutionnels municipaux associatifs et gradueacutees selon le niveau de vigilance En parallegravele la preacutevention de fond commence agrave se deacutevelopper avec notamment des mesures visant agrave reacuteduire lrsquoicirclot de chaleur urbain et agrave deacutevelopper des icirclots de fraicirccheur Cette preacutevention de fond doit toutefois veiller agrave ne pas aggraver les ineacutegaliteacutes sociales de santeacute et agrave beacuteneacuteficier agrave lrsquoensemble des personnes vulneacuterables

Les efforts de preacutevention se justifient par lrsquoimportance des impacts sanitaires Entre 1974 et 2013 on recense 931 peacuteriodes reacutepondant agrave la deacutefinition de cani-cules agrave lrsquoeacutechelle deacutepartementale en France meacutetropolitaine durant lesquelles ont eacuteteacute observeacutes plus de 32 000 deacutecegraves en excegraves La canicule de 2003 qui nrsquoa aucun eacutequivalent historique y compris depuis la mise en place du PNC totalise presque

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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la moitieacute de cet impact avec pregraves de 15 000 deacutecegraves en excegraves Les autres cani-cules les plus meurtriegraveres se sont concentreacutees en 1976 avec 4 500 deacutecegraves en excegraves 1983 avec 2 900 deacutecegraves en excegraves et 2006 avec 1 400 deacutecegraves en excegraves (rapport Santeacute publique France agrave paraicirctre) Dans les anneacutees reacutecentes les cani-cules les plus seacutevegraveres ont eacuteteacute observeacutees en 2015 avec un impact estimeacute de 1 700 deacutecegraves en excegraves (Pascal M 2017) et en 2018 avec environ 1 500 deacutecegraves en excegraves Il faut souligner que ces impacts diffeacuterents peuvent srsquoexpliquer par des diffeacuterences dans lrsquointensiteacute de la chaleur lrsquoeacutetendue geacuteographique la taille de la population toucheacutee et ne permettent pas drsquoen tirer des conclusions sur lrsquoeffica-citeacute des mesures de preacutevention mises en place

En parallegravele de la mortaliteacute on continue drsquoobserver tous les ans un effet sensible de la chaleur sur le recours aux soins drsquourgences notamment pour des patholo-gies tregraves speacutecifiques de la chaleur (PLC) Toutes les classes drsquoacircges sont concer-neacutees (fig B4)

En plus de lrsquoaugmentation du nombre de canicules au fil des anneacutees on constate eacutegalement une modification de leur reacutepartition geacuteographique et calendaire Ceci pose de nouveaux deacutefis en matiegravere de preacutevention Par exemple les vagues de chaleur preacutecoces de juin 2015 et 2017 semblent se caracteacuteriser par un recours aux soins drsquourgences pour PLC plus important que drsquoordinaire chez les enfants et les jeunes adultes en lien avec des expositions possibles en milieux scolaires et professionnels (Pascal M 2017)

Figure B4 ndash Part (en ) moyenne des recours aux soins pour PLC dans lrsquoactiviteacute totale codeacutee selon le niveau de vigilance (agreacutegation nationale) par anneacutee et classe drsquoacircge

Pascal M 2017

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Dans le cas du froid il srsquoagira de preacutevenir par exemple non seulement ses effets mais eacutegalement ceux des conditions meacuteteacuteorologiques associeacutees pouvant entraicircner des accidents traumatismes ou intoxications au monoxyde de carbone Actuellement le Plan grand froid se concentre sur des campagnes de commu-nication et des mesures speacutecifiques pour les personnes preacutecaires (places drsquoheacute-bergement maraudes trecircve hivernale aides financiegravereshellip) On dispose de peu de donneacutees sur lrsquoimpact des vagues de froid ces eacuteveacutenements eacutetant beaucoup plus rares et ne faisant pas lrsquoobjet de bilans systeacutematiques comme les vagues de chaleur

Figure B5 ndash Sur la peacuteriode 1970-2016 part (en ) des canicules de la peacuteriode survenue apregraves la mise en place du plan national canicule en 2004

Source Santeacute publique France 2018

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Les seacutecheressesAuteurs Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Jeacuterocircme Duvernoy

MTES DGECSCEEONERC

LrsquoEurope du Sud et la France notamment sont particuliegraverement concerneacutees par les effets du changement climatique avec une augmentation en freacutequence et en intensiteacute des seacutecheresses (GIEC 2007) La variabiliteacute des temps de reacuteaction des aquifegraveres des cycles eacutecologiques ou socio-eacuteconomiques impose de consideacuterer les deacuteficits hydriques sur diffeacuterentes profondeurs temporelles de quelques mois agrave quelques anneacutees Srsquoil nrsquoexiste pas drsquoindicateur universel pour tous les types de seacutecheresse un indicateur standardiseacute deacutenommeacute SPI a eacuteteacute recommandeacute par lrsquoOr-ganisation mondiale de la meacuteteacuteorologie en 2010 pour lrsquoanalyse des seacutecheresses meacuteteacuteorologiques lieacutees agrave un deacuteficit du cumul de preacutecipitations Dans le cadre du projet ClimSec (2008-2011) cet indicateur a eacuteteacute eacutetendu agrave la seacutecheresse des sols (Soubeyroux et al 2012) et permet de suivre les eacuteveacutenements en temps reacuteel et drsquoen produire un recensement depuis 1958 agrave lrsquoeacutechelle nationale et reacutegionale

Si on nrsquoidentifie pas agrave ce jour de tendance agrave llsquoeacutevolution des seacutecheresses meacuteteacuteo-rologiques agrave lrsquoeacutechelle de la meacutetropole lrsquoextension moyenne des seacutecheresses des sols depuis 1959 est en revanche tregraves nette depuis les anneacutees 1990 (fig B6) Depuis le deacutebut du XXIe siegravecle douze anneacutees sur dix-sept ont deacutepasseacute la moyenne des surfaces toucheacutees sur la peacuteriode 1961-1990 Les anneacutees 2003 2005 2011 2017 et aussi 2018 ont occasionneacute des seacutecheresses de grande ampleur

Figure B6 ndash Recensement du pourcentage annuel de la surface du territoire affecteacutee par la seacutecheresse depuis 1959

Source Meacuteteacuteo-France Climat HD

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Le pheacutenomegravene de retrait-gonflement des argiles qui geacutenegravere de graves deacutesordres sur le bacircti est occasionneacute par un assegravechement fort du sol en preacutesence drsquoargiles Plusieurs indicateurs ont eacuteteacute deacutefinis dans le cadre du dispositif catastrophes naturelles auquel ce pheacutenomegravene est eacuteligible depuis 1990 ils srsquoappuient sur le caractegravere anormal de la moyenne trimestrielle drsquohumiditeacute du sol eacutevalueacutee par simulation du bilan hydrique du sol Deux types drsquoeacuteveacutenement sont particuliegravere-ment suivis les seacutecheresses estivales intenses et les seacutecheresses de longue dureacutee centreacutees sur lrsquohiver

Une reacuteanalyse des eacuteveacutenements depuis 1959 (Blanchard et Soubeyroux 2015) a mis en eacutevidence le caractegravere exceptionnel des anneacutees 1989 et 1990 mais aussi de la seacutecheresse estivale de 2003 Lrsquoaugmentation de la freacutequence observeacutee des seacutecheresses depuis les anneacutees 1990 est aussi particuliegraverement notable (fig B7) et est agrave rapprocher de lrsquoextension des surfaces toucheacutees Ainsi depuis le deacutebut du XXIe siegravecle onze anneacutees sur seize ont deacutepasseacute la moyenne des surfaces tou-cheacutees sur la peacuteriode 1961-1990 (source Climat HD)

Pregraves de 63 des sols meacutetropolitains montrent des preacutedispositions au retrait-gonflement des sols argileux ou marneux (fig B8a) La survenance des sinistres deacutepend drsquoautant plus de lrsquointensiteacute des pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques que lrsquoaleacutea retrait-gonflement srsquoavegravere faible Lrsquoanalyse statistique des aleacuteas des enjeux et de la sinistraliteacute conseacutecutive agrave une seacutecheresse exceptionnelle (part du territoire en aleacutea retrait-gonflement drsquoargiles fort ou moyen densiteacute de maisons individuelles

Figure B7 ndash Recensement du pourcentage annuel de la superficie potentiellement affecteacutee par les effets de retraitgonflement des argiles depuis 1959

Source Meacuteteacuteo-France

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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nombre drsquoarrecircteacutes de CatNat seacutecheresse) permet de deacuteterminer six cateacutegories de communes 1 (fig B8b)

Jusqursquoagrave 2017 (avec le cyclone Irma) la seacutecheresse de 2003 eacutetait lrsquoeacuteveacutenement extrecircme le plus coucircteux du fait de lrsquoampleur nationale avec plus de 4 000 com-munes toucheacutees Les deacutegacircts assureacutes ont eacuteteacute estimeacutes agrave 183 milliard drsquoeuros (actualiseacutes) Drsquoun point de vue assurantiel les coucircts des seacutecheresses se limitent aux dommages aux bacirctis du fait du retrait-gonflement des argiles ou mouvements de sol (Bilan CatNat 1992-2017)

Les feux de forecircts et de broussailles

Auteurs Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Jeacuterocircme Duvernoy

MTES DGECSCEEONERC

Les feux de forecircts constituent un risque important en France avec des enjeux eacuteco-nomiques forts Du point de vue climatique la caracteacuterisation du risque feu de forecirct srsquoappuie geacuteneacuteralement sur le calcul de lrsquoIndice feu meacuteteacuteo (IFM) Cet indice caracteacuterise gracircce agrave une valeur numeacuterique le danger meacuteteacuteorologique drsquoincendie au pas de temps quotidien en syntheacutetisant le danger drsquoeacuteclosion et le danger de propagation Plus la valeur de lrsquoIFM est eacuteleveacutee plus les conditions meacuteteacuteorolo-giques sont propices aux incendies Si cette meacutethode permet de bien caracteacuteri-ser lrsquoeacutevolution de la composante climatique du risque feu il nrsquoest cependant pas

1 httpgeoidddeveloppement-durablegouvfr

Figure B8a ndash Gauche aleacutea retrait-gonflement des argiles B8b ndash droite typologie de la vulneacuterabiliteacute des territoires au retrait-gonflement des argiles

Sources BRGM 2013 DGFIP MAJIC 2014 Meem DGPR Gaspar 2016 Traitements MTES CGDDSDES 2017

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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directement possible de relier une valeur donneacutee drsquoIFM agrave un niveau de risque Une eacutetude meneacutee par Meacuteteacuteo-France pour le CGEDD (Regimbeau et Cloppet 2010) a utiliseacute la reacuteanalyse SAFRAN (reacutesolution 8 km) pour eacutetudier la tendance de lrsquoIFM sur la peacuteriode 1958-2008 et comparer les peacuteriodes 1961-1980 et 1989-2008 Bien qursquoen zone meacutediterraneacuteenne le nombre de feux ait diminueacute alors que lrsquoindice aug-mentait sur le moyen terme (1983-2008 fig B9) et pour les moyennes il y a correacute-lation entre le nombre annuel de deacuteparts de feux et la moyenne annuelle de lrsquoIFM

Il apparaicirct qursquoen moyenne annuelle quatre anneacutees se distinguent par un IFM moyen eacuteleveacute les anneacutees 2003 1976 1989 et 1990 On retrouve sans surprise quatre anneacutees marqueacutees par des conditions chaudes et segraveches Lrsquoanalyse sur la peacuteriode estivale donne des reacutesultats assez proches Les quatre anneacutees avec lrsquoIFM moyen estival le plus eacuteleveacute sont dans lrsquoordre 1976 2003 1990 et 1962 (fig B9) La confrontation des deux peacuteriodes met en lumiegravere une hausse marqueacutee de lrsquoIFM moyen sur lrsquoensemble du territoire franccedilais LrsquoIFM a augmenteacute de 18 sur la peacuteriode Cette eacutetude a examineacute eacutegalement le nombre de jours par an avec deacutepassement de plusieurs seuils drsquoIFM dont la valeur 20 associeacutee agrave un risque reacuteel drsquoincendie Le nombre de jours avec IFM gt 20 augmente sur la quasi-totaliteacute du territoire Sur les reacutegions Poitou-Charentes et Pays-de-la-Loire cette augmen-tation est comprise entre dix et vingt-cinq jours par an Sur le pourtour meacutediterra-neacuteen cette hausse deacutepasse cinquante jours par an soit une augmentation sur lrsquoanneacutee de la saison feu de lrsquoordre de sept semaines La quasi-totaliteacute de la Corse a connu au moins trente jours de plus par an avec IFM gt 20 Cette augmenta-tion est principalement observeacutee durant lrsquoeacuteteacute On observe cependant que pour la reacutegion Pays-de-la-Loire crsquoest la peacuteriode mars-avril-mai qui contribue le plus agrave la hausse constateacutee Pour le pourtour meacutediterraneacuteen et la Corse la peacuteriode autom-nale contribue de maniegravere significative Cela suggegravere un deacutebut plus preacutecoce de la

Figure B9 ndash Valeurs annuelles drsquoIFM moyen sur la France sur la peacuteriode 1958-2008

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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saison des feux de forecirct dans lrsquoOuest de la France et un prolongement automnal de la saison des feux dans le Sud-Est de la France Sur la peacuteriode 1961-1980 386 du territoire connaicirct au moins un jour tous les ans avec IFM gt 20 Sur la peacuteriode 1989-2008 745 du territoire connaicirct au moins un jour tous les ans avec IFM gt 20 Cela repreacutesente un quasi-doublement de la superficie consideacutereacutee par rapport agrave la peacuteriode 1961-1980

Figure B10 ndash Cartes du nombre moyen de jours par an avec un IFM gt 20 pour les deux peacuteriodes drsquoeacutetudes 1961-1980 (carte de gauche) et 1989-2008 (carte de droite)

Source Meacuteteacuteo-France

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1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

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Anneacutee

Figure B11 ndash Nombre de feux de forecirct dans les deacutepartements du pourtour meacutediterraneacuteen franccedilais

Source ONERC drsquoapregraves Base de donneacutees Promeacutetheacutee

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Les preacutecipitations extrecircmesAuteur Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Dans un climat plus chaud le GIEC (rapport 2013) indiquait qursquoune augmentation du risque de preacutecipitations extrecircmes au cours du XXIe siegravecle eacutetait probable et un reacutesultat eacutequivalent a eacuteteacute eacutetabli pour la France (Ouzeau et al 2014) La caracteacute-risation des tendances climatiques sur les pluies intenses agrave lrsquoeacutechelle drsquoun terri-toire est un enjeu primordial pour la preacutevention des risques hydrologiques mais elle srsquoavegravere particuliegraverement difficile du fait de leur forte variabiliteacute spatiale et du nombre limiteacute de donneacutees de qualiteacute suffisante permettant drsquoen rendre compte qursquoil srsquoagisse de seacuteries observeacutees ou issues de modeacutelisation Une analyse (Soubeyroux et al 2015) de lrsquoeacutevolution des pluies extrecircmes annuelles en reacutegion Meacutediterraneacuteenne agrave partir de 700 seacuteries locales a montreacute une preacutedominance de tendances agrave la hausse mais avec une confiance limiteacutee du point de vue statis-tique (fig B12)

Des travaux reacutecents meneacutes dans le cadre du projet Extremoscope ont permis de mettre au point un indicateur agreacutegeacute robuste baseacute sur les seacuteries quotidiennes de preacutecipitation permettant de caracteacuteriser agrave la fois la freacutequence et lrsquointensiteacute de ces pluies extrecircmes (Ribes et al 2018)

En termes drsquointensiteacute (fig B12a) une augmentation robuste de 22 +- 5 est ainsi mise en eacutevidence sur la peacuteriode 1961-2015 (Vautard et al 2015 Ribes et al 2018) Cette augmentation est environ une agrave trois fois plus forte que celle qui est preacutedite par lrsquoaugmentation de la tempeacuterature observeacutee dans la reacutegion et la loi physique qui relie la quantiteacute drsquoeau dans lrsquoatmosphegravere agrave la tempeacuterature

En termes de freacutequence (fig B12b) le nombre drsquoeacuteveacutenements geacuteneacuterant des cumuls de pluie supeacuterieurs agrave 200 mm est eacutegalement en hausse significative du point de vue statistique depuis 2000

Toutefois les autres reacutegions franccedilaises sont soumises agrave des pluies de nature diffeacuterente Par exemple les forts cumuls qui ont pu ecirctre observeacutes durant lrsquohiver 2013-2014 reacutesultent drsquoune situation meacuteteacuteorologique avec un flux persistant de sud-ouest apportant une reacutepeacutetition drsquoeacutepisodes de pluies modeacutereacutees Les analyses du projet Extremoscope nrsquoont pas pu mettre en eacutevidence une tendance marqueacutee dans ce cas tout comme dans le cas des pluies printaniegraveres ayant donneacute lieu agrave une crue importante de la Seine en juin 2016 (cf p 58)

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Figure B12a (haut) ndash Eacutevolution du maximum annuel quotidien de preacutecipitation sur les reacutegions meacutediterraneacuteennes depuis 1962 B12b (bas) eacutevolution de la freacutequence drsquoeacutepisodes de pluies extrecircmes sur les reacutegions meacutediterraneacuteennes depuis 1962

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Cyclones et tempecirctesAuteur Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Les tempecirctes associeacutees aux systegravemes deacutepressionnaires tregraves mobiles de lrsquoAtlan-tique ou quasi-stationnaires en Meacutediterraneacutee font partie des extrecircmes climatiques aux conseacutequences lourdes pour nos socieacuteteacutes Du fait de la combinaison de leurs effets (vents violents action des vagues et submersion marine pluies intenses) et de lrsquoextension spatiale des zones affecteacutees les deacutegacircts occasionneacutes sont freacute-quemment importants tant en matiegravere de vies humaines que de coucircts eacutecono-miques ou de deacutegacircts sur lrsquoenvironnement Agrave elles seules les tempecirctes Lothar et Martin de deacutecembre 1999 ont fait en France meacutetropolitaine 92 victimes et occa-sionneacute plus de 15 Mdeuro de dommages 2 La tempecircte Xynthia en feacutevrier 2010 a durement toucheacute plusieurs reacutegions dont la faccedilade Atlantique et conduit agrave des eacutevo-lutions en matiegravere de preacutevention des risques sur le littoral Les tempecirctes de lrsquohiver 2017 dont la tempecircte Zeus le 6 mars ou celles agrave reacutepeacutetition de janvier 2018 ont rappeleacute en France et dans les diffeacuterents pays du Nord de lrsquoEurope la vulneacuterabi-liteacute de nos socieacuteteacutes face agrave ce type drsquoeacuteveacutenement

Du point de vue climatologique les donneacutees fiables pour analyser les tempecirctes eacutetaient jusqursquoagrave reacutecemment assez limiteacutees tant en reacutesolution spatiale qursquoen pro-fondeur temporelle Depuis fin 2016 une nouvelle base de donneacutees drsquoanalyse des rafales de vent en France agrave haute reacutesolution spatio-temporelle (25 km et 1 heure) permet de disposer de chroniques complegravetes des tempecirctes depuis 1980 3 et drsquoanalyser les tendances en termes de nombre drsquoeacuteveacutenements ou de seacuteveacuteriteacute (Soubeyroux et al 2018)

Au niveau national (fig B13) il apparaicirct que le nombre drsquoeacuteveacutenements de tem-pecirctes a fortement varieacute entre la peacuteriode 1980 agrave 1995 et les anneacutees 1995 agrave 2015 (reacuteduction de moitieacute du nombre drsquoeacuteveacutenements) Il est cependant difficile drsquoattribuer cette eacutevolution aux seuls effets du changement climatique notamment du fait de lrsquoinfluence de la variabiliteacute de la circulation geacuteneacuterale (oscillation multideacutecennale Atlantique et oscillation Nord Atlantique) sur lrsquoactiviteacute des tempecirctes sur le Nord de lrsquoEurope et la France en particulier La diminution de lrsquoactiviteacute tempeacutetueuse et drsquoune maniegravere geacuteneacuterale la baisse des vents de surface sur la terre est constateacutee dans un nombre croissant drsquoeacutetudes et lrsquoaugmentation de la rugositeacute de la surface terrestre (urbanisation augmentation des forecircts) est citeacutee comme un facteur drsquoex-plication probable (Vautard et al 2010 McVicar et al 2012 Wever 2012)

En matiegravere de cyclones lrsquoactiviteacute exceptionnelle de la saison cyclonique 2017 sur lrsquoAtlantique Nord et notamment lrsquoarc antillais (Chauvin et al 2017) a interrogeacute sur la contribution eacuteventuelle du changement climatique pour expliquer la reacutepeacute-tition de ces eacuteveacutenements et leur intensiteacute Mais si les climatologues disposent

2 wwwgeorisquesgouvfr

3 tempetesmeteofr

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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drsquoobservations sur les cyclones tropicaux depuis la fin du XIXe siegravecle surtout sur lrsquoAtlantique les bases de donneacutees fiables ne deacutebutent au mieux que dans les anneacutees 1970 avec lrsquoarriveacutee des satellites car ces pheacutenomegravenes naissant sur les oceacuteans pouvaient passer inaperccedilus avant Gracircce agrave ces observations satellitaires et agrave des traitements automatiseacutes systeacutematiques pour caracteacuteriser les cyclones les climatologues ont donc pu identifier des tendances fiables de lrsquoactiviteacute cyclo-nique de 1970 agrave nos jours

On observe ainsi une augmentation de lrsquoactiviteacute des cyclones tropicaux dans lrsquoAtlan-tique nord depuis les anneacutees 1970 (Planton et al 2015) Leur freacutequence semble augmenter plus fortement dans les anneacutees 2000 En 2005 on relegraveve ainsi vingt-sept systegravemes cycloniques contre une dizaine par an en moyenne De mecircme la saison 2017 se distingue avec le nombre record drsquoouragans majeurs (six eacuteveacutene-ments de cateacutegorie supeacuterieure agrave 3 dont trois ouragans de cateacutegorie 5 Irma Joseacute et Maria) Mais sur lrsquoAtlantique nord en particulier lrsquoactiviteacute cyclonique varie natu-rellement selon des cycles de plusieurs dizaines drsquoanneacutees Avec un recul drsquoune quarantaine drsquoanneacutees seulement il est impossible de distinguer lrsquoimpact du chan-gement climatique de la variabiliteacute naturelle du pheacutenomegravene

Des travaux reacutecents montrent que la latitude agrave laquelle les cyclones ont atteint leur intensiteacute maximale a migreacute vers les pocircles au cours des trente-cinq derniegraveres anneacutees dans les deux heacutemisphegraveres Cette constatation est coheacuterente avec

Figure B13 ndash Eacutevolution du nombre de tempecirctes observeacutees en France meacutetropolitaine de 1980 agrave 2017 (barre bleu) et moyenne glissante sur cinq ans (trait rouge) agrave partir de la base de donneacutees du site httptempetesmeteofrancefr

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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lrsquoexpansion observeacutee de la ceinture tropicale au cours de cette peacuteriode La cein-ture tropicale est une zone confineacutee de part et drsquoautre de lrsquoEacutequateur par de larges zones deacutesertiques dans laquelle regravegne un climat chaud et humide Son exten-sion est deacutetermineacutee par la circulation atmospheacuterique Depuis quelques deacutecen-nies on constate que cette zone srsquoeacutelargit en direction des pocircles dans les deux heacutemisphegraveres Plusieurs facteurs pourraient expliquer cette expansion (variabiliteacute naturelle ozone stratospheacuterique reacutechauffement des tempeacuteratures de surface changement dans le profil vertical des tempeacuteratures)

Inondations crues lentes et crues rapides

Auteur Florence Habets

Universiteacute Pierre et Marie Curie

La France est impacteacutee par les crues rapides les crues lentes et les submer-sions cocirctiegraveres La freacutequence importante des crues rapides est associeacutee agrave une forte mortaliteacute (fig B14 Paprotny et al 2018)

Figure B14 ndash Occurrence des crues en Europe en fonction du type de crue

(Submersion cocirctiegravere en bleu crue lente en vert clair crue rapide en vert fonceacute ou multicomposante en vio-let) Agrave gauche lrsquoeacutevolution par mois sur lrsquoEurope avec en rose le nombre de deacutecegraves associeacutes Agrave droite dis-tribution du type de crue par pays et nombre de deacutecegraves par pays

Source Paprotny et al 2018

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Ces diffeacuterents types de crues sont associeacutes agrave des pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques diffeacuterents preacutecipitations intenses pour les crues rapides longues peacuteriodes humides pour les crues lentes tempecircte pour les submersions cocirctiegraveres Cela se traduit notamment par des dates drsquooccurrence de ces eacuteveacutenements qui varient dans lrsquoespace comme illustreacute fig B15 Lrsquoeacutetude de la date drsquooccurrence du deacutebit maximum annuel montre des changements dans la dynamique de ces maximums annuels avec des zones comme la Bretagne ougrave le pic se produit plus tocirct qursquoavant et drsquoautres comme la plaine de la Garonne ougrave il arrive plus tard (Bloschl et al 2017)

Nom

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Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Un type particulier de crues lentes est celle causeacutee par deacutebordement de nappe Un cas exemplaire est celui du bassin de la Somme en 2001 pour lequel des maisons ont eacuteteacute inondeacutees pendant plusieurs mois (Neacutegrel et Petelet-Giraud 2005) Une analyse historique (fig B16) des niveaux des nappes seacutedimentaires de la moitieacute nord de la France par modeacutelisation permet via lrsquoutilisation drsquoun indice standardiseacute du niveau pieacutezomeacutetrique drsquoestimer lrsquoextension et lrsquointensiteacute des eacutepisodes ougrave les niveaux de la nappe sont tregraves hauts (au-delagrave drsquoune peacuteriode de retour de dix ans en chaque point) Les anneacutees 2000 et 2001 apparaissent effectivement comme des anneacutees extrecircmes sur une grande partie des aquifegraveres seacutedimentaires eacutetudieacutes

Figure B15a (gauche) ndash Dates drsquooccurrence des maximums de deacutebits annuels en Europe entre 1960 et 2010 (droite) eacutevolution de la date drsquooccurrence des maximums entre 1960 et 2010 exprimeacutee en nombre de jours par deacutecennie

Chaque flegraveche repreacutesente une station hydromeacutetrique La direction et la couleur indiquent la date moyenne drsquooccurrence tandis que la longueur indique la concentration des crues agrave une peacuteriode donneacutee (courte tregraves disperseacutee dans le temps longue tregraves concentreacutee dans le temps)

Source Bloschl et al 2017

Figure B16 ndash Surface (abscisse) et intensiteacute (ordonneacutee) de lrsquooccurrence des hauts niveaux de nappe (peacuteriode de retour de dix ans) en moyenne sur les aquifegraveres preacutesenteacutes sur la carte

Reacutesultats issus du projet Aqui-FR wwwmetisupmcfr~aqui-fr

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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En 2015 le risque drsquoinondation a contribueacute agrave hauteur de 104 milliards de dollars ameacutericains aux pertes annuelles moyennes mondiales En France et sur la peacuteriode couvrant 1982 agrave 2017 le coucirct moyen annuel des inondations est estimeacute agrave 526 Meuroan Les inondations de la Seine et de la Loire de 2016 ont coucircteacute de lrsquoordre du milliard drsquoeuros

Les laves torrentiellesAuteur Vincent Jomelli

Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagriculture

Les laves torrentielles constituent un pheacutenomegravene complexe pour au moins trois raisons

drsquoun point de vue statistique il srsquoagit drsquoun eacuteveacutenement rare qui se produit parfois selon une freacutequence plurideacutecennale

le deacuteclenchement de ce type de processus deacutepend des conditions climatiques et geacuteomorphologiques (pente veacutegeacutetation lithologie etc) qui sont interconnecteacutees

les conditions de deacuteclenchement sont souvent lieacutees agrave des pheacutenomegravenes cli-matiques extrecircmes eux-mecircmes encore mal compris

Deux conditions sont neacutecessaires au deacuteclenchement des laves torrentielles (Caine 1980 Johnson et Rodine 1984 Van Steijn 1996 Iverson 1997) drsquoune part des preacutecipitations de longue dureacutee ou de forte intensiteacute et drsquoautre part un grand volume de deacutebris rocheux mobilisable En regravegle geacuteneacuterale un eacutepisode de pluie intense deacuteclenche ce processus (Guzzetti et al 2008) bien que des laves torren-tielles aient eacuteteacute eacutegalement provoqueacutees par la libeacuteration soudaine drsquoeau stockeacutee sous un glacier par la rupture drsquoun barrage morainique ou encore par la fonte rapide de neige (Evans et Clague 1994) La relation entre le deacuteclenchement des laves torrentielles et les caracteacuteristiques des pluies a eacuteteacute eacutetudieacutee agrave de nombreuses reprises depuis les travaux pionniers de Caine (1980) Cet auteur et drsquoautres par la suite ont montreacute que plus lrsquointensiteacute des pluies est forte plus la dureacutee de ces averses est courte (Marchi et al 2002 Guzzetti et al 2008 Berti et al 2012 Pavlova et al 2014 Bel et al 2017) En revanche si lrsquoimportance du volume de deacutebris stockeacutes dans le chenal est connue depuis longtemps (Statham 1976) cet aspect reste encore agrave explorer en profondeur (Pech et Jomelli 2001) Ce volume de deacutebris peut provenir soit drsquoaccumulations morainiques (Haeberli et al 1990 Rickenman et Zimmermann 1993) soit de deacutebris geacutelifracteacutes accumuleacutes dans un couloir ou au sommet drsquoun deacutepocirct de pente (Pech et Jomelli 2001) par graviteacute ou transporteacutes par une avalanche (Theule et al 2012)

Lrsquoimportance du synchronisme spatio-temporel entre les fortes pluies et un volume de deacutebris stockeacutes a deacutejagrave eacuteteacute souligneacutee agrave plusieurs reprises (notamment Pech et Jomelli 2001 Malet et al 2005 Bel et al 2017) En drsquoautres termes si une lave torrentielle est deacuteclencheacutee la probabiliteacute de deacuteclenchement les mois ou les anneacutees suivantes sera faible mecircme si de fortes pluies sont observeacutees car si

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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le volume stockeacute dans le chenal a eacuteteacute totalement mobiliseacute au cours du premier eacuteveacutenement plusieurs anneacutees seront a priori neacutecessaires pour sa reconstitution

Les liens entre les laves torrentielles et le contexte geacuteomorphoclimatique

De nombreuses eacutetudes visant agrave documenter lrsquoactiviteacute des laves torrentielles dans diffeacuterentes reacutegions montagneuses ont reacuteveacuteleacute une forte variabiliteacute spatio- temporelle des bassins versants eacutetant plus actifs que drsquoautres On a donc chercheacute agrave identi-fier les facteurs geacuteomorphologiques ayant un impact important sur lrsquoactiviteacute des laves (Thiery et al 2007 Capitani et al 2013) En geacuteneacuteral lrsquoapproche consistait agrave explorer les relations statistiques entre lrsquoapparition de laves et une ou plusieurs variables geacuteomorphologiques explicatives deacutecrites agrave lrsquoeacutechelle du bassin-versant ou agrave une eacutechelle plus reacutegionale Parmi ces variables cleacutes les caracteacuteristiques geacuteologiques du bassin-versant (lithologie ou preacutesence drsquoune faille tectonique) ont eacuteteacute souligneacutees (Lorente et al 2002 Jomelli et al 2007 Cheng et al 2016) La taille du bassin-versant et sa pente sont eacutegalement consideacutereacutees comme des variables influant la freacutequence ou lrsquointensiteacute du processus tout comme le type de veacutegeacutetation ou lrsquoutilisation du sol (Jianzhong et al 2013)

La variabiliteacute des conditions meacuteteacuteorologiques est eacutegalement agrave prendre en compte Comme mentionneacute preacuteceacutedemment la preacutesence de laves torrentielles est dans la plupart des cas lieacutee agrave des pluies de longue dureacutee ou intenses Or les cumuls preacute-cipiteacutes de pluie etou de neige ainsi que la freacutequence des eacuteveacutenements extrecircmes varient dans le temps Certaines peacuteriodes peuvent donc ecirctre plus favorables que drsquoautres au deacuteclenchement de ce type de processus Ainsi une activiteacute accrue a eacuteteacute observeacutee en Europe occidentale pendant les peacuteriodes humides de lrsquoHolocegravene (Blikra et Nemec 1998 Matthews et al 2009) Lrsquoimpact du changement clima-tique actuel sur lrsquoactiviteacute des laves a eacutegalement eacuteteacute eacutetudieacute (Jomelli et al 2004 Wieczorek et Glade 2005 Pavlova et al 2014 Savi et al 2016) reacuteveacutelant le plus souvent un accroissement de lrsquooccurrence

Les liens entre les conditions geacuteomorphologiques et meacuteteacuteorologiquesclimatiques responsables du deacuteclenchement des laves doivent eacutegalement ecirctre consideacutereacutes Par exemple le seuil de preacutecipitations deacuteclenchant les laves deacutepend des caracteacuteris-tiques du sol qui controcirclent la saturation et la pression interstitielle (Peruccacci et al 2012) Lrsquoactiviteacute des laves deacutepend eacutegalement du volume de seacutediments pouvant ecirctre mobiliseacute dans le bassin-versant Ce volume est directement influenceacute par des variables geacuteomorphologiques telles que la lithologie (Hung et al 2005 Mc Coy et al 2012) mais ce stock varie eacutegalement selon un cycle saisonnier et connaicirct une variabiliteacute interannuelle qui deacutepend du climat (Theule et al 2012)

Pour eacutetudier les relations entre le fonctionnement des laves torrentielles et le climat actuel deux eacutechelles spatiales doivent ecirctre consideacutereacutees celle du bassin-versant expeacuterimental tregraves bien instrumenteacute (Bel et al 2017) et lrsquoeacutechelle reacutegionale (Pavlova et al 2012) Les deux approches ont leurs avantages et leurs inconveacute-nients raisons pour lesquelles elles doivent ecirctre utiliseacutees de concert Rappelons ici briegravevement les principaux reacutesultats issus de ces observations en commenccedilant tout drsquoabord par les bassins-versants expeacuterimentaux

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Lrsquoeacutechelle du bassin-versant expeacuterimental

Nos connaissances sur le deacuteclenchement des laves torrentielles ont eacuteteacute largement ameacutelioreacutees gracircce aux observations reacutealiseacutees depuis huit ans dans le bassin-ver-sant expeacuterimental du Reacuteal situeacute dans les Preacutealpes franccedilaises du Sud agrave proximiteacute du village de Peacuteone dans le deacutepartement des Alpes-Maritimes Ce bassin-versant de 23 km2 tregraves actif veacutegeacutetaliseacute agrave plus de 70 a eacuteteacute eacutequipeacute de trois stations de mesures comprenant chacune un geacuteophone des capteurs de hauteur drsquoeau une cameacutera et un pluviomegravetre (Navratil et al 2013) Ce systegraveme a permis drsquoidenti-fier plus drsquoune trentaine drsquoeacuteveacutenements dont certains nrsquoont pas atteint la partie basse du bassin-versant Gracircce agrave ces observations on sait que ces eacutecoulements se produisent principalement en eacuteteacute (43 ) et au printemps (40 ) et plus rare-ment agrave lrsquoautomne (10 ) et en hiver (5 )

Ce dispositif de mesures a aussi permis drsquoeacutetudier finement les relations inten-siteacute-dureacutee (ID) des pluies responsables drsquoun deacuteclenchement de lave Ce seuil ID varie quelque peu selon le volume de seacutediments mobiliseacutes et les distances parcourues (Bel et al 2017) Une augmentation systeacutematique du seuil ID a eacuteteacute constateacutee avec la surface de drainage Gracircce agrave ces observations un seuil drsquointen-siteacutedureacutee des preacutecipitations en fonction des caracteacuteristiques des eacuteveacutenements pluvieux a eacuteteacute deacutefini Les conditions meacuteteacuteorologiques propices au deacuteclenchement des laves ont eacuteteacute identifieacutees et ont eacuteteacute ensuite compareacutees aux autres types drsquoeacutecou-lements Dans le bassin-versant les laves sont deacuteclencheacutees apregraves des pluies de forte intensiteacute pendant quelques minutes combineacutees agrave de forts cumuls le jour de lrsquoeacuteveacutenement et les deux jours preacuteceacutedents Les valeurs drsquointensiteacute deacuteclenchant les laves varient en fonction de la saison Celles-ci sont geacuteneacuteralement comprises entre 10 mm au printemps et plus de 40 mm pour les autres saisons

Les preacutecipitations ayant eu lieu les jours preacuteceacutedant le deacuteclenchement apparaissent ecirctre un facteur pertinent pour diffeacuterencier les laves des autres types drsquoeacutecoule-ments Pour ces derniegraveres un cumul de preacutecipitations compris entre 8 et 30 mm srsquoavegravere ecirctre un seuil au-delagrave duquel les laves se deacuteclenchent Les laves torren-tielles immatures se produisent apregraves des eacutepisodes pluvieux intenses et de courte dureacutee combineacutes agrave des cumuls journaliers relativement faibles Les eacutecoulements agrave charge de fond se produisent eux apregraves de fortes pluies drsquointensiteacute modeacutereacutee

Ces observations des processus en temps reacuteel reacutealiseacutees dans des bassins-versants expeacuterimentaux permettent aussi drsquoameacuteliorer nos connaissances sur la physique de lrsquoeacutecoulement afin de deacutevelopper des modegraveles deacuteterministes et drsquoestimer des dis-tances drsquoarrecirct (Laigle et Marchi 2000 Mallet et al 2005 Remaitre et al 2008)

Au total ce type de dispositif est indispensable pour comprendre finement le fonc-tionnement des processus Il doit donc ecirctre maintenu sur la dureacutee et reproduit dans drsquoautres contextes environnementaux (veacutegeacutetation lithologie climat) pour saisir leurs effets sur le deacuteclenchement et le fonctionnement des laves Ces observa-tions doivent eacutegalement ecirctre combineacutees agrave des observations reacutealiseacutees cette fois agrave une eacutechelle spatiale plus large preacutesenteacutee ci-dessous

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Lrsquoeacutechelle reacutegionale

Pour eacutetudier les causes des variations de lrsquoactiviteacute des laves torrentielles il faut disposer drsquoobservations permettant de satisfaire deux conditions

une longue peacuteriode de temps pour deacutetecter potentiellement un changement significatif dans lrsquoactiviteacute du processus et du climat

un large territoire pour prendre en compte les variations spatiales lieacutees aux caracteacuteristiques du bassin-versant par exemple la lithologie

On beacuteneacuteficie en France drsquoun reacuteseau drsquoobservations de laves torrentielles reacutealiseacutees par les agents du RTM (Office national des forecircts ndash restauration des terrains en montagne) en partenariat avec lrsquoIRSTEA sur lrsquoensemble du territoire alpin (Brochot et al 2002) Ces donneacutees uniques couvrant plusieurs deacutecennies preacutesentent neacuteanmoins certaines faiblesses rappeleacutees ici Le recensement ayant lieu au pied des bassins-versants il srsquoagit drsquoun nombre minimal drsquoeacuteveacutenements au regard des observations reacutealiseacutees dans le bassin-versant expeacuterimental du Real par exemple Les eacuteveacutenements geacuteo-reacutefeacuterenceacutes sont documenteacutes au pas de temps journalier le plus souvent Par ailleurs bien que reacutealiseacutee par des speacutecialistes lrsquoidentification des types drsquoeacutecoulement est parfois deacutelicate a posteriori Toutefois ces observa-tions apportent un eacuteclairage nouveau et essentiel agrave la compreacutehension des laves torrentielles dont quelques exemples sont preacutesenteacutes ici Dans les hauts bas-sins-versants du Drac de lrsquoIsegravere et de la Durance des relations intensiteacute-dureacutee des preacutecipitations ont eacuteteacute proposeacutees agrave partir drsquoobservations meacuteteacuteorologiques et des reacuteanalyses SAFRAN (Pavlova et al 2011 2012 2014) Toutefois la faible densiteacute du reacuteseau drsquoobservation meacuteteacuteorologique rend peu pertinent ce type drsquoap-proche ID agrave cette eacutechelle spatiale En effet de tregraves nombreux eacuteveacutenements ont eacuteteacute deacuteclencheacutes sans que des preacutecipitations aient eacuteteacute mesureacutees agrave proximiteacute les stations meacuteteacuteorologiques eacutetant le plus souvent situeacutees agrave basse altitude et parfois distantes de plusieurs kilomegravetres du bassin-versant consideacutereacute Dans ces sec-teurs une approche fondeacutee sur une modeacutelisation probabiliste srsquoest aveacutereacutee plus pertinente pour identifier les conditions meacuteteacuteorologiquesclimatiques propices au deacuteclenchement des laves agrave partir de variables mesureacutees au pas de temps jour-nalier ou mensuel cette fois (Pavlova et al 2014) Le nombre de jours de pluies entre le 15 mai et le 15 octobre ainsi que la moyenne des tempeacuteratures maxi-males sont les deux variables qui se sont aveacutereacutees ecirctre les mieux correacuteleacutees au deacuteclenchement des laves agrave une eacutechelle reacutegionale (Pavlova et al 2014) (fig B17) Ces longues seacuteries eacuteveacutenementielles sont de qualiteacute variable dans le temps et lrsquoespace raison pour laquelle une pseudo-homogeacuteneacuteisation a eacuteteacute testeacutee avec succegraves (Jomelli et al 2015) Ces longues seacuteries corrigeacutees ont permis de deacutetec-ter une augmentation de lrsquooccurrence des laves au cours de ces derniegraveres deacutecen-nies en lien avec le climat (Jomelli et al 2007 2015) Cette base de donneacutees eacuteveacutenementielles a aussi permis de caracteacuteriser la plupart des bassins-versants et deacuteterminer ainsi dans lesquels les laves se produisent plus favorablement que drsquoautres types drsquoeacutecoulements concentreacutes en srsquoappuyant sur lrsquoindice de Melton (Bertrand et al 2013)

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Par ailleurs ces investigations conduites sur un large territoire ont permis de montrer que les relations entre les laves torrentielles et le climat nrsquoeacutetaient pas univoques mais deacutependaient fortement du contexte geacuteomorphologique comme la lithologie lrsquoaltitude et la taille de la zone amont qui a une forte influence sur la freacutequence et le temps de retour de ces laves (Jomelli et al 2007) Une remonteacutee en altitude de la zone de deacuteclenchement des laves torrentielles a ainsi pu ecirctre mise en eacutevidence lieacutee agrave lrsquoaugmentation des tempeacuteratures De plus agrave basse alti-tude (lt 2 200 m) le nombre de laves a diminueacute depuis les anneacutees 1980 alors qursquoune augmentation significative a eacuteteacute observeacutee en altitude (Jomelli et al 2004)

Agrave cette eacutechelle spatiale le contexte geacuteomorphologique peut ecirctre consideacutereacute dans la relation climatdeacuteclenchement des laves Sur le plan meacutethodologique les modegraveles deacuteterministes peuvent prendre en compte simultaneacutement les variables environnementales et climatiques dans lrsquoeacutevaluation de lrsquoactiviteacute des laves torren-tielles Par exemple les modegraveles de stabiliteacute des pentes utilisent des variables geacuteotechniques pour deacutefinir la sensibiliteacute du sol aux eacutecoulements en fonction des preacutecipitations Cependant ces modegraveles sont geacuteneacuteralement appliqueacutes aux bassins-versants preacutesentant des caracteacuteristiques environnementales homogegravenes situeacutees dans la mecircme zone climatique afin de reacuteduire la difficulteacute de la modeacutelisation Les approches agrave partir drsquoanalyses statistiques utilisent geacuteneacuteralement des donneacutees couvrant un large territoire impliquant une grande variabiliteacute environnementale et climatique Mais ici aussi pour reacuteduire la complexiteacute de lrsquoanalyse les preacutedic-teurs environnementaux et climatiques sont le plus souvent consideacutereacutes seacutepareacute-ment Reacutecemment une modeacutelisation bayeacutesienne hieacuterarchique a permis de montrer que le climat joue un rocircle deacuteterminant lorsque lrsquoactiviteacute des bassins-versants est homogegravene (au moins une lave deacuteclencheacutee par deacutecennie) Agrave lrsquoinverse crsquoest la litho-logie qui srsquoavegravere ecirctre la variable la plus discriminante pour expliquer la raison pour laquelle certains bassins-versants sont tregraves actifs tandis que drsquoautres le sont peu (Jomelli et al 2018 submitted)

Figure B17 ndash Probabiliteacute de deacuteclenchement des laves torrentielles dans les Alpes franccedilaises du Nord agrave partir de SAFRAN (1970-2005)

Source drsquoapregraves Pavlova et al 2014

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Les avalanches

Auteurs Nicolas Eckert Thierry Faug Florie Giacona Jeacuterocircme Lopez-Saez

Mohamed Naaim

Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Christophe Corona

GEOLAB Centre national de la recherche scientifique Clermont-Ferrand

Samuel Morin

Meacuteteacuteo-France Centre drsquoeacutetude de la neige Grenoble

Quelques reacutesultats statistiques sur les observations des avalanches pour les der-niegraveres deacutecennies dans les Alpes franccedilaises

LrsquoEnquecircte permanente sur les avalanches (EPA) constitue une base de donneacutees quasi instrumentale qui reacutepertorie les avalanches sur pregraves de 3 000 couloirs des Alpes depuis le deacutebut du XXe siegravecle Les observations qui y sont consigneacutees ont pour lrsquoinstant eacuteteacute analyseacutees surtout sur la peacuteriode post-Seconde Guerre mon-diale au cours de laquelle elles sont plus systeacutematiques En matiegravere de nombre drsquoavalanches malgreacute une forte variabiliteacute interannuelle un maximum relatif drsquoac-tiviteacute a pu ecirctre identifieacute autour de 1980 suivi par une deacutecroissance (fig B18a Eckert et al 2010) Une tendance similaire se retrouve de maniegravere amplifieacutee et inverseacutee dans les altitudes drsquoarrecirct atteintes par les avalanches (fig B18b) et plus encore dans les altitudes drsquoarrecirct atteintes par les grandes avalanches qui remontent nettement depuis 1980 (fig B18c) Une autre tendance significative est la diminution nette et reacuteguliegravere de la proportion drsquoavalanches avec aeacuterosol depuis le deacutebut des anneacutees 1970 eacutepoque agrave partir de laquelle cette information est enregistreacutee dans lrsquoEPA (fig B18d)

Lrsquoaugmentation relative de lrsquoactiviteacute avalancheuse sur la peacuteriode 1960-1980 a coiumlncideacute avec des hivers plus froids et neigeux par ailleurs bien documenteacutes par drsquoautres indicateurs (courtes avanceacutees glaciaires notamment) Le laquo recul des avalanches raquo accompagneacute drsquoune diminution de la proportion des avalanches avec aeacuterosol qui srsquoest produite ensuite coiumlncide quant agrave lui avec une peacuteriode de reacutechauf-fement marqueacute (Castebrunet et al 2012)

Le lien entre altitude drsquoarrecirct des avalanches et tempeacuterature a pu ecirctre mis en eacutevi-dence de maniegravere explicite au travers de correacutelations entre les frottements qui controcirclent la dynamique des avalanches et les proprieacuteteacutes physiques de la neige Sur les couloirs bien documenteacutes de la haute valleacutee de lrsquoArve il a pu ecirctre montreacute que le coefficient de frottement de la neige augmente avec la tempeacuterature de la neige (Naaim et al 2013) Ce reacutesultat suggegravere que la remonteacutee en altitude des positions drsquoarrecirct des avalanches depuis 1980 peut effectivement ecirctre attribueacutee au moins en partie agrave lrsquoaugmentation des tempeacuteratures hivernales

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Figure B18 eacutevolutions reacutecentes de lrsquoactiviteacute avalancheuse dans les Alpes franccedilaises enregistreacutee par lrsquoEPA a) nombre moyen drsquoavalanches par couloir et par an b) altitude drsquoarrecirct moyenne annuelle c) altitude drsquoarrecirct deacutecennale (niveau de retour) d) proportion drsquoavalanches avec aeacuterosol (incluant les eacutecoulements mixtes)

Ce scheacutema global simple masque en reacutealiteacute des eacutevolutions diffeacuterencieacutees forte-ment controcircleacutees par lrsquoaltitude Agrave basse altitude (approximativement en dessous de 1 500 m) la diminution de lrsquoactiviteacute avalancheuse depuis 1980 environ a eacuteteacute drastique en lien avec la forte reacuteduction de lrsquoenneigement induite par le reacutechauf-fement du climat Au contraire agrave plus haute altitude lrsquoactiviteacute a reacutecemment aug-menteacute depuis 1980 (Lavigne et al 2015) peut-ecirctre sous lrsquoeffet de lrsquoaccroissement de la variabiliteacute climatique hivernale et de lrsquoactiviteacute avalancheuse de neige humide

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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sur laquelle on reviendra Cette tendance concerne en particulier les massifs du sud des Alpes franccedilaises qui ont en moyenne une altitude plus eacuteleveacutee que ceux situeacutes au nord des Alpes franccedilaises et sont soumis conjointement aux influences climatiques meacutediterraneacuteennes et atlantiques

Ailleurs etou sur des peacuteriodes plus longues

Pour reacuteellement appreacutehender le lien avalanche-climat il est neacutecessaire de srsquoin-teacuteresser agrave des peacuteriodes temporelles plus longues incluant des eacutepoques ougrave le climat eacutetait clairement diffeacuterent des conditions actuelles Des donneacutees paleacuteo-envi-ronnementales suggegraverent ainsi qursquoau Petit acircge glaciaire (PAG) 4 des avalanches majeures se sont produites dans des endroits ougrave lrsquoactiviteacute a eacuteteacute bien moins intense durant les derniegraveres deacutecennies Ces eacutevolutions pluriseacuteculaires ont pu ecirctre docu-menteacutees en Scandinavie au moyen drsquoune approche licheacutenomeacutetrique qui utilise lrsquoacircge des lichens pour deacuteterminer la freacutequence des remaniements dans les zones drsquoarrecirct drsquoavalanches Dans les montagnes europeacuteennes et en Ameacuterique du Nord lrsquoapproche dendrogeacuteomorphologique baseacutee sur lrsquoidentification et la datation des perturbations de croissance lieacutees aux avalanches dans les cernes de croissance de vieux peuplements forestiers a eacuteteacute utiliseacutee La plus ancienne chronique ava-lancheuse actuellement reconstruite remonte jusqursquoau XIVe siegravecle dans le massif du Queyras Lrsquointerpreacutetation climatique de telles seacuteries reste toutefois difficile du fait du caractegravere limiteacute de la quantiteacute de donneacutees ainsi reconstruites et des biais inheacuterents agrave la meacutethode (perte de meacutemoire avec le temps etc)

Les proxies sont utilement suppleacutementeacutes par lrsquoanalyse des archives historiques qursquoil convient toutefois de replacer dans leur contexte avec preacutecision (qualiteacute et origine des sources eacutevolutions du vocabulaire etc) Dans cette optique les massifs franccedilais de moyenne montagne (Massif vosgien Massif central Jura) constituent des sites drsquoeacutetude privileacutegieacutes Lrsquoaltitude des zones de deacutepart drsquoavalanche corres-pond agrave lrsquoaltitude moyenne de la limite pluieneige durant la saison hivernale ce qui les rend particuliegraverement sensible au reacutechauffement Des travaux reacutecents baseacutes sur une analyse historique suggegraverent ainsi une quasi-extinction de lrsquoacti-viteacute avalancheuse de basse altitude au cours de la seconde moitieacute du XIXe siegravecle dans le Massif vosgien peacuteriode qui coiumlncide avec la sortie du PAG Toutefois les sources historiques eacutetant geacuteneacuteralement eacutetroitement associeacutees agrave la vulneacuterabi-liteacute donc aux deacutegacircts causeacutes par les avalanches elles ne permettent pas agrave elles seules de renseigner lrsquoeacutevolution de lrsquoaleacutea naturel Des investigations suppleacutemen-taires associant donneacutees historiques proxies eacutetudes diachroniques des usages des sols et diffeacuterents outils de simulation climatique restent donc agrave mener pour confirmer et si possible geacuteneacuteraliser ces premiers reacutesultats relatifs agrave lrsquoeacutevolution seacuteculaire de lrsquoactiviteacute avalancheuse avec le climat

4 Le Petit acircge glaciaire (PAG) est une peacuteriode climatique froide survenue en Europe et en Ameacuterique du Nord du deacutebut du XIVe agrave la fin du XIXe siegravecle approximativement

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Lien entre les changements deacutejagrave observeacutes et les activiteacutes humaines

Auteurs Serge Planton

Meacuteteacuteo-France

Robert Vautard

IPSL

De nombreux eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques ou climatiques extrecircmes ont ponctueacute la derniegravere deacutecennie en France (voir Partie preacuteceacutedente) Ces pheacutenomegravenes ont parfois eacuteteacute laquo sans preacuteceacutedent connu raquo comme la vague de chaleur de 2003 engendrant des impacts nouveaux auxquels la socieacuteteacute nrsquoeacutetait pas preacutepareacutee Srsquoil est difficile de relier directement ces eacuteveacutenements au changement climatique en revanche les projections climatiques pour le milieu ou la fin du siegravecle montrent une eacutevolu-tion de la freacutequence ou de lrsquointensiteacute de plusieurs types drsquoeacuteveacutenements (vagues de chaleur seacutecheresses preacutecipitations intenses notamment) sans montrer de signal significatif pour drsquoautres (tempecirctes notamment)

Degraves lors plusieurs questions geacuteneacuterales se posent chaque fois qursquoun eacuteveacutenement se produit

Cet eacuteveacutenement ou bien lrsquoeacutevolution de ses caracteacuteristiques sont-ils seulement

drsquoorigine naturelle ou en partie lieacutes aux activiteacutes humaines Comment les pheacute-

nomegravenes observeacutes peuvent-ils se comparer aux projections du climat futur

Les reacuteponses agrave ces questions sont cruciales pour anticiper les risques agrave venir et preacuteparer les politiques drsquoadaptation lieacutees aux extrecircmes En effet les eacuteveacutenements extrecircmes engendrent des dommages importants de faccedilon transversale et simul-taneacutee dans diffeacuterents secteurs de lrsquoeacuteconomie de la santeacute ou de lrsquoenvironnement Ils ont parfois servi de deacuteclencheurs de nouvelles politiques drsquoadaptation (ex le Plan national canicule en 2003) Une meilleure compreacutehension et interpreacuteta-tion des causes de ces aleacuteas dans un cadre climatique eacutevolutif permettraient de mieux les anticiper au lieu de subir leurs conseacutequences

Le lien au changement climatique pour la plupart de ces eacuteveacutenements reste agrave eacutetudier Pourtant nous ne partons pas de rien En effet drsquoune part un nombre croissant drsquoeacutetudes srsquointeacuteressent actuellement agrave la deacutetection et agrave lrsquoattribution des change-ments climatiques des eacuteveacutenements extrecircmes et de leurs conseacutequences eacuteven-tuelles Il srsquoagit de deacuteterminer si lrsquoeacutevolution des statistiques (freacutequence amplitude) drsquoun type drsquoeacuteveacutenement (par exemple la probabiliteacute drsquoobserver une vague de chaleur ou la freacutequence de preacutecipitations intenses) peut ecirctre expliqueacutee par la seule varia-biliteacute interne du climat et si ce nrsquoest pas le cas drsquoeacutevaluer les contributions au changement deacutetecteacute de diffeacuterents facteurs externes qursquoils soient anthropiques (par exemple les gaz agrave effet de serre ou les particules de pollution atmospheacuterique) ou naturels (par exemple lrsquoactiviteacute solaire ou volcanique) Les meacutethodes actuelles

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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reposent souvent sur la comparaison de simulations climatiques avec et sans les facteurs suspecteacutes et leur coheacuterence avec les observations

Drsquoautre part plus reacutecemment lrsquoattention srsquoest porteacutee sur lrsquoattribution drsquoeacuteveacutene-ments singuliers Il srsquoagit dans ce cas drsquoeacutetudier speacutecifiquement un eacuteveacutenement observeacute et drsquoestimer comment les facteurs externes ont pu modifier la probabi-liteacute drsquooccurrence des eacuteveacutenements du mecircme type Le terme drsquoattribution est ici agrave manier avec prudence car il ne srsquoagit pas drsquoaffirmer que lrsquoeacuteveacutenement nrsquoaurait pas eu lieu en lrsquoabsence du forccedilage anthropique par exemple mais drsquoindiquer srsquoil est devenu plus ou moins probable agrave cause de ce forccedilage

Sont reacutesumeacutes ici quelques reacutesultats obtenus par le projet Extremoscope 5 (Gasparrini 2017) Les eacuteveacutenements extrecircmes eacutetudieacutes ici eacutetaient ceux pour lesquels les donneacutees historiques sont disponibles homogegravenes et fiables (vagues de chaleur vagues de froid seacutecheresses ou preacutecipitations intenses)

Pendant le deacuteroulement du projet de novembre 2013 agrave octobre 2016 six eacuteveacute-nements meacuteteacuteorologiques et climatiques particuliegraverement marquants qui se sont produits en France ont eacuteteacute retenus pour lrsquoanalyse Trois se rapportent agrave des eacuteveacutene-ments pluvieux et trois agrave des eacutepisodes chauds mais aussi secs pour lrsquoun drsquoentre eux Par la suite drsquoautres pheacutenomegravenes ont pu eacutegalement ecirctre eacutetudieacutes dans le cadre de la nouvelle laquo Convention services climatiques raquo soutenue par le ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire

Nous donnons ici une courte synthegravese de lrsquoeacutetude de chacun des six eacuteveacutenements analyseacutes pendant le projet Extremoscope Quelques figures choisies pour deux des six cas permettent drsquoillustrer le type de visualisation pouvant ecirctre produit pour caracteacuteriser chaque eacuteveacutenement et son lien avec le changement climatique

Les pluies intenses de lrsquohiver 2013-2014

Les cumuls de pluie de lrsquohiver 2013-2014 ont deacutepasseacute les records des cinquante derniegraveres anneacutees sur la Bretagne ougrave ils ont engendreacute des inondations majeures (fig B19) Cet eacuteveacutenement est ducirc agrave la persistance drsquoune circulation atmospheacuterique avec des vents de sud-ouest chargeacutes drsquohumiditeacute Les simulations climatiques reacutegionales reproduisent difficilement les forts cumuls sur lrsquohiver et ne montrent pas de changement significatif des proprieacuteteacutes des extrecircmes depuis 1971 Il est donc impossible avec les reacutesultats obtenus ici de conclure agrave un changement ducirc aux activiteacutes humaines pour ce type drsquoextrecircme

5 Programme GICC MTESCGDDDRISR

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Les pluies Ceacutevenoles de lrsquoautomne 2014

Les pluies journaliegraveres les plus fortes sur le pourtour meacutediterraneacuteen ont une amplitude qui a augmenteacute de 20 environ (incertitude plusmn 15 ) entre 1960 et aujourdrsquohui En automne sur les Ceacutevennes la probabiliteacute de deacutepasser aujourdrsquohui des seuils eacuteleveacutes (300 mmjour) comme ceux observeacutes en 2014 a environ tripleacute en soixante-cinq ans (Vautard et al 2015) Il est difficile drsquoexpliquer ces tendances sans invoquer lrsquoinfluence humaine sur le climat Une nouvelle eacutetude tregraves reacutecente (Luu et al 2018) a permis de montrer que les simulations reacutealiseacutees dans le cadre du projet EURO-CORDEX inteacutegrant les eacutemissions anthropiques ont des tendances eacutequivalentes coheacuterentes avec les observations tout en sous-estimant les cumuls de preacutecipitations Lrsquoorigine humaine de cette augmentation est donc probable

Figure B19 ndash Caracteacuterisation du caractegravere exceptionnel des preacutecipitations de lrsquohiver 2013-2014 avec lrsquoindicateur agreacutegeacute de preacutecipitations agrave lrsquoeacutechelle de la reacutegion Bretagne calculeacute sur la peacuteriode 1959-2017 (cumul moyen sur la zone)

Source Extremoscope

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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La vague de chaleur et la seacutecheresse de lrsquoeacuteteacute 2015

Lrsquoeacuteteacute 2015 est le troisiegraveme eacuteteacute le plus chaud observeacute en France apregraves 2003 (+ 32 degC) 2018 (+ 2 degC) Il a notamment eacuteteacute marqueacute par deux vagues de chaleur en juillet Lrsquoanomalie de tempeacuterature a eacuteteacute accompagneacutee drsquoune anomalie anticy-lonique sur lrsquoEurope Lrsquoeacuteteacute 2015 a eacuteteacute eacutetudieacute agrave travers deux meacutethodes de deacutetec-tion et attribution Si les deux meacutethodes srsquoaccordent pour dire que le changement climatique a augmenteacute lrsquointensiteacute de cette vague de chaleur elles diffegraverent quant agrave leur quantification de cette augmentation La meacutethode des analogues de cir-culation conduit agrave une augmentation de 11 degC tandis que la meacutethode baseacutee sur des simulations reacutegionales attribue 03 degC au changement climatique Par ail-leurs une eacutetude reacutecente srsquoest focaliseacutee sur le deacuteficit en preacutecipitation au cours du mecircme eacuteteacute (Hauser et al 2017) La variabiliteacute des reacutesultats entre les diffeacute-rents modegraveles nrsquoa pas permis de conclure agrave un signal significatif des activiteacutes humaines pour ce paramegravetre

Le record de chaleur de deacutecembre 2015

Le mois de deacutecembre 2015 le plus chaud jamais observeacute en France (fig B20) a eacuteteacute eacutetudieacute agrave partir de plusieurs meacutethodes afin de deacuteterminer le rocircle eacuteventuel

Figure B20 ndash Caracteacuterisation des mois de deacutecembre en France en rapport agrave la normale (moyenne 1981-2010) pour les preacutecipitations en pourcentage de cette normale (axe des abscisses) et eacutecart agrave la normale des tempeacuteratures en degreacute Celsius (axe des ordonneacutees)

Source Meacuteteacuteo-France

Tempeacuteratures et preacutecipitations en deacutecembre de 1959 agrave 2017

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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du changement climatique dans son apparition Les tempeacuteratures eacuteleveacutees sont largement dues aux vents de sud soufflant au cours du mois mais lrsquointensiteacute de cet eacuteveacutenement est 025 degC agrave 06 degC plus eacuteleveacutee que ce qursquoelle aurait eacuteteacute avec les mecircmes vents dans un climat avec moins de gaz agrave effet de serre Les simulations climatiques utiliseacutees ne contiennent aucun cas de tempeacuteratures aussi eacuteleveacutees agrave la fin du XXe siegravecle alors que quelques cas apparaissent dans la peacuteriode actuelle Ce type drsquoeacuteveacutenement est donc extrecircmement peu probable dans un climat sans influence humaine mais deviendra de plus en plus probable au cours du XXIe siegravecle sans reacuteduction des eacutemissions de gaz agrave effet de serre (fig B21) Une eacutetude publieacutee reacutecemment a par ailleurs permis de deacutemontrer que pour des circulations atmos-pheacuteriques similaires les tempeacuteratures sont moins eacuteleveacutees dans le milieu du XXe siegravecle que dans la peacuteriode plus reacutecente (Jeacutezeacutequel et al 2017)

Les pluies extrecircmes du printemps 2016

Un eacutepisode de trois jours de pluies quasi continues srsquoest produit sur le centre de la France les 29-30-31 mai 2016 occasionnant des inondations dans les bassins de la Loire et de la Seine notamment sur plusieurs affluents Une augmentation de freacutequence de ce type drsquoeacuteveacutenement agrave cette peacuteriode de lrsquoanneacutee nrsquoest pas deacutetec-table dans les observations En revanche les simulations de plusieurs ensembles

Figure B21 ndash Valeurs de retour de lrsquoindicateur thermique pour le mois de deacutecembre en fonction de la peacuteriode de retour pour les observations durant la peacuteriode reacutecente (couleur cyan) et pour diffeacuterentes peacuteriodes pour les simulations Euro-CORDEX

Source IPSL

Vale

ur d

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tour

(degC

)

Peacuteriode de retour (anneacutees)

1971-2000

Actuel [2001-2030]

2021-2050

2041-2070

Obs 1949-2015

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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de modegraveles montrent une augmentation drsquoun facteur 15 agrave 2 environ de cette freacute-quence par rapport agrave un climat sans activiteacutes humaines ou agrave une peacuteriode clima-tique de la fin du XXe siegravecle Il est donc possible que les activiteacutes humaines aient augmenteacute lrsquointensiteacute et la probabiliteacute drsquooccurrence de tels pheacutenomegravenes sans que les observations permettent de le confirmer

Les vagues de chaleur tardives de lrsquoeacuteteacute 2016

La France a connu des tempeacuteratures tregraves eacuteleveacutees au cours de la fin de lrsquoeacuteteacute 2016 Bien que classiques pour une vague de chaleur de milieu drsquoeacuteteacute les tempeacuteratures rencontreacutees ont eacuteteacute tregraves exceptionnelles pour une fin drsquoeacuteteacute et des valeurs record pour la peacuteriode du 16 aoucirct au 15 septembre ont eacuteteacute atteintes Une analyse agrave partir des simulations climatiques montre que de telles tempeacuteratures sont extrecirc-mement peu probables sans la modification du climat induite par les activiteacutes humaines Elle montre aussi que dans le futur des tempeacuteratures aussi eacuteleveacutees entre le 16 aoucirct et le 15 septembre seront freacutequentes Cela montre que les mesures drsquoadaptation aux vagues de chaleur doivent aussi srsquoeacutetendre au mois de septembre

Drsquoautres eacutetudes ont eacuteteacute meneacutees depuis comme celle sur lrsquoeacuteteacute exceptionnel et la vague de chaleur drsquoaoucirct 2017 sur les reacutegions meacutediterraneacuteennes (Kew et al 2018) montrant que drsquoune part la probabiliteacute de telles tempeacuteratures avait pro-bablement augmenteacute drsquoun ordre de grandeur 6 avec une peacuteriode de retour actuelle drsquoune dizaine drsquoanneacutees sur la reacutegion concerneacutee et drsquoautre part que dans un climat 2 degreacutes plus chaud que sans activiteacutes humaines ce type de tempeacuteratures deviendrait la norme dans cette reacutegion Il faut rappeler les tempeacuteratures record observeacutees (plus de 41 degC agrave Nicircmes) et la forte seacutecheresse qui a accompagneacute cet eacuteveacutenement occasionnant des pertes pour la viticulture notamment

Conclusions

La diversiteacute de ces eacuteveacutenements portant parfois sur une saison parfois sur quelques jours conduit agrave tirer des conclusions diffeacuterentes concernant un possible effet des activiteacutes humaines Ces conclusions vont de lrsquoabsence drsquoeffet identifieacute (pluies intenses seacutecheresses) jusqursquoagrave une empreinte claire des activiteacutes humaines sur la probabiliteacute drsquoeacuteveacutenements comparables (vagues de chaleur) La quantification preacutecise de lrsquoinfluence humaine sur les extrecircmes de chaleur nrsquoest toutefois pas possible agrave ce stade

Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale ces conclusions sont en accord avec les reacutesultats des eacutetudes meneacutees au niveau international et dont une synthegravese avait eacuteteacute faite au cours drsquoun atelier du colloque Our Common Future Under Climate Change qui srsquoest tenu quelques mois avant la confeacuterence de Paris sur le climat (Paris 7-10 juillet 2015) La principale conclusion de cet atelier focaliseacute sur la question de la deacutetec-tion et de lrsquoattribution des eacuteveacutenements singuliers eacutetait la suivante

6 La probabiliteacute a eacuteteacute multiplieacutee par un facteur 10

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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laquo Les preuves que lrsquoinfluence humaine exacerbe les extrecircmes de tempeacuterature ont continueacute agrave se renforcer et la confiance dans le fait que ce soit aussi le cas pour les extrecircmes de preacutecipitations augmente raquo

Agrave ce jour il nrsquoexiste pas drsquoeacutetude formalisant lrsquoattribution de changements dans lrsquoac-tiviteacute avalancheuse aux activiteacutes humaines (ni en France ni dans les autres pays de montagne) bien que la question se pose reacuteguliegraverement lors de chaque eacuteveacute-nement avalancheux majeur (par exemple janvier 2018 dans les Alpes du Nord)

De mecircme lrsquoinfluence du changement climatique sur les eacuteveacutenements extrecircmes neigeux certains risques gravitaires les risques lieacutes aux glaciers et leur eacutevolution dans un climat futur nrsquoont pas eacuteteacute lrsquoobjet de suffisamment drsquoeacutetudes pour obtenir des eacuteleacutements suffisants et des conclusions pertinentes

Chapitre CEacutevolutions

dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

Auteurs Serge Planton Meacuteteacuteo-France

Robert Vautard IPSL

copy Arnaud Bouissou ndash Terra

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Plusieurs des reacutesultats preacutesenteacutes dans ce chapitre font reacutefeacuterence aux sceacute-narios drsquoeacutemissions futures de gaz agrave effet de serre deacutefinis dans le contexte du travail drsquoexpertise du GIEC (GIEC 2013) Il srsquoagit des sceacutenarios dits RCP pour Representative Concentration Pathways (profils repreacutesentatifs drsquoeacutevo-lution de concentration) qui ont servi de base au calcul de projections cli-matiques tant agrave lrsquoeacutechelle globale qursquoagrave lrsquoeacutechelle reacutegionale crsquoest-agrave-dire celle du sous-continent europeacuteen ou de la France meacutetropolitaine Cependant agrave lrsquoeacutechelle reacutegionale les reacutesultats les plus reacutecents preacutesenteacutes ici ne prennent en compte que deux sceacutenarios parmi les quatre proposeacutes par les experts du GIEC ndash RCP85 de fortes eacutemissions de gaz agrave effet de serre et RCP45 drsquoeacutemis-sions laquo modeacutereacutees raquo - Ce sont en effet les seuls pour lesquels un ensemble relativement important de simulations a eacuteteacute reacutealiseacute agrave partir drsquoune dizaine de modegraveles climatiques reacutegionaux diffeacuterents (drsquoune reacutesolution drsquoune dizaine de kilomegravetres) dans le cadre du projet europeacuteen de recherche Euro-CORDEX lanceacute en 2009 Degraves lors la question du sceacutenario du reacutechauffement agrave 2 degC agrave lrsquoeacutechelle globale correspondant sensiblement au sceacutenario RCP26 est poseacutee Elle nrsquoest pas essentielle agrave un horizon temporel limiteacute au milieu de ce siegravecle (typiquement pour la peacuteriode 2021-2050) car agrave cet horizon les pro-jections climatiques deacutependent faiblement du sceacutenario drsquoeacutemissions de gaz agrave effet de serre En revanche agrave lrsquohorizon de la fin de ce siegravecle (typiquement pour la peacuteriode 2071-2100) les reacutesultats en deacutependent fortement Il faut toutefois noter que les quelques simulations reacutealiseacutees agrave lrsquoeacutechelle reacutegionale pour le sceacutenario RCP26 montrent une relative stabiliteacute des reacutesultats concer-nant les extrecircmes climatiques entre le milieu et la fin de ce siegravecle (voir par exemple les reacutesultats des simulations du modegravele Aladin-Climat de Meacuteteacuteo-France figurant sur le portail Internet Drias 1) Il est donc possible de trans-poser les reacutesultats des sceacutenarios RCP45 et RCP85 au milieu du siegravecle pour disposer drsquoune estimation des changements auxquels on peut srsquoattendre agrave la fin du siegravecle pour le sceacutenario RCP26

1 httpwwwdrias-climatfr

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Quel sera lrsquoimpact futur du changement climatique sur les risques naturels majeurs

Croiser les connaissances relatives agrave lrsquoeacutevolution des aleacuteas avec les enjeux exposeacutes actuellement et dans la mesure du possible de leurs eacutevolutions atten-dues permet drsquoestimer les conseacutequences potentielles du changement climatique en matiegravere de risques naturels

Plusieurs eacutevaluations meneacutees par le secteur des assurances anticipent une hausse notable de la sinistraliteacute et du coucirct des dommages dus agrave des aleacuteas naturels dont une part non neacutegligeable est expliqueacutee par le changement climatique principale-ment sur les aleacuteas seacutecheresse et submersion marine Toutefois ces eacutetudes sou-lignent que la hausse de la sinistraliteacute sera principalement due agrave une exposition accrue des biens ndash leur nombre leur localisation leur valeur ndash dans des zones agrave risques qui pourraient croicirctre Ainsi la concentration croissante de population et drsquoactiviteacutes dans le sud de la France et sur le littoral est de nature agrave accroicirctre la sinistraliteacute Certains territoires drsquooutre-mer connaissent aussi une forte crois-sance deacutemographique (Mayotte Guyane)

Les eacutetudes meneacutees par les assureurs ne prennent pas en compte les mesures drsquoadaptation qui visent agrave limiter cette augmentation de la sinistraliteacute ou la reacuteduire

Encadreacute 1

Les conseacutequences du changement climatique sur les dommages assureacutes

en France agrave lrsquohorizon 2050 eacutetude de la Caisse centrale de reacuteassurance

(CCR) et Meacuteteacuteo-France

Auteur Emmanuel Vullierme

MTES DGPRSRNH

Au regard des reacutecentes catastrophes la question de lrsquoeacutevolution future de la freacutequence et des conseacutequences financiegraveres des eacuteveacutenements est de toute premiegravere importance pour assurer la soliditeacute du reacutegime drsquoindemni-sation des catastrophes naturelles

Apregraves une premiegravere eacutetude meneacutee dans le cadre de la 21e Confeacuterence des parties (COP 21) organiseacutee agrave Paris en deacutecembre 2015 2 la CCR a souhaiteacute estimer lrsquoimpact que pourrait avoir le sceacutenario du GIEC le plus pessimiste sur le coucirct des catastrophes En 2018 cette nouvelle eacutetude meneacutee en partenariat avec Meacuteteacuteo-France srsquoappuie sur le sceacutenario qui suppose que les eacutemissions de gaz agrave effet de serre vont se poursuivre agrave la mecircme ten-dance qursquoactuellement (sceacutenario dit laquo RCP85 raquo) Selon le GIEC la hausse

2 Modeacutelisation de lrsquoimpact du changement climatique sur les dommages assureacutes dans le cadre du reacutegime Catastrophes Naturelles Caisse centrale de reacuteassurance deacutecembre 2015

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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des tempeacuteratures mondiales (terres et oceacuteans) serait alors comprise entre 14 degC et 26 degC en 2050 et entre 26 degC et 48 degC en 2100 par rapport aux tempeacuteratures de la peacuteriode preacute-industrielle Le niveau de la mer pour-rait connaicirctre une augmentation drsquoenviron 23 cm agrave lrsquohorizon 2050 (2016-2065) par rapport au niveau moyen de 1986-2005

Les reacutesultats de modeacutelisation du climat futur reacutealiseacutee par Meacuteteacuteo-France agrave lrsquoaide de son modegravele Arpegravege-Climat sont venus alimenter les modegraveles drsquoaleacutea (inondation seacutecheresse et submersion marine) et de dommages de la CCR (Moncoulon 2014 et Naulin 2016) Pour ce faire 400 anneacutees agrave climat actuel et agrave climat 2050 ont eacuteteacute simuleacutees par les modegraveles de Meacuteteacuteo-France Cette chaicircne de modeacutelisation permet drsquoeacutevaluer in fine la hausse des pertes annuelles moyennes agrave lrsquohorizon 2050 (fig C1)

Lrsquoanalyse des reacutesultats agrave lrsquoeacutechelle locale fait apparaicirctre de fortes dispari-teacutes territoriales avec une exposition importante de la faccedilade atlantique et de lrsquoIcircle-de-France (fig C2) Ces reacutesultats sont eacutegalement reacuteveacutelateurs des enjeux agrave prendre en compte dans les politiques de preacutevention agrave savoir la concentration des biens dans les futures zones agrave risque et la reacutecurrence eacuteleveacutee de certains eacuteveacutenements

Figure C1 ndash Eacutevolution des pertes annuelles moyennes en 2050

Source Meacuteteacuteo-France

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Certaines actions ont une influence sur la survenue de certains aleacuteas soit pour les reacuteduire soit de maniegravere incidente les accentuer Ainsi les pheacutenomegravenes de ruissellement susceptibles de provoquer des inondations peuvent ecirctre locale-ment accentueacutes par lrsquoartificialisation des sols Autre exemple lrsquoartificialisation du sol en milieu urbain a tendance agrave augmenter localement les tempeacuteratures par rapport aux zones rurales ce qui est susceptible de provoquer des pheacutenomegravenes drsquoicirclots de chaleur et drsquoamplifier les effets des canicules

La mise en œuvre de la politique de preacutevention des risques naturels non seule-ment apregraves les crises et sur la base des retours drsquoexpeacuterience mais surtout dans la dureacutee et par lrsquoaction conjugueacutee de diffeacuterents acteurs permet de limiter les risques naturels majeurs Ces acteurs interviennent dans deux logiques compleacutementaires

la preacutevention qui vise agrave empecirccher lrsquoaleacutea ou reacuteduire les effets drsquoun possible eacuteveacutenement sur les personnes et les biens

lrsquointervention au moment ougrave survient lrsquoeacuteveacutenement dommageable

Plus la preacutevention est efficace moins la socieacuteteacute est ameneacutee agrave engager des deacutepenses importantes pour assurer la gestion de crise puis la reacuteparation de deacutegacircts

Les deacutepartements drsquooutre-mer ne sont pas couverts par cette eacutetude mais ils font lrsquoobjet de travaux compleacutementaires devant aboutir en 2019 afin de mesurer lrsquoeacutevolution de lrsquoexposition de ces territoires agrave lrsquohorizon 2050

Figure C2 ndash Eacutevolutions projeteacutees des dommages potentiels entre 2018 et 2050

Source CCR

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Vagues de chaleur

Agrave lrsquoeacutechelle mondiale drsquoapregraves le dernier rapport du GIEC (GIEC 2013) il est quasi-ment certain que dans la plupart des reacutegions continentales les extrecircmes chauds seront plus nombreux aux eacutechelles quotidienne et saisonniegravere Il est par ailleurs tregraves probable que les vagues de chaleur seront plus freacutequentes et dureront plus longtemps

Ces reacutesultats se transposent naturellement agrave lrsquoeacutechelle de la France comme le montrent les reacutesultats des sceacutenarios climatiques reacutegionaux preacutesenteacutes sur le portail Drias les futurs du climat et ceux qui ont eacuteteacute reacutealiseacutes dans le cadre du projet Euro-CORDEX Degraves la peacuteriode 2021-2050 les vagues de chaleur estivales deviendront agrave la fois plus freacutequentes plus longues et plus intenses par rapport agrave la peacuteriode de reacutefeacute-rence 1976-2005 (Ouzeau et al 2014) Les pics de chaleur pourront atteindre des niveaux plus eacuteleveacutes On srsquoattend ainsi agrave ce qursquoil y ait de lrsquoordre de deux fois plus de jours de vagues de chaleur tous sceacutenarios confondus Le quart Sud-Est de la France devrait connaicirctre des eacutevolutions plus marqueacutees que les autres reacutegions avec un nombre annuel de jours de vagues de chaleur pouvant augmenter de cinq agrave dix jours en moyenne contre un agrave trois jours en moyenne sur la peacuteriode de reacutefeacute-rence Un eacutepisode tel que celui de lrsquoanneacutee 2003 qui a toucheacute lrsquoensemble de la France meacutetropolitaine pourrait se reproduire mais il resterait exceptionnel agrave lrsquoho-rizon 2050 au contraire de ce qui pourrait se passer vers la fin du siegravecle avec le sceacutenario RCP85 (Ouzeau et al 2016)

Agrave lrsquoappui de cette affirmation les figures C3 et C4 montrent les caracteacuteristiques statistiques des canicules simuleacutees par huit modegraveles climatiques utiliseacutes dans le cadre du projet Euro-CORDEX pour les peacuteriodes 2021-2050 et 2071-2100 res-pectivement pour les sceacutenarios drsquoeacutemissions RCP45 et RCP85 Les canicules y sont repreacutesenteacutees au travers des caracteacuteristiques (dureacutee intensiteacute du pic de chaleur et intensiteacute moyenne) des 10e 50e et 90e centiles de la distribution des vagues de chaleur simuleacutees par chacun des modegraveles Pour les deux sceacutenarios la canicule de 2003 un peu plus longue est compatible avec le 90e centile des canicules simuleacutees pour la peacuteriode 2021-2050 Elle ne serait donc deacutepasseacutee que dans 10 des cas ce qui confirme son caractegravere exceptionnel agrave moyen terme En revanche pour la peacuteriode 2071-2100 la canicule de 2003 est deacutepasseacutee en intensiteacute et en dureacutee et cela drsquoautant plus que les eacutemissions sont eacuteleveacutees Avec le sceacutenario RCP85 la canicule de 2003 apparaicirct ainsi comme un pheacutenomegravene relativement banal (proche de la meacutediane de la plupart des modegraveles)

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Figure C3 ndash Caracteacuteristiques statistiques des vagues de chaleur futures pour les peacuteriodes 2021-2050 et 2071-2100 suivant le sceacutenario RCP45

La dureacutee drsquoune canicule est indiqueacutee en jours sur lrsquoaxe horizontal son pic drsquointensiteacute en degreacutes sur lrsquoaxe vertical et le diamegravetre du disque est proportionnel agrave son intensiteacute moyenne Pour chacune des peacuteriodes les caracteacuteristiques des 10e 50e et 90e centiles des ensembles de canicules simuleacutes par 8 modegraveles drsquoEuro-CORDEX sont reproduites La canicule de 2003 est repreacutesenteacutee en rouge sur la figure

Source Ouzeau et al 2016

Figure C4 ndash Caracteacuteristiques statistiques des vagues de chaleur futures pour les peacuteriodes 2021-2050 et 2071-2100 suivant le sceacutenario RCP85

Source Ouzeau et al 2016

inte

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(degC

)

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Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Vagues de froid

Agrave lrsquoinverse le changement climatique srsquoaccompagnera drsquoune moindre seacuteveacuteriteacute des extrecircmes froids Pour le GIEC il est quasiment certain que dans la plupart des reacutegions continentales les extrecircmes froids seront moins nombreux aux eacutechelles quotidienne et saisonniegravere Les peacuteriodes de vagues de froid seront aussi moins freacutequentes moins longues et moins intenses Il est toutefois important de noter que des vagues de froids continueront agrave se produire et pourront donc geacuteneacuterer des impacts sociaux-eacuteconomiques

Les simulations climatiques reacutegionales confirment ce constat agrave lrsquoeacutechelle de la France meacutetropolitaine De nombreux indicateurs peuvent ecirctre utiliseacutes pour carac-teacuteriser les extrecircmes froids mais ils montrent tous cette mecircme tendance drsquoeacutevo-lution Agrave titre drsquoexemple le nombre annuel de jours particuliegraverement froids (au moins 5 degC plus froids que la valeur de reacutefeacuterence) de lrsquoordre drsquoune dizaine en moyenne hivernale sur la plupart des reacutegions franccedilaises pour la peacuteriode 1976-2005 se trouverait ainsi reacuteduit drsquoun agrave quatre jours voire de six jours sur le Nord-Est du pays pour la peacuteriode 2021-2050 (Ouzeau et al 2014) Drsquoapregraves la mecircme eacutetude et pour le mecircme indicateur la reacuteduction du nombre annuel de jours particu-liegraverement froids irait de deux agrave huit jours dans lrsquoextrecircme Sud du pays jusqursquoagrave six agrave plus de dix jours dans le Nord-Est selon les sceacutenarios et les modegraveles

Les figures C5 et C6 illustrent respectivement pour les sceacutenarios RCP45 et RCP85 cette diminution avec un autre indicateur disponible sur le portail Drias les futurs du climat Il srsquoagit du 10e centile de la tempeacuterature minimale quotidienne hivernale exprimeacute en degreacutes crsquoest-agrave-dire le seuil de tempeacuterature en dessous duquel on compte les 10 des nuits drsquohiver les plus froides sur une peacuteriode donneacutee Cet indica-teur est calculeacute pour la peacuteriode de reacutefeacuterence ainsi que son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 et 2071-2100 Le calcul est effectueacute pour les diffeacuterents modegraveles drsquoEuro-CORDEX et les cartes produites ici ne repreacutesentent que la meacutediane de cet ensemble de modegraveles (la moitieacute des valeurs des eacutevolutions simuleacutees est supeacuterieure et lrsquoautre moitieacute infeacuterieure) Agrave lrsquohorizon 2100 et pour les deux sceacutena-rios climatiques utiliseacutes les modegraveles simulent ainsi une augmentation des tem-peacuteratures minimales en hiver

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Seacutecheresses

Drsquoapregraves le GIEC (GIEC 2013) pour le sceacutenario RCP85 et agrave la fin du XXIe siegravecle un risque accru de seacutecheresse est probable dans des zones actuellement arides Crsquoest dans la zone meacutediterraneacuteenne dans le sud-ouest des Eacutetats-Unis et en Afrique australe que lrsquoassegravechement des sols serait le plus marqueacute Agrave lrsquoinverse certaines reacutegions situeacutees aux hautes latitudes ou en Afrique eacutequatoriale devraient connaicirctre une diminution de ce risque Lrsquoeffet du changement climatique sur les seacutecheresses est donc tregraves deacutependant de la reacutegion du globe concerneacutee

La France meacutetropolitaine se situe dans lrsquoensemble des reacutegions pour lesquelles le risque de seacutecheresse devrait ecirctre aggraveacute par le changement climatique induit par les eacutemissions de gaz agrave effet de serre On distingue les seacutecheresses meacuteteacuteorologiques

Figure C5 - 10e centile de la tempeacuterature minimale quotidienne exprimeacute en degreacutes pour la peacuteriode de reacutefeacuterence 1976-2005 (agrave gauche) et son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 (au centre) et 2071-2100 (agrave droite) suivant le sceacutenario RCP45 Les cartes reproduisent la meacutediane (50e centile) de lrsquoensemble de simulations Euro-CORDEX

Source portail Drias les futurs du climat

Figure C6 - 10e centile de la tempeacuterature minimale quotidienne exprimeacute en degreacutes pour la peacuteriode de reacutefeacuterence 1976-2005 (agrave gauche) et son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 (au centre) et 2071-2100 (agrave droite) suivant le sceacutenario RCP85 Les cartes reproduisent la meacutediane (50e centile) de lrsquoensemble de simulations

Source portail Drias les futurs du climat

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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deacutetermineacutees agrave partir des preacutecipitations les seacutecheresses agricoles deacutetermineacutees agrave partir des contenus en eau du sol superficiel (typiquement jusqursquoagrave une profon-deur drsquoun megravetre) et les seacutecheresses hydrologiques deacutetermineacutees agrave partir du deacutebit des cours drsquoeau et du niveau des nappes

Les effets du changement climatique sur les seacutecheresses meacuteteacuteorologiques et agri-coles ont eacuteteacute eacutetudieacutes dans le cadre du projet de recherche national ClimSec (2008-2011) Pour le diagnostic des seacutecheresses dans le climat futur le projet a pris en compte les reacutesultats de simulations de changement climatique provenant de six modegraveles globaux mis en œuvre dans le cadre du programme international CMIP3 (Coupled Model Intercomparison Project) Les projections climatiques alors dispo-nibles ne concernaient pas les sceacutenarios drsquoeacutemissions de gaz agrave effet de serre RCP deacutejagrave citeacutes mais les sceacutenarios deacutefinis anteacuterieurement par les experts du GIEC et ayant servi de base au quatriegraveme rapport drsquoeacutevaluation (appeleacute aussi AR4) du GIEC Cependant une correspondance peut ecirctre eacutetablie entre ces anciens sceacutenarios et les sceacutenarios RCP puisque les eacutemissions de gaz agrave effet de serre du sceacutenario A2 sont seulement leacutegegraverement infeacuterieures agrave celles du sceacutenario RCP85 le sceacutenario A1B srsquoapparente au sceacutenario RCP60 et le sceacutenario B1 nrsquoest pas tregraves eacuteloigneacute du sceacutenario RCP45 (GIEC 2013) Afin drsquoaboutir au traitement des seacutecheresses en France une eacutetape compleacutementaire de reacutegionalisation du climat agrave des eacutechelles relativement fines a ducirc ecirctre reacutealiseacutee agrave partir des sorties des modegraveles globaux Les variables climatiques ainsi obtenues ont servi de donneacutees drsquoentreacutees agrave un modegravele hydromeacuteteacuteorologique appeleacute Safran-Isba-Modcou (modegravele SIM) calculant en parti-culier le bilan hydrologique des sols (Soubeyroux et al 2012)

Les reacutesultats montrent une aggravation plus rapide et plus intense des eacuteveacutene-ments lieacutes au deacuteficit drsquohumiditeacute du sol qursquoau deacuteficit de preacutecipitation Les projec-tions climatiques indiquent surtout que notre pays risque de connaicirctre au cours de la seconde moitieacute du XXIe siegravecle des seacutecheresses agricoles quasi continues et de grande intensiteacute totalement inconnues dans le climat actuel Lrsquoaugmentation plus rapide du risque de seacutecheresse agricole compareacutee agrave celle du risque de seacuteche-resse meacuteteacuteorologique srsquoexplique par une augmentation de lrsquoeacutevapotranspiration 3 en surface directement lieacutee agrave lrsquoaugmentation de la tempeacuterature (Soubeyroux et al 2012)

Ces reacutesultats sont illustreacutes sur la figure C7 qui montre lrsquoeacutevolution de la superfi-cie de la France affecteacutee par des seacutecheresses meacuteteacuteorologiques et par des seacuteche-resses agricoles sur des peacuteriodes comprises entre 1961 et 2100 Les seacutecheresses sont deacutefinies agrave partir de valeurs drsquoindices standardiseacutes calculeacutes soit agrave partir des preacutecipitations (seacutecheresses meacuteteacuteorologiques) soit agrave partir des contenus en eau du sol (seacutecheresses agricoles) Les calculs portent sur les observations de la peacuteriode 1961-2008 et sur les reacutesultats des simulations de la peacuteriode 1961-2100 par le modegravele climatique Arpege-Climat de Meacuteteacuteo-France et le modegravele SIM Les diagrammes se rapportent agrave des seacutecheresses modeacutereacutees agrave extrecircmes sur la

3 Quantiteacute drsquoeau transfeacutereacutee vers lrsquoatmosphegravere par lrsquoeacutevaporation au niveau du sol et par la transpiration des plantes

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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France Cette figure montre clairement que la seacutecheresse meacuteteacuteorologique extrecircme de 1976 serait deacutepasseacutee agrave la fin de ce siegravecle en termes de superficie toucheacutee avec les sceacutenarios de plus fortes eacutemissions de gaz agrave effet de serre Elle montre aussi plus nettement que la seacutecheresse agricole extrecircme de 1990 serait deacutepas-seacutee degraves les anneacutees 2050 en termes de superficie toucheacutee avec ici aussi un rocircle aggravant lieacute agrave lrsquointensiteacute des eacutemissions de gaz agrave effet de serre futures

Ce type drsquoeacutetude a eacuteteacute actualiseacute en 2018 (Boeacute et al 2018) en exploitant les sceacute-narios CMIP5 reacutegionaliseacutes (Dayon et al 2018) Les reacutesultats ont eacuteteacute analyseacutes sur les sceacutenarios RCP85 et RCP26 Pour ces deux sceacutenarios les reacutesultats confir-ment les tendances obtenues preacuteceacutedemment le temps passeacute en seacutecheresse agricole augmente geacuteneacuteralement de 30 agrave 40 sur la France agrave horizon 2100 avec des changements allant jusqursquoagrave 50 dans le Sud de la France La seacuteveacuteriteacute de ces eacutepisodes de seacutecheresse augmente eacutegalement de faccedilon plus marqueacutee sur le bassin de la Seine et lrsquoamont de la Loire (fig C8)

Cette eacutetude integravegre eacutegalement lrsquoanalyse de lrsquoeacutevolution des seacutecheresses hydro-logiques Il srsquoagit ici uniquement de lrsquoinfluence des eacutemissions de gaz agrave effet de serre les actions anthropiques (et notamment les soutiens drsquoeacutetiage) ne sont pas inteacutegreacutees La dureacutee et lrsquointensiteacute des seacutecheresses hydrologiques augmentent sur quasiment toute la France agrave horizon 2100 de faccedilon assez reacuteduite sauf dans le Sud ougrave les valeurs peuvent deacutepasser 10 Les Alpes font exception avec des diminutions de la dureacutee et de lrsquointensiteacute des seacutecheresses hydrologiques en lien avec lrsquoeacutevolution du manteau neigeux (fig C9)

Figure C7 ndash Diagrammes en boicirctes sur des peacuteriodes comprises entre 1961 et 2100 de la superficie de la France affecteacutee par les seacutecheresses meacuteteacuteorologiques (agrave gauche) et agricoles (agrave droite) modeacutereacutees agrave extrecircmes (seuil de 16 )

Ces diagrammes sont calculeacutes agrave partir des distributions drsquoeacuteveacutenements trimestriels (de preacutecipita-tions agrave gauche et de contenu en eau du sol agrave droite) issues de simulations climatiques reacutegionaliseacutees du modegravele Arpege-Climat suivant les sceacutenarios B1 (en violet) A1B (en mauve) et A2 (en jaune) du GIEC

Source Soubeyroux et al 2012

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Figure C8 ndash Moyenne drsquoensemble agrave horizon 2100 pour les projections RCP85 (Dayon et al 2018) des changements par rapport agrave la peacuteriode 1961-2008(a) de pourcentage de temps passeacute en seacutecheresse agricole (b) relatifs de la seacuteveacuteriteacute des seacutecheresses agricoles

Source figure issue de Boeacute et al 2018

Figure C9 ndash Moyenne drsquoensemble agrave horizon 2100 pour les projections RCP85 (Dayon et al 2018) des changements par rapport agrave la peacuteriode de reacutefeacuterence 1961-2008(a) de pourcentage de temps passeacute en seacutecheresse hydrologique (attention la palette de couleur est trompeuse seule la couleur bleu fonceacute correspond agrave une diminution) (b) relatifs de la seacuteveacuteriteacute des seacutecheresses hydrologiques Chaque point correspond agrave une station hydromeacutetrique simuleacutee par SIM et nrsquoinclut pas les impacts des ameacutenagements (deacutebits naturels)

Source figure issue de Boeacute et al 2018

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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En parallegravele ces projections climatiques ont eacutegalement eacuteteacute utiliseacutees dans le cadre des travaux meneacutes dans le projet Aqui-FR 4 et de la convention service climatique 5 pour eacutetudier lrsquoeacutevolution des seacutecheresses hydrogeacuteologiques Celles-ci sont caracteacute-riseacutees par un niveau des nappes plus bas que le bas niveau de peacuteriode de retour de dix ans Lrsquoanalyse porte sur les sceacutenarios drsquoeacutemission RCP26 et RCP85 Les simulations sont reacutealiseacutees en supposant que les preacutelegravevements en nappe restent constants dans le temps (pas de mesure drsquoadaptation) Les projections indiquent une forte augmentation de lrsquoextension des nappes impacteacutees par les seacutecheresses pour le sceacutenario drsquoeacutemission RCP85 (+ 50 ) avec une intensiteacute des seacutecheresses qui srsquoaggrave en moyenne de plus de 20 et une augmentation moins marqueacutee surtout en fin de siegravecle pour le sceacutenario RCP26 avec une augmentation des sur-faces impacteacutees et de lrsquointensiteacute de lrsquoordre de 10 (fig C10)

4 wwwmetisupmcfr~aqui-fr

5 httpsconvention-services-climatiqueslsceipslfrdemonstrateurs

Figure C10 ndash Intensiteacute et pourcentage drsquoextension des seacutecheresses des nappes

Elles sont caracteacuteriseacutees comme lrsquooccurrence de basses eaux de peacuteriode de retour 10 ans sur les aqui-fegraveres seacutedimentaires preacutesenteacutes dans le graphe pour les projections RCP26 (cercle) et RCP85 (triangle) pour diffeacuterents horizons temporelles (couleurs)

Source figure issue du projet Aqui-FR et de la convention des services climatiques

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Incendie de forecircts

Lrsquoaugmentation du risque drsquoincendie de forecircts est mentionneacutee dans le rapport du GIEC sur les impacts du changement climatique (GIEC 2014) plus particu-liegraverement pour lrsquoAmeacuterique du Nord et lrsquoEurope du Sud Le risque drsquoincendie de forecirct pourrait en effet augmenter du fait agrave la fois de lrsquoaugmentation des tempeacutera-tures et de lrsquoaugmentation des conditions de seacutecheresses dans certaines reacutegions du globe En Europe du Sud agrave la fin de ce siegravecle et pour le sceacutenario RCP85 la surface brucircleacutee chaque anneacutee pourrait ainsi ecirctre multiplieacutee par un facteur compris entre 3 et 5 par rapport agrave la surface actuelle

En France lrsquoaugmentation de la freacutequence des eacutepisodes de fortes chaleurs et lrsquoaug-mentation du risque de seacutecheresse combineacutees avec une augmentation attendue des zones forestiegraveres et des friches devraient aussi entraicircner lrsquoaugmentation des feux de forecircts Une eacutetude de la sensibiliteacute des forecircts franccedilaises au risque drsquoincen-die (Chatry et al 2010) a montreacute que les surfaces forestiegraveres les plus sensibles au risque de feu actuellement localiseacutees dans le Sud-Est de la France pourraient srsquoeacutetendre de 30 agrave lrsquohorizon 2040 et couvrir une part importante de la forecirct des Landes Ce risque extrecircme pourrait mecircme srsquoeacutetendre aux forecircts de Sologne agrave lrsquoho-rizon 2060 Cette eacutetude srsquoest appuyeacutee sur les reacutesultats de lrsquoanalyse de lrsquoeffet du changement climatique sur le risque incendie mesureacute au travers de lrsquoIndice forecirct meacuteteacuteo (IFM) (Cloppet et Reacutegimbeau 2009) La figure C11 illustre cet effet avec le nombre de jours pour lesquels lrsquoIFM deacutepasse une valeur de 40 correspondant agrave un risque extrecircme drsquoincendie Ces cartes ont eacuteteacute produites agrave partir de simulations du changement climatique pour le sceacutenario A1B (proche du sceacutenario RCP60) reacutea-liseacutees avec le modegravele Arpege-Climat de Meacuteteacuteo-France Le nombre annuel de jours avec un risque extrecircme drsquoincendie est de dix agrave quarante jours dans le Sud-Est

Figure C11 ndash Nombre moyen de jours par an avec un Indice forecirct meacuteteacuteo (IFM) supeacuterieur agrave 40 pour la peacuteriode 1961-1980 (carte de gauche) et lrsquohorizon 2060 (sceacutenario drsquoeacutemissions A1B)

Source portail Drias les futurs du climat

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meacutediterraneacuteen dans les conditions du climat passeacute reacutecent mais est quasiment nul dans toutes les autres reacutegions En revanche agrave lrsquohorizon 2060 on observerait de lrsquoordre drsquoune dizaine de jours preacutesentant un risque extrecircme drsquoincendie dans la plupart des reacutegions de France y compris les plus septentrionales

Pluies extrecircmes

Drsquoapregraves le GIEC (GIEC 2013) les eacutepisodes de preacutecipitations extrecircmes devien-dront plus intenses et freacutequents en lien avec lrsquoaugmentation de la tempeacuterature moyenne en surface En effet une atmosphegravere plus chaude contient plus de vapeur drsquoeau et est associeacutee agrave la fois agrave une augmentation de lrsquoeacutevapotranspira-tion et agrave une augmentation des preacutecipitations crsquoest-agrave-dire agrave une intensification du cycle hydrologique global Cela se traduit par une augmentation tregraves probable des preacutecipitations extrecircmes pour la plupart des reacutegions continentales des moyennes latitudes et pour les reacutegions tropicales humides agrave la fin de ce siegravecle Il est eacutega-lement probable que les preacutecipitations de mousson et celles qui sont associeacutees aux cyclones tropicaux srsquointensifient

En France agrave lrsquohorizon 2050 comme agrave lrsquohorizon 2100 les eacutevolutions attendues pour les pluies extrecircmes deacutefinies comme les pluies deacutepassant un seuil deacutetermineacute (par exemple 20 mmjour) sont tregraves variables geacuteographiquement En revanche indeacutependamment de lrsquohorizon temporel une tendance geacuteneacuterale se dessine pour une augmentation de la quantiteacute de pluie tombant au cours des eacutepisodes les plus extrecircmes (Ouzeau et al 2014) Pour le Sud-Est meacutediterraneacuteen du pays en raison drsquoune reacutesolution insuffisante les modegraveles climatiques eacutetaient jusqursquoagrave ces derniegraveres anneacutees dans lrsquoincapaciteacute de reproduire les eacutepisodes les plus intenses (deacutepassant typiquement 200 mmjour) Les premiers reacutesultats des recherches meneacutees avec des modegraveles de reacutesolution plus fine (quelques kilomegravetres) permettent maintenant drsquoaugmenter le reacutealisme des simulations et drsquoobtenir les premiers reacutesultats sur lrsquoeffet du changement climatique futur Elles introduisent une incertitude sur lrsquoeffet du changement climatique sur lrsquointensification des pluies extrecircmes quotidiennes de la reacutegion mais elles confirment une intensification future des pluies horaires

Les figures C12 et C13 illustrent respectivement pour les sceacutenarios RCP45 et RCP85 le pourcentage de preacutecipitations intenses pour la peacuteriode de reacutefeacuterence et son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 et 2071-2100 les preacutecipitations intenses eacutetant deacutefinies par un cumul quotidien de preacutecipitations deacutepassant le 90e centile Les cartes preacutesenteacutees sont extraites du portail Drias les futurs du climat Le calcul est effectueacute pour les diffeacuterents modegraveles drsquoEuro-CORDEX et les cartes extraites du portail ne reproduisent ici que la meacutediane de cet ensemble de modegraveles (la moitieacute des valeurs des eacutevolutions simuleacutees est supeacuterieure et lrsquoautre moitieacute infeacuterieure)

Ces reacutesultats preacutesenteacutes pour la saison drsquohiver montrent clairement une augmen-tation de la proportion de pluies intenses indeacutependamment des sceacutenarios et de lrsquohorizon Pour le printemps et lrsquoautomne lrsquoaugmentation de la proportion de pluies intenses nrsquoest pas aussi systeacutematique mecircme si elle se confirme nettement pour le sceacutenario RCP85 agrave la fin de ce siegravecle En eacuteteacute mecircme pour ce sceacutenario et

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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cet horizon on note un reacutesultat inverse avec une diminution de la proportion de pluies tombant sous forme de pluies intenses Il convient cependant drsquoecirctre tregraves prudent avant drsquoen tirer des conclusions car la reacutesolution des modegraveles utiliseacutes (une dizaine de kilomegravetres) nrsquoest clairement pas suffisante pour reproduire les eacutepisodes orageux qui sont ceux qui se produisent le plus freacutequemment au cours de la saison Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les modegraveles climatiques actuels ne per-mettent pas de tirer de conclusion concernant les effets du changement clima-tique sur les pheacutenomegravenes orageux et donc aussi en particulier sur lrsquointensiteacute des pluies les plus extrecircmes associeacutees agrave ces eacutepisodes

Figure C12 ndash Pourcentage des preacutecipitations quotidiennes intenses pour la peacuteriode de reacutefeacuterence 1976-2005 (agrave gauche) et son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 (au centre) et 2071-2100 (agrave droite) suivant le sceacutenario RCP45 Les cartes reproduisent la meacutediane (50e centile) de lrsquoensemble de simulations Euro-CORDEX

Source portail Drias les futurs du climat

Figure C13 ndash Pourcentage des preacutecipitations quotidiennes intenses pour la peacuteriode de reacutefeacuterence 1976-2005 (agrave gauche) et son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 (au centre) et 2071-2100 (agrave droite) suivant le sceacutenario RCP85

Les cartes reproduisent la meacutediane (50e centile) de lrsquoensemble de simulations Euro-CORDEX

Source portail Drias les futurs du climat

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Cyclones et tempecirctes

Le cinquiegraveme rapport du GIEC (GIEC 2013) fait eacutetat drsquoun faible niveau de confiance dans les projections climatiques concernant les cyclones tropicaux agrave lrsquohorizon du milieu de ce siegravecle en particulier en raison de lrsquoimportance de la variabiliteacute cli-matique naturelle En revanche agrave la fin du XXIe siegravecle il est probable que la freacute-quence globale des cyclones tropicaux diminuera ou restera la mecircme Comme indiqueacute plus haut les preacutecipitations moyennes associeacutees aux cyclones augmen-teront probablement Il en est de mecircme pour la vitesse moyenne du vent maximal associeacutee aux cyclones qui se traduit par une augmentation probable de la freacute-quence des cyclones les plus intenses (de cateacutegories 4 et 5)

Cependant en particulier en raison de lrsquoincertitude sur lrsquoamplitude simuleacutee du reacutechauffement oceacuteanique attendu dans les diffeacuterents bassins le GIEC nrsquoaccorde qursquoun faible degreacute de confiance aux projections par reacutegion de la planegravete tant en termes de freacutequence que drsquointensiteacute des cyclones Cela concerne les reacutegions fran-ccedilaises des territoires drsquooutre-mer potentiellement exposeacutees aux cyclones pour les-quelles il nrsquoest pas possible de preacuteciser ces eacutevolutions futures

Concernant les tempecirctes des moyennes et hautes latitudes les experts du GIEC concluent qursquoagrave la fin du XXIe siegravecle iI est probable que la trajectoire des tempecirctes de lrsquoheacutemisphegravere Sud se deacuteplace leacutegegraverement vers le pocircle En revanche ils nrsquoac-cordent qursquoun faible degreacute de confiance agrave la projection de lrsquoeacutevolution des trajec-toires des tempecirctes dans lrsquoheacutemisphegravere Nord

Cette forte incertitude se confirme agrave lrsquoeacutechelle de la France meacutetropolitaine puisque les eacutetudes actuelles ne permettent pas de mettre en eacutevidence une tendance future notable sur lrsquoeacutevolution du risque de vent violent lieacute aux tempecirctes Les projections ne montrent en effet aucune tendance significative de long terme sur la freacutequence et lrsquointensiteacute des tempecirctes que ce soit agrave lrsquohorizon 2050 ou agrave lrsquohorizon 2100 Une eacutetude reacutecente des tempecirctes de janvier 2018 (notamment Eleanor qui a toucheacute la France) a confirmeacute que les tendances de telles tempecirctes eacutetaient tregraves faibles et que les activiteacutes humaines ont eu peu drsquoeffet (voir chapitre B)

De plus de la mecircme faccedilon que pour les orages les modegraveles climatiques actuels ne sont pas agrave mecircme de simuler les pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques de petites eacutechelles comme les mini-tornades et ne permettent donc pas de tirer de conclu-sions sur les eacutepisodes de vents extrecircmes associeacutes agrave ce type de pheacutenomegravenes

Afin drsquoillustrer lrsquoabsence de signal notable de changement concernant les vents forts la figure C14 reproduit le rapport entre lrsquointensiteacute moyenne du vent maximal hivernal simuleacutee pour le futur et lrsquointensiteacute moyenne du vent maximal hivernal de la peacuteriode de reacutefeacuterence correspondant au climat reacutecent La projection climatique a eacuteteacute reacutealiseacutee avec le modegravele climatique reacutegional Aladin-Climat de Meacuteteacuteo-France suivant le sceacutenario drsquoeacutemissions A1B (proche du sceacutenario RCP60) dans le cadre du projet national SCAMPEI (2008-2011) Ces cartes montrent que lrsquoaugmenta-tion future du risque de vent fort au nord reste modeacutereacutee (de lrsquoordre de 5 ) tout comme la diminution au sud (aussi de lrsquoordre de 5 ) Lrsquoanalyse drsquoautres simu-lations reacutealiseacutees avec deux autres modegraveles climatiques reacutegionaux montre par ailleurs que la variabiliteacute spatiale du signal de changement deacutepend du modegravele

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Inondations crues lentes crues rapides submersions

Auteur Florence Habets

Universiteacute Pierre et Marie Curie

On distingue ici diffeacuterents cas drsquoinondation principalement parce que les meacuteca-nismes geacuteneacuterant ces inondations diffegraverent et que lrsquoeacutevolution de ces meacutecanismes dans le contexte du changement climatique peut ecirctre plus ou moins difficile agrave estimer

De fait les projections de lrsquoeacutevolution des inondations sont agrave ce jour encore assez rares (une exception reacutecente mais sur un petit domaine a eacuteteacute eacutetudieacutee par Grelier en 2017) et les eacutetudes se focalisent plus souvent sur des risques de crues des cours drsquoeau Ces crues ne sont pas toujours deacutebordantes et ne geacutenegraverent donc pas forceacutement des inondations La notion de crue peut suffire agrave anticiper un risque drsquoinondation si on considegravere qursquoagrave une intensiteacute de deacutebit en un point correspond une hauteur drsquoeau donneacutee et donc un risque de deacutebordement Cependant le fait de se focaliser sur les crues en riviegravere laisse de cocircteacute un type drsquoinondation dont lrsquooccurrence risque drsquoaugmenter avec le changement climatique les inon-dations locales lieacutees agrave des preacutecipitations intenses mais pas forceacutement tregraves eacuteten-dues spatialement

Ainsi on considegravere tout drsquoabord les inondations associeacutees agrave des eacutepisodes de

preacutecipitations intenses

Lrsquoextension spatiale de ces preacutecipitations intenses peut ecirctre assez reacuteduite et la dureacutee assez bregraveve au point que la riviegravere agrave proximiteacute puisse ne pas ecirctre en crue malgreacute la preacutesence de zone inondeacutee

Figure C14 ndash Rapport entre lrsquointensiteacute moyenne du vent maximal hivernal pour les peacuteriodes 2021-2050 (agrave gauche) et 2071-2100 (agrave droite) et lrsquointensiteacute moyenne du vent maximal hivernal de la peacuteriode

Source SCAMPEI

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Bien que ce type drsquoeacuteveacutenement soit difficile agrave reproduire par les modegraveles de climat actuel une tendance agrave la hausse est projeteacutee sur lrsquoensemble de la France (voir chapitre B) Or on peut srsquoattendre agrave ce que des eacuteveacutenements preacutecipitants de lrsquoordre de 100 mmjour geacutenegraverent des inondations principalement dans les zones imper-meacuteabiliseacutees Une particulariteacute de ce type drsquoinondation est qursquoil peut atteindre des zones qui peuvent ecirctre eacuteloigneacutees (ou tregraves au-dessus) drsquoune riviegravere et qui ne sont donc pas forceacutement preacutepareacutees aux inondations avec des risques accrus concer-nant les conseacutequences en termes de pollution etou risque industriel Ainsi mecircme si lrsquoeacutevolution de ce risque est difficilement quantifiable il faut lrsquointeacutegrer et antici-per des moyens de preacutevention

Un cas particulier est le cas des eacuteveacutenements dits laquo ceacutevenols raquo qui impactent le sud meacutediterraneacuteen de la France principalement en automne et ce quasiment tous les ans Ces eacutepisodes sont non seulement intenses mais souvent eacutetendus spatialement et geacutenegraverent des crues rapides souvent deacutevastatrices Des eacutetudes speacutecifiques ont eacuteteacute meneacutees pour anticiper lrsquoeacutevolution de ces eacutepisodes dans un contexte de changement climatique (par exemple Beaulant et al 2011 Colmet Daage et al 2018 Drobinski et al 2018) Lrsquoensemble de ces eacutetudes srsquoaccordent sur une augmentation de lrsquointensiteacute de ces preacutecipitations extrecircmes avec le chan-gement climatique avec de plus une extension des zones impacteacutees au-delagrave des reacutegions habituellement toucheacutees notamment vers le Sud-Est ou les Pyreacuteneacutees Le risque associeacute agrave ces crues rapides laquo ceacutevenoles raquo augmente donc avec le chan-gement climatique (voir Annexe 3)

Drsquoautres crues rapides peuvent se former lors drsquoune fonte rapide et importante du manteau neigeux causeacutee par exemple par une forte eacutevolution de la tempeacutera-ture ou des preacutecipitations (mecircme modeacutereacutees) sur ce manteau neigeux La conjonc-tion de ces eacutepisodes reste difficile agrave projeter dans le futur du fait notamment de la complexiteacute propre aux zones de relief (Lafaysse et al 2014) Mecircme si les projections srsquoaccordent sur une baisse du manteau neigeux (Dayon et al 2018 Verfaillie et al 2018 Beniston et al 2018) la fonte plus preacutecoce du manteau neigeux avec le changement climatique pourrait impliquer un phasage plus freacute-quent avec un bassin aval humide (car en condition hivernale) ce qui pourrait maintenir ce risque de crue

Les crues lentes sont associeacutees agrave des preacutecipitations importantes sur des dureacutees assez longues (une agrave plusieurs semaines voire plusieurs mois) etou sur des bassins assez grands Ces eacuteveacutenements sont a priori plus agrave la porteacutee des modegraveles de climat mecircme si les sources drsquoincertitudes restent importantes De rares eacutetudes se sont focaliseacutees sur des crues centennales (par exemple Dumas et al 2013) En effet lrsquoestimation statistique de ces changements est moins fiable lorsqursquoon utilise des projections climatiques drsquoune centaine drsquoanneacutees seulement Ainsi lrsquoeacutevolution des crues lentes est en geacuteneacuteral analyseacutee via lrsquoeacutevolution des crues deacutecennales qui restent des eacuteveacutenements assez rares au vu des peacuteriodes eacutetudieacutees Cependant ces crues ne sont en geacuteneacuteral pas deacutebordantes aujourdrsquohui et ne sont donc pas forceacutement des bons indicateurs de lrsquoeacutevolution des inondations par crues lentes

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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La figure C15 preacutesente ainsi les eacutevolutions des crues deacutecennales en France meacutetro-politaine en moyenne sur plusieurs projections reacutealiseacutees avec les deux sceacutena-rios drsquoeacutemission les plus contrasteacutes RCP85 et RCP26 Globalement il y a une tendance agrave la diminution ou agrave la stabiliteacute des crues deacutecennales dans le Sud et agrave une augmentation ou une stabiliteacute dans le Nord avec des modifications plus intenses pour le sceacutenario RCP85

Lrsquoeacutevolution du risque drsquoinondations par remonteacutee de nappes a eacuteteacute eacutetudieacutee indirec-tement via lrsquoanalyse de lrsquoeacutevolution des hauts niveaux de nappes sur les aquifegraveres seacutedimentaires de la moitieacute nord de la France dans le cadre des travaux meneacutes dans le projet Aqui-FR 6 et de la convention service climatique 7 en utilisant les pro-jections climatiques reacutegionaliseacutees de Dayon et al 2018 Les premiers reacutesultats analyseacutes sur les sceacutenarios drsquoeacutemission RCP26 et RCP85 montrent que si la freacute-quence et lrsquointensiteacute des hautes eaux change peu agrave la fin du XXIe siegravecle (2070-2100 compareacute agrave 1980-2010) les surfaces impacteacutees sont elles reacuteduites en moyenne de 10 agrave 25 pour les sceacutenarios drsquoeacutemission RCP26 et RCP85 respective-ment On peut donc estimer que globalement ce risque diminue en France mecircme srsquoil ne disparaicirct pas et ce bien que lrsquointensiteacute des crues deacutecennales augmente Cela est en lien avec la diminution preacutevue de la ressource en eau souterraine

6 wwwmetisupmcfr~aqui-fr

7 httpsconvention-services-climatiqueslsceipslfrdemonstrateurs

Figure C15 ndash Moyenne drsquoensemble des changements relatifs du deacutebit journalier maximal drsquoune peacuteriode de retour de dix ans entre les peacuteriodes 2070-2100 et 1960-1990 pour les sceacutenarios drsquoeacutemission RCP85 (agrave gauche) et RCP26 (agrave droite)

Source figure issue de Dayon 2015

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Laves torrentiellesAuteur Vincent Jomelli

Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagriculture

Une eacutetude portant sur des couleacutees de deacutebris non chenaliseacutees se produisant dans le massif des Eacutecrins agrave lrsquohorizon de la fin de ce siegravecle semble indiquer que lrsquoaug-mentation de lrsquooccurrence des couleacutees de deacutebris sur la peacuteriode 1970-2005 ne devrait pas se maintenir en toute reacutegion ni en toute peacuteriode notamment du fait de la sensibiliteacute de la freacutequence de cet aleacutea aux conditions de gel et au retrait des glaciers (Jomelli et al 2009)

Forts de ces reacutesultats on a tenteacute de comprendre la reacuteponse possible des laves torrentielles au changement climatique pour trois peacuteriodes distinctes (1970-2000 2030-2060 et 2070-2100) Ces tests ont eacuteteacute conduits agrave partir de diffeacuterents sceacute-narios climatiques en pratiquant une descente drsquoeacutechelle du modegravele agrave maille variable Arpege du modegravele zoomeacute LMDZ de lrsquoInstitut Pierre-Simon-Laplace (IPSL) ou encore en utilisant les sorties agrave haute reacutesolution drsquoALADIN de Meacuteteacuteo-France (Jomelli et al 2007 2009 2012 Pavlova et al 2014) ou drsquoautres simulations (Turkington et al 2016) Les reacutesultats montrent en geacuteneacuteral quels que soient le modegravele et le sceacutenario climatique utiliseacutes une augmentation significative de la probabiliteacute de deacuteclenchement de laves torrentielles dans les Alpes pour la fin du siegravecle Les reacutesultats sont en revanche un peu plus contrasteacutes selon les reacutegions et les modegraveles pour le milieu du XXIe siegravecle Lrsquoensemble de ces reacutesultats doit cependant ecirctre pris avec beaucoup de prudence car plusieurs problegravemes meacutetho-dologiques restent agrave reacutesoudre Le principe repose sur une modeacutelisation statis-tique probabiliste couplant un recensement imparfait des laves torrentielles avec des donneacutees meacuteteacuteorologiques actuelles modeacutelisation qui est ensuite forceacutee par des sceacutenarios climatiques ayant leurs propres incertitudes Agrave ces incertitudes srsquoajoutent drsquoautres interrogations que nous pouvons lister ici sans ecirctre exhaustif

Tout drsquoabord cette approche statistique fondeacutee sur un forccedilage des rela-tions observeacutees actuellement entre le climat et le deacuteclenchement des laves en utilisant des sceacutenarios climatiques futurs suppose une stationnariteacute spa-tio-temporelle de cette relation climat-laves torrentielles Or cette hypothegravese nrsquoest pas veacuterifieacutee

Ensuite ces modegraveles statistiques nrsquointegravegrent pas la variabiliteacute environne-mentale qui nous lrsquoavons vu joue un rocircle certain dans le fonctionnement de ces processus

Enfin plus important encore ces modegraveles ne considegraverent que les aspects cli-matologiques Or on sait qursquoune lave se deacuteclenche si et seulement si un stock de deacutebris mobilisable est disponible La variabiliteacute spatio-temporelle de ce stock de deacutebris est encore tregraves mal documenteacutee (Veyrat-Charvillon et Meunier 2006 Theule et al 2012 2015) et son eacutevolution dans le futur encore plus incertaine

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Ce stock est parfois appreacutehendeacute agrave partir drsquoune approche laquo pseudo-proxy raquo en consideacuterant par exemple le nombre de jours de gel depuis le dernier eacuteveacutene-ment ou le nombre de jours depuis lrsquohiver preacuteceacutedent lrsquoeacuteveacutenement (Jomelli et al 2003 Bel et al 2017) (fig C16) Mais cette approche doit agrave lrsquoavenir ecirctre lar-gement ameacutelioreacutee pour espeacuterer atteindre des reacutesultats robustes

Figure C16 ndash Probabiliteacute de deacuteclenchement drsquoune lave torrentielle dans les Alpes franccedilaises en fonction du cumul de jours de gel depuis le dernier eacuteveacutenement et le nombre de fois (Ri) ou les preacutecipitations excegravedent 30 mmj pendant lrsquoeacuteteacute

Source drsquoapregraves Jomelli et al 2003

Nombre de jours de gel

En tout premier lieu des recherches doivent ecirctre engageacutees sur la reconstitution du stock de deacutebris en relation avec le climat Nous lrsquoavons dit preacuteceacutedemment cet aspect est crucial pour ameacuteliorer les connaissances sur le fonctionnement des laves Des observations agrave partir de bassins-versants expeacuterimentaux ont permis de mettre en eacutevidence une cycliciteacute saisonniegravere dans la reconstitution et la mobi-lisation du stock dont deacutepend lrsquointensiteacute des laves (Theule et al 2012) Ce type drsquoapproche doit ecirctre geacuteneacuteraliseacute pour eacutetudier les variables influenccedilant le bilan seacutedimentaire

Un meilleur transfert des connaissances sur le fonctionnement des laves drsquoune eacutechelle spatiale agrave lrsquoautre est aussi neacutecessaire Aujourdrsquohui les reacutesultats acquis sur les relations entre le deacuteclenchement et les pluies obtenus agrave lrsquoeacutechelle du bas-sin-versant ne peuvent pas ecirctre geacuteneacuteraliseacutes agrave un plus large territoire Agrave court terme il serait sans doute pertinent drsquoeacutetudier ces relations entre les conditions meacuteteacuteorologiques et le deacuteclenchement des laves agrave lrsquoeacutechelle du bassin-versant en utilisant des variables dont le pas de temps est identique agrave celui disponible agrave

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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lrsquoeacutechelle reacutegionale Agrave plus long terme une meilleure connaissance des preacutecipita-tions intenses au pas de temps horaire tenant compte des effets orographiques agrave une eacutechelle reacutegionale sera un atout certain

Approfondir les connaissances sur lrsquoactiviteacute des laves torrentielles sur ces der-niers siegravecles permettrait de mieux appreacutehender les relations entre le fonctionne-ment de ce processus et le climat Il serait aussi plus aiseacute drsquoidentifier les impacts multiples de lrsquohomme non seulement sur le climat mais aussi sur le bassin-ver-sant en modifiant notamment la veacutegeacutetation et le profil en long par des ameacutenage-ments (Strunk 1992 Blikra et Nemec 1998 Stoffel et al 2005 Helsen et al 2002 Jomelli 2013)

Il est enfin neacutecessaire de poursuivre les efforts sur la vulneacuterabiliteacute associeacutee au fonctionnement de ce processus Divers champs ont eacuteteacute exploreacutes comme la vul-neacuterabiliteacute du bacircti ou du reacuteseau routier (Mallet et al 2006 Puissant et al 2014) Des tests drsquointerruption srsquoappuyant sur diffeacuterents sceacutenarios socio-eacuteconomiques ont eacuteteacute proposeacutes pour estimer les coucircts et les meilleures solutions (Utasse et al 2016) Cependant des recherches visant agrave accroicirctre la reacutesilience fondeacutee notam-ment sur une analyse du retour drsquoexpeacuterience pourraient ecirctre reacutealiseacutees de faccedilon sys-teacutematique aux eacutechelles locales et reacutegionales Autant de pistes que les chercheurs pourront deacutevelopper en partenariat avec la socieacuteteacute civile et les futurs deacutecideurs

AvalanchesAuteurs Nicolas Eckert Thierry Faug

Florie Giacona Jeacuterocircme Lopez-Saez Mohamed Naaim

Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Christophe Corona

GEOLAB Centre national de la recherche scientifique Clermont-Ferrand

Samuel Morin

Meacuteteacuteo-France ndash Centre drsquoeacutetude de la neige Grenoble

Les eacutevolutions futures de lrsquoactiviteacute avalancheuse peuvent ecirctre en partie deacuteduites des projections climatiques une fois celles-ci adapteacutees agrave la topographie des massifs montagneux et associeacutees agrave des simulations drsquoeacutevolution du manteau neigeux Ainsi pour les Alpes franccedilaises la combinaison de reacuteanalyses nivo-meacuteteacuteorologiques fines et de relations statistiques avalanche-climat a permis de projeter sous lrsquohypothegravese drsquoun sceacutenario drsquoeacutevolution future drsquoeacutemission de gaz agrave effet de serre moyen (sceacutenario A1B GIEC Rapport SREX) une diminution globale de 20 agrave 30 de lrsquoactiviteacute avalancheuse au cours du XXIe siegravecle par rapport agrave la peacuteriode 1960-1990 dite laquo de reacutefeacuterence raquo (fig C17a Castebrunet et al 2014)

La baisse attendue est bien plus drastique au printemps et agrave basse altitude du fait drsquoune reacuteduction tregraves forte du manteau neigeux (fig C17c) En revanche on srsquoattend agrave une augmentation de lrsquoactiviteacute avalancheuse degraves lors que le manteau

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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neigeux restera suffisamment important crsquoest-agrave-dire en plein hiver agrave haute altitude (fig C17b) Pour les indicateurs annuels et saisonniers les changements atten-dus sont deacutejagrave importants pour 2050 et la peacuteriode 2050-2100 ne verra qursquoune poursuite des eacutevolutions deacutejagrave engageacutees et en partie deacutejagrave reacutealiseacutees par rapport agrave la peacuteriode 1960-1990

Ces projections sont leacutegegraverement modifieacutees sous lrsquohypothegravese de sceacutenarios drsquoeacutevolu-tion des eacutemissions de gaz agrave effet de serre plus maicirctriseacutee (diminution moins marqueacutee de lrsquoactiviteacute avalancheuse globale) ou au contraire plus laquo catastrophique raquo (dimi-nution plus marqueacutee de lrsquoactiviteacute avalancheuse globale) La sensibiliteacute au choix du sceacutenario reste cependant assez faible sur les indicateurs globaux de sorte que cette tendance agrave la baisse de lrsquoactiviteacute avalancheuse globale semble assez robuste

Aucune eacutetude speacutecifique ni en France ni ailleurs nrsquoa pour lrsquoinstant cibleacute speacutecifi-quement les projections drsquoavalanches de grande ampleur mais eacutetant donneacute les reacutesultats obtenus sur le passeacute on peut penser que leur tendance moyenne au

Figure C17 ndash Projections futures sous hypothegravese drsquoun sceacutenario drsquoeacutevolution des eacutemissions de gaz agrave effet de serre laquo moyen raquo distribution interannuelle drsquoun indice drsquoactiviteacute avalancheuse totale standardiseacute par rapport agrave la peacuteriode de reacutefeacuterence 1960-1990 a) Hiver entier b) Plein hiver c) Printemps

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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recul devrait se poursuivre au fur et agrave mesure que les conditions hivernales leur seront moins favorables Deux beacutemols doivent toutefois ecirctre apporteacutes agrave ce postu-lat Drsquoabord une tendance moyenne au recul nrsquoexclut pas que de maniegravere a priori de plus en plus sporadique des avalanches de grande ampleur continuent agrave se produire les hivers 2008-2009 (Eckert et al 2010) et 2017-2018 lrsquoont ample-ment deacutemontreacute dans les Alpes franccedilaises Ensuite les avalanches de neige humide de grande ampleur sont agrave lrsquoorigine drsquoun risque speacutecifique vraisemblablement en train drsquoaugmenter (fig C18)

Vers plus drsquoavalanches humides

Au cours des reacutecents hivers les Alpes franccedilaises ont en effet connu une succes-sion de peacuteriodes de forte activiteacute drsquoavalanches de neige humide Lrsquoeacutevolution de la part des avalanches de neige humide dans lrsquoactiviteacute totale a eacuteteacute le premier reacutesul-tat obtenu degraves le tournant des anneacutees 2000 (Martin et al 2001) des eacutetudes de simulation visant agrave eacutetudier lrsquoimpact du reacutechauffement climatique sur lrsquoactiviteacute avalancheuse Il est agrave preacutesent eacutetayeacute par des analyses statistiques systeacutematiques (Naaim et al 2016) et constitue un lien intuitif entre observations et projections lrsquoactiviteacute avalancheuse de neige humide se manifeste deacutejagrave etou se manifestera dans le futur plus preacutecocement agrave toutes les altitudes en particulier dans des sec-teurs et durant des peacuteriodes ougrave elle est pour lrsquoinstant peu importante voire quasi inexistante (haute altitude etou en laquo plein hiver raquo fig C17b) Hors des Alpes cette eacutevolution a eacuteteacute mise en eacutevidence en Himalaya agrave lrsquoaide drsquoanalyses dendro- geacuteomorphologiques (Ballesteros-Canovas et al 2018)

Figure C18 ndash Deacutepocircts drsquoavalanche de neige humide de grande ampleur janvier 2018 Bessans Savoie

Photo Irstea

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Au cours des peacuteriodes reacutecentes drsquoactiviteacute drsquoavalanches de neige humide des eacuteveacute-nements de grande voire tregraves grande ampleur avec des conseacutequences specta-culaires en matiegravere de dommages aux infrastructures ont eacuteteacute observeacutes Ainsi la destruction de la gare du teacuteleacutesiegravege de Saint-Franccedilois-Longchamp en 2013 a eacuteteacute marquante en raison de la dynamique particuliegravere de lrsquoavalanche qui lrsquoa causeacutee Drsquoextension importante malgreacute sa vitesse reacuteduite elle a plieacute les deux premiers pylocircnes Lrsquoaugmentation de lrsquohumiditeacute de la neige peut ainsi conduire agrave des ava-lanches catastrophiques pour deux raisons une augmentation des distances par-courues et des trajectoires laquo impreacutevisibles raquo du fait drsquoun coefficient de frottement effectif faible (meacutecanisme de lubrification) et des pressions drsquoimpact restant tregraves eacuteleveacutees malgreacute des vitesses nettement plus faibles que celles des eacutecoulements de neige segraveche (Ancey et Bain 2015) Pour eacutetablir que le risque lieacute aux avalanches de neige humide augmente effectivement avec le reacutechauffement notre connais-sance du comportement meacutecanique de la neige humide reste toutefois agrave affiner De mecircme les tendances passeacutees et futures dans les eacutevolutions des avalanches de neige humide de grande ampleur et les dommages associeacutes restent agrave eacutetudier

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Conclusions

Auteur Marie Carrega

MTES DGECSCEEONERC

La France du fait de sa situation geacuteographique est soumise agrave une grande diver-siteacute drsquoaleacuteas naturels Pris de maniegravere indeacutependante aucun eacuteveacutenement clima-tique ne peut ecirctre attribueacute en tant que tel au changement climatique Toutefois les travaux de recherche eacutetablissent que le changement climatique vient modifier lrsquooccurrence de certains aleacuteas

En meacutetropole on peut ainsi anticiper que degraves la peacuteriode 2021-2050 les vagues de chaleur estivales deviendront plus freacutequentes plus longues et plus intenses avec des eacutevolutions plus marqueacutees encore pour le quart Sud-Est de la France Un eacutepisode tel que celui de lrsquoeacuteteacute 2003 pourrait se produire agrave lrsquohorizon 2050 mais il resterait exceptionnel Drsquoici la fin du siegravecle pour le sceacutenario tendanciel un tel pheacutenomegravene deviendrait en revanche courant voire serait reacuteguliegraverement deacutepasseacute tant en intensiteacute qursquoen dureacutee

Agrave lrsquoinverse les vagues de froid seront moins freacutequentes moins longues et moins intenses mais ne disparaicirctront pas complegravetement

Le risque de seacutecheresse devrait srsquoaggraver avec une aggravation plus rapide et plus intense des seacutecheresses lieacutees au deacuteficit drsquohumiditeacute du sol plutocirct qursquoau deacuteficit de preacutecipitation La France risque donc de connaicirctre drsquoici 2100 des seacuteche-resses agricoles quasi continues et de grande intensiteacute totalement inconnues dans le climat actuel

Les eacutevolutions attendues pour les pluies extrecircmes sont variables geacuteographique-ment cependant une tendance geacuteneacuterale se dessine avec une augmentation de la quantiteacute de pluie tombant au cours des eacutepisodes les plus extrecircmes ndash comme les pheacutenomegravenes dits laquo ceacutevenols raquo (voir Annexe 3) ndash principalement en hiver avec de plus une extension des zones impacteacutees au-delagrave des reacutegions habituellement toucheacutees notamment vers le Sud-Est ou les Pyreacuteneacutees

Les territoires exposeacutes aux risques drsquoincendies de forecircts devraient ecirctre plus eacutetendus couvrant une part importante de la forecirct des Landes agrave lrsquohorizon 2040 et les forecircts de Sologne agrave lrsquohorizon 2060

Le reacutechauffement des oceacuteans accompagneacute de la fonte des glaciers engendre une hausse du niveau marin de plusieurs millimegravetres par an en acceacuteleacuteration sur les derniegraveres deacutecennies Drsquoici 2100 lrsquoaugmentation devrait ecirctre de plusieurs dizaines de centimegravetres voire un megravetre de maniegravere non uniforme selon les cocirctes Cela est de nature agrave accroicirctre le risque de submersion marine mais aussi selon les cocirctes les effets drsquoeacuterosion littorale (ONERC 2015) Un rapport speacutecial du GIEC sera publieacute en 2019 permettant de mieux eacutevaluer la hausse attendue du niveau moyen des mers

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Dans les Alpes franccedilaises drsquoici la fin du siegravecle le nombre drsquoavalanches pour-rait diminuer mecircme si lrsquoactiviteacute avalancheuse de neige humide se manifeste deacutejagrave etou se manifestera dans le futur plus preacutecocement quelle que soit lrsquoaltitude Toutefois les processus geacuteneacuterateurs de risque en montagne sont nombreux et complexes et leur eacutevolution avec le climat sujet agrave discussion (Beniston et al 2018 Stoffel et Huggel 2012)

Par ailleurs les deacuteclenchements de laves torrentielles devraient augmenter significativement

Les eacutetudes actuelles ne permettent pas de mettre en eacutevidence une tendance future notable sur lrsquoeacutevolution du risque de vent violent lieacute aux tempecirctes Les projections ne montrent en effet aucune tendance significative de long terme sur la freacutequence et lrsquointensiteacute des tempecirctes que ce soit agrave lrsquohorizon 2050 ou agrave lrsquohorizon 2100

En outre-mer les simulations du climat pour le XXIe siegravecle indiquent que les cyclones ne devraient pas ecirctre plus nombreux En revanche le nombre de cyclones de forte intensiteacute devrait augmenter

Chapitre DPreacutevention et gestion

des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques

extrecircmes

Auteurs Laure Tourjansky Emmanuel Vullierme et le service des risques naturels hydrauliques

MTES DGPRSRNH

Marie Carrega Jeacuterocircme Duvernoy Sarah Voirin MTES DGECSCEEONERC

copy Laurent Mignaux ndash Terra

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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La preacutevention et la gestion des risques un eacuteleacutement majeur de lrsquoadaptation au changement climatique

Les eacuteveacutenements climatiques extrecircmes (inondations seacutecheresses tempecirctes cyclones etc) font reacuteguliegraverement de nombreuses victimes dans le monde et des dommages consideacuterables Du fait de la diversiteacute des territoires franccedilais meacutetro-pole outre-mer territoires traverseacutes par un important reacuteseau hydrographique mon-tagne campagne littoral concentration drsquoenjeux dans les villes la France subit des eacuteveacutenements extrecircmes tregraves varieacutes Les catastrophes survenues ces derniegraveres anneacutees en France rappellent que notre territoire est particuliegraverement exposeacute avec en particulier les crues du Var en 2015 les crues sur les bassins du Loing de la Seine et de la Loire au printemps 2016 le cyclone Irma en septembre 2017 la tempecircte Eleanor en janvier 2018 La forte mobilisation meacutediatique lors de ces eacuteveacutenements ne doit pas faire oublier que la preacutevention des risques naturels se fait neacutecessairement dans la dureacutee en inteacutegrant les eacutevolutions attendues du climat La preacutevention srsquoarticule bien sucircr avec la preacuteparation et la gestion de crise lorsqursquoun eacutevegravenement agrave risque surgit

Qursquoils soient drsquoorigine climatique ou non (on pense en particulier aux seacuteismes) la reacuteponse aux eacutevegravenements extrecircmes est abordeacutee par les pouvoirs publics dans une approche systeacutemique La politique de preacutevention des risques naturels majeurs a pour objectif de reacuteduire lrsquoexposition aux risques des populations et agrave les rendre moins vulneacuterables Elle vise agrave preacutevenir les atteintes agrave la vie humaine et reacuteduire autant que possible les conseacutequences preacutevisibles et les dommages potentiels des eacutevegravenements agrave geacuterer efficacement les crises et les catastrophes quand elles surviennent anticiper les situations post-crise et reacuteparer les dommages

Cette politique est structureacutee par plusieurs textes agrave commencer par la loi Barnier 1 et inscrite dans les lignes directrices eacutedicteacutees par lrsquoONU dans le cadre de Sendai pour la reacuteduction du risque de catastrophes Si le cadre est avant tout donneacute par lrsquoEacutetat cette politique trouve son efficaciteacute dans la mobilisation de nombreux acteurs agrave commencer par les collectiviteacutes locales car elle srsquoarticule eacutetroitement avec lrsquoameacutenagement du territoire mais aussi les entreprises et les citoyens Aussi la politique de preacutevention des risques naturels meneacutee par lrsquoEacutetat comporte des actions reacutegaliennes (information preacuteventive eacutelaboration de plans de preacuteven-tion des risques naturels) et des dispositifs drsquoaccompagnement tels que la mobi-lisation du fonds de preacutevention des risques naturels majeurs dit laquo Fonds Barnier raquo

Dans le cadre de lrsquoeacutelaboration du deuxiegraveme plan national drsquoadaptation au chan-gement climatique (ONERC 2017) les discussions relatives agrave la preacutevention des risques naturels et agrave la reacutesilience des territoires ont largement conforteacute la politique mise en œuvre et mis en avant des axes nouveaux la neacutecessiteacute drsquoun portage local de cette politique qui eacutemane des territoires une approche jacobine nrsquoeacutetant

1 Loi no 95-101 du 2 feacutevrier 1995 relative au renforcement de la protection de lrsquoenvironnement

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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plus suffisante le besoin permanent drsquoune mise agrave jour des connaissances et drsquoun approfondissement de la connaissance des aleacuteas les plus impacteacutes par le changement climatique la mise en place drsquooutils nouveaux de transformation des territoires

Une hausse de 2 degC de la tempeacuterature moyenne de la planegravete drsquoici la fin du siegravecle se deacuteclinerait de faccedilon diffeacuterencieacutee selon ces territoires mais srsquoaccompagnerait partout de changements importants dans le reacutegime des preacutecipitations et dans la freacutequence et la seacuteveacuteriteacute des eacuteveacutenements extrecircmes Ces changements seront moins importants si lrsquoon arrive agrave contenir lrsquoaugmentation de la tempeacuterature ter-restre en limitant les eacutemissions de gaz agrave effet de serre anthropiques Toutefois du fait de lrsquoinertie du systegraveme climatique mecircme si lrsquoon parvenait agrave arrecircter degraves main-tenant toute eacutemission de gaz agrave effet de serre le climat de la Terre continuerait agrave changer pendant plusieurs deacutecennies et la hausse du niveau des mers se pour-suivrait pendant plusieurs siegravecles Il faut donc se preacuteparer agrave ces changements

La deacutefinition de lrsquoadaptation au changement climatique a eacuteteacute affineacutee au rythme des rapports du GIEC Si le dernier rapport deacutefinit lrsquoadaptation comme laquo la deacutemarche drsquoajustement au climat actuel ou attendu ainsi qursquoagrave ses conseacutequences raquo elle peut ecirctre appreacutehendeacutee drsquoun point de vue plus socieacutetal par laquo lrsquoensemble des eacutevo-lutions drsquoorganisation de localisation et de techniques que les socieacuteteacutes devront opeacuterer pour limiter les impacts neacutegatifs de ces changements et maximiser leurs effets beacuteneacutefiques raquo ainsi eacuteloigner les populations et les activiteacutes eacuteconomiques de zones rendues inondables par le changement climatique adopter des varieacute-teacutes de plantes plus reacutesistantes et mieux adapteacutees aux climats du futur ajuster les reacuteseaux eacutenergeacutetiques aux variations attendues de la consommation drsquoeacutenergie adapter les infrastructures de transport ou reacutehabiliter des zones urbaines apregraves des deacutesastres naturels lieacutes au changement climatique sont toutes des actions drsquoadaptation (de Perthuis 2010)

Les possibiliteacutes drsquoadaptation sont nombreuses mais pour reacuteduire la vulneacuterabi-liteacute au changement climatique actuel et futur diffeacuterentes eacutetapes drsquoadaptation seront neacutecessaires

Adaptation autonome ou spontaneacutee adaptation en reacuteponse agrave un aleacutea clima-tique veacutecu ou agrave ses effets sans aucune preacutemeacuteditation explicite ou consciente et axeacutee sur la lutte contre le changement climatique

Adaptation increacutementale mesures drsquoadaptation ayant pour objectif princi-pal le maintien de la nature et de lrsquointeacutegriteacute drsquoun systegraveme ou drsquoun processus agrave une eacutechelle donneacutee

Adaptation transformationnelle adaptation qui change les eacuteleacutements fonda-mentaux drsquoun systegraveme en reacuteponse au climat et agrave ses effets

Il existe une intersection entre les activiteacutes des communauteacutes travaillant sur lrsquoadap-tation au changement climatique et celles travaillant sur la reacuteduction des risques de catastrophe Les deux visent agrave reacuteduire les impacts neacutegatifs du changement climatique et des catastrophes sur lrsquoenvironnement naturel la socieacuteteacute humaine et les eacuteconomies en anticipant les risques et les incertitudes et en cherchant agrave reacuteduire leurs vulneacuterabiliteacutes (Mitchell et al 2010) Comme le changement climatique

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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rendra en geacuteneacuteral les eacuteveacutenements extrecircmes plus freacutequents et plus intenses il est primordial drsquoassurer la meilleure coheacuterence possible entre la politique de preacuteven-tion et de gestion des risques et celle de lrsquoadaptation au changement climatique tant au niveau des pratiques qursquoau niveau des politiques nationale reacutegionale et communaleintercommunale

En Europe la France est lrsquoun des pays les plus avanceacutes en matiegravere de planifi-cation de lrsquoadaptation au changement climatique avec une Strateacutegie nationale drsquoadaptation au changement climatique publieacutee en 2006 et un premier Plan national drsquoadaptation au changement climatique couvrant la peacuteriode 2011-2015 Le deuxiegraveme Plan national drsquoadaptation au changement climatique (PNACC-2) a notamment pour objectif de laquo mieux proteacuteger les Franccedilais face aux eacuteveacutenements cli-matiques extrecircmes raquo comme inscrit dans le Plan climat du gouvernement publieacute le 6 juillet 2017 (axe 19) Il vise ainsi agrave reacuteduire les impacts des catastrophes natu-relles sur la seacutecuriteacute et la santeacute sur les biens eacuteconomiques physiques sociaux culturels et environnementaux des personnes des entreprises et des collectiviteacutes dans le contexte du changement climatique La phase de concertation preacutealable agrave lrsquoeacutelaboration de ce plan a eacuteteacute notamment nourrie par un groupe de travail speacutecifi-quement deacutedieacute agrave lrsquoeacutelaboration de recommandations en matiegravere de preacutevention et gestion des risques naturels dont certaines portaient directement sur les eacuteveacutene-ments extrecircmes Drsquoautres groupes de travail theacutematiques ont eacutegalement apporteacute leurs contributions agrave lrsquoameacutelioration de la gestion des eacuteveacutenements extrecircmes dans un contexte climatique changeant Eacutetant donneacute que de nombreux territoires sec-teurs drsquoactiviteacutes et eacutecosystegravemes sont et seront impacteacutes par le changement clima-tique la politique nationale drsquoadaptation apparaicirct clairement comme une politique publique laquo transversale raquo Le domaine drsquoaction laquo Gouvernance raquo du PNACC-2 vise ainsi agrave renforcer le pilotage strateacutegique de la deacutemarche drsquoadaptation dans une logique de coconstruction avec les eacutechelons de gouvernance territoriaux incluant les acteurs locaux et la socieacuteteacute civile

Le changement climatique loin de remettre en cause les outils de la preacutevention et de la gestion des risques naturels leur donne une nouvelle actualiteacute et fait res-sortir la neacutecessiteacute de les mobiliser au mieux La limitation de lrsquoexposition drsquoenjeux (habitations entrepriseshellip) existants ou nouveaux doit plus que jamais ecirctre une prioriteacute dans le contexte drsquoaleacuteas croissants et se faire dans une deacutemarche drsquoameacutenagement durable des territoires Des eacutevolutions eacuteventuelles devraient alors porter en premier lieu sur les leviers permettant lrsquoadheacutesion des parties pre-nantes agrave cette preacutevention afin qursquoelle ne soit pas perccedilue uniquement comme une contrainte et srsquoinsegravere pleinement dans une deacutemarche plus globale et transver-sale drsquoadaptation au changement climatique

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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La preacutevention des risques naturels majeurs un enjeu qui requiert la mobilisation de tous

Les instances onusiennes de lrsquoUnited Nations system for disaster risk reduction (UNISDR) ont adopteacute le cadre drsquoaction de Sendai 2015-2030 qui reconnaicirct pour la premiegravere fois le rocircle du changement climatique comme facteur de risques de catastrophes Il srsquoarticule avec lrsquoaccord de Paris sur le climat adopteacute en deacutecembre 2015 et les objectifs de deacuteveloppement durable eacutetablis par les Eacutetats membres des Nations unies rassembleacutes dans lrsquoAgenda 2030 Il succegravede au cadre drsquoaction de Hyogo pour la peacuteriode 2005-2015

Pour eacutecarter les nouveaux risques tout en reacuteduisant les risques existants le cadre de Sendai deacutefinit quatre prioriteacutes agrave lrsquoeacutechelle mondiale

comprendre les risques de catastrophe renforcer la gouvernance des risques de catastrophe pour mieux les geacuterer investir dans la reacuteduction des risques de catastrophe aux fins de la reacutesilience renforcer lrsquoeacutetat de preacuteparation aux catastrophes pour intervenir de maniegravere

efficace et pour laquo mieux reconstruire raquo durant la phase de relegravevement de remise en eacutetat et de reconstruction

La politique franccedilaise de preacutevention des risques naturels srsquoinscrit dans ce cadre

Les leviers de lrsquoEacutetat

Le cadre europeacuteen est donneacute depuis 2007 par une directive centreacutee uniquement sur lrsquoaleacutea inondation qui est lrsquoaleacutea naturel le plus preacutesent en Europe (directive no 200760CE relative agrave lrsquoeacutevaluation et agrave la gestion des risques drsquoinondation) Dans le cadre de cette directive chaque pays de lrsquounion europeacuteenne est tenu de rapporter tous les six ans les efforts entrepris pour reacuteduire les conseacutequences neacutegatives des inondations sur son territoire

En matiegravere de protection des populations et face agrave des situations drsquourgence de grande ampleur auxquelles ne pourrait pas faire face seule la protection civile drsquoun pays lrsquoUnion europeacuteenne a instaureacute en 2001 un meacutecanisme europeacuteen de protec-tion civile qui permet aux pays de coordonner leur aide Gracircce agrave un travail de sen-sibilisation de formation drsquoeacutechanges drsquoexperts et agrave lrsquoorganisation drsquoexercices de simulation il contribue agrave preacuteparer et agrave limiter les conseacutequences des catastrophes

Agrave lrsquoeacutechelle nationale le ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire est porteur de la politique de preacutevention des risques naturels et de la preacutevision des crues Il srsquoappuie sur le ministegravere de la Coheacutesion des territoires pour la prise en compte des risques dans lrsquourbanisme et le controcircle du respect des regravegles de construc-tion Le ministegravere de lrsquoEacuteconomie assure la tutelle du secteur des assurances en charge de lrsquoindemnisation en cas de sinistre Les ministegraveres en charge de lrsquoAgri-culture de la Santeacute des Affaires eacutetrangegraveres de la Culture et de lrsquoEacuteducation natio-nale contribuent eacutegalement dans leurs domaines de compeacutetences agrave la preacutevention

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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des risques Le directeur geacuteneacuteral de la preacutevention des risques du ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire en tant que deacuteleacutegueacute aux risques majeurs assure une coordination avec le ministegravere de lrsquoInteacuterieur (DGSCGC) qui intervient en cas de crise (voir page 128 laquo Preacuteparer et geacuterer la crise raquo)

LrsquoEacutetat met en œuvre des actions dans les domaines leacutegislatif reacuteglementaire et technique pour ameacuteliorer la preacutevention et la reacuteduction des risques agrave la source drsquoune part et drsquoautre part lrsquoinformation et la protection des citoyens Les minis-tegraveres srsquoappuient sur plusieurs opeacuterateurs dont les actions concernent en premier lieu la connaissance du risque agrave travers des projets de recherche lrsquoobservation et la preacutevision des aleacuteas les mesures de la reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute qui peuvent eacutegalement ecirctre mobiliseacutes en gestion de crise Au global le ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire consacre environ 30 millions drsquoeuros par an agrave la preacutevention des risques naturels dont un tiers est destineacute aux opeacuterateurs un autre tiers au reacuteseau de preacutevision des crues et le dernier tiers agrave des acquisitions de connaissance des actions drsquoameacutelioration de la culture du risque des opeacutera-tions de communication et le fonctionnement des services

LrsquoEacutetat a eacutegalement un rocircle important pour accompagner les parties prenantes de la preacutevention des risques Le soutien agrave la preacutevention srsquoappuie largement sur le Fonds de preacutevention des risques naturels majeurs (FPRNM appeleacute aussi laquo fonds Barnier raquo) creacuteeacute en 1995 et doteacute via les contributions des assureacutes au titre du dis-positif CatNat drsquoenviron 200 millions drsquoeuros par an plafonneacute agrave 137 millions en recettes pour la Loi de finances de 2018 La mise en place et lrsquoutilisation du FPRNM visent agrave permettre un eacutequilibre entre des mesures de preacutevention efficaces et lrsquoin-demnisation postcatastrophe Sur la peacuteriode 2012-2017 il a eacuteteacute mobiliseacute agrave pregraves de 50 pour la preacutevention des inondations par deacutebordement de cours drsquoeau agrave 13 pour la submersion marine agrave pregraves de 10 pour les mouvements de terrain

Srsquoil a drsquoabord permis de financer les deacutelocalisations de biens exposeacutes agrave un risque naturel majeur (38 sur les deacutepenses cumuleacutees entre 2010 et 2017) son uti-lisation a progressivement eacuteteacute eacutelargie par le leacutegislateur agrave drsquoautres cateacutegories de deacutepenses mesures de reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute des biens et de lrsquoameacutenagement du risque (40 ) et de connaissance de lrsquoaleacutea et information preacuteventive (14 )

Les collectiviteacutes territoriales sont les premiegraveres utilisatrices du FPRNM elles peuvent mobiliser jusqursquoagrave 125 millions drsquoeuros sur la mesure laquo eacutetudes et travaux des collectiviteacutes locales raquo qui constitue la principale mesure du FPRNM Les ter-ritoires de Charente-Maritime de Vendeacutee ainsi que les Antilles Franccedilaises ont mobiliseacute une part importante du FPRNM suite aux catastrophes qui ont affecteacute ces territoires (tempecircte Xynthia cyclone Irma etc) et du fait des enjeux speacuteci-fiques aux Antilles

Les particuliers et les entreprises de moins de vingt salarieacutes peuvent eacutegalement en beacuteneacuteficier sous certaines conditions

Le cadre drsquoeacuteligibiliteacute au soutien du FPRNM exprime de fait des lignes directrices de la preacutevention des risques partageacutees entre tous ses acteurs

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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La mobilisation des collectiviteacutes locales

Les collectiviteacutes territoriales ont un rocircle deacuteterminant et croissant dans la preacuteven-tion et la gestion des crises lieacutees aux risques naturels Le maire est chargeacute de la connaissance et de la diffusion de lrsquoinformation sur les risques aupregraves de la population En tant que responsable de lrsquoameacutenagement et de la seacutecuriteacute il doit veiller agrave communiquer reacuteguliegraverement sur la connaissance des risques sur son ter-ritoire il est chargeacute de lrsquoalerte et de lrsquoorganisation des secours en cas de crise Il dispose agrave cet effet drsquooutils strateacutegiques et reacuteglementaires tels que le Plan com-munal de sauvegarde (PCS) et le Plan local drsquourbanisme (PLU)

Outre lrsquoeacutechelon communal les intercommunaliteacutes ndash communauteacutes de communes drsquoagglomeacuteration urbaines meacutetropoles ndash constituent des acteurs de premier plan en particulier en matiegravere drsquoameacutenagement du territoire et de Gestion des milieux aquatiques et de preacutevention des inondations (Gemapi) Crsquoest lrsquoesprit des lois MAPTAM 2 en 2014 et NOTRe 3 en 2015

2 Loi no 2014-58 du 27 janvier 2014 de modernisation de lrsquoaction publique territoriale et drsquoaffirmation des meacutetropoles

3 Loi no 2015-991 du 7 aoucirct 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la Reacutepublique

Figure D1 ndash Deacutepenses du fonds de preacutevention des risques naturels majeurs par type drsquoacteur

Source ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire (MTES) 2017

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Lrsquoinstauration de la compeacutetence laquo Gemapi 4 raquo depuis le 1er janvier 2018 repreacutesente une eacutevolution structurante dans la gouvernance en matiegravere de gestion des milieux aquatiques et de preacutevention des inondations La loi attribue cette compeacutetence aux intercommunaliteacutes de maniegravere obligatoire et exclusive compeacutetence qursquoelles ont la possibiliteacute de deacuteleacuteguer ou transfeacuterer agrave des syndicats mixtes Les collectivi-teacutes deacutepartementales et reacutegionales deacutejagrave impliqueacutees pourront eacutegalement poursuivre leur action en matiegravere de compeacutetence Gemapi Cette compeacutetence permettra en particulier la bonne gestion dans la dureacutee des ouvrages hydrauliques ndash travaux et entretien des systegravemes drsquoendiguement des barrages eacutecrecircteurs de crues des bassins de reacutetention ndash concourant agrave la preacutevention des inondations

Les conseils deacutepartementaux et reacutegionaux sont aussi impliqueacutes dans la preacuteven-tion des risques Le conseil deacutepartemental par exemple deacutefinit les politiques drsquoinvestissement et finance le fonctionnement des diffeacuterents services deacuteparte-mentaux speacutecialiseacutes Pour les secours aux victimes les Services deacutepartementaux drsquoincendie et de secours (SDIS) sont placeacutes sous une double autoriteacute ndash preacutefet et conseil deacutepartemental ndash pour la gestion opeacuterationnelle et la gestion fonctionnelle des secours et sont chargeacutes avec le Service drsquoaide meacutedicale urgente (SAMU) des secours aux victimes Eacutetablissement public deacutepartemental le SDIS eacutelabore et met en œuvre sous lrsquoautoriteacute du preacutefet le Scheacutema deacutepartemental drsquoanalyse et de couverture des risques (SDACR)

Lrsquoarticulation territoriale de la politique de preacutevention des risques avec les autres politiques sectorielles dans une logique drsquoadaptation au changement climatique reposera notamment sur un reacuteseau de comiteacutes reacutegionaux de lrsquoadaptation en meacutetro-pole et outre-mer dans le cadre de lrsquoeacutelaboration ou de la reacutevision drsquoorientations et de scheacutemas reacutegionaux comme les SRADDET SRCAE SAR PRFB hellip

En outre-mer une meilleure reacutesilience aux effets du changement climatique est prise en compte dans la mobilisation drsquooutils speacutecifiques Les outils de program-mation tels que les plans de convergence les contrats de plan Eacutetat-Reacutegion les suites donneacutees au Livre bleu des outre-mer les PRFB mais aussi les documents de planification territoriale speacutecifiques agrave chacun des territoires ultramarins ins-criront des actions en faveur de lrsquoadaptation au changement climatique Gracircce agrave la mobilisation drsquooutils financiers adapteacutes ces actions viseront agrave renforcer le deacuteveloppement et la maintenance des infrastructures la recherche et lrsquoameacuteliora-tion de la connaissance au niveau reacutegional et transfrontalier la preacuteservation des ressources et milieux naturels et des eacutecosystegravemes qursquoils abritent et agrave faire des territoires ultramarins un atout strateacutegique quant aux relations avec les autres Eacutetats de leur bassin de coopeacuteration reacutegionale Cette action permettra eacutegalement de srsquoassurer de la coheacuterence de lrsquoensemble de ces actions entre lrsquoeacutechelon terri-torial et le niveau national

4 httpswwwecologique-solidairegouvfrgestion-des-milieux-aquatiques-et-prevention-des-inondations-gemapi

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Encadreacute 1

5 Discours du Preacutesident de la Reacutepublique Emmanuel Macron devant la 72e Assembleacutee geacuteneacuterale des Nations unies 19 septembre 2017

Financements internationaux et europeacuteens pour la prise en compte

des eacuteveacutenements extrecircmes

De nombreuses sources de financement internationales et europeacuteennes existent pour deacutevelopper les capaciteacutes drsquoobservation de mesure drsquoalerte et drsquoadaptation aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes mais elles sont par-fois sous-utiliseacutees au risque mecircme de ne pas ecirctre peacuterennesLes donneacutees meacuteteacuteorologiques sont souvent encore peu fiables ou totale-ment absentes dans de nombreux pays Lrsquoinitiative CREWS (Climate risks and early warning systems) a eacuteteacute lanceacutee agrave Paris agrave la COP21 en 2015 agrave la suite de la troisiegraveme confeacuterence sur la reacuteduction des risques de catas-trophes agrave Sendai en mars 2015 ougrave les Eacutetats partis srsquoeacutetaient engageacutes agrave laquo accroicirctre significativement la disponibiliteacute et lrsquoaccegraves agrave des systegravemes drsquoalerte preacutecoce multirisques agrave lrsquoinformation et aux eacutevaluations sur les risques pour les populations drsquoici 2030 raquo Cette initiative a pour but drsquoaider les pays les plus vulneacuterables et les moins avanceacutes et les petits Eacutetats insulaires en deacuteveloppement agrave ameacuteliorer la prestation de services meacuteteacuteorologiques et climatologiques et agrave augmenter leur capaciteacute agrave produire et diffuser des alertes preacutecoces efficaces multirisques axeacutees sur les impacts afin de proteacuteger les personnes les biens et les moyens de subsistance Lrsquoobjectif est de mobiliser 100 millions de dollars ameacutericains drsquoici agrave 2020 afin de combler les lacunes des programmes bilateacuteraux et multilateacuteraux exis-tants La France fait partie des partenaires financiers de cette initiative et a contribueacute agrave hauteur de 10 millions drsquoeuros entre 2017 et 2018 au financement du fonds fiduciaire Afin de peacuterenniser cette initiative qui va dans le sens de ses engagements internationaux en matiegravere de finance-ment de la lutte contre le changement climatique la France preacutevoit un ren-forcement de son implication dans lrsquoinitiative CREWSLa France mobilise eacutegalement drsquoautres fonds internationaux notamment le Fonds vert pour le climat pour financer la preacutevention des risques et lrsquoadap-tation au changement climatique dans les outre-mer Le Fonds vert pour le climat a eacuteteacute mis en place par les 194 Eacutetats partis agrave la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques en 2010 agrave Cancugraven comme partie inteacutegrante du meacutecanisme financier de la Convention Il a pour but de financer agrave parts eacutegales des projets drsquoatteacutenuation et drsquoadaptation dans les pays en deacuteveloppement Agrave ce jour les investissements du Fonds vert repreacute-sentent 26 Md USD au profit de cinquante-quatre projets et programmesDans lrsquoobjectif de consacrer 055 du revenu national de la France pour lrsquoaide publique au deacuteveloppement drsquoici cinq ans 5 et de mettre en œuvre les actions du PNACC-2 les acteurs de lrsquoaide au deacuteveloppement tels que lrsquoAFD vont augmenter la part des financements de lrsquoaide au deacuteveloppement

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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deacutedieacutee agrave lrsquoadaptation y compris la part des dons agrave hauteur de 15 mil-liard drsquoeuros agrave horizon 2020 et renforcer le volet adaptation au change-ment climatique dans les organisations multilateacuterales de financement du deacuteveloppement et du climat tels que le Fonds vert pour le climatDans ce cadre la contribution du ministegravere des outre-mer au Fonds vert permettant le financement de la preacutevention des risques et lrsquoadaptation au changement climatique dans les outre-mer porte sur deux volets

un precirct agrave taux zeacutero laquo Fonds vert raquo deacutedieacute agrave la Nouvelle-Caleacutedonie la Polyneacutesie franccedilaise et agrave Wallis-et-Futuna

une enveloppe drsquoassistance agrave maicirctrise drsquoouvrage de laquo lrsquoeacutequivalent Fonds vert raquo Cette enveloppe est destineacutee agrave financer lrsquoidentification la structu-ration et lrsquoeacutevaluation des projets environnementaux financeacutes par lrsquoAgence franccedilaise pour le deacuteveloppement (AFD) et agrave lrsquoeacutelaboration dans les reacutegions ultrapeacuteripheacuteriques des plans climat-air-eacutenergie territoriaux Les entiteacutes eacuteli-gibles sont les collectiviteacutes territoriales ultramarines leurs groupements et satellites les entreprises publiques locales susceptibles drsquoecirctre beacuteneacutefi-ciaires drsquoun precirct AFD bonifieacute par lrsquoeacutequivalent laquo Fonds vert raquo Ainsi une ligne budgeacutetaire a eacuteteacute consacreacutee agrave un laquo eacutequivalent Fonds vert raquo au sein de la mis-sion laquo outre-mer raquo du budget geacuteneacuteral en 2017 et a eacuteteacute reconduite en 2018La France participe eacutegalement au financement de la preacutevention des risques et agrave lrsquoadaptation aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes au niveau euro-peacuteen notamment agrave travers lrsquoAccord de partenariat 2014-2020 entre lrsquoUnion europeacuteenne lrsquoEacutetat et les Reacutegions qui acte la mobilisation drsquoune partie des fonds europeacuteens au financement de lrsquoObjectif Theacutematique 5 ndash adaptation au changement climatique et preacutevention des risques (OT5) Les Fonds

europeacuteens structurels et drsquoinvestissement (FESI) sont mobiliseacutes pour soutenir des actions dans les reacutegions particuliegraverement vulneacuterables et la prioriteacute est donneacutee au deacuteveloppement de solutions de geacutenie eacutecologique Agrave cet effet le Fonds europeacuteen de deacuteveloppement reacutegional (FEDER) sou-tient des actions qui visent globalement agrave ameacuteliorer la protection des terri-toires et des populations exposeacutes aux effets des aleacuteas climatiques et aux risques tandis que le Fonds europeacuteen agricole de deacuteveloppement rural (FEADER) intervient speacutecifiquement dans le domaine des sols (limitation des risques drsquoartificialisation drsquoeacuterosion et de perte de matiegravere organique) et de la lutte contre les incendies Lrsquoenjeu financier pour la France reacuteside dans le fait de continuer agrave pouvoir mobiliser des financements europeacuteens au-delagrave de lrsquoexercice actuel (2014-2020) malgreacute une sous-utilisation chro-nique des FESI Le maintien drsquoun objectif theacutematique visant explicitement lrsquoadaptation et la preacutevention des risques est essentiel pour permettre aux reacutegions lrsquoayant identifieacute comme prioritaire de mobiliser un cofinance-ment europeacuteen agrave hauteur de 50 Lrsquoenveloppe fleacutecheacutee pour la France au titre de lrsquoOT5 pour le FEDER srsquoeacutelegraveve agrave 295 millions drsquoeuros sur la peacuteriode 2014-2020 Au 2 juillet 2018 seuls 36 de ces fonds eacutetaient program-meacutes Crsquoest pourquoi le PNACC-2 souhaite faciliter et renforcer lrsquoaccegraves et la mobilisation des fonds europeacuteens par les porteurs de projets franccedilais

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Un travail en reacuteseau

Lrsquoefficaciteacute de la politique de preacutevention passe par une appropriation et un apport de tous les partenaires dans un travail en reacuteseau Le Conseil drsquoorientation pour

la preacutevention des risques naturels majeurs (COPRNM) creacuteeacute par deacutecret du 1er aoucirct 2003 est un lieu de concertation et drsquoarbitrage composeacute drsquoeacutelus drsquoexperts de pro-fessionnels de repreacutesentants de la socieacuteteacute civile et des services de lrsquoEacutetat mobi-liseacutes sur les lignes directrices de cette politique Une commission speacutecifique la commission mixte inondation organise et anime lrsquoassociation des parties pre-nantes et contribue agrave la coheacuterence des dispositifs en vue de la gestion des risques drsquoinondation de tous types en France Elle constitue lrsquoinstance de gouvernance nationale en matiegravere de preacutevention des inondations

Les Assises nationales des risques naturels 6 reacuteunissent tous les deux ou trois ans les acteurs de la preacutevention des risques naturels pour eacutechanger et deacutebattre sur lrsquoeacutetat de la situation et les perspectives de reacuteduction des catastrophes Ces assises sont aussi lrsquooccasion de contribuer au deacuteveloppement drsquoune culture commune du risque en mutualisant les connaissances des diffeacuterents acteurs inter-venant dans les domaines concerneacutes par la preacutevention et la gestion des risques naturels Services de lrsquoEacutetat eacutelus associations assureurs chercheurs bureaux drsquoeacutetudes tous sont appeleacutes agrave se mobiliser pour ces journeacutees de rencontres et drsquoeacutechanges en particulier les collectiviteacutes et leurs eacutelus acteurs de la mise en place de la politique de preacutevention agrave lrsquoeacutechelle de leurs territoires

La preacutevention des risques une politique structureacutee et de long terme qui articule des actions compleacutementaires

En matiegravere de risque naturel la reacuteduction du risque agrave la source est impossible par deacutefinition ou limiteacutee La politique consiste donc agrave connaicirctre au mieux les pheacute-nomegravenes naturels et agir pour reacuteduire autant que faire se peut leurs conseacute-quences Un enjeu est drsquoagir laquo en amont raquo des catastrophes agrave un moment ougrave leur effet est difficile agrave connaicirctre preacuteciseacutement dans une approche de long terme en contraste avec le sentiment drsquourgence quand une catastrophe srsquoannonce Cette politique demande la mobilisation de diffeacuterents outils dans une approche stra-teacutegique et eacutequilibreacutee ndash pas seulement orienteacutee sur la protection contre lrsquoaleacutea par exemple ndash elle-mecircme longue agrave eacutelaborer On retient traditionnellement une struc-turation autour de sept axes qui sont chacun indispensables et doivent ecirctre mis en œuvre de maniegravere compleacutementaire et articuleacutee connaissance surveillance information maicirctrise de lrsquourbanisme reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute gestion de crise retour drsquoexpeacuterience

6 httpswwwecologique-solidairegouvfrprevention-des-risques-naturelse2

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Connaicirctre lrsquoaleacutea et le risque

La connaissance de lrsquoaleacutea est le socle indispensable de la preacutevention Les connais-sances et recherches scientifiques permettent de mieux cerner les causes des pheacutenomegravenes et les meacutecanismes mis en jeu Elles mobilisent

la connaissance des eacuteveacutenements passeacutes gracircce aux recherches historiques et agrave la constitution de bases de donneacutees (climatologique hydrologique nivo-logique) ou drsquoatlas (par exemple cartes des zones inondables agrave partir des donneacutees historiques carte de localisation des pheacutenomegravenes avalancheux) La capitalisation des donneacutees drsquoeacuteveacutenements historiques en matiegravere drsquoinondation par exemple repose sur la Base de donneacutees historiques sur les inondations (BDHI) 7 qui recense et deacutecrit les pheacutenomegravenes de submersions dommageables drsquoorigine fluviale marine ou autres survenus sur le territoire franccedilais (meacutetro-pole et outre-mer) au cours des siegravecles passeacutes et jusqursquoagrave aujourdrsquohui Elle met agrave disposition une seacutelection drsquoinondations remarquables qui se sont produites sur le territoire et srsquoenrichit au fil de lrsquoeau En compleacutement une base de donneacutees de repegraveres de crues a eacuteteacute mise en ligne agrave la fois pour ecirctre consulteacutee et pour ecirctre alimenteacutee par tout un chacun grand public ou organismes 8

la connaissance des aleacuteas et des enjeux pour eacutevaluer les risques auxquels chaque territoire est exposeacute Cette connaissance eacutemane drsquoeacutetudes ou recherches meneacutees par des opeacuterateurs de lrsquoEacutetat ou par des bureaux drsquoeacutetudes Elle neacuteces-site parfois des modeacutelisations numeacuteriques (modegravele meacuteteacuteorologique hydrolo-gique ou autre) et se concreacutetise par des cartes drsquoextension et drsquointensiteacute des pheacutenomegravenes

On distingue la recherche amont qui srsquointeacuteresse aux grandes eacutevolutions tendan-cielles agrave une eacutechelle laquo macro raquo telle que lrsquoeacutevolution des zones sensibles aux incen-dies de forecirct lrsquoimpact de la hausse des tempeacuteratures sur les risques drsquoorigine glaciaire et peacuteriglaciaire de la connaissance fine de lrsquoaleacutea et des enjeux agrave une eacutechelle locale permettant par exemple drsquoeacutetablir un zonage de Plan de preacutevention des risques naturels (PPRN) Cette derniegravere est eacutegalement neacutecessaire dans une approche opeacuterationnelle drsquoameacutenagement du territoire et de la gestion crise par exemple pour preacuteparer lrsquoeacutevacuation de populations et organiser les secours en cas drsquoeacuteveacutenement meacuteteacuteorologique intense

Une connaissance approfondie des risques est indispensable pour appreacutehender les conseacutequences possibles des pheacutenomegravenes et mettre en place des mesures de preacutevention approprieacutees en tenant compte de la vulneacuterabiliteacute du site consi-deacutereacute Les eacuteleacutements de connaissance doivent reacuteguliegraverement ecirctre mis agrave jour pour tenir compte des progregraves scientifiques drsquoune part et des eacutevolutions de lrsquooccupa-tion du territoire drsquoautre part

7 Base de donneacutees historiques sur les inondations httpbdhifr

8 httpswwwreperesdecruesdeveloppement-durablegouvfr

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Ainsi il est par exemple neacutecessaire de mieux comprendre comment vont eacutevoluer dans le contexte du changement climatique

les glaciers ndash comme le rappelle lrsquoeacutepisode de Tecircte Rousse 9 pregraves du mont Blanc les mouvements de terrains en montage qui peuvent ecirctre modifieacutes par lrsquoeacutevo-

lution de la tempeacuterature des sols ou encore les boisements pour faire degraves agrave preacutesent les choix qui limiteront le

risque incendie dans les deacutecennies agrave venir

Agrave titre drsquoexemple dans les Alpes du nord le risque drsquoincendie de forecirct est poten-tiellement en augmentation au regard des eacutevolutions probables des conditions meacuteteacuteorologiques Le deacutepartement de lrsquoIsegravere classeacute agrave laquo risque moyen 10 raquo preacutesente une activiteacute incendie peu importante mais non neacutegligeable Lors de conditions meacuteteacuteorologiques exceptionnelles des feux tregraves intenses et difficilement controcirc-lables peuvent se deacutevelopper comme cela a eacuteteacute le cas en 2003

Bien qursquoencore mal connue lrsquointeraction entre plusieurs risques naturels est de nature agrave aggraver les situations Sur les secteurs deacutejagrave soumis agrave un aleacutea mouve-ments de terrain les incendies par la perte du couvert veacutegeacutetal qursquoils occasionnent peuvent occasionner un sur-aleacutea notamment en cas de fortes preacutecipitations Ils aggravent ainsi les pheacutenomegravenes drsquoeacuterosion des sols de ravinements et couleacutees de boues drsquoeacuteboulements rocheux ou encore de glissements de terrain

Plusieurs projets tel que les projets Drias les futurs du climat et Extremoscope (GICC MTESDRISR) ou des plates-formes telles que Geacuteorisque et Vigicrues ont drsquoores et deacutejagrave permis drsquoaccroicirctre la connaissance des risques depuis la publication du premier plan national drsquoadaptation au changement climatique et sont autant de points drsquoinformation pour les deacutecideurs ou le grand public (ONERC 2017)

Dans le cadre de lrsquoeacutelaboration du PNACC-2 lrsquoacquisition de nouvelles connais-sances et leur disseacutemination ont fait lrsquoobjet drsquoun groupe de travail speacutecifique Il est ainsi preacutevu le deacuteveloppement par les eacutetablissements drsquoenseignement supeacute-rieur et de recherche impliqueacutes dans le projet Extremoscope drsquoun service drsquoattri-bution des eacuteveacutenements extrecircmes (ex pour quantifier lrsquoeacutevolution de la probabiliteacute drsquooccurrence drsquoune seacutecheresse seacutevegravere pour un lieu donneacute) afin de reacutepondre aux questions reacutecurrentes du public des meacutedias et des responsables politiques apregraves chaque pheacutenomegravene de grande ampleur sur ses liens de causaliteacute avec le change-ment climatique (ex cyclone tropical forte pluie seacutecheresse intense vague de chaleur) et avec lrsquoideacutee drsquoaccroicirctre la sensibilisation de la population aux conseacute-quences du changement climatique en srsquoappuyant sur lrsquoanalyse de situations veacutecues reacutecentes Lrsquoacquisition de nouvelles connaissances sur les eacuteveacutenements extrecircmes et la maniegravere de srsquoen proteacuteger et la diffusion de ces informations sont eacutegalement deacuteclineacutes de maniegravere plus sectorielle

Dans le domaine de la preacutevention et de la gestion des feux de forecirct et de brous-sailles lieacutes au changement climatique lrsquoEacutetat et les eacutetablissements publics tels

9 httpwwwgeorisquesgouvfrarticlesglacier-de-tete-rousse-comprendre-le-phenomene-des-poches-deau

10 Circulaire DGFARSDFBC2007-5064

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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que lrsquoOffice national des forecircts (ONF) vont ainsi engager un certain nombre de mesures pour mieux cerner lrsquoaugmentation de lrsquoaleacutea incendie et lrsquoextension des zones propices aux incendies et en informer la population

deacutetermination des zones sensibles agrave lrsquoaugmentation de lrsquoaleacutea incendie de forecircts par la modeacutelisation des relations feu-climat incluant une reacuteflexion sur les interfaces laquo habitat-forecirct raquo et la deacuteprise agricole

eacutevaluation de lrsquointensiteacute des incendies des dommages induits sur les forecircts et de la vulneacuterabiliteacute des bacirctis drsquointerface agrave lrsquoincendie de forecirct

poursuite de la sensibilisation des populations notamment au respect des obligations leacutegales de deacutebroussaillement (voir encadreacute 6 de ce chapitre)

Les eacuteveacutenements extrecircmes sont eacutegalement pris en compte dans le PNACC-2 de maniegravere indirecte agrave travers les effets qursquoils ont sur la santeacute Dans le domaine de la preacutevention et de la gestion des risques sanitaires lieacutes au changement clima-tique il srsquoagit drsquoameacuteliorer la connaissance et la sensibilisation aux risques deacutejagrave identifieacutes ou eacutemergents agrave lrsquoeacutechelle nationale voire reacutegionale tant pour la popu-lation geacuteneacuterale que pour les travailleurs Pour ce qui est de la surveillance une meilleure articulation entre la production des donneacutees et les connaissances de surveillance environnementale climatique et les connaissances eacutepideacutemiologiques sanitaires permettra de construire des indicateurs valideacutes et de proposer une offre de services utiles pour lrsquoaction notamment pour le niveau reacutegional (par exemple en identifiant les facteurs de risques et en documentant les impacts sanitaires actuels et futurs) et des services climatiques pertinents pour la protection de la santeacute Par ailleurs les moyens de surveillance et drsquoalerte eacutepideacutemiologiques et sanitaires des populations (travailleurs inclus) seront consolideacutes Le service sani-taire des eacutetudiants en meacutedecine mis en place agrave la rentreacutee 2018 permettra de diffu-ser et mettre en œuvre des messages de preacutevention aupregraves de diffeacuterents publics (public scolaire structure drsquoaccueil de personnes acircgeacutees services sociauxhellip)

Pour reacutealiser ces missions drsquoameacutelioration continue de la connaissance le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement srsquoappuie sur ses opeacuterateurs publics dans le cadre de conventions Associeacutees agrave des financements sur creacutedits budgeacutetaires ces conven-tions chaque anneacutee en ordre de grandeur repreacutesentent par exemple

35 Meuro pour Meacuteteacuteo-France qui recouvrent des actions relatives au deacutevelop-pement de lrsquoobservation ndash extension du reacuteseau de mesure radars meacuteteacuteorolo-giques ndash et de la preacutevision ndash vigilance meacuteteacuteorologique

17 Meuro pour lrsquoInstitut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagriculture (IRSTEA) sur des actions de recherche et drsquoex-pertise avec notamment un travail sur la prise en compte des avalanches de neige humide dans les strateacutegies de preacutevention en montagne Ces avalanches eacutetant ameneacutees agrave se reacutepeacuteter dans le contexte du changement climatique

11 Meuro pour le Bureau de recherches geacuteologiques et miniegraveres (BRGM) sur des actions de recherche et drsquoexpertise qui recouvrent notamment un appui sur les mouvements de terrain et les enjeux relatifs agrave lrsquoeacutevolution du trait de cocircte

Si ces connaissances sont indispensables agrave lrsquoeacutelaboration au pilotage agrave la mise agrave jour de la politique de preacutevention des risques naturels il est tout aussi impor-tant qursquoelles soient porteacutees agrave la connaissance du public Cela permet de limiter

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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les formes de fatalisme et de superstition par rapport aux risques naturels Crsquoest le rocircle en particulier du portail Geacuteorisques (fig D2) mis en place par le ministegravere en charge de lrsquoenvironnement qui vise agrave ce que chacun puisse disposer drsquoune information sur les risques agrave proximiteacute de laquo sa maison raquo En srsquoappuyant sur les diffeacuterentes donneacutees disponibles au sein du ministegravere il preacutesente sous forme de cartes et de listes les diffeacuterents risques pour reacutepondre agrave la question laquo Quels sont les risques auxquels je suis exposeacute raquo Geacuteorisques a permis drsquoamplifier au sein des services du ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement et de ses opeacuterateurs le mouvement drsquoharmonisation drsquoagreacutegation au sein de bases nationales et de publication des donneacutees sur les risques notamment des cartes de plans de preacute-vention des risques (en lien avec le Geacuteoportail de lrsquourbanisme 11) Lrsquoobjectif priori-taire de cette plateforme est lrsquoameacutelioration continue de la varieacuteteacute et de la qualiteacute des donneacutees de lrsquoergonomie et des possibiliteacutes de consultation et de reacuteutilisa-tion de lrsquoinformation

Cette connaissance peut utilement ecirctre compleacuteteacutee par des indicateurs et ana-lyses qui permettent une mise en perspective du risque LrsquoObservatoire national des risques naturels (ONRN) apporte ce type drsquoinformations ainsi que les obser-vatoires reacutegionaux des risques naturels majeurs

11 httpswwwgeoportail-urbanismegouvfr

Figure D2 ndash portail Geacuteorisques httpwwwgeorisquesgouvfr

Source BRGM

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Encadreacute 2

Lrsquoobservatoire national des risques naturels

LrsquoObservatoire national des risques naturels (ONRN) a eacuteteacute creacuteeacute en mai 2012 suite aux conseacutequences catastrophiques de la tempecircte Xynthia par la signature drsquoune convention de partenariat entre lrsquoEacutetat repreacutesenteacute par le ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire (MTES) la Caisse centrale de reacuteassurance (CCR) et la Mission des socieacuteteacutes drsquoassurances pour la connaissance et la preacutevention des risques naturels (MRN grou-pement technique de la Feacutedeacuteration franccedilaise de lrsquoassurance ayant sta-tut drsquoassociation) Cette convention a eacuteteacute reconduite pour des peacuteriodes de trois ans en 2014 et en 2017 Le conseil de gestion de lrsquoONRN est doreacutenavant preacutesideacute par un repreacutesentant du Conseil geacuteneacuteral de lrsquoenviron-nement et du deacuteveloppement durable (CGEDD)

Les principaux objectifs de lrsquoONRN sont ameacuteliorer et capitaliser la connaissance sur les aleacuteas et les enjeux contribuer au pilotage et agrave la gouvernance de la preacutevention des risques servir lrsquoanalyse eacuteconomique de la preacutevention et de la gestion de crise contribuer agrave lrsquoameacutelioration de la culture du risque promouvoir les observatoires territoriaux

LrsquoONRN a notamment eacutelaboreacute cinquante-trois indicateurs couvrant cinq aleacuteas (inondation seacutecheresse

mouvement de terrain seacuteisme tempecircte-grecircle-neige) visualisables via une cartographie interactive et teacuteleacutechargeables sur le portail de lrsquoONRN (ex nombre de maisons individuelles exposeacutees agrave lrsquoaleacutea retrait-gonflement des argiles fort ou moyen en 2014 nombre de reconnaissances drsquoeacutetats de catastrophes naturelles laquo mouvements de terrain raquo de 1982 agrave 2017 freacutequence des sinistres tempecircte-grecircle-neige des particuliers par deacuteparte-ment cumuleacutee sur la peacuteriode 1987 agrave 2015 etc)

une base de donneacutees sur les eacuteveacutenements naturels dommageables (en cours de constitution)

Il a mis en place un reacuteseau des observatoires initieacute agrave lrsquooccasion des Assises nationales des risques naturels en 2016

Source httpwwwonrnfr

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Surveiller et preacutevoir

Lrsquoobjectif de la surveillance est drsquoanticiper un pheacutenomegravene naturel et de pouvoir avertir les populations et les acteurs agrave temps pour qursquoils se preacuteparent et adaptent leurs comportements pendant la crise Elle neacutecessite lrsquoutilisation de disposi-tifs drsquoanalyse preacutepareacutes en amont et de mesures inteacutegreacutees dans un systegraveme drsquoalerte des autoriteacutes ou des populations La surveillance meacuteteacuteorologique est un eacuteleacutement essentiel du dispositif de preacutevision des pheacutenomegravenes climatiques poten-tiellement dangereux tels que les orages tempecirctes vagues de chaleur et de leurs conseacutequences comme les avalanches ou les incendies de forecircts Par exemple la surveillance des deacutebits des cours drsquoeau associeacutee agrave la preacutevision des preacutecipita-tions permet de preacutevoir la survenance de crues sur 22 000 km des cours drsquoeau franccedilais et drsquoen estimer lrsquoampleur

Lrsquoameacutelioration de lrsquoobservation et de la preacutevision des pheacutenomegravenes est un enjeu majeur drsquoadaptation au changement climatique Le programme drsquoinvestissements en radar de Meacuteteacuteo-France a ainsi eacuteteacute confirmeacute avec le deacuteploiement de cinq radars agrave lrsquohorizon 2021 pour un montant de 11 millions drsquoeuros

La surveillance permet drsquoavertir les autoriteacutes ou les populations drsquoun danger par des moyens de diffusion efficaces et adapteacutes agrave chaque type de pheacutenomegravene Internet radio et TV haut-parleurs messages teacuteleacutephoniques etc

Les sites wwwvigilancemeteofrancecom et wwwvigicruesgouvfr (voir encadreacute 3) sont les supports de la vigilance nationale en matiegravere de risque meacuteteacuteorologique et hydrologique

Certains pheacutenomegravenes agrave dynamique rapide comme les orages les tempecirctes ou les cyclones tropicaux restent plus difficiles agrave preacutevoir agrave la fois en termes de loca-lisation de chronologie et drsquointensiteacute Leur dangerositeacute incite agrave les eacutetudier pour progresser dans notre capaciteacute drsquoanticipation et agrave mobiliser des moyens tech-niques de plus en plus performants pour les preacutevoir Les projections proposeacutees par les climatologues pour la fin du siegravecle laissent supposer des eacutevolutions sen-sibles de ces pheacutenomegravenes augmentation du nombre de cyclones dans les cateacute-gories les plus puissantes intensification des pheacutenomegravenes convectifs du type laquo ceacutevenol raquo par exemple Il est donc drsquoautant plus important de nous preacuteparer agrave mieux les annoncer

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Encadreacute 3

Le reacuteseau Vigicrues

Le reacuteseau Vigicrues du ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement a pour mis-sion de suivre lrsquoeacutevolution des principaux cours drsquoeau franccedilais et de pro-duire la laquo vigilance crues raquo destineacutee aux autoriteacutes et au grand public Il est constitueacute drsquoun service central situeacute agrave Toulouse le Service central drsquohydro-meacuteteacuteorologie et drsquoappui agrave la preacutevision des inondations (Schapi) drsquouniteacutes drsquohydromeacutetrie et de services de preacutevision des crues dans les Directions reacutegionales de lrsquoenvironnement de lrsquoameacutenagement et du logement (Dreal) Au total ce sont pregraves de 500 agents preacutesents sur le terrain toute lrsquoan-neacutee qui permettent la preacuteparation de la preacutevision et de la vigilance et la mobilisation lors des eacutepisodes de crues (Schapi) Pendant le premier semestre 2018 le reacuteseau a eacuteteacute mobiliseacute de maniegravere soutenue notam-ment en janvier-feacutevrier avec les crues du bassin de la Seine puis en mai-juin lors drsquoun long eacutepisode orageux sur la Normandie la Bretagne et la Nouvelle-Aquitaine

Au sein drsquoun reacuteseau de 3 000 stations hydromeacutetriques 1 700 retrans-mettent leurs observations en temps reacuteel Elles sont utiliseacutees par les preacute-visionnistes dans les services de preacutevision des crues et au Schapi pour deacutefinir un niveau de risque de crue sur les 24 heures agrave venir et preacuteparer des bulletins des preacutevisions

La vigilance laquo crues raquo permet de preacutevenir les autoriteacutes et le public qursquoil existe un risque de crues sur le reacuteseau reacuteglementaire plus ou moins important selon la couleur de vigilance (vertjauneorangerouge) Cela permet aux autoriteacutes locales notamment les preacutefets et les maires ainsi qursquoau public de se mettre en situation de reacuteagir de maniegravere approprieacutee selon lrsquoimpor-tance du danger et de geacuterer la situation dans les meilleures conditions Cette vigilance est relayeacutee par le dispositif de vigilance meacuteteacuteorologique mis en place par Meacuteteacuteo-France

La vigilance laquo crues raquo a plusieurs particulariteacutes

Elle preacutesente le niveau de vigilance sur des tronccedilons de cours drsquoeau sur les 22 000 km du reacuteseau hydrographique surveilleacutes par lrsquoEacutetat aux abords desquels se situent plus de 75 de la population qui vit ou travaille en zone inondable

Elle est aussi accompagneacutee drsquoinformations compleacutementaires les niveaux drsquoeau et les deacutebits des cours drsquoeau observeacutes en temps reacuteel

sur pregraves de 1 700 points de mesure teacuteleacutetransmis ainsi que leurs varia-tions au cours des derniers jours et des derniegraveres heures

sur une seacutelection de points des hauteurs drsquoeau preacutevues complegravetent les observations le nombre de ces points est en augmentation reacuteguliegravere

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Le reacuteseau Vigicrues en meacutetropole a fini de se constituer en 2006 lorsqursquoil a publieacute sa premiegravere carte de vigilance et il continue aujourdrsquohui agrave srsquoameacute-liorer et se moderniser (qualiteacute des mesures et des transmissions sta-tions hydromeacutetriques non intrusives geacuteneacuteralisation de la preacutevision au droit des stations hydromeacutetriques dans les zones de fort enjeu etc)

Il est aussi preacutesent dans les deacutepartements drsquooutre-mer ce sont des cel-lules de veille hydrologique qui ont eacuteteacute mises en place ou qui sont en voie de lrsquoecirctre Compte tenu de la nature complexe et intense des pheacutenomegravenes dans ces territoires leurs missions se focalisent principalement sur le suivi des pheacutenomegravenes et le deacuteveloppement des connaissances

En dehors du reacuteseau surveilleacute Vigicrues un autre service a eacuteteacute deacuteveloppeacute pour avertir les maires les services communaux et les preacutefectures en cas de pheacutenomegravenes localiseacutes drsquoinondations par ruissellement ou de crues rapides de petits cours drsquoeau (pheacutenomegravenes qui pourraient srsquoaccroicirctre avec le changement climatique) il srsquoagit de Vigicrues Flash Ce service est proposeacute depuis 2017 par le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement et permet aux autoriteacutes locales qui en font la demande drsquoecirctre averties drsquoun risque de crues rapides dans les prochaines heures sur une seacutelection de cours drsquoeau non couverts par la vigilance laquo crues raquo deacutecrite plus haut

Figure D3 ndash Carte de France Vigicrues des 22 000 km du reacuteseau hydrographique surveilleacute par lrsquoEacutetat

Source Meacuteteacuteo-France

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Lrsquohydromeacutetrie est aussi la base de la connaissance et du suivi des eacutetiages reacutepon-dant ainsi agrave lrsquoun des autres enjeux du changement climatique la seacutecheresse De cette gestion des basses eaux deacutepend notre capaciteacute agrave produire de lrsquoeau potable agrave reacuteguler la consommation drsquoeau pour lrsquoagriculture agrave refroidir certaines centrales produisant de lrsquoeacutenergie et les mesures de restriction qui peuvent srsquoaveacuterer indis-pensables pour permettre un juste eacutequilibre entre les diffeacuterents utilisateurs de la ressource

Diffuser lrsquoinformation preacuteventive et participer agrave lrsquoeacuteducation des populations

La graviteacute du risque est fonction de la vulneacuterabiliteacute et des enjeux un des moyens essentiels de la preacutevention est lrsquoadoption par les citoyens et les acteurs eacutecono-miques de comportements adapteacutes aux menaces Dans cette optique a eacuteteacute ins-taureacute le droit des citoyens agrave une information sur les risques majeurs auxquels ils sont soumis et sur les mesures de sauvegarde qui les concernent (article L 125-2 du Code de lrsquoenvironnement) Cette information reacuteglementaire meacuterite souvent drsquoecirctre compleacuteteacutee par des outils peacutedagogiques ou des campagnes de sensibilisa-tion sur un sujet complexe qui reste moins bien connu que la preacutevention de la production de deacutechets et leur recyclage ou lrsquoattention porteacutee agrave la preacuteservation de la biodiversiteacute

Lrsquoinformation preacuteventive reacuteglementaire repose sur le Dossier deacutepartemental des

risques majeurs (DDRM) eacutetabli par le preacutefet qui comprend pour les diffeacuterentes communes concerneacutees la description des risques et leurs conseacutequences pour les personnes les biens et lrsquoenvironnement et lrsquoexposeacute des mesures de sauve-garde preacutevues pour en limiter les effets Sur la base des informations contenues dans le DDRM le maire eacutetablit le Dossier drsquoinformation communal sur les risques

majeurs (DICRIM) consultable par le public agrave la mairie Dans les communes exposeacutees agrave un ou plusieurs risques lrsquoaffichage des risques et des consignes est

10 000 communes environ sont eacuteligibles agrave ce service mais seulement 10 de ces communes y sont aujourdrsquohui abonneacutees

Vigicrues Flash est le compleacutement drsquoun autre service plus ancien proposeacute par Meacuteteacuteo-France le service APIC (Avertissement pluies intenses agrave lrsquoeacutechelle des communes) Sur le mecircme principe il permet drsquoecirctre averti lorsque les preacutecipitations en cours ou reacutecentes revecirctent un caractegravere exceptionnel sur une commune ou les communes environnantes

Ces deux services reacuteserveacutes aux maires et aux preacutefets sont gratuits et se traduisent par des envois de SMS courriels et messages audios com-pleacuteteacutes par une cartographie des communes et tronccedilons de cours drsquoeau concerneacutes par les avertissements

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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obligatoire dans les lieux et eacutetablissements deacutefinis par le maire et systeacutematique-ment dans les campings

La mise en œuvre de lrsquoinformation preacuteventive est eacuteligible au fonds de preacutevention des risques naturels majeurs (FPRNM) dans la limite de 20 millions drsquoeuros par an (chiffre qui comprend eacutegalement la reacutealisation des PPRN) En 2017 lrsquoeacutelabora-tion des DDRM du Puy-de-Docircme du Territoire de Belfort de la Corse du Sud et de neuf autres deacutepartements ont par exemple eacuteteacute financeacutes pour un montant de 195 000 euros

Depuis 2006 tout acheteur ou locataire de biens immobiliers (bacircti ou non bacircti) doit ecirctre informeacute lorsque le bien est situeacute dans une zone de sismiciteacute ou dans le peacuterimegravetre drsquoun plan de preacutevention des risques naturels ou technologiques et donc srsquoil est dans une zone inondable soumise aux feux de forecircthellip Le vendeur ou le bailleur doit indiquer agrave lrsquoacqueacutereur ou au locataire sur un document annexeacute au contrat la situation de ce bien vis-agrave-vis du ou des risques naturels ou tech-nologiques auxquels la commune est exposeacutee Cette information obligatoire est obtenue agrave partir des documents disponibles en mairie ou en preacutefecture ou agrave lrsquoaide du site Internet Geacuteorisques Elle contient les servitudes qui srsquoimposent au bien consideacutereacute et preacutecise les indemnisations dont le bien a eacuteteacute lrsquoobjet au titre drsquoune deacuteclaration de lrsquoeacutetat de catastrophe naturelle

Le retour drsquoexpeacuterience depuis 2006 sur cette mesure indique que lrsquoinforma-tion sur les risques reste souvent un paramegravetre parmi drsquoautres (surface empla-cement) lors de lrsquoachat ou de la location drsquoun bien et nrsquoinflue pas sur la valeur finale du bien La question peut ecirctre poseacutee de donner cette information plus en amont dans le processus de choix du logement agrave la maniegravere du diagnostic de performance eacutenergeacutetique

La reacuteduction des accidents et dommages passe aussi par lrsquoeacuteducation aux risques

et la sensibilisation des populations Depuis 1993 les ministegraveres chargeacutes de lrsquoenvironnement et de lrsquoeacuteducation srsquoattachent agrave promouvoir lrsquoeacuteducation agrave la preacute-vention des risques majeurs Depuis 2004 cette approche est officiellement inscrite dans le Code de lrsquoeacuteducation et concerne les programmes scolaires des enseignements primaire et secondaire tout eacutelegraveve de collegravege et de lyceacutee beacuteneacutefi-cie dans le cadre de sa scolariteacute obligatoire drsquoune sensibilisation agrave la preacutevention des risques et aux missions des services de secours ainsi que drsquoun apprentis-sage des gestes eacuteleacutementaires de premier secours Les ministegraveres en charge de lrsquoenvironnement et de la santeacute lrsquoObservatoire national sur les risques naturels (ONRN) lrsquoInstitut franccedilais pour les formateurs risques naturels majeurs et protec-tion de lrsquoenvironnement (IFFO-RME) et les associations renforceront lrsquoinformation

preacuteventive lrsquoeacuteducation et la formation par lrsquoimplication des citoyens des entre-prises et des eacutelus Le reacuteseau associatif est en effet un vecteur de diffusion agrave pri-vileacutegier dans les eacutetablissements scolaires notamment via lrsquoaccompagnement agrave la reacutealisation des plans particuliers de mise en sucircreteacute 12

12 Plans de secours agrave lrsquoeacutechelle des eacutetablissements drsquoenseignement

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Encadreacute 4

Plan national canicule

Auteur Karine Laaidi

Santeacute publique France

Degraves 2004 le ministegravere chargeacute de la santeacute a mis en place un Plan natio-nal canicule associeacute agrave un Systegraveme drsquoalerte canicule et santeacute (Sacs) mis en œuvre conjointement par Meacuteteacuteo-France et Santeacute publique France Ce plan deacuteclineacute au niveau deacutepartemental fonctionne selon quatre niveaux drsquoalerte baseacutes sur la vigilance meacuteteacuteorologique

vert (veille saisonniegravere) du 1er juin au 15 septembre jaune (avertissement chaleur) lorsque les tempeacuteratures sont proches

des seuils drsquoalerte ou ponctuellement tregraves intenses mais sur seulement un ou deux jours

orange (alerte canicule) lorsque les seuils drsquoalerte sont atteints ou deacutepasseacutes avec eacuteventuellement des facteurs aggravants (pollution humi-diteacute de lrsquoairhellip)

rouge (mobilisation maximale) lorsque la chaleur est exceptionnelle en dureacutee intensiteacute et extension geacuteographique avec drsquoeacuteventuels effets non sanitaires (seacutecheresse deacutelestages eacutelectriqueshellip)

Ces niveaux de plan sont associeacutes agrave des mesures de gestion et de preacuteven-tion avec un focus particulier vers les populations les plus vulneacuterables pour lesquelles lrsquoacclimatation est plus difficile (personnes acircgeacutees en mauvais eacutetat de santeacute vivant en habitat indigne nourrissons personnes peu habi-tueacutees agrave la chaleur travailleurs exposeacutes agrave la chaleur sportifs occasionnels)

En vigilance jaune la preacutevention relegraveve avant tout de la communication

Figure D4 ndash Plaquette de sensibilisation

Source ministegravere des Solidariteacutes et de la Santeacute

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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En orange (niveau deacuteclencheacute dans 66 deacutepartements en 2018) voire en rouge (niveau qui nrsquoa encore jamais eacuteteacute deacuteclencheacute mais aurait corres-pondu agrave la canicule drsquoaoucirct 2003) les mesures sont varieacutees et peuvent ecirctre mises en œuvre selon la situation communication preacuteventive ouver-ture drsquoun numeacutero vert drsquoinformation assistance aux personnes vulneacuterables inscrites sur les registres communaux deacuteclenchement des plans bleus dans les maisons de retraite ou des plans blancs dans les hocircpitaux etc

Sur la base drsquoeacutetudes eacutepideacutemiologiques Santeacute publique France a produit des supports de preacutevention rappelant les risques les signaux drsquoalerte pour la santeacute et les conseils de preacutevention

Les villes expeacuterimentent eacutegalement des mesures drsquoadaptation comme lrsquoarrosage des chausseacutees lrsquoouverture des parcs la nuit la cartographie des lieux frais accessibles au public ou des applications pour teacuteleacutephone mobile permettant de repeacuterer les lieux frais pregraves de chez soi et les par-cours les moins chauds pour srsquoy rendre

Malgreacute les mesures drsquoadaptation mises en place on constate toujours un impact des canicules que ce soit sur les recours aux soins drsquourgences ou sur la mortaliteacute la canicule de 2006 a ainsi occasionneacute une surmortaliteacute drsquoun peu plus de 1000 deacutecegraves celle de 2015 plus de 1700 celle de 2017 345 et environ 1 500 pour 2018 Ces chiffres moindres que ceux de 2003 peuvent srsquoexpliquer en partie par lrsquoefficaciteacute des mesures de preacutevention mais aussi par le fait que ces canicules ont eacuteteacute moins seacutevegraveres que celle de 2003 La surmortaliteacute pourrait donc ecirctre bien plus eacuteleveacutee dans lrsquoave-nir avec lrsquoaugmentation de la freacutequence et de la seacuteveacuteriteacute des canicules

Ceci est drsquoautant plus vrai que selon une enquecircte meneacutee en 2015 aupregraves de la population franccedilaise si les gestes de preacutevention semblent bien connus au premier rang desquels boire de lrsquoeau et maintenir sa maison au frais le coup de chaleur nrsquoest pas un risque clairement identifieacute et la perception de ses propres risques est faible y compris chez les personnes de plus de 65 ans (seulement 3 de la population interrogeacutee pense avoir un risque important lors drsquoune canicule et 4 des plus acircgeacutes) De mecircme parmi les mesures adopteacutees par les personnes acircgeacutees en cas de canicule si le recours agrave la solidariteacute de proximiteacute est freacutequent le recours aux ser-vices municipaux pour se signaler ou demander de lrsquoaide reste une pratique marginale (seules 4 des personnes acircgeacutees deacuteclarent srsquoecirctre inscrites sur les registres de leur ville) A cela srsquoajoute pour les acteurs de terrain (pro-fessionnels de santeacute ou du secteur social en particulier) de nombreuses difficulteacutes de mise en œuvre de la preacutevention souvent lieacutees au manque de personnel ou de moyens parfois agrave une certaine meacuteconnaissance des risques ou des gestes de preacutevention ou encore agrave une reacuteticence des per-sonnes vulneacuterables agrave accepter les comportements adeacutequats pour se pro-teacuteger de la chaleur soit qursquoelles ne se considegraverent pas agrave risque soit qursquoelles ne ressentent pas la soif ou la chaleur

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Encadreacute 5

Plan froid

Auteur Karine Laaidi

Santeacute publique France

En ce qui concerne le froid il nrsquoy a pas de systegraveme drsquoalerte la preacutevention de court terme nrsquoeacutetant pas la plus importante pour preacutevenir les risques Le court terme est geacutereacute uniquement par la vigilance grand froid de Meacuteteacuteo-France et par la vigilance neige-verglas qui peut lui ecirctre concomitante Des conseils de preacutevention y sont associeacutes eacutelaboreacutes en lien avec les autoriteacutes sanitaires (bien se couvrir en particulier les extreacutemiteacutes manger et boire chaud et non alcooliseacute preacuteparer ses trajets en voiture eacuteviter les efforts physiques intenses surtout pour les personnes cardiaques chauffer conve-nablement sa maison en faisant attention au risque lieacute au monoxyde de car-bone) Des places drsquoheacutebergement sont ouvertes en hiver pour les personnes

sans abri mais leur ges-tion deacutepend des besoins drsquoaccueil et non plus des tempeacuteratures exteacuterieures depuis la loi Duflot Les maraudes du Samu social peuvent ecirctre intensifi eacutees lors des vagues de froid

La preacutevention passe donc surtout pour la population geacuteneacuterale par des mesures de fond qui sont avant tout drsquoordre social droit au logement opposable trecircve hivernale interdisant lrsquoex-pulsion des locataires du 1er novembre au 31 mars et interdisant les coupures de gaz et drsquoeacutelectriciteacute aides fi nanciegraveres pour le chauf-fage lutte contre lrsquohabitat indigne

Le grand froid demande agrave mon corps de faire des efforts suppleacutementaires sans que je mrsquoen rende compte Mon cœur bat plus vite pour eacuteviter que mon corps se refroidisse Cela peut ecirctre particuliegraverement dangereux pour les personnes acircgeacutees et les malades chroniques

Si je reste dans le froid trop longtemps ma tempeacuterature corporelle peut descendre

en dessous de 35degC je suis alors en hypothermie Mon corps ne fonctionne plus normalement et cela peut entraicircner

des risques graves pour ma santeacute

Si je reste dans le froid trop longtemps les extreacutemiteacutes de mon corps

peuvent devenir drsquoabord rouges et douloureuses puis grises et indolores

(gelures) Je risque lrsquoamputation

Si je fais des efforts physiques en plein air je risque drsquoaggraver

drsquoeacuteventuels problegravemes cardio-vasculaires

bull Je couvre particuliegraverement les parties de mon corps qui perdent de la chaleur tecircte cou mains et pieds

bull Je me couvre le nez et la bouche pour respirer de lrsquoair moins froid

bull Je mets plusieurs couches de vecirctements plus un coupe-vent impermeacuteable

bull Je mets de bonnes chaussures pour eacuteviter les chutes sur un sol glissant

bull Jrsquoeacutevite de sortir le soir car il fait encore plus froid

bull Je me nourris convenablement et je ne bois pas drsquoalcool car cela ne reacutechauffe pas

bull Je limite les efforts physiques comme courir

bull Si jrsquoutilise ma voiture je prends de lrsquoeau une couverture et un teacuteleacutephone chargeacute et je me renseigne sur la meacuteteacuteo

bull Je suis encore plus attentif avec les enfants et les personnes acircgeacutees qui ne disent pas quand ils ont froid

Je chauffe mon logement sans le surchauffer et en mrsquoassurant de sa bonne ventilation

wwwmeteofr 32 50 euro wwwbison-futeequipementgouvfr social-santegouvfr wwwsantepubliquefrancefr

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Quand je sors je me couvre

mon corps agrave la bonne tempeacuterature

Je suis prudent et je pense aux autres

Je chauffe sans surchauffer

Figure D5 ndash Plaquette de sensibilisation

Source ministegravere chargeacute de la Santeacute

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

114

Afin drsquoameacuteliorer la culture du risque pour le plus grand nombre le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement met en place des campagnes de communication sur les aleacuteas les plus dangereux pour la vie humaine et qui pourraient connaicirctre une recrudes-cence avec le changement climatique comme les pluies intenses et les feux de forecirct

La campagne de preacutevention des pluies dites laquo ceacutevenoles raquo (voir Annexe 3) a eacuteteacute mise en place apregraves les eacuteveacutenements dramatiques de 2015 et reconduite trois fois de 2016 agrave 2018 Elle met lrsquoaccent sur les comportements qui sauvent face agrave un risque croissant et pour lequel les preacutevisions preacutecises resteront difficiles et les mesures structurelles de reacuteduction du risque limiteacutees (fig D6)

Figure D6 ndash Plaquette de sensibilisation

Source ministegravere de lrsquoInteacuterieur et ministegravere en charge de lrsquoenvironnement

Une autre campagne de preacutevention mise en place en 2018 sensibilise au risque laquo incendie raquo agrave nouveau dans les deacutepartements du Sud de la France (encadreacute 6)

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Campagne nationale 2018 de preacutevention des incendies de forecircts

En 2017 plus de 3 000 feux sont survenus dans le Sud de la France La France meacutetropolitaine particuliegraverement le Sud est un territoire propice aux incendies de forecircts Les conditions estivales avec une seacutecheresse des sols marqueacutee et des vents forts sont favorables agrave la survenue drsquoeacuteveacute-nements drsquoincendies dont les conseacutequences peuvent ecirctre destructrices et dramatiques sur le plan humain

Les effets du changement climatique sur les incendies de forecircts sont eacutega-lement eacutetablis les zones exposeacutees aux incendies devraient srsquoeacutetendre en France meacutetropolitaine vers le Nord-Ouest en particulier dans les Pays-de-la-Loire le Centre-Val-de-Loire et la Bretagne Dans les zones deacutejagrave expo-seacutees les incendies pourraient srsquoeacutetendre agrave la moyenne montagne Il est probable que la saison des incendies de forecircts dans lrsquoanneacutee srsquoallongera passant drsquoenviron trois mois actuellement agrave six mois dans un avenir proche Les incendies devraient ecirctre plus intenses et plus rapides compte tenu des seacutecheresses accrues Cela devrait conduire agrave une augmentation des grands feux et donc agrave une plus grande reacutepeacutetition du passage des

Figure D7 ndash Cartographie national des zones potentiellement sensibles aux incendies de forecircts ndash modeacutelisation 2040

Source Meacuteteacuteo-France

Encadreacute 6

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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incendies en un mecircme point sur de courtes peacuteriodes (tous les dix agrave vingt ans) engendrant alors de fortes reacutegressions des peuplements forestiers dans les reacutegions les plus exposeacutees

Lrsquoaugmentation des moyens de surveillance et de secours et des moyens de protection des sapeurs-pompiers dans les zones actuellement concer-neacutees devra donc eacutegalement srsquoaccompagner de lrsquoaccroissement des zones drsquointervention potentielles vers le nord et du renforcement de la mutua-lisation des moyens de surveillance et de secours au niveau europeacuteen pour mieux geacuterer les crises

90 des feux sont drsquoorigine anthropique et 80 des deacuteparts de feux se deacuteclenchent agrave moins de 50 m des habitations Au bout du compte plus drsquoun incendie sur deux reacutesulte drsquoune imprudence

La preacutevention du risque incendie de forecirct passe donc par des compor-tements responsables Des acteurs locaux tregraves impliqueacutes megravenent des

actions de preacutevention reacutecurrentes mais certains comportements cleacutes meacuteritent drsquoecirctre rappeleacutes

En juillet 2018 le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement a ainsi lanceacute une campagne nationale de sensibilisation et de preacutevention du risque incendie en lien avec le ministegravere de lrsquoInteacuterieur et le ministegravere en charge de lrsquoAgri-culture eacutegalement tregraves impliqueacutes dans la preacutevention et la lutte contre les incendies cibleacutee sur les trente-deux deacutepartements du Sud les plus expo-seacutes (Aquitaine Occitanie Paca Corse) Lrsquoobjectif de la campagne est de diffuser les bons comportements face au risque incendie de forecirct pour

veiller agrave ne pas en ecirctre la cause accidentellement dans les zones drsquoin-terface forecirct-habitat i e ne pas deacuteclencher

agir pour limiter la propagation adopter les reacuteflexes de sauvegarde

Les actions drsquoinformation preacuteventive et drsquoameacutelioration de la culture du risque chacune dans leur domaine drsquoefficaciteacute sont prioritaires en ce qursquoelles orientent les choix permettant drsquoadopter les comportements qui sauvent Elles sont aussi un eacuteleacutement indispensable drsquoacceptation de politiques qui peuvent paraicirctre par ailleurs contraignantes sans beacuteneacutefice immeacutediat ou clair

Prendre en compte les risques dans lrsquoameacutenagement du territoire

La preacutevention des risques naturels srsquoinscrit dans la dureacutee quand les choix drsquoameacute-nagement du territoire integravegrent la prise compte de lrsquoaleacutea pour eacuteviter drsquoimplanter des enjeux (population bacirctihellip) dans des zones exposeacutees ou reacuteduire la vulneacuterabi-liteacute des bacirctiments existants Le croisement de lrsquoameacutenagement et du risque naturel

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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srsquoappuie eacutegalement sur la connaissance de lrsquoaleacutea elle requiert une expertise et la mobilisation drsquoopeacuterateurs de lrsquoEacutetat par exemple le Centre drsquoeacutetudes et drsquoex-pertise sur les risques lrsquoenvironnement la mobiliteacute et lrsquoameacutenagement (Cerema)

Dans le domaine de la preacutevention et de la gestion des feux de forecirct et de brous-sailles lieacutes au changement climatique la gestion forestiegravere devra ecirctre progressi-vement adapteacutee agrave lrsquoaccroissement preacutevisible des risques drsquoincendies en termes de freacutequence drsquooccurrences et de surfaces concerneacutees tant en meacutetropole qursquoen outre-mer en mobilisant lrsquoensemble des acteurs de la forecirct 13 (Plan national de la forecirct et du bois 2016-2026) Un certain nombre de mesures sont envisageacutees pour adapter la France agrave lrsquoaugmentation de lrsquoaleacutea incendie et agrave lrsquoextension des zones propices aux incendies notamment la poursuite de lrsquoeacutelaboration de strateacute-gies reacutegionales et territoriales de preacutevention du risque drsquoincendies de forecirct inteacute-grant ce risque dans lrsquoameacutenagement du territoire afin de mettre en place les outils de preacutevention adapteacutes en articulation avec les documents drsquourbanisme porteacutes par les eacutelus locaux

Le deacuteveloppement de strateacutegies fonciegraveres eacutequilibreacutees de moyen et long termes tenant compte de lrsquoensemble des enjeux socio-eacuteconomiques environnementaux et culturels aux moyens de la limitation de la consommation drsquoespaces naturels agricoles et forestiers pour atteindre lrsquoobjectif de zeacutero artificialisation nette du Plan biodiversiteacute de lrsquoinfiltration des preacutecipitations avec lrsquoambition de deacutesimpermeacutea-biliser agrave terme et des techniques alternatives notamment la restauration eacutecolo-gique permettra de reacuteduire les pheacutenomegravenes de ruissellement drsquoeacuterosion des sols et les risques drsquoinondation

Le Plan de preacutevention des risques naturels (PPRN) constitue lrsquooutil central drsquointer-vention de lrsquoEacutetat pour maicirctriser lrsquourbanisme dans les zones agrave risques et reacuteduire la vulneacuterabiliteacute du bacircti existant Si en 1982 la loi relative agrave lrsquoindemnisation des vic-times de catastrophes naturelles (loi no 82-600 du 13 juillet 1982) a institueacute le plan drsquoexposition aux risques crsquoest la loi Barnier de 1995 qui instaure les PPRN se substituant agrave tout autre plan ou dispositif approuveacute par les preacutefets

Le PPRN permet drsquointerdire les constructions dans les zones drsquoaleacuteas les plus forts et de les encadrer par des prescriptions dans des zones drsquoaleacuteas moindres Srsquoil peut imposer des prescriptions aux constructions existantes crsquoest un outil parti-culiegraverement efficace dans les zones de forte pression fonciegravere Lrsquoeacutelaboration du PPRN permet de partager sous lrsquoautoriteacute du preacutefet de deacutepartement en associant les collectiviteacutes locales dans une deacutemarche de concertation une connaissance documenteacutee de lrsquoaleacutea une diffusion de cette information et lrsquoadaptation de lrsquour-banisme au travers drsquoune reacuteglementation

13 httpagriculturegouvfrle-programme-national-de-la-foret-et-du-bois-2016-2026

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

118

Encadreacute 7

14 httpwwwsidedeveloppement-durablegouvfrEXPLOITATIONACCIDRaccueil-risques-majeursaspx

Les plans de preacutevention des risques naturels (PPRN)

proceacutedure drsquoeacutelaboration

La proceacutedure drsquoeacutelaboration des PPRN est cadreacutee dans le Code de lrsquoenvi-ronnement par les articles L 562-1 agrave L 562-9

Le PPRN est composeacute de trois documents un rapport de preacutesentation qui expose les eacutetudes entreprises les reacutesul-

tats et les justifications des deacutelimitations des zones et reacuteglementations inscrites dans le regraveglement et celles rendues obligatoires

un plan de zonage issu du croisement des aleacuteas (freacutequence et inten-siteacute des pheacutenomegravenes) et des enjeux identifiant des zones inconstructibles et des zones constructibles sous reacuteserve drsquoameacutenagements particuliers

un regraveglement deacutecrivant les contraintes constructives et drsquourbanisme agrave respecter dans chaque zone Le PPRN deacuteterminera par exemple la hau-teur minimale du premier plancher drsquoune habitation nouvelle en zone inon-dable ou rendra obligatoire le renforcement des faccedilades amont en cas de chutes de blocs ou drsquoavalanches

Approuveacute par le preacutefet le PPRN est annexeacute apregraves enquecircte publique et approbation au Plan local drsquourbanisme (PLU) en tant que servitude drsquouti-liteacute publique Son eacutelaboration doit se faire dans les trois ans agrave compter de la prescription du PPRN par le preacutefet prorogeable une seule fois pour une peacuteriode de dix-huit mois

Dans la pratique la reacutealisation des PPRN deacutepend aussi de lrsquoexpeacuterience des territoires (la preacutevention des risques est plus facilement porteacutee par des territoires ayant connu une catastrophe) du positionnement des eacutelus et riverains sur la prise en compte du risque et des volonteacutes politiques

La concertation entre lrsquoEacutetat les collectiviteacutes locales et les parties pre-nantes du territoire est un eacuteleacutement cleacute dans lrsquoeacutelaboration des PPRN Agrave chaque eacutetape (cartographie de lrsquoaleacutea plan de zonage regraveglement) les col-lectiviteacutes sont associeacutees En outre les conseils municipaux des communes concerneacutees doivent ecirctre obligatoirement consulteacutes avant le lancement de lrsquoenquecircte publique

Des guides meacutethodologiques ont eacuteteacute eacutediteacutes par le ministegravere chargeacute de lrsquoen-vironnement 14 Un projet de deacutecret visant agrave mettre en place un encadre-ment agrave lrsquoeacutechelle nationale (dit laquo deacutecret PPR raquo) pour les Plans de preacutevention des risques (PPR) relatifs aux aleacuteas deacutebordement de cours drsquoeau et sub-mersion marine est en cours de preacuteparation Ce projet de deacutecret se place dans la continuiteacute des doctrines eacutedicteacutees preacuteceacutedemment dans les circu-laires et guides nationaux mais prend eacutegalement en compte les besoins

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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drsquoeacutevolution remonteacutes du laquo terrain raquo qursquoil srsquoagisse des services deacuteconcen-treacutes de lrsquoEacutetat ou des collectiviteacutes agrave la lumiegravere du retour drsquoexpeacuterience dont on beacuteneacutefi cie sur ces PPR

Il reprend donc les grands fondamentaux de la politique de preacutevention des risques (ne pas augmenter les risques pour les vies humaines preacuteser-ver les champs drsquoexpansion des crues limiter lrsquoaugmentation des enjeux exposeacutes aux risques etc) mais en ayant une approche plus effi ciente et prenant mieux en compte la logique de projet de territoire dans une approche globale inteacutegrant lrsquoexistant et le neuf (et non une approche bacircti-ment par bacirctiment) Notamment le projet de deacutecret favorise un renouvel-lement urbain permettant une baisse de la vulneacuterabiliteacute

Aujourdrsquohui plus de 11 000 communes sont doteacutees drsquoun PPRN approuveacute ce qui repreacutesente une population drsquoenviron 45 millions habitants 70 des PPRN concernent le risque inondation

La croissance du nombre de PPRN approuveacutes traduit une mobilisation remarquable des preacutefets et des services de lrsquoEacutetat qui permet une augmen-tation consideacuterable de la couverture geacuteographique du dispositif et la pro-gression de la diversiteacute des aleacuteas traiteacutes avec lrsquoeacutelaboration plus reacutecente des PPR littoraux (PPRL) traitant de submersion marine qui integravegrent les effets du changement climatique

Srsquoil reste des PPRN agrave prescrire ou agrave approuver sur certains territoires preacute-sentant des risques importants lrsquoessentiel des travaux agrave mener concerne agrave preacutesent la reacutevision de PPRN Cela ne se justifi e que si la connaissance de lrsquoaleacutea a eacutevolueacute notamment suite au retour drsquoexpeacuterience apregraves une catastrophe

Figure D8 ndash Eacutevolution du nombre de communes ayant un ou plusieurs PPRN prescrit ou approuveacute entre 1959 et 2015

Source ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Lrsquoensemble du territoire nrsquoa pas vocation agrave ecirctre couvert par des PPRN Lrsquoeacutelaboration de PPRN doit se faire sur les territoires preacutesentant un risque eacuteleveacute Crsquoest sur les territoires doteacutes de PPRN que les collectiviteacutes locales et les particuliers ont la possibiliteacute de mobiliser le Fonds de preacutevention des risques naturels majeurs (FPRNM) pour ameacuteliorer la reacutesilience du territoire Ce principe constitue la base drsquoune priorisation de la preacutevention des risques naturels en y permettant le deacuteploie-ment des moyens financiers drsquoaccompagnement degraves lors que les collectiviteacutes ou les particuliers en font la demande Si cette priorisation a eacuteteacute faite agrave lrsquoeacutechelle deacutepartementale par les preacutefets dans la peacuteriode de deacuteploiement la plus intense (1990-2015) la finalisation de la reacutealisation des PPRN le choix des neacutecessaires reacutevisions lrsquoarticulation avec drsquoautres outils de prise en compte du risque dans lrsquoameacutenagement constituent doreacutenavant une prioriteacute des services du ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement

En effet en dehors des zones identifieacutees comme les plus agrave risque drsquoautres outils sont mobilisables pour prendre en compte les risques naturels dans lrsquoameacutenagement Certains pheacutenomegravenes comme le recul du trait de cocircte ont vocation agrave ecirctre traiteacutes par les outils drsquoameacutenagement des collectiviteacutes locales plutocirct que par un PPRN

Le Plan local drsquourbanisme (PLU) compeacutetence intercommunale deacutesormais (PLUi) peut ainsi deacutefinir les zones agrave risques et les regravegles speacutecifiques agrave respecter Le Code de lrsquourbanisme dans son article L 101-2 pose drsquoailleurs la preacutevention des risques naturels et technologiques dans ses objectifs Lrsquoarticle R 151-31 du mecircme code preacutevoit la possibiliteacute drsquointerdire des constructions dans certaines zones du PLU eut eacutegard agrave lrsquoexposition de ces zones aux risques naturels Le Scheacutema de coheacute-rence territoriale (SCoT) document reacuteglementaire de planification agrave lrsquoeacutechelle des groupements de communes qui fixe des perspectives drsquoameacutenagement du territoire agrave horizon de quinze agrave vingt ans est eacutegalement un outil pertinent pour prendre en compte la preacutevention des risques naturels

En outre lorsqursquoil a connaissance drsquoun risque sur son territoire le preacutefet est tenu drsquoen informer les maires et les administreacutes agrave travers un laquo porter agrave connaissance raquo Il srsquoagit drsquoun document drsquoinformation qui comporte un descriptif et une cartogra-phie de chaque risque ainsi que les consignes de seacutecuriteacute agrave adopter en cas de survenance drsquoeacuteveacutenements

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Encadreacute 8

15 Voir deacutefinition en chapitre A

Les plans de preacutevention des risques littoraux (PPRL)

Le littoral constitue une zone particuliegraverement sensible aux risques natu-rels de par lrsquointensiteacute des pheacutenomegravenes qui peuvent srsquoy produire et la concentration des populations sur des petites surfaces (ONERC 2015) Territoire ougrave convergent des dynamiques eacuteconomiques sociales et natu-relles le littoral est une zone attractive En 2010 pregraves de 8 millions de personnes y habitaient soit une densiteacute 25 fois supeacuterieure au reste de la France (outre-mer inclus) Agrave cela srsquoajoute la capaciteacute drsquoaccueil touristique importante de ces zones (reacutesidences secondaires campings et hocirctels) estimeacutee agrave plus de 7 millions de lits Selon les perspectives de lrsquoInsee ces chiffres devraient encore augmenter dans les anneacutees agrave venir

Les cocirctes franccedilaises sont notamment exposeacutees au risque de submer-sion marine 15 et connaissent eacutegalement des eacutevolutions du trait de cocircte

14 million de Franccedilais vivent en zone potentiellement inondable du fait des submersions marines et ce risque pourrait srsquoamplifier avec la hausse du niveau des mers due au reacutechauffement climatique

Suite agrave la tempecircte Xynthia de 2010 lrsquoune des actions identifieacutees comme prioritaires a eacuteteacute de geacuteneacuteraliser les plans de preacutevention des risques pour

lrsquoaleacutea submersion marine (aussi appeleacutes laquo PPR littoraux raquo ou laquo PPRL raquo) sur le littoral franccedilais Une liste de 303 communes prioritaires a eacuteteacute eacutetablie afin de concentrer les efforts sur les secteurs les plus sensibles agrave cet aleacutea Agrave ce jour 162 communes de cette liste sont couvertes par un PPR littoral approuveacute

La premiegravere phase de lrsquoeacutelaboration du PPRL consiste agrave cartographier les aleacuteas auxquels le territoire est exposeacute Le changement climatique est notamment pris en compte au travers drsquoune premiegravere cartographie inteacute-grant lrsquoeacuteleacutevation du niveau de la mer attendue agrave courte eacutecheacuteance (estimeacutee agrave + 20 cm par rapport au niveau actuel) et drsquoune autre cartographie agrave cent ans (hausse du niveau des mers estimeacutee agrave + 60 cm) La cartographie des enjeux permet par ailleurs de comprendre lrsquoorganisation du territoire (pocircles structurants zones en deacuteveloppement espaces naturels etc) Crsquoest sur la base du croisement de ces eacuteleacutements cartographiques que srsquoengage le processus de concertation entre les acteurs du territoire en vue drsquoabou-tir agrave la deacutefinition drsquoune strateacutegie partageacutee drsquoameacutenagement du territoire inteacutegrant le risque et in fine la deacutelimitation des zones sur lesquelles sera appliqueacute le regraveglement du PPRL (appeleacutee zonage reacuteglementaire)

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Agrave titre drsquoexemple sur la commune de Fouesnant dans le Finistegravere le PPR littoral a eacuteteacute approuveacute le 12 juillet 2016 Les deux cartes drsquoaleacuteas de la figure D9 (aleacutea de reacutefeacuterence en haut agrave gauche et aleacutea agrave eacutecheacuteance cent ans agrave droite) traduisent lrsquoemprise et les effets potentiels drsquoune submer-sion marine sur le territoire Le recensement des enjeux (carte en bas agrave gauche) permet quant agrave lui drsquoidentifier les zones urbaines (en violet et bleu) ou naturelles (en vert) ou les eacutetablissements sensibles exposeacutes aux aleacuteas preacuteceacutedemment deacutefinis Le zonage reacuteglementaire deacutelimite ensuite les secteurs ougrave lrsquoinconstructibiliteacute est la regravegle (zones rouges) et drsquoautres secteurs ougrave les constructions sont possibles moyennant le respect de cer-taines prescriptions (zones bleues)

Figure D9 ndash Aleacuteas et enjeux du PPRL de Fouesnant 2016

Source drsquoapregraves les bases de donneacutees Cadastre et ORTHOreg

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Reacuteduire lrsquoaleacutea et reacuteduire la vulneacuterabiliteacute

Pour reacuteduire les risques naturels il est possible de reacuteduire lrsquointensiteacute de lrsquoaleacutea en cherchant agrave se proteacuteger contre la survenue drsquoun eacuteveacutenement drsquoune part et reacuteduire lrsquoexposition des enjeux (habitations bacirctiments industriels et commerciaux patri-moine historique et naturel reacuteseaux de transports de teacuteleacutecommunications drsquoeacutelec-triciteacute drsquoeauhellip) en les adaptant agrave lrsquoaleacutea

La protection contre un aleacutea naturel peut passer par la reacutealisation drsquoouvrages de protection comme une digue ou un paravalanche Une digue ne reacuteduit pas lrsquoam-pleur drsquoune inondation mais vise agrave proteacuteger les biens et les personnes donc agrave diminuer les dommages provoqueacutes par la monteacutee de lrsquoeau Il en va de mecircme avec les barriegraveres anti-avalanches les coupes pare-feu dans les forecircts les grillages anti-eacuteboulements sur le flan de certaines routes de montagne qui empecircchent le deacuteclenchement ou la propagation du pheacutenomegravene

La mise en place de protections se justifie pour proteacuteger les enjeux existants Elle requiert cependant plusieurs points drsquoattention

examiner sur lrsquoensemble de la zone de risques les conseacutequences des dis-positifs de protection mis en place notamment en aval pour les inondations

inteacutegrer le fait que les ouvrages de protection ne sont pas infaillibles et prendre en compte des hypothegraveses de deacutefaillance dans les regravegles drsquourbanisme agrave proxi-miteacute de ces ouvrages Dans le cas des digues la jurisprudence (Conseil drsquoEacutetat 06042016 MEDDE cBonnefoi no 386000) eacutetablit que lorsque les terrains sont situeacutes derriegravere un ouvrage de protection il appartient agrave lrsquoautoriteacute com-peacutetente de prendre en compte non seulement la protection qursquoun tel ouvrage est susceptible drsquoapporter eu eacutegard notamment agrave ses caracteacuteristiques et aux garanties donneacutees quant agrave son entretien mais aussi le risque speacutecifique que la preacutesence mecircme de lrsquoouvrage est susceptible de creacuteer en cas de sinistre drsquoune ampleur supeacuterieure agrave celle pour laquelle il a eacuteteacute dimensionneacute ou en cas de rupture Il convient donc derriegravere une digue de preacutevoir une zone de sur-aleacutea

garder en meacutemoire que les ouvrages demandent un entretien reacutegulier Ils font lrsquoobjet drsquoune reacuteglementation et drsquoun controcircle speacutecifiques par les services de lrsquoeacutetat

adapter les reacuteseaux et infrastructures essentiels assurant les services de base agrave la population tels que transports (fiabiliteacute et confort climatique) eacutenergie teacuteleacute-communication reacuteseaux drsquoeau potable collecte des eaux useacutees et pluviales permettra de mieux anticiper les crises (ONERC 2017)

Les ouvrages de protection ne permettent pas de reacuteduire les pheacutenomegravenes cli-matiques diffus tels que les vagues de chaleur ou les tempecirctes pour lesquels la reacuteduction des risques passera par lrsquoadaptation des enjeux agrave lrsquoaleacutea

En matiegravere de preacutevention des inondations la reacuteforme dite laquo Gemapi raquo et le deacutecret laquo digues raquo de 2015 (deacutecret no 2015-526 du 12 mai 2015) constituent des temps forts leacutegislatifs et reacuteglementaires

Depuis le 1er janvier 2018 la loi attribue aux intercommunaliteacutes la compeacutetence de gestion des milieux aquatiques et preacutevention des inondations (Gemapi) de

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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maniegravere obligatoire et exclusive Cette compeacutetence devra permettre agrave partir de plus de 9 000 km de digues existantes aujourdrsquohui drsquoidentifier agrave terme les quelque 4 000 km qui preacutesentent un enjeu fort de protection des populations Une fois identifieacutees elles seront autoriseacutees en tant que systegraveme drsquoendiguement dans le cadre preacutevu par le deacutecret laquo digues raquo Ce travail requiert une mobilisation importante des collectiviteacutes locales et des services de lrsquoEacutetat dans les cinq agrave dix ans agrave venir La mise agrave niveau des systegravemes drsquoendiguement par les collectiviteacutes devrait entraicircner un recours accru au FPRNM en compleacutement des autres finan-cements mobilisables et notamment la taxe Gemapi que chaque intercommuna-liteacute est libre de lever ou non (dans la limite de 40 euros multiplieacute par le nombre drsquohabitant de lrsquointercommunaliteacute)

Il convient de souligner qursquoagrave travers le choix du leacutegislateur de confier cette com-peacutetence aux intercommunaliteacutes deacutejagrave en charge de lrsquoameacutenagement crsquoest bien la meilleure prise en compte du risque drsquoinondation dans lrsquoameacutenagement qui est rechercheacutee tout en maximisant les cobeacuteneacutefices avec une bonne gestion des milieux aquatiques Le leacutegislateur a ainsi preacutevu la possibiliteacute de regroupement des inter-communaliteacutes entre elles dans une logique de bassin versant par exemple tout en maintenant de la souplesse dans les modaliteacutes drsquoexercice de la compeacutetence

Parallegravelement agrave cette nouvelle compeacutetence le cadre reacuteglementaire des PPR inon-dations (PPRI) est en cours drsquoeacutevolution (encadreacute 7) dans la mecircme logique de coheacuterence entre les systegravemes drsquoendiguement tels que deacutefinis par la collectiviteacute et lrsquoameacutenagement du territoire qursquoelle porte Si la caracteacuterisation de lrsquoaleacutea neacutecessite de tenir compte drsquoune possible deacutefaillance de la digue lrsquoeacutelaboration de la partie reacuteglementaire du PPR inondation pourra tenir compte de faccedilon tregraves encadreacutee de la meilleure gestion des ouvrages de protection dans le cadre de la reacuteforme Gemapi

Au fur et agrave mesure des reacutevisions la mise en coheacuterence progressive de la preacuteven-tion des inondations permettra que ces mecircmes collectiviteacutes srsquoappuient sur des deacutemarches strateacutegiques de type PAPI (chapitre D laquo Exemples de mise en œuvre raquo)

La reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute des bacirctiments permet drsquoadapter le territoire aux risques drsquoaccroicirctre la reacutesilience sans deacuteplacer les enjeux exposeacutes par la mise en place de dispositifs visant agrave rendre les enjeux exposeacutes plus reacutesilients face agrave un aleacutea naturel Il peut srsquoagir drsquoeacuteleacutements leacutegers comme la pose de batardeaux (cloisons amovibles eacutequipeacutees de joints eacutetanches) devant les portes et les fenecirctres pour proteacuteger lrsquointeacuterieur de la maison drsquoune inondation mais aussi de mesures plus structurelles construction de bacirctiments reacutesistants aux vents forts dans les zones soumises agrave des aleacuteas cycloniques doteacutes drsquoun eacutetage non habiteacute ou drsquoune piegravece refuge agrave lrsquoeacutetage en zones soumises aux inondations construction de fon-dations inteacutegrant le risque de seacutecheresse et de retrait-gonflement des argileshellip

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Encadreacute 9

Reacuteduire le dommage au bacircti soumis au retrait-gonflement des argiles

Les mouvements de sol induits par le retrait-gonflement des argiles consti-tuent un risque majeur en raison de lrsquoampleur des deacutegacircts mateacuteriels qursquoils provoquent notamment parce qursquoils touchent la structure mecircme des bacircti-ments Ce pheacutenomegravene qui srsquoamplifie avec le changement climatique repreacutesente pour la peacuteriode 1990-2013 86 milliards drsquoeuros drsquoindemni-sation et des centaines de milliers de maisons en France Il touche princi-palement les maisons individuelles qui disposent souvent de fondations plus leacutegegraveres que les bacirctiments collectifs et dont les maicirctres drsquoouvrages sont souvent des particuliers et non des professionnels de la construc-tion Il est essentiel de reacuteduire le nombre de sinistres lieacutes agrave ce pheacuteno-megravene drsquoautant que lrsquoapplication de regravegles de lrsquoart simples et bien connues permet drsquoeacuteviter tout sinistre gracircce agrave la reacutealisation de fondations ad hoc

Dans cet esprit la loi dite laquo Eacutelan raquo (eacutevolution du logement de lrsquoameacutenage-ment et du numeacuterique) preacutevoit la reacutealisation drsquoun diagnostic geacuteotechnique preacutealable agrave la vente des terrains constructibles situeacutes en zones agrave risque Il reviendra ensuite au constructeur de prendre en compte les eacuteleacutements issus de cette eacutetude pour preacutevoir les dispositions constructives neacuteces-saires et optimiser le coucirct des fondations Ce dispositif permettra de trai-ter le sujet de maniegravere plus rapide et efficiente que les PPR laquo argile raquo Cette mesure agrave terme soulagera la mobilisation du Fonds CatNat

Plusieurs mesures permettent de renforcer la dynamique de reacuteduction de la vulneacute-rabiliteacute et favoriser un retour agrave la normale agrave la suite drsquoun eacuteveacutenement climatique

Les PPRN lorsqursquoils existent integravegrent geacuteneacuteralement des mesures prescrip-tives visant agrave reacuteduire la vulneacuterabiliteacute du bacircti existant Cela peut concerner par exemple la pose de batardeaux ou la creacuteation drsquoun espace refuge pour se pro-teacuteger des inondations Ces mesures beacuteneacuteficient pour les particuliers drsquoun soutien agrave travers le Fonds de preacutevention des risques naturels majeurs (FPRNM) agrave hauteur de 40 du montant des travaux dans la limite de 10 de la valeur moneacutetaire du bien La mise en œuvre de ces mesures doit ecirctre encourageacutee en mobilisant notamment les assureurs pour qursquoils incitent leurs clients agrave rendre leurs biens plus reacutesilients

Il nrsquoexiste pas agrave ce jour de norme ou drsquoeacutetiquette laquo reacutesilience des bacirctiments raquo La reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute hors des PPRN en particulier neacutecessite donc tout particuliegraverement la formation des diffeacuterents intervenants (architectes ingeacute-nieurs en geacutenie civil entrepreneurs) en matiegravere de conception et de prise en compte des pheacutenomegravenes climatiques et geacuteologiques et de deacutefinition des regravegles de construction sur la base de bonnes pratiques ou de la documentation existante (ex reacutefeacuterentiel de travaux de preacutevention du risque drsquoinondation dans lrsquohabitat

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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existant 16) Elle relegraveve eacutegalement drsquoune implication des proprieacutetaires qui doivent agir personnellement afin de reacuteduire la vulneacuterabiliteacute de leurs biens et ecirctre precircts dans certains cas agrave consentir agrave un coucirct suppleacutementaire Ces bonnes pratiques peuvent tout particuliegraverement ecirctre mises en œuvre lors drsquoopeacuterations drsquoameacutelio-ration de lrsquohabitat et de renouvellement urbain Elles seraient mieux encoura-geacutees avec un accompagnement accru en particulier apregraves une catastrophe ou un retour concret au travers des coucircts drsquoassurance par exemple La meilleure reconstruction suite agrave une catastrophe reste un enjeu majeur

La reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute des reacuteseaux constitue eacutegalement un axe fort de la preacutevention compte tenu de la deacutependance croissante des populations et de lrsquoeacuteconomie vis-agrave-vis des reacuteseaux de transports drsquoeacutenergie de teacuteleacutecommuni-cations drsquoeau et drsquoassainissement Au-delagrave des dommages purement mateacute-riels les dysfonctionnements induits en cas drsquoincident se reacutepercutent sur les activiteacutes et les eacutechanges qui en sont tributaires drsquoautant plus que les reacuteseaux sont interconnecteacutes entre eux une coupure drsquoeacutelectriciteacute peut compromettre lrsquoassainissement et la distribution de lrsquoeau une coupure de tronccedilon de route peut gecircner les services de secours Le coucirct drsquoune crue centennale en Icircle-de-France pourrait par exemple srsquoeacutelever agrave 30 milliards drsquoeuros selon lrsquoOrganisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques (OCDE) compte tenu notam-ment des coucircts indirects dont ceux lieacutes au dysfonctionnement des reacuteseaux Plusieurs initiatives ont eacuteteacute prises dans certains territoires On peut citer en Icircle-de-France la deacuteclaration drsquointention afin de reacuteduire la vulneacuterabiliteacute des reacuteseaux en cas drsquoinondation signeacutee en avril 2016 avec les opeacuterateurs de reacuteseau dans les domaines de lrsquoeacutenergie des teacuteleacutecommunications de lrsquoeau de lrsquoassainisse-ment et des transports et les collectiviteacutes compeacutetentes

16 httpwwwcohesion-territoiresgouvfrIMGpdfreferentielinondation_-definitions_et_domaine_d_appli-cation-pdf

Le Grand prix drsquoameacutenagement laquo Comment bacirctir en terrains inondables

constructibles raquo

Dans la suite de lrsquoadoption de la strateacutegie nationale de gestion des risques drsquoinondation (SNGRI) avec lrsquoobjectif essentiel pour les populations laquo mieux vivre en zone inondable raquo en 2014 un grand concours international drsquoar-chitecture adapteacute aux terrains inondables constructibles a eacuteteacute organiseacute Ceci a montreacute qursquoil est possible de construire sur de tels terrains degraves lors que les populations qui y habitent ou y travaillent ne sont pas mises en danger et que leurs biens ne risquent pas drsquoecirctre endommageacutes par lrsquoeau au moment du passage de la crue ou des remonteacutees de nappes Cette deacutemarche met ainsi en avant des projets innovants en quartiers

Encadreacute 10

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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inondables constructibles dans le respect des reacuteglementations drsquourba-nisme et de preacutevention des risques permettant drsquoatteindre les objectifs de la strateacutegie nationale de gestion des risques drsquoinondation en compleacute-mentariteacute avec les autres politiques publiques

Lors de la premiegravere eacutedition en 2015 vingt-deux projets laureacuteats ont eacuteteacute primeacutes comme celui de la reconversion des anciennes usines Matra agrave Romorantin-Lanthenay qui a montreacute toute sa pertinence par sa reacutesilience lors des inondations en juin 2016

En 2016 une deuxiegraveme session a eacuteteacute eacutelargie aux projets en cours de conception ou portant simplement sur des dispositifs constructifs Dix projets ont eacuteteacute ainsi retenus Le jury srsquoest attacheacute agrave observer drsquoabord lrsquoexemplariteacute la meacutethode lrsquoapproche inteacutegreacutee et le rapport aux usages Un nouvel appel agrave projets est preacutevu en 2019

Le palmaregraves 2016 et la plaquette des projets laureacuteats sont consultables sur le site Internet du ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement httpswwwecologique-solidairegouvfrlaureats-du-grand-prix-damena-gement-comment-mieux-batir-en-terrains-inondables-constructibles

Figure D10 Romorantin-Lanthenay lors de la crue de juin 2016

copy Ville de Romorantin-Lanthenay

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Preacuteparer et geacuterer la crise

Le risque zeacutero nrsquoexiste pas Quelles que soient lrsquoimportance et lrsquoefficaciteacute des mesures preacuteventives les pouvoirs publics ont le devoir une fois lrsquoeacutevaluation des risques eacutetablie drsquoorganiser les moyens de secours neacutecessaires pour faire face aux crises Cette organisation neacutecessite un partage eacutequilibreacute des compeacutetences entre lrsquoEacutetat et les collectiviteacutes territoriales

En cas de crise le Premier ministre dispose de la Cellule interministeacuterielle de crise (CIC) qursquoil active en fonction des neacutecessiteacutes La CIC assure la gestion strateacutegique de la crise au niveau gouvernemental Elle organise agrave cette fin une centralisation et une synthegravese des informations en provenance des diffeacuterents ministegraveres impli-queacutes Elle reccediloit eacutegalement les informations en provenance des preacutefets de deacutepar-tement et de zone de deacutefense et de seacutecuriteacute En son sein elle dispose drsquoorganes interministeacuteriels respectivement chargeacutes de lrsquoanalyse et de lrsquoanticipation de la communication gouvernementale et de la logistique interministeacuterielle de crise

Le ministegravere de lrsquoInteacuterieur est eacutegalement un acteur de premier plan pour la preacutepa-ration et la gestion des crises ainsi que lrsquoorganisation des compeacutetences des col-lectiviteacutes locales En cas de crise le ministre de lrsquointeacuterieur srsquoappuie sur le Centre opeacuterationnel de gestion interministeacuterielle des crises (COGIC) de la Direction geacuteneacute-rale de la seacutecuriteacute civile et de la gestion des crises (DGSCGC) Le COGIC assure un suivi permanent permettant de renseigner les autoriteacutes sur tout eacuteveacutenement de seacutecuriteacute civile jugeacute important par son ampleur par sa speacutecificiteacute ou son impact meacutediatique Il est en mesure drsquoassurer la gestion et la coordination drsquoune crise de niveau national Il assure une partie dans son domaine particulier de la per-manence de la capaciteacute de reacuteponse de lrsquoEacutetat en eacutetroite coordination si neacuteces-saire avec la CIC Dans ce cadre le COGIC assure son rocircle de synthegravese des informations de la chaicircne territoriale dans le domaine du laquo meacutetier seacutecuriteacute civile raquo Il srsquoassure de la transmission des deacutecisions de la CIC aux Zones de deacutefense et de seacutecuriteacute (ZDS) Enfin le COGIC est le point drsquoentreacutee des demandes drsquoaides du meacutecanisme europeacuteen de protection civile via le Centre europeacuteen de reacuteponse des crises (ERCC) Le COGIC peut ecirctre redeacuteployeacute geacuteographiquement dans le cadre du plan de continuiteacute drsquoactiviteacute en particulier en deacuteployant le Module drsquoappui et de gestion de crise (MAGEC) sur un site approprieacute

Les diffeacuterents ministegraveres srsquoappuient sur leurs services deacuteconcentreacutes sous lrsquoeacutegide des preacutefets

Dans sa commune le maire est responsable de lrsquoorganisation des secours de premiegravere urgence et est agrave mecircme de mettre en œuvre le Plan communal de sauve-garde (PCS) Ce plan qui srsquoappuie sur les informations contenues dans le Dossier drsquoinformation communal sur les risques majeurs (DICRIM) deacutetermine en fonc-tion des risques connus les mesures immeacutediates de sauvegarde et de protec-tion des personnes fixe lrsquoorganisation neacutecessaire agrave la diffusion de lrsquoalerte et des consignes de seacutecuriteacute recense les moyens disponibles et deacutefinit la mise en œuvre des mesures drsquoaccompagnement et de soutien agrave la population

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Le PCS est obligatoire dans les communes doteacutees drsquoun PPRN approuveacute ou situeacutees dans le champ drsquoapplication drsquoun plan particulier drsquointervention (en cas drsquoinstal-lations industrielles ou de certains ameacutenagements hydrauliques) En cas de sur-venance drsquoune catastrophe ce plan integravegre les moyens de la commune dans le dispositif de gestion aux cocircteacutes des autres intervenants (secours publics asso-ciationshellip) Lrsquoeacutelaboration des PCS reste un enjeu fort le nombre de PCS eacutetant encore tregraves infeacuterieur agrave celui du nombre de communes couvertes par un PPRN environ 8 000 PCS contre 15 500 PPRN

Dans les communes concerneacutees par un PPRN le maire est eacutegalement tenu drsquoin-former ses administreacutes des risques auxquels la commune est exposeacutee au moins une fois tous les deux ans Cette information est deacutelivreacutee avec lrsquoassistance des services de lrsquoEacutetat compeacutetents agrave partir des informations relatives au risque que le preacutefet transmet au maire La mobilisation des maires pour porter les messages de sensibilisation est donc particuliegraverement importante

Lorsque lrsquoorganisation des secours revecirct une ampleur ou une nature particuliegravere elle fait lrsquoobjet dans chaque deacutepartement et dans chaque zone de deacutefense et en mer drsquoun dispositif organisant la reacuteponse de seacutecuriteacute civile (ORSEC loi de moder-nisation de la Seacutecuriteacute civile du 13 aoucirct 2004) Le dispositif ORSEC (Organisation

Figure D11 ndash Scheacutema de fonctionnement des diffeacuterentes instances de gestion de crise du ministegravere de lrsquoInteacuterieur

Source httpwwwreseau-canopefrrisquesetsavoirsla-gestion-des-criseshtml

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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de la reacuteponse de la Seacutecuriteacute civile) deacutepartemental est arrecircteacute par le preacutefet et deacuteter-mine compte tenu des risques existants dans le deacutepartement lrsquoorganisation geacuteneacuterale des secours et recense lrsquoensemble des moyens publics et priveacutes sus-ceptibles drsquoecirctre mis en œuvre Il comprend des dispositions geacuteneacuterales applicables en toutes circonstances et drsquoautres propres agrave certains risques particuliers iden-tifieacutes dont les risques naturels ou lieacutes agrave lrsquoexistence et au fonctionnement drsquoins-tallations ou drsquoouvrages deacutetermineacutes

Le dispositif ORSEC de zone est mis en œuvre en cas de catastrophe affectant au moins deux deacutepartements de la mecircme zone de deacutefense ou rendant neacutecessaire la mise en œuvre de moyens deacutepassant le cadre deacutepartemental Le dispositif Orsec maritime deacutecline ces principes pour les risques existants en mer

Le dispositif ORSEC preacutevoit notamment que les eacutetablissements drsquoenseignement des premier et second degreacutes font partie des eacutetablissements recevant du public devant srsquoauto-organiser en cas drsquoeacuteveacutenement majeur les affectant Par conseacutequent chaque eacutetablissement drsquoenseignement doit prendre en compte les risques preacutevi-sibles auxquels il est exposeacute et deacuteterminer les mesures neacutecessaires pour assurer la mise en sucircreteacute des eacutelegraveves et des personnels en cas drsquoaccident majeur Cela passe par un Plan particulier de mise en sucircreteacute (PPMS) eacutelaboreacute par le chef drsquoeacuteta-blissement et qui doit faire lrsquoobjet drsquoun exercice annuel speacutecifique Les PPMS mecircme srsquoils se distinguent des diffeacuterents plans de secours peuvent ecirctre articu-leacutes avec le dispositif ORSEC et avec le PCS pour les communes qui en disposent

Encadreacute 11

Retour sur la saison cyclonique 2017 aux Antilles

Le cyclone Irma drsquoune ampleur exceptionnelle (287 kmh enregistreacute) a frappeacute de maniegravere diffeacuterencieacutee une grande partie des icircles de la Caraiumlbe du 30 aoucirct au 12 septembre 2017 et plus particuliegraverement deacutebut sep-tembre les icircles de Saint-Martin et Saint-Bartheacutelemy Des vents de plus de 300 kmh se sont abattus sur les deux icircles pendant plusieurs heures pro-voquant des pheacutenomegravenes de submersion marine eacutepisode suivi drsquoun deu-xiegraveme cyclone Joseacute le 9 septembre qui passera agrave proximiteacute immeacutediate des icircles sans y entraicircner de dommages majeurs Puis du 18 au 19 sep-tembre crsquoest au tour du cyclone Maria drsquoimpacter la Guadeloupe

Sur la base des preacutevisions de Meacuteteacuteo-France lrsquoalerte cyclonique violette qui preacutevoit le confinement de populations et lrsquointerdiction totale de circu-ler a eacuteteacute deacuteclencheacutee Lrsquoanticipation du pheacutenomegravene srsquoest appuyeacutee notam-ment sur lrsquoutilisation du PPRN pour organiser lrsquoeacutevacuation drsquoune partie de la population avant le passage drsquoIrma agrave Saint-Martin

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Lrsquoanticipation facteur essentiel du deacutebut de la gestion de crise caracteacuteriseacutee par une mobilisation plusieurs jours avant lrsquoarriveacutee dlsquoIrma (phase anticipation)

Suivi par les services de la preacutefecture de la zone Antilles lrsquoouragan Irma a attireacute lrsquoattention des autoriteacutes bien avant la date drsquoimpact preacutevisionnel (6 septembre)

Ainsi degraves le 1er septembre la DGSCGC a eacuteteacute preacute-alerteacutee par lrsquoEacutetat-major Interministeacuteriel de la zone Antilles des hypothegraveses de trajectoire dont la plus deacutefavorable a orienteacute la deacutecision de preacutepositionner avant lrsquoarriveacutee du pheacutenomegravene des moyens de seacutecuriteacute civile dans les icircles du Nord ndash une mission drsquoappui en situation de crise composeacutee de cinq personnes au service de la preacutefegravete deacuteleacutegueacutee agrave Saint-Martin ndash un deacutetachement drsquointervention laquo cyclone raquo des formations militaires de la seacutecuriteacute civile composeacute de cinquante-sept personnes deacuteployeacute agrave Saint-Martin et Saint-Bartheacutelemy

Degraves le 4 septembre soixante-deux sapeurs-sauveteurs eacutetaient deacuteployeacutes avant lrsquoimpact drsquoIRMA sur les icircles du Nord en renfort des moyens locaux

Une reacuteponse post-cyclonique Irma adapteacutee agrave la survenance des ouragans Joseacute et Maria (phases de monteacutee en puissance et drsquoanticipation)

En appui des remonteacutees drsquoinformations sur lrsquoeacutetendue des deacutegacircts dans les zones impacteacutees mais eacutegalement compte tenu de lrsquoarriveacutee des deux autres ouragans Joseacute (9 septembre) et Maria (18 septembre) la reacuteponse opeacuterationnelle de seacutecuriteacute civile a alterneacute entre lrsquoanticipation et la mon-teacutee en puissance en srsquoarticulant autour de

lrsquoengagement drsquoun deacutetachement de seacutecuriteacute civile composeacute de dix per-sonnes pour mettre en œuvre et activer une plateforme logistique en Guadeloupe

lrsquoengagement de trois deacutetachements laquo cyclone raquo en reacuteponse au cyclone Irma un deacutetachement des formations militaires de la seacutecuriteacute civile (soixante-deux personnes) deux deacutetachements de sapeurs-pompiers territoriaux (Icircle-de-France et Sud respectivement soixante et soixante-six personnes)

le deacuteploiement drsquoune mission drsquoappui en situation de crise au service de lrsquoEacutetat-major interministeacuteriel de la zone Antilles (cinq personnes)

la mise en place drsquoune mission drsquoappui en situation de crise (cinq per-sonnes) au service de la preacutefecture de Guadeloupe

la mise en place drsquoun groupe de commandement (cinq personnes) au service des icircles du Nord

Par ailleurs lrsquoapproche de Maria identifieacutee degraves le 15 septembre a motiveacute le deacuteploiement de renforts suppleacutementaires en Guadeloupe

en anticipation lrsquoengagement drsquoun deacutetachement des formations mili-taires de la seacutecuriteacute civile de plus de 100 sapeurs-sauveteurs

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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en reacuteponse lrsquoengagement de deux deacutetachements composeacutes de sapeurs-pompiers et de militaires soit plus de 160 personnes

Au plus fort de la crise ce sont pregraves de 550 sapeurs-pompiers et mili-taires de la seacutecuriteacute civile qui eacutetaient deacuteployeacutes dans les diffeacuterentes icircles des Antilles Plus de 610 personnes ont servi en cumuleacute sur cette opeacuteration

Lrsquoaccompagnement vers la reconstruction (phase de reacute-articulation)

La phase drsquourgence eacutetant passeacutee une reacute-articulation (sortie de crise) pre-nant en compte un deacutesengagement partiel des moyens de seacutecuriteacute civile srsquoest opeacutereacutee agrave compter du 4 octobre

Un deacutetachement des formations militaires de la seacutecuriteacute civile de 57 puis 40 militaires de la seacutecuriteacute civile a eacuteteacute maintenu agrave Saint-Martin jusqursquoau 15 deacutecembre

Les opeacuterations reacutealiseacutees

Les diffeacuterents deacutetachements engageacutes ont œuvreacute dans le domaine des missions drsquoassistance agrave la population suite au passage drsquoun ouragan

Les opeacuterations se sont neacuteanmoins concentreacutees sur la satisfaction des besoins primaires eau (39 millions de litres drsquoeau distribueacutes eacutequiva-lent agrave une piscine olympique) et nourriture (34 150 rations et 353 tonnes de denreacutees distribueacutees)

Pour autant les deacutetachements ont eacutegalement eacuteteacute engageacutes dans les mis-sions habituelles inheacuterentes agrave ce type de catastrophe

mise hors drsquoeau de bacirctiments soit environ 50 000 m2 de toitures bacirccheacutees 29 kilomegravetres de routes deacutegageacutes aide agrave la reconstruction soit cinquante-cinq actions de seacutecurisation et

de reacutehabilitation drsquoeacutetablissements scolaires sept actions de reacutehabilita-tion de centres commerciaux et entreprises

Les conseacutequences eacuteconomiques ont eacuteteacute estimeacutees agrave presque 2 Mdseuro 17 pour les biens assureacutes dans le cadre du reacutegime CatNat ce qui en fait lrsquoun des eacuteveacutenements les plus coucircteux depuis la creacuteation du reacutegime de catastrophes naturelles Le controcircle de la construction et la reacutesilience des reacuteseaux sont au cœur drsquoune reconstruction moins vulneacuterable et de la mission confieacutee au deacuteleacutegueacute interministeacuteriel agrave la reconstruction nommeacute par le Gouvernement

17 Les catastrophes naturelles en France Bilan 1982-2017 CCR

En dehors des enjeux de mise en seacutecuriteacute des populations drsquoautres probleacutema-tiques sont agrave consideacuterer en matiegravere de gestion de crise La gestion des deacutechets par exemple et leur traitement en situation de crise et post-crise est un enjeu fort tant pour des questions de santeacute publique que de retour agrave la normale des

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

133

territoires sinistreacutes Une catastrophe climatique est susceptible de geacuteneacuterer de grandes quantiteacutes de deacutechets dont la gestion doit ecirctre assureacutee malgreacute les per-turbations engendreacutees par la catastrophe Les reacutecentes inondations survenues en 2016 et 2018 sur le bassin de la Seine ont rappeleacute une fois encore la neacuteces-siteacute de prendre en compte cet aspect dans la politique de preacutevention Le cadre leacutegislatif et reacuteglementaire de la planification des deacutechets actuellement en vigueur preacutevoit drsquoailleurs que les Plans de preacutevention et de gestion des deacutechets non dan-gereux et dangereux comprennent des mesures permettant drsquoassurer la gestion des deacutechets en situations exceptionnelles notamment celles susceptibles de perturber la collecte et le traitement des deacutechets Plusieurs guides existent pour accompagner les collectiviteacutes et promouvoir les bonnes pratiques en la matiegravere

Srsquoameacuteliorer sur la base des retours drsquoexpeacuterience

Apregraves la gestion de crise drsquoune catastrophe vient la reconstruction Crsquoest la peacuteriode la plus difficile la plus longue et la moins sensationnelle Succeacutedant agrave la gestion de crise tant suivie par les meacutedias la reconstruction srsquoinstalle et laquo fait oublier raquo la catastrophe Pour autant crsquoest une phase cruciale pour assurer la reacutesilience du territoire

Lorsque la catastrophe arrive elle fait ressortir les laquo racines profondes raquo de la vulneacute-rabiliteacute du territoire Le Pressure and Release Model (Blaikie et al 1994 fig D12) lie les causes profondes aux dynamiques territoriales et aux conditions de vie actuelles pour comprendre la catastrophe lrsquoaleacutea agit comme un reacuteveacutelateur des vul-neacuterabiliteacutes inheacuterentes aux territoires Le rapport du preacutefet Philippe Gustin pour la reconstruction de Saint-Martin et de Saint-Bartheacutelemy (2017) signalait ainsi qursquolaquo il est neacutecessaire de rappeler agrave titre preacuteliminaire quelques eacuteleacutements factuels relatifs agrave Saint-Martin et Saint-Bartheacutelemy Les speacutecificiteacutes politiques territoriales cultu-relles et administratives de ces icircles preacutesentent un caractegravere si particulier qursquoelles auront neacutecessairement un impact sur les ambitions porteacutees pour leur reconstruc-tion raquo Tout le long de ce rapport les difficulteacutes endeacutemiques aux deux collectiviteacutes et leurs caracteacuteristiques intrinsegraveques qui sont rendues visibles pendant la phase de reconstruction sont rappeleacutees Ceci fait eacutecho aux propos de la mission inter-ministeacuterielle montrant qursquoil srsquoagit bien plus que drsquoune reconstruction mais drsquoune laquo refondation raquo des icircles du Nord Ainsi la reconstruction ne relegraveve pas seulement drsquoune reconstruction agrave lrsquoidentique ou drsquoune question technique mais elle neacuteces-site aussi de prendre en compte les questions socio-eacuteconomiques pour laquo refon-der raquo des territoires plus reacutesilients

La vulneacuterabiliteacute est un concept eacutevolutif penser lrsquoapregraves-catastrophe permet drsquoagir sur ces laquo causes profondes raquo de la vulneacuterabiliteacute et de deacutevier de la trajectoire de vulneacuterabiliteacute Cela augmente donc la reacutesilience agrave terme du territoire Cependant pour ecirctre efficace il faut savoir exploiter les opportuniteacutes et maicirctriser la gestion des fonds de maniegravere agrave ne pas creuser les ineacutegaliteacutes mais agrave les reacuteduire surtout dans des territoires tregraves exposeacutes Les enjeux pour passer du laquo deacutesastre au deacuteve-loppement raquo sont ainsi eacutetroitement lieacutes (Moatty et al 2017)

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Il srsquoagit donc de mieux appreacutehender la reconstruction pour exploiter la laquo fenecirctre drsquoopportuniteacute raquo qursquoelle ouvre tout en anticipant assez pour y inteacutegrer une phase laquo drsquoeacutethique preacuteventive raquo 18 (preacutevenir la reconstruction laquo phase preacuteventive raquo tout en y inteacutegrant des mesures pour reacuteduire les vulneacuterabiliteacutes et donc aussi les ineacutega-liteacutes environnementales 19 laquo phase eacutethique raquo) Anticiper notamment en construi-sant un document de cadrage permettrait agrave la fois drsquoeacuteviter de mal reconstruire et drsquoexploiter la fenecirctre drsquoopportuniteacute au mieux mais aussi drsquoagir sur les causes profondes de la vulneacuterabiliteacute afin de ne pas geacuteneacuterer davantage drsquoineacutegaliteacutes envi-ronnementales apregraves la catastrophe Au Japon par exemple un plan drsquoanticipa-tion de la reconstruction en cas drsquoeacuteruption du mont Fuji a eacuteteacute eacutelaboreacute en 2001 et ce agrave lrsquoeacutechelle nationale

De cette maniegravere on agit aussi sur les causes de la maladaptation agrave long terme

Le processus de reconstruction drsquoun point de vue institutionnel peut ecirctre deacutefini comme lrsquoeacutelaboration par les gestionnaires et deacutecideurs (bailleurs de fonds ser-vices de lrsquoEacutetat eacutelus et institutions) de politiques strateacutegies et programmes drsquoac-tions agrave destination des acteurs locaux (eacutelus locaux populations et associations) pour leur donner les moyens drsquoaccompagner le relegravevement des individus restau-rer lrsquoaccessibiliteacute du territoire et de reacuteduire les risques (Moatty 2015) Lrsquoenjeu majeur de la preacutevention des risques est de poursuivre et renforcer encore la mobi-lisation de lrsquoensemble des acteurs et des parties prenantes Au regard des enjeux du changement climatique des voies drsquoameacutelioration concregravetes se deacutegagent alors

La meilleure reacutesilience 20 des bacirctiments notamment lors de la reconstruc-tion apregraves catastrophe Dans la mesure ougrave il est difficilement envisageable de mettre en place agrave lrsquoheure actuelle une norme laquo reacutesilience des bacirctiments raquo drsquoautres outils devront ecirctre mobiliseacutes outre lrsquoexemplariteacute et la peacutedagogie Cela pourrait passer par des incitations eacuteconomiques ou financiegraveres qui pour-raient relever soit du reacutegime assurantiel soit drsquoun soutien adapteacute du FPRNM Agrave ce jour et crsquoest indispensable lrsquoaction publique est prioriseacutee sur les zones agrave plus fort enjeux que sont les territoires soumis agrave PPRN La question pourrait se poser drsquoun accompagnement cibleacute pour ameacuteliorer la reacutesilience de territoires qui nrsquoont pas vocation agrave ecirctre couverts par un PPR une deacutemarche en ce sens a eacuteteacute engageacutee dans le cadre des PAPI (chapitre laquo Exemples de mise en œuvre raquo) Des mesures ou soutiens speacutecifiques pourraient aussi permettre une meil-leure reconstruction apregraves sinistre Lrsquoaccompagnement par les assureurs des particuliers et des entreprises en termes de conseil pour des reconstructions plus reacutesilientes est une voie qui se met progressivement en place Srsquoagissant de lrsquoaccompagnement financier les taux et conditions drsquoutilisations actuels du FPRNM pour des travaux de reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute preacutevus dans un PPRN laissent un reste agrave charge pour les particuliers Une expertise pourrait conduire

18 Lrsquoeacutethique preacuteventive est un ensemble de mesures permettant la prise en compte de lrsquoaleacutea dans le zonage de la reconstruction le respect des normes preacuteventives de la reconstruction et la mise en place de mesures de gestion drsquoune prochaine crise (alerte eacutevacuation etc) (Vinet et al 2011)

19 La notion drsquoineacutegaliteacutes environnementales deacutesigne des situations dans lesquelles les vulneacuterabiliteacutes envi-ronnementales sont indissociables des vulneacuterabiliteacutes sociales (Taylor 2000 tireacute de Claeys et al 2017)

20 Voir glossaire

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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agrave srsquointerroger sur le niveau de ce soutien et au besoin agrave envisager une reacutevi-sion des taux actuels pour les rendre plus attractifs et que srsquoenclenche une dynamique de diagnostics et de travaux de reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute du bacircti Enfin la reacuteponse agrave certains aleacuteas pour lesquels aucune protection inteacutegrale ne peut se concevoir demandera encore un travail particulier sur la reacutesilience des bacirctiments crsquoest le cas en matiegravere de risque cyclonique Si le retour drsquoex-peacuterience sur le cyclone Irma tend agrave montrer que les constructions parasis-miques ont mieux reacutesisteacute (toiture excepteacutee) agrave lrsquoouragan il reste sans doute agrave mieux deacutefinir ce que serait une construction paracyclonique et agrave apporter des reacuteponses agrave lrsquohabitat illeacutegal

La transformation des territoires les plus exposeacutes aux effets du changement

climatique Lrsquoapprobation de PPRN les mesures de reacuteduction de la vulneacuterabi-liteacute les approches en termes de programme drsquoaction comme les PAPI sur des peacuterimegravetres aussi pertinents que possible au regard de lrsquoaleacutea ont consolideacute au cours des derniegraveres deacutecennies une politique de preacutevention des risques natu-rels partenariale qui apporte eacutegalement des reacuteponses aux enjeux du change-ment climatique La reacuteponse au recul du trait de cocircte en fournit un exemple (encadreacute 15)

Chaque catastrophe naturelle constitue une occasion de progresser dans la preacute-vention et de rechercher comment creacuteer les conditions neacutecessaires agrave la diminu-tion du risque pour lrsquoavenir Le retour drsquoexpeacuterience permet de tirer les leccedilons drsquoune action et drsquoaffiner la connaissance des pheacutenomegravenes

Au niveau national le ministegravere de lrsquointeacuterieur assure la synthegravese et la diffusion au niveau national des retours drsquoexpeacuterience reacutealiseacutes sous lrsquoautoriteacute du repreacutesen-tant de lrsquoEacutetat apregraves tout recours au dispositif Orsec qursquoil srsquoagisse drsquoun eacuteveacutene-ment reacuteel ou drsquoun exercice

Le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement analyse tout particuliegraverement ces retours drsquoexpeacuteriences de maniegravere agrave

centraliser au mieux et analyser les donneacutees relatives aux catastrophes (mani-festations du pheacutenomegravene chronologie)

constituer des pocircles de compeacutetences pour aider les territoires impacteacutes agrave ameacuteliorer la preacutevention des risques et leur reacutesilience et agrave reacuteduire les dommages

assurer la diffusion des enseignements tireacutes de lrsquoanalyse des pheacutenomegravenes et des catastrophes survenus en France ou agrave lrsquoeacutetranger

Concernant le risque inondation les services de preacutevision des crues des Dreal et le Schapi ont en charge de capitaliser la connaissance locale sur les cours drsquoeau et les eacuteveacutenements extrecircmes survenus par le passeacute Ils peuvent assister les autoriteacutes locales dans la pose de repegraveres de crues sur des bacirctiments ou des ouvrages caracteacuteristiques

Les eacuteveacutenements majeurs font lrsquoobjet de retours drsquoexpeacuterience interministeacuteriels Le Conseil geacuteneacuteral de lrsquoenvironnement et du deacuteveloppement durable (CGEDD) placeacute directement aupregraves du ministre chargeacute de lrsquoenvironnement contribue aux rap-ports de mission drsquoexpertise sur des eacuteveacutenements majeurs tels que les tempecirctes

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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de 1999 et plus reacutecemment les inondations de la Seine en 2016 et 2018 Des reacuteflexions sont en cours pour capitaliser au mieux ces retours drsquoexpeacuterience dans un format plus systeacutematique qui en faciliterait lrsquoanalyse

Par ailleurs le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement soutient et participe agrave lrsquoor-ganisation de manifestations commeacutemoratives au niveau local (crue de 1910) et aux actions engageacutees par les associations en faveur de la capitalisation de la meacutemoire des eacuteveacutenements

Encadreacute 12

La vigilance meacuteteacuteorologique un processus drsquoameacutelioration continue

Le dispositif de vigilance meacuteteacuteorologique encadreacute par une circulaire inter-ministeacuterielle (ministegravere de lrsquoInteacuterieur et ministegravere de la Transition eacutecolo-gique et solidaire) est opeacutereacute et diffuseacute par Meacuteteacuteo-France via de nombreux meacutedias de communication Crsquoest une proceacutedure drsquoavertissement de la popu-lation des autoriteacutes et des meacutedias sur le risque drsquooccurrence de pheacuteno-megravenes meacuteteacuteorologiques et hydrologiques dangereux dans les 24 heures agrave venir Chaque jour elle est actualiseacutee plusieurs fois systeacutematiquement agrave 6 heures et 16 heures et autant que neacutecessaire en cas de changement de niveau de risque

La carte de vigilance est produite en coopeacuteration avec Santeacute publique France pour ce qui concerne la canicule et avec le Service hydrographique et oceacuteanographique de la Marine (SHOM) pour lrsquoaleacutea vagues-submersion Elle est articuleacutee avec Vigicrues pour les aleacuteas pluie-inondation et inondation

En cas de risque marqueacute niveau de vigilance orange voire rouge la carte srsquoaccompagne de bulletins nationaux et reacutegionaux Ces bulletins preacutecisent les zones concerneacutees par le ou les aleacuteas la temporaliteacute et lrsquointensiteacute des pheacutenomegravenes attendus ou en cours

Au fil des anneacutees et des retours drsquoexpeacuterience sur les eacuteveacutenements clima-tiques majeurs le dispositif de vigilance a eacutevolueacute et srsquoest enrichi pour mieux informer la population et fournir les conseils de bons comporte-ments en cas de pheacutenomegravene meacuteteacuteorologique dangereuxndash La vigilance de Meacuteteacuteo-France a eacuteteacute creacuteeacutee suites aux tempecirctes Martin et Lothar de 1999 Un des constats suite agrave ces catastrophes eacutetait qursquoune meilleure information de la population aurait pu limiter les conseacutequences dramatiques de ces eacuteveacutenements (140 victimes pour lrsquoensemble de lrsquoEu-rope dont 92 pour la France meacutetropolitaine) Mise en place en 2001 pour cinq aleacuteas meacuteteacuteorologiques en meacutetropole (vent violent fortes preacutecipita-tions orages neige-verglas avalanches) la vigilance est conccedilue pour une eacutechelle deacutepartementale adapteacutee aux structures de planification et de gestion des crises et selon 4 niveaux de couleurs correspondant agrave des

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niveaux de risque (vert jaune orange rouge) Elle est articuleacutee avec les dispositifs drsquoalerte (ORSEC) mis en œuvre par les autoriteacutes deacutepartemen-tales et municipales (preacutefet mairehellip)ndash En 2004 les aleacuteas canicule et grand froid sont ajouteacutes suite notam-ment agrave la canicule de lrsquoeacuteteacute 2003ndash Pour prendre en compte les conseacutequences hydrologiques des fortes preacutecipitations les fortes pluies ont eacuteteacute remplaceacutees en 2007 par le risque laquo pluie-inondation raquo (risque de fortes pluies etou drsquoinondations associeacutees) Cela a eacutegalement permis de relayer le niveau de vigilance de Vigicrues dans la vigilance meacuteteacuteorologique

En octobre 2011 un an et demi apregraves la tempecircte Xynthia la vigilance laquo vagues-submersion raquo a compleacuteteacute le dispositif

Depuis 2016 la chronologie de la vigilance est accessible pour chaque deacutepartement Cela permet de connaicirctre lrsquoeacutevolution temporelle de la cou-leur de la vigilance aleacutea par aleacutea

Le travail se poursuit pour produire la vigilance meacuteteacuteorologique agrave une eacutechelle infradeacutepartementale et eacutetendre sa validiteacute au lendemain Par ail-leurs la vigilance vague-submersion va ecirctre eacutetendue agrave lrsquooutre-mer

Figure D13 ndash Carte de vigilance meacuteteacuteorologique du 1er deacutecembre 2017

Source Meacuteteacuteo-France

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Des reacuteflexions autour de la reconstruction post-catastrophe ont deacutejagrave eacuteteacute meneacutees en France notamment dans le domaine de la geacuteographie lrsquoobjectif est drsquoen tirer une opportuniteacute preacuteventive Les inondations en France meacutetropolitaine par exemple ont fait lrsquoobjet de nombreux travaux en raison de leur occurrence et de la phase post-catastrophe qui suit

Projet RETINA (Irstea) laquo Reacutesilience des territoires face agrave lrsquoinondation pour une approche preacuteventive par lrsquoadaptation post-eacuteveacutenement raquo

Ce projet meneacute de 2013 agrave 2016 dans le cadre des projets Risque deacutecision ter-ritoire (RDT) du ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement cherchait agrave deacuteterminer comment proceacuteder aux diffeacuterentes phases post-catastrophe par des retours drsquoex-peacuterience sur les inondations dans le Var (1999) et dans lrsquoAude (2010) quel type drsquoadaptation pendant ces phases (reacuteparation reconstruction reacuteorganisation) Lrsquoideacutee eacutetait donc drsquoobserver lacuteadaptation pendant les phases de laquo reacutesolution des deacutesordres raquo et drsquoen tirer des enseignements

Projet RAITAP (Cerema) laquo Repenser lrsquoAction preacuteventive face au risque drsquoinonda-tion agrave une eacutechelle territoriale inteacutegrant lrsquoAction post-inondation raquo

Ce projet a donneacute des reacuteponses importantes pour mieux comprendre la recons-truction post-catastrophe

Lrsquoexistence drsquoune structure organisationnelle unique permet de prendre des deacutecisions rapidement et efficacement Cependant sa dureacutee nrsquoexcegravedant pas deux ans elle ne reacuteduit donc pas la vulneacuterabiliteacute agrave moyen terme

Lrsquoexistence drsquoune eacutequipe sur place restreinte permet de prendre des deacuteci-sions de reconstruction dans lrsquourgence bien que son efficience deacutepende des qualiteacutes personnelles des individus y travaillant

Srsquoil existe une dynamique de renouvellement urbain avant la catastrophe il est plus aiseacute de faire eacutevoluer le projet en partant de la deacutemarche preacute-existante plutocirct que de tout reconstruire

Il y a une meilleure acceptabiliteacute sociale de la reconstruction lorsque des vies sont exposeacutees agrave lrsquoaleacutea

Reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute et de lrsquoexposition aux risques exemples de mise en œuvre

Introduction

Devant lrsquoaugmentation preacutevisible des pheacutenomegravenes extrecircmes avec le changement climatique la reacuteduction des impacts sur les enjeux passera par la mise en œuvre de mesures sur lrsquoexposition et sur la vulneacuterabiliteacute

Le bon fonctionnement des eacutecosystegravemes est agrave lrsquoorigine drsquoune multitude de services eacutecosysteacutemiques constituant ainsi une des cleacutes pour une meilleure atteacutenuation et adaptation Il faut donc veiller agrave renforcer la reacutesilience des eacutecosystegravemes face au

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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changement climatique dans une logique de maximisation des synergies entre preacuteservation des eacutecosystegravemes et usages humains en anticipant les transforma-tions agrave venir et en privileacutegiant les solutions fondeacutees sur la nature partout ougrave cela est pertinent La preacuteservation la restauration et le renforcement des continuiteacutes eacutecologiques en srsquoappuyant sur la trame verte et bleue et les infrastructures agro-eacutecologiques le deacuteveloppement drsquoun reacuteseau coheacuterent connecteacute et repreacutesentatif drsquoaires proteacutegeacutees mettant en place une gestion adaptative la recomposition spa-tiale du littoral agrave des eacutechelles de territoire pertinentes en inteacutegrant les espaces arriegraveres littoraux et en respectant les cellules hydroseacutedimentaires la veacutegeacutetalisa-tion des espaces urbains la mise en place de techniques alternatives drsquoassai-nissement la proposition drsquoessences si possible locales mieux adapteacutees aux stations forestiegraveres et plus reacutesilientes au feu et de modes de gestion paysagegravere limitant la propagation du feu sont autant drsquoexemples de solutions fondeacutees sur la nature qui permettent drsquoaccroicirctre la reacutesilience du territoire

Le bacircti devra eacutegalement ecirctre adapteacute au changement climatique pour favoriser sa reacutesilience aux risques tant naturels que sanitaires dans un urbanisme inteacutegrant ce changement notamment en utilisant les labels existants voire des moyens reacutegle-mentaires En zone urbaine lrsquoimpact des vagues de chaleur deacutepend en grande partie des infrastructures en place de lrsquourbanisme du type drsquohabitat et des modes de vie De nombreuses villes sont confronteacutees au pheacutenomegravene drsquolaquo icirclot de chaleur urbain raquo (ICU) qui deacutesigne lrsquoexcegraves des tempeacuteratures de lrsquoair observeacute reacuteguliegravere-ment pregraves du sol dans les zones urbaines en comparaison avec les zones rurales qui les entourent Les maxima drsquointensiteacute de lrsquoICU peuvent aller de 2 degC pour une ville de 1 000 habitants jusqursquoagrave 12 degC pour une ville de plusieurs millions drsquoha-bitants (ONERC 2010) Srsquoappuyer sur des solutions urbanistiques et architectu-rales innovantes permettrait donc de lutter contre lrsquoeffet drsquoicirclot de chaleur urbain et de renforcer le confort du bacircti

La reacuteduction des risques drsquoinondation et de submersion entre dans cette approche dans le cadre des Plans de gestion du risque inondation dont les PAPI consti-tuent un outil et dont le troisiegraveme appel agrave projet met lrsquoaccent sur les milieux natu-rels particuliegraverement concerneacutes par la mise en œuvre de cette approche sur les mesures autres que les travaux de protection

Lrsquoexemple des Programmes drsquoaction de preacutevention des inondations (PAPI)

La preacutevention des risques naturels se fait agrave des eacutechelles emboicircteacutees Elle est parti-culiegraverement structureacutee pour le risque inondation ougrave lrsquoaction est meneacutee de lrsquoeacutechelle du bassin hydrographique agrave celle du bassin versant et jusqursquoau territoire agrave risque important drsquoinondation Ainsi le risque inondation est pris en compte de lrsquoamont agrave lrsquoaval des cours drsquoeau Pour tous les aleacuteas sont ainsi mis en coheacuterence

des logiques de protection qui peuvent ecirctre relativement eacuteloigneacutees geacuteographi-quement des enjeux (par exemple les barrages eacutecrecircteurs de crues)

des ameacutenagements des territoires au travers des PPR ou des PLU des reacuteductions de la vulneacuterabiliteacute des enjeux agrave lrsquoeacutechelle des bacirctiments des mesures qui touchent aux comportements des personnes

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Agrave cet emboitement geacuteographique et institutionnel correspond la compleacutementa-riteacute des diffeacuterents outils La mise en place des Programmes drsquoaction de preacuteven-tion des inondations (PAPI) porteacutes par les collectiviteacutes locales est lrsquoillustration mecircme drsquoune deacutemarche eacutequilibreacutee et inscrite dans la dureacutee

Lrsquoappel agrave projets national permettant la labellisation et le subventionnement des PAPI par lrsquoEacutetat via le FPRNM existe depuis 2002 Il a eacuteteacute renouveleacute en 2011 puis en 2018 au travers de cahiers des charges agrave destination des collectiviteacutes locales porteuses

Lrsquoeacutelaboration des PAPI demande en premier lieu celle de strateacutegies locales sur un territoire pertinent vis-agrave-vis des risques drsquoinondation strateacutegie qui permet de deacutefinir un programme drsquoactions et drsquoopeacuterations agrave entreprendre Les engagements pris dans les PAPI de troisiegraveme geacuteneacuteration sont deacuteclineacutes en sept axes

axe 1 lrsquoameacutelioration de la connaissance et de la conscience du risque axe 2 la surveillance la preacutevision des crues et des inondations axe 3 lrsquoalerte et la gestion de crise axe 4 la prise en compte du risque inondation dans lrsquourbanisme axe 5 les actions de reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute des personnes et des

biens (obligatoire) axe 6 le ralentissement des eacutecoulements axe 7 la gestion des ouvrages de protection hydrauliques

Le dispositif est destineacute agrave tous les territoires agrave enjeux couverts par un PPR inon-dation exposeacutes aux inondations quelle qursquoen soit la nature (hors deacutebordements de reacuteseaux) et vise agrave assurer une prise en compte globale des diffeacuterents aleacuteas inondation auxquels peut ecirctre soumis le territoire

Les projets de PAPI doivent srsquoefforcer de mobiliser lrsquoensemble des axes de la gestion des risques drsquoinondation dans une gradation et un eacutequilibre qui varient drsquoun territoire agrave lrsquoautre Les travaux dimensionnant sur des ouvrages de protec-tion sont soumis agrave une analyse coucirct-beacuteneacutefice visant agrave eacutevaluer la pertinence des travaux preacutevus ou agrave une analyse multicritegravere pour les projets dont le montant est supeacuterieur agrave 5 millions drsquoeuros

La deacutemarche PAPI porte en premier lieu sur la gestion des risques drsquoinonda-tion tout en recherchant une coheacuterence avec les objectifs des autres politiques publiques mises en œuvre sur le territoire (ameacutenagement du territoire et deacutevelop-pement local preacuteservation des milieux naturels du patrimoine culturel qualiteacute de lrsquoeauhellip) Si le PAPI est porteacute par une collectiviteacute locale qui devrait ecirctre agrave terme une collectiviteacute exerccedilant la compeacutetence Gemapi le portage des actions est assureacute par les acteurs du territoire selon leur compeacutetence (collectiviteacutes territoriales ser-vices de lrsquoEacutetat particuliers entreprises)

Au 1er janvier 2018 159 PAPI et projets drsquoendiguements hors PAPI ont ainsi eacuteteacute labelliseacutes Ils repreacutesentent un total de 1 846 Meuro alloueacutes agrave la preacutevention des inon-dations dont 751 Meuro drsquoaide de lrsquoEacutetat principalement au titre du FPRNM Environ 67 millions drsquohabitants (40 de la population exposeacutee au risque) et 38 millions

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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drsquoemplois (plus de 40 des emplois exposeacutes au risque) beacuteneacuteficient de ces deacutemarches de preacutevention La masse la plus importante de deacutepense concerne les travaux sur les systegravemes drsquoendiguement (50 ) qui par nature sont les plus coucircteux On observe toutefois ces derniegraveres anneacutees qursquoune part croissante des deacutepenses est consacreacutee au ralentissement des eacutecoulements (axe 6) et agrave la mobi-lisation des fonctionnaliteacutes naturelles des milieux humides

Il srsquoagit de deacutemarches drsquoameacutenagement durable dont lrsquoinscription dans la dureacutee se justifie compte tenu des investissements envisageacutes et de la neacutecessiteacute de dis-poser drsquoun programme partageacute avec les diffeacuterentes parties prenantes La dureacutee drsquoeacutelaboration du PAPI est variable selon la maturiteacute du territoire (un agrave trois ans)La convention-cadre PAPI srsquoeacutetend au maximum sur six ans

Encadreacute 13

Lrsquoeacutelaboration du PAPI Breacutevenne-Turdine

Dans la continuiteacute du travail engageacute via le contrat de riviegravere le programme drsquoaction de preacutevention des inondations (PAPI) Breacutevenne-Turdine labelliseacute en 2013 a eu pour volonteacute de privileacutegier les solutions fondeacutees sur la nature et drsquoimpacter le moins possible les milieux naturels Le bassin ne compre-nant pas de digue agrave lrsquoorigine le choix a eacuteteacute fait de ne pas en construire Le programme ne comprenant pas drsquoouvrages de protection (axe 7) est ainsi baseacute sur le principe drsquoaccepter les deacutebordements lagrave ougrave il nrsquoy a pas drsquoenjeux et de revenir agrave un fonctionnement naturel des cours drsquoeau

La strateacutegie choisie a en effet miseacute sur la preacutevention du risque aupregraves de la population reacutealisation drsquoaction de communication (vulgarisation du PPRI organisation drsquoun salon tous les deux ans plan familial de mise en sucircreteacute reacutealisation de diagnostics de vulneacuterabiliteacute gratuits pour les habi-tants) sensibilisation des eacutelus qui assurent ensuite un rocircle de relais mise en place du reacuteseau laquo sentinelle raquo avec des habitants volontaires qui font remonter les informations ou alertes

Ainsi la vulneacuterabiliteacute du territoire a diminueacute mais crsquoest surtout la conscience du risque qui a beaucoup eacutevolueacute La concertation meneacutee notamment avec les riverains et acteurs agricoles dans une deacutemarche drsquoouverture et de discussion constructive et pas seulement informative a eacuteteacute un facteur deacuteterminant dans le choix des actions

Le syndicat a fait appel agrave un cabinet de meacutediation et a pu compter sur une forte implication des maires facilitant le lien avec les habitants Des eacutevo-lutions ont eacuteteacute apporteacutees au programme choix de deux ouvrages sur les cinq initiaux baisse de lrsquoimpact sur le foncier appui sur des mateacuteriaux natu-rels sur-inondation de zones pour proteacuteger lrsquoaval renforcement de lrsquoaction sur le ruissellement La faisabiliteacute des adaptations a ensuite eacuteteacute reveacuterifieacutee

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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La deacutemarche exemplaire du PAPI pour les inondations est reproduite pour drsquoautres aleacuteas tels que les caviteacutes souterraines (non traiteacutees dans ce rapport) et les risques en montagne

Encadreacute 14

Les risques en montagne

Les risques en montagne preacutesentent des caracteacuteristiques geacuteophysiques et socio-eacuteconomiques speacutecifiques La geacuteographie de la montagne de par la pente et le relief conditionne fortement les pheacutenomegravenes naturels Les aleacuteas en preacutesence sont multiples (glissements de terrains laves torren-tielles crues avalancheshellip) soudains rapides (cineacutetique plus eacuteleveacutee en montagne qursquoen plaine) et souvent de forte intensiteacute Un mecircme terri-toire est couramment concerneacute par plusieurs pheacutenomegravenes Les reacuteflexions meneacutees dans le cadre des Assises nationales des risques naturels en deacutecembre 2013 ont conclu agrave la neacutecessiteacute de territorialiser davantage la gestion des risques en montagne dans une approche multirisque multi-acteur colleacutegiale et partenariale avec lrsquoEacutetat les eacutelus locaux la socieacuteteacute civile et lrsquoensemble des acteurs du territoire

Dans ce contexte lrsquoEacutetat souhaite soutenir lrsquoeacutemergence et la mise en œuvre de projets concerteacutes de preacutevention des aleacuteas de montagne sur des peacuteri-megravetres coheacuterents par lrsquointermeacutediaire des strateacutegies territoriales pour la preacutevention des aleacuteas de Montagne (STEPRIM) Un appel agrave projets a eacuteteacute ouvert en 2017 agrave lrsquoensemble des collectiviteacutes groupements de collectiviteacutes ou autres structures drsquointeacuterecirct public dont le peacuterimegravetre de compeacutetence est tout ou partie inclus dans les massifs montagneux franccedilais Il avait pour objectif drsquoinitier et drsquoencourager des deacutemarches pilotes de gestion inteacute-greacutee des risques naturels sur les territoires de montagne Il srsquoagissait de deacutefinir une strateacutegie deacuteclineacutee en programme drsquoactions opeacuterationnel pour atteindre des objectifs en termes drsquoameacutelioration de la connaissance et de la conscience des risques de preacutevision et de surveillance des risques drsquoalerte et de gestion de crise de prise en compte des risques dans lrsquour-banisme de reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute et de travaux de protection

Des exemples de reacutealisation sont rapidement preacutesenteacutes dans les pages suivantes deacutemontrant que de telles reacutealisations sont possibles

Des solutions urbanistiques et architecturales

Construction sur pilotis agrave Saint-Pierre-des-Corps pour lutter contre les inondations

Saint-Pierre-des-Corps a eacuteteacute laureacuteat du Grand Prix drsquoameacutenagement laquo Comment mieux bacirctir en terrains inondables constructibles raquo lanceacute le 16 janvier 2015 par

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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le ministegravere en charge de lrsquoeacutecologie et du logement et qui vise agrave promouvoir des projets drsquoameacutenagement innovants pour rendre les habitants moins vulneacuterables aux risques drsquoinondation

Agrave la confluence du Loir et du Cher la commune est particuliegraverement exposeacutee agrave lrsquoaleacutea inondation ce qui limite fortement son deacuteveloppement

Pour relever ces deacutefis Saint-Pierre-des-Corps a deacutecideacute de miser sur lrsquoinnovation architecturale Lrsquooriginaliteacute du projet est drsquoavoir conccedilu un quartier entiegraverement percheacute sur pilotis pour srsquoadapter au risque Le projet a permis la construction de soixante-seize logements dont vingt logements sociaux sur un espace de 2 hec-tares dans une zone inondable agrave proximiteacute du centre-ville Lrsquoensemble est consti-tueacute de maisons suspendues relieacutees entre elles par des coursives permettant de continuer agrave se deacuteplacer en cas drsquoinondation de jardins agrave la place des routes limi-tant lrsquoartificialisation du terrain pour faciliter lrsquoeacutecoulement des eaux et drsquoun bassin de reacutetention pour recueillir les eaux pluviales

Gestion alternative des eaux agrave Rouen pour adapter les projets drsquoameacutenagement

urbain au changement climatique

De par sa situation geacuteomorphologique la ville de Rouen fait face agrave plusieurs eacuteveacute-nements extrecircmes et qui auront de plus en plus drsquoimpacts avec le changement climatique Au niveau national la Seine-Maritime est un deacutepartement reconnu comme sensible au risque drsquoinondation Situeacutee dans une cuvette induisant de faibles vitesses de vents la ville de Rouen est par ailleurs sujette au pheacutenomegravene drsquoicirclot de chaleur urbain associeacute aux fortes tempeacuteratures

Pour relever ce double deacutefi le parti pris a eacuteteacute de mettre en place une gestion inteacute-greacutee des eaux dans lrsquoeacutecoquartier de la zone drsquoameacutenagement concerteacute Luciline ndash Rives de Seine Pour lutter contre les inondations plusieurs solutions ont eacuteteacute trouveacutees afin drsquoassurer la fonctionnaliteacute du quartier mecircme en peacuteriode de crue ouvrages hydrauliques avec clapets antiretour contre les mareacutees construction de chambre de crues sureacuteleacutevation des seuils construction drsquoun reacuteseau de noues srsquoappuyant sur une noue 21 centrale paysagegravere de 5 megravetres de large et 3 megravetres de profondeur

De mecircme la lutte contre lrsquoicirclot de chaleur urbain srsquoappuie eacutegalement sur la gestion des eaux la remise agrave jour partielle de la riviegravere Luciline via des canaux et les noues le deacuteveloppement des toitures veacutegeacutetaliseacutees et la mise en place drsquoun reacuteseau de geacuteothermie basse tempeacuterature agrave partir de la nappe drsquoeau drsquoaccompagnement de la Seine permettant de seacutecuriser les apports eacutenergeacutetiques pour le chauffage hivernal et le rafraicircchissement estival des bacirctiments de lrsquoeacutecoquartier

21 Sorte de fosseacute herbeux qui remplit un rocircle de zone-tampon pour les eaux de ruissellement

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Figure D14 ndash Maisons sur pilotis agrave Saint-Pierre-des-Corps

copy Atelier Alain Gourdon

Figure D15 ndash Rouen Quartier Luciline ndash Rives de Seine

copy Agence DampA

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Encadreacute 15

22 httpwwwgeolittoraldeveloppement-durablegouvfr

Le recul du trait de cocircte

Le recul du trait de cocircte est un pheacutenomegravene naturel qui concerne environ 20 du littoral franccedilais (hors Guyane) et ce chiffre pourrait ecirctre revu agrave la hausse avec les effets du changement climatique Il est caracteacuteriseacute par une cineacutetique lente et preacutevisible qui sauf exception ne met donc pas en jeu des vies humaines mais qui conduit agrave terme agrave la disparition deacutefi-nitive du terrain En ce sens le recul du trait de cocircte constitue un para-megravetre agrave prendre en compte pour lrsquoameacutenagement des territoires littoraux agrave moyen et long termes

Afin de disposer drsquoun eacutetat des lieux de lrsquoeacutevolution du trait de cocircte sur le littoral franccedilais un indicateur national de lrsquoeacuterosion cocirctiegravere a eacuteteacute produit par le Cerema 22 La cocircte atlantique (notamment la Charente-Maritime et la Gironde) et la cocircte meacutediterraneacuteenne (notamment le Gard et les Bouches-du-Rhocircne) sont particuliegraverement concerneacutees En outre-mer le littoral de la Guyane fait partie des cocirctes les plus instables au monde mais nrsquoa pas eacuteteacute traiteacute dans cette eacutetude (fig D16)

Des eacutetudes scientifiques sont meneacutees pour mieux comprendre lrsquoimpact du changement climatique sur lrsquoeacuterosion du littoral

Plusieurs propositions de loi posent depuis 2016 la question de lrsquoadap-tation des territoires littoraux au recul du trait de cocircte Ces travaux parle-mentaires visent notamment agrave faciliter lrsquoanticipation du pheacutenomegravene sur ces territoires en preacutevoyant des dispositions propres agrave la zone soumise au recul du trait de cocircte Il faut trouver un eacutequilibre entre la liberteacute des col-lectiviteacutes de faire vivre leurs territoires et lrsquoobligation drsquoanticipation ainsi que la transformation du territoire qui en deacutecoule et la neacutecessiteacute drsquoinfor-mation des citoyens suffisamment en amont Cela suppose drsquoune part de pouvoir doter les collectiviteacutes drsquooutils drsquourbanisme adapteacutes le PPR nrsquoeacutetant vraisemblablement pas lrsquooutil le plus adeacutequat pour le recul du trait de cocircte et drsquoautre part de disposer drsquooutils de financement permettant drsquoamorcer les deacutemarches de transformation des territoires

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Figure D16 ndash Eacutevolution du trait de cocircte

Sources Cerema et MTES 2017

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Une deacutemarche prospective participative agrave Lacanau pour lutter contre le recul du trait de cocircte

Confronteacute agrave un pheacutenomegravene drsquoeacuterosion marine qui menace une grande partie de son eacuteconomie touristique Lacanau a initieacute une reacuteflexion sur la relocalisation dans le cadre de lrsquoappel agrave projets national laquo Relocalisation des activiteacutes et des biens littoraux raquo lanceacute en 2012 par le ministegravere de lrsquoEacutecologie du Deacuteveloppement durable et de lrsquoEacutenergie Sous lrsquoaction des vagues et des tempecirctes la dune sur laquelle sont implanteacutees les activiteacutes et les biens est maintenue par un ouvrage de deacutefense Au pied de celui-ci la plage se reacutetreacutecit et srsquoabaisse Au nord et au sud de lrsquoouvrage les dunes naturelles reculent drsquoenviron deux megravetres par an en moyenne et ont reculeacute de 10 agrave 25 megravetres selon les endroits lors des tempecirctes de lrsquohiver 2013-2014

Pour faire face agrave ces deacutefis la mairie de Lacanau et le GIP littoral Aquitain ont choisi drsquoengager une deacutemarche prospective permettant drsquoenvisager plusieurs futurs possibles (strateacutegie de relocalisation ou strateacutegie de lutte active contre lrsquoeacuterosion) pour caracteacuteriser les enjeux drsquoadaptation au pheacutenomegravene drsquoeacuterosion et participa-tive srsquoappuyant sur un comiteacute de concertation local constitueacute drsquoune trentaine de personnes repreacutesentant les reacutesidents les associations environnementales les acteurs eacuteconomiques et institutionnels du territoire

Figure D17 ndash Photographie extraite de lrsquoObservatoire du littoral canaulais (vue aeacuterienne sud-nord) prise dans le cadre de la Strateacutegie locale de gestion de la bande cocirctiegravere 2016-2018 de Lacanau

copy Ville de Lacanau Photographe 1 Moment 1 Image Partenaires Europe (Fonds FEDER) Reacutegion Nouvelle-Aquitaine preacutefecture de Gironde (Fonds FNADT) GIP littoral aquitain

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Cette deacutemarche a permis drsquoidentifier une lacune majeure lrsquoabsence drsquooutil pour geacuterer les biens menaceacutes par lrsquoeacuterosion marine des cocirctes sableuses Lrsquoeacutetude de faisabiliteacute nrsquoa pas permis de trancher entre protection et relocalisation agrave lrsquoeacutechelle locale mais elle a deacuteboucheacute sur la deacutefinition drsquoune strateacutegie locale de gestion du trait de cocircte par la mairie de Lacanau pour la peacuteriode 2016-2018 preacutevoyant une seacuterie drsquoactions laquo sans regret raquo qui fonctionneront quelles que soient les deacuteci-sions futures

Des solutions fondeacutees sur la nature

Cyclones tempecirctes tropicales

Restauration de la mangrove pour lutter contre les impacts des cyclones et des tempecirctes tropicales

Lrsquourbanisation croissante du littoral a fortement deacutegradeacute les mangroves de Guadeloupe Sur la zone industrielle de Jarry 600 hectares ont eacuteteacute remplaceacutes par des infrastructures urbaines depuis 1967 Or les mangroves jouent un rocircle essentiel dans la conservation des littoraux tropicaux en stabilisant le trait de cocircte et en diminuant lrsquoeacutenergie des vagues

Figure D18 ndash Plants de paleacutetuviers rouges agrave la pointe Jarry

Source Replantation de paleacutetuviers agrave la Pointe Jarry (Guadeloupe) ndash action reacutealiseacutee dans le cadre de Cagraveyoli programme de gestion des espaces naturels du Grand port maritime de Guadeloupe

copy 22 feacutevrier 2018 Mariane Aimar Caraiumlbes

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Pour faire face agrave ce deacutefi le Grand port maritime de Guadeloupe (GPMG) srsquoest engageacute en 2016 avec le soutien de la CDC Biodiversiteacute dans un plan de res-tauration des mangroves dans le cadre du programme environnemental Cagraveyoli Depuis Coraiumlbes prestataire en charge du projet a creacuteeacute deux peacutepiniegraveres de paleacute-tuviers et a initieacute apregraves plusieurs mois de culture les premiegraveres transplantations en milieu naturel Quarante plants de paleacutetuviers rouges (Rhizophora mangle) sont deacutesormais installeacutes sur la pointe Sud de Jarry Ainsi le littoral guadeloupeacuteen beacuteneacuteficiera agrave terme drsquoune meilleure protection face aux houles cycloniques et agrave lrsquoeacuterosion marine

Conclusions

Reacuteduire lrsquoimpact des catastrophes naturelles est un objectif qui fait bien sucircr consen-sus Face agrave des eacuteveacutenements extrecircmes qui pourraient compte tenu du change-ment climatique ecirctre plus freacutequents et plus intenses la politique de preacutevention est compleacutementaire de la politique drsquoadaptation Il srsquoagit drsquoune politique de long terme deacutejagrave mise en œuvre concregravetement dans de nombreux territoires mais qui doit se renforcer de maniegravere notamment agrave contribuer agrave la stabiliteacute du reacutegime drsquoin-demnisation Le maintien de la soutenabiliteacute du dispositif CatNat dans le contexte du changement climatique passera par le renforcement des mesures de preacuteven-tion gracircce agrave la mobilisation du FPRNM Drsquoautres leviers comme une prise en charge diffeacuterente des dommages lieacutes au retrait-gonflement des argiles (qui ne fait pas de victimes) apporteraient une eacutevolution favorable agrave lrsquoeacutequilibre du dispositif

Lrsquoeacutevaluation de la politique de preacutevention des risques est complexe ne serait-ce qursquoagrave cause du nombre des acteurs mobiliseacutes des moyens (humains et financiers) mis en œuvre difficiles agrave quantifier ou du fait drsquoindicateurs difficiles agrave deacutefinir ou agrave objectiver (comme ceux deacutefinis dans le cadre drsquoaction de Sendai pour la reacuteduc-tion des risques de catastrophes) Les mesures de preacutevention mises en œuvre ont neacuteanmoins largement porteacute leurs fruits lors les inondations survenues en jan-vier-feacutevrier 2018 (eacutetude meneacutee par la CCR 23) Sur le bassin de la Seine en amont de la confluence avec lrsquoOise les pertes eacuteviteacutees se mesurent en dizaines de mil-lions drsquoeuros et repreacutesentent plus de 30 des dommages assureacutes Les mesures de preacutevention concernent les travaux reacutealiseacutes en amont de Paris sur les grands lacs reacuteservoirs qui servent notamment agrave stocker de lrsquoeau en cas drsquoeacutepisode de crue pour limiter le deacutebit en aval Au-delagrave de lrsquoaction des lacs des effets reacuteels mais non quantifiables des dispositifs de preacutevention et de preacuteparation agrave la crise ont participeacute agrave une reacuteduction des coucircts des inondations

Mieux eacutevaluer et faire connaicirctre le coucirct des dommages provoqueacutes par les aleacuteas naturels constituent des leviers de preacutevention efficaces et qui permettent de limiter le recours au reacutegime drsquoindemnisation national (dispositif CatNat) Lrsquoinformation preacuteventive et la culture du risque sont pour cela des acceacuteleacuterateurs de projets ils sont indispensables pour feacutedeacuterer et mener agrave bien les choix drsquoameacutenagement du

23 httpswwwccrfr-retour-sur-les-inondations-de-janvier-et-fevrier-2018 lien au 2 octobre 2018

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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territoire porteacutes largement par les collectiviteacutes locales autour de constats parta-geacutes Des outils existent qursquoils soient drsquoordre strateacutegique reacuteglementaire ou finan-cier pour engager une transformation des territoires les plus exposeacutes dans le contexte du changement climatique

Conclusion

Conclusion

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PLACARD (PLAtform for Climate Adaptation and Risk reDuction)

un projet de recherche europeacuteen pour renforcer les liens entre lrsquoadaptation au changement climatique et la preacutevention des risques

PLACARD est un projet de recherche lanceacute en juin 2015 et fi nanceacute dans le cadre du programme de recherche europeacuteen Horizon 2020 et coordonneacute par la Fondation de la faculteacute des sciences de lrsquouniversiteacute de Lisbonne Ce projet a eacuteteacute conccedilu pour renforcer les liens entre les communauteacutes de lrsquoadaptation au changement climatique et de la reacuteduction des risques de catastrophe aux niveaux international europeacuteen national et infranational afi n de mettre en coheacuterence et drsquoameacuteliorer la planifi cation de leurs actions PLACARD entend relever ce deacutefi en fournissant un espace commun de dia-logue et de partage drsquoexpeacuteriences sous la forme drsquoun reacuteseau opeacuterationnel reliant les organisations et reacuteseaux existants Ce reacuteseau englobant sou-tiendra le deacuteveloppement et la mise en œuvre drsquoun agenda de recherche et drsquoinnovation pour ameacuteliorer lrsquoutilisation des fi nancements deacutedieacutes agrave la recherche et pour deacutevelopper des orientations agrave destination des institu-tions souhaitant srsquoattaquer aux enjeux de lrsquoadaptation au changement cli-matique et de la preacutevention des risques de catastrophe Les principaux attendus de ce projet sont

la creacuteation drsquoune plate-forme en ligne permettant drsquoorganiser des consulta-tions et de faciliter le dialogue entre diffeacuterents groupes de parties prenantes

Interactions entre les politiques de preacutevention des risques et drsquoadaptation au changement climatique

Source ONERC drsquoapregraves Swiss NGO DDR Plateform

Adaptation au Changement Climatique

Preacutevention Reacuteduction des Risques

RisquesClimat

bull Hausses des tempeacuteratures

bull Modifications des reacutegimes de preacutecipitation

bull Impacts sur les eacutecosystegravemes

bull Fonte des glaciers

Risques geacuteologiques bull Tremblements de terre bull Tsunamis bull Glissements de terrains

Eveacutenements extrecircmes bull Seacutecheresses bull Pluies intenses et

inondations bull Grecircle bull Vagues de

chaleurde froid bull Feux de forecircts bull Tornades bull Cyclones

Gestion des risques climatiques (y compris les eacuteveacutenements extrecircmes)

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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le deacuteveloppement de synergies et une plus grande coopeacuteration entre lrsquoUnion europeacuteenne les Eacutetats membres et les initiatives de lrsquoadaptation au changement climatique et de la preacutevention des risques de catastrophes financeacutees au niveau international

un meilleur essaimage des activiteacutes de recherche et drsquoinnovation dans les domaines de lrsquoadaptation au changement climatique et de la preacuteven-tion des risques de catastrophe

lrsquoameacutelioration de lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformation et agrave la connaissance dans ces domaines

une assimilation accrue des enjeux de prospective sous-jacents une ameacutelioration dans les domaines de la science des politiques

publiques de la communication de lrsquoeacutechange drsquoinformation et de connaissance

Les eacuteveacutenements passeacutes et notamment les plus reacutecents ont deacutemontreacute la vulneacutera-biliteacute de nos populations et territoires La canicule de 2003 reste dans tous les esprits avec une surmortaliteacute de plus de 15 000 personnes mais eacutegalement avec un coucirct assurantiel qui a deacutepasseacute 18 milliard drsquoeuros (actualiseacutes 2017) Les plans canicule mis en place depuis ont tregraves certainement pu reacuteduire les coucircts humains mais le sceacutenario climatique le plus pessimiste (RCP85) montre qursquoune canicule telle que celle de 2003 pourrait ecirctre un pheacutenomegravene relativement banal agrave lrsquohorizon 2100

Si pris de maniegravere indeacutependante aucun eacuteveacutenement extrecircme ne peut ecirctre attribueacute en tant que tel au changement climatique les travaux de recherche eacutetablissent que le changement climatique vient modifier lrsquooccurrence ou lrsquointensiteacute de certains aleacuteas Dans le domaine assurantiel les reacutesultats de modeacutelisation du climat futur reacutealiseacutee par Meacuteteacuteo-France agrave lrsquoaide de son modegravele Arpegravege-Climat croiseacutes avec les modegraveles drsquoaleacutea (inondation seacutecheresse et submersion marine) et de dommages de la CCR permettent drsquoeacutevaluer in fine la hausse attendue des pertes annuelles moyennes agrave lrsquohorizon 2050 agrave 50

Lrsquoaugmentation de freacutequence et drsquointensiteacute des aleacuteas lieacutes au systegraveme climatique principalement les extrecircmes hydromeacuteteacuteorologiques et lrsquoapparition de nouveaux risques dus agrave lrsquoeacutevolution du climat potentiellement nouveaux risques hydromeacute-teacuteorologiques des catastrophes biologiques (par exemple ravageurs ou maladies vectorielles non traiteacutes dans ce rapport) rendent encore plus neacutecessaire lrsquoarti-culation qui lie les politiques de preacutevention et de gestion des risques naturels et drsquoadaptation au changement climatique Dans les deux cas il srsquoagit avant tout drsquoanticiper les pheacutenomegravenes afin drsquoen limiter les conseacutequences et de tirer parti du retour drsquoexpeacuteriences de la gestion de crise pour mieux reconstruire

Les actions preacutevues dans le deuxiegraveme plan national drsquoadaptation au change-ment climatique permettront de minimiser les impacts attendus du changement

Conclusion

157

climatique en renforcement des politiques deacutejagrave en place de preacutevention et de gestion des risques naturels majeurs et des risques sanitaires

Lrsquoameacutelioration continue des connaissances permettra de preacuteciser les impacts futurs du changement climatique Les incertitudes actuelles ne doivent toute-fois pas empecirccher lrsquoaction pour se preacuteparer degraves agrave preacutesent agrave une tempeacuterature moyenne mondiale de 2 degC supeacuterieure agrave celle de lrsquoegravere preacute-industrielle qui corres-pond agrave lrsquoobjectif de long terme de lrsquoAccord de Paris tout en continuant agrave faire le maximum pour ne pas deacutepasser 15 degC

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Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

168

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Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

Creacuteeacute par la loi du 19 feacutevrier 2001 lrsquoONERC mateacuterialise la volonteacute du Parlement et du gouvernement drsquointeacutegrer les effets du changement climatique dans les politiques publiques environnementales en France meacutetropolitaine et drsquooutre-mer LrsquoONERC est rattacheacute au ministegravere de la Transition eacutecologique et soli-daire (MTES) via le Service climat et efficaciteacute eacutenergeacutetique de la Direction geacuteneacuterale de lrsquoeacutenergie et du climat (DGEC)Lrsquoorientation de lrsquoaction de lrsquoONERC est assureacutee depuis 2017 (deacutecret no 2017-211 du 20 feacutevrier 2017) par une commission speacutecialiseacutee deacutedieacutee du Conseil national de la transition eacutecologique preacutesideacutee par M Ronan Dantec seacutena-teur de Loire-Atlantique (arrecircteacute du 14 avril 2017) LrsquoONERC est dirigeacute par M Laurent Michel directeur geacuteneacuteral de lrsquoeacutenergie et du climat Le secreacuteta-riat geacuteneacuteral est assureacute par M Eacuteric Brun assisteacute de cinq chargeacutes de mission dont une adjointe au secreacutetaire geacuteneacuteral et un ingeacutenieur documentaire-web-mestre appuyeacutes sur la quasi-totaliteacute de la peacuteriode par trois chargeacutes de mission dont un entiegraverement deacutedieacute agrave lrsquoaccueil par la France de la 47e reacuteunion pleacute-niegravere du GIEC Au sein du Service climat et efficaciteacute eacutenergeacutetique lrsquoONERC constitue le laquo pocircle Adaptation au changement climatique raquo de la DGEC en charge du pilotage et la mise en œuvre de la politique nationale drsquoadapta-tion Il assure eacutegalement la fonction de point focal de la France au sein du Groupe drsquoexperts intergouvernemental sur lrsquoeacutevolution du climat (GIEC) Cette annexe sans ecirctre exhaustive preacutesente les principales actions de lrsquoONERC entre octobre 2017 et septembre 2018

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

171

Action internationale

Du fait de lrsquoaccueil par la France de la 47e reacuteunion pleacuteniegravere du GIEC qui srsquoest tenue du 13 au 16 mars 2018 au siegravege de lrsquoUnesco agrave Paris la fonction de point focal du GIEC pour la France a occupeacute une large part des activiteacutes internationales de lrsquoobservatoire en 2017 et 2018 En outre lrsquoONERC a poursuivi sa participa-tion reacuteguliegravere aux autres travaux internationaux notamment au niveau de lrsquoUnion europeacuteenne et de la CCNUCC et a deacuteveloppeacute des relations multilateacuterales et bila-teacuterales avec les services en charge des politiques publiques drsquoadaptation dans plusieurs pays

Groupe drsquoexperts intergouvernemental sur lrsquoeacutevolution du climat (GIEC)

En septembre 2017 la France a proposeacute drsquoaccueillir la 47e reacuteunion pleacuteniegravere du GIEC reacutepondant ainsi agrave lrsquoun des objectifs annonceacutes dans le Plan climat du gou-vernement publieacute le 6 juillet 2017

La tenue agrave Paris de cette reacuteunion quelques mois apregraves le One Planet Summit et le lancement de lrsquoinitiative Make Our Planet Great Again teacutemoigne de lrsquoengage-ment constant de la France sur les questions climatiques et marque son appui reacutesolu aux travaux du GIEC

Ceacuteleacutebration des trente ans du GIEC

copy ONERC ndash VB

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

172

Avec comme programme de travail essentiel de renforcer de faccedilon peacuterenne la situa-tion financiegravere du GIEC cette 47e pleacuteniegravere a pleinement reacutealiseacute son principal objec-tif Lors de la journeacutee de ceacuteleacutebration en lrsquohonneur des trente anneacutees drsquoexistence du GIEC le ministre drsquoEacutetat ministre de la Transition eacutecologique et solidaire et le ministre de lrsquoEurope et des Affaires eacutetrangegraveres ont ainsi rappeleacute lrsquoaugmentation significative de la contribution de leurs deux ministegraveres aupregraves du GIEC agrave hauteur de 1 million drsquoeuros par an jusqursquoagrave la publication du sixiegraveme rapport drsquoeacutevaluation en 2022 Cette annonce concreacutetise lrsquoengagement du Preacutesident de la Reacutepublique pris lors de la COP 23 et confirmeacute lors du One Planet Summit

Pour accompagner cet eacuteveacutenement une nouvelle eacutedition du livret laquo Mieux com-prendre le GIEC raquo a eacuteteacute eacutelaboreacutee avec lrsquoappui de la direction de la communication (DICOM) du MTES Cette brochure fait le point sur ce qursquoest le GIEC comment il fonctionne et ce qursquoil produit Un numeacutero speacutecial de la lettre aux eacutelus pour les trente ans du GIEC a eacutegalement eacuteteacute diffuseacute agrave cette occasion Cette eacutetroite colla-boration avec la DICOM a aussi permis de reacutealiser une courte animation videacuteo sur trente ans de travaux du GIEC

Ces supports de communication ont eacuteteacute largement diffuseacutes sur les reacuteseaux sociaux et sur le Web Lrsquoeacuteveacutenement a fait lrsquoobjet drsquoune couverture meacutediatique conseacutequente aussi bien dans la presse geacuteneacuteraliste que speacutecialiseacutee

Le GIEC est engageacute dans son sixiegraveme cycle drsquoeacutevaluation visant agrave produire le sixiegraveme rapport drsquoeacutevaluation (AR6) trois rapports speacuteciaux et une mise agrave jour du rapport meacutethodologique pour les inventaires drsquoeacutemissions de gaz agrave effet de serre

Animation videacuteo sur trente ans de travaux du GIEC

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

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Livret laquo Mieux comprendre le GIEC raquo

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Reacuteunions pleacuteniegraveres et du bureau du GIEC

En coordination avec les ministegraveres en charge de la recherche et des affaires eacutetran-gegraveres lrsquoONERC en tant que point focal du GIEC pour la France assure la repreacute-sentation permanente de la France au sein des organes de gouvernance du GIEC

Sur la peacuteriode couverte par ce rapport lrsquoONERC a ainsi participeacute agrave la 47e reacuteunion pleacuteniegravere qursquoil a organiseacutee agrave Paris ainsi qursquoagrave la 55e reacuteunion du bureau du GIEC en appui de Valeacuterie Masson-Delmotte repreacutesentante franccedilaise au bureau copreacute-sidente du groupe de travail 1

Encadreacute 1

laquo Trente ans du GIEC et sixiegraveme cycle drsquoeacutevaluation raquo

Depuis trente ans le GIEC eacutevalue lrsquoeacutetat des connaissances sur lrsquoeacutevolu-tion du climat ses causes ses impacts Il identifie eacutegalement les possi-biliteacutes de limiter lrsquoampleur du reacutechauffement et la graviteacute de ses impacts et de srsquoadapter aux changements attendus Les rapports du GIEC four-nissent un eacutetat des lieux reacutegulier des connaissances les plus avanceacutees Cette production scientifique est au cœur des neacutegociations internationales sur le climat Elle est aussi fondamentale pour alerter les deacutecideurs et la socieacuteteacute civile

La liaison permanente entre le GIEC et les Eacutetats est assureacutee par un point focal national En France cette fonction est exerceacutee par lrsquoObservatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique (ONERC) depuis 2001

La publication des trois volumes (sciences du climat atteacutenuation adap-tation) du 6e rapport drsquoeacutevaluation est programmeacutee pour lrsquoanneacutee 2021 Le rapport de synthegravese paraicirctra au cours du premier semestre 2022

Trois rapports speacuteciaux seront aussi produits au cours de ce sixiegraveme cycle en octobre 2018 un premier rapport speacutecial sur lrsquoimpact drsquoun reacutechauf-

fement global de 15 degC au-dessus des niveaux preacute-industriels et sur les trajectoires drsquoeacutemission de gaz agrave effet de serre correspondantes

en aoucirct 2019 un deuxiegraveme rapport speacutecial sur les liens entre le chan-gement climatique la deacutesertification la deacutegradation des terres la ges-tion durable des terres la seacutecuriteacute alimentaire et les flux de gaz agrave effet de serre dans les eacutecosystegravemes terrestres

en septembre 2019 un troisiegraveme rapport speacutecial sur les liens entre le changement climatique les oceacuteans et la cryosphegravere

En mai 2019 sera aussi produit un raffinement du rapport meacutethodolo-gique sur les inventaires nationaux drsquoeacutemissions de gaz agrave effet de serre datant de 2006

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

175

Sixiegraveme cycle du GIEC en France

Sur la peacuteriode octobre 2017 ndash septembre 2018 lrsquoappel agrave candidatures pour la nomination par la France des auteurs et des eacutediteurs de revue des volumes 1 2 et 3 du sixiegraveme Rapport drsquoeacutevaluation du GIEC a eacuteteacute preacutepareacute et largement diffuseacute par le point focal franccedilais du GIEC en coordination avec le ministegravere de lrsquoEnsei-gnement supeacuterieur de la Recherche et de lrsquoInnovation (MESRI) et le ministegravere de lrsquoEurope et des Affaires eacutetrangegraveres (MEAE) Cet appel a permis agrave plus de 80 scien-tifiques franccedilais ou travaillant en France de candidater Les nominations soumises par la France ont ensuite fait lrsquoobjet drsquoune seacutelection par le comiteacute scientifique de pilotage mis en place par le bureau du GIEC pour chacun des rapports

Au total trente-neuf scientifiques nomineacutes par la France ont eacuteteacute seacutelectionneacutes pour participer agrave lrsquoeacutelaboration du sixiegraveme rapport drsquoeacutevaluation du GIEC aux trois rap-ports speacuteciaux et au raffinement du guide meacutethodologique pour les inventaires nationaux de gaz agrave effet de serre en tant que coordinateurs auteurs principaux ou eacutediteurs reacuteviseurs

En tant que point focal franccedilais du GIEC lrsquoONERC a organiseacute en coordination avec le MEAE et le MESRI plusieurs revues des rapports speacuteciaux en cours drsquoeacutela-boration par le GIEC deux revues du rapport speacutecial sur lrsquoimpact drsquoun reacutechauffe-ment global de 15 degC au-dessus des niveaux preacute-industriels et sur les trajectoires drsquoeacutemission de gaz agrave effet de serre et une revue du raffinement du rapport meacutetho-dologique sur les inventaires nationaux drsquoeacutemissions de gaz agrave effet de serre

Sur la peacuteriode du sixiegraveme cycle du GIEC le financement de lrsquoUniteacute drsquoappui tech-nique (en anglais Technical Support Unit ndash TSU) du Groupe de travail I du GIEC est assureacute par la France Le suivi du financement et des activiteacutes de cette TSU sont assureacutes par lrsquoONERC et des services du MESRI et du MEAE LrsquoONERC a de plus coordonneacute le versement de la contribution franccedilaise 2018 au budget central de fonctionnement du GIEC

Enfin lrsquoONERC appuie la participation des chercheurs franccedilais aux travaux du GIEC en prenant en charge une partie des frais de missions des centaines drsquoexperts

Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC)

Sous la coordination de la Direction des affaires europeacuteennes et internationales (DAEI) du MTES lrsquoONERC a participeacute au sein de la deacuteleacutegation franccedilaise agrave la 23e session de la Confeacuterence des parties agrave la CCNUCC (COP 23) ayant eu lieu agrave lrsquoautomne 2017 et agrave lrsquointersession de Bonn au printemps 2018 LrsquoONERC a assureacute avec le Deacutepartement de la lutte contre lrsquoeffet de serre (DGECSCEE) une fonction drsquoappui scientifique et technique au sein de lrsquoeacutequipe de neacutegociations climatiques pour les aspects relatifs aux sciences climatiques et aux politiques publiques drsquoadaptation

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

176

Un agent de lrsquoONERC (eacutelu agrave la COP 22) siegravege deacutesormais aux reacuteunions du Comiteacute de lrsquoadaptation mis en place par la CCNUCC afin drsquoexaminer lrsquoensemble des travaux relatifs agrave ce sujet dans le cadre des neacutegociations climatiques mondiales

Dans le cadre de lrsquoappui aux neacutegociations climatiques mondiales lrsquoONERC parti-cipe eacutegalement avec le DLCES au groupe informel drsquoexperts europeacuteens consa-creacute aux sujets scientifiques ayant pour objectif de construire une vision commune sur ces sujets au sein des Eacutetats membres de lrsquoUnion europeacuteenne

Espace europeacuteen

Repreacutesentant la DGEC lrsquoONERC siegravege pour la France au sein du groupe de travail mis en place par la Direction geacuteneacuterale climat de la Commission europeacuteenne pour le suivi de la strateacutegie europeacuteenne drsquoadaptation adopteacutee en 2013 dont le pro-cessus de reacutevision a eacuteteacute engageacute deacutebut 2017 Dans ce cadre lrsquoONERC met agrave jour annuellement les informations concernant la politique et les actions drsquoadaptation en France diffuseacutees par la plate-forme drsquoeacutechange Climate-ADAPT 1 en coordination avec lrsquoAgence europeacuteenne de lrsquoenvironnement (AEE)

LrsquoONERC a par ailleurs organiseacute la 26e reacuteunion du groupe drsquoinformation sur lrsquoadap-tation au changement climatique du reacuteseau drsquoagences europeacuteennes de protection de lrsquoenvironnement (meeting of the Information Group on Climate Change Adaptation of the Network of European Environmental Protection Agencies IG CCA EPA)

Cette reacuteunion qui srsquoest deacuterouleacutee les 5 et 6 avril agrave La Deacutefense a reacuteuni une ving-taine drsquoexperts de chefs ou de directeurs de ces organismes Ces deux journeacutees ont permis de nombreux eacutechanges drsquoexpeacuteriences sur des questions drsquointeacuterecirct commun aux organisations impliqueacutees dans la mise en œuvre pratique de la politique environnementale de lrsquoadaptation Une intervention de Santeacute publique France a eacuteclaireacute les participants sur la politique franccedilaise de gestion des cani-cules et vagues de chaleur

Sous la coordination du CGDDSOeS du MTES lrsquoONERC fait partie du groupe de travail feacutedeacutereacute dans le reacuteseau Eionet rassemblant les correspondants de lrsquoAEE inteacute-resseacutes par les probleacutematiques drsquoobservation des effets du changement clima-tique et de lrsquoadaptation Agrave ce titre lrsquoONERC a contribueacute au rapport technique sur le suivi le rapportage et lrsquoeacutevaluation des politiques nationales drsquoadaptation en Europe notamment au travers drsquoun encadreacute sur la politique franccedilaise drsquoadaptation

LrsquoObservatoire pyreacuteneacuteen du changement climatique a inviteacute lrsquoONERC agrave faire partie de son comiteacute de pilotage La premiegravere reacuteunion a eu lieu agrave Biarritz le 9 novembre en marge du deuxiegraveme colloque international sur le changement climatique dans des zones de montagne PYRADAPT 2017

1 httpclimate-adapteeaeuropaeu

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

177

Dans le cadre de travaux drsquoeacutevaluation de la strateacutegie de lrsquoUnion europeacuteenne rela-tive agrave lrsquoadaptation au changement climatique lrsquoONERC a eacuteteacute solliciteacute agrave de nom-breuses reprises LrsquoONERC a ainsi rempli et fait circuler la Fiche pays pour la France fiche deacutecrivant la politique drsquoadaptation au changement climatique LrsquoONERC a eacutegalement initieacute la reacuteponse au questionnaire de consultation publique relative agrave lrsquoeacutevaluation de la strateacutegie de lrsquoUnion europeacuteenne relative agrave lrsquoadaptation au chan-gement climatique publieacute du 8 deacutecembre 2017 au 1er mars 2018

Initiatives multilateacuterales et bilateacuterales

Dans le cadre du cluster francophone du Partenariat sur la transparence de lrsquoac-cord de Paris (PATPA) lrsquoONERC est intervenu pour preacutesenter la deacutemarche fran-ccedilaise et a co-animeacute deux ateliers theacutematiques sur lrsquoadaptation au changement climatique agrave Douala (Cameroun) en mai 2018 Vingt et un pays africains franco-phones eacutetaient repreacutesenteacutes

Dans le prolongement de la contribution de lrsquoONERC agrave la septiegraveme communica-tion nationale de la France agrave la CCNUCC lrsquoobservatoire a preacutesenteacute lrsquoaction de la France en matiegravere drsquoadaptation et de recherche aux experts de la CCNUCC venus auditer les acteurs franccedilais en avril 2018

LrsquoONERC a eacuteteacute nommeacute au Conseil pour le climat de la Convention alpine creacuteeacute en septembre 2016 afin de regrouper les initiatives et les contributions sur le chan-gement climatique existant dans les Alpes et drsquoavancer des propositions pour lrsquoeacutetablissement drsquoun systegraveme concret drsquoobjectifs de la Convention alpine dans la perspective drsquoun laquo espace alpin climatiquement neutre raquo en accord avec les objec-tifs europeacuteens et internationaux

Dans une logique de collaboration transfrontaliegravere lrsquoONERC a eu lrsquooccasion de participer agrave plusieurs eacutechanges bilateacuteraux formels et informels avec ses homolo-gues de la plupart des pays voisins de la France meacutetropolitaine (groupe Science IG CCA Convention Alpine etc) ainsi que quelques pays plus eacuteloigneacutes afin de parta-ger les ideacutees et les pratiques en matiegravere drsquoadaptation au changement climatique

Politique drsquoadaptation au changement climatique

30 novembre 2017 adoption du projet drsquoavis sur le PNACC-2 par la Commission speacutecialiseacutee du CNTE chargeacutee de lrsquoorientation de lrsquoONERC

21 deacutecembre 2017 avis tregraves favorable au PNACC-2 adopteacute agrave la quasi-unani-miteacute par le CNTE

1er semestre 2018 finalisation du PNACC-2

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Information formation et communication

LrsquoONERC assure ses missions drsquoinformation et de communication en eacutetroite col-laboration avec la Direction de la communication (DiCom) du MTES Ces actions visent tous les publics par lrsquointermeacutediaire de diffeacuterents supports dont certains sont preacutesenteacutes ci-apregraves LrsquoONERC apporte son soutien en matiegravere de reacutealisation de supports drsquoinformation sur lrsquoadaptation au changement climatique pour diffeacute-rents organismes (services deacuteconcentreacutes du MTES administrations centrales y compris hors MTES communication interne au MTES eacutetablissements publics organisations non-gouvernementales presse associations)

Site Web

La diffusion sur le site Web du ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire des informations preacutesenteacutees par lrsquoONERC permet agrave tous les publics drsquoappreacutehender les enjeux lieacutes au changement climatique au travers des pages sur les impacts la connaissance la deacutemarche drsquoadaptation les publications et des bases de donneacutees

Ainsi aux informations concernant lrsquoObservatoire srsquoajoutent les pages deacutedieacutees aux indicateurs du changement climatique De plus la deacutemarche drsquoadaptation au changement climatique engageacutee aux niveaux national europeacuteen et internatio-nal est preacutesenteacutee selon ces trois axes Enfin lrsquoinformation sur le GIEC permet de mieux comprendre son fonctionnement et de consulter et de suivre ses travaux

Le contenu des pages est reacuteguliegraverement mis agrave jour ainsi que leur preacutesentation afin de srsquoadapter aux nouveaux standards de communication et de faciliter lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformation

Site Web du ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire (httpwwwecologique-solidairegouvfronerc)

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

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Rapports annuels

Le Rapport annuel Vers un 2e plan drsquoadaptation au changement climatique pour la France ndash Enjeux et recommandations a eacuteteacute publieacute au mois de novembre 2017 et diffuseacute directement agrave plus de 1 500 destinataires Ce rapport rassemble les recom-mandations issues de la concertation nationale pour un deuxiegraveme Plan national drsquoadaptation au changement climatique (PNACC) Celle-ci srsquoest largement appuyeacutee sur les eacutevaluations du premier PNACC 2011-2015 permettant drsquoavoir un retour drsquoexpeacuteriences drsquoun cycle complet de politique publique Ces recommandations ont alimenteacute le deuxiegraveme PNACC objet de lrsquoaxe 19 du Plan climat de la France La deacutemarche drsquoadaptation au changement climatique ainsi renforceacutee apportera une contribution significative aux politiques climatiques visant une socieacuteteacute bas-carbone reacutesiliente au changement climatique et plus largement agrave la transition eacuteco-logique et solidaire de la France

Rapport Vers un 2e plan drsquoadaptation au changement climatique pour la France ndash Enjeux et recommandations publieacute agrave La Documentation franccedilaise

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Lettre drsquoinformation aux eacutelus

Dans la peacuteriode couverte par le preacutesent rapport lrsquoONERC a poursuivi ses activi-teacutes de communication en parallegravele des travaux pour lrsquoeacutelaboration drsquoun nouveau plan national drsquoadaptation au changement climatique

Ainsi un numeacutero speacutecial de la lettre de lrsquoONERC aux eacutelus diffuseacute agrave plus de 3 000 exemplaires quelques semaines avant la ceacutereacutemonie drsquoanniversaire des trente ans du GIEC a permis de rappeler toute lrsquoimportance de ses travaux et de son expertise qui contribuent pleinement aux actions drsquoatteacutenuation et drsquoadaptation des territoires Deux autres numeacuteros ont eacuteteacute preacutepareacutes pour accompagner la sortie du preacutesent rapport et du 2e plan national drsquoadaptation au changement climatique

Lettre de lrsquoONERC aux eacutelus laquo Le climat change agissons raquo no 29 ndash numeacutero speacutecial GIEC feacutevrier 2018

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

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Seacutelection drsquoinformations theacutematiques (lettre de veille technique)

La lettre de veille technique contient une seacutelection drsquoune vingtaine de liens Web classeacutes selon les cateacutegories laquo actualiteacute raquo laquo publications raquo et laquo manifestations raquo ainsi que quelques informations relatives agrave lrsquoobservatoire Ces informations cibleacutees sont diffuseacutees tous les deux mois agrave 875 abonneacutes volontaires (contre une cin-quantaine seulement jusqursquoen 2012)

Centre de ressource sur lrsquoadaptation au changement climatique (CRACC)

Parmi les principales recommandations preacutesentes dans lrsquoeacutevaluation du premier PNACC par le CGEDD en 2015 figurait celle laquo de confier agrave un consortium constitueacute de lrsquoAdeme et du Cerema la mission drsquoorganiser avec lrsquoappui drsquoautres institutions speacutecialiseacutees un centre de ressources sur lrsquoadaptation au changement climatique [hellip] chargeacute drsquoapporter un appui technique pour lrsquoeacutelaboration des scheacutemas et plans drsquoadaptation territoriaux et pour lrsquointeacutegration des enjeux drsquoadaptation dans les plans et politiques sectoriels raquo

Le deacuteveloppement de ce centre de ressources sur lrsquoadaptation au changement cli-matique a eacuteteacute confieacute au Cerema en partenariat avec lrsquoAdeme ainsi que drsquoautres organismes ayant largement œuvreacute au cours du preacuteceacutedent plan

Interventions actions de formation et seacuteminaire

Dans la peacuteriode couverte par le preacutesent rapport lrsquoONERC est intervenu agrave de nom-breuses reprises agrave lrsquooccasion de confeacuterences nationales ou internationales Ci-apregraves quelques exemples drsquointerventions

Le secreacutetaire geacuteneacuteral de lrsquoONERC a ainsi preacutesenteacute lors de la session drsquoouverture de la confeacuterence internationale Climate Change and Water 2018 (deacutebut feacutevrier 2018 au Centre international de congregraves de Tours) la deacuteclinaison du changement cli-matique aux probleacutematiques locales de lrsquoeau dans le Plan national drsquoadaptation au changement climatique

LrsquoONERC a eacutegalement participeacute agrave un atelier du reacuteseau Teddif (territoires environne-ment et deacuteveloppement durable en Icircle-de-France) deacutedieacute aux enjeux et aux possibili-teacutes drsquoaction pour les territoires en matiegravere drsquoadaptation au changement climatique qui srsquoest tenu mi-mars 2018 agrave Paris et qui a reacuteuni une centaine de participants

LrsquoONERC est intervenu en clocircture de la journeacutee de restitution des travaux du projet AdaMont qui srsquoest tenu agrave Paris fin mars Le projet AdaMont vise agrave deacutevelop-per une action de recherche partenariale et inteacutegreacutee sur lrsquoadaptation au change-ment climatique sur un territoire de moyenne montagne en associant production de connaissances et deacutemarche opeacuterationnelle en lien avec le changement clima-tique et les pratiques agrave faire eacutevoluer

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Agrave lrsquooccasion des dix ans du club ViTeCC lrsquoONERC a preacutesenteacute le projet de deu-xiegraveme plan national drsquoadaptation au changement climatique Ce club qui fecircte ses dix ans preacutesente les reacutesultats de projets de recherche aux deacutecideurs territoriaux institutions et entreprises membres

LrsquoONERC a participeacute agrave une reacuteunion du reacuteseau PCAET de Bretagne deacutedieacutee agrave lrsquoadap-tation au changement climatique et co-organiseacutee par la Dreal lrsquoAdeme Bretagne et le conseil reacutegional de Bretagne

LrsquoONERC a eacutegalement participeacute au lancement du programme deacutedieacute agrave lrsquoadaptation au changement climatique du Comiteacute 21 premier reacuteseau multi-acteurs du deacuteve-loppement durable et de la RSE qui souhaite accompagner ses adheacuterents pour deacutecrypter les enjeux en cours anticiper ceux agrave venir et mettre en place les muta-tions agrave opeacuterer

Actions de formation

En eacutetroite collaboration avec le bureau en charge de la formation agrave la DGEC lrsquoONERC a participeacute agrave la mise en place drsquoune formation ouverte et agrave distance pour les agents MTES afin de sensibiliser les nouveaux arrivants agrave la probleacutematique de lrsquoadaptation au changement climatique Cette formation a vocation agrave ecirctre ouverte aux eacutelus et agents des collectiviteacutes territoriales

Expositions peacutedagogiques itineacuterantes

Les deux expositions itineacuterantes 2 lrsquoune (exposition scientifique) visant un public averti agrave des fins drsquoexplication des pheacutenomegravenes et lrsquoautre visant un public le plus large possible agrave des fins de sensibilisation ont eacuteteacute preacutesenteacutees pendant une dureacutee de 326 jours au sein drsquoeacutetablissements scolaires drsquoentreprises drsquoassociation et de collectiviteacutes territoriales

Au cours du deuxiegraveme trimestre 2018 une plaquette de preacutesentation des deux expositions a eacuteteacute reacutealiseacutee et diffuseacutee plus particuliegraverement aux bibliothegraveques des eacutetablissements drsquoenseignement supeacuterieur ainsi qursquoagrave une seacutelection de contacts au sein de collectiviteacutes territoriales

2 httpswwwecologique-solidairegouvfrobservatoire-national-sur-effets-du-rechauffement-climatique-onerce6

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

183

Journal de lrsquoexposition itineacuterante laquo Le climat change raquo

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

184

Les indicateurs du changement climatique

Les vingt-huit indicateurs deacutecrivant lrsquoeacutetat du climat et ses impacts preacutesents sur le site de lrsquoONERC sont reacuteguliegraverement mis agrave jour Cela a permis de disposer fin 2018 de 86 drsquoindicateurs inteacutegrant des donneacutees de moins de cinq ans

Gracircce aux contributeurs et partenaires de lrsquoONERC certaines modifications sont intervenues dans la constitution des indicateurs du changement climatique Mi-2018 deux synthegraveses drsquoindicateurs locaux et reacutegionaux laquo Le bilan de masse drsquoune seacutelec-tion de glaciers tempeacutereacutes franccedilais raquo et laquo la date des vendanges pour un panel de vignobles franccedilais raquo produites en collaboration avec le Service de la donneacutee et des eacutetudes statistiques (SDES) du ministegravere et qui sont eacutegalement publieacutees sur le site de lrsquoObservatoire national de la biodiversiteacute (ONB) ont ainsi rejoint la seacuterie diffuseacutee par lrsquoONERC laquo Lrsquoeacutevolution de la date de migration de certains oiseaux raquo est eacutegalement un nouvel indicateur produit par la Ligue de protection des oiseaux (LPO) en remplacement de lrsquoindicateur sur les migrations des oies Agrave la mecircme peacuteriode laquo les quantiteacutes de pollens de bouleau libeacutereacutes raquo ont eacuteteacute mises agrave jour par le Reacuteseau national de surveillance aeacuterobiologique (RNSA)

La deacutemarche de lrsquoONERC qui consiste en une mise agrave disposition du public sur le site Web du ministegravere des indicateurs du changement climatique et de ses impacts reste innovante au niveau international car peu de pays se sont inves-tis dans ce type de publication avec une actualisation suivie

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

185

Preacutesentation de lrsquoindicateur date des vendanges pour un panel de vignobles franccedilais sur le site du ministegravere

ANNEXES

Annexes

189

Annexe 1GLOSSAIRE SIGLES ET ACRONYMES

Accumulation morainique Amas de deacutebris rocheux entraicircneacutes ou deacuteposeacutes par un glacier

Barrage morainique Barrage creacuteeacute par une accumulation morainique

Deacutebris geacutelifracteacutes Deacutebris provoqueacutes par lrsquoeacuteclatement des roches soumis aux cycles de gel et deacutegel

Deacutepression Reacutegion de lrsquoatmosphegravere caracteacuteriseacutee par une pression atmospheacute-rique plus basse que celle des reacutegions adjacentes situeacutees agrave la mecircme altitude Les deacutepressions sont geacuteneacuteralement accompagneacutees de mau-vais temps vents forts et preacutecipitations

Eacutecoulement turbulent Eacutecoulement dans lequel la vitesse preacutesente en tout point un caractegravere tourbillonnaire

Eacutechelle synoptique Comprend les pheacutenomegravenes atmospheacuteriques dont lrsquoordre de grandeur est de quelques milliers de kilomegravetres pour les dimensions horizontales de quelques kilomegravetres pour la dimension verticale et de quelques jours pour la dureacutee

Eacutetiage Niveau annuel le plus bas atteint par un cours drsquoeau en un point donneacute

Fluage Deacuteformation lente drsquoun mateacuteriau qui se produit sous lrsquoeffet drsquoune contrainte constante agrave tempeacuterature constante

Forccedilage anthropique Variation du flux de rayonnement reacutesultant (diffeacuterence entre lrsquoeacuteclairement descendant et lrsquoeacuteclairement ascendant exprimeacutee en W mndash 2) provenant de lrsquoaction de lrsquohomme

GIEC Groupe drsquoexperts intergouvernemental sur lrsquoeacutevolution du climat

Indice de refroidissement eacuteolien Tempeacuterature ressentie calculeacutee en tenant compte de la tempeacuterature de lrsquoair et de la vitesse du vent agrave tempeacute-rature donneacutee la sensation de froid eacutetant plus vive en preacutesence de vent que par temps calme

Lithologie Nature des roches formant un objet ensemble ou couche geacuteologique

Nappes seacutedimentaires Aquifegraveres formeacutes dans des formations seacutedimentaires telles que les grands bassins

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

190

Niveau pieacutezomeacutetrique Niveau de lrsquoeau souterraine mesureacutee par forage en un point et agrave un instant donneacute

Peacuteriode de retour Temps statistique entre deux occurrences drsquoun eacuteveacutenement naturel drsquoune intensiteacute donneacutee Une crue dont la peacuteriode de retour est de dix ans a chaque anneacutee une chance sur dix de se produire

Plan Blanc Dispositif de crise qui permet agrave un eacutetablissement de santeacute de mobi-liser immeacutediatement les moyens de toute nature dont il dispose en cas drsquoafflux de patients ou pour faire face agrave une situation sanitaire exceptionnelle Il peut ecirctre deacuteclencheacute par le directeur ou le respon-sable de lrsquoeacutetablissement qui en informe sans deacutelai le repreacutesentant de lrsquoEacutetat dans le deacutepartement ou agrave la demande de ce dernier

Plan Bleu Plan drsquoorganisation permettant la mise en œuvre rapide et coheacuterente des moyens indispensables permettant de faire face efficacement agrave une crise quelle qursquoen soit sa nature eacutelaboreacute sous la responsabi-liteacute du directeur drsquoun eacutetablissement meacutedicosocial

PLC Pathologies en lien avec la chaleur (coup de chaleur deacuteshydratationhellip)

PPI Plan particulier drsquointervention preacutepareacute par le repreacutesentant de lrsquoEacutetat dans le deacutepartement apregraves avis des maires et de lrsquoexploitant concerneacutes deacutefinissant les mesures agrave prendre aux abords des installations ou ouvrages dont les caracteacuteristiques sont fixeacutees par deacutecret en Conseil drsquoEacutetat Ils deacutefinissent lrsquoorganisation des secours en cas drsquoaccidents susceptibles drsquoaffecter les populations etou lrsquoenvironnement dans une installation classeacutee (installation nucleacuteaire usine chimique stoc-kage souterrain de gazhellip)

PPMS Plan particulier de mise en sucircreteacute des eacutetablissements scolaires face agrave un risque majeur qursquoil soit drsquoorigine naturelle (tempecircte inondation submersion marine seacuteisme mouvement de terrainhellip) technologique (nuage toxique explosion radioactiviteacutehellip) ou agrave des situations drsquour-gence particuliegraveres (intrusion de personnes eacutetrangegraveres attentatshellip) susceptibles de causer de graves dommages aux personnes et aux biens qui doit permettre la mise en œuvre des mesures de sauve-garde des eacutelegraveves et des personnels en attendant lrsquoarriveacutee des secours ou le retour agrave une situation normale

Probabiliteacutes Les termes suivants ont eacuteteacute utiliseacutes pour indiquer la probabiliteacute eacutevalueacutee drsquoun reacutesultat quasiment certain probabiliteacute de 99-100 tregraves probable 90-100 probable 66-100 agrave peu pregraves aussi pro-bable qursquoimprobable 33-66 improbable 0-33 tregraves improbable 0-10 exceptionnellement improbable 0-1 Pour plus drsquoinforma-tion se rapporter au rapport du GIEC notamment le Rapport de syn-thegravese du cinquiegraveme cycle drsquoeacutevaluation

Proxy mesure indirecte et approximative en cas drsquoindisponibiliteacute de mesure directe

Annexes

191

Reacuteassurance Opeacuteration par laquelle un assureur fait garantir par un autre assu-reur (reacuteassureur) tout ou partie des risques qursquoil a lui-mecircme couverts

Reacutesilience Capaciteacute de reacutesistance drsquoun systegraveme socio-eacutecologique face agrave une perturbation ou un eacuteveacutenement dangereux permettant agrave celui-ci drsquoy reacutepondre ou de se reacuteorganiser de faccedilon agrave conserver sa fonction essentielle son identiteacute et sa structure tout en gardant ses facul-teacutes drsquoadaptation drsquoapprentissage et de transformation

Sinistraliteacute Quantiteacute de sinistres qursquoune compagnie drsquoassurances devra rembour-ser compareacutee aux primes encaisseacutees

Tassement diffeacuterentiel Mouvement non uniforme drsquoenfoncement du sol sous lrsquoac-tion drsquoune charge Il peut de ce fait provoquer des dislocations des maccedilonneries comme lrsquoapparition de fissures

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

192

Annexe 2INDICATEUR RISQUE CLIMATIQUE

Plaquette DICOM Indicateur exposition des populations

INDICATEURS du changement climatique

Cet indicateur rend compte de lrsquoexposition des popula-

tions aux risques climatiques en France meacutetropolitaine

et en outre-mer Il envisage deacutesormais 5 niveaux

drsquoexposition tregraves fort fort moyen faible tregraves faible

La vulneacuterabiliteacute des territoires exposeacutes est

susceptible de srsquoaccroicirctre avec le changement climatique dans la mesure

ougrave lrsquoon srsquoattend agrave ce que certains eacuteveacutenements et extrecircmes meacuteteacuteorolo-

giques deviennent plus freacutequents plus reacutepandus ou plus intenses

LA PAROLE Agrave Veacuteronique ANTONI

chargeacutee de mission sols et risques naturels

Le risque climatique reacutesulte de la combinaison drsquoun eacuteveacutenement naturel lieacute au climat (inonda-tion tempecircte feu de forecirct) et de la vulneacuterabiliteacute des enjeux en preacutesence (population industrie patrimoinehellip) En 2016 18 des communes sont consideacutereacutees agrave risque fort ou tregraves fort 11 agrave risque moyen et 52 agrave risque

faible ou tregraves faible Pour un cin-quiegraveme des communes aucun

Lrsquoanalyse des eacuteveacutenements natu-rels importants permet en outre drsquoapprocher lrsquoeacutevolution reacuteelle des risques climatiques durant ces trois derniegraveres deacutecennies En effet depuis 1982 lrsquoeacutetat de catastrophe naturelle des com-

munes toucheacutees est constateacute par arrecircteacute interministeacuteriel Le nombre global des arrecircteacutes pour les eacuteveacute-nements climatiques varie for-tement chaque anneacutee mais

se deacutegage raquo

wwwstatistiquesdeveloppement-durablegouvfr

Exposition des populations aux risques climatiquesC

hangement clim

atiq

ue

et santeacute

Annexes

193

Exposition des populations aux risques climatiques

0 50 100 km

N

BONNE

PRATIQ

UE

Retrouvez lensemble des informations sur les indicateurs wwwonercgouvfr

MINISTEgraveREDE LA TRANSITION

EacuteCOLOGIQUEET SOLIDAIRE

ONERCObservatoire national

sur les effets du reacutechauffement climatique

85 circuits de guet sont activeacutes en moyenne chaque

anneacutee en peacuteriode de risques tregraves seacutevegraveres Durant la saison des feux de forecirct les risques font lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation quotidienne permettant de

lisation et de positionnement des moyens Le guet aeacuterien armeacute reacutepond agrave deux objectifs deacutetection preacutecoce des incendies naissants (le pilote alerte tout de suite sa base) et premiegravere intervention (le pilote effectue un premier largage permettant

sinon drsquoeacuteteindre le feu naissant du moins de ralentir sa pro-gression) Le guet aeacuterien armeacute est assureacute soit par deux avions Tracker (capaciteacute drsquoembarque-ment de 33 tonnes chacun) soit par un Canadair (6 tonnes) soit par un Dash (10 tonnes) Sur les 800 incendies recenseacutes en moyenne chaque eacuteteacute dans le Sud de la France 200 sont atta-queacutes par des moyens aeacuteriens Au cours des 10 derniers eacuteteacutes en moyenne 1 100 heures de vol ont eacuteteacute consacreacutees agrave ces mis-sions de surveillance

FEUX DE FOREcircT

Guet aeacuterien armeacute

INDICATEURS du changement climatique

Cette carte illustre le niveau drsquoexposition de la population aux risques naturels qui est susceptible drsquoaugmenter avec le changement climatique Lrsquoexposition est drsquoautant plus eacuteleveacutee que la densiteacute de population et le nombre de ces risques naturels

de lrsquoeacutetat de catastrophe naturelle parues agrave ce jour Lrsquoampleur des risques encourus deacutepend plus que jamais des choix reacutealiseacutes en matiegravere de deacuteveloppement et drsquoameacutenagement du territoire

DIC

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62 de la population est

exposeacutee de maniegravere

forte ou tregraves forte aux

risques climatiques

LE C

HIF

FRE

Source MTES Gaspar 2017 - Insee RP 2014 (2017 pour Mayotte) copyIGN BD Cartoreg 2010 Traitements SDES 2018

Guadeloupe Martinique Guyane La reacuteunion Mayotte

20 km 20 km 20 km 10 km100 km

Indice dexposition

Tregraves fort

Fort

Moyen

Faible

Tregraves faible

Aucun risque deacuteclareacute

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

194

Annexe 3DE NOUVEAUX INDICATEURS DE CHANGEMENT

DES EXTREcircMES MEacuteTEacuteOROLOGIQUES EN FRANCE

Un des volets importants du projet Extremoscope (GICC et MTESDRISR) a concerneacute le deacuteveloppement de nouveaux indicateurs permettant de caracteacuteriser les eacuteveacutenements extrecircmes Ces indicateurs permettent ensuite de construire des seacuteries chronologiques des eacuteveacutenements et ainsi drsquoeacutetudier comment leur freacutequence ou leurs caracteacuteristiques ont eacutevolueacute au cours des derniegraveres deacutecennies Ils per-mettent aussi de se projeter dans le futur dans la mesure ougrave les modegraveles clima-tiques sont capables de les reproduire de faccedilon reacutealiste

Vagues de chaleur

Un premier indicateur original qui a eacuteteacute deacuteveloppeacute concerne la caracteacuterisation des vagues de chaleur qui au contraire des indices utiliseacutes jusqursquoici pour le suivi climatique agrave Meacuteteacuteo-France peut ecirctre appliqueacute agrave lrsquoeacutechelle de reacutegions franccedilaises et est transposable agrave nrsquoimporte quelle condition climatique Gracircce agrave ce nouvel indicateur il est possible drsquoillustrer agrave lrsquoeacutechelle de chaque deacutepartement franccedilais le nombre drsquoeacuteveacutenements qui se sont produits dans la peacuteriode 1959-2015 et leur intensiteacute maximale au moyen des donneacutees de la reacuteanalyse drsquoobservations SAFRAN de Meacuteteacuteo-France (fig 1) Les reacutesultats de simulations climatiques du

Figure 1 ndash Climatologie des caracteacuteristiques des vagues de chaleur en France sur la peacuteriode 1959-2015

Fondeacutee sur lrsquoindicateur thermique deacutepartemental SAFRAN

Nombre cumuleacute drsquoeacuteveacutenements (agrave gauche) intensiteacute maximale moyenne (agrave droite)

Source Soubeyroux et al 2016

Annexes

195

projet europeacuteen Euro-CORDEX ont par ailleurs permis de se projeter dans le futur et de confirmer que la canicule de lrsquoeacuteteacute 2003 pourrait selon certains sceacutenarios devenir un eacuteveacutenement courant largement deacutepasseacute en intensiteacute et dureacutee par les vagues de chaleur les plus intenses de la fin de ce siegravecle (Ouzeau et al 2016 Soubeyroux et al 2016)

Eacutevolution des pluies extrecircmes dans le sud-est meacutediterraneacuteen de la France

Intensiteacute

Deux seacuteries sont repreacutesenteacutees sur le graphique

Seacuterie 1 laquo histogramme en ocre et vert raquo Rapport entre lrsquointensiteacute du maximum annuel du cumul quotidien de preacutecipitations et la valeur de reacutefeacute-rence (moyenne 1961-1990)Les valeurs infeacuterieures agrave la valeur moyenne eacutetablie sur la peacuteriode 1961-1990 sont repreacutesenteacutees en ocre celles supeacuterieures en vert

Seacuterie 2 laquo courbe en trait plein bistre raquo Moyenne glissante sur 11 ans du paramegravetre repreacutesenteacute sous forme drsquohistogramme Par construction de la moyenne glissante qui est centreacutee sur lrsquoanneacutee concerneacutee il nrsquoy a pas de valeur pour les cinq premiegraveres anneacutees de la seacuterie ni pour les cinq derniegraveres

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

196

Freacutequence

Deacutefinitions

Cumul quotidien de preacutecipitations quantiteacute drsquoeau recueillie entre J 06h UTC et J + 1 agrave 06h UTC

Donneacutees et meacutethodes

Les meacutethodes de construction des indicateurs de pluies extrecircmes sont baseacutees sur les travaux de lrsquoarticle publieacute par Ribes et al en 2018 (2018) Les donneacutees prises en compte pour le calcul de cet indicateur sont issues drsquoune seacutelection de seacuteries quotidiennes du reacuteseau drsquoobservation meacuteteacuteorologique de Meacuteteacuteo-France sur le pourtour meacutediterraneacuteen (deacutepartements des reacutegions Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes Cocircte drsquoAzur agrave lrsquoexception de la Corse ainsi que les deacutepartements du Tarn de lrsquoAveyron de lrsquoArdegraveche et de la Drocircme)

Deux seacuteries de donneacutees sont repreacutesenteacutees sur le graphique

Seacuterie 1 laquo histogramme en vert fonceacute raquo

Nombre annuel de jours avec un cumul de preacutecipitations supeacuterieur agrave 200 mm en reacutegion meacutediterraneacuteenne sur le reacuteseau de stations seacutelectionneacutees

Seacuterie 2 laquo histogramme en vert clair raquo

Nombre annuel de jours avec un cumul de preacutecipitations supeacuterieur agrave 150 mm en reacutegion meacutediterraneacuteenne sur le reacuteseau de stations seacutelectionneacutees

Annexes

197

Seacuteries quotidiennes de reacutefeacuterence

Lrsquohomogeacuteneacuteisation est un traitement statistique qui consiste agrave deacutetecter et corri-ger les biais dans les seacuteries de mesures afin de produire des seacuteries de reacutefeacuterence adapteacutees agrave lrsquoanalyse des eacutevolutions climatiques Ce traitement srsquoapplique agrave des seacuteries de moyennes mensuelles Or lrsquoanalyse des extrecircmes meacuteteacuteorologiques se base sur des donneacutees quotidiennes On utilise alors les seacuteries quotidiennes de reacutefeacuterence Ces derniegraveres ne sont pas corrigeacutees mais ont eacuteteacute seacutelectionneacutees en raison de leur qualiteacute en utilisant notamment les reacutesultats de lrsquohomogeacuteneacuteisation

Intensiteacute

Lrsquoindicateur intensiteacute correspond agrave lrsquointensiteacute du maximum annuel du cumul quo-tidien de preacutecipitations Il est calculeacute agrave partir drsquoune soixantaine de seacuteries seacutelec-tionneacutees parmi les seacuteries quotidiennes de reacutefeacuterence disponibles sur le pourtour meacutediterraneacuteen

Les critegraveres de seacutelection concernent une contrainte de couverture temporelle (nombre limiteacute de donneacutees manquantes) une contrainte sur la moyenne du maximum annuel calculeacutee sur la peacuteriode de

reacutefeacuterence 1961-1990 qui doit ecirctre au moins eacutegale agrave 60 mmjour

Chaque seacuterie retenue est normaliseacutee par sa moyenne sur la peacuteriode 1961-1990 Les seacuteries normaliseacutees sont ensuite regroupeacutees par classe de proximiteacute eacutevalueacutee agrave partir drsquoune meacutethode deacutecrite dans Ribes et al 2018 Les moyennes des seacuteries normaliseacutees sont calculeacutees pour chacune des classes et chaque anneacutee puis les moyennes de chaque classe sont elles-mecircmes moyenneacutees pour former la seacuterie temporelle de lrsquoindicateur

Freacutequence

Lrsquoindicateur freacutequence correspond au nombre de journeacutees de pluie intense meacutedi-terraneacuteenne On comptabilise une journeacutee de pluie intense degraves que le cumul quo-tidien de preacutecipitation deacutepasse un seuil donneacute (150 ou 200 mm) pour au moins une seacuterie parmi toutes les seacuteries quotidiennes de reacutefeacuterence disponibles sur le pourtour meacutediterraneacuteen (de lrsquoordre de 90 seacuteries)

Reacutefeacuterences

Le site des pluies extrecircmes de Meacuteteacuteo-France httppluiesextremesmeteofr

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

198

Annexe 4CONTRIBUTEURS ET REMERCIEMENTS

Cet ouvrage a eacuteteacute reacutealiseacute sous la direction de Laurent Michel directeur de lrsquoOb-servatoire national des effets du reacutechauffement climatique et drsquoEacuteric Brun secreacute-taire geacuteneacuteral

Auteurs

Vincent Bourcier Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Marie Carrega Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Christophe Corona GEOLAB CNRS Clermont-Ferrand France

Anaiumls Degache-Masperi Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Jeacuterocircme Duvernoy Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Nicolas Eckert Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Pierre Etchevers Meacuteteacuteo-France

Thierry Faug Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoen-vironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Florence Habets universiteacute Pierre-et-Marie-Curie

Florie Giacona Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Vincent Jomelli Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagriculture

Karine Laaidi Santeacute publique France

Jeacuterocircme Lopez-Saez Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Samuel Morin Meacuteteacuteo-France ndash Centre national de la recherche meacuteteacuteorologique Grenoble

Mohamed Naaim Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Mathilde Pascal Santeacute Publique France

Annexes

199

Serge Planton Meacuteteacuteo-France Institut Pierre-Simon-Laplace

Jean-Michel Soubeyroux Meacuteteacuteo-France

Laure Tourjansky MTES Direction geacuteneacuterale de la preacutevention des risques

Jean-Paul Vanderlinden universiteacute Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines

Robert Vautard Institut Pierre-Simon-Laplace

Sarah Voirin Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Emmanuel Vullierme MTES Direction geacuteneacuterale de la preacutevention des risques

Personnes ayant contribueacute agrave la relecture

Vincent Bourcier Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Eacuteric Brun Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Romain Cailleton Direction geacuteneacuterale de lrsquoeacutenergie et du climat

Marie Carrega Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Olivier David Direction geacuteneacuterale de lrsquoeacutenergie et du climat

Jeacuterocircme Duvernoy Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Freacutedeacuteric Schafferer Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Laure Tourjanski MTES Direction geacuteneacuterale de la preacutevention des risques

Sarah Voirin Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

  • Sommaire
  • Mot du preacutesident Ronan Dantec
  • Reacutesumeacute
  • Chapitre A ndash Introduction
  • Chapitre A ndash Introduction
    • Contexte
      • Chapitre A ndash Introduction
        • Eacuteveacutenements extrecircmes deacutefinitions
          • Chapitre A ndash Introduction
            • Risques lieacutes aux eacuteveacutenements extrecircmes deacutefinitions
              • Chapitre A ndash Introduction
                • Les extrecircmes meacuteteacuteorologiques du point de vue des sciences sociales
                  • Chapitre B ndash Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel
                  • Chapitre B ndash Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel
                    • Eacuteveacutenements extrecircmes deacutejagrave observeacutes coucircts humains et financiers
                      • Chapitre B ndash Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel
                        • Lien entre les changements deacutejagrave observeacutes et les activiteacutes humaines
                          • Chapitre C ndash Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene
                          • Chapitre C ndash Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene
                            • Quel sera lrsquoimpact futur du changement climatique sur les risques naturels majeurs
                              • Chapitre C ndash Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene
                                • Conclusions
                                  • Chapitre D ndash Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes
                                  • Chapitre D ndash Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes
                                    • La preacutevention et la gestion des risques un eacuteleacutement majeur de lrsquoadaptation au changement climatique
                                      • Chapitre D ndash Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes
                                        • La preacutevention des risques naturels majeurs un enjeu qui requiert la mobilisation de tous
                                          • Chapitre D ndash Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes
                                            • La preacutevention des risques une politique structureacutee et de long terme qui articule des actions compleacutementaires
                                              • Chapitre D ndash Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes
                                                • Reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute et de lrsquoexposition aux risques exemples de mise en oeuvre
                                                  • Conclusion
                                                  • Bibliographie
                                                  • Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire
                                                  • Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire
                                                    • Action internationale
                                                      • Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire
                                                        • Politique drsquoadaptation au changement climatique
                                                          • Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire
                                                            • Information formation et communication
                                                              • ANNEXES
                                                              • ANNEXES
                                                                • Annexe 1 ndash Glossaire sigles et acronymes
                                                                  • ANNEXES
                                                                    • Annexe 2 ndash Indicateur risque climatique
                                                                      • ANNEXES
                                                                        • Annexe 3 ndash De nouveaux indicateurs de changement des extrecircmes meacuteteacuteorologiques en France
                                                                          • ANNEXES
                                                                            • Annexe 4 ndash Contributeurs et remerciements
Page 3: Les événements météorologiques extrêmes

Publications de lrsquoONERC agrave la Documentation franccedilaise

Un climat agrave la deacuterive comment srsquoadapter Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2005

Strateacutegie nationale drsquoadaptation au changement climatique La Documentation franccedilaise Paris 2007

Changements climatiques et risques sanitaires en France Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2007

Changement climatique Coucircts des impacts et pistes drsquoadaptation Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2009

Villes et adaptation au changement climatique Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2010

Lrsquoadaptation de la France au changement climatique Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2012

Les outre-mer face au deacutefi du changement climatique Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2013

Lrsquoarbre et la forecirct agrave lrsquoeacutepreuve drsquoun climat qui change Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2014

Le littoral dans le contexte du changement climatique Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2015

Adaptation au changement climatique eacutevaluation de la deacutemarche nationale et recommandations Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2016

Vers un 2e plan drsquoadaptation au changement climatique pour la France Enjeux et recommandations Rapport de lrsquoONERC au Premier ministre et au Parlement La Documentation franccedilaise Paris 2017

En application de la loi du 11 mars 1957 (art 41) et du Code de la proprieacuteteacute intellectuelle du 1er juillet 1992 compleacuteteacutes par la loi du 3 janvier 1995 toute reproduction partielle ou totale agrave usage collectif de la preacutesente publication est strictement interdite sans autorisation expresse de lrsquoeacutediteur Il est rappeleacute agrave cet eacutegard que lrsquousage abusif et collectif de la photocopie met en danger lrsquoeacutequilibre eacuteconomique des circuits du livre

copy Direction de lrsquoinformation leacutegale et administrative Paris 2018 ISBN 978-2-11-145703-4

3

Sommaire

MOT DU PREacuteSIDENT RONAN DANTEC 5

REacuteSUMEacute 7

Chapitre A

Introduction 11

Contexte 13

Eacuteveacutenements extrecircmes deacutefinitions 14

Risques lieacutes aux eacuteveacutenements extrecircmes deacutefinitions 21

Les extrecircmes meacuteteacuteorologiques du point de vue des sciences sociales 24

Chapitre B

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel 27

Eacuteveacutenements extrecircmes deacutejagrave observeacutes coucircts humains et financiers 29

Lien entre les changements deacutejagrave observeacutes et les activiteacutes humaines 54

Chapitre C

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene 61

Quel sera lrsquoimpact futur du changement climatique sur les risques naturels majeurs 63

Conclusions 87

Chapitre D

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes 89

La preacutevention et la gestion des risques un eacuteleacutement majeur de lrsquoadaptation au changement climatique 91

La preacutevention des risques naturels majeurs un enjeu qui requiert la mobilisation de tous 94

La preacutevention des risques une politique structureacutee et de long terme qui articule des actions compleacutementaires 100

Reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute et de lrsquoexposition aux risques exemples de mise en œuvre 139

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

4

Conclusion 153

Bibliographie 159

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire 169

Action internationale 171

Politique drsquoadaptation au changement climatique 177

Information formation et communication 178

ANNEXES 187

Annexe 1Glossaire sigles et acronymes 189

Annexe 2Indicateur risque climatique 192

Annexe 3De nouveaux indicateurs de changement des extrecircmes meacuteteacuteorologiques en France 194

Annexe 4Contributeurs et remerciements 198

5

Mot du preacutesident Ronan Dantec

Il y a un an le cyclone Irma deacutevastait plusieurs icircles des Antilles Plus important cyclone depuis Allen en 1980 nous en connaissons les conseacutequences tragiques des morts dans une dizaine de pays des deacutegacircts estimeacutes entre 50 et 100 milliards de dollars

Les scientifiques nous disent aujourdrsquohui que la puissance de ces laquo super-cyclones raquo plus que leur nombre peut ecirctre correacuteleacutee avec le reacutechauffement climatique en cours les tempeacuteratures de lrsquoeau et de lrsquoair Il est donc probable que ces pheacutenomegravenes extrecircmes se reproduisent nous devons nous y preacuteparer

Les difficulteacutes rencontreacutees dans la reconstruction de Saint-Martin ougrave 90 des espaces de vie ont eacuteteacute deacutetruits ou gravement endommageacutes doivent nous interpel-ler et nous amener agrave deacutefinir des orientations majeures dans les choix de recons-truction des bacirctiments la conception des reacuteseaux les systegravemes drsquoassurance incluant le suivi administratif des droits de proprieacuteteacute Crsquoest un lieu commun de souligner que territoires riches et pauvres nrsquoont pas les mecircmes capaciteacutes de reacutesilience de mobilisation des fonds neacutecessaires agrave leur reconstruction Les dif-feacuterences dans la rapiditeacute de reconstruction des diffeacuterentes icircles antillaises disent mieux qursquoun long discours cette reacutealiteacute que nous ne devons pas occulter

Les cyclones antillais ne sont pas la seule conseacutequence extrecircme du changement climatique que nous vivons ces derniers mois canicules incendies meurtriers et deacutevastateurs en Gregravece en Californie et mecircme en Scandinavie seacutecheresseshellip le monde se confronte chaque jour davantage aux conseacutequences du deacuteregraveglement La mission de lrsquoONERC devient ainsi chaque jour plus strateacutegique ses conclu-sions et propositions seront de plus en plus attendues

Ce travail speacutecifique sur les eacuteveacutenements climatiques extrecircmes le premier dont se saisit la commission speacutecialiseacutee mise en place au sein du Conseil national de la transition Eacutecologique est aussi lrsquooccasion de preacuteciser la maniegravere dont nous allons travailler dans la dureacutee agrave partir des thegravemes que nous choisissons collec-tivement Les grands principes qui nous guideront et dont je suis garant en tant que preacutesident de cette commission speacutecialiseacutee doivent ecirctre la colleacutegialiteacute en eacutetant attentif au dialogue et agrave lrsquoeacutecoute entre tous les acteurs lrsquoanalyse sans tabou des reacuteponses apporteacutees parfois dans lrsquourgence aux situations rencontreacutees lrsquoab-sence drsquoautocensure mais en cherchant le consensus dans la deacutefinition de pro-positions agrave la hauteur des enjeux Sans ces exigences nos travaux seront vains

copy Gaeumll Arnaud

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

6

Articuleacute au deuxiegraveme Plan national drsquoadaptation au changement climatique qui est notre feuille de route pour les prochaines anneacutees le travail de notre com-mission doit permettre drsquoenrichir et de guider lrsquoaction publique de mieux lrsquoarticu-ler avec les dynamiques de terrain des acteurs eacuteconomiques des associations des chercheurs et des eacutelus locaux Crsquoest un programme ambitieux mais face agrave la rapiditeacute du deacuteregraveglement climatique nous ne pouvons nous soustraire agrave notre responsabiliteacute collective

7

Reacutesumeacute

Notre planegravete est le theacuteacirctre de nombreuses menaces naturelles tempecirctes cyclones inondations mouvements de terrain seacutecheresses Les conseacutequences des catastrophes naturelles sont souvent dramatiques tant du point de vue du bilan humain qursquoen termes de dommages eacuteconomiques La France a eacuteteacute particu-liegraverement eacuteprouveacutee par la canicule de lrsquoeacuteteacute 2003 qui a provoqueacute un excegraves de pregraves de 15 000 deacutecegraves Quant au bilan financier les rapports reacutecents des caisses de reacuteassurance montrent que les coucircts mondiaux des deacutesastres meacuteteacuteorologiques ont atteint un record en 2017 avec plus de 400 milliards de dollars pour ceux ayant pu ecirctre estimeacutes

On parle drsquoeacuteveacutenements extrecircmes ou drsquoextrecircmes climatiques pour deacutesigner agrave la fois les pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques et les pheacutenomegravenes climatiques Le GIEC deacutefinit dans son cinquiegraveme rapport de synthegravese les pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques extrecircmes comme des pheacutenomegravenes rares se produisant en un endroit donneacute et agrave un moment particulier de lrsquoanneacutee Lorsque des conditions climatiques extrecircmes se prolongent on parle de pheacutenomegravene climatique extrecircme

Le preacutesent rapport deacutecrit lrsquoeacutetat de lrsquoart dans le domaine des eacuteveacutenements extrecircmes leur observation leur eacutevolution dans un climat changeant la politique de preacuteven-tion des risques naturels dont les systegravemes de preacutevision et drsquoalerte les crises et leur gestion la reacutesilience et les pistes drsquoadaptation

Les vagues de chaleur font partie des extrecircmes climatiques les plus preacuteoccu-pants au regard de la vulneacuterabiliteacute de nos socieacuteteacutes et de lrsquoeacutevolution attendue au XXIe siegravecle Lrsquoaugmentation de la freacutequence et de lrsquointensiteacute des vagues de chaleur en France est sans eacutequivoque les vagues de chaleur recenseacutees depuis 1947 agrave lrsquoeacutechelle nationale ont eacuteteacute deux fois plus nombreuses au cours des trente-quatre derniegraveres anneacutees que sur la peacuteriode anteacuterieure

On observe eacutegalement en France une augmentation en freacutequence et en intensiteacute des seacutecheresses Lrsquoextension moyenne des seacutecheresses des sols est tregraves nette depuis les anneacutees 1990 Depuis le deacutebut du XXIe siegravecle douze anneacutees sur dix-sept ont deacutepasseacute la moyenne des surfaces toucheacutees sur la peacuteriode 1961-1990 et les anneacutees 2003 2005 2011 et aussi 2017 ont occasionneacute des seacutecheresses de grande ampleur

Pour ce qui concerne lrsquoeacutevolution du risque de feux de forecircts et de broussailles on constate deacutejagrave une hausse marqueacutee de lrsquoIndice feu meacuteteacuteo (IFM) moyen de 18 sur la peacuteriode 1958-2008 sur lrsquoensemble du territoire franccedilais indiquant des condi-tions meacuteteacuteorologiques de plus en plus propices aux incendies

Les mouvements de sol induits par le retrait-gonflement des argiles constituent eacutegalement un risque majeur en raison de lrsquoampleur des deacutegacircts mateacuteriels qursquoils provoquent notamment parce qursquoils touchent la structure mecircme des bacirctiments

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

8

Et ce pheacutenomegravene de retrait-gonflement des argiles srsquoamplifie avec le changement climatique au point drsquoavoir engendreacute 86 milliards drsquoeuros drsquoindemnisation pour des centaines de milliers de maisons en France pour la peacuteriode 1990-2013 En ce qui concerne lrsquoeacutevolution de lrsquointensiteacute et de la freacutequence des pluies intenses lrsquoamplitude des pluies journaliegraveres les plus fortes sur le pourtour meacutediterraneacuteen a augmenteacute de 20 environ entre 1960 et aujourdrsquohui En automne sur les Ceacutevennes la probabiliteacute de deacutepasser aujourdrsquohui des seuils eacuteleveacutes (300 mmjour) comme ceux observeacutes en 2014 a environ tripleacute en soixante-cinq ans En termes de freacutequence le nombre drsquoeacuteveacutenements geacuteneacuterant des cumuls de pluie supeacuterieurs agrave 200 mm est eacutegalement en hausse significative du point de vue sta-tistique depuis 2000

Parmi les eacuteveacutenements extrecircmes les plus meacutediatiseacutes aujourdrsquohui on observe eacutegale-ment une augmentation de lrsquoactiviteacute des cyclones tropicaux dans lrsquoAtlantique nord depuis les anneacutees 1970 et une forte augmentation de leur freacutequence dans les anneacutees 2000 En 2005 on a ainsi releveacute vingt-sept systegravemes cycloniques contre une dizaine par an en moyenne De mecircme la saison 2017 srsquoest distingueacutee avec le nombre record drsquoouragans majeurs (six eacuteveacutenements de cateacutegorie supeacuterieure agrave 3 dont trois ouragans de cateacutegorie 5 Irma Joseacute et Maria)

Agrave plus haute altitude crsquoest lrsquoactiviteacute avalancheuse qui a augmenteacute en particulier dans les massifs du sud des Alpes franccedilaises

Pris de maniegravere indeacutependante aucun eacuteveacutenement climatique ne peut ecirctre attribueacute en tant que tel au changement climatique Toutefois les travaux de recherche eacuteta-blissent que le changement climatique vient modifier la probabiliteacute drsquooccurrence de certains aleacuteas Cela concerne les vagues de chaleur certains types de seacuteche-resses les preacutecipitations intenses dans certaines reacutegions les cyclones les plus intenses et la hausse du niveau des mers

En meacutetropole on peut ainsi anticiper que degraves la peacuteriode 2021-2050 les vagues de chaleur estivales deviendront plus freacutequentes plus longues et plus intenses avec des eacutevolutions plus marqueacutees encore pour le quart Sud-Est de la France Drsquoici la fin du siegravecle pour le sceacutenario tendanciel un eacutepisode tel que celui de lrsquoeacuteteacute 2003 deviendrait courant voire serait reacuteguliegraverement deacutepasseacute tant en intensiteacute qursquoen dureacutee Agrave lrsquoinverse les vagues de froid seront moins freacutequentes moins longues et moins intenses mais ne disparaicirctront pas complegravetement

Le risque de seacutecheresse devrait srsquoaggraver avec une aggravation plus rapide et plus intense des seacutecheresses lieacutees au deacuteficit de preacutecipitation et agrave lrsquoaugmenta-tion de lrsquoeacutevapotranspiration des sols La France risque donc de connaicirctre drsquoici 2100 des seacutecheresses agricoles quasi continues et de grande intensiteacute totale-ment inconnues dans le climat actuel

Les eacutevolutions attendues pour les pluies extrecircmes sont variables geacuteographique-ment cependant une tendance geacuteneacuterale se dessine avec une augmentation de la quantiteacute de pluie tombant au cours des eacutepisodes les plus extrecircmes ndash comme les pheacutenomegravenes dits laquo ceacutevenols raquo (voir annexe 3) ndash principalement en hiver avec

Reacutesumeacute

9

de plus une extension des zones impacteacutees au-delagrave des reacutegions habituellement toucheacutees notamment vers le Sud-Est ou les Pyreacuteneacutees

Les territoires exposeacutes aux risques drsquoincendies de forecircts devraient ecirctre plus eacutetendus couvrant une part importante de la forecirct des Landes agrave lrsquohorizon 2040 et les forecircts de Sologne agrave lrsquohorizon 2060

Le reacutechauffement des oceacuteans accompagneacute de la fonte des glaciers engendre une hausse du niveau marin de plusieurs millimegravetres par an en acceacuteleacuteration sur les derniegraveres deacutecennies Drsquoici 2100 la hausse devrait ecirctre de plusieurs dizaines de centimegravetres voire un megravetre de maniegravere non uniforme selon les cocirctes Cela est de nature agrave accroicirctre le risque de submersion marine mais aussi selon les cocirctes les effets drsquoeacuterosion littorale

Dans les Alpes franccedilaises drsquoici la fin du siegravecle le nombre drsquoavalanches devrait diminuer tandis que les deacuteclenchements de laves torrentielles devraient augmen-ter significativement

Les eacutetudes actuelles ne permettent pas de mettre en eacutevidence une tendance future notable sur lrsquoeacutevolution du risque de vent violent lieacute aux tempecirctes En outre-mer les simulations du climat pour le XXIe siegravecle indiquent que les cyclones ne devraient pas ecirctre plus nombreux mais plus intenses

LrsquoOrganisation meacuteteacuteorologique mondiale rappelle que les pheacutenomegravenes lieacutes au temps au climat et agrave lrsquoeau sont agrave lrsquoorigine de 90 des catastrophes naturelles Qursquoils soient drsquoorigine climatique ou non la reacuteponse aux eacuteveacutenements extrecircmes mise en place par la politique de preacutevention des risques naturels majeurs vise agrave preacutevenir les atteintes agrave la vie humaine reacuteduire les conseacutequences preacutevisibles et les dommages potentiels des eacuteveacutenements agrave geacuterer les crises et les catastrophes quand elles surviennent anticiper les situations post-crise et reacuteparer les dommages

En France cette politique srsquoappuie sur un socle comprenant le dispositif laquo reacutegime CatNat raquo instaureacute en 1982 qui repose sur un meacutecanisme public-priveacute de solidariteacute nationale couvrant tous les particuliers disposant drsquoun contrat drsquoassurance laquo dom-mages raquo pour lrsquoindemnisation et le Fonds de Preacutevention des Risques Naturels Majeurs (FPRNM dit laquo Fonds Barnier raquo) creacuteeacute en 1995 pour la soutien agrave la preacuteven-tion La preacutevention des risques repose historiquement sur la mobilisation drsquooutils de maicirctrise de lrsquourbanisme dans les zones agrave risques et de reacuteduction de la vulneacutera-biliteacute du bacircti existant tel que le plan de preacutevention des risques naturels (PPRN) Elle srsquoinscrit de plus en plus dans une approche complegravete de tous les axes de la preacutevention en particulier dans les programmes drsquoaction de preacutevention du risque drsquoinondation (PAPI) porteacutes par les collectiviteacutes locales

La preacutevention des risques naturels majeurs doit se faire sur des territoires perti-nents Dans le cas des inondations elle se fait ainsi agrave des eacutechelles emboicircteacutees agrave la fois agrave lrsquoeacutechelle du bassin hydrographique du bassin versant et du territoire agrave risque important drsquoinondation dans des deacutemarches drsquoameacutenagement durable des territoires

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

10

La preacutevention des risques naturels articule sept axes drsquoaction qui sont chacun indispensables et doivent ecirctre mis en œuvre de maniegravere compleacutementaire connais-sance surveillance information maicirctrise de lrsquourbanisme reacuteduction de la vulneacute-rabiliteacute gestion de crise retour drsquoexpeacuterience Dans le cadre de lrsquoeacutelaboration du deuxiegraveme plan national drsquoadaptation au changement climatique (PNACC-2) les dis-cussions relatives agrave la preacutevention des risques naturels et agrave la reacutesilience des ter-ritoires ont conforteacute la politique mise en œuvre la prioriteacute est sa mise en œuvre efficace par tous les acteurs Ainsi est ressortie la neacutecessiteacute drsquoun portage local de cette politique qui dans la dureacutee devrait ecirctre de moins en moins jacobine et eacutemaner de plus en plus des territoires le besoin plus important que jamais drsquoune mise agrave jour des connaissances et drsquoun approfondissement de la connaissance des aleacuteas les plus impacteacutes par le changement climatique la mise en place drsquoou-tils nouveaux non plus pour reacuteduire la vulneacuterabiliteacute des territoires mais pour per-mettre leur transformation et ainsi leur adaptation aux eacuteveacutenements climatiques actuels et futurs Les actions preacutevues dans le PNACC-2 complegravetent ainsi la preacute-vention des risques naturels par le mise en exergue drsquooutils tregraves transversaux comme le deacuteveloppement drsquoun service drsquoattribution des eacuteveacutenements extrecircmes lrsquoadaptation de la gestion forestiegravere agrave lrsquoaccroissement preacutevisible des risques drsquoin-cendies en termes de freacutequence drsquooccurrences et de surfaces concerneacutees la limi-tation de la consommation drsquoespaces naturels agricoles et forestiers la meilleure infiltration des preacutecipitations dans le sol la meilleure reacutesilience des bacirctiments la transformation des territoires les plus exposeacutes aux effets du changement cli-matiquehellip Ils permettront de minimiser les impacts attendus du changement cli-matique en renforcement des politiques deacutejagrave en place de gestion des risques naturels majeurs et des risques sanitaires

Des exemples de mise en œuvre locale drsquoactions visant agrave reacuteduire les risques naturels sont preacutesenteacutes

Lrsquoameacutelioration continue des connaissances permettra de preacuteciser les impacts futurs du changement climatique Les incertitudes ineacutevitables ne doivent pas empecirccher une action indispensable pour se preacuteparer degraves agrave preacutesent agrave une tem-peacuterature moyenne mondiale supeacuterieure de 2 degC agrave celle de lrsquoegravere preacuteindustrielle Lrsquoeffort meneacute pour lrsquoatteacutenuation nrsquoenlegraveve aucune pertinence aux actions drsquoadap-tation au changement climatique qui sont clairement compleacutementaires Le chan-gement climatique donne une nouvelle actualiteacute agrave la preacutevention des risques naturels et fait ressortir la neacutecessiteacute de la mobiliser au mieux La limitation de lrsquoexposition drsquoenjeux (habitations entreprises hellip) existants ou nouveaux doit plus que jamais ecirctre une prioriteacute dans le contexte drsquoaleacuteas croissants et se faire dans une deacutemarche drsquoameacutenagement durable des territoires en articulation eacutetroite avec drsquoautres politiques comme celle de la gestion de lrsquoeau de preacuteservation de la nature ou de la construction

Chapitre AIntroduction

copy Cerema

Introduction

13

Contexte

Auteur Jeacuterocircme Duvernoy

MTES DGECSCEEONERC

Notre planegravete est le theacuteacirctre de nombreuses menaces naturelles tempecirctes cyclones inondations mouvements de terrain seacutecheresses Les conseacutequences des catastrophes naturelles sont souvent dramatiques tant du point de vue du bilan humain qursquoen termes de dommages eacuteconomiques 1 LrsquoOrganisation meacuteteacuteo-rologique mondiale rappelle que les pheacutenomegravenes lieacutes au temps au climat et agrave lrsquoeau sont agrave lrsquoorigine de 90 des catastrophes naturelles Les rapports reacutecents des reacuteassureurs le deacutemontrent avec des chiffres saisissants en 2017 les coucircts mondiaux des deacutesastres meacuteteacuteorologiques ont atteint un record avec plus de 400 milliards de dollars pour ceux ayant pu ecirctre estimeacutes 2 Pour certains aleacuteas le contexte de changement climatique pourrait se traduire par une recrudescence des eacuteveacutenements extrecircmes ou des impacts accrus en termes de risques pour les populations et les activiteacutes eacuteconomiques exposeacutees de santeacute et de fragilisation des eacutecosystegravemes Cela concernerait les vagues de chaleur certains types de seacutecheresses les preacutecipitations intenses dans certaines reacutegions les aleacuteas gravi-taires qui leur sont souvent associeacutees en zone de relief (glissements de terrain laves torrentielles avalanches etc) les cyclones les plus intenses et la hausse du niveau des mers Le degreacute de certitude de ces tendances (voire de leur exis-tence ou de leur sens drsquoeacutevolution) deacutepend toutefois du type drsquoeacuteveacutenement et de la zone consideacutereacutes

On distingue les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes et les eacuteveacutenements clima-tiques extrecircmes qui ne se situent pas sur la mecircme freacutequence temporelle Ainsi les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes sont typiquement associeacutes agrave des pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques eacutevoluant dans une eacutechelle de temps infeacuterieure agrave une journeacutee ou au maximum de quelques jours tandis que les eacuteveacutenements cli-matiques extrecircmes surviennent sur une peacuteriode plus longue Ils peuvent reacutesul-ter de lrsquoaccumulation de plusieurs eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques (extrecircmes ou non) Par exemple lrsquoaccumulation de jours faiblement pluvieux tout au long de la saison peut conduire agrave une saison nettement en dessous de la moyenne voire agrave une seacutecheresse

Dans un souci de simplification et selon la terminologie usuellement utiliseacutee ce rapport emploiera le terme drsquo laquo extrecircme climatique raquo pour deacutesigner soit un pheacuteno-megravene meacuteteacuteorologique extrecircme soit un eacuteveacutenement climatique extrecircme Bien qursquoils srsquoagissent drsquoeacuteveacutenements naturels les seacuteismes et les eacuteruptions volcaniques sont exclus de cette eacutetude car sans lien avec le changement climatique

1 Livre blanc Feacutedeacuteration franccedilaise de lrsquoassurance (FFA) 2015

2 NOAA Ball State University Center for Business and Economic Research Reuters CoreLogic

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

14

Par deacutefinition 3 les eacuteveacutenements climatiques sont qualifieacutes drsquoextrecircmes lorsqursquoune variable meacuteteacuteorologique ou climatique prend une valeur situeacutee au-dessus (ou au-dessous) drsquoun seuil proche de la limite supeacuterieure (ou infeacuterieure) de la plage des valeurs observeacutees pour cette variable Le cinquiegraveme rapport de synthegravese du GIEC (AR5) 4 nous rappelle qursquoil srsquoagit drsquoun pheacutenomegravene rare en un endroit et agrave un moment de lrsquoanneacutee Mecircme si les deacutefinitions du mot rare varient un pheacutenomegravene meacuteteacuteoro-logique extrecircme devrait normalement se produire rarement les seuils eacutetant fixeacutes de telle maniegravere que moins de 10 des pheacutenomegravenes observeacutes soient qualifieacutes drsquoextrecircmes Ces seuils sont eacutegalement deacutefinis en fonction du besoin projections statistiques assurance social eacuteconomiquehellip Dans lrsquoabsolu les caracteacuteristiques de conditions meacuteteacuteorologiques qualifieacutees drsquoextrecircmes peuvent varier drsquoun lieu agrave un autre Selon le type drsquoeacuteveacutenement le changement climatique pourrait avoir un impact sur la freacutequence (rareteacute) ou sur lrsquointensiteacute des eacuteveacutenements extrecircmes

Ce rapport est composeacute de plusieurs chapitres Lrsquointroduction rappelle le contexte et les deacutefinitions mais donne eacutegalement un point de vue plus social Le chapitre B est consacreacute aux eacuteveacutenements extrecircmes passeacutes Le chapitre suivant srsquointerroge sur les eacutevolutions possibles de ces diffeacuterents eacuteveacutenements dans un contexte de changement climatique Une seacutelection drsquoeacuteveacutenements reacutecents est eacutetudieacutee en deacutetail Les derniers chapitres sont consacreacutes agrave la politique franccedilaise drsquoadapta-tion au changement climatique et de gestion des risques naturels majeurs aux exemples drsquoadaptation possibles et agrave la conclusion Les eacuteveacutenements extrecircmes sont passeacutes en revue en commenccedilant par les eacuteveacutenements climatiques et leurs impacts puis les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques Les effets de cascade ou effet domino drsquoun eacuteveacutenement deacuteclencheur drsquoun autre eacuteveacutenement majeur ne sont pas eacutetudieacutes dans ce rapport

Eacuteveacutenements extrecircmes deacutefinitions

Auteur Jeacuterocircme Duvernoy

MTES DGECSCEEONERC

Vagues de chaleur canicules vagues de froid de quoi parle-t-on LrsquoOMM deacutefinit les vagues de chaleur comme un temps inhabituellement chaud et sec ou chaud et humide qui dure au moins deux agrave trois jours et qui produit le plus souvent un impact sensible sur la santeacute humaine et les systegravemes naturels Dans le volume 4 du rapport Le climat de la France au 21e siegravecle (Ouzezau et al 2014) les vagues de chaleur eacutetaient deacutefinies comme des peacuteriodes de cinq jours conseacutecutifs avec une tempeacuterature maximale supeacuterieure de 5 degreacutes agrave la normale 1976-2005 Une meacutethode de deacutetection a posteriori des vagues de chaleur a eacuteteacute mise au point dans

3 Managing the Risks of Extreme Events and Disasters to Advance Climate Change Adaptation httpswwwipccchreportsrex

4 httpswwwipccchreportar5syr

Introduction

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le cadre du projet Extremoscope pour ecirctre applicable agrave toutes les eacutechelles spa-tiales et tous les horizons temporels (Soubeyroux et al 2016)

Les deacutefinitions issues du Plan national canicule 5 font office de reacutefeacuterence pour le deacuteclenchement des alertes La canicule y est deacutefinie comme une peacuteriode ougrave les moyennes glissantes sur trois jours des tempeacuteratures minimales et maximales atteignent des seuils drsquoalerte deacutepartementaux ces seuils pouvant ecirctre moduleacutes par des facteurs aggravants de la chaleur (humiditeacute preacutecociteacute pollution de lrsquoair fac-teurs populationnels de type grands rassemblementshellip) en lien avec les Agences reacutegionales de santeacute (ARS) La canicule est donc caracteacuteriseacutee par des peacuteriodes de tempeacuteratures eacuteleveacutees de jour comme de nuit Ces peacuteriodes sont susceptibles de constituer un risque pour lrsquoensemble de la population exposeacutee

On parle drsquoeacutepisode persistant de chaleur lorsque les tempeacuteratures sont eacuteleveacutees et perdurent dans le temps (plus de trois jours) proche ou en dessous des seuils drsquoalerte deacutepartementaux et de pic de chaleur pour lrsquoatteinte de tempeacuteratures maximales pouvant atteindre des records mais sur une dureacutee tregraves courte (un agrave deux jours)

Une vague de froid est un eacutepisode de temps froid caracteacuteriseacute par sa persistance son intensiteacute et son eacutetendue geacuteographique pendant au moins deux jours les tempeacuteratures atteignent des valeurs nettement infeacuterieures (de 5 degC) agrave une valeur de reacutefeacuterence de la reacutegion concerneacutee En France la vigilance meacuteteacuteorologique utilise comme indicateur lrsquoindice de refroidissement eacuteolien prenant en compte lrsquoeffet de la tempeacuterature et du vent et un seuil unique pour toute la France

Il faut distinguer plusieurs types de seacutecheresses (Wilhite et Glantz 1985) La seacutecheresse meacuteteacuteorologique correspond agrave un deacuteficit prolongeacute de preacutecipitations La seacutecheresse agricole se caracteacuterise par un deacuteficit en eau des sols superfi-

ciels (entre 1 et 2 m de profondeur) suffisant pour alteacuterer le bon deacuteveloppement de la veacutegeacutetation Elle deacutepend des preacutecipitations et tient compte de lrsquoeacutevapora-tion des sols et de la transpiration des plantes (lrsquoeau puiseacutee par les racines est eacutevaporeacutee au niveau des feuilles) La seacutecheresse agricole est donc sensible aux preacutecipitations agrave lrsquohumiditeacute et agrave la tempeacuterature de lrsquoair au vent mais aussi agrave la nature des plantes et des sols

La seacutecheresse hydrologique se manifeste lorsque les lacs riviegraveres ou nappes souterraines montrent des niveaux anormalement bas Elle deacutepend des preacutecipi-tations mais aussi de lrsquoeacutetat du sol influant sur le ruissellement et lrsquoinfiltration Le reacuteseau hydrographique deacutetermine les temps de reacuteponse aux deacuteficits de preacute-cipitations observeacutes sur diffeacuterentes peacuteriodes

La seacutecheresse geacuteotechnique est une peacuteriode de longueur variable caracteacute-riseacutee par un deacuteficit pluviomeacutetrique plus ou moins marqueacute et se traduisant par une diminution de la teneur en eau de lrsquohorizon du sous-sol

5 httpssolidarites-santegouvfractualitespressecommuniques-de-pressearticleplan-national-canicule

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Lrsquoincendie de forecirct ou feux de forecirct est laquo une combustion qui se deacuteveloppe sans controcircle dans le temps et dans lrsquoespace raquo En plus des forecircts au sens strict les incendies concernent des formations subforestiegraveres de petite taille par exemple le maquis la garrigue et les landes drsquoau moins un hectare

En France meacutetropolitaine trente-deux deacutepartements sont aujourdrsquohui identifieacutes par le Code forestier comme particuliegraverement exposeacutes au risque de feux de forecirct La reacutegion meacutediterraneacuteenne (avec 4 millions drsquohectares de maquis) et le massif aqui-tain (avec 1 million drsquohectares de forecircts de pins dans les Landes) sont les reacutegions les plus exposeacutees au risque incendie Les laquo feux de forecircts raquo se produisent prin-cipalement en eacuteteacute mais peuvent eacutegalement se deacutevelopper en hiver du fait de la seacutecheresse dans certaines reacutegions Les conditions meacuteteacuteorologiques (vent chaleur hygromeacutetrie seacutecheresse) ont une grande influence sur la nature des feux de forecircts

Le retrait par assegravechement des sols argileux lors drsquoune seacutecheresse prononceacutee (seacutecheresse geacuteotechnique) etou durable produit des deacuteformations de la surface des sols (tassements diffeacuterentiels) Il peut ecirctre suivi de pheacutenomegravenes de gonflement au fur et agrave mesure du reacutetablissement des conditions hydrogeacuteologiques initiales ou plus rarement de pheacutenomegravenes de fluage avec ramollissement Le pheacutenomegravene de retrait-gonflement des argiles engendre reacuteguliegraverement sur le territoire franccedilais des deacutegacircts consideacuterables aux bacirctiments ayant deacutepasseacute 60 millions drsquoeuros cumuleacutes par deacutepartement entre 1989 et 1998 En raison notamment de leurs fondations superficielles les maisons individuelles sont particuliegraverement vulneacuterables agrave ce pheacutenomegravene Plus de 4 millions de maisons seraient potentiellement exposeacutees 6

Les pluies extrecircmes 7 sont caracteacuteriseacutees par lrsquoapport drsquoune importante quantiteacute drsquoeau sur une courte dureacutee (drsquo1 heure agrave une journeacutee) Cette quantiteacute peut eacutegaler celle reccedilue habituellement en un mois voire en plusieurs mois Des cumuls de lrsquoordre de 50 mm en 24 heures dans la plupart des reacutegions de plaine et de lrsquoordre de 100 mm en 24 heures dans les reacutegions montagneuses sont consideacutereacutes comme des seuils critiques Le deacutepassement de ces seuils peut provoquer lorsque la nature du terrain srsquoy precircte de graves inondations Pour les pheacutenomegravenes les plus violents le cumul des preacutecipitations deacutepasse geacuteneacuteralement les 100 mm en une heure Dans le Sud de la France les cumuls observeacutes peuvent mecircme deacutepasser 500 mm en 24 heures

Les tempecirctes et les cyclones 8 La deacutenomination de vent violent srsquoapplique en meacuteteacuteorologie aux vents de force 10 agrave 12 sur lrsquoeacutechelle de Beaufort crsquoest-agrave-dire aux vents moyens atteignant au moins 89 kmh (valeur minimale de la force 10)

6 httpwwwstatistiquesdeveloppement-durablegouvfrfileadmindocumentsProduits_editoriauxPublicationsDatalab_essentiel2017datalab-essentiel-122-retrait-gonflement-argiles-octobre2017pdf

7 httppluiesextremesmeteofr

8 httpwwwmeteofrancefrprevoir-le-tempsphenomenes-meteoles-tempetes

Introduction

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Dans le langage courant et notamment dans le cadre de la laquo garantie tempecircte raquo en France des contrats drsquoassurance la reacutefeacuterence concerne les rafales supeacuterieures agrave 100 kmh 9 Ainsi lorsque le vent atteint les 100 kmh dans lrsquointeacuterieur des terres et 120 kmh (voire 130 kmh) sur les cocirctes la deacutepression agrave lrsquoorigine de ces vents sera qualifieacutee de laquo tempecircte raquo Ce terme deacutesigne donc agrave la fois une zone eacutetendue de vents violents et la deacutepression qui les geacutenegravere

Les tempecirctes affectant plus de 10 du territoire seront qualifieacutees de laquo majeures raquo au niveau national

Des deacutefinitions speacutecifiques existent en meacuteteacuteo marine et tropicale Ainsi en meacuteteacuteoro-logie marine une tempecircte correspond agrave la force 10 de lrsquoeacutechelle de Beaufort crsquoest-agrave-dire agrave des vents moyens de 89 agrave 117 kmh et des rafales de 110 agrave 150 kmh

En meacuteteacuteorologie tropicale on appelle laquo tempecircte tropicale raquo une deacutepression obser-veacutee au niveau des latitudes tropicales ou subtropicales dont les vents moyens sont compris entre 62 et 117 kmh Au-delagrave de ces valeurs la deacutepression devient un laquo cyclone tropical raquo 10 Ces pheacutenomegravenes tourbillonnaires de pression centrale tregraves basse mesurent en moyenne de 500 agrave 1 000 km de diamegravetre mais peuvent parfois atteindre des dimensions beaucoup plus importantes (le typhon Tip observeacute dans le Pacifique en 1979 avait un diamegravetre de pregraves de 2 200 km) Les Antilles Franccedilaises lrsquoicircle de La Reacuteunion sont particuliegraverement exposeacutees agrave ces pheacutenomegravenes

En Europe le risque inondation est le premier risque naturel climatique par lrsquoim-portance des dommages qursquoil provoque le nombre de communes concerneacutees lrsquoeacutetendue des zones inondables et les populations reacutesidant dans ces zones Plus de 171 millions de personnes en France sont par exemple exposeacutees aux inonda-tions par deacutebordement de cours drsquoeau soit environ un habitant sur quatre

Les inondations touchent plus de personnes dans le monde que nrsquoimporte quel autre aleacutea Celles-ci peuvent prendre de nombreuses formes

crue ou deacutebordement de cours drsquoeau ruissellement en surface submersion marine (inondation temporaire des zones cocirctiegraveres par la mer dans

des conditions meacuteteacuteorologiques etou de mareacutees deacutefavorables) remonteacutee de nappe phreacuteatique rupture drsquoouvrage autres rupture de poche glaciaire deacutebordement de reacuteseau drsquoeaux pluviales

Agrave lrsquoorigine de ces pheacutenomegravenes sauf cas de rupture drsquoouvrage se trouve un aleacutea meacuteteacuteorologique fortes pluies en intensiteacute ou en dureacutee pour le ruissellement et pour les crues ainsi que pour les remonteacutees de nappes houle de forte intensiteacute

9 wwwffa-assurancefr

10 Selon la reacutegion du globe les cyclones prennent un nom diffeacuterent ouragan en Atlantique Nord typhon en Asie de lrsquoEst meacutedicane dans le bassin meacutediterraneacuteen cyclone dans les autres bassins oceacuteaniques

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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etou niveau marin eacuteleveacute pour la submersion marine 11 orages tempecirctes cyclones en outre-mer Les submersions marines peuvent avoir eacutegalement une autre origine comme un seacuteisme sous-marin dans le cas des tsunamis Ce cas nrsquoest pas traiteacute dans ce rapport car il ne provient pas drsquoun pheacutenomegravene atmospheacuterique

Dans les reacutegions de montagne certains versants pentus sont souvent affecteacutes par des processus appeleacutes laves torrentielles ou couleacutees de deacutebris ou debris flows en anglais (Jomelli V IRSTEA) Ces couleacutees de deacutebris se caracteacuterisent par un meacutelange drsquoeau et de seacutediments (Meunier 1991 Blijenberg 1988) Ils forment des modeleacutes associant en contrebas drsquoune paroi rocheuse un chenal bordeacute par des leveacutees et agrave lrsquoaval un deacutepocirct reacutesultant de lrsquoaccumulation de deacutebris sous forme de langue ou drsquoeacuteventail (Van Steijn et al 1988 Nieuwenhuijzen and Van Steijn 1990 Van Steijn 1991 1996 Remaitre et al 2005) (fig A1) Le terme geacuteneacuteral de debris flow rassemble cependant des formes varieacutees de mouvements de masse (Meunier 1991) On distingue usuellement les laves torrentielles corres-pondant agrave un eacutecoulement turbulent drsquoeau chargeacutee en seacutediments dans un chenal raide des couleacutees de deacutebris superficielles (Coussot 1994) Ces derniegraveres cor-respondent agrave un eacutecoulement superficiel rapide ou extrecircmement rapide sur une pente raide sans confinement dans un chenal preacuteeacutetabli partiellement ou tota-lement satureacute de deacutebris (Hungr 2005) Celles-ci ne seront pas eacutetudieacutees ici car leurs impacts sur les socieacuteteacutes sont geacuteneacuteralement limiteacutes (Jomelli et al 2011) et leurs caracteacuteristiques morphoseacutedimentaires ainsi que leur fonctionnement sont peu diffeacuterents des laves torrentielles (Jomelli et al 2011)

Dans le deacutetail il existe plusieurs types de laves torrentielles en fonction de la concentration en seacutediments (fig A2) On peut distinguer les laves torrentielles transportant des seacutediments de toute taille des laves torrentielles immatures elles-mecircmes diffeacuterentes des eacutecoulements torrentiels agrave charge de fond Il existe un continuum entre ces diffeacuterents eacutecoulements mais les conditions de deacuteclen-chement et la dynamique diffegraverent sensiblement drsquoun type agrave lrsquoautre

Le manteau neigeux formeacute de lrsquoaccumulation successive de couches de neige est en perpeacutetuelle eacutevolution Une fois au sol les cristaux de glace continuent de se transformer et les strates eacutevoluent au greacute du vent des chutes de neige et drsquoautres interactions avec lrsquoatmosphegravere Lrsquoinstabiliteacute du manteau neigeux peut alors conduire agrave lrsquooccurrence drsquoavalanches

On distingue souvent les deacuteclenchements drsquoavalanches spontaneacutes et provoqueacutes

Les deacuteparts spontaneacutes donnent lieu agrave des avalanches dites naturelles Ils sont essentiellement drsquoorigine meacuteteacuteorologique le plus souvent conseacutecutifs agrave drsquoim-portantes chutes de neige ils peuvent aussi ecirctre causeacutes par lrsquohumidification du manteau neigeux sous lrsquoeffet de la pluie du redoux ou encore du rayonnement solaire Ces avalanches si elles sont suffisamment grandes peuvent toucher des infrastructures des routes ou des habitations et de ce fait causer des deacutegacircts et parfois des victimes en fond de valleacutee

11 Se reacutefeacuterer au Rapport ONERC 2015 Le littoral dans le contexte du changement climatique

Introduction

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Figure A2 ndash Les diffeacuterents types drsquoeacutecoulement

(A charriage 1er mai 2015 B lave immature 21 juillet 2017 C lave 4 juillet 2018) torrent du Manival (Isegravere)

Photos Irstea

Figure A1 ndash Lave torrentielle sous couvert forestier dans le massif des Eacutecrins (juillet 2014)

On distingue un chenal et des leveacutees lateacuterales avec granoclassement Certains arbres montrent des traces drsquoeacuterosion sur la face amont de leur tronc et sont couverts de deacutepocircts sablo argileux donnant une indication de la hauteur de lrsquoeacutecoulement (flegraveche rouge) Lrsquoeacutechelle est donneacutee par la pochette drsquoun appareil photo en bas agrave droite

Photo Irstea

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Les deacuteclenchements provoqueacutes aussi appeleacutes accidentels dus au passage de pratiquants de la montagne (skieurs randonneurshellip) sont essentiellement lieacutes agrave la qualiteacute de la neige et agrave lrsquoempilement des couches ainsi qursquoagrave la raideur et agrave la forme de la pente Ils sont responsables de la tregraves grande majoriteacute des bles-sures et deacutecegraves par avalanche et nrsquoentraicircnent que tregraves rarement des avalanches de grande ampleur pouvant engendrer des dommages dans les valleacutees

Les eacuteveacutenements extrecircmes neigeux sont issus de tempecirctes de neige produites par des deacutepressions meacuteteacuteorologiques hivernales importantes Entre la fin de lrsquoau-tomne et le deacutebut du printemps de tels systegravemes se forment dans une masse drsquoair sous le point de congeacutelation et les preacutecipitations tombent sous forme de neige en quantiteacute importante

Lrsquoimpact drsquoune tempecircte de neige varie selon lrsquoendroit ougrave elle se produit Les reacutegions ougrave de tels pheacutenomegravenes se produisent reacuteguliegraverement sont eacutequipeacutees pour les sur-monter alors que les villes ougrave elles se produisent rarement peuvent ecirctre paralyseacutees par quelques centimegravetres au sol Par exemple le 7 feacutevrier 2018 lrsquoicircle-de-France a connu des chutes de neige remarquables pour la reacutegion Ainsi la couche a atteint 15 agrave 20 cm sur les Yvelines et le Val-drsquoOise et 12 cm agrave Paris Il faut remonter au mois de mars 2013 pour retrouver les derniegraveres chutes de neige aussi impor-tantes en reacutegion parisienne Lrsquoabondance de la neige se conjugue souvent agrave des vents forts geacuteneacuterateurs de congegraveres Parmi les nombreux risques induits par les extrecircmes neigeux et les tempecirctes hivernales figurent ainsi la rupture drsquoinfrastruc-tures critiques (voies de communications lignes eacutelectriques) la perturbation du transport aeacuterien voire lrsquoeffondrement de toitures La vulneacuterabiliteacute aux eacuteveacutenements

neigeux des territoires tels que lrsquoicircle-de-France est issue de la conjonction entre un eacuteveacutenement neigeux extrecircme une population tregraves dense non habitueacutee et non eacutequipeacutee et un manque de moyens (saleuse deacuteneigeuse) Il convient eacutegalement de noter une faiblesse des eacuteleacutements de connaissances sur lrsquoattribution et lrsquoeacutevo-lution des tempecirctes hivernales geacuteneacuteratrices de forts eacuteveacutenements neigeux dans le contexte du changement climatique De ce fait ce type drsquoeacuteveacutenement nrsquoest pas traiteacute de maniegravere complegravete dans ce rapport

Introduction

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Risques lieacutes aux eacuteveacutenements extrecircmes deacutefinitions

Auteurs Jeacuterocircme Duvernoy

MTES DGECSCEEONERC

Le Service des Risques Naturels et Hydrauliques

MTES DGPRSRNH

Lrsquoexistence drsquoun risque naturel deacutecoule de lrsquoarticulation drsquoun pheacutenomegravene naturel intense ndash cet eacuteveacutenement eacutetant par nature incertain on le deacutesigne sous le terme drsquoaleacutea ndash et de la preacutesence drsquoenjeux qui repreacutesentent lrsquoensemble des personnes et des biens (ayant une valeur moneacutetaire ou non) pouvant ecirctre affecteacutes par ce pheacutenomegravene Les conseacutequences drsquoun aleacutea sur les enjeux sont diffeacuterentes selon la vulneacuterabiliteacute de ces enjeux

On parle de risque naturel laquo majeur raquo lors de la survenue drsquoun eacuteveacutenement drsquoorigine naturelle dont les effets peuvent mettre en jeu un grand nombre de personnes occasionner des dommages importants et deacutepasser les capaciteacutes de reacuteaction de la socieacuteteacute Le qualificatif de laquo majeur raquo est bien sucircr deacutelicat agrave deacutefinir et peut varier dans le temps et dans lrsquoespace Les risques majeurs peuvent ecirctre caracteacuteriseacutes agrave la fois par une probabiliteacute drsquooccurrence faible et une graviteacute telle qursquoelle cause de nombreuses victimes et drsquoimportants dommages aux biens et agrave lrsquoenvironnement

Un des critegraveres possibles pour qualifier un risque de laquo majeur raquo repose sur les modaliteacutes de prise en charge des sinistres suite agrave un eacuteveacutenement Dans le systegraveme franccedilais actuel peut ecirctre regardeacute comme majeur un eacuteveacutenement qui relegraveve de la reacuteassurance notamment agrave travers le meacutecanisme de reconnaissance drsquoeacutetat de catastrophe naturelle La France est lrsquoun des pays agrave srsquoecirctre doteacutes drsquoun dispositif garantissant agrave chacun de ses citoyens une indemnisation systeacutematique en cas de sinistre causeacute par un pheacutenomegravene naturel exceptionnel Instaureacute en 1982 le reacutegime drsquoindemnisation dit laquo reacutegime CatNat raquo repose sur un meacutecanisme public-priveacute de solidariteacute nationale et couvre tous les particuliers disposant drsquoun contrat drsquoassurance laquo dommages raquo Il fonctionne sur la base drsquoune prime additionnelle drsquoassurance qui srsquoeacutelegraveve agrave 12 de la prime sur le bacircti et agrave 6 sur les veacutehicules motoriseacutes Ces primes sont reacuteassureacutees au niveau national principalement par lrsquoentreprise agrave capitaux publics Caisse Centrale de Reacuteassurance (CCR) En cas drsquoeacuteveacutenement drsquoampleur exceptionnelle qui provoquerait des dommages supeacute-rieurs aux reacuteserves de reacuteassurance lrsquoEacutetat apporte sa garantie Pour une inondation par exemple le processus drsquoindemnisation preacutevu par le reacutegime de catastrophes naturelles nrsquoest deacuteclencheacute agrave ce jour que si le pheacutenomegravene eacutetait au moins de type deacutecennal (peacuteriode de retour supeacuterieure agrave dix ans)

En 2015 et 2016 4 341 eacutetats de catastrophes naturelles ont eacuteteacute reconnus en France avec des dommages assureacutes de lrsquoordre de 5 milliards drsquoeuros

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Encadreacute 1

Deacutefinition du risque

Aleacutea danger peacuteril

Pheacutenomegravene ou tendance physique naturel ou anthropique ou incidence physique susceptible drsquoentraicircner des pertes en vies humaines des bles-sures ou autres effets sur la santeacute ainsi que des deacutegacircts et des pertes touchant les biens les infrastructures les moyens de subsistance la four-niture des services les eacutecosystegravemes et les ressources environnementales

Vulneacuterabiliteacute

Degreacute par lequel un systegraveme risque de subir ou drsquoecirctre affecteacute neacutegativement par les effets neacutefastes des changements climatiques y compris la varia-biliteacute climatique et les pheacutenomegravenes extrecircmes La vulneacuterabiliteacute deacutepend du caractegravere de lrsquoampleur et du rythme des changements climatiques aux-quels un systegraveme est exposeacute ainsi que de sa sensibiliteacute et de sa capa-citeacute drsquoadaptation (GIEC 2007) Propension ou preacutedisposition agrave subir des dommages La vulneacuterabiliteacute englobe divers concepts ou eacuteleacutements notam-ment les notions de sensibiliteacute ou de fragiliteacute et lrsquoincapaciteacute de faire face et de srsquoadapter (GIEC 2014)

Figure A3 ndash Le rapport SREX analyse comment lrsquoexposition et la vulneacuterabiliteacute aux pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques et climatiques deacuteterminent les conseacutequences et la probabiliteacute drsquoune catastrophe (le risque de catastrophe)

Source GIEC SREX

Introduction

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Exposition

Preacutesence de personnes de moyens de subsistance drsquoespegraveces ou drsquoeacuteco-systegravemes de fonctions ressources ou services environnementaux drsquoeacuteleacute-ments drsquoinfrastructure ou de biens eacuteconomiques sociaux ou culturels dans un lieu ou dans un contexte susceptibles de subir des dommages (GIEC 2007)

La norme ISO 14 090 preacutecise dans une note que lrsquoexposition peut chan-ger au fil du temps par exemple agrave la suite drsquoun changement drsquoaffecta-tion des terres

Risque

Conseacutequences eacuteventuelles et incertaines drsquoun eacuteveacutenement sur quelque chose ayant une valeur compte tenu de la diversiteacute des valeurs Le risque est souvent repreacutesenteacute comme la probabiliteacute drsquooccurrence de tendances ou drsquoeacuteveacutenements dangereux que viennent amplifier les conseacutequences de tels pheacutenomegravenes ou tendances lorsqursquoils se produisent

Les risques naissent de la conjonction drsquoun pheacutenomegravene physique deacuteclen-cheur et drsquoune situation de vulneacuterabiliteacute et drsquoexposition des personnes et des biens

Figure A4 ndash Scheacutema explicatif des concepts associeacutes agrave la vulneacuterabiliteacute au changement climatique

Source MTES CGDD

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Les extrecircmes meacuteteacuteorologiques du point de vue des sciences sociales

Auteur Jean-Paul Vanderlinden

Laboratoire CEARC universiteacute de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et universiteacute Paris-Saclay

Lorsque lrsquoon se penche sur les eacuteveacutenements extrecircmes comme pheacutenomegravenes se deacuteployant dans la sphegravere publique plusieurs laquo extrecircmes raquo coexistent intera-gissent geacutenegraverent des enjeux diffeacuterents des instrumentalisations diffeacuterentes Il importe donc lorsqursquoun eacuteveacutenement extrecircme est invoqueacute dans le cadre de lrsquoaction publique par exemple drsquoecirctre particuliegraverement attentif au contexte particulier et agrave la compreacutehension que peuvent en avoir les acteurs concerneacutes Nous proposons ici quelques cleacutes pour reacutealiser cette contextualisation

Quelques eacuteleacutements concernant les donneacutees utiliseacutees

Les eacuteleacutements preacutesenteacutes sont le reacutesultat drsquoun travail drsquoanalyse meneacute sur diffeacuterents ensembles de donneacutees textuelles qui ont eacuteteacute reacutecolteacutees ces derniegraveres anneacutees articles de presse couvrant la vague de froid de 1953-1954 en France articles de presse couvrant la canicule de 2003 en France des enregistrements videacuteo et audio de deux groupes de discussion sur le sujet rassemblant des parties pre-nantes de secteurs public et priveacute meneacutes agrave Paris et finalement une seacuterie drsquoen-tretiens meneacutes

avec des chercheurs en sciences du climat se speacutecialisant dans les ques-tions relatives aux eacuteveacutenements extrecircmes

avec des cadres du secteur de lrsquoassurance avec des responsables au sein de collectiviteacutes territoriales

Extrecircme meacuteteacuteorologique un concept multiforme

Les analyses baseacutees tant sur la presse et les meacutedias que sur des entretiens et des ateliers (Vanderlinden 2015) montrent que le vocable laquo eacuteveacutenement meacuteteacuteo-rologique extrecircme raquo (extrecircme pour la suite du texte) est polyseacutemique 12 Pour cer-tains il srsquoagit de lrsquoeacuteveacutenement meacuteteacuteorologique en soi dans sa rareteacute pour drsquoautres ce sont les impacts qui sont laquo extrecircmes raquo ce qui est important ce sont les conseacute-quences parfois ce sont les deacuteficits de solidariteacute ou lrsquoeacutechec du politique qui semblent laquo extrecircmes raquo Le sens donneacute agrave laquo extrecircme raquo peut eacutevoluer dynamiquement au fil du temps au fur et agrave mesure que lrsquoeacuteveacutenement se produit et au cours de ses reacutepercussions Par exemple tant la vague de chaleur de 2003 que lrsquohiver 1953-1954 sont traiteacutes par la presse drsquoabord comme une curiositeacute (lrsquoeacutecart agrave la normale

12 Qui a plusieurs significations qui peut ecirctre compris de plusieurs faccedilons

Introduction

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amuse) ensuite comme une crise eacutemergente (lrsquoeacutecart agrave la normale prend un tour plus sinistre en raison de ses impacts) ensuite comme une faillite des solidari-teacutes (les impacts auraient pu ecirctre eacuteviteacutes la solidariteacute eut-elle eacuteteacute plus importante) et finalement lrsquoextrecircme devient par une instrumentalisation plus ou moins impor-tante un objet politique

Une inscription dans une chaicircne de causaliteacute dont il ne peut ecirctre fait abstraction

Ces laquo glissements de sens raquo srsquoinscrivent dans des scheacutemas de causaliteacute ougrave les extrecircmes meacuteteacuteorologiques ne sont pas les seuls responsables des impacts associeacutes les ineacutegaliteacutes socio-eacuteconomiques les diffeacuterentiels drsquoexposition lrsquohis-toire et lrsquoameacutenagement du territoire le retrait de lrsquoEacutetat les meacutecanismes de gou-vernance des risques par exemple peuvent jouer un rocircle dans lrsquoimportance des conseacutequences drsquoun eacuteveacutenement et donc dans son traitement en tant qursquoextrecircme On observe par exemple reacuteguliegraverement que lorsque sont envisageacutees les deacuteclara-tions causales associeacutees agrave des eacuteveacutenements extrecircmes (du climat agrave lrsquoimpact en passant par les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes) les parties prenantes peuvent se concentrer sur diffeacuterentes parties de la chaicircne causale en fonction de leurs inteacuterecircts particuliers ce qui exclut parfois la causaliteacute

Une entreacutee risque ougrave les probabiliteacutes peuvent ecirctre mal comprises

Du point de vue de la gouvernance les extrecircmes sont freacutequemment traiteacutes via une entreacutee risque Nous consideacuterons ici une des deacutefinitions dominantes du risque un risque est la combinaison drsquoun aleacutea et drsquoun ou plusieurs enjeux lrsquoaleacutea est carac-teacuteriseacute par une intensiteacute et des incertitudes Dans un contexte de gouvernance de risque la communication de lrsquoincertitude ou des incertitudes repreacutesente un deacutefi particulier Une dimension que nous rencontrons souvent tient agrave la confusion que creacutee lrsquoutilisation du concept de peacuteriode de retour Bien entendu la peacuteriode de retour comme inverse de la probabiliteacute drsquooccurrence drsquoun eacuteveacutenement une anneacutee donneacutee est bien comprise dans lrsquounivers de la gouvernance des risques Nous rencontrons deux deacutefis neacuteanmoins Pour un public eacutelargi la peacuteriode de retour est parfois comprise comme une peacuteriodiciteacute stricte et non comme lrsquoexpression de probabiliteacute Cela peut geacuteneacuterer des pheacutenomegravenes de surexposition De faccedilon plus importante le calcul des peacuteriodes de retour repose sur une hypothegravese de station-nariteacute du climat Or sous un climat changeant cette hypothegravese nrsquoest plus veacuterifieacutee si elle lrsquoa jamais eacuteteacute Comment alors expliquer au public lrsquoorigine des probabili-teacutes utiliseacutees lrsquoorigine du chiffre associeacute agrave la peacuteriode de retour annonceacutee

Changement climatique

Climat Meacuteteacuteorologie

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Un deuxiegraveme deacutefi est en cours drsquoeacutemergence sur le front de la compreacutehension des incertitudes associeacutees aux extrecircmes meacuteteacuteorologiques Il existe aujourdrsquohui une communauteacute de chercheurs en sciences du climat qui se concentre sur le deacuteve-loppement drsquooutils drsquoattribution drsquoun eacuteveacutenement preacutecis Ces exercices sont par nature probabilistes les exercices drsquoattribution ont pour reacutesultats lrsquoexpression de probabiliteacutes nicheacutees Par exemple Stott et ses collegravegues en 2004 eacutetaient en mesure drsquoeacutecrire qursquoil y avait 95 de chance que la probabiliteacute drsquoun eacuteveacutenement du type de celui de la vague de chaleur de 2003 ait doubleacute (Stott 2004) Ce type de deacuteclaration par sa complexiteacute est difficilement compris par un public large

Quelques preacutecisions plus theacuteoriques

Une entreacutee particuliegravere a eacuteteacute utiliseacutee celle de lrsquoarticulation sociale pour poser le regard des sciences sociales sur les extrecircmes meacuteteacuteorologiques Par articulation sociale il faut entendre lrsquointeraction des concepts au sein des groupes sociaux et entre eux concepts et groupes interagissant dynamiquement Ex ante on peut consideacuterer que les concepts sont inteacutegreacutes dans des systegravemes de signification on peut supposer que les interactions entre et au sein de ces systegravemes sont essen-tielles agrave lrsquoutilisation des concepts De plus on ne peut pas dissocier le concept drsquoeacuteveacutenement extrecircme des causaliteacutes qui y sont associeacutees En effet une partie importante de ces reacutesultats montre que drsquoembleacutee pour les sujets laquo eacuteveacutenements extrecircmes raquo causaliteacutes invoqueacutees et responsabiliteacutes sont des concepts enchevecirc-treacutes constamment preacutesents lorsqursquoun eacuteveacutenement singulier a lieu

Chapitre BEacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute

et actuel

Dans ce chapitre les eacuteveacutenements extrecircmes sont passeacutes en revue agrave travers un bref historique des eacuteveacutenements les plus marquants et un aperccedilu de leurs impacts eacuteconomiques et sociaux Lrsquoinfluence du changement climatique est ensuite analyseacutee sur une seacutelection drsquoeacuteveacutenements reacutecents

copy Thierry Degen ndash Terra

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Eacuteveacutenements extrecircmes deacutejagrave observeacutes coucircts humains et financiers

Vagues de chaleurAuteurs Mathilde Pascal

Santeacute publique France

Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Les vagues de chaleur font partie des extrecircmes climatiques les plus preacuteoccu-pants au regard de la vulneacuterabiliteacute de nos socieacuteteacutes et de lrsquoeacutevolution attendue de leur freacutequence et leur intensiteacute au XXIe siegravecle (GIEC 2013) La France a eacuteteacute parti-culiegraverement eacuteprouveacutee par la canicule de lrsquoeacuteteacute 2003 qui a provoqueacute un excegraves de pregraves de 15 000 deacutecegraves entre le 4 et le 18 aoucirct directement attribuable agrave la chaleur (Poumadegravere et al 2005) Depuis 2003 des vagues de chaleur particuliegraverement intenses ont toucheacute de nombreuses autres zones de la planegravete (Russie 2010 Texas 2011 Australie 2012 Espagne 2015) tandis que la meacutetropole a eacuteteacute agrave nouveau confronteacutee agrave des eacuteveacutenements moins intenses que 2003 mais de plus en plus freacutequents (juillet 2006 aoucirct 2012 juillet 2013 juillet 2015 aoucirct 2016 juin 2017 juillet et aoucirct 2018) Sur de grandes reacutegions du territoire des vagues de chaleur tregraves intenses se sont eacutegalement produites dans les anneacutees reacutecentes comme sur les reacutegions meacutediterraneacuteennes en aoucirct 2017 et 2018 avec des tem-peacuteratures diurnes et nocturnes record Cette reacutecurrence drsquoeacuteveacutenements extrecircmes a neacutecessiteacute de deacutevelopper des outils de preacutevention de ces aleacuteas (systegraveme de vigi-lance meacuteteacuteorologique plans de veille sanitaire) mais aussi drsquoanalyse en temps reacuteel (Schneider et al 2012) Dans le cadre du projet Extremoscope (2013-2016) une deacutefinition des vagues de chaleur a eacuteteacute mise au point pour ecirctre applicable agrave toutes les eacutechelles spatiales et tous les horizons temporels (Soubeyroux et al 2016) et un historique complet des vagues de chaleur a eacuteteacute eacutetabli agrave lrsquoeacutechelle nationale depuis 1947 et agrave lrsquoeacutechelle deacutepartementale depuis 1958

Lrsquoaugmentation de la freacutequence et de lrsquointensiteacute des vagues de chaleur en France est sans eacutequivoque les vagues de chaleur recenseacutees depuis 1947 agrave lrsquoeacutechelle nationale ont eacuteteacute deux fois plus nombreuses au cours des trente-quatre derniegraveres anneacutees que sur la peacuteriode anteacuterieure (fig B1) Cette eacutevolution se mateacuterialise aussi par lrsquooccurrence drsquoeacuteveacutenements plus forts (dureacutee intensiteacute globale) ces derniegraveres anneacutees Ainsi les quatre vagues de chaleur les plus longues et trois des quatre plus intenses se sont produites apregraves 1981

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Vagues de froidAuteurs Mathilde Pascal

Santeacute publique France

Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Une meacutethode eacutequivalente a eacuteteacute mise au point pour la caracteacuterisation des vagues

de froid Si le reacutechauffement climatique global tend agrave diminuer lrsquointensiteacute des eacutepisodes froids en Meacutetropole le diagnostic sur lrsquoeacutevolution observeacutee des vagues de froid nrsquoest pas symeacutetrique agrave celui des vagues de chaleur Les vagues de froid recenseacutees depuis 1947 agrave lrsquoeacutechelle nationale ont eacuteteacute leacutegegraverement moins nom-breuses sur les trente-quatre derniegraveres anneacutees que sur la peacuteriode anteacuterieure mais surtout moins intenses Ainsi les quatre vagues de froid les plus longues et les plus intenses (feacutevrier 1956 janvier 1963 janvier 1985 et janvier 1987) ont eacuteteacute observeacutees il y a plus de vingt-cinq ans mais ce type drsquoeacuteveacutenement reste bien preacutesent dans notre climat de deacutebut du XXIe siegravecle comme en teacutemoigne lrsquoeacutepisode de feacutevrier 2012 (fig B2)

Lrsquoinfluence de la tempeacuterature sur la mortaliteacute et sur le recours au soin est deacutesor-mais eacutetablie par de tregraves nombreuses eacutetudes eacutepideacutemiologiques (Hanna 2015 Corso 2017 et Pascal 2013) Ces eacutetudes mettent en eacutevidence un effet non-lineacuteaire tregraves rapide de la chaleur sur la santeacute concentreacute dans les quelques heures agrave quelques jours suivant lrsquoexposition et un effet du froid plus modeacutereacute persistant sur plusieurs semaines apregraves lrsquoexposition (fig B3)

Figure B1 ndash Recensement des vagues de chaleur en France de 1947 agrave 2018 agrave partir de lrsquoindicateur thermique national

Source Meacuteteacuteo-France Climat HD

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Figure B2 ndash Recensement des vagues de froid en France de 1947 agrave 2018 agrave partir de lrsquoindicateur thermique national

Source Meacuteteacuteo-France Climat HD

Figure B3 ndash Influence de la tempeacuterature sur le risque relatif (RR) de deacutecegraves cumuleacute sur les vingt et un jours suivant lrsquoexposition agrave un percentile de tempeacuterature (par rapport agrave la mortaliteacute attendue pour une tempeacuterature meacutediane) ndash Meacuteta-analyse (courbe en trait plein et IC95 ) de dix-huit villes meacutetropolitaines (courbes en pointilleacutes) sur la peacuteriode 2000-2010

Source Corso M 2017

Ris

que

rela

tif (

RR

)

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Lrsquoeacutepideacutemiologie montre eacutegalement que la tempeacuterature a une influence sur la morta-liteacute agrave partir de valeurs qui ne sont geacuteneacuteralement pas consideacutereacutees comme laquo froides raquo ou laquo chaudes raquo Ces tempeacuteratures laquo douces raquo contribuent mecircme davantage agrave la mortaliteacute que les extrecircmes chauds ou froids car elles cumulent un impact faible mais sur un nombre important de jours Ces eacutetudes mettent eacutegalement en eacutevi-dence que lrsquoimpact sur la mortaliteacute survient mecircme agrave partir de tempeacuteratures habi-tuelles Ainsi en France sur dix-huit villes meacutetropolitaines entre 2000 et 2010 le froid a eacuteteacute responsable de 39 [32 46] de la mortaliteacute (impact cumuleacute sur 0-21 jours) principalement due agrave des tempeacuteratures habituelles situeacutees par exemple entre - 3 et 6 degC dans les villes semi-continentales et entre 4 et 10 degC dans les villes meacutediterraneacuteennes La chaleur a eacuteteacute responsable de 12 [11 12] (impact cumuleacute sur 0-3 jours) de la mortaliteacute totale avec un effet apparais-sant agrave partir de tempeacuteratures variant de 13 agrave 21 degC selon la ville

Ainsi en termes de preacutevention il importe de prendre en compte lrsquoensemble des tempeacuteratures et pas uniquement les eacuteveacutenements les plus extrecircmes vagues de chaleur ou vagues de froid

Un focus particulier sur ces eacuteveacutenements demeure toutefois neacutecessaire car ils preacutesentent des caracteacuteristiques particuliegraveres neacutecessitant une reacuteponse organiseacutee pour proteacuteger les personnes et eacuteviter lrsquoembolisation du systegraveme de soin Sur le plan sanitaire la preacutevention de ces eacuteveacutenements srsquoappuie sur le Plan national cani-cule (PNC) et le Plan grand froid

Dans le cadre de la chaleur des tempeacuteratures tregraves extrecircmes peuvent se traduire par une surmortaliteacute massive concentreacutee sur quelques jours et drsquoune ampleur ineacutedite dans le champ des risques sanitaires En effet si la chaleur laquo modeacutereacutee raquo frappe principalement des personnes vulneacuterables du fait de leur eacutetat de santeacute de leur acircge ou de leur exposition professionnelle la chaleur tregraves intense pose un risque pour la quasi-totaliteacute de la population

Les seuils du Plan national canicule ont eacuteteacute eacutetablis afin de cibler les eacuteveacutenements neacutecessitant une reacuteponse rapide des pouvoirs publics mais en aucun cas pour eacuteviter tout effet sanitaire de la chaleur Pendant ces peacuteriodes le PNC se concentre sur des actions drsquoinformation et de communication lrsquoidentification agrave lrsquoeacutechelle des municipaliteacutes des personnes vulneacuterables le deacuteclenchement des plans blancs et plans bleushellip Ces mesures sont agrave lrsquoinitiative de nombreux acteurs institutionnels municipaux associatifs et gradueacutees selon le niveau de vigilance En parallegravele la preacutevention de fond commence agrave se deacutevelopper avec notamment des mesures visant agrave reacuteduire lrsquoicirclot de chaleur urbain et agrave deacutevelopper des icirclots de fraicirccheur Cette preacutevention de fond doit toutefois veiller agrave ne pas aggraver les ineacutegaliteacutes sociales de santeacute et agrave beacuteneacuteficier agrave lrsquoensemble des personnes vulneacuterables

Les efforts de preacutevention se justifient par lrsquoimportance des impacts sanitaires Entre 1974 et 2013 on recense 931 peacuteriodes reacutepondant agrave la deacutefinition de cani-cules agrave lrsquoeacutechelle deacutepartementale en France meacutetropolitaine durant lesquelles ont eacuteteacute observeacutes plus de 32 000 deacutecegraves en excegraves La canicule de 2003 qui nrsquoa aucun eacutequivalent historique y compris depuis la mise en place du PNC totalise presque

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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la moitieacute de cet impact avec pregraves de 15 000 deacutecegraves en excegraves Les autres cani-cules les plus meurtriegraveres se sont concentreacutees en 1976 avec 4 500 deacutecegraves en excegraves 1983 avec 2 900 deacutecegraves en excegraves et 2006 avec 1 400 deacutecegraves en excegraves (rapport Santeacute publique France agrave paraicirctre) Dans les anneacutees reacutecentes les cani-cules les plus seacutevegraveres ont eacuteteacute observeacutees en 2015 avec un impact estimeacute de 1 700 deacutecegraves en excegraves (Pascal M 2017) et en 2018 avec environ 1 500 deacutecegraves en excegraves Il faut souligner que ces impacts diffeacuterents peuvent srsquoexpliquer par des diffeacuterences dans lrsquointensiteacute de la chaleur lrsquoeacutetendue geacuteographique la taille de la population toucheacutee et ne permettent pas drsquoen tirer des conclusions sur lrsquoeffica-citeacute des mesures de preacutevention mises en place

En parallegravele de la mortaliteacute on continue drsquoobserver tous les ans un effet sensible de la chaleur sur le recours aux soins drsquourgences notamment pour des patholo-gies tregraves speacutecifiques de la chaleur (PLC) Toutes les classes drsquoacircges sont concer-neacutees (fig B4)

En plus de lrsquoaugmentation du nombre de canicules au fil des anneacutees on constate eacutegalement une modification de leur reacutepartition geacuteographique et calendaire Ceci pose de nouveaux deacutefis en matiegravere de preacutevention Par exemple les vagues de chaleur preacutecoces de juin 2015 et 2017 semblent se caracteacuteriser par un recours aux soins drsquourgences pour PLC plus important que drsquoordinaire chez les enfants et les jeunes adultes en lien avec des expositions possibles en milieux scolaires et professionnels (Pascal M 2017)

Figure B4 ndash Part (en ) moyenne des recours aux soins pour PLC dans lrsquoactiviteacute totale codeacutee selon le niveau de vigilance (agreacutegation nationale) par anneacutee et classe drsquoacircge

Pascal M 2017

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Dans le cas du froid il srsquoagira de preacutevenir par exemple non seulement ses effets mais eacutegalement ceux des conditions meacuteteacuteorologiques associeacutees pouvant entraicircner des accidents traumatismes ou intoxications au monoxyde de carbone Actuellement le Plan grand froid se concentre sur des campagnes de commu-nication et des mesures speacutecifiques pour les personnes preacutecaires (places drsquoheacute-bergement maraudes trecircve hivernale aides financiegravereshellip) On dispose de peu de donneacutees sur lrsquoimpact des vagues de froid ces eacuteveacutenements eacutetant beaucoup plus rares et ne faisant pas lrsquoobjet de bilans systeacutematiques comme les vagues de chaleur

Figure B5 ndash Sur la peacuteriode 1970-2016 part (en ) des canicules de la peacuteriode survenue apregraves la mise en place du plan national canicule en 2004

Source Santeacute publique France 2018

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Les seacutecheressesAuteurs Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Jeacuterocircme Duvernoy

MTES DGECSCEEONERC

LrsquoEurope du Sud et la France notamment sont particuliegraverement concerneacutees par les effets du changement climatique avec une augmentation en freacutequence et en intensiteacute des seacutecheresses (GIEC 2007) La variabiliteacute des temps de reacuteaction des aquifegraveres des cycles eacutecologiques ou socio-eacuteconomiques impose de consideacuterer les deacuteficits hydriques sur diffeacuterentes profondeurs temporelles de quelques mois agrave quelques anneacutees Srsquoil nrsquoexiste pas drsquoindicateur universel pour tous les types de seacutecheresse un indicateur standardiseacute deacutenommeacute SPI a eacuteteacute recommandeacute par lrsquoOr-ganisation mondiale de la meacuteteacuteorologie en 2010 pour lrsquoanalyse des seacutecheresses meacuteteacuteorologiques lieacutees agrave un deacuteficit du cumul de preacutecipitations Dans le cadre du projet ClimSec (2008-2011) cet indicateur a eacuteteacute eacutetendu agrave la seacutecheresse des sols (Soubeyroux et al 2012) et permet de suivre les eacuteveacutenements en temps reacuteel et drsquoen produire un recensement depuis 1958 agrave lrsquoeacutechelle nationale et reacutegionale

Si on nrsquoidentifie pas agrave ce jour de tendance agrave llsquoeacutevolution des seacutecheresses meacuteteacuteo-rologiques agrave lrsquoeacutechelle de la meacutetropole lrsquoextension moyenne des seacutecheresses des sols depuis 1959 est en revanche tregraves nette depuis les anneacutees 1990 (fig B6) Depuis le deacutebut du XXIe siegravecle douze anneacutees sur dix-sept ont deacutepasseacute la moyenne des surfaces toucheacutees sur la peacuteriode 1961-1990 Les anneacutees 2003 2005 2011 2017 et aussi 2018 ont occasionneacute des seacutecheresses de grande ampleur

Figure B6 ndash Recensement du pourcentage annuel de la surface du territoire affecteacutee par la seacutecheresse depuis 1959

Source Meacuteteacuteo-France Climat HD

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Le pheacutenomegravene de retrait-gonflement des argiles qui geacutenegravere de graves deacutesordres sur le bacircti est occasionneacute par un assegravechement fort du sol en preacutesence drsquoargiles Plusieurs indicateurs ont eacuteteacute deacutefinis dans le cadre du dispositif catastrophes naturelles auquel ce pheacutenomegravene est eacuteligible depuis 1990 ils srsquoappuient sur le caractegravere anormal de la moyenne trimestrielle drsquohumiditeacute du sol eacutevalueacutee par simulation du bilan hydrique du sol Deux types drsquoeacuteveacutenement sont particuliegravere-ment suivis les seacutecheresses estivales intenses et les seacutecheresses de longue dureacutee centreacutees sur lrsquohiver

Une reacuteanalyse des eacuteveacutenements depuis 1959 (Blanchard et Soubeyroux 2015) a mis en eacutevidence le caractegravere exceptionnel des anneacutees 1989 et 1990 mais aussi de la seacutecheresse estivale de 2003 Lrsquoaugmentation de la freacutequence observeacutee des seacutecheresses depuis les anneacutees 1990 est aussi particuliegraverement notable (fig B7) et est agrave rapprocher de lrsquoextension des surfaces toucheacutees Ainsi depuis le deacutebut du XXIe siegravecle onze anneacutees sur seize ont deacutepasseacute la moyenne des surfaces tou-cheacutees sur la peacuteriode 1961-1990 (source Climat HD)

Pregraves de 63 des sols meacutetropolitains montrent des preacutedispositions au retrait-gonflement des sols argileux ou marneux (fig B8a) La survenance des sinistres deacutepend drsquoautant plus de lrsquointensiteacute des pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques que lrsquoaleacutea retrait-gonflement srsquoavegravere faible Lrsquoanalyse statistique des aleacuteas des enjeux et de la sinistraliteacute conseacutecutive agrave une seacutecheresse exceptionnelle (part du territoire en aleacutea retrait-gonflement drsquoargiles fort ou moyen densiteacute de maisons individuelles

Figure B7 ndash Recensement du pourcentage annuel de la superficie potentiellement affecteacutee par les effets de retraitgonflement des argiles depuis 1959

Source Meacuteteacuteo-France

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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nombre drsquoarrecircteacutes de CatNat seacutecheresse) permet de deacuteterminer six cateacutegories de communes 1 (fig B8b)

Jusqursquoagrave 2017 (avec le cyclone Irma) la seacutecheresse de 2003 eacutetait lrsquoeacuteveacutenement extrecircme le plus coucircteux du fait de lrsquoampleur nationale avec plus de 4 000 com-munes toucheacutees Les deacutegacircts assureacutes ont eacuteteacute estimeacutes agrave 183 milliard drsquoeuros (actualiseacutes) Drsquoun point de vue assurantiel les coucircts des seacutecheresses se limitent aux dommages aux bacirctis du fait du retrait-gonflement des argiles ou mouvements de sol (Bilan CatNat 1992-2017)

Les feux de forecircts et de broussailles

Auteurs Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Jeacuterocircme Duvernoy

MTES DGECSCEEONERC

Les feux de forecircts constituent un risque important en France avec des enjeux eacuteco-nomiques forts Du point de vue climatique la caracteacuterisation du risque feu de forecirct srsquoappuie geacuteneacuteralement sur le calcul de lrsquoIndice feu meacuteteacuteo (IFM) Cet indice caracteacuterise gracircce agrave une valeur numeacuterique le danger meacuteteacuteorologique drsquoincendie au pas de temps quotidien en syntheacutetisant le danger drsquoeacuteclosion et le danger de propagation Plus la valeur de lrsquoIFM est eacuteleveacutee plus les conditions meacuteteacuteorolo-giques sont propices aux incendies Si cette meacutethode permet de bien caracteacuteri-ser lrsquoeacutevolution de la composante climatique du risque feu il nrsquoest cependant pas

1 httpgeoidddeveloppement-durablegouvfr

Figure B8a ndash Gauche aleacutea retrait-gonflement des argiles B8b ndash droite typologie de la vulneacuterabiliteacute des territoires au retrait-gonflement des argiles

Sources BRGM 2013 DGFIP MAJIC 2014 Meem DGPR Gaspar 2016 Traitements MTES CGDDSDES 2017

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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directement possible de relier une valeur donneacutee drsquoIFM agrave un niveau de risque Une eacutetude meneacutee par Meacuteteacuteo-France pour le CGEDD (Regimbeau et Cloppet 2010) a utiliseacute la reacuteanalyse SAFRAN (reacutesolution 8 km) pour eacutetudier la tendance de lrsquoIFM sur la peacuteriode 1958-2008 et comparer les peacuteriodes 1961-1980 et 1989-2008 Bien qursquoen zone meacutediterraneacuteenne le nombre de feux ait diminueacute alors que lrsquoindice aug-mentait sur le moyen terme (1983-2008 fig B9) et pour les moyennes il y a correacute-lation entre le nombre annuel de deacuteparts de feux et la moyenne annuelle de lrsquoIFM

Il apparaicirct qursquoen moyenne annuelle quatre anneacutees se distinguent par un IFM moyen eacuteleveacute les anneacutees 2003 1976 1989 et 1990 On retrouve sans surprise quatre anneacutees marqueacutees par des conditions chaudes et segraveches Lrsquoanalyse sur la peacuteriode estivale donne des reacutesultats assez proches Les quatre anneacutees avec lrsquoIFM moyen estival le plus eacuteleveacute sont dans lrsquoordre 1976 2003 1990 et 1962 (fig B9) La confrontation des deux peacuteriodes met en lumiegravere une hausse marqueacutee de lrsquoIFM moyen sur lrsquoensemble du territoire franccedilais LrsquoIFM a augmenteacute de 18 sur la peacuteriode Cette eacutetude a examineacute eacutegalement le nombre de jours par an avec deacutepassement de plusieurs seuils drsquoIFM dont la valeur 20 associeacutee agrave un risque reacuteel drsquoincendie Le nombre de jours avec IFM gt 20 augmente sur la quasi-totaliteacute du territoire Sur les reacutegions Poitou-Charentes et Pays-de-la-Loire cette augmen-tation est comprise entre dix et vingt-cinq jours par an Sur le pourtour meacutediterra-neacuteen cette hausse deacutepasse cinquante jours par an soit une augmentation sur lrsquoanneacutee de la saison feu de lrsquoordre de sept semaines La quasi-totaliteacute de la Corse a connu au moins trente jours de plus par an avec IFM gt 20 Cette augmenta-tion est principalement observeacutee durant lrsquoeacuteteacute On observe cependant que pour la reacutegion Pays-de-la-Loire crsquoest la peacuteriode mars-avril-mai qui contribue le plus agrave la hausse constateacutee Pour le pourtour meacutediterraneacuteen et la Corse la peacuteriode autom-nale contribue de maniegravere significative Cela suggegravere un deacutebut plus preacutecoce de la

Figure B9 ndash Valeurs annuelles drsquoIFM moyen sur la France sur la peacuteriode 1958-2008

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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saison des feux de forecirct dans lrsquoOuest de la France et un prolongement automnal de la saison des feux dans le Sud-Est de la France Sur la peacuteriode 1961-1980 386 du territoire connaicirct au moins un jour tous les ans avec IFM gt 20 Sur la peacuteriode 1989-2008 745 du territoire connaicirct au moins un jour tous les ans avec IFM gt 20 Cela repreacutesente un quasi-doublement de la superficie consideacutereacutee par rapport agrave la peacuteriode 1961-1980

Figure B10 ndash Cartes du nombre moyen de jours par an avec un IFM gt 20 pour les deux peacuteriodes drsquoeacutetudes 1961-1980 (carte de gauche) et 1989-2008 (carte de droite)

Source Meacuteteacuteo-France

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

3500

4000

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

Nom

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Anneacutee

Figure B11 ndash Nombre de feux de forecirct dans les deacutepartements du pourtour meacutediterraneacuteen franccedilais

Source ONERC drsquoapregraves Base de donneacutees Promeacutetheacutee

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Les preacutecipitations extrecircmesAuteur Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Dans un climat plus chaud le GIEC (rapport 2013) indiquait qursquoune augmentation du risque de preacutecipitations extrecircmes au cours du XXIe siegravecle eacutetait probable et un reacutesultat eacutequivalent a eacuteteacute eacutetabli pour la France (Ouzeau et al 2014) La caracteacute-risation des tendances climatiques sur les pluies intenses agrave lrsquoeacutechelle drsquoun terri-toire est un enjeu primordial pour la preacutevention des risques hydrologiques mais elle srsquoavegravere particuliegraverement difficile du fait de leur forte variabiliteacute spatiale et du nombre limiteacute de donneacutees de qualiteacute suffisante permettant drsquoen rendre compte qursquoil srsquoagisse de seacuteries observeacutees ou issues de modeacutelisation Une analyse (Soubeyroux et al 2015) de lrsquoeacutevolution des pluies extrecircmes annuelles en reacutegion Meacutediterraneacuteenne agrave partir de 700 seacuteries locales a montreacute une preacutedominance de tendances agrave la hausse mais avec une confiance limiteacutee du point de vue statis-tique (fig B12)

Des travaux reacutecents meneacutes dans le cadre du projet Extremoscope ont permis de mettre au point un indicateur agreacutegeacute robuste baseacute sur les seacuteries quotidiennes de preacutecipitation permettant de caracteacuteriser agrave la fois la freacutequence et lrsquointensiteacute de ces pluies extrecircmes (Ribes et al 2018)

En termes drsquointensiteacute (fig B12a) une augmentation robuste de 22 +- 5 est ainsi mise en eacutevidence sur la peacuteriode 1961-2015 (Vautard et al 2015 Ribes et al 2018) Cette augmentation est environ une agrave trois fois plus forte que celle qui est preacutedite par lrsquoaugmentation de la tempeacuterature observeacutee dans la reacutegion et la loi physique qui relie la quantiteacute drsquoeau dans lrsquoatmosphegravere agrave la tempeacuterature

En termes de freacutequence (fig B12b) le nombre drsquoeacuteveacutenements geacuteneacuterant des cumuls de pluie supeacuterieurs agrave 200 mm est eacutegalement en hausse significative du point de vue statistique depuis 2000

Toutefois les autres reacutegions franccedilaises sont soumises agrave des pluies de nature diffeacuterente Par exemple les forts cumuls qui ont pu ecirctre observeacutes durant lrsquohiver 2013-2014 reacutesultent drsquoune situation meacuteteacuteorologique avec un flux persistant de sud-ouest apportant une reacutepeacutetition drsquoeacutepisodes de pluies modeacutereacutees Les analyses du projet Extremoscope nrsquoont pas pu mettre en eacutevidence une tendance marqueacutee dans ce cas tout comme dans le cas des pluies printaniegraveres ayant donneacute lieu agrave une crue importante de la Seine en juin 2016 (cf p 58)

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Figure B12a (haut) ndash Eacutevolution du maximum annuel quotidien de preacutecipitation sur les reacutegions meacutediterraneacuteennes depuis 1962 B12b (bas) eacutevolution de la freacutequence drsquoeacutepisodes de pluies extrecircmes sur les reacutegions meacutediterraneacuteennes depuis 1962

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Cyclones et tempecirctesAuteur Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Les tempecirctes associeacutees aux systegravemes deacutepressionnaires tregraves mobiles de lrsquoAtlan-tique ou quasi-stationnaires en Meacutediterraneacutee font partie des extrecircmes climatiques aux conseacutequences lourdes pour nos socieacuteteacutes Du fait de la combinaison de leurs effets (vents violents action des vagues et submersion marine pluies intenses) et de lrsquoextension spatiale des zones affecteacutees les deacutegacircts occasionneacutes sont freacute-quemment importants tant en matiegravere de vies humaines que de coucircts eacutecono-miques ou de deacutegacircts sur lrsquoenvironnement Agrave elles seules les tempecirctes Lothar et Martin de deacutecembre 1999 ont fait en France meacutetropolitaine 92 victimes et occa-sionneacute plus de 15 Mdeuro de dommages 2 La tempecircte Xynthia en feacutevrier 2010 a durement toucheacute plusieurs reacutegions dont la faccedilade Atlantique et conduit agrave des eacutevo-lutions en matiegravere de preacutevention des risques sur le littoral Les tempecirctes de lrsquohiver 2017 dont la tempecircte Zeus le 6 mars ou celles agrave reacutepeacutetition de janvier 2018 ont rappeleacute en France et dans les diffeacuterents pays du Nord de lrsquoEurope la vulneacuterabi-liteacute de nos socieacuteteacutes face agrave ce type drsquoeacuteveacutenement

Du point de vue climatologique les donneacutees fiables pour analyser les tempecirctes eacutetaient jusqursquoagrave reacutecemment assez limiteacutees tant en reacutesolution spatiale qursquoen pro-fondeur temporelle Depuis fin 2016 une nouvelle base de donneacutees drsquoanalyse des rafales de vent en France agrave haute reacutesolution spatio-temporelle (25 km et 1 heure) permet de disposer de chroniques complegravetes des tempecirctes depuis 1980 3 et drsquoanalyser les tendances en termes de nombre drsquoeacuteveacutenements ou de seacuteveacuteriteacute (Soubeyroux et al 2018)

Au niveau national (fig B13) il apparaicirct que le nombre drsquoeacuteveacutenements de tem-pecirctes a fortement varieacute entre la peacuteriode 1980 agrave 1995 et les anneacutees 1995 agrave 2015 (reacuteduction de moitieacute du nombre drsquoeacuteveacutenements) Il est cependant difficile drsquoattribuer cette eacutevolution aux seuls effets du changement climatique notamment du fait de lrsquoinfluence de la variabiliteacute de la circulation geacuteneacuterale (oscillation multideacutecennale Atlantique et oscillation Nord Atlantique) sur lrsquoactiviteacute des tempecirctes sur le Nord de lrsquoEurope et la France en particulier La diminution de lrsquoactiviteacute tempeacutetueuse et drsquoune maniegravere geacuteneacuterale la baisse des vents de surface sur la terre est constateacutee dans un nombre croissant drsquoeacutetudes et lrsquoaugmentation de la rugositeacute de la surface terrestre (urbanisation augmentation des forecircts) est citeacutee comme un facteur drsquoex-plication probable (Vautard et al 2010 McVicar et al 2012 Wever 2012)

En matiegravere de cyclones lrsquoactiviteacute exceptionnelle de la saison cyclonique 2017 sur lrsquoAtlantique Nord et notamment lrsquoarc antillais (Chauvin et al 2017) a interrogeacute sur la contribution eacuteventuelle du changement climatique pour expliquer la reacutepeacute-tition de ces eacuteveacutenements et leur intensiteacute Mais si les climatologues disposent

2 wwwgeorisquesgouvfr

3 tempetesmeteofr

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drsquoobservations sur les cyclones tropicaux depuis la fin du XIXe siegravecle surtout sur lrsquoAtlantique les bases de donneacutees fiables ne deacutebutent au mieux que dans les anneacutees 1970 avec lrsquoarriveacutee des satellites car ces pheacutenomegravenes naissant sur les oceacuteans pouvaient passer inaperccedilus avant Gracircce agrave ces observations satellitaires et agrave des traitements automatiseacutes systeacutematiques pour caracteacuteriser les cyclones les climatologues ont donc pu identifier des tendances fiables de lrsquoactiviteacute cyclo-nique de 1970 agrave nos jours

On observe ainsi une augmentation de lrsquoactiviteacute des cyclones tropicaux dans lrsquoAtlan-tique nord depuis les anneacutees 1970 (Planton et al 2015) Leur freacutequence semble augmenter plus fortement dans les anneacutees 2000 En 2005 on relegraveve ainsi vingt-sept systegravemes cycloniques contre une dizaine par an en moyenne De mecircme la saison 2017 se distingue avec le nombre record drsquoouragans majeurs (six eacuteveacutene-ments de cateacutegorie supeacuterieure agrave 3 dont trois ouragans de cateacutegorie 5 Irma Joseacute et Maria) Mais sur lrsquoAtlantique nord en particulier lrsquoactiviteacute cyclonique varie natu-rellement selon des cycles de plusieurs dizaines drsquoanneacutees Avec un recul drsquoune quarantaine drsquoanneacutees seulement il est impossible de distinguer lrsquoimpact du chan-gement climatique de la variabiliteacute naturelle du pheacutenomegravene

Des travaux reacutecents montrent que la latitude agrave laquelle les cyclones ont atteint leur intensiteacute maximale a migreacute vers les pocircles au cours des trente-cinq derniegraveres anneacutees dans les deux heacutemisphegraveres Cette constatation est coheacuterente avec

Figure B13 ndash Eacutevolution du nombre de tempecirctes observeacutees en France meacutetropolitaine de 1980 agrave 2017 (barre bleu) et moyenne glissante sur cinq ans (trait rouge) agrave partir de la base de donneacutees du site httptempetesmeteofrancefr

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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lrsquoexpansion observeacutee de la ceinture tropicale au cours de cette peacuteriode La cein-ture tropicale est une zone confineacutee de part et drsquoautre de lrsquoEacutequateur par de larges zones deacutesertiques dans laquelle regravegne un climat chaud et humide Son exten-sion est deacutetermineacutee par la circulation atmospheacuterique Depuis quelques deacutecen-nies on constate que cette zone srsquoeacutelargit en direction des pocircles dans les deux heacutemisphegraveres Plusieurs facteurs pourraient expliquer cette expansion (variabiliteacute naturelle ozone stratospheacuterique reacutechauffement des tempeacuteratures de surface changement dans le profil vertical des tempeacuteratures)

Inondations crues lentes et crues rapides

Auteur Florence Habets

Universiteacute Pierre et Marie Curie

La France est impacteacutee par les crues rapides les crues lentes et les submer-sions cocirctiegraveres La freacutequence importante des crues rapides est associeacutee agrave une forte mortaliteacute (fig B14 Paprotny et al 2018)

Figure B14 ndash Occurrence des crues en Europe en fonction du type de crue

(Submersion cocirctiegravere en bleu crue lente en vert clair crue rapide en vert fonceacute ou multicomposante en vio-let) Agrave gauche lrsquoeacutevolution par mois sur lrsquoEurope avec en rose le nombre de deacutecegraves associeacutes Agrave droite dis-tribution du type de crue par pays et nombre de deacutecegraves par pays

Source Paprotny et al 2018

Nom

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Ces diffeacuterents types de crues sont associeacutes agrave des pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques diffeacuterents preacutecipitations intenses pour les crues rapides longues peacuteriodes humides pour les crues lentes tempecircte pour les submersions cocirctiegraveres Cela se traduit notamment par des dates drsquooccurrence de ces eacuteveacutenements qui varient dans lrsquoespace comme illustreacute fig B15 Lrsquoeacutetude de la date drsquooccurrence du deacutebit maximum annuel montre des changements dans la dynamique de ces maximums annuels avec des zones comme la Bretagne ougrave le pic se produit plus tocirct qursquoavant et drsquoautres comme la plaine de la Garonne ougrave il arrive plus tard (Bloschl et al 2017)

Nom

bre

de d

eacutecegraves

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Un type particulier de crues lentes est celle causeacutee par deacutebordement de nappe Un cas exemplaire est celui du bassin de la Somme en 2001 pour lequel des maisons ont eacuteteacute inondeacutees pendant plusieurs mois (Neacutegrel et Petelet-Giraud 2005) Une analyse historique (fig B16) des niveaux des nappes seacutedimentaires de la moitieacute nord de la France par modeacutelisation permet via lrsquoutilisation drsquoun indice standardiseacute du niveau pieacutezomeacutetrique drsquoestimer lrsquoextension et lrsquointensiteacute des eacutepisodes ougrave les niveaux de la nappe sont tregraves hauts (au-delagrave drsquoune peacuteriode de retour de dix ans en chaque point) Les anneacutees 2000 et 2001 apparaissent effectivement comme des anneacutees extrecircmes sur une grande partie des aquifegraveres seacutedimentaires eacutetudieacutes

Figure B15a (gauche) ndash Dates drsquooccurrence des maximums de deacutebits annuels en Europe entre 1960 et 2010 (droite) eacutevolution de la date drsquooccurrence des maximums entre 1960 et 2010 exprimeacutee en nombre de jours par deacutecennie

Chaque flegraveche repreacutesente une station hydromeacutetrique La direction et la couleur indiquent la date moyenne drsquooccurrence tandis que la longueur indique la concentration des crues agrave une peacuteriode donneacutee (courte tregraves disperseacutee dans le temps longue tregraves concentreacutee dans le temps)

Source Bloschl et al 2017

Figure B16 ndash Surface (abscisse) et intensiteacute (ordonneacutee) de lrsquooccurrence des hauts niveaux de nappe (peacuteriode de retour de dix ans) en moyenne sur les aquifegraveres preacutesenteacutes sur la carte

Reacutesultats issus du projet Aqui-FR wwwmetisupmcfr~aqui-fr

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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En 2015 le risque drsquoinondation a contribueacute agrave hauteur de 104 milliards de dollars ameacutericains aux pertes annuelles moyennes mondiales En France et sur la peacuteriode couvrant 1982 agrave 2017 le coucirct moyen annuel des inondations est estimeacute agrave 526 Meuroan Les inondations de la Seine et de la Loire de 2016 ont coucircteacute de lrsquoordre du milliard drsquoeuros

Les laves torrentiellesAuteur Vincent Jomelli

Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagriculture

Les laves torrentielles constituent un pheacutenomegravene complexe pour au moins trois raisons

drsquoun point de vue statistique il srsquoagit drsquoun eacuteveacutenement rare qui se produit parfois selon une freacutequence plurideacutecennale

le deacuteclenchement de ce type de processus deacutepend des conditions climatiques et geacuteomorphologiques (pente veacutegeacutetation lithologie etc) qui sont interconnecteacutees

les conditions de deacuteclenchement sont souvent lieacutees agrave des pheacutenomegravenes cli-matiques extrecircmes eux-mecircmes encore mal compris

Deux conditions sont neacutecessaires au deacuteclenchement des laves torrentielles (Caine 1980 Johnson et Rodine 1984 Van Steijn 1996 Iverson 1997) drsquoune part des preacutecipitations de longue dureacutee ou de forte intensiteacute et drsquoautre part un grand volume de deacutebris rocheux mobilisable En regravegle geacuteneacuterale un eacutepisode de pluie intense deacuteclenche ce processus (Guzzetti et al 2008) bien que des laves torren-tielles aient eacuteteacute eacutegalement provoqueacutees par la libeacuteration soudaine drsquoeau stockeacutee sous un glacier par la rupture drsquoun barrage morainique ou encore par la fonte rapide de neige (Evans et Clague 1994) La relation entre le deacuteclenchement des laves torrentielles et les caracteacuteristiques des pluies a eacuteteacute eacutetudieacutee agrave de nombreuses reprises depuis les travaux pionniers de Caine (1980) Cet auteur et drsquoautres par la suite ont montreacute que plus lrsquointensiteacute des pluies est forte plus la dureacutee de ces averses est courte (Marchi et al 2002 Guzzetti et al 2008 Berti et al 2012 Pavlova et al 2014 Bel et al 2017) En revanche si lrsquoimportance du volume de deacutebris stockeacutes dans le chenal est connue depuis longtemps (Statham 1976) cet aspect reste encore agrave explorer en profondeur (Pech et Jomelli 2001) Ce volume de deacutebris peut provenir soit drsquoaccumulations morainiques (Haeberli et al 1990 Rickenman et Zimmermann 1993) soit de deacutebris geacutelifracteacutes accumuleacutes dans un couloir ou au sommet drsquoun deacutepocirct de pente (Pech et Jomelli 2001) par graviteacute ou transporteacutes par une avalanche (Theule et al 2012)

Lrsquoimportance du synchronisme spatio-temporel entre les fortes pluies et un volume de deacutebris stockeacutes a deacutejagrave eacuteteacute souligneacutee agrave plusieurs reprises (notamment Pech et Jomelli 2001 Malet et al 2005 Bel et al 2017) En drsquoautres termes si une lave torrentielle est deacuteclencheacutee la probabiliteacute de deacuteclenchement les mois ou les anneacutees suivantes sera faible mecircme si de fortes pluies sont observeacutees car si

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le volume stockeacute dans le chenal a eacuteteacute totalement mobiliseacute au cours du premier eacuteveacutenement plusieurs anneacutees seront a priori neacutecessaires pour sa reconstitution

Les liens entre les laves torrentielles et le contexte geacuteomorphoclimatique

De nombreuses eacutetudes visant agrave documenter lrsquoactiviteacute des laves torrentielles dans diffeacuterentes reacutegions montagneuses ont reacuteveacuteleacute une forte variabiliteacute spatio- temporelle des bassins versants eacutetant plus actifs que drsquoautres On a donc chercheacute agrave identi-fier les facteurs geacuteomorphologiques ayant un impact important sur lrsquoactiviteacute des laves (Thiery et al 2007 Capitani et al 2013) En geacuteneacuteral lrsquoapproche consistait agrave explorer les relations statistiques entre lrsquoapparition de laves et une ou plusieurs variables geacuteomorphologiques explicatives deacutecrites agrave lrsquoeacutechelle du bassin-versant ou agrave une eacutechelle plus reacutegionale Parmi ces variables cleacutes les caracteacuteristiques geacuteologiques du bassin-versant (lithologie ou preacutesence drsquoune faille tectonique) ont eacuteteacute souligneacutees (Lorente et al 2002 Jomelli et al 2007 Cheng et al 2016) La taille du bassin-versant et sa pente sont eacutegalement consideacutereacutees comme des variables influant la freacutequence ou lrsquointensiteacute du processus tout comme le type de veacutegeacutetation ou lrsquoutilisation du sol (Jianzhong et al 2013)

La variabiliteacute des conditions meacuteteacuteorologiques est eacutegalement agrave prendre en compte Comme mentionneacute preacuteceacutedemment la preacutesence de laves torrentielles est dans la plupart des cas lieacutee agrave des pluies de longue dureacutee ou intenses Or les cumuls preacute-cipiteacutes de pluie etou de neige ainsi que la freacutequence des eacuteveacutenements extrecircmes varient dans le temps Certaines peacuteriodes peuvent donc ecirctre plus favorables que drsquoautres au deacuteclenchement de ce type de processus Ainsi une activiteacute accrue a eacuteteacute observeacutee en Europe occidentale pendant les peacuteriodes humides de lrsquoHolocegravene (Blikra et Nemec 1998 Matthews et al 2009) Lrsquoimpact du changement clima-tique actuel sur lrsquoactiviteacute des laves a eacutegalement eacuteteacute eacutetudieacute (Jomelli et al 2004 Wieczorek et Glade 2005 Pavlova et al 2014 Savi et al 2016) reacuteveacutelant le plus souvent un accroissement de lrsquooccurrence

Les liens entre les conditions geacuteomorphologiques et meacuteteacuteorologiquesclimatiques responsables du deacuteclenchement des laves doivent eacutegalement ecirctre consideacutereacutes Par exemple le seuil de preacutecipitations deacuteclenchant les laves deacutepend des caracteacuteris-tiques du sol qui controcirclent la saturation et la pression interstitielle (Peruccacci et al 2012) Lrsquoactiviteacute des laves deacutepend eacutegalement du volume de seacutediments pouvant ecirctre mobiliseacute dans le bassin-versant Ce volume est directement influenceacute par des variables geacuteomorphologiques telles que la lithologie (Hung et al 2005 Mc Coy et al 2012) mais ce stock varie eacutegalement selon un cycle saisonnier et connaicirct une variabiliteacute interannuelle qui deacutepend du climat (Theule et al 2012)

Pour eacutetudier les relations entre le fonctionnement des laves torrentielles et le climat actuel deux eacutechelles spatiales doivent ecirctre consideacutereacutees celle du bassin-versant expeacuterimental tregraves bien instrumenteacute (Bel et al 2017) et lrsquoeacutechelle reacutegionale (Pavlova et al 2012) Les deux approches ont leurs avantages et leurs inconveacute-nients raisons pour lesquelles elles doivent ecirctre utiliseacutees de concert Rappelons ici briegravevement les principaux reacutesultats issus de ces observations en commenccedilant tout drsquoabord par les bassins-versants expeacuterimentaux

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Lrsquoeacutechelle du bassin-versant expeacuterimental

Nos connaissances sur le deacuteclenchement des laves torrentielles ont eacuteteacute largement ameacutelioreacutees gracircce aux observations reacutealiseacutees depuis huit ans dans le bassin-ver-sant expeacuterimental du Reacuteal situeacute dans les Preacutealpes franccedilaises du Sud agrave proximiteacute du village de Peacuteone dans le deacutepartement des Alpes-Maritimes Ce bassin-versant de 23 km2 tregraves actif veacutegeacutetaliseacute agrave plus de 70 a eacuteteacute eacutequipeacute de trois stations de mesures comprenant chacune un geacuteophone des capteurs de hauteur drsquoeau une cameacutera et un pluviomegravetre (Navratil et al 2013) Ce systegraveme a permis drsquoidenti-fier plus drsquoune trentaine drsquoeacuteveacutenements dont certains nrsquoont pas atteint la partie basse du bassin-versant Gracircce agrave ces observations on sait que ces eacutecoulements se produisent principalement en eacuteteacute (43 ) et au printemps (40 ) et plus rare-ment agrave lrsquoautomne (10 ) et en hiver (5 )

Ce dispositif de mesures a aussi permis drsquoeacutetudier finement les relations inten-siteacute-dureacutee (ID) des pluies responsables drsquoun deacuteclenchement de lave Ce seuil ID varie quelque peu selon le volume de seacutediments mobiliseacutes et les distances parcourues (Bel et al 2017) Une augmentation systeacutematique du seuil ID a eacuteteacute constateacutee avec la surface de drainage Gracircce agrave ces observations un seuil drsquointen-siteacutedureacutee des preacutecipitations en fonction des caracteacuteristiques des eacuteveacutenements pluvieux a eacuteteacute deacutefini Les conditions meacuteteacuteorologiques propices au deacuteclenchement des laves ont eacuteteacute identifieacutees et ont eacuteteacute ensuite compareacutees aux autres types drsquoeacutecou-lements Dans le bassin-versant les laves sont deacuteclencheacutees apregraves des pluies de forte intensiteacute pendant quelques minutes combineacutees agrave de forts cumuls le jour de lrsquoeacuteveacutenement et les deux jours preacuteceacutedents Les valeurs drsquointensiteacute deacuteclenchant les laves varient en fonction de la saison Celles-ci sont geacuteneacuteralement comprises entre 10 mm au printemps et plus de 40 mm pour les autres saisons

Les preacutecipitations ayant eu lieu les jours preacuteceacutedant le deacuteclenchement apparaissent ecirctre un facteur pertinent pour diffeacuterencier les laves des autres types drsquoeacutecoule-ments Pour ces derniegraveres un cumul de preacutecipitations compris entre 8 et 30 mm srsquoavegravere ecirctre un seuil au-delagrave duquel les laves se deacuteclenchent Les laves torren-tielles immatures se produisent apregraves des eacutepisodes pluvieux intenses et de courte dureacutee combineacutes agrave des cumuls journaliers relativement faibles Les eacutecoulements agrave charge de fond se produisent eux apregraves de fortes pluies drsquointensiteacute modeacutereacutee

Ces observations des processus en temps reacuteel reacutealiseacutees dans des bassins-versants expeacuterimentaux permettent aussi drsquoameacuteliorer nos connaissances sur la physique de lrsquoeacutecoulement afin de deacutevelopper des modegraveles deacuteterministes et drsquoestimer des dis-tances drsquoarrecirct (Laigle et Marchi 2000 Mallet et al 2005 Remaitre et al 2008)

Au total ce type de dispositif est indispensable pour comprendre finement le fonc-tionnement des processus Il doit donc ecirctre maintenu sur la dureacutee et reproduit dans drsquoautres contextes environnementaux (veacutegeacutetation lithologie climat) pour saisir leurs effets sur le deacuteclenchement et le fonctionnement des laves Ces observa-tions doivent eacutegalement ecirctre combineacutees agrave des observations reacutealiseacutees cette fois agrave une eacutechelle spatiale plus large preacutesenteacutee ci-dessous

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Lrsquoeacutechelle reacutegionale

Pour eacutetudier les causes des variations de lrsquoactiviteacute des laves torrentielles il faut disposer drsquoobservations permettant de satisfaire deux conditions

une longue peacuteriode de temps pour deacutetecter potentiellement un changement significatif dans lrsquoactiviteacute du processus et du climat

un large territoire pour prendre en compte les variations spatiales lieacutees aux caracteacuteristiques du bassin-versant par exemple la lithologie

On beacuteneacuteficie en France drsquoun reacuteseau drsquoobservations de laves torrentielles reacutealiseacutees par les agents du RTM (Office national des forecircts ndash restauration des terrains en montagne) en partenariat avec lrsquoIRSTEA sur lrsquoensemble du territoire alpin (Brochot et al 2002) Ces donneacutees uniques couvrant plusieurs deacutecennies preacutesentent neacuteanmoins certaines faiblesses rappeleacutees ici Le recensement ayant lieu au pied des bassins-versants il srsquoagit drsquoun nombre minimal drsquoeacuteveacutenements au regard des observations reacutealiseacutees dans le bassin-versant expeacuterimental du Real par exemple Les eacuteveacutenements geacuteo-reacutefeacuterenceacutes sont documenteacutes au pas de temps journalier le plus souvent Par ailleurs bien que reacutealiseacutee par des speacutecialistes lrsquoidentification des types drsquoeacutecoulement est parfois deacutelicate a posteriori Toutefois ces observa-tions apportent un eacuteclairage nouveau et essentiel agrave la compreacutehension des laves torrentielles dont quelques exemples sont preacutesenteacutes ici Dans les hauts bas-sins-versants du Drac de lrsquoIsegravere et de la Durance des relations intensiteacute-dureacutee des preacutecipitations ont eacuteteacute proposeacutees agrave partir drsquoobservations meacuteteacuteorologiques et des reacuteanalyses SAFRAN (Pavlova et al 2011 2012 2014) Toutefois la faible densiteacute du reacuteseau drsquoobservation meacuteteacuteorologique rend peu pertinent ce type drsquoap-proche ID agrave cette eacutechelle spatiale En effet de tregraves nombreux eacuteveacutenements ont eacuteteacute deacuteclencheacutes sans que des preacutecipitations aient eacuteteacute mesureacutees agrave proximiteacute les stations meacuteteacuteorologiques eacutetant le plus souvent situeacutees agrave basse altitude et parfois distantes de plusieurs kilomegravetres du bassin-versant consideacutereacute Dans ces sec-teurs une approche fondeacutee sur une modeacutelisation probabiliste srsquoest aveacutereacutee plus pertinente pour identifier les conditions meacuteteacuteorologiquesclimatiques propices au deacuteclenchement des laves agrave partir de variables mesureacutees au pas de temps jour-nalier ou mensuel cette fois (Pavlova et al 2014) Le nombre de jours de pluies entre le 15 mai et le 15 octobre ainsi que la moyenne des tempeacuteratures maxi-males sont les deux variables qui se sont aveacutereacutees ecirctre les mieux correacuteleacutees au deacuteclenchement des laves agrave une eacutechelle reacutegionale (Pavlova et al 2014) (fig B17) Ces longues seacuteries eacuteveacutenementielles sont de qualiteacute variable dans le temps et lrsquoespace raison pour laquelle une pseudo-homogeacuteneacuteisation a eacuteteacute testeacutee avec succegraves (Jomelli et al 2015) Ces longues seacuteries corrigeacutees ont permis de deacutetec-ter une augmentation de lrsquooccurrence des laves au cours de ces derniegraveres deacutecen-nies en lien avec le climat (Jomelli et al 2007 2015) Cette base de donneacutees eacuteveacutenementielles a aussi permis de caracteacuteriser la plupart des bassins-versants et deacuteterminer ainsi dans lesquels les laves se produisent plus favorablement que drsquoautres types drsquoeacutecoulements concentreacutes en srsquoappuyant sur lrsquoindice de Melton (Bertrand et al 2013)

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Par ailleurs ces investigations conduites sur un large territoire ont permis de montrer que les relations entre les laves torrentielles et le climat nrsquoeacutetaient pas univoques mais deacutependaient fortement du contexte geacuteomorphologique comme la lithologie lrsquoaltitude et la taille de la zone amont qui a une forte influence sur la freacutequence et le temps de retour de ces laves (Jomelli et al 2007) Une remonteacutee en altitude de la zone de deacuteclenchement des laves torrentielles a ainsi pu ecirctre mise en eacutevidence lieacutee agrave lrsquoaugmentation des tempeacuteratures De plus agrave basse alti-tude (lt 2 200 m) le nombre de laves a diminueacute depuis les anneacutees 1980 alors qursquoune augmentation significative a eacuteteacute observeacutee en altitude (Jomelli et al 2004)

Agrave cette eacutechelle spatiale le contexte geacuteomorphologique peut ecirctre consideacutereacute dans la relation climatdeacuteclenchement des laves Sur le plan meacutethodologique les modegraveles deacuteterministes peuvent prendre en compte simultaneacutement les variables environnementales et climatiques dans lrsquoeacutevaluation de lrsquoactiviteacute des laves torren-tielles Par exemple les modegraveles de stabiliteacute des pentes utilisent des variables geacuteotechniques pour deacutefinir la sensibiliteacute du sol aux eacutecoulements en fonction des preacutecipitations Cependant ces modegraveles sont geacuteneacuteralement appliqueacutes aux bassins-versants preacutesentant des caracteacuteristiques environnementales homogegravenes situeacutees dans la mecircme zone climatique afin de reacuteduire la difficulteacute de la modeacutelisation Les approches agrave partir drsquoanalyses statistiques utilisent geacuteneacuteralement des donneacutees couvrant un large territoire impliquant une grande variabiliteacute environnementale et climatique Mais ici aussi pour reacuteduire la complexiteacute de lrsquoanalyse les preacutedic-teurs environnementaux et climatiques sont le plus souvent consideacutereacutes seacutepareacute-ment Reacutecemment une modeacutelisation bayeacutesienne hieacuterarchique a permis de montrer que le climat joue un rocircle deacuteterminant lorsque lrsquoactiviteacute des bassins-versants est homogegravene (au moins une lave deacuteclencheacutee par deacutecennie) Agrave lrsquoinverse crsquoest la litho-logie qui srsquoavegravere ecirctre la variable la plus discriminante pour expliquer la raison pour laquelle certains bassins-versants sont tregraves actifs tandis que drsquoautres le sont peu (Jomelli et al 2018 submitted)

Figure B17 ndash Probabiliteacute de deacuteclenchement des laves torrentielles dans les Alpes franccedilaises du Nord agrave partir de SAFRAN (1970-2005)

Source drsquoapregraves Pavlova et al 2014

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Les avalanches

Auteurs Nicolas Eckert Thierry Faug Florie Giacona Jeacuterocircme Lopez-Saez

Mohamed Naaim

Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Christophe Corona

GEOLAB Centre national de la recherche scientifique Clermont-Ferrand

Samuel Morin

Meacuteteacuteo-France Centre drsquoeacutetude de la neige Grenoble

Quelques reacutesultats statistiques sur les observations des avalanches pour les der-niegraveres deacutecennies dans les Alpes franccedilaises

LrsquoEnquecircte permanente sur les avalanches (EPA) constitue une base de donneacutees quasi instrumentale qui reacutepertorie les avalanches sur pregraves de 3 000 couloirs des Alpes depuis le deacutebut du XXe siegravecle Les observations qui y sont consigneacutees ont pour lrsquoinstant eacuteteacute analyseacutees surtout sur la peacuteriode post-Seconde Guerre mon-diale au cours de laquelle elles sont plus systeacutematiques En matiegravere de nombre drsquoavalanches malgreacute une forte variabiliteacute interannuelle un maximum relatif drsquoac-tiviteacute a pu ecirctre identifieacute autour de 1980 suivi par une deacutecroissance (fig B18a Eckert et al 2010) Une tendance similaire se retrouve de maniegravere amplifieacutee et inverseacutee dans les altitudes drsquoarrecirct atteintes par les avalanches (fig B18b) et plus encore dans les altitudes drsquoarrecirct atteintes par les grandes avalanches qui remontent nettement depuis 1980 (fig B18c) Une autre tendance significative est la diminution nette et reacuteguliegravere de la proportion drsquoavalanches avec aeacuterosol depuis le deacutebut des anneacutees 1970 eacutepoque agrave partir de laquelle cette information est enregistreacutee dans lrsquoEPA (fig B18d)

Lrsquoaugmentation relative de lrsquoactiviteacute avalancheuse sur la peacuteriode 1960-1980 a coiumlncideacute avec des hivers plus froids et neigeux par ailleurs bien documenteacutes par drsquoautres indicateurs (courtes avanceacutees glaciaires notamment) Le laquo recul des avalanches raquo accompagneacute drsquoune diminution de la proportion des avalanches avec aeacuterosol qui srsquoest produite ensuite coiumlncide quant agrave lui avec une peacuteriode de reacutechauf-fement marqueacute (Castebrunet et al 2012)

Le lien entre altitude drsquoarrecirct des avalanches et tempeacuterature a pu ecirctre mis en eacutevi-dence de maniegravere explicite au travers de correacutelations entre les frottements qui controcirclent la dynamique des avalanches et les proprieacuteteacutes physiques de la neige Sur les couloirs bien documenteacutes de la haute valleacutee de lrsquoArve il a pu ecirctre montreacute que le coefficient de frottement de la neige augmente avec la tempeacuterature de la neige (Naaim et al 2013) Ce reacutesultat suggegravere que la remonteacutee en altitude des positions drsquoarrecirct des avalanches depuis 1980 peut effectivement ecirctre attribueacutee au moins en partie agrave lrsquoaugmentation des tempeacuteratures hivernales

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Figure B18 eacutevolutions reacutecentes de lrsquoactiviteacute avalancheuse dans les Alpes franccedilaises enregistreacutee par lrsquoEPA a) nombre moyen drsquoavalanches par couloir et par an b) altitude drsquoarrecirct moyenne annuelle c) altitude drsquoarrecirct deacutecennale (niveau de retour) d) proportion drsquoavalanches avec aeacuterosol (incluant les eacutecoulements mixtes)

Ce scheacutema global simple masque en reacutealiteacute des eacutevolutions diffeacuterencieacutees forte-ment controcircleacutees par lrsquoaltitude Agrave basse altitude (approximativement en dessous de 1 500 m) la diminution de lrsquoactiviteacute avalancheuse depuis 1980 environ a eacuteteacute drastique en lien avec la forte reacuteduction de lrsquoenneigement induite par le reacutechauf-fement du climat Au contraire agrave plus haute altitude lrsquoactiviteacute a reacutecemment aug-menteacute depuis 1980 (Lavigne et al 2015) peut-ecirctre sous lrsquoeffet de lrsquoaccroissement de la variabiliteacute climatique hivernale et de lrsquoactiviteacute avalancheuse de neige humide

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

53

sur laquelle on reviendra Cette tendance concerne en particulier les massifs du sud des Alpes franccedilaises qui ont en moyenne une altitude plus eacuteleveacutee que ceux situeacutes au nord des Alpes franccedilaises et sont soumis conjointement aux influences climatiques meacutediterraneacuteennes et atlantiques

Ailleurs etou sur des peacuteriodes plus longues

Pour reacuteellement appreacutehender le lien avalanche-climat il est neacutecessaire de srsquoin-teacuteresser agrave des peacuteriodes temporelles plus longues incluant des eacutepoques ougrave le climat eacutetait clairement diffeacuterent des conditions actuelles Des donneacutees paleacuteo-envi-ronnementales suggegraverent ainsi qursquoau Petit acircge glaciaire (PAG) 4 des avalanches majeures se sont produites dans des endroits ougrave lrsquoactiviteacute a eacuteteacute bien moins intense durant les derniegraveres deacutecennies Ces eacutevolutions pluriseacuteculaires ont pu ecirctre docu-menteacutees en Scandinavie au moyen drsquoune approche licheacutenomeacutetrique qui utilise lrsquoacircge des lichens pour deacuteterminer la freacutequence des remaniements dans les zones drsquoarrecirct drsquoavalanches Dans les montagnes europeacuteennes et en Ameacuterique du Nord lrsquoapproche dendrogeacuteomorphologique baseacutee sur lrsquoidentification et la datation des perturbations de croissance lieacutees aux avalanches dans les cernes de croissance de vieux peuplements forestiers a eacuteteacute utiliseacutee La plus ancienne chronique ava-lancheuse actuellement reconstruite remonte jusqursquoau XIVe siegravecle dans le massif du Queyras Lrsquointerpreacutetation climatique de telles seacuteries reste toutefois difficile du fait du caractegravere limiteacute de la quantiteacute de donneacutees ainsi reconstruites et des biais inheacuterents agrave la meacutethode (perte de meacutemoire avec le temps etc)

Les proxies sont utilement suppleacutementeacutes par lrsquoanalyse des archives historiques qursquoil convient toutefois de replacer dans leur contexte avec preacutecision (qualiteacute et origine des sources eacutevolutions du vocabulaire etc) Dans cette optique les massifs franccedilais de moyenne montagne (Massif vosgien Massif central Jura) constituent des sites drsquoeacutetude privileacutegieacutes Lrsquoaltitude des zones de deacutepart drsquoavalanche corres-pond agrave lrsquoaltitude moyenne de la limite pluieneige durant la saison hivernale ce qui les rend particuliegraverement sensible au reacutechauffement Des travaux reacutecents baseacutes sur une analyse historique suggegraverent ainsi une quasi-extinction de lrsquoacti-viteacute avalancheuse de basse altitude au cours de la seconde moitieacute du XIXe siegravecle dans le Massif vosgien peacuteriode qui coiumlncide avec la sortie du PAG Toutefois les sources historiques eacutetant geacuteneacuteralement eacutetroitement associeacutees agrave la vulneacuterabi-liteacute donc aux deacutegacircts causeacutes par les avalanches elles ne permettent pas agrave elles seules de renseigner lrsquoeacutevolution de lrsquoaleacutea naturel Des investigations suppleacutemen-taires associant donneacutees historiques proxies eacutetudes diachroniques des usages des sols et diffeacuterents outils de simulation climatique restent donc agrave mener pour confirmer et si possible geacuteneacuteraliser ces premiers reacutesultats relatifs agrave lrsquoeacutevolution seacuteculaire de lrsquoactiviteacute avalancheuse avec le climat

4 Le Petit acircge glaciaire (PAG) est une peacuteriode climatique froide survenue en Europe et en Ameacuterique du Nord du deacutebut du XIVe agrave la fin du XIXe siegravecle approximativement

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Lien entre les changements deacutejagrave observeacutes et les activiteacutes humaines

Auteurs Serge Planton

Meacuteteacuteo-France

Robert Vautard

IPSL

De nombreux eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques ou climatiques extrecircmes ont ponctueacute la derniegravere deacutecennie en France (voir Partie preacuteceacutedente) Ces pheacutenomegravenes ont parfois eacuteteacute laquo sans preacuteceacutedent connu raquo comme la vague de chaleur de 2003 engendrant des impacts nouveaux auxquels la socieacuteteacute nrsquoeacutetait pas preacutepareacutee Srsquoil est difficile de relier directement ces eacuteveacutenements au changement climatique en revanche les projections climatiques pour le milieu ou la fin du siegravecle montrent une eacutevolu-tion de la freacutequence ou de lrsquointensiteacute de plusieurs types drsquoeacuteveacutenements (vagues de chaleur seacutecheresses preacutecipitations intenses notamment) sans montrer de signal significatif pour drsquoautres (tempecirctes notamment)

Degraves lors plusieurs questions geacuteneacuterales se posent chaque fois qursquoun eacuteveacutenement se produit

Cet eacuteveacutenement ou bien lrsquoeacutevolution de ses caracteacuteristiques sont-ils seulement

drsquoorigine naturelle ou en partie lieacutes aux activiteacutes humaines Comment les pheacute-

nomegravenes observeacutes peuvent-ils se comparer aux projections du climat futur

Les reacuteponses agrave ces questions sont cruciales pour anticiper les risques agrave venir et preacuteparer les politiques drsquoadaptation lieacutees aux extrecircmes En effet les eacuteveacutenements extrecircmes engendrent des dommages importants de faccedilon transversale et simul-taneacutee dans diffeacuterents secteurs de lrsquoeacuteconomie de la santeacute ou de lrsquoenvironnement Ils ont parfois servi de deacuteclencheurs de nouvelles politiques drsquoadaptation (ex le Plan national canicule en 2003) Une meilleure compreacutehension et interpreacuteta-tion des causes de ces aleacuteas dans un cadre climatique eacutevolutif permettraient de mieux les anticiper au lieu de subir leurs conseacutequences

Le lien au changement climatique pour la plupart de ces eacuteveacutenements reste agrave eacutetudier Pourtant nous ne partons pas de rien En effet drsquoune part un nombre croissant drsquoeacutetudes srsquointeacuteressent actuellement agrave la deacutetection et agrave lrsquoattribution des change-ments climatiques des eacuteveacutenements extrecircmes et de leurs conseacutequences eacuteven-tuelles Il srsquoagit de deacuteterminer si lrsquoeacutevolution des statistiques (freacutequence amplitude) drsquoun type drsquoeacuteveacutenement (par exemple la probabiliteacute drsquoobserver une vague de chaleur ou la freacutequence de preacutecipitations intenses) peut ecirctre expliqueacutee par la seule varia-biliteacute interne du climat et si ce nrsquoest pas le cas drsquoeacutevaluer les contributions au changement deacutetecteacute de diffeacuterents facteurs externes qursquoils soient anthropiques (par exemple les gaz agrave effet de serre ou les particules de pollution atmospheacuterique) ou naturels (par exemple lrsquoactiviteacute solaire ou volcanique) Les meacutethodes actuelles

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

55

reposent souvent sur la comparaison de simulations climatiques avec et sans les facteurs suspecteacutes et leur coheacuterence avec les observations

Drsquoautre part plus reacutecemment lrsquoattention srsquoest porteacutee sur lrsquoattribution drsquoeacuteveacutene-ments singuliers Il srsquoagit dans ce cas drsquoeacutetudier speacutecifiquement un eacuteveacutenement observeacute et drsquoestimer comment les facteurs externes ont pu modifier la probabi-liteacute drsquooccurrence des eacuteveacutenements du mecircme type Le terme drsquoattribution est ici agrave manier avec prudence car il ne srsquoagit pas drsquoaffirmer que lrsquoeacuteveacutenement nrsquoaurait pas eu lieu en lrsquoabsence du forccedilage anthropique par exemple mais drsquoindiquer srsquoil est devenu plus ou moins probable agrave cause de ce forccedilage

Sont reacutesumeacutes ici quelques reacutesultats obtenus par le projet Extremoscope 5 (Gasparrini 2017) Les eacuteveacutenements extrecircmes eacutetudieacutes ici eacutetaient ceux pour lesquels les donneacutees historiques sont disponibles homogegravenes et fiables (vagues de chaleur vagues de froid seacutecheresses ou preacutecipitations intenses)

Pendant le deacuteroulement du projet de novembre 2013 agrave octobre 2016 six eacuteveacute-nements meacuteteacuteorologiques et climatiques particuliegraverement marquants qui se sont produits en France ont eacuteteacute retenus pour lrsquoanalyse Trois se rapportent agrave des eacuteveacutene-ments pluvieux et trois agrave des eacutepisodes chauds mais aussi secs pour lrsquoun drsquoentre eux Par la suite drsquoautres pheacutenomegravenes ont pu eacutegalement ecirctre eacutetudieacutes dans le cadre de la nouvelle laquo Convention services climatiques raquo soutenue par le ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire

Nous donnons ici une courte synthegravese de lrsquoeacutetude de chacun des six eacuteveacutenements analyseacutes pendant le projet Extremoscope Quelques figures choisies pour deux des six cas permettent drsquoillustrer le type de visualisation pouvant ecirctre produit pour caracteacuteriser chaque eacuteveacutenement et son lien avec le changement climatique

Les pluies intenses de lrsquohiver 2013-2014

Les cumuls de pluie de lrsquohiver 2013-2014 ont deacutepasseacute les records des cinquante derniegraveres anneacutees sur la Bretagne ougrave ils ont engendreacute des inondations majeures (fig B19) Cet eacuteveacutenement est ducirc agrave la persistance drsquoune circulation atmospheacuterique avec des vents de sud-ouest chargeacutes drsquohumiditeacute Les simulations climatiques reacutegionales reproduisent difficilement les forts cumuls sur lrsquohiver et ne montrent pas de changement significatif des proprieacuteteacutes des extrecircmes depuis 1971 Il est donc impossible avec les reacutesultats obtenus ici de conclure agrave un changement ducirc aux activiteacutes humaines pour ce type drsquoextrecircme

5 Programme GICC MTESCGDDDRISR

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Les pluies Ceacutevenoles de lrsquoautomne 2014

Les pluies journaliegraveres les plus fortes sur le pourtour meacutediterraneacuteen ont une amplitude qui a augmenteacute de 20 environ (incertitude plusmn 15 ) entre 1960 et aujourdrsquohui En automne sur les Ceacutevennes la probabiliteacute de deacutepasser aujourdrsquohui des seuils eacuteleveacutes (300 mmjour) comme ceux observeacutes en 2014 a environ tripleacute en soixante-cinq ans (Vautard et al 2015) Il est difficile drsquoexpliquer ces tendances sans invoquer lrsquoinfluence humaine sur le climat Une nouvelle eacutetude tregraves reacutecente (Luu et al 2018) a permis de montrer que les simulations reacutealiseacutees dans le cadre du projet EURO-CORDEX inteacutegrant les eacutemissions anthropiques ont des tendances eacutequivalentes coheacuterentes avec les observations tout en sous-estimant les cumuls de preacutecipitations Lrsquoorigine humaine de cette augmentation est donc probable

Figure B19 ndash Caracteacuterisation du caractegravere exceptionnel des preacutecipitations de lrsquohiver 2013-2014 avec lrsquoindicateur agreacutegeacute de preacutecipitations agrave lrsquoeacutechelle de la reacutegion Bretagne calculeacute sur la peacuteriode 1959-2017 (cumul moyen sur la zone)

Source Extremoscope

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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La vague de chaleur et la seacutecheresse de lrsquoeacuteteacute 2015

Lrsquoeacuteteacute 2015 est le troisiegraveme eacuteteacute le plus chaud observeacute en France apregraves 2003 (+ 32 degC) 2018 (+ 2 degC) Il a notamment eacuteteacute marqueacute par deux vagues de chaleur en juillet Lrsquoanomalie de tempeacuterature a eacuteteacute accompagneacutee drsquoune anomalie anticy-lonique sur lrsquoEurope Lrsquoeacuteteacute 2015 a eacuteteacute eacutetudieacute agrave travers deux meacutethodes de deacutetec-tion et attribution Si les deux meacutethodes srsquoaccordent pour dire que le changement climatique a augmenteacute lrsquointensiteacute de cette vague de chaleur elles diffegraverent quant agrave leur quantification de cette augmentation La meacutethode des analogues de cir-culation conduit agrave une augmentation de 11 degC tandis que la meacutethode baseacutee sur des simulations reacutegionales attribue 03 degC au changement climatique Par ail-leurs une eacutetude reacutecente srsquoest focaliseacutee sur le deacuteficit en preacutecipitation au cours du mecircme eacuteteacute (Hauser et al 2017) La variabiliteacute des reacutesultats entre les diffeacute-rents modegraveles nrsquoa pas permis de conclure agrave un signal significatif des activiteacutes humaines pour ce paramegravetre

Le record de chaleur de deacutecembre 2015

Le mois de deacutecembre 2015 le plus chaud jamais observeacute en France (fig B20) a eacuteteacute eacutetudieacute agrave partir de plusieurs meacutethodes afin de deacuteterminer le rocircle eacuteventuel

Figure B20 ndash Caracteacuterisation des mois de deacutecembre en France en rapport agrave la normale (moyenne 1981-2010) pour les preacutecipitations en pourcentage de cette normale (axe des abscisses) et eacutecart agrave la normale des tempeacuteratures en degreacute Celsius (axe des ordonneacutees)

Source Meacuteteacuteo-France

Tempeacuteratures et preacutecipitations en deacutecembre de 1959 agrave 2017

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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du changement climatique dans son apparition Les tempeacuteratures eacuteleveacutees sont largement dues aux vents de sud soufflant au cours du mois mais lrsquointensiteacute de cet eacuteveacutenement est 025 degC agrave 06 degC plus eacuteleveacutee que ce qursquoelle aurait eacuteteacute avec les mecircmes vents dans un climat avec moins de gaz agrave effet de serre Les simulations climatiques utiliseacutees ne contiennent aucun cas de tempeacuteratures aussi eacuteleveacutees agrave la fin du XXe siegravecle alors que quelques cas apparaissent dans la peacuteriode actuelle Ce type drsquoeacuteveacutenement est donc extrecircmement peu probable dans un climat sans influence humaine mais deviendra de plus en plus probable au cours du XXIe siegravecle sans reacuteduction des eacutemissions de gaz agrave effet de serre (fig B21) Une eacutetude publieacutee reacutecemment a par ailleurs permis de deacutemontrer que pour des circulations atmos-pheacuteriques similaires les tempeacuteratures sont moins eacuteleveacutees dans le milieu du XXe siegravecle que dans la peacuteriode plus reacutecente (Jeacutezeacutequel et al 2017)

Les pluies extrecircmes du printemps 2016

Un eacutepisode de trois jours de pluies quasi continues srsquoest produit sur le centre de la France les 29-30-31 mai 2016 occasionnant des inondations dans les bassins de la Loire et de la Seine notamment sur plusieurs affluents Une augmentation de freacutequence de ce type drsquoeacuteveacutenement agrave cette peacuteriode de lrsquoanneacutee nrsquoest pas deacutetec-table dans les observations En revanche les simulations de plusieurs ensembles

Figure B21 ndash Valeurs de retour de lrsquoindicateur thermique pour le mois de deacutecembre en fonction de la peacuteriode de retour pour les observations durant la peacuteriode reacutecente (couleur cyan) et pour diffeacuterentes peacuteriodes pour les simulations Euro-CORDEX

Source IPSL

Vale

ur d

e re

tour

(degC

)

Peacuteriode de retour (anneacutees)

1971-2000

Actuel [2001-2030]

2021-2050

2041-2070

Obs 1949-2015

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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de modegraveles montrent une augmentation drsquoun facteur 15 agrave 2 environ de cette freacute-quence par rapport agrave un climat sans activiteacutes humaines ou agrave une peacuteriode clima-tique de la fin du XXe siegravecle Il est donc possible que les activiteacutes humaines aient augmenteacute lrsquointensiteacute et la probabiliteacute drsquooccurrence de tels pheacutenomegravenes sans que les observations permettent de le confirmer

Les vagues de chaleur tardives de lrsquoeacuteteacute 2016

La France a connu des tempeacuteratures tregraves eacuteleveacutees au cours de la fin de lrsquoeacuteteacute 2016 Bien que classiques pour une vague de chaleur de milieu drsquoeacuteteacute les tempeacuteratures rencontreacutees ont eacuteteacute tregraves exceptionnelles pour une fin drsquoeacuteteacute et des valeurs record pour la peacuteriode du 16 aoucirct au 15 septembre ont eacuteteacute atteintes Une analyse agrave partir des simulations climatiques montre que de telles tempeacuteratures sont extrecirc-mement peu probables sans la modification du climat induite par les activiteacutes humaines Elle montre aussi que dans le futur des tempeacuteratures aussi eacuteleveacutees entre le 16 aoucirct et le 15 septembre seront freacutequentes Cela montre que les mesures drsquoadaptation aux vagues de chaleur doivent aussi srsquoeacutetendre au mois de septembre

Drsquoautres eacutetudes ont eacuteteacute meneacutees depuis comme celle sur lrsquoeacuteteacute exceptionnel et la vague de chaleur drsquoaoucirct 2017 sur les reacutegions meacutediterraneacuteennes (Kew et al 2018) montrant que drsquoune part la probabiliteacute de telles tempeacuteratures avait pro-bablement augmenteacute drsquoun ordre de grandeur 6 avec une peacuteriode de retour actuelle drsquoune dizaine drsquoanneacutees sur la reacutegion concerneacutee et drsquoautre part que dans un climat 2 degreacutes plus chaud que sans activiteacutes humaines ce type de tempeacuteratures deviendrait la norme dans cette reacutegion Il faut rappeler les tempeacuteratures record observeacutees (plus de 41 degC agrave Nicircmes) et la forte seacutecheresse qui a accompagneacute cet eacuteveacutenement occasionnant des pertes pour la viticulture notamment

Conclusions

La diversiteacute de ces eacuteveacutenements portant parfois sur une saison parfois sur quelques jours conduit agrave tirer des conclusions diffeacuterentes concernant un possible effet des activiteacutes humaines Ces conclusions vont de lrsquoabsence drsquoeffet identifieacute (pluies intenses seacutecheresses) jusqursquoagrave une empreinte claire des activiteacutes humaines sur la probabiliteacute drsquoeacuteveacutenements comparables (vagues de chaleur) La quantification preacutecise de lrsquoinfluence humaine sur les extrecircmes de chaleur nrsquoest toutefois pas possible agrave ce stade

Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale ces conclusions sont en accord avec les reacutesultats des eacutetudes meneacutees au niveau international et dont une synthegravese avait eacuteteacute faite au cours drsquoun atelier du colloque Our Common Future Under Climate Change qui srsquoest tenu quelques mois avant la confeacuterence de Paris sur le climat (Paris 7-10 juillet 2015) La principale conclusion de cet atelier focaliseacute sur la question de la deacutetec-tion et de lrsquoattribution des eacuteveacutenements singuliers eacutetait la suivante

6 La probabiliteacute a eacuteteacute multiplieacutee par un facteur 10

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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laquo Les preuves que lrsquoinfluence humaine exacerbe les extrecircmes de tempeacuterature ont continueacute agrave se renforcer et la confiance dans le fait que ce soit aussi le cas pour les extrecircmes de preacutecipitations augmente raquo

Agrave ce jour il nrsquoexiste pas drsquoeacutetude formalisant lrsquoattribution de changements dans lrsquoac-tiviteacute avalancheuse aux activiteacutes humaines (ni en France ni dans les autres pays de montagne) bien que la question se pose reacuteguliegraverement lors de chaque eacuteveacute-nement avalancheux majeur (par exemple janvier 2018 dans les Alpes du Nord)

De mecircme lrsquoinfluence du changement climatique sur les eacuteveacutenements extrecircmes neigeux certains risques gravitaires les risques lieacutes aux glaciers et leur eacutevolution dans un climat futur nrsquoont pas eacuteteacute lrsquoobjet de suffisamment drsquoeacutetudes pour obtenir des eacuteleacutements suffisants et des conclusions pertinentes

Chapitre CEacutevolutions

dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

Auteurs Serge Planton Meacuteteacuteo-France

Robert Vautard IPSL

copy Arnaud Bouissou ndash Terra

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Plusieurs des reacutesultats preacutesenteacutes dans ce chapitre font reacutefeacuterence aux sceacute-narios drsquoeacutemissions futures de gaz agrave effet de serre deacutefinis dans le contexte du travail drsquoexpertise du GIEC (GIEC 2013) Il srsquoagit des sceacutenarios dits RCP pour Representative Concentration Pathways (profils repreacutesentatifs drsquoeacutevo-lution de concentration) qui ont servi de base au calcul de projections cli-matiques tant agrave lrsquoeacutechelle globale qursquoagrave lrsquoeacutechelle reacutegionale crsquoest-agrave-dire celle du sous-continent europeacuteen ou de la France meacutetropolitaine Cependant agrave lrsquoeacutechelle reacutegionale les reacutesultats les plus reacutecents preacutesenteacutes ici ne prennent en compte que deux sceacutenarios parmi les quatre proposeacutes par les experts du GIEC ndash RCP85 de fortes eacutemissions de gaz agrave effet de serre et RCP45 drsquoeacutemis-sions laquo modeacutereacutees raquo - Ce sont en effet les seuls pour lesquels un ensemble relativement important de simulations a eacuteteacute reacutealiseacute agrave partir drsquoune dizaine de modegraveles climatiques reacutegionaux diffeacuterents (drsquoune reacutesolution drsquoune dizaine de kilomegravetres) dans le cadre du projet europeacuteen de recherche Euro-CORDEX lanceacute en 2009 Degraves lors la question du sceacutenario du reacutechauffement agrave 2 degC agrave lrsquoeacutechelle globale correspondant sensiblement au sceacutenario RCP26 est poseacutee Elle nrsquoest pas essentielle agrave un horizon temporel limiteacute au milieu de ce siegravecle (typiquement pour la peacuteriode 2021-2050) car agrave cet horizon les pro-jections climatiques deacutependent faiblement du sceacutenario drsquoeacutemissions de gaz agrave effet de serre En revanche agrave lrsquohorizon de la fin de ce siegravecle (typiquement pour la peacuteriode 2071-2100) les reacutesultats en deacutependent fortement Il faut toutefois noter que les quelques simulations reacutealiseacutees agrave lrsquoeacutechelle reacutegionale pour le sceacutenario RCP26 montrent une relative stabiliteacute des reacutesultats concer-nant les extrecircmes climatiques entre le milieu et la fin de ce siegravecle (voir par exemple les reacutesultats des simulations du modegravele Aladin-Climat de Meacuteteacuteo-France figurant sur le portail Internet Drias 1) Il est donc possible de trans-poser les reacutesultats des sceacutenarios RCP45 et RCP85 au milieu du siegravecle pour disposer drsquoune estimation des changements auxquels on peut srsquoattendre agrave la fin du siegravecle pour le sceacutenario RCP26

1 httpwwwdrias-climatfr

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Quel sera lrsquoimpact futur du changement climatique sur les risques naturels majeurs

Croiser les connaissances relatives agrave lrsquoeacutevolution des aleacuteas avec les enjeux exposeacutes actuellement et dans la mesure du possible de leurs eacutevolutions atten-dues permet drsquoestimer les conseacutequences potentielles du changement climatique en matiegravere de risques naturels

Plusieurs eacutevaluations meneacutees par le secteur des assurances anticipent une hausse notable de la sinistraliteacute et du coucirct des dommages dus agrave des aleacuteas naturels dont une part non neacutegligeable est expliqueacutee par le changement climatique principale-ment sur les aleacuteas seacutecheresse et submersion marine Toutefois ces eacutetudes sou-lignent que la hausse de la sinistraliteacute sera principalement due agrave une exposition accrue des biens ndash leur nombre leur localisation leur valeur ndash dans des zones agrave risques qui pourraient croicirctre Ainsi la concentration croissante de population et drsquoactiviteacutes dans le sud de la France et sur le littoral est de nature agrave accroicirctre la sinistraliteacute Certains territoires drsquooutre-mer connaissent aussi une forte crois-sance deacutemographique (Mayotte Guyane)

Les eacutetudes meneacutees par les assureurs ne prennent pas en compte les mesures drsquoadaptation qui visent agrave limiter cette augmentation de la sinistraliteacute ou la reacuteduire

Encadreacute 1

Les conseacutequences du changement climatique sur les dommages assureacutes

en France agrave lrsquohorizon 2050 eacutetude de la Caisse centrale de reacuteassurance

(CCR) et Meacuteteacuteo-France

Auteur Emmanuel Vullierme

MTES DGPRSRNH

Au regard des reacutecentes catastrophes la question de lrsquoeacutevolution future de la freacutequence et des conseacutequences financiegraveres des eacuteveacutenements est de toute premiegravere importance pour assurer la soliditeacute du reacutegime drsquoindemni-sation des catastrophes naturelles

Apregraves une premiegravere eacutetude meneacutee dans le cadre de la 21e Confeacuterence des parties (COP 21) organiseacutee agrave Paris en deacutecembre 2015 2 la CCR a souhaiteacute estimer lrsquoimpact que pourrait avoir le sceacutenario du GIEC le plus pessimiste sur le coucirct des catastrophes En 2018 cette nouvelle eacutetude meneacutee en partenariat avec Meacuteteacuteo-France srsquoappuie sur le sceacutenario qui suppose que les eacutemissions de gaz agrave effet de serre vont se poursuivre agrave la mecircme ten-dance qursquoactuellement (sceacutenario dit laquo RCP85 raquo) Selon le GIEC la hausse

2 Modeacutelisation de lrsquoimpact du changement climatique sur les dommages assureacutes dans le cadre du reacutegime Catastrophes Naturelles Caisse centrale de reacuteassurance deacutecembre 2015

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

64

des tempeacuteratures mondiales (terres et oceacuteans) serait alors comprise entre 14 degC et 26 degC en 2050 et entre 26 degC et 48 degC en 2100 par rapport aux tempeacuteratures de la peacuteriode preacute-industrielle Le niveau de la mer pour-rait connaicirctre une augmentation drsquoenviron 23 cm agrave lrsquohorizon 2050 (2016-2065) par rapport au niveau moyen de 1986-2005

Les reacutesultats de modeacutelisation du climat futur reacutealiseacutee par Meacuteteacuteo-France agrave lrsquoaide de son modegravele Arpegravege-Climat sont venus alimenter les modegraveles drsquoaleacutea (inondation seacutecheresse et submersion marine) et de dommages de la CCR (Moncoulon 2014 et Naulin 2016) Pour ce faire 400 anneacutees agrave climat actuel et agrave climat 2050 ont eacuteteacute simuleacutees par les modegraveles de Meacuteteacuteo-France Cette chaicircne de modeacutelisation permet drsquoeacutevaluer in fine la hausse des pertes annuelles moyennes agrave lrsquohorizon 2050 (fig C1)

Lrsquoanalyse des reacutesultats agrave lrsquoeacutechelle locale fait apparaicirctre de fortes dispari-teacutes territoriales avec une exposition importante de la faccedilade atlantique et de lrsquoIcircle-de-France (fig C2) Ces reacutesultats sont eacutegalement reacuteveacutelateurs des enjeux agrave prendre en compte dans les politiques de preacutevention agrave savoir la concentration des biens dans les futures zones agrave risque et la reacutecurrence eacuteleveacutee de certains eacuteveacutenements

Figure C1 ndash Eacutevolution des pertes annuelles moyennes en 2050

Source Meacuteteacuteo-France

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Certaines actions ont une influence sur la survenue de certains aleacuteas soit pour les reacuteduire soit de maniegravere incidente les accentuer Ainsi les pheacutenomegravenes de ruissellement susceptibles de provoquer des inondations peuvent ecirctre locale-ment accentueacutes par lrsquoartificialisation des sols Autre exemple lrsquoartificialisation du sol en milieu urbain a tendance agrave augmenter localement les tempeacuteratures par rapport aux zones rurales ce qui est susceptible de provoquer des pheacutenomegravenes drsquoicirclots de chaleur et drsquoamplifier les effets des canicules

La mise en œuvre de la politique de preacutevention des risques naturels non seule-ment apregraves les crises et sur la base des retours drsquoexpeacuterience mais surtout dans la dureacutee et par lrsquoaction conjugueacutee de diffeacuterents acteurs permet de limiter les risques naturels majeurs Ces acteurs interviennent dans deux logiques compleacutementaires

la preacutevention qui vise agrave empecirccher lrsquoaleacutea ou reacuteduire les effets drsquoun possible eacuteveacutenement sur les personnes et les biens

lrsquointervention au moment ougrave survient lrsquoeacuteveacutenement dommageable

Plus la preacutevention est efficace moins la socieacuteteacute est ameneacutee agrave engager des deacutepenses importantes pour assurer la gestion de crise puis la reacuteparation de deacutegacircts

Les deacutepartements drsquooutre-mer ne sont pas couverts par cette eacutetude mais ils font lrsquoobjet de travaux compleacutementaires devant aboutir en 2019 afin de mesurer lrsquoeacutevolution de lrsquoexposition de ces territoires agrave lrsquohorizon 2050

Figure C2 ndash Eacutevolutions projeteacutees des dommages potentiels entre 2018 et 2050

Source CCR

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Vagues de chaleur

Agrave lrsquoeacutechelle mondiale drsquoapregraves le dernier rapport du GIEC (GIEC 2013) il est quasi-ment certain que dans la plupart des reacutegions continentales les extrecircmes chauds seront plus nombreux aux eacutechelles quotidienne et saisonniegravere Il est par ailleurs tregraves probable que les vagues de chaleur seront plus freacutequentes et dureront plus longtemps

Ces reacutesultats se transposent naturellement agrave lrsquoeacutechelle de la France comme le montrent les reacutesultats des sceacutenarios climatiques reacutegionaux preacutesenteacutes sur le portail Drias les futurs du climat et ceux qui ont eacuteteacute reacutealiseacutes dans le cadre du projet Euro-CORDEX Degraves la peacuteriode 2021-2050 les vagues de chaleur estivales deviendront agrave la fois plus freacutequentes plus longues et plus intenses par rapport agrave la peacuteriode de reacutefeacute-rence 1976-2005 (Ouzeau et al 2014) Les pics de chaleur pourront atteindre des niveaux plus eacuteleveacutes On srsquoattend ainsi agrave ce qursquoil y ait de lrsquoordre de deux fois plus de jours de vagues de chaleur tous sceacutenarios confondus Le quart Sud-Est de la France devrait connaicirctre des eacutevolutions plus marqueacutees que les autres reacutegions avec un nombre annuel de jours de vagues de chaleur pouvant augmenter de cinq agrave dix jours en moyenne contre un agrave trois jours en moyenne sur la peacuteriode de reacutefeacute-rence Un eacutepisode tel que celui de lrsquoanneacutee 2003 qui a toucheacute lrsquoensemble de la France meacutetropolitaine pourrait se reproduire mais il resterait exceptionnel agrave lrsquoho-rizon 2050 au contraire de ce qui pourrait se passer vers la fin du siegravecle avec le sceacutenario RCP85 (Ouzeau et al 2016)

Agrave lrsquoappui de cette affirmation les figures C3 et C4 montrent les caracteacuteristiques statistiques des canicules simuleacutees par huit modegraveles climatiques utiliseacutes dans le cadre du projet Euro-CORDEX pour les peacuteriodes 2021-2050 et 2071-2100 res-pectivement pour les sceacutenarios drsquoeacutemissions RCP45 et RCP85 Les canicules y sont repreacutesenteacutees au travers des caracteacuteristiques (dureacutee intensiteacute du pic de chaleur et intensiteacute moyenne) des 10e 50e et 90e centiles de la distribution des vagues de chaleur simuleacutees par chacun des modegraveles Pour les deux sceacutenarios la canicule de 2003 un peu plus longue est compatible avec le 90e centile des canicules simuleacutees pour la peacuteriode 2021-2050 Elle ne serait donc deacutepasseacutee que dans 10 des cas ce qui confirme son caractegravere exceptionnel agrave moyen terme En revanche pour la peacuteriode 2071-2100 la canicule de 2003 est deacutepasseacutee en intensiteacute et en dureacutee et cela drsquoautant plus que les eacutemissions sont eacuteleveacutees Avec le sceacutenario RCP85 la canicule de 2003 apparaicirct ainsi comme un pheacutenomegravene relativement banal (proche de la meacutediane de la plupart des modegraveles)

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Figure C3 ndash Caracteacuteristiques statistiques des vagues de chaleur futures pour les peacuteriodes 2021-2050 et 2071-2100 suivant le sceacutenario RCP45

La dureacutee drsquoune canicule est indiqueacutee en jours sur lrsquoaxe horizontal son pic drsquointensiteacute en degreacutes sur lrsquoaxe vertical et le diamegravetre du disque est proportionnel agrave son intensiteacute moyenne Pour chacune des peacuteriodes les caracteacuteristiques des 10e 50e et 90e centiles des ensembles de canicules simuleacutes par 8 modegraveles drsquoEuro-CORDEX sont reproduites La canicule de 2003 est repreacutesenteacutee en rouge sur la figure

Source Ouzeau et al 2016

Figure C4 ndash Caracteacuteristiques statistiques des vagues de chaleur futures pour les peacuteriodes 2021-2050 et 2071-2100 suivant le sceacutenario RCP85

Source Ouzeau et al 2016

inte

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Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Vagues de froid

Agrave lrsquoinverse le changement climatique srsquoaccompagnera drsquoune moindre seacuteveacuteriteacute des extrecircmes froids Pour le GIEC il est quasiment certain que dans la plupart des reacutegions continentales les extrecircmes froids seront moins nombreux aux eacutechelles quotidienne et saisonniegravere Les peacuteriodes de vagues de froid seront aussi moins freacutequentes moins longues et moins intenses Il est toutefois important de noter que des vagues de froids continueront agrave se produire et pourront donc geacuteneacuterer des impacts sociaux-eacuteconomiques

Les simulations climatiques reacutegionales confirment ce constat agrave lrsquoeacutechelle de la France meacutetropolitaine De nombreux indicateurs peuvent ecirctre utiliseacutes pour carac-teacuteriser les extrecircmes froids mais ils montrent tous cette mecircme tendance drsquoeacutevo-lution Agrave titre drsquoexemple le nombre annuel de jours particuliegraverement froids (au moins 5 degC plus froids que la valeur de reacutefeacuterence) de lrsquoordre drsquoune dizaine en moyenne hivernale sur la plupart des reacutegions franccedilaises pour la peacuteriode 1976-2005 se trouverait ainsi reacuteduit drsquoun agrave quatre jours voire de six jours sur le Nord-Est du pays pour la peacuteriode 2021-2050 (Ouzeau et al 2014) Drsquoapregraves la mecircme eacutetude et pour le mecircme indicateur la reacuteduction du nombre annuel de jours particu-liegraverement froids irait de deux agrave huit jours dans lrsquoextrecircme Sud du pays jusqursquoagrave six agrave plus de dix jours dans le Nord-Est selon les sceacutenarios et les modegraveles

Les figures C5 et C6 illustrent respectivement pour les sceacutenarios RCP45 et RCP85 cette diminution avec un autre indicateur disponible sur le portail Drias les futurs du climat Il srsquoagit du 10e centile de la tempeacuterature minimale quotidienne hivernale exprimeacute en degreacutes crsquoest-agrave-dire le seuil de tempeacuterature en dessous duquel on compte les 10 des nuits drsquohiver les plus froides sur une peacuteriode donneacutee Cet indica-teur est calculeacute pour la peacuteriode de reacutefeacuterence ainsi que son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 et 2071-2100 Le calcul est effectueacute pour les diffeacuterents modegraveles drsquoEuro-CORDEX et les cartes produites ici ne repreacutesentent que la meacutediane de cet ensemble de modegraveles (la moitieacute des valeurs des eacutevolutions simuleacutees est supeacuterieure et lrsquoautre moitieacute infeacuterieure) Agrave lrsquohorizon 2100 et pour les deux sceacutena-rios climatiques utiliseacutes les modegraveles simulent ainsi une augmentation des tem-peacuteratures minimales en hiver

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Seacutecheresses

Drsquoapregraves le GIEC (GIEC 2013) pour le sceacutenario RCP85 et agrave la fin du XXIe siegravecle un risque accru de seacutecheresse est probable dans des zones actuellement arides Crsquoest dans la zone meacutediterraneacuteenne dans le sud-ouest des Eacutetats-Unis et en Afrique australe que lrsquoassegravechement des sols serait le plus marqueacute Agrave lrsquoinverse certaines reacutegions situeacutees aux hautes latitudes ou en Afrique eacutequatoriale devraient connaicirctre une diminution de ce risque Lrsquoeffet du changement climatique sur les seacutecheresses est donc tregraves deacutependant de la reacutegion du globe concerneacutee

La France meacutetropolitaine se situe dans lrsquoensemble des reacutegions pour lesquelles le risque de seacutecheresse devrait ecirctre aggraveacute par le changement climatique induit par les eacutemissions de gaz agrave effet de serre On distingue les seacutecheresses meacuteteacuteorologiques

Figure C5 - 10e centile de la tempeacuterature minimale quotidienne exprimeacute en degreacutes pour la peacuteriode de reacutefeacuterence 1976-2005 (agrave gauche) et son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 (au centre) et 2071-2100 (agrave droite) suivant le sceacutenario RCP45 Les cartes reproduisent la meacutediane (50e centile) de lrsquoensemble de simulations Euro-CORDEX

Source portail Drias les futurs du climat

Figure C6 - 10e centile de la tempeacuterature minimale quotidienne exprimeacute en degreacutes pour la peacuteriode de reacutefeacuterence 1976-2005 (agrave gauche) et son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 (au centre) et 2071-2100 (agrave droite) suivant le sceacutenario RCP85 Les cartes reproduisent la meacutediane (50e centile) de lrsquoensemble de simulations

Source portail Drias les futurs du climat

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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deacutetermineacutees agrave partir des preacutecipitations les seacutecheresses agricoles deacutetermineacutees agrave partir des contenus en eau du sol superficiel (typiquement jusqursquoagrave une profon-deur drsquoun megravetre) et les seacutecheresses hydrologiques deacutetermineacutees agrave partir du deacutebit des cours drsquoeau et du niveau des nappes

Les effets du changement climatique sur les seacutecheresses meacuteteacuteorologiques et agri-coles ont eacuteteacute eacutetudieacutes dans le cadre du projet de recherche national ClimSec (2008-2011) Pour le diagnostic des seacutecheresses dans le climat futur le projet a pris en compte les reacutesultats de simulations de changement climatique provenant de six modegraveles globaux mis en œuvre dans le cadre du programme international CMIP3 (Coupled Model Intercomparison Project) Les projections climatiques alors dispo-nibles ne concernaient pas les sceacutenarios drsquoeacutemissions de gaz agrave effet de serre RCP deacutejagrave citeacutes mais les sceacutenarios deacutefinis anteacuterieurement par les experts du GIEC et ayant servi de base au quatriegraveme rapport drsquoeacutevaluation (appeleacute aussi AR4) du GIEC Cependant une correspondance peut ecirctre eacutetablie entre ces anciens sceacutenarios et les sceacutenarios RCP puisque les eacutemissions de gaz agrave effet de serre du sceacutenario A2 sont seulement leacutegegraverement infeacuterieures agrave celles du sceacutenario RCP85 le sceacutenario A1B srsquoapparente au sceacutenario RCP60 et le sceacutenario B1 nrsquoest pas tregraves eacuteloigneacute du sceacutenario RCP45 (GIEC 2013) Afin drsquoaboutir au traitement des seacutecheresses en France une eacutetape compleacutementaire de reacutegionalisation du climat agrave des eacutechelles relativement fines a ducirc ecirctre reacutealiseacutee agrave partir des sorties des modegraveles globaux Les variables climatiques ainsi obtenues ont servi de donneacutees drsquoentreacutees agrave un modegravele hydromeacuteteacuteorologique appeleacute Safran-Isba-Modcou (modegravele SIM) calculant en parti-culier le bilan hydrologique des sols (Soubeyroux et al 2012)

Les reacutesultats montrent une aggravation plus rapide et plus intense des eacuteveacutene-ments lieacutes au deacuteficit drsquohumiditeacute du sol qursquoau deacuteficit de preacutecipitation Les projec-tions climatiques indiquent surtout que notre pays risque de connaicirctre au cours de la seconde moitieacute du XXIe siegravecle des seacutecheresses agricoles quasi continues et de grande intensiteacute totalement inconnues dans le climat actuel Lrsquoaugmentation plus rapide du risque de seacutecheresse agricole compareacutee agrave celle du risque de seacuteche-resse meacuteteacuteorologique srsquoexplique par une augmentation de lrsquoeacutevapotranspiration 3 en surface directement lieacutee agrave lrsquoaugmentation de la tempeacuterature (Soubeyroux et al 2012)

Ces reacutesultats sont illustreacutes sur la figure C7 qui montre lrsquoeacutevolution de la superfi-cie de la France affecteacutee par des seacutecheresses meacuteteacuteorologiques et par des seacuteche-resses agricoles sur des peacuteriodes comprises entre 1961 et 2100 Les seacutecheresses sont deacutefinies agrave partir de valeurs drsquoindices standardiseacutes calculeacutes soit agrave partir des preacutecipitations (seacutecheresses meacuteteacuteorologiques) soit agrave partir des contenus en eau du sol (seacutecheresses agricoles) Les calculs portent sur les observations de la peacuteriode 1961-2008 et sur les reacutesultats des simulations de la peacuteriode 1961-2100 par le modegravele climatique Arpege-Climat de Meacuteteacuteo-France et le modegravele SIM Les diagrammes se rapportent agrave des seacutecheresses modeacutereacutees agrave extrecircmes sur la

3 Quantiteacute drsquoeau transfeacutereacutee vers lrsquoatmosphegravere par lrsquoeacutevaporation au niveau du sol et par la transpiration des plantes

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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France Cette figure montre clairement que la seacutecheresse meacuteteacuteorologique extrecircme de 1976 serait deacutepasseacutee agrave la fin de ce siegravecle en termes de superficie toucheacutee avec les sceacutenarios de plus fortes eacutemissions de gaz agrave effet de serre Elle montre aussi plus nettement que la seacutecheresse agricole extrecircme de 1990 serait deacutepas-seacutee degraves les anneacutees 2050 en termes de superficie toucheacutee avec ici aussi un rocircle aggravant lieacute agrave lrsquointensiteacute des eacutemissions de gaz agrave effet de serre futures

Ce type drsquoeacutetude a eacuteteacute actualiseacute en 2018 (Boeacute et al 2018) en exploitant les sceacute-narios CMIP5 reacutegionaliseacutes (Dayon et al 2018) Les reacutesultats ont eacuteteacute analyseacutes sur les sceacutenarios RCP85 et RCP26 Pour ces deux sceacutenarios les reacutesultats confir-ment les tendances obtenues preacuteceacutedemment le temps passeacute en seacutecheresse agricole augmente geacuteneacuteralement de 30 agrave 40 sur la France agrave horizon 2100 avec des changements allant jusqursquoagrave 50 dans le Sud de la France La seacuteveacuteriteacute de ces eacutepisodes de seacutecheresse augmente eacutegalement de faccedilon plus marqueacutee sur le bassin de la Seine et lrsquoamont de la Loire (fig C8)

Cette eacutetude integravegre eacutegalement lrsquoanalyse de lrsquoeacutevolution des seacutecheresses hydro-logiques Il srsquoagit ici uniquement de lrsquoinfluence des eacutemissions de gaz agrave effet de serre les actions anthropiques (et notamment les soutiens drsquoeacutetiage) ne sont pas inteacutegreacutees La dureacutee et lrsquointensiteacute des seacutecheresses hydrologiques augmentent sur quasiment toute la France agrave horizon 2100 de faccedilon assez reacuteduite sauf dans le Sud ougrave les valeurs peuvent deacutepasser 10 Les Alpes font exception avec des diminutions de la dureacutee et de lrsquointensiteacute des seacutecheresses hydrologiques en lien avec lrsquoeacutevolution du manteau neigeux (fig C9)

Figure C7 ndash Diagrammes en boicirctes sur des peacuteriodes comprises entre 1961 et 2100 de la superficie de la France affecteacutee par les seacutecheresses meacuteteacuteorologiques (agrave gauche) et agricoles (agrave droite) modeacutereacutees agrave extrecircmes (seuil de 16 )

Ces diagrammes sont calculeacutes agrave partir des distributions drsquoeacuteveacutenements trimestriels (de preacutecipita-tions agrave gauche et de contenu en eau du sol agrave droite) issues de simulations climatiques reacutegionaliseacutees du modegravele Arpege-Climat suivant les sceacutenarios B1 (en violet) A1B (en mauve) et A2 (en jaune) du GIEC

Source Soubeyroux et al 2012

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Figure C8 ndash Moyenne drsquoensemble agrave horizon 2100 pour les projections RCP85 (Dayon et al 2018) des changements par rapport agrave la peacuteriode 1961-2008(a) de pourcentage de temps passeacute en seacutecheresse agricole (b) relatifs de la seacuteveacuteriteacute des seacutecheresses agricoles

Source figure issue de Boeacute et al 2018

Figure C9 ndash Moyenne drsquoensemble agrave horizon 2100 pour les projections RCP85 (Dayon et al 2018) des changements par rapport agrave la peacuteriode de reacutefeacuterence 1961-2008(a) de pourcentage de temps passeacute en seacutecheresse hydrologique (attention la palette de couleur est trompeuse seule la couleur bleu fonceacute correspond agrave une diminution) (b) relatifs de la seacuteveacuteriteacute des seacutecheresses hydrologiques Chaque point correspond agrave une station hydromeacutetrique simuleacutee par SIM et nrsquoinclut pas les impacts des ameacutenagements (deacutebits naturels)

Source figure issue de Boeacute et al 2018

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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En parallegravele ces projections climatiques ont eacutegalement eacuteteacute utiliseacutees dans le cadre des travaux meneacutes dans le projet Aqui-FR 4 et de la convention service climatique 5 pour eacutetudier lrsquoeacutevolution des seacutecheresses hydrogeacuteologiques Celles-ci sont caracteacute-riseacutees par un niveau des nappes plus bas que le bas niveau de peacuteriode de retour de dix ans Lrsquoanalyse porte sur les sceacutenarios drsquoeacutemission RCP26 et RCP85 Les simulations sont reacutealiseacutees en supposant que les preacutelegravevements en nappe restent constants dans le temps (pas de mesure drsquoadaptation) Les projections indiquent une forte augmentation de lrsquoextension des nappes impacteacutees par les seacutecheresses pour le sceacutenario drsquoeacutemission RCP85 (+ 50 ) avec une intensiteacute des seacutecheresses qui srsquoaggrave en moyenne de plus de 20 et une augmentation moins marqueacutee surtout en fin de siegravecle pour le sceacutenario RCP26 avec une augmentation des sur-faces impacteacutees et de lrsquointensiteacute de lrsquoordre de 10 (fig C10)

4 wwwmetisupmcfr~aqui-fr

5 httpsconvention-services-climatiqueslsceipslfrdemonstrateurs

Figure C10 ndash Intensiteacute et pourcentage drsquoextension des seacutecheresses des nappes

Elles sont caracteacuteriseacutees comme lrsquooccurrence de basses eaux de peacuteriode de retour 10 ans sur les aqui-fegraveres seacutedimentaires preacutesenteacutes dans le graphe pour les projections RCP26 (cercle) et RCP85 (triangle) pour diffeacuterents horizons temporelles (couleurs)

Source figure issue du projet Aqui-FR et de la convention des services climatiques

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Incendie de forecircts

Lrsquoaugmentation du risque drsquoincendie de forecircts est mentionneacutee dans le rapport du GIEC sur les impacts du changement climatique (GIEC 2014) plus particu-liegraverement pour lrsquoAmeacuterique du Nord et lrsquoEurope du Sud Le risque drsquoincendie de forecirct pourrait en effet augmenter du fait agrave la fois de lrsquoaugmentation des tempeacutera-tures et de lrsquoaugmentation des conditions de seacutecheresses dans certaines reacutegions du globe En Europe du Sud agrave la fin de ce siegravecle et pour le sceacutenario RCP85 la surface brucircleacutee chaque anneacutee pourrait ainsi ecirctre multiplieacutee par un facteur compris entre 3 et 5 par rapport agrave la surface actuelle

En France lrsquoaugmentation de la freacutequence des eacutepisodes de fortes chaleurs et lrsquoaug-mentation du risque de seacutecheresse combineacutees avec une augmentation attendue des zones forestiegraveres et des friches devraient aussi entraicircner lrsquoaugmentation des feux de forecircts Une eacutetude de la sensibiliteacute des forecircts franccedilaises au risque drsquoincen-die (Chatry et al 2010) a montreacute que les surfaces forestiegraveres les plus sensibles au risque de feu actuellement localiseacutees dans le Sud-Est de la France pourraient srsquoeacutetendre de 30 agrave lrsquohorizon 2040 et couvrir une part importante de la forecirct des Landes Ce risque extrecircme pourrait mecircme srsquoeacutetendre aux forecircts de Sologne agrave lrsquoho-rizon 2060 Cette eacutetude srsquoest appuyeacutee sur les reacutesultats de lrsquoanalyse de lrsquoeffet du changement climatique sur le risque incendie mesureacute au travers de lrsquoIndice forecirct meacuteteacuteo (IFM) (Cloppet et Reacutegimbeau 2009) La figure C11 illustre cet effet avec le nombre de jours pour lesquels lrsquoIFM deacutepasse une valeur de 40 correspondant agrave un risque extrecircme drsquoincendie Ces cartes ont eacuteteacute produites agrave partir de simulations du changement climatique pour le sceacutenario A1B (proche du sceacutenario RCP60) reacutea-liseacutees avec le modegravele Arpege-Climat de Meacuteteacuteo-France Le nombre annuel de jours avec un risque extrecircme drsquoincendie est de dix agrave quarante jours dans le Sud-Est

Figure C11 ndash Nombre moyen de jours par an avec un Indice forecirct meacuteteacuteo (IFM) supeacuterieur agrave 40 pour la peacuteriode 1961-1980 (carte de gauche) et lrsquohorizon 2060 (sceacutenario drsquoeacutemissions A1B)

Source portail Drias les futurs du climat

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meacutediterraneacuteen dans les conditions du climat passeacute reacutecent mais est quasiment nul dans toutes les autres reacutegions En revanche agrave lrsquohorizon 2060 on observerait de lrsquoordre drsquoune dizaine de jours preacutesentant un risque extrecircme drsquoincendie dans la plupart des reacutegions de France y compris les plus septentrionales

Pluies extrecircmes

Drsquoapregraves le GIEC (GIEC 2013) les eacutepisodes de preacutecipitations extrecircmes devien-dront plus intenses et freacutequents en lien avec lrsquoaugmentation de la tempeacuterature moyenne en surface En effet une atmosphegravere plus chaude contient plus de vapeur drsquoeau et est associeacutee agrave la fois agrave une augmentation de lrsquoeacutevapotranspira-tion et agrave une augmentation des preacutecipitations crsquoest-agrave-dire agrave une intensification du cycle hydrologique global Cela se traduit par une augmentation tregraves probable des preacutecipitations extrecircmes pour la plupart des reacutegions continentales des moyennes latitudes et pour les reacutegions tropicales humides agrave la fin de ce siegravecle Il est eacutega-lement probable que les preacutecipitations de mousson et celles qui sont associeacutees aux cyclones tropicaux srsquointensifient

En France agrave lrsquohorizon 2050 comme agrave lrsquohorizon 2100 les eacutevolutions attendues pour les pluies extrecircmes deacutefinies comme les pluies deacutepassant un seuil deacutetermineacute (par exemple 20 mmjour) sont tregraves variables geacuteographiquement En revanche indeacutependamment de lrsquohorizon temporel une tendance geacuteneacuterale se dessine pour une augmentation de la quantiteacute de pluie tombant au cours des eacutepisodes les plus extrecircmes (Ouzeau et al 2014) Pour le Sud-Est meacutediterraneacuteen du pays en raison drsquoune reacutesolution insuffisante les modegraveles climatiques eacutetaient jusqursquoagrave ces derniegraveres anneacutees dans lrsquoincapaciteacute de reproduire les eacutepisodes les plus intenses (deacutepassant typiquement 200 mmjour) Les premiers reacutesultats des recherches meneacutees avec des modegraveles de reacutesolution plus fine (quelques kilomegravetres) permettent maintenant drsquoaugmenter le reacutealisme des simulations et drsquoobtenir les premiers reacutesultats sur lrsquoeffet du changement climatique futur Elles introduisent une incertitude sur lrsquoeffet du changement climatique sur lrsquointensification des pluies extrecircmes quotidiennes de la reacutegion mais elles confirment une intensification future des pluies horaires

Les figures C12 et C13 illustrent respectivement pour les sceacutenarios RCP45 et RCP85 le pourcentage de preacutecipitations intenses pour la peacuteriode de reacutefeacuterence et son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 et 2071-2100 les preacutecipitations intenses eacutetant deacutefinies par un cumul quotidien de preacutecipitations deacutepassant le 90e centile Les cartes preacutesenteacutees sont extraites du portail Drias les futurs du climat Le calcul est effectueacute pour les diffeacuterents modegraveles drsquoEuro-CORDEX et les cartes extraites du portail ne reproduisent ici que la meacutediane de cet ensemble de modegraveles (la moitieacute des valeurs des eacutevolutions simuleacutees est supeacuterieure et lrsquoautre moitieacute infeacuterieure)

Ces reacutesultats preacutesenteacutes pour la saison drsquohiver montrent clairement une augmen-tation de la proportion de pluies intenses indeacutependamment des sceacutenarios et de lrsquohorizon Pour le printemps et lrsquoautomne lrsquoaugmentation de la proportion de pluies intenses nrsquoest pas aussi systeacutematique mecircme si elle se confirme nettement pour le sceacutenario RCP85 agrave la fin de ce siegravecle En eacuteteacute mecircme pour ce sceacutenario et

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cet horizon on note un reacutesultat inverse avec une diminution de la proportion de pluies tombant sous forme de pluies intenses Il convient cependant drsquoecirctre tregraves prudent avant drsquoen tirer des conclusions car la reacutesolution des modegraveles utiliseacutes (une dizaine de kilomegravetres) nrsquoest clairement pas suffisante pour reproduire les eacutepisodes orageux qui sont ceux qui se produisent le plus freacutequemment au cours de la saison Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les modegraveles climatiques actuels ne per-mettent pas de tirer de conclusion concernant les effets du changement clima-tique sur les pheacutenomegravenes orageux et donc aussi en particulier sur lrsquointensiteacute des pluies les plus extrecircmes associeacutees agrave ces eacutepisodes

Figure C12 ndash Pourcentage des preacutecipitations quotidiennes intenses pour la peacuteriode de reacutefeacuterence 1976-2005 (agrave gauche) et son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 (au centre) et 2071-2100 (agrave droite) suivant le sceacutenario RCP45 Les cartes reproduisent la meacutediane (50e centile) de lrsquoensemble de simulations Euro-CORDEX

Source portail Drias les futurs du climat

Figure C13 ndash Pourcentage des preacutecipitations quotidiennes intenses pour la peacuteriode de reacutefeacuterence 1976-2005 (agrave gauche) et son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 (au centre) et 2071-2100 (agrave droite) suivant le sceacutenario RCP85

Les cartes reproduisent la meacutediane (50e centile) de lrsquoensemble de simulations Euro-CORDEX

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Cyclones et tempecirctes

Le cinquiegraveme rapport du GIEC (GIEC 2013) fait eacutetat drsquoun faible niveau de confiance dans les projections climatiques concernant les cyclones tropicaux agrave lrsquohorizon du milieu de ce siegravecle en particulier en raison de lrsquoimportance de la variabiliteacute cli-matique naturelle En revanche agrave la fin du XXIe siegravecle il est probable que la freacute-quence globale des cyclones tropicaux diminuera ou restera la mecircme Comme indiqueacute plus haut les preacutecipitations moyennes associeacutees aux cyclones augmen-teront probablement Il en est de mecircme pour la vitesse moyenne du vent maximal associeacutee aux cyclones qui se traduit par une augmentation probable de la freacute-quence des cyclones les plus intenses (de cateacutegories 4 et 5)

Cependant en particulier en raison de lrsquoincertitude sur lrsquoamplitude simuleacutee du reacutechauffement oceacuteanique attendu dans les diffeacuterents bassins le GIEC nrsquoaccorde qursquoun faible degreacute de confiance aux projections par reacutegion de la planegravete tant en termes de freacutequence que drsquointensiteacute des cyclones Cela concerne les reacutegions fran-ccedilaises des territoires drsquooutre-mer potentiellement exposeacutees aux cyclones pour les-quelles il nrsquoest pas possible de preacuteciser ces eacutevolutions futures

Concernant les tempecirctes des moyennes et hautes latitudes les experts du GIEC concluent qursquoagrave la fin du XXIe siegravecle iI est probable que la trajectoire des tempecirctes de lrsquoheacutemisphegravere Sud se deacuteplace leacutegegraverement vers le pocircle En revanche ils nrsquoac-cordent qursquoun faible degreacute de confiance agrave la projection de lrsquoeacutevolution des trajec-toires des tempecirctes dans lrsquoheacutemisphegravere Nord

Cette forte incertitude se confirme agrave lrsquoeacutechelle de la France meacutetropolitaine puisque les eacutetudes actuelles ne permettent pas de mettre en eacutevidence une tendance future notable sur lrsquoeacutevolution du risque de vent violent lieacute aux tempecirctes Les projections ne montrent en effet aucune tendance significative de long terme sur la freacutequence et lrsquointensiteacute des tempecirctes que ce soit agrave lrsquohorizon 2050 ou agrave lrsquohorizon 2100 Une eacutetude reacutecente des tempecirctes de janvier 2018 (notamment Eleanor qui a toucheacute la France) a confirmeacute que les tendances de telles tempecirctes eacutetaient tregraves faibles et que les activiteacutes humaines ont eu peu drsquoeffet (voir chapitre B)

De plus de la mecircme faccedilon que pour les orages les modegraveles climatiques actuels ne sont pas agrave mecircme de simuler les pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques de petites eacutechelles comme les mini-tornades et ne permettent donc pas de tirer de conclu-sions sur les eacutepisodes de vents extrecircmes associeacutes agrave ce type de pheacutenomegravenes

Afin drsquoillustrer lrsquoabsence de signal notable de changement concernant les vents forts la figure C14 reproduit le rapport entre lrsquointensiteacute moyenne du vent maximal hivernal simuleacutee pour le futur et lrsquointensiteacute moyenne du vent maximal hivernal de la peacuteriode de reacutefeacuterence correspondant au climat reacutecent La projection climatique a eacuteteacute reacutealiseacutee avec le modegravele climatique reacutegional Aladin-Climat de Meacuteteacuteo-France suivant le sceacutenario drsquoeacutemissions A1B (proche du sceacutenario RCP60) dans le cadre du projet national SCAMPEI (2008-2011) Ces cartes montrent que lrsquoaugmenta-tion future du risque de vent fort au nord reste modeacutereacutee (de lrsquoordre de 5 ) tout comme la diminution au sud (aussi de lrsquoordre de 5 ) Lrsquoanalyse drsquoautres simu-lations reacutealiseacutees avec deux autres modegraveles climatiques reacutegionaux montre par ailleurs que la variabiliteacute spatiale du signal de changement deacutepend du modegravele

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Inondations crues lentes crues rapides submersions

Auteur Florence Habets

Universiteacute Pierre et Marie Curie

On distingue ici diffeacuterents cas drsquoinondation principalement parce que les meacuteca-nismes geacuteneacuterant ces inondations diffegraverent et que lrsquoeacutevolution de ces meacutecanismes dans le contexte du changement climatique peut ecirctre plus ou moins difficile agrave estimer

De fait les projections de lrsquoeacutevolution des inondations sont agrave ce jour encore assez rares (une exception reacutecente mais sur un petit domaine a eacuteteacute eacutetudieacutee par Grelier en 2017) et les eacutetudes se focalisent plus souvent sur des risques de crues des cours drsquoeau Ces crues ne sont pas toujours deacutebordantes et ne geacutenegraverent donc pas forceacutement des inondations La notion de crue peut suffire agrave anticiper un risque drsquoinondation si on considegravere qursquoagrave une intensiteacute de deacutebit en un point correspond une hauteur drsquoeau donneacutee et donc un risque de deacutebordement Cependant le fait de se focaliser sur les crues en riviegravere laisse de cocircteacute un type drsquoinondation dont lrsquooccurrence risque drsquoaugmenter avec le changement climatique les inon-dations locales lieacutees agrave des preacutecipitations intenses mais pas forceacutement tregraves eacuteten-dues spatialement

Ainsi on considegravere tout drsquoabord les inondations associeacutees agrave des eacutepisodes de

preacutecipitations intenses

Lrsquoextension spatiale de ces preacutecipitations intenses peut ecirctre assez reacuteduite et la dureacutee assez bregraveve au point que la riviegravere agrave proximiteacute puisse ne pas ecirctre en crue malgreacute la preacutesence de zone inondeacutee

Figure C14 ndash Rapport entre lrsquointensiteacute moyenne du vent maximal hivernal pour les peacuteriodes 2021-2050 (agrave gauche) et 2071-2100 (agrave droite) et lrsquointensiteacute moyenne du vent maximal hivernal de la peacuteriode

Source SCAMPEI

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Bien que ce type drsquoeacuteveacutenement soit difficile agrave reproduire par les modegraveles de climat actuel une tendance agrave la hausse est projeteacutee sur lrsquoensemble de la France (voir chapitre B) Or on peut srsquoattendre agrave ce que des eacuteveacutenements preacutecipitants de lrsquoordre de 100 mmjour geacutenegraverent des inondations principalement dans les zones imper-meacuteabiliseacutees Une particulariteacute de ce type drsquoinondation est qursquoil peut atteindre des zones qui peuvent ecirctre eacuteloigneacutees (ou tregraves au-dessus) drsquoune riviegravere et qui ne sont donc pas forceacutement preacutepareacutees aux inondations avec des risques accrus concer-nant les conseacutequences en termes de pollution etou risque industriel Ainsi mecircme si lrsquoeacutevolution de ce risque est difficilement quantifiable il faut lrsquointeacutegrer et antici-per des moyens de preacutevention

Un cas particulier est le cas des eacuteveacutenements dits laquo ceacutevenols raquo qui impactent le sud meacutediterraneacuteen de la France principalement en automne et ce quasiment tous les ans Ces eacutepisodes sont non seulement intenses mais souvent eacutetendus spatialement et geacutenegraverent des crues rapides souvent deacutevastatrices Des eacutetudes speacutecifiques ont eacuteteacute meneacutees pour anticiper lrsquoeacutevolution de ces eacutepisodes dans un contexte de changement climatique (par exemple Beaulant et al 2011 Colmet Daage et al 2018 Drobinski et al 2018) Lrsquoensemble de ces eacutetudes srsquoaccordent sur une augmentation de lrsquointensiteacute de ces preacutecipitations extrecircmes avec le chan-gement climatique avec de plus une extension des zones impacteacutees au-delagrave des reacutegions habituellement toucheacutees notamment vers le Sud-Est ou les Pyreacuteneacutees Le risque associeacute agrave ces crues rapides laquo ceacutevenoles raquo augmente donc avec le chan-gement climatique (voir Annexe 3)

Drsquoautres crues rapides peuvent se former lors drsquoune fonte rapide et importante du manteau neigeux causeacutee par exemple par une forte eacutevolution de la tempeacutera-ture ou des preacutecipitations (mecircme modeacutereacutees) sur ce manteau neigeux La conjonc-tion de ces eacutepisodes reste difficile agrave projeter dans le futur du fait notamment de la complexiteacute propre aux zones de relief (Lafaysse et al 2014) Mecircme si les projections srsquoaccordent sur une baisse du manteau neigeux (Dayon et al 2018 Verfaillie et al 2018 Beniston et al 2018) la fonte plus preacutecoce du manteau neigeux avec le changement climatique pourrait impliquer un phasage plus freacute-quent avec un bassin aval humide (car en condition hivernale) ce qui pourrait maintenir ce risque de crue

Les crues lentes sont associeacutees agrave des preacutecipitations importantes sur des dureacutees assez longues (une agrave plusieurs semaines voire plusieurs mois) etou sur des bassins assez grands Ces eacuteveacutenements sont a priori plus agrave la porteacutee des modegraveles de climat mecircme si les sources drsquoincertitudes restent importantes De rares eacutetudes se sont focaliseacutees sur des crues centennales (par exemple Dumas et al 2013) En effet lrsquoestimation statistique de ces changements est moins fiable lorsqursquoon utilise des projections climatiques drsquoune centaine drsquoanneacutees seulement Ainsi lrsquoeacutevolution des crues lentes est en geacuteneacuteral analyseacutee via lrsquoeacutevolution des crues deacutecennales qui restent des eacuteveacutenements assez rares au vu des peacuteriodes eacutetudieacutees Cependant ces crues ne sont en geacuteneacuteral pas deacutebordantes aujourdrsquohui et ne sont donc pas forceacutement des bons indicateurs de lrsquoeacutevolution des inondations par crues lentes

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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La figure C15 preacutesente ainsi les eacutevolutions des crues deacutecennales en France meacutetro-politaine en moyenne sur plusieurs projections reacutealiseacutees avec les deux sceacutena-rios drsquoeacutemission les plus contrasteacutes RCP85 et RCP26 Globalement il y a une tendance agrave la diminution ou agrave la stabiliteacute des crues deacutecennales dans le Sud et agrave une augmentation ou une stabiliteacute dans le Nord avec des modifications plus intenses pour le sceacutenario RCP85

Lrsquoeacutevolution du risque drsquoinondations par remonteacutee de nappes a eacuteteacute eacutetudieacutee indirec-tement via lrsquoanalyse de lrsquoeacutevolution des hauts niveaux de nappes sur les aquifegraveres seacutedimentaires de la moitieacute nord de la France dans le cadre des travaux meneacutes dans le projet Aqui-FR 6 et de la convention service climatique 7 en utilisant les pro-jections climatiques reacutegionaliseacutees de Dayon et al 2018 Les premiers reacutesultats analyseacutes sur les sceacutenarios drsquoeacutemission RCP26 et RCP85 montrent que si la freacute-quence et lrsquointensiteacute des hautes eaux change peu agrave la fin du XXIe siegravecle (2070-2100 compareacute agrave 1980-2010) les surfaces impacteacutees sont elles reacuteduites en moyenne de 10 agrave 25 pour les sceacutenarios drsquoeacutemission RCP26 et RCP85 respective-ment On peut donc estimer que globalement ce risque diminue en France mecircme srsquoil ne disparaicirct pas et ce bien que lrsquointensiteacute des crues deacutecennales augmente Cela est en lien avec la diminution preacutevue de la ressource en eau souterraine

6 wwwmetisupmcfr~aqui-fr

7 httpsconvention-services-climatiqueslsceipslfrdemonstrateurs

Figure C15 ndash Moyenne drsquoensemble des changements relatifs du deacutebit journalier maximal drsquoune peacuteriode de retour de dix ans entre les peacuteriodes 2070-2100 et 1960-1990 pour les sceacutenarios drsquoeacutemission RCP85 (agrave gauche) et RCP26 (agrave droite)

Source figure issue de Dayon 2015

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Laves torrentiellesAuteur Vincent Jomelli

Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagriculture

Une eacutetude portant sur des couleacutees de deacutebris non chenaliseacutees se produisant dans le massif des Eacutecrins agrave lrsquohorizon de la fin de ce siegravecle semble indiquer que lrsquoaug-mentation de lrsquooccurrence des couleacutees de deacutebris sur la peacuteriode 1970-2005 ne devrait pas se maintenir en toute reacutegion ni en toute peacuteriode notamment du fait de la sensibiliteacute de la freacutequence de cet aleacutea aux conditions de gel et au retrait des glaciers (Jomelli et al 2009)

Forts de ces reacutesultats on a tenteacute de comprendre la reacuteponse possible des laves torrentielles au changement climatique pour trois peacuteriodes distinctes (1970-2000 2030-2060 et 2070-2100) Ces tests ont eacuteteacute conduits agrave partir de diffeacuterents sceacute-narios climatiques en pratiquant une descente drsquoeacutechelle du modegravele agrave maille variable Arpege du modegravele zoomeacute LMDZ de lrsquoInstitut Pierre-Simon-Laplace (IPSL) ou encore en utilisant les sorties agrave haute reacutesolution drsquoALADIN de Meacuteteacuteo-France (Jomelli et al 2007 2009 2012 Pavlova et al 2014) ou drsquoautres simulations (Turkington et al 2016) Les reacutesultats montrent en geacuteneacuteral quels que soient le modegravele et le sceacutenario climatique utiliseacutes une augmentation significative de la probabiliteacute de deacuteclenchement de laves torrentielles dans les Alpes pour la fin du siegravecle Les reacutesultats sont en revanche un peu plus contrasteacutes selon les reacutegions et les modegraveles pour le milieu du XXIe siegravecle Lrsquoensemble de ces reacutesultats doit cependant ecirctre pris avec beaucoup de prudence car plusieurs problegravemes meacutetho-dologiques restent agrave reacutesoudre Le principe repose sur une modeacutelisation statis-tique probabiliste couplant un recensement imparfait des laves torrentielles avec des donneacutees meacuteteacuteorologiques actuelles modeacutelisation qui est ensuite forceacutee par des sceacutenarios climatiques ayant leurs propres incertitudes Agrave ces incertitudes srsquoajoutent drsquoautres interrogations que nous pouvons lister ici sans ecirctre exhaustif

Tout drsquoabord cette approche statistique fondeacutee sur un forccedilage des rela-tions observeacutees actuellement entre le climat et le deacuteclenchement des laves en utilisant des sceacutenarios climatiques futurs suppose une stationnariteacute spa-tio-temporelle de cette relation climat-laves torrentielles Or cette hypothegravese nrsquoest pas veacuterifieacutee

Ensuite ces modegraveles statistiques nrsquointegravegrent pas la variabiliteacute environne-mentale qui nous lrsquoavons vu joue un rocircle certain dans le fonctionnement de ces processus

Enfin plus important encore ces modegraveles ne considegraverent que les aspects cli-matologiques Or on sait qursquoune lave se deacuteclenche si et seulement si un stock de deacutebris mobilisable est disponible La variabiliteacute spatio-temporelle de ce stock de deacutebris est encore tregraves mal documenteacutee (Veyrat-Charvillon et Meunier 2006 Theule et al 2012 2015) et son eacutevolution dans le futur encore plus incertaine

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Ce stock est parfois appreacutehendeacute agrave partir drsquoune approche laquo pseudo-proxy raquo en consideacuterant par exemple le nombre de jours de gel depuis le dernier eacuteveacutene-ment ou le nombre de jours depuis lrsquohiver preacuteceacutedent lrsquoeacuteveacutenement (Jomelli et al 2003 Bel et al 2017) (fig C16) Mais cette approche doit agrave lrsquoavenir ecirctre lar-gement ameacutelioreacutee pour espeacuterer atteindre des reacutesultats robustes

Figure C16 ndash Probabiliteacute de deacuteclenchement drsquoune lave torrentielle dans les Alpes franccedilaises en fonction du cumul de jours de gel depuis le dernier eacuteveacutenement et le nombre de fois (Ri) ou les preacutecipitations excegravedent 30 mmj pendant lrsquoeacuteteacute

Source drsquoapregraves Jomelli et al 2003

Nombre de jours de gel

En tout premier lieu des recherches doivent ecirctre engageacutees sur la reconstitution du stock de deacutebris en relation avec le climat Nous lrsquoavons dit preacuteceacutedemment cet aspect est crucial pour ameacuteliorer les connaissances sur le fonctionnement des laves Des observations agrave partir de bassins-versants expeacuterimentaux ont permis de mettre en eacutevidence une cycliciteacute saisonniegravere dans la reconstitution et la mobi-lisation du stock dont deacutepend lrsquointensiteacute des laves (Theule et al 2012) Ce type drsquoapproche doit ecirctre geacuteneacuteraliseacute pour eacutetudier les variables influenccedilant le bilan seacutedimentaire

Un meilleur transfert des connaissances sur le fonctionnement des laves drsquoune eacutechelle spatiale agrave lrsquoautre est aussi neacutecessaire Aujourdrsquohui les reacutesultats acquis sur les relations entre le deacuteclenchement et les pluies obtenus agrave lrsquoeacutechelle du bas-sin-versant ne peuvent pas ecirctre geacuteneacuteraliseacutes agrave un plus large territoire Agrave court terme il serait sans doute pertinent drsquoeacutetudier ces relations entre les conditions meacuteteacuteorologiques et le deacuteclenchement des laves agrave lrsquoeacutechelle du bassin-versant en utilisant des variables dont le pas de temps est identique agrave celui disponible agrave

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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lrsquoeacutechelle reacutegionale Agrave plus long terme une meilleure connaissance des preacutecipita-tions intenses au pas de temps horaire tenant compte des effets orographiques agrave une eacutechelle reacutegionale sera un atout certain

Approfondir les connaissances sur lrsquoactiviteacute des laves torrentielles sur ces der-niers siegravecles permettrait de mieux appreacutehender les relations entre le fonctionne-ment de ce processus et le climat Il serait aussi plus aiseacute drsquoidentifier les impacts multiples de lrsquohomme non seulement sur le climat mais aussi sur le bassin-ver-sant en modifiant notamment la veacutegeacutetation et le profil en long par des ameacutenage-ments (Strunk 1992 Blikra et Nemec 1998 Stoffel et al 2005 Helsen et al 2002 Jomelli 2013)

Il est enfin neacutecessaire de poursuivre les efforts sur la vulneacuterabiliteacute associeacutee au fonctionnement de ce processus Divers champs ont eacuteteacute exploreacutes comme la vul-neacuterabiliteacute du bacircti ou du reacuteseau routier (Mallet et al 2006 Puissant et al 2014) Des tests drsquointerruption srsquoappuyant sur diffeacuterents sceacutenarios socio-eacuteconomiques ont eacuteteacute proposeacutes pour estimer les coucircts et les meilleures solutions (Utasse et al 2016) Cependant des recherches visant agrave accroicirctre la reacutesilience fondeacutee notam-ment sur une analyse du retour drsquoexpeacuterience pourraient ecirctre reacutealiseacutees de faccedilon sys-teacutematique aux eacutechelles locales et reacutegionales Autant de pistes que les chercheurs pourront deacutevelopper en partenariat avec la socieacuteteacute civile et les futurs deacutecideurs

AvalanchesAuteurs Nicolas Eckert Thierry Faug

Florie Giacona Jeacuterocircme Lopez-Saez Mohamed Naaim

Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Christophe Corona

GEOLAB Centre national de la recherche scientifique Clermont-Ferrand

Samuel Morin

Meacuteteacuteo-France ndash Centre drsquoeacutetude de la neige Grenoble

Les eacutevolutions futures de lrsquoactiviteacute avalancheuse peuvent ecirctre en partie deacuteduites des projections climatiques une fois celles-ci adapteacutees agrave la topographie des massifs montagneux et associeacutees agrave des simulations drsquoeacutevolution du manteau neigeux Ainsi pour les Alpes franccedilaises la combinaison de reacuteanalyses nivo-meacuteteacuteorologiques fines et de relations statistiques avalanche-climat a permis de projeter sous lrsquohypothegravese drsquoun sceacutenario drsquoeacutevolution future drsquoeacutemission de gaz agrave effet de serre moyen (sceacutenario A1B GIEC Rapport SREX) une diminution globale de 20 agrave 30 de lrsquoactiviteacute avalancheuse au cours du XXIe siegravecle par rapport agrave la peacuteriode 1960-1990 dite laquo de reacutefeacuterence raquo (fig C17a Castebrunet et al 2014)

La baisse attendue est bien plus drastique au printemps et agrave basse altitude du fait drsquoune reacuteduction tregraves forte du manteau neigeux (fig C17c) En revanche on srsquoattend agrave une augmentation de lrsquoactiviteacute avalancheuse degraves lors que le manteau

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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neigeux restera suffisamment important crsquoest-agrave-dire en plein hiver agrave haute altitude (fig C17b) Pour les indicateurs annuels et saisonniers les changements atten-dus sont deacutejagrave importants pour 2050 et la peacuteriode 2050-2100 ne verra qursquoune poursuite des eacutevolutions deacutejagrave engageacutees et en partie deacutejagrave reacutealiseacutees par rapport agrave la peacuteriode 1960-1990

Ces projections sont leacutegegraverement modifieacutees sous lrsquohypothegravese de sceacutenarios drsquoeacutevolu-tion des eacutemissions de gaz agrave effet de serre plus maicirctriseacutee (diminution moins marqueacutee de lrsquoactiviteacute avalancheuse globale) ou au contraire plus laquo catastrophique raquo (dimi-nution plus marqueacutee de lrsquoactiviteacute avalancheuse globale) La sensibiliteacute au choix du sceacutenario reste cependant assez faible sur les indicateurs globaux de sorte que cette tendance agrave la baisse de lrsquoactiviteacute avalancheuse globale semble assez robuste

Aucune eacutetude speacutecifique ni en France ni ailleurs nrsquoa pour lrsquoinstant cibleacute speacutecifi-quement les projections drsquoavalanches de grande ampleur mais eacutetant donneacute les reacutesultats obtenus sur le passeacute on peut penser que leur tendance moyenne au

Figure C17 ndash Projections futures sous hypothegravese drsquoun sceacutenario drsquoeacutevolution des eacutemissions de gaz agrave effet de serre laquo moyen raquo distribution interannuelle drsquoun indice drsquoactiviteacute avalancheuse totale standardiseacute par rapport agrave la peacuteriode de reacutefeacuterence 1960-1990 a) Hiver entier b) Plein hiver c) Printemps

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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recul devrait se poursuivre au fur et agrave mesure que les conditions hivernales leur seront moins favorables Deux beacutemols doivent toutefois ecirctre apporteacutes agrave ce postu-lat Drsquoabord une tendance moyenne au recul nrsquoexclut pas que de maniegravere a priori de plus en plus sporadique des avalanches de grande ampleur continuent agrave se produire les hivers 2008-2009 (Eckert et al 2010) et 2017-2018 lrsquoont ample-ment deacutemontreacute dans les Alpes franccedilaises Ensuite les avalanches de neige humide de grande ampleur sont agrave lrsquoorigine drsquoun risque speacutecifique vraisemblablement en train drsquoaugmenter (fig C18)

Vers plus drsquoavalanches humides

Au cours des reacutecents hivers les Alpes franccedilaises ont en effet connu une succes-sion de peacuteriodes de forte activiteacute drsquoavalanches de neige humide Lrsquoeacutevolution de la part des avalanches de neige humide dans lrsquoactiviteacute totale a eacuteteacute le premier reacutesul-tat obtenu degraves le tournant des anneacutees 2000 (Martin et al 2001) des eacutetudes de simulation visant agrave eacutetudier lrsquoimpact du reacutechauffement climatique sur lrsquoactiviteacute avalancheuse Il est agrave preacutesent eacutetayeacute par des analyses statistiques systeacutematiques (Naaim et al 2016) et constitue un lien intuitif entre observations et projections lrsquoactiviteacute avalancheuse de neige humide se manifeste deacutejagrave etou se manifestera dans le futur plus preacutecocement agrave toutes les altitudes en particulier dans des sec-teurs et durant des peacuteriodes ougrave elle est pour lrsquoinstant peu importante voire quasi inexistante (haute altitude etou en laquo plein hiver raquo fig C17b) Hors des Alpes cette eacutevolution a eacuteteacute mise en eacutevidence en Himalaya agrave lrsquoaide drsquoanalyses dendro- geacuteomorphologiques (Ballesteros-Canovas et al 2018)

Figure C18 ndash Deacutepocircts drsquoavalanche de neige humide de grande ampleur janvier 2018 Bessans Savoie

Photo Irstea

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Au cours des peacuteriodes reacutecentes drsquoactiviteacute drsquoavalanches de neige humide des eacuteveacute-nements de grande voire tregraves grande ampleur avec des conseacutequences specta-culaires en matiegravere de dommages aux infrastructures ont eacuteteacute observeacutes Ainsi la destruction de la gare du teacuteleacutesiegravege de Saint-Franccedilois-Longchamp en 2013 a eacuteteacute marquante en raison de la dynamique particuliegravere de lrsquoavalanche qui lrsquoa causeacutee Drsquoextension importante malgreacute sa vitesse reacuteduite elle a plieacute les deux premiers pylocircnes Lrsquoaugmentation de lrsquohumiditeacute de la neige peut ainsi conduire agrave des ava-lanches catastrophiques pour deux raisons une augmentation des distances par-courues et des trajectoires laquo impreacutevisibles raquo du fait drsquoun coefficient de frottement effectif faible (meacutecanisme de lubrification) et des pressions drsquoimpact restant tregraves eacuteleveacutees malgreacute des vitesses nettement plus faibles que celles des eacutecoulements de neige segraveche (Ancey et Bain 2015) Pour eacutetablir que le risque lieacute aux avalanches de neige humide augmente effectivement avec le reacutechauffement notre connais-sance du comportement meacutecanique de la neige humide reste toutefois agrave affiner De mecircme les tendances passeacutees et futures dans les eacutevolutions des avalanches de neige humide de grande ampleur et les dommages associeacutes restent agrave eacutetudier

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Conclusions

Auteur Marie Carrega

MTES DGECSCEEONERC

La France du fait de sa situation geacuteographique est soumise agrave une grande diver-siteacute drsquoaleacuteas naturels Pris de maniegravere indeacutependante aucun eacuteveacutenement clima-tique ne peut ecirctre attribueacute en tant que tel au changement climatique Toutefois les travaux de recherche eacutetablissent que le changement climatique vient modifier lrsquooccurrence de certains aleacuteas

En meacutetropole on peut ainsi anticiper que degraves la peacuteriode 2021-2050 les vagues de chaleur estivales deviendront plus freacutequentes plus longues et plus intenses avec des eacutevolutions plus marqueacutees encore pour le quart Sud-Est de la France Un eacutepisode tel que celui de lrsquoeacuteteacute 2003 pourrait se produire agrave lrsquohorizon 2050 mais il resterait exceptionnel Drsquoici la fin du siegravecle pour le sceacutenario tendanciel un tel pheacutenomegravene deviendrait en revanche courant voire serait reacuteguliegraverement deacutepasseacute tant en intensiteacute qursquoen dureacutee

Agrave lrsquoinverse les vagues de froid seront moins freacutequentes moins longues et moins intenses mais ne disparaicirctront pas complegravetement

Le risque de seacutecheresse devrait srsquoaggraver avec une aggravation plus rapide et plus intense des seacutecheresses lieacutees au deacuteficit drsquohumiditeacute du sol plutocirct qursquoau deacuteficit de preacutecipitation La France risque donc de connaicirctre drsquoici 2100 des seacuteche-resses agricoles quasi continues et de grande intensiteacute totalement inconnues dans le climat actuel

Les eacutevolutions attendues pour les pluies extrecircmes sont variables geacuteographique-ment cependant une tendance geacuteneacuterale se dessine avec une augmentation de la quantiteacute de pluie tombant au cours des eacutepisodes les plus extrecircmes ndash comme les pheacutenomegravenes dits laquo ceacutevenols raquo (voir Annexe 3) ndash principalement en hiver avec de plus une extension des zones impacteacutees au-delagrave des reacutegions habituellement toucheacutees notamment vers le Sud-Est ou les Pyreacuteneacutees

Les territoires exposeacutes aux risques drsquoincendies de forecircts devraient ecirctre plus eacutetendus couvrant une part importante de la forecirct des Landes agrave lrsquohorizon 2040 et les forecircts de Sologne agrave lrsquohorizon 2060

Le reacutechauffement des oceacuteans accompagneacute de la fonte des glaciers engendre une hausse du niveau marin de plusieurs millimegravetres par an en acceacuteleacuteration sur les derniegraveres deacutecennies Drsquoici 2100 lrsquoaugmentation devrait ecirctre de plusieurs dizaines de centimegravetres voire un megravetre de maniegravere non uniforme selon les cocirctes Cela est de nature agrave accroicirctre le risque de submersion marine mais aussi selon les cocirctes les effets drsquoeacuterosion littorale (ONERC 2015) Un rapport speacutecial du GIEC sera publieacute en 2019 permettant de mieux eacutevaluer la hausse attendue du niveau moyen des mers

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Dans les Alpes franccedilaises drsquoici la fin du siegravecle le nombre drsquoavalanches pour-rait diminuer mecircme si lrsquoactiviteacute avalancheuse de neige humide se manifeste deacutejagrave etou se manifestera dans le futur plus preacutecocement quelle que soit lrsquoaltitude Toutefois les processus geacuteneacuterateurs de risque en montagne sont nombreux et complexes et leur eacutevolution avec le climat sujet agrave discussion (Beniston et al 2018 Stoffel et Huggel 2012)

Par ailleurs les deacuteclenchements de laves torrentielles devraient augmenter significativement

Les eacutetudes actuelles ne permettent pas de mettre en eacutevidence une tendance future notable sur lrsquoeacutevolution du risque de vent violent lieacute aux tempecirctes Les projections ne montrent en effet aucune tendance significative de long terme sur la freacutequence et lrsquointensiteacute des tempecirctes que ce soit agrave lrsquohorizon 2050 ou agrave lrsquohorizon 2100

En outre-mer les simulations du climat pour le XXIe siegravecle indiquent que les cyclones ne devraient pas ecirctre plus nombreux En revanche le nombre de cyclones de forte intensiteacute devrait augmenter

Chapitre DPreacutevention et gestion

des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques

extrecircmes

Auteurs Laure Tourjansky Emmanuel Vullierme et le service des risques naturels hydrauliques

MTES DGPRSRNH

Marie Carrega Jeacuterocircme Duvernoy Sarah Voirin MTES DGECSCEEONERC

copy Laurent Mignaux ndash Terra

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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La preacutevention et la gestion des risques un eacuteleacutement majeur de lrsquoadaptation au changement climatique

Les eacuteveacutenements climatiques extrecircmes (inondations seacutecheresses tempecirctes cyclones etc) font reacuteguliegraverement de nombreuses victimes dans le monde et des dommages consideacuterables Du fait de la diversiteacute des territoires franccedilais meacutetro-pole outre-mer territoires traverseacutes par un important reacuteseau hydrographique mon-tagne campagne littoral concentration drsquoenjeux dans les villes la France subit des eacuteveacutenements extrecircmes tregraves varieacutes Les catastrophes survenues ces derniegraveres anneacutees en France rappellent que notre territoire est particuliegraverement exposeacute avec en particulier les crues du Var en 2015 les crues sur les bassins du Loing de la Seine et de la Loire au printemps 2016 le cyclone Irma en septembre 2017 la tempecircte Eleanor en janvier 2018 La forte mobilisation meacutediatique lors de ces eacuteveacutenements ne doit pas faire oublier que la preacutevention des risques naturels se fait neacutecessairement dans la dureacutee en inteacutegrant les eacutevolutions attendues du climat La preacutevention srsquoarticule bien sucircr avec la preacuteparation et la gestion de crise lorsqursquoun eacutevegravenement agrave risque surgit

Qursquoils soient drsquoorigine climatique ou non (on pense en particulier aux seacuteismes) la reacuteponse aux eacutevegravenements extrecircmes est abordeacutee par les pouvoirs publics dans une approche systeacutemique La politique de preacutevention des risques naturels majeurs a pour objectif de reacuteduire lrsquoexposition aux risques des populations et agrave les rendre moins vulneacuterables Elle vise agrave preacutevenir les atteintes agrave la vie humaine et reacuteduire autant que possible les conseacutequences preacutevisibles et les dommages potentiels des eacutevegravenements agrave geacuterer efficacement les crises et les catastrophes quand elles surviennent anticiper les situations post-crise et reacuteparer les dommages

Cette politique est structureacutee par plusieurs textes agrave commencer par la loi Barnier 1 et inscrite dans les lignes directrices eacutedicteacutees par lrsquoONU dans le cadre de Sendai pour la reacuteduction du risque de catastrophes Si le cadre est avant tout donneacute par lrsquoEacutetat cette politique trouve son efficaciteacute dans la mobilisation de nombreux acteurs agrave commencer par les collectiviteacutes locales car elle srsquoarticule eacutetroitement avec lrsquoameacutenagement du territoire mais aussi les entreprises et les citoyens Aussi la politique de preacutevention des risques naturels meneacutee par lrsquoEacutetat comporte des actions reacutegaliennes (information preacuteventive eacutelaboration de plans de preacuteven-tion des risques naturels) et des dispositifs drsquoaccompagnement tels que la mobi-lisation du fonds de preacutevention des risques naturels majeurs dit laquo Fonds Barnier raquo

Dans le cadre de lrsquoeacutelaboration du deuxiegraveme plan national drsquoadaptation au chan-gement climatique (ONERC 2017) les discussions relatives agrave la preacutevention des risques naturels et agrave la reacutesilience des territoires ont largement conforteacute la politique mise en œuvre et mis en avant des axes nouveaux la neacutecessiteacute drsquoun portage local de cette politique qui eacutemane des territoires une approche jacobine nrsquoeacutetant

1 Loi no 95-101 du 2 feacutevrier 1995 relative au renforcement de la protection de lrsquoenvironnement

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plus suffisante le besoin permanent drsquoune mise agrave jour des connaissances et drsquoun approfondissement de la connaissance des aleacuteas les plus impacteacutes par le changement climatique la mise en place drsquooutils nouveaux de transformation des territoires

Une hausse de 2 degC de la tempeacuterature moyenne de la planegravete drsquoici la fin du siegravecle se deacuteclinerait de faccedilon diffeacuterencieacutee selon ces territoires mais srsquoaccompagnerait partout de changements importants dans le reacutegime des preacutecipitations et dans la freacutequence et la seacuteveacuteriteacute des eacuteveacutenements extrecircmes Ces changements seront moins importants si lrsquoon arrive agrave contenir lrsquoaugmentation de la tempeacuterature ter-restre en limitant les eacutemissions de gaz agrave effet de serre anthropiques Toutefois du fait de lrsquoinertie du systegraveme climatique mecircme si lrsquoon parvenait agrave arrecircter degraves main-tenant toute eacutemission de gaz agrave effet de serre le climat de la Terre continuerait agrave changer pendant plusieurs deacutecennies et la hausse du niveau des mers se pour-suivrait pendant plusieurs siegravecles Il faut donc se preacuteparer agrave ces changements

La deacutefinition de lrsquoadaptation au changement climatique a eacuteteacute affineacutee au rythme des rapports du GIEC Si le dernier rapport deacutefinit lrsquoadaptation comme laquo la deacutemarche drsquoajustement au climat actuel ou attendu ainsi qursquoagrave ses conseacutequences raquo elle peut ecirctre appreacutehendeacutee drsquoun point de vue plus socieacutetal par laquo lrsquoensemble des eacutevo-lutions drsquoorganisation de localisation et de techniques que les socieacuteteacutes devront opeacuterer pour limiter les impacts neacutegatifs de ces changements et maximiser leurs effets beacuteneacutefiques raquo ainsi eacuteloigner les populations et les activiteacutes eacuteconomiques de zones rendues inondables par le changement climatique adopter des varieacute-teacutes de plantes plus reacutesistantes et mieux adapteacutees aux climats du futur ajuster les reacuteseaux eacutenergeacutetiques aux variations attendues de la consommation drsquoeacutenergie adapter les infrastructures de transport ou reacutehabiliter des zones urbaines apregraves des deacutesastres naturels lieacutes au changement climatique sont toutes des actions drsquoadaptation (de Perthuis 2010)

Les possibiliteacutes drsquoadaptation sont nombreuses mais pour reacuteduire la vulneacuterabi-liteacute au changement climatique actuel et futur diffeacuterentes eacutetapes drsquoadaptation seront neacutecessaires

Adaptation autonome ou spontaneacutee adaptation en reacuteponse agrave un aleacutea clima-tique veacutecu ou agrave ses effets sans aucune preacutemeacuteditation explicite ou consciente et axeacutee sur la lutte contre le changement climatique

Adaptation increacutementale mesures drsquoadaptation ayant pour objectif princi-pal le maintien de la nature et de lrsquointeacutegriteacute drsquoun systegraveme ou drsquoun processus agrave une eacutechelle donneacutee

Adaptation transformationnelle adaptation qui change les eacuteleacutements fonda-mentaux drsquoun systegraveme en reacuteponse au climat et agrave ses effets

Il existe une intersection entre les activiteacutes des communauteacutes travaillant sur lrsquoadap-tation au changement climatique et celles travaillant sur la reacuteduction des risques de catastrophe Les deux visent agrave reacuteduire les impacts neacutegatifs du changement climatique et des catastrophes sur lrsquoenvironnement naturel la socieacuteteacute humaine et les eacuteconomies en anticipant les risques et les incertitudes et en cherchant agrave reacuteduire leurs vulneacuterabiliteacutes (Mitchell et al 2010) Comme le changement climatique

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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rendra en geacuteneacuteral les eacuteveacutenements extrecircmes plus freacutequents et plus intenses il est primordial drsquoassurer la meilleure coheacuterence possible entre la politique de preacuteven-tion et de gestion des risques et celle de lrsquoadaptation au changement climatique tant au niveau des pratiques qursquoau niveau des politiques nationale reacutegionale et communaleintercommunale

En Europe la France est lrsquoun des pays les plus avanceacutes en matiegravere de planifi-cation de lrsquoadaptation au changement climatique avec une Strateacutegie nationale drsquoadaptation au changement climatique publieacutee en 2006 et un premier Plan national drsquoadaptation au changement climatique couvrant la peacuteriode 2011-2015 Le deuxiegraveme Plan national drsquoadaptation au changement climatique (PNACC-2) a notamment pour objectif de laquo mieux proteacuteger les Franccedilais face aux eacuteveacutenements cli-matiques extrecircmes raquo comme inscrit dans le Plan climat du gouvernement publieacute le 6 juillet 2017 (axe 19) Il vise ainsi agrave reacuteduire les impacts des catastrophes natu-relles sur la seacutecuriteacute et la santeacute sur les biens eacuteconomiques physiques sociaux culturels et environnementaux des personnes des entreprises et des collectiviteacutes dans le contexte du changement climatique La phase de concertation preacutealable agrave lrsquoeacutelaboration de ce plan a eacuteteacute notamment nourrie par un groupe de travail speacutecifi-quement deacutedieacute agrave lrsquoeacutelaboration de recommandations en matiegravere de preacutevention et gestion des risques naturels dont certaines portaient directement sur les eacuteveacutene-ments extrecircmes Drsquoautres groupes de travail theacutematiques ont eacutegalement apporteacute leurs contributions agrave lrsquoameacutelioration de la gestion des eacuteveacutenements extrecircmes dans un contexte climatique changeant Eacutetant donneacute que de nombreux territoires sec-teurs drsquoactiviteacutes et eacutecosystegravemes sont et seront impacteacutes par le changement clima-tique la politique nationale drsquoadaptation apparaicirct clairement comme une politique publique laquo transversale raquo Le domaine drsquoaction laquo Gouvernance raquo du PNACC-2 vise ainsi agrave renforcer le pilotage strateacutegique de la deacutemarche drsquoadaptation dans une logique de coconstruction avec les eacutechelons de gouvernance territoriaux incluant les acteurs locaux et la socieacuteteacute civile

Le changement climatique loin de remettre en cause les outils de la preacutevention et de la gestion des risques naturels leur donne une nouvelle actualiteacute et fait res-sortir la neacutecessiteacute de les mobiliser au mieux La limitation de lrsquoexposition drsquoenjeux (habitations entrepriseshellip) existants ou nouveaux doit plus que jamais ecirctre une prioriteacute dans le contexte drsquoaleacuteas croissants et se faire dans une deacutemarche drsquoameacutenagement durable des territoires Des eacutevolutions eacuteventuelles devraient alors porter en premier lieu sur les leviers permettant lrsquoadheacutesion des parties pre-nantes agrave cette preacutevention afin qursquoelle ne soit pas perccedilue uniquement comme une contrainte et srsquoinsegravere pleinement dans une deacutemarche plus globale et transver-sale drsquoadaptation au changement climatique

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La preacutevention des risques naturels majeurs un enjeu qui requiert la mobilisation de tous

Les instances onusiennes de lrsquoUnited Nations system for disaster risk reduction (UNISDR) ont adopteacute le cadre drsquoaction de Sendai 2015-2030 qui reconnaicirct pour la premiegravere fois le rocircle du changement climatique comme facteur de risques de catastrophes Il srsquoarticule avec lrsquoaccord de Paris sur le climat adopteacute en deacutecembre 2015 et les objectifs de deacuteveloppement durable eacutetablis par les Eacutetats membres des Nations unies rassembleacutes dans lrsquoAgenda 2030 Il succegravede au cadre drsquoaction de Hyogo pour la peacuteriode 2005-2015

Pour eacutecarter les nouveaux risques tout en reacuteduisant les risques existants le cadre de Sendai deacutefinit quatre prioriteacutes agrave lrsquoeacutechelle mondiale

comprendre les risques de catastrophe renforcer la gouvernance des risques de catastrophe pour mieux les geacuterer investir dans la reacuteduction des risques de catastrophe aux fins de la reacutesilience renforcer lrsquoeacutetat de preacuteparation aux catastrophes pour intervenir de maniegravere

efficace et pour laquo mieux reconstruire raquo durant la phase de relegravevement de remise en eacutetat et de reconstruction

La politique franccedilaise de preacutevention des risques naturels srsquoinscrit dans ce cadre

Les leviers de lrsquoEacutetat

Le cadre europeacuteen est donneacute depuis 2007 par une directive centreacutee uniquement sur lrsquoaleacutea inondation qui est lrsquoaleacutea naturel le plus preacutesent en Europe (directive no 200760CE relative agrave lrsquoeacutevaluation et agrave la gestion des risques drsquoinondation) Dans le cadre de cette directive chaque pays de lrsquounion europeacuteenne est tenu de rapporter tous les six ans les efforts entrepris pour reacuteduire les conseacutequences neacutegatives des inondations sur son territoire

En matiegravere de protection des populations et face agrave des situations drsquourgence de grande ampleur auxquelles ne pourrait pas faire face seule la protection civile drsquoun pays lrsquoUnion europeacuteenne a instaureacute en 2001 un meacutecanisme europeacuteen de protec-tion civile qui permet aux pays de coordonner leur aide Gracircce agrave un travail de sen-sibilisation de formation drsquoeacutechanges drsquoexperts et agrave lrsquoorganisation drsquoexercices de simulation il contribue agrave preacuteparer et agrave limiter les conseacutequences des catastrophes

Agrave lrsquoeacutechelle nationale le ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire est porteur de la politique de preacutevention des risques naturels et de la preacutevision des crues Il srsquoappuie sur le ministegravere de la Coheacutesion des territoires pour la prise en compte des risques dans lrsquourbanisme et le controcircle du respect des regravegles de construc-tion Le ministegravere de lrsquoEacuteconomie assure la tutelle du secteur des assurances en charge de lrsquoindemnisation en cas de sinistre Les ministegraveres en charge de lrsquoAgri-culture de la Santeacute des Affaires eacutetrangegraveres de la Culture et de lrsquoEacuteducation natio-nale contribuent eacutegalement dans leurs domaines de compeacutetences agrave la preacutevention

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des risques Le directeur geacuteneacuteral de la preacutevention des risques du ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire en tant que deacuteleacutegueacute aux risques majeurs assure une coordination avec le ministegravere de lrsquoInteacuterieur (DGSCGC) qui intervient en cas de crise (voir page 128 laquo Preacuteparer et geacuterer la crise raquo)

LrsquoEacutetat met en œuvre des actions dans les domaines leacutegislatif reacuteglementaire et technique pour ameacuteliorer la preacutevention et la reacuteduction des risques agrave la source drsquoune part et drsquoautre part lrsquoinformation et la protection des citoyens Les minis-tegraveres srsquoappuient sur plusieurs opeacuterateurs dont les actions concernent en premier lieu la connaissance du risque agrave travers des projets de recherche lrsquoobservation et la preacutevision des aleacuteas les mesures de la reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute qui peuvent eacutegalement ecirctre mobiliseacutes en gestion de crise Au global le ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire consacre environ 30 millions drsquoeuros par an agrave la preacutevention des risques naturels dont un tiers est destineacute aux opeacuterateurs un autre tiers au reacuteseau de preacutevision des crues et le dernier tiers agrave des acquisitions de connaissance des actions drsquoameacutelioration de la culture du risque des opeacutera-tions de communication et le fonctionnement des services

LrsquoEacutetat a eacutegalement un rocircle important pour accompagner les parties prenantes de la preacutevention des risques Le soutien agrave la preacutevention srsquoappuie largement sur le Fonds de preacutevention des risques naturels majeurs (FPRNM appeleacute aussi laquo fonds Barnier raquo) creacuteeacute en 1995 et doteacute via les contributions des assureacutes au titre du dis-positif CatNat drsquoenviron 200 millions drsquoeuros par an plafonneacute agrave 137 millions en recettes pour la Loi de finances de 2018 La mise en place et lrsquoutilisation du FPRNM visent agrave permettre un eacutequilibre entre des mesures de preacutevention efficaces et lrsquoin-demnisation postcatastrophe Sur la peacuteriode 2012-2017 il a eacuteteacute mobiliseacute agrave pregraves de 50 pour la preacutevention des inondations par deacutebordement de cours drsquoeau agrave 13 pour la submersion marine agrave pregraves de 10 pour les mouvements de terrain

Srsquoil a drsquoabord permis de financer les deacutelocalisations de biens exposeacutes agrave un risque naturel majeur (38 sur les deacutepenses cumuleacutees entre 2010 et 2017) son uti-lisation a progressivement eacuteteacute eacutelargie par le leacutegislateur agrave drsquoautres cateacutegories de deacutepenses mesures de reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute des biens et de lrsquoameacutenagement du risque (40 ) et de connaissance de lrsquoaleacutea et information preacuteventive (14 )

Les collectiviteacutes territoriales sont les premiegraveres utilisatrices du FPRNM elles peuvent mobiliser jusqursquoagrave 125 millions drsquoeuros sur la mesure laquo eacutetudes et travaux des collectiviteacutes locales raquo qui constitue la principale mesure du FPRNM Les ter-ritoires de Charente-Maritime de Vendeacutee ainsi que les Antilles Franccedilaises ont mobiliseacute une part importante du FPRNM suite aux catastrophes qui ont affecteacute ces territoires (tempecircte Xynthia cyclone Irma etc) et du fait des enjeux speacuteci-fiques aux Antilles

Les particuliers et les entreprises de moins de vingt salarieacutes peuvent eacutegalement en beacuteneacuteficier sous certaines conditions

Le cadre drsquoeacuteligibiliteacute au soutien du FPRNM exprime de fait des lignes directrices de la preacutevention des risques partageacutees entre tous ses acteurs

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La mobilisation des collectiviteacutes locales

Les collectiviteacutes territoriales ont un rocircle deacuteterminant et croissant dans la preacuteven-tion et la gestion des crises lieacutees aux risques naturels Le maire est chargeacute de la connaissance et de la diffusion de lrsquoinformation sur les risques aupregraves de la population En tant que responsable de lrsquoameacutenagement et de la seacutecuriteacute il doit veiller agrave communiquer reacuteguliegraverement sur la connaissance des risques sur son ter-ritoire il est chargeacute de lrsquoalerte et de lrsquoorganisation des secours en cas de crise Il dispose agrave cet effet drsquooutils strateacutegiques et reacuteglementaires tels que le Plan com-munal de sauvegarde (PCS) et le Plan local drsquourbanisme (PLU)

Outre lrsquoeacutechelon communal les intercommunaliteacutes ndash communauteacutes de communes drsquoagglomeacuteration urbaines meacutetropoles ndash constituent des acteurs de premier plan en particulier en matiegravere drsquoameacutenagement du territoire et de Gestion des milieux aquatiques et de preacutevention des inondations (Gemapi) Crsquoest lrsquoesprit des lois MAPTAM 2 en 2014 et NOTRe 3 en 2015

2 Loi no 2014-58 du 27 janvier 2014 de modernisation de lrsquoaction publique territoriale et drsquoaffirmation des meacutetropoles

3 Loi no 2015-991 du 7 aoucirct 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la Reacutepublique

Figure D1 ndash Deacutepenses du fonds de preacutevention des risques naturels majeurs par type drsquoacteur

Source ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire (MTES) 2017

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Lrsquoinstauration de la compeacutetence laquo Gemapi 4 raquo depuis le 1er janvier 2018 repreacutesente une eacutevolution structurante dans la gouvernance en matiegravere de gestion des milieux aquatiques et de preacutevention des inondations La loi attribue cette compeacutetence aux intercommunaliteacutes de maniegravere obligatoire et exclusive compeacutetence qursquoelles ont la possibiliteacute de deacuteleacuteguer ou transfeacuterer agrave des syndicats mixtes Les collectivi-teacutes deacutepartementales et reacutegionales deacutejagrave impliqueacutees pourront eacutegalement poursuivre leur action en matiegravere de compeacutetence Gemapi Cette compeacutetence permettra en particulier la bonne gestion dans la dureacutee des ouvrages hydrauliques ndash travaux et entretien des systegravemes drsquoendiguement des barrages eacutecrecircteurs de crues des bassins de reacutetention ndash concourant agrave la preacutevention des inondations

Les conseils deacutepartementaux et reacutegionaux sont aussi impliqueacutes dans la preacuteven-tion des risques Le conseil deacutepartemental par exemple deacutefinit les politiques drsquoinvestissement et finance le fonctionnement des diffeacuterents services deacuteparte-mentaux speacutecialiseacutes Pour les secours aux victimes les Services deacutepartementaux drsquoincendie et de secours (SDIS) sont placeacutes sous une double autoriteacute ndash preacutefet et conseil deacutepartemental ndash pour la gestion opeacuterationnelle et la gestion fonctionnelle des secours et sont chargeacutes avec le Service drsquoaide meacutedicale urgente (SAMU) des secours aux victimes Eacutetablissement public deacutepartemental le SDIS eacutelabore et met en œuvre sous lrsquoautoriteacute du preacutefet le Scheacutema deacutepartemental drsquoanalyse et de couverture des risques (SDACR)

Lrsquoarticulation territoriale de la politique de preacutevention des risques avec les autres politiques sectorielles dans une logique drsquoadaptation au changement climatique reposera notamment sur un reacuteseau de comiteacutes reacutegionaux de lrsquoadaptation en meacutetro-pole et outre-mer dans le cadre de lrsquoeacutelaboration ou de la reacutevision drsquoorientations et de scheacutemas reacutegionaux comme les SRADDET SRCAE SAR PRFB hellip

En outre-mer une meilleure reacutesilience aux effets du changement climatique est prise en compte dans la mobilisation drsquooutils speacutecifiques Les outils de program-mation tels que les plans de convergence les contrats de plan Eacutetat-Reacutegion les suites donneacutees au Livre bleu des outre-mer les PRFB mais aussi les documents de planification territoriale speacutecifiques agrave chacun des territoires ultramarins ins-criront des actions en faveur de lrsquoadaptation au changement climatique Gracircce agrave la mobilisation drsquooutils financiers adapteacutes ces actions viseront agrave renforcer le deacuteveloppement et la maintenance des infrastructures la recherche et lrsquoameacuteliora-tion de la connaissance au niveau reacutegional et transfrontalier la preacuteservation des ressources et milieux naturels et des eacutecosystegravemes qursquoils abritent et agrave faire des territoires ultramarins un atout strateacutegique quant aux relations avec les autres Eacutetats de leur bassin de coopeacuteration reacutegionale Cette action permettra eacutegalement de srsquoassurer de la coheacuterence de lrsquoensemble de ces actions entre lrsquoeacutechelon terri-torial et le niveau national

4 httpswwwecologique-solidairegouvfrgestion-des-milieux-aquatiques-et-prevention-des-inondations-gemapi

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Encadreacute 1

5 Discours du Preacutesident de la Reacutepublique Emmanuel Macron devant la 72e Assembleacutee geacuteneacuterale des Nations unies 19 septembre 2017

Financements internationaux et europeacuteens pour la prise en compte

des eacuteveacutenements extrecircmes

De nombreuses sources de financement internationales et europeacuteennes existent pour deacutevelopper les capaciteacutes drsquoobservation de mesure drsquoalerte et drsquoadaptation aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes mais elles sont par-fois sous-utiliseacutees au risque mecircme de ne pas ecirctre peacuterennesLes donneacutees meacuteteacuteorologiques sont souvent encore peu fiables ou totale-ment absentes dans de nombreux pays Lrsquoinitiative CREWS (Climate risks and early warning systems) a eacuteteacute lanceacutee agrave Paris agrave la COP21 en 2015 agrave la suite de la troisiegraveme confeacuterence sur la reacuteduction des risques de catas-trophes agrave Sendai en mars 2015 ougrave les Eacutetats partis srsquoeacutetaient engageacutes agrave laquo accroicirctre significativement la disponibiliteacute et lrsquoaccegraves agrave des systegravemes drsquoalerte preacutecoce multirisques agrave lrsquoinformation et aux eacutevaluations sur les risques pour les populations drsquoici 2030 raquo Cette initiative a pour but drsquoaider les pays les plus vulneacuterables et les moins avanceacutes et les petits Eacutetats insulaires en deacuteveloppement agrave ameacuteliorer la prestation de services meacuteteacuteorologiques et climatologiques et agrave augmenter leur capaciteacute agrave produire et diffuser des alertes preacutecoces efficaces multirisques axeacutees sur les impacts afin de proteacuteger les personnes les biens et les moyens de subsistance Lrsquoobjectif est de mobiliser 100 millions de dollars ameacutericains drsquoici agrave 2020 afin de combler les lacunes des programmes bilateacuteraux et multilateacuteraux exis-tants La France fait partie des partenaires financiers de cette initiative et a contribueacute agrave hauteur de 10 millions drsquoeuros entre 2017 et 2018 au financement du fonds fiduciaire Afin de peacuterenniser cette initiative qui va dans le sens de ses engagements internationaux en matiegravere de finance-ment de la lutte contre le changement climatique la France preacutevoit un ren-forcement de son implication dans lrsquoinitiative CREWSLa France mobilise eacutegalement drsquoautres fonds internationaux notamment le Fonds vert pour le climat pour financer la preacutevention des risques et lrsquoadap-tation au changement climatique dans les outre-mer Le Fonds vert pour le climat a eacuteteacute mis en place par les 194 Eacutetats partis agrave la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques en 2010 agrave Cancugraven comme partie inteacutegrante du meacutecanisme financier de la Convention Il a pour but de financer agrave parts eacutegales des projets drsquoatteacutenuation et drsquoadaptation dans les pays en deacuteveloppement Agrave ce jour les investissements du Fonds vert repreacute-sentent 26 Md USD au profit de cinquante-quatre projets et programmesDans lrsquoobjectif de consacrer 055 du revenu national de la France pour lrsquoaide publique au deacuteveloppement drsquoici cinq ans 5 et de mettre en œuvre les actions du PNACC-2 les acteurs de lrsquoaide au deacuteveloppement tels que lrsquoAFD vont augmenter la part des financements de lrsquoaide au deacuteveloppement

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deacutedieacutee agrave lrsquoadaptation y compris la part des dons agrave hauteur de 15 mil-liard drsquoeuros agrave horizon 2020 et renforcer le volet adaptation au change-ment climatique dans les organisations multilateacuterales de financement du deacuteveloppement et du climat tels que le Fonds vert pour le climatDans ce cadre la contribution du ministegravere des outre-mer au Fonds vert permettant le financement de la preacutevention des risques et lrsquoadaptation au changement climatique dans les outre-mer porte sur deux volets

un precirct agrave taux zeacutero laquo Fonds vert raquo deacutedieacute agrave la Nouvelle-Caleacutedonie la Polyneacutesie franccedilaise et agrave Wallis-et-Futuna

une enveloppe drsquoassistance agrave maicirctrise drsquoouvrage de laquo lrsquoeacutequivalent Fonds vert raquo Cette enveloppe est destineacutee agrave financer lrsquoidentification la structu-ration et lrsquoeacutevaluation des projets environnementaux financeacutes par lrsquoAgence franccedilaise pour le deacuteveloppement (AFD) et agrave lrsquoeacutelaboration dans les reacutegions ultrapeacuteripheacuteriques des plans climat-air-eacutenergie territoriaux Les entiteacutes eacuteli-gibles sont les collectiviteacutes territoriales ultramarines leurs groupements et satellites les entreprises publiques locales susceptibles drsquoecirctre beacuteneacutefi-ciaires drsquoun precirct AFD bonifieacute par lrsquoeacutequivalent laquo Fonds vert raquo Ainsi une ligne budgeacutetaire a eacuteteacute consacreacutee agrave un laquo eacutequivalent Fonds vert raquo au sein de la mis-sion laquo outre-mer raquo du budget geacuteneacuteral en 2017 et a eacuteteacute reconduite en 2018La France participe eacutegalement au financement de la preacutevention des risques et agrave lrsquoadaptation aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes au niveau euro-peacuteen notamment agrave travers lrsquoAccord de partenariat 2014-2020 entre lrsquoUnion europeacuteenne lrsquoEacutetat et les Reacutegions qui acte la mobilisation drsquoune partie des fonds europeacuteens au financement de lrsquoObjectif Theacutematique 5 ndash adaptation au changement climatique et preacutevention des risques (OT5) Les Fonds

europeacuteens structurels et drsquoinvestissement (FESI) sont mobiliseacutes pour soutenir des actions dans les reacutegions particuliegraverement vulneacuterables et la prioriteacute est donneacutee au deacuteveloppement de solutions de geacutenie eacutecologique Agrave cet effet le Fonds europeacuteen de deacuteveloppement reacutegional (FEDER) sou-tient des actions qui visent globalement agrave ameacuteliorer la protection des terri-toires et des populations exposeacutes aux effets des aleacuteas climatiques et aux risques tandis que le Fonds europeacuteen agricole de deacuteveloppement rural (FEADER) intervient speacutecifiquement dans le domaine des sols (limitation des risques drsquoartificialisation drsquoeacuterosion et de perte de matiegravere organique) et de la lutte contre les incendies Lrsquoenjeu financier pour la France reacuteside dans le fait de continuer agrave pouvoir mobiliser des financements europeacuteens au-delagrave de lrsquoexercice actuel (2014-2020) malgreacute une sous-utilisation chro-nique des FESI Le maintien drsquoun objectif theacutematique visant explicitement lrsquoadaptation et la preacutevention des risques est essentiel pour permettre aux reacutegions lrsquoayant identifieacute comme prioritaire de mobiliser un cofinance-ment europeacuteen agrave hauteur de 50 Lrsquoenveloppe fleacutecheacutee pour la France au titre de lrsquoOT5 pour le FEDER srsquoeacutelegraveve agrave 295 millions drsquoeuros sur la peacuteriode 2014-2020 Au 2 juillet 2018 seuls 36 de ces fonds eacutetaient program-meacutes Crsquoest pourquoi le PNACC-2 souhaite faciliter et renforcer lrsquoaccegraves et la mobilisation des fonds europeacuteens par les porteurs de projets franccedilais

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Un travail en reacuteseau

Lrsquoefficaciteacute de la politique de preacutevention passe par une appropriation et un apport de tous les partenaires dans un travail en reacuteseau Le Conseil drsquoorientation pour

la preacutevention des risques naturels majeurs (COPRNM) creacuteeacute par deacutecret du 1er aoucirct 2003 est un lieu de concertation et drsquoarbitrage composeacute drsquoeacutelus drsquoexperts de pro-fessionnels de repreacutesentants de la socieacuteteacute civile et des services de lrsquoEacutetat mobi-liseacutes sur les lignes directrices de cette politique Une commission speacutecifique la commission mixte inondation organise et anime lrsquoassociation des parties pre-nantes et contribue agrave la coheacuterence des dispositifs en vue de la gestion des risques drsquoinondation de tous types en France Elle constitue lrsquoinstance de gouvernance nationale en matiegravere de preacutevention des inondations

Les Assises nationales des risques naturels 6 reacuteunissent tous les deux ou trois ans les acteurs de la preacutevention des risques naturels pour eacutechanger et deacutebattre sur lrsquoeacutetat de la situation et les perspectives de reacuteduction des catastrophes Ces assises sont aussi lrsquooccasion de contribuer au deacuteveloppement drsquoune culture commune du risque en mutualisant les connaissances des diffeacuterents acteurs inter-venant dans les domaines concerneacutes par la preacutevention et la gestion des risques naturels Services de lrsquoEacutetat eacutelus associations assureurs chercheurs bureaux drsquoeacutetudes tous sont appeleacutes agrave se mobiliser pour ces journeacutees de rencontres et drsquoeacutechanges en particulier les collectiviteacutes et leurs eacutelus acteurs de la mise en place de la politique de preacutevention agrave lrsquoeacutechelle de leurs territoires

La preacutevention des risques une politique structureacutee et de long terme qui articule des actions compleacutementaires

En matiegravere de risque naturel la reacuteduction du risque agrave la source est impossible par deacutefinition ou limiteacutee La politique consiste donc agrave connaicirctre au mieux les pheacute-nomegravenes naturels et agir pour reacuteduire autant que faire se peut leurs conseacute-quences Un enjeu est drsquoagir laquo en amont raquo des catastrophes agrave un moment ougrave leur effet est difficile agrave connaicirctre preacuteciseacutement dans une approche de long terme en contraste avec le sentiment drsquourgence quand une catastrophe srsquoannonce Cette politique demande la mobilisation de diffeacuterents outils dans une approche stra-teacutegique et eacutequilibreacutee ndash pas seulement orienteacutee sur la protection contre lrsquoaleacutea par exemple ndash elle-mecircme longue agrave eacutelaborer On retient traditionnellement une struc-turation autour de sept axes qui sont chacun indispensables et doivent ecirctre mis en œuvre de maniegravere compleacutementaire et articuleacutee connaissance surveillance information maicirctrise de lrsquourbanisme reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute gestion de crise retour drsquoexpeacuterience

6 httpswwwecologique-solidairegouvfrprevention-des-risques-naturelse2

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Connaicirctre lrsquoaleacutea et le risque

La connaissance de lrsquoaleacutea est le socle indispensable de la preacutevention Les connais-sances et recherches scientifiques permettent de mieux cerner les causes des pheacutenomegravenes et les meacutecanismes mis en jeu Elles mobilisent

la connaissance des eacuteveacutenements passeacutes gracircce aux recherches historiques et agrave la constitution de bases de donneacutees (climatologique hydrologique nivo-logique) ou drsquoatlas (par exemple cartes des zones inondables agrave partir des donneacutees historiques carte de localisation des pheacutenomegravenes avalancheux) La capitalisation des donneacutees drsquoeacuteveacutenements historiques en matiegravere drsquoinondation par exemple repose sur la Base de donneacutees historiques sur les inondations (BDHI) 7 qui recense et deacutecrit les pheacutenomegravenes de submersions dommageables drsquoorigine fluviale marine ou autres survenus sur le territoire franccedilais (meacutetro-pole et outre-mer) au cours des siegravecles passeacutes et jusqursquoagrave aujourdrsquohui Elle met agrave disposition une seacutelection drsquoinondations remarquables qui se sont produites sur le territoire et srsquoenrichit au fil de lrsquoeau En compleacutement une base de donneacutees de repegraveres de crues a eacuteteacute mise en ligne agrave la fois pour ecirctre consulteacutee et pour ecirctre alimenteacutee par tout un chacun grand public ou organismes 8

la connaissance des aleacuteas et des enjeux pour eacutevaluer les risques auxquels chaque territoire est exposeacute Cette connaissance eacutemane drsquoeacutetudes ou recherches meneacutees par des opeacuterateurs de lrsquoEacutetat ou par des bureaux drsquoeacutetudes Elle neacuteces-site parfois des modeacutelisations numeacuteriques (modegravele meacuteteacuteorologique hydrolo-gique ou autre) et se concreacutetise par des cartes drsquoextension et drsquointensiteacute des pheacutenomegravenes

On distingue la recherche amont qui srsquointeacuteresse aux grandes eacutevolutions tendan-cielles agrave une eacutechelle laquo macro raquo telle que lrsquoeacutevolution des zones sensibles aux incen-dies de forecirct lrsquoimpact de la hausse des tempeacuteratures sur les risques drsquoorigine glaciaire et peacuteriglaciaire de la connaissance fine de lrsquoaleacutea et des enjeux agrave une eacutechelle locale permettant par exemple drsquoeacutetablir un zonage de Plan de preacutevention des risques naturels (PPRN) Cette derniegravere est eacutegalement neacutecessaire dans une approche opeacuterationnelle drsquoameacutenagement du territoire et de la gestion crise par exemple pour preacuteparer lrsquoeacutevacuation de populations et organiser les secours en cas drsquoeacuteveacutenement meacuteteacuteorologique intense

Une connaissance approfondie des risques est indispensable pour appreacutehender les conseacutequences possibles des pheacutenomegravenes et mettre en place des mesures de preacutevention approprieacutees en tenant compte de la vulneacuterabiliteacute du site consi-deacutereacute Les eacuteleacutements de connaissance doivent reacuteguliegraverement ecirctre mis agrave jour pour tenir compte des progregraves scientifiques drsquoune part et des eacutevolutions de lrsquooccupa-tion du territoire drsquoautre part

7 Base de donneacutees historiques sur les inondations httpbdhifr

8 httpswwwreperesdecruesdeveloppement-durablegouvfr

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Ainsi il est par exemple neacutecessaire de mieux comprendre comment vont eacutevoluer dans le contexte du changement climatique

les glaciers ndash comme le rappelle lrsquoeacutepisode de Tecircte Rousse 9 pregraves du mont Blanc les mouvements de terrains en montage qui peuvent ecirctre modifieacutes par lrsquoeacutevo-

lution de la tempeacuterature des sols ou encore les boisements pour faire degraves agrave preacutesent les choix qui limiteront le

risque incendie dans les deacutecennies agrave venir

Agrave titre drsquoexemple dans les Alpes du nord le risque drsquoincendie de forecirct est poten-tiellement en augmentation au regard des eacutevolutions probables des conditions meacuteteacuteorologiques Le deacutepartement de lrsquoIsegravere classeacute agrave laquo risque moyen 10 raquo preacutesente une activiteacute incendie peu importante mais non neacutegligeable Lors de conditions meacuteteacuteorologiques exceptionnelles des feux tregraves intenses et difficilement controcirc-lables peuvent se deacutevelopper comme cela a eacuteteacute le cas en 2003

Bien qursquoencore mal connue lrsquointeraction entre plusieurs risques naturels est de nature agrave aggraver les situations Sur les secteurs deacutejagrave soumis agrave un aleacutea mouve-ments de terrain les incendies par la perte du couvert veacutegeacutetal qursquoils occasionnent peuvent occasionner un sur-aleacutea notamment en cas de fortes preacutecipitations Ils aggravent ainsi les pheacutenomegravenes drsquoeacuterosion des sols de ravinements et couleacutees de boues drsquoeacuteboulements rocheux ou encore de glissements de terrain

Plusieurs projets tel que les projets Drias les futurs du climat et Extremoscope (GICC MTESDRISR) ou des plates-formes telles que Geacuteorisque et Vigicrues ont drsquoores et deacutejagrave permis drsquoaccroicirctre la connaissance des risques depuis la publication du premier plan national drsquoadaptation au changement climatique et sont autant de points drsquoinformation pour les deacutecideurs ou le grand public (ONERC 2017)

Dans le cadre de lrsquoeacutelaboration du PNACC-2 lrsquoacquisition de nouvelles connais-sances et leur disseacutemination ont fait lrsquoobjet drsquoun groupe de travail speacutecifique Il est ainsi preacutevu le deacuteveloppement par les eacutetablissements drsquoenseignement supeacute-rieur et de recherche impliqueacutes dans le projet Extremoscope drsquoun service drsquoattri-bution des eacuteveacutenements extrecircmes (ex pour quantifier lrsquoeacutevolution de la probabiliteacute drsquooccurrence drsquoune seacutecheresse seacutevegravere pour un lieu donneacute) afin de reacutepondre aux questions reacutecurrentes du public des meacutedias et des responsables politiques apregraves chaque pheacutenomegravene de grande ampleur sur ses liens de causaliteacute avec le change-ment climatique (ex cyclone tropical forte pluie seacutecheresse intense vague de chaleur) et avec lrsquoideacutee drsquoaccroicirctre la sensibilisation de la population aux conseacute-quences du changement climatique en srsquoappuyant sur lrsquoanalyse de situations veacutecues reacutecentes Lrsquoacquisition de nouvelles connaissances sur les eacuteveacutenements extrecircmes et la maniegravere de srsquoen proteacuteger et la diffusion de ces informations sont eacutegalement deacuteclineacutes de maniegravere plus sectorielle

Dans le domaine de la preacutevention et de la gestion des feux de forecirct et de brous-sailles lieacutes au changement climatique lrsquoEacutetat et les eacutetablissements publics tels

9 httpwwwgeorisquesgouvfrarticlesglacier-de-tete-rousse-comprendre-le-phenomene-des-poches-deau

10 Circulaire DGFARSDFBC2007-5064

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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que lrsquoOffice national des forecircts (ONF) vont ainsi engager un certain nombre de mesures pour mieux cerner lrsquoaugmentation de lrsquoaleacutea incendie et lrsquoextension des zones propices aux incendies et en informer la population

deacutetermination des zones sensibles agrave lrsquoaugmentation de lrsquoaleacutea incendie de forecircts par la modeacutelisation des relations feu-climat incluant une reacuteflexion sur les interfaces laquo habitat-forecirct raquo et la deacuteprise agricole

eacutevaluation de lrsquointensiteacute des incendies des dommages induits sur les forecircts et de la vulneacuterabiliteacute des bacirctis drsquointerface agrave lrsquoincendie de forecirct

poursuite de la sensibilisation des populations notamment au respect des obligations leacutegales de deacutebroussaillement (voir encadreacute 6 de ce chapitre)

Les eacuteveacutenements extrecircmes sont eacutegalement pris en compte dans le PNACC-2 de maniegravere indirecte agrave travers les effets qursquoils ont sur la santeacute Dans le domaine de la preacutevention et de la gestion des risques sanitaires lieacutes au changement clima-tique il srsquoagit drsquoameacuteliorer la connaissance et la sensibilisation aux risques deacutejagrave identifieacutes ou eacutemergents agrave lrsquoeacutechelle nationale voire reacutegionale tant pour la popu-lation geacuteneacuterale que pour les travailleurs Pour ce qui est de la surveillance une meilleure articulation entre la production des donneacutees et les connaissances de surveillance environnementale climatique et les connaissances eacutepideacutemiologiques sanitaires permettra de construire des indicateurs valideacutes et de proposer une offre de services utiles pour lrsquoaction notamment pour le niveau reacutegional (par exemple en identifiant les facteurs de risques et en documentant les impacts sanitaires actuels et futurs) et des services climatiques pertinents pour la protection de la santeacute Par ailleurs les moyens de surveillance et drsquoalerte eacutepideacutemiologiques et sanitaires des populations (travailleurs inclus) seront consolideacutes Le service sani-taire des eacutetudiants en meacutedecine mis en place agrave la rentreacutee 2018 permettra de diffu-ser et mettre en œuvre des messages de preacutevention aupregraves de diffeacuterents publics (public scolaire structure drsquoaccueil de personnes acircgeacutees services sociauxhellip)

Pour reacutealiser ces missions drsquoameacutelioration continue de la connaissance le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement srsquoappuie sur ses opeacuterateurs publics dans le cadre de conventions Associeacutees agrave des financements sur creacutedits budgeacutetaires ces conven-tions chaque anneacutee en ordre de grandeur repreacutesentent par exemple

35 Meuro pour Meacuteteacuteo-France qui recouvrent des actions relatives au deacutevelop-pement de lrsquoobservation ndash extension du reacuteseau de mesure radars meacuteteacuteorolo-giques ndash et de la preacutevision ndash vigilance meacuteteacuteorologique

17 Meuro pour lrsquoInstitut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagriculture (IRSTEA) sur des actions de recherche et drsquoex-pertise avec notamment un travail sur la prise en compte des avalanches de neige humide dans les strateacutegies de preacutevention en montagne Ces avalanches eacutetant ameneacutees agrave se reacutepeacuteter dans le contexte du changement climatique

11 Meuro pour le Bureau de recherches geacuteologiques et miniegraveres (BRGM) sur des actions de recherche et drsquoexpertise qui recouvrent notamment un appui sur les mouvements de terrain et les enjeux relatifs agrave lrsquoeacutevolution du trait de cocircte

Si ces connaissances sont indispensables agrave lrsquoeacutelaboration au pilotage agrave la mise agrave jour de la politique de preacutevention des risques naturels il est tout aussi impor-tant qursquoelles soient porteacutees agrave la connaissance du public Cela permet de limiter

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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les formes de fatalisme et de superstition par rapport aux risques naturels Crsquoest le rocircle en particulier du portail Geacuteorisques (fig D2) mis en place par le ministegravere en charge de lrsquoenvironnement qui vise agrave ce que chacun puisse disposer drsquoune information sur les risques agrave proximiteacute de laquo sa maison raquo En srsquoappuyant sur les diffeacuterentes donneacutees disponibles au sein du ministegravere il preacutesente sous forme de cartes et de listes les diffeacuterents risques pour reacutepondre agrave la question laquo Quels sont les risques auxquels je suis exposeacute raquo Geacuteorisques a permis drsquoamplifier au sein des services du ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement et de ses opeacuterateurs le mouvement drsquoharmonisation drsquoagreacutegation au sein de bases nationales et de publication des donneacutees sur les risques notamment des cartes de plans de preacute-vention des risques (en lien avec le Geacuteoportail de lrsquourbanisme 11) Lrsquoobjectif priori-taire de cette plateforme est lrsquoameacutelioration continue de la varieacuteteacute et de la qualiteacute des donneacutees de lrsquoergonomie et des possibiliteacutes de consultation et de reacuteutilisa-tion de lrsquoinformation

Cette connaissance peut utilement ecirctre compleacuteteacutee par des indicateurs et ana-lyses qui permettent une mise en perspective du risque LrsquoObservatoire national des risques naturels (ONRN) apporte ce type drsquoinformations ainsi que les obser-vatoires reacutegionaux des risques naturels majeurs

11 httpswwwgeoportail-urbanismegouvfr

Figure D2 ndash portail Geacuteorisques httpwwwgeorisquesgouvfr

Source BRGM

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Encadreacute 2

Lrsquoobservatoire national des risques naturels

LrsquoObservatoire national des risques naturels (ONRN) a eacuteteacute creacuteeacute en mai 2012 suite aux conseacutequences catastrophiques de la tempecircte Xynthia par la signature drsquoune convention de partenariat entre lrsquoEacutetat repreacutesenteacute par le ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire (MTES) la Caisse centrale de reacuteassurance (CCR) et la Mission des socieacuteteacutes drsquoassurances pour la connaissance et la preacutevention des risques naturels (MRN grou-pement technique de la Feacutedeacuteration franccedilaise de lrsquoassurance ayant sta-tut drsquoassociation) Cette convention a eacuteteacute reconduite pour des peacuteriodes de trois ans en 2014 et en 2017 Le conseil de gestion de lrsquoONRN est doreacutenavant preacutesideacute par un repreacutesentant du Conseil geacuteneacuteral de lrsquoenviron-nement et du deacuteveloppement durable (CGEDD)

Les principaux objectifs de lrsquoONRN sont ameacuteliorer et capitaliser la connaissance sur les aleacuteas et les enjeux contribuer au pilotage et agrave la gouvernance de la preacutevention des risques servir lrsquoanalyse eacuteconomique de la preacutevention et de la gestion de crise contribuer agrave lrsquoameacutelioration de la culture du risque promouvoir les observatoires territoriaux

LrsquoONRN a notamment eacutelaboreacute cinquante-trois indicateurs couvrant cinq aleacuteas (inondation seacutecheresse

mouvement de terrain seacuteisme tempecircte-grecircle-neige) visualisables via une cartographie interactive et teacuteleacutechargeables sur le portail de lrsquoONRN (ex nombre de maisons individuelles exposeacutees agrave lrsquoaleacutea retrait-gonflement des argiles fort ou moyen en 2014 nombre de reconnaissances drsquoeacutetats de catastrophes naturelles laquo mouvements de terrain raquo de 1982 agrave 2017 freacutequence des sinistres tempecircte-grecircle-neige des particuliers par deacuteparte-ment cumuleacutee sur la peacuteriode 1987 agrave 2015 etc)

une base de donneacutees sur les eacuteveacutenements naturels dommageables (en cours de constitution)

Il a mis en place un reacuteseau des observatoires initieacute agrave lrsquooccasion des Assises nationales des risques naturels en 2016

Source httpwwwonrnfr

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Surveiller et preacutevoir

Lrsquoobjectif de la surveillance est drsquoanticiper un pheacutenomegravene naturel et de pouvoir avertir les populations et les acteurs agrave temps pour qursquoils se preacuteparent et adaptent leurs comportements pendant la crise Elle neacutecessite lrsquoutilisation de disposi-tifs drsquoanalyse preacutepareacutes en amont et de mesures inteacutegreacutees dans un systegraveme drsquoalerte des autoriteacutes ou des populations La surveillance meacuteteacuteorologique est un eacuteleacutement essentiel du dispositif de preacutevision des pheacutenomegravenes climatiques poten-tiellement dangereux tels que les orages tempecirctes vagues de chaleur et de leurs conseacutequences comme les avalanches ou les incendies de forecircts Par exemple la surveillance des deacutebits des cours drsquoeau associeacutee agrave la preacutevision des preacutecipita-tions permet de preacutevoir la survenance de crues sur 22 000 km des cours drsquoeau franccedilais et drsquoen estimer lrsquoampleur

Lrsquoameacutelioration de lrsquoobservation et de la preacutevision des pheacutenomegravenes est un enjeu majeur drsquoadaptation au changement climatique Le programme drsquoinvestissements en radar de Meacuteteacuteo-France a ainsi eacuteteacute confirmeacute avec le deacuteploiement de cinq radars agrave lrsquohorizon 2021 pour un montant de 11 millions drsquoeuros

La surveillance permet drsquoavertir les autoriteacutes ou les populations drsquoun danger par des moyens de diffusion efficaces et adapteacutes agrave chaque type de pheacutenomegravene Internet radio et TV haut-parleurs messages teacuteleacutephoniques etc

Les sites wwwvigilancemeteofrancecom et wwwvigicruesgouvfr (voir encadreacute 3) sont les supports de la vigilance nationale en matiegravere de risque meacuteteacuteorologique et hydrologique

Certains pheacutenomegravenes agrave dynamique rapide comme les orages les tempecirctes ou les cyclones tropicaux restent plus difficiles agrave preacutevoir agrave la fois en termes de loca-lisation de chronologie et drsquointensiteacute Leur dangerositeacute incite agrave les eacutetudier pour progresser dans notre capaciteacute drsquoanticipation et agrave mobiliser des moyens tech-niques de plus en plus performants pour les preacutevoir Les projections proposeacutees par les climatologues pour la fin du siegravecle laissent supposer des eacutevolutions sen-sibles de ces pheacutenomegravenes augmentation du nombre de cyclones dans les cateacute-gories les plus puissantes intensification des pheacutenomegravenes convectifs du type laquo ceacutevenol raquo par exemple Il est donc drsquoautant plus important de nous preacuteparer agrave mieux les annoncer

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Encadreacute 3

Le reacuteseau Vigicrues

Le reacuteseau Vigicrues du ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement a pour mis-sion de suivre lrsquoeacutevolution des principaux cours drsquoeau franccedilais et de pro-duire la laquo vigilance crues raquo destineacutee aux autoriteacutes et au grand public Il est constitueacute drsquoun service central situeacute agrave Toulouse le Service central drsquohydro-meacuteteacuteorologie et drsquoappui agrave la preacutevision des inondations (Schapi) drsquouniteacutes drsquohydromeacutetrie et de services de preacutevision des crues dans les Directions reacutegionales de lrsquoenvironnement de lrsquoameacutenagement et du logement (Dreal) Au total ce sont pregraves de 500 agents preacutesents sur le terrain toute lrsquoan-neacutee qui permettent la preacuteparation de la preacutevision et de la vigilance et la mobilisation lors des eacutepisodes de crues (Schapi) Pendant le premier semestre 2018 le reacuteseau a eacuteteacute mobiliseacute de maniegravere soutenue notam-ment en janvier-feacutevrier avec les crues du bassin de la Seine puis en mai-juin lors drsquoun long eacutepisode orageux sur la Normandie la Bretagne et la Nouvelle-Aquitaine

Au sein drsquoun reacuteseau de 3 000 stations hydromeacutetriques 1 700 retrans-mettent leurs observations en temps reacuteel Elles sont utiliseacutees par les preacute-visionnistes dans les services de preacutevision des crues et au Schapi pour deacutefinir un niveau de risque de crue sur les 24 heures agrave venir et preacuteparer des bulletins des preacutevisions

La vigilance laquo crues raquo permet de preacutevenir les autoriteacutes et le public qursquoil existe un risque de crues sur le reacuteseau reacuteglementaire plus ou moins important selon la couleur de vigilance (vertjauneorangerouge) Cela permet aux autoriteacutes locales notamment les preacutefets et les maires ainsi qursquoau public de se mettre en situation de reacuteagir de maniegravere approprieacutee selon lrsquoimpor-tance du danger et de geacuterer la situation dans les meilleures conditions Cette vigilance est relayeacutee par le dispositif de vigilance meacuteteacuteorologique mis en place par Meacuteteacuteo-France

La vigilance laquo crues raquo a plusieurs particulariteacutes

Elle preacutesente le niveau de vigilance sur des tronccedilons de cours drsquoeau sur les 22 000 km du reacuteseau hydrographique surveilleacutes par lrsquoEacutetat aux abords desquels se situent plus de 75 de la population qui vit ou travaille en zone inondable

Elle est aussi accompagneacutee drsquoinformations compleacutementaires les niveaux drsquoeau et les deacutebits des cours drsquoeau observeacutes en temps reacuteel

sur pregraves de 1 700 points de mesure teacuteleacutetransmis ainsi que leurs varia-tions au cours des derniers jours et des derniegraveres heures

sur une seacutelection de points des hauteurs drsquoeau preacutevues complegravetent les observations le nombre de ces points est en augmentation reacuteguliegravere

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Le reacuteseau Vigicrues en meacutetropole a fini de se constituer en 2006 lorsqursquoil a publieacute sa premiegravere carte de vigilance et il continue aujourdrsquohui agrave srsquoameacute-liorer et se moderniser (qualiteacute des mesures et des transmissions sta-tions hydromeacutetriques non intrusives geacuteneacuteralisation de la preacutevision au droit des stations hydromeacutetriques dans les zones de fort enjeu etc)

Il est aussi preacutesent dans les deacutepartements drsquooutre-mer ce sont des cel-lules de veille hydrologique qui ont eacuteteacute mises en place ou qui sont en voie de lrsquoecirctre Compte tenu de la nature complexe et intense des pheacutenomegravenes dans ces territoires leurs missions se focalisent principalement sur le suivi des pheacutenomegravenes et le deacuteveloppement des connaissances

En dehors du reacuteseau surveilleacute Vigicrues un autre service a eacuteteacute deacuteveloppeacute pour avertir les maires les services communaux et les preacutefectures en cas de pheacutenomegravenes localiseacutes drsquoinondations par ruissellement ou de crues rapides de petits cours drsquoeau (pheacutenomegravenes qui pourraient srsquoaccroicirctre avec le changement climatique) il srsquoagit de Vigicrues Flash Ce service est proposeacute depuis 2017 par le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement et permet aux autoriteacutes locales qui en font la demande drsquoecirctre averties drsquoun risque de crues rapides dans les prochaines heures sur une seacutelection de cours drsquoeau non couverts par la vigilance laquo crues raquo deacutecrite plus haut

Figure D3 ndash Carte de France Vigicrues des 22 000 km du reacuteseau hydrographique surveilleacute par lrsquoEacutetat

Source Meacuteteacuteo-France

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Lrsquohydromeacutetrie est aussi la base de la connaissance et du suivi des eacutetiages reacutepon-dant ainsi agrave lrsquoun des autres enjeux du changement climatique la seacutecheresse De cette gestion des basses eaux deacutepend notre capaciteacute agrave produire de lrsquoeau potable agrave reacuteguler la consommation drsquoeau pour lrsquoagriculture agrave refroidir certaines centrales produisant de lrsquoeacutenergie et les mesures de restriction qui peuvent srsquoaveacuterer indis-pensables pour permettre un juste eacutequilibre entre les diffeacuterents utilisateurs de la ressource

Diffuser lrsquoinformation preacuteventive et participer agrave lrsquoeacuteducation des populations

La graviteacute du risque est fonction de la vulneacuterabiliteacute et des enjeux un des moyens essentiels de la preacutevention est lrsquoadoption par les citoyens et les acteurs eacutecono-miques de comportements adapteacutes aux menaces Dans cette optique a eacuteteacute ins-taureacute le droit des citoyens agrave une information sur les risques majeurs auxquels ils sont soumis et sur les mesures de sauvegarde qui les concernent (article L 125-2 du Code de lrsquoenvironnement) Cette information reacuteglementaire meacuterite souvent drsquoecirctre compleacuteteacutee par des outils peacutedagogiques ou des campagnes de sensibilisa-tion sur un sujet complexe qui reste moins bien connu que la preacutevention de la production de deacutechets et leur recyclage ou lrsquoattention porteacutee agrave la preacuteservation de la biodiversiteacute

Lrsquoinformation preacuteventive reacuteglementaire repose sur le Dossier deacutepartemental des

risques majeurs (DDRM) eacutetabli par le preacutefet qui comprend pour les diffeacuterentes communes concerneacutees la description des risques et leurs conseacutequences pour les personnes les biens et lrsquoenvironnement et lrsquoexposeacute des mesures de sauve-garde preacutevues pour en limiter les effets Sur la base des informations contenues dans le DDRM le maire eacutetablit le Dossier drsquoinformation communal sur les risques

majeurs (DICRIM) consultable par le public agrave la mairie Dans les communes exposeacutees agrave un ou plusieurs risques lrsquoaffichage des risques et des consignes est

10 000 communes environ sont eacuteligibles agrave ce service mais seulement 10 de ces communes y sont aujourdrsquohui abonneacutees

Vigicrues Flash est le compleacutement drsquoun autre service plus ancien proposeacute par Meacuteteacuteo-France le service APIC (Avertissement pluies intenses agrave lrsquoeacutechelle des communes) Sur le mecircme principe il permet drsquoecirctre averti lorsque les preacutecipitations en cours ou reacutecentes revecirctent un caractegravere exceptionnel sur une commune ou les communes environnantes

Ces deux services reacuteserveacutes aux maires et aux preacutefets sont gratuits et se traduisent par des envois de SMS courriels et messages audios com-pleacuteteacutes par une cartographie des communes et tronccedilons de cours drsquoeau concerneacutes par les avertissements

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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obligatoire dans les lieux et eacutetablissements deacutefinis par le maire et systeacutematique-ment dans les campings

La mise en œuvre de lrsquoinformation preacuteventive est eacuteligible au fonds de preacutevention des risques naturels majeurs (FPRNM) dans la limite de 20 millions drsquoeuros par an (chiffre qui comprend eacutegalement la reacutealisation des PPRN) En 2017 lrsquoeacutelabora-tion des DDRM du Puy-de-Docircme du Territoire de Belfort de la Corse du Sud et de neuf autres deacutepartements ont par exemple eacuteteacute financeacutes pour un montant de 195 000 euros

Depuis 2006 tout acheteur ou locataire de biens immobiliers (bacircti ou non bacircti) doit ecirctre informeacute lorsque le bien est situeacute dans une zone de sismiciteacute ou dans le peacuterimegravetre drsquoun plan de preacutevention des risques naturels ou technologiques et donc srsquoil est dans une zone inondable soumise aux feux de forecircthellip Le vendeur ou le bailleur doit indiquer agrave lrsquoacqueacutereur ou au locataire sur un document annexeacute au contrat la situation de ce bien vis-agrave-vis du ou des risques naturels ou tech-nologiques auxquels la commune est exposeacutee Cette information obligatoire est obtenue agrave partir des documents disponibles en mairie ou en preacutefecture ou agrave lrsquoaide du site Internet Geacuteorisques Elle contient les servitudes qui srsquoimposent au bien consideacutereacute et preacutecise les indemnisations dont le bien a eacuteteacute lrsquoobjet au titre drsquoune deacuteclaration de lrsquoeacutetat de catastrophe naturelle

Le retour drsquoexpeacuterience depuis 2006 sur cette mesure indique que lrsquoinforma-tion sur les risques reste souvent un paramegravetre parmi drsquoautres (surface empla-cement) lors de lrsquoachat ou de la location drsquoun bien et nrsquoinflue pas sur la valeur finale du bien La question peut ecirctre poseacutee de donner cette information plus en amont dans le processus de choix du logement agrave la maniegravere du diagnostic de performance eacutenergeacutetique

La reacuteduction des accidents et dommages passe aussi par lrsquoeacuteducation aux risques

et la sensibilisation des populations Depuis 1993 les ministegraveres chargeacutes de lrsquoenvironnement et de lrsquoeacuteducation srsquoattachent agrave promouvoir lrsquoeacuteducation agrave la preacute-vention des risques majeurs Depuis 2004 cette approche est officiellement inscrite dans le Code de lrsquoeacuteducation et concerne les programmes scolaires des enseignements primaire et secondaire tout eacutelegraveve de collegravege et de lyceacutee beacuteneacutefi-cie dans le cadre de sa scolariteacute obligatoire drsquoune sensibilisation agrave la preacutevention des risques et aux missions des services de secours ainsi que drsquoun apprentis-sage des gestes eacuteleacutementaires de premier secours Les ministegraveres en charge de lrsquoenvironnement et de la santeacute lrsquoObservatoire national sur les risques naturels (ONRN) lrsquoInstitut franccedilais pour les formateurs risques naturels majeurs et protec-tion de lrsquoenvironnement (IFFO-RME) et les associations renforceront lrsquoinformation

preacuteventive lrsquoeacuteducation et la formation par lrsquoimplication des citoyens des entre-prises et des eacutelus Le reacuteseau associatif est en effet un vecteur de diffusion agrave pri-vileacutegier dans les eacutetablissements scolaires notamment via lrsquoaccompagnement agrave la reacutealisation des plans particuliers de mise en sucircreteacute 12

12 Plans de secours agrave lrsquoeacutechelle des eacutetablissements drsquoenseignement

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Encadreacute 4

Plan national canicule

Auteur Karine Laaidi

Santeacute publique France

Degraves 2004 le ministegravere chargeacute de la santeacute a mis en place un Plan natio-nal canicule associeacute agrave un Systegraveme drsquoalerte canicule et santeacute (Sacs) mis en œuvre conjointement par Meacuteteacuteo-France et Santeacute publique France Ce plan deacuteclineacute au niveau deacutepartemental fonctionne selon quatre niveaux drsquoalerte baseacutes sur la vigilance meacuteteacuteorologique

vert (veille saisonniegravere) du 1er juin au 15 septembre jaune (avertissement chaleur) lorsque les tempeacuteratures sont proches

des seuils drsquoalerte ou ponctuellement tregraves intenses mais sur seulement un ou deux jours

orange (alerte canicule) lorsque les seuils drsquoalerte sont atteints ou deacutepasseacutes avec eacuteventuellement des facteurs aggravants (pollution humi-diteacute de lrsquoairhellip)

rouge (mobilisation maximale) lorsque la chaleur est exceptionnelle en dureacutee intensiteacute et extension geacuteographique avec drsquoeacuteventuels effets non sanitaires (seacutecheresse deacutelestages eacutelectriqueshellip)

Ces niveaux de plan sont associeacutes agrave des mesures de gestion et de preacuteven-tion avec un focus particulier vers les populations les plus vulneacuterables pour lesquelles lrsquoacclimatation est plus difficile (personnes acircgeacutees en mauvais eacutetat de santeacute vivant en habitat indigne nourrissons personnes peu habi-tueacutees agrave la chaleur travailleurs exposeacutes agrave la chaleur sportifs occasionnels)

En vigilance jaune la preacutevention relegraveve avant tout de la communication

Figure D4 ndash Plaquette de sensibilisation

Source ministegravere des Solidariteacutes et de la Santeacute

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

112

En orange (niveau deacuteclencheacute dans 66 deacutepartements en 2018) voire en rouge (niveau qui nrsquoa encore jamais eacuteteacute deacuteclencheacute mais aurait corres-pondu agrave la canicule drsquoaoucirct 2003) les mesures sont varieacutees et peuvent ecirctre mises en œuvre selon la situation communication preacuteventive ouver-ture drsquoun numeacutero vert drsquoinformation assistance aux personnes vulneacuterables inscrites sur les registres communaux deacuteclenchement des plans bleus dans les maisons de retraite ou des plans blancs dans les hocircpitaux etc

Sur la base drsquoeacutetudes eacutepideacutemiologiques Santeacute publique France a produit des supports de preacutevention rappelant les risques les signaux drsquoalerte pour la santeacute et les conseils de preacutevention

Les villes expeacuterimentent eacutegalement des mesures drsquoadaptation comme lrsquoarrosage des chausseacutees lrsquoouverture des parcs la nuit la cartographie des lieux frais accessibles au public ou des applications pour teacuteleacutephone mobile permettant de repeacuterer les lieux frais pregraves de chez soi et les par-cours les moins chauds pour srsquoy rendre

Malgreacute les mesures drsquoadaptation mises en place on constate toujours un impact des canicules que ce soit sur les recours aux soins drsquourgences ou sur la mortaliteacute la canicule de 2006 a ainsi occasionneacute une surmortaliteacute drsquoun peu plus de 1000 deacutecegraves celle de 2015 plus de 1700 celle de 2017 345 et environ 1 500 pour 2018 Ces chiffres moindres que ceux de 2003 peuvent srsquoexpliquer en partie par lrsquoefficaciteacute des mesures de preacutevention mais aussi par le fait que ces canicules ont eacuteteacute moins seacutevegraveres que celle de 2003 La surmortaliteacute pourrait donc ecirctre bien plus eacuteleveacutee dans lrsquoave-nir avec lrsquoaugmentation de la freacutequence et de la seacuteveacuteriteacute des canicules

Ceci est drsquoautant plus vrai que selon une enquecircte meneacutee en 2015 aupregraves de la population franccedilaise si les gestes de preacutevention semblent bien connus au premier rang desquels boire de lrsquoeau et maintenir sa maison au frais le coup de chaleur nrsquoest pas un risque clairement identifieacute et la perception de ses propres risques est faible y compris chez les personnes de plus de 65 ans (seulement 3 de la population interrogeacutee pense avoir un risque important lors drsquoune canicule et 4 des plus acircgeacutes) De mecircme parmi les mesures adopteacutees par les personnes acircgeacutees en cas de canicule si le recours agrave la solidariteacute de proximiteacute est freacutequent le recours aux ser-vices municipaux pour se signaler ou demander de lrsquoaide reste une pratique marginale (seules 4 des personnes acircgeacutees deacuteclarent srsquoecirctre inscrites sur les registres de leur ville) A cela srsquoajoute pour les acteurs de terrain (pro-fessionnels de santeacute ou du secteur social en particulier) de nombreuses difficulteacutes de mise en œuvre de la preacutevention souvent lieacutees au manque de personnel ou de moyens parfois agrave une certaine meacuteconnaissance des risques ou des gestes de preacutevention ou encore agrave une reacuteticence des per-sonnes vulneacuterables agrave accepter les comportements adeacutequats pour se pro-teacuteger de la chaleur soit qursquoelles ne se considegraverent pas agrave risque soit qursquoelles ne ressentent pas la soif ou la chaleur

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

113

Encadreacute 5

Plan froid

Auteur Karine Laaidi

Santeacute publique France

En ce qui concerne le froid il nrsquoy a pas de systegraveme drsquoalerte la preacutevention de court terme nrsquoeacutetant pas la plus importante pour preacutevenir les risques Le court terme est geacutereacute uniquement par la vigilance grand froid de Meacuteteacuteo-France et par la vigilance neige-verglas qui peut lui ecirctre concomitante Des conseils de preacutevention y sont associeacutes eacutelaboreacutes en lien avec les autoriteacutes sanitaires (bien se couvrir en particulier les extreacutemiteacutes manger et boire chaud et non alcooliseacute preacuteparer ses trajets en voiture eacuteviter les efforts physiques intenses surtout pour les personnes cardiaques chauffer conve-nablement sa maison en faisant attention au risque lieacute au monoxyde de car-bone) Des places drsquoheacutebergement sont ouvertes en hiver pour les personnes

sans abri mais leur ges-tion deacutepend des besoins drsquoaccueil et non plus des tempeacuteratures exteacuterieures depuis la loi Duflot Les maraudes du Samu social peuvent ecirctre intensifi eacutees lors des vagues de froid

La preacutevention passe donc surtout pour la population geacuteneacuterale par des mesures de fond qui sont avant tout drsquoordre social droit au logement opposable trecircve hivernale interdisant lrsquoex-pulsion des locataires du 1er novembre au 31 mars et interdisant les coupures de gaz et drsquoeacutelectriciteacute aides fi nanciegraveres pour le chauf-fage lutte contre lrsquohabitat indigne

Le grand froid demande agrave mon corps de faire des efforts suppleacutementaires sans que je mrsquoen rende compte Mon cœur bat plus vite pour eacuteviter que mon corps se refroidisse Cela peut ecirctre particuliegraverement dangereux pour les personnes acircgeacutees et les malades chroniques

Si je reste dans le froid trop longtemps ma tempeacuterature corporelle peut descendre

en dessous de 35degC je suis alors en hypothermie Mon corps ne fonctionne plus normalement et cela peut entraicircner

des risques graves pour ma santeacute

Si je reste dans le froid trop longtemps les extreacutemiteacutes de mon corps

peuvent devenir drsquoabord rouges et douloureuses puis grises et indolores

(gelures) Je risque lrsquoamputation

Si je fais des efforts physiques en plein air je risque drsquoaggraver

drsquoeacuteventuels problegravemes cardio-vasculaires

bull Je couvre particuliegraverement les parties de mon corps qui perdent de la chaleur tecircte cou mains et pieds

bull Je me couvre le nez et la bouche pour respirer de lrsquoair moins froid

bull Je mets plusieurs couches de vecirctements plus un coupe-vent impermeacuteable

bull Je mets de bonnes chaussures pour eacuteviter les chutes sur un sol glissant

bull Jrsquoeacutevite de sortir le soir car il fait encore plus froid

bull Je me nourris convenablement et je ne bois pas drsquoalcool car cela ne reacutechauffe pas

bull Je limite les efforts physiques comme courir

bull Si jrsquoutilise ma voiture je prends de lrsquoeau une couverture et un teacuteleacutephone chargeacute et je me renseigne sur la meacuteteacuteo

bull Je suis encore plus attentif avec les enfants et les personnes acircgeacutees qui ne disent pas quand ils ont froid

Je chauffe mon logement sans le surchauffer et en mrsquoassurant de sa bonne ventilation

wwwmeteofr 32 50 euro wwwbison-futeequipementgouvfr social-santegouvfr wwwsantepubliquefrancefr

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Quand je sors je me couvre

mon corps agrave la bonne tempeacuterature

Je suis prudent et je pense aux autres

Je chauffe sans surchauffer

Figure D5 ndash Plaquette de sensibilisation

Source ministegravere chargeacute de la Santeacute

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

114

Afin drsquoameacuteliorer la culture du risque pour le plus grand nombre le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement met en place des campagnes de communication sur les aleacuteas les plus dangereux pour la vie humaine et qui pourraient connaicirctre une recrudes-cence avec le changement climatique comme les pluies intenses et les feux de forecirct

La campagne de preacutevention des pluies dites laquo ceacutevenoles raquo (voir Annexe 3) a eacuteteacute mise en place apregraves les eacuteveacutenements dramatiques de 2015 et reconduite trois fois de 2016 agrave 2018 Elle met lrsquoaccent sur les comportements qui sauvent face agrave un risque croissant et pour lequel les preacutevisions preacutecises resteront difficiles et les mesures structurelles de reacuteduction du risque limiteacutees (fig D6)

Figure D6 ndash Plaquette de sensibilisation

Source ministegravere de lrsquoInteacuterieur et ministegravere en charge de lrsquoenvironnement

Une autre campagne de preacutevention mise en place en 2018 sensibilise au risque laquo incendie raquo agrave nouveau dans les deacutepartements du Sud de la France (encadreacute 6)

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

115

Campagne nationale 2018 de preacutevention des incendies de forecircts

En 2017 plus de 3 000 feux sont survenus dans le Sud de la France La France meacutetropolitaine particuliegraverement le Sud est un territoire propice aux incendies de forecircts Les conditions estivales avec une seacutecheresse des sols marqueacutee et des vents forts sont favorables agrave la survenue drsquoeacuteveacute-nements drsquoincendies dont les conseacutequences peuvent ecirctre destructrices et dramatiques sur le plan humain

Les effets du changement climatique sur les incendies de forecircts sont eacutega-lement eacutetablis les zones exposeacutees aux incendies devraient srsquoeacutetendre en France meacutetropolitaine vers le Nord-Ouest en particulier dans les Pays-de-la-Loire le Centre-Val-de-Loire et la Bretagne Dans les zones deacutejagrave expo-seacutees les incendies pourraient srsquoeacutetendre agrave la moyenne montagne Il est probable que la saison des incendies de forecircts dans lrsquoanneacutee srsquoallongera passant drsquoenviron trois mois actuellement agrave six mois dans un avenir proche Les incendies devraient ecirctre plus intenses et plus rapides compte tenu des seacutecheresses accrues Cela devrait conduire agrave une augmentation des grands feux et donc agrave une plus grande reacutepeacutetition du passage des

Figure D7 ndash Cartographie national des zones potentiellement sensibles aux incendies de forecircts ndash modeacutelisation 2040

Source Meacuteteacuteo-France

Encadreacute 6

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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incendies en un mecircme point sur de courtes peacuteriodes (tous les dix agrave vingt ans) engendrant alors de fortes reacutegressions des peuplements forestiers dans les reacutegions les plus exposeacutees

Lrsquoaugmentation des moyens de surveillance et de secours et des moyens de protection des sapeurs-pompiers dans les zones actuellement concer-neacutees devra donc eacutegalement srsquoaccompagner de lrsquoaccroissement des zones drsquointervention potentielles vers le nord et du renforcement de la mutua-lisation des moyens de surveillance et de secours au niveau europeacuteen pour mieux geacuterer les crises

90 des feux sont drsquoorigine anthropique et 80 des deacuteparts de feux se deacuteclenchent agrave moins de 50 m des habitations Au bout du compte plus drsquoun incendie sur deux reacutesulte drsquoune imprudence

La preacutevention du risque incendie de forecirct passe donc par des compor-tements responsables Des acteurs locaux tregraves impliqueacutes megravenent des

actions de preacutevention reacutecurrentes mais certains comportements cleacutes meacuteritent drsquoecirctre rappeleacutes

En juillet 2018 le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement a ainsi lanceacute une campagne nationale de sensibilisation et de preacutevention du risque incendie en lien avec le ministegravere de lrsquoInteacuterieur et le ministegravere en charge de lrsquoAgri-culture eacutegalement tregraves impliqueacutes dans la preacutevention et la lutte contre les incendies cibleacutee sur les trente-deux deacutepartements du Sud les plus expo-seacutes (Aquitaine Occitanie Paca Corse) Lrsquoobjectif de la campagne est de diffuser les bons comportements face au risque incendie de forecirct pour

veiller agrave ne pas en ecirctre la cause accidentellement dans les zones drsquoin-terface forecirct-habitat i e ne pas deacuteclencher

agir pour limiter la propagation adopter les reacuteflexes de sauvegarde

Les actions drsquoinformation preacuteventive et drsquoameacutelioration de la culture du risque chacune dans leur domaine drsquoefficaciteacute sont prioritaires en ce qursquoelles orientent les choix permettant drsquoadopter les comportements qui sauvent Elles sont aussi un eacuteleacutement indispensable drsquoacceptation de politiques qui peuvent paraicirctre par ailleurs contraignantes sans beacuteneacutefice immeacutediat ou clair

Prendre en compte les risques dans lrsquoameacutenagement du territoire

La preacutevention des risques naturels srsquoinscrit dans la dureacutee quand les choix drsquoameacute-nagement du territoire integravegrent la prise compte de lrsquoaleacutea pour eacuteviter drsquoimplanter des enjeux (population bacirctihellip) dans des zones exposeacutees ou reacuteduire la vulneacuterabi-liteacute des bacirctiments existants Le croisement de lrsquoameacutenagement et du risque naturel

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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srsquoappuie eacutegalement sur la connaissance de lrsquoaleacutea elle requiert une expertise et la mobilisation drsquoopeacuterateurs de lrsquoEacutetat par exemple le Centre drsquoeacutetudes et drsquoex-pertise sur les risques lrsquoenvironnement la mobiliteacute et lrsquoameacutenagement (Cerema)

Dans le domaine de la preacutevention et de la gestion des feux de forecirct et de brous-sailles lieacutes au changement climatique la gestion forestiegravere devra ecirctre progressi-vement adapteacutee agrave lrsquoaccroissement preacutevisible des risques drsquoincendies en termes de freacutequence drsquooccurrences et de surfaces concerneacutees tant en meacutetropole qursquoen outre-mer en mobilisant lrsquoensemble des acteurs de la forecirct 13 (Plan national de la forecirct et du bois 2016-2026) Un certain nombre de mesures sont envisageacutees pour adapter la France agrave lrsquoaugmentation de lrsquoaleacutea incendie et agrave lrsquoextension des zones propices aux incendies notamment la poursuite de lrsquoeacutelaboration de strateacute-gies reacutegionales et territoriales de preacutevention du risque drsquoincendies de forecirct inteacute-grant ce risque dans lrsquoameacutenagement du territoire afin de mettre en place les outils de preacutevention adapteacutes en articulation avec les documents drsquourbanisme porteacutes par les eacutelus locaux

Le deacuteveloppement de strateacutegies fonciegraveres eacutequilibreacutees de moyen et long termes tenant compte de lrsquoensemble des enjeux socio-eacuteconomiques environnementaux et culturels aux moyens de la limitation de la consommation drsquoespaces naturels agricoles et forestiers pour atteindre lrsquoobjectif de zeacutero artificialisation nette du Plan biodiversiteacute de lrsquoinfiltration des preacutecipitations avec lrsquoambition de deacutesimpermeacutea-biliser agrave terme et des techniques alternatives notamment la restauration eacutecolo-gique permettra de reacuteduire les pheacutenomegravenes de ruissellement drsquoeacuterosion des sols et les risques drsquoinondation

Le Plan de preacutevention des risques naturels (PPRN) constitue lrsquooutil central drsquointer-vention de lrsquoEacutetat pour maicirctriser lrsquourbanisme dans les zones agrave risques et reacuteduire la vulneacuterabiliteacute du bacircti existant Si en 1982 la loi relative agrave lrsquoindemnisation des vic-times de catastrophes naturelles (loi no 82-600 du 13 juillet 1982) a institueacute le plan drsquoexposition aux risques crsquoest la loi Barnier de 1995 qui instaure les PPRN se substituant agrave tout autre plan ou dispositif approuveacute par les preacutefets

Le PPRN permet drsquointerdire les constructions dans les zones drsquoaleacuteas les plus forts et de les encadrer par des prescriptions dans des zones drsquoaleacuteas moindres Srsquoil peut imposer des prescriptions aux constructions existantes crsquoest un outil parti-culiegraverement efficace dans les zones de forte pression fonciegravere Lrsquoeacutelaboration du PPRN permet de partager sous lrsquoautoriteacute du preacutefet de deacutepartement en associant les collectiviteacutes locales dans une deacutemarche de concertation une connaissance documenteacutee de lrsquoaleacutea une diffusion de cette information et lrsquoadaptation de lrsquour-banisme au travers drsquoune reacuteglementation

13 httpagriculturegouvfrle-programme-national-de-la-foret-et-du-bois-2016-2026

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Encadreacute 7

14 httpwwwsidedeveloppement-durablegouvfrEXPLOITATIONACCIDRaccueil-risques-majeursaspx

Les plans de preacutevention des risques naturels (PPRN)

proceacutedure drsquoeacutelaboration

La proceacutedure drsquoeacutelaboration des PPRN est cadreacutee dans le Code de lrsquoenvi-ronnement par les articles L 562-1 agrave L 562-9

Le PPRN est composeacute de trois documents un rapport de preacutesentation qui expose les eacutetudes entreprises les reacutesul-

tats et les justifications des deacutelimitations des zones et reacuteglementations inscrites dans le regraveglement et celles rendues obligatoires

un plan de zonage issu du croisement des aleacuteas (freacutequence et inten-siteacute des pheacutenomegravenes) et des enjeux identifiant des zones inconstructibles et des zones constructibles sous reacuteserve drsquoameacutenagements particuliers

un regraveglement deacutecrivant les contraintes constructives et drsquourbanisme agrave respecter dans chaque zone Le PPRN deacuteterminera par exemple la hau-teur minimale du premier plancher drsquoune habitation nouvelle en zone inon-dable ou rendra obligatoire le renforcement des faccedilades amont en cas de chutes de blocs ou drsquoavalanches

Approuveacute par le preacutefet le PPRN est annexeacute apregraves enquecircte publique et approbation au Plan local drsquourbanisme (PLU) en tant que servitude drsquouti-liteacute publique Son eacutelaboration doit se faire dans les trois ans agrave compter de la prescription du PPRN par le preacutefet prorogeable une seule fois pour une peacuteriode de dix-huit mois

Dans la pratique la reacutealisation des PPRN deacutepend aussi de lrsquoexpeacuterience des territoires (la preacutevention des risques est plus facilement porteacutee par des territoires ayant connu une catastrophe) du positionnement des eacutelus et riverains sur la prise en compte du risque et des volonteacutes politiques

La concertation entre lrsquoEacutetat les collectiviteacutes locales et les parties pre-nantes du territoire est un eacuteleacutement cleacute dans lrsquoeacutelaboration des PPRN Agrave chaque eacutetape (cartographie de lrsquoaleacutea plan de zonage regraveglement) les col-lectiviteacutes sont associeacutees En outre les conseils municipaux des communes concerneacutees doivent ecirctre obligatoirement consulteacutes avant le lancement de lrsquoenquecircte publique

Des guides meacutethodologiques ont eacuteteacute eacutediteacutes par le ministegravere chargeacute de lrsquoen-vironnement 14 Un projet de deacutecret visant agrave mettre en place un encadre-ment agrave lrsquoeacutechelle nationale (dit laquo deacutecret PPR raquo) pour les Plans de preacutevention des risques (PPR) relatifs aux aleacuteas deacutebordement de cours drsquoeau et sub-mersion marine est en cours de preacuteparation Ce projet de deacutecret se place dans la continuiteacute des doctrines eacutedicteacutees preacuteceacutedemment dans les circu-laires et guides nationaux mais prend eacutegalement en compte les besoins

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

119

drsquoeacutevolution remonteacutes du laquo terrain raquo qursquoil srsquoagisse des services deacuteconcen-treacutes de lrsquoEacutetat ou des collectiviteacutes agrave la lumiegravere du retour drsquoexpeacuterience dont on beacuteneacutefi cie sur ces PPR

Il reprend donc les grands fondamentaux de la politique de preacutevention des risques (ne pas augmenter les risques pour les vies humaines preacuteser-ver les champs drsquoexpansion des crues limiter lrsquoaugmentation des enjeux exposeacutes aux risques etc) mais en ayant une approche plus effi ciente et prenant mieux en compte la logique de projet de territoire dans une approche globale inteacutegrant lrsquoexistant et le neuf (et non une approche bacircti-ment par bacirctiment) Notamment le projet de deacutecret favorise un renouvel-lement urbain permettant une baisse de la vulneacuterabiliteacute

Aujourdrsquohui plus de 11 000 communes sont doteacutees drsquoun PPRN approuveacute ce qui repreacutesente une population drsquoenviron 45 millions habitants 70 des PPRN concernent le risque inondation

La croissance du nombre de PPRN approuveacutes traduit une mobilisation remarquable des preacutefets et des services de lrsquoEacutetat qui permet une augmen-tation consideacuterable de la couverture geacuteographique du dispositif et la pro-gression de la diversiteacute des aleacuteas traiteacutes avec lrsquoeacutelaboration plus reacutecente des PPR littoraux (PPRL) traitant de submersion marine qui integravegrent les effets du changement climatique

Srsquoil reste des PPRN agrave prescrire ou agrave approuver sur certains territoires preacute-sentant des risques importants lrsquoessentiel des travaux agrave mener concerne agrave preacutesent la reacutevision de PPRN Cela ne se justifi e que si la connaissance de lrsquoaleacutea a eacutevolueacute notamment suite au retour drsquoexpeacuterience apregraves une catastrophe

Figure D8 ndash Eacutevolution du nombre de communes ayant un ou plusieurs PPRN prescrit ou approuveacute entre 1959 et 2015

Source ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

120

Lrsquoensemble du territoire nrsquoa pas vocation agrave ecirctre couvert par des PPRN Lrsquoeacutelaboration de PPRN doit se faire sur les territoires preacutesentant un risque eacuteleveacute Crsquoest sur les territoires doteacutes de PPRN que les collectiviteacutes locales et les particuliers ont la possibiliteacute de mobiliser le Fonds de preacutevention des risques naturels majeurs (FPRNM) pour ameacuteliorer la reacutesilience du territoire Ce principe constitue la base drsquoune priorisation de la preacutevention des risques naturels en y permettant le deacuteploie-ment des moyens financiers drsquoaccompagnement degraves lors que les collectiviteacutes ou les particuliers en font la demande Si cette priorisation a eacuteteacute faite agrave lrsquoeacutechelle deacutepartementale par les preacutefets dans la peacuteriode de deacuteploiement la plus intense (1990-2015) la finalisation de la reacutealisation des PPRN le choix des neacutecessaires reacutevisions lrsquoarticulation avec drsquoautres outils de prise en compte du risque dans lrsquoameacutenagement constituent doreacutenavant une prioriteacute des services du ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement

En effet en dehors des zones identifieacutees comme les plus agrave risque drsquoautres outils sont mobilisables pour prendre en compte les risques naturels dans lrsquoameacutenagement Certains pheacutenomegravenes comme le recul du trait de cocircte ont vocation agrave ecirctre traiteacutes par les outils drsquoameacutenagement des collectiviteacutes locales plutocirct que par un PPRN

Le Plan local drsquourbanisme (PLU) compeacutetence intercommunale deacutesormais (PLUi) peut ainsi deacutefinir les zones agrave risques et les regravegles speacutecifiques agrave respecter Le Code de lrsquourbanisme dans son article L 101-2 pose drsquoailleurs la preacutevention des risques naturels et technologiques dans ses objectifs Lrsquoarticle R 151-31 du mecircme code preacutevoit la possibiliteacute drsquointerdire des constructions dans certaines zones du PLU eut eacutegard agrave lrsquoexposition de ces zones aux risques naturels Le Scheacutema de coheacute-rence territoriale (SCoT) document reacuteglementaire de planification agrave lrsquoeacutechelle des groupements de communes qui fixe des perspectives drsquoameacutenagement du territoire agrave horizon de quinze agrave vingt ans est eacutegalement un outil pertinent pour prendre en compte la preacutevention des risques naturels

En outre lorsqursquoil a connaissance drsquoun risque sur son territoire le preacutefet est tenu drsquoen informer les maires et les administreacutes agrave travers un laquo porter agrave connaissance raquo Il srsquoagit drsquoun document drsquoinformation qui comporte un descriptif et une cartogra-phie de chaque risque ainsi que les consignes de seacutecuriteacute agrave adopter en cas de survenance drsquoeacuteveacutenements

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Encadreacute 8

15 Voir deacutefinition en chapitre A

Les plans de preacutevention des risques littoraux (PPRL)

Le littoral constitue une zone particuliegraverement sensible aux risques natu-rels de par lrsquointensiteacute des pheacutenomegravenes qui peuvent srsquoy produire et la concentration des populations sur des petites surfaces (ONERC 2015) Territoire ougrave convergent des dynamiques eacuteconomiques sociales et natu-relles le littoral est une zone attractive En 2010 pregraves de 8 millions de personnes y habitaient soit une densiteacute 25 fois supeacuterieure au reste de la France (outre-mer inclus) Agrave cela srsquoajoute la capaciteacute drsquoaccueil touristique importante de ces zones (reacutesidences secondaires campings et hocirctels) estimeacutee agrave plus de 7 millions de lits Selon les perspectives de lrsquoInsee ces chiffres devraient encore augmenter dans les anneacutees agrave venir

Les cocirctes franccedilaises sont notamment exposeacutees au risque de submer-sion marine 15 et connaissent eacutegalement des eacutevolutions du trait de cocircte

14 million de Franccedilais vivent en zone potentiellement inondable du fait des submersions marines et ce risque pourrait srsquoamplifier avec la hausse du niveau des mers due au reacutechauffement climatique

Suite agrave la tempecircte Xynthia de 2010 lrsquoune des actions identifieacutees comme prioritaires a eacuteteacute de geacuteneacuteraliser les plans de preacutevention des risques pour

lrsquoaleacutea submersion marine (aussi appeleacutes laquo PPR littoraux raquo ou laquo PPRL raquo) sur le littoral franccedilais Une liste de 303 communes prioritaires a eacuteteacute eacutetablie afin de concentrer les efforts sur les secteurs les plus sensibles agrave cet aleacutea Agrave ce jour 162 communes de cette liste sont couvertes par un PPR littoral approuveacute

La premiegravere phase de lrsquoeacutelaboration du PPRL consiste agrave cartographier les aleacuteas auxquels le territoire est exposeacute Le changement climatique est notamment pris en compte au travers drsquoune premiegravere cartographie inteacute-grant lrsquoeacuteleacutevation du niveau de la mer attendue agrave courte eacutecheacuteance (estimeacutee agrave + 20 cm par rapport au niveau actuel) et drsquoune autre cartographie agrave cent ans (hausse du niveau des mers estimeacutee agrave + 60 cm) La cartographie des enjeux permet par ailleurs de comprendre lrsquoorganisation du territoire (pocircles structurants zones en deacuteveloppement espaces naturels etc) Crsquoest sur la base du croisement de ces eacuteleacutements cartographiques que srsquoengage le processus de concertation entre les acteurs du territoire en vue drsquoabou-tir agrave la deacutefinition drsquoune strateacutegie partageacutee drsquoameacutenagement du territoire inteacutegrant le risque et in fine la deacutelimitation des zones sur lesquelles sera appliqueacute le regraveglement du PPRL (appeleacutee zonage reacuteglementaire)

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

122

Agrave titre drsquoexemple sur la commune de Fouesnant dans le Finistegravere le PPR littoral a eacuteteacute approuveacute le 12 juillet 2016 Les deux cartes drsquoaleacuteas de la figure D9 (aleacutea de reacutefeacuterence en haut agrave gauche et aleacutea agrave eacutecheacuteance cent ans agrave droite) traduisent lrsquoemprise et les effets potentiels drsquoune submer-sion marine sur le territoire Le recensement des enjeux (carte en bas agrave gauche) permet quant agrave lui drsquoidentifier les zones urbaines (en violet et bleu) ou naturelles (en vert) ou les eacutetablissements sensibles exposeacutes aux aleacuteas preacuteceacutedemment deacutefinis Le zonage reacuteglementaire deacutelimite ensuite les secteurs ougrave lrsquoinconstructibiliteacute est la regravegle (zones rouges) et drsquoautres secteurs ougrave les constructions sont possibles moyennant le respect de cer-taines prescriptions (zones bleues)

Figure D9 ndash Aleacuteas et enjeux du PPRL de Fouesnant 2016

Source drsquoapregraves les bases de donneacutees Cadastre et ORTHOreg

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

123

Reacuteduire lrsquoaleacutea et reacuteduire la vulneacuterabiliteacute

Pour reacuteduire les risques naturels il est possible de reacuteduire lrsquointensiteacute de lrsquoaleacutea en cherchant agrave se proteacuteger contre la survenue drsquoun eacuteveacutenement drsquoune part et reacuteduire lrsquoexposition des enjeux (habitations bacirctiments industriels et commerciaux patri-moine historique et naturel reacuteseaux de transports de teacuteleacutecommunications drsquoeacutelec-triciteacute drsquoeauhellip) en les adaptant agrave lrsquoaleacutea

La protection contre un aleacutea naturel peut passer par la reacutealisation drsquoouvrages de protection comme une digue ou un paravalanche Une digue ne reacuteduit pas lrsquoam-pleur drsquoune inondation mais vise agrave proteacuteger les biens et les personnes donc agrave diminuer les dommages provoqueacutes par la monteacutee de lrsquoeau Il en va de mecircme avec les barriegraveres anti-avalanches les coupes pare-feu dans les forecircts les grillages anti-eacuteboulements sur le flan de certaines routes de montagne qui empecircchent le deacuteclenchement ou la propagation du pheacutenomegravene

La mise en place de protections se justifie pour proteacuteger les enjeux existants Elle requiert cependant plusieurs points drsquoattention

examiner sur lrsquoensemble de la zone de risques les conseacutequences des dis-positifs de protection mis en place notamment en aval pour les inondations

inteacutegrer le fait que les ouvrages de protection ne sont pas infaillibles et prendre en compte des hypothegraveses de deacutefaillance dans les regravegles drsquourbanisme agrave proxi-miteacute de ces ouvrages Dans le cas des digues la jurisprudence (Conseil drsquoEacutetat 06042016 MEDDE cBonnefoi no 386000) eacutetablit que lorsque les terrains sont situeacutes derriegravere un ouvrage de protection il appartient agrave lrsquoautoriteacute com-peacutetente de prendre en compte non seulement la protection qursquoun tel ouvrage est susceptible drsquoapporter eu eacutegard notamment agrave ses caracteacuteristiques et aux garanties donneacutees quant agrave son entretien mais aussi le risque speacutecifique que la preacutesence mecircme de lrsquoouvrage est susceptible de creacuteer en cas de sinistre drsquoune ampleur supeacuterieure agrave celle pour laquelle il a eacuteteacute dimensionneacute ou en cas de rupture Il convient donc derriegravere une digue de preacutevoir une zone de sur-aleacutea

garder en meacutemoire que les ouvrages demandent un entretien reacutegulier Ils font lrsquoobjet drsquoune reacuteglementation et drsquoun controcircle speacutecifiques par les services de lrsquoeacutetat

adapter les reacuteseaux et infrastructures essentiels assurant les services de base agrave la population tels que transports (fiabiliteacute et confort climatique) eacutenergie teacuteleacute-communication reacuteseaux drsquoeau potable collecte des eaux useacutees et pluviales permettra de mieux anticiper les crises (ONERC 2017)

Les ouvrages de protection ne permettent pas de reacuteduire les pheacutenomegravenes cli-matiques diffus tels que les vagues de chaleur ou les tempecirctes pour lesquels la reacuteduction des risques passera par lrsquoadaptation des enjeux agrave lrsquoaleacutea

En matiegravere de preacutevention des inondations la reacuteforme dite laquo Gemapi raquo et le deacutecret laquo digues raquo de 2015 (deacutecret no 2015-526 du 12 mai 2015) constituent des temps forts leacutegislatifs et reacuteglementaires

Depuis le 1er janvier 2018 la loi attribue aux intercommunaliteacutes la compeacutetence de gestion des milieux aquatiques et preacutevention des inondations (Gemapi) de

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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maniegravere obligatoire et exclusive Cette compeacutetence devra permettre agrave partir de plus de 9 000 km de digues existantes aujourdrsquohui drsquoidentifier agrave terme les quelque 4 000 km qui preacutesentent un enjeu fort de protection des populations Une fois identifieacutees elles seront autoriseacutees en tant que systegraveme drsquoendiguement dans le cadre preacutevu par le deacutecret laquo digues raquo Ce travail requiert une mobilisation importante des collectiviteacutes locales et des services de lrsquoEacutetat dans les cinq agrave dix ans agrave venir La mise agrave niveau des systegravemes drsquoendiguement par les collectiviteacutes devrait entraicircner un recours accru au FPRNM en compleacutement des autres finan-cements mobilisables et notamment la taxe Gemapi que chaque intercommuna-liteacute est libre de lever ou non (dans la limite de 40 euros multiplieacute par le nombre drsquohabitant de lrsquointercommunaliteacute)

Il convient de souligner qursquoagrave travers le choix du leacutegislateur de confier cette com-peacutetence aux intercommunaliteacutes deacutejagrave en charge de lrsquoameacutenagement crsquoest bien la meilleure prise en compte du risque drsquoinondation dans lrsquoameacutenagement qui est rechercheacutee tout en maximisant les cobeacuteneacutefices avec une bonne gestion des milieux aquatiques Le leacutegislateur a ainsi preacutevu la possibiliteacute de regroupement des inter-communaliteacutes entre elles dans une logique de bassin versant par exemple tout en maintenant de la souplesse dans les modaliteacutes drsquoexercice de la compeacutetence

Parallegravelement agrave cette nouvelle compeacutetence le cadre reacuteglementaire des PPR inon-dations (PPRI) est en cours drsquoeacutevolution (encadreacute 7) dans la mecircme logique de coheacuterence entre les systegravemes drsquoendiguement tels que deacutefinis par la collectiviteacute et lrsquoameacutenagement du territoire qursquoelle porte Si la caracteacuterisation de lrsquoaleacutea neacutecessite de tenir compte drsquoune possible deacutefaillance de la digue lrsquoeacutelaboration de la partie reacuteglementaire du PPR inondation pourra tenir compte de faccedilon tregraves encadreacutee de la meilleure gestion des ouvrages de protection dans le cadre de la reacuteforme Gemapi

Au fur et agrave mesure des reacutevisions la mise en coheacuterence progressive de la preacuteven-tion des inondations permettra que ces mecircmes collectiviteacutes srsquoappuient sur des deacutemarches strateacutegiques de type PAPI (chapitre D laquo Exemples de mise en œuvre raquo)

La reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute des bacirctiments permet drsquoadapter le territoire aux risques drsquoaccroicirctre la reacutesilience sans deacuteplacer les enjeux exposeacutes par la mise en place de dispositifs visant agrave rendre les enjeux exposeacutes plus reacutesilients face agrave un aleacutea naturel Il peut srsquoagir drsquoeacuteleacutements leacutegers comme la pose de batardeaux (cloisons amovibles eacutequipeacutees de joints eacutetanches) devant les portes et les fenecirctres pour proteacuteger lrsquointeacuterieur de la maison drsquoune inondation mais aussi de mesures plus structurelles construction de bacirctiments reacutesistants aux vents forts dans les zones soumises agrave des aleacuteas cycloniques doteacutes drsquoun eacutetage non habiteacute ou drsquoune piegravece refuge agrave lrsquoeacutetage en zones soumises aux inondations construction de fon-dations inteacutegrant le risque de seacutecheresse et de retrait-gonflement des argileshellip

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Encadreacute 9

Reacuteduire le dommage au bacircti soumis au retrait-gonflement des argiles

Les mouvements de sol induits par le retrait-gonflement des argiles consti-tuent un risque majeur en raison de lrsquoampleur des deacutegacircts mateacuteriels qursquoils provoquent notamment parce qursquoils touchent la structure mecircme des bacircti-ments Ce pheacutenomegravene qui srsquoamplifie avec le changement climatique repreacutesente pour la peacuteriode 1990-2013 86 milliards drsquoeuros drsquoindemni-sation et des centaines de milliers de maisons en France Il touche princi-palement les maisons individuelles qui disposent souvent de fondations plus leacutegegraveres que les bacirctiments collectifs et dont les maicirctres drsquoouvrages sont souvent des particuliers et non des professionnels de la construc-tion Il est essentiel de reacuteduire le nombre de sinistres lieacutes agrave ce pheacuteno-megravene drsquoautant que lrsquoapplication de regravegles de lrsquoart simples et bien connues permet drsquoeacuteviter tout sinistre gracircce agrave la reacutealisation de fondations ad hoc

Dans cet esprit la loi dite laquo Eacutelan raquo (eacutevolution du logement de lrsquoameacutenage-ment et du numeacuterique) preacutevoit la reacutealisation drsquoun diagnostic geacuteotechnique preacutealable agrave la vente des terrains constructibles situeacutes en zones agrave risque Il reviendra ensuite au constructeur de prendre en compte les eacuteleacutements issus de cette eacutetude pour preacutevoir les dispositions constructives neacuteces-saires et optimiser le coucirct des fondations Ce dispositif permettra de trai-ter le sujet de maniegravere plus rapide et efficiente que les PPR laquo argile raquo Cette mesure agrave terme soulagera la mobilisation du Fonds CatNat

Plusieurs mesures permettent de renforcer la dynamique de reacuteduction de la vulneacute-rabiliteacute et favoriser un retour agrave la normale agrave la suite drsquoun eacuteveacutenement climatique

Les PPRN lorsqursquoils existent integravegrent geacuteneacuteralement des mesures prescrip-tives visant agrave reacuteduire la vulneacuterabiliteacute du bacircti existant Cela peut concerner par exemple la pose de batardeaux ou la creacuteation drsquoun espace refuge pour se pro-teacuteger des inondations Ces mesures beacuteneacuteficient pour les particuliers drsquoun soutien agrave travers le Fonds de preacutevention des risques naturels majeurs (FPRNM) agrave hauteur de 40 du montant des travaux dans la limite de 10 de la valeur moneacutetaire du bien La mise en œuvre de ces mesures doit ecirctre encourageacutee en mobilisant notamment les assureurs pour qursquoils incitent leurs clients agrave rendre leurs biens plus reacutesilients

Il nrsquoexiste pas agrave ce jour de norme ou drsquoeacutetiquette laquo reacutesilience des bacirctiments raquo La reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute hors des PPRN en particulier neacutecessite donc tout particuliegraverement la formation des diffeacuterents intervenants (architectes ingeacute-nieurs en geacutenie civil entrepreneurs) en matiegravere de conception et de prise en compte des pheacutenomegravenes climatiques et geacuteologiques et de deacutefinition des regravegles de construction sur la base de bonnes pratiques ou de la documentation existante (ex reacutefeacuterentiel de travaux de preacutevention du risque drsquoinondation dans lrsquohabitat

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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existant 16) Elle relegraveve eacutegalement drsquoune implication des proprieacutetaires qui doivent agir personnellement afin de reacuteduire la vulneacuterabiliteacute de leurs biens et ecirctre precircts dans certains cas agrave consentir agrave un coucirct suppleacutementaire Ces bonnes pratiques peuvent tout particuliegraverement ecirctre mises en œuvre lors drsquoopeacuterations drsquoameacutelio-ration de lrsquohabitat et de renouvellement urbain Elles seraient mieux encoura-geacutees avec un accompagnement accru en particulier apregraves une catastrophe ou un retour concret au travers des coucircts drsquoassurance par exemple La meilleure reconstruction suite agrave une catastrophe reste un enjeu majeur

La reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute des reacuteseaux constitue eacutegalement un axe fort de la preacutevention compte tenu de la deacutependance croissante des populations et de lrsquoeacuteconomie vis-agrave-vis des reacuteseaux de transports drsquoeacutenergie de teacuteleacutecommuni-cations drsquoeau et drsquoassainissement Au-delagrave des dommages purement mateacute-riels les dysfonctionnements induits en cas drsquoincident se reacutepercutent sur les activiteacutes et les eacutechanges qui en sont tributaires drsquoautant plus que les reacuteseaux sont interconnecteacutes entre eux une coupure drsquoeacutelectriciteacute peut compromettre lrsquoassainissement et la distribution de lrsquoeau une coupure de tronccedilon de route peut gecircner les services de secours Le coucirct drsquoune crue centennale en Icircle-de-France pourrait par exemple srsquoeacutelever agrave 30 milliards drsquoeuros selon lrsquoOrganisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques (OCDE) compte tenu notam-ment des coucircts indirects dont ceux lieacutes au dysfonctionnement des reacuteseaux Plusieurs initiatives ont eacuteteacute prises dans certains territoires On peut citer en Icircle-de-France la deacuteclaration drsquointention afin de reacuteduire la vulneacuterabiliteacute des reacuteseaux en cas drsquoinondation signeacutee en avril 2016 avec les opeacuterateurs de reacuteseau dans les domaines de lrsquoeacutenergie des teacuteleacutecommunications de lrsquoeau de lrsquoassainisse-ment et des transports et les collectiviteacutes compeacutetentes

16 httpwwwcohesion-territoiresgouvfrIMGpdfreferentielinondation_-definitions_et_domaine_d_appli-cation-pdf

Le Grand prix drsquoameacutenagement laquo Comment bacirctir en terrains inondables

constructibles raquo

Dans la suite de lrsquoadoption de la strateacutegie nationale de gestion des risques drsquoinondation (SNGRI) avec lrsquoobjectif essentiel pour les populations laquo mieux vivre en zone inondable raquo en 2014 un grand concours international drsquoar-chitecture adapteacute aux terrains inondables constructibles a eacuteteacute organiseacute Ceci a montreacute qursquoil est possible de construire sur de tels terrains degraves lors que les populations qui y habitent ou y travaillent ne sont pas mises en danger et que leurs biens ne risquent pas drsquoecirctre endommageacutes par lrsquoeau au moment du passage de la crue ou des remonteacutees de nappes Cette deacutemarche met ainsi en avant des projets innovants en quartiers

Encadreacute 10

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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inondables constructibles dans le respect des reacuteglementations drsquourba-nisme et de preacutevention des risques permettant drsquoatteindre les objectifs de la strateacutegie nationale de gestion des risques drsquoinondation en compleacute-mentariteacute avec les autres politiques publiques

Lors de la premiegravere eacutedition en 2015 vingt-deux projets laureacuteats ont eacuteteacute primeacutes comme celui de la reconversion des anciennes usines Matra agrave Romorantin-Lanthenay qui a montreacute toute sa pertinence par sa reacutesilience lors des inondations en juin 2016

En 2016 une deuxiegraveme session a eacuteteacute eacutelargie aux projets en cours de conception ou portant simplement sur des dispositifs constructifs Dix projets ont eacuteteacute ainsi retenus Le jury srsquoest attacheacute agrave observer drsquoabord lrsquoexemplariteacute la meacutethode lrsquoapproche inteacutegreacutee et le rapport aux usages Un nouvel appel agrave projets est preacutevu en 2019

Le palmaregraves 2016 et la plaquette des projets laureacuteats sont consultables sur le site Internet du ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement httpswwwecologique-solidairegouvfrlaureats-du-grand-prix-damena-gement-comment-mieux-batir-en-terrains-inondables-constructibles

Figure D10 Romorantin-Lanthenay lors de la crue de juin 2016

copy Ville de Romorantin-Lanthenay

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Preacuteparer et geacuterer la crise

Le risque zeacutero nrsquoexiste pas Quelles que soient lrsquoimportance et lrsquoefficaciteacute des mesures preacuteventives les pouvoirs publics ont le devoir une fois lrsquoeacutevaluation des risques eacutetablie drsquoorganiser les moyens de secours neacutecessaires pour faire face aux crises Cette organisation neacutecessite un partage eacutequilibreacute des compeacutetences entre lrsquoEacutetat et les collectiviteacutes territoriales

En cas de crise le Premier ministre dispose de la Cellule interministeacuterielle de crise (CIC) qursquoil active en fonction des neacutecessiteacutes La CIC assure la gestion strateacutegique de la crise au niveau gouvernemental Elle organise agrave cette fin une centralisation et une synthegravese des informations en provenance des diffeacuterents ministegraveres impli-queacutes Elle reccediloit eacutegalement les informations en provenance des preacutefets de deacutepar-tement et de zone de deacutefense et de seacutecuriteacute En son sein elle dispose drsquoorganes interministeacuteriels respectivement chargeacutes de lrsquoanalyse et de lrsquoanticipation de la communication gouvernementale et de la logistique interministeacuterielle de crise

Le ministegravere de lrsquoInteacuterieur est eacutegalement un acteur de premier plan pour la preacutepa-ration et la gestion des crises ainsi que lrsquoorganisation des compeacutetences des col-lectiviteacutes locales En cas de crise le ministre de lrsquointeacuterieur srsquoappuie sur le Centre opeacuterationnel de gestion interministeacuterielle des crises (COGIC) de la Direction geacuteneacute-rale de la seacutecuriteacute civile et de la gestion des crises (DGSCGC) Le COGIC assure un suivi permanent permettant de renseigner les autoriteacutes sur tout eacuteveacutenement de seacutecuriteacute civile jugeacute important par son ampleur par sa speacutecificiteacute ou son impact meacutediatique Il est en mesure drsquoassurer la gestion et la coordination drsquoune crise de niveau national Il assure une partie dans son domaine particulier de la per-manence de la capaciteacute de reacuteponse de lrsquoEacutetat en eacutetroite coordination si neacuteces-saire avec la CIC Dans ce cadre le COGIC assure son rocircle de synthegravese des informations de la chaicircne territoriale dans le domaine du laquo meacutetier seacutecuriteacute civile raquo Il srsquoassure de la transmission des deacutecisions de la CIC aux Zones de deacutefense et de seacutecuriteacute (ZDS) Enfin le COGIC est le point drsquoentreacutee des demandes drsquoaides du meacutecanisme europeacuteen de protection civile via le Centre europeacuteen de reacuteponse des crises (ERCC) Le COGIC peut ecirctre redeacuteployeacute geacuteographiquement dans le cadre du plan de continuiteacute drsquoactiviteacute en particulier en deacuteployant le Module drsquoappui et de gestion de crise (MAGEC) sur un site approprieacute

Les diffeacuterents ministegraveres srsquoappuient sur leurs services deacuteconcentreacutes sous lrsquoeacutegide des preacutefets

Dans sa commune le maire est responsable de lrsquoorganisation des secours de premiegravere urgence et est agrave mecircme de mettre en œuvre le Plan communal de sauve-garde (PCS) Ce plan qui srsquoappuie sur les informations contenues dans le Dossier drsquoinformation communal sur les risques majeurs (DICRIM) deacutetermine en fonc-tion des risques connus les mesures immeacutediates de sauvegarde et de protec-tion des personnes fixe lrsquoorganisation neacutecessaire agrave la diffusion de lrsquoalerte et des consignes de seacutecuriteacute recense les moyens disponibles et deacutefinit la mise en œuvre des mesures drsquoaccompagnement et de soutien agrave la population

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Le PCS est obligatoire dans les communes doteacutees drsquoun PPRN approuveacute ou situeacutees dans le champ drsquoapplication drsquoun plan particulier drsquointervention (en cas drsquoinstal-lations industrielles ou de certains ameacutenagements hydrauliques) En cas de sur-venance drsquoune catastrophe ce plan integravegre les moyens de la commune dans le dispositif de gestion aux cocircteacutes des autres intervenants (secours publics asso-ciationshellip) Lrsquoeacutelaboration des PCS reste un enjeu fort le nombre de PCS eacutetant encore tregraves infeacuterieur agrave celui du nombre de communes couvertes par un PPRN environ 8 000 PCS contre 15 500 PPRN

Dans les communes concerneacutees par un PPRN le maire est eacutegalement tenu drsquoin-former ses administreacutes des risques auxquels la commune est exposeacutee au moins une fois tous les deux ans Cette information est deacutelivreacutee avec lrsquoassistance des services de lrsquoEacutetat compeacutetents agrave partir des informations relatives au risque que le preacutefet transmet au maire La mobilisation des maires pour porter les messages de sensibilisation est donc particuliegraverement importante

Lorsque lrsquoorganisation des secours revecirct une ampleur ou une nature particuliegravere elle fait lrsquoobjet dans chaque deacutepartement et dans chaque zone de deacutefense et en mer drsquoun dispositif organisant la reacuteponse de seacutecuriteacute civile (ORSEC loi de moder-nisation de la Seacutecuriteacute civile du 13 aoucirct 2004) Le dispositif ORSEC (Organisation

Figure D11 ndash Scheacutema de fonctionnement des diffeacuterentes instances de gestion de crise du ministegravere de lrsquoInteacuterieur

Source httpwwwreseau-canopefrrisquesetsavoirsla-gestion-des-criseshtml

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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de la reacuteponse de la Seacutecuriteacute civile) deacutepartemental est arrecircteacute par le preacutefet et deacuteter-mine compte tenu des risques existants dans le deacutepartement lrsquoorganisation geacuteneacuterale des secours et recense lrsquoensemble des moyens publics et priveacutes sus-ceptibles drsquoecirctre mis en œuvre Il comprend des dispositions geacuteneacuterales applicables en toutes circonstances et drsquoautres propres agrave certains risques particuliers iden-tifieacutes dont les risques naturels ou lieacutes agrave lrsquoexistence et au fonctionnement drsquoins-tallations ou drsquoouvrages deacutetermineacutes

Le dispositif ORSEC de zone est mis en œuvre en cas de catastrophe affectant au moins deux deacutepartements de la mecircme zone de deacutefense ou rendant neacutecessaire la mise en œuvre de moyens deacutepassant le cadre deacutepartemental Le dispositif Orsec maritime deacutecline ces principes pour les risques existants en mer

Le dispositif ORSEC preacutevoit notamment que les eacutetablissements drsquoenseignement des premier et second degreacutes font partie des eacutetablissements recevant du public devant srsquoauto-organiser en cas drsquoeacuteveacutenement majeur les affectant Par conseacutequent chaque eacutetablissement drsquoenseignement doit prendre en compte les risques preacutevi-sibles auxquels il est exposeacute et deacuteterminer les mesures neacutecessaires pour assurer la mise en sucircreteacute des eacutelegraveves et des personnels en cas drsquoaccident majeur Cela passe par un Plan particulier de mise en sucircreteacute (PPMS) eacutelaboreacute par le chef drsquoeacuteta-blissement et qui doit faire lrsquoobjet drsquoun exercice annuel speacutecifique Les PPMS mecircme srsquoils se distinguent des diffeacuterents plans de secours peuvent ecirctre articu-leacutes avec le dispositif ORSEC et avec le PCS pour les communes qui en disposent

Encadreacute 11

Retour sur la saison cyclonique 2017 aux Antilles

Le cyclone Irma drsquoune ampleur exceptionnelle (287 kmh enregistreacute) a frappeacute de maniegravere diffeacuterencieacutee une grande partie des icircles de la Caraiumlbe du 30 aoucirct au 12 septembre 2017 et plus particuliegraverement deacutebut sep-tembre les icircles de Saint-Martin et Saint-Bartheacutelemy Des vents de plus de 300 kmh se sont abattus sur les deux icircles pendant plusieurs heures pro-voquant des pheacutenomegravenes de submersion marine eacutepisode suivi drsquoun deu-xiegraveme cyclone Joseacute le 9 septembre qui passera agrave proximiteacute immeacutediate des icircles sans y entraicircner de dommages majeurs Puis du 18 au 19 sep-tembre crsquoest au tour du cyclone Maria drsquoimpacter la Guadeloupe

Sur la base des preacutevisions de Meacuteteacuteo-France lrsquoalerte cyclonique violette qui preacutevoit le confinement de populations et lrsquointerdiction totale de circu-ler a eacuteteacute deacuteclencheacutee Lrsquoanticipation du pheacutenomegravene srsquoest appuyeacutee notam-ment sur lrsquoutilisation du PPRN pour organiser lrsquoeacutevacuation drsquoune partie de la population avant le passage drsquoIrma agrave Saint-Martin

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Lrsquoanticipation facteur essentiel du deacutebut de la gestion de crise caracteacuteriseacutee par une mobilisation plusieurs jours avant lrsquoarriveacutee dlsquoIrma (phase anticipation)

Suivi par les services de la preacutefecture de la zone Antilles lrsquoouragan Irma a attireacute lrsquoattention des autoriteacutes bien avant la date drsquoimpact preacutevisionnel (6 septembre)

Ainsi degraves le 1er septembre la DGSCGC a eacuteteacute preacute-alerteacutee par lrsquoEacutetat-major Interministeacuteriel de la zone Antilles des hypothegraveses de trajectoire dont la plus deacutefavorable a orienteacute la deacutecision de preacutepositionner avant lrsquoarriveacutee du pheacutenomegravene des moyens de seacutecuriteacute civile dans les icircles du Nord ndash une mission drsquoappui en situation de crise composeacutee de cinq personnes au service de la preacutefegravete deacuteleacutegueacutee agrave Saint-Martin ndash un deacutetachement drsquointervention laquo cyclone raquo des formations militaires de la seacutecuriteacute civile composeacute de cinquante-sept personnes deacuteployeacute agrave Saint-Martin et Saint-Bartheacutelemy

Degraves le 4 septembre soixante-deux sapeurs-sauveteurs eacutetaient deacuteployeacutes avant lrsquoimpact drsquoIRMA sur les icircles du Nord en renfort des moyens locaux

Une reacuteponse post-cyclonique Irma adapteacutee agrave la survenance des ouragans Joseacute et Maria (phases de monteacutee en puissance et drsquoanticipation)

En appui des remonteacutees drsquoinformations sur lrsquoeacutetendue des deacutegacircts dans les zones impacteacutees mais eacutegalement compte tenu de lrsquoarriveacutee des deux autres ouragans Joseacute (9 septembre) et Maria (18 septembre) la reacuteponse opeacuterationnelle de seacutecuriteacute civile a alterneacute entre lrsquoanticipation et la mon-teacutee en puissance en srsquoarticulant autour de

lrsquoengagement drsquoun deacutetachement de seacutecuriteacute civile composeacute de dix per-sonnes pour mettre en œuvre et activer une plateforme logistique en Guadeloupe

lrsquoengagement de trois deacutetachements laquo cyclone raquo en reacuteponse au cyclone Irma un deacutetachement des formations militaires de la seacutecuriteacute civile (soixante-deux personnes) deux deacutetachements de sapeurs-pompiers territoriaux (Icircle-de-France et Sud respectivement soixante et soixante-six personnes)

le deacuteploiement drsquoune mission drsquoappui en situation de crise au service de lrsquoEacutetat-major interministeacuteriel de la zone Antilles (cinq personnes)

la mise en place drsquoune mission drsquoappui en situation de crise (cinq per-sonnes) au service de la preacutefecture de Guadeloupe

la mise en place drsquoun groupe de commandement (cinq personnes) au service des icircles du Nord

Par ailleurs lrsquoapproche de Maria identifieacutee degraves le 15 septembre a motiveacute le deacuteploiement de renforts suppleacutementaires en Guadeloupe

en anticipation lrsquoengagement drsquoun deacutetachement des formations mili-taires de la seacutecuriteacute civile de plus de 100 sapeurs-sauveteurs

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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en reacuteponse lrsquoengagement de deux deacutetachements composeacutes de sapeurs-pompiers et de militaires soit plus de 160 personnes

Au plus fort de la crise ce sont pregraves de 550 sapeurs-pompiers et mili-taires de la seacutecuriteacute civile qui eacutetaient deacuteployeacutes dans les diffeacuterentes icircles des Antilles Plus de 610 personnes ont servi en cumuleacute sur cette opeacuteration

Lrsquoaccompagnement vers la reconstruction (phase de reacute-articulation)

La phase drsquourgence eacutetant passeacutee une reacute-articulation (sortie de crise) pre-nant en compte un deacutesengagement partiel des moyens de seacutecuriteacute civile srsquoest opeacutereacutee agrave compter du 4 octobre

Un deacutetachement des formations militaires de la seacutecuriteacute civile de 57 puis 40 militaires de la seacutecuriteacute civile a eacuteteacute maintenu agrave Saint-Martin jusqursquoau 15 deacutecembre

Les opeacuterations reacutealiseacutees

Les diffeacuterents deacutetachements engageacutes ont œuvreacute dans le domaine des missions drsquoassistance agrave la population suite au passage drsquoun ouragan

Les opeacuterations se sont neacuteanmoins concentreacutees sur la satisfaction des besoins primaires eau (39 millions de litres drsquoeau distribueacutes eacutequiva-lent agrave une piscine olympique) et nourriture (34 150 rations et 353 tonnes de denreacutees distribueacutees)

Pour autant les deacutetachements ont eacutegalement eacuteteacute engageacutes dans les mis-sions habituelles inheacuterentes agrave ce type de catastrophe

mise hors drsquoeau de bacirctiments soit environ 50 000 m2 de toitures bacirccheacutees 29 kilomegravetres de routes deacutegageacutes aide agrave la reconstruction soit cinquante-cinq actions de seacutecurisation et

de reacutehabilitation drsquoeacutetablissements scolaires sept actions de reacutehabilita-tion de centres commerciaux et entreprises

Les conseacutequences eacuteconomiques ont eacuteteacute estimeacutees agrave presque 2 Mdseuro 17 pour les biens assureacutes dans le cadre du reacutegime CatNat ce qui en fait lrsquoun des eacuteveacutenements les plus coucircteux depuis la creacuteation du reacutegime de catastrophes naturelles Le controcircle de la construction et la reacutesilience des reacuteseaux sont au cœur drsquoune reconstruction moins vulneacuterable et de la mission confieacutee au deacuteleacutegueacute interministeacuteriel agrave la reconstruction nommeacute par le Gouvernement

17 Les catastrophes naturelles en France Bilan 1982-2017 CCR

En dehors des enjeux de mise en seacutecuriteacute des populations drsquoautres probleacutema-tiques sont agrave consideacuterer en matiegravere de gestion de crise La gestion des deacutechets par exemple et leur traitement en situation de crise et post-crise est un enjeu fort tant pour des questions de santeacute publique que de retour agrave la normale des

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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territoires sinistreacutes Une catastrophe climatique est susceptible de geacuteneacuterer de grandes quantiteacutes de deacutechets dont la gestion doit ecirctre assureacutee malgreacute les per-turbations engendreacutees par la catastrophe Les reacutecentes inondations survenues en 2016 et 2018 sur le bassin de la Seine ont rappeleacute une fois encore la neacuteces-siteacute de prendre en compte cet aspect dans la politique de preacutevention Le cadre leacutegislatif et reacuteglementaire de la planification des deacutechets actuellement en vigueur preacutevoit drsquoailleurs que les Plans de preacutevention et de gestion des deacutechets non dan-gereux et dangereux comprennent des mesures permettant drsquoassurer la gestion des deacutechets en situations exceptionnelles notamment celles susceptibles de perturber la collecte et le traitement des deacutechets Plusieurs guides existent pour accompagner les collectiviteacutes et promouvoir les bonnes pratiques en la matiegravere

Srsquoameacuteliorer sur la base des retours drsquoexpeacuterience

Apregraves la gestion de crise drsquoune catastrophe vient la reconstruction Crsquoest la peacuteriode la plus difficile la plus longue et la moins sensationnelle Succeacutedant agrave la gestion de crise tant suivie par les meacutedias la reconstruction srsquoinstalle et laquo fait oublier raquo la catastrophe Pour autant crsquoest une phase cruciale pour assurer la reacutesilience du territoire

Lorsque la catastrophe arrive elle fait ressortir les laquo racines profondes raquo de la vulneacute-rabiliteacute du territoire Le Pressure and Release Model (Blaikie et al 1994 fig D12) lie les causes profondes aux dynamiques territoriales et aux conditions de vie actuelles pour comprendre la catastrophe lrsquoaleacutea agit comme un reacuteveacutelateur des vul-neacuterabiliteacutes inheacuterentes aux territoires Le rapport du preacutefet Philippe Gustin pour la reconstruction de Saint-Martin et de Saint-Bartheacutelemy (2017) signalait ainsi qursquolaquo il est neacutecessaire de rappeler agrave titre preacuteliminaire quelques eacuteleacutements factuels relatifs agrave Saint-Martin et Saint-Bartheacutelemy Les speacutecificiteacutes politiques territoriales cultu-relles et administratives de ces icircles preacutesentent un caractegravere si particulier qursquoelles auront neacutecessairement un impact sur les ambitions porteacutees pour leur reconstruc-tion raquo Tout le long de ce rapport les difficulteacutes endeacutemiques aux deux collectiviteacutes et leurs caracteacuteristiques intrinsegraveques qui sont rendues visibles pendant la phase de reconstruction sont rappeleacutees Ceci fait eacutecho aux propos de la mission inter-ministeacuterielle montrant qursquoil srsquoagit bien plus que drsquoune reconstruction mais drsquoune laquo refondation raquo des icircles du Nord Ainsi la reconstruction ne relegraveve pas seulement drsquoune reconstruction agrave lrsquoidentique ou drsquoune question technique mais elle neacuteces-site aussi de prendre en compte les questions socio-eacuteconomiques pour laquo refon-der raquo des territoires plus reacutesilients

La vulneacuterabiliteacute est un concept eacutevolutif penser lrsquoapregraves-catastrophe permet drsquoagir sur ces laquo causes profondes raquo de la vulneacuterabiliteacute et de deacutevier de la trajectoire de vulneacuterabiliteacute Cela augmente donc la reacutesilience agrave terme du territoire Cependant pour ecirctre efficace il faut savoir exploiter les opportuniteacutes et maicirctriser la gestion des fonds de maniegravere agrave ne pas creuser les ineacutegaliteacutes mais agrave les reacuteduire surtout dans des territoires tregraves exposeacutes Les enjeux pour passer du laquo deacutesastre au deacuteve-loppement raquo sont ainsi eacutetroitement lieacutes (Moatty et al 2017)

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Il srsquoagit donc de mieux appreacutehender la reconstruction pour exploiter la laquo fenecirctre drsquoopportuniteacute raquo qursquoelle ouvre tout en anticipant assez pour y inteacutegrer une phase laquo drsquoeacutethique preacuteventive raquo 18 (preacutevenir la reconstruction laquo phase preacuteventive raquo tout en y inteacutegrant des mesures pour reacuteduire les vulneacuterabiliteacutes et donc aussi les ineacutega-liteacutes environnementales 19 laquo phase eacutethique raquo) Anticiper notamment en construi-sant un document de cadrage permettrait agrave la fois drsquoeacuteviter de mal reconstruire et drsquoexploiter la fenecirctre drsquoopportuniteacute au mieux mais aussi drsquoagir sur les causes profondes de la vulneacuterabiliteacute afin de ne pas geacuteneacuterer davantage drsquoineacutegaliteacutes envi-ronnementales apregraves la catastrophe Au Japon par exemple un plan drsquoanticipa-tion de la reconstruction en cas drsquoeacuteruption du mont Fuji a eacuteteacute eacutelaboreacute en 2001 et ce agrave lrsquoeacutechelle nationale

De cette maniegravere on agit aussi sur les causes de la maladaptation agrave long terme

Le processus de reconstruction drsquoun point de vue institutionnel peut ecirctre deacutefini comme lrsquoeacutelaboration par les gestionnaires et deacutecideurs (bailleurs de fonds ser-vices de lrsquoEacutetat eacutelus et institutions) de politiques strateacutegies et programmes drsquoac-tions agrave destination des acteurs locaux (eacutelus locaux populations et associations) pour leur donner les moyens drsquoaccompagner le relegravevement des individus restau-rer lrsquoaccessibiliteacute du territoire et de reacuteduire les risques (Moatty 2015) Lrsquoenjeu majeur de la preacutevention des risques est de poursuivre et renforcer encore la mobi-lisation de lrsquoensemble des acteurs et des parties prenantes Au regard des enjeux du changement climatique des voies drsquoameacutelioration concregravetes se deacutegagent alors

La meilleure reacutesilience 20 des bacirctiments notamment lors de la reconstruc-tion apregraves catastrophe Dans la mesure ougrave il est difficilement envisageable de mettre en place agrave lrsquoheure actuelle une norme laquo reacutesilience des bacirctiments raquo drsquoautres outils devront ecirctre mobiliseacutes outre lrsquoexemplariteacute et la peacutedagogie Cela pourrait passer par des incitations eacuteconomiques ou financiegraveres qui pour-raient relever soit du reacutegime assurantiel soit drsquoun soutien adapteacute du FPRNM Agrave ce jour et crsquoest indispensable lrsquoaction publique est prioriseacutee sur les zones agrave plus fort enjeux que sont les territoires soumis agrave PPRN La question pourrait se poser drsquoun accompagnement cibleacute pour ameacuteliorer la reacutesilience de territoires qui nrsquoont pas vocation agrave ecirctre couverts par un PPR une deacutemarche en ce sens a eacuteteacute engageacutee dans le cadre des PAPI (chapitre laquo Exemples de mise en œuvre raquo) Des mesures ou soutiens speacutecifiques pourraient aussi permettre une meil-leure reconstruction apregraves sinistre Lrsquoaccompagnement par les assureurs des particuliers et des entreprises en termes de conseil pour des reconstructions plus reacutesilientes est une voie qui se met progressivement en place Srsquoagissant de lrsquoaccompagnement financier les taux et conditions drsquoutilisations actuels du FPRNM pour des travaux de reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute preacutevus dans un PPRN laissent un reste agrave charge pour les particuliers Une expertise pourrait conduire

18 Lrsquoeacutethique preacuteventive est un ensemble de mesures permettant la prise en compte de lrsquoaleacutea dans le zonage de la reconstruction le respect des normes preacuteventives de la reconstruction et la mise en place de mesures de gestion drsquoune prochaine crise (alerte eacutevacuation etc) (Vinet et al 2011)

19 La notion drsquoineacutegaliteacutes environnementales deacutesigne des situations dans lesquelles les vulneacuterabiliteacutes envi-ronnementales sont indissociables des vulneacuterabiliteacutes sociales (Taylor 2000 tireacute de Claeys et al 2017)

20 Voir glossaire

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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agrave srsquointerroger sur le niveau de ce soutien et au besoin agrave envisager une reacutevi-sion des taux actuels pour les rendre plus attractifs et que srsquoenclenche une dynamique de diagnostics et de travaux de reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute du bacircti Enfin la reacuteponse agrave certains aleacuteas pour lesquels aucune protection inteacutegrale ne peut se concevoir demandera encore un travail particulier sur la reacutesilience des bacirctiments crsquoest le cas en matiegravere de risque cyclonique Si le retour drsquoex-peacuterience sur le cyclone Irma tend agrave montrer que les constructions parasis-miques ont mieux reacutesisteacute (toiture excepteacutee) agrave lrsquoouragan il reste sans doute agrave mieux deacutefinir ce que serait une construction paracyclonique et agrave apporter des reacuteponses agrave lrsquohabitat illeacutegal

La transformation des territoires les plus exposeacutes aux effets du changement

climatique Lrsquoapprobation de PPRN les mesures de reacuteduction de la vulneacuterabi-liteacute les approches en termes de programme drsquoaction comme les PAPI sur des peacuterimegravetres aussi pertinents que possible au regard de lrsquoaleacutea ont consolideacute au cours des derniegraveres deacutecennies une politique de preacutevention des risques natu-rels partenariale qui apporte eacutegalement des reacuteponses aux enjeux du change-ment climatique La reacuteponse au recul du trait de cocircte en fournit un exemple (encadreacute 15)

Chaque catastrophe naturelle constitue une occasion de progresser dans la preacute-vention et de rechercher comment creacuteer les conditions neacutecessaires agrave la diminu-tion du risque pour lrsquoavenir Le retour drsquoexpeacuterience permet de tirer les leccedilons drsquoune action et drsquoaffiner la connaissance des pheacutenomegravenes

Au niveau national le ministegravere de lrsquointeacuterieur assure la synthegravese et la diffusion au niveau national des retours drsquoexpeacuterience reacutealiseacutes sous lrsquoautoriteacute du repreacutesen-tant de lrsquoEacutetat apregraves tout recours au dispositif Orsec qursquoil srsquoagisse drsquoun eacuteveacutene-ment reacuteel ou drsquoun exercice

Le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement analyse tout particuliegraverement ces retours drsquoexpeacuteriences de maniegravere agrave

centraliser au mieux et analyser les donneacutees relatives aux catastrophes (mani-festations du pheacutenomegravene chronologie)

constituer des pocircles de compeacutetences pour aider les territoires impacteacutes agrave ameacuteliorer la preacutevention des risques et leur reacutesilience et agrave reacuteduire les dommages

assurer la diffusion des enseignements tireacutes de lrsquoanalyse des pheacutenomegravenes et des catastrophes survenus en France ou agrave lrsquoeacutetranger

Concernant le risque inondation les services de preacutevision des crues des Dreal et le Schapi ont en charge de capitaliser la connaissance locale sur les cours drsquoeau et les eacuteveacutenements extrecircmes survenus par le passeacute Ils peuvent assister les autoriteacutes locales dans la pose de repegraveres de crues sur des bacirctiments ou des ouvrages caracteacuteristiques

Les eacuteveacutenements majeurs font lrsquoobjet de retours drsquoexpeacuterience interministeacuteriels Le Conseil geacuteneacuteral de lrsquoenvironnement et du deacuteveloppement durable (CGEDD) placeacute directement aupregraves du ministre chargeacute de lrsquoenvironnement contribue aux rap-ports de mission drsquoexpertise sur des eacuteveacutenements majeurs tels que les tempecirctes

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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de 1999 et plus reacutecemment les inondations de la Seine en 2016 et 2018 Des reacuteflexions sont en cours pour capitaliser au mieux ces retours drsquoexpeacuterience dans un format plus systeacutematique qui en faciliterait lrsquoanalyse

Par ailleurs le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement soutient et participe agrave lrsquoor-ganisation de manifestations commeacutemoratives au niveau local (crue de 1910) et aux actions engageacutees par les associations en faveur de la capitalisation de la meacutemoire des eacuteveacutenements

Encadreacute 12

La vigilance meacuteteacuteorologique un processus drsquoameacutelioration continue

Le dispositif de vigilance meacuteteacuteorologique encadreacute par une circulaire inter-ministeacuterielle (ministegravere de lrsquoInteacuterieur et ministegravere de la Transition eacutecolo-gique et solidaire) est opeacutereacute et diffuseacute par Meacuteteacuteo-France via de nombreux meacutedias de communication Crsquoest une proceacutedure drsquoavertissement de la popu-lation des autoriteacutes et des meacutedias sur le risque drsquooccurrence de pheacuteno-megravenes meacuteteacuteorologiques et hydrologiques dangereux dans les 24 heures agrave venir Chaque jour elle est actualiseacutee plusieurs fois systeacutematiquement agrave 6 heures et 16 heures et autant que neacutecessaire en cas de changement de niveau de risque

La carte de vigilance est produite en coopeacuteration avec Santeacute publique France pour ce qui concerne la canicule et avec le Service hydrographique et oceacuteanographique de la Marine (SHOM) pour lrsquoaleacutea vagues-submersion Elle est articuleacutee avec Vigicrues pour les aleacuteas pluie-inondation et inondation

En cas de risque marqueacute niveau de vigilance orange voire rouge la carte srsquoaccompagne de bulletins nationaux et reacutegionaux Ces bulletins preacutecisent les zones concerneacutees par le ou les aleacuteas la temporaliteacute et lrsquointensiteacute des pheacutenomegravenes attendus ou en cours

Au fil des anneacutees et des retours drsquoexpeacuterience sur les eacuteveacutenements clima-tiques majeurs le dispositif de vigilance a eacutevolueacute et srsquoest enrichi pour mieux informer la population et fournir les conseils de bons comporte-ments en cas de pheacutenomegravene meacuteteacuteorologique dangereuxndash La vigilance de Meacuteteacuteo-France a eacuteteacute creacuteeacutee suites aux tempecirctes Martin et Lothar de 1999 Un des constats suite agrave ces catastrophes eacutetait qursquoune meilleure information de la population aurait pu limiter les conseacutequences dramatiques de ces eacuteveacutenements (140 victimes pour lrsquoensemble de lrsquoEu-rope dont 92 pour la France meacutetropolitaine) Mise en place en 2001 pour cinq aleacuteas meacuteteacuteorologiques en meacutetropole (vent violent fortes preacutecipita-tions orages neige-verglas avalanches) la vigilance est conccedilue pour une eacutechelle deacutepartementale adapteacutee aux structures de planification et de gestion des crises et selon 4 niveaux de couleurs correspondant agrave des

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niveaux de risque (vert jaune orange rouge) Elle est articuleacutee avec les dispositifs drsquoalerte (ORSEC) mis en œuvre par les autoriteacutes deacutepartemen-tales et municipales (preacutefet mairehellip)ndash En 2004 les aleacuteas canicule et grand froid sont ajouteacutes suite notam-ment agrave la canicule de lrsquoeacuteteacute 2003ndash Pour prendre en compte les conseacutequences hydrologiques des fortes preacutecipitations les fortes pluies ont eacuteteacute remplaceacutees en 2007 par le risque laquo pluie-inondation raquo (risque de fortes pluies etou drsquoinondations associeacutees) Cela a eacutegalement permis de relayer le niveau de vigilance de Vigicrues dans la vigilance meacuteteacuteorologique

En octobre 2011 un an et demi apregraves la tempecircte Xynthia la vigilance laquo vagues-submersion raquo a compleacuteteacute le dispositif

Depuis 2016 la chronologie de la vigilance est accessible pour chaque deacutepartement Cela permet de connaicirctre lrsquoeacutevolution temporelle de la cou-leur de la vigilance aleacutea par aleacutea

Le travail se poursuit pour produire la vigilance meacuteteacuteorologique agrave une eacutechelle infradeacutepartementale et eacutetendre sa validiteacute au lendemain Par ail-leurs la vigilance vague-submersion va ecirctre eacutetendue agrave lrsquooutre-mer

Figure D13 ndash Carte de vigilance meacuteteacuteorologique du 1er deacutecembre 2017

Source Meacuteteacuteo-France

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Des reacuteflexions autour de la reconstruction post-catastrophe ont deacutejagrave eacuteteacute meneacutees en France notamment dans le domaine de la geacuteographie lrsquoobjectif est drsquoen tirer une opportuniteacute preacuteventive Les inondations en France meacutetropolitaine par exemple ont fait lrsquoobjet de nombreux travaux en raison de leur occurrence et de la phase post-catastrophe qui suit

Projet RETINA (Irstea) laquo Reacutesilience des territoires face agrave lrsquoinondation pour une approche preacuteventive par lrsquoadaptation post-eacuteveacutenement raquo

Ce projet meneacute de 2013 agrave 2016 dans le cadre des projets Risque deacutecision ter-ritoire (RDT) du ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement cherchait agrave deacuteterminer comment proceacuteder aux diffeacuterentes phases post-catastrophe par des retours drsquoex-peacuterience sur les inondations dans le Var (1999) et dans lrsquoAude (2010) quel type drsquoadaptation pendant ces phases (reacuteparation reconstruction reacuteorganisation) Lrsquoideacutee eacutetait donc drsquoobserver lacuteadaptation pendant les phases de laquo reacutesolution des deacutesordres raquo et drsquoen tirer des enseignements

Projet RAITAP (Cerema) laquo Repenser lrsquoAction preacuteventive face au risque drsquoinonda-tion agrave une eacutechelle territoriale inteacutegrant lrsquoAction post-inondation raquo

Ce projet a donneacute des reacuteponses importantes pour mieux comprendre la recons-truction post-catastrophe

Lrsquoexistence drsquoune structure organisationnelle unique permet de prendre des deacutecisions rapidement et efficacement Cependant sa dureacutee nrsquoexcegravedant pas deux ans elle ne reacuteduit donc pas la vulneacuterabiliteacute agrave moyen terme

Lrsquoexistence drsquoune eacutequipe sur place restreinte permet de prendre des deacuteci-sions de reconstruction dans lrsquourgence bien que son efficience deacutepende des qualiteacutes personnelles des individus y travaillant

Srsquoil existe une dynamique de renouvellement urbain avant la catastrophe il est plus aiseacute de faire eacutevoluer le projet en partant de la deacutemarche preacute-existante plutocirct que de tout reconstruire

Il y a une meilleure acceptabiliteacute sociale de la reconstruction lorsque des vies sont exposeacutees agrave lrsquoaleacutea

Reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute et de lrsquoexposition aux risques exemples de mise en œuvre

Introduction

Devant lrsquoaugmentation preacutevisible des pheacutenomegravenes extrecircmes avec le changement climatique la reacuteduction des impacts sur les enjeux passera par la mise en œuvre de mesures sur lrsquoexposition et sur la vulneacuterabiliteacute

Le bon fonctionnement des eacutecosystegravemes est agrave lrsquoorigine drsquoune multitude de services eacutecosysteacutemiques constituant ainsi une des cleacutes pour une meilleure atteacutenuation et adaptation Il faut donc veiller agrave renforcer la reacutesilience des eacutecosystegravemes face au

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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changement climatique dans une logique de maximisation des synergies entre preacuteservation des eacutecosystegravemes et usages humains en anticipant les transforma-tions agrave venir et en privileacutegiant les solutions fondeacutees sur la nature partout ougrave cela est pertinent La preacuteservation la restauration et le renforcement des continuiteacutes eacutecologiques en srsquoappuyant sur la trame verte et bleue et les infrastructures agro-eacutecologiques le deacuteveloppement drsquoun reacuteseau coheacuterent connecteacute et repreacutesentatif drsquoaires proteacutegeacutees mettant en place une gestion adaptative la recomposition spa-tiale du littoral agrave des eacutechelles de territoire pertinentes en inteacutegrant les espaces arriegraveres littoraux et en respectant les cellules hydroseacutedimentaires la veacutegeacutetalisa-tion des espaces urbains la mise en place de techniques alternatives drsquoassai-nissement la proposition drsquoessences si possible locales mieux adapteacutees aux stations forestiegraveres et plus reacutesilientes au feu et de modes de gestion paysagegravere limitant la propagation du feu sont autant drsquoexemples de solutions fondeacutees sur la nature qui permettent drsquoaccroicirctre la reacutesilience du territoire

Le bacircti devra eacutegalement ecirctre adapteacute au changement climatique pour favoriser sa reacutesilience aux risques tant naturels que sanitaires dans un urbanisme inteacutegrant ce changement notamment en utilisant les labels existants voire des moyens reacutegle-mentaires En zone urbaine lrsquoimpact des vagues de chaleur deacutepend en grande partie des infrastructures en place de lrsquourbanisme du type drsquohabitat et des modes de vie De nombreuses villes sont confronteacutees au pheacutenomegravene drsquolaquo icirclot de chaleur urbain raquo (ICU) qui deacutesigne lrsquoexcegraves des tempeacuteratures de lrsquoair observeacute reacuteguliegravere-ment pregraves du sol dans les zones urbaines en comparaison avec les zones rurales qui les entourent Les maxima drsquointensiteacute de lrsquoICU peuvent aller de 2 degC pour une ville de 1 000 habitants jusqursquoagrave 12 degC pour une ville de plusieurs millions drsquoha-bitants (ONERC 2010) Srsquoappuyer sur des solutions urbanistiques et architectu-rales innovantes permettrait donc de lutter contre lrsquoeffet drsquoicirclot de chaleur urbain et de renforcer le confort du bacircti

La reacuteduction des risques drsquoinondation et de submersion entre dans cette approche dans le cadre des Plans de gestion du risque inondation dont les PAPI consti-tuent un outil et dont le troisiegraveme appel agrave projet met lrsquoaccent sur les milieux natu-rels particuliegraverement concerneacutes par la mise en œuvre de cette approche sur les mesures autres que les travaux de protection

Lrsquoexemple des Programmes drsquoaction de preacutevention des inondations (PAPI)

La preacutevention des risques naturels se fait agrave des eacutechelles emboicircteacutees Elle est parti-culiegraverement structureacutee pour le risque inondation ougrave lrsquoaction est meneacutee de lrsquoeacutechelle du bassin hydrographique agrave celle du bassin versant et jusqursquoau territoire agrave risque important drsquoinondation Ainsi le risque inondation est pris en compte de lrsquoamont agrave lrsquoaval des cours drsquoeau Pour tous les aleacuteas sont ainsi mis en coheacuterence

des logiques de protection qui peuvent ecirctre relativement eacuteloigneacutees geacuteographi-quement des enjeux (par exemple les barrages eacutecrecircteurs de crues)

des ameacutenagements des territoires au travers des PPR ou des PLU des reacuteductions de la vulneacuterabiliteacute des enjeux agrave lrsquoeacutechelle des bacirctiments des mesures qui touchent aux comportements des personnes

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Agrave cet emboitement geacuteographique et institutionnel correspond la compleacutementa-riteacute des diffeacuterents outils La mise en place des Programmes drsquoaction de preacuteven-tion des inondations (PAPI) porteacutes par les collectiviteacutes locales est lrsquoillustration mecircme drsquoune deacutemarche eacutequilibreacutee et inscrite dans la dureacutee

Lrsquoappel agrave projets national permettant la labellisation et le subventionnement des PAPI par lrsquoEacutetat via le FPRNM existe depuis 2002 Il a eacuteteacute renouveleacute en 2011 puis en 2018 au travers de cahiers des charges agrave destination des collectiviteacutes locales porteuses

Lrsquoeacutelaboration des PAPI demande en premier lieu celle de strateacutegies locales sur un territoire pertinent vis-agrave-vis des risques drsquoinondation strateacutegie qui permet de deacutefinir un programme drsquoactions et drsquoopeacuterations agrave entreprendre Les engagements pris dans les PAPI de troisiegraveme geacuteneacuteration sont deacuteclineacutes en sept axes

axe 1 lrsquoameacutelioration de la connaissance et de la conscience du risque axe 2 la surveillance la preacutevision des crues et des inondations axe 3 lrsquoalerte et la gestion de crise axe 4 la prise en compte du risque inondation dans lrsquourbanisme axe 5 les actions de reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute des personnes et des

biens (obligatoire) axe 6 le ralentissement des eacutecoulements axe 7 la gestion des ouvrages de protection hydrauliques

Le dispositif est destineacute agrave tous les territoires agrave enjeux couverts par un PPR inon-dation exposeacutes aux inondations quelle qursquoen soit la nature (hors deacutebordements de reacuteseaux) et vise agrave assurer une prise en compte globale des diffeacuterents aleacuteas inondation auxquels peut ecirctre soumis le territoire

Les projets de PAPI doivent srsquoefforcer de mobiliser lrsquoensemble des axes de la gestion des risques drsquoinondation dans une gradation et un eacutequilibre qui varient drsquoun territoire agrave lrsquoautre Les travaux dimensionnant sur des ouvrages de protec-tion sont soumis agrave une analyse coucirct-beacuteneacutefice visant agrave eacutevaluer la pertinence des travaux preacutevus ou agrave une analyse multicritegravere pour les projets dont le montant est supeacuterieur agrave 5 millions drsquoeuros

La deacutemarche PAPI porte en premier lieu sur la gestion des risques drsquoinonda-tion tout en recherchant une coheacuterence avec les objectifs des autres politiques publiques mises en œuvre sur le territoire (ameacutenagement du territoire et deacutevelop-pement local preacuteservation des milieux naturels du patrimoine culturel qualiteacute de lrsquoeauhellip) Si le PAPI est porteacute par une collectiviteacute locale qui devrait ecirctre agrave terme une collectiviteacute exerccedilant la compeacutetence Gemapi le portage des actions est assureacute par les acteurs du territoire selon leur compeacutetence (collectiviteacutes territoriales ser-vices de lrsquoEacutetat particuliers entreprises)

Au 1er janvier 2018 159 PAPI et projets drsquoendiguements hors PAPI ont ainsi eacuteteacute labelliseacutes Ils repreacutesentent un total de 1 846 Meuro alloueacutes agrave la preacutevention des inon-dations dont 751 Meuro drsquoaide de lrsquoEacutetat principalement au titre du FPRNM Environ 67 millions drsquohabitants (40 de la population exposeacutee au risque) et 38 millions

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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drsquoemplois (plus de 40 des emplois exposeacutes au risque) beacuteneacuteficient de ces deacutemarches de preacutevention La masse la plus importante de deacutepense concerne les travaux sur les systegravemes drsquoendiguement (50 ) qui par nature sont les plus coucircteux On observe toutefois ces derniegraveres anneacutees qursquoune part croissante des deacutepenses est consacreacutee au ralentissement des eacutecoulements (axe 6) et agrave la mobi-lisation des fonctionnaliteacutes naturelles des milieux humides

Il srsquoagit de deacutemarches drsquoameacutenagement durable dont lrsquoinscription dans la dureacutee se justifie compte tenu des investissements envisageacutes et de la neacutecessiteacute de dis-poser drsquoun programme partageacute avec les diffeacuterentes parties prenantes La dureacutee drsquoeacutelaboration du PAPI est variable selon la maturiteacute du territoire (un agrave trois ans)La convention-cadre PAPI srsquoeacutetend au maximum sur six ans

Encadreacute 13

Lrsquoeacutelaboration du PAPI Breacutevenne-Turdine

Dans la continuiteacute du travail engageacute via le contrat de riviegravere le programme drsquoaction de preacutevention des inondations (PAPI) Breacutevenne-Turdine labelliseacute en 2013 a eu pour volonteacute de privileacutegier les solutions fondeacutees sur la nature et drsquoimpacter le moins possible les milieux naturels Le bassin ne compre-nant pas de digue agrave lrsquoorigine le choix a eacuteteacute fait de ne pas en construire Le programme ne comprenant pas drsquoouvrages de protection (axe 7) est ainsi baseacute sur le principe drsquoaccepter les deacutebordements lagrave ougrave il nrsquoy a pas drsquoenjeux et de revenir agrave un fonctionnement naturel des cours drsquoeau

La strateacutegie choisie a en effet miseacute sur la preacutevention du risque aupregraves de la population reacutealisation drsquoaction de communication (vulgarisation du PPRI organisation drsquoun salon tous les deux ans plan familial de mise en sucircreteacute reacutealisation de diagnostics de vulneacuterabiliteacute gratuits pour les habi-tants) sensibilisation des eacutelus qui assurent ensuite un rocircle de relais mise en place du reacuteseau laquo sentinelle raquo avec des habitants volontaires qui font remonter les informations ou alertes

Ainsi la vulneacuterabiliteacute du territoire a diminueacute mais crsquoest surtout la conscience du risque qui a beaucoup eacutevolueacute La concertation meneacutee notamment avec les riverains et acteurs agricoles dans une deacutemarche drsquoouverture et de discussion constructive et pas seulement informative a eacuteteacute un facteur deacuteterminant dans le choix des actions

Le syndicat a fait appel agrave un cabinet de meacutediation et a pu compter sur une forte implication des maires facilitant le lien avec les habitants Des eacutevo-lutions ont eacuteteacute apporteacutees au programme choix de deux ouvrages sur les cinq initiaux baisse de lrsquoimpact sur le foncier appui sur des mateacuteriaux natu-rels sur-inondation de zones pour proteacuteger lrsquoaval renforcement de lrsquoaction sur le ruissellement La faisabiliteacute des adaptations a ensuite eacuteteacute reveacuterifieacutee

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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La deacutemarche exemplaire du PAPI pour les inondations est reproduite pour drsquoautres aleacuteas tels que les caviteacutes souterraines (non traiteacutees dans ce rapport) et les risques en montagne

Encadreacute 14

Les risques en montagne

Les risques en montagne preacutesentent des caracteacuteristiques geacuteophysiques et socio-eacuteconomiques speacutecifiques La geacuteographie de la montagne de par la pente et le relief conditionne fortement les pheacutenomegravenes naturels Les aleacuteas en preacutesence sont multiples (glissements de terrains laves torren-tielles crues avalancheshellip) soudains rapides (cineacutetique plus eacuteleveacutee en montagne qursquoen plaine) et souvent de forte intensiteacute Un mecircme terri-toire est couramment concerneacute par plusieurs pheacutenomegravenes Les reacuteflexions meneacutees dans le cadre des Assises nationales des risques naturels en deacutecembre 2013 ont conclu agrave la neacutecessiteacute de territorialiser davantage la gestion des risques en montagne dans une approche multirisque multi-acteur colleacutegiale et partenariale avec lrsquoEacutetat les eacutelus locaux la socieacuteteacute civile et lrsquoensemble des acteurs du territoire

Dans ce contexte lrsquoEacutetat souhaite soutenir lrsquoeacutemergence et la mise en œuvre de projets concerteacutes de preacutevention des aleacuteas de montagne sur des peacuteri-megravetres coheacuterents par lrsquointermeacutediaire des strateacutegies territoriales pour la preacutevention des aleacuteas de Montagne (STEPRIM) Un appel agrave projets a eacuteteacute ouvert en 2017 agrave lrsquoensemble des collectiviteacutes groupements de collectiviteacutes ou autres structures drsquointeacuterecirct public dont le peacuterimegravetre de compeacutetence est tout ou partie inclus dans les massifs montagneux franccedilais Il avait pour objectif drsquoinitier et drsquoencourager des deacutemarches pilotes de gestion inteacute-greacutee des risques naturels sur les territoires de montagne Il srsquoagissait de deacutefinir une strateacutegie deacuteclineacutee en programme drsquoactions opeacuterationnel pour atteindre des objectifs en termes drsquoameacutelioration de la connaissance et de la conscience des risques de preacutevision et de surveillance des risques drsquoalerte et de gestion de crise de prise en compte des risques dans lrsquour-banisme de reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute et de travaux de protection

Des exemples de reacutealisation sont rapidement preacutesenteacutes dans les pages suivantes deacutemontrant que de telles reacutealisations sont possibles

Des solutions urbanistiques et architecturales

Construction sur pilotis agrave Saint-Pierre-des-Corps pour lutter contre les inondations

Saint-Pierre-des-Corps a eacuteteacute laureacuteat du Grand Prix drsquoameacutenagement laquo Comment mieux bacirctir en terrains inondables constructibles raquo lanceacute le 16 janvier 2015 par

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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le ministegravere en charge de lrsquoeacutecologie et du logement et qui vise agrave promouvoir des projets drsquoameacutenagement innovants pour rendre les habitants moins vulneacuterables aux risques drsquoinondation

Agrave la confluence du Loir et du Cher la commune est particuliegraverement exposeacutee agrave lrsquoaleacutea inondation ce qui limite fortement son deacuteveloppement

Pour relever ces deacutefis Saint-Pierre-des-Corps a deacutecideacute de miser sur lrsquoinnovation architecturale Lrsquooriginaliteacute du projet est drsquoavoir conccedilu un quartier entiegraverement percheacute sur pilotis pour srsquoadapter au risque Le projet a permis la construction de soixante-seize logements dont vingt logements sociaux sur un espace de 2 hec-tares dans une zone inondable agrave proximiteacute du centre-ville Lrsquoensemble est consti-tueacute de maisons suspendues relieacutees entre elles par des coursives permettant de continuer agrave se deacuteplacer en cas drsquoinondation de jardins agrave la place des routes limi-tant lrsquoartificialisation du terrain pour faciliter lrsquoeacutecoulement des eaux et drsquoun bassin de reacutetention pour recueillir les eaux pluviales

Gestion alternative des eaux agrave Rouen pour adapter les projets drsquoameacutenagement

urbain au changement climatique

De par sa situation geacuteomorphologique la ville de Rouen fait face agrave plusieurs eacuteveacute-nements extrecircmes et qui auront de plus en plus drsquoimpacts avec le changement climatique Au niveau national la Seine-Maritime est un deacutepartement reconnu comme sensible au risque drsquoinondation Situeacutee dans une cuvette induisant de faibles vitesses de vents la ville de Rouen est par ailleurs sujette au pheacutenomegravene drsquoicirclot de chaleur urbain associeacute aux fortes tempeacuteratures

Pour relever ce double deacutefi le parti pris a eacuteteacute de mettre en place une gestion inteacute-greacutee des eaux dans lrsquoeacutecoquartier de la zone drsquoameacutenagement concerteacute Luciline ndash Rives de Seine Pour lutter contre les inondations plusieurs solutions ont eacuteteacute trouveacutees afin drsquoassurer la fonctionnaliteacute du quartier mecircme en peacuteriode de crue ouvrages hydrauliques avec clapets antiretour contre les mareacutees construction de chambre de crues sureacuteleacutevation des seuils construction drsquoun reacuteseau de noues srsquoappuyant sur une noue 21 centrale paysagegravere de 5 megravetres de large et 3 megravetres de profondeur

De mecircme la lutte contre lrsquoicirclot de chaleur urbain srsquoappuie eacutegalement sur la gestion des eaux la remise agrave jour partielle de la riviegravere Luciline via des canaux et les noues le deacuteveloppement des toitures veacutegeacutetaliseacutees et la mise en place drsquoun reacuteseau de geacuteothermie basse tempeacuterature agrave partir de la nappe drsquoeau drsquoaccompagnement de la Seine permettant de seacutecuriser les apports eacutenergeacutetiques pour le chauffage hivernal et le rafraicircchissement estival des bacirctiments de lrsquoeacutecoquartier

21 Sorte de fosseacute herbeux qui remplit un rocircle de zone-tampon pour les eaux de ruissellement

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

145

Figure D14 ndash Maisons sur pilotis agrave Saint-Pierre-des-Corps

copy Atelier Alain Gourdon

Figure D15 ndash Rouen Quartier Luciline ndash Rives de Seine

copy Agence DampA

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

146

Encadreacute 15

22 httpwwwgeolittoraldeveloppement-durablegouvfr

Le recul du trait de cocircte

Le recul du trait de cocircte est un pheacutenomegravene naturel qui concerne environ 20 du littoral franccedilais (hors Guyane) et ce chiffre pourrait ecirctre revu agrave la hausse avec les effets du changement climatique Il est caracteacuteriseacute par une cineacutetique lente et preacutevisible qui sauf exception ne met donc pas en jeu des vies humaines mais qui conduit agrave terme agrave la disparition deacutefi-nitive du terrain En ce sens le recul du trait de cocircte constitue un para-megravetre agrave prendre en compte pour lrsquoameacutenagement des territoires littoraux agrave moyen et long termes

Afin de disposer drsquoun eacutetat des lieux de lrsquoeacutevolution du trait de cocircte sur le littoral franccedilais un indicateur national de lrsquoeacuterosion cocirctiegravere a eacuteteacute produit par le Cerema 22 La cocircte atlantique (notamment la Charente-Maritime et la Gironde) et la cocircte meacutediterraneacuteenne (notamment le Gard et les Bouches-du-Rhocircne) sont particuliegraverement concerneacutees En outre-mer le littoral de la Guyane fait partie des cocirctes les plus instables au monde mais nrsquoa pas eacuteteacute traiteacute dans cette eacutetude (fig D16)

Des eacutetudes scientifiques sont meneacutees pour mieux comprendre lrsquoimpact du changement climatique sur lrsquoeacuterosion du littoral

Plusieurs propositions de loi posent depuis 2016 la question de lrsquoadap-tation des territoires littoraux au recul du trait de cocircte Ces travaux parle-mentaires visent notamment agrave faciliter lrsquoanticipation du pheacutenomegravene sur ces territoires en preacutevoyant des dispositions propres agrave la zone soumise au recul du trait de cocircte Il faut trouver un eacutequilibre entre la liberteacute des col-lectiviteacutes de faire vivre leurs territoires et lrsquoobligation drsquoanticipation ainsi que la transformation du territoire qui en deacutecoule et la neacutecessiteacute drsquoinfor-mation des citoyens suffisamment en amont Cela suppose drsquoune part de pouvoir doter les collectiviteacutes drsquooutils drsquourbanisme adapteacutes le PPR nrsquoeacutetant vraisemblablement pas lrsquooutil le plus adeacutequat pour le recul du trait de cocircte et drsquoautre part de disposer drsquooutils de financement permettant drsquoamorcer les deacutemarches de transformation des territoires

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Figure D16 ndash Eacutevolution du trait de cocircte

Sources Cerema et MTES 2017

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

148

Une deacutemarche prospective participative agrave Lacanau pour lutter contre le recul du trait de cocircte

Confronteacute agrave un pheacutenomegravene drsquoeacuterosion marine qui menace une grande partie de son eacuteconomie touristique Lacanau a initieacute une reacuteflexion sur la relocalisation dans le cadre de lrsquoappel agrave projets national laquo Relocalisation des activiteacutes et des biens littoraux raquo lanceacute en 2012 par le ministegravere de lrsquoEacutecologie du Deacuteveloppement durable et de lrsquoEacutenergie Sous lrsquoaction des vagues et des tempecirctes la dune sur laquelle sont implanteacutees les activiteacutes et les biens est maintenue par un ouvrage de deacutefense Au pied de celui-ci la plage se reacutetreacutecit et srsquoabaisse Au nord et au sud de lrsquoouvrage les dunes naturelles reculent drsquoenviron deux megravetres par an en moyenne et ont reculeacute de 10 agrave 25 megravetres selon les endroits lors des tempecirctes de lrsquohiver 2013-2014

Pour faire face agrave ces deacutefis la mairie de Lacanau et le GIP littoral Aquitain ont choisi drsquoengager une deacutemarche prospective permettant drsquoenvisager plusieurs futurs possibles (strateacutegie de relocalisation ou strateacutegie de lutte active contre lrsquoeacuterosion) pour caracteacuteriser les enjeux drsquoadaptation au pheacutenomegravene drsquoeacuterosion et participa-tive srsquoappuyant sur un comiteacute de concertation local constitueacute drsquoune trentaine de personnes repreacutesentant les reacutesidents les associations environnementales les acteurs eacuteconomiques et institutionnels du territoire

Figure D17 ndash Photographie extraite de lrsquoObservatoire du littoral canaulais (vue aeacuterienne sud-nord) prise dans le cadre de la Strateacutegie locale de gestion de la bande cocirctiegravere 2016-2018 de Lacanau

copy Ville de Lacanau Photographe 1 Moment 1 Image Partenaires Europe (Fonds FEDER) Reacutegion Nouvelle-Aquitaine preacutefecture de Gironde (Fonds FNADT) GIP littoral aquitain

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

149

Cette deacutemarche a permis drsquoidentifier une lacune majeure lrsquoabsence drsquooutil pour geacuterer les biens menaceacutes par lrsquoeacuterosion marine des cocirctes sableuses Lrsquoeacutetude de faisabiliteacute nrsquoa pas permis de trancher entre protection et relocalisation agrave lrsquoeacutechelle locale mais elle a deacuteboucheacute sur la deacutefinition drsquoune strateacutegie locale de gestion du trait de cocircte par la mairie de Lacanau pour la peacuteriode 2016-2018 preacutevoyant une seacuterie drsquoactions laquo sans regret raquo qui fonctionneront quelles que soient les deacuteci-sions futures

Des solutions fondeacutees sur la nature

Cyclones tempecirctes tropicales

Restauration de la mangrove pour lutter contre les impacts des cyclones et des tempecirctes tropicales

Lrsquourbanisation croissante du littoral a fortement deacutegradeacute les mangroves de Guadeloupe Sur la zone industrielle de Jarry 600 hectares ont eacuteteacute remplaceacutes par des infrastructures urbaines depuis 1967 Or les mangroves jouent un rocircle essentiel dans la conservation des littoraux tropicaux en stabilisant le trait de cocircte et en diminuant lrsquoeacutenergie des vagues

Figure D18 ndash Plants de paleacutetuviers rouges agrave la pointe Jarry

Source Replantation de paleacutetuviers agrave la Pointe Jarry (Guadeloupe) ndash action reacutealiseacutee dans le cadre de Cagraveyoli programme de gestion des espaces naturels du Grand port maritime de Guadeloupe

copy 22 feacutevrier 2018 Mariane Aimar Caraiumlbes

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

150

Pour faire face agrave ce deacutefi le Grand port maritime de Guadeloupe (GPMG) srsquoest engageacute en 2016 avec le soutien de la CDC Biodiversiteacute dans un plan de res-tauration des mangroves dans le cadre du programme environnemental Cagraveyoli Depuis Coraiumlbes prestataire en charge du projet a creacuteeacute deux peacutepiniegraveres de paleacute-tuviers et a initieacute apregraves plusieurs mois de culture les premiegraveres transplantations en milieu naturel Quarante plants de paleacutetuviers rouges (Rhizophora mangle) sont deacutesormais installeacutes sur la pointe Sud de Jarry Ainsi le littoral guadeloupeacuteen beacuteneacuteficiera agrave terme drsquoune meilleure protection face aux houles cycloniques et agrave lrsquoeacuterosion marine

Conclusions

Reacuteduire lrsquoimpact des catastrophes naturelles est un objectif qui fait bien sucircr consen-sus Face agrave des eacuteveacutenements extrecircmes qui pourraient compte tenu du change-ment climatique ecirctre plus freacutequents et plus intenses la politique de preacutevention est compleacutementaire de la politique drsquoadaptation Il srsquoagit drsquoune politique de long terme deacutejagrave mise en œuvre concregravetement dans de nombreux territoires mais qui doit se renforcer de maniegravere notamment agrave contribuer agrave la stabiliteacute du reacutegime drsquoin-demnisation Le maintien de la soutenabiliteacute du dispositif CatNat dans le contexte du changement climatique passera par le renforcement des mesures de preacuteven-tion gracircce agrave la mobilisation du FPRNM Drsquoautres leviers comme une prise en charge diffeacuterente des dommages lieacutes au retrait-gonflement des argiles (qui ne fait pas de victimes) apporteraient une eacutevolution favorable agrave lrsquoeacutequilibre du dispositif

Lrsquoeacutevaluation de la politique de preacutevention des risques est complexe ne serait-ce qursquoagrave cause du nombre des acteurs mobiliseacutes des moyens (humains et financiers) mis en œuvre difficiles agrave quantifier ou du fait drsquoindicateurs difficiles agrave deacutefinir ou agrave objectiver (comme ceux deacutefinis dans le cadre drsquoaction de Sendai pour la reacuteduc-tion des risques de catastrophes) Les mesures de preacutevention mises en œuvre ont neacuteanmoins largement porteacute leurs fruits lors les inondations survenues en jan-vier-feacutevrier 2018 (eacutetude meneacutee par la CCR 23) Sur le bassin de la Seine en amont de la confluence avec lrsquoOise les pertes eacuteviteacutees se mesurent en dizaines de mil-lions drsquoeuros et repreacutesentent plus de 30 des dommages assureacutes Les mesures de preacutevention concernent les travaux reacutealiseacutes en amont de Paris sur les grands lacs reacuteservoirs qui servent notamment agrave stocker de lrsquoeau en cas drsquoeacutepisode de crue pour limiter le deacutebit en aval Au-delagrave de lrsquoaction des lacs des effets reacuteels mais non quantifiables des dispositifs de preacutevention et de preacuteparation agrave la crise ont participeacute agrave une reacuteduction des coucircts des inondations

Mieux eacutevaluer et faire connaicirctre le coucirct des dommages provoqueacutes par les aleacuteas naturels constituent des leviers de preacutevention efficaces et qui permettent de limiter le recours au reacutegime drsquoindemnisation national (dispositif CatNat) Lrsquoinformation preacuteventive et la culture du risque sont pour cela des acceacuteleacuterateurs de projets ils sont indispensables pour feacutedeacuterer et mener agrave bien les choix drsquoameacutenagement du

23 httpswwwccrfr-retour-sur-les-inondations-de-janvier-et-fevrier-2018 lien au 2 octobre 2018

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

151

territoire porteacutes largement par les collectiviteacutes locales autour de constats parta-geacutes Des outils existent qursquoils soient drsquoordre strateacutegique reacuteglementaire ou finan-cier pour engager une transformation des territoires les plus exposeacutes dans le contexte du changement climatique

Conclusion

Conclusion

155

PLACARD (PLAtform for Climate Adaptation and Risk reDuction)

un projet de recherche europeacuteen pour renforcer les liens entre lrsquoadaptation au changement climatique et la preacutevention des risques

PLACARD est un projet de recherche lanceacute en juin 2015 et fi nanceacute dans le cadre du programme de recherche europeacuteen Horizon 2020 et coordonneacute par la Fondation de la faculteacute des sciences de lrsquouniversiteacute de Lisbonne Ce projet a eacuteteacute conccedilu pour renforcer les liens entre les communauteacutes de lrsquoadaptation au changement climatique et de la reacuteduction des risques de catastrophe aux niveaux international europeacuteen national et infranational afi n de mettre en coheacuterence et drsquoameacuteliorer la planifi cation de leurs actions PLACARD entend relever ce deacutefi en fournissant un espace commun de dia-logue et de partage drsquoexpeacuteriences sous la forme drsquoun reacuteseau opeacuterationnel reliant les organisations et reacuteseaux existants Ce reacuteseau englobant sou-tiendra le deacuteveloppement et la mise en œuvre drsquoun agenda de recherche et drsquoinnovation pour ameacuteliorer lrsquoutilisation des fi nancements deacutedieacutes agrave la recherche et pour deacutevelopper des orientations agrave destination des institu-tions souhaitant srsquoattaquer aux enjeux de lrsquoadaptation au changement cli-matique et de la preacutevention des risques de catastrophe Les principaux attendus de ce projet sont

la creacuteation drsquoune plate-forme en ligne permettant drsquoorganiser des consulta-tions et de faciliter le dialogue entre diffeacuterents groupes de parties prenantes

Interactions entre les politiques de preacutevention des risques et drsquoadaptation au changement climatique

Source ONERC drsquoapregraves Swiss NGO DDR Plateform

Adaptation au Changement Climatique

Preacutevention Reacuteduction des Risques

RisquesClimat

bull Hausses des tempeacuteratures

bull Modifications des reacutegimes de preacutecipitation

bull Impacts sur les eacutecosystegravemes

bull Fonte des glaciers

Risques geacuteologiques bull Tremblements de terre bull Tsunamis bull Glissements de terrains

Eveacutenements extrecircmes bull Seacutecheresses bull Pluies intenses et

inondations bull Grecircle bull Vagues de

chaleurde froid bull Feux de forecircts bull Tornades bull Cyclones

Gestion des risques climatiques (y compris les eacuteveacutenements extrecircmes)

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

156

le deacuteveloppement de synergies et une plus grande coopeacuteration entre lrsquoUnion europeacuteenne les Eacutetats membres et les initiatives de lrsquoadaptation au changement climatique et de la preacutevention des risques de catastrophes financeacutees au niveau international

un meilleur essaimage des activiteacutes de recherche et drsquoinnovation dans les domaines de lrsquoadaptation au changement climatique et de la preacuteven-tion des risques de catastrophe

lrsquoameacutelioration de lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformation et agrave la connaissance dans ces domaines

une assimilation accrue des enjeux de prospective sous-jacents une ameacutelioration dans les domaines de la science des politiques

publiques de la communication de lrsquoeacutechange drsquoinformation et de connaissance

Les eacuteveacutenements passeacutes et notamment les plus reacutecents ont deacutemontreacute la vulneacutera-biliteacute de nos populations et territoires La canicule de 2003 reste dans tous les esprits avec une surmortaliteacute de plus de 15 000 personnes mais eacutegalement avec un coucirct assurantiel qui a deacutepasseacute 18 milliard drsquoeuros (actualiseacutes 2017) Les plans canicule mis en place depuis ont tregraves certainement pu reacuteduire les coucircts humains mais le sceacutenario climatique le plus pessimiste (RCP85) montre qursquoune canicule telle que celle de 2003 pourrait ecirctre un pheacutenomegravene relativement banal agrave lrsquohorizon 2100

Si pris de maniegravere indeacutependante aucun eacuteveacutenement extrecircme ne peut ecirctre attribueacute en tant que tel au changement climatique les travaux de recherche eacutetablissent que le changement climatique vient modifier lrsquooccurrence ou lrsquointensiteacute de certains aleacuteas Dans le domaine assurantiel les reacutesultats de modeacutelisation du climat futur reacutealiseacutee par Meacuteteacuteo-France agrave lrsquoaide de son modegravele Arpegravege-Climat croiseacutes avec les modegraveles drsquoaleacutea (inondation seacutecheresse et submersion marine) et de dommages de la CCR permettent drsquoeacutevaluer in fine la hausse attendue des pertes annuelles moyennes agrave lrsquohorizon 2050 agrave 50

Lrsquoaugmentation de freacutequence et drsquointensiteacute des aleacuteas lieacutes au systegraveme climatique principalement les extrecircmes hydromeacuteteacuteorologiques et lrsquoapparition de nouveaux risques dus agrave lrsquoeacutevolution du climat potentiellement nouveaux risques hydromeacute-teacuteorologiques des catastrophes biologiques (par exemple ravageurs ou maladies vectorielles non traiteacutes dans ce rapport) rendent encore plus neacutecessaire lrsquoarti-culation qui lie les politiques de preacutevention et de gestion des risques naturels et drsquoadaptation au changement climatique Dans les deux cas il srsquoagit avant tout drsquoanticiper les pheacutenomegravenes afin drsquoen limiter les conseacutequences et de tirer parti du retour drsquoexpeacuteriences de la gestion de crise pour mieux reconstruire

Les actions preacutevues dans le deuxiegraveme plan national drsquoadaptation au change-ment climatique permettront de minimiser les impacts attendus du changement

Conclusion

157

climatique en renforcement des politiques deacutejagrave en place de preacutevention et de gestion des risques naturels majeurs et des risques sanitaires

Lrsquoameacutelioration continue des connaissances permettra de preacuteciser les impacts futurs du changement climatique Les incertitudes actuelles ne doivent toute-fois pas empecirccher lrsquoaction pour se preacuteparer degraves agrave preacutesent agrave une tempeacuterature moyenne mondiale de 2 degC supeacuterieure agrave celle de lrsquoegravere preacute-industrielle qui corres-pond agrave lrsquoobjectif de long terme de lrsquoAccord de Paris tout en continuant agrave faire le maximum pour ne pas deacutepasser 15 degC

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Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

Creacuteeacute par la loi du 19 feacutevrier 2001 lrsquoONERC mateacuterialise la volonteacute du Parlement et du gouvernement drsquointeacutegrer les effets du changement climatique dans les politiques publiques environnementales en France meacutetropolitaine et drsquooutre-mer LrsquoONERC est rattacheacute au ministegravere de la Transition eacutecologique et soli-daire (MTES) via le Service climat et efficaciteacute eacutenergeacutetique de la Direction geacuteneacuterale de lrsquoeacutenergie et du climat (DGEC)Lrsquoorientation de lrsquoaction de lrsquoONERC est assureacutee depuis 2017 (deacutecret no 2017-211 du 20 feacutevrier 2017) par une commission speacutecialiseacutee deacutedieacutee du Conseil national de la transition eacutecologique preacutesideacutee par M Ronan Dantec seacutena-teur de Loire-Atlantique (arrecircteacute du 14 avril 2017) LrsquoONERC est dirigeacute par M Laurent Michel directeur geacuteneacuteral de lrsquoeacutenergie et du climat Le secreacuteta-riat geacuteneacuteral est assureacute par M Eacuteric Brun assisteacute de cinq chargeacutes de mission dont une adjointe au secreacutetaire geacuteneacuteral et un ingeacutenieur documentaire-web-mestre appuyeacutes sur la quasi-totaliteacute de la peacuteriode par trois chargeacutes de mission dont un entiegraverement deacutedieacute agrave lrsquoaccueil par la France de la 47e reacuteunion pleacute-niegravere du GIEC Au sein du Service climat et efficaciteacute eacutenergeacutetique lrsquoONERC constitue le laquo pocircle Adaptation au changement climatique raquo de la DGEC en charge du pilotage et la mise en œuvre de la politique nationale drsquoadapta-tion Il assure eacutegalement la fonction de point focal de la France au sein du Groupe drsquoexperts intergouvernemental sur lrsquoeacutevolution du climat (GIEC) Cette annexe sans ecirctre exhaustive preacutesente les principales actions de lrsquoONERC entre octobre 2017 et septembre 2018

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

171

Action internationale

Du fait de lrsquoaccueil par la France de la 47e reacuteunion pleacuteniegravere du GIEC qui srsquoest tenue du 13 au 16 mars 2018 au siegravege de lrsquoUnesco agrave Paris la fonction de point focal du GIEC pour la France a occupeacute une large part des activiteacutes internationales de lrsquoobservatoire en 2017 et 2018 En outre lrsquoONERC a poursuivi sa participa-tion reacuteguliegravere aux autres travaux internationaux notamment au niveau de lrsquoUnion europeacuteenne et de la CCNUCC et a deacuteveloppeacute des relations multilateacuterales et bila-teacuterales avec les services en charge des politiques publiques drsquoadaptation dans plusieurs pays

Groupe drsquoexperts intergouvernemental sur lrsquoeacutevolution du climat (GIEC)

En septembre 2017 la France a proposeacute drsquoaccueillir la 47e reacuteunion pleacuteniegravere du GIEC reacutepondant ainsi agrave lrsquoun des objectifs annonceacutes dans le Plan climat du gou-vernement publieacute le 6 juillet 2017

La tenue agrave Paris de cette reacuteunion quelques mois apregraves le One Planet Summit et le lancement de lrsquoinitiative Make Our Planet Great Again teacutemoigne de lrsquoengage-ment constant de la France sur les questions climatiques et marque son appui reacutesolu aux travaux du GIEC

Ceacuteleacutebration des trente ans du GIEC

copy ONERC ndash VB

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

172

Avec comme programme de travail essentiel de renforcer de faccedilon peacuterenne la situa-tion financiegravere du GIEC cette 47e pleacuteniegravere a pleinement reacutealiseacute son principal objec-tif Lors de la journeacutee de ceacuteleacutebration en lrsquohonneur des trente anneacutees drsquoexistence du GIEC le ministre drsquoEacutetat ministre de la Transition eacutecologique et solidaire et le ministre de lrsquoEurope et des Affaires eacutetrangegraveres ont ainsi rappeleacute lrsquoaugmentation significative de la contribution de leurs deux ministegraveres aupregraves du GIEC agrave hauteur de 1 million drsquoeuros par an jusqursquoagrave la publication du sixiegraveme rapport drsquoeacutevaluation en 2022 Cette annonce concreacutetise lrsquoengagement du Preacutesident de la Reacutepublique pris lors de la COP 23 et confirmeacute lors du One Planet Summit

Pour accompagner cet eacuteveacutenement une nouvelle eacutedition du livret laquo Mieux com-prendre le GIEC raquo a eacuteteacute eacutelaboreacutee avec lrsquoappui de la direction de la communication (DICOM) du MTES Cette brochure fait le point sur ce qursquoest le GIEC comment il fonctionne et ce qursquoil produit Un numeacutero speacutecial de la lettre aux eacutelus pour les trente ans du GIEC a eacutegalement eacuteteacute diffuseacute agrave cette occasion Cette eacutetroite colla-boration avec la DICOM a aussi permis de reacutealiser une courte animation videacuteo sur trente ans de travaux du GIEC

Ces supports de communication ont eacuteteacute largement diffuseacutes sur les reacuteseaux sociaux et sur le Web Lrsquoeacuteveacutenement a fait lrsquoobjet drsquoune couverture meacutediatique conseacutequente aussi bien dans la presse geacuteneacuteraliste que speacutecialiseacutee

Le GIEC est engageacute dans son sixiegraveme cycle drsquoeacutevaluation visant agrave produire le sixiegraveme rapport drsquoeacutevaluation (AR6) trois rapports speacuteciaux et une mise agrave jour du rapport meacutethodologique pour les inventaires drsquoeacutemissions de gaz agrave effet de serre

Animation videacuteo sur trente ans de travaux du GIEC

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

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Livret laquo Mieux comprendre le GIEC raquo

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Reacuteunions pleacuteniegraveres et du bureau du GIEC

En coordination avec les ministegraveres en charge de la recherche et des affaires eacutetran-gegraveres lrsquoONERC en tant que point focal du GIEC pour la France assure la repreacute-sentation permanente de la France au sein des organes de gouvernance du GIEC

Sur la peacuteriode couverte par ce rapport lrsquoONERC a ainsi participeacute agrave la 47e reacuteunion pleacuteniegravere qursquoil a organiseacutee agrave Paris ainsi qursquoagrave la 55e reacuteunion du bureau du GIEC en appui de Valeacuterie Masson-Delmotte repreacutesentante franccedilaise au bureau copreacute-sidente du groupe de travail 1

Encadreacute 1

laquo Trente ans du GIEC et sixiegraveme cycle drsquoeacutevaluation raquo

Depuis trente ans le GIEC eacutevalue lrsquoeacutetat des connaissances sur lrsquoeacutevolu-tion du climat ses causes ses impacts Il identifie eacutegalement les possi-biliteacutes de limiter lrsquoampleur du reacutechauffement et la graviteacute de ses impacts et de srsquoadapter aux changements attendus Les rapports du GIEC four-nissent un eacutetat des lieux reacutegulier des connaissances les plus avanceacutees Cette production scientifique est au cœur des neacutegociations internationales sur le climat Elle est aussi fondamentale pour alerter les deacutecideurs et la socieacuteteacute civile

La liaison permanente entre le GIEC et les Eacutetats est assureacutee par un point focal national En France cette fonction est exerceacutee par lrsquoObservatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique (ONERC) depuis 2001

La publication des trois volumes (sciences du climat atteacutenuation adap-tation) du 6e rapport drsquoeacutevaluation est programmeacutee pour lrsquoanneacutee 2021 Le rapport de synthegravese paraicirctra au cours du premier semestre 2022

Trois rapports speacuteciaux seront aussi produits au cours de ce sixiegraveme cycle en octobre 2018 un premier rapport speacutecial sur lrsquoimpact drsquoun reacutechauf-

fement global de 15 degC au-dessus des niveaux preacute-industriels et sur les trajectoires drsquoeacutemission de gaz agrave effet de serre correspondantes

en aoucirct 2019 un deuxiegraveme rapport speacutecial sur les liens entre le chan-gement climatique la deacutesertification la deacutegradation des terres la ges-tion durable des terres la seacutecuriteacute alimentaire et les flux de gaz agrave effet de serre dans les eacutecosystegravemes terrestres

en septembre 2019 un troisiegraveme rapport speacutecial sur les liens entre le changement climatique les oceacuteans et la cryosphegravere

En mai 2019 sera aussi produit un raffinement du rapport meacutethodolo-gique sur les inventaires nationaux drsquoeacutemissions de gaz agrave effet de serre datant de 2006

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

175

Sixiegraveme cycle du GIEC en France

Sur la peacuteriode octobre 2017 ndash septembre 2018 lrsquoappel agrave candidatures pour la nomination par la France des auteurs et des eacutediteurs de revue des volumes 1 2 et 3 du sixiegraveme Rapport drsquoeacutevaluation du GIEC a eacuteteacute preacutepareacute et largement diffuseacute par le point focal franccedilais du GIEC en coordination avec le ministegravere de lrsquoEnsei-gnement supeacuterieur de la Recherche et de lrsquoInnovation (MESRI) et le ministegravere de lrsquoEurope et des Affaires eacutetrangegraveres (MEAE) Cet appel a permis agrave plus de 80 scien-tifiques franccedilais ou travaillant en France de candidater Les nominations soumises par la France ont ensuite fait lrsquoobjet drsquoune seacutelection par le comiteacute scientifique de pilotage mis en place par le bureau du GIEC pour chacun des rapports

Au total trente-neuf scientifiques nomineacutes par la France ont eacuteteacute seacutelectionneacutes pour participer agrave lrsquoeacutelaboration du sixiegraveme rapport drsquoeacutevaluation du GIEC aux trois rap-ports speacuteciaux et au raffinement du guide meacutethodologique pour les inventaires nationaux de gaz agrave effet de serre en tant que coordinateurs auteurs principaux ou eacutediteurs reacuteviseurs

En tant que point focal franccedilais du GIEC lrsquoONERC a organiseacute en coordination avec le MEAE et le MESRI plusieurs revues des rapports speacuteciaux en cours drsquoeacutela-boration par le GIEC deux revues du rapport speacutecial sur lrsquoimpact drsquoun reacutechauffe-ment global de 15 degC au-dessus des niveaux preacute-industriels et sur les trajectoires drsquoeacutemission de gaz agrave effet de serre et une revue du raffinement du rapport meacutetho-dologique sur les inventaires nationaux drsquoeacutemissions de gaz agrave effet de serre

Sur la peacuteriode du sixiegraveme cycle du GIEC le financement de lrsquoUniteacute drsquoappui tech-nique (en anglais Technical Support Unit ndash TSU) du Groupe de travail I du GIEC est assureacute par la France Le suivi du financement et des activiteacutes de cette TSU sont assureacutes par lrsquoONERC et des services du MESRI et du MEAE LrsquoONERC a de plus coordonneacute le versement de la contribution franccedilaise 2018 au budget central de fonctionnement du GIEC

Enfin lrsquoONERC appuie la participation des chercheurs franccedilais aux travaux du GIEC en prenant en charge une partie des frais de missions des centaines drsquoexperts

Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC)

Sous la coordination de la Direction des affaires europeacuteennes et internationales (DAEI) du MTES lrsquoONERC a participeacute au sein de la deacuteleacutegation franccedilaise agrave la 23e session de la Confeacuterence des parties agrave la CCNUCC (COP 23) ayant eu lieu agrave lrsquoautomne 2017 et agrave lrsquointersession de Bonn au printemps 2018 LrsquoONERC a assureacute avec le Deacutepartement de la lutte contre lrsquoeffet de serre (DGECSCEE) une fonction drsquoappui scientifique et technique au sein de lrsquoeacutequipe de neacutegociations climatiques pour les aspects relatifs aux sciences climatiques et aux politiques publiques drsquoadaptation

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

176

Un agent de lrsquoONERC (eacutelu agrave la COP 22) siegravege deacutesormais aux reacuteunions du Comiteacute de lrsquoadaptation mis en place par la CCNUCC afin drsquoexaminer lrsquoensemble des travaux relatifs agrave ce sujet dans le cadre des neacutegociations climatiques mondiales

Dans le cadre de lrsquoappui aux neacutegociations climatiques mondiales lrsquoONERC parti-cipe eacutegalement avec le DLCES au groupe informel drsquoexperts europeacuteens consa-creacute aux sujets scientifiques ayant pour objectif de construire une vision commune sur ces sujets au sein des Eacutetats membres de lrsquoUnion europeacuteenne

Espace europeacuteen

Repreacutesentant la DGEC lrsquoONERC siegravege pour la France au sein du groupe de travail mis en place par la Direction geacuteneacuterale climat de la Commission europeacuteenne pour le suivi de la strateacutegie europeacuteenne drsquoadaptation adopteacutee en 2013 dont le pro-cessus de reacutevision a eacuteteacute engageacute deacutebut 2017 Dans ce cadre lrsquoONERC met agrave jour annuellement les informations concernant la politique et les actions drsquoadaptation en France diffuseacutees par la plate-forme drsquoeacutechange Climate-ADAPT 1 en coordination avec lrsquoAgence europeacuteenne de lrsquoenvironnement (AEE)

LrsquoONERC a par ailleurs organiseacute la 26e reacuteunion du groupe drsquoinformation sur lrsquoadap-tation au changement climatique du reacuteseau drsquoagences europeacuteennes de protection de lrsquoenvironnement (meeting of the Information Group on Climate Change Adaptation of the Network of European Environmental Protection Agencies IG CCA EPA)

Cette reacuteunion qui srsquoest deacuterouleacutee les 5 et 6 avril agrave La Deacutefense a reacuteuni une ving-taine drsquoexperts de chefs ou de directeurs de ces organismes Ces deux journeacutees ont permis de nombreux eacutechanges drsquoexpeacuteriences sur des questions drsquointeacuterecirct commun aux organisations impliqueacutees dans la mise en œuvre pratique de la politique environnementale de lrsquoadaptation Une intervention de Santeacute publique France a eacuteclaireacute les participants sur la politique franccedilaise de gestion des cani-cules et vagues de chaleur

Sous la coordination du CGDDSOeS du MTES lrsquoONERC fait partie du groupe de travail feacutedeacutereacute dans le reacuteseau Eionet rassemblant les correspondants de lrsquoAEE inteacute-resseacutes par les probleacutematiques drsquoobservation des effets du changement clima-tique et de lrsquoadaptation Agrave ce titre lrsquoONERC a contribueacute au rapport technique sur le suivi le rapportage et lrsquoeacutevaluation des politiques nationales drsquoadaptation en Europe notamment au travers drsquoun encadreacute sur la politique franccedilaise drsquoadaptation

LrsquoObservatoire pyreacuteneacuteen du changement climatique a inviteacute lrsquoONERC agrave faire partie de son comiteacute de pilotage La premiegravere reacuteunion a eu lieu agrave Biarritz le 9 novembre en marge du deuxiegraveme colloque international sur le changement climatique dans des zones de montagne PYRADAPT 2017

1 httpclimate-adapteeaeuropaeu

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

177

Dans le cadre de travaux drsquoeacutevaluation de la strateacutegie de lrsquoUnion europeacuteenne rela-tive agrave lrsquoadaptation au changement climatique lrsquoONERC a eacuteteacute solliciteacute agrave de nom-breuses reprises LrsquoONERC a ainsi rempli et fait circuler la Fiche pays pour la France fiche deacutecrivant la politique drsquoadaptation au changement climatique LrsquoONERC a eacutegalement initieacute la reacuteponse au questionnaire de consultation publique relative agrave lrsquoeacutevaluation de la strateacutegie de lrsquoUnion europeacuteenne relative agrave lrsquoadaptation au chan-gement climatique publieacute du 8 deacutecembre 2017 au 1er mars 2018

Initiatives multilateacuterales et bilateacuterales

Dans le cadre du cluster francophone du Partenariat sur la transparence de lrsquoac-cord de Paris (PATPA) lrsquoONERC est intervenu pour preacutesenter la deacutemarche fran-ccedilaise et a co-animeacute deux ateliers theacutematiques sur lrsquoadaptation au changement climatique agrave Douala (Cameroun) en mai 2018 Vingt et un pays africains franco-phones eacutetaient repreacutesenteacutes

Dans le prolongement de la contribution de lrsquoONERC agrave la septiegraveme communica-tion nationale de la France agrave la CCNUCC lrsquoobservatoire a preacutesenteacute lrsquoaction de la France en matiegravere drsquoadaptation et de recherche aux experts de la CCNUCC venus auditer les acteurs franccedilais en avril 2018

LrsquoONERC a eacuteteacute nommeacute au Conseil pour le climat de la Convention alpine creacuteeacute en septembre 2016 afin de regrouper les initiatives et les contributions sur le chan-gement climatique existant dans les Alpes et drsquoavancer des propositions pour lrsquoeacutetablissement drsquoun systegraveme concret drsquoobjectifs de la Convention alpine dans la perspective drsquoun laquo espace alpin climatiquement neutre raquo en accord avec les objec-tifs europeacuteens et internationaux

Dans une logique de collaboration transfrontaliegravere lrsquoONERC a eu lrsquooccasion de participer agrave plusieurs eacutechanges bilateacuteraux formels et informels avec ses homolo-gues de la plupart des pays voisins de la France meacutetropolitaine (groupe Science IG CCA Convention Alpine etc) ainsi que quelques pays plus eacuteloigneacutes afin de parta-ger les ideacutees et les pratiques en matiegravere drsquoadaptation au changement climatique

Politique drsquoadaptation au changement climatique

30 novembre 2017 adoption du projet drsquoavis sur le PNACC-2 par la Commission speacutecialiseacutee du CNTE chargeacutee de lrsquoorientation de lrsquoONERC

21 deacutecembre 2017 avis tregraves favorable au PNACC-2 adopteacute agrave la quasi-unani-miteacute par le CNTE

1er semestre 2018 finalisation du PNACC-2

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

178

Information formation et communication

LrsquoONERC assure ses missions drsquoinformation et de communication en eacutetroite col-laboration avec la Direction de la communication (DiCom) du MTES Ces actions visent tous les publics par lrsquointermeacutediaire de diffeacuterents supports dont certains sont preacutesenteacutes ci-apregraves LrsquoONERC apporte son soutien en matiegravere de reacutealisation de supports drsquoinformation sur lrsquoadaptation au changement climatique pour diffeacute-rents organismes (services deacuteconcentreacutes du MTES administrations centrales y compris hors MTES communication interne au MTES eacutetablissements publics organisations non-gouvernementales presse associations)

Site Web

La diffusion sur le site Web du ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire des informations preacutesenteacutees par lrsquoONERC permet agrave tous les publics drsquoappreacutehender les enjeux lieacutes au changement climatique au travers des pages sur les impacts la connaissance la deacutemarche drsquoadaptation les publications et des bases de donneacutees

Ainsi aux informations concernant lrsquoObservatoire srsquoajoutent les pages deacutedieacutees aux indicateurs du changement climatique De plus la deacutemarche drsquoadaptation au changement climatique engageacutee aux niveaux national europeacuteen et internatio-nal est preacutesenteacutee selon ces trois axes Enfin lrsquoinformation sur le GIEC permet de mieux comprendre son fonctionnement et de consulter et de suivre ses travaux

Le contenu des pages est reacuteguliegraverement mis agrave jour ainsi que leur preacutesentation afin de srsquoadapter aux nouveaux standards de communication et de faciliter lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformation

Site Web du ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire (httpwwwecologique-solidairegouvfronerc)

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

179

Rapports annuels

Le Rapport annuel Vers un 2e plan drsquoadaptation au changement climatique pour la France ndash Enjeux et recommandations a eacuteteacute publieacute au mois de novembre 2017 et diffuseacute directement agrave plus de 1 500 destinataires Ce rapport rassemble les recom-mandations issues de la concertation nationale pour un deuxiegraveme Plan national drsquoadaptation au changement climatique (PNACC) Celle-ci srsquoest largement appuyeacutee sur les eacutevaluations du premier PNACC 2011-2015 permettant drsquoavoir un retour drsquoexpeacuteriences drsquoun cycle complet de politique publique Ces recommandations ont alimenteacute le deuxiegraveme PNACC objet de lrsquoaxe 19 du Plan climat de la France La deacutemarche drsquoadaptation au changement climatique ainsi renforceacutee apportera une contribution significative aux politiques climatiques visant une socieacuteteacute bas-carbone reacutesiliente au changement climatique et plus largement agrave la transition eacuteco-logique et solidaire de la France

Rapport Vers un 2e plan drsquoadaptation au changement climatique pour la France ndash Enjeux et recommandations publieacute agrave La Documentation franccedilaise

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Lettre drsquoinformation aux eacutelus

Dans la peacuteriode couverte par le preacutesent rapport lrsquoONERC a poursuivi ses activi-teacutes de communication en parallegravele des travaux pour lrsquoeacutelaboration drsquoun nouveau plan national drsquoadaptation au changement climatique

Ainsi un numeacutero speacutecial de la lettre de lrsquoONERC aux eacutelus diffuseacute agrave plus de 3 000 exemplaires quelques semaines avant la ceacutereacutemonie drsquoanniversaire des trente ans du GIEC a permis de rappeler toute lrsquoimportance de ses travaux et de son expertise qui contribuent pleinement aux actions drsquoatteacutenuation et drsquoadaptation des territoires Deux autres numeacuteros ont eacuteteacute preacutepareacutes pour accompagner la sortie du preacutesent rapport et du 2e plan national drsquoadaptation au changement climatique

Lettre de lrsquoONERC aux eacutelus laquo Le climat change agissons raquo no 29 ndash numeacutero speacutecial GIEC feacutevrier 2018

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

181

Seacutelection drsquoinformations theacutematiques (lettre de veille technique)

La lettre de veille technique contient une seacutelection drsquoune vingtaine de liens Web classeacutes selon les cateacutegories laquo actualiteacute raquo laquo publications raquo et laquo manifestations raquo ainsi que quelques informations relatives agrave lrsquoobservatoire Ces informations cibleacutees sont diffuseacutees tous les deux mois agrave 875 abonneacutes volontaires (contre une cin-quantaine seulement jusqursquoen 2012)

Centre de ressource sur lrsquoadaptation au changement climatique (CRACC)

Parmi les principales recommandations preacutesentes dans lrsquoeacutevaluation du premier PNACC par le CGEDD en 2015 figurait celle laquo de confier agrave un consortium constitueacute de lrsquoAdeme et du Cerema la mission drsquoorganiser avec lrsquoappui drsquoautres institutions speacutecialiseacutees un centre de ressources sur lrsquoadaptation au changement climatique [hellip] chargeacute drsquoapporter un appui technique pour lrsquoeacutelaboration des scheacutemas et plans drsquoadaptation territoriaux et pour lrsquointeacutegration des enjeux drsquoadaptation dans les plans et politiques sectoriels raquo

Le deacuteveloppement de ce centre de ressources sur lrsquoadaptation au changement cli-matique a eacuteteacute confieacute au Cerema en partenariat avec lrsquoAdeme ainsi que drsquoautres organismes ayant largement œuvreacute au cours du preacuteceacutedent plan

Interventions actions de formation et seacuteminaire

Dans la peacuteriode couverte par le preacutesent rapport lrsquoONERC est intervenu agrave de nom-breuses reprises agrave lrsquooccasion de confeacuterences nationales ou internationales Ci-apregraves quelques exemples drsquointerventions

Le secreacutetaire geacuteneacuteral de lrsquoONERC a ainsi preacutesenteacute lors de la session drsquoouverture de la confeacuterence internationale Climate Change and Water 2018 (deacutebut feacutevrier 2018 au Centre international de congregraves de Tours) la deacuteclinaison du changement cli-matique aux probleacutematiques locales de lrsquoeau dans le Plan national drsquoadaptation au changement climatique

LrsquoONERC a eacutegalement participeacute agrave un atelier du reacuteseau Teddif (territoires environne-ment et deacuteveloppement durable en Icircle-de-France) deacutedieacute aux enjeux et aux possibili-teacutes drsquoaction pour les territoires en matiegravere drsquoadaptation au changement climatique qui srsquoest tenu mi-mars 2018 agrave Paris et qui a reacuteuni une centaine de participants

LrsquoONERC est intervenu en clocircture de la journeacutee de restitution des travaux du projet AdaMont qui srsquoest tenu agrave Paris fin mars Le projet AdaMont vise agrave deacutevelop-per une action de recherche partenariale et inteacutegreacutee sur lrsquoadaptation au change-ment climatique sur un territoire de moyenne montagne en associant production de connaissances et deacutemarche opeacuterationnelle en lien avec le changement clima-tique et les pratiques agrave faire eacutevoluer

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

182

Agrave lrsquooccasion des dix ans du club ViTeCC lrsquoONERC a preacutesenteacute le projet de deu-xiegraveme plan national drsquoadaptation au changement climatique Ce club qui fecircte ses dix ans preacutesente les reacutesultats de projets de recherche aux deacutecideurs territoriaux institutions et entreprises membres

LrsquoONERC a participeacute agrave une reacuteunion du reacuteseau PCAET de Bretagne deacutedieacutee agrave lrsquoadap-tation au changement climatique et co-organiseacutee par la Dreal lrsquoAdeme Bretagne et le conseil reacutegional de Bretagne

LrsquoONERC a eacutegalement participeacute au lancement du programme deacutedieacute agrave lrsquoadaptation au changement climatique du Comiteacute 21 premier reacuteseau multi-acteurs du deacuteve-loppement durable et de la RSE qui souhaite accompagner ses adheacuterents pour deacutecrypter les enjeux en cours anticiper ceux agrave venir et mettre en place les muta-tions agrave opeacuterer

Actions de formation

En eacutetroite collaboration avec le bureau en charge de la formation agrave la DGEC lrsquoONERC a participeacute agrave la mise en place drsquoune formation ouverte et agrave distance pour les agents MTES afin de sensibiliser les nouveaux arrivants agrave la probleacutematique de lrsquoadaptation au changement climatique Cette formation a vocation agrave ecirctre ouverte aux eacutelus et agents des collectiviteacutes territoriales

Expositions peacutedagogiques itineacuterantes

Les deux expositions itineacuterantes 2 lrsquoune (exposition scientifique) visant un public averti agrave des fins drsquoexplication des pheacutenomegravenes et lrsquoautre visant un public le plus large possible agrave des fins de sensibilisation ont eacuteteacute preacutesenteacutees pendant une dureacutee de 326 jours au sein drsquoeacutetablissements scolaires drsquoentreprises drsquoassociation et de collectiviteacutes territoriales

Au cours du deuxiegraveme trimestre 2018 une plaquette de preacutesentation des deux expositions a eacuteteacute reacutealiseacutee et diffuseacutee plus particuliegraverement aux bibliothegraveques des eacutetablissements drsquoenseignement supeacuterieur ainsi qursquoagrave une seacutelection de contacts au sein de collectiviteacutes territoriales

2 httpswwwecologique-solidairegouvfrobservatoire-national-sur-effets-du-rechauffement-climatique-onerce6

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

183

Journal de lrsquoexposition itineacuterante laquo Le climat change raquo

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Les indicateurs du changement climatique

Les vingt-huit indicateurs deacutecrivant lrsquoeacutetat du climat et ses impacts preacutesents sur le site de lrsquoONERC sont reacuteguliegraverement mis agrave jour Cela a permis de disposer fin 2018 de 86 drsquoindicateurs inteacutegrant des donneacutees de moins de cinq ans

Gracircce aux contributeurs et partenaires de lrsquoONERC certaines modifications sont intervenues dans la constitution des indicateurs du changement climatique Mi-2018 deux synthegraveses drsquoindicateurs locaux et reacutegionaux laquo Le bilan de masse drsquoune seacutelec-tion de glaciers tempeacutereacutes franccedilais raquo et laquo la date des vendanges pour un panel de vignobles franccedilais raquo produites en collaboration avec le Service de la donneacutee et des eacutetudes statistiques (SDES) du ministegravere et qui sont eacutegalement publieacutees sur le site de lrsquoObservatoire national de la biodiversiteacute (ONB) ont ainsi rejoint la seacuterie diffuseacutee par lrsquoONERC laquo Lrsquoeacutevolution de la date de migration de certains oiseaux raquo est eacutegalement un nouvel indicateur produit par la Ligue de protection des oiseaux (LPO) en remplacement de lrsquoindicateur sur les migrations des oies Agrave la mecircme peacuteriode laquo les quantiteacutes de pollens de bouleau libeacutereacutes raquo ont eacuteteacute mises agrave jour par le Reacuteseau national de surveillance aeacuterobiologique (RNSA)

La deacutemarche de lrsquoONERC qui consiste en une mise agrave disposition du public sur le site Web du ministegravere des indicateurs du changement climatique et de ses impacts reste innovante au niveau international car peu de pays se sont inves-tis dans ce type de publication avec une actualisation suivie

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

185

Preacutesentation de lrsquoindicateur date des vendanges pour un panel de vignobles franccedilais sur le site du ministegravere

ANNEXES

Annexes

189

Annexe 1GLOSSAIRE SIGLES ET ACRONYMES

Accumulation morainique Amas de deacutebris rocheux entraicircneacutes ou deacuteposeacutes par un glacier

Barrage morainique Barrage creacuteeacute par une accumulation morainique

Deacutebris geacutelifracteacutes Deacutebris provoqueacutes par lrsquoeacuteclatement des roches soumis aux cycles de gel et deacutegel

Deacutepression Reacutegion de lrsquoatmosphegravere caracteacuteriseacutee par une pression atmospheacute-rique plus basse que celle des reacutegions adjacentes situeacutees agrave la mecircme altitude Les deacutepressions sont geacuteneacuteralement accompagneacutees de mau-vais temps vents forts et preacutecipitations

Eacutecoulement turbulent Eacutecoulement dans lequel la vitesse preacutesente en tout point un caractegravere tourbillonnaire

Eacutechelle synoptique Comprend les pheacutenomegravenes atmospheacuteriques dont lrsquoordre de grandeur est de quelques milliers de kilomegravetres pour les dimensions horizontales de quelques kilomegravetres pour la dimension verticale et de quelques jours pour la dureacutee

Eacutetiage Niveau annuel le plus bas atteint par un cours drsquoeau en un point donneacute

Fluage Deacuteformation lente drsquoun mateacuteriau qui se produit sous lrsquoeffet drsquoune contrainte constante agrave tempeacuterature constante

Forccedilage anthropique Variation du flux de rayonnement reacutesultant (diffeacuterence entre lrsquoeacuteclairement descendant et lrsquoeacuteclairement ascendant exprimeacutee en W mndash 2) provenant de lrsquoaction de lrsquohomme

GIEC Groupe drsquoexperts intergouvernemental sur lrsquoeacutevolution du climat

Indice de refroidissement eacuteolien Tempeacuterature ressentie calculeacutee en tenant compte de la tempeacuterature de lrsquoair et de la vitesse du vent agrave tempeacute-rature donneacutee la sensation de froid eacutetant plus vive en preacutesence de vent que par temps calme

Lithologie Nature des roches formant un objet ensemble ou couche geacuteologique

Nappes seacutedimentaires Aquifegraveres formeacutes dans des formations seacutedimentaires telles que les grands bassins

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

190

Niveau pieacutezomeacutetrique Niveau de lrsquoeau souterraine mesureacutee par forage en un point et agrave un instant donneacute

Peacuteriode de retour Temps statistique entre deux occurrences drsquoun eacuteveacutenement naturel drsquoune intensiteacute donneacutee Une crue dont la peacuteriode de retour est de dix ans a chaque anneacutee une chance sur dix de se produire

Plan Blanc Dispositif de crise qui permet agrave un eacutetablissement de santeacute de mobi-liser immeacutediatement les moyens de toute nature dont il dispose en cas drsquoafflux de patients ou pour faire face agrave une situation sanitaire exceptionnelle Il peut ecirctre deacuteclencheacute par le directeur ou le respon-sable de lrsquoeacutetablissement qui en informe sans deacutelai le repreacutesentant de lrsquoEacutetat dans le deacutepartement ou agrave la demande de ce dernier

Plan Bleu Plan drsquoorganisation permettant la mise en œuvre rapide et coheacuterente des moyens indispensables permettant de faire face efficacement agrave une crise quelle qursquoen soit sa nature eacutelaboreacute sous la responsabi-liteacute du directeur drsquoun eacutetablissement meacutedicosocial

PLC Pathologies en lien avec la chaleur (coup de chaleur deacuteshydratationhellip)

PPI Plan particulier drsquointervention preacutepareacute par le repreacutesentant de lrsquoEacutetat dans le deacutepartement apregraves avis des maires et de lrsquoexploitant concerneacutes deacutefinissant les mesures agrave prendre aux abords des installations ou ouvrages dont les caracteacuteristiques sont fixeacutees par deacutecret en Conseil drsquoEacutetat Ils deacutefinissent lrsquoorganisation des secours en cas drsquoaccidents susceptibles drsquoaffecter les populations etou lrsquoenvironnement dans une installation classeacutee (installation nucleacuteaire usine chimique stoc-kage souterrain de gazhellip)

PPMS Plan particulier de mise en sucircreteacute des eacutetablissements scolaires face agrave un risque majeur qursquoil soit drsquoorigine naturelle (tempecircte inondation submersion marine seacuteisme mouvement de terrainhellip) technologique (nuage toxique explosion radioactiviteacutehellip) ou agrave des situations drsquour-gence particuliegraveres (intrusion de personnes eacutetrangegraveres attentatshellip) susceptibles de causer de graves dommages aux personnes et aux biens qui doit permettre la mise en œuvre des mesures de sauve-garde des eacutelegraveves et des personnels en attendant lrsquoarriveacutee des secours ou le retour agrave une situation normale

Probabiliteacutes Les termes suivants ont eacuteteacute utiliseacutes pour indiquer la probabiliteacute eacutevalueacutee drsquoun reacutesultat quasiment certain probabiliteacute de 99-100 tregraves probable 90-100 probable 66-100 agrave peu pregraves aussi pro-bable qursquoimprobable 33-66 improbable 0-33 tregraves improbable 0-10 exceptionnellement improbable 0-1 Pour plus drsquoinforma-tion se rapporter au rapport du GIEC notamment le Rapport de syn-thegravese du cinquiegraveme cycle drsquoeacutevaluation

Proxy mesure indirecte et approximative en cas drsquoindisponibiliteacute de mesure directe

Annexes

191

Reacuteassurance Opeacuteration par laquelle un assureur fait garantir par un autre assu-reur (reacuteassureur) tout ou partie des risques qursquoil a lui-mecircme couverts

Reacutesilience Capaciteacute de reacutesistance drsquoun systegraveme socio-eacutecologique face agrave une perturbation ou un eacuteveacutenement dangereux permettant agrave celui-ci drsquoy reacutepondre ou de se reacuteorganiser de faccedilon agrave conserver sa fonction essentielle son identiteacute et sa structure tout en gardant ses facul-teacutes drsquoadaptation drsquoapprentissage et de transformation

Sinistraliteacute Quantiteacute de sinistres qursquoune compagnie drsquoassurances devra rembour-ser compareacutee aux primes encaisseacutees

Tassement diffeacuterentiel Mouvement non uniforme drsquoenfoncement du sol sous lrsquoac-tion drsquoune charge Il peut de ce fait provoquer des dislocations des maccedilonneries comme lrsquoapparition de fissures

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

192

Annexe 2INDICATEUR RISQUE CLIMATIQUE

Plaquette DICOM Indicateur exposition des populations

INDICATEURS du changement climatique

Cet indicateur rend compte de lrsquoexposition des popula-

tions aux risques climatiques en France meacutetropolitaine

et en outre-mer Il envisage deacutesormais 5 niveaux

drsquoexposition tregraves fort fort moyen faible tregraves faible

La vulneacuterabiliteacute des territoires exposeacutes est

susceptible de srsquoaccroicirctre avec le changement climatique dans la mesure

ougrave lrsquoon srsquoattend agrave ce que certains eacuteveacutenements et extrecircmes meacuteteacuteorolo-

giques deviennent plus freacutequents plus reacutepandus ou plus intenses

LA PAROLE Agrave Veacuteronique ANTONI

chargeacutee de mission sols et risques naturels

Le risque climatique reacutesulte de la combinaison drsquoun eacuteveacutenement naturel lieacute au climat (inonda-tion tempecircte feu de forecirct) et de la vulneacuterabiliteacute des enjeux en preacutesence (population industrie patrimoinehellip) En 2016 18 des communes sont consideacutereacutees agrave risque fort ou tregraves fort 11 agrave risque moyen et 52 agrave risque

faible ou tregraves faible Pour un cin-quiegraveme des communes aucun

Lrsquoanalyse des eacuteveacutenements natu-rels importants permet en outre drsquoapprocher lrsquoeacutevolution reacuteelle des risques climatiques durant ces trois derniegraveres deacutecennies En effet depuis 1982 lrsquoeacutetat de catastrophe naturelle des com-

munes toucheacutees est constateacute par arrecircteacute interministeacuteriel Le nombre global des arrecircteacutes pour les eacuteveacute-nements climatiques varie for-tement chaque anneacutee mais

se deacutegage raquo

wwwstatistiquesdeveloppement-durablegouvfr

Exposition des populations aux risques climatiquesC

hangement clim

atiq

ue

et santeacute

Annexes

193

Exposition des populations aux risques climatiques

0 50 100 km

N

BONNE

PRATIQ

UE

Retrouvez lensemble des informations sur les indicateurs wwwonercgouvfr

MINISTEgraveREDE LA TRANSITION

EacuteCOLOGIQUEET SOLIDAIRE

ONERCObservatoire national

sur les effets du reacutechauffement climatique

85 circuits de guet sont activeacutes en moyenne chaque

anneacutee en peacuteriode de risques tregraves seacutevegraveres Durant la saison des feux de forecirct les risques font lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation quotidienne permettant de

lisation et de positionnement des moyens Le guet aeacuterien armeacute reacutepond agrave deux objectifs deacutetection preacutecoce des incendies naissants (le pilote alerte tout de suite sa base) et premiegravere intervention (le pilote effectue un premier largage permettant

sinon drsquoeacuteteindre le feu naissant du moins de ralentir sa pro-gression) Le guet aeacuterien armeacute est assureacute soit par deux avions Tracker (capaciteacute drsquoembarque-ment de 33 tonnes chacun) soit par un Canadair (6 tonnes) soit par un Dash (10 tonnes) Sur les 800 incendies recenseacutes en moyenne chaque eacuteteacute dans le Sud de la France 200 sont atta-queacutes par des moyens aeacuteriens Au cours des 10 derniers eacuteteacutes en moyenne 1 100 heures de vol ont eacuteteacute consacreacutees agrave ces mis-sions de surveillance

FEUX DE FOREcircT

Guet aeacuterien armeacute

INDICATEURS du changement climatique

Cette carte illustre le niveau drsquoexposition de la population aux risques naturels qui est susceptible drsquoaugmenter avec le changement climatique Lrsquoexposition est drsquoautant plus eacuteleveacutee que la densiteacute de population et le nombre de ces risques naturels

de lrsquoeacutetat de catastrophe naturelle parues agrave ce jour Lrsquoampleur des risques encourus deacutepend plus que jamais des choix reacutealiseacutes en matiegravere de deacuteveloppement et drsquoameacutenagement du territoire

DIC

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62 de la population est

exposeacutee de maniegravere

forte ou tregraves forte aux

risques climatiques

LE C

HIF

FRE

Source MTES Gaspar 2017 - Insee RP 2014 (2017 pour Mayotte) copyIGN BD Cartoreg 2010 Traitements SDES 2018

Guadeloupe Martinique Guyane La reacuteunion Mayotte

20 km 20 km 20 km 10 km100 km

Indice dexposition

Tregraves fort

Fort

Moyen

Faible

Tregraves faible

Aucun risque deacuteclareacute

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

194

Annexe 3DE NOUVEAUX INDICATEURS DE CHANGEMENT

DES EXTREcircMES MEacuteTEacuteOROLOGIQUES EN FRANCE

Un des volets importants du projet Extremoscope (GICC et MTESDRISR) a concerneacute le deacuteveloppement de nouveaux indicateurs permettant de caracteacuteriser les eacuteveacutenements extrecircmes Ces indicateurs permettent ensuite de construire des seacuteries chronologiques des eacuteveacutenements et ainsi drsquoeacutetudier comment leur freacutequence ou leurs caracteacuteristiques ont eacutevolueacute au cours des derniegraveres deacutecennies Ils per-mettent aussi de se projeter dans le futur dans la mesure ougrave les modegraveles clima-tiques sont capables de les reproduire de faccedilon reacutealiste

Vagues de chaleur

Un premier indicateur original qui a eacuteteacute deacuteveloppeacute concerne la caracteacuterisation des vagues de chaleur qui au contraire des indices utiliseacutes jusqursquoici pour le suivi climatique agrave Meacuteteacuteo-France peut ecirctre appliqueacute agrave lrsquoeacutechelle de reacutegions franccedilaises et est transposable agrave nrsquoimporte quelle condition climatique Gracircce agrave ce nouvel indicateur il est possible drsquoillustrer agrave lrsquoeacutechelle de chaque deacutepartement franccedilais le nombre drsquoeacuteveacutenements qui se sont produits dans la peacuteriode 1959-2015 et leur intensiteacute maximale au moyen des donneacutees de la reacuteanalyse drsquoobservations SAFRAN de Meacuteteacuteo-France (fig 1) Les reacutesultats de simulations climatiques du

Figure 1 ndash Climatologie des caracteacuteristiques des vagues de chaleur en France sur la peacuteriode 1959-2015

Fondeacutee sur lrsquoindicateur thermique deacutepartemental SAFRAN

Nombre cumuleacute drsquoeacuteveacutenements (agrave gauche) intensiteacute maximale moyenne (agrave droite)

Source Soubeyroux et al 2016

Annexes

195

projet europeacuteen Euro-CORDEX ont par ailleurs permis de se projeter dans le futur et de confirmer que la canicule de lrsquoeacuteteacute 2003 pourrait selon certains sceacutenarios devenir un eacuteveacutenement courant largement deacutepasseacute en intensiteacute et dureacutee par les vagues de chaleur les plus intenses de la fin de ce siegravecle (Ouzeau et al 2016 Soubeyroux et al 2016)

Eacutevolution des pluies extrecircmes dans le sud-est meacutediterraneacuteen de la France

Intensiteacute

Deux seacuteries sont repreacutesenteacutees sur le graphique

Seacuterie 1 laquo histogramme en ocre et vert raquo Rapport entre lrsquointensiteacute du maximum annuel du cumul quotidien de preacutecipitations et la valeur de reacutefeacute-rence (moyenne 1961-1990)Les valeurs infeacuterieures agrave la valeur moyenne eacutetablie sur la peacuteriode 1961-1990 sont repreacutesenteacutees en ocre celles supeacuterieures en vert

Seacuterie 2 laquo courbe en trait plein bistre raquo Moyenne glissante sur 11 ans du paramegravetre repreacutesenteacute sous forme drsquohistogramme Par construction de la moyenne glissante qui est centreacutee sur lrsquoanneacutee concerneacutee il nrsquoy a pas de valeur pour les cinq premiegraveres anneacutees de la seacuterie ni pour les cinq derniegraveres

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

196

Freacutequence

Deacutefinitions

Cumul quotidien de preacutecipitations quantiteacute drsquoeau recueillie entre J 06h UTC et J + 1 agrave 06h UTC

Donneacutees et meacutethodes

Les meacutethodes de construction des indicateurs de pluies extrecircmes sont baseacutees sur les travaux de lrsquoarticle publieacute par Ribes et al en 2018 (2018) Les donneacutees prises en compte pour le calcul de cet indicateur sont issues drsquoune seacutelection de seacuteries quotidiennes du reacuteseau drsquoobservation meacuteteacuteorologique de Meacuteteacuteo-France sur le pourtour meacutediterraneacuteen (deacutepartements des reacutegions Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes Cocircte drsquoAzur agrave lrsquoexception de la Corse ainsi que les deacutepartements du Tarn de lrsquoAveyron de lrsquoArdegraveche et de la Drocircme)

Deux seacuteries de donneacutees sont repreacutesenteacutees sur le graphique

Seacuterie 1 laquo histogramme en vert fonceacute raquo

Nombre annuel de jours avec un cumul de preacutecipitations supeacuterieur agrave 200 mm en reacutegion meacutediterraneacuteenne sur le reacuteseau de stations seacutelectionneacutees

Seacuterie 2 laquo histogramme en vert clair raquo

Nombre annuel de jours avec un cumul de preacutecipitations supeacuterieur agrave 150 mm en reacutegion meacutediterraneacuteenne sur le reacuteseau de stations seacutelectionneacutees

Annexes

197

Seacuteries quotidiennes de reacutefeacuterence

Lrsquohomogeacuteneacuteisation est un traitement statistique qui consiste agrave deacutetecter et corri-ger les biais dans les seacuteries de mesures afin de produire des seacuteries de reacutefeacuterence adapteacutees agrave lrsquoanalyse des eacutevolutions climatiques Ce traitement srsquoapplique agrave des seacuteries de moyennes mensuelles Or lrsquoanalyse des extrecircmes meacuteteacuteorologiques se base sur des donneacutees quotidiennes On utilise alors les seacuteries quotidiennes de reacutefeacuterence Ces derniegraveres ne sont pas corrigeacutees mais ont eacuteteacute seacutelectionneacutees en raison de leur qualiteacute en utilisant notamment les reacutesultats de lrsquohomogeacuteneacuteisation

Intensiteacute

Lrsquoindicateur intensiteacute correspond agrave lrsquointensiteacute du maximum annuel du cumul quo-tidien de preacutecipitations Il est calculeacute agrave partir drsquoune soixantaine de seacuteries seacutelec-tionneacutees parmi les seacuteries quotidiennes de reacutefeacuterence disponibles sur le pourtour meacutediterraneacuteen

Les critegraveres de seacutelection concernent une contrainte de couverture temporelle (nombre limiteacute de donneacutees manquantes) une contrainte sur la moyenne du maximum annuel calculeacutee sur la peacuteriode de

reacutefeacuterence 1961-1990 qui doit ecirctre au moins eacutegale agrave 60 mmjour

Chaque seacuterie retenue est normaliseacutee par sa moyenne sur la peacuteriode 1961-1990 Les seacuteries normaliseacutees sont ensuite regroupeacutees par classe de proximiteacute eacutevalueacutee agrave partir drsquoune meacutethode deacutecrite dans Ribes et al 2018 Les moyennes des seacuteries normaliseacutees sont calculeacutees pour chacune des classes et chaque anneacutee puis les moyennes de chaque classe sont elles-mecircmes moyenneacutees pour former la seacuterie temporelle de lrsquoindicateur

Freacutequence

Lrsquoindicateur freacutequence correspond au nombre de journeacutees de pluie intense meacutedi-terraneacuteenne On comptabilise une journeacutee de pluie intense degraves que le cumul quo-tidien de preacutecipitation deacutepasse un seuil donneacute (150 ou 200 mm) pour au moins une seacuterie parmi toutes les seacuteries quotidiennes de reacutefeacuterence disponibles sur le pourtour meacutediterraneacuteen (de lrsquoordre de 90 seacuteries)

Reacutefeacuterences

Le site des pluies extrecircmes de Meacuteteacuteo-France httppluiesextremesmeteofr

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

198

Annexe 4CONTRIBUTEURS ET REMERCIEMENTS

Cet ouvrage a eacuteteacute reacutealiseacute sous la direction de Laurent Michel directeur de lrsquoOb-servatoire national des effets du reacutechauffement climatique et drsquoEacuteric Brun secreacute-taire geacuteneacuteral

Auteurs

Vincent Bourcier Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Marie Carrega Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Christophe Corona GEOLAB CNRS Clermont-Ferrand France

Anaiumls Degache-Masperi Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Jeacuterocircme Duvernoy Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Nicolas Eckert Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Pierre Etchevers Meacuteteacuteo-France

Thierry Faug Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoen-vironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Florence Habets universiteacute Pierre-et-Marie-Curie

Florie Giacona Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Vincent Jomelli Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagriculture

Karine Laaidi Santeacute publique France

Jeacuterocircme Lopez-Saez Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Samuel Morin Meacuteteacuteo-France ndash Centre national de la recherche meacuteteacuteorologique Grenoble

Mohamed Naaim Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Mathilde Pascal Santeacute Publique France

Annexes

199

Serge Planton Meacuteteacuteo-France Institut Pierre-Simon-Laplace

Jean-Michel Soubeyroux Meacuteteacuteo-France

Laure Tourjansky MTES Direction geacuteneacuterale de la preacutevention des risques

Jean-Paul Vanderlinden universiteacute Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines

Robert Vautard Institut Pierre-Simon-Laplace

Sarah Voirin Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Emmanuel Vullierme MTES Direction geacuteneacuterale de la preacutevention des risques

Personnes ayant contribueacute agrave la relecture

Vincent Bourcier Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Eacuteric Brun Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Romain Cailleton Direction geacuteneacuterale de lrsquoeacutenergie et du climat

Marie Carrega Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Olivier David Direction geacuteneacuterale de lrsquoeacutenergie et du climat

Jeacuterocircme Duvernoy Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Freacutedeacuteric Schafferer Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Laure Tourjanski MTES Direction geacuteneacuterale de la preacutevention des risques

Sarah Voirin Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

  • Sommaire
  • Mot du preacutesident Ronan Dantec
  • Reacutesumeacute
  • Chapitre A ndash Introduction
  • Chapitre A ndash Introduction
    • Contexte
      • Chapitre A ndash Introduction
        • Eacuteveacutenements extrecircmes deacutefinitions
          • Chapitre A ndash Introduction
            • Risques lieacutes aux eacuteveacutenements extrecircmes deacutefinitions
              • Chapitre A ndash Introduction
                • Les extrecircmes meacuteteacuteorologiques du point de vue des sciences sociales
                  • Chapitre B ndash Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel
                  • Chapitre B ndash Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel
                    • Eacuteveacutenements extrecircmes deacutejagrave observeacutes coucircts humains et financiers
                      • Chapitre B ndash Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel
                        • Lien entre les changements deacutejagrave observeacutes et les activiteacutes humaines
                          • Chapitre C ndash Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene
                          • Chapitre C ndash Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene
                            • Quel sera lrsquoimpact futur du changement climatique sur les risques naturels majeurs
                              • Chapitre C ndash Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene
                                • Conclusions
                                  • Chapitre D ndash Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes
                                  • Chapitre D ndash Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes
                                    • La preacutevention et la gestion des risques un eacuteleacutement majeur de lrsquoadaptation au changement climatique
                                      • Chapitre D ndash Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes
                                        • La preacutevention des risques naturels majeurs un enjeu qui requiert la mobilisation de tous
                                          • Chapitre D ndash Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes
                                            • La preacutevention des risques une politique structureacutee et de long terme qui articule des actions compleacutementaires
                                              • Chapitre D ndash Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes
                                                • Reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute et de lrsquoexposition aux risques exemples de mise en oeuvre
                                                  • Conclusion
                                                  • Bibliographie
                                                  • Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire
                                                  • Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire
                                                    • Action internationale
                                                      • Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire
                                                        • Politique drsquoadaptation au changement climatique
                                                          • Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire
                                                            • Information formation et communication
                                                              • ANNEXES
                                                              • ANNEXES
                                                                • Annexe 1 ndash Glossaire sigles et acronymes
                                                                  • ANNEXES
                                                                    • Annexe 2 ndash Indicateur risque climatique
                                                                      • ANNEXES
                                                                        • Annexe 3 ndash De nouveaux indicateurs de changement des extrecircmes meacuteteacuteorologiques en France
                                                                          • ANNEXES
                                                                            • Annexe 4 ndash Contributeurs et remerciements
Page 4: Les événements météorologiques extrêmes

3

Sommaire

MOT DU PREacuteSIDENT RONAN DANTEC 5

REacuteSUMEacute 7

Chapitre A

Introduction 11

Contexte 13

Eacuteveacutenements extrecircmes deacutefinitions 14

Risques lieacutes aux eacuteveacutenements extrecircmes deacutefinitions 21

Les extrecircmes meacuteteacuteorologiques du point de vue des sciences sociales 24

Chapitre B

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel 27

Eacuteveacutenements extrecircmes deacutejagrave observeacutes coucircts humains et financiers 29

Lien entre les changements deacutejagrave observeacutes et les activiteacutes humaines 54

Chapitre C

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene 61

Quel sera lrsquoimpact futur du changement climatique sur les risques naturels majeurs 63

Conclusions 87

Chapitre D

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes 89

La preacutevention et la gestion des risques un eacuteleacutement majeur de lrsquoadaptation au changement climatique 91

La preacutevention des risques naturels majeurs un enjeu qui requiert la mobilisation de tous 94

La preacutevention des risques une politique structureacutee et de long terme qui articule des actions compleacutementaires 100

Reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute et de lrsquoexposition aux risques exemples de mise en œuvre 139

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

4

Conclusion 153

Bibliographie 159

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire 169

Action internationale 171

Politique drsquoadaptation au changement climatique 177

Information formation et communication 178

ANNEXES 187

Annexe 1Glossaire sigles et acronymes 189

Annexe 2Indicateur risque climatique 192

Annexe 3De nouveaux indicateurs de changement des extrecircmes meacuteteacuteorologiques en France 194

Annexe 4Contributeurs et remerciements 198

5

Mot du preacutesident Ronan Dantec

Il y a un an le cyclone Irma deacutevastait plusieurs icircles des Antilles Plus important cyclone depuis Allen en 1980 nous en connaissons les conseacutequences tragiques des morts dans une dizaine de pays des deacutegacircts estimeacutes entre 50 et 100 milliards de dollars

Les scientifiques nous disent aujourdrsquohui que la puissance de ces laquo super-cyclones raquo plus que leur nombre peut ecirctre correacuteleacutee avec le reacutechauffement climatique en cours les tempeacuteratures de lrsquoeau et de lrsquoair Il est donc probable que ces pheacutenomegravenes extrecircmes se reproduisent nous devons nous y preacuteparer

Les difficulteacutes rencontreacutees dans la reconstruction de Saint-Martin ougrave 90 des espaces de vie ont eacuteteacute deacutetruits ou gravement endommageacutes doivent nous interpel-ler et nous amener agrave deacutefinir des orientations majeures dans les choix de recons-truction des bacirctiments la conception des reacuteseaux les systegravemes drsquoassurance incluant le suivi administratif des droits de proprieacuteteacute Crsquoest un lieu commun de souligner que territoires riches et pauvres nrsquoont pas les mecircmes capaciteacutes de reacutesilience de mobilisation des fonds neacutecessaires agrave leur reconstruction Les dif-feacuterences dans la rapiditeacute de reconstruction des diffeacuterentes icircles antillaises disent mieux qursquoun long discours cette reacutealiteacute que nous ne devons pas occulter

Les cyclones antillais ne sont pas la seule conseacutequence extrecircme du changement climatique que nous vivons ces derniers mois canicules incendies meurtriers et deacutevastateurs en Gregravece en Californie et mecircme en Scandinavie seacutecheresseshellip le monde se confronte chaque jour davantage aux conseacutequences du deacuteregraveglement La mission de lrsquoONERC devient ainsi chaque jour plus strateacutegique ses conclu-sions et propositions seront de plus en plus attendues

Ce travail speacutecifique sur les eacuteveacutenements climatiques extrecircmes le premier dont se saisit la commission speacutecialiseacutee mise en place au sein du Conseil national de la transition Eacutecologique est aussi lrsquooccasion de preacuteciser la maniegravere dont nous allons travailler dans la dureacutee agrave partir des thegravemes que nous choisissons collec-tivement Les grands principes qui nous guideront et dont je suis garant en tant que preacutesident de cette commission speacutecialiseacutee doivent ecirctre la colleacutegialiteacute en eacutetant attentif au dialogue et agrave lrsquoeacutecoute entre tous les acteurs lrsquoanalyse sans tabou des reacuteponses apporteacutees parfois dans lrsquourgence aux situations rencontreacutees lrsquoab-sence drsquoautocensure mais en cherchant le consensus dans la deacutefinition de pro-positions agrave la hauteur des enjeux Sans ces exigences nos travaux seront vains

copy Gaeumll Arnaud

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

6

Articuleacute au deuxiegraveme Plan national drsquoadaptation au changement climatique qui est notre feuille de route pour les prochaines anneacutees le travail de notre com-mission doit permettre drsquoenrichir et de guider lrsquoaction publique de mieux lrsquoarticu-ler avec les dynamiques de terrain des acteurs eacuteconomiques des associations des chercheurs et des eacutelus locaux Crsquoest un programme ambitieux mais face agrave la rapiditeacute du deacuteregraveglement climatique nous ne pouvons nous soustraire agrave notre responsabiliteacute collective

7

Reacutesumeacute

Notre planegravete est le theacuteacirctre de nombreuses menaces naturelles tempecirctes cyclones inondations mouvements de terrain seacutecheresses Les conseacutequences des catastrophes naturelles sont souvent dramatiques tant du point de vue du bilan humain qursquoen termes de dommages eacuteconomiques La France a eacuteteacute particu-liegraverement eacuteprouveacutee par la canicule de lrsquoeacuteteacute 2003 qui a provoqueacute un excegraves de pregraves de 15 000 deacutecegraves Quant au bilan financier les rapports reacutecents des caisses de reacuteassurance montrent que les coucircts mondiaux des deacutesastres meacuteteacuteorologiques ont atteint un record en 2017 avec plus de 400 milliards de dollars pour ceux ayant pu ecirctre estimeacutes

On parle drsquoeacuteveacutenements extrecircmes ou drsquoextrecircmes climatiques pour deacutesigner agrave la fois les pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques et les pheacutenomegravenes climatiques Le GIEC deacutefinit dans son cinquiegraveme rapport de synthegravese les pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques extrecircmes comme des pheacutenomegravenes rares se produisant en un endroit donneacute et agrave un moment particulier de lrsquoanneacutee Lorsque des conditions climatiques extrecircmes se prolongent on parle de pheacutenomegravene climatique extrecircme

Le preacutesent rapport deacutecrit lrsquoeacutetat de lrsquoart dans le domaine des eacuteveacutenements extrecircmes leur observation leur eacutevolution dans un climat changeant la politique de preacuteven-tion des risques naturels dont les systegravemes de preacutevision et drsquoalerte les crises et leur gestion la reacutesilience et les pistes drsquoadaptation

Les vagues de chaleur font partie des extrecircmes climatiques les plus preacuteoccu-pants au regard de la vulneacuterabiliteacute de nos socieacuteteacutes et de lrsquoeacutevolution attendue au XXIe siegravecle Lrsquoaugmentation de la freacutequence et de lrsquointensiteacute des vagues de chaleur en France est sans eacutequivoque les vagues de chaleur recenseacutees depuis 1947 agrave lrsquoeacutechelle nationale ont eacuteteacute deux fois plus nombreuses au cours des trente-quatre derniegraveres anneacutees que sur la peacuteriode anteacuterieure

On observe eacutegalement en France une augmentation en freacutequence et en intensiteacute des seacutecheresses Lrsquoextension moyenne des seacutecheresses des sols est tregraves nette depuis les anneacutees 1990 Depuis le deacutebut du XXIe siegravecle douze anneacutees sur dix-sept ont deacutepasseacute la moyenne des surfaces toucheacutees sur la peacuteriode 1961-1990 et les anneacutees 2003 2005 2011 et aussi 2017 ont occasionneacute des seacutecheresses de grande ampleur

Pour ce qui concerne lrsquoeacutevolution du risque de feux de forecircts et de broussailles on constate deacutejagrave une hausse marqueacutee de lrsquoIndice feu meacuteteacuteo (IFM) moyen de 18 sur la peacuteriode 1958-2008 sur lrsquoensemble du territoire franccedilais indiquant des condi-tions meacuteteacuteorologiques de plus en plus propices aux incendies

Les mouvements de sol induits par le retrait-gonflement des argiles constituent eacutegalement un risque majeur en raison de lrsquoampleur des deacutegacircts mateacuteriels qursquoils provoquent notamment parce qursquoils touchent la structure mecircme des bacirctiments

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

8

Et ce pheacutenomegravene de retrait-gonflement des argiles srsquoamplifie avec le changement climatique au point drsquoavoir engendreacute 86 milliards drsquoeuros drsquoindemnisation pour des centaines de milliers de maisons en France pour la peacuteriode 1990-2013 En ce qui concerne lrsquoeacutevolution de lrsquointensiteacute et de la freacutequence des pluies intenses lrsquoamplitude des pluies journaliegraveres les plus fortes sur le pourtour meacutediterraneacuteen a augmenteacute de 20 environ entre 1960 et aujourdrsquohui En automne sur les Ceacutevennes la probabiliteacute de deacutepasser aujourdrsquohui des seuils eacuteleveacutes (300 mmjour) comme ceux observeacutes en 2014 a environ tripleacute en soixante-cinq ans En termes de freacutequence le nombre drsquoeacuteveacutenements geacuteneacuterant des cumuls de pluie supeacuterieurs agrave 200 mm est eacutegalement en hausse significative du point de vue sta-tistique depuis 2000

Parmi les eacuteveacutenements extrecircmes les plus meacutediatiseacutes aujourdrsquohui on observe eacutegale-ment une augmentation de lrsquoactiviteacute des cyclones tropicaux dans lrsquoAtlantique nord depuis les anneacutees 1970 et une forte augmentation de leur freacutequence dans les anneacutees 2000 En 2005 on a ainsi releveacute vingt-sept systegravemes cycloniques contre une dizaine par an en moyenne De mecircme la saison 2017 srsquoest distingueacutee avec le nombre record drsquoouragans majeurs (six eacuteveacutenements de cateacutegorie supeacuterieure agrave 3 dont trois ouragans de cateacutegorie 5 Irma Joseacute et Maria)

Agrave plus haute altitude crsquoest lrsquoactiviteacute avalancheuse qui a augmenteacute en particulier dans les massifs du sud des Alpes franccedilaises

Pris de maniegravere indeacutependante aucun eacuteveacutenement climatique ne peut ecirctre attribueacute en tant que tel au changement climatique Toutefois les travaux de recherche eacuteta-blissent que le changement climatique vient modifier la probabiliteacute drsquooccurrence de certains aleacuteas Cela concerne les vagues de chaleur certains types de seacuteche-resses les preacutecipitations intenses dans certaines reacutegions les cyclones les plus intenses et la hausse du niveau des mers

En meacutetropole on peut ainsi anticiper que degraves la peacuteriode 2021-2050 les vagues de chaleur estivales deviendront plus freacutequentes plus longues et plus intenses avec des eacutevolutions plus marqueacutees encore pour le quart Sud-Est de la France Drsquoici la fin du siegravecle pour le sceacutenario tendanciel un eacutepisode tel que celui de lrsquoeacuteteacute 2003 deviendrait courant voire serait reacuteguliegraverement deacutepasseacute tant en intensiteacute qursquoen dureacutee Agrave lrsquoinverse les vagues de froid seront moins freacutequentes moins longues et moins intenses mais ne disparaicirctront pas complegravetement

Le risque de seacutecheresse devrait srsquoaggraver avec une aggravation plus rapide et plus intense des seacutecheresses lieacutees au deacuteficit de preacutecipitation et agrave lrsquoaugmenta-tion de lrsquoeacutevapotranspiration des sols La France risque donc de connaicirctre drsquoici 2100 des seacutecheresses agricoles quasi continues et de grande intensiteacute totale-ment inconnues dans le climat actuel

Les eacutevolutions attendues pour les pluies extrecircmes sont variables geacuteographique-ment cependant une tendance geacuteneacuterale se dessine avec une augmentation de la quantiteacute de pluie tombant au cours des eacutepisodes les plus extrecircmes ndash comme les pheacutenomegravenes dits laquo ceacutevenols raquo (voir annexe 3) ndash principalement en hiver avec

Reacutesumeacute

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de plus une extension des zones impacteacutees au-delagrave des reacutegions habituellement toucheacutees notamment vers le Sud-Est ou les Pyreacuteneacutees

Les territoires exposeacutes aux risques drsquoincendies de forecircts devraient ecirctre plus eacutetendus couvrant une part importante de la forecirct des Landes agrave lrsquohorizon 2040 et les forecircts de Sologne agrave lrsquohorizon 2060

Le reacutechauffement des oceacuteans accompagneacute de la fonte des glaciers engendre une hausse du niveau marin de plusieurs millimegravetres par an en acceacuteleacuteration sur les derniegraveres deacutecennies Drsquoici 2100 la hausse devrait ecirctre de plusieurs dizaines de centimegravetres voire un megravetre de maniegravere non uniforme selon les cocirctes Cela est de nature agrave accroicirctre le risque de submersion marine mais aussi selon les cocirctes les effets drsquoeacuterosion littorale

Dans les Alpes franccedilaises drsquoici la fin du siegravecle le nombre drsquoavalanches devrait diminuer tandis que les deacuteclenchements de laves torrentielles devraient augmen-ter significativement

Les eacutetudes actuelles ne permettent pas de mettre en eacutevidence une tendance future notable sur lrsquoeacutevolution du risque de vent violent lieacute aux tempecirctes En outre-mer les simulations du climat pour le XXIe siegravecle indiquent que les cyclones ne devraient pas ecirctre plus nombreux mais plus intenses

LrsquoOrganisation meacuteteacuteorologique mondiale rappelle que les pheacutenomegravenes lieacutes au temps au climat et agrave lrsquoeau sont agrave lrsquoorigine de 90 des catastrophes naturelles Qursquoils soient drsquoorigine climatique ou non la reacuteponse aux eacuteveacutenements extrecircmes mise en place par la politique de preacutevention des risques naturels majeurs vise agrave preacutevenir les atteintes agrave la vie humaine reacuteduire les conseacutequences preacutevisibles et les dommages potentiels des eacuteveacutenements agrave geacuterer les crises et les catastrophes quand elles surviennent anticiper les situations post-crise et reacuteparer les dommages

En France cette politique srsquoappuie sur un socle comprenant le dispositif laquo reacutegime CatNat raquo instaureacute en 1982 qui repose sur un meacutecanisme public-priveacute de solidariteacute nationale couvrant tous les particuliers disposant drsquoun contrat drsquoassurance laquo dom-mages raquo pour lrsquoindemnisation et le Fonds de Preacutevention des Risques Naturels Majeurs (FPRNM dit laquo Fonds Barnier raquo) creacuteeacute en 1995 pour la soutien agrave la preacuteven-tion La preacutevention des risques repose historiquement sur la mobilisation drsquooutils de maicirctrise de lrsquourbanisme dans les zones agrave risques et de reacuteduction de la vulneacutera-biliteacute du bacircti existant tel que le plan de preacutevention des risques naturels (PPRN) Elle srsquoinscrit de plus en plus dans une approche complegravete de tous les axes de la preacutevention en particulier dans les programmes drsquoaction de preacutevention du risque drsquoinondation (PAPI) porteacutes par les collectiviteacutes locales

La preacutevention des risques naturels majeurs doit se faire sur des territoires perti-nents Dans le cas des inondations elle se fait ainsi agrave des eacutechelles emboicircteacutees agrave la fois agrave lrsquoeacutechelle du bassin hydrographique du bassin versant et du territoire agrave risque important drsquoinondation dans des deacutemarches drsquoameacutenagement durable des territoires

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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La preacutevention des risques naturels articule sept axes drsquoaction qui sont chacun indispensables et doivent ecirctre mis en œuvre de maniegravere compleacutementaire connais-sance surveillance information maicirctrise de lrsquourbanisme reacuteduction de la vulneacute-rabiliteacute gestion de crise retour drsquoexpeacuterience Dans le cadre de lrsquoeacutelaboration du deuxiegraveme plan national drsquoadaptation au changement climatique (PNACC-2) les dis-cussions relatives agrave la preacutevention des risques naturels et agrave la reacutesilience des ter-ritoires ont conforteacute la politique mise en œuvre la prioriteacute est sa mise en œuvre efficace par tous les acteurs Ainsi est ressortie la neacutecessiteacute drsquoun portage local de cette politique qui dans la dureacutee devrait ecirctre de moins en moins jacobine et eacutemaner de plus en plus des territoires le besoin plus important que jamais drsquoune mise agrave jour des connaissances et drsquoun approfondissement de la connaissance des aleacuteas les plus impacteacutes par le changement climatique la mise en place drsquoou-tils nouveaux non plus pour reacuteduire la vulneacuterabiliteacute des territoires mais pour per-mettre leur transformation et ainsi leur adaptation aux eacuteveacutenements climatiques actuels et futurs Les actions preacutevues dans le PNACC-2 complegravetent ainsi la preacute-vention des risques naturels par le mise en exergue drsquooutils tregraves transversaux comme le deacuteveloppement drsquoun service drsquoattribution des eacuteveacutenements extrecircmes lrsquoadaptation de la gestion forestiegravere agrave lrsquoaccroissement preacutevisible des risques drsquoin-cendies en termes de freacutequence drsquooccurrences et de surfaces concerneacutees la limi-tation de la consommation drsquoespaces naturels agricoles et forestiers la meilleure infiltration des preacutecipitations dans le sol la meilleure reacutesilience des bacirctiments la transformation des territoires les plus exposeacutes aux effets du changement cli-matiquehellip Ils permettront de minimiser les impacts attendus du changement cli-matique en renforcement des politiques deacutejagrave en place de gestion des risques naturels majeurs et des risques sanitaires

Des exemples de mise en œuvre locale drsquoactions visant agrave reacuteduire les risques naturels sont preacutesenteacutes

Lrsquoameacutelioration continue des connaissances permettra de preacuteciser les impacts futurs du changement climatique Les incertitudes ineacutevitables ne doivent pas empecirccher une action indispensable pour se preacuteparer degraves agrave preacutesent agrave une tem-peacuterature moyenne mondiale supeacuterieure de 2 degC agrave celle de lrsquoegravere preacuteindustrielle Lrsquoeffort meneacute pour lrsquoatteacutenuation nrsquoenlegraveve aucune pertinence aux actions drsquoadap-tation au changement climatique qui sont clairement compleacutementaires Le chan-gement climatique donne une nouvelle actualiteacute agrave la preacutevention des risques naturels et fait ressortir la neacutecessiteacute de la mobiliser au mieux La limitation de lrsquoexposition drsquoenjeux (habitations entreprises hellip) existants ou nouveaux doit plus que jamais ecirctre une prioriteacute dans le contexte drsquoaleacuteas croissants et se faire dans une deacutemarche drsquoameacutenagement durable des territoires en articulation eacutetroite avec drsquoautres politiques comme celle de la gestion de lrsquoeau de preacuteservation de la nature ou de la construction

Chapitre AIntroduction

copy Cerema

Introduction

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Contexte

Auteur Jeacuterocircme Duvernoy

MTES DGECSCEEONERC

Notre planegravete est le theacuteacirctre de nombreuses menaces naturelles tempecirctes cyclones inondations mouvements de terrain seacutecheresses Les conseacutequences des catastrophes naturelles sont souvent dramatiques tant du point de vue du bilan humain qursquoen termes de dommages eacuteconomiques 1 LrsquoOrganisation meacuteteacuteo-rologique mondiale rappelle que les pheacutenomegravenes lieacutes au temps au climat et agrave lrsquoeau sont agrave lrsquoorigine de 90 des catastrophes naturelles Les rapports reacutecents des reacuteassureurs le deacutemontrent avec des chiffres saisissants en 2017 les coucircts mondiaux des deacutesastres meacuteteacuteorologiques ont atteint un record avec plus de 400 milliards de dollars pour ceux ayant pu ecirctre estimeacutes 2 Pour certains aleacuteas le contexte de changement climatique pourrait se traduire par une recrudescence des eacuteveacutenements extrecircmes ou des impacts accrus en termes de risques pour les populations et les activiteacutes eacuteconomiques exposeacutees de santeacute et de fragilisation des eacutecosystegravemes Cela concernerait les vagues de chaleur certains types de seacutecheresses les preacutecipitations intenses dans certaines reacutegions les aleacuteas gravi-taires qui leur sont souvent associeacutees en zone de relief (glissements de terrain laves torrentielles avalanches etc) les cyclones les plus intenses et la hausse du niveau des mers Le degreacute de certitude de ces tendances (voire de leur exis-tence ou de leur sens drsquoeacutevolution) deacutepend toutefois du type drsquoeacuteveacutenement et de la zone consideacutereacutes

On distingue les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes et les eacuteveacutenements clima-tiques extrecircmes qui ne se situent pas sur la mecircme freacutequence temporelle Ainsi les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes sont typiquement associeacutes agrave des pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques eacutevoluant dans une eacutechelle de temps infeacuterieure agrave une journeacutee ou au maximum de quelques jours tandis que les eacuteveacutenements cli-matiques extrecircmes surviennent sur une peacuteriode plus longue Ils peuvent reacutesul-ter de lrsquoaccumulation de plusieurs eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques (extrecircmes ou non) Par exemple lrsquoaccumulation de jours faiblement pluvieux tout au long de la saison peut conduire agrave une saison nettement en dessous de la moyenne voire agrave une seacutecheresse

Dans un souci de simplification et selon la terminologie usuellement utiliseacutee ce rapport emploiera le terme drsquo laquo extrecircme climatique raquo pour deacutesigner soit un pheacuteno-megravene meacuteteacuteorologique extrecircme soit un eacuteveacutenement climatique extrecircme Bien qursquoils srsquoagissent drsquoeacuteveacutenements naturels les seacuteismes et les eacuteruptions volcaniques sont exclus de cette eacutetude car sans lien avec le changement climatique

1 Livre blanc Feacutedeacuteration franccedilaise de lrsquoassurance (FFA) 2015

2 NOAA Ball State University Center for Business and Economic Research Reuters CoreLogic

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Par deacutefinition 3 les eacuteveacutenements climatiques sont qualifieacutes drsquoextrecircmes lorsqursquoune variable meacuteteacuteorologique ou climatique prend une valeur situeacutee au-dessus (ou au-dessous) drsquoun seuil proche de la limite supeacuterieure (ou infeacuterieure) de la plage des valeurs observeacutees pour cette variable Le cinquiegraveme rapport de synthegravese du GIEC (AR5) 4 nous rappelle qursquoil srsquoagit drsquoun pheacutenomegravene rare en un endroit et agrave un moment de lrsquoanneacutee Mecircme si les deacutefinitions du mot rare varient un pheacutenomegravene meacuteteacuteoro-logique extrecircme devrait normalement se produire rarement les seuils eacutetant fixeacutes de telle maniegravere que moins de 10 des pheacutenomegravenes observeacutes soient qualifieacutes drsquoextrecircmes Ces seuils sont eacutegalement deacutefinis en fonction du besoin projections statistiques assurance social eacuteconomiquehellip Dans lrsquoabsolu les caracteacuteristiques de conditions meacuteteacuteorologiques qualifieacutees drsquoextrecircmes peuvent varier drsquoun lieu agrave un autre Selon le type drsquoeacuteveacutenement le changement climatique pourrait avoir un impact sur la freacutequence (rareteacute) ou sur lrsquointensiteacute des eacuteveacutenements extrecircmes

Ce rapport est composeacute de plusieurs chapitres Lrsquointroduction rappelle le contexte et les deacutefinitions mais donne eacutegalement un point de vue plus social Le chapitre B est consacreacute aux eacuteveacutenements extrecircmes passeacutes Le chapitre suivant srsquointerroge sur les eacutevolutions possibles de ces diffeacuterents eacuteveacutenements dans un contexte de changement climatique Une seacutelection drsquoeacuteveacutenements reacutecents est eacutetudieacutee en deacutetail Les derniers chapitres sont consacreacutes agrave la politique franccedilaise drsquoadapta-tion au changement climatique et de gestion des risques naturels majeurs aux exemples drsquoadaptation possibles et agrave la conclusion Les eacuteveacutenements extrecircmes sont passeacutes en revue en commenccedilant par les eacuteveacutenements climatiques et leurs impacts puis les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques Les effets de cascade ou effet domino drsquoun eacuteveacutenement deacuteclencheur drsquoun autre eacuteveacutenement majeur ne sont pas eacutetudieacutes dans ce rapport

Eacuteveacutenements extrecircmes deacutefinitions

Auteur Jeacuterocircme Duvernoy

MTES DGECSCEEONERC

Vagues de chaleur canicules vagues de froid de quoi parle-t-on LrsquoOMM deacutefinit les vagues de chaleur comme un temps inhabituellement chaud et sec ou chaud et humide qui dure au moins deux agrave trois jours et qui produit le plus souvent un impact sensible sur la santeacute humaine et les systegravemes naturels Dans le volume 4 du rapport Le climat de la France au 21e siegravecle (Ouzezau et al 2014) les vagues de chaleur eacutetaient deacutefinies comme des peacuteriodes de cinq jours conseacutecutifs avec une tempeacuterature maximale supeacuterieure de 5 degreacutes agrave la normale 1976-2005 Une meacutethode de deacutetection a posteriori des vagues de chaleur a eacuteteacute mise au point dans

3 Managing the Risks of Extreme Events and Disasters to Advance Climate Change Adaptation httpswwwipccchreportsrex

4 httpswwwipccchreportar5syr

Introduction

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le cadre du projet Extremoscope pour ecirctre applicable agrave toutes les eacutechelles spa-tiales et tous les horizons temporels (Soubeyroux et al 2016)

Les deacutefinitions issues du Plan national canicule 5 font office de reacutefeacuterence pour le deacuteclenchement des alertes La canicule y est deacutefinie comme une peacuteriode ougrave les moyennes glissantes sur trois jours des tempeacuteratures minimales et maximales atteignent des seuils drsquoalerte deacutepartementaux ces seuils pouvant ecirctre moduleacutes par des facteurs aggravants de la chaleur (humiditeacute preacutecociteacute pollution de lrsquoair fac-teurs populationnels de type grands rassemblementshellip) en lien avec les Agences reacutegionales de santeacute (ARS) La canicule est donc caracteacuteriseacutee par des peacuteriodes de tempeacuteratures eacuteleveacutees de jour comme de nuit Ces peacuteriodes sont susceptibles de constituer un risque pour lrsquoensemble de la population exposeacutee

On parle drsquoeacutepisode persistant de chaleur lorsque les tempeacuteratures sont eacuteleveacutees et perdurent dans le temps (plus de trois jours) proche ou en dessous des seuils drsquoalerte deacutepartementaux et de pic de chaleur pour lrsquoatteinte de tempeacuteratures maximales pouvant atteindre des records mais sur une dureacutee tregraves courte (un agrave deux jours)

Une vague de froid est un eacutepisode de temps froid caracteacuteriseacute par sa persistance son intensiteacute et son eacutetendue geacuteographique pendant au moins deux jours les tempeacuteratures atteignent des valeurs nettement infeacuterieures (de 5 degC) agrave une valeur de reacutefeacuterence de la reacutegion concerneacutee En France la vigilance meacuteteacuteorologique utilise comme indicateur lrsquoindice de refroidissement eacuteolien prenant en compte lrsquoeffet de la tempeacuterature et du vent et un seuil unique pour toute la France

Il faut distinguer plusieurs types de seacutecheresses (Wilhite et Glantz 1985) La seacutecheresse meacuteteacuteorologique correspond agrave un deacuteficit prolongeacute de preacutecipitations La seacutecheresse agricole se caracteacuterise par un deacuteficit en eau des sols superfi-

ciels (entre 1 et 2 m de profondeur) suffisant pour alteacuterer le bon deacuteveloppement de la veacutegeacutetation Elle deacutepend des preacutecipitations et tient compte de lrsquoeacutevapora-tion des sols et de la transpiration des plantes (lrsquoeau puiseacutee par les racines est eacutevaporeacutee au niveau des feuilles) La seacutecheresse agricole est donc sensible aux preacutecipitations agrave lrsquohumiditeacute et agrave la tempeacuterature de lrsquoair au vent mais aussi agrave la nature des plantes et des sols

La seacutecheresse hydrologique se manifeste lorsque les lacs riviegraveres ou nappes souterraines montrent des niveaux anormalement bas Elle deacutepend des preacutecipi-tations mais aussi de lrsquoeacutetat du sol influant sur le ruissellement et lrsquoinfiltration Le reacuteseau hydrographique deacutetermine les temps de reacuteponse aux deacuteficits de preacute-cipitations observeacutes sur diffeacuterentes peacuteriodes

La seacutecheresse geacuteotechnique est une peacuteriode de longueur variable caracteacute-riseacutee par un deacuteficit pluviomeacutetrique plus ou moins marqueacute et se traduisant par une diminution de la teneur en eau de lrsquohorizon du sous-sol

5 httpssolidarites-santegouvfractualitespressecommuniques-de-pressearticleplan-national-canicule

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Lrsquoincendie de forecirct ou feux de forecirct est laquo une combustion qui se deacuteveloppe sans controcircle dans le temps et dans lrsquoespace raquo En plus des forecircts au sens strict les incendies concernent des formations subforestiegraveres de petite taille par exemple le maquis la garrigue et les landes drsquoau moins un hectare

En France meacutetropolitaine trente-deux deacutepartements sont aujourdrsquohui identifieacutes par le Code forestier comme particuliegraverement exposeacutes au risque de feux de forecirct La reacutegion meacutediterraneacuteenne (avec 4 millions drsquohectares de maquis) et le massif aqui-tain (avec 1 million drsquohectares de forecircts de pins dans les Landes) sont les reacutegions les plus exposeacutees au risque incendie Les laquo feux de forecircts raquo se produisent prin-cipalement en eacuteteacute mais peuvent eacutegalement se deacutevelopper en hiver du fait de la seacutecheresse dans certaines reacutegions Les conditions meacuteteacuteorologiques (vent chaleur hygromeacutetrie seacutecheresse) ont une grande influence sur la nature des feux de forecircts

Le retrait par assegravechement des sols argileux lors drsquoune seacutecheresse prononceacutee (seacutecheresse geacuteotechnique) etou durable produit des deacuteformations de la surface des sols (tassements diffeacuterentiels) Il peut ecirctre suivi de pheacutenomegravenes de gonflement au fur et agrave mesure du reacutetablissement des conditions hydrogeacuteologiques initiales ou plus rarement de pheacutenomegravenes de fluage avec ramollissement Le pheacutenomegravene de retrait-gonflement des argiles engendre reacuteguliegraverement sur le territoire franccedilais des deacutegacircts consideacuterables aux bacirctiments ayant deacutepasseacute 60 millions drsquoeuros cumuleacutes par deacutepartement entre 1989 et 1998 En raison notamment de leurs fondations superficielles les maisons individuelles sont particuliegraverement vulneacuterables agrave ce pheacutenomegravene Plus de 4 millions de maisons seraient potentiellement exposeacutees 6

Les pluies extrecircmes 7 sont caracteacuteriseacutees par lrsquoapport drsquoune importante quantiteacute drsquoeau sur une courte dureacutee (drsquo1 heure agrave une journeacutee) Cette quantiteacute peut eacutegaler celle reccedilue habituellement en un mois voire en plusieurs mois Des cumuls de lrsquoordre de 50 mm en 24 heures dans la plupart des reacutegions de plaine et de lrsquoordre de 100 mm en 24 heures dans les reacutegions montagneuses sont consideacutereacutes comme des seuils critiques Le deacutepassement de ces seuils peut provoquer lorsque la nature du terrain srsquoy precircte de graves inondations Pour les pheacutenomegravenes les plus violents le cumul des preacutecipitations deacutepasse geacuteneacuteralement les 100 mm en une heure Dans le Sud de la France les cumuls observeacutes peuvent mecircme deacutepasser 500 mm en 24 heures

Les tempecirctes et les cyclones 8 La deacutenomination de vent violent srsquoapplique en meacuteteacuteorologie aux vents de force 10 agrave 12 sur lrsquoeacutechelle de Beaufort crsquoest-agrave-dire aux vents moyens atteignant au moins 89 kmh (valeur minimale de la force 10)

6 httpwwwstatistiquesdeveloppement-durablegouvfrfileadmindocumentsProduits_editoriauxPublicationsDatalab_essentiel2017datalab-essentiel-122-retrait-gonflement-argiles-octobre2017pdf

7 httppluiesextremesmeteofr

8 httpwwwmeteofrancefrprevoir-le-tempsphenomenes-meteoles-tempetes

Introduction

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Dans le langage courant et notamment dans le cadre de la laquo garantie tempecircte raquo en France des contrats drsquoassurance la reacutefeacuterence concerne les rafales supeacuterieures agrave 100 kmh 9 Ainsi lorsque le vent atteint les 100 kmh dans lrsquointeacuterieur des terres et 120 kmh (voire 130 kmh) sur les cocirctes la deacutepression agrave lrsquoorigine de ces vents sera qualifieacutee de laquo tempecircte raquo Ce terme deacutesigne donc agrave la fois une zone eacutetendue de vents violents et la deacutepression qui les geacutenegravere

Les tempecirctes affectant plus de 10 du territoire seront qualifieacutees de laquo majeures raquo au niveau national

Des deacutefinitions speacutecifiques existent en meacuteteacuteo marine et tropicale Ainsi en meacuteteacuteoro-logie marine une tempecircte correspond agrave la force 10 de lrsquoeacutechelle de Beaufort crsquoest-agrave-dire agrave des vents moyens de 89 agrave 117 kmh et des rafales de 110 agrave 150 kmh

En meacuteteacuteorologie tropicale on appelle laquo tempecircte tropicale raquo une deacutepression obser-veacutee au niveau des latitudes tropicales ou subtropicales dont les vents moyens sont compris entre 62 et 117 kmh Au-delagrave de ces valeurs la deacutepression devient un laquo cyclone tropical raquo 10 Ces pheacutenomegravenes tourbillonnaires de pression centrale tregraves basse mesurent en moyenne de 500 agrave 1 000 km de diamegravetre mais peuvent parfois atteindre des dimensions beaucoup plus importantes (le typhon Tip observeacute dans le Pacifique en 1979 avait un diamegravetre de pregraves de 2 200 km) Les Antilles Franccedilaises lrsquoicircle de La Reacuteunion sont particuliegraverement exposeacutees agrave ces pheacutenomegravenes

En Europe le risque inondation est le premier risque naturel climatique par lrsquoim-portance des dommages qursquoil provoque le nombre de communes concerneacutees lrsquoeacutetendue des zones inondables et les populations reacutesidant dans ces zones Plus de 171 millions de personnes en France sont par exemple exposeacutees aux inonda-tions par deacutebordement de cours drsquoeau soit environ un habitant sur quatre

Les inondations touchent plus de personnes dans le monde que nrsquoimporte quel autre aleacutea Celles-ci peuvent prendre de nombreuses formes

crue ou deacutebordement de cours drsquoeau ruissellement en surface submersion marine (inondation temporaire des zones cocirctiegraveres par la mer dans

des conditions meacuteteacuteorologiques etou de mareacutees deacutefavorables) remonteacutee de nappe phreacuteatique rupture drsquoouvrage autres rupture de poche glaciaire deacutebordement de reacuteseau drsquoeaux pluviales

Agrave lrsquoorigine de ces pheacutenomegravenes sauf cas de rupture drsquoouvrage se trouve un aleacutea meacuteteacuteorologique fortes pluies en intensiteacute ou en dureacutee pour le ruissellement et pour les crues ainsi que pour les remonteacutees de nappes houle de forte intensiteacute

9 wwwffa-assurancefr

10 Selon la reacutegion du globe les cyclones prennent un nom diffeacuterent ouragan en Atlantique Nord typhon en Asie de lrsquoEst meacutedicane dans le bassin meacutediterraneacuteen cyclone dans les autres bassins oceacuteaniques

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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etou niveau marin eacuteleveacute pour la submersion marine 11 orages tempecirctes cyclones en outre-mer Les submersions marines peuvent avoir eacutegalement une autre origine comme un seacuteisme sous-marin dans le cas des tsunamis Ce cas nrsquoest pas traiteacute dans ce rapport car il ne provient pas drsquoun pheacutenomegravene atmospheacuterique

Dans les reacutegions de montagne certains versants pentus sont souvent affecteacutes par des processus appeleacutes laves torrentielles ou couleacutees de deacutebris ou debris flows en anglais (Jomelli V IRSTEA) Ces couleacutees de deacutebris se caracteacuterisent par un meacutelange drsquoeau et de seacutediments (Meunier 1991 Blijenberg 1988) Ils forment des modeleacutes associant en contrebas drsquoune paroi rocheuse un chenal bordeacute par des leveacutees et agrave lrsquoaval un deacutepocirct reacutesultant de lrsquoaccumulation de deacutebris sous forme de langue ou drsquoeacuteventail (Van Steijn et al 1988 Nieuwenhuijzen and Van Steijn 1990 Van Steijn 1991 1996 Remaitre et al 2005) (fig A1) Le terme geacuteneacuteral de debris flow rassemble cependant des formes varieacutees de mouvements de masse (Meunier 1991) On distingue usuellement les laves torrentielles corres-pondant agrave un eacutecoulement turbulent drsquoeau chargeacutee en seacutediments dans un chenal raide des couleacutees de deacutebris superficielles (Coussot 1994) Ces derniegraveres cor-respondent agrave un eacutecoulement superficiel rapide ou extrecircmement rapide sur une pente raide sans confinement dans un chenal preacuteeacutetabli partiellement ou tota-lement satureacute de deacutebris (Hungr 2005) Celles-ci ne seront pas eacutetudieacutees ici car leurs impacts sur les socieacuteteacutes sont geacuteneacuteralement limiteacutes (Jomelli et al 2011) et leurs caracteacuteristiques morphoseacutedimentaires ainsi que leur fonctionnement sont peu diffeacuterents des laves torrentielles (Jomelli et al 2011)

Dans le deacutetail il existe plusieurs types de laves torrentielles en fonction de la concentration en seacutediments (fig A2) On peut distinguer les laves torrentielles transportant des seacutediments de toute taille des laves torrentielles immatures elles-mecircmes diffeacuterentes des eacutecoulements torrentiels agrave charge de fond Il existe un continuum entre ces diffeacuterents eacutecoulements mais les conditions de deacuteclen-chement et la dynamique diffegraverent sensiblement drsquoun type agrave lrsquoautre

Le manteau neigeux formeacute de lrsquoaccumulation successive de couches de neige est en perpeacutetuelle eacutevolution Une fois au sol les cristaux de glace continuent de se transformer et les strates eacutevoluent au greacute du vent des chutes de neige et drsquoautres interactions avec lrsquoatmosphegravere Lrsquoinstabiliteacute du manteau neigeux peut alors conduire agrave lrsquooccurrence drsquoavalanches

On distingue souvent les deacuteclenchements drsquoavalanches spontaneacutes et provoqueacutes

Les deacuteparts spontaneacutes donnent lieu agrave des avalanches dites naturelles Ils sont essentiellement drsquoorigine meacuteteacuteorologique le plus souvent conseacutecutifs agrave drsquoim-portantes chutes de neige ils peuvent aussi ecirctre causeacutes par lrsquohumidification du manteau neigeux sous lrsquoeffet de la pluie du redoux ou encore du rayonnement solaire Ces avalanches si elles sont suffisamment grandes peuvent toucher des infrastructures des routes ou des habitations et de ce fait causer des deacutegacircts et parfois des victimes en fond de valleacutee

11 Se reacutefeacuterer au Rapport ONERC 2015 Le littoral dans le contexte du changement climatique

Introduction

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Figure A2 ndash Les diffeacuterents types drsquoeacutecoulement

(A charriage 1er mai 2015 B lave immature 21 juillet 2017 C lave 4 juillet 2018) torrent du Manival (Isegravere)

Photos Irstea

Figure A1 ndash Lave torrentielle sous couvert forestier dans le massif des Eacutecrins (juillet 2014)

On distingue un chenal et des leveacutees lateacuterales avec granoclassement Certains arbres montrent des traces drsquoeacuterosion sur la face amont de leur tronc et sont couverts de deacutepocircts sablo argileux donnant une indication de la hauteur de lrsquoeacutecoulement (flegraveche rouge) Lrsquoeacutechelle est donneacutee par la pochette drsquoun appareil photo en bas agrave droite

Photo Irstea

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Les deacuteclenchements provoqueacutes aussi appeleacutes accidentels dus au passage de pratiquants de la montagne (skieurs randonneurshellip) sont essentiellement lieacutes agrave la qualiteacute de la neige et agrave lrsquoempilement des couches ainsi qursquoagrave la raideur et agrave la forme de la pente Ils sont responsables de la tregraves grande majoriteacute des bles-sures et deacutecegraves par avalanche et nrsquoentraicircnent que tregraves rarement des avalanches de grande ampleur pouvant engendrer des dommages dans les valleacutees

Les eacuteveacutenements extrecircmes neigeux sont issus de tempecirctes de neige produites par des deacutepressions meacuteteacuteorologiques hivernales importantes Entre la fin de lrsquoau-tomne et le deacutebut du printemps de tels systegravemes se forment dans une masse drsquoair sous le point de congeacutelation et les preacutecipitations tombent sous forme de neige en quantiteacute importante

Lrsquoimpact drsquoune tempecircte de neige varie selon lrsquoendroit ougrave elle se produit Les reacutegions ougrave de tels pheacutenomegravenes se produisent reacuteguliegraverement sont eacutequipeacutees pour les sur-monter alors que les villes ougrave elles se produisent rarement peuvent ecirctre paralyseacutees par quelques centimegravetres au sol Par exemple le 7 feacutevrier 2018 lrsquoicircle-de-France a connu des chutes de neige remarquables pour la reacutegion Ainsi la couche a atteint 15 agrave 20 cm sur les Yvelines et le Val-drsquoOise et 12 cm agrave Paris Il faut remonter au mois de mars 2013 pour retrouver les derniegraveres chutes de neige aussi impor-tantes en reacutegion parisienne Lrsquoabondance de la neige se conjugue souvent agrave des vents forts geacuteneacuterateurs de congegraveres Parmi les nombreux risques induits par les extrecircmes neigeux et les tempecirctes hivernales figurent ainsi la rupture drsquoinfrastruc-tures critiques (voies de communications lignes eacutelectriques) la perturbation du transport aeacuterien voire lrsquoeffondrement de toitures La vulneacuterabiliteacute aux eacuteveacutenements

neigeux des territoires tels que lrsquoicircle-de-France est issue de la conjonction entre un eacuteveacutenement neigeux extrecircme une population tregraves dense non habitueacutee et non eacutequipeacutee et un manque de moyens (saleuse deacuteneigeuse) Il convient eacutegalement de noter une faiblesse des eacuteleacutements de connaissances sur lrsquoattribution et lrsquoeacutevo-lution des tempecirctes hivernales geacuteneacuteratrices de forts eacuteveacutenements neigeux dans le contexte du changement climatique De ce fait ce type drsquoeacuteveacutenement nrsquoest pas traiteacute de maniegravere complegravete dans ce rapport

Introduction

21

Risques lieacutes aux eacuteveacutenements extrecircmes deacutefinitions

Auteurs Jeacuterocircme Duvernoy

MTES DGECSCEEONERC

Le Service des Risques Naturels et Hydrauliques

MTES DGPRSRNH

Lrsquoexistence drsquoun risque naturel deacutecoule de lrsquoarticulation drsquoun pheacutenomegravene naturel intense ndash cet eacuteveacutenement eacutetant par nature incertain on le deacutesigne sous le terme drsquoaleacutea ndash et de la preacutesence drsquoenjeux qui repreacutesentent lrsquoensemble des personnes et des biens (ayant une valeur moneacutetaire ou non) pouvant ecirctre affecteacutes par ce pheacutenomegravene Les conseacutequences drsquoun aleacutea sur les enjeux sont diffeacuterentes selon la vulneacuterabiliteacute de ces enjeux

On parle de risque naturel laquo majeur raquo lors de la survenue drsquoun eacuteveacutenement drsquoorigine naturelle dont les effets peuvent mettre en jeu un grand nombre de personnes occasionner des dommages importants et deacutepasser les capaciteacutes de reacuteaction de la socieacuteteacute Le qualificatif de laquo majeur raquo est bien sucircr deacutelicat agrave deacutefinir et peut varier dans le temps et dans lrsquoespace Les risques majeurs peuvent ecirctre caracteacuteriseacutes agrave la fois par une probabiliteacute drsquooccurrence faible et une graviteacute telle qursquoelle cause de nombreuses victimes et drsquoimportants dommages aux biens et agrave lrsquoenvironnement

Un des critegraveres possibles pour qualifier un risque de laquo majeur raquo repose sur les modaliteacutes de prise en charge des sinistres suite agrave un eacuteveacutenement Dans le systegraveme franccedilais actuel peut ecirctre regardeacute comme majeur un eacuteveacutenement qui relegraveve de la reacuteassurance notamment agrave travers le meacutecanisme de reconnaissance drsquoeacutetat de catastrophe naturelle La France est lrsquoun des pays agrave srsquoecirctre doteacutes drsquoun dispositif garantissant agrave chacun de ses citoyens une indemnisation systeacutematique en cas de sinistre causeacute par un pheacutenomegravene naturel exceptionnel Instaureacute en 1982 le reacutegime drsquoindemnisation dit laquo reacutegime CatNat raquo repose sur un meacutecanisme public-priveacute de solidariteacute nationale et couvre tous les particuliers disposant drsquoun contrat drsquoassurance laquo dommages raquo Il fonctionne sur la base drsquoune prime additionnelle drsquoassurance qui srsquoeacutelegraveve agrave 12 de la prime sur le bacircti et agrave 6 sur les veacutehicules motoriseacutes Ces primes sont reacuteassureacutees au niveau national principalement par lrsquoentreprise agrave capitaux publics Caisse Centrale de Reacuteassurance (CCR) En cas drsquoeacuteveacutenement drsquoampleur exceptionnelle qui provoquerait des dommages supeacute-rieurs aux reacuteserves de reacuteassurance lrsquoEacutetat apporte sa garantie Pour une inondation par exemple le processus drsquoindemnisation preacutevu par le reacutegime de catastrophes naturelles nrsquoest deacuteclencheacute agrave ce jour que si le pheacutenomegravene eacutetait au moins de type deacutecennal (peacuteriode de retour supeacuterieure agrave dix ans)

En 2015 et 2016 4 341 eacutetats de catastrophes naturelles ont eacuteteacute reconnus en France avec des dommages assureacutes de lrsquoordre de 5 milliards drsquoeuros

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Encadreacute 1

Deacutefinition du risque

Aleacutea danger peacuteril

Pheacutenomegravene ou tendance physique naturel ou anthropique ou incidence physique susceptible drsquoentraicircner des pertes en vies humaines des bles-sures ou autres effets sur la santeacute ainsi que des deacutegacircts et des pertes touchant les biens les infrastructures les moyens de subsistance la four-niture des services les eacutecosystegravemes et les ressources environnementales

Vulneacuterabiliteacute

Degreacute par lequel un systegraveme risque de subir ou drsquoecirctre affecteacute neacutegativement par les effets neacutefastes des changements climatiques y compris la varia-biliteacute climatique et les pheacutenomegravenes extrecircmes La vulneacuterabiliteacute deacutepend du caractegravere de lrsquoampleur et du rythme des changements climatiques aux-quels un systegraveme est exposeacute ainsi que de sa sensibiliteacute et de sa capa-citeacute drsquoadaptation (GIEC 2007) Propension ou preacutedisposition agrave subir des dommages La vulneacuterabiliteacute englobe divers concepts ou eacuteleacutements notam-ment les notions de sensibiliteacute ou de fragiliteacute et lrsquoincapaciteacute de faire face et de srsquoadapter (GIEC 2014)

Figure A3 ndash Le rapport SREX analyse comment lrsquoexposition et la vulneacuterabiliteacute aux pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques et climatiques deacuteterminent les conseacutequences et la probabiliteacute drsquoune catastrophe (le risque de catastrophe)

Source GIEC SREX

Introduction

23

Exposition

Preacutesence de personnes de moyens de subsistance drsquoespegraveces ou drsquoeacuteco-systegravemes de fonctions ressources ou services environnementaux drsquoeacuteleacute-ments drsquoinfrastructure ou de biens eacuteconomiques sociaux ou culturels dans un lieu ou dans un contexte susceptibles de subir des dommages (GIEC 2007)

La norme ISO 14 090 preacutecise dans une note que lrsquoexposition peut chan-ger au fil du temps par exemple agrave la suite drsquoun changement drsquoaffecta-tion des terres

Risque

Conseacutequences eacuteventuelles et incertaines drsquoun eacuteveacutenement sur quelque chose ayant une valeur compte tenu de la diversiteacute des valeurs Le risque est souvent repreacutesenteacute comme la probabiliteacute drsquooccurrence de tendances ou drsquoeacuteveacutenements dangereux que viennent amplifier les conseacutequences de tels pheacutenomegravenes ou tendances lorsqursquoils se produisent

Les risques naissent de la conjonction drsquoun pheacutenomegravene physique deacuteclen-cheur et drsquoune situation de vulneacuterabiliteacute et drsquoexposition des personnes et des biens

Figure A4 ndash Scheacutema explicatif des concepts associeacutes agrave la vulneacuterabiliteacute au changement climatique

Source MTES CGDD

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Les extrecircmes meacuteteacuteorologiques du point de vue des sciences sociales

Auteur Jean-Paul Vanderlinden

Laboratoire CEARC universiteacute de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et universiteacute Paris-Saclay

Lorsque lrsquoon se penche sur les eacuteveacutenements extrecircmes comme pheacutenomegravenes se deacuteployant dans la sphegravere publique plusieurs laquo extrecircmes raquo coexistent intera-gissent geacutenegraverent des enjeux diffeacuterents des instrumentalisations diffeacuterentes Il importe donc lorsqursquoun eacuteveacutenement extrecircme est invoqueacute dans le cadre de lrsquoaction publique par exemple drsquoecirctre particuliegraverement attentif au contexte particulier et agrave la compreacutehension que peuvent en avoir les acteurs concerneacutes Nous proposons ici quelques cleacutes pour reacutealiser cette contextualisation

Quelques eacuteleacutements concernant les donneacutees utiliseacutees

Les eacuteleacutements preacutesenteacutes sont le reacutesultat drsquoun travail drsquoanalyse meneacute sur diffeacuterents ensembles de donneacutees textuelles qui ont eacuteteacute reacutecolteacutees ces derniegraveres anneacutees articles de presse couvrant la vague de froid de 1953-1954 en France articles de presse couvrant la canicule de 2003 en France des enregistrements videacuteo et audio de deux groupes de discussion sur le sujet rassemblant des parties pre-nantes de secteurs public et priveacute meneacutes agrave Paris et finalement une seacuterie drsquoen-tretiens meneacutes

avec des chercheurs en sciences du climat se speacutecialisant dans les ques-tions relatives aux eacuteveacutenements extrecircmes

avec des cadres du secteur de lrsquoassurance avec des responsables au sein de collectiviteacutes territoriales

Extrecircme meacuteteacuteorologique un concept multiforme

Les analyses baseacutees tant sur la presse et les meacutedias que sur des entretiens et des ateliers (Vanderlinden 2015) montrent que le vocable laquo eacuteveacutenement meacuteteacuteo-rologique extrecircme raquo (extrecircme pour la suite du texte) est polyseacutemique 12 Pour cer-tains il srsquoagit de lrsquoeacuteveacutenement meacuteteacuteorologique en soi dans sa rareteacute pour drsquoautres ce sont les impacts qui sont laquo extrecircmes raquo ce qui est important ce sont les conseacute-quences parfois ce sont les deacuteficits de solidariteacute ou lrsquoeacutechec du politique qui semblent laquo extrecircmes raquo Le sens donneacute agrave laquo extrecircme raquo peut eacutevoluer dynamiquement au fil du temps au fur et agrave mesure que lrsquoeacuteveacutenement se produit et au cours de ses reacutepercussions Par exemple tant la vague de chaleur de 2003 que lrsquohiver 1953-1954 sont traiteacutes par la presse drsquoabord comme une curiositeacute (lrsquoeacutecart agrave la normale

12 Qui a plusieurs significations qui peut ecirctre compris de plusieurs faccedilons

Introduction

25

amuse) ensuite comme une crise eacutemergente (lrsquoeacutecart agrave la normale prend un tour plus sinistre en raison de ses impacts) ensuite comme une faillite des solidari-teacutes (les impacts auraient pu ecirctre eacuteviteacutes la solidariteacute eut-elle eacuteteacute plus importante) et finalement lrsquoextrecircme devient par une instrumentalisation plus ou moins impor-tante un objet politique

Une inscription dans une chaicircne de causaliteacute dont il ne peut ecirctre fait abstraction

Ces laquo glissements de sens raquo srsquoinscrivent dans des scheacutemas de causaliteacute ougrave les extrecircmes meacuteteacuteorologiques ne sont pas les seuls responsables des impacts associeacutes les ineacutegaliteacutes socio-eacuteconomiques les diffeacuterentiels drsquoexposition lrsquohis-toire et lrsquoameacutenagement du territoire le retrait de lrsquoEacutetat les meacutecanismes de gou-vernance des risques par exemple peuvent jouer un rocircle dans lrsquoimportance des conseacutequences drsquoun eacuteveacutenement et donc dans son traitement en tant qursquoextrecircme On observe par exemple reacuteguliegraverement que lorsque sont envisageacutees les deacuteclara-tions causales associeacutees agrave des eacuteveacutenements extrecircmes (du climat agrave lrsquoimpact en passant par les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes) les parties prenantes peuvent se concentrer sur diffeacuterentes parties de la chaicircne causale en fonction de leurs inteacuterecircts particuliers ce qui exclut parfois la causaliteacute

Une entreacutee risque ougrave les probabiliteacutes peuvent ecirctre mal comprises

Du point de vue de la gouvernance les extrecircmes sont freacutequemment traiteacutes via une entreacutee risque Nous consideacuterons ici une des deacutefinitions dominantes du risque un risque est la combinaison drsquoun aleacutea et drsquoun ou plusieurs enjeux lrsquoaleacutea est carac-teacuteriseacute par une intensiteacute et des incertitudes Dans un contexte de gouvernance de risque la communication de lrsquoincertitude ou des incertitudes repreacutesente un deacutefi particulier Une dimension que nous rencontrons souvent tient agrave la confusion que creacutee lrsquoutilisation du concept de peacuteriode de retour Bien entendu la peacuteriode de retour comme inverse de la probabiliteacute drsquooccurrence drsquoun eacuteveacutenement une anneacutee donneacutee est bien comprise dans lrsquounivers de la gouvernance des risques Nous rencontrons deux deacutefis neacuteanmoins Pour un public eacutelargi la peacuteriode de retour est parfois comprise comme une peacuteriodiciteacute stricte et non comme lrsquoexpression de probabiliteacute Cela peut geacuteneacuterer des pheacutenomegravenes de surexposition De faccedilon plus importante le calcul des peacuteriodes de retour repose sur une hypothegravese de station-nariteacute du climat Or sous un climat changeant cette hypothegravese nrsquoest plus veacuterifieacutee si elle lrsquoa jamais eacuteteacute Comment alors expliquer au public lrsquoorigine des probabili-teacutes utiliseacutees lrsquoorigine du chiffre associeacute agrave la peacuteriode de retour annonceacutee

Changement climatique

Climat Meacuteteacuteorologie

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Un deuxiegraveme deacutefi est en cours drsquoeacutemergence sur le front de la compreacutehension des incertitudes associeacutees aux extrecircmes meacuteteacuteorologiques Il existe aujourdrsquohui une communauteacute de chercheurs en sciences du climat qui se concentre sur le deacuteve-loppement drsquooutils drsquoattribution drsquoun eacuteveacutenement preacutecis Ces exercices sont par nature probabilistes les exercices drsquoattribution ont pour reacutesultats lrsquoexpression de probabiliteacutes nicheacutees Par exemple Stott et ses collegravegues en 2004 eacutetaient en mesure drsquoeacutecrire qursquoil y avait 95 de chance que la probabiliteacute drsquoun eacuteveacutenement du type de celui de la vague de chaleur de 2003 ait doubleacute (Stott 2004) Ce type de deacuteclaration par sa complexiteacute est difficilement compris par un public large

Quelques preacutecisions plus theacuteoriques

Une entreacutee particuliegravere a eacuteteacute utiliseacutee celle de lrsquoarticulation sociale pour poser le regard des sciences sociales sur les extrecircmes meacuteteacuteorologiques Par articulation sociale il faut entendre lrsquointeraction des concepts au sein des groupes sociaux et entre eux concepts et groupes interagissant dynamiquement Ex ante on peut consideacuterer que les concepts sont inteacutegreacutes dans des systegravemes de signification on peut supposer que les interactions entre et au sein de ces systegravemes sont essen-tielles agrave lrsquoutilisation des concepts De plus on ne peut pas dissocier le concept drsquoeacuteveacutenement extrecircme des causaliteacutes qui y sont associeacutees En effet une partie importante de ces reacutesultats montre que drsquoembleacutee pour les sujets laquo eacuteveacutenements extrecircmes raquo causaliteacutes invoqueacutees et responsabiliteacutes sont des concepts enchevecirc-treacutes constamment preacutesents lorsqursquoun eacuteveacutenement singulier a lieu

Chapitre BEacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute

et actuel

Dans ce chapitre les eacuteveacutenements extrecircmes sont passeacutes en revue agrave travers un bref historique des eacuteveacutenements les plus marquants et un aperccedilu de leurs impacts eacuteconomiques et sociaux Lrsquoinfluence du changement climatique est ensuite analyseacutee sur une seacutelection drsquoeacuteveacutenements reacutecents

copy Thierry Degen ndash Terra

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Eacuteveacutenements extrecircmes deacutejagrave observeacutes coucircts humains et financiers

Vagues de chaleurAuteurs Mathilde Pascal

Santeacute publique France

Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Les vagues de chaleur font partie des extrecircmes climatiques les plus preacuteoccu-pants au regard de la vulneacuterabiliteacute de nos socieacuteteacutes et de lrsquoeacutevolution attendue de leur freacutequence et leur intensiteacute au XXIe siegravecle (GIEC 2013) La France a eacuteteacute parti-culiegraverement eacuteprouveacutee par la canicule de lrsquoeacuteteacute 2003 qui a provoqueacute un excegraves de pregraves de 15 000 deacutecegraves entre le 4 et le 18 aoucirct directement attribuable agrave la chaleur (Poumadegravere et al 2005) Depuis 2003 des vagues de chaleur particuliegraverement intenses ont toucheacute de nombreuses autres zones de la planegravete (Russie 2010 Texas 2011 Australie 2012 Espagne 2015) tandis que la meacutetropole a eacuteteacute agrave nouveau confronteacutee agrave des eacuteveacutenements moins intenses que 2003 mais de plus en plus freacutequents (juillet 2006 aoucirct 2012 juillet 2013 juillet 2015 aoucirct 2016 juin 2017 juillet et aoucirct 2018) Sur de grandes reacutegions du territoire des vagues de chaleur tregraves intenses se sont eacutegalement produites dans les anneacutees reacutecentes comme sur les reacutegions meacutediterraneacuteennes en aoucirct 2017 et 2018 avec des tem-peacuteratures diurnes et nocturnes record Cette reacutecurrence drsquoeacuteveacutenements extrecircmes a neacutecessiteacute de deacutevelopper des outils de preacutevention de ces aleacuteas (systegraveme de vigi-lance meacuteteacuteorologique plans de veille sanitaire) mais aussi drsquoanalyse en temps reacuteel (Schneider et al 2012) Dans le cadre du projet Extremoscope (2013-2016) une deacutefinition des vagues de chaleur a eacuteteacute mise au point pour ecirctre applicable agrave toutes les eacutechelles spatiales et tous les horizons temporels (Soubeyroux et al 2016) et un historique complet des vagues de chaleur a eacuteteacute eacutetabli agrave lrsquoeacutechelle nationale depuis 1947 et agrave lrsquoeacutechelle deacutepartementale depuis 1958

Lrsquoaugmentation de la freacutequence et de lrsquointensiteacute des vagues de chaleur en France est sans eacutequivoque les vagues de chaleur recenseacutees depuis 1947 agrave lrsquoeacutechelle nationale ont eacuteteacute deux fois plus nombreuses au cours des trente-quatre derniegraveres anneacutees que sur la peacuteriode anteacuterieure (fig B1) Cette eacutevolution se mateacuterialise aussi par lrsquooccurrence drsquoeacuteveacutenements plus forts (dureacutee intensiteacute globale) ces derniegraveres anneacutees Ainsi les quatre vagues de chaleur les plus longues et trois des quatre plus intenses se sont produites apregraves 1981

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Vagues de froidAuteurs Mathilde Pascal

Santeacute publique France

Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Une meacutethode eacutequivalente a eacuteteacute mise au point pour la caracteacuterisation des vagues

de froid Si le reacutechauffement climatique global tend agrave diminuer lrsquointensiteacute des eacutepisodes froids en Meacutetropole le diagnostic sur lrsquoeacutevolution observeacutee des vagues de froid nrsquoest pas symeacutetrique agrave celui des vagues de chaleur Les vagues de froid recenseacutees depuis 1947 agrave lrsquoeacutechelle nationale ont eacuteteacute leacutegegraverement moins nom-breuses sur les trente-quatre derniegraveres anneacutees que sur la peacuteriode anteacuterieure mais surtout moins intenses Ainsi les quatre vagues de froid les plus longues et les plus intenses (feacutevrier 1956 janvier 1963 janvier 1985 et janvier 1987) ont eacuteteacute observeacutees il y a plus de vingt-cinq ans mais ce type drsquoeacuteveacutenement reste bien preacutesent dans notre climat de deacutebut du XXIe siegravecle comme en teacutemoigne lrsquoeacutepisode de feacutevrier 2012 (fig B2)

Lrsquoinfluence de la tempeacuterature sur la mortaliteacute et sur le recours au soin est deacutesor-mais eacutetablie par de tregraves nombreuses eacutetudes eacutepideacutemiologiques (Hanna 2015 Corso 2017 et Pascal 2013) Ces eacutetudes mettent en eacutevidence un effet non-lineacuteaire tregraves rapide de la chaleur sur la santeacute concentreacute dans les quelques heures agrave quelques jours suivant lrsquoexposition et un effet du froid plus modeacutereacute persistant sur plusieurs semaines apregraves lrsquoexposition (fig B3)

Figure B1 ndash Recensement des vagues de chaleur en France de 1947 agrave 2018 agrave partir de lrsquoindicateur thermique national

Source Meacuteteacuteo-France Climat HD

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Figure B2 ndash Recensement des vagues de froid en France de 1947 agrave 2018 agrave partir de lrsquoindicateur thermique national

Source Meacuteteacuteo-France Climat HD

Figure B3 ndash Influence de la tempeacuterature sur le risque relatif (RR) de deacutecegraves cumuleacute sur les vingt et un jours suivant lrsquoexposition agrave un percentile de tempeacuterature (par rapport agrave la mortaliteacute attendue pour une tempeacuterature meacutediane) ndash Meacuteta-analyse (courbe en trait plein et IC95 ) de dix-huit villes meacutetropolitaines (courbes en pointilleacutes) sur la peacuteriode 2000-2010

Source Corso M 2017

Ris

que

rela

tif (

RR

)

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Lrsquoeacutepideacutemiologie montre eacutegalement que la tempeacuterature a une influence sur la morta-liteacute agrave partir de valeurs qui ne sont geacuteneacuteralement pas consideacutereacutees comme laquo froides raquo ou laquo chaudes raquo Ces tempeacuteratures laquo douces raquo contribuent mecircme davantage agrave la mortaliteacute que les extrecircmes chauds ou froids car elles cumulent un impact faible mais sur un nombre important de jours Ces eacutetudes mettent eacutegalement en eacutevi-dence que lrsquoimpact sur la mortaliteacute survient mecircme agrave partir de tempeacuteratures habi-tuelles Ainsi en France sur dix-huit villes meacutetropolitaines entre 2000 et 2010 le froid a eacuteteacute responsable de 39 [32 46] de la mortaliteacute (impact cumuleacute sur 0-21 jours) principalement due agrave des tempeacuteratures habituelles situeacutees par exemple entre - 3 et 6 degC dans les villes semi-continentales et entre 4 et 10 degC dans les villes meacutediterraneacuteennes La chaleur a eacuteteacute responsable de 12 [11 12] (impact cumuleacute sur 0-3 jours) de la mortaliteacute totale avec un effet apparais-sant agrave partir de tempeacuteratures variant de 13 agrave 21 degC selon la ville

Ainsi en termes de preacutevention il importe de prendre en compte lrsquoensemble des tempeacuteratures et pas uniquement les eacuteveacutenements les plus extrecircmes vagues de chaleur ou vagues de froid

Un focus particulier sur ces eacuteveacutenements demeure toutefois neacutecessaire car ils preacutesentent des caracteacuteristiques particuliegraveres neacutecessitant une reacuteponse organiseacutee pour proteacuteger les personnes et eacuteviter lrsquoembolisation du systegraveme de soin Sur le plan sanitaire la preacutevention de ces eacuteveacutenements srsquoappuie sur le Plan national cani-cule (PNC) et le Plan grand froid

Dans le cadre de la chaleur des tempeacuteratures tregraves extrecircmes peuvent se traduire par une surmortaliteacute massive concentreacutee sur quelques jours et drsquoune ampleur ineacutedite dans le champ des risques sanitaires En effet si la chaleur laquo modeacutereacutee raquo frappe principalement des personnes vulneacuterables du fait de leur eacutetat de santeacute de leur acircge ou de leur exposition professionnelle la chaleur tregraves intense pose un risque pour la quasi-totaliteacute de la population

Les seuils du Plan national canicule ont eacuteteacute eacutetablis afin de cibler les eacuteveacutenements neacutecessitant une reacuteponse rapide des pouvoirs publics mais en aucun cas pour eacuteviter tout effet sanitaire de la chaleur Pendant ces peacuteriodes le PNC se concentre sur des actions drsquoinformation et de communication lrsquoidentification agrave lrsquoeacutechelle des municipaliteacutes des personnes vulneacuterables le deacuteclenchement des plans blancs et plans bleushellip Ces mesures sont agrave lrsquoinitiative de nombreux acteurs institutionnels municipaux associatifs et gradueacutees selon le niveau de vigilance En parallegravele la preacutevention de fond commence agrave se deacutevelopper avec notamment des mesures visant agrave reacuteduire lrsquoicirclot de chaleur urbain et agrave deacutevelopper des icirclots de fraicirccheur Cette preacutevention de fond doit toutefois veiller agrave ne pas aggraver les ineacutegaliteacutes sociales de santeacute et agrave beacuteneacuteficier agrave lrsquoensemble des personnes vulneacuterables

Les efforts de preacutevention se justifient par lrsquoimportance des impacts sanitaires Entre 1974 et 2013 on recense 931 peacuteriodes reacutepondant agrave la deacutefinition de cani-cules agrave lrsquoeacutechelle deacutepartementale en France meacutetropolitaine durant lesquelles ont eacuteteacute observeacutes plus de 32 000 deacutecegraves en excegraves La canicule de 2003 qui nrsquoa aucun eacutequivalent historique y compris depuis la mise en place du PNC totalise presque

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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la moitieacute de cet impact avec pregraves de 15 000 deacutecegraves en excegraves Les autres cani-cules les plus meurtriegraveres se sont concentreacutees en 1976 avec 4 500 deacutecegraves en excegraves 1983 avec 2 900 deacutecegraves en excegraves et 2006 avec 1 400 deacutecegraves en excegraves (rapport Santeacute publique France agrave paraicirctre) Dans les anneacutees reacutecentes les cani-cules les plus seacutevegraveres ont eacuteteacute observeacutees en 2015 avec un impact estimeacute de 1 700 deacutecegraves en excegraves (Pascal M 2017) et en 2018 avec environ 1 500 deacutecegraves en excegraves Il faut souligner que ces impacts diffeacuterents peuvent srsquoexpliquer par des diffeacuterences dans lrsquointensiteacute de la chaleur lrsquoeacutetendue geacuteographique la taille de la population toucheacutee et ne permettent pas drsquoen tirer des conclusions sur lrsquoeffica-citeacute des mesures de preacutevention mises en place

En parallegravele de la mortaliteacute on continue drsquoobserver tous les ans un effet sensible de la chaleur sur le recours aux soins drsquourgences notamment pour des patholo-gies tregraves speacutecifiques de la chaleur (PLC) Toutes les classes drsquoacircges sont concer-neacutees (fig B4)

En plus de lrsquoaugmentation du nombre de canicules au fil des anneacutees on constate eacutegalement une modification de leur reacutepartition geacuteographique et calendaire Ceci pose de nouveaux deacutefis en matiegravere de preacutevention Par exemple les vagues de chaleur preacutecoces de juin 2015 et 2017 semblent se caracteacuteriser par un recours aux soins drsquourgences pour PLC plus important que drsquoordinaire chez les enfants et les jeunes adultes en lien avec des expositions possibles en milieux scolaires et professionnels (Pascal M 2017)

Figure B4 ndash Part (en ) moyenne des recours aux soins pour PLC dans lrsquoactiviteacute totale codeacutee selon le niveau de vigilance (agreacutegation nationale) par anneacutee et classe drsquoacircge

Pascal M 2017

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Dans le cas du froid il srsquoagira de preacutevenir par exemple non seulement ses effets mais eacutegalement ceux des conditions meacuteteacuteorologiques associeacutees pouvant entraicircner des accidents traumatismes ou intoxications au monoxyde de carbone Actuellement le Plan grand froid se concentre sur des campagnes de commu-nication et des mesures speacutecifiques pour les personnes preacutecaires (places drsquoheacute-bergement maraudes trecircve hivernale aides financiegravereshellip) On dispose de peu de donneacutees sur lrsquoimpact des vagues de froid ces eacuteveacutenements eacutetant beaucoup plus rares et ne faisant pas lrsquoobjet de bilans systeacutematiques comme les vagues de chaleur

Figure B5 ndash Sur la peacuteriode 1970-2016 part (en ) des canicules de la peacuteriode survenue apregraves la mise en place du plan national canicule en 2004

Source Santeacute publique France 2018

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Les seacutecheressesAuteurs Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Jeacuterocircme Duvernoy

MTES DGECSCEEONERC

LrsquoEurope du Sud et la France notamment sont particuliegraverement concerneacutees par les effets du changement climatique avec une augmentation en freacutequence et en intensiteacute des seacutecheresses (GIEC 2007) La variabiliteacute des temps de reacuteaction des aquifegraveres des cycles eacutecologiques ou socio-eacuteconomiques impose de consideacuterer les deacuteficits hydriques sur diffeacuterentes profondeurs temporelles de quelques mois agrave quelques anneacutees Srsquoil nrsquoexiste pas drsquoindicateur universel pour tous les types de seacutecheresse un indicateur standardiseacute deacutenommeacute SPI a eacuteteacute recommandeacute par lrsquoOr-ganisation mondiale de la meacuteteacuteorologie en 2010 pour lrsquoanalyse des seacutecheresses meacuteteacuteorologiques lieacutees agrave un deacuteficit du cumul de preacutecipitations Dans le cadre du projet ClimSec (2008-2011) cet indicateur a eacuteteacute eacutetendu agrave la seacutecheresse des sols (Soubeyroux et al 2012) et permet de suivre les eacuteveacutenements en temps reacuteel et drsquoen produire un recensement depuis 1958 agrave lrsquoeacutechelle nationale et reacutegionale

Si on nrsquoidentifie pas agrave ce jour de tendance agrave llsquoeacutevolution des seacutecheresses meacuteteacuteo-rologiques agrave lrsquoeacutechelle de la meacutetropole lrsquoextension moyenne des seacutecheresses des sols depuis 1959 est en revanche tregraves nette depuis les anneacutees 1990 (fig B6) Depuis le deacutebut du XXIe siegravecle douze anneacutees sur dix-sept ont deacutepasseacute la moyenne des surfaces toucheacutees sur la peacuteriode 1961-1990 Les anneacutees 2003 2005 2011 2017 et aussi 2018 ont occasionneacute des seacutecheresses de grande ampleur

Figure B6 ndash Recensement du pourcentage annuel de la surface du territoire affecteacutee par la seacutecheresse depuis 1959

Source Meacuteteacuteo-France Climat HD

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Le pheacutenomegravene de retrait-gonflement des argiles qui geacutenegravere de graves deacutesordres sur le bacircti est occasionneacute par un assegravechement fort du sol en preacutesence drsquoargiles Plusieurs indicateurs ont eacuteteacute deacutefinis dans le cadre du dispositif catastrophes naturelles auquel ce pheacutenomegravene est eacuteligible depuis 1990 ils srsquoappuient sur le caractegravere anormal de la moyenne trimestrielle drsquohumiditeacute du sol eacutevalueacutee par simulation du bilan hydrique du sol Deux types drsquoeacuteveacutenement sont particuliegravere-ment suivis les seacutecheresses estivales intenses et les seacutecheresses de longue dureacutee centreacutees sur lrsquohiver

Une reacuteanalyse des eacuteveacutenements depuis 1959 (Blanchard et Soubeyroux 2015) a mis en eacutevidence le caractegravere exceptionnel des anneacutees 1989 et 1990 mais aussi de la seacutecheresse estivale de 2003 Lrsquoaugmentation de la freacutequence observeacutee des seacutecheresses depuis les anneacutees 1990 est aussi particuliegraverement notable (fig B7) et est agrave rapprocher de lrsquoextension des surfaces toucheacutees Ainsi depuis le deacutebut du XXIe siegravecle onze anneacutees sur seize ont deacutepasseacute la moyenne des surfaces tou-cheacutees sur la peacuteriode 1961-1990 (source Climat HD)

Pregraves de 63 des sols meacutetropolitains montrent des preacutedispositions au retrait-gonflement des sols argileux ou marneux (fig B8a) La survenance des sinistres deacutepend drsquoautant plus de lrsquointensiteacute des pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques que lrsquoaleacutea retrait-gonflement srsquoavegravere faible Lrsquoanalyse statistique des aleacuteas des enjeux et de la sinistraliteacute conseacutecutive agrave une seacutecheresse exceptionnelle (part du territoire en aleacutea retrait-gonflement drsquoargiles fort ou moyen densiteacute de maisons individuelles

Figure B7 ndash Recensement du pourcentage annuel de la superficie potentiellement affecteacutee par les effets de retraitgonflement des argiles depuis 1959

Source Meacuteteacuteo-France

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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nombre drsquoarrecircteacutes de CatNat seacutecheresse) permet de deacuteterminer six cateacutegories de communes 1 (fig B8b)

Jusqursquoagrave 2017 (avec le cyclone Irma) la seacutecheresse de 2003 eacutetait lrsquoeacuteveacutenement extrecircme le plus coucircteux du fait de lrsquoampleur nationale avec plus de 4 000 com-munes toucheacutees Les deacutegacircts assureacutes ont eacuteteacute estimeacutes agrave 183 milliard drsquoeuros (actualiseacutes) Drsquoun point de vue assurantiel les coucircts des seacutecheresses se limitent aux dommages aux bacirctis du fait du retrait-gonflement des argiles ou mouvements de sol (Bilan CatNat 1992-2017)

Les feux de forecircts et de broussailles

Auteurs Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Jeacuterocircme Duvernoy

MTES DGECSCEEONERC

Les feux de forecircts constituent un risque important en France avec des enjeux eacuteco-nomiques forts Du point de vue climatique la caracteacuterisation du risque feu de forecirct srsquoappuie geacuteneacuteralement sur le calcul de lrsquoIndice feu meacuteteacuteo (IFM) Cet indice caracteacuterise gracircce agrave une valeur numeacuterique le danger meacuteteacuteorologique drsquoincendie au pas de temps quotidien en syntheacutetisant le danger drsquoeacuteclosion et le danger de propagation Plus la valeur de lrsquoIFM est eacuteleveacutee plus les conditions meacuteteacuteorolo-giques sont propices aux incendies Si cette meacutethode permet de bien caracteacuteri-ser lrsquoeacutevolution de la composante climatique du risque feu il nrsquoest cependant pas

1 httpgeoidddeveloppement-durablegouvfr

Figure B8a ndash Gauche aleacutea retrait-gonflement des argiles B8b ndash droite typologie de la vulneacuterabiliteacute des territoires au retrait-gonflement des argiles

Sources BRGM 2013 DGFIP MAJIC 2014 Meem DGPR Gaspar 2016 Traitements MTES CGDDSDES 2017

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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directement possible de relier une valeur donneacutee drsquoIFM agrave un niveau de risque Une eacutetude meneacutee par Meacuteteacuteo-France pour le CGEDD (Regimbeau et Cloppet 2010) a utiliseacute la reacuteanalyse SAFRAN (reacutesolution 8 km) pour eacutetudier la tendance de lrsquoIFM sur la peacuteriode 1958-2008 et comparer les peacuteriodes 1961-1980 et 1989-2008 Bien qursquoen zone meacutediterraneacuteenne le nombre de feux ait diminueacute alors que lrsquoindice aug-mentait sur le moyen terme (1983-2008 fig B9) et pour les moyennes il y a correacute-lation entre le nombre annuel de deacuteparts de feux et la moyenne annuelle de lrsquoIFM

Il apparaicirct qursquoen moyenne annuelle quatre anneacutees se distinguent par un IFM moyen eacuteleveacute les anneacutees 2003 1976 1989 et 1990 On retrouve sans surprise quatre anneacutees marqueacutees par des conditions chaudes et segraveches Lrsquoanalyse sur la peacuteriode estivale donne des reacutesultats assez proches Les quatre anneacutees avec lrsquoIFM moyen estival le plus eacuteleveacute sont dans lrsquoordre 1976 2003 1990 et 1962 (fig B9) La confrontation des deux peacuteriodes met en lumiegravere une hausse marqueacutee de lrsquoIFM moyen sur lrsquoensemble du territoire franccedilais LrsquoIFM a augmenteacute de 18 sur la peacuteriode Cette eacutetude a examineacute eacutegalement le nombre de jours par an avec deacutepassement de plusieurs seuils drsquoIFM dont la valeur 20 associeacutee agrave un risque reacuteel drsquoincendie Le nombre de jours avec IFM gt 20 augmente sur la quasi-totaliteacute du territoire Sur les reacutegions Poitou-Charentes et Pays-de-la-Loire cette augmen-tation est comprise entre dix et vingt-cinq jours par an Sur le pourtour meacutediterra-neacuteen cette hausse deacutepasse cinquante jours par an soit une augmentation sur lrsquoanneacutee de la saison feu de lrsquoordre de sept semaines La quasi-totaliteacute de la Corse a connu au moins trente jours de plus par an avec IFM gt 20 Cette augmenta-tion est principalement observeacutee durant lrsquoeacuteteacute On observe cependant que pour la reacutegion Pays-de-la-Loire crsquoest la peacuteriode mars-avril-mai qui contribue le plus agrave la hausse constateacutee Pour le pourtour meacutediterraneacuteen et la Corse la peacuteriode autom-nale contribue de maniegravere significative Cela suggegravere un deacutebut plus preacutecoce de la

Figure B9 ndash Valeurs annuelles drsquoIFM moyen sur la France sur la peacuteriode 1958-2008

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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saison des feux de forecirct dans lrsquoOuest de la France et un prolongement automnal de la saison des feux dans le Sud-Est de la France Sur la peacuteriode 1961-1980 386 du territoire connaicirct au moins un jour tous les ans avec IFM gt 20 Sur la peacuteriode 1989-2008 745 du territoire connaicirct au moins un jour tous les ans avec IFM gt 20 Cela repreacutesente un quasi-doublement de la superficie consideacutereacutee par rapport agrave la peacuteriode 1961-1980

Figure B10 ndash Cartes du nombre moyen de jours par an avec un IFM gt 20 pour les deux peacuteriodes drsquoeacutetudes 1961-1980 (carte de gauche) et 1989-2008 (carte de droite)

Source Meacuteteacuteo-France

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1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

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Anneacutee

Figure B11 ndash Nombre de feux de forecirct dans les deacutepartements du pourtour meacutediterraneacuteen franccedilais

Source ONERC drsquoapregraves Base de donneacutees Promeacutetheacutee

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Les preacutecipitations extrecircmesAuteur Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Dans un climat plus chaud le GIEC (rapport 2013) indiquait qursquoune augmentation du risque de preacutecipitations extrecircmes au cours du XXIe siegravecle eacutetait probable et un reacutesultat eacutequivalent a eacuteteacute eacutetabli pour la France (Ouzeau et al 2014) La caracteacute-risation des tendances climatiques sur les pluies intenses agrave lrsquoeacutechelle drsquoun terri-toire est un enjeu primordial pour la preacutevention des risques hydrologiques mais elle srsquoavegravere particuliegraverement difficile du fait de leur forte variabiliteacute spatiale et du nombre limiteacute de donneacutees de qualiteacute suffisante permettant drsquoen rendre compte qursquoil srsquoagisse de seacuteries observeacutees ou issues de modeacutelisation Une analyse (Soubeyroux et al 2015) de lrsquoeacutevolution des pluies extrecircmes annuelles en reacutegion Meacutediterraneacuteenne agrave partir de 700 seacuteries locales a montreacute une preacutedominance de tendances agrave la hausse mais avec une confiance limiteacutee du point de vue statis-tique (fig B12)

Des travaux reacutecents meneacutes dans le cadre du projet Extremoscope ont permis de mettre au point un indicateur agreacutegeacute robuste baseacute sur les seacuteries quotidiennes de preacutecipitation permettant de caracteacuteriser agrave la fois la freacutequence et lrsquointensiteacute de ces pluies extrecircmes (Ribes et al 2018)

En termes drsquointensiteacute (fig B12a) une augmentation robuste de 22 +- 5 est ainsi mise en eacutevidence sur la peacuteriode 1961-2015 (Vautard et al 2015 Ribes et al 2018) Cette augmentation est environ une agrave trois fois plus forte que celle qui est preacutedite par lrsquoaugmentation de la tempeacuterature observeacutee dans la reacutegion et la loi physique qui relie la quantiteacute drsquoeau dans lrsquoatmosphegravere agrave la tempeacuterature

En termes de freacutequence (fig B12b) le nombre drsquoeacuteveacutenements geacuteneacuterant des cumuls de pluie supeacuterieurs agrave 200 mm est eacutegalement en hausse significative du point de vue statistique depuis 2000

Toutefois les autres reacutegions franccedilaises sont soumises agrave des pluies de nature diffeacuterente Par exemple les forts cumuls qui ont pu ecirctre observeacutes durant lrsquohiver 2013-2014 reacutesultent drsquoune situation meacuteteacuteorologique avec un flux persistant de sud-ouest apportant une reacutepeacutetition drsquoeacutepisodes de pluies modeacutereacutees Les analyses du projet Extremoscope nrsquoont pas pu mettre en eacutevidence une tendance marqueacutee dans ce cas tout comme dans le cas des pluies printaniegraveres ayant donneacute lieu agrave une crue importante de la Seine en juin 2016 (cf p 58)

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Figure B12a (haut) ndash Eacutevolution du maximum annuel quotidien de preacutecipitation sur les reacutegions meacutediterraneacuteennes depuis 1962 B12b (bas) eacutevolution de la freacutequence drsquoeacutepisodes de pluies extrecircmes sur les reacutegions meacutediterraneacuteennes depuis 1962

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Cyclones et tempecirctesAuteur Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Les tempecirctes associeacutees aux systegravemes deacutepressionnaires tregraves mobiles de lrsquoAtlan-tique ou quasi-stationnaires en Meacutediterraneacutee font partie des extrecircmes climatiques aux conseacutequences lourdes pour nos socieacuteteacutes Du fait de la combinaison de leurs effets (vents violents action des vagues et submersion marine pluies intenses) et de lrsquoextension spatiale des zones affecteacutees les deacutegacircts occasionneacutes sont freacute-quemment importants tant en matiegravere de vies humaines que de coucircts eacutecono-miques ou de deacutegacircts sur lrsquoenvironnement Agrave elles seules les tempecirctes Lothar et Martin de deacutecembre 1999 ont fait en France meacutetropolitaine 92 victimes et occa-sionneacute plus de 15 Mdeuro de dommages 2 La tempecircte Xynthia en feacutevrier 2010 a durement toucheacute plusieurs reacutegions dont la faccedilade Atlantique et conduit agrave des eacutevo-lutions en matiegravere de preacutevention des risques sur le littoral Les tempecirctes de lrsquohiver 2017 dont la tempecircte Zeus le 6 mars ou celles agrave reacutepeacutetition de janvier 2018 ont rappeleacute en France et dans les diffeacuterents pays du Nord de lrsquoEurope la vulneacuterabi-liteacute de nos socieacuteteacutes face agrave ce type drsquoeacuteveacutenement

Du point de vue climatologique les donneacutees fiables pour analyser les tempecirctes eacutetaient jusqursquoagrave reacutecemment assez limiteacutees tant en reacutesolution spatiale qursquoen pro-fondeur temporelle Depuis fin 2016 une nouvelle base de donneacutees drsquoanalyse des rafales de vent en France agrave haute reacutesolution spatio-temporelle (25 km et 1 heure) permet de disposer de chroniques complegravetes des tempecirctes depuis 1980 3 et drsquoanalyser les tendances en termes de nombre drsquoeacuteveacutenements ou de seacuteveacuteriteacute (Soubeyroux et al 2018)

Au niveau national (fig B13) il apparaicirct que le nombre drsquoeacuteveacutenements de tem-pecirctes a fortement varieacute entre la peacuteriode 1980 agrave 1995 et les anneacutees 1995 agrave 2015 (reacuteduction de moitieacute du nombre drsquoeacuteveacutenements) Il est cependant difficile drsquoattribuer cette eacutevolution aux seuls effets du changement climatique notamment du fait de lrsquoinfluence de la variabiliteacute de la circulation geacuteneacuterale (oscillation multideacutecennale Atlantique et oscillation Nord Atlantique) sur lrsquoactiviteacute des tempecirctes sur le Nord de lrsquoEurope et la France en particulier La diminution de lrsquoactiviteacute tempeacutetueuse et drsquoune maniegravere geacuteneacuterale la baisse des vents de surface sur la terre est constateacutee dans un nombre croissant drsquoeacutetudes et lrsquoaugmentation de la rugositeacute de la surface terrestre (urbanisation augmentation des forecircts) est citeacutee comme un facteur drsquoex-plication probable (Vautard et al 2010 McVicar et al 2012 Wever 2012)

En matiegravere de cyclones lrsquoactiviteacute exceptionnelle de la saison cyclonique 2017 sur lrsquoAtlantique Nord et notamment lrsquoarc antillais (Chauvin et al 2017) a interrogeacute sur la contribution eacuteventuelle du changement climatique pour expliquer la reacutepeacute-tition de ces eacuteveacutenements et leur intensiteacute Mais si les climatologues disposent

2 wwwgeorisquesgouvfr

3 tempetesmeteofr

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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drsquoobservations sur les cyclones tropicaux depuis la fin du XIXe siegravecle surtout sur lrsquoAtlantique les bases de donneacutees fiables ne deacutebutent au mieux que dans les anneacutees 1970 avec lrsquoarriveacutee des satellites car ces pheacutenomegravenes naissant sur les oceacuteans pouvaient passer inaperccedilus avant Gracircce agrave ces observations satellitaires et agrave des traitements automatiseacutes systeacutematiques pour caracteacuteriser les cyclones les climatologues ont donc pu identifier des tendances fiables de lrsquoactiviteacute cyclo-nique de 1970 agrave nos jours

On observe ainsi une augmentation de lrsquoactiviteacute des cyclones tropicaux dans lrsquoAtlan-tique nord depuis les anneacutees 1970 (Planton et al 2015) Leur freacutequence semble augmenter plus fortement dans les anneacutees 2000 En 2005 on relegraveve ainsi vingt-sept systegravemes cycloniques contre une dizaine par an en moyenne De mecircme la saison 2017 se distingue avec le nombre record drsquoouragans majeurs (six eacuteveacutene-ments de cateacutegorie supeacuterieure agrave 3 dont trois ouragans de cateacutegorie 5 Irma Joseacute et Maria) Mais sur lrsquoAtlantique nord en particulier lrsquoactiviteacute cyclonique varie natu-rellement selon des cycles de plusieurs dizaines drsquoanneacutees Avec un recul drsquoune quarantaine drsquoanneacutees seulement il est impossible de distinguer lrsquoimpact du chan-gement climatique de la variabiliteacute naturelle du pheacutenomegravene

Des travaux reacutecents montrent que la latitude agrave laquelle les cyclones ont atteint leur intensiteacute maximale a migreacute vers les pocircles au cours des trente-cinq derniegraveres anneacutees dans les deux heacutemisphegraveres Cette constatation est coheacuterente avec

Figure B13 ndash Eacutevolution du nombre de tempecirctes observeacutees en France meacutetropolitaine de 1980 agrave 2017 (barre bleu) et moyenne glissante sur cinq ans (trait rouge) agrave partir de la base de donneacutees du site httptempetesmeteofrancefr

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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lrsquoexpansion observeacutee de la ceinture tropicale au cours de cette peacuteriode La cein-ture tropicale est une zone confineacutee de part et drsquoautre de lrsquoEacutequateur par de larges zones deacutesertiques dans laquelle regravegne un climat chaud et humide Son exten-sion est deacutetermineacutee par la circulation atmospheacuterique Depuis quelques deacutecen-nies on constate que cette zone srsquoeacutelargit en direction des pocircles dans les deux heacutemisphegraveres Plusieurs facteurs pourraient expliquer cette expansion (variabiliteacute naturelle ozone stratospheacuterique reacutechauffement des tempeacuteratures de surface changement dans le profil vertical des tempeacuteratures)

Inondations crues lentes et crues rapides

Auteur Florence Habets

Universiteacute Pierre et Marie Curie

La France est impacteacutee par les crues rapides les crues lentes et les submer-sions cocirctiegraveres La freacutequence importante des crues rapides est associeacutee agrave une forte mortaliteacute (fig B14 Paprotny et al 2018)

Figure B14 ndash Occurrence des crues en Europe en fonction du type de crue

(Submersion cocirctiegravere en bleu crue lente en vert clair crue rapide en vert fonceacute ou multicomposante en vio-let) Agrave gauche lrsquoeacutevolution par mois sur lrsquoEurope avec en rose le nombre de deacutecegraves associeacutes Agrave droite dis-tribution du type de crue par pays et nombre de deacutecegraves par pays

Source Paprotny et al 2018

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Ces diffeacuterents types de crues sont associeacutes agrave des pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques diffeacuterents preacutecipitations intenses pour les crues rapides longues peacuteriodes humides pour les crues lentes tempecircte pour les submersions cocirctiegraveres Cela se traduit notamment par des dates drsquooccurrence de ces eacuteveacutenements qui varient dans lrsquoespace comme illustreacute fig B15 Lrsquoeacutetude de la date drsquooccurrence du deacutebit maximum annuel montre des changements dans la dynamique de ces maximums annuels avec des zones comme la Bretagne ougrave le pic se produit plus tocirct qursquoavant et drsquoautres comme la plaine de la Garonne ougrave il arrive plus tard (Bloschl et al 2017)

Nom

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Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Un type particulier de crues lentes est celle causeacutee par deacutebordement de nappe Un cas exemplaire est celui du bassin de la Somme en 2001 pour lequel des maisons ont eacuteteacute inondeacutees pendant plusieurs mois (Neacutegrel et Petelet-Giraud 2005) Une analyse historique (fig B16) des niveaux des nappes seacutedimentaires de la moitieacute nord de la France par modeacutelisation permet via lrsquoutilisation drsquoun indice standardiseacute du niveau pieacutezomeacutetrique drsquoestimer lrsquoextension et lrsquointensiteacute des eacutepisodes ougrave les niveaux de la nappe sont tregraves hauts (au-delagrave drsquoune peacuteriode de retour de dix ans en chaque point) Les anneacutees 2000 et 2001 apparaissent effectivement comme des anneacutees extrecircmes sur une grande partie des aquifegraveres seacutedimentaires eacutetudieacutes

Figure B15a (gauche) ndash Dates drsquooccurrence des maximums de deacutebits annuels en Europe entre 1960 et 2010 (droite) eacutevolution de la date drsquooccurrence des maximums entre 1960 et 2010 exprimeacutee en nombre de jours par deacutecennie

Chaque flegraveche repreacutesente une station hydromeacutetrique La direction et la couleur indiquent la date moyenne drsquooccurrence tandis que la longueur indique la concentration des crues agrave une peacuteriode donneacutee (courte tregraves disperseacutee dans le temps longue tregraves concentreacutee dans le temps)

Source Bloschl et al 2017

Figure B16 ndash Surface (abscisse) et intensiteacute (ordonneacutee) de lrsquooccurrence des hauts niveaux de nappe (peacuteriode de retour de dix ans) en moyenne sur les aquifegraveres preacutesenteacutes sur la carte

Reacutesultats issus du projet Aqui-FR wwwmetisupmcfr~aqui-fr

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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En 2015 le risque drsquoinondation a contribueacute agrave hauteur de 104 milliards de dollars ameacutericains aux pertes annuelles moyennes mondiales En France et sur la peacuteriode couvrant 1982 agrave 2017 le coucirct moyen annuel des inondations est estimeacute agrave 526 Meuroan Les inondations de la Seine et de la Loire de 2016 ont coucircteacute de lrsquoordre du milliard drsquoeuros

Les laves torrentiellesAuteur Vincent Jomelli

Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagriculture

Les laves torrentielles constituent un pheacutenomegravene complexe pour au moins trois raisons

drsquoun point de vue statistique il srsquoagit drsquoun eacuteveacutenement rare qui se produit parfois selon une freacutequence plurideacutecennale

le deacuteclenchement de ce type de processus deacutepend des conditions climatiques et geacuteomorphologiques (pente veacutegeacutetation lithologie etc) qui sont interconnecteacutees

les conditions de deacuteclenchement sont souvent lieacutees agrave des pheacutenomegravenes cli-matiques extrecircmes eux-mecircmes encore mal compris

Deux conditions sont neacutecessaires au deacuteclenchement des laves torrentielles (Caine 1980 Johnson et Rodine 1984 Van Steijn 1996 Iverson 1997) drsquoune part des preacutecipitations de longue dureacutee ou de forte intensiteacute et drsquoautre part un grand volume de deacutebris rocheux mobilisable En regravegle geacuteneacuterale un eacutepisode de pluie intense deacuteclenche ce processus (Guzzetti et al 2008) bien que des laves torren-tielles aient eacuteteacute eacutegalement provoqueacutees par la libeacuteration soudaine drsquoeau stockeacutee sous un glacier par la rupture drsquoun barrage morainique ou encore par la fonte rapide de neige (Evans et Clague 1994) La relation entre le deacuteclenchement des laves torrentielles et les caracteacuteristiques des pluies a eacuteteacute eacutetudieacutee agrave de nombreuses reprises depuis les travaux pionniers de Caine (1980) Cet auteur et drsquoautres par la suite ont montreacute que plus lrsquointensiteacute des pluies est forte plus la dureacutee de ces averses est courte (Marchi et al 2002 Guzzetti et al 2008 Berti et al 2012 Pavlova et al 2014 Bel et al 2017) En revanche si lrsquoimportance du volume de deacutebris stockeacutes dans le chenal est connue depuis longtemps (Statham 1976) cet aspect reste encore agrave explorer en profondeur (Pech et Jomelli 2001) Ce volume de deacutebris peut provenir soit drsquoaccumulations morainiques (Haeberli et al 1990 Rickenman et Zimmermann 1993) soit de deacutebris geacutelifracteacutes accumuleacutes dans un couloir ou au sommet drsquoun deacutepocirct de pente (Pech et Jomelli 2001) par graviteacute ou transporteacutes par une avalanche (Theule et al 2012)

Lrsquoimportance du synchronisme spatio-temporel entre les fortes pluies et un volume de deacutebris stockeacutes a deacutejagrave eacuteteacute souligneacutee agrave plusieurs reprises (notamment Pech et Jomelli 2001 Malet et al 2005 Bel et al 2017) En drsquoautres termes si une lave torrentielle est deacuteclencheacutee la probabiliteacute de deacuteclenchement les mois ou les anneacutees suivantes sera faible mecircme si de fortes pluies sont observeacutees car si

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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le volume stockeacute dans le chenal a eacuteteacute totalement mobiliseacute au cours du premier eacuteveacutenement plusieurs anneacutees seront a priori neacutecessaires pour sa reconstitution

Les liens entre les laves torrentielles et le contexte geacuteomorphoclimatique

De nombreuses eacutetudes visant agrave documenter lrsquoactiviteacute des laves torrentielles dans diffeacuterentes reacutegions montagneuses ont reacuteveacuteleacute une forte variabiliteacute spatio- temporelle des bassins versants eacutetant plus actifs que drsquoautres On a donc chercheacute agrave identi-fier les facteurs geacuteomorphologiques ayant un impact important sur lrsquoactiviteacute des laves (Thiery et al 2007 Capitani et al 2013) En geacuteneacuteral lrsquoapproche consistait agrave explorer les relations statistiques entre lrsquoapparition de laves et une ou plusieurs variables geacuteomorphologiques explicatives deacutecrites agrave lrsquoeacutechelle du bassin-versant ou agrave une eacutechelle plus reacutegionale Parmi ces variables cleacutes les caracteacuteristiques geacuteologiques du bassin-versant (lithologie ou preacutesence drsquoune faille tectonique) ont eacuteteacute souligneacutees (Lorente et al 2002 Jomelli et al 2007 Cheng et al 2016) La taille du bassin-versant et sa pente sont eacutegalement consideacutereacutees comme des variables influant la freacutequence ou lrsquointensiteacute du processus tout comme le type de veacutegeacutetation ou lrsquoutilisation du sol (Jianzhong et al 2013)

La variabiliteacute des conditions meacuteteacuteorologiques est eacutegalement agrave prendre en compte Comme mentionneacute preacuteceacutedemment la preacutesence de laves torrentielles est dans la plupart des cas lieacutee agrave des pluies de longue dureacutee ou intenses Or les cumuls preacute-cipiteacutes de pluie etou de neige ainsi que la freacutequence des eacuteveacutenements extrecircmes varient dans le temps Certaines peacuteriodes peuvent donc ecirctre plus favorables que drsquoautres au deacuteclenchement de ce type de processus Ainsi une activiteacute accrue a eacuteteacute observeacutee en Europe occidentale pendant les peacuteriodes humides de lrsquoHolocegravene (Blikra et Nemec 1998 Matthews et al 2009) Lrsquoimpact du changement clima-tique actuel sur lrsquoactiviteacute des laves a eacutegalement eacuteteacute eacutetudieacute (Jomelli et al 2004 Wieczorek et Glade 2005 Pavlova et al 2014 Savi et al 2016) reacuteveacutelant le plus souvent un accroissement de lrsquooccurrence

Les liens entre les conditions geacuteomorphologiques et meacuteteacuteorologiquesclimatiques responsables du deacuteclenchement des laves doivent eacutegalement ecirctre consideacutereacutes Par exemple le seuil de preacutecipitations deacuteclenchant les laves deacutepend des caracteacuteris-tiques du sol qui controcirclent la saturation et la pression interstitielle (Peruccacci et al 2012) Lrsquoactiviteacute des laves deacutepend eacutegalement du volume de seacutediments pouvant ecirctre mobiliseacute dans le bassin-versant Ce volume est directement influenceacute par des variables geacuteomorphologiques telles que la lithologie (Hung et al 2005 Mc Coy et al 2012) mais ce stock varie eacutegalement selon un cycle saisonnier et connaicirct une variabiliteacute interannuelle qui deacutepend du climat (Theule et al 2012)

Pour eacutetudier les relations entre le fonctionnement des laves torrentielles et le climat actuel deux eacutechelles spatiales doivent ecirctre consideacutereacutees celle du bassin-versant expeacuterimental tregraves bien instrumenteacute (Bel et al 2017) et lrsquoeacutechelle reacutegionale (Pavlova et al 2012) Les deux approches ont leurs avantages et leurs inconveacute-nients raisons pour lesquelles elles doivent ecirctre utiliseacutees de concert Rappelons ici briegravevement les principaux reacutesultats issus de ces observations en commenccedilant tout drsquoabord par les bassins-versants expeacuterimentaux

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Lrsquoeacutechelle du bassin-versant expeacuterimental

Nos connaissances sur le deacuteclenchement des laves torrentielles ont eacuteteacute largement ameacutelioreacutees gracircce aux observations reacutealiseacutees depuis huit ans dans le bassin-ver-sant expeacuterimental du Reacuteal situeacute dans les Preacutealpes franccedilaises du Sud agrave proximiteacute du village de Peacuteone dans le deacutepartement des Alpes-Maritimes Ce bassin-versant de 23 km2 tregraves actif veacutegeacutetaliseacute agrave plus de 70 a eacuteteacute eacutequipeacute de trois stations de mesures comprenant chacune un geacuteophone des capteurs de hauteur drsquoeau une cameacutera et un pluviomegravetre (Navratil et al 2013) Ce systegraveme a permis drsquoidenti-fier plus drsquoune trentaine drsquoeacuteveacutenements dont certains nrsquoont pas atteint la partie basse du bassin-versant Gracircce agrave ces observations on sait que ces eacutecoulements se produisent principalement en eacuteteacute (43 ) et au printemps (40 ) et plus rare-ment agrave lrsquoautomne (10 ) et en hiver (5 )

Ce dispositif de mesures a aussi permis drsquoeacutetudier finement les relations inten-siteacute-dureacutee (ID) des pluies responsables drsquoun deacuteclenchement de lave Ce seuil ID varie quelque peu selon le volume de seacutediments mobiliseacutes et les distances parcourues (Bel et al 2017) Une augmentation systeacutematique du seuil ID a eacuteteacute constateacutee avec la surface de drainage Gracircce agrave ces observations un seuil drsquointen-siteacutedureacutee des preacutecipitations en fonction des caracteacuteristiques des eacuteveacutenements pluvieux a eacuteteacute deacutefini Les conditions meacuteteacuteorologiques propices au deacuteclenchement des laves ont eacuteteacute identifieacutees et ont eacuteteacute ensuite compareacutees aux autres types drsquoeacutecou-lements Dans le bassin-versant les laves sont deacuteclencheacutees apregraves des pluies de forte intensiteacute pendant quelques minutes combineacutees agrave de forts cumuls le jour de lrsquoeacuteveacutenement et les deux jours preacuteceacutedents Les valeurs drsquointensiteacute deacuteclenchant les laves varient en fonction de la saison Celles-ci sont geacuteneacuteralement comprises entre 10 mm au printemps et plus de 40 mm pour les autres saisons

Les preacutecipitations ayant eu lieu les jours preacuteceacutedant le deacuteclenchement apparaissent ecirctre un facteur pertinent pour diffeacuterencier les laves des autres types drsquoeacutecoule-ments Pour ces derniegraveres un cumul de preacutecipitations compris entre 8 et 30 mm srsquoavegravere ecirctre un seuil au-delagrave duquel les laves se deacuteclenchent Les laves torren-tielles immatures se produisent apregraves des eacutepisodes pluvieux intenses et de courte dureacutee combineacutes agrave des cumuls journaliers relativement faibles Les eacutecoulements agrave charge de fond se produisent eux apregraves de fortes pluies drsquointensiteacute modeacutereacutee

Ces observations des processus en temps reacuteel reacutealiseacutees dans des bassins-versants expeacuterimentaux permettent aussi drsquoameacuteliorer nos connaissances sur la physique de lrsquoeacutecoulement afin de deacutevelopper des modegraveles deacuteterministes et drsquoestimer des dis-tances drsquoarrecirct (Laigle et Marchi 2000 Mallet et al 2005 Remaitre et al 2008)

Au total ce type de dispositif est indispensable pour comprendre finement le fonc-tionnement des processus Il doit donc ecirctre maintenu sur la dureacutee et reproduit dans drsquoautres contextes environnementaux (veacutegeacutetation lithologie climat) pour saisir leurs effets sur le deacuteclenchement et le fonctionnement des laves Ces observa-tions doivent eacutegalement ecirctre combineacutees agrave des observations reacutealiseacutees cette fois agrave une eacutechelle spatiale plus large preacutesenteacutee ci-dessous

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Lrsquoeacutechelle reacutegionale

Pour eacutetudier les causes des variations de lrsquoactiviteacute des laves torrentielles il faut disposer drsquoobservations permettant de satisfaire deux conditions

une longue peacuteriode de temps pour deacutetecter potentiellement un changement significatif dans lrsquoactiviteacute du processus et du climat

un large territoire pour prendre en compte les variations spatiales lieacutees aux caracteacuteristiques du bassin-versant par exemple la lithologie

On beacuteneacuteficie en France drsquoun reacuteseau drsquoobservations de laves torrentielles reacutealiseacutees par les agents du RTM (Office national des forecircts ndash restauration des terrains en montagne) en partenariat avec lrsquoIRSTEA sur lrsquoensemble du territoire alpin (Brochot et al 2002) Ces donneacutees uniques couvrant plusieurs deacutecennies preacutesentent neacuteanmoins certaines faiblesses rappeleacutees ici Le recensement ayant lieu au pied des bassins-versants il srsquoagit drsquoun nombre minimal drsquoeacuteveacutenements au regard des observations reacutealiseacutees dans le bassin-versant expeacuterimental du Real par exemple Les eacuteveacutenements geacuteo-reacutefeacuterenceacutes sont documenteacutes au pas de temps journalier le plus souvent Par ailleurs bien que reacutealiseacutee par des speacutecialistes lrsquoidentification des types drsquoeacutecoulement est parfois deacutelicate a posteriori Toutefois ces observa-tions apportent un eacuteclairage nouveau et essentiel agrave la compreacutehension des laves torrentielles dont quelques exemples sont preacutesenteacutes ici Dans les hauts bas-sins-versants du Drac de lrsquoIsegravere et de la Durance des relations intensiteacute-dureacutee des preacutecipitations ont eacuteteacute proposeacutees agrave partir drsquoobservations meacuteteacuteorologiques et des reacuteanalyses SAFRAN (Pavlova et al 2011 2012 2014) Toutefois la faible densiteacute du reacuteseau drsquoobservation meacuteteacuteorologique rend peu pertinent ce type drsquoap-proche ID agrave cette eacutechelle spatiale En effet de tregraves nombreux eacuteveacutenements ont eacuteteacute deacuteclencheacutes sans que des preacutecipitations aient eacuteteacute mesureacutees agrave proximiteacute les stations meacuteteacuteorologiques eacutetant le plus souvent situeacutees agrave basse altitude et parfois distantes de plusieurs kilomegravetres du bassin-versant consideacutereacute Dans ces sec-teurs une approche fondeacutee sur une modeacutelisation probabiliste srsquoest aveacutereacutee plus pertinente pour identifier les conditions meacuteteacuteorologiquesclimatiques propices au deacuteclenchement des laves agrave partir de variables mesureacutees au pas de temps jour-nalier ou mensuel cette fois (Pavlova et al 2014) Le nombre de jours de pluies entre le 15 mai et le 15 octobre ainsi que la moyenne des tempeacuteratures maxi-males sont les deux variables qui se sont aveacutereacutees ecirctre les mieux correacuteleacutees au deacuteclenchement des laves agrave une eacutechelle reacutegionale (Pavlova et al 2014) (fig B17) Ces longues seacuteries eacuteveacutenementielles sont de qualiteacute variable dans le temps et lrsquoespace raison pour laquelle une pseudo-homogeacuteneacuteisation a eacuteteacute testeacutee avec succegraves (Jomelli et al 2015) Ces longues seacuteries corrigeacutees ont permis de deacutetec-ter une augmentation de lrsquooccurrence des laves au cours de ces derniegraveres deacutecen-nies en lien avec le climat (Jomelli et al 2007 2015) Cette base de donneacutees eacuteveacutenementielles a aussi permis de caracteacuteriser la plupart des bassins-versants et deacuteterminer ainsi dans lesquels les laves se produisent plus favorablement que drsquoautres types drsquoeacutecoulements concentreacutes en srsquoappuyant sur lrsquoindice de Melton (Bertrand et al 2013)

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Par ailleurs ces investigations conduites sur un large territoire ont permis de montrer que les relations entre les laves torrentielles et le climat nrsquoeacutetaient pas univoques mais deacutependaient fortement du contexte geacuteomorphologique comme la lithologie lrsquoaltitude et la taille de la zone amont qui a une forte influence sur la freacutequence et le temps de retour de ces laves (Jomelli et al 2007) Une remonteacutee en altitude de la zone de deacuteclenchement des laves torrentielles a ainsi pu ecirctre mise en eacutevidence lieacutee agrave lrsquoaugmentation des tempeacuteratures De plus agrave basse alti-tude (lt 2 200 m) le nombre de laves a diminueacute depuis les anneacutees 1980 alors qursquoune augmentation significative a eacuteteacute observeacutee en altitude (Jomelli et al 2004)

Agrave cette eacutechelle spatiale le contexte geacuteomorphologique peut ecirctre consideacutereacute dans la relation climatdeacuteclenchement des laves Sur le plan meacutethodologique les modegraveles deacuteterministes peuvent prendre en compte simultaneacutement les variables environnementales et climatiques dans lrsquoeacutevaluation de lrsquoactiviteacute des laves torren-tielles Par exemple les modegraveles de stabiliteacute des pentes utilisent des variables geacuteotechniques pour deacutefinir la sensibiliteacute du sol aux eacutecoulements en fonction des preacutecipitations Cependant ces modegraveles sont geacuteneacuteralement appliqueacutes aux bassins-versants preacutesentant des caracteacuteristiques environnementales homogegravenes situeacutees dans la mecircme zone climatique afin de reacuteduire la difficulteacute de la modeacutelisation Les approches agrave partir drsquoanalyses statistiques utilisent geacuteneacuteralement des donneacutees couvrant un large territoire impliquant une grande variabiliteacute environnementale et climatique Mais ici aussi pour reacuteduire la complexiteacute de lrsquoanalyse les preacutedic-teurs environnementaux et climatiques sont le plus souvent consideacutereacutes seacutepareacute-ment Reacutecemment une modeacutelisation bayeacutesienne hieacuterarchique a permis de montrer que le climat joue un rocircle deacuteterminant lorsque lrsquoactiviteacute des bassins-versants est homogegravene (au moins une lave deacuteclencheacutee par deacutecennie) Agrave lrsquoinverse crsquoest la litho-logie qui srsquoavegravere ecirctre la variable la plus discriminante pour expliquer la raison pour laquelle certains bassins-versants sont tregraves actifs tandis que drsquoautres le sont peu (Jomelli et al 2018 submitted)

Figure B17 ndash Probabiliteacute de deacuteclenchement des laves torrentielles dans les Alpes franccedilaises du Nord agrave partir de SAFRAN (1970-2005)

Source drsquoapregraves Pavlova et al 2014

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Les avalanches

Auteurs Nicolas Eckert Thierry Faug Florie Giacona Jeacuterocircme Lopez-Saez

Mohamed Naaim

Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Christophe Corona

GEOLAB Centre national de la recherche scientifique Clermont-Ferrand

Samuel Morin

Meacuteteacuteo-France Centre drsquoeacutetude de la neige Grenoble

Quelques reacutesultats statistiques sur les observations des avalanches pour les der-niegraveres deacutecennies dans les Alpes franccedilaises

LrsquoEnquecircte permanente sur les avalanches (EPA) constitue une base de donneacutees quasi instrumentale qui reacutepertorie les avalanches sur pregraves de 3 000 couloirs des Alpes depuis le deacutebut du XXe siegravecle Les observations qui y sont consigneacutees ont pour lrsquoinstant eacuteteacute analyseacutees surtout sur la peacuteriode post-Seconde Guerre mon-diale au cours de laquelle elles sont plus systeacutematiques En matiegravere de nombre drsquoavalanches malgreacute une forte variabiliteacute interannuelle un maximum relatif drsquoac-tiviteacute a pu ecirctre identifieacute autour de 1980 suivi par une deacutecroissance (fig B18a Eckert et al 2010) Une tendance similaire se retrouve de maniegravere amplifieacutee et inverseacutee dans les altitudes drsquoarrecirct atteintes par les avalanches (fig B18b) et plus encore dans les altitudes drsquoarrecirct atteintes par les grandes avalanches qui remontent nettement depuis 1980 (fig B18c) Une autre tendance significative est la diminution nette et reacuteguliegravere de la proportion drsquoavalanches avec aeacuterosol depuis le deacutebut des anneacutees 1970 eacutepoque agrave partir de laquelle cette information est enregistreacutee dans lrsquoEPA (fig B18d)

Lrsquoaugmentation relative de lrsquoactiviteacute avalancheuse sur la peacuteriode 1960-1980 a coiumlncideacute avec des hivers plus froids et neigeux par ailleurs bien documenteacutes par drsquoautres indicateurs (courtes avanceacutees glaciaires notamment) Le laquo recul des avalanches raquo accompagneacute drsquoune diminution de la proportion des avalanches avec aeacuterosol qui srsquoest produite ensuite coiumlncide quant agrave lui avec une peacuteriode de reacutechauf-fement marqueacute (Castebrunet et al 2012)

Le lien entre altitude drsquoarrecirct des avalanches et tempeacuterature a pu ecirctre mis en eacutevi-dence de maniegravere explicite au travers de correacutelations entre les frottements qui controcirclent la dynamique des avalanches et les proprieacuteteacutes physiques de la neige Sur les couloirs bien documenteacutes de la haute valleacutee de lrsquoArve il a pu ecirctre montreacute que le coefficient de frottement de la neige augmente avec la tempeacuterature de la neige (Naaim et al 2013) Ce reacutesultat suggegravere que la remonteacutee en altitude des positions drsquoarrecirct des avalanches depuis 1980 peut effectivement ecirctre attribueacutee au moins en partie agrave lrsquoaugmentation des tempeacuteratures hivernales

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Figure B18 eacutevolutions reacutecentes de lrsquoactiviteacute avalancheuse dans les Alpes franccedilaises enregistreacutee par lrsquoEPA a) nombre moyen drsquoavalanches par couloir et par an b) altitude drsquoarrecirct moyenne annuelle c) altitude drsquoarrecirct deacutecennale (niveau de retour) d) proportion drsquoavalanches avec aeacuterosol (incluant les eacutecoulements mixtes)

Ce scheacutema global simple masque en reacutealiteacute des eacutevolutions diffeacuterencieacutees forte-ment controcircleacutees par lrsquoaltitude Agrave basse altitude (approximativement en dessous de 1 500 m) la diminution de lrsquoactiviteacute avalancheuse depuis 1980 environ a eacuteteacute drastique en lien avec la forte reacuteduction de lrsquoenneigement induite par le reacutechauf-fement du climat Au contraire agrave plus haute altitude lrsquoactiviteacute a reacutecemment aug-menteacute depuis 1980 (Lavigne et al 2015) peut-ecirctre sous lrsquoeffet de lrsquoaccroissement de la variabiliteacute climatique hivernale et de lrsquoactiviteacute avalancheuse de neige humide

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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sur laquelle on reviendra Cette tendance concerne en particulier les massifs du sud des Alpes franccedilaises qui ont en moyenne une altitude plus eacuteleveacutee que ceux situeacutes au nord des Alpes franccedilaises et sont soumis conjointement aux influences climatiques meacutediterraneacuteennes et atlantiques

Ailleurs etou sur des peacuteriodes plus longues

Pour reacuteellement appreacutehender le lien avalanche-climat il est neacutecessaire de srsquoin-teacuteresser agrave des peacuteriodes temporelles plus longues incluant des eacutepoques ougrave le climat eacutetait clairement diffeacuterent des conditions actuelles Des donneacutees paleacuteo-envi-ronnementales suggegraverent ainsi qursquoau Petit acircge glaciaire (PAG) 4 des avalanches majeures se sont produites dans des endroits ougrave lrsquoactiviteacute a eacuteteacute bien moins intense durant les derniegraveres deacutecennies Ces eacutevolutions pluriseacuteculaires ont pu ecirctre docu-menteacutees en Scandinavie au moyen drsquoune approche licheacutenomeacutetrique qui utilise lrsquoacircge des lichens pour deacuteterminer la freacutequence des remaniements dans les zones drsquoarrecirct drsquoavalanches Dans les montagnes europeacuteennes et en Ameacuterique du Nord lrsquoapproche dendrogeacuteomorphologique baseacutee sur lrsquoidentification et la datation des perturbations de croissance lieacutees aux avalanches dans les cernes de croissance de vieux peuplements forestiers a eacuteteacute utiliseacutee La plus ancienne chronique ava-lancheuse actuellement reconstruite remonte jusqursquoau XIVe siegravecle dans le massif du Queyras Lrsquointerpreacutetation climatique de telles seacuteries reste toutefois difficile du fait du caractegravere limiteacute de la quantiteacute de donneacutees ainsi reconstruites et des biais inheacuterents agrave la meacutethode (perte de meacutemoire avec le temps etc)

Les proxies sont utilement suppleacutementeacutes par lrsquoanalyse des archives historiques qursquoil convient toutefois de replacer dans leur contexte avec preacutecision (qualiteacute et origine des sources eacutevolutions du vocabulaire etc) Dans cette optique les massifs franccedilais de moyenne montagne (Massif vosgien Massif central Jura) constituent des sites drsquoeacutetude privileacutegieacutes Lrsquoaltitude des zones de deacutepart drsquoavalanche corres-pond agrave lrsquoaltitude moyenne de la limite pluieneige durant la saison hivernale ce qui les rend particuliegraverement sensible au reacutechauffement Des travaux reacutecents baseacutes sur une analyse historique suggegraverent ainsi une quasi-extinction de lrsquoacti-viteacute avalancheuse de basse altitude au cours de la seconde moitieacute du XIXe siegravecle dans le Massif vosgien peacuteriode qui coiumlncide avec la sortie du PAG Toutefois les sources historiques eacutetant geacuteneacuteralement eacutetroitement associeacutees agrave la vulneacuterabi-liteacute donc aux deacutegacircts causeacutes par les avalanches elles ne permettent pas agrave elles seules de renseigner lrsquoeacutevolution de lrsquoaleacutea naturel Des investigations suppleacutemen-taires associant donneacutees historiques proxies eacutetudes diachroniques des usages des sols et diffeacuterents outils de simulation climatique restent donc agrave mener pour confirmer et si possible geacuteneacuteraliser ces premiers reacutesultats relatifs agrave lrsquoeacutevolution seacuteculaire de lrsquoactiviteacute avalancheuse avec le climat

4 Le Petit acircge glaciaire (PAG) est une peacuteriode climatique froide survenue en Europe et en Ameacuterique du Nord du deacutebut du XIVe agrave la fin du XIXe siegravecle approximativement

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Lien entre les changements deacutejagrave observeacutes et les activiteacutes humaines

Auteurs Serge Planton

Meacuteteacuteo-France

Robert Vautard

IPSL

De nombreux eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques ou climatiques extrecircmes ont ponctueacute la derniegravere deacutecennie en France (voir Partie preacuteceacutedente) Ces pheacutenomegravenes ont parfois eacuteteacute laquo sans preacuteceacutedent connu raquo comme la vague de chaleur de 2003 engendrant des impacts nouveaux auxquels la socieacuteteacute nrsquoeacutetait pas preacutepareacutee Srsquoil est difficile de relier directement ces eacuteveacutenements au changement climatique en revanche les projections climatiques pour le milieu ou la fin du siegravecle montrent une eacutevolu-tion de la freacutequence ou de lrsquointensiteacute de plusieurs types drsquoeacuteveacutenements (vagues de chaleur seacutecheresses preacutecipitations intenses notamment) sans montrer de signal significatif pour drsquoautres (tempecirctes notamment)

Degraves lors plusieurs questions geacuteneacuterales se posent chaque fois qursquoun eacuteveacutenement se produit

Cet eacuteveacutenement ou bien lrsquoeacutevolution de ses caracteacuteristiques sont-ils seulement

drsquoorigine naturelle ou en partie lieacutes aux activiteacutes humaines Comment les pheacute-

nomegravenes observeacutes peuvent-ils se comparer aux projections du climat futur

Les reacuteponses agrave ces questions sont cruciales pour anticiper les risques agrave venir et preacuteparer les politiques drsquoadaptation lieacutees aux extrecircmes En effet les eacuteveacutenements extrecircmes engendrent des dommages importants de faccedilon transversale et simul-taneacutee dans diffeacuterents secteurs de lrsquoeacuteconomie de la santeacute ou de lrsquoenvironnement Ils ont parfois servi de deacuteclencheurs de nouvelles politiques drsquoadaptation (ex le Plan national canicule en 2003) Une meilleure compreacutehension et interpreacuteta-tion des causes de ces aleacuteas dans un cadre climatique eacutevolutif permettraient de mieux les anticiper au lieu de subir leurs conseacutequences

Le lien au changement climatique pour la plupart de ces eacuteveacutenements reste agrave eacutetudier Pourtant nous ne partons pas de rien En effet drsquoune part un nombre croissant drsquoeacutetudes srsquointeacuteressent actuellement agrave la deacutetection et agrave lrsquoattribution des change-ments climatiques des eacuteveacutenements extrecircmes et de leurs conseacutequences eacuteven-tuelles Il srsquoagit de deacuteterminer si lrsquoeacutevolution des statistiques (freacutequence amplitude) drsquoun type drsquoeacuteveacutenement (par exemple la probabiliteacute drsquoobserver une vague de chaleur ou la freacutequence de preacutecipitations intenses) peut ecirctre expliqueacutee par la seule varia-biliteacute interne du climat et si ce nrsquoest pas le cas drsquoeacutevaluer les contributions au changement deacutetecteacute de diffeacuterents facteurs externes qursquoils soient anthropiques (par exemple les gaz agrave effet de serre ou les particules de pollution atmospheacuterique) ou naturels (par exemple lrsquoactiviteacute solaire ou volcanique) Les meacutethodes actuelles

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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reposent souvent sur la comparaison de simulations climatiques avec et sans les facteurs suspecteacutes et leur coheacuterence avec les observations

Drsquoautre part plus reacutecemment lrsquoattention srsquoest porteacutee sur lrsquoattribution drsquoeacuteveacutene-ments singuliers Il srsquoagit dans ce cas drsquoeacutetudier speacutecifiquement un eacuteveacutenement observeacute et drsquoestimer comment les facteurs externes ont pu modifier la probabi-liteacute drsquooccurrence des eacuteveacutenements du mecircme type Le terme drsquoattribution est ici agrave manier avec prudence car il ne srsquoagit pas drsquoaffirmer que lrsquoeacuteveacutenement nrsquoaurait pas eu lieu en lrsquoabsence du forccedilage anthropique par exemple mais drsquoindiquer srsquoil est devenu plus ou moins probable agrave cause de ce forccedilage

Sont reacutesumeacutes ici quelques reacutesultats obtenus par le projet Extremoscope 5 (Gasparrini 2017) Les eacuteveacutenements extrecircmes eacutetudieacutes ici eacutetaient ceux pour lesquels les donneacutees historiques sont disponibles homogegravenes et fiables (vagues de chaleur vagues de froid seacutecheresses ou preacutecipitations intenses)

Pendant le deacuteroulement du projet de novembre 2013 agrave octobre 2016 six eacuteveacute-nements meacuteteacuteorologiques et climatiques particuliegraverement marquants qui se sont produits en France ont eacuteteacute retenus pour lrsquoanalyse Trois se rapportent agrave des eacuteveacutene-ments pluvieux et trois agrave des eacutepisodes chauds mais aussi secs pour lrsquoun drsquoentre eux Par la suite drsquoautres pheacutenomegravenes ont pu eacutegalement ecirctre eacutetudieacutes dans le cadre de la nouvelle laquo Convention services climatiques raquo soutenue par le ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire

Nous donnons ici une courte synthegravese de lrsquoeacutetude de chacun des six eacuteveacutenements analyseacutes pendant le projet Extremoscope Quelques figures choisies pour deux des six cas permettent drsquoillustrer le type de visualisation pouvant ecirctre produit pour caracteacuteriser chaque eacuteveacutenement et son lien avec le changement climatique

Les pluies intenses de lrsquohiver 2013-2014

Les cumuls de pluie de lrsquohiver 2013-2014 ont deacutepasseacute les records des cinquante derniegraveres anneacutees sur la Bretagne ougrave ils ont engendreacute des inondations majeures (fig B19) Cet eacuteveacutenement est ducirc agrave la persistance drsquoune circulation atmospheacuterique avec des vents de sud-ouest chargeacutes drsquohumiditeacute Les simulations climatiques reacutegionales reproduisent difficilement les forts cumuls sur lrsquohiver et ne montrent pas de changement significatif des proprieacuteteacutes des extrecircmes depuis 1971 Il est donc impossible avec les reacutesultats obtenus ici de conclure agrave un changement ducirc aux activiteacutes humaines pour ce type drsquoextrecircme

5 Programme GICC MTESCGDDDRISR

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Les pluies Ceacutevenoles de lrsquoautomne 2014

Les pluies journaliegraveres les plus fortes sur le pourtour meacutediterraneacuteen ont une amplitude qui a augmenteacute de 20 environ (incertitude plusmn 15 ) entre 1960 et aujourdrsquohui En automne sur les Ceacutevennes la probabiliteacute de deacutepasser aujourdrsquohui des seuils eacuteleveacutes (300 mmjour) comme ceux observeacutes en 2014 a environ tripleacute en soixante-cinq ans (Vautard et al 2015) Il est difficile drsquoexpliquer ces tendances sans invoquer lrsquoinfluence humaine sur le climat Une nouvelle eacutetude tregraves reacutecente (Luu et al 2018) a permis de montrer que les simulations reacutealiseacutees dans le cadre du projet EURO-CORDEX inteacutegrant les eacutemissions anthropiques ont des tendances eacutequivalentes coheacuterentes avec les observations tout en sous-estimant les cumuls de preacutecipitations Lrsquoorigine humaine de cette augmentation est donc probable

Figure B19 ndash Caracteacuterisation du caractegravere exceptionnel des preacutecipitations de lrsquohiver 2013-2014 avec lrsquoindicateur agreacutegeacute de preacutecipitations agrave lrsquoeacutechelle de la reacutegion Bretagne calculeacute sur la peacuteriode 1959-2017 (cumul moyen sur la zone)

Source Extremoscope

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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La vague de chaleur et la seacutecheresse de lrsquoeacuteteacute 2015

Lrsquoeacuteteacute 2015 est le troisiegraveme eacuteteacute le plus chaud observeacute en France apregraves 2003 (+ 32 degC) 2018 (+ 2 degC) Il a notamment eacuteteacute marqueacute par deux vagues de chaleur en juillet Lrsquoanomalie de tempeacuterature a eacuteteacute accompagneacutee drsquoune anomalie anticy-lonique sur lrsquoEurope Lrsquoeacuteteacute 2015 a eacuteteacute eacutetudieacute agrave travers deux meacutethodes de deacutetec-tion et attribution Si les deux meacutethodes srsquoaccordent pour dire que le changement climatique a augmenteacute lrsquointensiteacute de cette vague de chaleur elles diffegraverent quant agrave leur quantification de cette augmentation La meacutethode des analogues de cir-culation conduit agrave une augmentation de 11 degC tandis que la meacutethode baseacutee sur des simulations reacutegionales attribue 03 degC au changement climatique Par ail-leurs une eacutetude reacutecente srsquoest focaliseacutee sur le deacuteficit en preacutecipitation au cours du mecircme eacuteteacute (Hauser et al 2017) La variabiliteacute des reacutesultats entre les diffeacute-rents modegraveles nrsquoa pas permis de conclure agrave un signal significatif des activiteacutes humaines pour ce paramegravetre

Le record de chaleur de deacutecembre 2015

Le mois de deacutecembre 2015 le plus chaud jamais observeacute en France (fig B20) a eacuteteacute eacutetudieacute agrave partir de plusieurs meacutethodes afin de deacuteterminer le rocircle eacuteventuel

Figure B20 ndash Caracteacuterisation des mois de deacutecembre en France en rapport agrave la normale (moyenne 1981-2010) pour les preacutecipitations en pourcentage de cette normale (axe des abscisses) et eacutecart agrave la normale des tempeacuteratures en degreacute Celsius (axe des ordonneacutees)

Source Meacuteteacuteo-France

Tempeacuteratures et preacutecipitations en deacutecembre de 1959 agrave 2017

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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du changement climatique dans son apparition Les tempeacuteratures eacuteleveacutees sont largement dues aux vents de sud soufflant au cours du mois mais lrsquointensiteacute de cet eacuteveacutenement est 025 degC agrave 06 degC plus eacuteleveacutee que ce qursquoelle aurait eacuteteacute avec les mecircmes vents dans un climat avec moins de gaz agrave effet de serre Les simulations climatiques utiliseacutees ne contiennent aucun cas de tempeacuteratures aussi eacuteleveacutees agrave la fin du XXe siegravecle alors que quelques cas apparaissent dans la peacuteriode actuelle Ce type drsquoeacuteveacutenement est donc extrecircmement peu probable dans un climat sans influence humaine mais deviendra de plus en plus probable au cours du XXIe siegravecle sans reacuteduction des eacutemissions de gaz agrave effet de serre (fig B21) Une eacutetude publieacutee reacutecemment a par ailleurs permis de deacutemontrer que pour des circulations atmos-pheacuteriques similaires les tempeacuteratures sont moins eacuteleveacutees dans le milieu du XXe siegravecle que dans la peacuteriode plus reacutecente (Jeacutezeacutequel et al 2017)

Les pluies extrecircmes du printemps 2016

Un eacutepisode de trois jours de pluies quasi continues srsquoest produit sur le centre de la France les 29-30-31 mai 2016 occasionnant des inondations dans les bassins de la Loire et de la Seine notamment sur plusieurs affluents Une augmentation de freacutequence de ce type drsquoeacuteveacutenement agrave cette peacuteriode de lrsquoanneacutee nrsquoest pas deacutetec-table dans les observations En revanche les simulations de plusieurs ensembles

Figure B21 ndash Valeurs de retour de lrsquoindicateur thermique pour le mois de deacutecembre en fonction de la peacuteriode de retour pour les observations durant la peacuteriode reacutecente (couleur cyan) et pour diffeacuterentes peacuteriodes pour les simulations Euro-CORDEX

Source IPSL

Vale

ur d

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tour

(degC

)

Peacuteriode de retour (anneacutees)

1971-2000

Actuel [2001-2030]

2021-2050

2041-2070

Obs 1949-2015

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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de modegraveles montrent une augmentation drsquoun facteur 15 agrave 2 environ de cette freacute-quence par rapport agrave un climat sans activiteacutes humaines ou agrave une peacuteriode clima-tique de la fin du XXe siegravecle Il est donc possible que les activiteacutes humaines aient augmenteacute lrsquointensiteacute et la probabiliteacute drsquooccurrence de tels pheacutenomegravenes sans que les observations permettent de le confirmer

Les vagues de chaleur tardives de lrsquoeacuteteacute 2016

La France a connu des tempeacuteratures tregraves eacuteleveacutees au cours de la fin de lrsquoeacuteteacute 2016 Bien que classiques pour une vague de chaleur de milieu drsquoeacuteteacute les tempeacuteratures rencontreacutees ont eacuteteacute tregraves exceptionnelles pour une fin drsquoeacuteteacute et des valeurs record pour la peacuteriode du 16 aoucirct au 15 septembre ont eacuteteacute atteintes Une analyse agrave partir des simulations climatiques montre que de telles tempeacuteratures sont extrecirc-mement peu probables sans la modification du climat induite par les activiteacutes humaines Elle montre aussi que dans le futur des tempeacuteratures aussi eacuteleveacutees entre le 16 aoucirct et le 15 septembre seront freacutequentes Cela montre que les mesures drsquoadaptation aux vagues de chaleur doivent aussi srsquoeacutetendre au mois de septembre

Drsquoautres eacutetudes ont eacuteteacute meneacutees depuis comme celle sur lrsquoeacuteteacute exceptionnel et la vague de chaleur drsquoaoucirct 2017 sur les reacutegions meacutediterraneacuteennes (Kew et al 2018) montrant que drsquoune part la probabiliteacute de telles tempeacuteratures avait pro-bablement augmenteacute drsquoun ordre de grandeur 6 avec une peacuteriode de retour actuelle drsquoune dizaine drsquoanneacutees sur la reacutegion concerneacutee et drsquoautre part que dans un climat 2 degreacutes plus chaud que sans activiteacutes humaines ce type de tempeacuteratures deviendrait la norme dans cette reacutegion Il faut rappeler les tempeacuteratures record observeacutees (plus de 41 degC agrave Nicircmes) et la forte seacutecheresse qui a accompagneacute cet eacuteveacutenement occasionnant des pertes pour la viticulture notamment

Conclusions

La diversiteacute de ces eacuteveacutenements portant parfois sur une saison parfois sur quelques jours conduit agrave tirer des conclusions diffeacuterentes concernant un possible effet des activiteacutes humaines Ces conclusions vont de lrsquoabsence drsquoeffet identifieacute (pluies intenses seacutecheresses) jusqursquoagrave une empreinte claire des activiteacutes humaines sur la probabiliteacute drsquoeacuteveacutenements comparables (vagues de chaleur) La quantification preacutecise de lrsquoinfluence humaine sur les extrecircmes de chaleur nrsquoest toutefois pas possible agrave ce stade

Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale ces conclusions sont en accord avec les reacutesultats des eacutetudes meneacutees au niveau international et dont une synthegravese avait eacuteteacute faite au cours drsquoun atelier du colloque Our Common Future Under Climate Change qui srsquoest tenu quelques mois avant la confeacuterence de Paris sur le climat (Paris 7-10 juillet 2015) La principale conclusion de cet atelier focaliseacute sur la question de la deacutetec-tion et de lrsquoattribution des eacuteveacutenements singuliers eacutetait la suivante

6 La probabiliteacute a eacuteteacute multiplieacutee par un facteur 10

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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laquo Les preuves que lrsquoinfluence humaine exacerbe les extrecircmes de tempeacuterature ont continueacute agrave se renforcer et la confiance dans le fait que ce soit aussi le cas pour les extrecircmes de preacutecipitations augmente raquo

Agrave ce jour il nrsquoexiste pas drsquoeacutetude formalisant lrsquoattribution de changements dans lrsquoac-tiviteacute avalancheuse aux activiteacutes humaines (ni en France ni dans les autres pays de montagne) bien que la question se pose reacuteguliegraverement lors de chaque eacuteveacute-nement avalancheux majeur (par exemple janvier 2018 dans les Alpes du Nord)

De mecircme lrsquoinfluence du changement climatique sur les eacuteveacutenements extrecircmes neigeux certains risques gravitaires les risques lieacutes aux glaciers et leur eacutevolution dans un climat futur nrsquoont pas eacuteteacute lrsquoobjet de suffisamment drsquoeacutetudes pour obtenir des eacuteleacutements suffisants et des conclusions pertinentes

Chapitre CEacutevolutions

dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

Auteurs Serge Planton Meacuteteacuteo-France

Robert Vautard IPSL

copy Arnaud Bouissou ndash Terra

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Plusieurs des reacutesultats preacutesenteacutes dans ce chapitre font reacutefeacuterence aux sceacute-narios drsquoeacutemissions futures de gaz agrave effet de serre deacutefinis dans le contexte du travail drsquoexpertise du GIEC (GIEC 2013) Il srsquoagit des sceacutenarios dits RCP pour Representative Concentration Pathways (profils repreacutesentatifs drsquoeacutevo-lution de concentration) qui ont servi de base au calcul de projections cli-matiques tant agrave lrsquoeacutechelle globale qursquoagrave lrsquoeacutechelle reacutegionale crsquoest-agrave-dire celle du sous-continent europeacuteen ou de la France meacutetropolitaine Cependant agrave lrsquoeacutechelle reacutegionale les reacutesultats les plus reacutecents preacutesenteacutes ici ne prennent en compte que deux sceacutenarios parmi les quatre proposeacutes par les experts du GIEC ndash RCP85 de fortes eacutemissions de gaz agrave effet de serre et RCP45 drsquoeacutemis-sions laquo modeacutereacutees raquo - Ce sont en effet les seuls pour lesquels un ensemble relativement important de simulations a eacuteteacute reacutealiseacute agrave partir drsquoune dizaine de modegraveles climatiques reacutegionaux diffeacuterents (drsquoune reacutesolution drsquoune dizaine de kilomegravetres) dans le cadre du projet europeacuteen de recherche Euro-CORDEX lanceacute en 2009 Degraves lors la question du sceacutenario du reacutechauffement agrave 2 degC agrave lrsquoeacutechelle globale correspondant sensiblement au sceacutenario RCP26 est poseacutee Elle nrsquoest pas essentielle agrave un horizon temporel limiteacute au milieu de ce siegravecle (typiquement pour la peacuteriode 2021-2050) car agrave cet horizon les pro-jections climatiques deacutependent faiblement du sceacutenario drsquoeacutemissions de gaz agrave effet de serre En revanche agrave lrsquohorizon de la fin de ce siegravecle (typiquement pour la peacuteriode 2071-2100) les reacutesultats en deacutependent fortement Il faut toutefois noter que les quelques simulations reacutealiseacutees agrave lrsquoeacutechelle reacutegionale pour le sceacutenario RCP26 montrent une relative stabiliteacute des reacutesultats concer-nant les extrecircmes climatiques entre le milieu et la fin de ce siegravecle (voir par exemple les reacutesultats des simulations du modegravele Aladin-Climat de Meacuteteacuteo-France figurant sur le portail Internet Drias 1) Il est donc possible de trans-poser les reacutesultats des sceacutenarios RCP45 et RCP85 au milieu du siegravecle pour disposer drsquoune estimation des changements auxquels on peut srsquoattendre agrave la fin du siegravecle pour le sceacutenario RCP26

1 httpwwwdrias-climatfr

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Quel sera lrsquoimpact futur du changement climatique sur les risques naturels majeurs

Croiser les connaissances relatives agrave lrsquoeacutevolution des aleacuteas avec les enjeux exposeacutes actuellement et dans la mesure du possible de leurs eacutevolutions atten-dues permet drsquoestimer les conseacutequences potentielles du changement climatique en matiegravere de risques naturels

Plusieurs eacutevaluations meneacutees par le secteur des assurances anticipent une hausse notable de la sinistraliteacute et du coucirct des dommages dus agrave des aleacuteas naturels dont une part non neacutegligeable est expliqueacutee par le changement climatique principale-ment sur les aleacuteas seacutecheresse et submersion marine Toutefois ces eacutetudes sou-lignent que la hausse de la sinistraliteacute sera principalement due agrave une exposition accrue des biens ndash leur nombre leur localisation leur valeur ndash dans des zones agrave risques qui pourraient croicirctre Ainsi la concentration croissante de population et drsquoactiviteacutes dans le sud de la France et sur le littoral est de nature agrave accroicirctre la sinistraliteacute Certains territoires drsquooutre-mer connaissent aussi une forte crois-sance deacutemographique (Mayotte Guyane)

Les eacutetudes meneacutees par les assureurs ne prennent pas en compte les mesures drsquoadaptation qui visent agrave limiter cette augmentation de la sinistraliteacute ou la reacuteduire

Encadreacute 1

Les conseacutequences du changement climatique sur les dommages assureacutes

en France agrave lrsquohorizon 2050 eacutetude de la Caisse centrale de reacuteassurance

(CCR) et Meacuteteacuteo-France

Auteur Emmanuel Vullierme

MTES DGPRSRNH

Au regard des reacutecentes catastrophes la question de lrsquoeacutevolution future de la freacutequence et des conseacutequences financiegraveres des eacuteveacutenements est de toute premiegravere importance pour assurer la soliditeacute du reacutegime drsquoindemni-sation des catastrophes naturelles

Apregraves une premiegravere eacutetude meneacutee dans le cadre de la 21e Confeacuterence des parties (COP 21) organiseacutee agrave Paris en deacutecembre 2015 2 la CCR a souhaiteacute estimer lrsquoimpact que pourrait avoir le sceacutenario du GIEC le plus pessimiste sur le coucirct des catastrophes En 2018 cette nouvelle eacutetude meneacutee en partenariat avec Meacuteteacuteo-France srsquoappuie sur le sceacutenario qui suppose que les eacutemissions de gaz agrave effet de serre vont se poursuivre agrave la mecircme ten-dance qursquoactuellement (sceacutenario dit laquo RCP85 raquo) Selon le GIEC la hausse

2 Modeacutelisation de lrsquoimpact du changement climatique sur les dommages assureacutes dans le cadre du reacutegime Catastrophes Naturelles Caisse centrale de reacuteassurance deacutecembre 2015

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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des tempeacuteratures mondiales (terres et oceacuteans) serait alors comprise entre 14 degC et 26 degC en 2050 et entre 26 degC et 48 degC en 2100 par rapport aux tempeacuteratures de la peacuteriode preacute-industrielle Le niveau de la mer pour-rait connaicirctre une augmentation drsquoenviron 23 cm agrave lrsquohorizon 2050 (2016-2065) par rapport au niveau moyen de 1986-2005

Les reacutesultats de modeacutelisation du climat futur reacutealiseacutee par Meacuteteacuteo-France agrave lrsquoaide de son modegravele Arpegravege-Climat sont venus alimenter les modegraveles drsquoaleacutea (inondation seacutecheresse et submersion marine) et de dommages de la CCR (Moncoulon 2014 et Naulin 2016) Pour ce faire 400 anneacutees agrave climat actuel et agrave climat 2050 ont eacuteteacute simuleacutees par les modegraveles de Meacuteteacuteo-France Cette chaicircne de modeacutelisation permet drsquoeacutevaluer in fine la hausse des pertes annuelles moyennes agrave lrsquohorizon 2050 (fig C1)

Lrsquoanalyse des reacutesultats agrave lrsquoeacutechelle locale fait apparaicirctre de fortes dispari-teacutes territoriales avec une exposition importante de la faccedilade atlantique et de lrsquoIcircle-de-France (fig C2) Ces reacutesultats sont eacutegalement reacuteveacutelateurs des enjeux agrave prendre en compte dans les politiques de preacutevention agrave savoir la concentration des biens dans les futures zones agrave risque et la reacutecurrence eacuteleveacutee de certains eacuteveacutenements

Figure C1 ndash Eacutevolution des pertes annuelles moyennes en 2050

Source Meacuteteacuteo-France

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Certaines actions ont une influence sur la survenue de certains aleacuteas soit pour les reacuteduire soit de maniegravere incidente les accentuer Ainsi les pheacutenomegravenes de ruissellement susceptibles de provoquer des inondations peuvent ecirctre locale-ment accentueacutes par lrsquoartificialisation des sols Autre exemple lrsquoartificialisation du sol en milieu urbain a tendance agrave augmenter localement les tempeacuteratures par rapport aux zones rurales ce qui est susceptible de provoquer des pheacutenomegravenes drsquoicirclots de chaleur et drsquoamplifier les effets des canicules

La mise en œuvre de la politique de preacutevention des risques naturels non seule-ment apregraves les crises et sur la base des retours drsquoexpeacuterience mais surtout dans la dureacutee et par lrsquoaction conjugueacutee de diffeacuterents acteurs permet de limiter les risques naturels majeurs Ces acteurs interviennent dans deux logiques compleacutementaires

la preacutevention qui vise agrave empecirccher lrsquoaleacutea ou reacuteduire les effets drsquoun possible eacuteveacutenement sur les personnes et les biens

lrsquointervention au moment ougrave survient lrsquoeacuteveacutenement dommageable

Plus la preacutevention est efficace moins la socieacuteteacute est ameneacutee agrave engager des deacutepenses importantes pour assurer la gestion de crise puis la reacuteparation de deacutegacircts

Les deacutepartements drsquooutre-mer ne sont pas couverts par cette eacutetude mais ils font lrsquoobjet de travaux compleacutementaires devant aboutir en 2019 afin de mesurer lrsquoeacutevolution de lrsquoexposition de ces territoires agrave lrsquohorizon 2050

Figure C2 ndash Eacutevolutions projeteacutees des dommages potentiels entre 2018 et 2050

Source CCR

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Vagues de chaleur

Agrave lrsquoeacutechelle mondiale drsquoapregraves le dernier rapport du GIEC (GIEC 2013) il est quasi-ment certain que dans la plupart des reacutegions continentales les extrecircmes chauds seront plus nombreux aux eacutechelles quotidienne et saisonniegravere Il est par ailleurs tregraves probable que les vagues de chaleur seront plus freacutequentes et dureront plus longtemps

Ces reacutesultats se transposent naturellement agrave lrsquoeacutechelle de la France comme le montrent les reacutesultats des sceacutenarios climatiques reacutegionaux preacutesenteacutes sur le portail Drias les futurs du climat et ceux qui ont eacuteteacute reacutealiseacutes dans le cadre du projet Euro-CORDEX Degraves la peacuteriode 2021-2050 les vagues de chaleur estivales deviendront agrave la fois plus freacutequentes plus longues et plus intenses par rapport agrave la peacuteriode de reacutefeacute-rence 1976-2005 (Ouzeau et al 2014) Les pics de chaleur pourront atteindre des niveaux plus eacuteleveacutes On srsquoattend ainsi agrave ce qursquoil y ait de lrsquoordre de deux fois plus de jours de vagues de chaleur tous sceacutenarios confondus Le quart Sud-Est de la France devrait connaicirctre des eacutevolutions plus marqueacutees que les autres reacutegions avec un nombre annuel de jours de vagues de chaleur pouvant augmenter de cinq agrave dix jours en moyenne contre un agrave trois jours en moyenne sur la peacuteriode de reacutefeacute-rence Un eacutepisode tel que celui de lrsquoanneacutee 2003 qui a toucheacute lrsquoensemble de la France meacutetropolitaine pourrait se reproduire mais il resterait exceptionnel agrave lrsquoho-rizon 2050 au contraire de ce qui pourrait se passer vers la fin du siegravecle avec le sceacutenario RCP85 (Ouzeau et al 2016)

Agrave lrsquoappui de cette affirmation les figures C3 et C4 montrent les caracteacuteristiques statistiques des canicules simuleacutees par huit modegraveles climatiques utiliseacutes dans le cadre du projet Euro-CORDEX pour les peacuteriodes 2021-2050 et 2071-2100 res-pectivement pour les sceacutenarios drsquoeacutemissions RCP45 et RCP85 Les canicules y sont repreacutesenteacutees au travers des caracteacuteristiques (dureacutee intensiteacute du pic de chaleur et intensiteacute moyenne) des 10e 50e et 90e centiles de la distribution des vagues de chaleur simuleacutees par chacun des modegraveles Pour les deux sceacutenarios la canicule de 2003 un peu plus longue est compatible avec le 90e centile des canicules simuleacutees pour la peacuteriode 2021-2050 Elle ne serait donc deacutepasseacutee que dans 10 des cas ce qui confirme son caractegravere exceptionnel agrave moyen terme En revanche pour la peacuteriode 2071-2100 la canicule de 2003 est deacutepasseacutee en intensiteacute et en dureacutee et cela drsquoautant plus que les eacutemissions sont eacuteleveacutees Avec le sceacutenario RCP85 la canicule de 2003 apparaicirct ainsi comme un pheacutenomegravene relativement banal (proche de la meacutediane de la plupart des modegraveles)

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Figure C3 ndash Caracteacuteristiques statistiques des vagues de chaleur futures pour les peacuteriodes 2021-2050 et 2071-2100 suivant le sceacutenario RCP45

La dureacutee drsquoune canicule est indiqueacutee en jours sur lrsquoaxe horizontal son pic drsquointensiteacute en degreacutes sur lrsquoaxe vertical et le diamegravetre du disque est proportionnel agrave son intensiteacute moyenne Pour chacune des peacuteriodes les caracteacuteristiques des 10e 50e et 90e centiles des ensembles de canicules simuleacutes par 8 modegraveles drsquoEuro-CORDEX sont reproduites La canicule de 2003 est repreacutesenteacutee en rouge sur la figure

Source Ouzeau et al 2016

Figure C4 ndash Caracteacuteristiques statistiques des vagues de chaleur futures pour les peacuteriodes 2021-2050 et 2071-2100 suivant le sceacutenario RCP85

Source Ouzeau et al 2016

inte

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(degC

)

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Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Vagues de froid

Agrave lrsquoinverse le changement climatique srsquoaccompagnera drsquoune moindre seacuteveacuteriteacute des extrecircmes froids Pour le GIEC il est quasiment certain que dans la plupart des reacutegions continentales les extrecircmes froids seront moins nombreux aux eacutechelles quotidienne et saisonniegravere Les peacuteriodes de vagues de froid seront aussi moins freacutequentes moins longues et moins intenses Il est toutefois important de noter que des vagues de froids continueront agrave se produire et pourront donc geacuteneacuterer des impacts sociaux-eacuteconomiques

Les simulations climatiques reacutegionales confirment ce constat agrave lrsquoeacutechelle de la France meacutetropolitaine De nombreux indicateurs peuvent ecirctre utiliseacutes pour carac-teacuteriser les extrecircmes froids mais ils montrent tous cette mecircme tendance drsquoeacutevo-lution Agrave titre drsquoexemple le nombre annuel de jours particuliegraverement froids (au moins 5 degC plus froids que la valeur de reacutefeacuterence) de lrsquoordre drsquoune dizaine en moyenne hivernale sur la plupart des reacutegions franccedilaises pour la peacuteriode 1976-2005 se trouverait ainsi reacuteduit drsquoun agrave quatre jours voire de six jours sur le Nord-Est du pays pour la peacuteriode 2021-2050 (Ouzeau et al 2014) Drsquoapregraves la mecircme eacutetude et pour le mecircme indicateur la reacuteduction du nombre annuel de jours particu-liegraverement froids irait de deux agrave huit jours dans lrsquoextrecircme Sud du pays jusqursquoagrave six agrave plus de dix jours dans le Nord-Est selon les sceacutenarios et les modegraveles

Les figures C5 et C6 illustrent respectivement pour les sceacutenarios RCP45 et RCP85 cette diminution avec un autre indicateur disponible sur le portail Drias les futurs du climat Il srsquoagit du 10e centile de la tempeacuterature minimale quotidienne hivernale exprimeacute en degreacutes crsquoest-agrave-dire le seuil de tempeacuterature en dessous duquel on compte les 10 des nuits drsquohiver les plus froides sur une peacuteriode donneacutee Cet indica-teur est calculeacute pour la peacuteriode de reacutefeacuterence ainsi que son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 et 2071-2100 Le calcul est effectueacute pour les diffeacuterents modegraveles drsquoEuro-CORDEX et les cartes produites ici ne repreacutesentent que la meacutediane de cet ensemble de modegraveles (la moitieacute des valeurs des eacutevolutions simuleacutees est supeacuterieure et lrsquoautre moitieacute infeacuterieure) Agrave lrsquohorizon 2100 et pour les deux sceacutena-rios climatiques utiliseacutes les modegraveles simulent ainsi une augmentation des tem-peacuteratures minimales en hiver

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Seacutecheresses

Drsquoapregraves le GIEC (GIEC 2013) pour le sceacutenario RCP85 et agrave la fin du XXIe siegravecle un risque accru de seacutecheresse est probable dans des zones actuellement arides Crsquoest dans la zone meacutediterraneacuteenne dans le sud-ouest des Eacutetats-Unis et en Afrique australe que lrsquoassegravechement des sols serait le plus marqueacute Agrave lrsquoinverse certaines reacutegions situeacutees aux hautes latitudes ou en Afrique eacutequatoriale devraient connaicirctre une diminution de ce risque Lrsquoeffet du changement climatique sur les seacutecheresses est donc tregraves deacutependant de la reacutegion du globe concerneacutee

La France meacutetropolitaine se situe dans lrsquoensemble des reacutegions pour lesquelles le risque de seacutecheresse devrait ecirctre aggraveacute par le changement climatique induit par les eacutemissions de gaz agrave effet de serre On distingue les seacutecheresses meacuteteacuteorologiques

Figure C5 - 10e centile de la tempeacuterature minimale quotidienne exprimeacute en degreacutes pour la peacuteriode de reacutefeacuterence 1976-2005 (agrave gauche) et son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 (au centre) et 2071-2100 (agrave droite) suivant le sceacutenario RCP45 Les cartes reproduisent la meacutediane (50e centile) de lrsquoensemble de simulations Euro-CORDEX

Source portail Drias les futurs du climat

Figure C6 - 10e centile de la tempeacuterature minimale quotidienne exprimeacute en degreacutes pour la peacuteriode de reacutefeacuterence 1976-2005 (agrave gauche) et son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 (au centre) et 2071-2100 (agrave droite) suivant le sceacutenario RCP85 Les cartes reproduisent la meacutediane (50e centile) de lrsquoensemble de simulations

Source portail Drias les futurs du climat

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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deacutetermineacutees agrave partir des preacutecipitations les seacutecheresses agricoles deacutetermineacutees agrave partir des contenus en eau du sol superficiel (typiquement jusqursquoagrave une profon-deur drsquoun megravetre) et les seacutecheresses hydrologiques deacutetermineacutees agrave partir du deacutebit des cours drsquoeau et du niveau des nappes

Les effets du changement climatique sur les seacutecheresses meacuteteacuteorologiques et agri-coles ont eacuteteacute eacutetudieacutes dans le cadre du projet de recherche national ClimSec (2008-2011) Pour le diagnostic des seacutecheresses dans le climat futur le projet a pris en compte les reacutesultats de simulations de changement climatique provenant de six modegraveles globaux mis en œuvre dans le cadre du programme international CMIP3 (Coupled Model Intercomparison Project) Les projections climatiques alors dispo-nibles ne concernaient pas les sceacutenarios drsquoeacutemissions de gaz agrave effet de serre RCP deacutejagrave citeacutes mais les sceacutenarios deacutefinis anteacuterieurement par les experts du GIEC et ayant servi de base au quatriegraveme rapport drsquoeacutevaluation (appeleacute aussi AR4) du GIEC Cependant une correspondance peut ecirctre eacutetablie entre ces anciens sceacutenarios et les sceacutenarios RCP puisque les eacutemissions de gaz agrave effet de serre du sceacutenario A2 sont seulement leacutegegraverement infeacuterieures agrave celles du sceacutenario RCP85 le sceacutenario A1B srsquoapparente au sceacutenario RCP60 et le sceacutenario B1 nrsquoest pas tregraves eacuteloigneacute du sceacutenario RCP45 (GIEC 2013) Afin drsquoaboutir au traitement des seacutecheresses en France une eacutetape compleacutementaire de reacutegionalisation du climat agrave des eacutechelles relativement fines a ducirc ecirctre reacutealiseacutee agrave partir des sorties des modegraveles globaux Les variables climatiques ainsi obtenues ont servi de donneacutees drsquoentreacutees agrave un modegravele hydromeacuteteacuteorologique appeleacute Safran-Isba-Modcou (modegravele SIM) calculant en parti-culier le bilan hydrologique des sols (Soubeyroux et al 2012)

Les reacutesultats montrent une aggravation plus rapide et plus intense des eacuteveacutene-ments lieacutes au deacuteficit drsquohumiditeacute du sol qursquoau deacuteficit de preacutecipitation Les projec-tions climatiques indiquent surtout que notre pays risque de connaicirctre au cours de la seconde moitieacute du XXIe siegravecle des seacutecheresses agricoles quasi continues et de grande intensiteacute totalement inconnues dans le climat actuel Lrsquoaugmentation plus rapide du risque de seacutecheresse agricole compareacutee agrave celle du risque de seacuteche-resse meacuteteacuteorologique srsquoexplique par une augmentation de lrsquoeacutevapotranspiration 3 en surface directement lieacutee agrave lrsquoaugmentation de la tempeacuterature (Soubeyroux et al 2012)

Ces reacutesultats sont illustreacutes sur la figure C7 qui montre lrsquoeacutevolution de la superfi-cie de la France affecteacutee par des seacutecheresses meacuteteacuteorologiques et par des seacuteche-resses agricoles sur des peacuteriodes comprises entre 1961 et 2100 Les seacutecheresses sont deacutefinies agrave partir de valeurs drsquoindices standardiseacutes calculeacutes soit agrave partir des preacutecipitations (seacutecheresses meacuteteacuteorologiques) soit agrave partir des contenus en eau du sol (seacutecheresses agricoles) Les calculs portent sur les observations de la peacuteriode 1961-2008 et sur les reacutesultats des simulations de la peacuteriode 1961-2100 par le modegravele climatique Arpege-Climat de Meacuteteacuteo-France et le modegravele SIM Les diagrammes se rapportent agrave des seacutecheresses modeacutereacutees agrave extrecircmes sur la

3 Quantiteacute drsquoeau transfeacutereacutee vers lrsquoatmosphegravere par lrsquoeacutevaporation au niveau du sol et par la transpiration des plantes

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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France Cette figure montre clairement que la seacutecheresse meacuteteacuteorologique extrecircme de 1976 serait deacutepasseacutee agrave la fin de ce siegravecle en termes de superficie toucheacutee avec les sceacutenarios de plus fortes eacutemissions de gaz agrave effet de serre Elle montre aussi plus nettement que la seacutecheresse agricole extrecircme de 1990 serait deacutepas-seacutee degraves les anneacutees 2050 en termes de superficie toucheacutee avec ici aussi un rocircle aggravant lieacute agrave lrsquointensiteacute des eacutemissions de gaz agrave effet de serre futures

Ce type drsquoeacutetude a eacuteteacute actualiseacute en 2018 (Boeacute et al 2018) en exploitant les sceacute-narios CMIP5 reacutegionaliseacutes (Dayon et al 2018) Les reacutesultats ont eacuteteacute analyseacutes sur les sceacutenarios RCP85 et RCP26 Pour ces deux sceacutenarios les reacutesultats confir-ment les tendances obtenues preacuteceacutedemment le temps passeacute en seacutecheresse agricole augmente geacuteneacuteralement de 30 agrave 40 sur la France agrave horizon 2100 avec des changements allant jusqursquoagrave 50 dans le Sud de la France La seacuteveacuteriteacute de ces eacutepisodes de seacutecheresse augmente eacutegalement de faccedilon plus marqueacutee sur le bassin de la Seine et lrsquoamont de la Loire (fig C8)

Cette eacutetude integravegre eacutegalement lrsquoanalyse de lrsquoeacutevolution des seacutecheresses hydro-logiques Il srsquoagit ici uniquement de lrsquoinfluence des eacutemissions de gaz agrave effet de serre les actions anthropiques (et notamment les soutiens drsquoeacutetiage) ne sont pas inteacutegreacutees La dureacutee et lrsquointensiteacute des seacutecheresses hydrologiques augmentent sur quasiment toute la France agrave horizon 2100 de faccedilon assez reacuteduite sauf dans le Sud ougrave les valeurs peuvent deacutepasser 10 Les Alpes font exception avec des diminutions de la dureacutee et de lrsquointensiteacute des seacutecheresses hydrologiques en lien avec lrsquoeacutevolution du manteau neigeux (fig C9)

Figure C7 ndash Diagrammes en boicirctes sur des peacuteriodes comprises entre 1961 et 2100 de la superficie de la France affecteacutee par les seacutecheresses meacuteteacuteorologiques (agrave gauche) et agricoles (agrave droite) modeacutereacutees agrave extrecircmes (seuil de 16 )

Ces diagrammes sont calculeacutes agrave partir des distributions drsquoeacuteveacutenements trimestriels (de preacutecipita-tions agrave gauche et de contenu en eau du sol agrave droite) issues de simulations climatiques reacutegionaliseacutees du modegravele Arpege-Climat suivant les sceacutenarios B1 (en violet) A1B (en mauve) et A2 (en jaune) du GIEC

Source Soubeyroux et al 2012

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Figure C8 ndash Moyenne drsquoensemble agrave horizon 2100 pour les projections RCP85 (Dayon et al 2018) des changements par rapport agrave la peacuteriode 1961-2008(a) de pourcentage de temps passeacute en seacutecheresse agricole (b) relatifs de la seacuteveacuteriteacute des seacutecheresses agricoles

Source figure issue de Boeacute et al 2018

Figure C9 ndash Moyenne drsquoensemble agrave horizon 2100 pour les projections RCP85 (Dayon et al 2018) des changements par rapport agrave la peacuteriode de reacutefeacuterence 1961-2008(a) de pourcentage de temps passeacute en seacutecheresse hydrologique (attention la palette de couleur est trompeuse seule la couleur bleu fonceacute correspond agrave une diminution) (b) relatifs de la seacuteveacuteriteacute des seacutecheresses hydrologiques Chaque point correspond agrave une station hydromeacutetrique simuleacutee par SIM et nrsquoinclut pas les impacts des ameacutenagements (deacutebits naturels)

Source figure issue de Boeacute et al 2018

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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En parallegravele ces projections climatiques ont eacutegalement eacuteteacute utiliseacutees dans le cadre des travaux meneacutes dans le projet Aqui-FR 4 et de la convention service climatique 5 pour eacutetudier lrsquoeacutevolution des seacutecheresses hydrogeacuteologiques Celles-ci sont caracteacute-riseacutees par un niveau des nappes plus bas que le bas niveau de peacuteriode de retour de dix ans Lrsquoanalyse porte sur les sceacutenarios drsquoeacutemission RCP26 et RCP85 Les simulations sont reacutealiseacutees en supposant que les preacutelegravevements en nappe restent constants dans le temps (pas de mesure drsquoadaptation) Les projections indiquent une forte augmentation de lrsquoextension des nappes impacteacutees par les seacutecheresses pour le sceacutenario drsquoeacutemission RCP85 (+ 50 ) avec une intensiteacute des seacutecheresses qui srsquoaggrave en moyenne de plus de 20 et une augmentation moins marqueacutee surtout en fin de siegravecle pour le sceacutenario RCP26 avec une augmentation des sur-faces impacteacutees et de lrsquointensiteacute de lrsquoordre de 10 (fig C10)

4 wwwmetisupmcfr~aqui-fr

5 httpsconvention-services-climatiqueslsceipslfrdemonstrateurs

Figure C10 ndash Intensiteacute et pourcentage drsquoextension des seacutecheresses des nappes

Elles sont caracteacuteriseacutees comme lrsquooccurrence de basses eaux de peacuteriode de retour 10 ans sur les aqui-fegraveres seacutedimentaires preacutesenteacutes dans le graphe pour les projections RCP26 (cercle) et RCP85 (triangle) pour diffeacuterents horizons temporelles (couleurs)

Source figure issue du projet Aqui-FR et de la convention des services climatiques

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Incendie de forecircts

Lrsquoaugmentation du risque drsquoincendie de forecircts est mentionneacutee dans le rapport du GIEC sur les impacts du changement climatique (GIEC 2014) plus particu-liegraverement pour lrsquoAmeacuterique du Nord et lrsquoEurope du Sud Le risque drsquoincendie de forecirct pourrait en effet augmenter du fait agrave la fois de lrsquoaugmentation des tempeacutera-tures et de lrsquoaugmentation des conditions de seacutecheresses dans certaines reacutegions du globe En Europe du Sud agrave la fin de ce siegravecle et pour le sceacutenario RCP85 la surface brucircleacutee chaque anneacutee pourrait ainsi ecirctre multiplieacutee par un facteur compris entre 3 et 5 par rapport agrave la surface actuelle

En France lrsquoaugmentation de la freacutequence des eacutepisodes de fortes chaleurs et lrsquoaug-mentation du risque de seacutecheresse combineacutees avec une augmentation attendue des zones forestiegraveres et des friches devraient aussi entraicircner lrsquoaugmentation des feux de forecircts Une eacutetude de la sensibiliteacute des forecircts franccedilaises au risque drsquoincen-die (Chatry et al 2010) a montreacute que les surfaces forestiegraveres les plus sensibles au risque de feu actuellement localiseacutees dans le Sud-Est de la France pourraient srsquoeacutetendre de 30 agrave lrsquohorizon 2040 et couvrir une part importante de la forecirct des Landes Ce risque extrecircme pourrait mecircme srsquoeacutetendre aux forecircts de Sologne agrave lrsquoho-rizon 2060 Cette eacutetude srsquoest appuyeacutee sur les reacutesultats de lrsquoanalyse de lrsquoeffet du changement climatique sur le risque incendie mesureacute au travers de lrsquoIndice forecirct meacuteteacuteo (IFM) (Cloppet et Reacutegimbeau 2009) La figure C11 illustre cet effet avec le nombre de jours pour lesquels lrsquoIFM deacutepasse une valeur de 40 correspondant agrave un risque extrecircme drsquoincendie Ces cartes ont eacuteteacute produites agrave partir de simulations du changement climatique pour le sceacutenario A1B (proche du sceacutenario RCP60) reacutea-liseacutees avec le modegravele Arpege-Climat de Meacuteteacuteo-France Le nombre annuel de jours avec un risque extrecircme drsquoincendie est de dix agrave quarante jours dans le Sud-Est

Figure C11 ndash Nombre moyen de jours par an avec un Indice forecirct meacuteteacuteo (IFM) supeacuterieur agrave 40 pour la peacuteriode 1961-1980 (carte de gauche) et lrsquohorizon 2060 (sceacutenario drsquoeacutemissions A1B)

Source portail Drias les futurs du climat

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meacutediterraneacuteen dans les conditions du climat passeacute reacutecent mais est quasiment nul dans toutes les autres reacutegions En revanche agrave lrsquohorizon 2060 on observerait de lrsquoordre drsquoune dizaine de jours preacutesentant un risque extrecircme drsquoincendie dans la plupart des reacutegions de France y compris les plus septentrionales

Pluies extrecircmes

Drsquoapregraves le GIEC (GIEC 2013) les eacutepisodes de preacutecipitations extrecircmes devien-dront plus intenses et freacutequents en lien avec lrsquoaugmentation de la tempeacuterature moyenne en surface En effet une atmosphegravere plus chaude contient plus de vapeur drsquoeau et est associeacutee agrave la fois agrave une augmentation de lrsquoeacutevapotranspira-tion et agrave une augmentation des preacutecipitations crsquoest-agrave-dire agrave une intensification du cycle hydrologique global Cela se traduit par une augmentation tregraves probable des preacutecipitations extrecircmes pour la plupart des reacutegions continentales des moyennes latitudes et pour les reacutegions tropicales humides agrave la fin de ce siegravecle Il est eacutega-lement probable que les preacutecipitations de mousson et celles qui sont associeacutees aux cyclones tropicaux srsquointensifient

En France agrave lrsquohorizon 2050 comme agrave lrsquohorizon 2100 les eacutevolutions attendues pour les pluies extrecircmes deacutefinies comme les pluies deacutepassant un seuil deacutetermineacute (par exemple 20 mmjour) sont tregraves variables geacuteographiquement En revanche indeacutependamment de lrsquohorizon temporel une tendance geacuteneacuterale se dessine pour une augmentation de la quantiteacute de pluie tombant au cours des eacutepisodes les plus extrecircmes (Ouzeau et al 2014) Pour le Sud-Est meacutediterraneacuteen du pays en raison drsquoune reacutesolution insuffisante les modegraveles climatiques eacutetaient jusqursquoagrave ces derniegraveres anneacutees dans lrsquoincapaciteacute de reproduire les eacutepisodes les plus intenses (deacutepassant typiquement 200 mmjour) Les premiers reacutesultats des recherches meneacutees avec des modegraveles de reacutesolution plus fine (quelques kilomegravetres) permettent maintenant drsquoaugmenter le reacutealisme des simulations et drsquoobtenir les premiers reacutesultats sur lrsquoeffet du changement climatique futur Elles introduisent une incertitude sur lrsquoeffet du changement climatique sur lrsquointensification des pluies extrecircmes quotidiennes de la reacutegion mais elles confirment une intensification future des pluies horaires

Les figures C12 et C13 illustrent respectivement pour les sceacutenarios RCP45 et RCP85 le pourcentage de preacutecipitations intenses pour la peacuteriode de reacutefeacuterence et son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 et 2071-2100 les preacutecipitations intenses eacutetant deacutefinies par un cumul quotidien de preacutecipitations deacutepassant le 90e centile Les cartes preacutesenteacutees sont extraites du portail Drias les futurs du climat Le calcul est effectueacute pour les diffeacuterents modegraveles drsquoEuro-CORDEX et les cartes extraites du portail ne reproduisent ici que la meacutediane de cet ensemble de modegraveles (la moitieacute des valeurs des eacutevolutions simuleacutees est supeacuterieure et lrsquoautre moitieacute infeacuterieure)

Ces reacutesultats preacutesenteacutes pour la saison drsquohiver montrent clairement une augmen-tation de la proportion de pluies intenses indeacutependamment des sceacutenarios et de lrsquohorizon Pour le printemps et lrsquoautomne lrsquoaugmentation de la proportion de pluies intenses nrsquoest pas aussi systeacutematique mecircme si elle se confirme nettement pour le sceacutenario RCP85 agrave la fin de ce siegravecle En eacuteteacute mecircme pour ce sceacutenario et

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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cet horizon on note un reacutesultat inverse avec une diminution de la proportion de pluies tombant sous forme de pluies intenses Il convient cependant drsquoecirctre tregraves prudent avant drsquoen tirer des conclusions car la reacutesolution des modegraveles utiliseacutes (une dizaine de kilomegravetres) nrsquoest clairement pas suffisante pour reproduire les eacutepisodes orageux qui sont ceux qui se produisent le plus freacutequemment au cours de la saison Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les modegraveles climatiques actuels ne per-mettent pas de tirer de conclusion concernant les effets du changement clima-tique sur les pheacutenomegravenes orageux et donc aussi en particulier sur lrsquointensiteacute des pluies les plus extrecircmes associeacutees agrave ces eacutepisodes

Figure C12 ndash Pourcentage des preacutecipitations quotidiennes intenses pour la peacuteriode de reacutefeacuterence 1976-2005 (agrave gauche) et son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 (au centre) et 2071-2100 (agrave droite) suivant le sceacutenario RCP45 Les cartes reproduisent la meacutediane (50e centile) de lrsquoensemble de simulations Euro-CORDEX

Source portail Drias les futurs du climat

Figure C13 ndash Pourcentage des preacutecipitations quotidiennes intenses pour la peacuteriode de reacutefeacuterence 1976-2005 (agrave gauche) et son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 (au centre) et 2071-2100 (agrave droite) suivant le sceacutenario RCP85

Les cartes reproduisent la meacutediane (50e centile) de lrsquoensemble de simulations Euro-CORDEX

Source portail Drias les futurs du climat

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Cyclones et tempecirctes

Le cinquiegraveme rapport du GIEC (GIEC 2013) fait eacutetat drsquoun faible niveau de confiance dans les projections climatiques concernant les cyclones tropicaux agrave lrsquohorizon du milieu de ce siegravecle en particulier en raison de lrsquoimportance de la variabiliteacute cli-matique naturelle En revanche agrave la fin du XXIe siegravecle il est probable que la freacute-quence globale des cyclones tropicaux diminuera ou restera la mecircme Comme indiqueacute plus haut les preacutecipitations moyennes associeacutees aux cyclones augmen-teront probablement Il en est de mecircme pour la vitesse moyenne du vent maximal associeacutee aux cyclones qui se traduit par une augmentation probable de la freacute-quence des cyclones les plus intenses (de cateacutegories 4 et 5)

Cependant en particulier en raison de lrsquoincertitude sur lrsquoamplitude simuleacutee du reacutechauffement oceacuteanique attendu dans les diffeacuterents bassins le GIEC nrsquoaccorde qursquoun faible degreacute de confiance aux projections par reacutegion de la planegravete tant en termes de freacutequence que drsquointensiteacute des cyclones Cela concerne les reacutegions fran-ccedilaises des territoires drsquooutre-mer potentiellement exposeacutees aux cyclones pour les-quelles il nrsquoest pas possible de preacuteciser ces eacutevolutions futures

Concernant les tempecirctes des moyennes et hautes latitudes les experts du GIEC concluent qursquoagrave la fin du XXIe siegravecle iI est probable que la trajectoire des tempecirctes de lrsquoheacutemisphegravere Sud se deacuteplace leacutegegraverement vers le pocircle En revanche ils nrsquoac-cordent qursquoun faible degreacute de confiance agrave la projection de lrsquoeacutevolution des trajec-toires des tempecirctes dans lrsquoheacutemisphegravere Nord

Cette forte incertitude se confirme agrave lrsquoeacutechelle de la France meacutetropolitaine puisque les eacutetudes actuelles ne permettent pas de mettre en eacutevidence une tendance future notable sur lrsquoeacutevolution du risque de vent violent lieacute aux tempecirctes Les projections ne montrent en effet aucune tendance significative de long terme sur la freacutequence et lrsquointensiteacute des tempecirctes que ce soit agrave lrsquohorizon 2050 ou agrave lrsquohorizon 2100 Une eacutetude reacutecente des tempecirctes de janvier 2018 (notamment Eleanor qui a toucheacute la France) a confirmeacute que les tendances de telles tempecirctes eacutetaient tregraves faibles et que les activiteacutes humaines ont eu peu drsquoeffet (voir chapitre B)

De plus de la mecircme faccedilon que pour les orages les modegraveles climatiques actuels ne sont pas agrave mecircme de simuler les pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques de petites eacutechelles comme les mini-tornades et ne permettent donc pas de tirer de conclu-sions sur les eacutepisodes de vents extrecircmes associeacutes agrave ce type de pheacutenomegravenes

Afin drsquoillustrer lrsquoabsence de signal notable de changement concernant les vents forts la figure C14 reproduit le rapport entre lrsquointensiteacute moyenne du vent maximal hivernal simuleacutee pour le futur et lrsquointensiteacute moyenne du vent maximal hivernal de la peacuteriode de reacutefeacuterence correspondant au climat reacutecent La projection climatique a eacuteteacute reacutealiseacutee avec le modegravele climatique reacutegional Aladin-Climat de Meacuteteacuteo-France suivant le sceacutenario drsquoeacutemissions A1B (proche du sceacutenario RCP60) dans le cadre du projet national SCAMPEI (2008-2011) Ces cartes montrent que lrsquoaugmenta-tion future du risque de vent fort au nord reste modeacutereacutee (de lrsquoordre de 5 ) tout comme la diminution au sud (aussi de lrsquoordre de 5 ) Lrsquoanalyse drsquoautres simu-lations reacutealiseacutees avec deux autres modegraveles climatiques reacutegionaux montre par ailleurs que la variabiliteacute spatiale du signal de changement deacutepend du modegravele

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Inondations crues lentes crues rapides submersions

Auteur Florence Habets

Universiteacute Pierre et Marie Curie

On distingue ici diffeacuterents cas drsquoinondation principalement parce que les meacuteca-nismes geacuteneacuterant ces inondations diffegraverent et que lrsquoeacutevolution de ces meacutecanismes dans le contexte du changement climatique peut ecirctre plus ou moins difficile agrave estimer

De fait les projections de lrsquoeacutevolution des inondations sont agrave ce jour encore assez rares (une exception reacutecente mais sur un petit domaine a eacuteteacute eacutetudieacutee par Grelier en 2017) et les eacutetudes se focalisent plus souvent sur des risques de crues des cours drsquoeau Ces crues ne sont pas toujours deacutebordantes et ne geacutenegraverent donc pas forceacutement des inondations La notion de crue peut suffire agrave anticiper un risque drsquoinondation si on considegravere qursquoagrave une intensiteacute de deacutebit en un point correspond une hauteur drsquoeau donneacutee et donc un risque de deacutebordement Cependant le fait de se focaliser sur les crues en riviegravere laisse de cocircteacute un type drsquoinondation dont lrsquooccurrence risque drsquoaugmenter avec le changement climatique les inon-dations locales lieacutees agrave des preacutecipitations intenses mais pas forceacutement tregraves eacuteten-dues spatialement

Ainsi on considegravere tout drsquoabord les inondations associeacutees agrave des eacutepisodes de

preacutecipitations intenses

Lrsquoextension spatiale de ces preacutecipitations intenses peut ecirctre assez reacuteduite et la dureacutee assez bregraveve au point que la riviegravere agrave proximiteacute puisse ne pas ecirctre en crue malgreacute la preacutesence de zone inondeacutee

Figure C14 ndash Rapport entre lrsquointensiteacute moyenne du vent maximal hivernal pour les peacuteriodes 2021-2050 (agrave gauche) et 2071-2100 (agrave droite) et lrsquointensiteacute moyenne du vent maximal hivernal de la peacuteriode

Source SCAMPEI

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Bien que ce type drsquoeacuteveacutenement soit difficile agrave reproduire par les modegraveles de climat actuel une tendance agrave la hausse est projeteacutee sur lrsquoensemble de la France (voir chapitre B) Or on peut srsquoattendre agrave ce que des eacuteveacutenements preacutecipitants de lrsquoordre de 100 mmjour geacutenegraverent des inondations principalement dans les zones imper-meacuteabiliseacutees Une particulariteacute de ce type drsquoinondation est qursquoil peut atteindre des zones qui peuvent ecirctre eacuteloigneacutees (ou tregraves au-dessus) drsquoune riviegravere et qui ne sont donc pas forceacutement preacutepareacutees aux inondations avec des risques accrus concer-nant les conseacutequences en termes de pollution etou risque industriel Ainsi mecircme si lrsquoeacutevolution de ce risque est difficilement quantifiable il faut lrsquointeacutegrer et antici-per des moyens de preacutevention

Un cas particulier est le cas des eacuteveacutenements dits laquo ceacutevenols raquo qui impactent le sud meacutediterraneacuteen de la France principalement en automne et ce quasiment tous les ans Ces eacutepisodes sont non seulement intenses mais souvent eacutetendus spatialement et geacutenegraverent des crues rapides souvent deacutevastatrices Des eacutetudes speacutecifiques ont eacuteteacute meneacutees pour anticiper lrsquoeacutevolution de ces eacutepisodes dans un contexte de changement climatique (par exemple Beaulant et al 2011 Colmet Daage et al 2018 Drobinski et al 2018) Lrsquoensemble de ces eacutetudes srsquoaccordent sur une augmentation de lrsquointensiteacute de ces preacutecipitations extrecircmes avec le chan-gement climatique avec de plus une extension des zones impacteacutees au-delagrave des reacutegions habituellement toucheacutees notamment vers le Sud-Est ou les Pyreacuteneacutees Le risque associeacute agrave ces crues rapides laquo ceacutevenoles raquo augmente donc avec le chan-gement climatique (voir Annexe 3)

Drsquoautres crues rapides peuvent se former lors drsquoune fonte rapide et importante du manteau neigeux causeacutee par exemple par une forte eacutevolution de la tempeacutera-ture ou des preacutecipitations (mecircme modeacutereacutees) sur ce manteau neigeux La conjonc-tion de ces eacutepisodes reste difficile agrave projeter dans le futur du fait notamment de la complexiteacute propre aux zones de relief (Lafaysse et al 2014) Mecircme si les projections srsquoaccordent sur une baisse du manteau neigeux (Dayon et al 2018 Verfaillie et al 2018 Beniston et al 2018) la fonte plus preacutecoce du manteau neigeux avec le changement climatique pourrait impliquer un phasage plus freacute-quent avec un bassin aval humide (car en condition hivernale) ce qui pourrait maintenir ce risque de crue

Les crues lentes sont associeacutees agrave des preacutecipitations importantes sur des dureacutees assez longues (une agrave plusieurs semaines voire plusieurs mois) etou sur des bassins assez grands Ces eacuteveacutenements sont a priori plus agrave la porteacutee des modegraveles de climat mecircme si les sources drsquoincertitudes restent importantes De rares eacutetudes se sont focaliseacutees sur des crues centennales (par exemple Dumas et al 2013) En effet lrsquoestimation statistique de ces changements est moins fiable lorsqursquoon utilise des projections climatiques drsquoune centaine drsquoanneacutees seulement Ainsi lrsquoeacutevolution des crues lentes est en geacuteneacuteral analyseacutee via lrsquoeacutevolution des crues deacutecennales qui restent des eacuteveacutenements assez rares au vu des peacuteriodes eacutetudieacutees Cependant ces crues ne sont en geacuteneacuteral pas deacutebordantes aujourdrsquohui et ne sont donc pas forceacutement des bons indicateurs de lrsquoeacutevolution des inondations par crues lentes

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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La figure C15 preacutesente ainsi les eacutevolutions des crues deacutecennales en France meacutetro-politaine en moyenne sur plusieurs projections reacutealiseacutees avec les deux sceacutena-rios drsquoeacutemission les plus contrasteacutes RCP85 et RCP26 Globalement il y a une tendance agrave la diminution ou agrave la stabiliteacute des crues deacutecennales dans le Sud et agrave une augmentation ou une stabiliteacute dans le Nord avec des modifications plus intenses pour le sceacutenario RCP85

Lrsquoeacutevolution du risque drsquoinondations par remonteacutee de nappes a eacuteteacute eacutetudieacutee indirec-tement via lrsquoanalyse de lrsquoeacutevolution des hauts niveaux de nappes sur les aquifegraveres seacutedimentaires de la moitieacute nord de la France dans le cadre des travaux meneacutes dans le projet Aqui-FR 6 et de la convention service climatique 7 en utilisant les pro-jections climatiques reacutegionaliseacutees de Dayon et al 2018 Les premiers reacutesultats analyseacutes sur les sceacutenarios drsquoeacutemission RCP26 et RCP85 montrent que si la freacute-quence et lrsquointensiteacute des hautes eaux change peu agrave la fin du XXIe siegravecle (2070-2100 compareacute agrave 1980-2010) les surfaces impacteacutees sont elles reacuteduites en moyenne de 10 agrave 25 pour les sceacutenarios drsquoeacutemission RCP26 et RCP85 respective-ment On peut donc estimer que globalement ce risque diminue en France mecircme srsquoil ne disparaicirct pas et ce bien que lrsquointensiteacute des crues deacutecennales augmente Cela est en lien avec la diminution preacutevue de la ressource en eau souterraine

6 wwwmetisupmcfr~aqui-fr

7 httpsconvention-services-climatiqueslsceipslfrdemonstrateurs

Figure C15 ndash Moyenne drsquoensemble des changements relatifs du deacutebit journalier maximal drsquoune peacuteriode de retour de dix ans entre les peacuteriodes 2070-2100 et 1960-1990 pour les sceacutenarios drsquoeacutemission RCP85 (agrave gauche) et RCP26 (agrave droite)

Source figure issue de Dayon 2015

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Laves torrentiellesAuteur Vincent Jomelli

Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagriculture

Une eacutetude portant sur des couleacutees de deacutebris non chenaliseacutees se produisant dans le massif des Eacutecrins agrave lrsquohorizon de la fin de ce siegravecle semble indiquer que lrsquoaug-mentation de lrsquooccurrence des couleacutees de deacutebris sur la peacuteriode 1970-2005 ne devrait pas se maintenir en toute reacutegion ni en toute peacuteriode notamment du fait de la sensibiliteacute de la freacutequence de cet aleacutea aux conditions de gel et au retrait des glaciers (Jomelli et al 2009)

Forts de ces reacutesultats on a tenteacute de comprendre la reacuteponse possible des laves torrentielles au changement climatique pour trois peacuteriodes distinctes (1970-2000 2030-2060 et 2070-2100) Ces tests ont eacuteteacute conduits agrave partir de diffeacuterents sceacute-narios climatiques en pratiquant une descente drsquoeacutechelle du modegravele agrave maille variable Arpege du modegravele zoomeacute LMDZ de lrsquoInstitut Pierre-Simon-Laplace (IPSL) ou encore en utilisant les sorties agrave haute reacutesolution drsquoALADIN de Meacuteteacuteo-France (Jomelli et al 2007 2009 2012 Pavlova et al 2014) ou drsquoautres simulations (Turkington et al 2016) Les reacutesultats montrent en geacuteneacuteral quels que soient le modegravele et le sceacutenario climatique utiliseacutes une augmentation significative de la probabiliteacute de deacuteclenchement de laves torrentielles dans les Alpes pour la fin du siegravecle Les reacutesultats sont en revanche un peu plus contrasteacutes selon les reacutegions et les modegraveles pour le milieu du XXIe siegravecle Lrsquoensemble de ces reacutesultats doit cependant ecirctre pris avec beaucoup de prudence car plusieurs problegravemes meacutetho-dologiques restent agrave reacutesoudre Le principe repose sur une modeacutelisation statis-tique probabiliste couplant un recensement imparfait des laves torrentielles avec des donneacutees meacuteteacuteorologiques actuelles modeacutelisation qui est ensuite forceacutee par des sceacutenarios climatiques ayant leurs propres incertitudes Agrave ces incertitudes srsquoajoutent drsquoautres interrogations que nous pouvons lister ici sans ecirctre exhaustif

Tout drsquoabord cette approche statistique fondeacutee sur un forccedilage des rela-tions observeacutees actuellement entre le climat et le deacuteclenchement des laves en utilisant des sceacutenarios climatiques futurs suppose une stationnariteacute spa-tio-temporelle de cette relation climat-laves torrentielles Or cette hypothegravese nrsquoest pas veacuterifieacutee

Ensuite ces modegraveles statistiques nrsquointegravegrent pas la variabiliteacute environne-mentale qui nous lrsquoavons vu joue un rocircle certain dans le fonctionnement de ces processus

Enfin plus important encore ces modegraveles ne considegraverent que les aspects cli-matologiques Or on sait qursquoune lave se deacuteclenche si et seulement si un stock de deacutebris mobilisable est disponible La variabiliteacute spatio-temporelle de ce stock de deacutebris est encore tregraves mal documenteacutee (Veyrat-Charvillon et Meunier 2006 Theule et al 2012 2015) et son eacutevolution dans le futur encore plus incertaine

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Ce stock est parfois appreacutehendeacute agrave partir drsquoune approche laquo pseudo-proxy raquo en consideacuterant par exemple le nombre de jours de gel depuis le dernier eacuteveacutene-ment ou le nombre de jours depuis lrsquohiver preacuteceacutedent lrsquoeacuteveacutenement (Jomelli et al 2003 Bel et al 2017) (fig C16) Mais cette approche doit agrave lrsquoavenir ecirctre lar-gement ameacutelioreacutee pour espeacuterer atteindre des reacutesultats robustes

Figure C16 ndash Probabiliteacute de deacuteclenchement drsquoune lave torrentielle dans les Alpes franccedilaises en fonction du cumul de jours de gel depuis le dernier eacuteveacutenement et le nombre de fois (Ri) ou les preacutecipitations excegravedent 30 mmj pendant lrsquoeacuteteacute

Source drsquoapregraves Jomelli et al 2003

Nombre de jours de gel

En tout premier lieu des recherches doivent ecirctre engageacutees sur la reconstitution du stock de deacutebris en relation avec le climat Nous lrsquoavons dit preacuteceacutedemment cet aspect est crucial pour ameacuteliorer les connaissances sur le fonctionnement des laves Des observations agrave partir de bassins-versants expeacuterimentaux ont permis de mettre en eacutevidence une cycliciteacute saisonniegravere dans la reconstitution et la mobi-lisation du stock dont deacutepend lrsquointensiteacute des laves (Theule et al 2012) Ce type drsquoapproche doit ecirctre geacuteneacuteraliseacute pour eacutetudier les variables influenccedilant le bilan seacutedimentaire

Un meilleur transfert des connaissances sur le fonctionnement des laves drsquoune eacutechelle spatiale agrave lrsquoautre est aussi neacutecessaire Aujourdrsquohui les reacutesultats acquis sur les relations entre le deacuteclenchement et les pluies obtenus agrave lrsquoeacutechelle du bas-sin-versant ne peuvent pas ecirctre geacuteneacuteraliseacutes agrave un plus large territoire Agrave court terme il serait sans doute pertinent drsquoeacutetudier ces relations entre les conditions meacuteteacuteorologiques et le deacuteclenchement des laves agrave lrsquoeacutechelle du bassin-versant en utilisant des variables dont le pas de temps est identique agrave celui disponible agrave

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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lrsquoeacutechelle reacutegionale Agrave plus long terme une meilleure connaissance des preacutecipita-tions intenses au pas de temps horaire tenant compte des effets orographiques agrave une eacutechelle reacutegionale sera un atout certain

Approfondir les connaissances sur lrsquoactiviteacute des laves torrentielles sur ces der-niers siegravecles permettrait de mieux appreacutehender les relations entre le fonctionne-ment de ce processus et le climat Il serait aussi plus aiseacute drsquoidentifier les impacts multiples de lrsquohomme non seulement sur le climat mais aussi sur le bassin-ver-sant en modifiant notamment la veacutegeacutetation et le profil en long par des ameacutenage-ments (Strunk 1992 Blikra et Nemec 1998 Stoffel et al 2005 Helsen et al 2002 Jomelli 2013)

Il est enfin neacutecessaire de poursuivre les efforts sur la vulneacuterabiliteacute associeacutee au fonctionnement de ce processus Divers champs ont eacuteteacute exploreacutes comme la vul-neacuterabiliteacute du bacircti ou du reacuteseau routier (Mallet et al 2006 Puissant et al 2014) Des tests drsquointerruption srsquoappuyant sur diffeacuterents sceacutenarios socio-eacuteconomiques ont eacuteteacute proposeacutes pour estimer les coucircts et les meilleures solutions (Utasse et al 2016) Cependant des recherches visant agrave accroicirctre la reacutesilience fondeacutee notam-ment sur une analyse du retour drsquoexpeacuterience pourraient ecirctre reacutealiseacutees de faccedilon sys-teacutematique aux eacutechelles locales et reacutegionales Autant de pistes que les chercheurs pourront deacutevelopper en partenariat avec la socieacuteteacute civile et les futurs deacutecideurs

AvalanchesAuteurs Nicolas Eckert Thierry Faug

Florie Giacona Jeacuterocircme Lopez-Saez Mohamed Naaim

Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Christophe Corona

GEOLAB Centre national de la recherche scientifique Clermont-Ferrand

Samuel Morin

Meacuteteacuteo-France ndash Centre drsquoeacutetude de la neige Grenoble

Les eacutevolutions futures de lrsquoactiviteacute avalancheuse peuvent ecirctre en partie deacuteduites des projections climatiques une fois celles-ci adapteacutees agrave la topographie des massifs montagneux et associeacutees agrave des simulations drsquoeacutevolution du manteau neigeux Ainsi pour les Alpes franccedilaises la combinaison de reacuteanalyses nivo-meacuteteacuteorologiques fines et de relations statistiques avalanche-climat a permis de projeter sous lrsquohypothegravese drsquoun sceacutenario drsquoeacutevolution future drsquoeacutemission de gaz agrave effet de serre moyen (sceacutenario A1B GIEC Rapport SREX) une diminution globale de 20 agrave 30 de lrsquoactiviteacute avalancheuse au cours du XXIe siegravecle par rapport agrave la peacuteriode 1960-1990 dite laquo de reacutefeacuterence raquo (fig C17a Castebrunet et al 2014)

La baisse attendue est bien plus drastique au printemps et agrave basse altitude du fait drsquoune reacuteduction tregraves forte du manteau neigeux (fig C17c) En revanche on srsquoattend agrave une augmentation de lrsquoactiviteacute avalancheuse degraves lors que le manteau

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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neigeux restera suffisamment important crsquoest-agrave-dire en plein hiver agrave haute altitude (fig C17b) Pour les indicateurs annuels et saisonniers les changements atten-dus sont deacutejagrave importants pour 2050 et la peacuteriode 2050-2100 ne verra qursquoune poursuite des eacutevolutions deacutejagrave engageacutees et en partie deacutejagrave reacutealiseacutees par rapport agrave la peacuteriode 1960-1990

Ces projections sont leacutegegraverement modifieacutees sous lrsquohypothegravese de sceacutenarios drsquoeacutevolu-tion des eacutemissions de gaz agrave effet de serre plus maicirctriseacutee (diminution moins marqueacutee de lrsquoactiviteacute avalancheuse globale) ou au contraire plus laquo catastrophique raquo (dimi-nution plus marqueacutee de lrsquoactiviteacute avalancheuse globale) La sensibiliteacute au choix du sceacutenario reste cependant assez faible sur les indicateurs globaux de sorte que cette tendance agrave la baisse de lrsquoactiviteacute avalancheuse globale semble assez robuste

Aucune eacutetude speacutecifique ni en France ni ailleurs nrsquoa pour lrsquoinstant cibleacute speacutecifi-quement les projections drsquoavalanches de grande ampleur mais eacutetant donneacute les reacutesultats obtenus sur le passeacute on peut penser que leur tendance moyenne au

Figure C17 ndash Projections futures sous hypothegravese drsquoun sceacutenario drsquoeacutevolution des eacutemissions de gaz agrave effet de serre laquo moyen raquo distribution interannuelle drsquoun indice drsquoactiviteacute avalancheuse totale standardiseacute par rapport agrave la peacuteriode de reacutefeacuterence 1960-1990 a) Hiver entier b) Plein hiver c) Printemps

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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recul devrait se poursuivre au fur et agrave mesure que les conditions hivernales leur seront moins favorables Deux beacutemols doivent toutefois ecirctre apporteacutes agrave ce postu-lat Drsquoabord une tendance moyenne au recul nrsquoexclut pas que de maniegravere a priori de plus en plus sporadique des avalanches de grande ampleur continuent agrave se produire les hivers 2008-2009 (Eckert et al 2010) et 2017-2018 lrsquoont ample-ment deacutemontreacute dans les Alpes franccedilaises Ensuite les avalanches de neige humide de grande ampleur sont agrave lrsquoorigine drsquoun risque speacutecifique vraisemblablement en train drsquoaugmenter (fig C18)

Vers plus drsquoavalanches humides

Au cours des reacutecents hivers les Alpes franccedilaises ont en effet connu une succes-sion de peacuteriodes de forte activiteacute drsquoavalanches de neige humide Lrsquoeacutevolution de la part des avalanches de neige humide dans lrsquoactiviteacute totale a eacuteteacute le premier reacutesul-tat obtenu degraves le tournant des anneacutees 2000 (Martin et al 2001) des eacutetudes de simulation visant agrave eacutetudier lrsquoimpact du reacutechauffement climatique sur lrsquoactiviteacute avalancheuse Il est agrave preacutesent eacutetayeacute par des analyses statistiques systeacutematiques (Naaim et al 2016) et constitue un lien intuitif entre observations et projections lrsquoactiviteacute avalancheuse de neige humide se manifeste deacutejagrave etou se manifestera dans le futur plus preacutecocement agrave toutes les altitudes en particulier dans des sec-teurs et durant des peacuteriodes ougrave elle est pour lrsquoinstant peu importante voire quasi inexistante (haute altitude etou en laquo plein hiver raquo fig C17b) Hors des Alpes cette eacutevolution a eacuteteacute mise en eacutevidence en Himalaya agrave lrsquoaide drsquoanalyses dendro- geacuteomorphologiques (Ballesteros-Canovas et al 2018)

Figure C18 ndash Deacutepocircts drsquoavalanche de neige humide de grande ampleur janvier 2018 Bessans Savoie

Photo Irstea

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Au cours des peacuteriodes reacutecentes drsquoactiviteacute drsquoavalanches de neige humide des eacuteveacute-nements de grande voire tregraves grande ampleur avec des conseacutequences specta-culaires en matiegravere de dommages aux infrastructures ont eacuteteacute observeacutes Ainsi la destruction de la gare du teacuteleacutesiegravege de Saint-Franccedilois-Longchamp en 2013 a eacuteteacute marquante en raison de la dynamique particuliegravere de lrsquoavalanche qui lrsquoa causeacutee Drsquoextension importante malgreacute sa vitesse reacuteduite elle a plieacute les deux premiers pylocircnes Lrsquoaugmentation de lrsquohumiditeacute de la neige peut ainsi conduire agrave des ava-lanches catastrophiques pour deux raisons une augmentation des distances par-courues et des trajectoires laquo impreacutevisibles raquo du fait drsquoun coefficient de frottement effectif faible (meacutecanisme de lubrification) et des pressions drsquoimpact restant tregraves eacuteleveacutees malgreacute des vitesses nettement plus faibles que celles des eacutecoulements de neige segraveche (Ancey et Bain 2015) Pour eacutetablir que le risque lieacute aux avalanches de neige humide augmente effectivement avec le reacutechauffement notre connais-sance du comportement meacutecanique de la neige humide reste toutefois agrave affiner De mecircme les tendances passeacutees et futures dans les eacutevolutions des avalanches de neige humide de grande ampleur et les dommages associeacutes restent agrave eacutetudier

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Conclusions

Auteur Marie Carrega

MTES DGECSCEEONERC

La France du fait de sa situation geacuteographique est soumise agrave une grande diver-siteacute drsquoaleacuteas naturels Pris de maniegravere indeacutependante aucun eacuteveacutenement clima-tique ne peut ecirctre attribueacute en tant que tel au changement climatique Toutefois les travaux de recherche eacutetablissent que le changement climatique vient modifier lrsquooccurrence de certains aleacuteas

En meacutetropole on peut ainsi anticiper que degraves la peacuteriode 2021-2050 les vagues de chaleur estivales deviendront plus freacutequentes plus longues et plus intenses avec des eacutevolutions plus marqueacutees encore pour le quart Sud-Est de la France Un eacutepisode tel que celui de lrsquoeacuteteacute 2003 pourrait se produire agrave lrsquohorizon 2050 mais il resterait exceptionnel Drsquoici la fin du siegravecle pour le sceacutenario tendanciel un tel pheacutenomegravene deviendrait en revanche courant voire serait reacuteguliegraverement deacutepasseacute tant en intensiteacute qursquoen dureacutee

Agrave lrsquoinverse les vagues de froid seront moins freacutequentes moins longues et moins intenses mais ne disparaicirctront pas complegravetement

Le risque de seacutecheresse devrait srsquoaggraver avec une aggravation plus rapide et plus intense des seacutecheresses lieacutees au deacuteficit drsquohumiditeacute du sol plutocirct qursquoau deacuteficit de preacutecipitation La France risque donc de connaicirctre drsquoici 2100 des seacuteche-resses agricoles quasi continues et de grande intensiteacute totalement inconnues dans le climat actuel

Les eacutevolutions attendues pour les pluies extrecircmes sont variables geacuteographique-ment cependant une tendance geacuteneacuterale se dessine avec une augmentation de la quantiteacute de pluie tombant au cours des eacutepisodes les plus extrecircmes ndash comme les pheacutenomegravenes dits laquo ceacutevenols raquo (voir Annexe 3) ndash principalement en hiver avec de plus une extension des zones impacteacutees au-delagrave des reacutegions habituellement toucheacutees notamment vers le Sud-Est ou les Pyreacuteneacutees

Les territoires exposeacutes aux risques drsquoincendies de forecircts devraient ecirctre plus eacutetendus couvrant une part importante de la forecirct des Landes agrave lrsquohorizon 2040 et les forecircts de Sologne agrave lrsquohorizon 2060

Le reacutechauffement des oceacuteans accompagneacute de la fonte des glaciers engendre une hausse du niveau marin de plusieurs millimegravetres par an en acceacuteleacuteration sur les derniegraveres deacutecennies Drsquoici 2100 lrsquoaugmentation devrait ecirctre de plusieurs dizaines de centimegravetres voire un megravetre de maniegravere non uniforme selon les cocirctes Cela est de nature agrave accroicirctre le risque de submersion marine mais aussi selon les cocirctes les effets drsquoeacuterosion littorale (ONERC 2015) Un rapport speacutecial du GIEC sera publieacute en 2019 permettant de mieux eacutevaluer la hausse attendue du niveau moyen des mers

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Dans les Alpes franccedilaises drsquoici la fin du siegravecle le nombre drsquoavalanches pour-rait diminuer mecircme si lrsquoactiviteacute avalancheuse de neige humide se manifeste deacutejagrave etou se manifestera dans le futur plus preacutecocement quelle que soit lrsquoaltitude Toutefois les processus geacuteneacuterateurs de risque en montagne sont nombreux et complexes et leur eacutevolution avec le climat sujet agrave discussion (Beniston et al 2018 Stoffel et Huggel 2012)

Par ailleurs les deacuteclenchements de laves torrentielles devraient augmenter significativement

Les eacutetudes actuelles ne permettent pas de mettre en eacutevidence une tendance future notable sur lrsquoeacutevolution du risque de vent violent lieacute aux tempecirctes Les projections ne montrent en effet aucune tendance significative de long terme sur la freacutequence et lrsquointensiteacute des tempecirctes que ce soit agrave lrsquohorizon 2050 ou agrave lrsquohorizon 2100

En outre-mer les simulations du climat pour le XXIe siegravecle indiquent que les cyclones ne devraient pas ecirctre plus nombreux En revanche le nombre de cyclones de forte intensiteacute devrait augmenter

Chapitre DPreacutevention et gestion

des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques

extrecircmes

Auteurs Laure Tourjansky Emmanuel Vullierme et le service des risques naturels hydrauliques

MTES DGPRSRNH

Marie Carrega Jeacuterocircme Duvernoy Sarah Voirin MTES DGECSCEEONERC

copy Laurent Mignaux ndash Terra

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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La preacutevention et la gestion des risques un eacuteleacutement majeur de lrsquoadaptation au changement climatique

Les eacuteveacutenements climatiques extrecircmes (inondations seacutecheresses tempecirctes cyclones etc) font reacuteguliegraverement de nombreuses victimes dans le monde et des dommages consideacuterables Du fait de la diversiteacute des territoires franccedilais meacutetro-pole outre-mer territoires traverseacutes par un important reacuteseau hydrographique mon-tagne campagne littoral concentration drsquoenjeux dans les villes la France subit des eacuteveacutenements extrecircmes tregraves varieacutes Les catastrophes survenues ces derniegraveres anneacutees en France rappellent que notre territoire est particuliegraverement exposeacute avec en particulier les crues du Var en 2015 les crues sur les bassins du Loing de la Seine et de la Loire au printemps 2016 le cyclone Irma en septembre 2017 la tempecircte Eleanor en janvier 2018 La forte mobilisation meacutediatique lors de ces eacuteveacutenements ne doit pas faire oublier que la preacutevention des risques naturels se fait neacutecessairement dans la dureacutee en inteacutegrant les eacutevolutions attendues du climat La preacutevention srsquoarticule bien sucircr avec la preacuteparation et la gestion de crise lorsqursquoun eacutevegravenement agrave risque surgit

Qursquoils soient drsquoorigine climatique ou non (on pense en particulier aux seacuteismes) la reacuteponse aux eacutevegravenements extrecircmes est abordeacutee par les pouvoirs publics dans une approche systeacutemique La politique de preacutevention des risques naturels majeurs a pour objectif de reacuteduire lrsquoexposition aux risques des populations et agrave les rendre moins vulneacuterables Elle vise agrave preacutevenir les atteintes agrave la vie humaine et reacuteduire autant que possible les conseacutequences preacutevisibles et les dommages potentiels des eacutevegravenements agrave geacuterer efficacement les crises et les catastrophes quand elles surviennent anticiper les situations post-crise et reacuteparer les dommages

Cette politique est structureacutee par plusieurs textes agrave commencer par la loi Barnier 1 et inscrite dans les lignes directrices eacutedicteacutees par lrsquoONU dans le cadre de Sendai pour la reacuteduction du risque de catastrophes Si le cadre est avant tout donneacute par lrsquoEacutetat cette politique trouve son efficaciteacute dans la mobilisation de nombreux acteurs agrave commencer par les collectiviteacutes locales car elle srsquoarticule eacutetroitement avec lrsquoameacutenagement du territoire mais aussi les entreprises et les citoyens Aussi la politique de preacutevention des risques naturels meneacutee par lrsquoEacutetat comporte des actions reacutegaliennes (information preacuteventive eacutelaboration de plans de preacuteven-tion des risques naturels) et des dispositifs drsquoaccompagnement tels que la mobi-lisation du fonds de preacutevention des risques naturels majeurs dit laquo Fonds Barnier raquo

Dans le cadre de lrsquoeacutelaboration du deuxiegraveme plan national drsquoadaptation au chan-gement climatique (ONERC 2017) les discussions relatives agrave la preacutevention des risques naturels et agrave la reacutesilience des territoires ont largement conforteacute la politique mise en œuvre et mis en avant des axes nouveaux la neacutecessiteacute drsquoun portage local de cette politique qui eacutemane des territoires une approche jacobine nrsquoeacutetant

1 Loi no 95-101 du 2 feacutevrier 1995 relative au renforcement de la protection de lrsquoenvironnement

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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plus suffisante le besoin permanent drsquoune mise agrave jour des connaissances et drsquoun approfondissement de la connaissance des aleacuteas les plus impacteacutes par le changement climatique la mise en place drsquooutils nouveaux de transformation des territoires

Une hausse de 2 degC de la tempeacuterature moyenne de la planegravete drsquoici la fin du siegravecle se deacuteclinerait de faccedilon diffeacuterencieacutee selon ces territoires mais srsquoaccompagnerait partout de changements importants dans le reacutegime des preacutecipitations et dans la freacutequence et la seacuteveacuteriteacute des eacuteveacutenements extrecircmes Ces changements seront moins importants si lrsquoon arrive agrave contenir lrsquoaugmentation de la tempeacuterature ter-restre en limitant les eacutemissions de gaz agrave effet de serre anthropiques Toutefois du fait de lrsquoinertie du systegraveme climatique mecircme si lrsquoon parvenait agrave arrecircter degraves main-tenant toute eacutemission de gaz agrave effet de serre le climat de la Terre continuerait agrave changer pendant plusieurs deacutecennies et la hausse du niveau des mers se pour-suivrait pendant plusieurs siegravecles Il faut donc se preacuteparer agrave ces changements

La deacutefinition de lrsquoadaptation au changement climatique a eacuteteacute affineacutee au rythme des rapports du GIEC Si le dernier rapport deacutefinit lrsquoadaptation comme laquo la deacutemarche drsquoajustement au climat actuel ou attendu ainsi qursquoagrave ses conseacutequences raquo elle peut ecirctre appreacutehendeacutee drsquoun point de vue plus socieacutetal par laquo lrsquoensemble des eacutevo-lutions drsquoorganisation de localisation et de techniques que les socieacuteteacutes devront opeacuterer pour limiter les impacts neacutegatifs de ces changements et maximiser leurs effets beacuteneacutefiques raquo ainsi eacuteloigner les populations et les activiteacutes eacuteconomiques de zones rendues inondables par le changement climatique adopter des varieacute-teacutes de plantes plus reacutesistantes et mieux adapteacutees aux climats du futur ajuster les reacuteseaux eacutenergeacutetiques aux variations attendues de la consommation drsquoeacutenergie adapter les infrastructures de transport ou reacutehabiliter des zones urbaines apregraves des deacutesastres naturels lieacutes au changement climatique sont toutes des actions drsquoadaptation (de Perthuis 2010)

Les possibiliteacutes drsquoadaptation sont nombreuses mais pour reacuteduire la vulneacuterabi-liteacute au changement climatique actuel et futur diffeacuterentes eacutetapes drsquoadaptation seront neacutecessaires

Adaptation autonome ou spontaneacutee adaptation en reacuteponse agrave un aleacutea clima-tique veacutecu ou agrave ses effets sans aucune preacutemeacuteditation explicite ou consciente et axeacutee sur la lutte contre le changement climatique

Adaptation increacutementale mesures drsquoadaptation ayant pour objectif princi-pal le maintien de la nature et de lrsquointeacutegriteacute drsquoun systegraveme ou drsquoun processus agrave une eacutechelle donneacutee

Adaptation transformationnelle adaptation qui change les eacuteleacutements fonda-mentaux drsquoun systegraveme en reacuteponse au climat et agrave ses effets

Il existe une intersection entre les activiteacutes des communauteacutes travaillant sur lrsquoadap-tation au changement climatique et celles travaillant sur la reacuteduction des risques de catastrophe Les deux visent agrave reacuteduire les impacts neacutegatifs du changement climatique et des catastrophes sur lrsquoenvironnement naturel la socieacuteteacute humaine et les eacuteconomies en anticipant les risques et les incertitudes et en cherchant agrave reacuteduire leurs vulneacuterabiliteacutes (Mitchell et al 2010) Comme le changement climatique

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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rendra en geacuteneacuteral les eacuteveacutenements extrecircmes plus freacutequents et plus intenses il est primordial drsquoassurer la meilleure coheacuterence possible entre la politique de preacuteven-tion et de gestion des risques et celle de lrsquoadaptation au changement climatique tant au niveau des pratiques qursquoau niveau des politiques nationale reacutegionale et communaleintercommunale

En Europe la France est lrsquoun des pays les plus avanceacutes en matiegravere de planifi-cation de lrsquoadaptation au changement climatique avec une Strateacutegie nationale drsquoadaptation au changement climatique publieacutee en 2006 et un premier Plan national drsquoadaptation au changement climatique couvrant la peacuteriode 2011-2015 Le deuxiegraveme Plan national drsquoadaptation au changement climatique (PNACC-2) a notamment pour objectif de laquo mieux proteacuteger les Franccedilais face aux eacuteveacutenements cli-matiques extrecircmes raquo comme inscrit dans le Plan climat du gouvernement publieacute le 6 juillet 2017 (axe 19) Il vise ainsi agrave reacuteduire les impacts des catastrophes natu-relles sur la seacutecuriteacute et la santeacute sur les biens eacuteconomiques physiques sociaux culturels et environnementaux des personnes des entreprises et des collectiviteacutes dans le contexte du changement climatique La phase de concertation preacutealable agrave lrsquoeacutelaboration de ce plan a eacuteteacute notamment nourrie par un groupe de travail speacutecifi-quement deacutedieacute agrave lrsquoeacutelaboration de recommandations en matiegravere de preacutevention et gestion des risques naturels dont certaines portaient directement sur les eacuteveacutene-ments extrecircmes Drsquoautres groupes de travail theacutematiques ont eacutegalement apporteacute leurs contributions agrave lrsquoameacutelioration de la gestion des eacuteveacutenements extrecircmes dans un contexte climatique changeant Eacutetant donneacute que de nombreux territoires sec-teurs drsquoactiviteacutes et eacutecosystegravemes sont et seront impacteacutes par le changement clima-tique la politique nationale drsquoadaptation apparaicirct clairement comme une politique publique laquo transversale raquo Le domaine drsquoaction laquo Gouvernance raquo du PNACC-2 vise ainsi agrave renforcer le pilotage strateacutegique de la deacutemarche drsquoadaptation dans une logique de coconstruction avec les eacutechelons de gouvernance territoriaux incluant les acteurs locaux et la socieacuteteacute civile

Le changement climatique loin de remettre en cause les outils de la preacutevention et de la gestion des risques naturels leur donne une nouvelle actualiteacute et fait res-sortir la neacutecessiteacute de les mobiliser au mieux La limitation de lrsquoexposition drsquoenjeux (habitations entrepriseshellip) existants ou nouveaux doit plus que jamais ecirctre une prioriteacute dans le contexte drsquoaleacuteas croissants et se faire dans une deacutemarche drsquoameacutenagement durable des territoires Des eacutevolutions eacuteventuelles devraient alors porter en premier lieu sur les leviers permettant lrsquoadheacutesion des parties pre-nantes agrave cette preacutevention afin qursquoelle ne soit pas perccedilue uniquement comme une contrainte et srsquoinsegravere pleinement dans une deacutemarche plus globale et transver-sale drsquoadaptation au changement climatique

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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La preacutevention des risques naturels majeurs un enjeu qui requiert la mobilisation de tous

Les instances onusiennes de lrsquoUnited Nations system for disaster risk reduction (UNISDR) ont adopteacute le cadre drsquoaction de Sendai 2015-2030 qui reconnaicirct pour la premiegravere fois le rocircle du changement climatique comme facteur de risques de catastrophes Il srsquoarticule avec lrsquoaccord de Paris sur le climat adopteacute en deacutecembre 2015 et les objectifs de deacuteveloppement durable eacutetablis par les Eacutetats membres des Nations unies rassembleacutes dans lrsquoAgenda 2030 Il succegravede au cadre drsquoaction de Hyogo pour la peacuteriode 2005-2015

Pour eacutecarter les nouveaux risques tout en reacuteduisant les risques existants le cadre de Sendai deacutefinit quatre prioriteacutes agrave lrsquoeacutechelle mondiale

comprendre les risques de catastrophe renforcer la gouvernance des risques de catastrophe pour mieux les geacuterer investir dans la reacuteduction des risques de catastrophe aux fins de la reacutesilience renforcer lrsquoeacutetat de preacuteparation aux catastrophes pour intervenir de maniegravere

efficace et pour laquo mieux reconstruire raquo durant la phase de relegravevement de remise en eacutetat et de reconstruction

La politique franccedilaise de preacutevention des risques naturels srsquoinscrit dans ce cadre

Les leviers de lrsquoEacutetat

Le cadre europeacuteen est donneacute depuis 2007 par une directive centreacutee uniquement sur lrsquoaleacutea inondation qui est lrsquoaleacutea naturel le plus preacutesent en Europe (directive no 200760CE relative agrave lrsquoeacutevaluation et agrave la gestion des risques drsquoinondation) Dans le cadre de cette directive chaque pays de lrsquounion europeacuteenne est tenu de rapporter tous les six ans les efforts entrepris pour reacuteduire les conseacutequences neacutegatives des inondations sur son territoire

En matiegravere de protection des populations et face agrave des situations drsquourgence de grande ampleur auxquelles ne pourrait pas faire face seule la protection civile drsquoun pays lrsquoUnion europeacuteenne a instaureacute en 2001 un meacutecanisme europeacuteen de protec-tion civile qui permet aux pays de coordonner leur aide Gracircce agrave un travail de sen-sibilisation de formation drsquoeacutechanges drsquoexperts et agrave lrsquoorganisation drsquoexercices de simulation il contribue agrave preacuteparer et agrave limiter les conseacutequences des catastrophes

Agrave lrsquoeacutechelle nationale le ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire est porteur de la politique de preacutevention des risques naturels et de la preacutevision des crues Il srsquoappuie sur le ministegravere de la Coheacutesion des territoires pour la prise en compte des risques dans lrsquourbanisme et le controcircle du respect des regravegles de construc-tion Le ministegravere de lrsquoEacuteconomie assure la tutelle du secteur des assurances en charge de lrsquoindemnisation en cas de sinistre Les ministegraveres en charge de lrsquoAgri-culture de la Santeacute des Affaires eacutetrangegraveres de la Culture et de lrsquoEacuteducation natio-nale contribuent eacutegalement dans leurs domaines de compeacutetences agrave la preacutevention

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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des risques Le directeur geacuteneacuteral de la preacutevention des risques du ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire en tant que deacuteleacutegueacute aux risques majeurs assure une coordination avec le ministegravere de lrsquoInteacuterieur (DGSCGC) qui intervient en cas de crise (voir page 128 laquo Preacuteparer et geacuterer la crise raquo)

LrsquoEacutetat met en œuvre des actions dans les domaines leacutegislatif reacuteglementaire et technique pour ameacuteliorer la preacutevention et la reacuteduction des risques agrave la source drsquoune part et drsquoautre part lrsquoinformation et la protection des citoyens Les minis-tegraveres srsquoappuient sur plusieurs opeacuterateurs dont les actions concernent en premier lieu la connaissance du risque agrave travers des projets de recherche lrsquoobservation et la preacutevision des aleacuteas les mesures de la reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute qui peuvent eacutegalement ecirctre mobiliseacutes en gestion de crise Au global le ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire consacre environ 30 millions drsquoeuros par an agrave la preacutevention des risques naturels dont un tiers est destineacute aux opeacuterateurs un autre tiers au reacuteseau de preacutevision des crues et le dernier tiers agrave des acquisitions de connaissance des actions drsquoameacutelioration de la culture du risque des opeacutera-tions de communication et le fonctionnement des services

LrsquoEacutetat a eacutegalement un rocircle important pour accompagner les parties prenantes de la preacutevention des risques Le soutien agrave la preacutevention srsquoappuie largement sur le Fonds de preacutevention des risques naturels majeurs (FPRNM appeleacute aussi laquo fonds Barnier raquo) creacuteeacute en 1995 et doteacute via les contributions des assureacutes au titre du dis-positif CatNat drsquoenviron 200 millions drsquoeuros par an plafonneacute agrave 137 millions en recettes pour la Loi de finances de 2018 La mise en place et lrsquoutilisation du FPRNM visent agrave permettre un eacutequilibre entre des mesures de preacutevention efficaces et lrsquoin-demnisation postcatastrophe Sur la peacuteriode 2012-2017 il a eacuteteacute mobiliseacute agrave pregraves de 50 pour la preacutevention des inondations par deacutebordement de cours drsquoeau agrave 13 pour la submersion marine agrave pregraves de 10 pour les mouvements de terrain

Srsquoil a drsquoabord permis de financer les deacutelocalisations de biens exposeacutes agrave un risque naturel majeur (38 sur les deacutepenses cumuleacutees entre 2010 et 2017) son uti-lisation a progressivement eacuteteacute eacutelargie par le leacutegislateur agrave drsquoautres cateacutegories de deacutepenses mesures de reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute des biens et de lrsquoameacutenagement du risque (40 ) et de connaissance de lrsquoaleacutea et information preacuteventive (14 )

Les collectiviteacutes territoriales sont les premiegraveres utilisatrices du FPRNM elles peuvent mobiliser jusqursquoagrave 125 millions drsquoeuros sur la mesure laquo eacutetudes et travaux des collectiviteacutes locales raquo qui constitue la principale mesure du FPRNM Les ter-ritoires de Charente-Maritime de Vendeacutee ainsi que les Antilles Franccedilaises ont mobiliseacute une part importante du FPRNM suite aux catastrophes qui ont affecteacute ces territoires (tempecircte Xynthia cyclone Irma etc) et du fait des enjeux speacuteci-fiques aux Antilles

Les particuliers et les entreprises de moins de vingt salarieacutes peuvent eacutegalement en beacuteneacuteficier sous certaines conditions

Le cadre drsquoeacuteligibiliteacute au soutien du FPRNM exprime de fait des lignes directrices de la preacutevention des risques partageacutees entre tous ses acteurs

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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La mobilisation des collectiviteacutes locales

Les collectiviteacutes territoriales ont un rocircle deacuteterminant et croissant dans la preacuteven-tion et la gestion des crises lieacutees aux risques naturels Le maire est chargeacute de la connaissance et de la diffusion de lrsquoinformation sur les risques aupregraves de la population En tant que responsable de lrsquoameacutenagement et de la seacutecuriteacute il doit veiller agrave communiquer reacuteguliegraverement sur la connaissance des risques sur son ter-ritoire il est chargeacute de lrsquoalerte et de lrsquoorganisation des secours en cas de crise Il dispose agrave cet effet drsquooutils strateacutegiques et reacuteglementaires tels que le Plan com-munal de sauvegarde (PCS) et le Plan local drsquourbanisme (PLU)

Outre lrsquoeacutechelon communal les intercommunaliteacutes ndash communauteacutes de communes drsquoagglomeacuteration urbaines meacutetropoles ndash constituent des acteurs de premier plan en particulier en matiegravere drsquoameacutenagement du territoire et de Gestion des milieux aquatiques et de preacutevention des inondations (Gemapi) Crsquoest lrsquoesprit des lois MAPTAM 2 en 2014 et NOTRe 3 en 2015

2 Loi no 2014-58 du 27 janvier 2014 de modernisation de lrsquoaction publique territoriale et drsquoaffirmation des meacutetropoles

3 Loi no 2015-991 du 7 aoucirct 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la Reacutepublique

Figure D1 ndash Deacutepenses du fonds de preacutevention des risques naturels majeurs par type drsquoacteur

Source ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire (MTES) 2017

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Lrsquoinstauration de la compeacutetence laquo Gemapi 4 raquo depuis le 1er janvier 2018 repreacutesente une eacutevolution structurante dans la gouvernance en matiegravere de gestion des milieux aquatiques et de preacutevention des inondations La loi attribue cette compeacutetence aux intercommunaliteacutes de maniegravere obligatoire et exclusive compeacutetence qursquoelles ont la possibiliteacute de deacuteleacuteguer ou transfeacuterer agrave des syndicats mixtes Les collectivi-teacutes deacutepartementales et reacutegionales deacutejagrave impliqueacutees pourront eacutegalement poursuivre leur action en matiegravere de compeacutetence Gemapi Cette compeacutetence permettra en particulier la bonne gestion dans la dureacutee des ouvrages hydrauliques ndash travaux et entretien des systegravemes drsquoendiguement des barrages eacutecrecircteurs de crues des bassins de reacutetention ndash concourant agrave la preacutevention des inondations

Les conseils deacutepartementaux et reacutegionaux sont aussi impliqueacutes dans la preacuteven-tion des risques Le conseil deacutepartemental par exemple deacutefinit les politiques drsquoinvestissement et finance le fonctionnement des diffeacuterents services deacuteparte-mentaux speacutecialiseacutes Pour les secours aux victimes les Services deacutepartementaux drsquoincendie et de secours (SDIS) sont placeacutes sous une double autoriteacute ndash preacutefet et conseil deacutepartemental ndash pour la gestion opeacuterationnelle et la gestion fonctionnelle des secours et sont chargeacutes avec le Service drsquoaide meacutedicale urgente (SAMU) des secours aux victimes Eacutetablissement public deacutepartemental le SDIS eacutelabore et met en œuvre sous lrsquoautoriteacute du preacutefet le Scheacutema deacutepartemental drsquoanalyse et de couverture des risques (SDACR)

Lrsquoarticulation territoriale de la politique de preacutevention des risques avec les autres politiques sectorielles dans une logique drsquoadaptation au changement climatique reposera notamment sur un reacuteseau de comiteacutes reacutegionaux de lrsquoadaptation en meacutetro-pole et outre-mer dans le cadre de lrsquoeacutelaboration ou de la reacutevision drsquoorientations et de scheacutemas reacutegionaux comme les SRADDET SRCAE SAR PRFB hellip

En outre-mer une meilleure reacutesilience aux effets du changement climatique est prise en compte dans la mobilisation drsquooutils speacutecifiques Les outils de program-mation tels que les plans de convergence les contrats de plan Eacutetat-Reacutegion les suites donneacutees au Livre bleu des outre-mer les PRFB mais aussi les documents de planification territoriale speacutecifiques agrave chacun des territoires ultramarins ins-criront des actions en faveur de lrsquoadaptation au changement climatique Gracircce agrave la mobilisation drsquooutils financiers adapteacutes ces actions viseront agrave renforcer le deacuteveloppement et la maintenance des infrastructures la recherche et lrsquoameacuteliora-tion de la connaissance au niveau reacutegional et transfrontalier la preacuteservation des ressources et milieux naturels et des eacutecosystegravemes qursquoils abritent et agrave faire des territoires ultramarins un atout strateacutegique quant aux relations avec les autres Eacutetats de leur bassin de coopeacuteration reacutegionale Cette action permettra eacutegalement de srsquoassurer de la coheacuterence de lrsquoensemble de ces actions entre lrsquoeacutechelon terri-torial et le niveau national

4 httpswwwecologique-solidairegouvfrgestion-des-milieux-aquatiques-et-prevention-des-inondations-gemapi

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Encadreacute 1

5 Discours du Preacutesident de la Reacutepublique Emmanuel Macron devant la 72e Assembleacutee geacuteneacuterale des Nations unies 19 septembre 2017

Financements internationaux et europeacuteens pour la prise en compte

des eacuteveacutenements extrecircmes

De nombreuses sources de financement internationales et europeacuteennes existent pour deacutevelopper les capaciteacutes drsquoobservation de mesure drsquoalerte et drsquoadaptation aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes mais elles sont par-fois sous-utiliseacutees au risque mecircme de ne pas ecirctre peacuterennesLes donneacutees meacuteteacuteorologiques sont souvent encore peu fiables ou totale-ment absentes dans de nombreux pays Lrsquoinitiative CREWS (Climate risks and early warning systems) a eacuteteacute lanceacutee agrave Paris agrave la COP21 en 2015 agrave la suite de la troisiegraveme confeacuterence sur la reacuteduction des risques de catas-trophes agrave Sendai en mars 2015 ougrave les Eacutetats partis srsquoeacutetaient engageacutes agrave laquo accroicirctre significativement la disponibiliteacute et lrsquoaccegraves agrave des systegravemes drsquoalerte preacutecoce multirisques agrave lrsquoinformation et aux eacutevaluations sur les risques pour les populations drsquoici 2030 raquo Cette initiative a pour but drsquoaider les pays les plus vulneacuterables et les moins avanceacutes et les petits Eacutetats insulaires en deacuteveloppement agrave ameacuteliorer la prestation de services meacuteteacuteorologiques et climatologiques et agrave augmenter leur capaciteacute agrave produire et diffuser des alertes preacutecoces efficaces multirisques axeacutees sur les impacts afin de proteacuteger les personnes les biens et les moyens de subsistance Lrsquoobjectif est de mobiliser 100 millions de dollars ameacutericains drsquoici agrave 2020 afin de combler les lacunes des programmes bilateacuteraux et multilateacuteraux exis-tants La France fait partie des partenaires financiers de cette initiative et a contribueacute agrave hauteur de 10 millions drsquoeuros entre 2017 et 2018 au financement du fonds fiduciaire Afin de peacuterenniser cette initiative qui va dans le sens de ses engagements internationaux en matiegravere de finance-ment de la lutte contre le changement climatique la France preacutevoit un ren-forcement de son implication dans lrsquoinitiative CREWSLa France mobilise eacutegalement drsquoautres fonds internationaux notamment le Fonds vert pour le climat pour financer la preacutevention des risques et lrsquoadap-tation au changement climatique dans les outre-mer Le Fonds vert pour le climat a eacuteteacute mis en place par les 194 Eacutetats partis agrave la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques en 2010 agrave Cancugraven comme partie inteacutegrante du meacutecanisme financier de la Convention Il a pour but de financer agrave parts eacutegales des projets drsquoatteacutenuation et drsquoadaptation dans les pays en deacuteveloppement Agrave ce jour les investissements du Fonds vert repreacute-sentent 26 Md USD au profit de cinquante-quatre projets et programmesDans lrsquoobjectif de consacrer 055 du revenu national de la France pour lrsquoaide publique au deacuteveloppement drsquoici cinq ans 5 et de mettre en œuvre les actions du PNACC-2 les acteurs de lrsquoaide au deacuteveloppement tels que lrsquoAFD vont augmenter la part des financements de lrsquoaide au deacuteveloppement

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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deacutedieacutee agrave lrsquoadaptation y compris la part des dons agrave hauteur de 15 mil-liard drsquoeuros agrave horizon 2020 et renforcer le volet adaptation au change-ment climatique dans les organisations multilateacuterales de financement du deacuteveloppement et du climat tels que le Fonds vert pour le climatDans ce cadre la contribution du ministegravere des outre-mer au Fonds vert permettant le financement de la preacutevention des risques et lrsquoadaptation au changement climatique dans les outre-mer porte sur deux volets

un precirct agrave taux zeacutero laquo Fonds vert raquo deacutedieacute agrave la Nouvelle-Caleacutedonie la Polyneacutesie franccedilaise et agrave Wallis-et-Futuna

une enveloppe drsquoassistance agrave maicirctrise drsquoouvrage de laquo lrsquoeacutequivalent Fonds vert raquo Cette enveloppe est destineacutee agrave financer lrsquoidentification la structu-ration et lrsquoeacutevaluation des projets environnementaux financeacutes par lrsquoAgence franccedilaise pour le deacuteveloppement (AFD) et agrave lrsquoeacutelaboration dans les reacutegions ultrapeacuteripheacuteriques des plans climat-air-eacutenergie territoriaux Les entiteacutes eacuteli-gibles sont les collectiviteacutes territoriales ultramarines leurs groupements et satellites les entreprises publiques locales susceptibles drsquoecirctre beacuteneacutefi-ciaires drsquoun precirct AFD bonifieacute par lrsquoeacutequivalent laquo Fonds vert raquo Ainsi une ligne budgeacutetaire a eacuteteacute consacreacutee agrave un laquo eacutequivalent Fonds vert raquo au sein de la mis-sion laquo outre-mer raquo du budget geacuteneacuteral en 2017 et a eacuteteacute reconduite en 2018La France participe eacutegalement au financement de la preacutevention des risques et agrave lrsquoadaptation aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes au niveau euro-peacuteen notamment agrave travers lrsquoAccord de partenariat 2014-2020 entre lrsquoUnion europeacuteenne lrsquoEacutetat et les Reacutegions qui acte la mobilisation drsquoune partie des fonds europeacuteens au financement de lrsquoObjectif Theacutematique 5 ndash adaptation au changement climatique et preacutevention des risques (OT5) Les Fonds

europeacuteens structurels et drsquoinvestissement (FESI) sont mobiliseacutes pour soutenir des actions dans les reacutegions particuliegraverement vulneacuterables et la prioriteacute est donneacutee au deacuteveloppement de solutions de geacutenie eacutecologique Agrave cet effet le Fonds europeacuteen de deacuteveloppement reacutegional (FEDER) sou-tient des actions qui visent globalement agrave ameacuteliorer la protection des terri-toires et des populations exposeacutes aux effets des aleacuteas climatiques et aux risques tandis que le Fonds europeacuteen agricole de deacuteveloppement rural (FEADER) intervient speacutecifiquement dans le domaine des sols (limitation des risques drsquoartificialisation drsquoeacuterosion et de perte de matiegravere organique) et de la lutte contre les incendies Lrsquoenjeu financier pour la France reacuteside dans le fait de continuer agrave pouvoir mobiliser des financements europeacuteens au-delagrave de lrsquoexercice actuel (2014-2020) malgreacute une sous-utilisation chro-nique des FESI Le maintien drsquoun objectif theacutematique visant explicitement lrsquoadaptation et la preacutevention des risques est essentiel pour permettre aux reacutegions lrsquoayant identifieacute comme prioritaire de mobiliser un cofinance-ment europeacuteen agrave hauteur de 50 Lrsquoenveloppe fleacutecheacutee pour la France au titre de lrsquoOT5 pour le FEDER srsquoeacutelegraveve agrave 295 millions drsquoeuros sur la peacuteriode 2014-2020 Au 2 juillet 2018 seuls 36 de ces fonds eacutetaient program-meacutes Crsquoest pourquoi le PNACC-2 souhaite faciliter et renforcer lrsquoaccegraves et la mobilisation des fonds europeacuteens par les porteurs de projets franccedilais

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Un travail en reacuteseau

Lrsquoefficaciteacute de la politique de preacutevention passe par une appropriation et un apport de tous les partenaires dans un travail en reacuteseau Le Conseil drsquoorientation pour

la preacutevention des risques naturels majeurs (COPRNM) creacuteeacute par deacutecret du 1er aoucirct 2003 est un lieu de concertation et drsquoarbitrage composeacute drsquoeacutelus drsquoexperts de pro-fessionnels de repreacutesentants de la socieacuteteacute civile et des services de lrsquoEacutetat mobi-liseacutes sur les lignes directrices de cette politique Une commission speacutecifique la commission mixte inondation organise et anime lrsquoassociation des parties pre-nantes et contribue agrave la coheacuterence des dispositifs en vue de la gestion des risques drsquoinondation de tous types en France Elle constitue lrsquoinstance de gouvernance nationale en matiegravere de preacutevention des inondations

Les Assises nationales des risques naturels 6 reacuteunissent tous les deux ou trois ans les acteurs de la preacutevention des risques naturels pour eacutechanger et deacutebattre sur lrsquoeacutetat de la situation et les perspectives de reacuteduction des catastrophes Ces assises sont aussi lrsquooccasion de contribuer au deacuteveloppement drsquoune culture commune du risque en mutualisant les connaissances des diffeacuterents acteurs inter-venant dans les domaines concerneacutes par la preacutevention et la gestion des risques naturels Services de lrsquoEacutetat eacutelus associations assureurs chercheurs bureaux drsquoeacutetudes tous sont appeleacutes agrave se mobiliser pour ces journeacutees de rencontres et drsquoeacutechanges en particulier les collectiviteacutes et leurs eacutelus acteurs de la mise en place de la politique de preacutevention agrave lrsquoeacutechelle de leurs territoires

La preacutevention des risques une politique structureacutee et de long terme qui articule des actions compleacutementaires

En matiegravere de risque naturel la reacuteduction du risque agrave la source est impossible par deacutefinition ou limiteacutee La politique consiste donc agrave connaicirctre au mieux les pheacute-nomegravenes naturels et agir pour reacuteduire autant que faire se peut leurs conseacute-quences Un enjeu est drsquoagir laquo en amont raquo des catastrophes agrave un moment ougrave leur effet est difficile agrave connaicirctre preacuteciseacutement dans une approche de long terme en contraste avec le sentiment drsquourgence quand une catastrophe srsquoannonce Cette politique demande la mobilisation de diffeacuterents outils dans une approche stra-teacutegique et eacutequilibreacutee ndash pas seulement orienteacutee sur la protection contre lrsquoaleacutea par exemple ndash elle-mecircme longue agrave eacutelaborer On retient traditionnellement une struc-turation autour de sept axes qui sont chacun indispensables et doivent ecirctre mis en œuvre de maniegravere compleacutementaire et articuleacutee connaissance surveillance information maicirctrise de lrsquourbanisme reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute gestion de crise retour drsquoexpeacuterience

6 httpswwwecologique-solidairegouvfrprevention-des-risques-naturelse2

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Connaicirctre lrsquoaleacutea et le risque

La connaissance de lrsquoaleacutea est le socle indispensable de la preacutevention Les connais-sances et recherches scientifiques permettent de mieux cerner les causes des pheacutenomegravenes et les meacutecanismes mis en jeu Elles mobilisent

la connaissance des eacuteveacutenements passeacutes gracircce aux recherches historiques et agrave la constitution de bases de donneacutees (climatologique hydrologique nivo-logique) ou drsquoatlas (par exemple cartes des zones inondables agrave partir des donneacutees historiques carte de localisation des pheacutenomegravenes avalancheux) La capitalisation des donneacutees drsquoeacuteveacutenements historiques en matiegravere drsquoinondation par exemple repose sur la Base de donneacutees historiques sur les inondations (BDHI) 7 qui recense et deacutecrit les pheacutenomegravenes de submersions dommageables drsquoorigine fluviale marine ou autres survenus sur le territoire franccedilais (meacutetro-pole et outre-mer) au cours des siegravecles passeacutes et jusqursquoagrave aujourdrsquohui Elle met agrave disposition une seacutelection drsquoinondations remarquables qui se sont produites sur le territoire et srsquoenrichit au fil de lrsquoeau En compleacutement une base de donneacutees de repegraveres de crues a eacuteteacute mise en ligne agrave la fois pour ecirctre consulteacutee et pour ecirctre alimenteacutee par tout un chacun grand public ou organismes 8

la connaissance des aleacuteas et des enjeux pour eacutevaluer les risques auxquels chaque territoire est exposeacute Cette connaissance eacutemane drsquoeacutetudes ou recherches meneacutees par des opeacuterateurs de lrsquoEacutetat ou par des bureaux drsquoeacutetudes Elle neacuteces-site parfois des modeacutelisations numeacuteriques (modegravele meacuteteacuteorologique hydrolo-gique ou autre) et se concreacutetise par des cartes drsquoextension et drsquointensiteacute des pheacutenomegravenes

On distingue la recherche amont qui srsquointeacuteresse aux grandes eacutevolutions tendan-cielles agrave une eacutechelle laquo macro raquo telle que lrsquoeacutevolution des zones sensibles aux incen-dies de forecirct lrsquoimpact de la hausse des tempeacuteratures sur les risques drsquoorigine glaciaire et peacuteriglaciaire de la connaissance fine de lrsquoaleacutea et des enjeux agrave une eacutechelle locale permettant par exemple drsquoeacutetablir un zonage de Plan de preacutevention des risques naturels (PPRN) Cette derniegravere est eacutegalement neacutecessaire dans une approche opeacuterationnelle drsquoameacutenagement du territoire et de la gestion crise par exemple pour preacuteparer lrsquoeacutevacuation de populations et organiser les secours en cas drsquoeacuteveacutenement meacuteteacuteorologique intense

Une connaissance approfondie des risques est indispensable pour appreacutehender les conseacutequences possibles des pheacutenomegravenes et mettre en place des mesures de preacutevention approprieacutees en tenant compte de la vulneacuterabiliteacute du site consi-deacutereacute Les eacuteleacutements de connaissance doivent reacuteguliegraverement ecirctre mis agrave jour pour tenir compte des progregraves scientifiques drsquoune part et des eacutevolutions de lrsquooccupa-tion du territoire drsquoautre part

7 Base de donneacutees historiques sur les inondations httpbdhifr

8 httpswwwreperesdecruesdeveloppement-durablegouvfr

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Ainsi il est par exemple neacutecessaire de mieux comprendre comment vont eacutevoluer dans le contexte du changement climatique

les glaciers ndash comme le rappelle lrsquoeacutepisode de Tecircte Rousse 9 pregraves du mont Blanc les mouvements de terrains en montage qui peuvent ecirctre modifieacutes par lrsquoeacutevo-

lution de la tempeacuterature des sols ou encore les boisements pour faire degraves agrave preacutesent les choix qui limiteront le

risque incendie dans les deacutecennies agrave venir

Agrave titre drsquoexemple dans les Alpes du nord le risque drsquoincendie de forecirct est poten-tiellement en augmentation au regard des eacutevolutions probables des conditions meacuteteacuteorologiques Le deacutepartement de lrsquoIsegravere classeacute agrave laquo risque moyen 10 raquo preacutesente une activiteacute incendie peu importante mais non neacutegligeable Lors de conditions meacuteteacuteorologiques exceptionnelles des feux tregraves intenses et difficilement controcirc-lables peuvent se deacutevelopper comme cela a eacuteteacute le cas en 2003

Bien qursquoencore mal connue lrsquointeraction entre plusieurs risques naturels est de nature agrave aggraver les situations Sur les secteurs deacutejagrave soumis agrave un aleacutea mouve-ments de terrain les incendies par la perte du couvert veacutegeacutetal qursquoils occasionnent peuvent occasionner un sur-aleacutea notamment en cas de fortes preacutecipitations Ils aggravent ainsi les pheacutenomegravenes drsquoeacuterosion des sols de ravinements et couleacutees de boues drsquoeacuteboulements rocheux ou encore de glissements de terrain

Plusieurs projets tel que les projets Drias les futurs du climat et Extremoscope (GICC MTESDRISR) ou des plates-formes telles que Geacuteorisque et Vigicrues ont drsquoores et deacutejagrave permis drsquoaccroicirctre la connaissance des risques depuis la publication du premier plan national drsquoadaptation au changement climatique et sont autant de points drsquoinformation pour les deacutecideurs ou le grand public (ONERC 2017)

Dans le cadre de lrsquoeacutelaboration du PNACC-2 lrsquoacquisition de nouvelles connais-sances et leur disseacutemination ont fait lrsquoobjet drsquoun groupe de travail speacutecifique Il est ainsi preacutevu le deacuteveloppement par les eacutetablissements drsquoenseignement supeacute-rieur et de recherche impliqueacutes dans le projet Extremoscope drsquoun service drsquoattri-bution des eacuteveacutenements extrecircmes (ex pour quantifier lrsquoeacutevolution de la probabiliteacute drsquooccurrence drsquoune seacutecheresse seacutevegravere pour un lieu donneacute) afin de reacutepondre aux questions reacutecurrentes du public des meacutedias et des responsables politiques apregraves chaque pheacutenomegravene de grande ampleur sur ses liens de causaliteacute avec le change-ment climatique (ex cyclone tropical forte pluie seacutecheresse intense vague de chaleur) et avec lrsquoideacutee drsquoaccroicirctre la sensibilisation de la population aux conseacute-quences du changement climatique en srsquoappuyant sur lrsquoanalyse de situations veacutecues reacutecentes Lrsquoacquisition de nouvelles connaissances sur les eacuteveacutenements extrecircmes et la maniegravere de srsquoen proteacuteger et la diffusion de ces informations sont eacutegalement deacuteclineacutes de maniegravere plus sectorielle

Dans le domaine de la preacutevention et de la gestion des feux de forecirct et de brous-sailles lieacutes au changement climatique lrsquoEacutetat et les eacutetablissements publics tels

9 httpwwwgeorisquesgouvfrarticlesglacier-de-tete-rousse-comprendre-le-phenomene-des-poches-deau

10 Circulaire DGFARSDFBC2007-5064

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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que lrsquoOffice national des forecircts (ONF) vont ainsi engager un certain nombre de mesures pour mieux cerner lrsquoaugmentation de lrsquoaleacutea incendie et lrsquoextension des zones propices aux incendies et en informer la population

deacutetermination des zones sensibles agrave lrsquoaugmentation de lrsquoaleacutea incendie de forecircts par la modeacutelisation des relations feu-climat incluant une reacuteflexion sur les interfaces laquo habitat-forecirct raquo et la deacuteprise agricole

eacutevaluation de lrsquointensiteacute des incendies des dommages induits sur les forecircts et de la vulneacuterabiliteacute des bacirctis drsquointerface agrave lrsquoincendie de forecirct

poursuite de la sensibilisation des populations notamment au respect des obligations leacutegales de deacutebroussaillement (voir encadreacute 6 de ce chapitre)

Les eacuteveacutenements extrecircmes sont eacutegalement pris en compte dans le PNACC-2 de maniegravere indirecte agrave travers les effets qursquoils ont sur la santeacute Dans le domaine de la preacutevention et de la gestion des risques sanitaires lieacutes au changement clima-tique il srsquoagit drsquoameacuteliorer la connaissance et la sensibilisation aux risques deacutejagrave identifieacutes ou eacutemergents agrave lrsquoeacutechelle nationale voire reacutegionale tant pour la popu-lation geacuteneacuterale que pour les travailleurs Pour ce qui est de la surveillance une meilleure articulation entre la production des donneacutees et les connaissances de surveillance environnementale climatique et les connaissances eacutepideacutemiologiques sanitaires permettra de construire des indicateurs valideacutes et de proposer une offre de services utiles pour lrsquoaction notamment pour le niveau reacutegional (par exemple en identifiant les facteurs de risques et en documentant les impacts sanitaires actuels et futurs) et des services climatiques pertinents pour la protection de la santeacute Par ailleurs les moyens de surveillance et drsquoalerte eacutepideacutemiologiques et sanitaires des populations (travailleurs inclus) seront consolideacutes Le service sani-taire des eacutetudiants en meacutedecine mis en place agrave la rentreacutee 2018 permettra de diffu-ser et mettre en œuvre des messages de preacutevention aupregraves de diffeacuterents publics (public scolaire structure drsquoaccueil de personnes acircgeacutees services sociauxhellip)

Pour reacutealiser ces missions drsquoameacutelioration continue de la connaissance le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement srsquoappuie sur ses opeacuterateurs publics dans le cadre de conventions Associeacutees agrave des financements sur creacutedits budgeacutetaires ces conven-tions chaque anneacutee en ordre de grandeur repreacutesentent par exemple

35 Meuro pour Meacuteteacuteo-France qui recouvrent des actions relatives au deacutevelop-pement de lrsquoobservation ndash extension du reacuteseau de mesure radars meacuteteacuteorolo-giques ndash et de la preacutevision ndash vigilance meacuteteacuteorologique

17 Meuro pour lrsquoInstitut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagriculture (IRSTEA) sur des actions de recherche et drsquoex-pertise avec notamment un travail sur la prise en compte des avalanches de neige humide dans les strateacutegies de preacutevention en montagne Ces avalanches eacutetant ameneacutees agrave se reacutepeacuteter dans le contexte du changement climatique

11 Meuro pour le Bureau de recherches geacuteologiques et miniegraveres (BRGM) sur des actions de recherche et drsquoexpertise qui recouvrent notamment un appui sur les mouvements de terrain et les enjeux relatifs agrave lrsquoeacutevolution du trait de cocircte

Si ces connaissances sont indispensables agrave lrsquoeacutelaboration au pilotage agrave la mise agrave jour de la politique de preacutevention des risques naturels il est tout aussi impor-tant qursquoelles soient porteacutees agrave la connaissance du public Cela permet de limiter

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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les formes de fatalisme et de superstition par rapport aux risques naturels Crsquoest le rocircle en particulier du portail Geacuteorisques (fig D2) mis en place par le ministegravere en charge de lrsquoenvironnement qui vise agrave ce que chacun puisse disposer drsquoune information sur les risques agrave proximiteacute de laquo sa maison raquo En srsquoappuyant sur les diffeacuterentes donneacutees disponibles au sein du ministegravere il preacutesente sous forme de cartes et de listes les diffeacuterents risques pour reacutepondre agrave la question laquo Quels sont les risques auxquels je suis exposeacute raquo Geacuteorisques a permis drsquoamplifier au sein des services du ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement et de ses opeacuterateurs le mouvement drsquoharmonisation drsquoagreacutegation au sein de bases nationales et de publication des donneacutees sur les risques notamment des cartes de plans de preacute-vention des risques (en lien avec le Geacuteoportail de lrsquourbanisme 11) Lrsquoobjectif priori-taire de cette plateforme est lrsquoameacutelioration continue de la varieacuteteacute et de la qualiteacute des donneacutees de lrsquoergonomie et des possibiliteacutes de consultation et de reacuteutilisa-tion de lrsquoinformation

Cette connaissance peut utilement ecirctre compleacuteteacutee par des indicateurs et ana-lyses qui permettent une mise en perspective du risque LrsquoObservatoire national des risques naturels (ONRN) apporte ce type drsquoinformations ainsi que les obser-vatoires reacutegionaux des risques naturels majeurs

11 httpswwwgeoportail-urbanismegouvfr

Figure D2 ndash portail Geacuteorisques httpwwwgeorisquesgouvfr

Source BRGM

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Encadreacute 2

Lrsquoobservatoire national des risques naturels

LrsquoObservatoire national des risques naturels (ONRN) a eacuteteacute creacuteeacute en mai 2012 suite aux conseacutequences catastrophiques de la tempecircte Xynthia par la signature drsquoune convention de partenariat entre lrsquoEacutetat repreacutesenteacute par le ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire (MTES) la Caisse centrale de reacuteassurance (CCR) et la Mission des socieacuteteacutes drsquoassurances pour la connaissance et la preacutevention des risques naturels (MRN grou-pement technique de la Feacutedeacuteration franccedilaise de lrsquoassurance ayant sta-tut drsquoassociation) Cette convention a eacuteteacute reconduite pour des peacuteriodes de trois ans en 2014 et en 2017 Le conseil de gestion de lrsquoONRN est doreacutenavant preacutesideacute par un repreacutesentant du Conseil geacuteneacuteral de lrsquoenviron-nement et du deacuteveloppement durable (CGEDD)

Les principaux objectifs de lrsquoONRN sont ameacuteliorer et capitaliser la connaissance sur les aleacuteas et les enjeux contribuer au pilotage et agrave la gouvernance de la preacutevention des risques servir lrsquoanalyse eacuteconomique de la preacutevention et de la gestion de crise contribuer agrave lrsquoameacutelioration de la culture du risque promouvoir les observatoires territoriaux

LrsquoONRN a notamment eacutelaboreacute cinquante-trois indicateurs couvrant cinq aleacuteas (inondation seacutecheresse

mouvement de terrain seacuteisme tempecircte-grecircle-neige) visualisables via une cartographie interactive et teacuteleacutechargeables sur le portail de lrsquoONRN (ex nombre de maisons individuelles exposeacutees agrave lrsquoaleacutea retrait-gonflement des argiles fort ou moyen en 2014 nombre de reconnaissances drsquoeacutetats de catastrophes naturelles laquo mouvements de terrain raquo de 1982 agrave 2017 freacutequence des sinistres tempecircte-grecircle-neige des particuliers par deacuteparte-ment cumuleacutee sur la peacuteriode 1987 agrave 2015 etc)

une base de donneacutees sur les eacuteveacutenements naturels dommageables (en cours de constitution)

Il a mis en place un reacuteseau des observatoires initieacute agrave lrsquooccasion des Assises nationales des risques naturels en 2016

Source httpwwwonrnfr

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Surveiller et preacutevoir

Lrsquoobjectif de la surveillance est drsquoanticiper un pheacutenomegravene naturel et de pouvoir avertir les populations et les acteurs agrave temps pour qursquoils se preacuteparent et adaptent leurs comportements pendant la crise Elle neacutecessite lrsquoutilisation de disposi-tifs drsquoanalyse preacutepareacutes en amont et de mesures inteacutegreacutees dans un systegraveme drsquoalerte des autoriteacutes ou des populations La surveillance meacuteteacuteorologique est un eacuteleacutement essentiel du dispositif de preacutevision des pheacutenomegravenes climatiques poten-tiellement dangereux tels que les orages tempecirctes vagues de chaleur et de leurs conseacutequences comme les avalanches ou les incendies de forecircts Par exemple la surveillance des deacutebits des cours drsquoeau associeacutee agrave la preacutevision des preacutecipita-tions permet de preacutevoir la survenance de crues sur 22 000 km des cours drsquoeau franccedilais et drsquoen estimer lrsquoampleur

Lrsquoameacutelioration de lrsquoobservation et de la preacutevision des pheacutenomegravenes est un enjeu majeur drsquoadaptation au changement climatique Le programme drsquoinvestissements en radar de Meacuteteacuteo-France a ainsi eacuteteacute confirmeacute avec le deacuteploiement de cinq radars agrave lrsquohorizon 2021 pour un montant de 11 millions drsquoeuros

La surveillance permet drsquoavertir les autoriteacutes ou les populations drsquoun danger par des moyens de diffusion efficaces et adapteacutes agrave chaque type de pheacutenomegravene Internet radio et TV haut-parleurs messages teacuteleacutephoniques etc

Les sites wwwvigilancemeteofrancecom et wwwvigicruesgouvfr (voir encadreacute 3) sont les supports de la vigilance nationale en matiegravere de risque meacuteteacuteorologique et hydrologique

Certains pheacutenomegravenes agrave dynamique rapide comme les orages les tempecirctes ou les cyclones tropicaux restent plus difficiles agrave preacutevoir agrave la fois en termes de loca-lisation de chronologie et drsquointensiteacute Leur dangerositeacute incite agrave les eacutetudier pour progresser dans notre capaciteacute drsquoanticipation et agrave mobiliser des moyens tech-niques de plus en plus performants pour les preacutevoir Les projections proposeacutees par les climatologues pour la fin du siegravecle laissent supposer des eacutevolutions sen-sibles de ces pheacutenomegravenes augmentation du nombre de cyclones dans les cateacute-gories les plus puissantes intensification des pheacutenomegravenes convectifs du type laquo ceacutevenol raquo par exemple Il est donc drsquoautant plus important de nous preacuteparer agrave mieux les annoncer

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Encadreacute 3

Le reacuteseau Vigicrues

Le reacuteseau Vigicrues du ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement a pour mis-sion de suivre lrsquoeacutevolution des principaux cours drsquoeau franccedilais et de pro-duire la laquo vigilance crues raquo destineacutee aux autoriteacutes et au grand public Il est constitueacute drsquoun service central situeacute agrave Toulouse le Service central drsquohydro-meacuteteacuteorologie et drsquoappui agrave la preacutevision des inondations (Schapi) drsquouniteacutes drsquohydromeacutetrie et de services de preacutevision des crues dans les Directions reacutegionales de lrsquoenvironnement de lrsquoameacutenagement et du logement (Dreal) Au total ce sont pregraves de 500 agents preacutesents sur le terrain toute lrsquoan-neacutee qui permettent la preacuteparation de la preacutevision et de la vigilance et la mobilisation lors des eacutepisodes de crues (Schapi) Pendant le premier semestre 2018 le reacuteseau a eacuteteacute mobiliseacute de maniegravere soutenue notam-ment en janvier-feacutevrier avec les crues du bassin de la Seine puis en mai-juin lors drsquoun long eacutepisode orageux sur la Normandie la Bretagne et la Nouvelle-Aquitaine

Au sein drsquoun reacuteseau de 3 000 stations hydromeacutetriques 1 700 retrans-mettent leurs observations en temps reacuteel Elles sont utiliseacutees par les preacute-visionnistes dans les services de preacutevision des crues et au Schapi pour deacutefinir un niveau de risque de crue sur les 24 heures agrave venir et preacuteparer des bulletins des preacutevisions

La vigilance laquo crues raquo permet de preacutevenir les autoriteacutes et le public qursquoil existe un risque de crues sur le reacuteseau reacuteglementaire plus ou moins important selon la couleur de vigilance (vertjauneorangerouge) Cela permet aux autoriteacutes locales notamment les preacutefets et les maires ainsi qursquoau public de se mettre en situation de reacuteagir de maniegravere approprieacutee selon lrsquoimpor-tance du danger et de geacuterer la situation dans les meilleures conditions Cette vigilance est relayeacutee par le dispositif de vigilance meacuteteacuteorologique mis en place par Meacuteteacuteo-France

La vigilance laquo crues raquo a plusieurs particulariteacutes

Elle preacutesente le niveau de vigilance sur des tronccedilons de cours drsquoeau sur les 22 000 km du reacuteseau hydrographique surveilleacutes par lrsquoEacutetat aux abords desquels se situent plus de 75 de la population qui vit ou travaille en zone inondable

Elle est aussi accompagneacutee drsquoinformations compleacutementaires les niveaux drsquoeau et les deacutebits des cours drsquoeau observeacutes en temps reacuteel

sur pregraves de 1 700 points de mesure teacuteleacutetransmis ainsi que leurs varia-tions au cours des derniers jours et des derniegraveres heures

sur une seacutelection de points des hauteurs drsquoeau preacutevues complegravetent les observations le nombre de ces points est en augmentation reacuteguliegravere

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Le reacuteseau Vigicrues en meacutetropole a fini de se constituer en 2006 lorsqursquoil a publieacute sa premiegravere carte de vigilance et il continue aujourdrsquohui agrave srsquoameacute-liorer et se moderniser (qualiteacute des mesures et des transmissions sta-tions hydromeacutetriques non intrusives geacuteneacuteralisation de la preacutevision au droit des stations hydromeacutetriques dans les zones de fort enjeu etc)

Il est aussi preacutesent dans les deacutepartements drsquooutre-mer ce sont des cel-lules de veille hydrologique qui ont eacuteteacute mises en place ou qui sont en voie de lrsquoecirctre Compte tenu de la nature complexe et intense des pheacutenomegravenes dans ces territoires leurs missions se focalisent principalement sur le suivi des pheacutenomegravenes et le deacuteveloppement des connaissances

En dehors du reacuteseau surveilleacute Vigicrues un autre service a eacuteteacute deacuteveloppeacute pour avertir les maires les services communaux et les preacutefectures en cas de pheacutenomegravenes localiseacutes drsquoinondations par ruissellement ou de crues rapides de petits cours drsquoeau (pheacutenomegravenes qui pourraient srsquoaccroicirctre avec le changement climatique) il srsquoagit de Vigicrues Flash Ce service est proposeacute depuis 2017 par le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement et permet aux autoriteacutes locales qui en font la demande drsquoecirctre averties drsquoun risque de crues rapides dans les prochaines heures sur une seacutelection de cours drsquoeau non couverts par la vigilance laquo crues raquo deacutecrite plus haut

Figure D3 ndash Carte de France Vigicrues des 22 000 km du reacuteseau hydrographique surveilleacute par lrsquoEacutetat

Source Meacuteteacuteo-France

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Lrsquohydromeacutetrie est aussi la base de la connaissance et du suivi des eacutetiages reacutepon-dant ainsi agrave lrsquoun des autres enjeux du changement climatique la seacutecheresse De cette gestion des basses eaux deacutepend notre capaciteacute agrave produire de lrsquoeau potable agrave reacuteguler la consommation drsquoeau pour lrsquoagriculture agrave refroidir certaines centrales produisant de lrsquoeacutenergie et les mesures de restriction qui peuvent srsquoaveacuterer indis-pensables pour permettre un juste eacutequilibre entre les diffeacuterents utilisateurs de la ressource

Diffuser lrsquoinformation preacuteventive et participer agrave lrsquoeacuteducation des populations

La graviteacute du risque est fonction de la vulneacuterabiliteacute et des enjeux un des moyens essentiels de la preacutevention est lrsquoadoption par les citoyens et les acteurs eacutecono-miques de comportements adapteacutes aux menaces Dans cette optique a eacuteteacute ins-taureacute le droit des citoyens agrave une information sur les risques majeurs auxquels ils sont soumis et sur les mesures de sauvegarde qui les concernent (article L 125-2 du Code de lrsquoenvironnement) Cette information reacuteglementaire meacuterite souvent drsquoecirctre compleacuteteacutee par des outils peacutedagogiques ou des campagnes de sensibilisa-tion sur un sujet complexe qui reste moins bien connu que la preacutevention de la production de deacutechets et leur recyclage ou lrsquoattention porteacutee agrave la preacuteservation de la biodiversiteacute

Lrsquoinformation preacuteventive reacuteglementaire repose sur le Dossier deacutepartemental des

risques majeurs (DDRM) eacutetabli par le preacutefet qui comprend pour les diffeacuterentes communes concerneacutees la description des risques et leurs conseacutequences pour les personnes les biens et lrsquoenvironnement et lrsquoexposeacute des mesures de sauve-garde preacutevues pour en limiter les effets Sur la base des informations contenues dans le DDRM le maire eacutetablit le Dossier drsquoinformation communal sur les risques

majeurs (DICRIM) consultable par le public agrave la mairie Dans les communes exposeacutees agrave un ou plusieurs risques lrsquoaffichage des risques et des consignes est

10 000 communes environ sont eacuteligibles agrave ce service mais seulement 10 de ces communes y sont aujourdrsquohui abonneacutees

Vigicrues Flash est le compleacutement drsquoun autre service plus ancien proposeacute par Meacuteteacuteo-France le service APIC (Avertissement pluies intenses agrave lrsquoeacutechelle des communes) Sur le mecircme principe il permet drsquoecirctre averti lorsque les preacutecipitations en cours ou reacutecentes revecirctent un caractegravere exceptionnel sur une commune ou les communes environnantes

Ces deux services reacuteserveacutes aux maires et aux preacutefets sont gratuits et se traduisent par des envois de SMS courriels et messages audios com-pleacuteteacutes par une cartographie des communes et tronccedilons de cours drsquoeau concerneacutes par les avertissements

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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obligatoire dans les lieux et eacutetablissements deacutefinis par le maire et systeacutematique-ment dans les campings

La mise en œuvre de lrsquoinformation preacuteventive est eacuteligible au fonds de preacutevention des risques naturels majeurs (FPRNM) dans la limite de 20 millions drsquoeuros par an (chiffre qui comprend eacutegalement la reacutealisation des PPRN) En 2017 lrsquoeacutelabora-tion des DDRM du Puy-de-Docircme du Territoire de Belfort de la Corse du Sud et de neuf autres deacutepartements ont par exemple eacuteteacute financeacutes pour un montant de 195 000 euros

Depuis 2006 tout acheteur ou locataire de biens immobiliers (bacircti ou non bacircti) doit ecirctre informeacute lorsque le bien est situeacute dans une zone de sismiciteacute ou dans le peacuterimegravetre drsquoun plan de preacutevention des risques naturels ou technologiques et donc srsquoil est dans une zone inondable soumise aux feux de forecircthellip Le vendeur ou le bailleur doit indiquer agrave lrsquoacqueacutereur ou au locataire sur un document annexeacute au contrat la situation de ce bien vis-agrave-vis du ou des risques naturels ou tech-nologiques auxquels la commune est exposeacutee Cette information obligatoire est obtenue agrave partir des documents disponibles en mairie ou en preacutefecture ou agrave lrsquoaide du site Internet Geacuteorisques Elle contient les servitudes qui srsquoimposent au bien consideacutereacute et preacutecise les indemnisations dont le bien a eacuteteacute lrsquoobjet au titre drsquoune deacuteclaration de lrsquoeacutetat de catastrophe naturelle

Le retour drsquoexpeacuterience depuis 2006 sur cette mesure indique que lrsquoinforma-tion sur les risques reste souvent un paramegravetre parmi drsquoautres (surface empla-cement) lors de lrsquoachat ou de la location drsquoun bien et nrsquoinflue pas sur la valeur finale du bien La question peut ecirctre poseacutee de donner cette information plus en amont dans le processus de choix du logement agrave la maniegravere du diagnostic de performance eacutenergeacutetique

La reacuteduction des accidents et dommages passe aussi par lrsquoeacuteducation aux risques

et la sensibilisation des populations Depuis 1993 les ministegraveres chargeacutes de lrsquoenvironnement et de lrsquoeacuteducation srsquoattachent agrave promouvoir lrsquoeacuteducation agrave la preacute-vention des risques majeurs Depuis 2004 cette approche est officiellement inscrite dans le Code de lrsquoeacuteducation et concerne les programmes scolaires des enseignements primaire et secondaire tout eacutelegraveve de collegravege et de lyceacutee beacuteneacutefi-cie dans le cadre de sa scolariteacute obligatoire drsquoune sensibilisation agrave la preacutevention des risques et aux missions des services de secours ainsi que drsquoun apprentis-sage des gestes eacuteleacutementaires de premier secours Les ministegraveres en charge de lrsquoenvironnement et de la santeacute lrsquoObservatoire national sur les risques naturels (ONRN) lrsquoInstitut franccedilais pour les formateurs risques naturels majeurs et protec-tion de lrsquoenvironnement (IFFO-RME) et les associations renforceront lrsquoinformation

preacuteventive lrsquoeacuteducation et la formation par lrsquoimplication des citoyens des entre-prises et des eacutelus Le reacuteseau associatif est en effet un vecteur de diffusion agrave pri-vileacutegier dans les eacutetablissements scolaires notamment via lrsquoaccompagnement agrave la reacutealisation des plans particuliers de mise en sucircreteacute 12

12 Plans de secours agrave lrsquoeacutechelle des eacutetablissements drsquoenseignement

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Encadreacute 4

Plan national canicule

Auteur Karine Laaidi

Santeacute publique France

Degraves 2004 le ministegravere chargeacute de la santeacute a mis en place un Plan natio-nal canicule associeacute agrave un Systegraveme drsquoalerte canicule et santeacute (Sacs) mis en œuvre conjointement par Meacuteteacuteo-France et Santeacute publique France Ce plan deacuteclineacute au niveau deacutepartemental fonctionne selon quatre niveaux drsquoalerte baseacutes sur la vigilance meacuteteacuteorologique

vert (veille saisonniegravere) du 1er juin au 15 septembre jaune (avertissement chaleur) lorsque les tempeacuteratures sont proches

des seuils drsquoalerte ou ponctuellement tregraves intenses mais sur seulement un ou deux jours

orange (alerte canicule) lorsque les seuils drsquoalerte sont atteints ou deacutepasseacutes avec eacuteventuellement des facteurs aggravants (pollution humi-diteacute de lrsquoairhellip)

rouge (mobilisation maximale) lorsque la chaleur est exceptionnelle en dureacutee intensiteacute et extension geacuteographique avec drsquoeacuteventuels effets non sanitaires (seacutecheresse deacutelestages eacutelectriqueshellip)

Ces niveaux de plan sont associeacutes agrave des mesures de gestion et de preacuteven-tion avec un focus particulier vers les populations les plus vulneacuterables pour lesquelles lrsquoacclimatation est plus difficile (personnes acircgeacutees en mauvais eacutetat de santeacute vivant en habitat indigne nourrissons personnes peu habi-tueacutees agrave la chaleur travailleurs exposeacutes agrave la chaleur sportifs occasionnels)

En vigilance jaune la preacutevention relegraveve avant tout de la communication

Figure D4 ndash Plaquette de sensibilisation

Source ministegravere des Solidariteacutes et de la Santeacute

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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En orange (niveau deacuteclencheacute dans 66 deacutepartements en 2018) voire en rouge (niveau qui nrsquoa encore jamais eacuteteacute deacuteclencheacute mais aurait corres-pondu agrave la canicule drsquoaoucirct 2003) les mesures sont varieacutees et peuvent ecirctre mises en œuvre selon la situation communication preacuteventive ouver-ture drsquoun numeacutero vert drsquoinformation assistance aux personnes vulneacuterables inscrites sur les registres communaux deacuteclenchement des plans bleus dans les maisons de retraite ou des plans blancs dans les hocircpitaux etc

Sur la base drsquoeacutetudes eacutepideacutemiologiques Santeacute publique France a produit des supports de preacutevention rappelant les risques les signaux drsquoalerte pour la santeacute et les conseils de preacutevention

Les villes expeacuterimentent eacutegalement des mesures drsquoadaptation comme lrsquoarrosage des chausseacutees lrsquoouverture des parcs la nuit la cartographie des lieux frais accessibles au public ou des applications pour teacuteleacutephone mobile permettant de repeacuterer les lieux frais pregraves de chez soi et les par-cours les moins chauds pour srsquoy rendre

Malgreacute les mesures drsquoadaptation mises en place on constate toujours un impact des canicules que ce soit sur les recours aux soins drsquourgences ou sur la mortaliteacute la canicule de 2006 a ainsi occasionneacute une surmortaliteacute drsquoun peu plus de 1000 deacutecegraves celle de 2015 plus de 1700 celle de 2017 345 et environ 1 500 pour 2018 Ces chiffres moindres que ceux de 2003 peuvent srsquoexpliquer en partie par lrsquoefficaciteacute des mesures de preacutevention mais aussi par le fait que ces canicules ont eacuteteacute moins seacutevegraveres que celle de 2003 La surmortaliteacute pourrait donc ecirctre bien plus eacuteleveacutee dans lrsquoave-nir avec lrsquoaugmentation de la freacutequence et de la seacuteveacuteriteacute des canicules

Ceci est drsquoautant plus vrai que selon une enquecircte meneacutee en 2015 aupregraves de la population franccedilaise si les gestes de preacutevention semblent bien connus au premier rang desquels boire de lrsquoeau et maintenir sa maison au frais le coup de chaleur nrsquoest pas un risque clairement identifieacute et la perception de ses propres risques est faible y compris chez les personnes de plus de 65 ans (seulement 3 de la population interrogeacutee pense avoir un risque important lors drsquoune canicule et 4 des plus acircgeacutes) De mecircme parmi les mesures adopteacutees par les personnes acircgeacutees en cas de canicule si le recours agrave la solidariteacute de proximiteacute est freacutequent le recours aux ser-vices municipaux pour se signaler ou demander de lrsquoaide reste une pratique marginale (seules 4 des personnes acircgeacutees deacuteclarent srsquoecirctre inscrites sur les registres de leur ville) A cela srsquoajoute pour les acteurs de terrain (pro-fessionnels de santeacute ou du secteur social en particulier) de nombreuses difficulteacutes de mise en œuvre de la preacutevention souvent lieacutees au manque de personnel ou de moyens parfois agrave une certaine meacuteconnaissance des risques ou des gestes de preacutevention ou encore agrave une reacuteticence des per-sonnes vulneacuterables agrave accepter les comportements adeacutequats pour se pro-teacuteger de la chaleur soit qursquoelles ne se considegraverent pas agrave risque soit qursquoelles ne ressentent pas la soif ou la chaleur

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Encadreacute 5

Plan froid

Auteur Karine Laaidi

Santeacute publique France

En ce qui concerne le froid il nrsquoy a pas de systegraveme drsquoalerte la preacutevention de court terme nrsquoeacutetant pas la plus importante pour preacutevenir les risques Le court terme est geacutereacute uniquement par la vigilance grand froid de Meacuteteacuteo-France et par la vigilance neige-verglas qui peut lui ecirctre concomitante Des conseils de preacutevention y sont associeacutes eacutelaboreacutes en lien avec les autoriteacutes sanitaires (bien se couvrir en particulier les extreacutemiteacutes manger et boire chaud et non alcooliseacute preacuteparer ses trajets en voiture eacuteviter les efforts physiques intenses surtout pour les personnes cardiaques chauffer conve-nablement sa maison en faisant attention au risque lieacute au monoxyde de car-bone) Des places drsquoheacutebergement sont ouvertes en hiver pour les personnes

sans abri mais leur ges-tion deacutepend des besoins drsquoaccueil et non plus des tempeacuteratures exteacuterieures depuis la loi Duflot Les maraudes du Samu social peuvent ecirctre intensifi eacutees lors des vagues de froid

La preacutevention passe donc surtout pour la population geacuteneacuterale par des mesures de fond qui sont avant tout drsquoordre social droit au logement opposable trecircve hivernale interdisant lrsquoex-pulsion des locataires du 1er novembre au 31 mars et interdisant les coupures de gaz et drsquoeacutelectriciteacute aides fi nanciegraveres pour le chauf-fage lutte contre lrsquohabitat indigne

Le grand froid demande agrave mon corps de faire des efforts suppleacutementaires sans que je mrsquoen rende compte Mon cœur bat plus vite pour eacuteviter que mon corps se refroidisse Cela peut ecirctre particuliegraverement dangereux pour les personnes acircgeacutees et les malades chroniques

Si je reste dans le froid trop longtemps ma tempeacuterature corporelle peut descendre

en dessous de 35degC je suis alors en hypothermie Mon corps ne fonctionne plus normalement et cela peut entraicircner

des risques graves pour ma santeacute

Si je reste dans le froid trop longtemps les extreacutemiteacutes de mon corps

peuvent devenir drsquoabord rouges et douloureuses puis grises et indolores

(gelures) Je risque lrsquoamputation

Si je fais des efforts physiques en plein air je risque drsquoaggraver

drsquoeacuteventuels problegravemes cardio-vasculaires

bull Je couvre particuliegraverement les parties de mon corps qui perdent de la chaleur tecircte cou mains et pieds

bull Je me couvre le nez et la bouche pour respirer de lrsquoair moins froid

bull Je mets plusieurs couches de vecirctements plus un coupe-vent impermeacuteable

bull Je mets de bonnes chaussures pour eacuteviter les chutes sur un sol glissant

bull Jrsquoeacutevite de sortir le soir car il fait encore plus froid

bull Je me nourris convenablement et je ne bois pas drsquoalcool car cela ne reacutechauffe pas

bull Je limite les efforts physiques comme courir

bull Si jrsquoutilise ma voiture je prends de lrsquoeau une couverture et un teacuteleacutephone chargeacute et je me renseigne sur la meacuteteacuteo

bull Je suis encore plus attentif avec les enfants et les personnes acircgeacutees qui ne disent pas quand ils ont froid

Je chauffe mon logement sans le surchauffer et en mrsquoassurant de sa bonne ventilation

wwwmeteofr 32 50 euro wwwbison-futeequipementgouvfr social-santegouvfr wwwsantepubliquefrancefr

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Quand je sors je me couvre

mon corps agrave la bonne tempeacuterature

Je suis prudent et je pense aux autres

Je chauffe sans surchauffer

Figure D5 ndash Plaquette de sensibilisation

Source ministegravere chargeacute de la Santeacute

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

114

Afin drsquoameacuteliorer la culture du risque pour le plus grand nombre le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement met en place des campagnes de communication sur les aleacuteas les plus dangereux pour la vie humaine et qui pourraient connaicirctre une recrudes-cence avec le changement climatique comme les pluies intenses et les feux de forecirct

La campagne de preacutevention des pluies dites laquo ceacutevenoles raquo (voir Annexe 3) a eacuteteacute mise en place apregraves les eacuteveacutenements dramatiques de 2015 et reconduite trois fois de 2016 agrave 2018 Elle met lrsquoaccent sur les comportements qui sauvent face agrave un risque croissant et pour lequel les preacutevisions preacutecises resteront difficiles et les mesures structurelles de reacuteduction du risque limiteacutees (fig D6)

Figure D6 ndash Plaquette de sensibilisation

Source ministegravere de lrsquoInteacuterieur et ministegravere en charge de lrsquoenvironnement

Une autre campagne de preacutevention mise en place en 2018 sensibilise au risque laquo incendie raquo agrave nouveau dans les deacutepartements du Sud de la France (encadreacute 6)

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Campagne nationale 2018 de preacutevention des incendies de forecircts

En 2017 plus de 3 000 feux sont survenus dans le Sud de la France La France meacutetropolitaine particuliegraverement le Sud est un territoire propice aux incendies de forecircts Les conditions estivales avec une seacutecheresse des sols marqueacutee et des vents forts sont favorables agrave la survenue drsquoeacuteveacute-nements drsquoincendies dont les conseacutequences peuvent ecirctre destructrices et dramatiques sur le plan humain

Les effets du changement climatique sur les incendies de forecircts sont eacutega-lement eacutetablis les zones exposeacutees aux incendies devraient srsquoeacutetendre en France meacutetropolitaine vers le Nord-Ouest en particulier dans les Pays-de-la-Loire le Centre-Val-de-Loire et la Bretagne Dans les zones deacutejagrave expo-seacutees les incendies pourraient srsquoeacutetendre agrave la moyenne montagne Il est probable que la saison des incendies de forecircts dans lrsquoanneacutee srsquoallongera passant drsquoenviron trois mois actuellement agrave six mois dans un avenir proche Les incendies devraient ecirctre plus intenses et plus rapides compte tenu des seacutecheresses accrues Cela devrait conduire agrave une augmentation des grands feux et donc agrave une plus grande reacutepeacutetition du passage des

Figure D7 ndash Cartographie national des zones potentiellement sensibles aux incendies de forecircts ndash modeacutelisation 2040

Source Meacuteteacuteo-France

Encadreacute 6

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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incendies en un mecircme point sur de courtes peacuteriodes (tous les dix agrave vingt ans) engendrant alors de fortes reacutegressions des peuplements forestiers dans les reacutegions les plus exposeacutees

Lrsquoaugmentation des moyens de surveillance et de secours et des moyens de protection des sapeurs-pompiers dans les zones actuellement concer-neacutees devra donc eacutegalement srsquoaccompagner de lrsquoaccroissement des zones drsquointervention potentielles vers le nord et du renforcement de la mutua-lisation des moyens de surveillance et de secours au niveau europeacuteen pour mieux geacuterer les crises

90 des feux sont drsquoorigine anthropique et 80 des deacuteparts de feux se deacuteclenchent agrave moins de 50 m des habitations Au bout du compte plus drsquoun incendie sur deux reacutesulte drsquoune imprudence

La preacutevention du risque incendie de forecirct passe donc par des compor-tements responsables Des acteurs locaux tregraves impliqueacutes megravenent des

actions de preacutevention reacutecurrentes mais certains comportements cleacutes meacuteritent drsquoecirctre rappeleacutes

En juillet 2018 le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement a ainsi lanceacute une campagne nationale de sensibilisation et de preacutevention du risque incendie en lien avec le ministegravere de lrsquoInteacuterieur et le ministegravere en charge de lrsquoAgri-culture eacutegalement tregraves impliqueacutes dans la preacutevention et la lutte contre les incendies cibleacutee sur les trente-deux deacutepartements du Sud les plus expo-seacutes (Aquitaine Occitanie Paca Corse) Lrsquoobjectif de la campagne est de diffuser les bons comportements face au risque incendie de forecirct pour

veiller agrave ne pas en ecirctre la cause accidentellement dans les zones drsquoin-terface forecirct-habitat i e ne pas deacuteclencher

agir pour limiter la propagation adopter les reacuteflexes de sauvegarde

Les actions drsquoinformation preacuteventive et drsquoameacutelioration de la culture du risque chacune dans leur domaine drsquoefficaciteacute sont prioritaires en ce qursquoelles orientent les choix permettant drsquoadopter les comportements qui sauvent Elles sont aussi un eacuteleacutement indispensable drsquoacceptation de politiques qui peuvent paraicirctre par ailleurs contraignantes sans beacuteneacutefice immeacutediat ou clair

Prendre en compte les risques dans lrsquoameacutenagement du territoire

La preacutevention des risques naturels srsquoinscrit dans la dureacutee quand les choix drsquoameacute-nagement du territoire integravegrent la prise compte de lrsquoaleacutea pour eacuteviter drsquoimplanter des enjeux (population bacirctihellip) dans des zones exposeacutees ou reacuteduire la vulneacuterabi-liteacute des bacirctiments existants Le croisement de lrsquoameacutenagement et du risque naturel

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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srsquoappuie eacutegalement sur la connaissance de lrsquoaleacutea elle requiert une expertise et la mobilisation drsquoopeacuterateurs de lrsquoEacutetat par exemple le Centre drsquoeacutetudes et drsquoex-pertise sur les risques lrsquoenvironnement la mobiliteacute et lrsquoameacutenagement (Cerema)

Dans le domaine de la preacutevention et de la gestion des feux de forecirct et de brous-sailles lieacutes au changement climatique la gestion forestiegravere devra ecirctre progressi-vement adapteacutee agrave lrsquoaccroissement preacutevisible des risques drsquoincendies en termes de freacutequence drsquooccurrences et de surfaces concerneacutees tant en meacutetropole qursquoen outre-mer en mobilisant lrsquoensemble des acteurs de la forecirct 13 (Plan national de la forecirct et du bois 2016-2026) Un certain nombre de mesures sont envisageacutees pour adapter la France agrave lrsquoaugmentation de lrsquoaleacutea incendie et agrave lrsquoextension des zones propices aux incendies notamment la poursuite de lrsquoeacutelaboration de strateacute-gies reacutegionales et territoriales de preacutevention du risque drsquoincendies de forecirct inteacute-grant ce risque dans lrsquoameacutenagement du territoire afin de mettre en place les outils de preacutevention adapteacutes en articulation avec les documents drsquourbanisme porteacutes par les eacutelus locaux

Le deacuteveloppement de strateacutegies fonciegraveres eacutequilibreacutees de moyen et long termes tenant compte de lrsquoensemble des enjeux socio-eacuteconomiques environnementaux et culturels aux moyens de la limitation de la consommation drsquoespaces naturels agricoles et forestiers pour atteindre lrsquoobjectif de zeacutero artificialisation nette du Plan biodiversiteacute de lrsquoinfiltration des preacutecipitations avec lrsquoambition de deacutesimpermeacutea-biliser agrave terme et des techniques alternatives notamment la restauration eacutecolo-gique permettra de reacuteduire les pheacutenomegravenes de ruissellement drsquoeacuterosion des sols et les risques drsquoinondation

Le Plan de preacutevention des risques naturels (PPRN) constitue lrsquooutil central drsquointer-vention de lrsquoEacutetat pour maicirctriser lrsquourbanisme dans les zones agrave risques et reacuteduire la vulneacuterabiliteacute du bacircti existant Si en 1982 la loi relative agrave lrsquoindemnisation des vic-times de catastrophes naturelles (loi no 82-600 du 13 juillet 1982) a institueacute le plan drsquoexposition aux risques crsquoest la loi Barnier de 1995 qui instaure les PPRN se substituant agrave tout autre plan ou dispositif approuveacute par les preacutefets

Le PPRN permet drsquointerdire les constructions dans les zones drsquoaleacuteas les plus forts et de les encadrer par des prescriptions dans des zones drsquoaleacuteas moindres Srsquoil peut imposer des prescriptions aux constructions existantes crsquoest un outil parti-culiegraverement efficace dans les zones de forte pression fonciegravere Lrsquoeacutelaboration du PPRN permet de partager sous lrsquoautoriteacute du preacutefet de deacutepartement en associant les collectiviteacutes locales dans une deacutemarche de concertation une connaissance documenteacutee de lrsquoaleacutea une diffusion de cette information et lrsquoadaptation de lrsquour-banisme au travers drsquoune reacuteglementation

13 httpagriculturegouvfrle-programme-national-de-la-foret-et-du-bois-2016-2026

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

118

Encadreacute 7

14 httpwwwsidedeveloppement-durablegouvfrEXPLOITATIONACCIDRaccueil-risques-majeursaspx

Les plans de preacutevention des risques naturels (PPRN)

proceacutedure drsquoeacutelaboration

La proceacutedure drsquoeacutelaboration des PPRN est cadreacutee dans le Code de lrsquoenvi-ronnement par les articles L 562-1 agrave L 562-9

Le PPRN est composeacute de trois documents un rapport de preacutesentation qui expose les eacutetudes entreprises les reacutesul-

tats et les justifications des deacutelimitations des zones et reacuteglementations inscrites dans le regraveglement et celles rendues obligatoires

un plan de zonage issu du croisement des aleacuteas (freacutequence et inten-siteacute des pheacutenomegravenes) et des enjeux identifiant des zones inconstructibles et des zones constructibles sous reacuteserve drsquoameacutenagements particuliers

un regraveglement deacutecrivant les contraintes constructives et drsquourbanisme agrave respecter dans chaque zone Le PPRN deacuteterminera par exemple la hau-teur minimale du premier plancher drsquoune habitation nouvelle en zone inon-dable ou rendra obligatoire le renforcement des faccedilades amont en cas de chutes de blocs ou drsquoavalanches

Approuveacute par le preacutefet le PPRN est annexeacute apregraves enquecircte publique et approbation au Plan local drsquourbanisme (PLU) en tant que servitude drsquouti-liteacute publique Son eacutelaboration doit se faire dans les trois ans agrave compter de la prescription du PPRN par le preacutefet prorogeable une seule fois pour une peacuteriode de dix-huit mois

Dans la pratique la reacutealisation des PPRN deacutepend aussi de lrsquoexpeacuterience des territoires (la preacutevention des risques est plus facilement porteacutee par des territoires ayant connu une catastrophe) du positionnement des eacutelus et riverains sur la prise en compte du risque et des volonteacutes politiques

La concertation entre lrsquoEacutetat les collectiviteacutes locales et les parties pre-nantes du territoire est un eacuteleacutement cleacute dans lrsquoeacutelaboration des PPRN Agrave chaque eacutetape (cartographie de lrsquoaleacutea plan de zonage regraveglement) les col-lectiviteacutes sont associeacutees En outre les conseils municipaux des communes concerneacutees doivent ecirctre obligatoirement consulteacutes avant le lancement de lrsquoenquecircte publique

Des guides meacutethodologiques ont eacuteteacute eacutediteacutes par le ministegravere chargeacute de lrsquoen-vironnement 14 Un projet de deacutecret visant agrave mettre en place un encadre-ment agrave lrsquoeacutechelle nationale (dit laquo deacutecret PPR raquo) pour les Plans de preacutevention des risques (PPR) relatifs aux aleacuteas deacutebordement de cours drsquoeau et sub-mersion marine est en cours de preacuteparation Ce projet de deacutecret se place dans la continuiteacute des doctrines eacutedicteacutees preacuteceacutedemment dans les circu-laires et guides nationaux mais prend eacutegalement en compte les besoins

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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drsquoeacutevolution remonteacutes du laquo terrain raquo qursquoil srsquoagisse des services deacuteconcen-treacutes de lrsquoEacutetat ou des collectiviteacutes agrave la lumiegravere du retour drsquoexpeacuterience dont on beacuteneacutefi cie sur ces PPR

Il reprend donc les grands fondamentaux de la politique de preacutevention des risques (ne pas augmenter les risques pour les vies humaines preacuteser-ver les champs drsquoexpansion des crues limiter lrsquoaugmentation des enjeux exposeacutes aux risques etc) mais en ayant une approche plus effi ciente et prenant mieux en compte la logique de projet de territoire dans une approche globale inteacutegrant lrsquoexistant et le neuf (et non une approche bacircti-ment par bacirctiment) Notamment le projet de deacutecret favorise un renouvel-lement urbain permettant une baisse de la vulneacuterabiliteacute

Aujourdrsquohui plus de 11 000 communes sont doteacutees drsquoun PPRN approuveacute ce qui repreacutesente une population drsquoenviron 45 millions habitants 70 des PPRN concernent le risque inondation

La croissance du nombre de PPRN approuveacutes traduit une mobilisation remarquable des preacutefets et des services de lrsquoEacutetat qui permet une augmen-tation consideacuterable de la couverture geacuteographique du dispositif et la pro-gression de la diversiteacute des aleacuteas traiteacutes avec lrsquoeacutelaboration plus reacutecente des PPR littoraux (PPRL) traitant de submersion marine qui integravegrent les effets du changement climatique

Srsquoil reste des PPRN agrave prescrire ou agrave approuver sur certains territoires preacute-sentant des risques importants lrsquoessentiel des travaux agrave mener concerne agrave preacutesent la reacutevision de PPRN Cela ne se justifi e que si la connaissance de lrsquoaleacutea a eacutevolueacute notamment suite au retour drsquoexpeacuterience apregraves une catastrophe

Figure D8 ndash Eacutevolution du nombre de communes ayant un ou plusieurs PPRN prescrit ou approuveacute entre 1959 et 2015

Source ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Lrsquoensemble du territoire nrsquoa pas vocation agrave ecirctre couvert par des PPRN Lrsquoeacutelaboration de PPRN doit se faire sur les territoires preacutesentant un risque eacuteleveacute Crsquoest sur les territoires doteacutes de PPRN que les collectiviteacutes locales et les particuliers ont la possibiliteacute de mobiliser le Fonds de preacutevention des risques naturels majeurs (FPRNM) pour ameacuteliorer la reacutesilience du territoire Ce principe constitue la base drsquoune priorisation de la preacutevention des risques naturels en y permettant le deacuteploie-ment des moyens financiers drsquoaccompagnement degraves lors que les collectiviteacutes ou les particuliers en font la demande Si cette priorisation a eacuteteacute faite agrave lrsquoeacutechelle deacutepartementale par les preacutefets dans la peacuteriode de deacuteploiement la plus intense (1990-2015) la finalisation de la reacutealisation des PPRN le choix des neacutecessaires reacutevisions lrsquoarticulation avec drsquoautres outils de prise en compte du risque dans lrsquoameacutenagement constituent doreacutenavant une prioriteacute des services du ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement

En effet en dehors des zones identifieacutees comme les plus agrave risque drsquoautres outils sont mobilisables pour prendre en compte les risques naturels dans lrsquoameacutenagement Certains pheacutenomegravenes comme le recul du trait de cocircte ont vocation agrave ecirctre traiteacutes par les outils drsquoameacutenagement des collectiviteacutes locales plutocirct que par un PPRN

Le Plan local drsquourbanisme (PLU) compeacutetence intercommunale deacutesormais (PLUi) peut ainsi deacutefinir les zones agrave risques et les regravegles speacutecifiques agrave respecter Le Code de lrsquourbanisme dans son article L 101-2 pose drsquoailleurs la preacutevention des risques naturels et technologiques dans ses objectifs Lrsquoarticle R 151-31 du mecircme code preacutevoit la possibiliteacute drsquointerdire des constructions dans certaines zones du PLU eut eacutegard agrave lrsquoexposition de ces zones aux risques naturels Le Scheacutema de coheacute-rence territoriale (SCoT) document reacuteglementaire de planification agrave lrsquoeacutechelle des groupements de communes qui fixe des perspectives drsquoameacutenagement du territoire agrave horizon de quinze agrave vingt ans est eacutegalement un outil pertinent pour prendre en compte la preacutevention des risques naturels

En outre lorsqursquoil a connaissance drsquoun risque sur son territoire le preacutefet est tenu drsquoen informer les maires et les administreacutes agrave travers un laquo porter agrave connaissance raquo Il srsquoagit drsquoun document drsquoinformation qui comporte un descriptif et une cartogra-phie de chaque risque ainsi que les consignes de seacutecuriteacute agrave adopter en cas de survenance drsquoeacuteveacutenements

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Encadreacute 8

15 Voir deacutefinition en chapitre A

Les plans de preacutevention des risques littoraux (PPRL)

Le littoral constitue une zone particuliegraverement sensible aux risques natu-rels de par lrsquointensiteacute des pheacutenomegravenes qui peuvent srsquoy produire et la concentration des populations sur des petites surfaces (ONERC 2015) Territoire ougrave convergent des dynamiques eacuteconomiques sociales et natu-relles le littoral est une zone attractive En 2010 pregraves de 8 millions de personnes y habitaient soit une densiteacute 25 fois supeacuterieure au reste de la France (outre-mer inclus) Agrave cela srsquoajoute la capaciteacute drsquoaccueil touristique importante de ces zones (reacutesidences secondaires campings et hocirctels) estimeacutee agrave plus de 7 millions de lits Selon les perspectives de lrsquoInsee ces chiffres devraient encore augmenter dans les anneacutees agrave venir

Les cocirctes franccedilaises sont notamment exposeacutees au risque de submer-sion marine 15 et connaissent eacutegalement des eacutevolutions du trait de cocircte

14 million de Franccedilais vivent en zone potentiellement inondable du fait des submersions marines et ce risque pourrait srsquoamplifier avec la hausse du niveau des mers due au reacutechauffement climatique

Suite agrave la tempecircte Xynthia de 2010 lrsquoune des actions identifieacutees comme prioritaires a eacuteteacute de geacuteneacuteraliser les plans de preacutevention des risques pour

lrsquoaleacutea submersion marine (aussi appeleacutes laquo PPR littoraux raquo ou laquo PPRL raquo) sur le littoral franccedilais Une liste de 303 communes prioritaires a eacuteteacute eacutetablie afin de concentrer les efforts sur les secteurs les plus sensibles agrave cet aleacutea Agrave ce jour 162 communes de cette liste sont couvertes par un PPR littoral approuveacute

La premiegravere phase de lrsquoeacutelaboration du PPRL consiste agrave cartographier les aleacuteas auxquels le territoire est exposeacute Le changement climatique est notamment pris en compte au travers drsquoune premiegravere cartographie inteacute-grant lrsquoeacuteleacutevation du niveau de la mer attendue agrave courte eacutecheacuteance (estimeacutee agrave + 20 cm par rapport au niveau actuel) et drsquoune autre cartographie agrave cent ans (hausse du niveau des mers estimeacutee agrave + 60 cm) La cartographie des enjeux permet par ailleurs de comprendre lrsquoorganisation du territoire (pocircles structurants zones en deacuteveloppement espaces naturels etc) Crsquoest sur la base du croisement de ces eacuteleacutements cartographiques que srsquoengage le processus de concertation entre les acteurs du territoire en vue drsquoabou-tir agrave la deacutefinition drsquoune strateacutegie partageacutee drsquoameacutenagement du territoire inteacutegrant le risque et in fine la deacutelimitation des zones sur lesquelles sera appliqueacute le regraveglement du PPRL (appeleacutee zonage reacuteglementaire)

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Agrave titre drsquoexemple sur la commune de Fouesnant dans le Finistegravere le PPR littoral a eacuteteacute approuveacute le 12 juillet 2016 Les deux cartes drsquoaleacuteas de la figure D9 (aleacutea de reacutefeacuterence en haut agrave gauche et aleacutea agrave eacutecheacuteance cent ans agrave droite) traduisent lrsquoemprise et les effets potentiels drsquoune submer-sion marine sur le territoire Le recensement des enjeux (carte en bas agrave gauche) permet quant agrave lui drsquoidentifier les zones urbaines (en violet et bleu) ou naturelles (en vert) ou les eacutetablissements sensibles exposeacutes aux aleacuteas preacuteceacutedemment deacutefinis Le zonage reacuteglementaire deacutelimite ensuite les secteurs ougrave lrsquoinconstructibiliteacute est la regravegle (zones rouges) et drsquoautres secteurs ougrave les constructions sont possibles moyennant le respect de cer-taines prescriptions (zones bleues)

Figure D9 ndash Aleacuteas et enjeux du PPRL de Fouesnant 2016

Source drsquoapregraves les bases de donneacutees Cadastre et ORTHOreg

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Reacuteduire lrsquoaleacutea et reacuteduire la vulneacuterabiliteacute

Pour reacuteduire les risques naturels il est possible de reacuteduire lrsquointensiteacute de lrsquoaleacutea en cherchant agrave se proteacuteger contre la survenue drsquoun eacuteveacutenement drsquoune part et reacuteduire lrsquoexposition des enjeux (habitations bacirctiments industriels et commerciaux patri-moine historique et naturel reacuteseaux de transports de teacuteleacutecommunications drsquoeacutelec-triciteacute drsquoeauhellip) en les adaptant agrave lrsquoaleacutea

La protection contre un aleacutea naturel peut passer par la reacutealisation drsquoouvrages de protection comme une digue ou un paravalanche Une digue ne reacuteduit pas lrsquoam-pleur drsquoune inondation mais vise agrave proteacuteger les biens et les personnes donc agrave diminuer les dommages provoqueacutes par la monteacutee de lrsquoeau Il en va de mecircme avec les barriegraveres anti-avalanches les coupes pare-feu dans les forecircts les grillages anti-eacuteboulements sur le flan de certaines routes de montagne qui empecircchent le deacuteclenchement ou la propagation du pheacutenomegravene

La mise en place de protections se justifie pour proteacuteger les enjeux existants Elle requiert cependant plusieurs points drsquoattention

examiner sur lrsquoensemble de la zone de risques les conseacutequences des dis-positifs de protection mis en place notamment en aval pour les inondations

inteacutegrer le fait que les ouvrages de protection ne sont pas infaillibles et prendre en compte des hypothegraveses de deacutefaillance dans les regravegles drsquourbanisme agrave proxi-miteacute de ces ouvrages Dans le cas des digues la jurisprudence (Conseil drsquoEacutetat 06042016 MEDDE cBonnefoi no 386000) eacutetablit que lorsque les terrains sont situeacutes derriegravere un ouvrage de protection il appartient agrave lrsquoautoriteacute com-peacutetente de prendre en compte non seulement la protection qursquoun tel ouvrage est susceptible drsquoapporter eu eacutegard notamment agrave ses caracteacuteristiques et aux garanties donneacutees quant agrave son entretien mais aussi le risque speacutecifique que la preacutesence mecircme de lrsquoouvrage est susceptible de creacuteer en cas de sinistre drsquoune ampleur supeacuterieure agrave celle pour laquelle il a eacuteteacute dimensionneacute ou en cas de rupture Il convient donc derriegravere une digue de preacutevoir une zone de sur-aleacutea

garder en meacutemoire que les ouvrages demandent un entretien reacutegulier Ils font lrsquoobjet drsquoune reacuteglementation et drsquoun controcircle speacutecifiques par les services de lrsquoeacutetat

adapter les reacuteseaux et infrastructures essentiels assurant les services de base agrave la population tels que transports (fiabiliteacute et confort climatique) eacutenergie teacuteleacute-communication reacuteseaux drsquoeau potable collecte des eaux useacutees et pluviales permettra de mieux anticiper les crises (ONERC 2017)

Les ouvrages de protection ne permettent pas de reacuteduire les pheacutenomegravenes cli-matiques diffus tels que les vagues de chaleur ou les tempecirctes pour lesquels la reacuteduction des risques passera par lrsquoadaptation des enjeux agrave lrsquoaleacutea

En matiegravere de preacutevention des inondations la reacuteforme dite laquo Gemapi raquo et le deacutecret laquo digues raquo de 2015 (deacutecret no 2015-526 du 12 mai 2015) constituent des temps forts leacutegislatifs et reacuteglementaires

Depuis le 1er janvier 2018 la loi attribue aux intercommunaliteacutes la compeacutetence de gestion des milieux aquatiques et preacutevention des inondations (Gemapi) de

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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maniegravere obligatoire et exclusive Cette compeacutetence devra permettre agrave partir de plus de 9 000 km de digues existantes aujourdrsquohui drsquoidentifier agrave terme les quelque 4 000 km qui preacutesentent un enjeu fort de protection des populations Une fois identifieacutees elles seront autoriseacutees en tant que systegraveme drsquoendiguement dans le cadre preacutevu par le deacutecret laquo digues raquo Ce travail requiert une mobilisation importante des collectiviteacutes locales et des services de lrsquoEacutetat dans les cinq agrave dix ans agrave venir La mise agrave niveau des systegravemes drsquoendiguement par les collectiviteacutes devrait entraicircner un recours accru au FPRNM en compleacutement des autres finan-cements mobilisables et notamment la taxe Gemapi que chaque intercommuna-liteacute est libre de lever ou non (dans la limite de 40 euros multiplieacute par le nombre drsquohabitant de lrsquointercommunaliteacute)

Il convient de souligner qursquoagrave travers le choix du leacutegislateur de confier cette com-peacutetence aux intercommunaliteacutes deacutejagrave en charge de lrsquoameacutenagement crsquoest bien la meilleure prise en compte du risque drsquoinondation dans lrsquoameacutenagement qui est rechercheacutee tout en maximisant les cobeacuteneacutefices avec une bonne gestion des milieux aquatiques Le leacutegislateur a ainsi preacutevu la possibiliteacute de regroupement des inter-communaliteacutes entre elles dans une logique de bassin versant par exemple tout en maintenant de la souplesse dans les modaliteacutes drsquoexercice de la compeacutetence

Parallegravelement agrave cette nouvelle compeacutetence le cadre reacuteglementaire des PPR inon-dations (PPRI) est en cours drsquoeacutevolution (encadreacute 7) dans la mecircme logique de coheacuterence entre les systegravemes drsquoendiguement tels que deacutefinis par la collectiviteacute et lrsquoameacutenagement du territoire qursquoelle porte Si la caracteacuterisation de lrsquoaleacutea neacutecessite de tenir compte drsquoune possible deacutefaillance de la digue lrsquoeacutelaboration de la partie reacuteglementaire du PPR inondation pourra tenir compte de faccedilon tregraves encadreacutee de la meilleure gestion des ouvrages de protection dans le cadre de la reacuteforme Gemapi

Au fur et agrave mesure des reacutevisions la mise en coheacuterence progressive de la preacuteven-tion des inondations permettra que ces mecircmes collectiviteacutes srsquoappuient sur des deacutemarches strateacutegiques de type PAPI (chapitre D laquo Exemples de mise en œuvre raquo)

La reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute des bacirctiments permet drsquoadapter le territoire aux risques drsquoaccroicirctre la reacutesilience sans deacuteplacer les enjeux exposeacutes par la mise en place de dispositifs visant agrave rendre les enjeux exposeacutes plus reacutesilients face agrave un aleacutea naturel Il peut srsquoagir drsquoeacuteleacutements leacutegers comme la pose de batardeaux (cloisons amovibles eacutequipeacutees de joints eacutetanches) devant les portes et les fenecirctres pour proteacuteger lrsquointeacuterieur de la maison drsquoune inondation mais aussi de mesures plus structurelles construction de bacirctiments reacutesistants aux vents forts dans les zones soumises agrave des aleacuteas cycloniques doteacutes drsquoun eacutetage non habiteacute ou drsquoune piegravece refuge agrave lrsquoeacutetage en zones soumises aux inondations construction de fon-dations inteacutegrant le risque de seacutecheresse et de retrait-gonflement des argileshellip

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Encadreacute 9

Reacuteduire le dommage au bacircti soumis au retrait-gonflement des argiles

Les mouvements de sol induits par le retrait-gonflement des argiles consti-tuent un risque majeur en raison de lrsquoampleur des deacutegacircts mateacuteriels qursquoils provoquent notamment parce qursquoils touchent la structure mecircme des bacircti-ments Ce pheacutenomegravene qui srsquoamplifie avec le changement climatique repreacutesente pour la peacuteriode 1990-2013 86 milliards drsquoeuros drsquoindemni-sation et des centaines de milliers de maisons en France Il touche princi-palement les maisons individuelles qui disposent souvent de fondations plus leacutegegraveres que les bacirctiments collectifs et dont les maicirctres drsquoouvrages sont souvent des particuliers et non des professionnels de la construc-tion Il est essentiel de reacuteduire le nombre de sinistres lieacutes agrave ce pheacuteno-megravene drsquoautant que lrsquoapplication de regravegles de lrsquoart simples et bien connues permet drsquoeacuteviter tout sinistre gracircce agrave la reacutealisation de fondations ad hoc

Dans cet esprit la loi dite laquo Eacutelan raquo (eacutevolution du logement de lrsquoameacutenage-ment et du numeacuterique) preacutevoit la reacutealisation drsquoun diagnostic geacuteotechnique preacutealable agrave la vente des terrains constructibles situeacutes en zones agrave risque Il reviendra ensuite au constructeur de prendre en compte les eacuteleacutements issus de cette eacutetude pour preacutevoir les dispositions constructives neacuteces-saires et optimiser le coucirct des fondations Ce dispositif permettra de trai-ter le sujet de maniegravere plus rapide et efficiente que les PPR laquo argile raquo Cette mesure agrave terme soulagera la mobilisation du Fonds CatNat

Plusieurs mesures permettent de renforcer la dynamique de reacuteduction de la vulneacute-rabiliteacute et favoriser un retour agrave la normale agrave la suite drsquoun eacuteveacutenement climatique

Les PPRN lorsqursquoils existent integravegrent geacuteneacuteralement des mesures prescrip-tives visant agrave reacuteduire la vulneacuterabiliteacute du bacircti existant Cela peut concerner par exemple la pose de batardeaux ou la creacuteation drsquoun espace refuge pour se pro-teacuteger des inondations Ces mesures beacuteneacuteficient pour les particuliers drsquoun soutien agrave travers le Fonds de preacutevention des risques naturels majeurs (FPRNM) agrave hauteur de 40 du montant des travaux dans la limite de 10 de la valeur moneacutetaire du bien La mise en œuvre de ces mesures doit ecirctre encourageacutee en mobilisant notamment les assureurs pour qursquoils incitent leurs clients agrave rendre leurs biens plus reacutesilients

Il nrsquoexiste pas agrave ce jour de norme ou drsquoeacutetiquette laquo reacutesilience des bacirctiments raquo La reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute hors des PPRN en particulier neacutecessite donc tout particuliegraverement la formation des diffeacuterents intervenants (architectes ingeacute-nieurs en geacutenie civil entrepreneurs) en matiegravere de conception et de prise en compte des pheacutenomegravenes climatiques et geacuteologiques et de deacutefinition des regravegles de construction sur la base de bonnes pratiques ou de la documentation existante (ex reacutefeacuterentiel de travaux de preacutevention du risque drsquoinondation dans lrsquohabitat

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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existant 16) Elle relegraveve eacutegalement drsquoune implication des proprieacutetaires qui doivent agir personnellement afin de reacuteduire la vulneacuterabiliteacute de leurs biens et ecirctre precircts dans certains cas agrave consentir agrave un coucirct suppleacutementaire Ces bonnes pratiques peuvent tout particuliegraverement ecirctre mises en œuvre lors drsquoopeacuterations drsquoameacutelio-ration de lrsquohabitat et de renouvellement urbain Elles seraient mieux encoura-geacutees avec un accompagnement accru en particulier apregraves une catastrophe ou un retour concret au travers des coucircts drsquoassurance par exemple La meilleure reconstruction suite agrave une catastrophe reste un enjeu majeur

La reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute des reacuteseaux constitue eacutegalement un axe fort de la preacutevention compte tenu de la deacutependance croissante des populations et de lrsquoeacuteconomie vis-agrave-vis des reacuteseaux de transports drsquoeacutenergie de teacuteleacutecommuni-cations drsquoeau et drsquoassainissement Au-delagrave des dommages purement mateacute-riels les dysfonctionnements induits en cas drsquoincident se reacutepercutent sur les activiteacutes et les eacutechanges qui en sont tributaires drsquoautant plus que les reacuteseaux sont interconnecteacutes entre eux une coupure drsquoeacutelectriciteacute peut compromettre lrsquoassainissement et la distribution de lrsquoeau une coupure de tronccedilon de route peut gecircner les services de secours Le coucirct drsquoune crue centennale en Icircle-de-France pourrait par exemple srsquoeacutelever agrave 30 milliards drsquoeuros selon lrsquoOrganisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques (OCDE) compte tenu notam-ment des coucircts indirects dont ceux lieacutes au dysfonctionnement des reacuteseaux Plusieurs initiatives ont eacuteteacute prises dans certains territoires On peut citer en Icircle-de-France la deacuteclaration drsquointention afin de reacuteduire la vulneacuterabiliteacute des reacuteseaux en cas drsquoinondation signeacutee en avril 2016 avec les opeacuterateurs de reacuteseau dans les domaines de lrsquoeacutenergie des teacuteleacutecommunications de lrsquoeau de lrsquoassainisse-ment et des transports et les collectiviteacutes compeacutetentes

16 httpwwwcohesion-territoiresgouvfrIMGpdfreferentielinondation_-definitions_et_domaine_d_appli-cation-pdf

Le Grand prix drsquoameacutenagement laquo Comment bacirctir en terrains inondables

constructibles raquo

Dans la suite de lrsquoadoption de la strateacutegie nationale de gestion des risques drsquoinondation (SNGRI) avec lrsquoobjectif essentiel pour les populations laquo mieux vivre en zone inondable raquo en 2014 un grand concours international drsquoar-chitecture adapteacute aux terrains inondables constructibles a eacuteteacute organiseacute Ceci a montreacute qursquoil est possible de construire sur de tels terrains degraves lors que les populations qui y habitent ou y travaillent ne sont pas mises en danger et que leurs biens ne risquent pas drsquoecirctre endommageacutes par lrsquoeau au moment du passage de la crue ou des remonteacutees de nappes Cette deacutemarche met ainsi en avant des projets innovants en quartiers

Encadreacute 10

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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inondables constructibles dans le respect des reacuteglementations drsquourba-nisme et de preacutevention des risques permettant drsquoatteindre les objectifs de la strateacutegie nationale de gestion des risques drsquoinondation en compleacute-mentariteacute avec les autres politiques publiques

Lors de la premiegravere eacutedition en 2015 vingt-deux projets laureacuteats ont eacuteteacute primeacutes comme celui de la reconversion des anciennes usines Matra agrave Romorantin-Lanthenay qui a montreacute toute sa pertinence par sa reacutesilience lors des inondations en juin 2016

En 2016 une deuxiegraveme session a eacuteteacute eacutelargie aux projets en cours de conception ou portant simplement sur des dispositifs constructifs Dix projets ont eacuteteacute ainsi retenus Le jury srsquoest attacheacute agrave observer drsquoabord lrsquoexemplariteacute la meacutethode lrsquoapproche inteacutegreacutee et le rapport aux usages Un nouvel appel agrave projets est preacutevu en 2019

Le palmaregraves 2016 et la plaquette des projets laureacuteats sont consultables sur le site Internet du ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement httpswwwecologique-solidairegouvfrlaureats-du-grand-prix-damena-gement-comment-mieux-batir-en-terrains-inondables-constructibles

Figure D10 Romorantin-Lanthenay lors de la crue de juin 2016

copy Ville de Romorantin-Lanthenay

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Preacuteparer et geacuterer la crise

Le risque zeacutero nrsquoexiste pas Quelles que soient lrsquoimportance et lrsquoefficaciteacute des mesures preacuteventives les pouvoirs publics ont le devoir une fois lrsquoeacutevaluation des risques eacutetablie drsquoorganiser les moyens de secours neacutecessaires pour faire face aux crises Cette organisation neacutecessite un partage eacutequilibreacute des compeacutetences entre lrsquoEacutetat et les collectiviteacutes territoriales

En cas de crise le Premier ministre dispose de la Cellule interministeacuterielle de crise (CIC) qursquoil active en fonction des neacutecessiteacutes La CIC assure la gestion strateacutegique de la crise au niveau gouvernemental Elle organise agrave cette fin une centralisation et une synthegravese des informations en provenance des diffeacuterents ministegraveres impli-queacutes Elle reccediloit eacutegalement les informations en provenance des preacutefets de deacutepar-tement et de zone de deacutefense et de seacutecuriteacute En son sein elle dispose drsquoorganes interministeacuteriels respectivement chargeacutes de lrsquoanalyse et de lrsquoanticipation de la communication gouvernementale et de la logistique interministeacuterielle de crise

Le ministegravere de lrsquoInteacuterieur est eacutegalement un acteur de premier plan pour la preacutepa-ration et la gestion des crises ainsi que lrsquoorganisation des compeacutetences des col-lectiviteacutes locales En cas de crise le ministre de lrsquointeacuterieur srsquoappuie sur le Centre opeacuterationnel de gestion interministeacuterielle des crises (COGIC) de la Direction geacuteneacute-rale de la seacutecuriteacute civile et de la gestion des crises (DGSCGC) Le COGIC assure un suivi permanent permettant de renseigner les autoriteacutes sur tout eacuteveacutenement de seacutecuriteacute civile jugeacute important par son ampleur par sa speacutecificiteacute ou son impact meacutediatique Il est en mesure drsquoassurer la gestion et la coordination drsquoune crise de niveau national Il assure une partie dans son domaine particulier de la per-manence de la capaciteacute de reacuteponse de lrsquoEacutetat en eacutetroite coordination si neacuteces-saire avec la CIC Dans ce cadre le COGIC assure son rocircle de synthegravese des informations de la chaicircne territoriale dans le domaine du laquo meacutetier seacutecuriteacute civile raquo Il srsquoassure de la transmission des deacutecisions de la CIC aux Zones de deacutefense et de seacutecuriteacute (ZDS) Enfin le COGIC est le point drsquoentreacutee des demandes drsquoaides du meacutecanisme europeacuteen de protection civile via le Centre europeacuteen de reacuteponse des crises (ERCC) Le COGIC peut ecirctre redeacuteployeacute geacuteographiquement dans le cadre du plan de continuiteacute drsquoactiviteacute en particulier en deacuteployant le Module drsquoappui et de gestion de crise (MAGEC) sur un site approprieacute

Les diffeacuterents ministegraveres srsquoappuient sur leurs services deacuteconcentreacutes sous lrsquoeacutegide des preacutefets

Dans sa commune le maire est responsable de lrsquoorganisation des secours de premiegravere urgence et est agrave mecircme de mettre en œuvre le Plan communal de sauve-garde (PCS) Ce plan qui srsquoappuie sur les informations contenues dans le Dossier drsquoinformation communal sur les risques majeurs (DICRIM) deacutetermine en fonc-tion des risques connus les mesures immeacutediates de sauvegarde et de protec-tion des personnes fixe lrsquoorganisation neacutecessaire agrave la diffusion de lrsquoalerte et des consignes de seacutecuriteacute recense les moyens disponibles et deacutefinit la mise en œuvre des mesures drsquoaccompagnement et de soutien agrave la population

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Le PCS est obligatoire dans les communes doteacutees drsquoun PPRN approuveacute ou situeacutees dans le champ drsquoapplication drsquoun plan particulier drsquointervention (en cas drsquoinstal-lations industrielles ou de certains ameacutenagements hydrauliques) En cas de sur-venance drsquoune catastrophe ce plan integravegre les moyens de la commune dans le dispositif de gestion aux cocircteacutes des autres intervenants (secours publics asso-ciationshellip) Lrsquoeacutelaboration des PCS reste un enjeu fort le nombre de PCS eacutetant encore tregraves infeacuterieur agrave celui du nombre de communes couvertes par un PPRN environ 8 000 PCS contre 15 500 PPRN

Dans les communes concerneacutees par un PPRN le maire est eacutegalement tenu drsquoin-former ses administreacutes des risques auxquels la commune est exposeacutee au moins une fois tous les deux ans Cette information est deacutelivreacutee avec lrsquoassistance des services de lrsquoEacutetat compeacutetents agrave partir des informations relatives au risque que le preacutefet transmet au maire La mobilisation des maires pour porter les messages de sensibilisation est donc particuliegraverement importante

Lorsque lrsquoorganisation des secours revecirct une ampleur ou une nature particuliegravere elle fait lrsquoobjet dans chaque deacutepartement et dans chaque zone de deacutefense et en mer drsquoun dispositif organisant la reacuteponse de seacutecuriteacute civile (ORSEC loi de moder-nisation de la Seacutecuriteacute civile du 13 aoucirct 2004) Le dispositif ORSEC (Organisation

Figure D11 ndash Scheacutema de fonctionnement des diffeacuterentes instances de gestion de crise du ministegravere de lrsquoInteacuterieur

Source httpwwwreseau-canopefrrisquesetsavoirsla-gestion-des-criseshtml

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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de la reacuteponse de la Seacutecuriteacute civile) deacutepartemental est arrecircteacute par le preacutefet et deacuteter-mine compte tenu des risques existants dans le deacutepartement lrsquoorganisation geacuteneacuterale des secours et recense lrsquoensemble des moyens publics et priveacutes sus-ceptibles drsquoecirctre mis en œuvre Il comprend des dispositions geacuteneacuterales applicables en toutes circonstances et drsquoautres propres agrave certains risques particuliers iden-tifieacutes dont les risques naturels ou lieacutes agrave lrsquoexistence et au fonctionnement drsquoins-tallations ou drsquoouvrages deacutetermineacutes

Le dispositif ORSEC de zone est mis en œuvre en cas de catastrophe affectant au moins deux deacutepartements de la mecircme zone de deacutefense ou rendant neacutecessaire la mise en œuvre de moyens deacutepassant le cadre deacutepartemental Le dispositif Orsec maritime deacutecline ces principes pour les risques existants en mer

Le dispositif ORSEC preacutevoit notamment que les eacutetablissements drsquoenseignement des premier et second degreacutes font partie des eacutetablissements recevant du public devant srsquoauto-organiser en cas drsquoeacuteveacutenement majeur les affectant Par conseacutequent chaque eacutetablissement drsquoenseignement doit prendre en compte les risques preacutevi-sibles auxquels il est exposeacute et deacuteterminer les mesures neacutecessaires pour assurer la mise en sucircreteacute des eacutelegraveves et des personnels en cas drsquoaccident majeur Cela passe par un Plan particulier de mise en sucircreteacute (PPMS) eacutelaboreacute par le chef drsquoeacuteta-blissement et qui doit faire lrsquoobjet drsquoun exercice annuel speacutecifique Les PPMS mecircme srsquoils se distinguent des diffeacuterents plans de secours peuvent ecirctre articu-leacutes avec le dispositif ORSEC et avec le PCS pour les communes qui en disposent

Encadreacute 11

Retour sur la saison cyclonique 2017 aux Antilles

Le cyclone Irma drsquoune ampleur exceptionnelle (287 kmh enregistreacute) a frappeacute de maniegravere diffeacuterencieacutee une grande partie des icircles de la Caraiumlbe du 30 aoucirct au 12 septembre 2017 et plus particuliegraverement deacutebut sep-tembre les icircles de Saint-Martin et Saint-Bartheacutelemy Des vents de plus de 300 kmh se sont abattus sur les deux icircles pendant plusieurs heures pro-voquant des pheacutenomegravenes de submersion marine eacutepisode suivi drsquoun deu-xiegraveme cyclone Joseacute le 9 septembre qui passera agrave proximiteacute immeacutediate des icircles sans y entraicircner de dommages majeurs Puis du 18 au 19 sep-tembre crsquoest au tour du cyclone Maria drsquoimpacter la Guadeloupe

Sur la base des preacutevisions de Meacuteteacuteo-France lrsquoalerte cyclonique violette qui preacutevoit le confinement de populations et lrsquointerdiction totale de circu-ler a eacuteteacute deacuteclencheacutee Lrsquoanticipation du pheacutenomegravene srsquoest appuyeacutee notam-ment sur lrsquoutilisation du PPRN pour organiser lrsquoeacutevacuation drsquoune partie de la population avant le passage drsquoIrma agrave Saint-Martin

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Lrsquoanticipation facteur essentiel du deacutebut de la gestion de crise caracteacuteriseacutee par une mobilisation plusieurs jours avant lrsquoarriveacutee dlsquoIrma (phase anticipation)

Suivi par les services de la preacutefecture de la zone Antilles lrsquoouragan Irma a attireacute lrsquoattention des autoriteacutes bien avant la date drsquoimpact preacutevisionnel (6 septembre)

Ainsi degraves le 1er septembre la DGSCGC a eacuteteacute preacute-alerteacutee par lrsquoEacutetat-major Interministeacuteriel de la zone Antilles des hypothegraveses de trajectoire dont la plus deacutefavorable a orienteacute la deacutecision de preacutepositionner avant lrsquoarriveacutee du pheacutenomegravene des moyens de seacutecuriteacute civile dans les icircles du Nord ndash une mission drsquoappui en situation de crise composeacutee de cinq personnes au service de la preacutefegravete deacuteleacutegueacutee agrave Saint-Martin ndash un deacutetachement drsquointervention laquo cyclone raquo des formations militaires de la seacutecuriteacute civile composeacute de cinquante-sept personnes deacuteployeacute agrave Saint-Martin et Saint-Bartheacutelemy

Degraves le 4 septembre soixante-deux sapeurs-sauveteurs eacutetaient deacuteployeacutes avant lrsquoimpact drsquoIRMA sur les icircles du Nord en renfort des moyens locaux

Une reacuteponse post-cyclonique Irma adapteacutee agrave la survenance des ouragans Joseacute et Maria (phases de monteacutee en puissance et drsquoanticipation)

En appui des remonteacutees drsquoinformations sur lrsquoeacutetendue des deacutegacircts dans les zones impacteacutees mais eacutegalement compte tenu de lrsquoarriveacutee des deux autres ouragans Joseacute (9 septembre) et Maria (18 septembre) la reacuteponse opeacuterationnelle de seacutecuriteacute civile a alterneacute entre lrsquoanticipation et la mon-teacutee en puissance en srsquoarticulant autour de

lrsquoengagement drsquoun deacutetachement de seacutecuriteacute civile composeacute de dix per-sonnes pour mettre en œuvre et activer une plateforme logistique en Guadeloupe

lrsquoengagement de trois deacutetachements laquo cyclone raquo en reacuteponse au cyclone Irma un deacutetachement des formations militaires de la seacutecuriteacute civile (soixante-deux personnes) deux deacutetachements de sapeurs-pompiers territoriaux (Icircle-de-France et Sud respectivement soixante et soixante-six personnes)

le deacuteploiement drsquoune mission drsquoappui en situation de crise au service de lrsquoEacutetat-major interministeacuteriel de la zone Antilles (cinq personnes)

la mise en place drsquoune mission drsquoappui en situation de crise (cinq per-sonnes) au service de la preacutefecture de Guadeloupe

la mise en place drsquoun groupe de commandement (cinq personnes) au service des icircles du Nord

Par ailleurs lrsquoapproche de Maria identifieacutee degraves le 15 septembre a motiveacute le deacuteploiement de renforts suppleacutementaires en Guadeloupe

en anticipation lrsquoengagement drsquoun deacutetachement des formations mili-taires de la seacutecuriteacute civile de plus de 100 sapeurs-sauveteurs

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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en reacuteponse lrsquoengagement de deux deacutetachements composeacutes de sapeurs-pompiers et de militaires soit plus de 160 personnes

Au plus fort de la crise ce sont pregraves de 550 sapeurs-pompiers et mili-taires de la seacutecuriteacute civile qui eacutetaient deacuteployeacutes dans les diffeacuterentes icircles des Antilles Plus de 610 personnes ont servi en cumuleacute sur cette opeacuteration

Lrsquoaccompagnement vers la reconstruction (phase de reacute-articulation)

La phase drsquourgence eacutetant passeacutee une reacute-articulation (sortie de crise) pre-nant en compte un deacutesengagement partiel des moyens de seacutecuriteacute civile srsquoest opeacutereacutee agrave compter du 4 octobre

Un deacutetachement des formations militaires de la seacutecuriteacute civile de 57 puis 40 militaires de la seacutecuriteacute civile a eacuteteacute maintenu agrave Saint-Martin jusqursquoau 15 deacutecembre

Les opeacuterations reacutealiseacutees

Les diffeacuterents deacutetachements engageacutes ont œuvreacute dans le domaine des missions drsquoassistance agrave la population suite au passage drsquoun ouragan

Les opeacuterations se sont neacuteanmoins concentreacutees sur la satisfaction des besoins primaires eau (39 millions de litres drsquoeau distribueacutes eacutequiva-lent agrave une piscine olympique) et nourriture (34 150 rations et 353 tonnes de denreacutees distribueacutees)

Pour autant les deacutetachements ont eacutegalement eacuteteacute engageacutes dans les mis-sions habituelles inheacuterentes agrave ce type de catastrophe

mise hors drsquoeau de bacirctiments soit environ 50 000 m2 de toitures bacirccheacutees 29 kilomegravetres de routes deacutegageacutes aide agrave la reconstruction soit cinquante-cinq actions de seacutecurisation et

de reacutehabilitation drsquoeacutetablissements scolaires sept actions de reacutehabilita-tion de centres commerciaux et entreprises

Les conseacutequences eacuteconomiques ont eacuteteacute estimeacutees agrave presque 2 Mdseuro 17 pour les biens assureacutes dans le cadre du reacutegime CatNat ce qui en fait lrsquoun des eacuteveacutenements les plus coucircteux depuis la creacuteation du reacutegime de catastrophes naturelles Le controcircle de la construction et la reacutesilience des reacuteseaux sont au cœur drsquoune reconstruction moins vulneacuterable et de la mission confieacutee au deacuteleacutegueacute interministeacuteriel agrave la reconstruction nommeacute par le Gouvernement

17 Les catastrophes naturelles en France Bilan 1982-2017 CCR

En dehors des enjeux de mise en seacutecuriteacute des populations drsquoautres probleacutema-tiques sont agrave consideacuterer en matiegravere de gestion de crise La gestion des deacutechets par exemple et leur traitement en situation de crise et post-crise est un enjeu fort tant pour des questions de santeacute publique que de retour agrave la normale des

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

133

territoires sinistreacutes Une catastrophe climatique est susceptible de geacuteneacuterer de grandes quantiteacutes de deacutechets dont la gestion doit ecirctre assureacutee malgreacute les per-turbations engendreacutees par la catastrophe Les reacutecentes inondations survenues en 2016 et 2018 sur le bassin de la Seine ont rappeleacute une fois encore la neacuteces-siteacute de prendre en compte cet aspect dans la politique de preacutevention Le cadre leacutegislatif et reacuteglementaire de la planification des deacutechets actuellement en vigueur preacutevoit drsquoailleurs que les Plans de preacutevention et de gestion des deacutechets non dan-gereux et dangereux comprennent des mesures permettant drsquoassurer la gestion des deacutechets en situations exceptionnelles notamment celles susceptibles de perturber la collecte et le traitement des deacutechets Plusieurs guides existent pour accompagner les collectiviteacutes et promouvoir les bonnes pratiques en la matiegravere

Srsquoameacuteliorer sur la base des retours drsquoexpeacuterience

Apregraves la gestion de crise drsquoune catastrophe vient la reconstruction Crsquoest la peacuteriode la plus difficile la plus longue et la moins sensationnelle Succeacutedant agrave la gestion de crise tant suivie par les meacutedias la reconstruction srsquoinstalle et laquo fait oublier raquo la catastrophe Pour autant crsquoest une phase cruciale pour assurer la reacutesilience du territoire

Lorsque la catastrophe arrive elle fait ressortir les laquo racines profondes raquo de la vulneacute-rabiliteacute du territoire Le Pressure and Release Model (Blaikie et al 1994 fig D12) lie les causes profondes aux dynamiques territoriales et aux conditions de vie actuelles pour comprendre la catastrophe lrsquoaleacutea agit comme un reacuteveacutelateur des vul-neacuterabiliteacutes inheacuterentes aux territoires Le rapport du preacutefet Philippe Gustin pour la reconstruction de Saint-Martin et de Saint-Bartheacutelemy (2017) signalait ainsi qursquolaquo il est neacutecessaire de rappeler agrave titre preacuteliminaire quelques eacuteleacutements factuels relatifs agrave Saint-Martin et Saint-Bartheacutelemy Les speacutecificiteacutes politiques territoriales cultu-relles et administratives de ces icircles preacutesentent un caractegravere si particulier qursquoelles auront neacutecessairement un impact sur les ambitions porteacutees pour leur reconstruc-tion raquo Tout le long de ce rapport les difficulteacutes endeacutemiques aux deux collectiviteacutes et leurs caracteacuteristiques intrinsegraveques qui sont rendues visibles pendant la phase de reconstruction sont rappeleacutees Ceci fait eacutecho aux propos de la mission inter-ministeacuterielle montrant qursquoil srsquoagit bien plus que drsquoune reconstruction mais drsquoune laquo refondation raquo des icircles du Nord Ainsi la reconstruction ne relegraveve pas seulement drsquoune reconstruction agrave lrsquoidentique ou drsquoune question technique mais elle neacuteces-site aussi de prendre en compte les questions socio-eacuteconomiques pour laquo refon-der raquo des territoires plus reacutesilients

La vulneacuterabiliteacute est un concept eacutevolutif penser lrsquoapregraves-catastrophe permet drsquoagir sur ces laquo causes profondes raquo de la vulneacuterabiliteacute et de deacutevier de la trajectoire de vulneacuterabiliteacute Cela augmente donc la reacutesilience agrave terme du territoire Cependant pour ecirctre efficace il faut savoir exploiter les opportuniteacutes et maicirctriser la gestion des fonds de maniegravere agrave ne pas creuser les ineacutegaliteacutes mais agrave les reacuteduire surtout dans des territoires tregraves exposeacutes Les enjeux pour passer du laquo deacutesastre au deacuteve-loppement raquo sont ainsi eacutetroitement lieacutes (Moatty et al 2017)

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Il srsquoagit donc de mieux appreacutehender la reconstruction pour exploiter la laquo fenecirctre drsquoopportuniteacute raquo qursquoelle ouvre tout en anticipant assez pour y inteacutegrer une phase laquo drsquoeacutethique preacuteventive raquo 18 (preacutevenir la reconstruction laquo phase preacuteventive raquo tout en y inteacutegrant des mesures pour reacuteduire les vulneacuterabiliteacutes et donc aussi les ineacutega-liteacutes environnementales 19 laquo phase eacutethique raquo) Anticiper notamment en construi-sant un document de cadrage permettrait agrave la fois drsquoeacuteviter de mal reconstruire et drsquoexploiter la fenecirctre drsquoopportuniteacute au mieux mais aussi drsquoagir sur les causes profondes de la vulneacuterabiliteacute afin de ne pas geacuteneacuterer davantage drsquoineacutegaliteacutes envi-ronnementales apregraves la catastrophe Au Japon par exemple un plan drsquoanticipa-tion de la reconstruction en cas drsquoeacuteruption du mont Fuji a eacuteteacute eacutelaboreacute en 2001 et ce agrave lrsquoeacutechelle nationale

De cette maniegravere on agit aussi sur les causes de la maladaptation agrave long terme

Le processus de reconstruction drsquoun point de vue institutionnel peut ecirctre deacutefini comme lrsquoeacutelaboration par les gestionnaires et deacutecideurs (bailleurs de fonds ser-vices de lrsquoEacutetat eacutelus et institutions) de politiques strateacutegies et programmes drsquoac-tions agrave destination des acteurs locaux (eacutelus locaux populations et associations) pour leur donner les moyens drsquoaccompagner le relegravevement des individus restau-rer lrsquoaccessibiliteacute du territoire et de reacuteduire les risques (Moatty 2015) Lrsquoenjeu majeur de la preacutevention des risques est de poursuivre et renforcer encore la mobi-lisation de lrsquoensemble des acteurs et des parties prenantes Au regard des enjeux du changement climatique des voies drsquoameacutelioration concregravetes se deacutegagent alors

La meilleure reacutesilience 20 des bacirctiments notamment lors de la reconstruc-tion apregraves catastrophe Dans la mesure ougrave il est difficilement envisageable de mettre en place agrave lrsquoheure actuelle une norme laquo reacutesilience des bacirctiments raquo drsquoautres outils devront ecirctre mobiliseacutes outre lrsquoexemplariteacute et la peacutedagogie Cela pourrait passer par des incitations eacuteconomiques ou financiegraveres qui pour-raient relever soit du reacutegime assurantiel soit drsquoun soutien adapteacute du FPRNM Agrave ce jour et crsquoest indispensable lrsquoaction publique est prioriseacutee sur les zones agrave plus fort enjeux que sont les territoires soumis agrave PPRN La question pourrait se poser drsquoun accompagnement cibleacute pour ameacuteliorer la reacutesilience de territoires qui nrsquoont pas vocation agrave ecirctre couverts par un PPR une deacutemarche en ce sens a eacuteteacute engageacutee dans le cadre des PAPI (chapitre laquo Exemples de mise en œuvre raquo) Des mesures ou soutiens speacutecifiques pourraient aussi permettre une meil-leure reconstruction apregraves sinistre Lrsquoaccompagnement par les assureurs des particuliers et des entreprises en termes de conseil pour des reconstructions plus reacutesilientes est une voie qui se met progressivement en place Srsquoagissant de lrsquoaccompagnement financier les taux et conditions drsquoutilisations actuels du FPRNM pour des travaux de reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute preacutevus dans un PPRN laissent un reste agrave charge pour les particuliers Une expertise pourrait conduire

18 Lrsquoeacutethique preacuteventive est un ensemble de mesures permettant la prise en compte de lrsquoaleacutea dans le zonage de la reconstruction le respect des normes preacuteventives de la reconstruction et la mise en place de mesures de gestion drsquoune prochaine crise (alerte eacutevacuation etc) (Vinet et al 2011)

19 La notion drsquoineacutegaliteacutes environnementales deacutesigne des situations dans lesquelles les vulneacuterabiliteacutes envi-ronnementales sont indissociables des vulneacuterabiliteacutes sociales (Taylor 2000 tireacute de Claeys et al 2017)

20 Voir glossaire

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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agrave srsquointerroger sur le niveau de ce soutien et au besoin agrave envisager une reacutevi-sion des taux actuels pour les rendre plus attractifs et que srsquoenclenche une dynamique de diagnostics et de travaux de reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute du bacircti Enfin la reacuteponse agrave certains aleacuteas pour lesquels aucune protection inteacutegrale ne peut se concevoir demandera encore un travail particulier sur la reacutesilience des bacirctiments crsquoest le cas en matiegravere de risque cyclonique Si le retour drsquoex-peacuterience sur le cyclone Irma tend agrave montrer que les constructions parasis-miques ont mieux reacutesisteacute (toiture excepteacutee) agrave lrsquoouragan il reste sans doute agrave mieux deacutefinir ce que serait une construction paracyclonique et agrave apporter des reacuteponses agrave lrsquohabitat illeacutegal

La transformation des territoires les plus exposeacutes aux effets du changement

climatique Lrsquoapprobation de PPRN les mesures de reacuteduction de la vulneacuterabi-liteacute les approches en termes de programme drsquoaction comme les PAPI sur des peacuterimegravetres aussi pertinents que possible au regard de lrsquoaleacutea ont consolideacute au cours des derniegraveres deacutecennies une politique de preacutevention des risques natu-rels partenariale qui apporte eacutegalement des reacuteponses aux enjeux du change-ment climatique La reacuteponse au recul du trait de cocircte en fournit un exemple (encadreacute 15)

Chaque catastrophe naturelle constitue une occasion de progresser dans la preacute-vention et de rechercher comment creacuteer les conditions neacutecessaires agrave la diminu-tion du risque pour lrsquoavenir Le retour drsquoexpeacuterience permet de tirer les leccedilons drsquoune action et drsquoaffiner la connaissance des pheacutenomegravenes

Au niveau national le ministegravere de lrsquointeacuterieur assure la synthegravese et la diffusion au niveau national des retours drsquoexpeacuterience reacutealiseacutes sous lrsquoautoriteacute du repreacutesen-tant de lrsquoEacutetat apregraves tout recours au dispositif Orsec qursquoil srsquoagisse drsquoun eacuteveacutene-ment reacuteel ou drsquoun exercice

Le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement analyse tout particuliegraverement ces retours drsquoexpeacuteriences de maniegravere agrave

centraliser au mieux et analyser les donneacutees relatives aux catastrophes (mani-festations du pheacutenomegravene chronologie)

constituer des pocircles de compeacutetences pour aider les territoires impacteacutes agrave ameacuteliorer la preacutevention des risques et leur reacutesilience et agrave reacuteduire les dommages

assurer la diffusion des enseignements tireacutes de lrsquoanalyse des pheacutenomegravenes et des catastrophes survenus en France ou agrave lrsquoeacutetranger

Concernant le risque inondation les services de preacutevision des crues des Dreal et le Schapi ont en charge de capitaliser la connaissance locale sur les cours drsquoeau et les eacuteveacutenements extrecircmes survenus par le passeacute Ils peuvent assister les autoriteacutes locales dans la pose de repegraveres de crues sur des bacirctiments ou des ouvrages caracteacuteristiques

Les eacuteveacutenements majeurs font lrsquoobjet de retours drsquoexpeacuterience interministeacuteriels Le Conseil geacuteneacuteral de lrsquoenvironnement et du deacuteveloppement durable (CGEDD) placeacute directement aupregraves du ministre chargeacute de lrsquoenvironnement contribue aux rap-ports de mission drsquoexpertise sur des eacuteveacutenements majeurs tels que les tempecirctes

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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de 1999 et plus reacutecemment les inondations de la Seine en 2016 et 2018 Des reacuteflexions sont en cours pour capitaliser au mieux ces retours drsquoexpeacuterience dans un format plus systeacutematique qui en faciliterait lrsquoanalyse

Par ailleurs le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement soutient et participe agrave lrsquoor-ganisation de manifestations commeacutemoratives au niveau local (crue de 1910) et aux actions engageacutees par les associations en faveur de la capitalisation de la meacutemoire des eacuteveacutenements

Encadreacute 12

La vigilance meacuteteacuteorologique un processus drsquoameacutelioration continue

Le dispositif de vigilance meacuteteacuteorologique encadreacute par une circulaire inter-ministeacuterielle (ministegravere de lrsquoInteacuterieur et ministegravere de la Transition eacutecolo-gique et solidaire) est opeacutereacute et diffuseacute par Meacuteteacuteo-France via de nombreux meacutedias de communication Crsquoest une proceacutedure drsquoavertissement de la popu-lation des autoriteacutes et des meacutedias sur le risque drsquooccurrence de pheacuteno-megravenes meacuteteacuteorologiques et hydrologiques dangereux dans les 24 heures agrave venir Chaque jour elle est actualiseacutee plusieurs fois systeacutematiquement agrave 6 heures et 16 heures et autant que neacutecessaire en cas de changement de niveau de risque

La carte de vigilance est produite en coopeacuteration avec Santeacute publique France pour ce qui concerne la canicule et avec le Service hydrographique et oceacuteanographique de la Marine (SHOM) pour lrsquoaleacutea vagues-submersion Elle est articuleacutee avec Vigicrues pour les aleacuteas pluie-inondation et inondation

En cas de risque marqueacute niveau de vigilance orange voire rouge la carte srsquoaccompagne de bulletins nationaux et reacutegionaux Ces bulletins preacutecisent les zones concerneacutees par le ou les aleacuteas la temporaliteacute et lrsquointensiteacute des pheacutenomegravenes attendus ou en cours

Au fil des anneacutees et des retours drsquoexpeacuterience sur les eacuteveacutenements clima-tiques majeurs le dispositif de vigilance a eacutevolueacute et srsquoest enrichi pour mieux informer la population et fournir les conseils de bons comporte-ments en cas de pheacutenomegravene meacuteteacuteorologique dangereuxndash La vigilance de Meacuteteacuteo-France a eacuteteacute creacuteeacutee suites aux tempecirctes Martin et Lothar de 1999 Un des constats suite agrave ces catastrophes eacutetait qursquoune meilleure information de la population aurait pu limiter les conseacutequences dramatiques de ces eacuteveacutenements (140 victimes pour lrsquoensemble de lrsquoEu-rope dont 92 pour la France meacutetropolitaine) Mise en place en 2001 pour cinq aleacuteas meacuteteacuteorologiques en meacutetropole (vent violent fortes preacutecipita-tions orages neige-verglas avalanches) la vigilance est conccedilue pour une eacutechelle deacutepartementale adapteacutee aux structures de planification et de gestion des crises et selon 4 niveaux de couleurs correspondant agrave des

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niveaux de risque (vert jaune orange rouge) Elle est articuleacutee avec les dispositifs drsquoalerte (ORSEC) mis en œuvre par les autoriteacutes deacutepartemen-tales et municipales (preacutefet mairehellip)ndash En 2004 les aleacuteas canicule et grand froid sont ajouteacutes suite notam-ment agrave la canicule de lrsquoeacuteteacute 2003ndash Pour prendre en compte les conseacutequences hydrologiques des fortes preacutecipitations les fortes pluies ont eacuteteacute remplaceacutees en 2007 par le risque laquo pluie-inondation raquo (risque de fortes pluies etou drsquoinondations associeacutees) Cela a eacutegalement permis de relayer le niveau de vigilance de Vigicrues dans la vigilance meacuteteacuteorologique

En octobre 2011 un an et demi apregraves la tempecircte Xynthia la vigilance laquo vagues-submersion raquo a compleacuteteacute le dispositif

Depuis 2016 la chronologie de la vigilance est accessible pour chaque deacutepartement Cela permet de connaicirctre lrsquoeacutevolution temporelle de la cou-leur de la vigilance aleacutea par aleacutea

Le travail se poursuit pour produire la vigilance meacuteteacuteorologique agrave une eacutechelle infradeacutepartementale et eacutetendre sa validiteacute au lendemain Par ail-leurs la vigilance vague-submersion va ecirctre eacutetendue agrave lrsquooutre-mer

Figure D13 ndash Carte de vigilance meacuteteacuteorologique du 1er deacutecembre 2017

Source Meacuteteacuteo-France

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Des reacuteflexions autour de la reconstruction post-catastrophe ont deacutejagrave eacuteteacute meneacutees en France notamment dans le domaine de la geacuteographie lrsquoobjectif est drsquoen tirer une opportuniteacute preacuteventive Les inondations en France meacutetropolitaine par exemple ont fait lrsquoobjet de nombreux travaux en raison de leur occurrence et de la phase post-catastrophe qui suit

Projet RETINA (Irstea) laquo Reacutesilience des territoires face agrave lrsquoinondation pour une approche preacuteventive par lrsquoadaptation post-eacuteveacutenement raquo

Ce projet meneacute de 2013 agrave 2016 dans le cadre des projets Risque deacutecision ter-ritoire (RDT) du ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement cherchait agrave deacuteterminer comment proceacuteder aux diffeacuterentes phases post-catastrophe par des retours drsquoex-peacuterience sur les inondations dans le Var (1999) et dans lrsquoAude (2010) quel type drsquoadaptation pendant ces phases (reacuteparation reconstruction reacuteorganisation) Lrsquoideacutee eacutetait donc drsquoobserver lacuteadaptation pendant les phases de laquo reacutesolution des deacutesordres raquo et drsquoen tirer des enseignements

Projet RAITAP (Cerema) laquo Repenser lrsquoAction preacuteventive face au risque drsquoinonda-tion agrave une eacutechelle territoriale inteacutegrant lrsquoAction post-inondation raquo

Ce projet a donneacute des reacuteponses importantes pour mieux comprendre la recons-truction post-catastrophe

Lrsquoexistence drsquoune structure organisationnelle unique permet de prendre des deacutecisions rapidement et efficacement Cependant sa dureacutee nrsquoexcegravedant pas deux ans elle ne reacuteduit donc pas la vulneacuterabiliteacute agrave moyen terme

Lrsquoexistence drsquoune eacutequipe sur place restreinte permet de prendre des deacuteci-sions de reconstruction dans lrsquourgence bien que son efficience deacutepende des qualiteacutes personnelles des individus y travaillant

Srsquoil existe une dynamique de renouvellement urbain avant la catastrophe il est plus aiseacute de faire eacutevoluer le projet en partant de la deacutemarche preacute-existante plutocirct que de tout reconstruire

Il y a une meilleure acceptabiliteacute sociale de la reconstruction lorsque des vies sont exposeacutees agrave lrsquoaleacutea

Reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute et de lrsquoexposition aux risques exemples de mise en œuvre

Introduction

Devant lrsquoaugmentation preacutevisible des pheacutenomegravenes extrecircmes avec le changement climatique la reacuteduction des impacts sur les enjeux passera par la mise en œuvre de mesures sur lrsquoexposition et sur la vulneacuterabiliteacute

Le bon fonctionnement des eacutecosystegravemes est agrave lrsquoorigine drsquoune multitude de services eacutecosysteacutemiques constituant ainsi une des cleacutes pour une meilleure atteacutenuation et adaptation Il faut donc veiller agrave renforcer la reacutesilience des eacutecosystegravemes face au

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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changement climatique dans une logique de maximisation des synergies entre preacuteservation des eacutecosystegravemes et usages humains en anticipant les transforma-tions agrave venir et en privileacutegiant les solutions fondeacutees sur la nature partout ougrave cela est pertinent La preacuteservation la restauration et le renforcement des continuiteacutes eacutecologiques en srsquoappuyant sur la trame verte et bleue et les infrastructures agro-eacutecologiques le deacuteveloppement drsquoun reacuteseau coheacuterent connecteacute et repreacutesentatif drsquoaires proteacutegeacutees mettant en place une gestion adaptative la recomposition spa-tiale du littoral agrave des eacutechelles de territoire pertinentes en inteacutegrant les espaces arriegraveres littoraux et en respectant les cellules hydroseacutedimentaires la veacutegeacutetalisa-tion des espaces urbains la mise en place de techniques alternatives drsquoassai-nissement la proposition drsquoessences si possible locales mieux adapteacutees aux stations forestiegraveres et plus reacutesilientes au feu et de modes de gestion paysagegravere limitant la propagation du feu sont autant drsquoexemples de solutions fondeacutees sur la nature qui permettent drsquoaccroicirctre la reacutesilience du territoire

Le bacircti devra eacutegalement ecirctre adapteacute au changement climatique pour favoriser sa reacutesilience aux risques tant naturels que sanitaires dans un urbanisme inteacutegrant ce changement notamment en utilisant les labels existants voire des moyens reacutegle-mentaires En zone urbaine lrsquoimpact des vagues de chaleur deacutepend en grande partie des infrastructures en place de lrsquourbanisme du type drsquohabitat et des modes de vie De nombreuses villes sont confronteacutees au pheacutenomegravene drsquolaquo icirclot de chaleur urbain raquo (ICU) qui deacutesigne lrsquoexcegraves des tempeacuteratures de lrsquoair observeacute reacuteguliegravere-ment pregraves du sol dans les zones urbaines en comparaison avec les zones rurales qui les entourent Les maxima drsquointensiteacute de lrsquoICU peuvent aller de 2 degC pour une ville de 1 000 habitants jusqursquoagrave 12 degC pour une ville de plusieurs millions drsquoha-bitants (ONERC 2010) Srsquoappuyer sur des solutions urbanistiques et architectu-rales innovantes permettrait donc de lutter contre lrsquoeffet drsquoicirclot de chaleur urbain et de renforcer le confort du bacircti

La reacuteduction des risques drsquoinondation et de submersion entre dans cette approche dans le cadre des Plans de gestion du risque inondation dont les PAPI consti-tuent un outil et dont le troisiegraveme appel agrave projet met lrsquoaccent sur les milieux natu-rels particuliegraverement concerneacutes par la mise en œuvre de cette approche sur les mesures autres que les travaux de protection

Lrsquoexemple des Programmes drsquoaction de preacutevention des inondations (PAPI)

La preacutevention des risques naturels se fait agrave des eacutechelles emboicircteacutees Elle est parti-culiegraverement structureacutee pour le risque inondation ougrave lrsquoaction est meneacutee de lrsquoeacutechelle du bassin hydrographique agrave celle du bassin versant et jusqursquoau territoire agrave risque important drsquoinondation Ainsi le risque inondation est pris en compte de lrsquoamont agrave lrsquoaval des cours drsquoeau Pour tous les aleacuteas sont ainsi mis en coheacuterence

des logiques de protection qui peuvent ecirctre relativement eacuteloigneacutees geacuteographi-quement des enjeux (par exemple les barrages eacutecrecircteurs de crues)

des ameacutenagements des territoires au travers des PPR ou des PLU des reacuteductions de la vulneacuterabiliteacute des enjeux agrave lrsquoeacutechelle des bacirctiments des mesures qui touchent aux comportements des personnes

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Agrave cet emboitement geacuteographique et institutionnel correspond la compleacutementa-riteacute des diffeacuterents outils La mise en place des Programmes drsquoaction de preacuteven-tion des inondations (PAPI) porteacutes par les collectiviteacutes locales est lrsquoillustration mecircme drsquoune deacutemarche eacutequilibreacutee et inscrite dans la dureacutee

Lrsquoappel agrave projets national permettant la labellisation et le subventionnement des PAPI par lrsquoEacutetat via le FPRNM existe depuis 2002 Il a eacuteteacute renouveleacute en 2011 puis en 2018 au travers de cahiers des charges agrave destination des collectiviteacutes locales porteuses

Lrsquoeacutelaboration des PAPI demande en premier lieu celle de strateacutegies locales sur un territoire pertinent vis-agrave-vis des risques drsquoinondation strateacutegie qui permet de deacutefinir un programme drsquoactions et drsquoopeacuterations agrave entreprendre Les engagements pris dans les PAPI de troisiegraveme geacuteneacuteration sont deacuteclineacutes en sept axes

axe 1 lrsquoameacutelioration de la connaissance et de la conscience du risque axe 2 la surveillance la preacutevision des crues et des inondations axe 3 lrsquoalerte et la gestion de crise axe 4 la prise en compte du risque inondation dans lrsquourbanisme axe 5 les actions de reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute des personnes et des

biens (obligatoire) axe 6 le ralentissement des eacutecoulements axe 7 la gestion des ouvrages de protection hydrauliques

Le dispositif est destineacute agrave tous les territoires agrave enjeux couverts par un PPR inon-dation exposeacutes aux inondations quelle qursquoen soit la nature (hors deacutebordements de reacuteseaux) et vise agrave assurer une prise en compte globale des diffeacuterents aleacuteas inondation auxquels peut ecirctre soumis le territoire

Les projets de PAPI doivent srsquoefforcer de mobiliser lrsquoensemble des axes de la gestion des risques drsquoinondation dans une gradation et un eacutequilibre qui varient drsquoun territoire agrave lrsquoautre Les travaux dimensionnant sur des ouvrages de protec-tion sont soumis agrave une analyse coucirct-beacuteneacutefice visant agrave eacutevaluer la pertinence des travaux preacutevus ou agrave une analyse multicritegravere pour les projets dont le montant est supeacuterieur agrave 5 millions drsquoeuros

La deacutemarche PAPI porte en premier lieu sur la gestion des risques drsquoinonda-tion tout en recherchant une coheacuterence avec les objectifs des autres politiques publiques mises en œuvre sur le territoire (ameacutenagement du territoire et deacutevelop-pement local preacuteservation des milieux naturels du patrimoine culturel qualiteacute de lrsquoeauhellip) Si le PAPI est porteacute par une collectiviteacute locale qui devrait ecirctre agrave terme une collectiviteacute exerccedilant la compeacutetence Gemapi le portage des actions est assureacute par les acteurs du territoire selon leur compeacutetence (collectiviteacutes territoriales ser-vices de lrsquoEacutetat particuliers entreprises)

Au 1er janvier 2018 159 PAPI et projets drsquoendiguements hors PAPI ont ainsi eacuteteacute labelliseacutes Ils repreacutesentent un total de 1 846 Meuro alloueacutes agrave la preacutevention des inon-dations dont 751 Meuro drsquoaide de lrsquoEacutetat principalement au titre du FPRNM Environ 67 millions drsquohabitants (40 de la population exposeacutee au risque) et 38 millions

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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drsquoemplois (plus de 40 des emplois exposeacutes au risque) beacuteneacuteficient de ces deacutemarches de preacutevention La masse la plus importante de deacutepense concerne les travaux sur les systegravemes drsquoendiguement (50 ) qui par nature sont les plus coucircteux On observe toutefois ces derniegraveres anneacutees qursquoune part croissante des deacutepenses est consacreacutee au ralentissement des eacutecoulements (axe 6) et agrave la mobi-lisation des fonctionnaliteacutes naturelles des milieux humides

Il srsquoagit de deacutemarches drsquoameacutenagement durable dont lrsquoinscription dans la dureacutee se justifie compte tenu des investissements envisageacutes et de la neacutecessiteacute de dis-poser drsquoun programme partageacute avec les diffeacuterentes parties prenantes La dureacutee drsquoeacutelaboration du PAPI est variable selon la maturiteacute du territoire (un agrave trois ans)La convention-cadre PAPI srsquoeacutetend au maximum sur six ans

Encadreacute 13

Lrsquoeacutelaboration du PAPI Breacutevenne-Turdine

Dans la continuiteacute du travail engageacute via le contrat de riviegravere le programme drsquoaction de preacutevention des inondations (PAPI) Breacutevenne-Turdine labelliseacute en 2013 a eu pour volonteacute de privileacutegier les solutions fondeacutees sur la nature et drsquoimpacter le moins possible les milieux naturels Le bassin ne compre-nant pas de digue agrave lrsquoorigine le choix a eacuteteacute fait de ne pas en construire Le programme ne comprenant pas drsquoouvrages de protection (axe 7) est ainsi baseacute sur le principe drsquoaccepter les deacutebordements lagrave ougrave il nrsquoy a pas drsquoenjeux et de revenir agrave un fonctionnement naturel des cours drsquoeau

La strateacutegie choisie a en effet miseacute sur la preacutevention du risque aupregraves de la population reacutealisation drsquoaction de communication (vulgarisation du PPRI organisation drsquoun salon tous les deux ans plan familial de mise en sucircreteacute reacutealisation de diagnostics de vulneacuterabiliteacute gratuits pour les habi-tants) sensibilisation des eacutelus qui assurent ensuite un rocircle de relais mise en place du reacuteseau laquo sentinelle raquo avec des habitants volontaires qui font remonter les informations ou alertes

Ainsi la vulneacuterabiliteacute du territoire a diminueacute mais crsquoest surtout la conscience du risque qui a beaucoup eacutevolueacute La concertation meneacutee notamment avec les riverains et acteurs agricoles dans une deacutemarche drsquoouverture et de discussion constructive et pas seulement informative a eacuteteacute un facteur deacuteterminant dans le choix des actions

Le syndicat a fait appel agrave un cabinet de meacutediation et a pu compter sur une forte implication des maires facilitant le lien avec les habitants Des eacutevo-lutions ont eacuteteacute apporteacutees au programme choix de deux ouvrages sur les cinq initiaux baisse de lrsquoimpact sur le foncier appui sur des mateacuteriaux natu-rels sur-inondation de zones pour proteacuteger lrsquoaval renforcement de lrsquoaction sur le ruissellement La faisabiliteacute des adaptations a ensuite eacuteteacute reveacuterifieacutee

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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La deacutemarche exemplaire du PAPI pour les inondations est reproduite pour drsquoautres aleacuteas tels que les caviteacutes souterraines (non traiteacutees dans ce rapport) et les risques en montagne

Encadreacute 14

Les risques en montagne

Les risques en montagne preacutesentent des caracteacuteristiques geacuteophysiques et socio-eacuteconomiques speacutecifiques La geacuteographie de la montagne de par la pente et le relief conditionne fortement les pheacutenomegravenes naturels Les aleacuteas en preacutesence sont multiples (glissements de terrains laves torren-tielles crues avalancheshellip) soudains rapides (cineacutetique plus eacuteleveacutee en montagne qursquoen plaine) et souvent de forte intensiteacute Un mecircme terri-toire est couramment concerneacute par plusieurs pheacutenomegravenes Les reacuteflexions meneacutees dans le cadre des Assises nationales des risques naturels en deacutecembre 2013 ont conclu agrave la neacutecessiteacute de territorialiser davantage la gestion des risques en montagne dans une approche multirisque multi-acteur colleacutegiale et partenariale avec lrsquoEacutetat les eacutelus locaux la socieacuteteacute civile et lrsquoensemble des acteurs du territoire

Dans ce contexte lrsquoEacutetat souhaite soutenir lrsquoeacutemergence et la mise en œuvre de projets concerteacutes de preacutevention des aleacuteas de montagne sur des peacuteri-megravetres coheacuterents par lrsquointermeacutediaire des strateacutegies territoriales pour la preacutevention des aleacuteas de Montagne (STEPRIM) Un appel agrave projets a eacuteteacute ouvert en 2017 agrave lrsquoensemble des collectiviteacutes groupements de collectiviteacutes ou autres structures drsquointeacuterecirct public dont le peacuterimegravetre de compeacutetence est tout ou partie inclus dans les massifs montagneux franccedilais Il avait pour objectif drsquoinitier et drsquoencourager des deacutemarches pilotes de gestion inteacute-greacutee des risques naturels sur les territoires de montagne Il srsquoagissait de deacutefinir une strateacutegie deacuteclineacutee en programme drsquoactions opeacuterationnel pour atteindre des objectifs en termes drsquoameacutelioration de la connaissance et de la conscience des risques de preacutevision et de surveillance des risques drsquoalerte et de gestion de crise de prise en compte des risques dans lrsquour-banisme de reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute et de travaux de protection

Des exemples de reacutealisation sont rapidement preacutesenteacutes dans les pages suivantes deacutemontrant que de telles reacutealisations sont possibles

Des solutions urbanistiques et architecturales

Construction sur pilotis agrave Saint-Pierre-des-Corps pour lutter contre les inondations

Saint-Pierre-des-Corps a eacuteteacute laureacuteat du Grand Prix drsquoameacutenagement laquo Comment mieux bacirctir en terrains inondables constructibles raquo lanceacute le 16 janvier 2015 par

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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le ministegravere en charge de lrsquoeacutecologie et du logement et qui vise agrave promouvoir des projets drsquoameacutenagement innovants pour rendre les habitants moins vulneacuterables aux risques drsquoinondation

Agrave la confluence du Loir et du Cher la commune est particuliegraverement exposeacutee agrave lrsquoaleacutea inondation ce qui limite fortement son deacuteveloppement

Pour relever ces deacutefis Saint-Pierre-des-Corps a deacutecideacute de miser sur lrsquoinnovation architecturale Lrsquooriginaliteacute du projet est drsquoavoir conccedilu un quartier entiegraverement percheacute sur pilotis pour srsquoadapter au risque Le projet a permis la construction de soixante-seize logements dont vingt logements sociaux sur un espace de 2 hec-tares dans une zone inondable agrave proximiteacute du centre-ville Lrsquoensemble est consti-tueacute de maisons suspendues relieacutees entre elles par des coursives permettant de continuer agrave se deacuteplacer en cas drsquoinondation de jardins agrave la place des routes limi-tant lrsquoartificialisation du terrain pour faciliter lrsquoeacutecoulement des eaux et drsquoun bassin de reacutetention pour recueillir les eaux pluviales

Gestion alternative des eaux agrave Rouen pour adapter les projets drsquoameacutenagement

urbain au changement climatique

De par sa situation geacuteomorphologique la ville de Rouen fait face agrave plusieurs eacuteveacute-nements extrecircmes et qui auront de plus en plus drsquoimpacts avec le changement climatique Au niveau national la Seine-Maritime est un deacutepartement reconnu comme sensible au risque drsquoinondation Situeacutee dans une cuvette induisant de faibles vitesses de vents la ville de Rouen est par ailleurs sujette au pheacutenomegravene drsquoicirclot de chaleur urbain associeacute aux fortes tempeacuteratures

Pour relever ce double deacutefi le parti pris a eacuteteacute de mettre en place une gestion inteacute-greacutee des eaux dans lrsquoeacutecoquartier de la zone drsquoameacutenagement concerteacute Luciline ndash Rives de Seine Pour lutter contre les inondations plusieurs solutions ont eacuteteacute trouveacutees afin drsquoassurer la fonctionnaliteacute du quartier mecircme en peacuteriode de crue ouvrages hydrauliques avec clapets antiretour contre les mareacutees construction de chambre de crues sureacuteleacutevation des seuils construction drsquoun reacuteseau de noues srsquoappuyant sur une noue 21 centrale paysagegravere de 5 megravetres de large et 3 megravetres de profondeur

De mecircme la lutte contre lrsquoicirclot de chaleur urbain srsquoappuie eacutegalement sur la gestion des eaux la remise agrave jour partielle de la riviegravere Luciline via des canaux et les noues le deacuteveloppement des toitures veacutegeacutetaliseacutees et la mise en place drsquoun reacuteseau de geacuteothermie basse tempeacuterature agrave partir de la nappe drsquoeau drsquoaccompagnement de la Seine permettant de seacutecuriser les apports eacutenergeacutetiques pour le chauffage hivernal et le rafraicircchissement estival des bacirctiments de lrsquoeacutecoquartier

21 Sorte de fosseacute herbeux qui remplit un rocircle de zone-tampon pour les eaux de ruissellement

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Figure D14 ndash Maisons sur pilotis agrave Saint-Pierre-des-Corps

copy Atelier Alain Gourdon

Figure D15 ndash Rouen Quartier Luciline ndash Rives de Seine

copy Agence DampA

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Encadreacute 15

22 httpwwwgeolittoraldeveloppement-durablegouvfr

Le recul du trait de cocircte

Le recul du trait de cocircte est un pheacutenomegravene naturel qui concerne environ 20 du littoral franccedilais (hors Guyane) et ce chiffre pourrait ecirctre revu agrave la hausse avec les effets du changement climatique Il est caracteacuteriseacute par une cineacutetique lente et preacutevisible qui sauf exception ne met donc pas en jeu des vies humaines mais qui conduit agrave terme agrave la disparition deacutefi-nitive du terrain En ce sens le recul du trait de cocircte constitue un para-megravetre agrave prendre en compte pour lrsquoameacutenagement des territoires littoraux agrave moyen et long termes

Afin de disposer drsquoun eacutetat des lieux de lrsquoeacutevolution du trait de cocircte sur le littoral franccedilais un indicateur national de lrsquoeacuterosion cocirctiegravere a eacuteteacute produit par le Cerema 22 La cocircte atlantique (notamment la Charente-Maritime et la Gironde) et la cocircte meacutediterraneacuteenne (notamment le Gard et les Bouches-du-Rhocircne) sont particuliegraverement concerneacutees En outre-mer le littoral de la Guyane fait partie des cocirctes les plus instables au monde mais nrsquoa pas eacuteteacute traiteacute dans cette eacutetude (fig D16)

Des eacutetudes scientifiques sont meneacutees pour mieux comprendre lrsquoimpact du changement climatique sur lrsquoeacuterosion du littoral

Plusieurs propositions de loi posent depuis 2016 la question de lrsquoadap-tation des territoires littoraux au recul du trait de cocircte Ces travaux parle-mentaires visent notamment agrave faciliter lrsquoanticipation du pheacutenomegravene sur ces territoires en preacutevoyant des dispositions propres agrave la zone soumise au recul du trait de cocircte Il faut trouver un eacutequilibre entre la liberteacute des col-lectiviteacutes de faire vivre leurs territoires et lrsquoobligation drsquoanticipation ainsi que la transformation du territoire qui en deacutecoule et la neacutecessiteacute drsquoinfor-mation des citoyens suffisamment en amont Cela suppose drsquoune part de pouvoir doter les collectiviteacutes drsquooutils drsquourbanisme adapteacutes le PPR nrsquoeacutetant vraisemblablement pas lrsquooutil le plus adeacutequat pour le recul du trait de cocircte et drsquoautre part de disposer drsquooutils de financement permettant drsquoamorcer les deacutemarches de transformation des territoires

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Figure D16 ndash Eacutevolution du trait de cocircte

Sources Cerema et MTES 2017

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Une deacutemarche prospective participative agrave Lacanau pour lutter contre le recul du trait de cocircte

Confronteacute agrave un pheacutenomegravene drsquoeacuterosion marine qui menace une grande partie de son eacuteconomie touristique Lacanau a initieacute une reacuteflexion sur la relocalisation dans le cadre de lrsquoappel agrave projets national laquo Relocalisation des activiteacutes et des biens littoraux raquo lanceacute en 2012 par le ministegravere de lrsquoEacutecologie du Deacuteveloppement durable et de lrsquoEacutenergie Sous lrsquoaction des vagues et des tempecirctes la dune sur laquelle sont implanteacutees les activiteacutes et les biens est maintenue par un ouvrage de deacutefense Au pied de celui-ci la plage se reacutetreacutecit et srsquoabaisse Au nord et au sud de lrsquoouvrage les dunes naturelles reculent drsquoenviron deux megravetres par an en moyenne et ont reculeacute de 10 agrave 25 megravetres selon les endroits lors des tempecirctes de lrsquohiver 2013-2014

Pour faire face agrave ces deacutefis la mairie de Lacanau et le GIP littoral Aquitain ont choisi drsquoengager une deacutemarche prospective permettant drsquoenvisager plusieurs futurs possibles (strateacutegie de relocalisation ou strateacutegie de lutte active contre lrsquoeacuterosion) pour caracteacuteriser les enjeux drsquoadaptation au pheacutenomegravene drsquoeacuterosion et participa-tive srsquoappuyant sur un comiteacute de concertation local constitueacute drsquoune trentaine de personnes repreacutesentant les reacutesidents les associations environnementales les acteurs eacuteconomiques et institutionnels du territoire

Figure D17 ndash Photographie extraite de lrsquoObservatoire du littoral canaulais (vue aeacuterienne sud-nord) prise dans le cadre de la Strateacutegie locale de gestion de la bande cocirctiegravere 2016-2018 de Lacanau

copy Ville de Lacanau Photographe 1 Moment 1 Image Partenaires Europe (Fonds FEDER) Reacutegion Nouvelle-Aquitaine preacutefecture de Gironde (Fonds FNADT) GIP littoral aquitain

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Cette deacutemarche a permis drsquoidentifier une lacune majeure lrsquoabsence drsquooutil pour geacuterer les biens menaceacutes par lrsquoeacuterosion marine des cocirctes sableuses Lrsquoeacutetude de faisabiliteacute nrsquoa pas permis de trancher entre protection et relocalisation agrave lrsquoeacutechelle locale mais elle a deacuteboucheacute sur la deacutefinition drsquoune strateacutegie locale de gestion du trait de cocircte par la mairie de Lacanau pour la peacuteriode 2016-2018 preacutevoyant une seacuterie drsquoactions laquo sans regret raquo qui fonctionneront quelles que soient les deacuteci-sions futures

Des solutions fondeacutees sur la nature

Cyclones tempecirctes tropicales

Restauration de la mangrove pour lutter contre les impacts des cyclones et des tempecirctes tropicales

Lrsquourbanisation croissante du littoral a fortement deacutegradeacute les mangroves de Guadeloupe Sur la zone industrielle de Jarry 600 hectares ont eacuteteacute remplaceacutes par des infrastructures urbaines depuis 1967 Or les mangroves jouent un rocircle essentiel dans la conservation des littoraux tropicaux en stabilisant le trait de cocircte et en diminuant lrsquoeacutenergie des vagues

Figure D18 ndash Plants de paleacutetuviers rouges agrave la pointe Jarry

Source Replantation de paleacutetuviers agrave la Pointe Jarry (Guadeloupe) ndash action reacutealiseacutee dans le cadre de Cagraveyoli programme de gestion des espaces naturels du Grand port maritime de Guadeloupe

copy 22 feacutevrier 2018 Mariane Aimar Caraiumlbes

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Pour faire face agrave ce deacutefi le Grand port maritime de Guadeloupe (GPMG) srsquoest engageacute en 2016 avec le soutien de la CDC Biodiversiteacute dans un plan de res-tauration des mangroves dans le cadre du programme environnemental Cagraveyoli Depuis Coraiumlbes prestataire en charge du projet a creacuteeacute deux peacutepiniegraveres de paleacute-tuviers et a initieacute apregraves plusieurs mois de culture les premiegraveres transplantations en milieu naturel Quarante plants de paleacutetuviers rouges (Rhizophora mangle) sont deacutesormais installeacutes sur la pointe Sud de Jarry Ainsi le littoral guadeloupeacuteen beacuteneacuteficiera agrave terme drsquoune meilleure protection face aux houles cycloniques et agrave lrsquoeacuterosion marine

Conclusions

Reacuteduire lrsquoimpact des catastrophes naturelles est un objectif qui fait bien sucircr consen-sus Face agrave des eacuteveacutenements extrecircmes qui pourraient compte tenu du change-ment climatique ecirctre plus freacutequents et plus intenses la politique de preacutevention est compleacutementaire de la politique drsquoadaptation Il srsquoagit drsquoune politique de long terme deacutejagrave mise en œuvre concregravetement dans de nombreux territoires mais qui doit se renforcer de maniegravere notamment agrave contribuer agrave la stabiliteacute du reacutegime drsquoin-demnisation Le maintien de la soutenabiliteacute du dispositif CatNat dans le contexte du changement climatique passera par le renforcement des mesures de preacuteven-tion gracircce agrave la mobilisation du FPRNM Drsquoautres leviers comme une prise en charge diffeacuterente des dommages lieacutes au retrait-gonflement des argiles (qui ne fait pas de victimes) apporteraient une eacutevolution favorable agrave lrsquoeacutequilibre du dispositif

Lrsquoeacutevaluation de la politique de preacutevention des risques est complexe ne serait-ce qursquoagrave cause du nombre des acteurs mobiliseacutes des moyens (humains et financiers) mis en œuvre difficiles agrave quantifier ou du fait drsquoindicateurs difficiles agrave deacutefinir ou agrave objectiver (comme ceux deacutefinis dans le cadre drsquoaction de Sendai pour la reacuteduc-tion des risques de catastrophes) Les mesures de preacutevention mises en œuvre ont neacuteanmoins largement porteacute leurs fruits lors les inondations survenues en jan-vier-feacutevrier 2018 (eacutetude meneacutee par la CCR 23) Sur le bassin de la Seine en amont de la confluence avec lrsquoOise les pertes eacuteviteacutees se mesurent en dizaines de mil-lions drsquoeuros et repreacutesentent plus de 30 des dommages assureacutes Les mesures de preacutevention concernent les travaux reacutealiseacutes en amont de Paris sur les grands lacs reacuteservoirs qui servent notamment agrave stocker de lrsquoeau en cas drsquoeacutepisode de crue pour limiter le deacutebit en aval Au-delagrave de lrsquoaction des lacs des effets reacuteels mais non quantifiables des dispositifs de preacutevention et de preacuteparation agrave la crise ont participeacute agrave une reacuteduction des coucircts des inondations

Mieux eacutevaluer et faire connaicirctre le coucirct des dommages provoqueacutes par les aleacuteas naturels constituent des leviers de preacutevention efficaces et qui permettent de limiter le recours au reacutegime drsquoindemnisation national (dispositif CatNat) Lrsquoinformation preacuteventive et la culture du risque sont pour cela des acceacuteleacuterateurs de projets ils sont indispensables pour feacutedeacuterer et mener agrave bien les choix drsquoameacutenagement du

23 httpswwwccrfr-retour-sur-les-inondations-de-janvier-et-fevrier-2018 lien au 2 octobre 2018

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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territoire porteacutes largement par les collectiviteacutes locales autour de constats parta-geacutes Des outils existent qursquoils soient drsquoordre strateacutegique reacuteglementaire ou finan-cier pour engager une transformation des territoires les plus exposeacutes dans le contexte du changement climatique

Conclusion

Conclusion

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PLACARD (PLAtform for Climate Adaptation and Risk reDuction)

un projet de recherche europeacuteen pour renforcer les liens entre lrsquoadaptation au changement climatique et la preacutevention des risques

PLACARD est un projet de recherche lanceacute en juin 2015 et fi nanceacute dans le cadre du programme de recherche europeacuteen Horizon 2020 et coordonneacute par la Fondation de la faculteacute des sciences de lrsquouniversiteacute de Lisbonne Ce projet a eacuteteacute conccedilu pour renforcer les liens entre les communauteacutes de lrsquoadaptation au changement climatique et de la reacuteduction des risques de catastrophe aux niveaux international europeacuteen national et infranational afi n de mettre en coheacuterence et drsquoameacuteliorer la planifi cation de leurs actions PLACARD entend relever ce deacutefi en fournissant un espace commun de dia-logue et de partage drsquoexpeacuteriences sous la forme drsquoun reacuteseau opeacuterationnel reliant les organisations et reacuteseaux existants Ce reacuteseau englobant sou-tiendra le deacuteveloppement et la mise en œuvre drsquoun agenda de recherche et drsquoinnovation pour ameacuteliorer lrsquoutilisation des fi nancements deacutedieacutes agrave la recherche et pour deacutevelopper des orientations agrave destination des institu-tions souhaitant srsquoattaquer aux enjeux de lrsquoadaptation au changement cli-matique et de la preacutevention des risques de catastrophe Les principaux attendus de ce projet sont

la creacuteation drsquoune plate-forme en ligne permettant drsquoorganiser des consulta-tions et de faciliter le dialogue entre diffeacuterents groupes de parties prenantes

Interactions entre les politiques de preacutevention des risques et drsquoadaptation au changement climatique

Source ONERC drsquoapregraves Swiss NGO DDR Plateform

Adaptation au Changement Climatique

Preacutevention Reacuteduction des Risques

RisquesClimat

bull Hausses des tempeacuteratures

bull Modifications des reacutegimes de preacutecipitation

bull Impacts sur les eacutecosystegravemes

bull Fonte des glaciers

Risques geacuteologiques bull Tremblements de terre bull Tsunamis bull Glissements de terrains

Eveacutenements extrecircmes bull Seacutecheresses bull Pluies intenses et

inondations bull Grecircle bull Vagues de

chaleurde froid bull Feux de forecircts bull Tornades bull Cyclones

Gestion des risques climatiques (y compris les eacuteveacutenements extrecircmes)

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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le deacuteveloppement de synergies et une plus grande coopeacuteration entre lrsquoUnion europeacuteenne les Eacutetats membres et les initiatives de lrsquoadaptation au changement climatique et de la preacutevention des risques de catastrophes financeacutees au niveau international

un meilleur essaimage des activiteacutes de recherche et drsquoinnovation dans les domaines de lrsquoadaptation au changement climatique et de la preacuteven-tion des risques de catastrophe

lrsquoameacutelioration de lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformation et agrave la connaissance dans ces domaines

une assimilation accrue des enjeux de prospective sous-jacents une ameacutelioration dans les domaines de la science des politiques

publiques de la communication de lrsquoeacutechange drsquoinformation et de connaissance

Les eacuteveacutenements passeacutes et notamment les plus reacutecents ont deacutemontreacute la vulneacutera-biliteacute de nos populations et territoires La canicule de 2003 reste dans tous les esprits avec une surmortaliteacute de plus de 15 000 personnes mais eacutegalement avec un coucirct assurantiel qui a deacutepasseacute 18 milliard drsquoeuros (actualiseacutes 2017) Les plans canicule mis en place depuis ont tregraves certainement pu reacuteduire les coucircts humains mais le sceacutenario climatique le plus pessimiste (RCP85) montre qursquoune canicule telle que celle de 2003 pourrait ecirctre un pheacutenomegravene relativement banal agrave lrsquohorizon 2100

Si pris de maniegravere indeacutependante aucun eacuteveacutenement extrecircme ne peut ecirctre attribueacute en tant que tel au changement climatique les travaux de recherche eacutetablissent que le changement climatique vient modifier lrsquooccurrence ou lrsquointensiteacute de certains aleacuteas Dans le domaine assurantiel les reacutesultats de modeacutelisation du climat futur reacutealiseacutee par Meacuteteacuteo-France agrave lrsquoaide de son modegravele Arpegravege-Climat croiseacutes avec les modegraveles drsquoaleacutea (inondation seacutecheresse et submersion marine) et de dommages de la CCR permettent drsquoeacutevaluer in fine la hausse attendue des pertes annuelles moyennes agrave lrsquohorizon 2050 agrave 50

Lrsquoaugmentation de freacutequence et drsquointensiteacute des aleacuteas lieacutes au systegraveme climatique principalement les extrecircmes hydromeacuteteacuteorologiques et lrsquoapparition de nouveaux risques dus agrave lrsquoeacutevolution du climat potentiellement nouveaux risques hydromeacute-teacuteorologiques des catastrophes biologiques (par exemple ravageurs ou maladies vectorielles non traiteacutes dans ce rapport) rendent encore plus neacutecessaire lrsquoarti-culation qui lie les politiques de preacutevention et de gestion des risques naturels et drsquoadaptation au changement climatique Dans les deux cas il srsquoagit avant tout drsquoanticiper les pheacutenomegravenes afin drsquoen limiter les conseacutequences et de tirer parti du retour drsquoexpeacuteriences de la gestion de crise pour mieux reconstruire

Les actions preacutevues dans le deuxiegraveme plan national drsquoadaptation au change-ment climatique permettront de minimiser les impacts attendus du changement

Conclusion

157

climatique en renforcement des politiques deacutejagrave en place de preacutevention et de gestion des risques naturels majeurs et des risques sanitaires

Lrsquoameacutelioration continue des connaissances permettra de preacuteciser les impacts futurs du changement climatique Les incertitudes actuelles ne doivent toute-fois pas empecirccher lrsquoaction pour se preacuteparer degraves agrave preacutesent agrave une tempeacuterature moyenne mondiale de 2 degC supeacuterieure agrave celle de lrsquoegravere preacute-industrielle qui corres-pond agrave lrsquoobjectif de long terme de lrsquoAccord de Paris tout en continuant agrave faire le maximum pour ne pas deacutepasser 15 degC

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Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

168

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Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

Creacuteeacute par la loi du 19 feacutevrier 2001 lrsquoONERC mateacuterialise la volonteacute du Parlement et du gouvernement drsquointeacutegrer les effets du changement climatique dans les politiques publiques environnementales en France meacutetropolitaine et drsquooutre-mer LrsquoONERC est rattacheacute au ministegravere de la Transition eacutecologique et soli-daire (MTES) via le Service climat et efficaciteacute eacutenergeacutetique de la Direction geacuteneacuterale de lrsquoeacutenergie et du climat (DGEC)Lrsquoorientation de lrsquoaction de lrsquoONERC est assureacutee depuis 2017 (deacutecret no 2017-211 du 20 feacutevrier 2017) par une commission speacutecialiseacutee deacutedieacutee du Conseil national de la transition eacutecologique preacutesideacutee par M Ronan Dantec seacutena-teur de Loire-Atlantique (arrecircteacute du 14 avril 2017) LrsquoONERC est dirigeacute par M Laurent Michel directeur geacuteneacuteral de lrsquoeacutenergie et du climat Le secreacuteta-riat geacuteneacuteral est assureacute par M Eacuteric Brun assisteacute de cinq chargeacutes de mission dont une adjointe au secreacutetaire geacuteneacuteral et un ingeacutenieur documentaire-web-mestre appuyeacutes sur la quasi-totaliteacute de la peacuteriode par trois chargeacutes de mission dont un entiegraverement deacutedieacute agrave lrsquoaccueil par la France de la 47e reacuteunion pleacute-niegravere du GIEC Au sein du Service climat et efficaciteacute eacutenergeacutetique lrsquoONERC constitue le laquo pocircle Adaptation au changement climatique raquo de la DGEC en charge du pilotage et la mise en œuvre de la politique nationale drsquoadapta-tion Il assure eacutegalement la fonction de point focal de la France au sein du Groupe drsquoexperts intergouvernemental sur lrsquoeacutevolution du climat (GIEC) Cette annexe sans ecirctre exhaustive preacutesente les principales actions de lrsquoONERC entre octobre 2017 et septembre 2018

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

171

Action internationale

Du fait de lrsquoaccueil par la France de la 47e reacuteunion pleacuteniegravere du GIEC qui srsquoest tenue du 13 au 16 mars 2018 au siegravege de lrsquoUnesco agrave Paris la fonction de point focal du GIEC pour la France a occupeacute une large part des activiteacutes internationales de lrsquoobservatoire en 2017 et 2018 En outre lrsquoONERC a poursuivi sa participa-tion reacuteguliegravere aux autres travaux internationaux notamment au niveau de lrsquoUnion europeacuteenne et de la CCNUCC et a deacuteveloppeacute des relations multilateacuterales et bila-teacuterales avec les services en charge des politiques publiques drsquoadaptation dans plusieurs pays

Groupe drsquoexperts intergouvernemental sur lrsquoeacutevolution du climat (GIEC)

En septembre 2017 la France a proposeacute drsquoaccueillir la 47e reacuteunion pleacuteniegravere du GIEC reacutepondant ainsi agrave lrsquoun des objectifs annonceacutes dans le Plan climat du gou-vernement publieacute le 6 juillet 2017

La tenue agrave Paris de cette reacuteunion quelques mois apregraves le One Planet Summit et le lancement de lrsquoinitiative Make Our Planet Great Again teacutemoigne de lrsquoengage-ment constant de la France sur les questions climatiques et marque son appui reacutesolu aux travaux du GIEC

Ceacuteleacutebration des trente ans du GIEC

copy ONERC ndash VB

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

172

Avec comme programme de travail essentiel de renforcer de faccedilon peacuterenne la situa-tion financiegravere du GIEC cette 47e pleacuteniegravere a pleinement reacutealiseacute son principal objec-tif Lors de la journeacutee de ceacuteleacutebration en lrsquohonneur des trente anneacutees drsquoexistence du GIEC le ministre drsquoEacutetat ministre de la Transition eacutecologique et solidaire et le ministre de lrsquoEurope et des Affaires eacutetrangegraveres ont ainsi rappeleacute lrsquoaugmentation significative de la contribution de leurs deux ministegraveres aupregraves du GIEC agrave hauteur de 1 million drsquoeuros par an jusqursquoagrave la publication du sixiegraveme rapport drsquoeacutevaluation en 2022 Cette annonce concreacutetise lrsquoengagement du Preacutesident de la Reacutepublique pris lors de la COP 23 et confirmeacute lors du One Planet Summit

Pour accompagner cet eacuteveacutenement une nouvelle eacutedition du livret laquo Mieux com-prendre le GIEC raquo a eacuteteacute eacutelaboreacutee avec lrsquoappui de la direction de la communication (DICOM) du MTES Cette brochure fait le point sur ce qursquoest le GIEC comment il fonctionne et ce qursquoil produit Un numeacutero speacutecial de la lettre aux eacutelus pour les trente ans du GIEC a eacutegalement eacuteteacute diffuseacute agrave cette occasion Cette eacutetroite colla-boration avec la DICOM a aussi permis de reacutealiser une courte animation videacuteo sur trente ans de travaux du GIEC

Ces supports de communication ont eacuteteacute largement diffuseacutes sur les reacuteseaux sociaux et sur le Web Lrsquoeacuteveacutenement a fait lrsquoobjet drsquoune couverture meacutediatique conseacutequente aussi bien dans la presse geacuteneacuteraliste que speacutecialiseacutee

Le GIEC est engageacute dans son sixiegraveme cycle drsquoeacutevaluation visant agrave produire le sixiegraveme rapport drsquoeacutevaluation (AR6) trois rapports speacuteciaux et une mise agrave jour du rapport meacutethodologique pour les inventaires drsquoeacutemissions de gaz agrave effet de serre

Animation videacuteo sur trente ans de travaux du GIEC

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

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Livret laquo Mieux comprendre le GIEC raquo

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Reacuteunions pleacuteniegraveres et du bureau du GIEC

En coordination avec les ministegraveres en charge de la recherche et des affaires eacutetran-gegraveres lrsquoONERC en tant que point focal du GIEC pour la France assure la repreacute-sentation permanente de la France au sein des organes de gouvernance du GIEC

Sur la peacuteriode couverte par ce rapport lrsquoONERC a ainsi participeacute agrave la 47e reacuteunion pleacuteniegravere qursquoil a organiseacutee agrave Paris ainsi qursquoagrave la 55e reacuteunion du bureau du GIEC en appui de Valeacuterie Masson-Delmotte repreacutesentante franccedilaise au bureau copreacute-sidente du groupe de travail 1

Encadreacute 1

laquo Trente ans du GIEC et sixiegraveme cycle drsquoeacutevaluation raquo

Depuis trente ans le GIEC eacutevalue lrsquoeacutetat des connaissances sur lrsquoeacutevolu-tion du climat ses causes ses impacts Il identifie eacutegalement les possi-biliteacutes de limiter lrsquoampleur du reacutechauffement et la graviteacute de ses impacts et de srsquoadapter aux changements attendus Les rapports du GIEC four-nissent un eacutetat des lieux reacutegulier des connaissances les plus avanceacutees Cette production scientifique est au cœur des neacutegociations internationales sur le climat Elle est aussi fondamentale pour alerter les deacutecideurs et la socieacuteteacute civile

La liaison permanente entre le GIEC et les Eacutetats est assureacutee par un point focal national En France cette fonction est exerceacutee par lrsquoObservatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique (ONERC) depuis 2001

La publication des trois volumes (sciences du climat atteacutenuation adap-tation) du 6e rapport drsquoeacutevaluation est programmeacutee pour lrsquoanneacutee 2021 Le rapport de synthegravese paraicirctra au cours du premier semestre 2022

Trois rapports speacuteciaux seront aussi produits au cours de ce sixiegraveme cycle en octobre 2018 un premier rapport speacutecial sur lrsquoimpact drsquoun reacutechauf-

fement global de 15 degC au-dessus des niveaux preacute-industriels et sur les trajectoires drsquoeacutemission de gaz agrave effet de serre correspondantes

en aoucirct 2019 un deuxiegraveme rapport speacutecial sur les liens entre le chan-gement climatique la deacutesertification la deacutegradation des terres la ges-tion durable des terres la seacutecuriteacute alimentaire et les flux de gaz agrave effet de serre dans les eacutecosystegravemes terrestres

en septembre 2019 un troisiegraveme rapport speacutecial sur les liens entre le changement climatique les oceacuteans et la cryosphegravere

En mai 2019 sera aussi produit un raffinement du rapport meacutethodolo-gique sur les inventaires nationaux drsquoeacutemissions de gaz agrave effet de serre datant de 2006

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

175

Sixiegraveme cycle du GIEC en France

Sur la peacuteriode octobre 2017 ndash septembre 2018 lrsquoappel agrave candidatures pour la nomination par la France des auteurs et des eacutediteurs de revue des volumes 1 2 et 3 du sixiegraveme Rapport drsquoeacutevaluation du GIEC a eacuteteacute preacutepareacute et largement diffuseacute par le point focal franccedilais du GIEC en coordination avec le ministegravere de lrsquoEnsei-gnement supeacuterieur de la Recherche et de lrsquoInnovation (MESRI) et le ministegravere de lrsquoEurope et des Affaires eacutetrangegraveres (MEAE) Cet appel a permis agrave plus de 80 scien-tifiques franccedilais ou travaillant en France de candidater Les nominations soumises par la France ont ensuite fait lrsquoobjet drsquoune seacutelection par le comiteacute scientifique de pilotage mis en place par le bureau du GIEC pour chacun des rapports

Au total trente-neuf scientifiques nomineacutes par la France ont eacuteteacute seacutelectionneacutes pour participer agrave lrsquoeacutelaboration du sixiegraveme rapport drsquoeacutevaluation du GIEC aux trois rap-ports speacuteciaux et au raffinement du guide meacutethodologique pour les inventaires nationaux de gaz agrave effet de serre en tant que coordinateurs auteurs principaux ou eacutediteurs reacuteviseurs

En tant que point focal franccedilais du GIEC lrsquoONERC a organiseacute en coordination avec le MEAE et le MESRI plusieurs revues des rapports speacuteciaux en cours drsquoeacutela-boration par le GIEC deux revues du rapport speacutecial sur lrsquoimpact drsquoun reacutechauffe-ment global de 15 degC au-dessus des niveaux preacute-industriels et sur les trajectoires drsquoeacutemission de gaz agrave effet de serre et une revue du raffinement du rapport meacutetho-dologique sur les inventaires nationaux drsquoeacutemissions de gaz agrave effet de serre

Sur la peacuteriode du sixiegraveme cycle du GIEC le financement de lrsquoUniteacute drsquoappui tech-nique (en anglais Technical Support Unit ndash TSU) du Groupe de travail I du GIEC est assureacute par la France Le suivi du financement et des activiteacutes de cette TSU sont assureacutes par lrsquoONERC et des services du MESRI et du MEAE LrsquoONERC a de plus coordonneacute le versement de la contribution franccedilaise 2018 au budget central de fonctionnement du GIEC

Enfin lrsquoONERC appuie la participation des chercheurs franccedilais aux travaux du GIEC en prenant en charge une partie des frais de missions des centaines drsquoexperts

Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC)

Sous la coordination de la Direction des affaires europeacuteennes et internationales (DAEI) du MTES lrsquoONERC a participeacute au sein de la deacuteleacutegation franccedilaise agrave la 23e session de la Confeacuterence des parties agrave la CCNUCC (COP 23) ayant eu lieu agrave lrsquoautomne 2017 et agrave lrsquointersession de Bonn au printemps 2018 LrsquoONERC a assureacute avec le Deacutepartement de la lutte contre lrsquoeffet de serre (DGECSCEE) une fonction drsquoappui scientifique et technique au sein de lrsquoeacutequipe de neacutegociations climatiques pour les aspects relatifs aux sciences climatiques et aux politiques publiques drsquoadaptation

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

176

Un agent de lrsquoONERC (eacutelu agrave la COP 22) siegravege deacutesormais aux reacuteunions du Comiteacute de lrsquoadaptation mis en place par la CCNUCC afin drsquoexaminer lrsquoensemble des travaux relatifs agrave ce sujet dans le cadre des neacutegociations climatiques mondiales

Dans le cadre de lrsquoappui aux neacutegociations climatiques mondiales lrsquoONERC parti-cipe eacutegalement avec le DLCES au groupe informel drsquoexperts europeacuteens consa-creacute aux sujets scientifiques ayant pour objectif de construire une vision commune sur ces sujets au sein des Eacutetats membres de lrsquoUnion europeacuteenne

Espace europeacuteen

Repreacutesentant la DGEC lrsquoONERC siegravege pour la France au sein du groupe de travail mis en place par la Direction geacuteneacuterale climat de la Commission europeacuteenne pour le suivi de la strateacutegie europeacuteenne drsquoadaptation adopteacutee en 2013 dont le pro-cessus de reacutevision a eacuteteacute engageacute deacutebut 2017 Dans ce cadre lrsquoONERC met agrave jour annuellement les informations concernant la politique et les actions drsquoadaptation en France diffuseacutees par la plate-forme drsquoeacutechange Climate-ADAPT 1 en coordination avec lrsquoAgence europeacuteenne de lrsquoenvironnement (AEE)

LrsquoONERC a par ailleurs organiseacute la 26e reacuteunion du groupe drsquoinformation sur lrsquoadap-tation au changement climatique du reacuteseau drsquoagences europeacuteennes de protection de lrsquoenvironnement (meeting of the Information Group on Climate Change Adaptation of the Network of European Environmental Protection Agencies IG CCA EPA)

Cette reacuteunion qui srsquoest deacuterouleacutee les 5 et 6 avril agrave La Deacutefense a reacuteuni une ving-taine drsquoexperts de chefs ou de directeurs de ces organismes Ces deux journeacutees ont permis de nombreux eacutechanges drsquoexpeacuteriences sur des questions drsquointeacuterecirct commun aux organisations impliqueacutees dans la mise en œuvre pratique de la politique environnementale de lrsquoadaptation Une intervention de Santeacute publique France a eacuteclaireacute les participants sur la politique franccedilaise de gestion des cani-cules et vagues de chaleur

Sous la coordination du CGDDSOeS du MTES lrsquoONERC fait partie du groupe de travail feacutedeacutereacute dans le reacuteseau Eionet rassemblant les correspondants de lrsquoAEE inteacute-resseacutes par les probleacutematiques drsquoobservation des effets du changement clima-tique et de lrsquoadaptation Agrave ce titre lrsquoONERC a contribueacute au rapport technique sur le suivi le rapportage et lrsquoeacutevaluation des politiques nationales drsquoadaptation en Europe notamment au travers drsquoun encadreacute sur la politique franccedilaise drsquoadaptation

LrsquoObservatoire pyreacuteneacuteen du changement climatique a inviteacute lrsquoONERC agrave faire partie de son comiteacute de pilotage La premiegravere reacuteunion a eu lieu agrave Biarritz le 9 novembre en marge du deuxiegraveme colloque international sur le changement climatique dans des zones de montagne PYRADAPT 2017

1 httpclimate-adapteeaeuropaeu

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

177

Dans le cadre de travaux drsquoeacutevaluation de la strateacutegie de lrsquoUnion europeacuteenne rela-tive agrave lrsquoadaptation au changement climatique lrsquoONERC a eacuteteacute solliciteacute agrave de nom-breuses reprises LrsquoONERC a ainsi rempli et fait circuler la Fiche pays pour la France fiche deacutecrivant la politique drsquoadaptation au changement climatique LrsquoONERC a eacutegalement initieacute la reacuteponse au questionnaire de consultation publique relative agrave lrsquoeacutevaluation de la strateacutegie de lrsquoUnion europeacuteenne relative agrave lrsquoadaptation au chan-gement climatique publieacute du 8 deacutecembre 2017 au 1er mars 2018

Initiatives multilateacuterales et bilateacuterales

Dans le cadre du cluster francophone du Partenariat sur la transparence de lrsquoac-cord de Paris (PATPA) lrsquoONERC est intervenu pour preacutesenter la deacutemarche fran-ccedilaise et a co-animeacute deux ateliers theacutematiques sur lrsquoadaptation au changement climatique agrave Douala (Cameroun) en mai 2018 Vingt et un pays africains franco-phones eacutetaient repreacutesenteacutes

Dans le prolongement de la contribution de lrsquoONERC agrave la septiegraveme communica-tion nationale de la France agrave la CCNUCC lrsquoobservatoire a preacutesenteacute lrsquoaction de la France en matiegravere drsquoadaptation et de recherche aux experts de la CCNUCC venus auditer les acteurs franccedilais en avril 2018

LrsquoONERC a eacuteteacute nommeacute au Conseil pour le climat de la Convention alpine creacuteeacute en septembre 2016 afin de regrouper les initiatives et les contributions sur le chan-gement climatique existant dans les Alpes et drsquoavancer des propositions pour lrsquoeacutetablissement drsquoun systegraveme concret drsquoobjectifs de la Convention alpine dans la perspective drsquoun laquo espace alpin climatiquement neutre raquo en accord avec les objec-tifs europeacuteens et internationaux

Dans une logique de collaboration transfrontaliegravere lrsquoONERC a eu lrsquooccasion de participer agrave plusieurs eacutechanges bilateacuteraux formels et informels avec ses homolo-gues de la plupart des pays voisins de la France meacutetropolitaine (groupe Science IG CCA Convention Alpine etc) ainsi que quelques pays plus eacuteloigneacutes afin de parta-ger les ideacutees et les pratiques en matiegravere drsquoadaptation au changement climatique

Politique drsquoadaptation au changement climatique

30 novembre 2017 adoption du projet drsquoavis sur le PNACC-2 par la Commission speacutecialiseacutee du CNTE chargeacutee de lrsquoorientation de lrsquoONERC

21 deacutecembre 2017 avis tregraves favorable au PNACC-2 adopteacute agrave la quasi-unani-miteacute par le CNTE

1er semestre 2018 finalisation du PNACC-2

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Information formation et communication

LrsquoONERC assure ses missions drsquoinformation et de communication en eacutetroite col-laboration avec la Direction de la communication (DiCom) du MTES Ces actions visent tous les publics par lrsquointermeacutediaire de diffeacuterents supports dont certains sont preacutesenteacutes ci-apregraves LrsquoONERC apporte son soutien en matiegravere de reacutealisation de supports drsquoinformation sur lrsquoadaptation au changement climatique pour diffeacute-rents organismes (services deacuteconcentreacutes du MTES administrations centrales y compris hors MTES communication interne au MTES eacutetablissements publics organisations non-gouvernementales presse associations)

Site Web

La diffusion sur le site Web du ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire des informations preacutesenteacutees par lrsquoONERC permet agrave tous les publics drsquoappreacutehender les enjeux lieacutes au changement climatique au travers des pages sur les impacts la connaissance la deacutemarche drsquoadaptation les publications et des bases de donneacutees

Ainsi aux informations concernant lrsquoObservatoire srsquoajoutent les pages deacutedieacutees aux indicateurs du changement climatique De plus la deacutemarche drsquoadaptation au changement climatique engageacutee aux niveaux national europeacuteen et internatio-nal est preacutesenteacutee selon ces trois axes Enfin lrsquoinformation sur le GIEC permet de mieux comprendre son fonctionnement et de consulter et de suivre ses travaux

Le contenu des pages est reacuteguliegraverement mis agrave jour ainsi que leur preacutesentation afin de srsquoadapter aux nouveaux standards de communication et de faciliter lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformation

Site Web du ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire (httpwwwecologique-solidairegouvfronerc)

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

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Rapports annuels

Le Rapport annuel Vers un 2e plan drsquoadaptation au changement climatique pour la France ndash Enjeux et recommandations a eacuteteacute publieacute au mois de novembre 2017 et diffuseacute directement agrave plus de 1 500 destinataires Ce rapport rassemble les recom-mandations issues de la concertation nationale pour un deuxiegraveme Plan national drsquoadaptation au changement climatique (PNACC) Celle-ci srsquoest largement appuyeacutee sur les eacutevaluations du premier PNACC 2011-2015 permettant drsquoavoir un retour drsquoexpeacuteriences drsquoun cycle complet de politique publique Ces recommandations ont alimenteacute le deuxiegraveme PNACC objet de lrsquoaxe 19 du Plan climat de la France La deacutemarche drsquoadaptation au changement climatique ainsi renforceacutee apportera une contribution significative aux politiques climatiques visant une socieacuteteacute bas-carbone reacutesiliente au changement climatique et plus largement agrave la transition eacuteco-logique et solidaire de la France

Rapport Vers un 2e plan drsquoadaptation au changement climatique pour la France ndash Enjeux et recommandations publieacute agrave La Documentation franccedilaise

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Lettre drsquoinformation aux eacutelus

Dans la peacuteriode couverte par le preacutesent rapport lrsquoONERC a poursuivi ses activi-teacutes de communication en parallegravele des travaux pour lrsquoeacutelaboration drsquoun nouveau plan national drsquoadaptation au changement climatique

Ainsi un numeacutero speacutecial de la lettre de lrsquoONERC aux eacutelus diffuseacute agrave plus de 3 000 exemplaires quelques semaines avant la ceacutereacutemonie drsquoanniversaire des trente ans du GIEC a permis de rappeler toute lrsquoimportance de ses travaux et de son expertise qui contribuent pleinement aux actions drsquoatteacutenuation et drsquoadaptation des territoires Deux autres numeacuteros ont eacuteteacute preacutepareacutes pour accompagner la sortie du preacutesent rapport et du 2e plan national drsquoadaptation au changement climatique

Lettre de lrsquoONERC aux eacutelus laquo Le climat change agissons raquo no 29 ndash numeacutero speacutecial GIEC feacutevrier 2018

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

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Seacutelection drsquoinformations theacutematiques (lettre de veille technique)

La lettre de veille technique contient une seacutelection drsquoune vingtaine de liens Web classeacutes selon les cateacutegories laquo actualiteacute raquo laquo publications raquo et laquo manifestations raquo ainsi que quelques informations relatives agrave lrsquoobservatoire Ces informations cibleacutees sont diffuseacutees tous les deux mois agrave 875 abonneacutes volontaires (contre une cin-quantaine seulement jusqursquoen 2012)

Centre de ressource sur lrsquoadaptation au changement climatique (CRACC)

Parmi les principales recommandations preacutesentes dans lrsquoeacutevaluation du premier PNACC par le CGEDD en 2015 figurait celle laquo de confier agrave un consortium constitueacute de lrsquoAdeme et du Cerema la mission drsquoorganiser avec lrsquoappui drsquoautres institutions speacutecialiseacutees un centre de ressources sur lrsquoadaptation au changement climatique [hellip] chargeacute drsquoapporter un appui technique pour lrsquoeacutelaboration des scheacutemas et plans drsquoadaptation territoriaux et pour lrsquointeacutegration des enjeux drsquoadaptation dans les plans et politiques sectoriels raquo

Le deacuteveloppement de ce centre de ressources sur lrsquoadaptation au changement cli-matique a eacuteteacute confieacute au Cerema en partenariat avec lrsquoAdeme ainsi que drsquoautres organismes ayant largement œuvreacute au cours du preacuteceacutedent plan

Interventions actions de formation et seacuteminaire

Dans la peacuteriode couverte par le preacutesent rapport lrsquoONERC est intervenu agrave de nom-breuses reprises agrave lrsquooccasion de confeacuterences nationales ou internationales Ci-apregraves quelques exemples drsquointerventions

Le secreacutetaire geacuteneacuteral de lrsquoONERC a ainsi preacutesenteacute lors de la session drsquoouverture de la confeacuterence internationale Climate Change and Water 2018 (deacutebut feacutevrier 2018 au Centre international de congregraves de Tours) la deacuteclinaison du changement cli-matique aux probleacutematiques locales de lrsquoeau dans le Plan national drsquoadaptation au changement climatique

LrsquoONERC a eacutegalement participeacute agrave un atelier du reacuteseau Teddif (territoires environne-ment et deacuteveloppement durable en Icircle-de-France) deacutedieacute aux enjeux et aux possibili-teacutes drsquoaction pour les territoires en matiegravere drsquoadaptation au changement climatique qui srsquoest tenu mi-mars 2018 agrave Paris et qui a reacuteuni une centaine de participants

LrsquoONERC est intervenu en clocircture de la journeacutee de restitution des travaux du projet AdaMont qui srsquoest tenu agrave Paris fin mars Le projet AdaMont vise agrave deacutevelop-per une action de recherche partenariale et inteacutegreacutee sur lrsquoadaptation au change-ment climatique sur un territoire de moyenne montagne en associant production de connaissances et deacutemarche opeacuterationnelle en lien avec le changement clima-tique et les pratiques agrave faire eacutevoluer

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Agrave lrsquooccasion des dix ans du club ViTeCC lrsquoONERC a preacutesenteacute le projet de deu-xiegraveme plan national drsquoadaptation au changement climatique Ce club qui fecircte ses dix ans preacutesente les reacutesultats de projets de recherche aux deacutecideurs territoriaux institutions et entreprises membres

LrsquoONERC a participeacute agrave une reacuteunion du reacuteseau PCAET de Bretagne deacutedieacutee agrave lrsquoadap-tation au changement climatique et co-organiseacutee par la Dreal lrsquoAdeme Bretagne et le conseil reacutegional de Bretagne

LrsquoONERC a eacutegalement participeacute au lancement du programme deacutedieacute agrave lrsquoadaptation au changement climatique du Comiteacute 21 premier reacuteseau multi-acteurs du deacuteve-loppement durable et de la RSE qui souhaite accompagner ses adheacuterents pour deacutecrypter les enjeux en cours anticiper ceux agrave venir et mettre en place les muta-tions agrave opeacuterer

Actions de formation

En eacutetroite collaboration avec le bureau en charge de la formation agrave la DGEC lrsquoONERC a participeacute agrave la mise en place drsquoune formation ouverte et agrave distance pour les agents MTES afin de sensibiliser les nouveaux arrivants agrave la probleacutematique de lrsquoadaptation au changement climatique Cette formation a vocation agrave ecirctre ouverte aux eacutelus et agents des collectiviteacutes territoriales

Expositions peacutedagogiques itineacuterantes

Les deux expositions itineacuterantes 2 lrsquoune (exposition scientifique) visant un public averti agrave des fins drsquoexplication des pheacutenomegravenes et lrsquoautre visant un public le plus large possible agrave des fins de sensibilisation ont eacuteteacute preacutesenteacutees pendant une dureacutee de 326 jours au sein drsquoeacutetablissements scolaires drsquoentreprises drsquoassociation et de collectiviteacutes territoriales

Au cours du deuxiegraveme trimestre 2018 une plaquette de preacutesentation des deux expositions a eacuteteacute reacutealiseacutee et diffuseacutee plus particuliegraverement aux bibliothegraveques des eacutetablissements drsquoenseignement supeacuterieur ainsi qursquoagrave une seacutelection de contacts au sein de collectiviteacutes territoriales

2 httpswwwecologique-solidairegouvfrobservatoire-national-sur-effets-du-rechauffement-climatique-onerce6

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

183

Journal de lrsquoexposition itineacuterante laquo Le climat change raquo

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

184

Les indicateurs du changement climatique

Les vingt-huit indicateurs deacutecrivant lrsquoeacutetat du climat et ses impacts preacutesents sur le site de lrsquoONERC sont reacuteguliegraverement mis agrave jour Cela a permis de disposer fin 2018 de 86 drsquoindicateurs inteacutegrant des donneacutees de moins de cinq ans

Gracircce aux contributeurs et partenaires de lrsquoONERC certaines modifications sont intervenues dans la constitution des indicateurs du changement climatique Mi-2018 deux synthegraveses drsquoindicateurs locaux et reacutegionaux laquo Le bilan de masse drsquoune seacutelec-tion de glaciers tempeacutereacutes franccedilais raquo et laquo la date des vendanges pour un panel de vignobles franccedilais raquo produites en collaboration avec le Service de la donneacutee et des eacutetudes statistiques (SDES) du ministegravere et qui sont eacutegalement publieacutees sur le site de lrsquoObservatoire national de la biodiversiteacute (ONB) ont ainsi rejoint la seacuterie diffuseacutee par lrsquoONERC laquo Lrsquoeacutevolution de la date de migration de certains oiseaux raquo est eacutegalement un nouvel indicateur produit par la Ligue de protection des oiseaux (LPO) en remplacement de lrsquoindicateur sur les migrations des oies Agrave la mecircme peacuteriode laquo les quantiteacutes de pollens de bouleau libeacutereacutes raquo ont eacuteteacute mises agrave jour par le Reacuteseau national de surveillance aeacuterobiologique (RNSA)

La deacutemarche de lrsquoONERC qui consiste en une mise agrave disposition du public sur le site Web du ministegravere des indicateurs du changement climatique et de ses impacts reste innovante au niveau international car peu de pays se sont inves-tis dans ce type de publication avec une actualisation suivie

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

185

Preacutesentation de lrsquoindicateur date des vendanges pour un panel de vignobles franccedilais sur le site du ministegravere

ANNEXES

Annexes

189

Annexe 1GLOSSAIRE SIGLES ET ACRONYMES

Accumulation morainique Amas de deacutebris rocheux entraicircneacutes ou deacuteposeacutes par un glacier

Barrage morainique Barrage creacuteeacute par une accumulation morainique

Deacutebris geacutelifracteacutes Deacutebris provoqueacutes par lrsquoeacuteclatement des roches soumis aux cycles de gel et deacutegel

Deacutepression Reacutegion de lrsquoatmosphegravere caracteacuteriseacutee par une pression atmospheacute-rique plus basse que celle des reacutegions adjacentes situeacutees agrave la mecircme altitude Les deacutepressions sont geacuteneacuteralement accompagneacutees de mau-vais temps vents forts et preacutecipitations

Eacutecoulement turbulent Eacutecoulement dans lequel la vitesse preacutesente en tout point un caractegravere tourbillonnaire

Eacutechelle synoptique Comprend les pheacutenomegravenes atmospheacuteriques dont lrsquoordre de grandeur est de quelques milliers de kilomegravetres pour les dimensions horizontales de quelques kilomegravetres pour la dimension verticale et de quelques jours pour la dureacutee

Eacutetiage Niveau annuel le plus bas atteint par un cours drsquoeau en un point donneacute

Fluage Deacuteformation lente drsquoun mateacuteriau qui se produit sous lrsquoeffet drsquoune contrainte constante agrave tempeacuterature constante

Forccedilage anthropique Variation du flux de rayonnement reacutesultant (diffeacuterence entre lrsquoeacuteclairement descendant et lrsquoeacuteclairement ascendant exprimeacutee en W mndash 2) provenant de lrsquoaction de lrsquohomme

GIEC Groupe drsquoexperts intergouvernemental sur lrsquoeacutevolution du climat

Indice de refroidissement eacuteolien Tempeacuterature ressentie calculeacutee en tenant compte de la tempeacuterature de lrsquoair et de la vitesse du vent agrave tempeacute-rature donneacutee la sensation de froid eacutetant plus vive en preacutesence de vent que par temps calme

Lithologie Nature des roches formant un objet ensemble ou couche geacuteologique

Nappes seacutedimentaires Aquifegraveres formeacutes dans des formations seacutedimentaires telles que les grands bassins

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

190

Niveau pieacutezomeacutetrique Niveau de lrsquoeau souterraine mesureacutee par forage en un point et agrave un instant donneacute

Peacuteriode de retour Temps statistique entre deux occurrences drsquoun eacuteveacutenement naturel drsquoune intensiteacute donneacutee Une crue dont la peacuteriode de retour est de dix ans a chaque anneacutee une chance sur dix de se produire

Plan Blanc Dispositif de crise qui permet agrave un eacutetablissement de santeacute de mobi-liser immeacutediatement les moyens de toute nature dont il dispose en cas drsquoafflux de patients ou pour faire face agrave une situation sanitaire exceptionnelle Il peut ecirctre deacuteclencheacute par le directeur ou le respon-sable de lrsquoeacutetablissement qui en informe sans deacutelai le repreacutesentant de lrsquoEacutetat dans le deacutepartement ou agrave la demande de ce dernier

Plan Bleu Plan drsquoorganisation permettant la mise en œuvre rapide et coheacuterente des moyens indispensables permettant de faire face efficacement agrave une crise quelle qursquoen soit sa nature eacutelaboreacute sous la responsabi-liteacute du directeur drsquoun eacutetablissement meacutedicosocial

PLC Pathologies en lien avec la chaleur (coup de chaleur deacuteshydratationhellip)

PPI Plan particulier drsquointervention preacutepareacute par le repreacutesentant de lrsquoEacutetat dans le deacutepartement apregraves avis des maires et de lrsquoexploitant concerneacutes deacutefinissant les mesures agrave prendre aux abords des installations ou ouvrages dont les caracteacuteristiques sont fixeacutees par deacutecret en Conseil drsquoEacutetat Ils deacutefinissent lrsquoorganisation des secours en cas drsquoaccidents susceptibles drsquoaffecter les populations etou lrsquoenvironnement dans une installation classeacutee (installation nucleacuteaire usine chimique stoc-kage souterrain de gazhellip)

PPMS Plan particulier de mise en sucircreteacute des eacutetablissements scolaires face agrave un risque majeur qursquoil soit drsquoorigine naturelle (tempecircte inondation submersion marine seacuteisme mouvement de terrainhellip) technologique (nuage toxique explosion radioactiviteacutehellip) ou agrave des situations drsquour-gence particuliegraveres (intrusion de personnes eacutetrangegraveres attentatshellip) susceptibles de causer de graves dommages aux personnes et aux biens qui doit permettre la mise en œuvre des mesures de sauve-garde des eacutelegraveves et des personnels en attendant lrsquoarriveacutee des secours ou le retour agrave une situation normale

Probabiliteacutes Les termes suivants ont eacuteteacute utiliseacutes pour indiquer la probabiliteacute eacutevalueacutee drsquoun reacutesultat quasiment certain probabiliteacute de 99-100 tregraves probable 90-100 probable 66-100 agrave peu pregraves aussi pro-bable qursquoimprobable 33-66 improbable 0-33 tregraves improbable 0-10 exceptionnellement improbable 0-1 Pour plus drsquoinforma-tion se rapporter au rapport du GIEC notamment le Rapport de syn-thegravese du cinquiegraveme cycle drsquoeacutevaluation

Proxy mesure indirecte et approximative en cas drsquoindisponibiliteacute de mesure directe

Annexes

191

Reacuteassurance Opeacuteration par laquelle un assureur fait garantir par un autre assu-reur (reacuteassureur) tout ou partie des risques qursquoil a lui-mecircme couverts

Reacutesilience Capaciteacute de reacutesistance drsquoun systegraveme socio-eacutecologique face agrave une perturbation ou un eacuteveacutenement dangereux permettant agrave celui-ci drsquoy reacutepondre ou de se reacuteorganiser de faccedilon agrave conserver sa fonction essentielle son identiteacute et sa structure tout en gardant ses facul-teacutes drsquoadaptation drsquoapprentissage et de transformation

Sinistraliteacute Quantiteacute de sinistres qursquoune compagnie drsquoassurances devra rembour-ser compareacutee aux primes encaisseacutees

Tassement diffeacuterentiel Mouvement non uniforme drsquoenfoncement du sol sous lrsquoac-tion drsquoune charge Il peut de ce fait provoquer des dislocations des maccedilonneries comme lrsquoapparition de fissures

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

192

Annexe 2INDICATEUR RISQUE CLIMATIQUE

Plaquette DICOM Indicateur exposition des populations

INDICATEURS du changement climatique

Cet indicateur rend compte de lrsquoexposition des popula-

tions aux risques climatiques en France meacutetropolitaine

et en outre-mer Il envisage deacutesormais 5 niveaux

drsquoexposition tregraves fort fort moyen faible tregraves faible

La vulneacuterabiliteacute des territoires exposeacutes est

susceptible de srsquoaccroicirctre avec le changement climatique dans la mesure

ougrave lrsquoon srsquoattend agrave ce que certains eacuteveacutenements et extrecircmes meacuteteacuteorolo-

giques deviennent plus freacutequents plus reacutepandus ou plus intenses

LA PAROLE Agrave Veacuteronique ANTONI

chargeacutee de mission sols et risques naturels

Le risque climatique reacutesulte de la combinaison drsquoun eacuteveacutenement naturel lieacute au climat (inonda-tion tempecircte feu de forecirct) et de la vulneacuterabiliteacute des enjeux en preacutesence (population industrie patrimoinehellip) En 2016 18 des communes sont consideacutereacutees agrave risque fort ou tregraves fort 11 agrave risque moyen et 52 agrave risque

faible ou tregraves faible Pour un cin-quiegraveme des communes aucun

Lrsquoanalyse des eacuteveacutenements natu-rels importants permet en outre drsquoapprocher lrsquoeacutevolution reacuteelle des risques climatiques durant ces trois derniegraveres deacutecennies En effet depuis 1982 lrsquoeacutetat de catastrophe naturelle des com-

munes toucheacutees est constateacute par arrecircteacute interministeacuteriel Le nombre global des arrecircteacutes pour les eacuteveacute-nements climatiques varie for-tement chaque anneacutee mais

se deacutegage raquo

wwwstatistiquesdeveloppement-durablegouvfr

Exposition des populations aux risques climatiquesC

hangement clim

atiq

ue

et santeacute

Annexes

193

Exposition des populations aux risques climatiques

0 50 100 km

N

BONNE

PRATIQ

UE

Retrouvez lensemble des informations sur les indicateurs wwwonercgouvfr

MINISTEgraveREDE LA TRANSITION

EacuteCOLOGIQUEET SOLIDAIRE

ONERCObservatoire national

sur les effets du reacutechauffement climatique

85 circuits de guet sont activeacutes en moyenne chaque

anneacutee en peacuteriode de risques tregraves seacutevegraveres Durant la saison des feux de forecirct les risques font lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation quotidienne permettant de

lisation et de positionnement des moyens Le guet aeacuterien armeacute reacutepond agrave deux objectifs deacutetection preacutecoce des incendies naissants (le pilote alerte tout de suite sa base) et premiegravere intervention (le pilote effectue un premier largage permettant

sinon drsquoeacuteteindre le feu naissant du moins de ralentir sa pro-gression) Le guet aeacuterien armeacute est assureacute soit par deux avions Tracker (capaciteacute drsquoembarque-ment de 33 tonnes chacun) soit par un Canadair (6 tonnes) soit par un Dash (10 tonnes) Sur les 800 incendies recenseacutes en moyenne chaque eacuteteacute dans le Sud de la France 200 sont atta-queacutes par des moyens aeacuteriens Au cours des 10 derniers eacuteteacutes en moyenne 1 100 heures de vol ont eacuteteacute consacreacutees agrave ces mis-sions de surveillance

FEUX DE FOREcircT

Guet aeacuterien armeacute

INDICATEURS du changement climatique

Cette carte illustre le niveau drsquoexposition de la population aux risques naturels qui est susceptible drsquoaugmenter avec le changement climatique Lrsquoexposition est drsquoautant plus eacuteleveacutee que la densiteacute de population et le nombre de ces risques naturels

de lrsquoeacutetat de catastrophe naturelle parues agrave ce jour Lrsquoampleur des risques encourus deacutepend plus que jamais des choix reacutealiseacutes en matiegravere de deacuteveloppement et drsquoameacutenagement du territoire

DIC

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62 de la population est

exposeacutee de maniegravere

forte ou tregraves forte aux

risques climatiques

LE C

HIF

FRE

Source MTES Gaspar 2017 - Insee RP 2014 (2017 pour Mayotte) copyIGN BD Cartoreg 2010 Traitements SDES 2018

Guadeloupe Martinique Guyane La reacuteunion Mayotte

20 km 20 km 20 km 10 km100 km

Indice dexposition

Tregraves fort

Fort

Moyen

Faible

Tregraves faible

Aucun risque deacuteclareacute

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

194

Annexe 3DE NOUVEAUX INDICATEURS DE CHANGEMENT

DES EXTREcircMES MEacuteTEacuteOROLOGIQUES EN FRANCE

Un des volets importants du projet Extremoscope (GICC et MTESDRISR) a concerneacute le deacuteveloppement de nouveaux indicateurs permettant de caracteacuteriser les eacuteveacutenements extrecircmes Ces indicateurs permettent ensuite de construire des seacuteries chronologiques des eacuteveacutenements et ainsi drsquoeacutetudier comment leur freacutequence ou leurs caracteacuteristiques ont eacutevolueacute au cours des derniegraveres deacutecennies Ils per-mettent aussi de se projeter dans le futur dans la mesure ougrave les modegraveles clima-tiques sont capables de les reproduire de faccedilon reacutealiste

Vagues de chaleur

Un premier indicateur original qui a eacuteteacute deacuteveloppeacute concerne la caracteacuterisation des vagues de chaleur qui au contraire des indices utiliseacutes jusqursquoici pour le suivi climatique agrave Meacuteteacuteo-France peut ecirctre appliqueacute agrave lrsquoeacutechelle de reacutegions franccedilaises et est transposable agrave nrsquoimporte quelle condition climatique Gracircce agrave ce nouvel indicateur il est possible drsquoillustrer agrave lrsquoeacutechelle de chaque deacutepartement franccedilais le nombre drsquoeacuteveacutenements qui se sont produits dans la peacuteriode 1959-2015 et leur intensiteacute maximale au moyen des donneacutees de la reacuteanalyse drsquoobservations SAFRAN de Meacuteteacuteo-France (fig 1) Les reacutesultats de simulations climatiques du

Figure 1 ndash Climatologie des caracteacuteristiques des vagues de chaleur en France sur la peacuteriode 1959-2015

Fondeacutee sur lrsquoindicateur thermique deacutepartemental SAFRAN

Nombre cumuleacute drsquoeacuteveacutenements (agrave gauche) intensiteacute maximale moyenne (agrave droite)

Source Soubeyroux et al 2016

Annexes

195

projet europeacuteen Euro-CORDEX ont par ailleurs permis de se projeter dans le futur et de confirmer que la canicule de lrsquoeacuteteacute 2003 pourrait selon certains sceacutenarios devenir un eacuteveacutenement courant largement deacutepasseacute en intensiteacute et dureacutee par les vagues de chaleur les plus intenses de la fin de ce siegravecle (Ouzeau et al 2016 Soubeyroux et al 2016)

Eacutevolution des pluies extrecircmes dans le sud-est meacutediterraneacuteen de la France

Intensiteacute

Deux seacuteries sont repreacutesenteacutees sur le graphique

Seacuterie 1 laquo histogramme en ocre et vert raquo Rapport entre lrsquointensiteacute du maximum annuel du cumul quotidien de preacutecipitations et la valeur de reacutefeacute-rence (moyenne 1961-1990)Les valeurs infeacuterieures agrave la valeur moyenne eacutetablie sur la peacuteriode 1961-1990 sont repreacutesenteacutees en ocre celles supeacuterieures en vert

Seacuterie 2 laquo courbe en trait plein bistre raquo Moyenne glissante sur 11 ans du paramegravetre repreacutesenteacute sous forme drsquohistogramme Par construction de la moyenne glissante qui est centreacutee sur lrsquoanneacutee concerneacutee il nrsquoy a pas de valeur pour les cinq premiegraveres anneacutees de la seacuterie ni pour les cinq derniegraveres

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

196

Freacutequence

Deacutefinitions

Cumul quotidien de preacutecipitations quantiteacute drsquoeau recueillie entre J 06h UTC et J + 1 agrave 06h UTC

Donneacutees et meacutethodes

Les meacutethodes de construction des indicateurs de pluies extrecircmes sont baseacutees sur les travaux de lrsquoarticle publieacute par Ribes et al en 2018 (2018) Les donneacutees prises en compte pour le calcul de cet indicateur sont issues drsquoune seacutelection de seacuteries quotidiennes du reacuteseau drsquoobservation meacuteteacuteorologique de Meacuteteacuteo-France sur le pourtour meacutediterraneacuteen (deacutepartements des reacutegions Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes Cocircte drsquoAzur agrave lrsquoexception de la Corse ainsi que les deacutepartements du Tarn de lrsquoAveyron de lrsquoArdegraveche et de la Drocircme)

Deux seacuteries de donneacutees sont repreacutesenteacutees sur le graphique

Seacuterie 1 laquo histogramme en vert fonceacute raquo

Nombre annuel de jours avec un cumul de preacutecipitations supeacuterieur agrave 200 mm en reacutegion meacutediterraneacuteenne sur le reacuteseau de stations seacutelectionneacutees

Seacuterie 2 laquo histogramme en vert clair raquo

Nombre annuel de jours avec un cumul de preacutecipitations supeacuterieur agrave 150 mm en reacutegion meacutediterraneacuteenne sur le reacuteseau de stations seacutelectionneacutees

Annexes

197

Seacuteries quotidiennes de reacutefeacuterence

Lrsquohomogeacuteneacuteisation est un traitement statistique qui consiste agrave deacutetecter et corri-ger les biais dans les seacuteries de mesures afin de produire des seacuteries de reacutefeacuterence adapteacutees agrave lrsquoanalyse des eacutevolutions climatiques Ce traitement srsquoapplique agrave des seacuteries de moyennes mensuelles Or lrsquoanalyse des extrecircmes meacuteteacuteorologiques se base sur des donneacutees quotidiennes On utilise alors les seacuteries quotidiennes de reacutefeacuterence Ces derniegraveres ne sont pas corrigeacutees mais ont eacuteteacute seacutelectionneacutees en raison de leur qualiteacute en utilisant notamment les reacutesultats de lrsquohomogeacuteneacuteisation

Intensiteacute

Lrsquoindicateur intensiteacute correspond agrave lrsquointensiteacute du maximum annuel du cumul quo-tidien de preacutecipitations Il est calculeacute agrave partir drsquoune soixantaine de seacuteries seacutelec-tionneacutees parmi les seacuteries quotidiennes de reacutefeacuterence disponibles sur le pourtour meacutediterraneacuteen

Les critegraveres de seacutelection concernent une contrainte de couverture temporelle (nombre limiteacute de donneacutees manquantes) une contrainte sur la moyenne du maximum annuel calculeacutee sur la peacuteriode de

reacutefeacuterence 1961-1990 qui doit ecirctre au moins eacutegale agrave 60 mmjour

Chaque seacuterie retenue est normaliseacutee par sa moyenne sur la peacuteriode 1961-1990 Les seacuteries normaliseacutees sont ensuite regroupeacutees par classe de proximiteacute eacutevalueacutee agrave partir drsquoune meacutethode deacutecrite dans Ribes et al 2018 Les moyennes des seacuteries normaliseacutees sont calculeacutees pour chacune des classes et chaque anneacutee puis les moyennes de chaque classe sont elles-mecircmes moyenneacutees pour former la seacuterie temporelle de lrsquoindicateur

Freacutequence

Lrsquoindicateur freacutequence correspond au nombre de journeacutees de pluie intense meacutedi-terraneacuteenne On comptabilise une journeacutee de pluie intense degraves que le cumul quo-tidien de preacutecipitation deacutepasse un seuil donneacute (150 ou 200 mm) pour au moins une seacuterie parmi toutes les seacuteries quotidiennes de reacutefeacuterence disponibles sur le pourtour meacutediterraneacuteen (de lrsquoordre de 90 seacuteries)

Reacutefeacuterences

Le site des pluies extrecircmes de Meacuteteacuteo-France httppluiesextremesmeteofr

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

198

Annexe 4CONTRIBUTEURS ET REMERCIEMENTS

Cet ouvrage a eacuteteacute reacutealiseacute sous la direction de Laurent Michel directeur de lrsquoOb-servatoire national des effets du reacutechauffement climatique et drsquoEacuteric Brun secreacute-taire geacuteneacuteral

Auteurs

Vincent Bourcier Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Marie Carrega Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Christophe Corona GEOLAB CNRS Clermont-Ferrand France

Anaiumls Degache-Masperi Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Jeacuterocircme Duvernoy Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Nicolas Eckert Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Pierre Etchevers Meacuteteacuteo-France

Thierry Faug Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoen-vironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Florence Habets universiteacute Pierre-et-Marie-Curie

Florie Giacona Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Vincent Jomelli Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagriculture

Karine Laaidi Santeacute publique France

Jeacuterocircme Lopez-Saez Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Samuel Morin Meacuteteacuteo-France ndash Centre national de la recherche meacuteteacuteorologique Grenoble

Mohamed Naaim Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Mathilde Pascal Santeacute Publique France

Annexes

199

Serge Planton Meacuteteacuteo-France Institut Pierre-Simon-Laplace

Jean-Michel Soubeyroux Meacuteteacuteo-France

Laure Tourjansky MTES Direction geacuteneacuterale de la preacutevention des risques

Jean-Paul Vanderlinden universiteacute Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines

Robert Vautard Institut Pierre-Simon-Laplace

Sarah Voirin Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Emmanuel Vullierme MTES Direction geacuteneacuterale de la preacutevention des risques

Personnes ayant contribueacute agrave la relecture

Vincent Bourcier Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Eacuteric Brun Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Romain Cailleton Direction geacuteneacuterale de lrsquoeacutenergie et du climat

Marie Carrega Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Olivier David Direction geacuteneacuterale de lrsquoeacutenergie et du climat

Jeacuterocircme Duvernoy Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Freacutedeacuteric Schafferer Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Laure Tourjanski MTES Direction geacuteneacuterale de la preacutevention des risques

Sarah Voirin Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

  • Sommaire
  • Mot du preacutesident Ronan Dantec
  • Reacutesumeacute
  • Chapitre A ndash Introduction
  • Chapitre A ndash Introduction
    • Contexte
      • Chapitre A ndash Introduction
        • Eacuteveacutenements extrecircmes deacutefinitions
          • Chapitre A ndash Introduction
            • Risques lieacutes aux eacuteveacutenements extrecircmes deacutefinitions
              • Chapitre A ndash Introduction
                • Les extrecircmes meacuteteacuteorologiques du point de vue des sciences sociales
                  • Chapitre B ndash Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel
                  • Chapitre B ndash Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel
                    • Eacuteveacutenements extrecircmes deacutejagrave observeacutes coucircts humains et financiers
                      • Chapitre B ndash Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel
                        • Lien entre les changements deacutejagrave observeacutes et les activiteacutes humaines
                          • Chapitre C ndash Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene
                          • Chapitre C ndash Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene
                            • Quel sera lrsquoimpact futur du changement climatique sur les risques naturels majeurs
                              • Chapitre C ndash Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene
                                • Conclusions
                                  • Chapitre D ndash Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes
                                  • Chapitre D ndash Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes
                                    • La preacutevention et la gestion des risques un eacuteleacutement majeur de lrsquoadaptation au changement climatique
                                      • Chapitre D ndash Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes
                                        • La preacutevention des risques naturels majeurs un enjeu qui requiert la mobilisation de tous
                                          • Chapitre D ndash Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes
                                            • La preacutevention des risques une politique structureacutee et de long terme qui articule des actions compleacutementaires
                                              • Chapitre D ndash Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes
                                                • Reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute et de lrsquoexposition aux risques exemples de mise en oeuvre
                                                  • Conclusion
                                                  • Bibliographie
                                                  • Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire
                                                  • Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire
                                                    • Action internationale
                                                      • Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire
                                                        • Politique drsquoadaptation au changement climatique
                                                          • Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire
                                                            • Information formation et communication
                                                              • ANNEXES
                                                              • ANNEXES
                                                                • Annexe 1 ndash Glossaire sigles et acronymes
                                                                  • ANNEXES
                                                                    • Annexe 2 ndash Indicateur risque climatique
                                                                      • ANNEXES
                                                                        • Annexe 3 ndash De nouveaux indicateurs de changement des extrecircmes meacuteteacuteorologiques en France
                                                                          • ANNEXES
                                                                            • Annexe 4 ndash Contributeurs et remerciements
Page 5: Les événements météorologiques extrêmes

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

4

Conclusion 153

Bibliographie 159

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire 169

Action internationale 171

Politique drsquoadaptation au changement climatique 177

Information formation et communication 178

ANNEXES 187

Annexe 1Glossaire sigles et acronymes 189

Annexe 2Indicateur risque climatique 192

Annexe 3De nouveaux indicateurs de changement des extrecircmes meacuteteacuteorologiques en France 194

Annexe 4Contributeurs et remerciements 198

5

Mot du preacutesident Ronan Dantec

Il y a un an le cyclone Irma deacutevastait plusieurs icircles des Antilles Plus important cyclone depuis Allen en 1980 nous en connaissons les conseacutequences tragiques des morts dans une dizaine de pays des deacutegacircts estimeacutes entre 50 et 100 milliards de dollars

Les scientifiques nous disent aujourdrsquohui que la puissance de ces laquo super-cyclones raquo plus que leur nombre peut ecirctre correacuteleacutee avec le reacutechauffement climatique en cours les tempeacuteratures de lrsquoeau et de lrsquoair Il est donc probable que ces pheacutenomegravenes extrecircmes se reproduisent nous devons nous y preacuteparer

Les difficulteacutes rencontreacutees dans la reconstruction de Saint-Martin ougrave 90 des espaces de vie ont eacuteteacute deacutetruits ou gravement endommageacutes doivent nous interpel-ler et nous amener agrave deacutefinir des orientations majeures dans les choix de recons-truction des bacirctiments la conception des reacuteseaux les systegravemes drsquoassurance incluant le suivi administratif des droits de proprieacuteteacute Crsquoest un lieu commun de souligner que territoires riches et pauvres nrsquoont pas les mecircmes capaciteacutes de reacutesilience de mobilisation des fonds neacutecessaires agrave leur reconstruction Les dif-feacuterences dans la rapiditeacute de reconstruction des diffeacuterentes icircles antillaises disent mieux qursquoun long discours cette reacutealiteacute que nous ne devons pas occulter

Les cyclones antillais ne sont pas la seule conseacutequence extrecircme du changement climatique que nous vivons ces derniers mois canicules incendies meurtriers et deacutevastateurs en Gregravece en Californie et mecircme en Scandinavie seacutecheresseshellip le monde se confronte chaque jour davantage aux conseacutequences du deacuteregraveglement La mission de lrsquoONERC devient ainsi chaque jour plus strateacutegique ses conclu-sions et propositions seront de plus en plus attendues

Ce travail speacutecifique sur les eacuteveacutenements climatiques extrecircmes le premier dont se saisit la commission speacutecialiseacutee mise en place au sein du Conseil national de la transition Eacutecologique est aussi lrsquooccasion de preacuteciser la maniegravere dont nous allons travailler dans la dureacutee agrave partir des thegravemes que nous choisissons collec-tivement Les grands principes qui nous guideront et dont je suis garant en tant que preacutesident de cette commission speacutecialiseacutee doivent ecirctre la colleacutegialiteacute en eacutetant attentif au dialogue et agrave lrsquoeacutecoute entre tous les acteurs lrsquoanalyse sans tabou des reacuteponses apporteacutees parfois dans lrsquourgence aux situations rencontreacutees lrsquoab-sence drsquoautocensure mais en cherchant le consensus dans la deacutefinition de pro-positions agrave la hauteur des enjeux Sans ces exigences nos travaux seront vains

copy Gaeumll Arnaud

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Articuleacute au deuxiegraveme Plan national drsquoadaptation au changement climatique qui est notre feuille de route pour les prochaines anneacutees le travail de notre com-mission doit permettre drsquoenrichir et de guider lrsquoaction publique de mieux lrsquoarticu-ler avec les dynamiques de terrain des acteurs eacuteconomiques des associations des chercheurs et des eacutelus locaux Crsquoest un programme ambitieux mais face agrave la rapiditeacute du deacuteregraveglement climatique nous ne pouvons nous soustraire agrave notre responsabiliteacute collective

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Reacutesumeacute

Notre planegravete est le theacuteacirctre de nombreuses menaces naturelles tempecirctes cyclones inondations mouvements de terrain seacutecheresses Les conseacutequences des catastrophes naturelles sont souvent dramatiques tant du point de vue du bilan humain qursquoen termes de dommages eacuteconomiques La France a eacuteteacute particu-liegraverement eacuteprouveacutee par la canicule de lrsquoeacuteteacute 2003 qui a provoqueacute un excegraves de pregraves de 15 000 deacutecegraves Quant au bilan financier les rapports reacutecents des caisses de reacuteassurance montrent que les coucircts mondiaux des deacutesastres meacuteteacuteorologiques ont atteint un record en 2017 avec plus de 400 milliards de dollars pour ceux ayant pu ecirctre estimeacutes

On parle drsquoeacuteveacutenements extrecircmes ou drsquoextrecircmes climatiques pour deacutesigner agrave la fois les pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques et les pheacutenomegravenes climatiques Le GIEC deacutefinit dans son cinquiegraveme rapport de synthegravese les pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques extrecircmes comme des pheacutenomegravenes rares se produisant en un endroit donneacute et agrave un moment particulier de lrsquoanneacutee Lorsque des conditions climatiques extrecircmes se prolongent on parle de pheacutenomegravene climatique extrecircme

Le preacutesent rapport deacutecrit lrsquoeacutetat de lrsquoart dans le domaine des eacuteveacutenements extrecircmes leur observation leur eacutevolution dans un climat changeant la politique de preacuteven-tion des risques naturels dont les systegravemes de preacutevision et drsquoalerte les crises et leur gestion la reacutesilience et les pistes drsquoadaptation

Les vagues de chaleur font partie des extrecircmes climatiques les plus preacuteoccu-pants au regard de la vulneacuterabiliteacute de nos socieacuteteacutes et de lrsquoeacutevolution attendue au XXIe siegravecle Lrsquoaugmentation de la freacutequence et de lrsquointensiteacute des vagues de chaleur en France est sans eacutequivoque les vagues de chaleur recenseacutees depuis 1947 agrave lrsquoeacutechelle nationale ont eacuteteacute deux fois plus nombreuses au cours des trente-quatre derniegraveres anneacutees que sur la peacuteriode anteacuterieure

On observe eacutegalement en France une augmentation en freacutequence et en intensiteacute des seacutecheresses Lrsquoextension moyenne des seacutecheresses des sols est tregraves nette depuis les anneacutees 1990 Depuis le deacutebut du XXIe siegravecle douze anneacutees sur dix-sept ont deacutepasseacute la moyenne des surfaces toucheacutees sur la peacuteriode 1961-1990 et les anneacutees 2003 2005 2011 et aussi 2017 ont occasionneacute des seacutecheresses de grande ampleur

Pour ce qui concerne lrsquoeacutevolution du risque de feux de forecircts et de broussailles on constate deacutejagrave une hausse marqueacutee de lrsquoIndice feu meacuteteacuteo (IFM) moyen de 18 sur la peacuteriode 1958-2008 sur lrsquoensemble du territoire franccedilais indiquant des condi-tions meacuteteacuteorologiques de plus en plus propices aux incendies

Les mouvements de sol induits par le retrait-gonflement des argiles constituent eacutegalement un risque majeur en raison de lrsquoampleur des deacutegacircts mateacuteriels qursquoils provoquent notamment parce qursquoils touchent la structure mecircme des bacirctiments

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Et ce pheacutenomegravene de retrait-gonflement des argiles srsquoamplifie avec le changement climatique au point drsquoavoir engendreacute 86 milliards drsquoeuros drsquoindemnisation pour des centaines de milliers de maisons en France pour la peacuteriode 1990-2013 En ce qui concerne lrsquoeacutevolution de lrsquointensiteacute et de la freacutequence des pluies intenses lrsquoamplitude des pluies journaliegraveres les plus fortes sur le pourtour meacutediterraneacuteen a augmenteacute de 20 environ entre 1960 et aujourdrsquohui En automne sur les Ceacutevennes la probabiliteacute de deacutepasser aujourdrsquohui des seuils eacuteleveacutes (300 mmjour) comme ceux observeacutes en 2014 a environ tripleacute en soixante-cinq ans En termes de freacutequence le nombre drsquoeacuteveacutenements geacuteneacuterant des cumuls de pluie supeacuterieurs agrave 200 mm est eacutegalement en hausse significative du point de vue sta-tistique depuis 2000

Parmi les eacuteveacutenements extrecircmes les plus meacutediatiseacutes aujourdrsquohui on observe eacutegale-ment une augmentation de lrsquoactiviteacute des cyclones tropicaux dans lrsquoAtlantique nord depuis les anneacutees 1970 et une forte augmentation de leur freacutequence dans les anneacutees 2000 En 2005 on a ainsi releveacute vingt-sept systegravemes cycloniques contre une dizaine par an en moyenne De mecircme la saison 2017 srsquoest distingueacutee avec le nombre record drsquoouragans majeurs (six eacuteveacutenements de cateacutegorie supeacuterieure agrave 3 dont trois ouragans de cateacutegorie 5 Irma Joseacute et Maria)

Agrave plus haute altitude crsquoest lrsquoactiviteacute avalancheuse qui a augmenteacute en particulier dans les massifs du sud des Alpes franccedilaises

Pris de maniegravere indeacutependante aucun eacuteveacutenement climatique ne peut ecirctre attribueacute en tant que tel au changement climatique Toutefois les travaux de recherche eacuteta-blissent que le changement climatique vient modifier la probabiliteacute drsquooccurrence de certains aleacuteas Cela concerne les vagues de chaleur certains types de seacuteche-resses les preacutecipitations intenses dans certaines reacutegions les cyclones les plus intenses et la hausse du niveau des mers

En meacutetropole on peut ainsi anticiper que degraves la peacuteriode 2021-2050 les vagues de chaleur estivales deviendront plus freacutequentes plus longues et plus intenses avec des eacutevolutions plus marqueacutees encore pour le quart Sud-Est de la France Drsquoici la fin du siegravecle pour le sceacutenario tendanciel un eacutepisode tel que celui de lrsquoeacuteteacute 2003 deviendrait courant voire serait reacuteguliegraverement deacutepasseacute tant en intensiteacute qursquoen dureacutee Agrave lrsquoinverse les vagues de froid seront moins freacutequentes moins longues et moins intenses mais ne disparaicirctront pas complegravetement

Le risque de seacutecheresse devrait srsquoaggraver avec une aggravation plus rapide et plus intense des seacutecheresses lieacutees au deacuteficit de preacutecipitation et agrave lrsquoaugmenta-tion de lrsquoeacutevapotranspiration des sols La France risque donc de connaicirctre drsquoici 2100 des seacutecheresses agricoles quasi continues et de grande intensiteacute totale-ment inconnues dans le climat actuel

Les eacutevolutions attendues pour les pluies extrecircmes sont variables geacuteographique-ment cependant une tendance geacuteneacuterale se dessine avec une augmentation de la quantiteacute de pluie tombant au cours des eacutepisodes les plus extrecircmes ndash comme les pheacutenomegravenes dits laquo ceacutevenols raquo (voir annexe 3) ndash principalement en hiver avec

Reacutesumeacute

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de plus une extension des zones impacteacutees au-delagrave des reacutegions habituellement toucheacutees notamment vers le Sud-Est ou les Pyreacuteneacutees

Les territoires exposeacutes aux risques drsquoincendies de forecircts devraient ecirctre plus eacutetendus couvrant une part importante de la forecirct des Landes agrave lrsquohorizon 2040 et les forecircts de Sologne agrave lrsquohorizon 2060

Le reacutechauffement des oceacuteans accompagneacute de la fonte des glaciers engendre une hausse du niveau marin de plusieurs millimegravetres par an en acceacuteleacuteration sur les derniegraveres deacutecennies Drsquoici 2100 la hausse devrait ecirctre de plusieurs dizaines de centimegravetres voire un megravetre de maniegravere non uniforme selon les cocirctes Cela est de nature agrave accroicirctre le risque de submersion marine mais aussi selon les cocirctes les effets drsquoeacuterosion littorale

Dans les Alpes franccedilaises drsquoici la fin du siegravecle le nombre drsquoavalanches devrait diminuer tandis que les deacuteclenchements de laves torrentielles devraient augmen-ter significativement

Les eacutetudes actuelles ne permettent pas de mettre en eacutevidence une tendance future notable sur lrsquoeacutevolution du risque de vent violent lieacute aux tempecirctes En outre-mer les simulations du climat pour le XXIe siegravecle indiquent que les cyclones ne devraient pas ecirctre plus nombreux mais plus intenses

LrsquoOrganisation meacuteteacuteorologique mondiale rappelle que les pheacutenomegravenes lieacutes au temps au climat et agrave lrsquoeau sont agrave lrsquoorigine de 90 des catastrophes naturelles Qursquoils soient drsquoorigine climatique ou non la reacuteponse aux eacuteveacutenements extrecircmes mise en place par la politique de preacutevention des risques naturels majeurs vise agrave preacutevenir les atteintes agrave la vie humaine reacuteduire les conseacutequences preacutevisibles et les dommages potentiels des eacuteveacutenements agrave geacuterer les crises et les catastrophes quand elles surviennent anticiper les situations post-crise et reacuteparer les dommages

En France cette politique srsquoappuie sur un socle comprenant le dispositif laquo reacutegime CatNat raquo instaureacute en 1982 qui repose sur un meacutecanisme public-priveacute de solidariteacute nationale couvrant tous les particuliers disposant drsquoun contrat drsquoassurance laquo dom-mages raquo pour lrsquoindemnisation et le Fonds de Preacutevention des Risques Naturels Majeurs (FPRNM dit laquo Fonds Barnier raquo) creacuteeacute en 1995 pour la soutien agrave la preacuteven-tion La preacutevention des risques repose historiquement sur la mobilisation drsquooutils de maicirctrise de lrsquourbanisme dans les zones agrave risques et de reacuteduction de la vulneacutera-biliteacute du bacircti existant tel que le plan de preacutevention des risques naturels (PPRN) Elle srsquoinscrit de plus en plus dans une approche complegravete de tous les axes de la preacutevention en particulier dans les programmes drsquoaction de preacutevention du risque drsquoinondation (PAPI) porteacutes par les collectiviteacutes locales

La preacutevention des risques naturels majeurs doit se faire sur des territoires perti-nents Dans le cas des inondations elle se fait ainsi agrave des eacutechelles emboicircteacutees agrave la fois agrave lrsquoeacutechelle du bassin hydrographique du bassin versant et du territoire agrave risque important drsquoinondation dans des deacutemarches drsquoameacutenagement durable des territoires

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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La preacutevention des risques naturels articule sept axes drsquoaction qui sont chacun indispensables et doivent ecirctre mis en œuvre de maniegravere compleacutementaire connais-sance surveillance information maicirctrise de lrsquourbanisme reacuteduction de la vulneacute-rabiliteacute gestion de crise retour drsquoexpeacuterience Dans le cadre de lrsquoeacutelaboration du deuxiegraveme plan national drsquoadaptation au changement climatique (PNACC-2) les dis-cussions relatives agrave la preacutevention des risques naturels et agrave la reacutesilience des ter-ritoires ont conforteacute la politique mise en œuvre la prioriteacute est sa mise en œuvre efficace par tous les acteurs Ainsi est ressortie la neacutecessiteacute drsquoun portage local de cette politique qui dans la dureacutee devrait ecirctre de moins en moins jacobine et eacutemaner de plus en plus des territoires le besoin plus important que jamais drsquoune mise agrave jour des connaissances et drsquoun approfondissement de la connaissance des aleacuteas les plus impacteacutes par le changement climatique la mise en place drsquoou-tils nouveaux non plus pour reacuteduire la vulneacuterabiliteacute des territoires mais pour per-mettre leur transformation et ainsi leur adaptation aux eacuteveacutenements climatiques actuels et futurs Les actions preacutevues dans le PNACC-2 complegravetent ainsi la preacute-vention des risques naturels par le mise en exergue drsquooutils tregraves transversaux comme le deacuteveloppement drsquoun service drsquoattribution des eacuteveacutenements extrecircmes lrsquoadaptation de la gestion forestiegravere agrave lrsquoaccroissement preacutevisible des risques drsquoin-cendies en termes de freacutequence drsquooccurrences et de surfaces concerneacutees la limi-tation de la consommation drsquoespaces naturels agricoles et forestiers la meilleure infiltration des preacutecipitations dans le sol la meilleure reacutesilience des bacirctiments la transformation des territoires les plus exposeacutes aux effets du changement cli-matiquehellip Ils permettront de minimiser les impacts attendus du changement cli-matique en renforcement des politiques deacutejagrave en place de gestion des risques naturels majeurs et des risques sanitaires

Des exemples de mise en œuvre locale drsquoactions visant agrave reacuteduire les risques naturels sont preacutesenteacutes

Lrsquoameacutelioration continue des connaissances permettra de preacuteciser les impacts futurs du changement climatique Les incertitudes ineacutevitables ne doivent pas empecirccher une action indispensable pour se preacuteparer degraves agrave preacutesent agrave une tem-peacuterature moyenne mondiale supeacuterieure de 2 degC agrave celle de lrsquoegravere preacuteindustrielle Lrsquoeffort meneacute pour lrsquoatteacutenuation nrsquoenlegraveve aucune pertinence aux actions drsquoadap-tation au changement climatique qui sont clairement compleacutementaires Le chan-gement climatique donne une nouvelle actualiteacute agrave la preacutevention des risques naturels et fait ressortir la neacutecessiteacute de la mobiliser au mieux La limitation de lrsquoexposition drsquoenjeux (habitations entreprises hellip) existants ou nouveaux doit plus que jamais ecirctre une prioriteacute dans le contexte drsquoaleacuteas croissants et se faire dans une deacutemarche drsquoameacutenagement durable des territoires en articulation eacutetroite avec drsquoautres politiques comme celle de la gestion de lrsquoeau de preacuteservation de la nature ou de la construction

Chapitre AIntroduction

copy Cerema

Introduction

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Contexte

Auteur Jeacuterocircme Duvernoy

MTES DGECSCEEONERC

Notre planegravete est le theacuteacirctre de nombreuses menaces naturelles tempecirctes cyclones inondations mouvements de terrain seacutecheresses Les conseacutequences des catastrophes naturelles sont souvent dramatiques tant du point de vue du bilan humain qursquoen termes de dommages eacuteconomiques 1 LrsquoOrganisation meacuteteacuteo-rologique mondiale rappelle que les pheacutenomegravenes lieacutes au temps au climat et agrave lrsquoeau sont agrave lrsquoorigine de 90 des catastrophes naturelles Les rapports reacutecents des reacuteassureurs le deacutemontrent avec des chiffres saisissants en 2017 les coucircts mondiaux des deacutesastres meacuteteacuteorologiques ont atteint un record avec plus de 400 milliards de dollars pour ceux ayant pu ecirctre estimeacutes 2 Pour certains aleacuteas le contexte de changement climatique pourrait se traduire par une recrudescence des eacuteveacutenements extrecircmes ou des impacts accrus en termes de risques pour les populations et les activiteacutes eacuteconomiques exposeacutees de santeacute et de fragilisation des eacutecosystegravemes Cela concernerait les vagues de chaleur certains types de seacutecheresses les preacutecipitations intenses dans certaines reacutegions les aleacuteas gravi-taires qui leur sont souvent associeacutees en zone de relief (glissements de terrain laves torrentielles avalanches etc) les cyclones les plus intenses et la hausse du niveau des mers Le degreacute de certitude de ces tendances (voire de leur exis-tence ou de leur sens drsquoeacutevolution) deacutepend toutefois du type drsquoeacuteveacutenement et de la zone consideacutereacutes

On distingue les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes et les eacuteveacutenements clima-tiques extrecircmes qui ne se situent pas sur la mecircme freacutequence temporelle Ainsi les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes sont typiquement associeacutes agrave des pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques eacutevoluant dans une eacutechelle de temps infeacuterieure agrave une journeacutee ou au maximum de quelques jours tandis que les eacuteveacutenements cli-matiques extrecircmes surviennent sur une peacuteriode plus longue Ils peuvent reacutesul-ter de lrsquoaccumulation de plusieurs eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques (extrecircmes ou non) Par exemple lrsquoaccumulation de jours faiblement pluvieux tout au long de la saison peut conduire agrave une saison nettement en dessous de la moyenne voire agrave une seacutecheresse

Dans un souci de simplification et selon la terminologie usuellement utiliseacutee ce rapport emploiera le terme drsquo laquo extrecircme climatique raquo pour deacutesigner soit un pheacuteno-megravene meacuteteacuteorologique extrecircme soit un eacuteveacutenement climatique extrecircme Bien qursquoils srsquoagissent drsquoeacuteveacutenements naturels les seacuteismes et les eacuteruptions volcaniques sont exclus de cette eacutetude car sans lien avec le changement climatique

1 Livre blanc Feacutedeacuteration franccedilaise de lrsquoassurance (FFA) 2015

2 NOAA Ball State University Center for Business and Economic Research Reuters CoreLogic

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Par deacutefinition 3 les eacuteveacutenements climatiques sont qualifieacutes drsquoextrecircmes lorsqursquoune variable meacuteteacuteorologique ou climatique prend une valeur situeacutee au-dessus (ou au-dessous) drsquoun seuil proche de la limite supeacuterieure (ou infeacuterieure) de la plage des valeurs observeacutees pour cette variable Le cinquiegraveme rapport de synthegravese du GIEC (AR5) 4 nous rappelle qursquoil srsquoagit drsquoun pheacutenomegravene rare en un endroit et agrave un moment de lrsquoanneacutee Mecircme si les deacutefinitions du mot rare varient un pheacutenomegravene meacuteteacuteoro-logique extrecircme devrait normalement se produire rarement les seuils eacutetant fixeacutes de telle maniegravere que moins de 10 des pheacutenomegravenes observeacutes soient qualifieacutes drsquoextrecircmes Ces seuils sont eacutegalement deacutefinis en fonction du besoin projections statistiques assurance social eacuteconomiquehellip Dans lrsquoabsolu les caracteacuteristiques de conditions meacuteteacuteorologiques qualifieacutees drsquoextrecircmes peuvent varier drsquoun lieu agrave un autre Selon le type drsquoeacuteveacutenement le changement climatique pourrait avoir un impact sur la freacutequence (rareteacute) ou sur lrsquointensiteacute des eacuteveacutenements extrecircmes

Ce rapport est composeacute de plusieurs chapitres Lrsquointroduction rappelle le contexte et les deacutefinitions mais donne eacutegalement un point de vue plus social Le chapitre B est consacreacute aux eacuteveacutenements extrecircmes passeacutes Le chapitre suivant srsquointerroge sur les eacutevolutions possibles de ces diffeacuterents eacuteveacutenements dans un contexte de changement climatique Une seacutelection drsquoeacuteveacutenements reacutecents est eacutetudieacutee en deacutetail Les derniers chapitres sont consacreacutes agrave la politique franccedilaise drsquoadapta-tion au changement climatique et de gestion des risques naturels majeurs aux exemples drsquoadaptation possibles et agrave la conclusion Les eacuteveacutenements extrecircmes sont passeacutes en revue en commenccedilant par les eacuteveacutenements climatiques et leurs impacts puis les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques Les effets de cascade ou effet domino drsquoun eacuteveacutenement deacuteclencheur drsquoun autre eacuteveacutenement majeur ne sont pas eacutetudieacutes dans ce rapport

Eacuteveacutenements extrecircmes deacutefinitions

Auteur Jeacuterocircme Duvernoy

MTES DGECSCEEONERC

Vagues de chaleur canicules vagues de froid de quoi parle-t-on LrsquoOMM deacutefinit les vagues de chaleur comme un temps inhabituellement chaud et sec ou chaud et humide qui dure au moins deux agrave trois jours et qui produit le plus souvent un impact sensible sur la santeacute humaine et les systegravemes naturels Dans le volume 4 du rapport Le climat de la France au 21e siegravecle (Ouzezau et al 2014) les vagues de chaleur eacutetaient deacutefinies comme des peacuteriodes de cinq jours conseacutecutifs avec une tempeacuterature maximale supeacuterieure de 5 degreacutes agrave la normale 1976-2005 Une meacutethode de deacutetection a posteriori des vagues de chaleur a eacuteteacute mise au point dans

3 Managing the Risks of Extreme Events and Disasters to Advance Climate Change Adaptation httpswwwipccchreportsrex

4 httpswwwipccchreportar5syr

Introduction

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le cadre du projet Extremoscope pour ecirctre applicable agrave toutes les eacutechelles spa-tiales et tous les horizons temporels (Soubeyroux et al 2016)

Les deacutefinitions issues du Plan national canicule 5 font office de reacutefeacuterence pour le deacuteclenchement des alertes La canicule y est deacutefinie comme une peacuteriode ougrave les moyennes glissantes sur trois jours des tempeacuteratures minimales et maximales atteignent des seuils drsquoalerte deacutepartementaux ces seuils pouvant ecirctre moduleacutes par des facteurs aggravants de la chaleur (humiditeacute preacutecociteacute pollution de lrsquoair fac-teurs populationnels de type grands rassemblementshellip) en lien avec les Agences reacutegionales de santeacute (ARS) La canicule est donc caracteacuteriseacutee par des peacuteriodes de tempeacuteratures eacuteleveacutees de jour comme de nuit Ces peacuteriodes sont susceptibles de constituer un risque pour lrsquoensemble de la population exposeacutee

On parle drsquoeacutepisode persistant de chaleur lorsque les tempeacuteratures sont eacuteleveacutees et perdurent dans le temps (plus de trois jours) proche ou en dessous des seuils drsquoalerte deacutepartementaux et de pic de chaleur pour lrsquoatteinte de tempeacuteratures maximales pouvant atteindre des records mais sur une dureacutee tregraves courte (un agrave deux jours)

Une vague de froid est un eacutepisode de temps froid caracteacuteriseacute par sa persistance son intensiteacute et son eacutetendue geacuteographique pendant au moins deux jours les tempeacuteratures atteignent des valeurs nettement infeacuterieures (de 5 degC) agrave une valeur de reacutefeacuterence de la reacutegion concerneacutee En France la vigilance meacuteteacuteorologique utilise comme indicateur lrsquoindice de refroidissement eacuteolien prenant en compte lrsquoeffet de la tempeacuterature et du vent et un seuil unique pour toute la France

Il faut distinguer plusieurs types de seacutecheresses (Wilhite et Glantz 1985) La seacutecheresse meacuteteacuteorologique correspond agrave un deacuteficit prolongeacute de preacutecipitations La seacutecheresse agricole se caracteacuterise par un deacuteficit en eau des sols superfi-

ciels (entre 1 et 2 m de profondeur) suffisant pour alteacuterer le bon deacuteveloppement de la veacutegeacutetation Elle deacutepend des preacutecipitations et tient compte de lrsquoeacutevapora-tion des sols et de la transpiration des plantes (lrsquoeau puiseacutee par les racines est eacutevaporeacutee au niveau des feuilles) La seacutecheresse agricole est donc sensible aux preacutecipitations agrave lrsquohumiditeacute et agrave la tempeacuterature de lrsquoair au vent mais aussi agrave la nature des plantes et des sols

La seacutecheresse hydrologique se manifeste lorsque les lacs riviegraveres ou nappes souterraines montrent des niveaux anormalement bas Elle deacutepend des preacutecipi-tations mais aussi de lrsquoeacutetat du sol influant sur le ruissellement et lrsquoinfiltration Le reacuteseau hydrographique deacutetermine les temps de reacuteponse aux deacuteficits de preacute-cipitations observeacutes sur diffeacuterentes peacuteriodes

La seacutecheresse geacuteotechnique est une peacuteriode de longueur variable caracteacute-riseacutee par un deacuteficit pluviomeacutetrique plus ou moins marqueacute et se traduisant par une diminution de la teneur en eau de lrsquohorizon du sous-sol

5 httpssolidarites-santegouvfractualitespressecommuniques-de-pressearticleplan-national-canicule

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Lrsquoincendie de forecirct ou feux de forecirct est laquo une combustion qui se deacuteveloppe sans controcircle dans le temps et dans lrsquoespace raquo En plus des forecircts au sens strict les incendies concernent des formations subforestiegraveres de petite taille par exemple le maquis la garrigue et les landes drsquoau moins un hectare

En France meacutetropolitaine trente-deux deacutepartements sont aujourdrsquohui identifieacutes par le Code forestier comme particuliegraverement exposeacutes au risque de feux de forecirct La reacutegion meacutediterraneacuteenne (avec 4 millions drsquohectares de maquis) et le massif aqui-tain (avec 1 million drsquohectares de forecircts de pins dans les Landes) sont les reacutegions les plus exposeacutees au risque incendie Les laquo feux de forecircts raquo se produisent prin-cipalement en eacuteteacute mais peuvent eacutegalement se deacutevelopper en hiver du fait de la seacutecheresse dans certaines reacutegions Les conditions meacuteteacuteorologiques (vent chaleur hygromeacutetrie seacutecheresse) ont une grande influence sur la nature des feux de forecircts

Le retrait par assegravechement des sols argileux lors drsquoune seacutecheresse prononceacutee (seacutecheresse geacuteotechnique) etou durable produit des deacuteformations de la surface des sols (tassements diffeacuterentiels) Il peut ecirctre suivi de pheacutenomegravenes de gonflement au fur et agrave mesure du reacutetablissement des conditions hydrogeacuteologiques initiales ou plus rarement de pheacutenomegravenes de fluage avec ramollissement Le pheacutenomegravene de retrait-gonflement des argiles engendre reacuteguliegraverement sur le territoire franccedilais des deacutegacircts consideacuterables aux bacirctiments ayant deacutepasseacute 60 millions drsquoeuros cumuleacutes par deacutepartement entre 1989 et 1998 En raison notamment de leurs fondations superficielles les maisons individuelles sont particuliegraverement vulneacuterables agrave ce pheacutenomegravene Plus de 4 millions de maisons seraient potentiellement exposeacutees 6

Les pluies extrecircmes 7 sont caracteacuteriseacutees par lrsquoapport drsquoune importante quantiteacute drsquoeau sur une courte dureacutee (drsquo1 heure agrave une journeacutee) Cette quantiteacute peut eacutegaler celle reccedilue habituellement en un mois voire en plusieurs mois Des cumuls de lrsquoordre de 50 mm en 24 heures dans la plupart des reacutegions de plaine et de lrsquoordre de 100 mm en 24 heures dans les reacutegions montagneuses sont consideacutereacutes comme des seuils critiques Le deacutepassement de ces seuils peut provoquer lorsque la nature du terrain srsquoy precircte de graves inondations Pour les pheacutenomegravenes les plus violents le cumul des preacutecipitations deacutepasse geacuteneacuteralement les 100 mm en une heure Dans le Sud de la France les cumuls observeacutes peuvent mecircme deacutepasser 500 mm en 24 heures

Les tempecirctes et les cyclones 8 La deacutenomination de vent violent srsquoapplique en meacuteteacuteorologie aux vents de force 10 agrave 12 sur lrsquoeacutechelle de Beaufort crsquoest-agrave-dire aux vents moyens atteignant au moins 89 kmh (valeur minimale de la force 10)

6 httpwwwstatistiquesdeveloppement-durablegouvfrfileadmindocumentsProduits_editoriauxPublicationsDatalab_essentiel2017datalab-essentiel-122-retrait-gonflement-argiles-octobre2017pdf

7 httppluiesextremesmeteofr

8 httpwwwmeteofrancefrprevoir-le-tempsphenomenes-meteoles-tempetes

Introduction

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Dans le langage courant et notamment dans le cadre de la laquo garantie tempecircte raquo en France des contrats drsquoassurance la reacutefeacuterence concerne les rafales supeacuterieures agrave 100 kmh 9 Ainsi lorsque le vent atteint les 100 kmh dans lrsquointeacuterieur des terres et 120 kmh (voire 130 kmh) sur les cocirctes la deacutepression agrave lrsquoorigine de ces vents sera qualifieacutee de laquo tempecircte raquo Ce terme deacutesigne donc agrave la fois une zone eacutetendue de vents violents et la deacutepression qui les geacutenegravere

Les tempecirctes affectant plus de 10 du territoire seront qualifieacutees de laquo majeures raquo au niveau national

Des deacutefinitions speacutecifiques existent en meacuteteacuteo marine et tropicale Ainsi en meacuteteacuteoro-logie marine une tempecircte correspond agrave la force 10 de lrsquoeacutechelle de Beaufort crsquoest-agrave-dire agrave des vents moyens de 89 agrave 117 kmh et des rafales de 110 agrave 150 kmh

En meacuteteacuteorologie tropicale on appelle laquo tempecircte tropicale raquo une deacutepression obser-veacutee au niveau des latitudes tropicales ou subtropicales dont les vents moyens sont compris entre 62 et 117 kmh Au-delagrave de ces valeurs la deacutepression devient un laquo cyclone tropical raquo 10 Ces pheacutenomegravenes tourbillonnaires de pression centrale tregraves basse mesurent en moyenne de 500 agrave 1 000 km de diamegravetre mais peuvent parfois atteindre des dimensions beaucoup plus importantes (le typhon Tip observeacute dans le Pacifique en 1979 avait un diamegravetre de pregraves de 2 200 km) Les Antilles Franccedilaises lrsquoicircle de La Reacuteunion sont particuliegraverement exposeacutees agrave ces pheacutenomegravenes

En Europe le risque inondation est le premier risque naturel climatique par lrsquoim-portance des dommages qursquoil provoque le nombre de communes concerneacutees lrsquoeacutetendue des zones inondables et les populations reacutesidant dans ces zones Plus de 171 millions de personnes en France sont par exemple exposeacutees aux inonda-tions par deacutebordement de cours drsquoeau soit environ un habitant sur quatre

Les inondations touchent plus de personnes dans le monde que nrsquoimporte quel autre aleacutea Celles-ci peuvent prendre de nombreuses formes

crue ou deacutebordement de cours drsquoeau ruissellement en surface submersion marine (inondation temporaire des zones cocirctiegraveres par la mer dans

des conditions meacuteteacuteorologiques etou de mareacutees deacutefavorables) remonteacutee de nappe phreacuteatique rupture drsquoouvrage autres rupture de poche glaciaire deacutebordement de reacuteseau drsquoeaux pluviales

Agrave lrsquoorigine de ces pheacutenomegravenes sauf cas de rupture drsquoouvrage se trouve un aleacutea meacuteteacuteorologique fortes pluies en intensiteacute ou en dureacutee pour le ruissellement et pour les crues ainsi que pour les remonteacutees de nappes houle de forte intensiteacute

9 wwwffa-assurancefr

10 Selon la reacutegion du globe les cyclones prennent un nom diffeacuterent ouragan en Atlantique Nord typhon en Asie de lrsquoEst meacutedicane dans le bassin meacutediterraneacuteen cyclone dans les autres bassins oceacuteaniques

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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etou niveau marin eacuteleveacute pour la submersion marine 11 orages tempecirctes cyclones en outre-mer Les submersions marines peuvent avoir eacutegalement une autre origine comme un seacuteisme sous-marin dans le cas des tsunamis Ce cas nrsquoest pas traiteacute dans ce rapport car il ne provient pas drsquoun pheacutenomegravene atmospheacuterique

Dans les reacutegions de montagne certains versants pentus sont souvent affecteacutes par des processus appeleacutes laves torrentielles ou couleacutees de deacutebris ou debris flows en anglais (Jomelli V IRSTEA) Ces couleacutees de deacutebris se caracteacuterisent par un meacutelange drsquoeau et de seacutediments (Meunier 1991 Blijenberg 1988) Ils forment des modeleacutes associant en contrebas drsquoune paroi rocheuse un chenal bordeacute par des leveacutees et agrave lrsquoaval un deacutepocirct reacutesultant de lrsquoaccumulation de deacutebris sous forme de langue ou drsquoeacuteventail (Van Steijn et al 1988 Nieuwenhuijzen and Van Steijn 1990 Van Steijn 1991 1996 Remaitre et al 2005) (fig A1) Le terme geacuteneacuteral de debris flow rassemble cependant des formes varieacutees de mouvements de masse (Meunier 1991) On distingue usuellement les laves torrentielles corres-pondant agrave un eacutecoulement turbulent drsquoeau chargeacutee en seacutediments dans un chenal raide des couleacutees de deacutebris superficielles (Coussot 1994) Ces derniegraveres cor-respondent agrave un eacutecoulement superficiel rapide ou extrecircmement rapide sur une pente raide sans confinement dans un chenal preacuteeacutetabli partiellement ou tota-lement satureacute de deacutebris (Hungr 2005) Celles-ci ne seront pas eacutetudieacutees ici car leurs impacts sur les socieacuteteacutes sont geacuteneacuteralement limiteacutes (Jomelli et al 2011) et leurs caracteacuteristiques morphoseacutedimentaires ainsi que leur fonctionnement sont peu diffeacuterents des laves torrentielles (Jomelli et al 2011)

Dans le deacutetail il existe plusieurs types de laves torrentielles en fonction de la concentration en seacutediments (fig A2) On peut distinguer les laves torrentielles transportant des seacutediments de toute taille des laves torrentielles immatures elles-mecircmes diffeacuterentes des eacutecoulements torrentiels agrave charge de fond Il existe un continuum entre ces diffeacuterents eacutecoulements mais les conditions de deacuteclen-chement et la dynamique diffegraverent sensiblement drsquoun type agrave lrsquoautre

Le manteau neigeux formeacute de lrsquoaccumulation successive de couches de neige est en perpeacutetuelle eacutevolution Une fois au sol les cristaux de glace continuent de se transformer et les strates eacutevoluent au greacute du vent des chutes de neige et drsquoautres interactions avec lrsquoatmosphegravere Lrsquoinstabiliteacute du manteau neigeux peut alors conduire agrave lrsquooccurrence drsquoavalanches

On distingue souvent les deacuteclenchements drsquoavalanches spontaneacutes et provoqueacutes

Les deacuteparts spontaneacutes donnent lieu agrave des avalanches dites naturelles Ils sont essentiellement drsquoorigine meacuteteacuteorologique le plus souvent conseacutecutifs agrave drsquoim-portantes chutes de neige ils peuvent aussi ecirctre causeacutes par lrsquohumidification du manteau neigeux sous lrsquoeffet de la pluie du redoux ou encore du rayonnement solaire Ces avalanches si elles sont suffisamment grandes peuvent toucher des infrastructures des routes ou des habitations et de ce fait causer des deacutegacircts et parfois des victimes en fond de valleacutee

11 Se reacutefeacuterer au Rapport ONERC 2015 Le littoral dans le contexte du changement climatique

Introduction

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Figure A2 ndash Les diffeacuterents types drsquoeacutecoulement

(A charriage 1er mai 2015 B lave immature 21 juillet 2017 C lave 4 juillet 2018) torrent du Manival (Isegravere)

Photos Irstea

Figure A1 ndash Lave torrentielle sous couvert forestier dans le massif des Eacutecrins (juillet 2014)

On distingue un chenal et des leveacutees lateacuterales avec granoclassement Certains arbres montrent des traces drsquoeacuterosion sur la face amont de leur tronc et sont couverts de deacutepocircts sablo argileux donnant une indication de la hauteur de lrsquoeacutecoulement (flegraveche rouge) Lrsquoeacutechelle est donneacutee par la pochette drsquoun appareil photo en bas agrave droite

Photo Irstea

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Les deacuteclenchements provoqueacutes aussi appeleacutes accidentels dus au passage de pratiquants de la montagne (skieurs randonneurshellip) sont essentiellement lieacutes agrave la qualiteacute de la neige et agrave lrsquoempilement des couches ainsi qursquoagrave la raideur et agrave la forme de la pente Ils sont responsables de la tregraves grande majoriteacute des bles-sures et deacutecegraves par avalanche et nrsquoentraicircnent que tregraves rarement des avalanches de grande ampleur pouvant engendrer des dommages dans les valleacutees

Les eacuteveacutenements extrecircmes neigeux sont issus de tempecirctes de neige produites par des deacutepressions meacuteteacuteorologiques hivernales importantes Entre la fin de lrsquoau-tomne et le deacutebut du printemps de tels systegravemes se forment dans une masse drsquoair sous le point de congeacutelation et les preacutecipitations tombent sous forme de neige en quantiteacute importante

Lrsquoimpact drsquoune tempecircte de neige varie selon lrsquoendroit ougrave elle se produit Les reacutegions ougrave de tels pheacutenomegravenes se produisent reacuteguliegraverement sont eacutequipeacutees pour les sur-monter alors que les villes ougrave elles se produisent rarement peuvent ecirctre paralyseacutees par quelques centimegravetres au sol Par exemple le 7 feacutevrier 2018 lrsquoicircle-de-France a connu des chutes de neige remarquables pour la reacutegion Ainsi la couche a atteint 15 agrave 20 cm sur les Yvelines et le Val-drsquoOise et 12 cm agrave Paris Il faut remonter au mois de mars 2013 pour retrouver les derniegraveres chutes de neige aussi impor-tantes en reacutegion parisienne Lrsquoabondance de la neige se conjugue souvent agrave des vents forts geacuteneacuterateurs de congegraveres Parmi les nombreux risques induits par les extrecircmes neigeux et les tempecirctes hivernales figurent ainsi la rupture drsquoinfrastruc-tures critiques (voies de communications lignes eacutelectriques) la perturbation du transport aeacuterien voire lrsquoeffondrement de toitures La vulneacuterabiliteacute aux eacuteveacutenements

neigeux des territoires tels que lrsquoicircle-de-France est issue de la conjonction entre un eacuteveacutenement neigeux extrecircme une population tregraves dense non habitueacutee et non eacutequipeacutee et un manque de moyens (saleuse deacuteneigeuse) Il convient eacutegalement de noter une faiblesse des eacuteleacutements de connaissances sur lrsquoattribution et lrsquoeacutevo-lution des tempecirctes hivernales geacuteneacuteratrices de forts eacuteveacutenements neigeux dans le contexte du changement climatique De ce fait ce type drsquoeacuteveacutenement nrsquoest pas traiteacute de maniegravere complegravete dans ce rapport

Introduction

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Risques lieacutes aux eacuteveacutenements extrecircmes deacutefinitions

Auteurs Jeacuterocircme Duvernoy

MTES DGECSCEEONERC

Le Service des Risques Naturels et Hydrauliques

MTES DGPRSRNH

Lrsquoexistence drsquoun risque naturel deacutecoule de lrsquoarticulation drsquoun pheacutenomegravene naturel intense ndash cet eacuteveacutenement eacutetant par nature incertain on le deacutesigne sous le terme drsquoaleacutea ndash et de la preacutesence drsquoenjeux qui repreacutesentent lrsquoensemble des personnes et des biens (ayant une valeur moneacutetaire ou non) pouvant ecirctre affecteacutes par ce pheacutenomegravene Les conseacutequences drsquoun aleacutea sur les enjeux sont diffeacuterentes selon la vulneacuterabiliteacute de ces enjeux

On parle de risque naturel laquo majeur raquo lors de la survenue drsquoun eacuteveacutenement drsquoorigine naturelle dont les effets peuvent mettre en jeu un grand nombre de personnes occasionner des dommages importants et deacutepasser les capaciteacutes de reacuteaction de la socieacuteteacute Le qualificatif de laquo majeur raquo est bien sucircr deacutelicat agrave deacutefinir et peut varier dans le temps et dans lrsquoespace Les risques majeurs peuvent ecirctre caracteacuteriseacutes agrave la fois par une probabiliteacute drsquooccurrence faible et une graviteacute telle qursquoelle cause de nombreuses victimes et drsquoimportants dommages aux biens et agrave lrsquoenvironnement

Un des critegraveres possibles pour qualifier un risque de laquo majeur raquo repose sur les modaliteacutes de prise en charge des sinistres suite agrave un eacuteveacutenement Dans le systegraveme franccedilais actuel peut ecirctre regardeacute comme majeur un eacuteveacutenement qui relegraveve de la reacuteassurance notamment agrave travers le meacutecanisme de reconnaissance drsquoeacutetat de catastrophe naturelle La France est lrsquoun des pays agrave srsquoecirctre doteacutes drsquoun dispositif garantissant agrave chacun de ses citoyens une indemnisation systeacutematique en cas de sinistre causeacute par un pheacutenomegravene naturel exceptionnel Instaureacute en 1982 le reacutegime drsquoindemnisation dit laquo reacutegime CatNat raquo repose sur un meacutecanisme public-priveacute de solidariteacute nationale et couvre tous les particuliers disposant drsquoun contrat drsquoassurance laquo dommages raquo Il fonctionne sur la base drsquoune prime additionnelle drsquoassurance qui srsquoeacutelegraveve agrave 12 de la prime sur le bacircti et agrave 6 sur les veacutehicules motoriseacutes Ces primes sont reacuteassureacutees au niveau national principalement par lrsquoentreprise agrave capitaux publics Caisse Centrale de Reacuteassurance (CCR) En cas drsquoeacuteveacutenement drsquoampleur exceptionnelle qui provoquerait des dommages supeacute-rieurs aux reacuteserves de reacuteassurance lrsquoEacutetat apporte sa garantie Pour une inondation par exemple le processus drsquoindemnisation preacutevu par le reacutegime de catastrophes naturelles nrsquoest deacuteclencheacute agrave ce jour que si le pheacutenomegravene eacutetait au moins de type deacutecennal (peacuteriode de retour supeacuterieure agrave dix ans)

En 2015 et 2016 4 341 eacutetats de catastrophes naturelles ont eacuteteacute reconnus en France avec des dommages assureacutes de lrsquoordre de 5 milliards drsquoeuros

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Encadreacute 1

Deacutefinition du risque

Aleacutea danger peacuteril

Pheacutenomegravene ou tendance physique naturel ou anthropique ou incidence physique susceptible drsquoentraicircner des pertes en vies humaines des bles-sures ou autres effets sur la santeacute ainsi que des deacutegacircts et des pertes touchant les biens les infrastructures les moyens de subsistance la four-niture des services les eacutecosystegravemes et les ressources environnementales

Vulneacuterabiliteacute

Degreacute par lequel un systegraveme risque de subir ou drsquoecirctre affecteacute neacutegativement par les effets neacutefastes des changements climatiques y compris la varia-biliteacute climatique et les pheacutenomegravenes extrecircmes La vulneacuterabiliteacute deacutepend du caractegravere de lrsquoampleur et du rythme des changements climatiques aux-quels un systegraveme est exposeacute ainsi que de sa sensibiliteacute et de sa capa-citeacute drsquoadaptation (GIEC 2007) Propension ou preacutedisposition agrave subir des dommages La vulneacuterabiliteacute englobe divers concepts ou eacuteleacutements notam-ment les notions de sensibiliteacute ou de fragiliteacute et lrsquoincapaciteacute de faire face et de srsquoadapter (GIEC 2014)

Figure A3 ndash Le rapport SREX analyse comment lrsquoexposition et la vulneacuterabiliteacute aux pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques et climatiques deacuteterminent les conseacutequences et la probabiliteacute drsquoune catastrophe (le risque de catastrophe)

Source GIEC SREX

Introduction

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Exposition

Preacutesence de personnes de moyens de subsistance drsquoespegraveces ou drsquoeacuteco-systegravemes de fonctions ressources ou services environnementaux drsquoeacuteleacute-ments drsquoinfrastructure ou de biens eacuteconomiques sociaux ou culturels dans un lieu ou dans un contexte susceptibles de subir des dommages (GIEC 2007)

La norme ISO 14 090 preacutecise dans une note que lrsquoexposition peut chan-ger au fil du temps par exemple agrave la suite drsquoun changement drsquoaffecta-tion des terres

Risque

Conseacutequences eacuteventuelles et incertaines drsquoun eacuteveacutenement sur quelque chose ayant une valeur compte tenu de la diversiteacute des valeurs Le risque est souvent repreacutesenteacute comme la probabiliteacute drsquooccurrence de tendances ou drsquoeacuteveacutenements dangereux que viennent amplifier les conseacutequences de tels pheacutenomegravenes ou tendances lorsqursquoils se produisent

Les risques naissent de la conjonction drsquoun pheacutenomegravene physique deacuteclen-cheur et drsquoune situation de vulneacuterabiliteacute et drsquoexposition des personnes et des biens

Figure A4 ndash Scheacutema explicatif des concepts associeacutes agrave la vulneacuterabiliteacute au changement climatique

Source MTES CGDD

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Les extrecircmes meacuteteacuteorologiques du point de vue des sciences sociales

Auteur Jean-Paul Vanderlinden

Laboratoire CEARC universiteacute de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et universiteacute Paris-Saclay

Lorsque lrsquoon se penche sur les eacuteveacutenements extrecircmes comme pheacutenomegravenes se deacuteployant dans la sphegravere publique plusieurs laquo extrecircmes raquo coexistent intera-gissent geacutenegraverent des enjeux diffeacuterents des instrumentalisations diffeacuterentes Il importe donc lorsqursquoun eacuteveacutenement extrecircme est invoqueacute dans le cadre de lrsquoaction publique par exemple drsquoecirctre particuliegraverement attentif au contexte particulier et agrave la compreacutehension que peuvent en avoir les acteurs concerneacutes Nous proposons ici quelques cleacutes pour reacutealiser cette contextualisation

Quelques eacuteleacutements concernant les donneacutees utiliseacutees

Les eacuteleacutements preacutesenteacutes sont le reacutesultat drsquoun travail drsquoanalyse meneacute sur diffeacuterents ensembles de donneacutees textuelles qui ont eacuteteacute reacutecolteacutees ces derniegraveres anneacutees articles de presse couvrant la vague de froid de 1953-1954 en France articles de presse couvrant la canicule de 2003 en France des enregistrements videacuteo et audio de deux groupes de discussion sur le sujet rassemblant des parties pre-nantes de secteurs public et priveacute meneacutes agrave Paris et finalement une seacuterie drsquoen-tretiens meneacutes

avec des chercheurs en sciences du climat se speacutecialisant dans les ques-tions relatives aux eacuteveacutenements extrecircmes

avec des cadres du secteur de lrsquoassurance avec des responsables au sein de collectiviteacutes territoriales

Extrecircme meacuteteacuteorologique un concept multiforme

Les analyses baseacutees tant sur la presse et les meacutedias que sur des entretiens et des ateliers (Vanderlinden 2015) montrent que le vocable laquo eacuteveacutenement meacuteteacuteo-rologique extrecircme raquo (extrecircme pour la suite du texte) est polyseacutemique 12 Pour cer-tains il srsquoagit de lrsquoeacuteveacutenement meacuteteacuteorologique en soi dans sa rareteacute pour drsquoautres ce sont les impacts qui sont laquo extrecircmes raquo ce qui est important ce sont les conseacute-quences parfois ce sont les deacuteficits de solidariteacute ou lrsquoeacutechec du politique qui semblent laquo extrecircmes raquo Le sens donneacute agrave laquo extrecircme raquo peut eacutevoluer dynamiquement au fil du temps au fur et agrave mesure que lrsquoeacuteveacutenement se produit et au cours de ses reacutepercussions Par exemple tant la vague de chaleur de 2003 que lrsquohiver 1953-1954 sont traiteacutes par la presse drsquoabord comme une curiositeacute (lrsquoeacutecart agrave la normale

12 Qui a plusieurs significations qui peut ecirctre compris de plusieurs faccedilons

Introduction

25

amuse) ensuite comme une crise eacutemergente (lrsquoeacutecart agrave la normale prend un tour plus sinistre en raison de ses impacts) ensuite comme une faillite des solidari-teacutes (les impacts auraient pu ecirctre eacuteviteacutes la solidariteacute eut-elle eacuteteacute plus importante) et finalement lrsquoextrecircme devient par une instrumentalisation plus ou moins impor-tante un objet politique

Une inscription dans une chaicircne de causaliteacute dont il ne peut ecirctre fait abstraction

Ces laquo glissements de sens raquo srsquoinscrivent dans des scheacutemas de causaliteacute ougrave les extrecircmes meacuteteacuteorologiques ne sont pas les seuls responsables des impacts associeacutes les ineacutegaliteacutes socio-eacuteconomiques les diffeacuterentiels drsquoexposition lrsquohis-toire et lrsquoameacutenagement du territoire le retrait de lrsquoEacutetat les meacutecanismes de gou-vernance des risques par exemple peuvent jouer un rocircle dans lrsquoimportance des conseacutequences drsquoun eacuteveacutenement et donc dans son traitement en tant qursquoextrecircme On observe par exemple reacuteguliegraverement que lorsque sont envisageacutees les deacuteclara-tions causales associeacutees agrave des eacuteveacutenements extrecircmes (du climat agrave lrsquoimpact en passant par les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes) les parties prenantes peuvent se concentrer sur diffeacuterentes parties de la chaicircne causale en fonction de leurs inteacuterecircts particuliers ce qui exclut parfois la causaliteacute

Une entreacutee risque ougrave les probabiliteacutes peuvent ecirctre mal comprises

Du point de vue de la gouvernance les extrecircmes sont freacutequemment traiteacutes via une entreacutee risque Nous consideacuterons ici une des deacutefinitions dominantes du risque un risque est la combinaison drsquoun aleacutea et drsquoun ou plusieurs enjeux lrsquoaleacutea est carac-teacuteriseacute par une intensiteacute et des incertitudes Dans un contexte de gouvernance de risque la communication de lrsquoincertitude ou des incertitudes repreacutesente un deacutefi particulier Une dimension que nous rencontrons souvent tient agrave la confusion que creacutee lrsquoutilisation du concept de peacuteriode de retour Bien entendu la peacuteriode de retour comme inverse de la probabiliteacute drsquooccurrence drsquoun eacuteveacutenement une anneacutee donneacutee est bien comprise dans lrsquounivers de la gouvernance des risques Nous rencontrons deux deacutefis neacuteanmoins Pour un public eacutelargi la peacuteriode de retour est parfois comprise comme une peacuteriodiciteacute stricte et non comme lrsquoexpression de probabiliteacute Cela peut geacuteneacuterer des pheacutenomegravenes de surexposition De faccedilon plus importante le calcul des peacuteriodes de retour repose sur une hypothegravese de station-nariteacute du climat Or sous un climat changeant cette hypothegravese nrsquoest plus veacuterifieacutee si elle lrsquoa jamais eacuteteacute Comment alors expliquer au public lrsquoorigine des probabili-teacutes utiliseacutees lrsquoorigine du chiffre associeacute agrave la peacuteriode de retour annonceacutee

Changement climatique

Climat Meacuteteacuteorologie

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Un deuxiegraveme deacutefi est en cours drsquoeacutemergence sur le front de la compreacutehension des incertitudes associeacutees aux extrecircmes meacuteteacuteorologiques Il existe aujourdrsquohui une communauteacute de chercheurs en sciences du climat qui se concentre sur le deacuteve-loppement drsquooutils drsquoattribution drsquoun eacuteveacutenement preacutecis Ces exercices sont par nature probabilistes les exercices drsquoattribution ont pour reacutesultats lrsquoexpression de probabiliteacutes nicheacutees Par exemple Stott et ses collegravegues en 2004 eacutetaient en mesure drsquoeacutecrire qursquoil y avait 95 de chance que la probabiliteacute drsquoun eacuteveacutenement du type de celui de la vague de chaleur de 2003 ait doubleacute (Stott 2004) Ce type de deacuteclaration par sa complexiteacute est difficilement compris par un public large

Quelques preacutecisions plus theacuteoriques

Une entreacutee particuliegravere a eacuteteacute utiliseacutee celle de lrsquoarticulation sociale pour poser le regard des sciences sociales sur les extrecircmes meacuteteacuteorologiques Par articulation sociale il faut entendre lrsquointeraction des concepts au sein des groupes sociaux et entre eux concepts et groupes interagissant dynamiquement Ex ante on peut consideacuterer que les concepts sont inteacutegreacutes dans des systegravemes de signification on peut supposer que les interactions entre et au sein de ces systegravemes sont essen-tielles agrave lrsquoutilisation des concepts De plus on ne peut pas dissocier le concept drsquoeacuteveacutenement extrecircme des causaliteacutes qui y sont associeacutees En effet une partie importante de ces reacutesultats montre que drsquoembleacutee pour les sujets laquo eacuteveacutenements extrecircmes raquo causaliteacutes invoqueacutees et responsabiliteacutes sont des concepts enchevecirc-treacutes constamment preacutesents lorsqursquoun eacuteveacutenement singulier a lieu

Chapitre BEacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute

et actuel

Dans ce chapitre les eacuteveacutenements extrecircmes sont passeacutes en revue agrave travers un bref historique des eacuteveacutenements les plus marquants et un aperccedilu de leurs impacts eacuteconomiques et sociaux Lrsquoinfluence du changement climatique est ensuite analyseacutee sur une seacutelection drsquoeacuteveacutenements reacutecents

copy Thierry Degen ndash Terra

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Eacuteveacutenements extrecircmes deacutejagrave observeacutes coucircts humains et financiers

Vagues de chaleurAuteurs Mathilde Pascal

Santeacute publique France

Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Les vagues de chaleur font partie des extrecircmes climatiques les plus preacuteoccu-pants au regard de la vulneacuterabiliteacute de nos socieacuteteacutes et de lrsquoeacutevolution attendue de leur freacutequence et leur intensiteacute au XXIe siegravecle (GIEC 2013) La France a eacuteteacute parti-culiegraverement eacuteprouveacutee par la canicule de lrsquoeacuteteacute 2003 qui a provoqueacute un excegraves de pregraves de 15 000 deacutecegraves entre le 4 et le 18 aoucirct directement attribuable agrave la chaleur (Poumadegravere et al 2005) Depuis 2003 des vagues de chaleur particuliegraverement intenses ont toucheacute de nombreuses autres zones de la planegravete (Russie 2010 Texas 2011 Australie 2012 Espagne 2015) tandis que la meacutetropole a eacuteteacute agrave nouveau confronteacutee agrave des eacuteveacutenements moins intenses que 2003 mais de plus en plus freacutequents (juillet 2006 aoucirct 2012 juillet 2013 juillet 2015 aoucirct 2016 juin 2017 juillet et aoucirct 2018) Sur de grandes reacutegions du territoire des vagues de chaleur tregraves intenses se sont eacutegalement produites dans les anneacutees reacutecentes comme sur les reacutegions meacutediterraneacuteennes en aoucirct 2017 et 2018 avec des tem-peacuteratures diurnes et nocturnes record Cette reacutecurrence drsquoeacuteveacutenements extrecircmes a neacutecessiteacute de deacutevelopper des outils de preacutevention de ces aleacuteas (systegraveme de vigi-lance meacuteteacuteorologique plans de veille sanitaire) mais aussi drsquoanalyse en temps reacuteel (Schneider et al 2012) Dans le cadre du projet Extremoscope (2013-2016) une deacutefinition des vagues de chaleur a eacuteteacute mise au point pour ecirctre applicable agrave toutes les eacutechelles spatiales et tous les horizons temporels (Soubeyroux et al 2016) et un historique complet des vagues de chaleur a eacuteteacute eacutetabli agrave lrsquoeacutechelle nationale depuis 1947 et agrave lrsquoeacutechelle deacutepartementale depuis 1958

Lrsquoaugmentation de la freacutequence et de lrsquointensiteacute des vagues de chaleur en France est sans eacutequivoque les vagues de chaleur recenseacutees depuis 1947 agrave lrsquoeacutechelle nationale ont eacuteteacute deux fois plus nombreuses au cours des trente-quatre derniegraveres anneacutees que sur la peacuteriode anteacuterieure (fig B1) Cette eacutevolution se mateacuterialise aussi par lrsquooccurrence drsquoeacuteveacutenements plus forts (dureacutee intensiteacute globale) ces derniegraveres anneacutees Ainsi les quatre vagues de chaleur les plus longues et trois des quatre plus intenses se sont produites apregraves 1981

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Vagues de froidAuteurs Mathilde Pascal

Santeacute publique France

Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Une meacutethode eacutequivalente a eacuteteacute mise au point pour la caracteacuterisation des vagues

de froid Si le reacutechauffement climatique global tend agrave diminuer lrsquointensiteacute des eacutepisodes froids en Meacutetropole le diagnostic sur lrsquoeacutevolution observeacutee des vagues de froid nrsquoest pas symeacutetrique agrave celui des vagues de chaleur Les vagues de froid recenseacutees depuis 1947 agrave lrsquoeacutechelle nationale ont eacuteteacute leacutegegraverement moins nom-breuses sur les trente-quatre derniegraveres anneacutees que sur la peacuteriode anteacuterieure mais surtout moins intenses Ainsi les quatre vagues de froid les plus longues et les plus intenses (feacutevrier 1956 janvier 1963 janvier 1985 et janvier 1987) ont eacuteteacute observeacutees il y a plus de vingt-cinq ans mais ce type drsquoeacuteveacutenement reste bien preacutesent dans notre climat de deacutebut du XXIe siegravecle comme en teacutemoigne lrsquoeacutepisode de feacutevrier 2012 (fig B2)

Lrsquoinfluence de la tempeacuterature sur la mortaliteacute et sur le recours au soin est deacutesor-mais eacutetablie par de tregraves nombreuses eacutetudes eacutepideacutemiologiques (Hanna 2015 Corso 2017 et Pascal 2013) Ces eacutetudes mettent en eacutevidence un effet non-lineacuteaire tregraves rapide de la chaleur sur la santeacute concentreacute dans les quelques heures agrave quelques jours suivant lrsquoexposition et un effet du froid plus modeacutereacute persistant sur plusieurs semaines apregraves lrsquoexposition (fig B3)

Figure B1 ndash Recensement des vagues de chaleur en France de 1947 agrave 2018 agrave partir de lrsquoindicateur thermique national

Source Meacuteteacuteo-France Climat HD

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Figure B2 ndash Recensement des vagues de froid en France de 1947 agrave 2018 agrave partir de lrsquoindicateur thermique national

Source Meacuteteacuteo-France Climat HD

Figure B3 ndash Influence de la tempeacuterature sur le risque relatif (RR) de deacutecegraves cumuleacute sur les vingt et un jours suivant lrsquoexposition agrave un percentile de tempeacuterature (par rapport agrave la mortaliteacute attendue pour une tempeacuterature meacutediane) ndash Meacuteta-analyse (courbe en trait plein et IC95 ) de dix-huit villes meacutetropolitaines (courbes en pointilleacutes) sur la peacuteriode 2000-2010

Source Corso M 2017

Ris

que

rela

tif (

RR

)

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Lrsquoeacutepideacutemiologie montre eacutegalement que la tempeacuterature a une influence sur la morta-liteacute agrave partir de valeurs qui ne sont geacuteneacuteralement pas consideacutereacutees comme laquo froides raquo ou laquo chaudes raquo Ces tempeacuteratures laquo douces raquo contribuent mecircme davantage agrave la mortaliteacute que les extrecircmes chauds ou froids car elles cumulent un impact faible mais sur un nombre important de jours Ces eacutetudes mettent eacutegalement en eacutevi-dence que lrsquoimpact sur la mortaliteacute survient mecircme agrave partir de tempeacuteratures habi-tuelles Ainsi en France sur dix-huit villes meacutetropolitaines entre 2000 et 2010 le froid a eacuteteacute responsable de 39 [32 46] de la mortaliteacute (impact cumuleacute sur 0-21 jours) principalement due agrave des tempeacuteratures habituelles situeacutees par exemple entre - 3 et 6 degC dans les villes semi-continentales et entre 4 et 10 degC dans les villes meacutediterraneacuteennes La chaleur a eacuteteacute responsable de 12 [11 12] (impact cumuleacute sur 0-3 jours) de la mortaliteacute totale avec un effet apparais-sant agrave partir de tempeacuteratures variant de 13 agrave 21 degC selon la ville

Ainsi en termes de preacutevention il importe de prendre en compte lrsquoensemble des tempeacuteratures et pas uniquement les eacuteveacutenements les plus extrecircmes vagues de chaleur ou vagues de froid

Un focus particulier sur ces eacuteveacutenements demeure toutefois neacutecessaire car ils preacutesentent des caracteacuteristiques particuliegraveres neacutecessitant une reacuteponse organiseacutee pour proteacuteger les personnes et eacuteviter lrsquoembolisation du systegraveme de soin Sur le plan sanitaire la preacutevention de ces eacuteveacutenements srsquoappuie sur le Plan national cani-cule (PNC) et le Plan grand froid

Dans le cadre de la chaleur des tempeacuteratures tregraves extrecircmes peuvent se traduire par une surmortaliteacute massive concentreacutee sur quelques jours et drsquoune ampleur ineacutedite dans le champ des risques sanitaires En effet si la chaleur laquo modeacutereacutee raquo frappe principalement des personnes vulneacuterables du fait de leur eacutetat de santeacute de leur acircge ou de leur exposition professionnelle la chaleur tregraves intense pose un risque pour la quasi-totaliteacute de la population

Les seuils du Plan national canicule ont eacuteteacute eacutetablis afin de cibler les eacuteveacutenements neacutecessitant une reacuteponse rapide des pouvoirs publics mais en aucun cas pour eacuteviter tout effet sanitaire de la chaleur Pendant ces peacuteriodes le PNC se concentre sur des actions drsquoinformation et de communication lrsquoidentification agrave lrsquoeacutechelle des municipaliteacutes des personnes vulneacuterables le deacuteclenchement des plans blancs et plans bleushellip Ces mesures sont agrave lrsquoinitiative de nombreux acteurs institutionnels municipaux associatifs et gradueacutees selon le niveau de vigilance En parallegravele la preacutevention de fond commence agrave se deacutevelopper avec notamment des mesures visant agrave reacuteduire lrsquoicirclot de chaleur urbain et agrave deacutevelopper des icirclots de fraicirccheur Cette preacutevention de fond doit toutefois veiller agrave ne pas aggraver les ineacutegaliteacutes sociales de santeacute et agrave beacuteneacuteficier agrave lrsquoensemble des personnes vulneacuterables

Les efforts de preacutevention se justifient par lrsquoimportance des impacts sanitaires Entre 1974 et 2013 on recense 931 peacuteriodes reacutepondant agrave la deacutefinition de cani-cules agrave lrsquoeacutechelle deacutepartementale en France meacutetropolitaine durant lesquelles ont eacuteteacute observeacutes plus de 32 000 deacutecegraves en excegraves La canicule de 2003 qui nrsquoa aucun eacutequivalent historique y compris depuis la mise en place du PNC totalise presque

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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la moitieacute de cet impact avec pregraves de 15 000 deacutecegraves en excegraves Les autres cani-cules les plus meurtriegraveres se sont concentreacutees en 1976 avec 4 500 deacutecegraves en excegraves 1983 avec 2 900 deacutecegraves en excegraves et 2006 avec 1 400 deacutecegraves en excegraves (rapport Santeacute publique France agrave paraicirctre) Dans les anneacutees reacutecentes les cani-cules les plus seacutevegraveres ont eacuteteacute observeacutees en 2015 avec un impact estimeacute de 1 700 deacutecegraves en excegraves (Pascal M 2017) et en 2018 avec environ 1 500 deacutecegraves en excegraves Il faut souligner que ces impacts diffeacuterents peuvent srsquoexpliquer par des diffeacuterences dans lrsquointensiteacute de la chaleur lrsquoeacutetendue geacuteographique la taille de la population toucheacutee et ne permettent pas drsquoen tirer des conclusions sur lrsquoeffica-citeacute des mesures de preacutevention mises en place

En parallegravele de la mortaliteacute on continue drsquoobserver tous les ans un effet sensible de la chaleur sur le recours aux soins drsquourgences notamment pour des patholo-gies tregraves speacutecifiques de la chaleur (PLC) Toutes les classes drsquoacircges sont concer-neacutees (fig B4)

En plus de lrsquoaugmentation du nombre de canicules au fil des anneacutees on constate eacutegalement une modification de leur reacutepartition geacuteographique et calendaire Ceci pose de nouveaux deacutefis en matiegravere de preacutevention Par exemple les vagues de chaleur preacutecoces de juin 2015 et 2017 semblent se caracteacuteriser par un recours aux soins drsquourgences pour PLC plus important que drsquoordinaire chez les enfants et les jeunes adultes en lien avec des expositions possibles en milieux scolaires et professionnels (Pascal M 2017)

Figure B4 ndash Part (en ) moyenne des recours aux soins pour PLC dans lrsquoactiviteacute totale codeacutee selon le niveau de vigilance (agreacutegation nationale) par anneacutee et classe drsquoacircge

Pascal M 2017

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Dans le cas du froid il srsquoagira de preacutevenir par exemple non seulement ses effets mais eacutegalement ceux des conditions meacuteteacuteorologiques associeacutees pouvant entraicircner des accidents traumatismes ou intoxications au monoxyde de carbone Actuellement le Plan grand froid se concentre sur des campagnes de commu-nication et des mesures speacutecifiques pour les personnes preacutecaires (places drsquoheacute-bergement maraudes trecircve hivernale aides financiegravereshellip) On dispose de peu de donneacutees sur lrsquoimpact des vagues de froid ces eacuteveacutenements eacutetant beaucoup plus rares et ne faisant pas lrsquoobjet de bilans systeacutematiques comme les vagues de chaleur

Figure B5 ndash Sur la peacuteriode 1970-2016 part (en ) des canicules de la peacuteriode survenue apregraves la mise en place du plan national canicule en 2004

Source Santeacute publique France 2018

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Les seacutecheressesAuteurs Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Jeacuterocircme Duvernoy

MTES DGECSCEEONERC

LrsquoEurope du Sud et la France notamment sont particuliegraverement concerneacutees par les effets du changement climatique avec une augmentation en freacutequence et en intensiteacute des seacutecheresses (GIEC 2007) La variabiliteacute des temps de reacuteaction des aquifegraveres des cycles eacutecologiques ou socio-eacuteconomiques impose de consideacuterer les deacuteficits hydriques sur diffeacuterentes profondeurs temporelles de quelques mois agrave quelques anneacutees Srsquoil nrsquoexiste pas drsquoindicateur universel pour tous les types de seacutecheresse un indicateur standardiseacute deacutenommeacute SPI a eacuteteacute recommandeacute par lrsquoOr-ganisation mondiale de la meacuteteacuteorologie en 2010 pour lrsquoanalyse des seacutecheresses meacuteteacuteorologiques lieacutees agrave un deacuteficit du cumul de preacutecipitations Dans le cadre du projet ClimSec (2008-2011) cet indicateur a eacuteteacute eacutetendu agrave la seacutecheresse des sols (Soubeyroux et al 2012) et permet de suivre les eacuteveacutenements en temps reacuteel et drsquoen produire un recensement depuis 1958 agrave lrsquoeacutechelle nationale et reacutegionale

Si on nrsquoidentifie pas agrave ce jour de tendance agrave llsquoeacutevolution des seacutecheresses meacuteteacuteo-rologiques agrave lrsquoeacutechelle de la meacutetropole lrsquoextension moyenne des seacutecheresses des sols depuis 1959 est en revanche tregraves nette depuis les anneacutees 1990 (fig B6) Depuis le deacutebut du XXIe siegravecle douze anneacutees sur dix-sept ont deacutepasseacute la moyenne des surfaces toucheacutees sur la peacuteriode 1961-1990 Les anneacutees 2003 2005 2011 2017 et aussi 2018 ont occasionneacute des seacutecheresses de grande ampleur

Figure B6 ndash Recensement du pourcentage annuel de la surface du territoire affecteacutee par la seacutecheresse depuis 1959

Source Meacuteteacuteo-France Climat HD

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Le pheacutenomegravene de retrait-gonflement des argiles qui geacutenegravere de graves deacutesordres sur le bacircti est occasionneacute par un assegravechement fort du sol en preacutesence drsquoargiles Plusieurs indicateurs ont eacuteteacute deacutefinis dans le cadre du dispositif catastrophes naturelles auquel ce pheacutenomegravene est eacuteligible depuis 1990 ils srsquoappuient sur le caractegravere anormal de la moyenne trimestrielle drsquohumiditeacute du sol eacutevalueacutee par simulation du bilan hydrique du sol Deux types drsquoeacuteveacutenement sont particuliegravere-ment suivis les seacutecheresses estivales intenses et les seacutecheresses de longue dureacutee centreacutees sur lrsquohiver

Une reacuteanalyse des eacuteveacutenements depuis 1959 (Blanchard et Soubeyroux 2015) a mis en eacutevidence le caractegravere exceptionnel des anneacutees 1989 et 1990 mais aussi de la seacutecheresse estivale de 2003 Lrsquoaugmentation de la freacutequence observeacutee des seacutecheresses depuis les anneacutees 1990 est aussi particuliegraverement notable (fig B7) et est agrave rapprocher de lrsquoextension des surfaces toucheacutees Ainsi depuis le deacutebut du XXIe siegravecle onze anneacutees sur seize ont deacutepasseacute la moyenne des surfaces tou-cheacutees sur la peacuteriode 1961-1990 (source Climat HD)

Pregraves de 63 des sols meacutetropolitains montrent des preacutedispositions au retrait-gonflement des sols argileux ou marneux (fig B8a) La survenance des sinistres deacutepend drsquoautant plus de lrsquointensiteacute des pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques que lrsquoaleacutea retrait-gonflement srsquoavegravere faible Lrsquoanalyse statistique des aleacuteas des enjeux et de la sinistraliteacute conseacutecutive agrave une seacutecheresse exceptionnelle (part du territoire en aleacutea retrait-gonflement drsquoargiles fort ou moyen densiteacute de maisons individuelles

Figure B7 ndash Recensement du pourcentage annuel de la superficie potentiellement affecteacutee par les effets de retraitgonflement des argiles depuis 1959

Source Meacuteteacuteo-France

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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nombre drsquoarrecircteacutes de CatNat seacutecheresse) permet de deacuteterminer six cateacutegories de communes 1 (fig B8b)

Jusqursquoagrave 2017 (avec le cyclone Irma) la seacutecheresse de 2003 eacutetait lrsquoeacuteveacutenement extrecircme le plus coucircteux du fait de lrsquoampleur nationale avec plus de 4 000 com-munes toucheacutees Les deacutegacircts assureacutes ont eacuteteacute estimeacutes agrave 183 milliard drsquoeuros (actualiseacutes) Drsquoun point de vue assurantiel les coucircts des seacutecheresses se limitent aux dommages aux bacirctis du fait du retrait-gonflement des argiles ou mouvements de sol (Bilan CatNat 1992-2017)

Les feux de forecircts et de broussailles

Auteurs Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Jeacuterocircme Duvernoy

MTES DGECSCEEONERC

Les feux de forecircts constituent un risque important en France avec des enjeux eacuteco-nomiques forts Du point de vue climatique la caracteacuterisation du risque feu de forecirct srsquoappuie geacuteneacuteralement sur le calcul de lrsquoIndice feu meacuteteacuteo (IFM) Cet indice caracteacuterise gracircce agrave une valeur numeacuterique le danger meacuteteacuteorologique drsquoincendie au pas de temps quotidien en syntheacutetisant le danger drsquoeacuteclosion et le danger de propagation Plus la valeur de lrsquoIFM est eacuteleveacutee plus les conditions meacuteteacuteorolo-giques sont propices aux incendies Si cette meacutethode permet de bien caracteacuteri-ser lrsquoeacutevolution de la composante climatique du risque feu il nrsquoest cependant pas

1 httpgeoidddeveloppement-durablegouvfr

Figure B8a ndash Gauche aleacutea retrait-gonflement des argiles B8b ndash droite typologie de la vulneacuterabiliteacute des territoires au retrait-gonflement des argiles

Sources BRGM 2013 DGFIP MAJIC 2014 Meem DGPR Gaspar 2016 Traitements MTES CGDDSDES 2017

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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directement possible de relier une valeur donneacutee drsquoIFM agrave un niveau de risque Une eacutetude meneacutee par Meacuteteacuteo-France pour le CGEDD (Regimbeau et Cloppet 2010) a utiliseacute la reacuteanalyse SAFRAN (reacutesolution 8 km) pour eacutetudier la tendance de lrsquoIFM sur la peacuteriode 1958-2008 et comparer les peacuteriodes 1961-1980 et 1989-2008 Bien qursquoen zone meacutediterraneacuteenne le nombre de feux ait diminueacute alors que lrsquoindice aug-mentait sur le moyen terme (1983-2008 fig B9) et pour les moyennes il y a correacute-lation entre le nombre annuel de deacuteparts de feux et la moyenne annuelle de lrsquoIFM

Il apparaicirct qursquoen moyenne annuelle quatre anneacutees se distinguent par un IFM moyen eacuteleveacute les anneacutees 2003 1976 1989 et 1990 On retrouve sans surprise quatre anneacutees marqueacutees par des conditions chaudes et segraveches Lrsquoanalyse sur la peacuteriode estivale donne des reacutesultats assez proches Les quatre anneacutees avec lrsquoIFM moyen estival le plus eacuteleveacute sont dans lrsquoordre 1976 2003 1990 et 1962 (fig B9) La confrontation des deux peacuteriodes met en lumiegravere une hausse marqueacutee de lrsquoIFM moyen sur lrsquoensemble du territoire franccedilais LrsquoIFM a augmenteacute de 18 sur la peacuteriode Cette eacutetude a examineacute eacutegalement le nombre de jours par an avec deacutepassement de plusieurs seuils drsquoIFM dont la valeur 20 associeacutee agrave un risque reacuteel drsquoincendie Le nombre de jours avec IFM gt 20 augmente sur la quasi-totaliteacute du territoire Sur les reacutegions Poitou-Charentes et Pays-de-la-Loire cette augmen-tation est comprise entre dix et vingt-cinq jours par an Sur le pourtour meacutediterra-neacuteen cette hausse deacutepasse cinquante jours par an soit une augmentation sur lrsquoanneacutee de la saison feu de lrsquoordre de sept semaines La quasi-totaliteacute de la Corse a connu au moins trente jours de plus par an avec IFM gt 20 Cette augmenta-tion est principalement observeacutee durant lrsquoeacuteteacute On observe cependant que pour la reacutegion Pays-de-la-Loire crsquoest la peacuteriode mars-avril-mai qui contribue le plus agrave la hausse constateacutee Pour le pourtour meacutediterraneacuteen et la Corse la peacuteriode autom-nale contribue de maniegravere significative Cela suggegravere un deacutebut plus preacutecoce de la

Figure B9 ndash Valeurs annuelles drsquoIFM moyen sur la France sur la peacuteriode 1958-2008

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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saison des feux de forecirct dans lrsquoOuest de la France et un prolongement automnal de la saison des feux dans le Sud-Est de la France Sur la peacuteriode 1961-1980 386 du territoire connaicirct au moins un jour tous les ans avec IFM gt 20 Sur la peacuteriode 1989-2008 745 du territoire connaicirct au moins un jour tous les ans avec IFM gt 20 Cela repreacutesente un quasi-doublement de la superficie consideacutereacutee par rapport agrave la peacuteriode 1961-1980

Figure B10 ndash Cartes du nombre moyen de jours par an avec un IFM gt 20 pour les deux peacuteriodes drsquoeacutetudes 1961-1980 (carte de gauche) et 1989-2008 (carte de droite)

Source Meacuteteacuteo-France

0

500

1000

1500

2000

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1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

Nom

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Anneacutee

Figure B11 ndash Nombre de feux de forecirct dans les deacutepartements du pourtour meacutediterraneacuteen franccedilais

Source ONERC drsquoapregraves Base de donneacutees Promeacutetheacutee

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Les preacutecipitations extrecircmesAuteur Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Dans un climat plus chaud le GIEC (rapport 2013) indiquait qursquoune augmentation du risque de preacutecipitations extrecircmes au cours du XXIe siegravecle eacutetait probable et un reacutesultat eacutequivalent a eacuteteacute eacutetabli pour la France (Ouzeau et al 2014) La caracteacute-risation des tendances climatiques sur les pluies intenses agrave lrsquoeacutechelle drsquoun terri-toire est un enjeu primordial pour la preacutevention des risques hydrologiques mais elle srsquoavegravere particuliegraverement difficile du fait de leur forte variabiliteacute spatiale et du nombre limiteacute de donneacutees de qualiteacute suffisante permettant drsquoen rendre compte qursquoil srsquoagisse de seacuteries observeacutees ou issues de modeacutelisation Une analyse (Soubeyroux et al 2015) de lrsquoeacutevolution des pluies extrecircmes annuelles en reacutegion Meacutediterraneacuteenne agrave partir de 700 seacuteries locales a montreacute une preacutedominance de tendances agrave la hausse mais avec une confiance limiteacutee du point de vue statis-tique (fig B12)

Des travaux reacutecents meneacutes dans le cadre du projet Extremoscope ont permis de mettre au point un indicateur agreacutegeacute robuste baseacute sur les seacuteries quotidiennes de preacutecipitation permettant de caracteacuteriser agrave la fois la freacutequence et lrsquointensiteacute de ces pluies extrecircmes (Ribes et al 2018)

En termes drsquointensiteacute (fig B12a) une augmentation robuste de 22 +- 5 est ainsi mise en eacutevidence sur la peacuteriode 1961-2015 (Vautard et al 2015 Ribes et al 2018) Cette augmentation est environ une agrave trois fois plus forte que celle qui est preacutedite par lrsquoaugmentation de la tempeacuterature observeacutee dans la reacutegion et la loi physique qui relie la quantiteacute drsquoeau dans lrsquoatmosphegravere agrave la tempeacuterature

En termes de freacutequence (fig B12b) le nombre drsquoeacuteveacutenements geacuteneacuterant des cumuls de pluie supeacuterieurs agrave 200 mm est eacutegalement en hausse significative du point de vue statistique depuis 2000

Toutefois les autres reacutegions franccedilaises sont soumises agrave des pluies de nature diffeacuterente Par exemple les forts cumuls qui ont pu ecirctre observeacutes durant lrsquohiver 2013-2014 reacutesultent drsquoune situation meacuteteacuteorologique avec un flux persistant de sud-ouest apportant une reacutepeacutetition drsquoeacutepisodes de pluies modeacutereacutees Les analyses du projet Extremoscope nrsquoont pas pu mettre en eacutevidence une tendance marqueacutee dans ce cas tout comme dans le cas des pluies printaniegraveres ayant donneacute lieu agrave une crue importante de la Seine en juin 2016 (cf p 58)

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Figure B12a (haut) ndash Eacutevolution du maximum annuel quotidien de preacutecipitation sur les reacutegions meacutediterraneacuteennes depuis 1962 B12b (bas) eacutevolution de la freacutequence drsquoeacutepisodes de pluies extrecircmes sur les reacutegions meacutediterraneacuteennes depuis 1962

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Cyclones et tempecirctesAuteur Jean-Michel Soubeyroux

Meacuteteacuteo-France

Les tempecirctes associeacutees aux systegravemes deacutepressionnaires tregraves mobiles de lrsquoAtlan-tique ou quasi-stationnaires en Meacutediterraneacutee font partie des extrecircmes climatiques aux conseacutequences lourdes pour nos socieacuteteacutes Du fait de la combinaison de leurs effets (vents violents action des vagues et submersion marine pluies intenses) et de lrsquoextension spatiale des zones affecteacutees les deacutegacircts occasionneacutes sont freacute-quemment importants tant en matiegravere de vies humaines que de coucircts eacutecono-miques ou de deacutegacircts sur lrsquoenvironnement Agrave elles seules les tempecirctes Lothar et Martin de deacutecembre 1999 ont fait en France meacutetropolitaine 92 victimes et occa-sionneacute plus de 15 Mdeuro de dommages 2 La tempecircte Xynthia en feacutevrier 2010 a durement toucheacute plusieurs reacutegions dont la faccedilade Atlantique et conduit agrave des eacutevo-lutions en matiegravere de preacutevention des risques sur le littoral Les tempecirctes de lrsquohiver 2017 dont la tempecircte Zeus le 6 mars ou celles agrave reacutepeacutetition de janvier 2018 ont rappeleacute en France et dans les diffeacuterents pays du Nord de lrsquoEurope la vulneacuterabi-liteacute de nos socieacuteteacutes face agrave ce type drsquoeacuteveacutenement

Du point de vue climatologique les donneacutees fiables pour analyser les tempecirctes eacutetaient jusqursquoagrave reacutecemment assez limiteacutees tant en reacutesolution spatiale qursquoen pro-fondeur temporelle Depuis fin 2016 une nouvelle base de donneacutees drsquoanalyse des rafales de vent en France agrave haute reacutesolution spatio-temporelle (25 km et 1 heure) permet de disposer de chroniques complegravetes des tempecirctes depuis 1980 3 et drsquoanalyser les tendances en termes de nombre drsquoeacuteveacutenements ou de seacuteveacuteriteacute (Soubeyroux et al 2018)

Au niveau national (fig B13) il apparaicirct que le nombre drsquoeacuteveacutenements de tem-pecirctes a fortement varieacute entre la peacuteriode 1980 agrave 1995 et les anneacutees 1995 agrave 2015 (reacuteduction de moitieacute du nombre drsquoeacuteveacutenements) Il est cependant difficile drsquoattribuer cette eacutevolution aux seuls effets du changement climatique notamment du fait de lrsquoinfluence de la variabiliteacute de la circulation geacuteneacuterale (oscillation multideacutecennale Atlantique et oscillation Nord Atlantique) sur lrsquoactiviteacute des tempecirctes sur le Nord de lrsquoEurope et la France en particulier La diminution de lrsquoactiviteacute tempeacutetueuse et drsquoune maniegravere geacuteneacuterale la baisse des vents de surface sur la terre est constateacutee dans un nombre croissant drsquoeacutetudes et lrsquoaugmentation de la rugositeacute de la surface terrestre (urbanisation augmentation des forecircts) est citeacutee comme un facteur drsquoex-plication probable (Vautard et al 2010 McVicar et al 2012 Wever 2012)

En matiegravere de cyclones lrsquoactiviteacute exceptionnelle de la saison cyclonique 2017 sur lrsquoAtlantique Nord et notamment lrsquoarc antillais (Chauvin et al 2017) a interrogeacute sur la contribution eacuteventuelle du changement climatique pour expliquer la reacutepeacute-tition de ces eacuteveacutenements et leur intensiteacute Mais si les climatologues disposent

2 wwwgeorisquesgouvfr

3 tempetesmeteofr

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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drsquoobservations sur les cyclones tropicaux depuis la fin du XIXe siegravecle surtout sur lrsquoAtlantique les bases de donneacutees fiables ne deacutebutent au mieux que dans les anneacutees 1970 avec lrsquoarriveacutee des satellites car ces pheacutenomegravenes naissant sur les oceacuteans pouvaient passer inaperccedilus avant Gracircce agrave ces observations satellitaires et agrave des traitements automatiseacutes systeacutematiques pour caracteacuteriser les cyclones les climatologues ont donc pu identifier des tendances fiables de lrsquoactiviteacute cyclo-nique de 1970 agrave nos jours

On observe ainsi une augmentation de lrsquoactiviteacute des cyclones tropicaux dans lrsquoAtlan-tique nord depuis les anneacutees 1970 (Planton et al 2015) Leur freacutequence semble augmenter plus fortement dans les anneacutees 2000 En 2005 on relegraveve ainsi vingt-sept systegravemes cycloniques contre une dizaine par an en moyenne De mecircme la saison 2017 se distingue avec le nombre record drsquoouragans majeurs (six eacuteveacutene-ments de cateacutegorie supeacuterieure agrave 3 dont trois ouragans de cateacutegorie 5 Irma Joseacute et Maria) Mais sur lrsquoAtlantique nord en particulier lrsquoactiviteacute cyclonique varie natu-rellement selon des cycles de plusieurs dizaines drsquoanneacutees Avec un recul drsquoune quarantaine drsquoanneacutees seulement il est impossible de distinguer lrsquoimpact du chan-gement climatique de la variabiliteacute naturelle du pheacutenomegravene

Des travaux reacutecents montrent que la latitude agrave laquelle les cyclones ont atteint leur intensiteacute maximale a migreacute vers les pocircles au cours des trente-cinq derniegraveres anneacutees dans les deux heacutemisphegraveres Cette constatation est coheacuterente avec

Figure B13 ndash Eacutevolution du nombre de tempecirctes observeacutees en France meacutetropolitaine de 1980 agrave 2017 (barre bleu) et moyenne glissante sur cinq ans (trait rouge) agrave partir de la base de donneacutees du site httptempetesmeteofrancefr

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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lrsquoexpansion observeacutee de la ceinture tropicale au cours de cette peacuteriode La cein-ture tropicale est une zone confineacutee de part et drsquoautre de lrsquoEacutequateur par de larges zones deacutesertiques dans laquelle regravegne un climat chaud et humide Son exten-sion est deacutetermineacutee par la circulation atmospheacuterique Depuis quelques deacutecen-nies on constate que cette zone srsquoeacutelargit en direction des pocircles dans les deux heacutemisphegraveres Plusieurs facteurs pourraient expliquer cette expansion (variabiliteacute naturelle ozone stratospheacuterique reacutechauffement des tempeacuteratures de surface changement dans le profil vertical des tempeacuteratures)

Inondations crues lentes et crues rapides

Auteur Florence Habets

Universiteacute Pierre et Marie Curie

La France est impacteacutee par les crues rapides les crues lentes et les submer-sions cocirctiegraveres La freacutequence importante des crues rapides est associeacutee agrave une forte mortaliteacute (fig B14 Paprotny et al 2018)

Figure B14 ndash Occurrence des crues en Europe en fonction du type de crue

(Submersion cocirctiegravere en bleu crue lente en vert clair crue rapide en vert fonceacute ou multicomposante en vio-let) Agrave gauche lrsquoeacutevolution par mois sur lrsquoEurope avec en rose le nombre de deacutecegraves associeacutes Agrave droite dis-tribution du type de crue par pays et nombre de deacutecegraves par pays

Source Paprotny et al 2018

Nom

bre

drsquoeacutev

eacutenem

ents

Ces diffeacuterents types de crues sont associeacutes agrave des pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques diffeacuterents preacutecipitations intenses pour les crues rapides longues peacuteriodes humides pour les crues lentes tempecircte pour les submersions cocirctiegraveres Cela se traduit notamment par des dates drsquooccurrence de ces eacuteveacutenements qui varient dans lrsquoespace comme illustreacute fig B15 Lrsquoeacutetude de la date drsquooccurrence du deacutebit maximum annuel montre des changements dans la dynamique de ces maximums annuels avec des zones comme la Bretagne ougrave le pic se produit plus tocirct qursquoavant et drsquoautres comme la plaine de la Garonne ougrave il arrive plus tard (Bloschl et al 2017)

Nom

bre

de d

eacutecegraves

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Un type particulier de crues lentes est celle causeacutee par deacutebordement de nappe Un cas exemplaire est celui du bassin de la Somme en 2001 pour lequel des maisons ont eacuteteacute inondeacutees pendant plusieurs mois (Neacutegrel et Petelet-Giraud 2005) Une analyse historique (fig B16) des niveaux des nappes seacutedimentaires de la moitieacute nord de la France par modeacutelisation permet via lrsquoutilisation drsquoun indice standardiseacute du niveau pieacutezomeacutetrique drsquoestimer lrsquoextension et lrsquointensiteacute des eacutepisodes ougrave les niveaux de la nappe sont tregraves hauts (au-delagrave drsquoune peacuteriode de retour de dix ans en chaque point) Les anneacutees 2000 et 2001 apparaissent effectivement comme des anneacutees extrecircmes sur une grande partie des aquifegraveres seacutedimentaires eacutetudieacutes

Figure B15a (gauche) ndash Dates drsquooccurrence des maximums de deacutebits annuels en Europe entre 1960 et 2010 (droite) eacutevolution de la date drsquooccurrence des maximums entre 1960 et 2010 exprimeacutee en nombre de jours par deacutecennie

Chaque flegraveche repreacutesente une station hydromeacutetrique La direction et la couleur indiquent la date moyenne drsquooccurrence tandis que la longueur indique la concentration des crues agrave une peacuteriode donneacutee (courte tregraves disperseacutee dans le temps longue tregraves concentreacutee dans le temps)

Source Bloschl et al 2017

Figure B16 ndash Surface (abscisse) et intensiteacute (ordonneacutee) de lrsquooccurrence des hauts niveaux de nappe (peacuteriode de retour de dix ans) en moyenne sur les aquifegraveres preacutesenteacutes sur la carte

Reacutesultats issus du projet Aqui-FR wwwmetisupmcfr~aqui-fr

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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En 2015 le risque drsquoinondation a contribueacute agrave hauteur de 104 milliards de dollars ameacutericains aux pertes annuelles moyennes mondiales En France et sur la peacuteriode couvrant 1982 agrave 2017 le coucirct moyen annuel des inondations est estimeacute agrave 526 Meuroan Les inondations de la Seine et de la Loire de 2016 ont coucircteacute de lrsquoordre du milliard drsquoeuros

Les laves torrentiellesAuteur Vincent Jomelli

Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagriculture

Les laves torrentielles constituent un pheacutenomegravene complexe pour au moins trois raisons

drsquoun point de vue statistique il srsquoagit drsquoun eacuteveacutenement rare qui se produit parfois selon une freacutequence plurideacutecennale

le deacuteclenchement de ce type de processus deacutepend des conditions climatiques et geacuteomorphologiques (pente veacutegeacutetation lithologie etc) qui sont interconnecteacutees

les conditions de deacuteclenchement sont souvent lieacutees agrave des pheacutenomegravenes cli-matiques extrecircmes eux-mecircmes encore mal compris

Deux conditions sont neacutecessaires au deacuteclenchement des laves torrentielles (Caine 1980 Johnson et Rodine 1984 Van Steijn 1996 Iverson 1997) drsquoune part des preacutecipitations de longue dureacutee ou de forte intensiteacute et drsquoautre part un grand volume de deacutebris rocheux mobilisable En regravegle geacuteneacuterale un eacutepisode de pluie intense deacuteclenche ce processus (Guzzetti et al 2008) bien que des laves torren-tielles aient eacuteteacute eacutegalement provoqueacutees par la libeacuteration soudaine drsquoeau stockeacutee sous un glacier par la rupture drsquoun barrage morainique ou encore par la fonte rapide de neige (Evans et Clague 1994) La relation entre le deacuteclenchement des laves torrentielles et les caracteacuteristiques des pluies a eacuteteacute eacutetudieacutee agrave de nombreuses reprises depuis les travaux pionniers de Caine (1980) Cet auteur et drsquoautres par la suite ont montreacute que plus lrsquointensiteacute des pluies est forte plus la dureacutee de ces averses est courte (Marchi et al 2002 Guzzetti et al 2008 Berti et al 2012 Pavlova et al 2014 Bel et al 2017) En revanche si lrsquoimportance du volume de deacutebris stockeacutes dans le chenal est connue depuis longtemps (Statham 1976) cet aspect reste encore agrave explorer en profondeur (Pech et Jomelli 2001) Ce volume de deacutebris peut provenir soit drsquoaccumulations morainiques (Haeberli et al 1990 Rickenman et Zimmermann 1993) soit de deacutebris geacutelifracteacutes accumuleacutes dans un couloir ou au sommet drsquoun deacutepocirct de pente (Pech et Jomelli 2001) par graviteacute ou transporteacutes par une avalanche (Theule et al 2012)

Lrsquoimportance du synchronisme spatio-temporel entre les fortes pluies et un volume de deacutebris stockeacutes a deacutejagrave eacuteteacute souligneacutee agrave plusieurs reprises (notamment Pech et Jomelli 2001 Malet et al 2005 Bel et al 2017) En drsquoautres termes si une lave torrentielle est deacuteclencheacutee la probabiliteacute de deacuteclenchement les mois ou les anneacutees suivantes sera faible mecircme si de fortes pluies sont observeacutees car si

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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le volume stockeacute dans le chenal a eacuteteacute totalement mobiliseacute au cours du premier eacuteveacutenement plusieurs anneacutees seront a priori neacutecessaires pour sa reconstitution

Les liens entre les laves torrentielles et le contexte geacuteomorphoclimatique

De nombreuses eacutetudes visant agrave documenter lrsquoactiviteacute des laves torrentielles dans diffeacuterentes reacutegions montagneuses ont reacuteveacuteleacute une forte variabiliteacute spatio- temporelle des bassins versants eacutetant plus actifs que drsquoautres On a donc chercheacute agrave identi-fier les facteurs geacuteomorphologiques ayant un impact important sur lrsquoactiviteacute des laves (Thiery et al 2007 Capitani et al 2013) En geacuteneacuteral lrsquoapproche consistait agrave explorer les relations statistiques entre lrsquoapparition de laves et une ou plusieurs variables geacuteomorphologiques explicatives deacutecrites agrave lrsquoeacutechelle du bassin-versant ou agrave une eacutechelle plus reacutegionale Parmi ces variables cleacutes les caracteacuteristiques geacuteologiques du bassin-versant (lithologie ou preacutesence drsquoune faille tectonique) ont eacuteteacute souligneacutees (Lorente et al 2002 Jomelli et al 2007 Cheng et al 2016) La taille du bassin-versant et sa pente sont eacutegalement consideacutereacutees comme des variables influant la freacutequence ou lrsquointensiteacute du processus tout comme le type de veacutegeacutetation ou lrsquoutilisation du sol (Jianzhong et al 2013)

La variabiliteacute des conditions meacuteteacuteorologiques est eacutegalement agrave prendre en compte Comme mentionneacute preacuteceacutedemment la preacutesence de laves torrentielles est dans la plupart des cas lieacutee agrave des pluies de longue dureacutee ou intenses Or les cumuls preacute-cipiteacutes de pluie etou de neige ainsi que la freacutequence des eacuteveacutenements extrecircmes varient dans le temps Certaines peacuteriodes peuvent donc ecirctre plus favorables que drsquoautres au deacuteclenchement de ce type de processus Ainsi une activiteacute accrue a eacuteteacute observeacutee en Europe occidentale pendant les peacuteriodes humides de lrsquoHolocegravene (Blikra et Nemec 1998 Matthews et al 2009) Lrsquoimpact du changement clima-tique actuel sur lrsquoactiviteacute des laves a eacutegalement eacuteteacute eacutetudieacute (Jomelli et al 2004 Wieczorek et Glade 2005 Pavlova et al 2014 Savi et al 2016) reacuteveacutelant le plus souvent un accroissement de lrsquooccurrence

Les liens entre les conditions geacuteomorphologiques et meacuteteacuteorologiquesclimatiques responsables du deacuteclenchement des laves doivent eacutegalement ecirctre consideacutereacutes Par exemple le seuil de preacutecipitations deacuteclenchant les laves deacutepend des caracteacuteris-tiques du sol qui controcirclent la saturation et la pression interstitielle (Peruccacci et al 2012) Lrsquoactiviteacute des laves deacutepend eacutegalement du volume de seacutediments pouvant ecirctre mobiliseacute dans le bassin-versant Ce volume est directement influenceacute par des variables geacuteomorphologiques telles que la lithologie (Hung et al 2005 Mc Coy et al 2012) mais ce stock varie eacutegalement selon un cycle saisonnier et connaicirct une variabiliteacute interannuelle qui deacutepend du climat (Theule et al 2012)

Pour eacutetudier les relations entre le fonctionnement des laves torrentielles et le climat actuel deux eacutechelles spatiales doivent ecirctre consideacutereacutees celle du bassin-versant expeacuterimental tregraves bien instrumenteacute (Bel et al 2017) et lrsquoeacutechelle reacutegionale (Pavlova et al 2012) Les deux approches ont leurs avantages et leurs inconveacute-nients raisons pour lesquelles elles doivent ecirctre utiliseacutees de concert Rappelons ici briegravevement les principaux reacutesultats issus de ces observations en commenccedilant tout drsquoabord par les bassins-versants expeacuterimentaux

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Lrsquoeacutechelle du bassin-versant expeacuterimental

Nos connaissances sur le deacuteclenchement des laves torrentielles ont eacuteteacute largement ameacutelioreacutees gracircce aux observations reacutealiseacutees depuis huit ans dans le bassin-ver-sant expeacuterimental du Reacuteal situeacute dans les Preacutealpes franccedilaises du Sud agrave proximiteacute du village de Peacuteone dans le deacutepartement des Alpes-Maritimes Ce bassin-versant de 23 km2 tregraves actif veacutegeacutetaliseacute agrave plus de 70 a eacuteteacute eacutequipeacute de trois stations de mesures comprenant chacune un geacuteophone des capteurs de hauteur drsquoeau une cameacutera et un pluviomegravetre (Navratil et al 2013) Ce systegraveme a permis drsquoidenti-fier plus drsquoune trentaine drsquoeacuteveacutenements dont certains nrsquoont pas atteint la partie basse du bassin-versant Gracircce agrave ces observations on sait que ces eacutecoulements se produisent principalement en eacuteteacute (43 ) et au printemps (40 ) et plus rare-ment agrave lrsquoautomne (10 ) et en hiver (5 )

Ce dispositif de mesures a aussi permis drsquoeacutetudier finement les relations inten-siteacute-dureacutee (ID) des pluies responsables drsquoun deacuteclenchement de lave Ce seuil ID varie quelque peu selon le volume de seacutediments mobiliseacutes et les distances parcourues (Bel et al 2017) Une augmentation systeacutematique du seuil ID a eacuteteacute constateacutee avec la surface de drainage Gracircce agrave ces observations un seuil drsquointen-siteacutedureacutee des preacutecipitations en fonction des caracteacuteristiques des eacuteveacutenements pluvieux a eacuteteacute deacutefini Les conditions meacuteteacuteorologiques propices au deacuteclenchement des laves ont eacuteteacute identifieacutees et ont eacuteteacute ensuite compareacutees aux autres types drsquoeacutecou-lements Dans le bassin-versant les laves sont deacuteclencheacutees apregraves des pluies de forte intensiteacute pendant quelques minutes combineacutees agrave de forts cumuls le jour de lrsquoeacuteveacutenement et les deux jours preacuteceacutedents Les valeurs drsquointensiteacute deacuteclenchant les laves varient en fonction de la saison Celles-ci sont geacuteneacuteralement comprises entre 10 mm au printemps et plus de 40 mm pour les autres saisons

Les preacutecipitations ayant eu lieu les jours preacuteceacutedant le deacuteclenchement apparaissent ecirctre un facteur pertinent pour diffeacuterencier les laves des autres types drsquoeacutecoule-ments Pour ces derniegraveres un cumul de preacutecipitations compris entre 8 et 30 mm srsquoavegravere ecirctre un seuil au-delagrave duquel les laves se deacuteclenchent Les laves torren-tielles immatures se produisent apregraves des eacutepisodes pluvieux intenses et de courte dureacutee combineacutes agrave des cumuls journaliers relativement faibles Les eacutecoulements agrave charge de fond se produisent eux apregraves de fortes pluies drsquointensiteacute modeacutereacutee

Ces observations des processus en temps reacuteel reacutealiseacutees dans des bassins-versants expeacuterimentaux permettent aussi drsquoameacuteliorer nos connaissances sur la physique de lrsquoeacutecoulement afin de deacutevelopper des modegraveles deacuteterministes et drsquoestimer des dis-tances drsquoarrecirct (Laigle et Marchi 2000 Mallet et al 2005 Remaitre et al 2008)

Au total ce type de dispositif est indispensable pour comprendre finement le fonc-tionnement des processus Il doit donc ecirctre maintenu sur la dureacutee et reproduit dans drsquoautres contextes environnementaux (veacutegeacutetation lithologie climat) pour saisir leurs effets sur le deacuteclenchement et le fonctionnement des laves Ces observa-tions doivent eacutegalement ecirctre combineacutees agrave des observations reacutealiseacutees cette fois agrave une eacutechelle spatiale plus large preacutesenteacutee ci-dessous

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Lrsquoeacutechelle reacutegionale

Pour eacutetudier les causes des variations de lrsquoactiviteacute des laves torrentielles il faut disposer drsquoobservations permettant de satisfaire deux conditions

une longue peacuteriode de temps pour deacutetecter potentiellement un changement significatif dans lrsquoactiviteacute du processus et du climat

un large territoire pour prendre en compte les variations spatiales lieacutees aux caracteacuteristiques du bassin-versant par exemple la lithologie

On beacuteneacuteficie en France drsquoun reacuteseau drsquoobservations de laves torrentielles reacutealiseacutees par les agents du RTM (Office national des forecircts ndash restauration des terrains en montagne) en partenariat avec lrsquoIRSTEA sur lrsquoensemble du territoire alpin (Brochot et al 2002) Ces donneacutees uniques couvrant plusieurs deacutecennies preacutesentent neacuteanmoins certaines faiblesses rappeleacutees ici Le recensement ayant lieu au pied des bassins-versants il srsquoagit drsquoun nombre minimal drsquoeacuteveacutenements au regard des observations reacutealiseacutees dans le bassin-versant expeacuterimental du Real par exemple Les eacuteveacutenements geacuteo-reacutefeacuterenceacutes sont documenteacutes au pas de temps journalier le plus souvent Par ailleurs bien que reacutealiseacutee par des speacutecialistes lrsquoidentification des types drsquoeacutecoulement est parfois deacutelicate a posteriori Toutefois ces observa-tions apportent un eacuteclairage nouveau et essentiel agrave la compreacutehension des laves torrentielles dont quelques exemples sont preacutesenteacutes ici Dans les hauts bas-sins-versants du Drac de lrsquoIsegravere et de la Durance des relations intensiteacute-dureacutee des preacutecipitations ont eacuteteacute proposeacutees agrave partir drsquoobservations meacuteteacuteorologiques et des reacuteanalyses SAFRAN (Pavlova et al 2011 2012 2014) Toutefois la faible densiteacute du reacuteseau drsquoobservation meacuteteacuteorologique rend peu pertinent ce type drsquoap-proche ID agrave cette eacutechelle spatiale En effet de tregraves nombreux eacuteveacutenements ont eacuteteacute deacuteclencheacutes sans que des preacutecipitations aient eacuteteacute mesureacutees agrave proximiteacute les stations meacuteteacuteorologiques eacutetant le plus souvent situeacutees agrave basse altitude et parfois distantes de plusieurs kilomegravetres du bassin-versant consideacutereacute Dans ces sec-teurs une approche fondeacutee sur une modeacutelisation probabiliste srsquoest aveacutereacutee plus pertinente pour identifier les conditions meacuteteacuteorologiquesclimatiques propices au deacuteclenchement des laves agrave partir de variables mesureacutees au pas de temps jour-nalier ou mensuel cette fois (Pavlova et al 2014) Le nombre de jours de pluies entre le 15 mai et le 15 octobre ainsi que la moyenne des tempeacuteratures maxi-males sont les deux variables qui se sont aveacutereacutees ecirctre les mieux correacuteleacutees au deacuteclenchement des laves agrave une eacutechelle reacutegionale (Pavlova et al 2014) (fig B17) Ces longues seacuteries eacuteveacutenementielles sont de qualiteacute variable dans le temps et lrsquoespace raison pour laquelle une pseudo-homogeacuteneacuteisation a eacuteteacute testeacutee avec succegraves (Jomelli et al 2015) Ces longues seacuteries corrigeacutees ont permis de deacutetec-ter une augmentation de lrsquooccurrence des laves au cours de ces derniegraveres deacutecen-nies en lien avec le climat (Jomelli et al 2007 2015) Cette base de donneacutees eacuteveacutenementielles a aussi permis de caracteacuteriser la plupart des bassins-versants et deacuteterminer ainsi dans lesquels les laves se produisent plus favorablement que drsquoautres types drsquoeacutecoulements concentreacutes en srsquoappuyant sur lrsquoindice de Melton (Bertrand et al 2013)

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Par ailleurs ces investigations conduites sur un large territoire ont permis de montrer que les relations entre les laves torrentielles et le climat nrsquoeacutetaient pas univoques mais deacutependaient fortement du contexte geacuteomorphologique comme la lithologie lrsquoaltitude et la taille de la zone amont qui a une forte influence sur la freacutequence et le temps de retour de ces laves (Jomelli et al 2007) Une remonteacutee en altitude de la zone de deacuteclenchement des laves torrentielles a ainsi pu ecirctre mise en eacutevidence lieacutee agrave lrsquoaugmentation des tempeacuteratures De plus agrave basse alti-tude (lt 2 200 m) le nombre de laves a diminueacute depuis les anneacutees 1980 alors qursquoune augmentation significative a eacuteteacute observeacutee en altitude (Jomelli et al 2004)

Agrave cette eacutechelle spatiale le contexte geacuteomorphologique peut ecirctre consideacutereacute dans la relation climatdeacuteclenchement des laves Sur le plan meacutethodologique les modegraveles deacuteterministes peuvent prendre en compte simultaneacutement les variables environnementales et climatiques dans lrsquoeacutevaluation de lrsquoactiviteacute des laves torren-tielles Par exemple les modegraveles de stabiliteacute des pentes utilisent des variables geacuteotechniques pour deacutefinir la sensibiliteacute du sol aux eacutecoulements en fonction des preacutecipitations Cependant ces modegraveles sont geacuteneacuteralement appliqueacutes aux bassins-versants preacutesentant des caracteacuteristiques environnementales homogegravenes situeacutees dans la mecircme zone climatique afin de reacuteduire la difficulteacute de la modeacutelisation Les approches agrave partir drsquoanalyses statistiques utilisent geacuteneacuteralement des donneacutees couvrant un large territoire impliquant une grande variabiliteacute environnementale et climatique Mais ici aussi pour reacuteduire la complexiteacute de lrsquoanalyse les preacutedic-teurs environnementaux et climatiques sont le plus souvent consideacutereacutes seacutepareacute-ment Reacutecemment une modeacutelisation bayeacutesienne hieacuterarchique a permis de montrer que le climat joue un rocircle deacuteterminant lorsque lrsquoactiviteacute des bassins-versants est homogegravene (au moins une lave deacuteclencheacutee par deacutecennie) Agrave lrsquoinverse crsquoest la litho-logie qui srsquoavegravere ecirctre la variable la plus discriminante pour expliquer la raison pour laquelle certains bassins-versants sont tregraves actifs tandis que drsquoautres le sont peu (Jomelli et al 2018 submitted)

Figure B17 ndash Probabiliteacute de deacuteclenchement des laves torrentielles dans les Alpes franccedilaises du Nord agrave partir de SAFRAN (1970-2005)

Source drsquoapregraves Pavlova et al 2014

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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Les avalanches

Auteurs Nicolas Eckert Thierry Faug Florie Giacona Jeacuterocircme Lopez-Saez

Mohamed Naaim

Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Christophe Corona

GEOLAB Centre national de la recherche scientifique Clermont-Ferrand

Samuel Morin

Meacuteteacuteo-France Centre drsquoeacutetude de la neige Grenoble

Quelques reacutesultats statistiques sur les observations des avalanches pour les der-niegraveres deacutecennies dans les Alpes franccedilaises

LrsquoEnquecircte permanente sur les avalanches (EPA) constitue une base de donneacutees quasi instrumentale qui reacutepertorie les avalanches sur pregraves de 3 000 couloirs des Alpes depuis le deacutebut du XXe siegravecle Les observations qui y sont consigneacutees ont pour lrsquoinstant eacuteteacute analyseacutees surtout sur la peacuteriode post-Seconde Guerre mon-diale au cours de laquelle elles sont plus systeacutematiques En matiegravere de nombre drsquoavalanches malgreacute une forte variabiliteacute interannuelle un maximum relatif drsquoac-tiviteacute a pu ecirctre identifieacute autour de 1980 suivi par une deacutecroissance (fig B18a Eckert et al 2010) Une tendance similaire se retrouve de maniegravere amplifieacutee et inverseacutee dans les altitudes drsquoarrecirct atteintes par les avalanches (fig B18b) et plus encore dans les altitudes drsquoarrecirct atteintes par les grandes avalanches qui remontent nettement depuis 1980 (fig B18c) Une autre tendance significative est la diminution nette et reacuteguliegravere de la proportion drsquoavalanches avec aeacuterosol depuis le deacutebut des anneacutees 1970 eacutepoque agrave partir de laquelle cette information est enregistreacutee dans lrsquoEPA (fig B18d)

Lrsquoaugmentation relative de lrsquoactiviteacute avalancheuse sur la peacuteriode 1960-1980 a coiumlncideacute avec des hivers plus froids et neigeux par ailleurs bien documenteacutes par drsquoautres indicateurs (courtes avanceacutees glaciaires notamment) Le laquo recul des avalanches raquo accompagneacute drsquoune diminution de la proportion des avalanches avec aeacuterosol qui srsquoest produite ensuite coiumlncide quant agrave lui avec une peacuteriode de reacutechauf-fement marqueacute (Castebrunet et al 2012)

Le lien entre altitude drsquoarrecirct des avalanches et tempeacuterature a pu ecirctre mis en eacutevi-dence de maniegravere explicite au travers de correacutelations entre les frottements qui controcirclent la dynamique des avalanches et les proprieacuteteacutes physiques de la neige Sur les couloirs bien documenteacutes de la haute valleacutee de lrsquoArve il a pu ecirctre montreacute que le coefficient de frottement de la neige augmente avec la tempeacuterature de la neige (Naaim et al 2013) Ce reacutesultat suggegravere que la remonteacutee en altitude des positions drsquoarrecirct des avalanches depuis 1980 peut effectivement ecirctre attribueacutee au moins en partie agrave lrsquoaugmentation des tempeacuteratures hivernales

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Figure B18 eacutevolutions reacutecentes de lrsquoactiviteacute avalancheuse dans les Alpes franccedilaises enregistreacutee par lrsquoEPA a) nombre moyen drsquoavalanches par couloir et par an b) altitude drsquoarrecirct moyenne annuelle c) altitude drsquoarrecirct deacutecennale (niveau de retour) d) proportion drsquoavalanches avec aeacuterosol (incluant les eacutecoulements mixtes)

Ce scheacutema global simple masque en reacutealiteacute des eacutevolutions diffeacuterencieacutees forte-ment controcircleacutees par lrsquoaltitude Agrave basse altitude (approximativement en dessous de 1 500 m) la diminution de lrsquoactiviteacute avalancheuse depuis 1980 environ a eacuteteacute drastique en lien avec la forte reacuteduction de lrsquoenneigement induite par le reacutechauf-fement du climat Au contraire agrave plus haute altitude lrsquoactiviteacute a reacutecemment aug-menteacute depuis 1980 (Lavigne et al 2015) peut-ecirctre sous lrsquoeffet de lrsquoaccroissement de la variabiliteacute climatique hivernale et de lrsquoactiviteacute avalancheuse de neige humide

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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sur laquelle on reviendra Cette tendance concerne en particulier les massifs du sud des Alpes franccedilaises qui ont en moyenne une altitude plus eacuteleveacutee que ceux situeacutes au nord des Alpes franccedilaises et sont soumis conjointement aux influences climatiques meacutediterraneacuteennes et atlantiques

Ailleurs etou sur des peacuteriodes plus longues

Pour reacuteellement appreacutehender le lien avalanche-climat il est neacutecessaire de srsquoin-teacuteresser agrave des peacuteriodes temporelles plus longues incluant des eacutepoques ougrave le climat eacutetait clairement diffeacuterent des conditions actuelles Des donneacutees paleacuteo-envi-ronnementales suggegraverent ainsi qursquoau Petit acircge glaciaire (PAG) 4 des avalanches majeures se sont produites dans des endroits ougrave lrsquoactiviteacute a eacuteteacute bien moins intense durant les derniegraveres deacutecennies Ces eacutevolutions pluriseacuteculaires ont pu ecirctre docu-menteacutees en Scandinavie au moyen drsquoune approche licheacutenomeacutetrique qui utilise lrsquoacircge des lichens pour deacuteterminer la freacutequence des remaniements dans les zones drsquoarrecirct drsquoavalanches Dans les montagnes europeacuteennes et en Ameacuterique du Nord lrsquoapproche dendrogeacuteomorphologique baseacutee sur lrsquoidentification et la datation des perturbations de croissance lieacutees aux avalanches dans les cernes de croissance de vieux peuplements forestiers a eacuteteacute utiliseacutee La plus ancienne chronique ava-lancheuse actuellement reconstruite remonte jusqursquoau XIVe siegravecle dans le massif du Queyras Lrsquointerpreacutetation climatique de telles seacuteries reste toutefois difficile du fait du caractegravere limiteacute de la quantiteacute de donneacutees ainsi reconstruites et des biais inheacuterents agrave la meacutethode (perte de meacutemoire avec le temps etc)

Les proxies sont utilement suppleacutementeacutes par lrsquoanalyse des archives historiques qursquoil convient toutefois de replacer dans leur contexte avec preacutecision (qualiteacute et origine des sources eacutevolutions du vocabulaire etc) Dans cette optique les massifs franccedilais de moyenne montagne (Massif vosgien Massif central Jura) constituent des sites drsquoeacutetude privileacutegieacutes Lrsquoaltitude des zones de deacutepart drsquoavalanche corres-pond agrave lrsquoaltitude moyenne de la limite pluieneige durant la saison hivernale ce qui les rend particuliegraverement sensible au reacutechauffement Des travaux reacutecents baseacutes sur une analyse historique suggegraverent ainsi une quasi-extinction de lrsquoacti-viteacute avalancheuse de basse altitude au cours de la seconde moitieacute du XIXe siegravecle dans le Massif vosgien peacuteriode qui coiumlncide avec la sortie du PAG Toutefois les sources historiques eacutetant geacuteneacuteralement eacutetroitement associeacutees agrave la vulneacuterabi-liteacute donc aux deacutegacircts causeacutes par les avalanches elles ne permettent pas agrave elles seules de renseigner lrsquoeacutevolution de lrsquoaleacutea naturel Des investigations suppleacutemen-taires associant donneacutees historiques proxies eacutetudes diachroniques des usages des sols et diffeacuterents outils de simulation climatique restent donc agrave mener pour confirmer et si possible geacuteneacuteraliser ces premiers reacutesultats relatifs agrave lrsquoeacutevolution seacuteculaire de lrsquoactiviteacute avalancheuse avec le climat

4 Le Petit acircge glaciaire (PAG) est une peacuteriode climatique froide survenue en Europe et en Ameacuterique du Nord du deacutebut du XIVe agrave la fin du XIXe siegravecle approximativement

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Lien entre les changements deacutejagrave observeacutes et les activiteacutes humaines

Auteurs Serge Planton

Meacuteteacuteo-France

Robert Vautard

IPSL

De nombreux eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques ou climatiques extrecircmes ont ponctueacute la derniegravere deacutecennie en France (voir Partie preacuteceacutedente) Ces pheacutenomegravenes ont parfois eacuteteacute laquo sans preacuteceacutedent connu raquo comme la vague de chaleur de 2003 engendrant des impacts nouveaux auxquels la socieacuteteacute nrsquoeacutetait pas preacutepareacutee Srsquoil est difficile de relier directement ces eacuteveacutenements au changement climatique en revanche les projections climatiques pour le milieu ou la fin du siegravecle montrent une eacutevolu-tion de la freacutequence ou de lrsquointensiteacute de plusieurs types drsquoeacuteveacutenements (vagues de chaleur seacutecheresses preacutecipitations intenses notamment) sans montrer de signal significatif pour drsquoautres (tempecirctes notamment)

Degraves lors plusieurs questions geacuteneacuterales se posent chaque fois qursquoun eacuteveacutenement se produit

Cet eacuteveacutenement ou bien lrsquoeacutevolution de ses caracteacuteristiques sont-ils seulement

drsquoorigine naturelle ou en partie lieacutes aux activiteacutes humaines Comment les pheacute-

nomegravenes observeacutes peuvent-ils se comparer aux projections du climat futur

Les reacuteponses agrave ces questions sont cruciales pour anticiper les risques agrave venir et preacuteparer les politiques drsquoadaptation lieacutees aux extrecircmes En effet les eacuteveacutenements extrecircmes engendrent des dommages importants de faccedilon transversale et simul-taneacutee dans diffeacuterents secteurs de lrsquoeacuteconomie de la santeacute ou de lrsquoenvironnement Ils ont parfois servi de deacuteclencheurs de nouvelles politiques drsquoadaptation (ex le Plan national canicule en 2003) Une meilleure compreacutehension et interpreacuteta-tion des causes de ces aleacuteas dans un cadre climatique eacutevolutif permettraient de mieux les anticiper au lieu de subir leurs conseacutequences

Le lien au changement climatique pour la plupart de ces eacuteveacutenements reste agrave eacutetudier Pourtant nous ne partons pas de rien En effet drsquoune part un nombre croissant drsquoeacutetudes srsquointeacuteressent actuellement agrave la deacutetection et agrave lrsquoattribution des change-ments climatiques des eacuteveacutenements extrecircmes et de leurs conseacutequences eacuteven-tuelles Il srsquoagit de deacuteterminer si lrsquoeacutevolution des statistiques (freacutequence amplitude) drsquoun type drsquoeacuteveacutenement (par exemple la probabiliteacute drsquoobserver une vague de chaleur ou la freacutequence de preacutecipitations intenses) peut ecirctre expliqueacutee par la seule varia-biliteacute interne du climat et si ce nrsquoest pas le cas drsquoeacutevaluer les contributions au changement deacutetecteacute de diffeacuterents facteurs externes qursquoils soient anthropiques (par exemple les gaz agrave effet de serre ou les particules de pollution atmospheacuterique) ou naturels (par exemple lrsquoactiviteacute solaire ou volcanique) Les meacutethodes actuelles

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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reposent souvent sur la comparaison de simulations climatiques avec et sans les facteurs suspecteacutes et leur coheacuterence avec les observations

Drsquoautre part plus reacutecemment lrsquoattention srsquoest porteacutee sur lrsquoattribution drsquoeacuteveacutene-ments singuliers Il srsquoagit dans ce cas drsquoeacutetudier speacutecifiquement un eacuteveacutenement observeacute et drsquoestimer comment les facteurs externes ont pu modifier la probabi-liteacute drsquooccurrence des eacuteveacutenements du mecircme type Le terme drsquoattribution est ici agrave manier avec prudence car il ne srsquoagit pas drsquoaffirmer que lrsquoeacuteveacutenement nrsquoaurait pas eu lieu en lrsquoabsence du forccedilage anthropique par exemple mais drsquoindiquer srsquoil est devenu plus ou moins probable agrave cause de ce forccedilage

Sont reacutesumeacutes ici quelques reacutesultats obtenus par le projet Extremoscope 5 (Gasparrini 2017) Les eacuteveacutenements extrecircmes eacutetudieacutes ici eacutetaient ceux pour lesquels les donneacutees historiques sont disponibles homogegravenes et fiables (vagues de chaleur vagues de froid seacutecheresses ou preacutecipitations intenses)

Pendant le deacuteroulement du projet de novembre 2013 agrave octobre 2016 six eacuteveacute-nements meacuteteacuteorologiques et climatiques particuliegraverement marquants qui se sont produits en France ont eacuteteacute retenus pour lrsquoanalyse Trois se rapportent agrave des eacuteveacutene-ments pluvieux et trois agrave des eacutepisodes chauds mais aussi secs pour lrsquoun drsquoentre eux Par la suite drsquoautres pheacutenomegravenes ont pu eacutegalement ecirctre eacutetudieacutes dans le cadre de la nouvelle laquo Convention services climatiques raquo soutenue par le ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire

Nous donnons ici une courte synthegravese de lrsquoeacutetude de chacun des six eacuteveacutenements analyseacutes pendant le projet Extremoscope Quelques figures choisies pour deux des six cas permettent drsquoillustrer le type de visualisation pouvant ecirctre produit pour caracteacuteriser chaque eacuteveacutenement et son lien avec le changement climatique

Les pluies intenses de lrsquohiver 2013-2014

Les cumuls de pluie de lrsquohiver 2013-2014 ont deacutepasseacute les records des cinquante derniegraveres anneacutees sur la Bretagne ougrave ils ont engendreacute des inondations majeures (fig B19) Cet eacuteveacutenement est ducirc agrave la persistance drsquoune circulation atmospheacuterique avec des vents de sud-ouest chargeacutes drsquohumiditeacute Les simulations climatiques reacutegionales reproduisent difficilement les forts cumuls sur lrsquohiver et ne montrent pas de changement significatif des proprieacuteteacutes des extrecircmes depuis 1971 Il est donc impossible avec les reacutesultats obtenus ici de conclure agrave un changement ducirc aux activiteacutes humaines pour ce type drsquoextrecircme

5 Programme GICC MTESCGDDDRISR

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Les pluies Ceacutevenoles de lrsquoautomne 2014

Les pluies journaliegraveres les plus fortes sur le pourtour meacutediterraneacuteen ont une amplitude qui a augmenteacute de 20 environ (incertitude plusmn 15 ) entre 1960 et aujourdrsquohui En automne sur les Ceacutevennes la probabiliteacute de deacutepasser aujourdrsquohui des seuils eacuteleveacutes (300 mmjour) comme ceux observeacutes en 2014 a environ tripleacute en soixante-cinq ans (Vautard et al 2015) Il est difficile drsquoexpliquer ces tendances sans invoquer lrsquoinfluence humaine sur le climat Une nouvelle eacutetude tregraves reacutecente (Luu et al 2018) a permis de montrer que les simulations reacutealiseacutees dans le cadre du projet EURO-CORDEX inteacutegrant les eacutemissions anthropiques ont des tendances eacutequivalentes coheacuterentes avec les observations tout en sous-estimant les cumuls de preacutecipitations Lrsquoorigine humaine de cette augmentation est donc probable

Figure B19 ndash Caracteacuterisation du caractegravere exceptionnel des preacutecipitations de lrsquohiver 2013-2014 avec lrsquoindicateur agreacutegeacute de preacutecipitations agrave lrsquoeacutechelle de la reacutegion Bretagne calculeacute sur la peacuteriode 1959-2017 (cumul moyen sur la zone)

Source Extremoscope

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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La vague de chaleur et la seacutecheresse de lrsquoeacuteteacute 2015

Lrsquoeacuteteacute 2015 est le troisiegraveme eacuteteacute le plus chaud observeacute en France apregraves 2003 (+ 32 degC) 2018 (+ 2 degC) Il a notamment eacuteteacute marqueacute par deux vagues de chaleur en juillet Lrsquoanomalie de tempeacuterature a eacuteteacute accompagneacutee drsquoune anomalie anticy-lonique sur lrsquoEurope Lrsquoeacuteteacute 2015 a eacuteteacute eacutetudieacute agrave travers deux meacutethodes de deacutetec-tion et attribution Si les deux meacutethodes srsquoaccordent pour dire que le changement climatique a augmenteacute lrsquointensiteacute de cette vague de chaleur elles diffegraverent quant agrave leur quantification de cette augmentation La meacutethode des analogues de cir-culation conduit agrave une augmentation de 11 degC tandis que la meacutethode baseacutee sur des simulations reacutegionales attribue 03 degC au changement climatique Par ail-leurs une eacutetude reacutecente srsquoest focaliseacutee sur le deacuteficit en preacutecipitation au cours du mecircme eacuteteacute (Hauser et al 2017) La variabiliteacute des reacutesultats entre les diffeacute-rents modegraveles nrsquoa pas permis de conclure agrave un signal significatif des activiteacutes humaines pour ce paramegravetre

Le record de chaleur de deacutecembre 2015

Le mois de deacutecembre 2015 le plus chaud jamais observeacute en France (fig B20) a eacuteteacute eacutetudieacute agrave partir de plusieurs meacutethodes afin de deacuteterminer le rocircle eacuteventuel

Figure B20 ndash Caracteacuterisation des mois de deacutecembre en France en rapport agrave la normale (moyenne 1981-2010) pour les preacutecipitations en pourcentage de cette normale (axe des abscisses) et eacutecart agrave la normale des tempeacuteratures en degreacute Celsius (axe des ordonneacutees)

Source Meacuteteacuteo-France

Tempeacuteratures et preacutecipitations en deacutecembre de 1959 agrave 2017

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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du changement climatique dans son apparition Les tempeacuteratures eacuteleveacutees sont largement dues aux vents de sud soufflant au cours du mois mais lrsquointensiteacute de cet eacuteveacutenement est 025 degC agrave 06 degC plus eacuteleveacutee que ce qursquoelle aurait eacuteteacute avec les mecircmes vents dans un climat avec moins de gaz agrave effet de serre Les simulations climatiques utiliseacutees ne contiennent aucun cas de tempeacuteratures aussi eacuteleveacutees agrave la fin du XXe siegravecle alors que quelques cas apparaissent dans la peacuteriode actuelle Ce type drsquoeacuteveacutenement est donc extrecircmement peu probable dans un climat sans influence humaine mais deviendra de plus en plus probable au cours du XXIe siegravecle sans reacuteduction des eacutemissions de gaz agrave effet de serre (fig B21) Une eacutetude publieacutee reacutecemment a par ailleurs permis de deacutemontrer que pour des circulations atmos-pheacuteriques similaires les tempeacuteratures sont moins eacuteleveacutees dans le milieu du XXe siegravecle que dans la peacuteriode plus reacutecente (Jeacutezeacutequel et al 2017)

Les pluies extrecircmes du printemps 2016

Un eacutepisode de trois jours de pluies quasi continues srsquoest produit sur le centre de la France les 29-30-31 mai 2016 occasionnant des inondations dans les bassins de la Loire et de la Seine notamment sur plusieurs affluents Une augmentation de freacutequence de ce type drsquoeacuteveacutenement agrave cette peacuteriode de lrsquoanneacutee nrsquoest pas deacutetec-table dans les observations En revanche les simulations de plusieurs ensembles

Figure B21 ndash Valeurs de retour de lrsquoindicateur thermique pour le mois de deacutecembre en fonction de la peacuteriode de retour pour les observations durant la peacuteriode reacutecente (couleur cyan) et pour diffeacuterentes peacuteriodes pour les simulations Euro-CORDEX

Source IPSL

Vale

ur d

e re

tour

(degC

)

Peacuteriode de retour (anneacutees)

1971-2000

Actuel [2001-2030]

2021-2050

2041-2070

Obs 1949-2015

Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel

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de modegraveles montrent une augmentation drsquoun facteur 15 agrave 2 environ de cette freacute-quence par rapport agrave un climat sans activiteacutes humaines ou agrave une peacuteriode clima-tique de la fin du XXe siegravecle Il est donc possible que les activiteacutes humaines aient augmenteacute lrsquointensiteacute et la probabiliteacute drsquooccurrence de tels pheacutenomegravenes sans que les observations permettent de le confirmer

Les vagues de chaleur tardives de lrsquoeacuteteacute 2016

La France a connu des tempeacuteratures tregraves eacuteleveacutees au cours de la fin de lrsquoeacuteteacute 2016 Bien que classiques pour une vague de chaleur de milieu drsquoeacuteteacute les tempeacuteratures rencontreacutees ont eacuteteacute tregraves exceptionnelles pour une fin drsquoeacuteteacute et des valeurs record pour la peacuteriode du 16 aoucirct au 15 septembre ont eacuteteacute atteintes Une analyse agrave partir des simulations climatiques montre que de telles tempeacuteratures sont extrecirc-mement peu probables sans la modification du climat induite par les activiteacutes humaines Elle montre aussi que dans le futur des tempeacuteratures aussi eacuteleveacutees entre le 16 aoucirct et le 15 septembre seront freacutequentes Cela montre que les mesures drsquoadaptation aux vagues de chaleur doivent aussi srsquoeacutetendre au mois de septembre

Drsquoautres eacutetudes ont eacuteteacute meneacutees depuis comme celle sur lrsquoeacuteteacute exceptionnel et la vague de chaleur drsquoaoucirct 2017 sur les reacutegions meacutediterraneacuteennes (Kew et al 2018) montrant que drsquoune part la probabiliteacute de telles tempeacuteratures avait pro-bablement augmenteacute drsquoun ordre de grandeur 6 avec une peacuteriode de retour actuelle drsquoune dizaine drsquoanneacutees sur la reacutegion concerneacutee et drsquoautre part que dans un climat 2 degreacutes plus chaud que sans activiteacutes humaines ce type de tempeacuteratures deviendrait la norme dans cette reacutegion Il faut rappeler les tempeacuteratures record observeacutees (plus de 41 degC agrave Nicircmes) et la forte seacutecheresse qui a accompagneacute cet eacuteveacutenement occasionnant des pertes pour la viticulture notamment

Conclusions

La diversiteacute de ces eacuteveacutenements portant parfois sur une saison parfois sur quelques jours conduit agrave tirer des conclusions diffeacuterentes concernant un possible effet des activiteacutes humaines Ces conclusions vont de lrsquoabsence drsquoeffet identifieacute (pluies intenses seacutecheresses) jusqursquoagrave une empreinte claire des activiteacutes humaines sur la probabiliteacute drsquoeacuteveacutenements comparables (vagues de chaleur) La quantification preacutecise de lrsquoinfluence humaine sur les extrecircmes de chaleur nrsquoest toutefois pas possible agrave ce stade

Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale ces conclusions sont en accord avec les reacutesultats des eacutetudes meneacutees au niveau international et dont une synthegravese avait eacuteteacute faite au cours drsquoun atelier du colloque Our Common Future Under Climate Change qui srsquoest tenu quelques mois avant la confeacuterence de Paris sur le climat (Paris 7-10 juillet 2015) La principale conclusion de cet atelier focaliseacute sur la question de la deacutetec-tion et de lrsquoattribution des eacuteveacutenements singuliers eacutetait la suivante

6 La probabiliteacute a eacuteteacute multiplieacutee par un facteur 10

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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laquo Les preuves que lrsquoinfluence humaine exacerbe les extrecircmes de tempeacuterature ont continueacute agrave se renforcer et la confiance dans le fait que ce soit aussi le cas pour les extrecircmes de preacutecipitations augmente raquo

Agrave ce jour il nrsquoexiste pas drsquoeacutetude formalisant lrsquoattribution de changements dans lrsquoac-tiviteacute avalancheuse aux activiteacutes humaines (ni en France ni dans les autres pays de montagne) bien que la question se pose reacuteguliegraverement lors de chaque eacuteveacute-nement avalancheux majeur (par exemple janvier 2018 dans les Alpes du Nord)

De mecircme lrsquoinfluence du changement climatique sur les eacuteveacutenements extrecircmes neigeux certains risques gravitaires les risques lieacutes aux glaciers et leur eacutevolution dans un climat futur nrsquoont pas eacuteteacute lrsquoobjet de suffisamment drsquoeacutetudes pour obtenir des eacuteleacutements suffisants et des conclusions pertinentes

Chapitre CEacutevolutions

dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

Auteurs Serge Planton Meacuteteacuteo-France

Robert Vautard IPSL

copy Arnaud Bouissou ndash Terra

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Plusieurs des reacutesultats preacutesenteacutes dans ce chapitre font reacutefeacuterence aux sceacute-narios drsquoeacutemissions futures de gaz agrave effet de serre deacutefinis dans le contexte du travail drsquoexpertise du GIEC (GIEC 2013) Il srsquoagit des sceacutenarios dits RCP pour Representative Concentration Pathways (profils repreacutesentatifs drsquoeacutevo-lution de concentration) qui ont servi de base au calcul de projections cli-matiques tant agrave lrsquoeacutechelle globale qursquoagrave lrsquoeacutechelle reacutegionale crsquoest-agrave-dire celle du sous-continent europeacuteen ou de la France meacutetropolitaine Cependant agrave lrsquoeacutechelle reacutegionale les reacutesultats les plus reacutecents preacutesenteacutes ici ne prennent en compte que deux sceacutenarios parmi les quatre proposeacutes par les experts du GIEC ndash RCP85 de fortes eacutemissions de gaz agrave effet de serre et RCP45 drsquoeacutemis-sions laquo modeacutereacutees raquo - Ce sont en effet les seuls pour lesquels un ensemble relativement important de simulations a eacuteteacute reacutealiseacute agrave partir drsquoune dizaine de modegraveles climatiques reacutegionaux diffeacuterents (drsquoune reacutesolution drsquoune dizaine de kilomegravetres) dans le cadre du projet europeacuteen de recherche Euro-CORDEX lanceacute en 2009 Degraves lors la question du sceacutenario du reacutechauffement agrave 2 degC agrave lrsquoeacutechelle globale correspondant sensiblement au sceacutenario RCP26 est poseacutee Elle nrsquoest pas essentielle agrave un horizon temporel limiteacute au milieu de ce siegravecle (typiquement pour la peacuteriode 2021-2050) car agrave cet horizon les pro-jections climatiques deacutependent faiblement du sceacutenario drsquoeacutemissions de gaz agrave effet de serre En revanche agrave lrsquohorizon de la fin de ce siegravecle (typiquement pour la peacuteriode 2071-2100) les reacutesultats en deacutependent fortement Il faut toutefois noter que les quelques simulations reacutealiseacutees agrave lrsquoeacutechelle reacutegionale pour le sceacutenario RCP26 montrent une relative stabiliteacute des reacutesultats concer-nant les extrecircmes climatiques entre le milieu et la fin de ce siegravecle (voir par exemple les reacutesultats des simulations du modegravele Aladin-Climat de Meacuteteacuteo-France figurant sur le portail Internet Drias 1) Il est donc possible de trans-poser les reacutesultats des sceacutenarios RCP45 et RCP85 au milieu du siegravecle pour disposer drsquoune estimation des changements auxquels on peut srsquoattendre agrave la fin du siegravecle pour le sceacutenario RCP26

1 httpwwwdrias-climatfr

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Quel sera lrsquoimpact futur du changement climatique sur les risques naturels majeurs

Croiser les connaissances relatives agrave lrsquoeacutevolution des aleacuteas avec les enjeux exposeacutes actuellement et dans la mesure du possible de leurs eacutevolutions atten-dues permet drsquoestimer les conseacutequences potentielles du changement climatique en matiegravere de risques naturels

Plusieurs eacutevaluations meneacutees par le secteur des assurances anticipent une hausse notable de la sinistraliteacute et du coucirct des dommages dus agrave des aleacuteas naturels dont une part non neacutegligeable est expliqueacutee par le changement climatique principale-ment sur les aleacuteas seacutecheresse et submersion marine Toutefois ces eacutetudes sou-lignent que la hausse de la sinistraliteacute sera principalement due agrave une exposition accrue des biens ndash leur nombre leur localisation leur valeur ndash dans des zones agrave risques qui pourraient croicirctre Ainsi la concentration croissante de population et drsquoactiviteacutes dans le sud de la France et sur le littoral est de nature agrave accroicirctre la sinistraliteacute Certains territoires drsquooutre-mer connaissent aussi une forte crois-sance deacutemographique (Mayotte Guyane)

Les eacutetudes meneacutees par les assureurs ne prennent pas en compte les mesures drsquoadaptation qui visent agrave limiter cette augmentation de la sinistraliteacute ou la reacuteduire

Encadreacute 1

Les conseacutequences du changement climatique sur les dommages assureacutes

en France agrave lrsquohorizon 2050 eacutetude de la Caisse centrale de reacuteassurance

(CCR) et Meacuteteacuteo-France

Auteur Emmanuel Vullierme

MTES DGPRSRNH

Au regard des reacutecentes catastrophes la question de lrsquoeacutevolution future de la freacutequence et des conseacutequences financiegraveres des eacuteveacutenements est de toute premiegravere importance pour assurer la soliditeacute du reacutegime drsquoindemni-sation des catastrophes naturelles

Apregraves une premiegravere eacutetude meneacutee dans le cadre de la 21e Confeacuterence des parties (COP 21) organiseacutee agrave Paris en deacutecembre 2015 2 la CCR a souhaiteacute estimer lrsquoimpact que pourrait avoir le sceacutenario du GIEC le plus pessimiste sur le coucirct des catastrophes En 2018 cette nouvelle eacutetude meneacutee en partenariat avec Meacuteteacuteo-France srsquoappuie sur le sceacutenario qui suppose que les eacutemissions de gaz agrave effet de serre vont se poursuivre agrave la mecircme ten-dance qursquoactuellement (sceacutenario dit laquo RCP85 raquo) Selon le GIEC la hausse

2 Modeacutelisation de lrsquoimpact du changement climatique sur les dommages assureacutes dans le cadre du reacutegime Catastrophes Naturelles Caisse centrale de reacuteassurance deacutecembre 2015

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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des tempeacuteratures mondiales (terres et oceacuteans) serait alors comprise entre 14 degC et 26 degC en 2050 et entre 26 degC et 48 degC en 2100 par rapport aux tempeacuteratures de la peacuteriode preacute-industrielle Le niveau de la mer pour-rait connaicirctre une augmentation drsquoenviron 23 cm agrave lrsquohorizon 2050 (2016-2065) par rapport au niveau moyen de 1986-2005

Les reacutesultats de modeacutelisation du climat futur reacutealiseacutee par Meacuteteacuteo-France agrave lrsquoaide de son modegravele Arpegravege-Climat sont venus alimenter les modegraveles drsquoaleacutea (inondation seacutecheresse et submersion marine) et de dommages de la CCR (Moncoulon 2014 et Naulin 2016) Pour ce faire 400 anneacutees agrave climat actuel et agrave climat 2050 ont eacuteteacute simuleacutees par les modegraveles de Meacuteteacuteo-France Cette chaicircne de modeacutelisation permet drsquoeacutevaluer in fine la hausse des pertes annuelles moyennes agrave lrsquohorizon 2050 (fig C1)

Lrsquoanalyse des reacutesultats agrave lrsquoeacutechelle locale fait apparaicirctre de fortes dispari-teacutes territoriales avec une exposition importante de la faccedilade atlantique et de lrsquoIcircle-de-France (fig C2) Ces reacutesultats sont eacutegalement reacuteveacutelateurs des enjeux agrave prendre en compte dans les politiques de preacutevention agrave savoir la concentration des biens dans les futures zones agrave risque et la reacutecurrence eacuteleveacutee de certains eacuteveacutenements

Figure C1 ndash Eacutevolution des pertes annuelles moyennes en 2050

Source Meacuteteacuteo-France

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Certaines actions ont une influence sur la survenue de certains aleacuteas soit pour les reacuteduire soit de maniegravere incidente les accentuer Ainsi les pheacutenomegravenes de ruissellement susceptibles de provoquer des inondations peuvent ecirctre locale-ment accentueacutes par lrsquoartificialisation des sols Autre exemple lrsquoartificialisation du sol en milieu urbain a tendance agrave augmenter localement les tempeacuteratures par rapport aux zones rurales ce qui est susceptible de provoquer des pheacutenomegravenes drsquoicirclots de chaleur et drsquoamplifier les effets des canicules

La mise en œuvre de la politique de preacutevention des risques naturels non seule-ment apregraves les crises et sur la base des retours drsquoexpeacuterience mais surtout dans la dureacutee et par lrsquoaction conjugueacutee de diffeacuterents acteurs permet de limiter les risques naturels majeurs Ces acteurs interviennent dans deux logiques compleacutementaires

la preacutevention qui vise agrave empecirccher lrsquoaleacutea ou reacuteduire les effets drsquoun possible eacuteveacutenement sur les personnes et les biens

lrsquointervention au moment ougrave survient lrsquoeacuteveacutenement dommageable

Plus la preacutevention est efficace moins la socieacuteteacute est ameneacutee agrave engager des deacutepenses importantes pour assurer la gestion de crise puis la reacuteparation de deacutegacircts

Les deacutepartements drsquooutre-mer ne sont pas couverts par cette eacutetude mais ils font lrsquoobjet de travaux compleacutementaires devant aboutir en 2019 afin de mesurer lrsquoeacutevolution de lrsquoexposition de ces territoires agrave lrsquohorizon 2050

Figure C2 ndash Eacutevolutions projeteacutees des dommages potentiels entre 2018 et 2050

Source CCR

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Vagues de chaleur

Agrave lrsquoeacutechelle mondiale drsquoapregraves le dernier rapport du GIEC (GIEC 2013) il est quasi-ment certain que dans la plupart des reacutegions continentales les extrecircmes chauds seront plus nombreux aux eacutechelles quotidienne et saisonniegravere Il est par ailleurs tregraves probable que les vagues de chaleur seront plus freacutequentes et dureront plus longtemps

Ces reacutesultats se transposent naturellement agrave lrsquoeacutechelle de la France comme le montrent les reacutesultats des sceacutenarios climatiques reacutegionaux preacutesenteacutes sur le portail Drias les futurs du climat et ceux qui ont eacuteteacute reacutealiseacutes dans le cadre du projet Euro-CORDEX Degraves la peacuteriode 2021-2050 les vagues de chaleur estivales deviendront agrave la fois plus freacutequentes plus longues et plus intenses par rapport agrave la peacuteriode de reacutefeacute-rence 1976-2005 (Ouzeau et al 2014) Les pics de chaleur pourront atteindre des niveaux plus eacuteleveacutes On srsquoattend ainsi agrave ce qursquoil y ait de lrsquoordre de deux fois plus de jours de vagues de chaleur tous sceacutenarios confondus Le quart Sud-Est de la France devrait connaicirctre des eacutevolutions plus marqueacutees que les autres reacutegions avec un nombre annuel de jours de vagues de chaleur pouvant augmenter de cinq agrave dix jours en moyenne contre un agrave trois jours en moyenne sur la peacuteriode de reacutefeacute-rence Un eacutepisode tel que celui de lrsquoanneacutee 2003 qui a toucheacute lrsquoensemble de la France meacutetropolitaine pourrait se reproduire mais il resterait exceptionnel agrave lrsquoho-rizon 2050 au contraire de ce qui pourrait se passer vers la fin du siegravecle avec le sceacutenario RCP85 (Ouzeau et al 2016)

Agrave lrsquoappui de cette affirmation les figures C3 et C4 montrent les caracteacuteristiques statistiques des canicules simuleacutees par huit modegraveles climatiques utiliseacutes dans le cadre du projet Euro-CORDEX pour les peacuteriodes 2021-2050 et 2071-2100 res-pectivement pour les sceacutenarios drsquoeacutemissions RCP45 et RCP85 Les canicules y sont repreacutesenteacutees au travers des caracteacuteristiques (dureacutee intensiteacute du pic de chaleur et intensiteacute moyenne) des 10e 50e et 90e centiles de la distribution des vagues de chaleur simuleacutees par chacun des modegraveles Pour les deux sceacutenarios la canicule de 2003 un peu plus longue est compatible avec le 90e centile des canicules simuleacutees pour la peacuteriode 2021-2050 Elle ne serait donc deacutepasseacutee que dans 10 des cas ce qui confirme son caractegravere exceptionnel agrave moyen terme En revanche pour la peacuteriode 2071-2100 la canicule de 2003 est deacutepasseacutee en intensiteacute et en dureacutee et cela drsquoautant plus que les eacutemissions sont eacuteleveacutees Avec le sceacutenario RCP85 la canicule de 2003 apparaicirct ainsi comme un pheacutenomegravene relativement banal (proche de la meacutediane de la plupart des modegraveles)

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Figure C3 ndash Caracteacuteristiques statistiques des vagues de chaleur futures pour les peacuteriodes 2021-2050 et 2071-2100 suivant le sceacutenario RCP45

La dureacutee drsquoune canicule est indiqueacutee en jours sur lrsquoaxe horizontal son pic drsquointensiteacute en degreacutes sur lrsquoaxe vertical et le diamegravetre du disque est proportionnel agrave son intensiteacute moyenne Pour chacune des peacuteriodes les caracteacuteristiques des 10e 50e et 90e centiles des ensembles de canicules simuleacutes par 8 modegraveles drsquoEuro-CORDEX sont reproduites La canicule de 2003 est repreacutesenteacutee en rouge sur la figure

Source Ouzeau et al 2016

Figure C4 ndash Caracteacuteristiques statistiques des vagues de chaleur futures pour les peacuteriodes 2021-2050 et 2071-2100 suivant le sceacutenario RCP85

Source Ouzeau et al 2016

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Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Vagues de froid

Agrave lrsquoinverse le changement climatique srsquoaccompagnera drsquoune moindre seacuteveacuteriteacute des extrecircmes froids Pour le GIEC il est quasiment certain que dans la plupart des reacutegions continentales les extrecircmes froids seront moins nombreux aux eacutechelles quotidienne et saisonniegravere Les peacuteriodes de vagues de froid seront aussi moins freacutequentes moins longues et moins intenses Il est toutefois important de noter que des vagues de froids continueront agrave se produire et pourront donc geacuteneacuterer des impacts sociaux-eacuteconomiques

Les simulations climatiques reacutegionales confirment ce constat agrave lrsquoeacutechelle de la France meacutetropolitaine De nombreux indicateurs peuvent ecirctre utiliseacutes pour carac-teacuteriser les extrecircmes froids mais ils montrent tous cette mecircme tendance drsquoeacutevo-lution Agrave titre drsquoexemple le nombre annuel de jours particuliegraverement froids (au moins 5 degC plus froids que la valeur de reacutefeacuterence) de lrsquoordre drsquoune dizaine en moyenne hivernale sur la plupart des reacutegions franccedilaises pour la peacuteriode 1976-2005 se trouverait ainsi reacuteduit drsquoun agrave quatre jours voire de six jours sur le Nord-Est du pays pour la peacuteriode 2021-2050 (Ouzeau et al 2014) Drsquoapregraves la mecircme eacutetude et pour le mecircme indicateur la reacuteduction du nombre annuel de jours particu-liegraverement froids irait de deux agrave huit jours dans lrsquoextrecircme Sud du pays jusqursquoagrave six agrave plus de dix jours dans le Nord-Est selon les sceacutenarios et les modegraveles

Les figures C5 et C6 illustrent respectivement pour les sceacutenarios RCP45 et RCP85 cette diminution avec un autre indicateur disponible sur le portail Drias les futurs du climat Il srsquoagit du 10e centile de la tempeacuterature minimale quotidienne hivernale exprimeacute en degreacutes crsquoest-agrave-dire le seuil de tempeacuterature en dessous duquel on compte les 10 des nuits drsquohiver les plus froides sur une peacuteriode donneacutee Cet indica-teur est calculeacute pour la peacuteriode de reacutefeacuterence ainsi que son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 et 2071-2100 Le calcul est effectueacute pour les diffeacuterents modegraveles drsquoEuro-CORDEX et les cartes produites ici ne repreacutesentent que la meacutediane de cet ensemble de modegraveles (la moitieacute des valeurs des eacutevolutions simuleacutees est supeacuterieure et lrsquoautre moitieacute infeacuterieure) Agrave lrsquohorizon 2100 et pour les deux sceacutena-rios climatiques utiliseacutes les modegraveles simulent ainsi une augmentation des tem-peacuteratures minimales en hiver

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Seacutecheresses

Drsquoapregraves le GIEC (GIEC 2013) pour le sceacutenario RCP85 et agrave la fin du XXIe siegravecle un risque accru de seacutecheresse est probable dans des zones actuellement arides Crsquoest dans la zone meacutediterraneacuteenne dans le sud-ouest des Eacutetats-Unis et en Afrique australe que lrsquoassegravechement des sols serait le plus marqueacute Agrave lrsquoinverse certaines reacutegions situeacutees aux hautes latitudes ou en Afrique eacutequatoriale devraient connaicirctre une diminution de ce risque Lrsquoeffet du changement climatique sur les seacutecheresses est donc tregraves deacutependant de la reacutegion du globe concerneacutee

La France meacutetropolitaine se situe dans lrsquoensemble des reacutegions pour lesquelles le risque de seacutecheresse devrait ecirctre aggraveacute par le changement climatique induit par les eacutemissions de gaz agrave effet de serre On distingue les seacutecheresses meacuteteacuteorologiques

Figure C5 - 10e centile de la tempeacuterature minimale quotidienne exprimeacute en degreacutes pour la peacuteriode de reacutefeacuterence 1976-2005 (agrave gauche) et son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 (au centre) et 2071-2100 (agrave droite) suivant le sceacutenario RCP45 Les cartes reproduisent la meacutediane (50e centile) de lrsquoensemble de simulations Euro-CORDEX

Source portail Drias les futurs du climat

Figure C6 - 10e centile de la tempeacuterature minimale quotidienne exprimeacute en degreacutes pour la peacuteriode de reacutefeacuterence 1976-2005 (agrave gauche) et son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 (au centre) et 2071-2100 (agrave droite) suivant le sceacutenario RCP85 Les cartes reproduisent la meacutediane (50e centile) de lrsquoensemble de simulations

Source portail Drias les futurs du climat

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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deacutetermineacutees agrave partir des preacutecipitations les seacutecheresses agricoles deacutetermineacutees agrave partir des contenus en eau du sol superficiel (typiquement jusqursquoagrave une profon-deur drsquoun megravetre) et les seacutecheresses hydrologiques deacutetermineacutees agrave partir du deacutebit des cours drsquoeau et du niveau des nappes

Les effets du changement climatique sur les seacutecheresses meacuteteacuteorologiques et agri-coles ont eacuteteacute eacutetudieacutes dans le cadre du projet de recherche national ClimSec (2008-2011) Pour le diagnostic des seacutecheresses dans le climat futur le projet a pris en compte les reacutesultats de simulations de changement climatique provenant de six modegraveles globaux mis en œuvre dans le cadre du programme international CMIP3 (Coupled Model Intercomparison Project) Les projections climatiques alors dispo-nibles ne concernaient pas les sceacutenarios drsquoeacutemissions de gaz agrave effet de serre RCP deacutejagrave citeacutes mais les sceacutenarios deacutefinis anteacuterieurement par les experts du GIEC et ayant servi de base au quatriegraveme rapport drsquoeacutevaluation (appeleacute aussi AR4) du GIEC Cependant une correspondance peut ecirctre eacutetablie entre ces anciens sceacutenarios et les sceacutenarios RCP puisque les eacutemissions de gaz agrave effet de serre du sceacutenario A2 sont seulement leacutegegraverement infeacuterieures agrave celles du sceacutenario RCP85 le sceacutenario A1B srsquoapparente au sceacutenario RCP60 et le sceacutenario B1 nrsquoest pas tregraves eacuteloigneacute du sceacutenario RCP45 (GIEC 2013) Afin drsquoaboutir au traitement des seacutecheresses en France une eacutetape compleacutementaire de reacutegionalisation du climat agrave des eacutechelles relativement fines a ducirc ecirctre reacutealiseacutee agrave partir des sorties des modegraveles globaux Les variables climatiques ainsi obtenues ont servi de donneacutees drsquoentreacutees agrave un modegravele hydromeacuteteacuteorologique appeleacute Safran-Isba-Modcou (modegravele SIM) calculant en parti-culier le bilan hydrologique des sols (Soubeyroux et al 2012)

Les reacutesultats montrent une aggravation plus rapide et plus intense des eacuteveacutene-ments lieacutes au deacuteficit drsquohumiditeacute du sol qursquoau deacuteficit de preacutecipitation Les projec-tions climatiques indiquent surtout que notre pays risque de connaicirctre au cours de la seconde moitieacute du XXIe siegravecle des seacutecheresses agricoles quasi continues et de grande intensiteacute totalement inconnues dans le climat actuel Lrsquoaugmentation plus rapide du risque de seacutecheresse agricole compareacutee agrave celle du risque de seacuteche-resse meacuteteacuteorologique srsquoexplique par une augmentation de lrsquoeacutevapotranspiration 3 en surface directement lieacutee agrave lrsquoaugmentation de la tempeacuterature (Soubeyroux et al 2012)

Ces reacutesultats sont illustreacutes sur la figure C7 qui montre lrsquoeacutevolution de la superfi-cie de la France affecteacutee par des seacutecheresses meacuteteacuteorologiques et par des seacuteche-resses agricoles sur des peacuteriodes comprises entre 1961 et 2100 Les seacutecheresses sont deacutefinies agrave partir de valeurs drsquoindices standardiseacutes calculeacutes soit agrave partir des preacutecipitations (seacutecheresses meacuteteacuteorologiques) soit agrave partir des contenus en eau du sol (seacutecheresses agricoles) Les calculs portent sur les observations de la peacuteriode 1961-2008 et sur les reacutesultats des simulations de la peacuteriode 1961-2100 par le modegravele climatique Arpege-Climat de Meacuteteacuteo-France et le modegravele SIM Les diagrammes se rapportent agrave des seacutecheresses modeacutereacutees agrave extrecircmes sur la

3 Quantiteacute drsquoeau transfeacutereacutee vers lrsquoatmosphegravere par lrsquoeacutevaporation au niveau du sol et par la transpiration des plantes

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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France Cette figure montre clairement que la seacutecheresse meacuteteacuteorologique extrecircme de 1976 serait deacutepasseacutee agrave la fin de ce siegravecle en termes de superficie toucheacutee avec les sceacutenarios de plus fortes eacutemissions de gaz agrave effet de serre Elle montre aussi plus nettement que la seacutecheresse agricole extrecircme de 1990 serait deacutepas-seacutee degraves les anneacutees 2050 en termes de superficie toucheacutee avec ici aussi un rocircle aggravant lieacute agrave lrsquointensiteacute des eacutemissions de gaz agrave effet de serre futures

Ce type drsquoeacutetude a eacuteteacute actualiseacute en 2018 (Boeacute et al 2018) en exploitant les sceacute-narios CMIP5 reacutegionaliseacutes (Dayon et al 2018) Les reacutesultats ont eacuteteacute analyseacutes sur les sceacutenarios RCP85 et RCP26 Pour ces deux sceacutenarios les reacutesultats confir-ment les tendances obtenues preacuteceacutedemment le temps passeacute en seacutecheresse agricole augmente geacuteneacuteralement de 30 agrave 40 sur la France agrave horizon 2100 avec des changements allant jusqursquoagrave 50 dans le Sud de la France La seacuteveacuteriteacute de ces eacutepisodes de seacutecheresse augmente eacutegalement de faccedilon plus marqueacutee sur le bassin de la Seine et lrsquoamont de la Loire (fig C8)

Cette eacutetude integravegre eacutegalement lrsquoanalyse de lrsquoeacutevolution des seacutecheresses hydro-logiques Il srsquoagit ici uniquement de lrsquoinfluence des eacutemissions de gaz agrave effet de serre les actions anthropiques (et notamment les soutiens drsquoeacutetiage) ne sont pas inteacutegreacutees La dureacutee et lrsquointensiteacute des seacutecheresses hydrologiques augmentent sur quasiment toute la France agrave horizon 2100 de faccedilon assez reacuteduite sauf dans le Sud ougrave les valeurs peuvent deacutepasser 10 Les Alpes font exception avec des diminutions de la dureacutee et de lrsquointensiteacute des seacutecheresses hydrologiques en lien avec lrsquoeacutevolution du manteau neigeux (fig C9)

Figure C7 ndash Diagrammes en boicirctes sur des peacuteriodes comprises entre 1961 et 2100 de la superficie de la France affecteacutee par les seacutecheresses meacuteteacuteorologiques (agrave gauche) et agricoles (agrave droite) modeacutereacutees agrave extrecircmes (seuil de 16 )

Ces diagrammes sont calculeacutes agrave partir des distributions drsquoeacuteveacutenements trimestriels (de preacutecipita-tions agrave gauche et de contenu en eau du sol agrave droite) issues de simulations climatiques reacutegionaliseacutees du modegravele Arpege-Climat suivant les sceacutenarios B1 (en violet) A1B (en mauve) et A2 (en jaune) du GIEC

Source Soubeyroux et al 2012

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Figure C8 ndash Moyenne drsquoensemble agrave horizon 2100 pour les projections RCP85 (Dayon et al 2018) des changements par rapport agrave la peacuteriode 1961-2008(a) de pourcentage de temps passeacute en seacutecheresse agricole (b) relatifs de la seacuteveacuteriteacute des seacutecheresses agricoles

Source figure issue de Boeacute et al 2018

Figure C9 ndash Moyenne drsquoensemble agrave horizon 2100 pour les projections RCP85 (Dayon et al 2018) des changements par rapport agrave la peacuteriode de reacutefeacuterence 1961-2008(a) de pourcentage de temps passeacute en seacutecheresse hydrologique (attention la palette de couleur est trompeuse seule la couleur bleu fonceacute correspond agrave une diminution) (b) relatifs de la seacuteveacuteriteacute des seacutecheresses hydrologiques Chaque point correspond agrave une station hydromeacutetrique simuleacutee par SIM et nrsquoinclut pas les impacts des ameacutenagements (deacutebits naturels)

Source figure issue de Boeacute et al 2018

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En parallegravele ces projections climatiques ont eacutegalement eacuteteacute utiliseacutees dans le cadre des travaux meneacutes dans le projet Aqui-FR 4 et de la convention service climatique 5 pour eacutetudier lrsquoeacutevolution des seacutecheresses hydrogeacuteologiques Celles-ci sont caracteacute-riseacutees par un niveau des nappes plus bas que le bas niveau de peacuteriode de retour de dix ans Lrsquoanalyse porte sur les sceacutenarios drsquoeacutemission RCP26 et RCP85 Les simulations sont reacutealiseacutees en supposant que les preacutelegravevements en nappe restent constants dans le temps (pas de mesure drsquoadaptation) Les projections indiquent une forte augmentation de lrsquoextension des nappes impacteacutees par les seacutecheresses pour le sceacutenario drsquoeacutemission RCP85 (+ 50 ) avec une intensiteacute des seacutecheresses qui srsquoaggrave en moyenne de plus de 20 et une augmentation moins marqueacutee surtout en fin de siegravecle pour le sceacutenario RCP26 avec une augmentation des sur-faces impacteacutees et de lrsquointensiteacute de lrsquoordre de 10 (fig C10)

4 wwwmetisupmcfr~aqui-fr

5 httpsconvention-services-climatiqueslsceipslfrdemonstrateurs

Figure C10 ndash Intensiteacute et pourcentage drsquoextension des seacutecheresses des nappes

Elles sont caracteacuteriseacutees comme lrsquooccurrence de basses eaux de peacuteriode de retour 10 ans sur les aqui-fegraveres seacutedimentaires preacutesenteacutes dans le graphe pour les projections RCP26 (cercle) et RCP85 (triangle) pour diffeacuterents horizons temporelles (couleurs)

Source figure issue du projet Aqui-FR et de la convention des services climatiques

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Incendie de forecircts

Lrsquoaugmentation du risque drsquoincendie de forecircts est mentionneacutee dans le rapport du GIEC sur les impacts du changement climatique (GIEC 2014) plus particu-liegraverement pour lrsquoAmeacuterique du Nord et lrsquoEurope du Sud Le risque drsquoincendie de forecirct pourrait en effet augmenter du fait agrave la fois de lrsquoaugmentation des tempeacutera-tures et de lrsquoaugmentation des conditions de seacutecheresses dans certaines reacutegions du globe En Europe du Sud agrave la fin de ce siegravecle et pour le sceacutenario RCP85 la surface brucircleacutee chaque anneacutee pourrait ainsi ecirctre multiplieacutee par un facteur compris entre 3 et 5 par rapport agrave la surface actuelle

En France lrsquoaugmentation de la freacutequence des eacutepisodes de fortes chaleurs et lrsquoaug-mentation du risque de seacutecheresse combineacutees avec une augmentation attendue des zones forestiegraveres et des friches devraient aussi entraicircner lrsquoaugmentation des feux de forecircts Une eacutetude de la sensibiliteacute des forecircts franccedilaises au risque drsquoincen-die (Chatry et al 2010) a montreacute que les surfaces forestiegraveres les plus sensibles au risque de feu actuellement localiseacutees dans le Sud-Est de la France pourraient srsquoeacutetendre de 30 agrave lrsquohorizon 2040 et couvrir une part importante de la forecirct des Landes Ce risque extrecircme pourrait mecircme srsquoeacutetendre aux forecircts de Sologne agrave lrsquoho-rizon 2060 Cette eacutetude srsquoest appuyeacutee sur les reacutesultats de lrsquoanalyse de lrsquoeffet du changement climatique sur le risque incendie mesureacute au travers de lrsquoIndice forecirct meacuteteacuteo (IFM) (Cloppet et Reacutegimbeau 2009) La figure C11 illustre cet effet avec le nombre de jours pour lesquels lrsquoIFM deacutepasse une valeur de 40 correspondant agrave un risque extrecircme drsquoincendie Ces cartes ont eacuteteacute produites agrave partir de simulations du changement climatique pour le sceacutenario A1B (proche du sceacutenario RCP60) reacutea-liseacutees avec le modegravele Arpege-Climat de Meacuteteacuteo-France Le nombre annuel de jours avec un risque extrecircme drsquoincendie est de dix agrave quarante jours dans le Sud-Est

Figure C11 ndash Nombre moyen de jours par an avec un Indice forecirct meacuteteacuteo (IFM) supeacuterieur agrave 40 pour la peacuteriode 1961-1980 (carte de gauche) et lrsquohorizon 2060 (sceacutenario drsquoeacutemissions A1B)

Source portail Drias les futurs du climat

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meacutediterraneacuteen dans les conditions du climat passeacute reacutecent mais est quasiment nul dans toutes les autres reacutegions En revanche agrave lrsquohorizon 2060 on observerait de lrsquoordre drsquoune dizaine de jours preacutesentant un risque extrecircme drsquoincendie dans la plupart des reacutegions de France y compris les plus septentrionales

Pluies extrecircmes

Drsquoapregraves le GIEC (GIEC 2013) les eacutepisodes de preacutecipitations extrecircmes devien-dront plus intenses et freacutequents en lien avec lrsquoaugmentation de la tempeacuterature moyenne en surface En effet une atmosphegravere plus chaude contient plus de vapeur drsquoeau et est associeacutee agrave la fois agrave une augmentation de lrsquoeacutevapotranspira-tion et agrave une augmentation des preacutecipitations crsquoest-agrave-dire agrave une intensification du cycle hydrologique global Cela se traduit par une augmentation tregraves probable des preacutecipitations extrecircmes pour la plupart des reacutegions continentales des moyennes latitudes et pour les reacutegions tropicales humides agrave la fin de ce siegravecle Il est eacutega-lement probable que les preacutecipitations de mousson et celles qui sont associeacutees aux cyclones tropicaux srsquointensifient

En France agrave lrsquohorizon 2050 comme agrave lrsquohorizon 2100 les eacutevolutions attendues pour les pluies extrecircmes deacutefinies comme les pluies deacutepassant un seuil deacutetermineacute (par exemple 20 mmjour) sont tregraves variables geacuteographiquement En revanche indeacutependamment de lrsquohorizon temporel une tendance geacuteneacuterale se dessine pour une augmentation de la quantiteacute de pluie tombant au cours des eacutepisodes les plus extrecircmes (Ouzeau et al 2014) Pour le Sud-Est meacutediterraneacuteen du pays en raison drsquoune reacutesolution insuffisante les modegraveles climatiques eacutetaient jusqursquoagrave ces derniegraveres anneacutees dans lrsquoincapaciteacute de reproduire les eacutepisodes les plus intenses (deacutepassant typiquement 200 mmjour) Les premiers reacutesultats des recherches meneacutees avec des modegraveles de reacutesolution plus fine (quelques kilomegravetres) permettent maintenant drsquoaugmenter le reacutealisme des simulations et drsquoobtenir les premiers reacutesultats sur lrsquoeffet du changement climatique futur Elles introduisent une incertitude sur lrsquoeffet du changement climatique sur lrsquointensification des pluies extrecircmes quotidiennes de la reacutegion mais elles confirment une intensification future des pluies horaires

Les figures C12 et C13 illustrent respectivement pour les sceacutenarios RCP45 et RCP85 le pourcentage de preacutecipitations intenses pour la peacuteriode de reacutefeacuterence et son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 et 2071-2100 les preacutecipitations intenses eacutetant deacutefinies par un cumul quotidien de preacutecipitations deacutepassant le 90e centile Les cartes preacutesenteacutees sont extraites du portail Drias les futurs du climat Le calcul est effectueacute pour les diffeacuterents modegraveles drsquoEuro-CORDEX et les cartes extraites du portail ne reproduisent ici que la meacutediane de cet ensemble de modegraveles (la moitieacute des valeurs des eacutevolutions simuleacutees est supeacuterieure et lrsquoautre moitieacute infeacuterieure)

Ces reacutesultats preacutesenteacutes pour la saison drsquohiver montrent clairement une augmen-tation de la proportion de pluies intenses indeacutependamment des sceacutenarios et de lrsquohorizon Pour le printemps et lrsquoautomne lrsquoaugmentation de la proportion de pluies intenses nrsquoest pas aussi systeacutematique mecircme si elle se confirme nettement pour le sceacutenario RCP85 agrave la fin de ce siegravecle En eacuteteacute mecircme pour ce sceacutenario et

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cet horizon on note un reacutesultat inverse avec une diminution de la proportion de pluies tombant sous forme de pluies intenses Il convient cependant drsquoecirctre tregraves prudent avant drsquoen tirer des conclusions car la reacutesolution des modegraveles utiliseacutes (une dizaine de kilomegravetres) nrsquoest clairement pas suffisante pour reproduire les eacutepisodes orageux qui sont ceux qui se produisent le plus freacutequemment au cours de la saison Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les modegraveles climatiques actuels ne per-mettent pas de tirer de conclusion concernant les effets du changement clima-tique sur les pheacutenomegravenes orageux et donc aussi en particulier sur lrsquointensiteacute des pluies les plus extrecircmes associeacutees agrave ces eacutepisodes

Figure C12 ndash Pourcentage des preacutecipitations quotidiennes intenses pour la peacuteriode de reacutefeacuterence 1976-2005 (agrave gauche) et son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 (au centre) et 2071-2100 (agrave droite) suivant le sceacutenario RCP45 Les cartes reproduisent la meacutediane (50e centile) de lrsquoensemble de simulations Euro-CORDEX

Source portail Drias les futurs du climat

Figure C13 ndash Pourcentage des preacutecipitations quotidiennes intenses pour la peacuteriode de reacutefeacuterence 1976-2005 (agrave gauche) et son eacutevolution pour les peacuteriodes 2021-2050 (au centre) et 2071-2100 (agrave droite) suivant le sceacutenario RCP85

Les cartes reproduisent la meacutediane (50e centile) de lrsquoensemble de simulations Euro-CORDEX

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Cyclones et tempecirctes

Le cinquiegraveme rapport du GIEC (GIEC 2013) fait eacutetat drsquoun faible niveau de confiance dans les projections climatiques concernant les cyclones tropicaux agrave lrsquohorizon du milieu de ce siegravecle en particulier en raison de lrsquoimportance de la variabiliteacute cli-matique naturelle En revanche agrave la fin du XXIe siegravecle il est probable que la freacute-quence globale des cyclones tropicaux diminuera ou restera la mecircme Comme indiqueacute plus haut les preacutecipitations moyennes associeacutees aux cyclones augmen-teront probablement Il en est de mecircme pour la vitesse moyenne du vent maximal associeacutee aux cyclones qui se traduit par une augmentation probable de la freacute-quence des cyclones les plus intenses (de cateacutegories 4 et 5)

Cependant en particulier en raison de lrsquoincertitude sur lrsquoamplitude simuleacutee du reacutechauffement oceacuteanique attendu dans les diffeacuterents bassins le GIEC nrsquoaccorde qursquoun faible degreacute de confiance aux projections par reacutegion de la planegravete tant en termes de freacutequence que drsquointensiteacute des cyclones Cela concerne les reacutegions fran-ccedilaises des territoires drsquooutre-mer potentiellement exposeacutees aux cyclones pour les-quelles il nrsquoest pas possible de preacuteciser ces eacutevolutions futures

Concernant les tempecirctes des moyennes et hautes latitudes les experts du GIEC concluent qursquoagrave la fin du XXIe siegravecle iI est probable que la trajectoire des tempecirctes de lrsquoheacutemisphegravere Sud se deacuteplace leacutegegraverement vers le pocircle En revanche ils nrsquoac-cordent qursquoun faible degreacute de confiance agrave la projection de lrsquoeacutevolution des trajec-toires des tempecirctes dans lrsquoheacutemisphegravere Nord

Cette forte incertitude se confirme agrave lrsquoeacutechelle de la France meacutetropolitaine puisque les eacutetudes actuelles ne permettent pas de mettre en eacutevidence une tendance future notable sur lrsquoeacutevolution du risque de vent violent lieacute aux tempecirctes Les projections ne montrent en effet aucune tendance significative de long terme sur la freacutequence et lrsquointensiteacute des tempecirctes que ce soit agrave lrsquohorizon 2050 ou agrave lrsquohorizon 2100 Une eacutetude reacutecente des tempecirctes de janvier 2018 (notamment Eleanor qui a toucheacute la France) a confirmeacute que les tendances de telles tempecirctes eacutetaient tregraves faibles et que les activiteacutes humaines ont eu peu drsquoeffet (voir chapitre B)

De plus de la mecircme faccedilon que pour les orages les modegraveles climatiques actuels ne sont pas agrave mecircme de simuler les pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques de petites eacutechelles comme les mini-tornades et ne permettent donc pas de tirer de conclu-sions sur les eacutepisodes de vents extrecircmes associeacutes agrave ce type de pheacutenomegravenes

Afin drsquoillustrer lrsquoabsence de signal notable de changement concernant les vents forts la figure C14 reproduit le rapport entre lrsquointensiteacute moyenne du vent maximal hivernal simuleacutee pour le futur et lrsquointensiteacute moyenne du vent maximal hivernal de la peacuteriode de reacutefeacuterence correspondant au climat reacutecent La projection climatique a eacuteteacute reacutealiseacutee avec le modegravele climatique reacutegional Aladin-Climat de Meacuteteacuteo-France suivant le sceacutenario drsquoeacutemissions A1B (proche du sceacutenario RCP60) dans le cadre du projet national SCAMPEI (2008-2011) Ces cartes montrent que lrsquoaugmenta-tion future du risque de vent fort au nord reste modeacutereacutee (de lrsquoordre de 5 ) tout comme la diminution au sud (aussi de lrsquoordre de 5 ) Lrsquoanalyse drsquoautres simu-lations reacutealiseacutees avec deux autres modegraveles climatiques reacutegionaux montre par ailleurs que la variabiliteacute spatiale du signal de changement deacutepend du modegravele

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Inondations crues lentes crues rapides submersions

Auteur Florence Habets

Universiteacute Pierre et Marie Curie

On distingue ici diffeacuterents cas drsquoinondation principalement parce que les meacuteca-nismes geacuteneacuterant ces inondations diffegraverent et que lrsquoeacutevolution de ces meacutecanismes dans le contexte du changement climatique peut ecirctre plus ou moins difficile agrave estimer

De fait les projections de lrsquoeacutevolution des inondations sont agrave ce jour encore assez rares (une exception reacutecente mais sur un petit domaine a eacuteteacute eacutetudieacutee par Grelier en 2017) et les eacutetudes se focalisent plus souvent sur des risques de crues des cours drsquoeau Ces crues ne sont pas toujours deacutebordantes et ne geacutenegraverent donc pas forceacutement des inondations La notion de crue peut suffire agrave anticiper un risque drsquoinondation si on considegravere qursquoagrave une intensiteacute de deacutebit en un point correspond une hauteur drsquoeau donneacutee et donc un risque de deacutebordement Cependant le fait de se focaliser sur les crues en riviegravere laisse de cocircteacute un type drsquoinondation dont lrsquooccurrence risque drsquoaugmenter avec le changement climatique les inon-dations locales lieacutees agrave des preacutecipitations intenses mais pas forceacutement tregraves eacuteten-dues spatialement

Ainsi on considegravere tout drsquoabord les inondations associeacutees agrave des eacutepisodes de

preacutecipitations intenses

Lrsquoextension spatiale de ces preacutecipitations intenses peut ecirctre assez reacuteduite et la dureacutee assez bregraveve au point que la riviegravere agrave proximiteacute puisse ne pas ecirctre en crue malgreacute la preacutesence de zone inondeacutee

Figure C14 ndash Rapport entre lrsquointensiteacute moyenne du vent maximal hivernal pour les peacuteriodes 2021-2050 (agrave gauche) et 2071-2100 (agrave droite) et lrsquointensiteacute moyenne du vent maximal hivernal de la peacuteriode

Source SCAMPEI

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Bien que ce type drsquoeacuteveacutenement soit difficile agrave reproduire par les modegraveles de climat actuel une tendance agrave la hausse est projeteacutee sur lrsquoensemble de la France (voir chapitre B) Or on peut srsquoattendre agrave ce que des eacuteveacutenements preacutecipitants de lrsquoordre de 100 mmjour geacutenegraverent des inondations principalement dans les zones imper-meacuteabiliseacutees Une particulariteacute de ce type drsquoinondation est qursquoil peut atteindre des zones qui peuvent ecirctre eacuteloigneacutees (ou tregraves au-dessus) drsquoune riviegravere et qui ne sont donc pas forceacutement preacutepareacutees aux inondations avec des risques accrus concer-nant les conseacutequences en termes de pollution etou risque industriel Ainsi mecircme si lrsquoeacutevolution de ce risque est difficilement quantifiable il faut lrsquointeacutegrer et antici-per des moyens de preacutevention

Un cas particulier est le cas des eacuteveacutenements dits laquo ceacutevenols raquo qui impactent le sud meacutediterraneacuteen de la France principalement en automne et ce quasiment tous les ans Ces eacutepisodes sont non seulement intenses mais souvent eacutetendus spatialement et geacutenegraverent des crues rapides souvent deacutevastatrices Des eacutetudes speacutecifiques ont eacuteteacute meneacutees pour anticiper lrsquoeacutevolution de ces eacutepisodes dans un contexte de changement climatique (par exemple Beaulant et al 2011 Colmet Daage et al 2018 Drobinski et al 2018) Lrsquoensemble de ces eacutetudes srsquoaccordent sur une augmentation de lrsquointensiteacute de ces preacutecipitations extrecircmes avec le chan-gement climatique avec de plus une extension des zones impacteacutees au-delagrave des reacutegions habituellement toucheacutees notamment vers le Sud-Est ou les Pyreacuteneacutees Le risque associeacute agrave ces crues rapides laquo ceacutevenoles raquo augmente donc avec le chan-gement climatique (voir Annexe 3)

Drsquoautres crues rapides peuvent se former lors drsquoune fonte rapide et importante du manteau neigeux causeacutee par exemple par une forte eacutevolution de la tempeacutera-ture ou des preacutecipitations (mecircme modeacutereacutees) sur ce manteau neigeux La conjonc-tion de ces eacutepisodes reste difficile agrave projeter dans le futur du fait notamment de la complexiteacute propre aux zones de relief (Lafaysse et al 2014) Mecircme si les projections srsquoaccordent sur une baisse du manteau neigeux (Dayon et al 2018 Verfaillie et al 2018 Beniston et al 2018) la fonte plus preacutecoce du manteau neigeux avec le changement climatique pourrait impliquer un phasage plus freacute-quent avec un bassin aval humide (car en condition hivernale) ce qui pourrait maintenir ce risque de crue

Les crues lentes sont associeacutees agrave des preacutecipitations importantes sur des dureacutees assez longues (une agrave plusieurs semaines voire plusieurs mois) etou sur des bassins assez grands Ces eacuteveacutenements sont a priori plus agrave la porteacutee des modegraveles de climat mecircme si les sources drsquoincertitudes restent importantes De rares eacutetudes se sont focaliseacutees sur des crues centennales (par exemple Dumas et al 2013) En effet lrsquoestimation statistique de ces changements est moins fiable lorsqursquoon utilise des projections climatiques drsquoune centaine drsquoanneacutees seulement Ainsi lrsquoeacutevolution des crues lentes est en geacuteneacuteral analyseacutee via lrsquoeacutevolution des crues deacutecennales qui restent des eacuteveacutenements assez rares au vu des peacuteriodes eacutetudieacutees Cependant ces crues ne sont en geacuteneacuteral pas deacutebordantes aujourdrsquohui et ne sont donc pas forceacutement des bons indicateurs de lrsquoeacutevolution des inondations par crues lentes

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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La figure C15 preacutesente ainsi les eacutevolutions des crues deacutecennales en France meacutetro-politaine en moyenne sur plusieurs projections reacutealiseacutees avec les deux sceacutena-rios drsquoeacutemission les plus contrasteacutes RCP85 et RCP26 Globalement il y a une tendance agrave la diminution ou agrave la stabiliteacute des crues deacutecennales dans le Sud et agrave une augmentation ou une stabiliteacute dans le Nord avec des modifications plus intenses pour le sceacutenario RCP85

Lrsquoeacutevolution du risque drsquoinondations par remonteacutee de nappes a eacuteteacute eacutetudieacutee indirec-tement via lrsquoanalyse de lrsquoeacutevolution des hauts niveaux de nappes sur les aquifegraveres seacutedimentaires de la moitieacute nord de la France dans le cadre des travaux meneacutes dans le projet Aqui-FR 6 et de la convention service climatique 7 en utilisant les pro-jections climatiques reacutegionaliseacutees de Dayon et al 2018 Les premiers reacutesultats analyseacutes sur les sceacutenarios drsquoeacutemission RCP26 et RCP85 montrent que si la freacute-quence et lrsquointensiteacute des hautes eaux change peu agrave la fin du XXIe siegravecle (2070-2100 compareacute agrave 1980-2010) les surfaces impacteacutees sont elles reacuteduites en moyenne de 10 agrave 25 pour les sceacutenarios drsquoeacutemission RCP26 et RCP85 respective-ment On peut donc estimer que globalement ce risque diminue en France mecircme srsquoil ne disparaicirct pas et ce bien que lrsquointensiteacute des crues deacutecennales augmente Cela est en lien avec la diminution preacutevue de la ressource en eau souterraine

6 wwwmetisupmcfr~aqui-fr

7 httpsconvention-services-climatiqueslsceipslfrdemonstrateurs

Figure C15 ndash Moyenne drsquoensemble des changements relatifs du deacutebit journalier maximal drsquoune peacuteriode de retour de dix ans entre les peacuteriodes 2070-2100 et 1960-1990 pour les sceacutenarios drsquoeacutemission RCP85 (agrave gauche) et RCP26 (agrave droite)

Source figure issue de Dayon 2015

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Laves torrentiellesAuteur Vincent Jomelli

Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagriculture

Une eacutetude portant sur des couleacutees de deacutebris non chenaliseacutees se produisant dans le massif des Eacutecrins agrave lrsquohorizon de la fin de ce siegravecle semble indiquer que lrsquoaug-mentation de lrsquooccurrence des couleacutees de deacutebris sur la peacuteriode 1970-2005 ne devrait pas se maintenir en toute reacutegion ni en toute peacuteriode notamment du fait de la sensibiliteacute de la freacutequence de cet aleacutea aux conditions de gel et au retrait des glaciers (Jomelli et al 2009)

Forts de ces reacutesultats on a tenteacute de comprendre la reacuteponse possible des laves torrentielles au changement climatique pour trois peacuteriodes distinctes (1970-2000 2030-2060 et 2070-2100) Ces tests ont eacuteteacute conduits agrave partir de diffeacuterents sceacute-narios climatiques en pratiquant une descente drsquoeacutechelle du modegravele agrave maille variable Arpege du modegravele zoomeacute LMDZ de lrsquoInstitut Pierre-Simon-Laplace (IPSL) ou encore en utilisant les sorties agrave haute reacutesolution drsquoALADIN de Meacuteteacuteo-France (Jomelli et al 2007 2009 2012 Pavlova et al 2014) ou drsquoautres simulations (Turkington et al 2016) Les reacutesultats montrent en geacuteneacuteral quels que soient le modegravele et le sceacutenario climatique utiliseacutes une augmentation significative de la probabiliteacute de deacuteclenchement de laves torrentielles dans les Alpes pour la fin du siegravecle Les reacutesultats sont en revanche un peu plus contrasteacutes selon les reacutegions et les modegraveles pour le milieu du XXIe siegravecle Lrsquoensemble de ces reacutesultats doit cependant ecirctre pris avec beaucoup de prudence car plusieurs problegravemes meacutetho-dologiques restent agrave reacutesoudre Le principe repose sur une modeacutelisation statis-tique probabiliste couplant un recensement imparfait des laves torrentielles avec des donneacutees meacuteteacuteorologiques actuelles modeacutelisation qui est ensuite forceacutee par des sceacutenarios climatiques ayant leurs propres incertitudes Agrave ces incertitudes srsquoajoutent drsquoautres interrogations que nous pouvons lister ici sans ecirctre exhaustif

Tout drsquoabord cette approche statistique fondeacutee sur un forccedilage des rela-tions observeacutees actuellement entre le climat et le deacuteclenchement des laves en utilisant des sceacutenarios climatiques futurs suppose une stationnariteacute spa-tio-temporelle de cette relation climat-laves torrentielles Or cette hypothegravese nrsquoest pas veacuterifieacutee

Ensuite ces modegraveles statistiques nrsquointegravegrent pas la variabiliteacute environne-mentale qui nous lrsquoavons vu joue un rocircle certain dans le fonctionnement de ces processus

Enfin plus important encore ces modegraveles ne considegraverent que les aspects cli-matologiques Or on sait qursquoune lave se deacuteclenche si et seulement si un stock de deacutebris mobilisable est disponible La variabiliteacute spatio-temporelle de ce stock de deacutebris est encore tregraves mal documenteacutee (Veyrat-Charvillon et Meunier 2006 Theule et al 2012 2015) et son eacutevolution dans le futur encore plus incertaine

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Ce stock est parfois appreacutehendeacute agrave partir drsquoune approche laquo pseudo-proxy raquo en consideacuterant par exemple le nombre de jours de gel depuis le dernier eacuteveacutene-ment ou le nombre de jours depuis lrsquohiver preacuteceacutedent lrsquoeacuteveacutenement (Jomelli et al 2003 Bel et al 2017) (fig C16) Mais cette approche doit agrave lrsquoavenir ecirctre lar-gement ameacutelioreacutee pour espeacuterer atteindre des reacutesultats robustes

Figure C16 ndash Probabiliteacute de deacuteclenchement drsquoune lave torrentielle dans les Alpes franccedilaises en fonction du cumul de jours de gel depuis le dernier eacuteveacutenement et le nombre de fois (Ri) ou les preacutecipitations excegravedent 30 mmj pendant lrsquoeacuteteacute

Source drsquoapregraves Jomelli et al 2003

Nombre de jours de gel

En tout premier lieu des recherches doivent ecirctre engageacutees sur la reconstitution du stock de deacutebris en relation avec le climat Nous lrsquoavons dit preacuteceacutedemment cet aspect est crucial pour ameacuteliorer les connaissances sur le fonctionnement des laves Des observations agrave partir de bassins-versants expeacuterimentaux ont permis de mettre en eacutevidence une cycliciteacute saisonniegravere dans la reconstitution et la mobi-lisation du stock dont deacutepend lrsquointensiteacute des laves (Theule et al 2012) Ce type drsquoapproche doit ecirctre geacuteneacuteraliseacute pour eacutetudier les variables influenccedilant le bilan seacutedimentaire

Un meilleur transfert des connaissances sur le fonctionnement des laves drsquoune eacutechelle spatiale agrave lrsquoautre est aussi neacutecessaire Aujourdrsquohui les reacutesultats acquis sur les relations entre le deacuteclenchement et les pluies obtenus agrave lrsquoeacutechelle du bas-sin-versant ne peuvent pas ecirctre geacuteneacuteraliseacutes agrave un plus large territoire Agrave court terme il serait sans doute pertinent drsquoeacutetudier ces relations entre les conditions meacuteteacuteorologiques et le deacuteclenchement des laves agrave lrsquoeacutechelle du bassin-versant en utilisant des variables dont le pas de temps est identique agrave celui disponible agrave

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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lrsquoeacutechelle reacutegionale Agrave plus long terme une meilleure connaissance des preacutecipita-tions intenses au pas de temps horaire tenant compte des effets orographiques agrave une eacutechelle reacutegionale sera un atout certain

Approfondir les connaissances sur lrsquoactiviteacute des laves torrentielles sur ces der-niers siegravecles permettrait de mieux appreacutehender les relations entre le fonctionne-ment de ce processus et le climat Il serait aussi plus aiseacute drsquoidentifier les impacts multiples de lrsquohomme non seulement sur le climat mais aussi sur le bassin-ver-sant en modifiant notamment la veacutegeacutetation et le profil en long par des ameacutenage-ments (Strunk 1992 Blikra et Nemec 1998 Stoffel et al 2005 Helsen et al 2002 Jomelli 2013)

Il est enfin neacutecessaire de poursuivre les efforts sur la vulneacuterabiliteacute associeacutee au fonctionnement de ce processus Divers champs ont eacuteteacute exploreacutes comme la vul-neacuterabiliteacute du bacircti ou du reacuteseau routier (Mallet et al 2006 Puissant et al 2014) Des tests drsquointerruption srsquoappuyant sur diffeacuterents sceacutenarios socio-eacuteconomiques ont eacuteteacute proposeacutes pour estimer les coucircts et les meilleures solutions (Utasse et al 2016) Cependant des recherches visant agrave accroicirctre la reacutesilience fondeacutee notam-ment sur une analyse du retour drsquoexpeacuterience pourraient ecirctre reacutealiseacutees de faccedilon sys-teacutematique aux eacutechelles locales et reacutegionales Autant de pistes que les chercheurs pourront deacutevelopper en partenariat avec la socieacuteteacute civile et les futurs deacutecideurs

AvalanchesAuteurs Nicolas Eckert Thierry Faug

Florie Giacona Jeacuterocircme Lopez-Saez Mohamed Naaim

Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Christophe Corona

GEOLAB Centre national de la recherche scientifique Clermont-Ferrand

Samuel Morin

Meacuteteacuteo-France ndash Centre drsquoeacutetude de la neige Grenoble

Les eacutevolutions futures de lrsquoactiviteacute avalancheuse peuvent ecirctre en partie deacuteduites des projections climatiques une fois celles-ci adapteacutees agrave la topographie des massifs montagneux et associeacutees agrave des simulations drsquoeacutevolution du manteau neigeux Ainsi pour les Alpes franccedilaises la combinaison de reacuteanalyses nivo-meacuteteacuteorologiques fines et de relations statistiques avalanche-climat a permis de projeter sous lrsquohypothegravese drsquoun sceacutenario drsquoeacutevolution future drsquoeacutemission de gaz agrave effet de serre moyen (sceacutenario A1B GIEC Rapport SREX) une diminution globale de 20 agrave 30 de lrsquoactiviteacute avalancheuse au cours du XXIe siegravecle par rapport agrave la peacuteriode 1960-1990 dite laquo de reacutefeacuterence raquo (fig C17a Castebrunet et al 2014)

La baisse attendue est bien plus drastique au printemps et agrave basse altitude du fait drsquoune reacuteduction tregraves forte du manteau neigeux (fig C17c) En revanche on srsquoattend agrave une augmentation de lrsquoactiviteacute avalancheuse degraves lors que le manteau

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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neigeux restera suffisamment important crsquoest-agrave-dire en plein hiver agrave haute altitude (fig C17b) Pour les indicateurs annuels et saisonniers les changements atten-dus sont deacutejagrave importants pour 2050 et la peacuteriode 2050-2100 ne verra qursquoune poursuite des eacutevolutions deacutejagrave engageacutees et en partie deacutejagrave reacutealiseacutees par rapport agrave la peacuteriode 1960-1990

Ces projections sont leacutegegraverement modifieacutees sous lrsquohypothegravese de sceacutenarios drsquoeacutevolu-tion des eacutemissions de gaz agrave effet de serre plus maicirctriseacutee (diminution moins marqueacutee de lrsquoactiviteacute avalancheuse globale) ou au contraire plus laquo catastrophique raquo (dimi-nution plus marqueacutee de lrsquoactiviteacute avalancheuse globale) La sensibiliteacute au choix du sceacutenario reste cependant assez faible sur les indicateurs globaux de sorte que cette tendance agrave la baisse de lrsquoactiviteacute avalancheuse globale semble assez robuste

Aucune eacutetude speacutecifique ni en France ni ailleurs nrsquoa pour lrsquoinstant cibleacute speacutecifi-quement les projections drsquoavalanches de grande ampleur mais eacutetant donneacute les reacutesultats obtenus sur le passeacute on peut penser que leur tendance moyenne au

Figure C17 ndash Projections futures sous hypothegravese drsquoun sceacutenario drsquoeacutevolution des eacutemissions de gaz agrave effet de serre laquo moyen raquo distribution interannuelle drsquoun indice drsquoactiviteacute avalancheuse totale standardiseacute par rapport agrave la peacuteriode de reacutefeacuterence 1960-1990 a) Hiver entier b) Plein hiver c) Printemps

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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recul devrait se poursuivre au fur et agrave mesure que les conditions hivernales leur seront moins favorables Deux beacutemols doivent toutefois ecirctre apporteacutes agrave ce postu-lat Drsquoabord une tendance moyenne au recul nrsquoexclut pas que de maniegravere a priori de plus en plus sporadique des avalanches de grande ampleur continuent agrave se produire les hivers 2008-2009 (Eckert et al 2010) et 2017-2018 lrsquoont ample-ment deacutemontreacute dans les Alpes franccedilaises Ensuite les avalanches de neige humide de grande ampleur sont agrave lrsquoorigine drsquoun risque speacutecifique vraisemblablement en train drsquoaugmenter (fig C18)

Vers plus drsquoavalanches humides

Au cours des reacutecents hivers les Alpes franccedilaises ont en effet connu une succes-sion de peacuteriodes de forte activiteacute drsquoavalanches de neige humide Lrsquoeacutevolution de la part des avalanches de neige humide dans lrsquoactiviteacute totale a eacuteteacute le premier reacutesul-tat obtenu degraves le tournant des anneacutees 2000 (Martin et al 2001) des eacutetudes de simulation visant agrave eacutetudier lrsquoimpact du reacutechauffement climatique sur lrsquoactiviteacute avalancheuse Il est agrave preacutesent eacutetayeacute par des analyses statistiques systeacutematiques (Naaim et al 2016) et constitue un lien intuitif entre observations et projections lrsquoactiviteacute avalancheuse de neige humide se manifeste deacutejagrave etou se manifestera dans le futur plus preacutecocement agrave toutes les altitudes en particulier dans des sec-teurs et durant des peacuteriodes ougrave elle est pour lrsquoinstant peu importante voire quasi inexistante (haute altitude etou en laquo plein hiver raquo fig C17b) Hors des Alpes cette eacutevolution a eacuteteacute mise en eacutevidence en Himalaya agrave lrsquoaide drsquoanalyses dendro- geacuteomorphologiques (Ballesteros-Canovas et al 2018)

Figure C18 ndash Deacutepocircts drsquoavalanche de neige humide de grande ampleur janvier 2018 Bessans Savoie

Photo Irstea

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Au cours des peacuteriodes reacutecentes drsquoactiviteacute drsquoavalanches de neige humide des eacuteveacute-nements de grande voire tregraves grande ampleur avec des conseacutequences specta-culaires en matiegravere de dommages aux infrastructures ont eacuteteacute observeacutes Ainsi la destruction de la gare du teacuteleacutesiegravege de Saint-Franccedilois-Longchamp en 2013 a eacuteteacute marquante en raison de la dynamique particuliegravere de lrsquoavalanche qui lrsquoa causeacutee Drsquoextension importante malgreacute sa vitesse reacuteduite elle a plieacute les deux premiers pylocircnes Lrsquoaugmentation de lrsquohumiditeacute de la neige peut ainsi conduire agrave des ava-lanches catastrophiques pour deux raisons une augmentation des distances par-courues et des trajectoires laquo impreacutevisibles raquo du fait drsquoun coefficient de frottement effectif faible (meacutecanisme de lubrification) et des pressions drsquoimpact restant tregraves eacuteleveacutees malgreacute des vitesses nettement plus faibles que celles des eacutecoulements de neige segraveche (Ancey et Bain 2015) Pour eacutetablir que le risque lieacute aux avalanches de neige humide augmente effectivement avec le reacutechauffement notre connais-sance du comportement meacutecanique de la neige humide reste toutefois agrave affiner De mecircme les tendances passeacutees et futures dans les eacutevolutions des avalanches de neige humide de grande ampleur et les dommages associeacutes restent agrave eacutetudier

Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene

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Conclusions

Auteur Marie Carrega

MTES DGECSCEEONERC

La France du fait de sa situation geacuteographique est soumise agrave une grande diver-siteacute drsquoaleacuteas naturels Pris de maniegravere indeacutependante aucun eacuteveacutenement clima-tique ne peut ecirctre attribueacute en tant que tel au changement climatique Toutefois les travaux de recherche eacutetablissent que le changement climatique vient modifier lrsquooccurrence de certains aleacuteas

En meacutetropole on peut ainsi anticiper que degraves la peacuteriode 2021-2050 les vagues de chaleur estivales deviendront plus freacutequentes plus longues et plus intenses avec des eacutevolutions plus marqueacutees encore pour le quart Sud-Est de la France Un eacutepisode tel que celui de lrsquoeacuteteacute 2003 pourrait se produire agrave lrsquohorizon 2050 mais il resterait exceptionnel Drsquoici la fin du siegravecle pour le sceacutenario tendanciel un tel pheacutenomegravene deviendrait en revanche courant voire serait reacuteguliegraverement deacutepasseacute tant en intensiteacute qursquoen dureacutee

Agrave lrsquoinverse les vagues de froid seront moins freacutequentes moins longues et moins intenses mais ne disparaicirctront pas complegravetement

Le risque de seacutecheresse devrait srsquoaggraver avec une aggravation plus rapide et plus intense des seacutecheresses lieacutees au deacuteficit drsquohumiditeacute du sol plutocirct qursquoau deacuteficit de preacutecipitation La France risque donc de connaicirctre drsquoici 2100 des seacuteche-resses agricoles quasi continues et de grande intensiteacute totalement inconnues dans le climat actuel

Les eacutevolutions attendues pour les pluies extrecircmes sont variables geacuteographique-ment cependant une tendance geacuteneacuterale se dessine avec une augmentation de la quantiteacute de pluie tombant au cours des eacutepisodes les plus extrecircmes ndash comme les pheacutenomegravenes dits laquo ceacutevenols raquo (voir Annexe 3) ndash principalement en hiver avec de plus une extension des zones impacteacutees au-delagrave des reacutegions habituellement toucheacutees notamment vers le Sud-Est ou les Pyreacuteneacutees

Les territoires exposeacutes aux risques drsquoincendies de forecircts devraient ecirctre plus eacutetendus couvrant une part importante de la forecirct des Landes agrave lrsquohorizon 2040 et les forecircts de Sologne agrave lrsquohorizon 2060

Le reacutechauffement des oceacuteans accompagneacute de la fonte des glaciers engendre une hausse du niveau marin de plusieurs millimegravetres par an en acceacuteleacuteration sur les derniegraveres deacutecennies Drsquoici 2100 lrsquoaugmentation devrait ecirctre de plusieurs dizaines de centimegravetres voire un megravetre de maniegravere non uniforme selon les cocirctes Cela est de nature agrave accroicirctre le risque de submersion marine mais aussi selon les cocirctes les effets drsquoeacuterosion littorale (ONERC 2015) Un rapport speacutecial du GIEC sera publieacute en 2019 permettant de mieux eacutevaluer la hausse attendue du niveau moyen des mers

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Dans les Alpes franccedilaises drsquoici la fin du siegravecle le nombre drsquoavalanches pour-rait diminuer mecircme si lrsquoactiviteacute avalancheuse de neige humide se manifeste deacutejagrave etou se manifestera dans le futur plus preacutecocement quelle que soit lrsquoaltitude Toutefois les processus geacuteneacuterateurs de risque en montagne sont nombreux et complexes et leur eacutevolution avec le climat sujet agrave discussion (Beniston et al 2018 Stoffel et Huggel 2012)

Par ailleurs les deacuteclenchements de laves torrentielles devraient augmenter significativement

Les eacutetudes actuelles ne permettent pas de mettre en eacutevidence une tendance future notable sur lrsquoeacutevolution du risque de vent violent lieacute aux tempecirctes Les projections ne montrent en effet aucune tendance significative de long terme sur la freacutequence et lrsquointensiteacute des tempecirctes que ce soit agrave lrsquohorizon 2050 ou agrave lrsquohorizon 2100

En outre-mer les simulations du climat pour le XXIe siegravecle indiquent que les cyclones ne devraient pas ecirctre plus nombreux En revanche le nombre de cyclones de forte intensiteacute devrait augmenter

Chapitre DPreacutevention et gestion

des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques

extrecircmes

Auteurs Laure Tourjansky Emmanuel Vullierme et le service des risques naturels hydrauliques

MTES DGPRSRNH

Marie Carrega Jeacuterocircme Duvernoy Sarah Voirin MTES DGECSCEEONERC

copy Laurent Mignaux ndash Terra

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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La preacutevention et la gestion des risques un eacuteleacutement majeur de lrsquoadaptation au changement climatique

Les eacuteveacutenements climatiques extrecircmes (inondations seacutecheresses tempecirctes cyclones etc) font reacuteguliegraverement de nombreuses victimes dans le monde et des dommages consideacuterables Du fait de la diversiteacute des territoires franccedilais meacutetro-pole outre-mer territoires traverseacutes par un important reacuteseau hydrographique mon-tagne campagne littoral concentration drsquoenjeux dans les villes la France subit des eacuteveacutenements extrecircmes tregraves varieacutes Les catastrophes survenues ces derniegraveres anneacutees en France rappellent que notre territoire est particuliegraverement exposeacute avec en particulier les crues du Var en 2015 les crues sur les bassins du Loing de la Seine et de la Loire au printemps 2016 le cyclone Irma en septembre 2017 la tempecircte Eleanor en janvier 2018 La forte mobilisation meacutediatique lors de ces eacuteveacutenements ne doit pas faire oublier que la preacutevention des risques naturels se fait neacutecessairement dans la dureacutee en inteacutegrant les eacutevolutions attendues du climat La preacutevention srsquoarticule bien sucircr avec la preacuteparation et la gestion de crise lorsqursquoun eacutevegravenement agrave risque surgit

Qursquoils soient drsquoorigine climatique ou non (on pense en particulier aux seacuteismes) la reacuteponse aux eacutevegravenements extrecircmes est abordeacutee par les pouvoirs publics dans une approche systeacutemique La politique de preacutevention des risques naturels majeurs a pour objectif de reacuteduire lrsquoexposition aux risques des populations et agrave les rendre moins vulneacuterables Elle vise agrave preacutevenir les atteintes agrave la vie humaine et reacuteduire autant que possible les conseacutequences preacutevisibles et les dommages potentiels des eacutevegravenements agrave geacuterer efficacement les crises et les catastrophes quand elles surviennent anticiper les situations post-crise et reacuteparer les dommages

Cette politique est structureacutee par plusieurs textes agrave commencer par la loi Barnier 1 et inscrite dans les lignes directrices eacutedicteacutees par lrsquoONU dans le cadre de Sendai pour la reacuteduction du risque de catastrophes Si le cadre est avant tout donneacute par lrsquoEacutetat cette politique trouve son efficaciteacute dans la mobilisation de nombreux acteurs agrave commencer par les collectiviteacutes locales car elle srsquoarticule eacutetroitement avec lrsquoameacutenagement du territoire mais aussi les entreprises et les citoyens Aussi la politique de preacutevention des risques naturels meneacutee par lrsquoEacutetat comporte des actions reacutegaliennes (information preacuteventive eacutelaboration de plans de preacuteven-tion des risques naturels) et des dispositifs drsquoaccompagnement tels que la mobi-lisation du fonds de preacutevention des risques naturels majeurs dit laquo Fonds Barnier raquo

Dans le cadre de lrsquoeacutelaboration du deuxiegraveme plan national drsquoadaptation au chan-gement climatique (ONERC 2017) les discussions relatives agrave la preacutevention des risques naturels et agrave la reacutesilience des territoires ont largement conforteacute la politique mise en œuvre et mis en avant des axes nouveaux la neacutecessiteacute drsquoun portage local de cette politique qui eacutemane des territoires une approche jacobine nrsquoeacutetant

1 Loi no 95-101 du 2 feacutevrier 1995 relative au renforcement de la protection de lrsquoenvironnement

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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plus suffisante le besoin permanent drsquoune mise agrave jour des connaissances et drsquoun approfondissement de la connaissance des aleacuteas les plus impacteacutes par le changement climatique la mise en place drsquooutils nouveaux de transformation des territoires

Une hausse de 2 degC de la tempeacuterature moyenne de la planegravete drsquoici la fin du siegravecle se deacuteclinerait de faccedilon diffeacuterencieacutee selon ces territoires mais srsquoaccompagnerait partout de changements importants dans le reacutegime des preacutecipitations et dans la freacutequence et la seacuteveacuteriteacute des eacuteveacutenements extrecircmes Ces changements seront moins importants si lrsquoon arrive agrave contenir lrsquoaugmentation de la tempeacuterature ter-restre en limitant les eacutemissions de gaz agrave effet de serre anthropiques Toutefois du fait de lrsquoinertie du systegraveme climatique mecircme si lrsquoon parvenait agrave arrecircter degraves main-tenant toute eacutemission de gaz agrave effet de serre le climat de la Terre continuerait agrave changer pendant plusieurs deacutecennies et la hausse du niveau des mers se pour-suivrait pendant plusieurs siegravecles Il faut donc se preacuteparer agrave ces changements

La deacutefinition de lrsquoadaptation au changement climatique a eacuteteacute affineacutee au rythme des rapports du GIEC Si le dernier rapport deacutefinit lrsquoadaptation comme laquo la deacutemarche drsquoajustement au climat actuel ou attendu ainsi qursquoagrave ses conseacutequences raquo elle peut ecirctre appreacutehendeacutee drsquoun point de vue plus socieacutetal par laquo lrsquoensemble des eacutevo-lutions drsquoorganisation de localisation et de techniques que les socieacuteteacutes devront opeacuterer pour limiter les impacts neacutegatifs de ces changements et maximiser leurs effets beacuteneacutefiques raquo ainsi eacuteloigner les populations et les activiteacutes eacuteconomiques de zones rendues inondables par le changement climatique adopter des varieacute-teacutes de plantes plus reacutesistantes et mieux adapteacutees aux climats du futur ajuster les reacuteseaux eacutenergeacutetiques aux variations attendues de la consommation drsquoeacutenergie adapter les infrastructures de transport ou reacutehabiliter des zones urbaines apregraves des deacutesastres naturels lieacutes au changement climatique sont toutes des actions drsquoadaptation (de Perthuis 2010)

Les possibiliteacutes drsquoadaptation sont nombreuses mais pour reacuteduire la vulneacuterabi-liteacute au changement climatique actuel et futur diffeacuterentes eacutetapes drsquoadaptation seront neacutecessaires

Adaptation autonome ou spontaneacutee adaptation en reacuteponse agrave un aleacutea clima-tique veacutecu ou agrave ses effets sans aucune preacutemeacuteditation explicite ou consciente et axeacutee sur la lutte contre le changement climatique

Adaptation increacutementale mesures drsquoadaptation ayant pour objectif princi-pal le maintien de la nature et de lrsquointeacutegriteacute drsquoun systegraveme ou drsquoun processus agrave une eacutechelle donneacutee

Adaptation transformationnelle adaptation qui change les eacuteleacutements fonda-mentaux drsquoun systegraveme en reacuteponse au climat et agrave ses effets

Il existe une intersection entre les activiteacutes des communauteacutes travaillant sur lrsquoadap-tation au changement climatique et celles travaillant sur la reacuteduction des risques de catastrophe Les deux visent agrave reacuteduire les impacts neacutegatifs du changement climatique et des catastrophes sur lrsquoenvironnement naturel la socieacuteteacute humaine et les eacuteconomies en anticipant les risques et les incertitudes et en cherchant agrave reacuteduire leurs vulneacuterabiliteacutes (Mitchell et al 2010) Comme le changement climatique

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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rendra en geacuteneacuteral les eacuteveacutenements extrecircmes plus freacutequents et plus intenses il est primordial drsquoassurer la meilleure coheacuterence possible entre la politique de preacuteven-tion et de gestion des risques et celle de lrsquoadaptation au changement climatique tant au niveau des pratiques qursquoau niveau des politiques nationale reacutegionale et communaleintercommunale

En Europe la France est lrsquoun des pays les plus avanceacutes en matiegravere de planifi-cation de lrsquoadaptation au changement climatique avec une Strateacutegie nationale drsquoadaptation au changement climatique publieacutee en 2006 et un premier Plan national drsquoadaptation au changement climatique couvrant la peacuteriode 2011-2015 Le deuxiegraveme Plan national drsquoadaptation au changement climatique (PNACC-2) a notamment pour objectif de laquo mieux proteacuteger les Franccedilais face aux eacuteveacutenements cli-matiques extrecircmes raquo comme inscrit dans le Plan climat du gouvernement publieacute le 6 juillet 2017 (axe 19) Il vise ainsi agrave reacuteduire les impacts des catastrophes natu-relles sur la seacutecuriteacute et la santeacute sur les biens eacuteconomiques physiques sociaux culturels et environnementaux des personnes des entreprises et des collectiviteacutes dans le contexte du changement climatique La phase de concertation preacutealable agrave lrsquoeacutelaboration de ce plan a eacuteteacute notamment nourrie par un groupe de travail speacutecifi-quement deacutedieacute agrave lrsquoeacutelaboration de recommandations en matiegravere de preacutevention et gestion des risques naturels dont certaines portaient directement sur les eacuteveacutene-ments extrecircmes Drsquoautres groupes de travail theacutematiques ont eacutegalement apporteacute leurs contributions agrave lrsquoameacutelioration de la gestion des eacuteveacutenements extrecircmes dans un contexte climatique changeant Eacutetant donneacute que de nombreux territoires sec-teurs drsquoactiviteacutes et eacutecosystegravemes sont et seront impacteacutes par le changement clima-tique la politique nationale drsquoadaptation apparaicirct clairement comme une politique publique laquo transversale raquo Le domaine drsquoaction laquo Gouvernance raquo du PNACC-2 vise ainsi agrave renforcer le pilotage strateacutegique de la deacutemarche drsquoadaptation dans une logique de coconstruction avec les eacutechelons de gouvernance territoriaux incluant les acteurs locaux et la socieacuteteacute civile

Le changement climatique loin de remettre en cause les outils de la preacutevention et de la gestion des risques naturels leur donne une nouvelle actualiteacute et fait res-sortir la neacutecessiteacute de les mobiliser au mieux La limitation de lrsquoexposition drsquoenjeux (habitations entrepriseshellip) existants ou nouveaux doit plus que jamais ecirctre une prioriteacute dans le contexte drsquoaleacuteas croissants et se faire dans une deacutemarche drsquoameacutenagement durable des territoires Des eacutevolutions eacuteventuelles devraient alors porter en premier lieu sur les leviers permettant lrsquoadheacutesion des parties pre-nantes agrave cette preacutevention afin qursquoelle ne soit pas perccedilue uniquement comme une contrainte et srsquoinsegravere pleinement dans une deacutemarche plus globale et transver-sale drsquoadaptation au changement climatique

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La preacutevention des risques naturels majeurs un enjeu qui requiert la mobilisation de tous

Les instances onusiennes de lrsquoUnited Nations system for disaster risk reduction (UNISDR) ont adopteacute le cadre drsquoaction de Sendai 2015-2030 qui reconnaicirct pour la premiegravere fois le rocircle du changement climatique comme facteur de risques de catastrophes Il srsquoarticule avec lrsquoaccord de Paris sur le climat adopteacute en deacutecembre 2015 et les objectifs de deacuteveloppement durable eacutetablis par les Eacutetats membres des Nations unies rassembleacutes dans lrsquoAgenda 2030 Il succegravede au cadre drsquoaction de Hyogo pour la peacuteriode 2005-2015

Pour eacutecarter les nouveaux risques tout en reacuteduisant les risques existants le cadre de Sendai deacutefinit quatre prioriteacutes agrave lrsquoeacutechelle mondiale

comprendre les risques de catastrophe renforcer la gouvernance des risques de catastrophe pour mieux les geacuterer investir dans la reacuteduction des risques de catastrophe aux fins de la reacutesilience renforcer lrsquoeacutetat de preacuteparation aux catastrophes pour intervenir de maniegravere

efficace et pour laquo mieux reconstruire raquo durant la phase de relegravevement de remise en eacutetat et de reconstruction

La politique franccedilaise de preacutevention des risques naturels srsquoinscrit dans ce cadre

Les leviers de lrsquoEacutetat

Le cadre europeacuteen est donneacute depuis 2007 par une directive centreacutee uniquement sur lrsquoaleacutea inondation qui est lrsquoaleacutea naturel le plus preacutesent en Europe (directive no 200760CE relative agrave lrsquoeacutevaluation et agrave la gestion des risques drsquoinondation) Dans le cadre de cette directive chaque pays de lrsquounion europeacuteenne est tenu de rapporter tous les six ans les efforts entrepris pour reacuteduire les conseacutequences neacutegatives des inondations sur son territoire

En matiegravere de protection des populations et face agrave des situations drsquourgence de grande ampleur auxquelles ne pourrait pas faire face seule la protection civile drsquoun pays lrsquoUnion europeacuteenne a instaureacute en 2001 un meacutecanisme europeacuteen de protec-tion civile qui permet aux pays de coordonner leur aide Gracircce agrave un travail de sen-sibilisation de formation drsquoeacutechanges drsquoexperts et agrave lrsquoorganisation drsquoexercices de simulation il contribue agrave preacuteparer et agrave limiter les conseacutequences des catastrophes

Agrave lrsquoeacutechelle nationale le ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire est porteur de la politique de preacutevention des risques naturels et de la preacutevision des crues Il srsquoappuie sur le ministegravere de la Coheacutesion des territoires pour la prise en compte des risques dans lrsquourbanisme et le controcircle du respect des regravegles de construc-tion Le ministegravere de lrsquoEacuteconomie assure la tutelle du secteur des assurances en charge de lrsquoindemnisation en cas de sinistre Les ministegraveres en charge de lrsquoAgri-culture de la Santeacute des Affaires eacutetrangegraveres de la Culture et de lrsquoEacuteducation natio-nale contribuent eacutegalement dans leurs domaines de compeacutetences agrave la preacutevention

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des risques Le directeur geacuteneacuteral de la preacutevention des risques du ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire en tant que deacuteleacutegueacute aux risques majeurs assure une coordination avec le ministegravere de lrsquoInteacuterieur (DGSCGC) qui intervient en cas de crise (voir page 128 laquo Preacuteparer et geacuterer la crise raquo)

LrsquoEacutetat met en œuvre des actions dans les domaines leacutegislatif reacuteglementaire et technique pour ameacuteliorer la preacutevention et la reacuteduction des risques agrave la source drsquoune part et drsquoautre part lrsquoinformation et la protection des citoyens Les minis-tegraveres srsquoappuient sur plusieurs opeacuterateurs dont les actions concernent en premier lieu la connaissance du risque agrave travers des projets de recherche lrsquoobservation et la preacutevision des aleacuteas les mesures de la reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute qui peuvent eacutegalement ecirctre mobiliseacutes en gestion de crise Au global le ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire consacre environ 30 millions drsquoeuros par an agrave la preacutevention des risques naturels dont un tiers est destineacute aux opeacuterateurs un autre tiers au reacuteseau de preacutevision des crues et le dernier tiers agrave des acquisitions de connaissance des actions drsquoameacutelioration de la culture du risque des opeacutera-tions de communication et le fonctionnement des services

LrsquoEacutetat a eacutegalement un rocircle important pour accompagner les parties prenantes de la preacutevention des risques Le soutien agrave la preacutevention srsquoappuie largement sur le Fonds de preacutevention des risques naturels majeurs (FPRNM appeleacute aussi laquo fonds Barnier raquo) creacuteeacute en 1995 et doteacute via les contributions des assureacutes au titre du dis-positif CatNat drsquoenviron 200 millions drsquoeuros par an plafonneacute agrave 137 millions en recettes pour la Loi de finances de 2018 La mise en place et lrsquoutilisation du FPRNM visent agrave permettre un eacutequilibre entre des mesures de preacutevention efficaces et lrsquoin-demnisation postcatastrophe Sur la peacuteriode 2012-2017 il a eacuteteacute mobiliseacute agrave pregraves de 50 pour la preacutevention des inondations par deacutebordement de cours drsquoeau agrave 13 pour la submersion marine agrave pregraves de 10 pour les mouvements de terrain

Srsquoil a drsquoabord permis de financer les deacutelocalisations de biens exposeacutes agrave un risque naturel majeur (38 sur les deacutepenses cumuleacutees entre 2010 et 2017) son uti-lisation a progressivement eacuteteacute eacutelargie par le leacutegislateur agrave drsquoautres cateacutegories de deacutepenses mesures de reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute des biens et de lrsquoameacutenagement du risque (40 ) et de connaissance de lrsquoaleacutea et information preacuteventive (14 )

Les collectiviteacutes territoriales sont les premiegraveres utilisatrices du FPRNM elles peuvent mobiliser jusqursquoagrave 125 millions drsquoeuros sur la mesure laquo eacutetudes et travaux des collectiviteacutes locales raquo qui constitue la principale mesure du FPRNM Les ter-ritoires de Charente-Maritime de Vendeacutee ainsi que les Antilles Franccedilaises ont mobiliseacute une part importante du FPRNM suite aux catastrophes qui ont affecteacute ces territoires (tempecircte Xynthia cyclone Irma etc) et du fait des enjeux speacuteci-fiques aux Antilles

Les particuliers et les entreprises de moins de vingt salarieacutes peuvent eacutegalement en beacuteneacuteficier sous certaines conditions

Le cadre drsquoeacuteligibiliteacute au soutien du FPRNM exprime de fait des lignes directrices de la preacutevention des risques partageacutees entre tous ses acteurs

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La mobilisation des collectiviteacutes locales

Les collectiviteacutes territoriales ont un rocircle deacuteterminant et croissant dans la preacuteven-tion et la gestion des crises lieacutees aux risques naturels Le maire est chargeacute de la connaissance et de la diffusion de lrsquoinformation sur les risques aupregraves de la population En tant que responsable de lrsquoameacutenagement et de la seacutecuriteacute il doit veiller agrave communiquer reacuteguliegraverement sur la connaissance des risques sur son ter-ritoire il est chargeacute de lrsquoalerte et de lrsquoorganisation des secours en cas de crise Il dispose agrave cet effet drsquooutils strateacutegiques et reacuteglementaires tels que le Plan com-munal de sauvegarde (PCS) et le Plan local drsquourbanisme (PLU)

Outre lrsquoeacutechelon communal les intercommunaliteacutes ndash communauteacutes de communes drsquoagglomeacuteration urbaines meacutetropoles ndash constituent des acteurs de premier plan en particulier en matiegravere drsquoameacutenagement du territoire et de Gestion des milieux aquatiques et de preacutevention des inondations (Gemapi) Crsquoest lrsquoesprit des lois MAPTAM 2 en 2014 et NOTRe 3 en 2015

2 Loi no 2014-58 du 27 janvier 2014 de modernisation de lrsquoaction publique territoriale et drsquoaffirmation des meacutetropoles

3 Loi no 2015-991 du 7 aoucirct 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la Reacutepublique

Figure D1 ndash Deacutepenses du fonds de preacutevention des risques naturels majeurs par type drsquoacteur

Source ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire (MTES) 2017

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Lrsquoinstauration de la compeacutetence laquo Gemapi 4 raquo depuis le 1er janvier 2018 repreacutesente une eacutevolution structurante dans la gouvernance en matiegravere de gestion des milieux aquatiques et de preacutevention des inondations La loi attribue cette compeacutetence aux intercommunaliteacutes de maniegravere obligatoire et exclusive compeacutetence qursquoelles ont la possibiliteacute de deacuteleacuteguer ou transfeacuterer agrave des syndicats mixtes Les collectivi-teacutes deacutepartementales et reacutegionales deacutejagrave impliqueacutees pourront eacutegalement poursuivre leur action en matiegravere de compeacutetence Gemapi Cette compeacutetence permettra en particulier la bonne gestion dans la dureacutee des ouvrages hydrauliques ndash travaux et entretien des systegravemes drsquoendiguement des barrages eacutecrecircteurs de crues des bassins de reacutetention ndash concourant agrave la preacutevention des inondations

Les conseils deacutepartementaux et reacutegionaux sont aussi impliqueacutes dans la preacuteven-tion des risques Le conseil deacutepartemental par exemple deacutefinit les politiques drsquoinvestissement et finance le fonctionnement des diffeacuterents services deacuteparte-mentaux speacutecialiseacutes Pour les secours aux victimes les Services deacutepartementaux drsquoincendie et de secours (SDIS) sont placeacutes sous une double autoriteacute ndash preacutefet et conseil deacutepartemental ndash pour la gestion opeacuterationnelle et la gestion fonctionnelle des secours et sont chargeacutes avec le Service drsquoaide meacutedicale urgente (SAMU) des secours aux victimes Eacutetablissement public deacutepartemental le SDIS eacutelabore et met en œuvre sous lrsquoautoriteacute du preacutefet le Scheacutema deacutepartemental drsquoanalyse et de couverture des risques (SDACR)

Lrsquoarticulation territoriale de la politique de preacutevention des risques avec les autres politiques sectorielles dans une logique drsquoadaptation au changement climatique reposera notamment sur un reacuteseau de comiteacutes reacutegionaux de lrsquoadaptation en meacutetro-pole et outre-mer dans le cadre de lrsquoeacutelaboration ou de la reacutevision drsquoorientations et de scheacutemas reacutegionaux comme les SRADDET SRCAE SAR PRFB hellip

En outre-mer une meilleure reacutesilience aux effets du changement climatique est prise en compte dans la mobilisation drsquooutils speacutecifiques Les outils de program-mation tels que les plans de convergence les contrats de plan Eacutetat-Reacutegion les suites donneacutees au Livre bleu des outre-mer les PRFB mais aussi les documents de planification territoriale speacutecifiques agrave chacun des territoires ultramarins ins-criront des actions en faveur de lrsquoadaptation au changement climatique Gracircce agrave la mobilisation drsquooutils financiers adapteacutes ces actions viseront agrave renforcer le deacuteveloppement et la maintenance des infrastructures la recherche et lrsquoameacuteliora-tion de la connaissance au niveau reacutegional et transfrontalier la preacuteservation des ressources et milieux naturels et des eacutecosystegravemes qursquoils abritent et agrave faire des territoires ultramarins un atout strateacutegique quant aux relations avec les autres Eacutetats de leur bassin de coopeacuteration reacutegionale Cette action permettra eacutegalement de srsquoassurer de la coheacuterence de lrsquoensemble de ces actions entre lrsquoeacutechelon terri-torial et le niveau national

4 httpswwwecologique-solidairegouvfrgestion-des-milieux-aquatiques-et-prevention-des-inondations-gemapi

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Encadreacute 1

5 Discours du Preacutesident de la Reacutepublique Emmanuel Macron devant la 72e Assembleacutee geacuteneacuterale des Nations unies 19 septembre 2017

Financements internationaux et europeacuteens pour la prise en compte

des eacuteveacutenements extrecircmes

De nombreuses sources de financement internationales et europeacuteennes existent pour deacutevelopper les capaciteacutes drsquoobservation de mesure drsquoalerte et drsquoadaptation aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes mais elles sont par-fois sous-utiliseacutees au risque mecircme de ne pas ecirctre peacuterennesLes donneacutees meacuteteacuteorologiques sont souvent encore peu fiables ou totale-ment absentes dans de nombreux pays Lrsquoinitiative CREWS (Climate risks and early warning systems) a eacuteteacute lanceacutee agrave Paris agrave la COP21 en 2015 agrave la suite de la troisiegraveme confeacuterence sur la reacuteduction des risques de catas-trophes agrave Sendai en mars 2015 ougrave les Eacutetats partis srsquoeacutetaient engageacutes agrave laquo accroicirctre significativement la disponibiliteacute et lrsquoaccegraves agrave des systegravemes drsquoalerte preacutecoce multirisques agrave lrsquoinformation et aux eacutevaluations sur les risques pour les populations drsquoici 2030 raquo Cette initiative a pour but drsquoaider les pays les plus vulneacuterables et les moins avanceacutes et les petits Eacutetats insulaires en deacuteveloppement agrave ameacuteliorer la prestation de services meacuteteacuteorologiques et climatologiques et agrave augmenter leur capaciteacute agrave produire et diffuser des alertes preacutecoces efficaces multirisques axeacutees sur les impacts afin de proteacuteger les personnes les biens et les moyens de subsistance Lrsquoobjectif est de mobiliser 100 millions de dollars ameacutericains drsquoici agrave 2020 afin de combler les lacunes des programmes bilateacuteraux et multilateacuteraux exis-tants La France fait partie des partenaires financiers de cette initiative et a contribueacute agrave hauteur de 10 millions drsquoeuros entre 2017 et 2018 au financement du fonds fiduciaire Afin de peacuterenniser cette initiative qui va dans le sens de ses engagements internationaux en matiegravere de finance-ment de la lutte contre le changement climatique la France preacutevoit un ren-forcement de son implication dans lrsquoinitiative CREWSLa France mobilise eacutegalement drsquoautres fonds internationaux notamment le Fonds vert pour le climat pour financer la preacutevention des risques et lrsquoadap-tation au changement climatique dans les outre-mer Le Fonds vert pour le climat a eacuteteacute mis en place par les 194 Eacutetats partis agrave la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques en 2010 agrave Cancugraven comme partie inteacutegrante du meacutecanisme financier de la Convention Il a pour but de financer agrave parts eacutegales des projets drsquoatteacutenuation et drsquoadaptation dans les pays en deacuteveloppement Agrave ce jour les investissements du Fonds vert repreacute-sentent 26 Md USD au profit de cinquante-quatre projets et programmesDans lrsquoobjectif de consacrer 055 du revenu national de la France pour lrsquoaide publique au deacuteveloppement drsquoici cinq ans 5 et de mettre en œuvre les actions du PNACC-2 les acteurs de lrsquoaide au deacuteveloppement tels que lrsquoAFD vont augmenter la part des financements de lrsquoaide au deacuteveloppement

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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deacutedieacutee agrave lrsquoadaptation y compris la part des dons agrave hauteur de 15 mil-liard drsquoeuros agrave horizon 2020 et renforcer le volet adaptation au change-ment climatique dans les organisations multilateacuterales de financement du deacuteveloppement et du climat tels que le Fonds vert pour le climatDans ce cadre la contribution du ministegravere des outre-mer au Fonds vert permettant le financement de la preacutevention des risques et lrsquoadaptation au changement climatique dans les outre-mer porte sur deux volets

un precirct agrave taux zeacutero laquo Fonds vert raquo deacutedieacute agrave la Nouvelle-Caleacutedonie la Polyneacutesie franccedilaise et agrave Wallis-et-Futuna

une enveloppe drsquoassistance agrave maicirctrise drsquoouvrage de laquo lrsquoeacutequivalent Fonds vert raquo Cette enveloppe est destineacutee agrave financer lrsquoidentification la structu-ration et lrsquoeacutevaluation des projets environnementaux financeacutes par lrsquoAgence franccedilaise pour le deacuteveloppement (AFD) et agrave lrsquoeacutelaboration dans les reacutegions ultrapeacuteripheacuteriques des plans climat-air-eacutenergie territoriaux Les entiteacutes eacuteli-gibles sont les collectiviteacutes territoriales ultramarines leurs groupements et satellites les entreprises publiques locales susceptibles drsquoecirctre beacuteneacutefi-ciaires drsquoun precirct AFD bonifieacute par lrsquoeacutequivalent laquo Fonds vert raquo Ainsi une ligne budgeacutetaire a eacuteteacute consacreacutee agrave un laquo eacutequivalent Fonds vert raquo au sein de la mis-sion laquo outre-mer raquo du budget geacuteneacuteral en 2017 et a eacuteteacute reconduite en 2018La France participe eacutegalement au financement de la preacutevention des risques et agrave lrsquoadaptation aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes au niveau euro-peacuteen notamment agrave travers lrsquoAccord de partenariat 2014-2020 entre lrsquoUnion europeacuteenne lrsquoEacutetat et les Reacutegions qui acte la mobilisation drsquoune partie des fonds europeacuteens au financement de lrsquoObjectif Theacutematique 5 ndash adaptation au changement climatique et preacutevention des risques (OT5) Les Fonds

europeacuteens structurels et drsquoinvestissement (FESI) sont mobiliseacutes pour soutenir des actions dans les reacutegions particuliegraverement vulneacuterables et la prioriteacute est donneacutee au deacuteveloppement de solutions de geacutenie eacutecologique Agrave cet effet le Fonds europeacuteen de deacuteveloppement reacutegional (FEDER) sou-tient des actions qui visent globalement agrave ameacuteliorer la protection des terri-toires et des populations exposeacutes aux effets des aleacuteas climatiques et aux risques tandis que le Fonds europeacuteen agricole de deacuteveloppement rural (FEADER) intervient speacutecifiquement dans le domaine des sols (limitation des risques drsquoartificialisation drsquoeacuterosion et de perte de matiegravere organique) et de la lutte contre les incendies Lrsquoenjeu financier pour la France reacuteside dans le fait de continuer agrave pouvoir mobiliser des financements europeacuteens au-delagrave de lrsquoexercice actuel (2014-2020) malgreacute une sous-utilisation chro-nique des FESI Le maintien drsquoun objectif theacutematique visant explicitement lrsquoadaptation et la preacutevention des risques est essentiel pour permettre aux reacutegions lrsquoayant identifieacute comme prioritaire de mobiliser un cofinance-ment europeacuteen agrave hauteur de 50 Lrsquoenveloppe fleacutecheacutee pour la France au titre de lrsquoOT5 pour le FEDER srsquoeacutelegraveve agrave 295 millions drsquoeuros sur la peacuteriode 2014-2020 Au 2 juillet 2018 seuls 36 de ces fonds eacutetaient program-meacutes Crsquoest pourquoi le PNACC-2 souhaite faciliter et renforcer lrsquoaccegraves et la mobilisation des fonds europeacuteens par les porteurs de projets franccedilais

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Un travail en reacuteseau

Lrsquoefficaciteacute de la politique de preacutevention passe par une appropriation et un apport de tous les partenaires dans un travail en reacuteseau Le Conseil drsquoorientation pour

la preacutevention des risques naturels majeurs (COPRNM) creacuteeacute par deacutecret du 1er aoucirct 2003 est un lieu de concertation et drsquoarbitrage composeacute drsquoeacutelus drsquoexperts de pro-fessionnels de repreacutesentants de la socieacuteteacute civile et des services de lrsquoEacutetat mobi-liseacutes sur les lignes directrices de cette politique Une commission speacutecifique la commission mixte inondation organise et anime lrsquoassociation des parties pre-nantes et contribue agrave la coheacuterence des dispositifs en vue de la gestion des risques drsquoinondation de tous types en France Elle constitue lrsquoinstance de gouvernance nationale en matiegravere de preacutevention des inondations

Les Assises nationales des risques naturels 6 reacuteunissent tous les deux ou trois ans les acteurs de la preacutevention des risques naturels pour eacutechanger et deacutebattre sur lrsquoeacutetat de la situation et les perspectives de reacuteduction des catastrophes Ces assises sont aussi lrsquooccasion de contribuer au deacuteveloppement drsquoune culture commune du risque en mutualisant les connaissances des diffeacuterents acteurs inter-venant dans les domaines concerneacutes par la preacutevention et la gestion des risques naturels Services de lrsquoEacutetat eacutelus associations assureurs chercheurs bureaux drsquoeacutetudes tous sont appeleacutes agrave se mobiliser pour ces journeacutees de rencontres et drsquoeacutechanges en particulier les collectiviteacutes et leurs eacutelus acteurs de la mise en place de la politique de preacutevention agrave lrsquoeacutechelle de leurs territoires

La preacutevention des risques une politique structureacutee et de long terme qui articule des actions compleacutementaires

En matiegravere de risque naturel la reacuteduction du risque agrave la source est impossible par deacutefinition ou limiteacutee La politique consiste donc agrave connaicirctre au mieux les pheacute-nomegravenes naturels et agir pour reacuteduire autant que faire se peut leurs conseacute-quences Un enjeu est drsquoagir laquo en amont raquo des catastrophes agrave un moment ougrave leur effet est difficile agrave connaicirctre preacuteciseacutement dans une approche de long terme en contraste avec le sentiment drsquourgence quand une catastrophe srsquoannonce Cette politique demande la mobilisation de diffeacuterents outils dans une approche stra-teacutegique et eacutequilibreacutee ndash pas seulement orienteacutee sur la protection contre lrsquoaleacutea par exemple ndash elle-mecircme longue agrave eacutelaborer On retient traditionnellement une struc-turation autour de sept axes qui sont chacun indispensables et doivent ecirctre mis en œuvre de maniegravere compleacutementaire et articuleacutee connaissance surveillance information maicirctrise de lrsquourbanisme reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute gestion de crise retour drsquoexpeacuterience

6 httpswwwecologique-solidairegouvfrprevention-des-risques-naturelse2

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Connaicirctre lrsquoaleacutea et le risque

La connaissance de lrsquoaleacutea est le socle indispensable de la preacutevention Les connais-sances et recherches scientifiques permettent de mieux cerner les causes des pheacutenomegravenes et les meacutecanismes mis en jeu Elles mobilisent

la connaissance des eacuteveacutenements passeacutes gracircce aux recherches historiques et agrave la constitution de bases de donneacutees (climatologique hydrologique nivo-logique) ou drsquoatlas (par exemple cartes des zones inondables agrave partir des donneacutees historiques carte de localisation des pheacutenomegravenes avalancheux) La capitalisation des donneacutees drsquoeacuteveacutenements historiques en matiegravere drsquoinondation par exemple repose sur la Base de donneacutees historiques sur les inondations (BDHI) 7 qui recense et deacutecrit les pheacutenomegravenes de submersions dommageables drsquoorigine fluviale marine ou autres survenus sur le territoire franccedilais (meacutetro-pole et outre-mer) au cours des siegravecles passeacutes et jusqursquoagrave aujourdrsquohui Elle met agrave disposition une seacutelection drsquoinondations remarquables qui se sont produites sur le territoire et srsquoenrichit au fil de lrsquoeau En compleacutement une base de donneacutees de repegraveres de crues a eacuteteacute mise en ligne agrave la fois pour ecirctre consulteacutee et pour ecirctre alimenteacutee par tout un chacun grand public ou organismes 8

la connaissance des aleacuteas et des enjeux pour eacutevaluer les risques auxquels chaque territoire est exposeacute Cette connaissance eacutemane drsquoeacutetudes ou recherches meneacutees par des opeacuterateurs de lrsquoEacutetat ou par des bureaux drsquoeacutetudes Elle neacuteces-site parfois des modeacutelisations numeacuteriques (modegravele meacuteteacuteorologique hydrolo-gique ou autre) et se concreacutetise par des cartes drsquoextension et drsquointensiteacute des pheacutenomegravenes

On distingue la recherche amont qui srsquointeacuteresse aux grandes eacutevolutions tendan-cielles agrave une eacutechelle laquo macro raquo telle que lrsquoeacutevolution des zones sensibles aux incen-dies de forecirct lrsquoimpact de la hausse des tempeacuteratures sur les risques drsquoorigine glaciaire et peacuteriglaciaire de la connaissance fine de lrsquoaleacutea et des enjeux agrave une eacutechelle locale permettant par exemple drsquoeacutetablir un zonage de Plan de preacutevention des risques naturels (PPRN) Cette derniegravere est eacutegalement neacutecessaire dans une approche opeacuterationnelle drsquoameacutenagement du territoire et de la gestion crise par exemple pour preacuteparer lrsquoeacutevacuation de populations et organiser les secours en cas drsquoeacuteveacutenement meacuteteacuteorologique intense

Une connaissance approfondie des risques est indispensable pour appreacutehender les conseacutequences possibles des pheacutenomegravenes et mettre en place des mesures de preacutevention approprieacutees en tenant compte de la vulneacuterabiliteacute du site consi-deacutereacute Les eacuteleacutements de connaissance doivent reacuteguliegraverement ecirctre mis agrave jour pour tenir compte des progregraves scientifiques drsquoune part et des eacutevolutions de lrsquooccupa-tion du territoire drsquoautre part

7 Base de donneacutees historiques sur les inondations httpbdhifr

8 httpswwwreperesdecruesdeveloppement-durablegouvfr

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Ainsi il est par exemple neacutecessaire de mieux comprendre comment vont eacutevoluer dans le contexte du changement climatique

les glaciers ndash comme le rappelle lrsquoeacutepisode de Tecircte Rousse 9 pregraves du mont Blanc les mouvements de terrains en montage qui peuvent ecirctre modifieacutes par lrsquoeacutevo-

lution de la tempeacuterature des sols ou encore les boisements pour faire degraves agrave preacutesent les choix qui limiteront le

risque incendie dans les deacutecennies agrave venir

Agrave titre drsquoexemple dans les Alpes du nord le risque drsquoincendie de forecirct est poten-tiellement en augmentation au regard des eacutevolutions probables des conditions meacuteteacuteorologiques Le deacutepartement de lrsquoIsegravere classeacute agrave laquo risque moyen 10 raquo preacutesente une activiteacute incendie peu importante mais non neacutegligeable Lors de conditions meacuteteacuteorologiques exceptionnelles des feux tregraves intenses et difficilement controcirc-lables peuvent se deacutevelopper comme cela a eacuteteacute le cas en 2003

Bien qursquoencore mal connue lrsquointeraction entre plusieurs risques naturels est de nature agrave aggraver les situations Sur les secteurs deacutejagrave soumis agrave un aleacutea mouve-ments de terrain les incendies par la perte du couvert veacutegeacutetal qursquoils occasionnent peuvent occasionner un sur-aleacutea notamment en cas de fortes preacutecipitations Ils aggravent ainsi les pheacutenomegravenes drsquoeacuterosion des sols de ravinements et couleacutees de boues drsquoeacuteboulements rocheux ou encore de glissements de terrain

Plusieurs projets tel que les projets Drias les futurs du climat et Extremoscope (GICC MTESDRISR) ou des plates-formes telles que Geacuteorisque et Vigicrues ont drsquoores et deacutejagrave permis drsquoaccroicirctre la connaissance des risques depuis la publication du premier plan national drsquoadaptation au changement climatique et sont autant de points drsquoinformation pour les deacutecideurs ou le grand public (ONERC 2017)

Dans le cadre de lrsquoeacutelaboration du PNACC-2 lrsquoacquisition de nouvelles connais-sances et leur disseacutemination ont fait lrsquoobjet drsquoun groupe de travail speacutecifique Il est ainsi preacutevu le deacuteveloppement par les eacutetablissements drsquoenseignement supeacute-rieur et de recherche impliqueacutes dans le projet Extremoscope drsquoun service drsquoattri-bution des eacuteveacutenements extrecircmes (ex pour quantifier lrsquoeacutevolution de la probabiliteacute drsquooccurrence drsquoune seacutecheresse seacutevegravere pour un lieu donneacute) afin de reacutepondre aux questions reacutecurrentes du public des meacutedias et des responsables politiques apregraves chaque pheacutenomegravene de grande ampleur sur ses liens de causaliteacute avec le change-ment climatique (ex cyclone tropical forte pluie seacutecheresse intense vague de chaleur) et avec lrsquoideacutee drsquoaccroicirctre la sensibilisation de la population aux conseacute-quences du changement climatique en srsquoappuyant sur lrsquoanalyse de situations veacutecues reacutecentes Lrsquoacquisition de nouvelles connaissances sur les eacuteveacutenements extrecircmes et la maniegravere de srsquoen proteacuteger et la diffusion de ces informations sont eacutegalement deacuteclineacutes de maniegravere plus sectorielle

Dans le domaine de la preacutevention et de la gestion des feux de forecirct et de brous-sailles lieacutes au changement climatique lrsquoEacutetat et les eacutetablissements publics tels

9 httpwwwgeorisquesgouvfrarticlesglacier-de-tete-rousse-comprendre-le-phenomene-des-poches-deau

10 Circulaire DGFARSDFBC2007-5064

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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que lrsquoOffice national des forecircts (ONF) vont ainsi engager un certain nombre de mesures pour mieux cerner lrsquoaugmentation de lrsquoaleacutea incendie et lrsquoextension des zones propices aux incendies et en informer la population

deacutetermination des zones sensibles agrave lrsquoaugmentation de lrsquoaleacutea incendie de forecircts par la modeacutelisation des relations feu-climat incluant une reacuteflexion sur les interfaces laquo habitat-forecirct raquo et la deacuteprise agricole

eacutevaluation de lrsquointensiteacute des incendies des dommages induits sur les forecircts et de la vulneacuterabiliteacute des bacirctis drsquointerface agrave lrsquoincendie de forecirct

poursuite de la sensibilisation des populations notamment au respect des obligations leacutegales de deacutebroussaillement (voir encadreacute 6 de ce chapitre)

Les eacuteveacutenements extrecircmes sont eacutegalement pris en compte dans le PNACC-2 de maniegravere indirecte agrave travers les effets qursquoils ont sur la santeacute Dans le domaine de la preacutevention et de la gestion des risques sanitaires lieacutes au changement clima-tique il srsquoagit drsquoameacuteliorer la connaissance et la sensibilisation aux risques deacutejagrave identifieacutes ou eacutemergents agrave lrsquoeacutechelle nationale voire reacutegionale tant pour la popu-lation geacuteneacuterale que pour les travailleurs Pour ce qui est de la surveillance une meilleure articulation entre la production des donneacutees et les connaissances de surveillance environnementale climatique et les connaissances eacutepideacutemiologiques sanitaires permettra de construire des indicateurs valideacutes et de proposer une offre de services utiles pour lrsquoaction notamment pour le niveau reacutegional (par exemple en identifiant les facteurs de risques et en documentant les impacts sanitaires actuels et futurs) et des services climatiques pertinents pour la protection de la santeacute Par ailleurs les moyens de surveillance et drsquoalerte eacutepideacutemiologiques et sanitaires des populations (travailleurs inclus) seront consolideacutes Le service sani-taire des eacutetudiants en meacutedecine mis en place agrave la rentreacutee 2018 permettra de diffu-ser et mettre en œuvre des messages de preacutevention aupregraves de diffeacuterents publics (public scolaire structure drsquoaccueil de personnes acircgeacutees services sociauxhellip)

Pour reacutealiser ces missions drsquoameacutelioration continue de la connaissance le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement srsquoappuie sur ses opeacuterateurs publics dans le cadre de conventions Associeacutees agrave des financements sur creacutedits budgeacutetaires ces conven-tions chaque anneacutee en ordre de grandeur repreacutesentent par exemple

35 Meuro pour Meacuteteacuteo-France qui recouvrent des actions relatives au deacutevelop-pement de lrsquoobservation ndash extension du reacuteseau de mesure radars meacuteteacuteorolo-giques ndash et de la preacutevision ndash vigilance meacuteteacuteorologique

17 Meuro pour lrsquoInstitut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagriculture (IRSTEA) sur des actions de recherche et drsquoex-pertise avec notamment un travail sur la prise en compte des avalanches de neige humide dans les strateacutegies de preacutevention en montagne Ces avalanches eacutetant ameneacutees agrave se reacutepeacuteter dans le contexte du changement climatique

11 Meuro pour le Bureau de recherches geacuteologiques et miniegraveres (BRGM) sur des actions de recherche et drsquoexpertise qui recouvrent notamment un appui sur les mouvements de terrain et les enjeux relatifs agrave lrsquoeacutevolution du trait de cocircte

Si ces connaissances sont indispensables agrave lrsquoeacutelaboration au pilotage agrave la mise agrave jour de la politique de preacutevention des risques naturels il est tout aussi impor-tant qursquoelles soient porteacutees agrave la connaissance du public Cela permet de limiter

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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les formes de fatalisme et de superstition par rapport aux risques naturels Crsquoest le rocircle en particulier du portail Geacuteorisques (fig D2) mis en place par le ministegravere en charge de lrsquoenvironnement qui vise agrave ce que chacun puisse disposer drsquoune information sur les risques agrave proximiteacute de laquo sa maison raquo En srsquoappuyant sur les diffeacuterentes donneacutees disponibles au sein du ministegravere il preacutesente sous forme de cartes et de listes les diffeacuterents risques pour reacutepondre agrave la question laquo Quels sont les risques auxquels je suis exposeacute raquo Geacuteorisques a permis drsquoamplifier au sein des services du ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement et de ses opeacuterateurs le mouvement drsquoharmonisation drsquoagreacutegation au sein de bases nationales et de publication des donneacutees sur les risques notamment des cartes de plans de preacute-vention des risques (en lien avec le Geacuteoportail de lrsquourbanisme 11) Lrsquoobjectif priori-taire de cette plateforme est lrsquoameacutelioration continue de la varieacuteteacute et de la qualiteacute des donneacutees de lrsquoergonomie et des possibiliteacutes de consultation et de reacuteutilisa-tion de lrsquoinformation

Cette connaissance peut utilement ecirctre compleacuteteacutee par des indicateurs et ana-lyses qui permettent une mise en perspective du risque LrsquoObservatoire national des risques naturels (ONRN) apporte ce type drsquoinformations ainsi que les obser-vatoires reacutegionaux des risques naturels majeurs

11 httpswwwgeoportail-urbanismegouvfr

Figure D2 ndash portail Geacuteorisques httpwwwgeorisquesgouvfr

Source BRGM

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Encadreacute 2

Lrsquoobservatoire national des risques naturels

LrsquoObservatoire national des risques naturels (ONRN) a eacuteteacute creacuteeacute en mai 2012 suite aux conseacutequences catastrophiques de la tempecircte Xynthia par la signature drsquoune convention de partenariat entre lrsquoEacutetat repreacutesenteacute par le ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire (MTES) la Caisse centrale de reacuteassurance (CCR) et la Mission des socieacuteteacutes drsquoassurances pour la connaissance et la preacutevention des risques naturels (MRN grou-pement technique de la Feacutedeacuteration franccedilaise de lrsquoassurance ayant sta-tut drsquoassociation) Cette convention a eacuteteacute reconduite pour des peacuteriodes de trois ans en 2014 et en 2017 Le conseil de gestion de lrsquoONRN est doreacutenavant preacutesideacute par un repreacutesentant du Conseil geacuteneacuteral de lrsquoenviron-nement et du deacuteveloppement durable (CGEDD)

Les principaux objectifs de lrsquoONRN sont ameacuteliorer et capitaliser la connaissance sur les aleacuteas et les enjeux contribuer au pilotage et agrave la gouvernance de la preacutevention des risques servir lrsquoanalyse eacuteconomique de la preacutevention et de la gestion de crise contribuer agrave lrsquoameacutelioration de la culture du risque promouvoir les observatoires territoriaux

LrsquoONRN a notamment eacutelaboreacute cinquante-trois indicateurs couvrant cinq aleacuteas (inondation seacutecheresse

mouvement de terrain seacuteisme tempecircte-grecircle-neige) visualisables via une cartographie interactive et teacuteleacutechargeables sur le portail de lrsquoONRN (ex nombre de maisons individuelles exposeacutees agrave lrsquoaleacutea retrait-gonflement des argiles fort ou moyen en 2014 nombre de reconnaissances drsquoeacutetats de catastrophes naturelles laquo mouvements de terrain raquo de 1982 agrave 2017 freacutequence des sinistres tempecircte-grecircle-neige des particuliers par deacuteparte-ment cumuleacutee sur la peacuteriode 1987 agrave 2015 etc)

une base de donneacutees sur les eacuteveacutenements naturels dommageables (en cours de constitution)

Il a mis en place un reacuteseau des observatoires initieacute agrave lrsquooccasion des Assises nationales des risques naturels en 2016

Source httpwwwonrnfr

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Surveiller et preacutevoir

Lrsquoobjectif de la surveillance est drsquoanticiper un pheacutenomegravene naturel et de pouvoir avertir les populations et les acteurs agrave temps pour qursquoils se preacuteparent et adaptent leurs comportements pendant la crise Elle neacutecessite lrsquoutilisation de disposi-tifs drsquoanalyse preacutepareacutes en amont et de mesures inteacutegreacutees dans un systegraveme drsquoalerte des autoriteacutes ou des populations La surveillance meacuteteacuteorologique est un eacuteleacutement essentiel du dispositif de preacutevision des pheacutenomegravenes climatiques poten-tiellement dangereux tels que les orages tempecirctes vagues de chaleur et de leurs conseacutequences comme les avalanches ou les incendies de forecircts Par exemple la surveillance des deacutebits des cours drsquoeau associeacutee agrave la preacutevision des preacutecipita-tions permet de preacutevoir la survenance de crues sur 22 000 km des cours drsquoeau franccedilais et drsquoen estimer lrsquoampleur

Lrsquoameacutelioration de lrsquoobservation et de la preacutevision des pheacutenomegravenes est un enjeu majeur drsquoadaptation au changement climatique Le programme drsquoinvestissements en radar de Meacuteteacuteo-France a ainsi eacuteteacute confirmeacute avec le deacuteploiement de cinq radars agrave lrsquohorizon 2021 pour un montant de 11 millions drsquoeuros

La surveillance permet drsquoavertir les autoriteacutes ou les populations drsquoun danger par des moyens de diffusion efficaces et adapteacutes agrave chaque type de pheacutenomegravene Internet radio et TV haut-parleurs messages teacuteleacutephoniques etc

Les sites wwwvigilancemeteofrancecom et wwwvigicruesgouvfr (voir encadreacute 3) sont les supports de la vigilance nationale en matiegravere de risque meacuteteacuteorologique et hydrologique

Certains pheacutenomegravenes agrave dynamique rapide comme les orages les tempecirctes ou les cyclones tropicaux restent plus difficiles agrave preacutevoir agrave la fois en termes de loca-lisation de chronologie et drsquointensiteacute Leur dangerositeacute incite agrave les eacutetudier pour progresser dans notre capaciteacute drsquoanticipation et agrave mobiliser des moyens tech-niques de plus en plus performants pour les preacutevoir Les projections proposeacutees par les climatologues pour la fin du siegravecle laissent supposer des eacutevolutions sen-sibles de ces pheacutenomegravenes augmentation du nombre de cyclones dans les cateacute-gories les plus puissantes intensification des pheacutenomegravenes convectifs du type laquo ceacutevenol raquo par exemple Il est donc drsquoautant plus important de nous preacuteparer agrave mieux les annoncer

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Encadreacute 3

Le reacuteseau Vigicrues

Le reacuteseau Vigicrues du ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement a pour mis-sion de suivre lrsquoeacutevolution des principaux cours drsquoeau franccedilais et de pro-duire la laquo vigilance crues raquo destineacutee aux autoriteacutes et au grand public Il est constitueacute drsquoun service central situeacute agrave Toulouse le Service central drsquohydro-meacuteteacuteorologie et drsquoappui agrave la preacutevision des inondations (Schapi) drsquouniteacutes drsquohydromeacutetrie et de services de preacutevision des crues dans les Directions reacutegionales de lrsquoenvironnement de lrsquoameacutenagement et du logement (Dreal) Au total ce sont pregraves de 500 agents preacutesents sur le terrain toute lrsquoan-neacutee qui permettent la preacuteparation de la preacutevision et de la vigilance et la mobilisation lors des eacutepisodes de crues (Schapi) Pendant le premier semestre 2018 le reacuteseau a eacuteteacute mobiliseacute de maniegravere soutenue notam-ment en janvier-feacutevrier avec les crues du bassin de la Seine puis en mai-juin lors drsquoun long eacutepisode orageux sur la Normandie la Bretagne et la Nouvelle-Aquitaine

Au sein drsquoun reacuteseau de 3 000 stations hydromeacutetriques 1 700 retrans-mettent leurs observations en temps reacuteel Elles sont utiliseacutees par les preacute-visionnistes dans les services de preacutevision des crues et au Schapi pour deacutefinir un niveau de risque de crue sur les 24 heures agrave venir et preacuteparer des bulletins des preacutevisions

La vigilance laquo crues raquo permet de preacutevenir les autoriteacutes et le public qursquoil existe un risque de crues sur le reacuteseau reacuteglementaire plus ou moins important selon la couleur de vigilance (vertjauneorangerouge) Cela permet aux autoriteacutes locales notamment les preacutefets et les maires ainsi qursquoau public de se mettre en situation de reacuteagir de maniegravere approprieacutee selon lrsquoimpor-tance du danger et de geacuterer la situation dans les meilleures conditions Cette vigilance est relayeacutee par le dispositif de vigilance meacuteteacuteorologique mis en place par Meacuteteacuteo-France

La vigilance laquo crues raquo a plusieurs particulariteacutes

Elle preacutesente le niveau de vigilance sur des tronccedilons de cours drsquoeau sur les 22 000 km du reacuteseau hydrographique surveilleacutes par lrsquoEacutetat aux abords desquels se situent plus de 75 de la population qui vit ou travaille en zone inondable

Elle est aussi accompagneacutee drsquoinformations compleacutementaires les niveaux drsquoeau et les deacutebits des cours drsquoeau observeacutes en temps reacuteel

sur pregraves de 1 700 points de mesure teacuteleacutetransmis ainsi que leurs varia-tions au cours des derniers jours et des derniegraveres heures

sur une seacutelection de points des hauteurs drsquoeau preacutevues complegravetent les observations le nombre de ces points est en augmentation reacuteguliegravere

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Le reacuteseau Vigicrues en meacutetropole a fini de se constituer en 2006 lorsqursquoil a publieacute sa premiegravere carte de vigilance et il continue aujourdrsquohui agrave srsquoameacute-liorer et se moderniser (qualiteacute des mesures et des transmissions sta-tions hydromeacutetriques non intrusives geacuteneacuteralisation de la preacutevision au droit des stations hydromeacutetriques dans les zones de fort enjeu etc)

Il est aussi preacutesent dans les deacutepartements drsquooutre-mer ce sont des cel-lules de veille hydrologique qui ont eacuteteacute mises en place ou qui sont en voie de lrsquoecirctre Compte tenu de la nature complexe et intense des pheacutenomegravenes dans ces territoires leurs missions se focalisent principalement sur le suivi des pheacutenomegravenes et le deacuteveloppement des connaissances

En dehors du reacuteseau surveilleacute Vigicrues un autre service a eacuteteacute deacuteveloppeacute pour avertir les maires les services communaux et les preacutefectures en cas de pheacutenomegravenes localiseacutes drsquoinondations par ruissellement ou de crues rapides de petits cours drsquoeau (pheacutenomegravenes qui pourraient srsquoaccroicirctre avec le changement climatique) il srsquoagit de Vigicrues Flash Ce service est proposeacute depuis 2017 par le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement et permet aux autoriteacutes locales qui en font la demande drsquoecirctre averties drsquoun risque de crues rapides dans les prochaines heures sur une seacutelection de cours drsquoeau non couverts par la vigilance laquo crues raquo deacutecrite plus haut

Figure D3 ndash Carte de France Vigicrues des 22 000 km du reacuteseau hydrographique surveilleacute par lrsquoEacutetat

Source Meacuteteacuteo-France

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Lrsquohydromeacutetrie est aussi la base de la connaissance et du suivi des eacutetiages reacutepon-dant ainsi agrave lrsquoun des autres enjeux du changement climatique la seacutecheresse De cette gestion des basses eaux deacutepend notre capaciteacute agrave produire de lrsquoeau potable agrave reacuteguler la consommation drsquoeau pour lrsquoagriculture agrave refroidir certaines centrales produisant de lrsquoeacutenergie et les mesures de restriction qui peuvent srsquoaveacuterer indis-pensables pour permettre un juste eacutequilibre entre les diffeacuterents utilisateurs de la ressource

Diffuser lrsquoinformation preacuteventive et participer agrave lrsquoeacuteducation des populations

La graviteacute du risque est fonction de la vulneacuterabiliteacute et des enjeux un des moyens essentiels de la preacutevention est lrsquoadoption par les citoyens et les acteurs eacutecono-miques de comportements adapteacutes aux menaces Dans cette optique a eacuteteacute ins-taureacute le droit des citoyens agrave une information sur les risques majeurs auxquels ils sont soumis et sur les mesures de sauvegarde qui les concernent (article L 125-2 du Code de lrsquoenvironnement) Cette information reacuteglementaire meacuterite souvent drsquoecirctre compleacuteteacutee par des outils peacutedagogiques ou des campagnes de sensibilisa-tion sur un sujet complexe qui reste moins bien connu que la preacutevention de la production de deacutechets et leur recyclage ou lrsquoattention porteacutee agrave la preacuteservation de la biodiversiteacute

Lrsquoinformation preacuteventive reacuteglementaire repose sur le Dossier deacutepartemental des

risques majeurs (DDRM) eacutetabli par le preacutefet qui comprend pour les diffeacuterentes communes concerneacutees la description des risques et leurs conseacutequences pour les personnes les biens et lrsquoenvironnement et lrsquoexposeacute des mesures de sauve-garde preacutevues pour en limiter les effets Sur la base des informations contenues dans le DDRM le maire eacutetablit le Dossier drsquoinformation communal sur les risques

majeurs (DICRIM) consultable par le public agrave la mairie Dans les communes exposeacutees agrave un ou plusieurs risques lrsquoaffichage des risques et des consignes est

10 000 communes environ sont eacuteligibles agrave ce service mais seulement 10 de ces communes y sont aujourdrsquohui abonneacutees

Vigicrues Flash est le compleacutement drsquoun autre service plus ancien proposeacute par Meacuteteacuteo-France le service APIC (Avertissement pluies intenses agrave lrsquoeacutechelle des communes) Sur le mecircme principe il permet drsquoecirctre averti lorsque les preacutecipitations en cours ou reacutecentes revecirctent un caractegravere exceptionnel sur une commune ou les communes environnantes

Ces deux services reacuteserveacutes aux maires et aux preacutefets sont gratuits et se traduisent par des envois de SMS courriels et messages audios com-pleacuteteacutes par une cartographie des communes et tronccedilons de cours drsquoeau concerneacutes par les avertissements

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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obligatoire dans les lieux et eacutetablissements deacutefinis par le maire et systeacutematique-ment dans les campings

La mise en œuvre de lrsquoinformation preacuteventive est eacuteligible au fonds de preacutevention des risques naturels majeurs (FPRNM) dans la limite de 20 millions drsquoeuros par an (chiffre qui comprend eacutegalement la reacutealisation des PPRN) En 2017 lrsquoeacutelabora-tion des DDRM du Puy-de-Docircme du Territoire de Belfort de la Corse du Sud et de neuf autres deacutepartements ont par exemple eacuteteacute financeacutes pour un montant de 195 000 euros

Depuis 2006 tout acheteur ou locataire de biens immobiliers (bacircti ou non bacircti) doit ecirctre informeacute lorsque le bien est situeacute dans une zone de sismiciteacute ou dans le peacuterimegravetre drsquoun plan de preacutevention des risques naturels ou technologiques et donc srsquoil est dans une zone inondable soumise aux feux de forecircthellip Le vendeur ou le bailleur doit indiquer agrave lrsquoacqueacutereur ou au locataire sur un document annexeacute au contrat la situation de ce bien vis-agrave-vis du ou des risques naturels ou tech-nologiques auxquels la commune est exposeacutee Cette information obligatoire est obtenue agrave partir des documents disponibles en mairie ou en preacutefecture ou agrave lrsquoaide du site Internet Geacuteorisques Elle contient les servitudes qui srsquoimposent au bien consideacutereacute et preacutecise les indemnisations dont le bien a eacuteteacute lrsquoobjet au titre drsquoune deacuteclaration de lrsquoeacutetat de catastrophe naturelle

Le retour drsquoexpeacuterience depuis 2006 sur cette mesure indique que lrsquoinforma-tion sur les risques reste souvent un paramegravetre parmi drsquoautres (surface empla-cement) lors de lrsquoachat ou de la location drsquoun bien et nrsquoinflue pas sur la valeur finale du bien La question peut ecirctre poseacutee de donner cette information plus en amont dans le processus de choix du logement agrave la maniegravere du diagnostic de performance eacutenergeacutetique

La reacuteduction des accidents et dommages passe aussi par lrsquoeacuteducation aux risques

et la sensibilisation des populations Depuis 1993 les ministegraveres chargeacutes de lrsquoenvironnement et de lrsquoeacuteducation srsquoattachent agrave promouvoir lrsquoeacuteducation agrave la preacute-vention des risques majeurs Depuis 2004 cette approche est officiellement inscrite dans le Code de lrsquoeacuteducation et concerne les programmes scolaires des enseignements primaire et secondaire tout eacutelegraveve de collegravege et de lyceacutee beacuteneacutefi-cie dans le cadre de sa scolariteacute obligatoire drsquoune sensibilisation agrave la preacutevention des risques et aux missions des services de secours ainsi que drsquoun apprentis-sage des gestes eacuteleacutementaires de premier secours Les ministegraveres en charge de lrsquoenvironnement et de la santeacute lrsquoObservatoire national sur les risques naturels (ONRN) lrsquoInstitut franccedilais pour les formateurs risques naturels majeurs et protec-tion de lrsquoenvironnement (IFFO-RME) et les associations renforceront lrsquoinformation

preacuteventive lrsquoeacuteducation et la formation par lrsquoimplication des citoyens des entre-prises et des eacutelus Le reacuteseau associatif est en effet un vecteur de diffusion agrave pri-vileacutegier dans les eacutetablissements scolaires notamment via lrsquoaccompagnement agrave la reacutealisation des plans particuliers de mise en sucircreteacute 12

12 Plans de secours agrave lrsquoeacutechelle des eacutetablissements drsquoenseignement

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Encadreacute 4

Plan national canicule

Auteur Karine Laaidi

Santeacute publique France

Degraves 2004 le ministegravere chargeacute de la santeacute a mis en place un Plan natio-nal canicule associeacute agrave un Systegraveme drsquoalerte canicule et santeacute (Sacs) mis en œuvre conjointement par Meacuteteacuteo-France et Santeacute publique France Ce plan deacuteclineacute au niveau deacutepartemental fonctionne selon quatre niveaux drsquoalerte baseacutes sur la vigilance meacuteteacuteorologique

vert (veille saisonniegravere) du 1er juin au 15 septembre jaune (avertissement chaleur) lorsque les tempeacuteratures sont proches

des seuils drsquoalerte ou ponctuellement tregraves intenses mais sur seulement un ou deux jours

orange (alerte canicule) lorsque les seuils drsquoalerte sont atteints ou deacutepasseacutes avec eacuteventuellement des facteurs aggravants (pollution humi-diteacute de lrsquoairhellip)

rouge (mobilisation maximale) lorsque la chaleur est exceptionnelle en dureacutee intensiteacute et extension geacuteographique avec drsquoeacuteventuels effets non sanitaires (seacutecheresse deacutelestages eacutelectriqueshellip)

Ces niveaux de plan sont associeacutes agrave des mesures de gestion et de preacuteven-tion avec un focus particulier vers les populations les plus vulneacuterables pour lesquelles lrsquoacclimatation est plus difficile (personnes acircgeacutees en mauvais eacutetat de santeacute vivant en habitat indigne nourrissons personnes peu habi-tueacutees agrave la chaleur travailleurs exposeacutes agrave la chaleur sportifs occasionnels)

En vigilance jaune la preacutevention relegraveve avant tout de la communication

Figure D4 ndash Plaquette de sensibilisation

Source ministegravere des Solidariteacutes et de la Santeacute

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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En orange (niveau deacuteclencheacute dans 66 deacutepartements en 2018) voire en rouge (niveau qui nrsquoa encore jamais eacuteteacute deacuteclencheacute mais aurait corres-pondu agrave la canicule drsquoaoucirct 2003) les mesures sont varieacutees et peuvent ecirctre mises en œuvre selon la situation communication preacuteventive ouver-ture drsquoun numeacutero vert drsquoinformation assistance aux personnes vulneacuterables inscrites sur les registres communaux deacuteclenchement des plans bleus dans les maisons de retraite ou des plans blancs dans les hocircpitaux etc

Sur la base drsquoeacutetudes eacutepideacutemiologiques Santeacute publique France a produit des supports de preacutevention rappelant les risques les signaux drsquoalerte pour la santeacute et les conseils de preacutevention

Les villes expeacuterimentent eacutegalement des mesures drsquoadaptation comme lrsquoarrosage des chausseacutees lrsquoouverture des parcs la nuit la cartographie des lieux frais accessibles au public ou des applications pour teacuteleacutephone mobile permettant de repeacuterer les lieux frais pregraves de chez soi et les par-cours les moins chauds pour srsquoy rendre

Malgreacute les mesures drsquoadaptation mises en place on constate toujours un impact des canicules que ce soit sur les recours aux soins drsquourgences ou sur la mortaliteacute la canicule de 2006 a ainsi occasionneacute une surmortaliteacute drsquoun peu plus de 1000 deacutecegraves celle de 2015 plus de 1700 celle de 2017 345 et environ 1 500 pour 2018 Ces chiffres moindres que ceux de 2003 peuvent srsquoexpliquer en partie par lrsquoefficaciteacute des mesures de preacutevention mais aussi par le fait que ces canicules ont eacuteteacute moins seacutevegraveres que celle de 2003 La surmortaliteacute pourrait donc ecirctre bien plus eacuteleveacutee dans lrsquoave-nir avec lrsquoaugmentation de la freacutequence et de la seacuteveacuteriteacute des canicules

Ceci est drsquoautant plus vrai que selon une enquecircte meneacutee en 2015 aupregraves de la population franccedilaise si les gestes de preacutevention semblent bien connus au premier rang desquels boire de lrsquoeau et maintenir sa maison au frais le coup de chaleur nrsquoest pas un risque clairement identifieacute et la perception de ses propres risques est faible y compris chez les personnes de plus de 65 ans (seulement 3 de la population interrogeacutee pense avoir un risque important lors drsquoune canicule et 4 des plus acircgeacutes) De mecircme parmi les mesures adopteacutees par les personnes acircgeacutees en cas de canicule si le recours agrave la solidariteacute de proximiteacute est freacutequent le recours aux ser-vices municipaux pour se signaler ou demander de lrsquoaide reste une pratique marginale (seules 4 des personnes acircgeacutees deacuteclarent srsquoecirctre inscrites sur les registres de leur ville) A cela srsquoajoute pour les acteurs de terrain (pro-fessionnels de santeacute ou du secteur social en particulier) de nombreuses difficulteacutes de mise en œuvre de la preacutevention souvent lieacutees au manque de personnel ou de moyens parfois agrave une certaine meacuteconnaissance des risques ou des gestes de preacutevention ou encore agrave une reacuteticence des per-sonnes vulneacuterables agrave accepter les comportements adeacutequats pour se pro-teacuteger de la chaleur soit qursquoelles ne se considegraverent pas agrave risque soit qursquoelles ne ressentent pas la soif ou la chaleur

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Encadreacute 5

Plan froid

Auteur Karine Laaidi

Santeacute publique France

En ce qui concerne le froid il nrsquoy a pas de systegraveme drsquoalerte la preacutevention de court terme nrsquoeacutetant pas la plus importante pour preacutevenir les risques Le court terme est geacutereacute uniquement par la vigilance grand froid de Meacuteteacuteo-France et par la vigilance neige-verglas qui peut lui ecirctre concomitante Des conseils de preacutevention y sont associeacutes eacutelaboreacutes en lien avec les autoriteacutes sanitaires (bien se couvrir en particulier les extreacutemiteacutes manger et boire chaud et non alcooliseacute preacuteparer ses trajets en voiture eacuteviter les efforts physiques intenses surtout pour les personnes cardiaques chauffer conve-nablement sa maison en faisant attention au risque lieacute au monoxyde de car-bone) Des places drsquoheacutebergement sont ouvertes en hiver pour les personnes

sans abri mais leur ges-tion deacutepend des besoins drsquoaccueil et non plus des tempeacuteratures exteacuterieures depuis la loi Duflot Les maraudes du Samu social peuvent ecirctre intensifi eacutees lors des vagues de froid

La preacutevention passe donc surtout pour la population geacuteneacuterale par des mesures de fond qui sont avant tout drsquoordre social droit au logement opposable trecircve hivernale interdisant lrsquoex-pulsion des locataires du 1er novembre au 31 mars et interdisant les coupures de gaz et drsquoeacutelectriciteacute aides fi nanciegraveres pour le chauf-fage lutte contre lrsquohabitat indigne

Le grand froid demande agrave mon corps de faire des efforts suppleacutementaires sans que je mrsquoen rende compte Mon cœur bat plus vite pour eacuteviter que mon corps se refroidisse Cela peut ecirctre particuliegraverement dangereux pour les personnes acircgeacutees et les malades chroniques

Si je reste dans le froid trop longtemps ma tempeacuterature corporelle peut descendre

en dessous de 35degC je suis alors en hypothermie Mon corps ne fonctionne plus normalement et cela peut entraicircner

des risques graves pour ma santeacute

Si je reste dans le froid trop longtemps les extreacutemiteacutes de mon corps

peuvent devenir drsquoabord rouges et douloureuses puis grises et indolores

(gelures) Je risque lrsquoamputation

Si je fais des efforts physiques en plein air je risque drsquoaggraver

drsquoeacuteventuels problegravemes cardio-vasculaires

bull Je couvre particuliegraverement les parties de mon corps qui perdent de la chaleur tecircte cou mains et pieds

bull Je me couvre le nez et la bouche pour respirer de lrsquoair moins froid

bull Je mets plusieurs couches de vecirctements plus un coupe-vent impermeacuteable

bull Je mets de bonnes chaussures pour eacuteviter les chutes sur un sol glissant

bull Jrsquoeacutevite de sortir le soir car il fait encore plus froid

bull Je me nourris convenablement et je ne bois pas drsquoalcool car cela ne reacutechauffe pas

bull Je limite les efforts physiques comme courir

bull Si jrsquoutilise ma voiture je prends de lrsquoeau une couverture et un teacuteleacutephone chargeacute et je me renseigne sur la meacuteteacuteo

bull Je suis encore plus attentif avec les enfants et les personnes acircgeacutees qui ne disent pas quand ils ont froid

Je chauffe mon logement sans le surchauffer et en mrsquoassurant de sa bonne ventilation

wwwmeteofr 32 50 euro wwwbison-futeequipementgouvfr social-santegouvfr wwwsantepubliquefrancefr

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Quand je sors je me couvre

mon corps agrave la bonne tempeacuterature

Je suis prudent et je pense aux autres

Je chauffe sans surchauffer

Figure D5 ndash Plaquette de sensibilisation

Source ministegravere chargeacute de la Santeacute

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Afin drsquoameacuteliorer la culture du risque pour le plus grand nombre le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement met en place des campagnes de communication sur les aleacuteas les plus dangereux pour la vie humaine et qui pourraient connaicirctre une recrudes-cence avec le changement climatique comme les pluies intenses et les feux de forecirct

La campagne de preacutevention des pluies dites laquo ceacutevenoles raquo (voir Annexe 3) a eacuteteacute mise en place apregraves les eacuteveacutenements dramatiques de 2015 et reconduite trois fois de 2016 agrave 2018 Elle met lrsquoaccent sur les comportements qui sauvent face agrave un risque croissant et pour lequel les preacutevisions preacutecises resteront difficiles et les mesures structurelles de reacuteduction du risque limiteacutees (fig D6)

Figure D6 ndash Plaquette de sensibilisation

Source ministegravere de lrsquoInteacuterieur et ministegravere en charge de lrsquoenvironnement

Une autre campagne de preacutevention mise en place en 2018 sensibilise au risque laquo incendie raquo agrave nouveau dans les deacutepartements du Sud de la France (encadreacute 6)

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Campagne nationale 2018 de preacutevention des incendies de forecircts

En 2017 plus de 3 000 feux sont survenus dans le Sud de la France La France meacutetropolitaine particuliegraverement le Sud est un territoire propice aux incendies de forecircts Les conditions estivales avec une seacutecheresse des sols marqueacutee et des vents forts sont favorables agrave la survenue drsquoeacuteveacute-nements drsquoincendies dont les conseacutequences peuvent ecirctre destructrices et dramatiques sur le plan humain

Les effets du changement climatique sur les incendies de forecircts sont eacutega-lement eacutetablis les zones exposeacutees aux incendies devraient srsquoeacutetendre en France meacutetropolitaine vers le Nord-Ouest en particulier dans les Pays-de-la-Loire le Centre-Val-de-Loire et la Bretagne Dans les zones deacutejagrave expo-seacutees les incendies pourraient srsquoeacutetendre agrave la moyenne montagne Il est probable que la saison des incendies de forecircts dans lrsquoanneacutee srsquoallongera passant drsquoenviron trois mois actuellement agrave six mois dans un avenir proche Les incendies devraient ecirctre plus intenses et plus rapides compte tenu des seacutecheresses accrues Cela devrait conduire agrave une augmentation des grands feux et donc agrave une plus grande reacutepeacutetition du passage des

Figure D7 ndash Cartographie national des zones potentiellement sensibles aux incendies de forecircts ndash modeacutelisation 2040

Source Meacuteteacuteo-France

Encadreacute 6

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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incendies en un mecircme point sur de courtes peacuteriodes (tous les dix agrave vingt ans) engendrant alors de fortes reacutegressions des peuplements forestiers dans les reacutegions les plus exposeacutees

Lrsquoaugmentation des moyens de surveillance et de secours et des moyens de protection des sapeurs-pompiers dans les zones actuellement concer-neacutees devra donc eacutegalement srsquoaccompagner de lrsquoaccroissement des zones drsquointervention potentielles vers le nord et du renforcement de la mutua-lisation des moyens de surveillance et de secours au niveau europeacuteen pour mieux geacuterer les crises

90 des feux sont drsquoorigine anthropique et 80 des deacuteparts de feux se deacuteclenchent agrave moins de 50 m des habitations Au bout du compte plus drsquoun incendie sur deux reacutesulte drsquoune imprudence

La preacutevention du risque incendie de forecirct passe donc par des compor-tements responsables Des acteurs locaux tregraves impliqueacutes megravenent des

actions de preacutevention reacutecurrentes mais certains comportements cleacutes meacuteritent drsquoecirctre rappeleacutes

En juillet 2018 le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement a ainsi lanceacute une campagne nationale de sensibilisation et de preacutevention du risque incendie en lien avec le ministegravere de lrsquoInteacuterieur et le ministegravere en charge de lrsquoAgri-culture eacutegalement tregraves impliqueacutes dans la preacutevention et la lutte contre les incendies cibleacutee sur les trente-deux deacutepartements du Sud les plus expo-seacutes (Aquitaine Occitanie Paca Corse) Lrsquoobjectif de la campagne est de diffuser les bons comportements face au risque incendie de forecirct pour

veiller agrave ne pas en ecirctre la cause accidentellement dans les zones drsquoin-terface forecirct-habitat i e ne pas deacuteclencher

agir pour limiter la propagation adopter les reacuteflexes de sauvegarde

Les actions drsquoinformation preacuteventive et drsquoameacutelioration de la culture du risque chacune dans leur domaine drsquoefficaciteacute sont prioritaires en ce qursquoelles orientent les choix permettant drsquoadopter les comportements qui sauvent Elles sont aussi un eacuteleacutement indispensable drsquoacceptation de politiques qui peuvent paraicirctre par ailleurs contraignantes sans beacuteneacutefice immeacutediat ou clair

Prendre en compte les risques dans lrsquoameacutenagement du territoire

La preacutevention des risques naturels srsquoinscrit dans la dureacutee quand les choix drsquoameacute-nagement du territoire integravegrent la prise compte de lrsquoaleacutea pour eacuteviter drsquoimplanter des enjeux (population bacirctihellip) dans des zones exposeacutees ou reacuteduire la vulneacuterabi-liteacute des bacirctiments existants Le croisement de lrsquoameacutenagement et du risque naturel

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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srsquoappuie eacutegalement sur la connaissance de lrsquoaleacutea elle requiert une expertise et la mobilisation drsquoopeacuterateurs de lrsquoEacutetat par exemple le Centre drsquoeacutetudes et drsquoex-pertise sur les risques lrsquoenvironnement la mobiliteacute et lrsquoameacutenagement (Cerema)

Dans le domaine de la preacutevention et de la gestion des feux de forecirct et de brous-sailles lieacutes au changement climatique la gestion forestiegravere devra ecirctre progressi-vement adapteacutee agrave lrsquoaccroissement preacutevisible des risques drsquoincendies en termes de freacutequence drsquooccurrences et de surfaces concerneacutees tant en meacutetropole qursquoen outre-mer en mobilisant lrsquoensemble des acteurs de la forecirct 13 (Plan national de la forecirct et du bois 2016-2026) Un certain nombre de mesures sont envisageacutees pour adapter la France agrave lrsquoaugmentation de lrsquoaleacutea incendie et agrave lrsquoextension des zones propices aux incendies notamment la poursuite de lrsquoeacutelaboration de strateacute-gies reacutegionales et territoriales de preacutevention du risque drsquoincendies de forecirct inteacute-grant ce risque dans lrsquoameacutenagement du territoire afin de mettre en place les outils de preacutevention adapteacutes en articulation avec les documents drsquourbanisme porteacutes par les eacutelus locaux

Le deacuteveloppement de strateacutegies fonciegraveres eacutequilibreacutees de moyen et long termes tenant compte de lrsquoensemble des enjeux socio-eacuteconomiques environnementaux et culturels aux moyens de la limitation de la consommation drsquoespaces naturels agricoles et forestiers pour atteindre lrsquoobjectif de zeacutero artificialisation nette du Plan biodiversiteacute de lrsquoinfiltration des preacutecipitations avec lrsquoambition de deacutesimpermeacutea-biliser agrave terme et des techniques alternatives notamment la restauration eacutecolo-gique permettra de reacuteduire les pheacutenomegravenes de ruissellement drsquoeacuterosion des sols et les risques drsquoinondation

Le Plan de preacutevention des risques naturels (PPRN) constitue lrsquooutil central drsquointer-vention de lrsquoEacutetat pour maicirctriser lrsquourbanisme dans les zones agrave risques et reacuteduire la vulneacuterabiliteacute du bacircti existant Si en 1982 la loi relative agrave lrsquoindemnisation des vic-times de catastrophes naturelles (loi no 82-600 du 13 juillet 1982) a institueacute le plan drsquoexposition aux risques crsquoest la loi Barnier de 1995 qui instaure les PPRN se substituant agrave tout autre plan ou dispositif approuveacute par les preacutefets

Le PPRN permet drsquointerdire les constructions dans les zones drsquoaleacuteas les plus forts et de les encadrer par des prescriptions dans des zones drsquoaleacuteas moindres Srsquoil peut imposer des prescriptions aux constructions existantes crsquoest un outil parti-culiegraverement efficace dans les zones de forte pression fonciegravere Lrsquoeacutelaboration du PPRN permet de partager sous lrsquoautoriteacute du preacutefet de deacutepartement en associant les collectiviteacutes locales dans une deacutemarche de concertation une connaissance documenteacutee de lrsquoaleacutea une diffusion de cette information et lrsquoadaptation de lrsquour-banisme au travers drsquoune reacuteglementation

13 httpagriculturegouvfrle-programme-national-de-la-foret-et-du-bois-2016-2026

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Encadreacute 7

14 httpwwwsidedeveloppement-durablegouvfrEXPLOITATIONACCIDRaccueil-risques-majeursaspx

Les plans de preacutevention des risques naturels (PPRN)

proceacutedure drsquoeacutelaboration

La proceacutedure drsquoeacutelaboration des PPRN est cadreacutee dans le Code de lrsquoenvi-ronnement par les articles L 562-1 agrave L 562-9

Le PPRN est composeacute de trois documents un rapport de preacutesentation qui expose les eacutetudes entreprises les reacutesul-

tats et les justifications des deacutelimitations des zones et reacuteglementations inscrites dans le regraveglement et celles rendues obligatoires

un plan de zonage issu du croisement des aleacuteas (freacutequence et inten-siteacute des pheacutenomegravenes) et des enjeux identifiant des zones inconstructibles et des zones constructibles sous reacuteserve drsquoameacutenagements particuliers

un regraveglement deacutecrivant les contraintes constructives et drsquourbanisme agrave respecter dans chaque zone Le PPRN deacuteterminera par exemple la hau-teur minimale du premier plancher drsquoune habitation nouvelle en zone inon-dable ou rendra obligatoire le renforcement des faccedilades amont en cas de chutes de blocs ou drsquoavalanches

Approuveacute par le preacutefet le PPRN est annexeacute apregraves enquecircte publique et approbation au Plan local drsquourbanisme (PLU) en tant que servitude drsquouti-liteacute publique Son eacutelaboration doit se faire dans les trois ans agrave compter de la prescription du PPRN par le preacutefet prorogeable une seule fois pour une peacuteriode de dix-huit mois

Dans la pratique la reacutealisation des PPRN deacutepend aussi de lrsquoexpeacuterience des territoires (la preacutevention des risques est plus facilement porteacutee par des territoires ayant connu une catastrophe) du positionnement des eacutelus et riverains sur la prise en compte du risque et des volonteacutes politiques

La concertation entre lrsquoEacutetat les collectiviteacutes locales et les parties pre-nantes du territoire est un eacuteleacutement cleacute dans lrsquoeacutelaboration des PPRN Agrave chaque eacutetape (cartographie de lrsquoaleacutea plan de zonage regraveglement) les col-lectiviteacutes sont associeacutees En outre les conseils municipaux des communes concerneacutees doivent ecirctre obligatoirement consulteacutes avant le lancement de lrsquoenquecircte publique

Des guides meacutethodologiques ont eacuteteacute eacutediteacutes par le ministegravere chargeacute de lrsquoen-vironnement 14 Un projet de deacutecret visant agrave mettre en place un encadre-ment agrave lrsquoeacutechelle nationale (dit laquo deacutecret PPR raquo) pour les Plans de preacutevention des risques (PPR) relatifs aux aleacuteas deacutebordement de cours drsquoeau et sub-mersion marine est en cours de preacuteparation Ce projet de deacutecret se place dans la continuiteacute des doctrines eacutedicteacutees preacuteceacutedemment dans les circu-laires et guides nationaux mais prend eacutegalement en compte les besoins

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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drsquoeacutevolution remonteacutes du laquo terrain raquo qursquoil srsquoagisse des services deacuteconcen-treacutes de lrsquoEacutetat ou des collectiviteacutes agrave la lumiegravere du retour drsquoexpeacuterience dont on beacuteneacutefi cie sur ces PPR

Il reprend donc les grands fondamentaux de la politique de preacutevention des risques (ne pas augmenter les risques pour les vies humaines preacuteser-ver les champs drsquoexpansion des crues limiter lrsquoaugmentation des enjeux exposeacutes aux risques etc) mais en ayant une approche plus effi ciente et prenant mieux en compte la logique de projet de territoire dans une approche globale inteacutegrant lrsquoexistant et le neuf (et non une approche bacircti-ment par bacirctiment) Notamment le projet de deacutecret favorise un renouvel-lement urbain permettant une baisse de la vulneacuterabiliteacute

Aujourdrsquohui plus de 11 000 communes sont doteacutees drsquoun PPRN approuveacute ce qui repreacutesente une population drsquoenviron 45 millions habitants 70 des PPRN concernent le risque inondation

La croissance du nombre de PPRN approuveacutes traduit une mobilisation remarquable des preacutefets et des services de lrsquoEacutetat qui permet une augmen-tation consideacuterable de la couverture geacuteographique du dispositif et la pro-gression de la diversiteacute des aleacuteas traiteacutes avec lrsquoeacutelaboration plus reacutecente des PPR littoraux (PPRL) traitant de submersion marine qui integravegrent les effets du changement climatique

Srsquoil reste des PPRN agrave prescrire ou agrave approuver sur certains territoires preacute-sentant des risques importants lrsquoessentiel des travaux agrave mener concerne agrave preacutesent la reacutevision de PPRN Cela ne se justifi e que si la connaissance de lrsquoaleacutea a eacutevolueacute notamment suite au retour drsquoexpeacuterience apregraves une catastrophe

Figure D8 ndash Eacutevolution du nombre de communes ayant un ou plusieurs PPRN prescrit ou approuveacute entre 1959 et 2015

Source ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Lrsquoensemble du territoire nrsquoa pas vocation agrave ecirctre couvert par des PPRN Lrsquoeacutelaboration de PPRN doit se faire sur les territoires preacutesentant un risque eacuteleveacute Crsquoest sur les territoires doteacutes de PPRN que les collectiviteacutes locales et les particuliers ont la possibiliteacute de mobiliser le Fonds de preacutevention des risques naturels majeurs (FPRNM) pour ameacuteliorer la reacutesilience du territoire Ce principe constitue la base drsquoune priorisation de la preacutevention des risques naturels en y permettant le deacuteploie-ment des moyens financiers drsquoaccompagnement degraves lors que les collectiviteacutes ou les particuliers en font la demande Si cette priorisation a eacuteteacute faite agrave lrsquoeacutechelle deacutepartementale par les preacutefets dans la peacuteriode de deacuteploiement la plus intense (1990-2015) la finalisation de la reacutealisation des PPRN le choix des neacutecessaires reacutevisions lrsquoarticulation avec drsquoautres outils de prise en compte du risque dans lrsquoameacutenagement constituent doreacutenavant une prioriteacute des services du ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement

En effet en dehors des zones identifieacutees comme les plus agrave risque drsquoautres outils sont mobilisables pour prendre en compte les risques naturels dans lrsquoameacutenagement Certains pheacutenomegravenes comme le recul du trait de cocircte ont vocation agrave ecirctre traiteacutes par les outils drsquoameacutenagement des collectiviteacutes locales plutocirct que par un PPRN

Le Plan local drsquourbanisme (PLU) compeacutetence intercommunale deacutesormais (PLUi) peut ainsi deacutefinir les zones agrave risques et les regravegles speacutecifiques agrave respecter Le Code de lrsquourbanisme dans son article L 101-2 pose drsquoailleurs la preacutevention des risques naturels et technologiques dans ses objectifs Lrsquoarticle R 151-31 du mecircme code preacutevoit la possibiliteacute drsquointerdire des constructions dans certaines zones du PLU eut eacutegard agrave lrsquoexposition de ces zones aux risques naturels Le Scheacutema de coheacute-rence territoriale (SCoT) document reacuteglementaire de planification agrave lrsquoeacutechelle des groupements de communes qui fixe des perspectives drsquoameacutenagement du territoire agrave horizon de quinze agrave vingt ans est eacutegalement un outil pertinent pour prendre en compte la preacutevention des risques naturels

En outre lorsqursquoil a connaissance drsquoun risque sur son territoire le preacutefet est tenu drsquoen informer les maires et les administreacutes agrave travers un laquo porter agrave connaissance raquo Il srsquoagit drsquoun document drsquoinformation qui comporte un descriptif et une cartogra-phie de chaque risque ainsi que les consignes de seacutecuriteacute agrave adopter en cas de survenance drsquoeacuteveacutenements

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Encadreacute 8

15 Voir deacutefinition en chapitre A

Les plans de preacutevention des risques littoraux (PPRL)

Le littoral constitue une zone particuliegraverement sensible aux risques natu-rels de par lrsquointensiteacute des pheacutenomegravenes qui peuvent srsquoy produire et la concentration des populations sur des petites surfaces (ONERC 2015) Territoire ougrave convergent des dynamiques eacuteconomiques sociales et natu-relles le littoral est une zone attractive En 2010 pregraves de 8 millions de personnes y habitaient soit une densiteacute 25 fois supeacuterieure au reste de la France (outre-mer inclus) Agrave cela srsquoajoute la capaciteacute drsquoaccueil touristique importante de ces zones (reacutesidences secondaires campings et hocirctels) estimeacutee agrave plus de 7 millions de lits Selon les perspectives de lrsquoInsee ces chiffres devraient encore augmenter dans les anneacutees agrave venir

Les cocirctes franccedilaises sont notamment exposeacutees au risque de submer-sion marine 15 et connaissent eacutegalement des eacutevolutions du trait de cocircte

14 million de Franccedilais vivent en zone potentiellement inondable du fait des submersions marines et ce risque pourrait srsquoamplifier avec la hausse du niveau des mers due au reacutechauffement climatique

Suite agrave la tempecircte Xynthia de 2010 lrsquoune des actions identifieacutees comme prioritaires a eacuteteacute de geacuteneacuteraliser les plans de preacutevention des risques pour

lrsquoaleacutea submersion marine (aussi appeleacutes laquo PPR littoraux raquo ou laquo PPRL raquo) sur le littoral franccedilais Une liste de 303 communes prioritaires a eacuteteacute eacutetablie afin de concentrer les efforts sur les secteurs les plus sensibles agrave cet aleacutea Agrave ce jour 162 communes de cette liste sont couvertes par un PPR littoral approuveacute

La premiegravere phase de lrsquoeacutelaboration du PPRL consiste agrave cartographier les aleacuteas auxquels le territoire est exposeacute Le changement climatique est notamment pris en compte au travers drsquoune premiegravere cartographie inteacute-grant lrsquoeacuteleacutevation du niveau de la mer attendue agrave courte eacutecheacuteance (estimeacutee agrave + 20 cm par rapport au niveau actuel) et drsquoune autre cartographie agrave cent ans (hausse du niveau des mers estimeacutee agrave + 60 cm) La cartographie des enjeux permet par ailleurs de comprendre lrsquoorganisation du territoire (pocircles structurants zones en deacuteveloppement espaces naturels etc) Crsquoest sur la base du croisement de ces eacuteleacutements cartographiques que srsquoengage le processus de concertation entre les acteurs du territoire en vue drsquoabou-tir agrave la deacutefinition drsquoune strateacutegie partageacutee drsquoameacutenagement du territoire inteacutegrant le risque et in fine la deacutelimitation des zones sur lesquelles sera appliqueacute le regraveglement du PPRL (appeleacutee zonage reacuteglementaire)

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Agrave titre drsquoexemple sur la commune de Fouesnant dans le Finistegravere le PPR littoral a eacuteteacute approuveacute le 12 juillet 2016 Les deux cartes drsquoaleacuteas de la figure D9 (aleacutea de reacutefeacuterence en haut agrave gauche et aleacutea agrave eacutecheacuteance cent ans agrave droite) traduisent lrsquoemprise et les effets potentiels drsquoune submer-sion marine sur le territoire Le recensement des enjeux (carte en bas agrave gauche) permet quant agrave lui drsquoidentifier les zones urbaines (en violet et bleu) ou naturelles (en vert) ou les eacutetablissements sensibles exposeacutes aux aleacuteas preacuteceacutedemment deacutefinis Le zonage reacuteglementaire deacutelimite ensuite les secteurs ougrave lrsquoinconstructibiliteacute est la regravegle (zones rouges) et drsquoautres secteurs ougrave les constructions sont possibles moyennant le respect de cer-taines prescriptions (zones bleues)

Figure D9 ndash Aleacuteas et enjeux du PPRL de Fouesnant 2016

Source drsquoapregraves les bases de donneacutees Cadastre et ORTHOreg

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Reacuteduire lrsquoaleacutea et reacuteduire la vulneacuterabiliteacute

Pour reacuteduire les risques naturels il est possible de reacuteduire lrsquointensiteacute de lrsquoaleacutea en cherchant agrave se proteacuteger contre la survenue drsquoun eacuteveacutenement drsquoune part et reacuteduire lrsquoexposition des enjeux (habitations bacirctiments industriels et commerciaux patri-moine historique et naturel reacuteseaux de transports de teacuteleacutecommunications drsquoeacutelec-triciteacute drsquoeauhellip) en les adaptant agrave lrsquoaleacutea

La protection contre un aleacutea naturel peut passer par la reacutealisation drsquoouvrages de protection comme une digue ou un paravalanche Une digue ne reacuteduit pas lrsquoam-pleur drsquoune inondation mais vise agrave proteacuteger les biens et les personnes donc agrave diminuer les dommages provoqueacutes par la monteacutee de lrsquoeau Il en va de mecircme avec les barriegraveres anti-avalanches les coupes pare-feu dans les forecircts les grillages anti-eacuteboulements sur le flan de certaines routes de montagne qui empecircchent le deacuteclenchement ou la propagation du pheacutenomegravene

La mise en place de protections se justifie pour proteacuteger les enjeux existants Elle requiert cependant plusieurs points drsquoattention

examiner sur lrsquoensemble de la zone de risques les conseacutequences des dis-positifs de protection mis en place notamment en aval pour les inondations

inteacutegrer le fait que les ouvrages de protection ne sont pas infaillibles et prendre en compte des hypothegraveses de deacutefaillance dans les regravegles drsquourbanisme agrave proxi-miteacute de ces ouvrages Dans le cas des digues la jurisprudence (Conseil drsquoEacutetat 06042016 MEDDE cBonnefoi no 386000) eacutetablit que lorsque les terrains sont situeacutes derriegravere un ouvrage de protection il appartient agrave lrsquoautoriteacute com-peacutetente de prendre en compte non seulement la protection qursquoun tel ouvrage est susceptible drsquoapporter eu eacutegard notamment agrave ses caracteacuteristiques et aux garanties donneacutees quant agrave son entretien mais aussi le risque speacutecifique que la preacutesence mecircme de lrsquoouvrage est susceptible de creacuteer en cas de sinistre drsquoune ampleur supeacuterieure agrave celle pour laquelle il a eacuteteacute dimensionneacute ou en cas de rupture Il convient donc derriegravere une digue de preacutevoir une zone de sur-aleacutea

garder en meacutemoire que les ouvrages demandent un entretien reacutegulier Ils font lrsquoobjet drsquoune reacuteglementation et drsquoun controcircle speacutecifiques par les services de lrsquoeacutetat

adapter les reacuteseaux et infrastructures essentiels assurant les services de base agrave la population tels que transports (fiabiliteacute et confort climatique) eacutenergie teacuteleacute-communication reacuteseaux drsquoeau potable collecte des eaux useacutees et pluviales permettra de mieux anticiper les crises (ONERC 2017)

Les ouvrages de protection ne permettent pas de reacuteduire les pheacutenomegravenes cli-matiques diffus tels que les vagues de chaleur ou les tempecirctes pour lesquels la reacuteduction des risques passera par lrsquoadaptation des enjeux agrave lrsquoaleacutea

En matiegravere de preacutevention des inondations la reacuteforme dite laquo Gemapi raquo et le deacutecret laquo digues raquo de 2015 (deacutecret no 2015-526 du 12 mai 2015) constituent des temps forts leacutegislatifs et reacuteglementaires

Depuis le 1er janvier 2018 la loi attribue aux intercommunaliteacutes la compeacutetence de gestion des milieux aquatiques et preacutevention des inondations (Gemapi) de

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maniegravere obligatoire et exclusive Cette compeacutetence devra permettre agrave partir de plus de 9 000 km de digues existantes aujourdrsquohui drsquoidentifier agrave terme les quelque 4 000 km qui preacutesentent un enjeu fort de protection des populations Une fois identifieacutees elles seront autoriseacutees en tant que systegraveme drsquoendiguement dans le cadre preacutevu par le deacutecret laquo digues raquo Ce travail requiert une mobilisation importante des collectiviteacutes locales et des services de lrsquoEacutetat dans les cinq agrave dix ans agrave venir La mise agrave niveau des systegravemes drsquoendiguement par les collectiviteacutes devrait entraicircner un recours accru au FPRNM en compleacutement des autres finan-cements mobilisables et notamment la taxe Gemapi que chaque intercommuna-liteacute est libre de lever ou non (dans la limite de 40 euros multiplieacute par le nombre drsquohabitant de lrsquointercommunaliteacute)

Il convient de souligner qursquoagrave travers le choix du leacutegislateur de confier cette com-peacutetence aux intercommunaliteacutes deacutejagrave en charge de lrsquoameacutenagement crsquoest bien la meilleure prise en compte du risque drsquoinondation dans lrsquoameacutenagement qui est rechercheacutee tout en maximisant les cobeacuteneacutefices avec une bonne gestion des milieux aquatiques Le leacutegislateur a ainsi preacutevu la possibiliteacute de regroupement des inter-communaliteacutes entre elles dans une logique de bassin versant par exemple tout en maintenant de la souplesse dans les modaliteacutes drsquoexercice de la compeacutetence

Parallegravelement agrave cette nouvelle compeacutetence le cadre reacuteglementaire des PPR inon-dations (PPRI) est en cours drsquoeacutevolution (encadreacute 7) dans la mecircme logique de coheacuterence entre les systegravemes drsquoendiguement tels que deacutefinis par la collectiviteacute et lrsquoameacutenagement du territoire qursquoelle porte Si la caracteacuterisation de lrsquoaleacutea neacutecessite de tenir compte drsquoune possible deacutefaillance de la digue lrsquoeacutelaboration de la partie reacuteglementaire du PPR inondation pourra tenir compte de faccedilon tregraves encadreacutee de la meilleure gestion des ouvrages de protection dans le cadre de la reacuteforme Gemapi

Au fur et agrave mesure des reacutevisions la mise en coheacuterence progressive de la preacuteven-tion des inondations permettra que ces mecircmes collectiviteacutes srsquoappuient sur des deacutemarches strateacutegiques de type PAPI (chapitre D laquo Exemples de mise en œuvre raquo)

La reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute des bacirctiments permet drsquoadapter le territoire aux risques drsquoaccroicirctre la reacutesilience sans deacuteplacer les enjeux exposeacutes par la mise en place de dispositifs visant agrave rendre les enjeux exposeacutes plus reacutesilients face agrave un aleacutea naturel Il peut srsquoagir drsquoeacuteleacutements leacutegers comme la pose de batardeaux (cloisons amovibles eacutequipeacutees de joints eacutetanches) devant les portes et les fenecirctres pour proteacuteger lrsquointeacuterieur de la maison drsquoune inondation mais aussi de mesures plus structurelles construction de bacirctiments reacutesistants aux vents forts dans les zones soumises agrave des aleacuteas cycloniques doteacutes drsquoun eacutetage non habiteacute ou drsquoune piegravece refuge agrave lrsquoeacutetage en zones soumises aux inondations construction de fon-dations inteacutegrant le risque de seacutecheresse et de retrait-gonflement des argileshellip

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Encadreacute 9

Reacuteduire le dommage au bacircti soumis au retrait-gonflement des argiles

Les mouvements de sol induits par le retrait-gonflement des argiles consti-tuent un risque majeur en raison de lrsquoampleur des deacutegacircts mateacuteriels qursquoils provoquent notamment parce qursquoils touchent la structure mecircme des bacircti-ments Ce pheacutenomegravene qui srsquoamplifie avec le changement climatique repreacutesente pour la peacuteriode 1990-2013 86 milliards drsquoeuros drsquoindemni-sation et des centaines de milliers de maisons en France Il touche princi-palement les maisons individuelles qui disposent souvent de fondations plus leacutegegraveres que les bacirctiments collectifs et dont les maicirctres drsquoouvrages sont souvent des particuliers et non des professionnels de la construc-tion Il est essentiel de reacuteduire le nombre de sinistres lieacutes agrave ce pheacuteno-megravene drsquoautant que lrsquoapplication de regravegles de lrsquoart simples et bien connues permet drsquoeacuteviter tout sinistre gracircce agrave la reacutealisation de fondations ad hoc

Dans cet esprit la loi dite laquo Eacutelan raquo (eacutevolution du logement de lrsquoameacutenage-ment et du numeacuterique) preacutevoit la reacutealisation drsquoun diagnostic geacuteotechnique preacutealable agrave la vente des terrains constructibles situeacutes en zones agrave risque Il reviendra ensuite au constructeur de prendre en compte les eacuteleacutements issus de cette eacutetude pour preacutevoir les dispositions constructives neacuteces-saires et optimiser le coucirct des fondations Ce dispositif permettra de trai-ter le sujet de maniegravere plus rapide et efficiente que les PPR laquo argile raquo Cette mesure agrave terme soulagera la mobilisation du Fonds CatNat

Plusieurs mesures permettent de renforcer la dynamique de reacuteduction de la vulneacute-rabiliteacute et favoriser un retour agrave la normale agrave la suite drsquoun eacuteveacutenement climatique

Les PPRN lorsqursquoils existent integravegrent geacuteneacuteralement des mesures prescrip-tives visant agrave reacuteduire la vulneacuterabiliteacute du bacircti existant Cela peut concerner par exemple la pose de batardeaux ou la creacuteation drsquoun espace refuge pour se pro-teacuteger des inondations Ces mesures beacuteneacuteficient pour les particuliers drsquoun soutien agrave travers le Fonds de preacutevention des risques naturels majeurs (FPRNM) agrave hauteur de 40 du montant des travaux dans la limite de 10 de la valeur moneacutetaire du bien La mise en œuvre de ces mesures doit ecirctre encourageacutee en mobilisant notamment les assureurs pour qursquoils incitent leurs clients agrave rendre leurs biens plus reacutesilients

Il nrsquoexiste pas agrave ce jour de norme ou drsquoeacutetiquette laquo reacutesilience des bacirctiments raquo La reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute hors des PPRN en particulier neacutecessite donc tout particuliegraverement la formation des diffeacuterents intervenants (architectes ingeacute-nieurs en geacutenie civil entrepreneurs) en matiegravere de conception et de prise en compte des pheacutenomegravenes climatiques et geacuteologiques et de deacutefinition des regravegles de construction sur la base de bonnes pratiques ou de la documentation existante (ex reacutefeacuterentiel de travaux de preacutevention du risque drsquoinondation dans lrsquohabitat

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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existant 16) Elle relegraveve eacutegalement drsquoune implication des proprieacutetaires qui doivent agir personnellement afin de reacuteduire la vulneacuterabiliteacute de leurs biens et ecirctre precircts dans certains cas agrave consentir agrave un coucirct suppleacutementaire Ces bonnes pratiques peuvent tout particuliegraverement ecirctre mises en œuvre lors drsquoopeacuterations drsquoameacutelio-ration de lrsquohabitat et de renouvellement urbain Elles seraient mieux encoura-geacutees avec un accompagnement accru en particulier apregraves une catastrophe ou un retour concret au travers des coucircts drsquoassurance par exemple La meilleure reconstruction suite agrave une catastrophe reste un enjeu majeur

La reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute des reacuteseaux constitue eacutegalement un axe fort de la preacutevention compte tenu de la deacutependance croissante des populations et de lrsquoeacuteconomie vis-agrave-vis des reacuteseaux de transports drsquoeacutenergie de teacuteleacutecommuni-cations drsquoeau et drsquoassainissement Au-delagrave des dommages purement mateacute-riels les dysfonctionnements induits en cas drsquoincident se reacutepercutent sur les activiteacutes et les eacutechanges qui en sont tributaires drsquoautant plus que les reacuteseaux sont interconnecteacutes entre eux une coupure drsquoeacutelectriciteacute peut compromettre lrsquoassainissement et la distribution de lrsquoeau une coupure de tronccedilon de route peut gecircner les services de secours Le coucirct drsquoune crue centennale en Icircle-de-France pourrait par exemple srsquoeacutelever agrave 30 milliards drsquoeuros selon lrsquoOrganisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques (OCDE) compte tenu notam-ment des coucircts indirects dont ceux lieacutes au dysfonctionnement des reacuteseaux Plusieurs initiatives ont eacuteteacute prises dans certains territoires On peut citer en Icircle-de-France la deacuteclaration drsquointention afin de reacuteduire la vulneacuterabiliteacute des reacuteseaux en cas drsquoinondation signeacutee en avril 2016 avec les opeacuterateurs de reacuteseau dans les domaines de lrsquoeacutenergie des teacuteleacutecommunications de lrsquoeau de lrsquoassainisse-ment et des transports et les collectiviteacutes compeacutetentes

16 httpwwwcohesion-territoiresgouvfrIMGpdfreferentielinondation_-definitions_et_domaine_d_appli-cation-pdf

Le Grand prix drsquoameacutenagement laquo Comment bacirctir en terrains inondables

constructibles raquo

Dans la suite de lrsquoadoption de la strateacutegie nationale de gestion des risques drsquoinondation (SNGRI) avec lrsquoobjectif essentiel pour les populations laquo mieux vivre en zone inondable raquo en 2014 un grand concours international drsquoar-chitecture adapteacute aux terrains inondables constructibles a eacuteteacute organiseacute Ceci a montreacute qursquoil est possible de construire sur de tels terrains degraves lors que les populations qui y habitent ou y travaillent ne sont pas mises en danger et que leurs biens ne risquent pas drsquoecirctre endommageacutes par lrsquoeau au moment du passage de la crue ou des remonteacutees de nappes Cette deacutemarche met ainsi en avant des projets innovants en quartiers

Encadreacute 10

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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inondables constructibles dans le respect des reacuteglementations drsquourba-nisme et de preacutevention des risques permettant drsquoatteindre les objectifs de la strateacutegie nationale de gestion des risques drsquoinondation en compleacute-mentariteacute avec les autres politiques publiques

Lors de la premiegravere eacutedition en 2015 vingt-deux projets laureacuteats ont eacuteteacute primeacutes comme celui de la reconversion des anciennes usines Matra agrave Romorantin-Lanthenay qui a montreacute toute sa pertinence par sa reacutesilience lors des inondations en juin 2016

En 2016 une deuxiegraveme session a eacuteteacute eacutelargie aux projets en cours de conception ou portant simplement sur des dispositifs constructifs Dix projets ont eacuteteacute ainsi retenus Le jury srsquoest attacheacute agrave observer drsquoabord lrsquoexemplariteacute la meacutethode lrsquoapproche inteacutegreacutee et le rapport aux usages Un nouvel appel agrave projets est preacutevu en 2019

Le palmaregraves 2016 et la plaquette des projets laureacuteats sont consultables sur le site Internet du ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement httpswwwecologique-solidairegouvfrlaureats-du-grand-prix-damena-gement-comment-mieux-batir-en-terrains-inondables-constructibles

Figure D10 Romorantin-Lanthenay lors de la crue de juin 2016

copy Ville de Romorantin-Lanthenay

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Preacuteparer et geacuterer la crise

Le risque zeacutero nrsquoexiste pas Quelles que soient lrsquoimportance et lrsquoefficaciteacute des mesures preacuteventives les pouvoirs publics ont le devoir une fois lrsquoeacutevaluation des risques eacutetablie drsquoorganiser les moyens de secours neacutecessaires pour faire face aux crises Cette organisation neacutecessite un partage eacutequilibreacute des compeacutetences entre lrsquoEacutetat et les collectiviteacutes territoriales

En cas de crise le Premier ministre dispose de la Cellule interministeacuterielle de crise (CIC) qursquoil active en fonction des neacutecessiteacutes La CIC assure la gestion strateacutegique de la crise au niveau gouvernemental Elle organise agrave cette fin une centralisation et une synthegravese des informations en provenance des diffeacuterents ministegraveres impli-queacutes Elle reccediloit eacutegalement les informations en provenance des preacutefets de deacutepar-tement et de zone de deacutefense et de seacutecuriteacute En son sein elle dispose drsquoorganes interministeacuteriels respectivement chargeacutes de lrsquoanalyse et de lrsquoanticipation de la communication gouvernementale et de la logistique interministeacuterielle de crise

Le ministegravere de lrsquoInteacuterieur est eacutegalement un acteur de premier plan pour la preacutepa-ration et la gestion des crises ainsi que lrsquoorganisation des compeacutetences des col-lectiviteacutes locales En cas de crise le ministre de lrsquointeacuterieur srsquoappuie sur le Centre opeacuterationnel de gestion interministeacuterielle des crises (COGIC) de la Direction geacuteneacute-rale de la seacutecuriteacute civile et de la gestion des crises (DGSCGC) Le COGIC assure un suivi permanent permettant de renseigner les autoriteacutes sur tout eacuteveacutenement de seacutecuriteacute civile jugeacute important par son ampleur par sa speacutecificiteacute ou son impact meacutediatique Il est en mesure drsquoassurer la gestion et la coordination drsquoune crise de niveau national Il assure une partie dans son domaine particulier de la per-manence de la capaciteacute de reacuteponse de lrsquoEacutetat en eacutetroite coordination si neacuteces-saire avec la CIC Dans ce cadre le COGIC assure son rocircle de synthegravese des informations de la chaicircne territoriale dans le domaine du laquo meacutetier seacutecuriteacute civile raquo Il srsquoassure de la transmission des deacutecisions de la CIC aux Zones de deacutefense et de seacutecuriteacute (ZDS) Enfin le COGIC est le point drsquoentreacutee des demandes drsquoaides du meacutecanisme europeacuteen de protection civile via le Centre europeacuteen de reacuteponse des crises (ERCC) Le COGIC peut ecirctre redeacuteployeacute geacuteographiquement dans le cadre du plan de continuiteacute drsquoactiviteacute en particulier en deacuteployant le Module drsquoappui et de gestion de crise (MAGEC) sur un site approprieacute

Les diffeacuterents ministegraveres srsquoappuient sur leurs services deacuteconcentreacutes sous lrsquoeacutegide des preacutefets

Dans sa commune le maire est responsable de lrsquoorganisation des secours de premiegravere urgence et est agrave mecircme de mettre en œuvre le Plan communal de sauve-garde (PCS) Ce plan qui srsquoappuie sur les informations contenues dans le Dossier drsquoinformation communal sur les risques majeurs (DICRIM) deacutetermine en fonc-tion des risques connus les mesures immeacutediates de sauvegarde et de protec-tion des personnes fixe lrsquoorganisation neacutecessaire agrave la diffusion de lrsquoalerte et des consignes de seacutecuriteacute recense les moyens disponibles et deacutefinit la mise en œuvre des mesures drsquoaccompagnement et de soutien agrave la population

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Le PCS est obligatoire dans les communes doteacutees drsquoun PPRN approuveacute ou situeacutees dans le champ drsquoapplication drsquoun plan particulier drsquointervention (en cas drsquoinstal-lations industrielles ou de certains ameacutenagements hydrauliques) En cas de sur-venance drsquoune catastrophe ce plan integravegre les moyens de la commune dans le dispositif de gestion aux cocircteacutes des autres intervenants (secours publics asso-ciationshellip) Lrsquoeacutelaboration des PCS reste un enjeu fort le nombre de PCS eacutetant encore tregraves infeacuterieur agrave celui du nombre de communes couvertes par un PPRN environ 8 000 PCS contre 15 500 PPRN

Dans les communes concerneacutees par un PPRN le maire est eacutegalement tenu drsquoin-former ses administreacutes des risques auxquels la commune est exposeacutee au moins une fois tous les deux ans Cette information est deacutelivreacutee avec lrsquoassistance des services de lrsquoEacutetat compeacutetents agrave partir des informations relatives au risque que le preacutefet transmet au maire La mobilisation des maires pour porter les messages de sensibilisation est donc particuliegraverement importante

Lorsque lrsquoorganisation des secours revecirct une ampleur ou une nature particuliegravere elle fait lrsquoobjet dans chaque deacutepartement et dans chaque zone de deacutefense et en mer drsquoun dispositif organisant la reacuteponse de seacutecuriteacute civile (ORSEC loi de moder-nisation de la Seacutecuriteacute civile du 13 aoucirct 2004) Le dispositif ORSEC (Organisation

Figure D11 ndash Scheacutema de fonctionnement des diffeacuterentes instances de gestion de crise du ministegravere de lrsquoInteacuterieur

Source httpwwwreseau-canopefrrisquesetsavoirsla-gestion-des-criseshtml

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de la reacuteponse de la Seacutecuriteacute civile) deacutepartemental est arrecircteacute par le preacutefet et deacuteter-mine compte tenu des risques existants dans le deacutepartement lrsquoorganisation geacuteneacuterale des secours et recense lrsquoensemble des moyens publics et priveacutes sus-ceptibles drsquoecirctre mis en œuvre Il comprend des dispositions geacuteneacuterales applicables en toutes circonstances et drsquoautres propres agrave certains risques particuliers iden-tifieacutes dont les risques naturels ou lieacutes agrave lrsquoexistence et au fonctionnement drsquoins-tallations ou drsquoouvrages deacutetermineacutes

Le dispositif ORSEC de zone est mis en œuvre en cas de catastrophe affectant au moins deux deacutepartements de la mecircme zone de deacutefense ou rendant neacutecessaire la mise en œuvre de moyens deacutepassant le cadre deacutepartemental Le dispositif Orsec maritime deacutecline ces principes pour les risques existants en mer

Le dispositif ORSEC preacutevoit notamment que les eacutetablissements drsquoenseignement des premier et second degreacutes font partie des eacutetablissements recevant du public devant srsquoauto-organiser en cas drsquoeacuteveacutenement majeur les affectant Par conseacutequent chaque eacutetablissement drsquoenseignement doit prendre en compte les risques preacutevi-sibles auxquels il est exposeacute et deacuteterminer les mesures neacutecessaires pour assurer la mise en sucircreteacute des eacutelegraveves et des personnels en cas drsquoaccident majeur Cela passe par un Plan particulier de mise en sucircreteacute (PPMS) eacutelaboreacute par le chef drsquoeacuteta-blissement et qui doit faire lrsquoobjet drsquoun exercice annuel speacutecifique Les PPMS mecircme srsquoils se distinguent des diffeacuterents plans de secours peuvent ecirctre articu-leacutes avec le dispositif ORSEC et avec le PCS pour les communes qui en disposent

Encadreacute 11

Retour sur la saison cyclonique 2017 aux Antilles

Le cyclone Irma drsquoune ampleur exceptionnelle (287 kmh enregistreacute) a frappeacute de maniegravere diffeacuterencieacutee une grande partie des icircles de la Caraiumlbe du 30 aoucirct au 12 septembre 2017 et plus particuliegraverement deacutebut sep-tembre les icircles de Saint-Martin et Saint-Bartheacutelemy Des vents de plus de 300 kmh se sont abattus sur les deux icircles pendant plusieurs heures pro-voquant des pheacutenomegravenes de submersion marine eacutepisode suivi drsquoun deu-xiegraveme cyclone Joseacute le 9 septembre qui passera agrave proximiteacute immeacutediate des icircles sans y entraicircner de dommages majeurs Puis du 18 au 19 sep-tembre crsquoest au tour du cyclone Maria drsquoimpacter la Guadeloupe

Sur la base des preacutevisions de Meacuteteacuteo-France lrsquoalerte cyclonique violette qui preacutevoit le confinement de populations et lrsquointerdiction totale de circu-ler a eacuteteacute deacuteclencheacutee Lrsquoanticipation du pheacutenomegravene srsquoest appuyeacutee notam-ment sur lrsquoutilisation du PPRN pour organiser lrsquoeacutevacuation drsquoune partie de la population avant le passage drsquoIrma agrave Saint-Martin

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Lrsquoanticipation facteur essentiel du deacutebut de la gestion de crise caracteacuteriseacutee par une mobilisation plusieurs jours avant lrsquoarriveacutee dlsquoIrma (phase anticipation)

Suivi par les services de la preacutefecture de la zone Antilles lrsquoouragan Irma a attireacute lrsquoattention des autoriteacutes bien avant la date drsquoimpact preacutevisionnel (6 septembre)

Ainsi degraves le 1er septembre la DGSCGC a eacuteteacute preacute-alerteacutee par lrsquoEacutetat-major Interministeacuteriel de la zone Antilles des hypothegraveses de trajectoire dont la plus deacutefavorable a orienteacute la deacutecision de preacutepositionner avant lrsquoarriveacutee du pheacutenomegravene des moyens de seacutecuriteacute civile dans les icircles du Nord ndash une mission drsquoappui en situation de crise composeacutee de cinq personnes au service de la preacutefegravete deacuteleacutegueacutee agrave Saint-Martin ndash un deacutetachement drsquointervention laquo cyclone raquo des formations militaires de la seacutecuriteacute civile composeacute de cinquante-sept personnes deacuteployeacute agrave Saint-Martin et Saint-Bartheacutelemy

Degraves le 4 septembre soixante-deux sapeurs-sauveteurs eacutetaient deacuteployeacutes avant lrsquoimpact drsquoIRMA sur les icircles du Nord en renfort des moyens locaux

Une reacuteponse post-cyclonique Irma adapteacutee agrave la survenance des ouragans Joseacute et Maria (phases de monteacutee en puissance et drsquoanticipation)

En appui des remonteacutees drsquoinformations sur lrsquoeacutetendue des deacutegacircts dans les zones impacteacutees mais eacutegalement compte tenu de lrsquoarriveacutee des deux autres ouragans Joseacute (9 septembre) et Maria (18 septembre) la reacuteponse opeacuterationnelle de seacutecuriteacute civile a alterneacute entre lrsquoanticipation et la mon-teacutee en puissance en srsquoarticulant autour de

lrsquoengagement drsquoun deacutetachement de seacutecuriteacute civile composeacute de dix per-sonnes pour mettre en œuvre et activer une plateforme logistique en Guadeloupe

lrsquoengagement de trois deacutetachements laquo cyclone raquo en reacuteponse au cyclone Irma un deacutetachement des formations militaires de la seacutecuriteacute civile (soixante-deux personnes) deux deacutetachements de sapeurs-pompiers territoriaux (Icircle-de-France et Sud respectivement soixante et soixante-six personnes)

le deacuteploiement drsquoune mission drsquoappui en situation de crise au service de lrsquoEacutetat-major interministeacuteriel de la zone Antilles (cinq personnes)

la mise en place drsquoune mission drsquoappui en situation de crise (cinq per-sonnes) au service de la preacutefecture de Guadeloupe

la mise en place drsquoun groupe de commandement (cinq personnes) au service des icircles du Nord

Par ailleurs lrsquoapproche de Maria identifieacutee degraves le 15 septembre a motiveacute le deacuteploiement de renforts suppleacutementaires en Guadeloupe

en anticipation lrsquoengagement drsquoun deacutetachement des formations mili-taires de la seacutecuriteacute civile de plus de 100 sapeurs-sauveteurs

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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en reacuteponse lrsquoengagement de deux deacutetachements composeacutes de sapeurs-pompiers et de militaires soit plus de 160 personnes

Au plus fort de la crise ce sont pregraves de 550 sapeurs-pompiers et mili-taires de la seacutecuriteacute civile qui eacutetaient deacuteployeacutes dans les diffeacuterentes icircles des Antilles Plus de 610 personnes ont servi en cumuleacute sur cette opeacuteration

Lrsquoaccompagnement vers la reconstruction (phase de reacute-articulation)

La phase drsquourgence eacutetant passeacutee une reacute-articulation (sortie de crise) pre-nant en compte un deacutesengagement partiel des moyens de seacutecuriteacute civile srsquoest opeacutereacutee agrave compter du 4 octobre

Un deacutetachement des formations militaires de la seacutecuriteacute civile de 57 puis 40 militaires de la seacutecuriteacute civile a eacuteteacute maintenu agrave Saint-Martin jusqursquoau 15 deacutecembre

Les opeacuterations reacutealiseacutees

Les diffeacuterents deacutetachements engageacutes ont œuvreacute dans le domaine des missions drsquoassistance agrave la population suite au passage drsquoun ouragan

Les opeacuterations se sont neacuteanmoins concentreacutees sur la satisfaction des besoins primaires eau (39 millions de litres drsquoeau distribueacutes eacutequiva-lent agrave une piscine olympique) et nourriture (34 150 rations et 353 tonnes de denreacutees distribueacutees)

Pour autant les deacutetachements ont eacutegalement eacuteteacute engageacutes dans les mis-sions habituelles inheacuterentes agrave ce type de catastrophe

mise hors drsquoeau de bacirctiments soit environ 50 000 m2 de toitures bacirccheacutees 29 kilomegravetres de routes deacutegageacutes aide agrave la reconstruction soit cinquante-cinq actions de seacutecurisation et

de reacutehabilitation drsquoeacutetablissements scolaires sept actions de reacutehabilita-tion de centres commerciaux et entreprises

Les conseacutequences eacuteconomiques ont eacuteteacute estimeacutees agrave presque 2 Mdseuro 17 pour les biens assureacutes dans le cadre du reacutegime CatNat ce qui en fait lrsquoun des eacuteveacutenements les plus coucircteux depuis la creacuteation du reacutegime de catastrophes naturelles Le controcircle de la construction et la reacutesilience des reacuteseaux sont au cœur drsquoune reconstruction moins vulneacuterable et de la mission confieacutee au deacuteleacutegueacute interministeacuteriel agrave la reconstruction nommeacute par le Gouvernement

17 Les catastrophes naturelles en France Bilan 1982-2017 CCR

En dehors des enjeux de mise en seacutecuriteacute des populations drsquoautres probleacutema-tiques sont agrave consideacuterer en matiegravere de gestion de crise La gestion des deacutechets par exemple et leur traitement en situation de crise et post-crise est un enjeu fort tant pour des questions de santeacute publique que de retour agrave la normale des

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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territoires sinistreacutes Une catastrophe climatique est susceptible de geacuteneacuterer de grandes quantiteacutes de deacutechets dont la gestion doit ecirctre assureacutee malgreacute les per-turbations engendreacutees par la catastrophe Les reacutecentes inondations survenues en 2016 et 2018 sur le bassin de la Seine ont rappeleacute une fois encore la neacuteces-siteacute de prendre en compte cet aspect dans la politique de preacutevention Le cadre leacutegislatif et reacuteglementaire de la planification des deacutechets actuellement en vigueur preacutevoit drsquoailleurs que les Plans de preacutevention et de gestion des deacutechets non dan-gereux et dangereux comprennent des mesures permettant drsquoassurer la gestion des deacutechets en situations exceptionnelles notamment celles susceptibles de perturber la collecte et le traitement des deacutechets Plusieurs guides existent pour accompagner les collectiviteacutes et promouvoir les bonnes pratiques en la matiegravere

Srsquoameacuteliorer sur la base des retours drsquoexpeacuterience

Apregraves la gestion de crise drsquoune catastrophe vient la reconstruction Crsquoest la peacuteriode la plus difficile la plus longue et la moins sensationnelle Succeacutedant agrave la gestion de crise tant suivie par les meacutedias la reconstruction srsquoinstalle et laquo fait oublier raquo la catastrophe Pour autant crsquoest une phase cruciale pour assurer la reacutesilience du territoire

Lorsque la catastrophe arrive elle fait ressortir les laquo racines profondes raquo de la vulneacute-rabiliteacute du territoire Le Pressure and Release Model (Blaikie et al 1994 fig D12) lie les causes profondes aux dynamiques territoriales et aux conditions de vie actuelles pour comprendre la catastrophe lrsquoaleacutea agit comme un reacuteveacutelateur des vul-neacuterabiliteacutes inheacuterentes aux territoires Le rapport du preacutefet Philippe Gustin pour la reconstruction de Saint-Martin et de Saint-Bartheacutelemy (2017) signalait ainsi qursquolaquo il est neacutecessaire de rappeler agrave titre preacuteliminaire quelques eacuteleacutements factuels relatifs agrave Saint-Martin et Saint-Bartheacutelemy Les speacutecificiteacutes politiques territoriales cultu-relles et administratives de ces icircles preacutesentent un caractegravere si particulier qursquoelles auront neacutecessairement un impact sur les ambitions porteacutees pour leur reconstruc-tion raquo Tout le long de ce rapport les difficulteacutes endeacutemiques aux deux collectiviteacutes et leurs caracteacuteristiques intrinsegraveques qui sont rendues visibles pendant la phase de reconstruction sont rappeleacutees Ceci fait eacutecho aux propos de la mission inter-ministeacuterielle montrant qursquoil srsquoagit bien plus que drsquoune reconstruction mais drsquoune laquo refondation raquo des icircles du Nord Ainsi la reconstruction ne relegraveve pas seulement drsquoune reconstruction agrave lrsquoidentique ou drsquoune question technique mais elle neacuteces-site aussi de prendre en compte les questions socio-eacuteconomiques pour laquo refon-der raquo des territoires plus reacutesilients

La vulneacuterabiliteacute est un concept eacutevolutif penser lrsquoapregraves-catastrophe permet drsquoagir sur ces laquo causes profondes raquo de la vulneacuterabiliteacute et de deacutevier de la trajectoire de vulneacuterabiliteacute Cela augmente donc la reacutesilience agrave terme du territoire Cependant pour ecirctre efficace il faut savoir exploiter les opportuniteacutes et maicirctriser la gestion des fonds de maniegravere agrave ne pas creuser les ineacutegaliteacutes mais agrave les reacuteduire surtout dans des territoires tregraves exposeacutes Les enjeux pour passer du laquo deacutesastre au deacuteve-loppement raquo sont ainsi eacutetroitement lieacutes (Moatty et al 2017)

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Il srsquoagit donc de mieux appreacutehender la reconstruction pour exploiter la laquo fenecirctre drsquoopportuniteacute raquo qursquoelle ouvre tout en anticipant assez pour y inteacutegrer une phase laquo drsquoeacutethique preacuteventive raquo 18 (preacutevenir la reconstruction laquo phase preacuteventive raquo tout en y inteacutegrant des mesures pour reacuteduire les vulneacuterabiliteacutes et donc aussi les ineacutega-liteacutes environnementales 19 laquo phase eacutethique raquo) Anticiper notamment en construi-sant un document de cadrage permettrait agrave la fois drsquoeacuteviter de mal reconstruire et drsquoexploiter la fenecirctre drsquoopportuniteacute au mieux mais aussi drsquoagir sur les causes profondes de la vulneacuterabiliteacute afin de ne pas geacuteneacuterer davantage drsquoineacutegaliteacutes envi-ronnementales apregraves la catastrophe Au Japon par exemple un plan drsquoanticipa-tion de la reconstruction en cas drsquoeacuteruption du mont Fuji a eacuteteacute eacutelaboreacute en 2001 et ce agrave lrsquoeacutechelle nationale

De cette maniegravere on agit aussi sur les causes de la maladaptation agrave long terme

Le processus de reconstruction drsquoun point de vue institutionnel peut ecirctre deacutefini comme lrsquoeacutelaboration par les gestionnaires et deacutecideurs (bailleurs de fonds ser-vices de lrsquoEacutetat eacutelus et institutions) de politiques strateacutegies et programmes drsquoac-tions agrave destination des acteurs locaux (eacutelus locaux populations et associations) pour leur donner les moyens drsquoaccompagner le relegravevement des individus restau-rer lrsquoaccessibiliteacute du territoire et de reacuteduire les risques (Moatty 2015) Lrsquoenjeu majeur de la preacutevention des risques est de poursuivre et renforcer encore la mobi-lisation de lrsquoensemble des acteurs et des parties prenantes Au regard des enjeux du changement climatique des voies drsquoameacutelioration concregravetes se deacutegagent alors

La meilleure reacutesilience 20 des bacirctiments notamment lors de la reconstruc-tion apregraves catastrophe Dans la mesure ougrave il est difficilement envisageable de mettre en place agrave lrsquoheure actuelle une norme laquo reacutesilience des bacirctiments raquo drsquoautres outils devront ecirctre mobiliseacutes outre lrsquoexemplariteacute et la peacutedagogie Cela pourrait passer par des incitations eacuteconomiques ou financiegraveres qui pour-raient relever soit du reacutegime assurantiel soit drsquoun soutien adapteacute du FPRNM Agrave ce jour et crsquoest indispensable lrsquoaction publique est prioriseacutee sur les zones agrave plus fort enjeux que sont les territoires soumis agrave PPRN La question pourrait se poser drsquoun accompagnement cibleacute pour ameacuteliorer la reacutesilience de territoires qui nrsquoont pas vocation agrave ecirctre couverts par un PPR une deacutemarche en ce sens a eacuteteacute engageacutee dans le cadre des PAPI (chapitre laquo Exemples de mise en œuvre raquo) Des mesures ou soutiens speacutecifiques pourraient aussi permettre une meil-leure reconstruction apregraves sinistre Lrsquoaccompagnement par les assureurs des particuliers et des entreprises en termes de conseil pour des reconstructions plus reacutesilientes est une voie qui se met progressivement en place Srsquoagissant de lrsquoaccompagnement financier les taux et conditions drsquoutilisations actuels du FPRNM pour des travaux de reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute preacutevus dans un PPRN laissent un reste agrave charge pour les particuliers Une expertise pourrait conduire

18 Lrsquoeacutethique preacuteventive est un ensemble de mesures permettant la prise en compte de lrsquoaleacutea dans le zonage de la reconstruction le respect des normes preacuteventives de la reconstruction et la mise en place de mesures de gestion drsquoune prochaine crise (alerte eacutevacuation etc) (Vinet et al 2011)

19 La notion drsquoineacutegaliteacutes environnementales deacutesigne des situations dans lesquelles les vulneacuterabiliteacutes envi-ronnementales sont indissociables des vulneacuterabiliteacutes sociales (Taylor 2000 tireacute de Claeys et al 2017)

20 Voir glossaire

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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agrave srsquointerroger sur le niveau de ce soutien et au besoin agrave envisager une reacutevi-sion des taux actuels pour les rendre plus attractifs et que srsquoenclenche une dynamique de diagnostics et de travaux de reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute du bacircti Enfin la reacuteponse agrave certains aleacuteas pour lesquels aucune protection inteacutegrale ne peut se concevoir demandera encore un travail particulier sur la reacutesilience des bacirctiments crsquoest le cas en matiegravere de risque cyclonique Si le retour drsquoex-peacuterience sur le cyclone Irma tend agrave montrer que les constructions parasis-miques ont mieux reacutesisteacute (toiture excepteacutee) agrave lrsquoouragan il reste sans doute agrave mieux deacutefinir ce que serait une construction paracyclonique et agrave apporter des reacuteponses agrave lrsquohabitat illeacutegal

La transformation des territoires les plus exposeacutes aux effets du changement

climatique Lrsquoapprobation de PPRN les mesures de reacuteduction de la vulneacuterabi-liteacute les approches en termes de programme drsquoaction comme les PAPI sur des peacuterimegravetres aussi pertinents que possible au regard de lrsquoaleacutea ont consolideacute au cours des derniegraveres deacutecennies une politique de preacutevention des risques natu-rels partenariale qui apporte eacutegalement des reacuteponses aux enjeux du change-ment climatique La reacuteponse au recul du trait de cocircte en fournit un exemple (encadreacute 15)

Chaque catastrophe naturelle constitue une occasion de progresser dans la preacute-vention et de rechercher comment creacuteer les conditions neacutecessaires agrave la diminu-tion du risque pour lrsquoavenir Le retour drsquoexpeacuterience permet de tirer les leccedilons drsquoune action et drsquoaffiner la connaissance des pheacutenomegravenes

Au niveau national le ministegravere de lrsquointeacuterieur assure la synthegravese et la diffusion au niveau national des retours drsquoexpeacuterience reacutealiseacutes sous lrsquoautoriteacute du repreacutesen-tant de lrsquoEacutetat apregraves tout recours au dispositif Orsec qursquoil srsquoagisse drsquoun eacuteveacutene-ment reacuteel ou drsquoun exercice

Le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement analyse tout particuliegraverement ces retours drsquoexpeacuteriences de maniegravere agrave

centraliser au mieux et analyser les donneacutees relatives aux catastrophes (mani-festations du pheacutenomegravene chronologie)

constituer des pocircles de compeacutetences pour aider les territoires impacteacutes agrave ameacuteliorer la preacutevention des risques et leur reacutesilience et agrave reacuteduire les dommages

assurer la diffusion des enseignements tireacutes de lrsquoanalyse des pheacutenomegravenes et des catastrophes survenus en France ou agrave lrsquoeacutetranger

Concernant le risque inondation les services de preacutevision des crues des Dreal et le Schapi ont en charge de capitaliser la connaissance locale sur les cours drsquoeau et les eacuteveacutenements extrecircmes survenus par le passeacute Ils peuvent assister les autoriteacutes locales dans la pose de repegraveres de crues sur des bacirctiments ou des ouvrages caracteacuteristiques

Les eacuteveacutenements majeurs font lrsquoobjet de retours drsquoexpeacuterience interministeacuteriels Le Conseil geacuteneacuteral de lrsquoenvironnement et du deacuteveloppement durable (CGEDD) placeacute directement aupregraves du ministre chargeacute de lrsquoenvironnement contribue aux rap-ports de mission drsquoexpertise sur des eacuteveacutenements majeurs tels que les tempecirctes

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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de 1999 et plus reacutecemment les inondations de la Seine en 2016 et 2018 Des reacuteflexions sont en cours pour capitaliser au mieux ces retours drsquoexpeacuterience dans un format plus systeacutematique qui en faciliterait lrsquoanalyse

Par ailleurs le ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement soutient et participe agrave lrsquoor-ganisation de manifestations commeacutemoratives au niveau local (crue de 1910) et aux actions engageacutees par les associations en faveur de la capitalisation de la meacutemoire des eacuteveacutenements

Encadreacute 12

La vigilance meacuteteacuteorologique un processus drsquoameacutelioration continue

Le dispositif de vigilance meacuteteacuteorologique encadreacute par une circulaire inter-ministeacuterielle (ministegravere de lrsquoInteacuterieur et ministegravere de la Transition eacutecolo-gique et solidaire) est opeacutereacute et diffuseacute par Meacuteteacuteo-France via de nombreux meacutedias de communication Crsquoest une proceacutedure drsquoavertissement de la popu-lation des autoriteacutes et des meacutedias sur le risque drsquooccurrence de pheacuteno-megravenes meacuteteacuteorologiques et hydrologiques dangereux dans les 24 heures agrave venir Chaque jour elle est actualiseacutee plusieurs fois systeacutematiquement agrave 6 heures et 16 heures et autant que neacutecessaire en cas de changement de niveau de risque

La carte de vigilance est produite en coopeacuteration avec Santeacute publique France pour ce qui concerne la canicule et avec le Service hydrographique et oceacuteanographique de la Marine (SHOM) pour lrsquoaleacutea vagues-submersion Elle est articuleacutee avec Vigicrues pour les aleacuteas pluie-inondation et inondation

En cas de risque marqueacute niveau de vigilance orange voire rouge la carte srsquoaccompagne de bulletins nationaux et reacutegionaux Ces bulletins preacutecisent les zones concerneacutees par le ou les aleacuteas la temporaliteacute et lrsquointensiteacute des pheacutenomegravenes attendus ou en cours

Au fil des anneacutees et des retours drsquoexpeacuterience sur les eacuteveacutenements clima-tiques majeurs le dispositif de vigilance a eacutevolueacute et srsquoest enrichi pour mieux informer la population et fournir les conseils de bons comporte-ments en cas de pheacutenomegravene meacuteteacuteorologique dangereuxndash La vigilance de Meacuteteacuteo-France a eacuteteacute creacuteeacutee suites aux tempecirctes Martin et Lothar de 1999 Un des constats suite agrave ces catastrophes eacutetait qursquoune meilleure information de la population aurait pu limiter les conseacutequences dramatiques de ces eacuteveacutenements (140 victimes pour lrsquoensemble de lrsquoEu-rope dont 92 pour la France meacutetropolitaine) Mise en place en 2001 pour cinq aleacuteas meacuteteacuteorologiques en meacutetropole (vent violent fortes preacutecipita-tions orages neige-verglas avalanches) la vigilance est conccedilue pour une eacutechelle deacutepartementale adapteacutee aux structures de planification et de gestion des crises et selon 4 niveaux de couleurs correspondant agrave des

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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niveaux de risque (vert jaune orange rouge) Elle est articuleacutee avec les dispositifs drsquoalerte (ORSEC) mis en œuvre par les autoriteacutes deacutepartemen-tales et municipales (preacutefet mairehellip)ndash En 2004 les aleacuteas canicule et grand froid sont ajouteacutes suite notam-ment agrave la canicule de lrsquoeacuteteacute 2003ndash Pour prendre en compte les conseacutequences hydrologiques des fortes preacutecipitations les fortes pluies ont eacuteteacute remplaceacutees en 2007 par le risque laquo pluie-inondation raquo (risque de fortes pluies etou drsquoinondations associeacutees) Cela a eacutegalement permis de relayer le niveau de vigilance de Vigicrues dans la vigilance meacuteteacuteorologique

En octobre 2011 un an et demi apregraves la tempecircte Xynthia la vigilance laquo vagues-submersion raquo a compleacuteteacute le dispositif

Depuis 2016 la chronologie de la vigilance est accessible pour chaque deacutepartement Cela permet de connaicirctre lrsquoeacutevolution temporelle de la cou-leur de la vigilance aleacutea par aleacutea

Le travail se poursuit pour produire la vigilance meacuteteacuteorologique agrave une eacutechelle infradeacutepartementale et eacutetendre sa validiteacute au lendemain Par ail-leurs la vigilance vague-submersion va ecirctre eacutetendue agrave lrsquooutre-mer

Figure D13 ndash Carte de vigilance meacuteteacuteorologique du 1er deacutecembre 2017

Source Meacuteteacuteo-France

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Des reacuteflexions autour de la reconstruction post-catastrophe ont deacutejagrave eacuteteacute meneacutees en France notamment dans le domaine de la geacuteographie lrsquoobjectif est drsquoen tirer une opportuniteacute preacuteventive Les inondations en France meacutetropolitaine par exemple ont fait lrsquoobjet de nombreux travaux en raison de leur occurrence et de la phase post-catastrophe qui suit

Projet RETINA (Irstea) laquo Reacutesilience des territoires face agrave lrsquoinondation pour une approche preacuteventive par lrsquoadaptation post-eacuteveacutenement raquo

Ce projet meneacute de 2013 agrave 2016 dans le cadre des projets Risque deacutecision ter-ritoire (RDT) du ministegravere chargeacute de lrsquoenvironnement cherchait agrave deacuteterminer comment proceacuteder aux diffeacuterentes phases post-catastrophe par des retours drsquoex-peacuterience sur les inondations dans le Var (1999) et dans lrsquoAude (2010) quel type drsquoadaptation pendant ces phases (reacuteparation reconstruction reacuteorganisation) Lrsquoideacutee eacutetait donc drsquoobserver lacuteadaptation pendant les phases de laquo reacutesolution des deacutesordres raquo et drsquoen tirer des enseignements

Projet RAITAP (Cerema) laquo Repenser lrsquoAction preacuteventive face au risque drsquoinonda-tion agrave une eacutechelle territoriale inteacutegrant lrsquoAction post-inondation raquo

Ce projet a donneacute des reacuteponses importantes pour mieux comprendre la recons-truction post-catastrophe

Lrsquoexistence drsquoune structure organisationnelle unique permet de prendre des deacutecisions rapidement et efficacement Cependant sa dureacutee nrsquoexcegravedant pas deux ans elle ne reacuteduit donc pas la vulneacuterabiliteacute agrave moyen terme

Lrsquoexistence drsquoune eacutequipe sur place restreinte permet de prendre des deacuteci-sions de reconstruction dans lrsquourgence bien que son efficience deacutepende des qualiteacutes personnelles des individus y travaillant

Srsquoil existe une dynamique de renouvellement urbain avant la catastrophe il est plus aiseacute de faire eacutevoluer le projet en partant de la deacutemarche preacute-existante plutocirct que de tout reconstruire

Il y a une meilleure acceptabiliteacute sociale de la reconstruction lorsque des vies sont exposeacutees agrave lrsquoaleacutea

Reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute et de lrsquoexposition aux risques exemples de mise en œuvre

Introduction

Devant lrsquoaugmentation preacutevisible des pheacutenomegravenes extrecircmes avec le changement climatique la reacuteduction des impacts sur les enjeux passera par la mise en œuvre de mesures sur lrsquoexposition et sur la vulneacuterabiliteacute

Le bon fonctionnement des eacutecosystegravemes est agrave lrsquoorigine drsquoune multitude de services eacutecosysteacutemiques constituant ainsi une des cleacutes pour une meilleure atteacutenuation et adaptation Il faut donc veiller agrave renforcer la reacutesilience des eacutecosystegravemes face au

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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changement climatique dans une logique de maximisation des synergies entre preacuteservation des eacutecosystegravemes et usages humains en anticipant les transforma-tions agrave venir et en privileacutegiant les solutions fondeacutees sur la nature partout ougrave cela est pertinent La preacuteservation la restauration et le renforcement des continuiteacutes eacutecologiques en srsquoappuyant sur la trame verte et bleue et les infrastructures agro-eacutecologiques le deacuteveloppement drsquoun reacuteseau coheacuterent connecteacute et repreacutesentatif drsquoaires proteacutegeacutees mettant en place une gestion adaptative la recomposition spa-tiale du littoral agrave des eacutechelles de territoire pertinentes en inteacutegrant les espaces arriegraveres littoraux et en respectant les cellules hydroseacutedimentaires la veacutegeacutetalisa-tion des espaces urbains la mise en place de techniques alternatives drsquoassai-nissement la proposition drsquoessences si possible locales mieux adapteacutees aux stations forestiegraveres et plus reacutesilientes au feu et de modes de gestion paysagegravere limitant la propagation du feu sont autant drsquoexemples de solutions fondeacutees sur la nature qui permettent drsquoaccroicirctre la reacutesilience du territoire

Le bacircti devra eacutegalement ecirctre adapteacute au changement climatique pour favoriser sa reacutesilience aux risques tant naturels que sanitaires dans un urbanisme inteacutegrant ce changement notamment en utilisant les labels existants voire des moyens reacutegle-mentaires En zone urbaine lrsquoimpact des vagues de chaleur deacutepend en grande partie des infrastructures en place de lrsquourbanisme du type drsquohabitat et des modes de vie De nombreuses villes sont confronteacutees au pheacutenomegravene drsquolaquo icirclot de chaleur urbain raquo (ICU) qui deacutesigne lrsquoexcegraves des tempeacuteratures de lrsquoair observeacute reacuteguliegravere-ment pregraves du sol dans les zones urbaines en comparaison avec les zones rurales qui les entourent Les maxima drsquointensiteacute de lrsquoICU peuvent aller de 2 degC pour une ville de 1 000 habitants jusqursquoagrave 12 degC pour une ville de plusieurs millions drsquoha-bitants (ONERC 2010) Srsquoappuyer sur des solutions urbanistiques et architectu-rales innovantes permettrait donc de lutter contre lrsquoeffet drsquoicirclot de chaleur urbain et de renforcer le confort du bacircti

La reacuteduction des risques drsquoinondation et de submersion entre dans cette approche dans le cadre des Plans de gestion du risque inondation dont les PAPI consti-tuent un outil et dont le troisiegraveme appel agrave projet met lrsquoaccent sur les milieux natu-rels particuliegraverement concerneacutes par la mise en œuvre de cette approche sur les mesures autres que les travaux de protection

Lrsquoexemple des Programmes drsquoaction de preacutevention des inondations (PAPI)

La preacutevention des risques naturels se fait agrave des eacutechelles emboicircteacutees Elle est parti-culiegraverement structureacutee pour le risque inondation ougrave lrsquoaction est meneacutee de lrsquoeacutechelle du bassin hydrographique agrave celle du bassin versant et jusqursquoau territoire agrave risque important drsquoinondation Ainsi le risque inondation est pris en compte de lrsquoamont agrave lrsquoaval des cours drsquoeau Pour tous les aleacuteas sont ainsi mis en coheacuterence

des logiques de protection qui peuvent ecirctre relativement eacuteloigneacutees geacuteographi-quement des enjeux (par exemple les barrages eacutecrecircteurs de crues)

des ameacutenagements des territoires au travers des PPR ou des PLU des reacuteductions de la vulneacuterabiliteacute des enjeux agrave lrsquoeacutechelle des bacirctiments des mesures qui touchent aux comportements des personnes

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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Agrave cet emboitement geacuteographique et institutionnel correspond la compleacutementa-riteacute des diffeacuterents outils La mise en place des Programmes drsquoaction de preacuteven-tion des inondations (PAPI) porteacutes par les collectiviteacutes locales est lrsquoillustration mecircme drsquoune deacutemarche eacutequilibreacutee et inscrite dans la dureacutee

Lrsquoappel agrave projets national permettant la labellisation et le subventionnement des PAPI par lrsquoEacutetat via le FPRNM existe depuis 2002 Il a eacuteteacute renouveleacute en 2011 puis en 2018 au travers de cahiers des charges agrave destination des collectiviteacutes locales porteuses

Lrsquoeacutelaboration des PAPI demande en premier lieu celle de strateacutegies locales sur un territoire pertinent vis-agrave-vis des risques drsquoinondation strateacutegie qui permet de deacutefinir un programme drsquoactions et drsquoopeacuterations agrave entreprendre Les engagements pris dans les PAPI de troisiegraveme geacuteneacuteration sont deacuteclineacutes en sept axes

axe 1 lrsquoameacutelioration de la connaissance et de la conscience du risque axe 2 la surveillance la preacutevision des crues et des inondations axe 3 lrsquoalerte et la gestion de crise axe 4 la prise en compte du risque inondation dans lrsquourbanisme axe 5 les actions de reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute des personnes et des

biens (obligatoire) axe 6 le ralentissement des eacutecoulements axe 7 la gestion des ouvrages de protection hydrauliques

Le dispositif est destineacute agrave tous les territoires agrave enjeux couverts par un PPR inon-dation exposeacutes aux inondations quelle qursquoen soit la nature (hors deacutebordements de reacuteseaux) et vise agrave assurer une prise en compte globale des diffeacuterents aleacuteas inondation auxquels peut ecirctre soumis le territoire

Les projets de PAPI doivent srsquoefforcer de mobiliser lrsquoensemble des axes de la gestion des risques drsquoinondation dans une gradation et un eacutequilibre qui varient drsquoun territoire agrave lrsquoautre Les travaux dimensionnant sur des ouvrages de protec-tion sont soumis agrave une analyse coucirct-beacuteneacutefice visant agrave eacutevaluer la pertinence des travaux preacutevus ou agrave une analyse multicritegravere pour les projets dont le montant est supeacuterieur agrave 5 millions drsquoeuros

La deacutemarche PAPI porte en premier lieu sur la gestion des risques drsquoinonda-tion tout en recherchant une coheacuterence avec les objectifs des autres politiques publiques mises en œuvre sur le territoire (ameacutenagement du territoire et deacutevelop-pement local preacuteservation des milieux naturels du patrimoine culturel qualiteacute de lrsquoeauhellip) Si le PAPI est porteacute par une collectiviteacute locale qui devrait ecirctre agrave terme une collectiviteacute exerccedilant la compeacutetence Gemapi le portage des actions est assureacute par les acteurs du territoire selon leur compeacutetence (collectiviteacutes territoriales ser-vices de lrsquoEacutetat particuliers entreprises)

Au 1er janvier 2018 159 PAPI et projets drsquoendiguements hors PAPI ont ainsi eacuteteacute labelliseacutes Ils repreacutesentent un total de 1 846 Meuro alloueacutes agrave la preacutevention des inon-dations dont 751 Meuro drsquoaide de lrsquoEacutetat principalement au titre du FPRNM Environ 67 millions drsquohabitants (40 de la population exposeacutee au risque) et 38 millions

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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drsquoemplois (plus de 40 des emplois exposeacutes au risque) beacuteneacuteficient de ces deacutemarches de preacutevention La masse la plus importante de deacutepense concerne les travaux sur les systegravemes drsquoendiguement (50 ) qui par nature sont les plus coucircteux On observe toutefois ces derniegraveres anneacutees qursquoune part croissante des deacutepenses est consacreacutee au ralentissement des eacutecoulements (axe 6) et agrave la mobi-lisation des fonctionnaliteacutes naturelles des milieux humides

Il srsquoagit de deacutemarches drsquoameacutenagement durable dont lrsquoinscription dans la dureacutee se justifie compte tenu des investissements envisageacutes et de la neacutecessiteacute de dis-poser drsquoun programme partageacute avec les diffeacuterentes parties prenantes La dureacutee drsquoeacutelaboration du PAPI est variable selon la maturiteacute du territoire (un agrave trois ans)La convention-cadre PAPI srsquoeacutetend au maximum sur six ans

Encadreacute 13

Lrsquoeacutelaboration du PAPI Breacutevenne-Turdine

Dans la continuiteacute du travail engageacute via le contrat de riviegravere le programme drsquoaction de preacutevention des inondations (PAPI) Breacutevenne-Turdine labelliseacute en 2013 a eu pour volonteacute de privileacutegier les solutions fondeacutees sur la nature et drsquoimpacter le moins possible les milieux naturels Le bassin ne compre-nant pas de digue agrave lrsquoorigine le choix a eacuteteacute fait de ne pas en construire Le programme ne comprenant pas drsquoouvrages de protection (axe 7) est ainsi baseacute sur le principe drsquoaccepter les deacutebordements lagrave ougrave il nrsquoy a pas drsquoenjeux et de revenir agrave un fonctionnement naturel des cours drsquoeau

La strateacutegie choisie a en effet miseacute sur la preacutevention du risque aupregraves de la population reacutealisation drsquoaction de communication (vulgarisation du PPRI organisation drsquoun salon tous les deux ans plan familial de mise en sucircreteacute reacutealisation de diagnostics de vulneacuterabiliteacute gratuits pour les habi-tants) sensibilisation des eacutelus qui assurent ensuite un rocircle de relais mise en place du reacuteseau laquo sentinelle raquo avec des habitants volontaires qui font remonter les informations ou alertes

Ainsi la vulneacuterabiliteacute du territoire a diminueacute mais crsquoest surtout la conscience du risque qui a beaucoup eacutevolueacute La concertation meneacutee notamment avec les riverains et acteurs agricoles dans une deacutemarche drsquoouverture et de discussion constructive et pas seulement informative a eacuteteacute un facteur deacuteterminant dans le choix des actions

Le syndicat a fait appel agrave un cabinet de meacutediation et a pu compter sur une forte implication des maires facilitant le lien avec les habitants Des eacutevo-lutions ont eacuteteacute apporteacutees au programme choix de deux ouvrages sur les cinq initiaux baisse de lrsquoimpact sur le foncier appui sur des mateacuteriaux natu-rels sur-inondation de zones pour proteacuteger lrsquoaval renforcement de lrsquoaction sur le ruissellement La faisabiliteacute des adaptations a ensuite eacuteteacute reveacuterifieacutee

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

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La deacutemarche exemplaire du PAPI pour les inondations est reproduite pour drsquoautres aleacuteas tels que les caviteacutes souterraines (non traiteacutees dans ce rapport) et les risques en montagne

Encadreacute 14

Les risques en montagne

Les risques en montagne preacutesentent des caracteacuteristiques geacuteophysiques et socio-eacuteconomiques speacutecifiques La geacuteographie de la montagne de par la pente et le relief conditionne fortement les pheacutenomegravenes naturels Les aleacuteas en preacutesence sont multiples (glissements de terrains laves torren-tielles crues avalancheshellip) soudains rapides (cineacutetique plus eacuteleveacutee en montagne qursquoen plaine) et souvent de forte intensiteacute Un mecircme terri-toire est couramment concerneacute par plusieurs pheacutenomegravenes Les reacuteflexions meneacutees dans le cadre des Assises nationales des risques naturels en deacutecembre 2013 ont conclu agrave la neacutecessiteacute de territorialiser davantage la gestion des risques en montagne dans une approche multirisque multi-acteur colleacutegiale et partenariale avec lrsquoEacutetat les eacutelus locaux la socieacuteteacute civile et lrsquoensemble des acteurs du territoire

Dans ce contexte lrsquoEacutetat souhaite soutenir lrsquoeacutemergence et la mise en œuvre de projets concerteacutes de preacutevention des aleacuteas de montagne sur des peacuteri-megravetres coheacuterents par lrsquointermeacutediaire des strateacutegies territoriales pour la preacutevention des aleacuteas de Montagne (STEPRIM) Un appel agrave projets a eacuteteacute ouvert en 2017 agrave lrsquoensemble des collectiviteacutes groupements de collectiviteacutes ou autres structures drsquointeacuterecirct public dont le peacuterimegravetre de compeacutetence est tout ou partie inclus dans les massifs montagneux franccedilais Il avait pour objectif drsquoinitier et drsquoencourager des deacutemarches pilotes de gestion inteacute-greacutee des risques naturels sur les territoires de montagne Il srsquoagissait de deacutefinir une strateacutegie deacuteclineacutee en programme drsquoactions opeacuterationnel pour atteindre des objectifs en termes drsquoameacutelioration de la connaissance et de la conscience des risques de preacutevision et de surveillance des risques drsquoalerte et de gestion de crise de prise en compte des risques dans lrsquour-banisme de reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute et de travaux de protection

Des exemples de reacutealisation sont rapidement preacutesenteacutes dans les pages suivantes deacutemontrant que de telles reacutealisations sont possibles

Des solutions urbanistiques et architecturales

Construction sur pilotis agrave Saint-Pierre-des-Corps pour lutter contre les inondations

Saint-Pierre-des-Corps a eacuteteacute laureacuteat du Grand Prix drsquoameacutenagement laquo Comment mieux bacirctir en terrains inondables constructibles raquo lanceacute le 16 janvier 2015 par

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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le ministegravere en charge de lrsquoeacutecologie et du logement et qui vise agrave promouvoir des projets drsquoameacutenagement innovants pour rendre les habitants moins vulneacuterables aux risques drsquoinondation

Agrave la confluence du Loir et du Cher la commune est particuliegraverement exposeacutee agrave lrsquoaleacutea inondation ce qui limite fortement son deacuteveloppement

Pour relever ces deacutefis Saint-Pierre-des-Corps a deacutecideacute de miser sur lrsquoinnovation architecturale Lrsquooriginaliteacute du projet est drsquoavoir conccedilu un quartier entiegraverement percheacute sur pilotis pour srsquoadapter au risque Le projet a permis la construction de soixante-seize logements dont vingt logements sociaux sur un espace de 2 hec-tares dans une zone inondable agrave proximiteacute du centre-ville Lrsquoensemble est consti-tueacute de maisons suspendues relieacutees entre elles par des coursives permettant de continuer agrave se deacuteplacer en cas drsquoinondation de jardins agrave la place des routes limi-tant lrsquoartificialisation du terrain pour faciliter lrsquoeacutecoulement des eaux et drsquoun bassin de reacutetention pour recueillir les eaux pluviales

Gestion alternative des eaux agrave Rouen pour adapter les projets drsquoameacutenagement

urbain au changement climatique

De par sa situation geacuteomorphologique la ville de Rouen fait face agrave plusieurs eacuteveacute-nements extrecircmes et qui auront de plus en plus drsquoimpacts avec le changement climatique Au niveau national la Seine-Maritime est un deacutepartement reconnu comme sensible au risque drsquoinondation Situeacutee dans une cuvette induisant de faibles vitesses de vents la ville de Rouen est par ailleurs sujette au pheacutenomegravene drsquoicirclot de chaleur urbain associeacute aux fortes tempeacuteratures

Pour relever ce double deacutefi le parti pris a eacuteteacute de mettre en place une gestion inteacute-greacutee des eaux dans lrsquoeacutecoquartier de la zone drsquoameacutenagement concerteacute Luciline ndash Rives de Seine Pour lutter contre les inondations plusieurs solutions ont eacuteteacute trouveacutees afin drsquoassurer la fonctionnaliteacute du quartier mecircme en peacuteriode de crue ouvrages hydrauliques avec clapets antiretour contre les mareacutees construction de chambre de crues sureacuteleacutevation des seuils construction drsquoun reacuteseau de noues srsquoappuyant sur une noue 21 centrale paysagegravere de 5 megravetres de large et 3 megravetres de profondeur

De mecircme la lutte contre lrsquoicirclot de chaleur urbain srsquoappuie eacutegalement sur la gestion des eaux la remise agrave jour partielle de la riviegravere Luciline via des canaux et les noues le deacuteveloppement des toitures veacutegeacutetaliseacutees et la mise en place drsquoun reacuteseau de geacuteothermie basse tempeacuterature agrave partir de la nappe drsquoeau drsquoaccompagnement de la Seine permettant de seacutecuriser les apports eacutenergeacutetiques pour le chauffage hivernal et le rafraicircchissement estival des bacirctiments de lrsquoeacutecoquartier

21 Sorte de fosseacute herbeux qui remplit un rocircle de zone-tampon pour les eaux de ruissellement

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

145

Figure D14 ndash Maisons sur pilotis agrave Saint-Pierre-des-Corps

copy Atelier Alain Gourdon

Figure D15 ndash Rouen Quartier Luciline ndash Rives de Seine

copy Agence DampA

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Encadreacute 15

22 httpwwwgeolittoraldeveloppement-durablegouvfr

Le recul du trait de cocircte

Le recul du trait de cocircte est un pheacutenomegravene naturel qui concerne environ 20 du littoral franccedilais (hors Guyane) et ce chiffre pourrait ecirctre revu agrave la hausse avec les effets du changement climatique Il est caracteacuteriseacute par une cineacutetique lente et preacutevisible qui sauf exception ne met donc pas en jeu des vies humaines mais qui conduit agrave terme agrave la disparition deacutefi-nitive du terrain En ce sens le recul du trait de cocircte constitue un para-megravetre agrave prendre en compte pour lrsquoameacutenagement des territoires littoraux agrave moyen et long termes

Afin de disposer drsquoun eacutetat des lieux de lrsquoeacutevolution du trait de cocircte sur le littoral franccedilais un indicateur national de lrsquoeacuterosion cocirctiegravere a eacuteteacute produit par le Cerema 22 La cocircte atlantique (notamment la Charente-Maritime et la Gironde) et la cocircte meacutediterraneacuteenne (notamment le Gard et les Bouches-du-Rhocircne) sont particuliegraverement concerneacutees En outre-mer le littoral de la Guyane fait partie des cocirctes les plus instables au monde mais nrsquoa pas eacuteteacute traiteacute dans cette eacutetude (fig D16)

Des eacutetudes scientifiques sont meneacutees pour mieux comprendre lrsquoimpact du changement climatique sur lrsquoeacuterosion du littoral

Plusieurs propositions de loi posent depuis 2016 la question de lrsquoadap-tation des territoires littoraux au recul du trait de cocircte Ces travaux parle-mentaires visent notamment agrave faciliter lrsquoanticipation du pheacutenomegravene sur ces territoires en preacutevoyant des dispositions propres agrave la zone soumise au recul du trait de cocircte Il faut trouver un eacutequilibre entre la liberteacute des col-lectiviteacutes de faire vivre leurs territoires et lrsquoobligation drsquoanticipation ainsi que la transformation du territoire qui en deacutecoule et la neacutecessiteacute drsquoinfor-mation des citoyens suffisamment en amont Cela suppose drsquoune part de pouvoir doter les collectiviteacutes drsquooutils drsquourbanisme adapteacutes le PPR nrsquoeacutetant vraisemblablement pas lrsquooutil le plus adeacutequat pour le recul du trait de cocircte et drsquoautre part de disposer drsquooutils de financement permettant drsquoamorcer les deacutemarches de transformation des territoires

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

147

Figure D16 ndash Eacutevolution du trait de cocircte

Sources Cerema et MTES 2017

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

148

Une deacutemarche prospective participative agrave Lacanau pour lutter contre le recul du trait de cocircte

Confronteacute agrave un pheacutenomegravene drsquoeacuterosion marine qui menace une grande partie de son eacuteconomie touristique Lacanau a initieacute une reacuteflexion sur la relocalisation dans le cadre de lrsquoappel agrave projets national laquo Relocalisation des activiteacutes et des biens littoraux raquo lanceacute en 2012 par le ministegravere de lrsquoEacutecologie du Deacuteveloppement durable et de lrsquoEacutenergie Sous lrsquoaction des vagues et des tempecirctes la dune sur laquelle sont implanteacutees les activiteacutes et les biens est maintenue par un ouvrage de deacutefense Au pied de celui-ci la plage se reacutetreacutecit et srsquoabaisse Au nord et au sud de lrsquoouvrage les dunes naturelles reculent drsquoenviron deux megravetres par an en moyenne et ont reculeacute de 10 agrave 25 megravetres selon les endroits lors des tempecirctes de lrsquohiver 2013-2014

Pour faire face agrave ces deacutefis la mairie de Lacanau et le GIP littoral Aquitain ont choisi drsquoengager une deacutemarche prospective permettant drsquoenvisager plusieurs futurs possibles (strateacutegie de relocalisation ou strateacutegie de lutte active contre lrsquoeacuterosion) pour caracteacuteriser les enjeux drsquoadaptation au pheacutenomegravene drsquoeacuterosion et participa-tive srsquoappuyant sur un comiteacute de concertation local constitueacute drsquoune trentaine de personnes repreacutesentant les reacutesidents les associations environnementales les acteurs eacuteconomiques et institutionnels du territoire

Figure D17 ndash Photographie extraite de lrsquoObservatoire du littoral canaulais (vue aeacuterienne sud-nord) prise dans le cadre de la Strateacutegie locale de gestion de la bande cocirctiegravere 2016-2018 de Lacanau

copy Ville de Lacanau Photographe 1 Moment 1 Image Partenaires Europe (Fonds FEDER) Reacutegion Nouvelle-Aquitaine preacutefecture de Gironde (Fonds FNADT) GIP littoral aquitain

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

149

Cette deacutemarche a permis drsquoidentifier une lacune majeure lrsquoabsence drsquooutil pour geacuterer les biens menaceacutes par lrsquoeacuterosion marine des cocirctes sableuses Lrsquoeacutetude de faisabiliteacute nrsquoa pas permis de trancher entre protection et relocalisation agrave lrsquoeacutechelle locale mais elle a deacuteboucheacute sur la deacutefinition drsquoune strateacutegie locale de gestion du trait de cocircte par la mairie de Lacanau pour la peacuteriode 2016-2018 preacutevoyant une seacuterie drsquoactions laquo sans regret raquo qui fonctionneront quelles que soient les deacuteci-sions futures

Des solutions fondeacutees sur la nature

Cyclones tempecirctes tropicales

Restauration de la mangrove pour lutter contre les impacts des cyclones et des tempecirctes tropicales

Lrsquourbanisation croissante du littoral a fortement deacutegradeacute les mangroves de Guadeloupe Sur la zone industrielle de Jarry 600 hectares ont eacuteteacute remplaceacutes par des infrastructures urbaines depuis 1967 Or les mangroves jouent un rocircle essentiel dans la conservation des littoraux tropicaux en stabilisant le trait de cocircte et en diminuant lrsquoeacutenergie des vagues

Figure D18 ndash Plants de paleacutetuviers rouges agrave la pointe Jarry

Source Replantation de paleacutetuviers agrave la Pointe Jarry (Guadeloupe) ndash action reacutealiseacutee dans le cadre de Cagraveyoli programme de gestion des espaces naturels du Grand port maritime de Guadeloupe

copy 22 feacutevrier 2018 Mariane Aimar Caraiumlbes

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

150

Pour faire face agrave ce deacutefi le Grand port maritime de Guadeloupe (GPMG) srsquoest engageacute en 2016 avec le soutien de la CDC Biodiversiteacute dans un plan de res-tauration des mangroves dans le cadre du programme environnemental Cagraveyoli Depuis Coraiumlbes prestataire en charge du projet a creacuteeacute deux peacutepiniegraveres de paleacute-tuviers et a initieacute apregraves plusieurs mois de culture les premiegraveres transplantations en milieu naturel Quarante plants de paleacutetuviers rouges (Rhizophora mangle) sont deacutesormais installeacutes sur la pointe Sud de Jarry Ainsi le littoral guadeloupeacuteen beacuteneacuteficiera agrave terme drsquoune meilleure protection face aux houles cycloniques et agrave lrsquoeacuterosion marine

Conclusions

Reacuteduire lrsquoimpact des catastrophes naturelles est un objectif qui fait bien sucircr consen-sus Face agrave des eacuteveacutenements extrecircmes qui pourraient compte tenu du change-ment climatique ecirctre plus freacutequents et plus intenses la politique de preacutevention est compleacutementaire de la politique drsquoadaptation Il srsquoagit drsquoune politique de long terme deacutejagrave mise en œuvre concregravetement dans de nombreux territoires mais qui doit se renforcer de maniegravere notamment agrave contribuer agrave la stabiliteacute du reacutegime drsquoin-demnisation Le maintien de la soutenabiliteacute du dispositif CatNat dans le contexte du changement climatique passera par le renforcement des mesures de preacuteven-tion gracircce agrave la mobilisation du FPRNM Drsquoautres leviers comme une prise en charge diffeacuterente des dommages lieacutes au retrait-gonflement des argiles (qui ne fait pas de victimes) apporteraient une eacutevolution favorable agrave lrsquoeacutequilibre du dispositif

Lrsquoeacutevaluation de la politique de preacutevention des risques est complexe ne serait-ce qursquoagrave cause du nombre des acteurs mobiliseacutes des moyens (humains et financiers) mis en œuvre difficiles agrave quantifier ou du fait drsquoindicateurs difficiles agrave deacutefinir ou agrave objectiver (comme ceux deacutefinis dans le cadre drsquoaction de Sendai pour la reacuteduc-tion des risques de catastrophes) Les mesures de preacutevention mises en œuvre ont neacuteanmoins largement porteacute leurs fruits lors les inondations survenues en jan-vier-feacutevrier 2018 (eacutetude meneacutee par la CCR 23) Sur le bassin de la Seine en amont de la confluence avec lrsquoOise les pertes eacuteviteacutees se mesurent en dizaines de mil-lions drsquoeuros et repreacutesentent plus de 30 des dommages assureacutes Les mesures de preacutevention concernent les travaux reacutealiseacutes en amont de Paris sur les grands lacs reacuteservoirs qui servent notamment agrave stocker de lrsquoeau en cas drsquoeacutepisode de crue pour limiter le deacutebit en aval Au-delagrave de lrsquoaction des lacs des effets reacuteels mais non quantifiables des dispositifs de preacutevention et de preacuteparation agrave la crise ont participeacute agrave une reacuteduction des coucircts des inondations

Mieux eacutevaluer et faire connaicirctre le coucirct des dommages provoqueacutes par les aleacuteas naturels constituent des leviers de preacutevention efficaces et qui permettent de limiter le recours au reacutegime drsquoindemnisation national (dispositif CatNat) Lrsquoinformation preacuteventive et la culture du risque sont pour cela des acceacuteleacuterateurs de projets ils sont indispensables pour feacutedeacuterer et mener agrave bien les choix drsquoameacutenagement du

23 httpswwwccrfr-retour-sur-les-inondations-de-janvier-et-fevrier-2018 lien au 2 octobre 2018

Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes

151

territoire porteacutes largement par les collectiviteacutes locales autour de constats parta-geacutes Des outils existent qursquoils soient drsquoordre strateacutegique reacuteglementaire ou finan-cier pour engager une transformation des territoires les plus exposeacutes dans le contexte du changement climatique

Conclusion

Conclusion

155

PLACARD (PLAtform for Climate Adaptation and Risk reDuction)

un projet de recherche europeacuteen pour renforcer les liens entre lrsquoadaptation au changement climatique et la preacutevention des risques

PLACARD est un projet de recherche lanceacute en juin 2015 et fi nanceacute dans le cadre du programme de recherche europeacuteen Horizon 2020 et coordonneacute par la Fondation de la faculteacute des sciences de lrsquouniversiteacute de Lisbonne Ce projet a eacuteteacute conccedilu pour renforcer les liens entre les communauteacutes de lrsquoadaptation au changement climatique et de la reacuteduction des risques de catastrophe aux niveaux international europeacuteen national et infranational afi n de mettre en coheacuterence et drsquoameacuteliorer la planifi cation de leurs actions PLACARD entend relever ce deacutefi en fournissant un espace commun de dia-logue et de partage drsquoexpeacuteriences sous la forme drsquoun reacuteseau opeacuterationnel reliant les organisations et reacuteseaux existants Ce reacuteseau englobant sou-tiendra le deacuteveloppement et la mise en œuvre drsquoun agenda de recherche et drsquoinnovation pour ameacuteliorer lrsquoutilisation des fi nancements deacutedieacutes agrave la recherche et pour deacutevelopper des orientations agrave destination des institu-tions souhaitant srsquoattaquer aux enjeux de lrsquoadaptation au changement cli-matique et de la preacutevention des risques de catastrophe Les principaux attendus de ce projet sont

la creacuteation drsquoune plate-forme en ligne permettant drsquoorganiser des consulta-tions et de faciliter le dialogue entre diffeacuterents groupes de parties prenantes

Interactions entre les politiques de preacutevention des risques et drsquoadaptation au changement climatique

Source ONERC drsquoapregraves Swiss NGO DDR Plateform

Adaptation au Changement Climatique

Preacutevention Reacuteduction des Risques

RisquesClimat

bull Hausses des tempeacuteratures

bull Modifications des reacutegimes de preacutecipitation

bull Impacts sur les eacutecosystegravemes

bull Fonte des glaciers

Risques geacuteologiques bull Tremblements de terre bull Tsunamis bull Glissements de terrains

Eveacutenements extrecircmes bull Seacutecheresses bull Pluies intenses et

inondations bull Grecircle bull Vagues de

chaleurde froid bull Feux de forecircts bull Tornades bull Cyclones

Gestion des risques climatiques (y compris les eacuteveacutenements extrecircmes)

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

156

le deacuteveloppement de synergies et une plus grande coopeacuteration entre lrsquoUnion europeacuteenne les Eacutetats membres et les initiatives de lrsquoadaptation au changement climatique et de la preacutevention des risques de catastrophes financeacutees au niveau international

un meilleur essaimage des activiteacutes de recherche et drsquoinnovation dans les domaines de lrsquoadaptation au changement climatique et de la preacuteven-tion des risques de catastrophe

lrsquoameacutelioration de lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformation et agrave la connaissance dans ces domaines

une assimilation accrue des enjeux de prospective sous-jacents une ameacutelioration dans les domaines de la science des politiques

publiques de la communication de lrsquoeacutechange drsquoinformation et de connaissance

Les eacuteveacutenements passeacutes et notamment les plus reacutecents ont deacutemontreacute la vulneacutera-biliteacute de nos populations et territoires La canicule de 2003 reste dans tous les esprits avec une surmortaliteacute de plus de 15 000 personnes mais eacutegalement avec un coucirct assurantiel qui a deacutepasseacute 18 milliard drsquoeuros (actualiseacutes 2017) Les plans canicule mis en place depuis ont tregraves certainement pu reacuteduire les coucircts humains mais le sceacutenario climatique le plus pessimiste (RCP85) montre qursquoune canicule telle que celle de 2003 pourrait ecirctre un pheacutenomegravene relativement banal agrave lrsquohorizon 2100

Si pris de maniegravere indeacutependante aucun eacuteveacutenement extrecircme ne peut ecirctre attribueacute en tant que tel au changement climatique les travaux de recherche eacutetablissent que le changement climatique vient modifier lrsquooccurrence ou lrsquointensiteacute de certains aleacuteas Dans le domaine assurantiel les reacutesultats de modeacutelisation du climat futur reacutealiseacutee par Meacuteteacuteo-France agrave lrsquoaide de son modegravele Arpegravege-Climat croiseacutes avec les modegraveles drsquoaleacutea (inondation seacutecheresse et submersion marine) et de dommages de la CCR permettent drsquoeacutevaluer in fine la hausse attendue des pertes annuelles moyennes agrave lrsquohorizon 2050 agrave 50

Lrsquoaugmentation de freacutequence et drsquointensiteacute des aleacuteas lieacutes au systegraveme climatique principalement les extrecircmes hydromeacuteteacuteorologiques et lrsquoapparition de nouveaux risques dus agrave lrsquoeacutevolution du climat potentiellement nouveaux risques hydromeacute-teacuteorologiques des catastrophes biologiques (par exemple ravageurs ou maladies vectorielles non traiteacutes dans ce rapport) rendent encore plus neacutecessaire lrsquoarti-culation qui lie les politiques de preacutevention et de gestion des risques naturels et drsquoadaptation au changement climatique Dans les deux cas il srsquoagit avant tout drsquoanticiper les pheacutenomegravenes afin drsquoen limiter les conseacutequences et de tirer parti du retour drsquoexpeacuteriences de la gestion de crise pour mieux reconstruire

Les actions preacutevues dans le deuxiegraveme plan national drsquoadaptation au change-ment climatique permettront de minimiser les impacts attendus du changement

Conclusion

157

climatique en renforcement des politiques deacutejagrave en place de preacutevention et de gestion des risques naturels majeurs et des risques sanitaires

Lrsquoameacutelioration continue des connaissances permettra de preacuteciser les impacts futurs du changement climatique Les incertitudes actuelles ne doivent toute-fois pas empecirccher lrsquoaction pour se preacuteparer degraves agrave preacutesent agrave une tempeacuterature moyenne mondiale de 2 degC supeacuterieure agrave celle de lrsquoegravere preacute-industrielle qui corres-pond agrave lrsquoobjectif de long terme de lrsquoAccord de Paris tout en continuant agrave faire le maximum pour ne pas deacutepasser 15 degC

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Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

Creacuteeacute par la loi du 19 feacutevrier 2001 lrsquoONERC mateacuterialise la volonteacute du Parlement et du gouvernement drsquointeacutegrer les effets du changement climatique dans les politiques publiques environnementales en France meacutetropolitaine et drsquooutre-mer LrsquoONERC est rattacheacute au ministegravere de la Transition eacutecologique et soli-daire (MTES) via le Service climat et efficaciteacute eacutenergeacutetique de la Direction geacuteneacuterale de lrsquoeacutenergie et du climat (DGEC)Lrsquoorientation de lrsquoaction de lrsquoONERC est assureacutee depuis 2017 (deacutecret no 2017-211 du 20 feacutevrier 2017) par une commission speacutecialiseacutee deacutedieacutee du Conseil national de la transition eacutecologique preacutesideacutee par M Ronan Dantec seacutena-teur de Loire-Atlantique (arrecircteacute du 14 avril 2017) LrsquoONERC est dirigeacute par M Laurent Michel directeur geacuteneacuteral de lrsquoeacutenergie et du climat Le secreacuteta-riat geacuteneacuteral est assureacute par M Eacuteric Brun assisteacute de cinq chargeacutes de mission dont une adjointe au secreacutetaire geacuteneacuteral et un ingeacutenieur documentaire-web-mestre appuyeacutes sur la quasi-totaliteacute de la peacuteriode par trois chargeacutes de mission dont un entiegraverement deacutedieacute agrave lrsquoaccueil par la France de la 47e reacuteunion pleacute-niegravere du GIEC Au sein du Service climat et efficaciteacute eacutenergeacutetique lrsquoONERC constitue le laquo pocircle Adaptation au changement climatique raquo de la DGEC en charge du pilotage et la mise en œuvre de la politique nationale drsquoadapta-tion Il assure eacutegalement la fonction de point focal de la France au sein du Groupe drsquoexperts intergouvernemental sur lrsquoeacutevolution du climat (GIEC) Cette annexe sans ecirctre exhaustive preacutesente les principales actions de lrsquoONERC entre octobre 2017 et septembre 2018

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

171

Action internationale

Du fait de lrsquoaccueil par la France de la 47e reacuteunion pleacuteniegravere du GIEC qui srsquoest tenue du 13 au 16 mars 2018 au siegravege de lrsquoUnesco agrave Paris la fonction de point focal du GIEC pour la France a occupeacute une large part des activiteacutes internationales de lrsquoobservatoire en 2017 et 2018 En outre lrsquoONERC a poursuivi sa participa-tion reacuteguliegravere aux autres travaux internationaux notamment au niveau de lrsquoUnion europeacuteenne et de la CCNUCC et a deacuteveloppeacute des relations multilateacuterales et bila-teacuterales avec les services en charge des politiques publiques drsquoadaptation dans plusieurs pays

Groupe drsquoexperts intergouvernemental sur lrsquoeacutevolution du climat (GIEC)

En septembre 2017 la France a proposeacute drsquoaccueillir la 47e reacuteunion pleacuteniegravere du GIEC reacutepondant ainsi agrave lrsquoun des objectifs annonceacutes dans le Plan climat du gou-vernement publieacute le 6 juillet 2017

La tenue agrave Paris de cette reacuteunion quelques mois apregraves le One Planet Summit et le lancement de lrsquoinitiative Make Our Planet Great Again teacutemoigne de lrsquoengage-ment constant de la France sur les questions climatiques et marque son appui reacutesolu aux travaux du GIEC

Ceacuteleacutebration des trente ans du GIEC

copy ONERC ndash VB

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

172

Avec comme programme de travail essentiel de renforcer de faccedilon peacuterenne la situa-tion financiegravere du GIEC cette 47e pleacuteniegravere a pleinement reacutealiseacute son principal objec-tif Lors de la journeacutee de ceacuteleacutebration en lrsquohonneur des trente anneacutees drsquoexistence du GIEC le ministre drsquoEacutetat ministre de la Transition eacutecologique et solidaire et le ministre de lrsquoEurope et des Affaires eacutetrangegraveres ont ainsi rappeleacute lrsquoaugmentation significative de la contribution de leurs deux ministegraveres aupregraves du GIEC agrave hauteur de 1 million drsquoeuros par an jusqursquoagrave la publication du sixiegraveme rapport drsquoeacutevaluation en 2022 Cette annonce concreacutetise lrsquoengagement du Preacutesident de la Reacutepublique pris lors de la COP 23 et confirmeacute lors du One Planet Summit

Pour accompagner cet eacuteveacutenement une nouvelle eacutedition du livret laquo Mieux com-prendre le GIEC raquo a eacuteteacute eacutelaboreacutee avec lrsquoappui de la direction de la communication (DICOM) du MTES Cette brochure fait le point sur ce qursquoest le GIEC comment il fonctionne et ce qursquoil produit Un numeacutero speacutecial de la lettre aux eacutelus pour les trente ans du GIEC a eacutegalement eacuteteacute diffuseacute agrave cette occasion Cette eacutetroite colla-boration avec la DICOM a aussi permis de reacutealiser une courte animation videacuteo sur trente ans de travaux du GIEC

Ces supports de communication ont eacuteteacute largement diffuseacutes sur les reacuteseaux sociaux et sur le Web Lrsquoeacuteveacutenement a fait lrsquoobjet drsquoune couverture meacutediatique conseacutequente aussi bien dans la presse geacuteneacuteraliste que speacutecialiseacutee

Le GIEC est engageacute dans son sixiegraveme cycle drsquoeacutevaluation visant agrave produire le sixiegraveme rapport drsquoeacutevaluation (AR6) trois rapports speacuteciaux et une mise agrave jour du rapport meacutethodologique pour les inventaires drsquoeacutemissions de gaz agrave effet de serre

Animation videacuteo sur trente ans de travaux du GIEC

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

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Livret laquo Mieux comprendre le GIEC raquo

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Reacuteunions pleacuteniegraveres et du bureau du GIEC

En coordination avec les ministegraveres en charge de la recherche et des affaires eacutetran-gegraveres lrsquoONERC en tant que point focal du GIEC pour la France assure la repreacute-sentation permanente de la France au sein des organes de gouvernance du GIEC

Sur la peacuteriode couverte par ce rapport lrsquoONERC a ainsi participeacute agrave la 47e reacuteunion pleacuteniegravere qursquoil a organiseacutee agrave Paris ainsi qursquoagrave la 55e reacuteunion du bureau du GIEC en appui de Valeacuterie Masson-Delmotte repreacutesentante franccedilaise au bureau copreacute-sidente du groupe de travail 1

Encadreacute 1

laquo Trente ans du GIEC et sixiegraveme cycle drsquoeacutevaluation raquo

Depuis trente ans le GIEC eacutevalue lrsquoeacutetat des connaissances sur lrsquoeacutevolu-tion du climat ses causes ses impacts Il identifie eacutegalement les possi-biliteacutes de limiter lrsquoampleur du reacutechauffement et la graviteacute de ses impacts et de srsquoadapter aux changements attendus Les rapports du GIEC four-nissent un eacutetat des lieux reacutegulier des connaissances les plus avanceacutees Cette production scientifique est au cœur des neacutegociations internationales sur le climat Elle est aussi fondamentale pour alerter les deacutecideurs et la socieacuteteacute civile

La liaison permanente entre le GIEC et les Eacutetats est assureacutee par un point focal national En France cette fonction est exerceacutee par lrsquoObservatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique (ONERC) depuis 2001

La publication des trois volumes (sciences du climat atteacutenuation adap-tation) du 6e rapport drsquoeacutevaluation est programmeacutee pour lrsquoanneacutee 2021 Le rapport de synthegravese paraicirctra au cours du premier semestre 2022

Trois rapports speacuteciaux seront aussi produits au cours de ce sixiegraveme cycle en octobre 2018 un premier rapport speacutecial sur lrsquoimpact drsquoun reacutechauf-

fement global de 15 degC au-dessus des niveaux preacute-industriels et sur les trajectoires drsquoeacutemission de gaz agrave effet de serre correspondantes

en aoucirct 2019 un deuxiegraveme rapport speacutecial sur les liens entre le chan-gement climatique la deacutesertification la deacutegradation des terres la ges-tion durable des terres la seacutecuriteacute alimentaire et les flux de gaz agrave effet de serre dans les eacutecosystegravemes terrestres

en septembre 2019 un troisiegraveme rapport speacutecial sur les liens entre le changement climatique les oceacuteans et la cryosphegravere

En mai 2019 sera aussi produit un raffinement du rapport meacutethodolo-gique sur les inventaires nationaux drsquoeacutemissions de gaz agrave effet de serre datant de 2006

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

175

Sixiegraveme cycle du GIEC en France

Sur la peacuteriode octobre 2017 ndash septembre 2018 lrsquoappel agrave candidatures pour la nomination par la France des auteurs et des eacutediteurs de revue des volumes 1 2 et 3 du sixiegraveme Rapport drsquoeacutevaluation du GIEC a eacuteteacute preacutepareacute et largement diffuseacute par le point focal franccedilais du GIEC en coordination avec le ministegravere de lrsquoEnsei-gnement supeacuterieur de la Recherche et de lrsquoInnovation (MESRI) et le ministegravere de lrsquoEurope et des Affaires eacutetrangegraveres (MEAE) Cet appel a permis agrave plus de 80 scien-tifiques franccedilais ou travaillant en France de candidater Les nominations soumises par la France ont ensuite fait lrsquoobjet drsquoune seacutelection par le comiteacute scientifique de pilotage mis en place par le bureau du GIEC pour chacun des rapports

Au total trente-neuf scientifiques nomineacutes par la France ont eacuteteacute seacutelectionneacutes pour participer agrave lrsquoeacutelaboration du sixiegraveme rapport drsquoeacutevaluation du GIEC aux trois rap-ports speacuteciaux et au raffinement du guide meacutethodologique pour les inventaires nationaux de gaz agrave effet de serre en tant que coordinateurs auteurs principaux ou eacutediteurs reacuteviseurs

En tant que point focal franccedilais du GIEC lrsquoONERC a organiseacute en coordination avec le MEAE et le MESRI plusieurs revues des rapports speacuteciaux en cours drsquoeacutela-boration par le GIEC deux revues du rapport speacutecial sur lrsquoimpact drsquoun reacutechauffe-ment global de 15 degC au-dessus des niveaux preacute-industriels et sur les trajectoires drsquoeacutemission de gaz agrave effet de serre et une revue du raffinement du rapport meacutetho-dologique sur les inventaires nationaux drsquoeacutemissions de gaz agrave effet de serre

Sur la peacuteriode du sixiegraveme cycle du GIEC le financement de lrsquoUniteacute drsquoappui tech-nique (en anglais Technical Support Unit ndash TSU) du Groupe de travail I du GIEC est assureacute par la France Le suivi du financement et des activiteacutes de cette TSU sont assureacutes par lrsquoONERC et des services du MESRI et du MEAE LrsquoONERC a de plus coordonneacute le versement de la contribution franccedilaise 2018 au budget central de fonctionnement du GIEC

Enfin lrsquoONERC appuie la participation des chercheurs franccedilais aux travaux du GIEC en prenant en charge une partie des frais de missions des centaines drsquoexperts

Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC)

Sous la coordination de la Direction des affaires europeacuteennes et internationales (DAEI) du MTES lrsquoONERC a participeacute au sein de la deacuteleacutegation franccedilaise agrave la 23e session de la Confeacuterence des parties agrave la CCNUCC (COP 23) ayant eu lieu agrave lrsquoautomne 2017 et agrave lrsquointersession de Bonn au printemps 2018 LrsquoONERC a assureacute avec le Deacutepartement de la lutte contre lrsquoeffet de serre (DGECSCEE) une fonction drsquoappui scientifique et technique au sein de lrsquoeacutequipe de neacutegociations climatiques pour les aspects relatifs aux sciences climatiques et aux politiques publiques drsquoadaptation

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

176

Un agent de lrsquoONERC (eacutelu agrave la COP 22) siegravege deacutesormais aux reacuteunions du Comiteacute de lrsquoadaptation mis en place par la CCNUCC afin drsquoexaminer lrsquoensemble des travaux relatifs agrave ce sujet dans le cadre des neacutegociations climatiques mondiales

Dans le cadre de lrsquoappui aux neacutegociations climatiques mondiales lrsquoONERC parti-cipe eacutegalement avec le DLCES au groupe informel drsquoexperts europeacuteens consa-creacute aux sujets scientifiques ayant pour objectif de construire une vision commune sur ces sujets au sein des Eacutetats membres de lrsquoUnion europeacuteenne

Espace europeacuteen

Repreacutesentant la DGEC lrsquoONERC siegravege pour la France au sein du groupe de travail mis en place par la Direction geacuteneacuterale climat de la Commission europeacuteenne pour le suivi de la strateacutegie europeacuteenne drsquoadaptation adopteacutee en 2013 dont le pro-cessus de reacutevision a eacuteteacute engageacute deacutebut 2017 Dans ce cadre lrsquoONERC met agrave jour annuellement les informations concernant la politique et les actions drsquoadaptation en France diffuseacutees par la plate-forme drsquoeacutechange Climate-ADAPT 1 en coordination avec lrsquoAgence europeacuteenne de lrsquoenvironnement (AEE)

LrsquoONERC a par ailleurs organiseacute la 26e reacuteunion du groupe drsquoinformation sur lrsquoadap-tation au changement climatique du reacuteseau drsquoagences europeacuteennes de protection de lrsquoenvironnement (meeting of the Information Group on Climate Change Adaptation of the Network of European Environmental Protection Agencies IG CCA EPA)

Cette reacuteunion qui srsquoest deacuterouleacutee les 5 et 6 avril agrave La Deacutefense a reacuteuni une ving-taine drsquoexperts de chefs ou de directeurs de ces organismes Ces deux journeacutees ont permis de nombreux eacutechanges drsquoexpeacuteriences sur des questions drsquointeacuterecirct commun aux organisations impliqueacutees dans la mise en œuvre pratique de la politique environnementale de lrsquoadaptation Une intervention de Santeacute publique France a eacuteclaireacute les participants sur la politique franccedilaise de gestion des cani-cules et vagues de chaleur

Sous la coordination du CGDDSOeS du MTES lrsquoONERC fait partie du groupe de travail feacutedeacutereacute dans le reacuteseau Eionet rassemblant les correspondants de lrsquoAEE inteacute-resseacutes par les probleacutematiques drsquoobservation des effets du changement clima-tique et de lrsquoadaptation Agrave ce titre lrsquoONERC a contribueacute au rapport technique sur le suivi le rapportage et lrsquoeacutevaluation des politiques nationales drsquoadaptation en Europe notamment au travers drsquoun encadreacute sur la politique franccedilaise drsquoadaptation

LrsquoObservatoire pyreacuteneacuteen du changement climatique a inviteacute lrsquoONERC agrave faire partie de son comiteacute de pilotage La premiegravere reacuteunion a eu lieu agrave Biarritz le 9 novembre en marge du deuxiegraveme colloque international sur le changement climatique dans des zones de montagne PYRADAPT 2017

1 httpclimate-adapteeaeuropaeu

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

177

Dans le cadre de travaux drsquoeacutevaluation de la strateacutegie de lrsquoUnion europeacuteenne rela-tive agrave lrsquoadaptation au changement climatique lrsquoONERC a eacuteteacute solliciteacute agrave de nom-breuses reprises LrsquoONERC a ainsi rempli et fait circuler la Fiche pays pour la France fiche deacutecrivant la politique drsquoadaptation au changement climatique LrsquoONERC a eacutegalement initieacute la reacuteponse au questionnaire de consultation publique relative agrave lrsquoeacutevaluation de la strateacutegie de lrsquoUnion europeacuteenne relative agrave lrsquoadaptation au chan-gement climatique publieacute du 8 deacutecembre 2017 au 1er mars 2018

Initiatives multilateacuterales et bilateacuterales

Dans le cadre du cluster francophone du Partenariat sur la transparence de lrsquoac-cord de Paris (PATPA) lrsquoONERC est intervenu pour preacutesenter la deacutemarche fran-ccedilaise et a co-animeacute deux ateliers theacutematiques sur lrsquoadaptation au changement climatique agrave Douala (Cameroun) en mai 2018 Vingt et un pays africains franco-phones eacutetaient repreacutesenteacutes

Dans le prolongement de la contribution de lrsquoONERC agrave la septiegraveme communica-tion nationale de la France agrave la CCNUCC lrsquoobservatoire a preacutesenteacute lrsquoaction de la France en matiegravere drsquoadaptation et de recherche aux experts de la CCNUCC venus auditer les acteurs franccedilais en avril 2018

LrsquoONERC a eacuteteacute nommeacute au Conseil pour le climat de la Convention alpine creacuteeacute en septembre 2016 afin de regrouper les initiatives et les contributions sur le chan-gement climatique existant dans les Alpes et drsquoavancer des propositions pour lrsquoeacutetablissement drsquoun systegraveme concret drsquoobjectifs de la Convention alpine dans la perspective drsquoun laquo espace alpin climatiquement neutre raquo en accord avec les objec-tifs europeacuteens et internationaux

Dans une logique de collaboration transfrontaliegravere lrsquoONERC a eu lrsquooccasion de participer agrave plusieurs eacutechanges bilateacuteraux formels et informels avec ses homolo-gues de la plupart des pays voisins de la France meacutetropolitaine (groupe Science IG CCA Convention Alpine etc) ainsi que quelques pays plus eacuteloigneacutes afin de parta-ger les ideacutees et les pratiques en matiegravere drsquoadaptation au changement climatique

Politique drsquoadaptation au changement climatique

30 novembre 2017 adoption du projet drsquoavis sur le PNACC-2 par la Commission speacutecialiseacutee du CNTE chargeacutee de lrsquoorientation de lrsquoONERC

21 deacutecembre 2017 avis tregraves favorable au PNACC-2 adopteacute agrave la quasi-unani-miteacute par le CNTE

1er semestre 2018 finalisation du PNACC-2

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

178

Information formation et communication

LrsquoONERC assure ses missions drsquoinformation et de communication en eacutetroite col-laboration avec la Direction de la communication (DiCom) du MTES Ces actions visent tous les publics par lrsquointermeacutediaire de diffeacuterents supports dont certains sont preacutesenteacutes ci-apregraves LrsquoONERC apporte son soutien en matiegravere de reacutealisation de supports drsquoinformation sur lrsquoadaptation au changement climatique pour diffeacute-rents organismes (services deacuteconcentreacutes du MTES administrations centrales y compris hors MTES communication interne au MTES eacutetablissements publics organisations non-gouvernementales presse associations)

Site Web

La diffusion sur le site Web du ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire des informations preacutesenteacutees par lrsquoONERC permet agrave tous les publics drsquoappreacutehender les enjeux lieacutes au changement climatique au travers des pages sur les impacts la connaissance la deacutemarche drsquoadaptation les publications et des bases de donneacutees

Ainsi aux informations concernant lrsquoObservatoire srsquoajoutent les pages deacutedieacutees aux indicateurs du changement climatique De plus la deacutemarche drsquoadaptation au changement climatique engageacutee aux niveaux national europeacuteen et internatio-nal est preacutesenteacutee selon ces trois axes Enfin lrsquoinformation sur le GIEC permet de mieux comprendre son fonctionnement et de consulter et de suivre ses travaux

Le contenu des pages est reacuteguliegraverement mis agrave jour ainsi que leur preacutesentation afin de srsquoadapter aux nouveaux standards de communication et de faciliter lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformation

Site Web du ministegravere de la Transition eacutecologique et solidaire (httpwwwecologique-solidairegouvfronerc)

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

179

Rapports annuels

Le Rapport annuel Vers un 2e plan drsquoadaptation au changement climatique pour la France ndash Enjeux et recommandations a eacuteteacute publieacute au mois de novembre 2017 et diffuseacute directement agrave plus de 1 500 destinataires Ce rapport rassemble les recom-mandations issues de la concertation nationale pour un deuxiegraveme Plan national drsquoadaptation au changement climatique (PNACC) Celle-ci srsquoest largement appuyeacutee sur les eacutevaluations du premier PNACC 2011-2015 permettant drsquoavoir un retour drsquoexpeacuteriences drsquoun cycle complet de politique publique Ces recommandations ont alimenteacute le deuxiegraveme PNACC objet de lrsquoaxe 19 du Plan climat de la France La deacutemarche drsquoadaptation au changement climatique ainsi renforceacutee apportera une contribution significative aux politiques climatiques visant une socieacuteteacute bas-carbone reacutesiliente au changement climatique et plus largement agrave la transition eacuteco-logique et solidaire de la France

Rapport Vers un 2e plan drsquoadaptation au changement climatique pour la France ndash Enjeux et recommandations publieacute agrave La Documentation franccedilaise

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Lettre drsquoinformation aux eacutelus

Dans la peacuteriode couverte par le preacutesent rapport lrsquoONERC a poursuivi ses activi-teacutes de communication en parallegravele des travaux pour lrsquoeacutelaboration drsquoun nouveau plan national drsquoadaptation au changement climatique

Ainsi un numeacutero speacutecial de la lettre de lrsquoONERC aux eacutelus diffuseacute agrave plus de 3 000 exemplaires quelques semaines avant la ceacutereacutemonie drsquoanniversaire des trente ans du GIEC a permis de rappeler toute lrsquoimportance de ses travaux et de son expertise qui contribuent pleinement aux actions drsquoatteacutenuation et drsquoadaptation des territoires Deux autres numeacuteros ont eacuteteacute preacutepareacutes pour accompagner la sortie du preacutesent rapport et du 2e plan national drsquoadaptation au changement climatique

Lettre de lrsquoONERC aux eacutelus laquo Le climat change agissons raquo no 29 ndash numeacutero speacutecial GIEC feacutevrier 2018

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

181

Seacutelection drsquoinformations theacutematiques (lettre de veille technique)

La lettre de veille technique contient une seacutelection drsquoune vingtaine de liens Web classeacutes selon les cateacutegories laquo actualiteacute raquo laquo publications raquo et laquo manifestations raquo ainsi que quelques informations relatives agrave lrsquoobservatoire Ces informations cibleacutees sont diffuseacutees tous les deux mois agrave 875 abonneacutes volontaires (contre une cin-quantaine seulement jusqursquoen 2012)

Centre de ressource sur lrsquoadaptation au changement climatique (CRACC)

Parmi les principales recommandations preacutesentes dans lrsquoeacutevaluation du premier PNACC par le CGEDD en 2015 figurait celle laquo de confier agrave un consortium constitueacute de lrsquoAdeme et du Cerema la mission drsquoorganiser avec lrsquoappui drsquoautres institutions speacutecialiseacutees un centre de ressources sur lrsquoadaptation au changement climatique [hellip] chargeacute drsquoapporter un appui technique pour lrsquoeacutelaboration des scheacutemas et plans drsquoadaptation territoriaux et pour lrsquointeacutegration des enjeux drsquoadaptation dans les plans et politiques sectoriels raquo

Le deacuteveloppement de ce centre de ressources sur lrsquoadaptation au changement cli-matique a eacuteteacute confieacute au Cerema en partenariat avec lrsquoAdeme ainsi que drsquoautres organismes ayant largement œuvreacute au cours du preacuteceacutedent plan

Interventions actions de formation et seacuteminaire

Dans la peacuteriode couverte par le preacutesent rapport lrsquoONERC est intervenu agrave de nom-breuses reprises agrave lrsquooccasion de confeacuterences nationales ou internationales Ci-apregraves quelques exemples drsquointerventions

Le secreacutetaire geacuteneacuteral de lrsquoONERC a ainsi preacutesenteacute lors de la session drsquoouverture de la confeacuterence internationale Climate Change and Water 2018 (deacutebut feacutevrier 2018 au Centre international de congregraves de Tours) la deacuteclinaison du changement cli-matique aux probleacutematiques locales de lrsquoeau dans le Plan national drsquoadaptation au changement climatique

LrsquoONERC a eacutegalement participeacute agrave un atelier du reacuteseau Teddif (territoires environne-ment et deacuteveloppement durable en Icircle-de-France) deacutedieacute aux enjeux et aux possibili-teacutes drsquoaction pour les territoires en matiegravere drsquoadaptation au changement climatique qui srsquoest tenu mi-mars 2018 agrave Paris et qui a reacuteuni une centaine de participants

LrsquoONERC est intervenu en clocircture de la journeacutee de restitution des travaux du projet AdaMont qui srsquoest tenu agrave Paris fin mars Le projet AdaMont vise agrave deacutevelop-per une action de recherche partenariale et inteacutegreacutee sur lrsquoadaptation au change-ment climatique sur un territoire de moyenne montagne en associant production de connaissances et deacutemarche opeacuterationnelle en lien avec le changement clima-tique et les pratiques agrave faire eacutevoluer

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

182

Agrave lrsquooccasion des dix ans du club ViTeCC lrsquoONERC a preacutesenteacute le projet de deu-xiegraveme plan national drsquoadaptation au changement climatique Ce club qui fecircte ses dix ans preacutesente les reacutesultats de projets de recherche aux deacutecideurs territoriaux institutions et entreprises membres

LrsquoONERC a participeacute agrave une reacuteunion du reacuteseau PCAET de Bretagne deacutedieacutee agrave lrsquoadap-tation au changement climatique et co-organiseacutee par la Dreal lrsquoAdeme Bretagne et le conseil reacutegional de Bretagne

LrsquoONERC a eacutegalement participeacute au lancement du programme deacutedieacute agrave lrsquoadaptation au changement climatique du Comiteacute 21 premier reacuteseau multi-acteurs du deacuteve-loppement durable et de la RSE qui souhaite accompagner ses adheacuterents pour deacutecrypter les enjeux en cours anticiper ceux agrave venir et mettre en place les muta-tions agrave opeacuterer

Actions de formation

En eacutetroite collaboration avec le bureau en charge de la formation agrave la DGEC lrsquoONERC a participeacute agrave la mise en place drsquoune formation ouverte et agrave distance pour les agents MTES afin de sensibiliser les nouveaux arrivants agrave la probleacutematique de lrsquoadaptation au changement climatique Cette formation a vocation agrave ecirctre ouverte aux eacutelus et agents des collectiviteacutes territoriales

Expositions peacutedagogiques itineacuterantes

Les deux expositions itineacuterantes 2 lrsquoune (exposition scientifique) visant un public averti agrave des fins drsquoexplication des pheacutenomegravenes et lrsquoautre visant un public le plus large possible agrave des fins de sensibilisation ont eacuteteacute preacutesenteacutees pendant une dureacutee de 326 jours au sein drsquoeacutetablissements scolaires drsquoentreprises drsquoassociation et de collectiviteacutes territoriales

Au cours du deuxiegraveme trimestre 2018 une plaquette de preacutesentation des deux expositions a eacuteteacute reacutealiseacutee et diffuseacutee plus particuliegraverement aux bibliothegraveques des eacutetablissements drsquoenseignement supeacuterieur ainsi qursquoagrave une seacutelection de contacts au sein de collectiviteacutes territoriales

2 httpswwwecologique-solidairegouvfrobservatoire-national-sur-effets-du-rechauffement-climatique-onerce6

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

183

Journal de lrsquoexposition itineacuterante laquo Le climat change raquo

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

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Les indicateurs du changement climatique

Les vingt-huit indicateurs deacutecrivant lrsquoeacutetat du climat et ses impacts preacutesents sur le site de lrsquoONERC sont reacuteguliegraverement mis agrave jour Cela a permis de disposer fin 2018 de 86 drsquoindicateurs inteacutegrant des donneacutees de moins de cinq ans

Gracircce aux contributeurs et partenaires de lrsquoONERC certaines modifications sont intervenues dans la constitution des indicateurs du changement climatique Mi-2018 deux synthegraveses drsquoindicateurs locaux et reacutegionaux laquo Le bilan de masse drsquoune seacutelec-tion de glaciers tempeacutereacutes franccedilais raquo et laquo la date des vendanges pour un panel de vignobles franccedilais raquo produites en collaboration avec le Service de la donneacutee et des eacutetudes statistiques (SDES) du ministegravere et qui sont eacutegalement publieacutees sur le site de lrsquoObservatoire national de la biodiversiteacute (ONB) ont ainsi rejoint la seacuterie diffuseacutee par lrsquoONERC laquo Lrsquoeacutevolution de la date de migration de certains oiseaux raquo est eacutegalement un nouvel indicateur produit par la Ligue de protection des oiseaux (LPO) en remplacement de lrsquoindicateur sur les migrations des oies Agrave la mecircme peacuteriode laquo les quantiteacutes de pollens de bouleau libeacutereacutes raquo ont eacuteteacute mises agrave jour par le Reacuteseau national de surveillance aeacuterobiologique (RNSA)

La deacutemarche de lrsquoONERC qui consiste en une mise agrave disposition du public sur le site Web du ministegravere des indicateurs du changement climatique et de ses impacts reste innovante au niveau international car peu de pays se sont inves-tis dans ce type de publication avec une actualisation suivie

Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire

185

Preacutesentation de lrsquoindicateur date des vendanges pour un panel de vignobles franccedilais sur le site du ministegravere

ANNEXES

Annexes

189

Annexe 1GLOSSAIRE SIGLES ET ACRONYMES

Accumulation morainique Amas de deacutebris rocheux entraicircneacutes ou deacuteposeacutes par un glacier

Barrage morainique Barrage creacuteeacute par une accumulation morainique

Deacutebris geacutelifracteacutes Deacutebris provoqueacutes par lrsquoeacuteclatement des roches soumis aux cycles de gel et deacutegel

Deacutepression Reacutegion de lrsquoatmosphegravere caracteacuteriseacutee par une pression atmospheacute-rique plus basse que celle des reacutegions adjacentes situeacutees agrave la mecircme altitude Les deacutepressions sont geacuteneacuteralement accompagneacutees de mau-vais temps vents forts et preacutecipitations

Eacutecoulement turbulent Eacutecoulement dans lequel la vitesse preacutesente en tout point un caractegravere tourbillonnaire

Eacutechelle synoptique Comprend les pheacutenomegravenes atmospheacuteriques dont lrsquoordre de grandeur est de quelques milliers de kilomegravetres pour les dimensions horizontales de quelques kilomegravetres pour la dimension verticale et de quelques jours pour la dureacutee

Eacutetiage Niveau annuel le plus bas atteint par un cours drsquoeau en un point donneacute

Fluage Deacuteformation lente drsquoun mateacuteriau qui se produit sous lrsquoeffet drsquoune contrainte constante agrave tempeacuterature constante

Forccedilage anthropique Variation du flux de rayonnement reacutesultant (diffeacuterence entre lrsquoeacuteclairement descendant et lrsquoeacuteclairement ascendant exprimeacutee en W mndash 2) provenant de lrsquoaction de lrsquohomme

GIEC Groupe drsquoexperts intergouvernemental sur lrsquoeacutevolution du climat

Indice de refroidissement eacuteolien Tempeacuterature ressentie calculeacutee en tenant compte de la tempeacuterature de lrsquoair et de la vitesse du vent agrave tempeacute-rature donneacutee la sensation de froid eacutetant plus vive en preacutesence de vent que par temps calme

Lithologie Nature des roches formant un objet ensemble ou couche geacuteologique

Nappes seacutedimentaires Aquifegraveres formeacutes dans des formations seacutedimentaires telles que les grands bassins

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

190

Niveau pieacutezomeacutetrique Niveau de lrsquoeau souterraine mesureacutee par forage en un point et agrave un instant donneacute

Peacuteriode de retour Temps statistique entre deux occurrences drsquoun eacuteveacutenement naturel drsquoune intensiteacute donneacutee Une crue dont la peacuteriode de retour est de dix ans a chaque anneacutee une chance sur dix de se produire

Plan Blanc Dispositif de crise qui permet agrave un eacutetablissement de santeacute de mobi-liser immeacutediatement les moyens de toute nature dont il dispose en cas drsquoafflux de patients ou pour faire face agrave une situation sanitaire exceptionnelle Il peut ecirctre deacuteclencheacute par le directeur ou le respon-sable de lrsquoeacutetablissement qui en informe sans deacutelai le repreacutesentant de lrsquoEacutetat dans le deacutepartement ou agrave la demande de ce dernier

Plan Bleu Plan drsquoorganisation permettant la mise en œuvre rapide et coheacuterente des moyens indispensables permettant de faire face efficacement agrave une crise quelle qursquoen soit sa nature eacutelaboreacute sous la responsabi-liteacute du directeur drsquoun eacutetablissement meacutedicosocial

PLC Pathologies en lien avec la chaleur (coup de chaleur deacuteshydratationhellip)

PPI Plan particulier drsquointervention preacutepareacute par le repreacutesentant de lrsquoEacutetat dans le deacutepartement apregraves avis des maires et de lrsquoexploitant concerneacutes deacutefinissant les mesures agrave prendre aux abords des installations ou ouvrages dont les caracteacuteristiques sont fixeacutees par deacutecret en Conseil drsquoEacutetat Ils deacutefinissent lrsquoorganisation des secours en cas drsquoaccidents susceptibles drsquoaffecter les populations etou lrsquoenvironnement dans une installation classeacutee (installation nucleacuteaire usine chimique stoc-kage souterrain de gazhellip)

PPMS Plan particulier de mise en sucircreteacute des eacutetablissements scolaires face agrave un risque majeur qursquoil soit drsquoorigine naturelle (tempecircte inondation submersion marine seacuteisme mouvement de terrainhellip) technologique (nuage toxique explosion radioactiviteacutehellip) ou agrave des situations drsquour-gence particuliegraveres (intrusion de personnes eacutetrangegraveres attentatshellip) susceptibles de causer de graves dommages aux personnes et aux biens qui doit permettre la mise en œuvre des mesures de sauve-garde des eacutelegraveves et des personnels en attendant lrsquoarriveacutee des secours ou le retour agrave une situation normale

Probabiliteacutes Les termes suivants ont eacuteteacute utiliseacutes pour indiquer la probabiliteacute eacutevalueacutee drsquoun reacutesultat quasiment certain probabiliteacute de 99-100 tregraves probable 90-100 probable 66-100 agrave peu pregraves aussi pro-bable qursquoimprobable 33-66 improbable 0-33 tregraves improbable 0-10 exceptionnellement improbable 0-1 Pour plus drsquoinforma-tion se rapporter au rapport du GIEC notamment le Rapport de syn-thegravese du cinquiegraveme cycle drsquoeacutevaluation

Proxy mesure indirecte et approximative en cas drsquoindisponibiliteacute de mesure directe

Annexes

191

Reacuteassurance Opeacuteration par laquelle un assureur fait garantir par un autre assu-reur (reacuteassureur) tout ou partie des risques qursquoil a lui-mecircme couverts

Reacutesilience Capaciteacute de reacutesistance drsquoun systegraveme socio-eacutecologique face agrave une perturbation ou un eacuteveacutenement dangereux permettant agrave celui-ci drsquoy reacutepondre ou de se reacuteorganiser de faccedilon agrave conserver sa fonction essentielle son identiteacute et sa structure tout en gardant ses facul-teacutes drsquoadaptation drsquoapprentissage et de transformation

Sinistraliteacute Quantiteacute de sinistres qursquoune compagnie drsquoassurances devra rembour-ser compareacutee aux primes encaisseacutees

Tassement diffeacuterentiel Mouvement non uniforme drsquoenfoncement du sol sous lrsquoac-tion drsquoune charge Il peut de ce fait provoquer des dislocations des maccedilonneries comme lrsquoapparition de fissures

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

192

Annexe 2INDICATEUR RISQUE CLIMATIQUE

Plaquette DICOM Indicateur exposition des populations

INDICATEURS du changement climatique

Cet indicateur rend compte de lrsquoexposition des popula-

tions aux risques climatiques en France meacutetropolitaine

et en outre-mer Il envisage deacutesormais 5 niveaux

drsquoexposition tregraves fort fort moyen faible tregraves faible

La vulneacuterabiliteacute des territoires exposeacutes est

susceptible de srsquoaccroicirctre avec le changement climatique dans la mesure

ougrave lrsquoon srsquoattend agrave ce que certains eacuteveacutenements et extrecircmes meacuteteacuteorolo-

giques deviennent plus freacutequents plus reacutepandus ou plus intenses

LA PAROLE Agrave Veacuteronique ANTONI

chargeacutee de mission sols et risques naturels

Le risque climatique reacutesulte de la combinaison drsquoun eacuteveacutenement naturel lieacute au climat (inonda-tion tempecircte feu de forecirct) et de la vulneacuterabiliteacute des enjeux en preacutesence (population industrie patrimoinehellip) En 2016 18 des communes sont consideacutereacutees agrave risque fort ou tregraves fort 11 agrave risque moyen et 52 agrave risque

faible ou tregraves faible Pour un cin-quiegraveme des communes aucun

Lrsquoanalyse des eacuteveacutenements natu-rels importants permet en outre drsquoapprocher lrsquoeacutevolution reacuteelle des risques climatiques durant ces trois derniegraveres deacutecennies En effet depuis 1982 lrsquoeacutetat de catastrophe naturelle des com-

munes toucheacutees est constateacute par arrecircteacute interministeacuteriel Le nombre global des arrecircteacutes pour les eacuteveacute-nements climatiques varie for-tement chaque anneacutee mais

se deacutegage raquo

wwwstatistiquesdeveloppement-durablegouvfr

Exposition des populations aux risques climatiquesC

hangement clim

atiq

ue

et santeacute

Annexes

193

Exposition des populations aux risques climatiques

0 50 100 km

N

BONNE

PRATIQ

UE

Retrouvez lensemble des informations sur les indicateurs wwwonercgouvfr

MINISTEgraveREDE LA TRANSITION

EacuteCOLOGIQUEET SOLIDAIRE

ONERCObservatoire national

sur les effets du reacutechauffement climatique

85 circuits de guet sont activeacutes en moyenne chaque

anneacutee en peacuteriode de risques tregraves seacutevegraveres Durant la saison des feux de forecirct les risques font lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation quotidienne permettant de

lisation et de positionnement des moyens Le guet aeacuterien armeacute reacutepond agrave deux objectifs deacutetection preacutecoce des incendies naissants (le pilote alerte tout de suite sa base) et premiegravere intervention (le pilote effectue un premier largage permettant

sinon drsquoeacuteteindre le feu naissant du moins de ralentir sa pro-gression) Le guet aeacuterien armeacute est assureacute soit par deux avions Tracker (capaciteacute drsquoembarque-ment de 33 tonnes chacun) soit par un Canadair (6 tonnes) soit par un Dash (10 tonnes) Sur les 800 incendies recenseacutes en moyenne chaque eacuteteacute dans le Sud de la France 200 sont atta-queacutes par des moyens aeacuteriens Au cours des 10 derniers eacuteteacutes en moyenne 1 100 heures de vol ont eacuteteacute consacreacutees agrave ces mis-sions de surveillance

FEUX DE FOREcircT

Guet aeacuterien armeacute

INDICATEURS du changement climatique

Cette carte illustre le niveau drsquoexposition de la population aux risques naturels qui est susceptible drsquoaugmenter avec le changement climatique Lrsquoexposition est drsquoautant plus eacuteleveacutee que la densiteacute de population et le nombre de ces risques naturels

de lrsquoeacutetat de catastrophe naturelle parues agrave ce jour Lrsquoampleur des risques encourus deacutepend plus que jamais des choix reacutealiseacutes en matiegravere de deacuteveloppement et drsquoameacutenagement du territoire

DIC

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62 de la population est

exposeacutee de maniegravere

forte ou tregraves forte aux

risques climatiques

LE C

HIF

FRE

Source MTES Gaspar 2017 - Insee RP 2014 (2017 pour Mayotte) copyIGN BD Cartoreg 2010 Traitements SDES 2018

Guadeloupe Martinique Guyane La reacuteunion Mayotte

20 km 20 km 20 km 10 km100 km

Indice dexposition

Tregraves fort

Fort

Moyen

Faible

Tregraves faible

Aucun risque deacuteclareacute

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

194

Annexe 3DE NOUVEAUX INDICATEURS DE CHANGEMENT

DES EXTREcircMES MEacuteTEacuteOROLOGIQUES EN FRANCE

Un des volets importants du projet Extremoscope (GICC et MTESDRISR) a concerneacute le deacuteveloppement de nouveaux indicateurs permettant de caracteacuteriser les eacuteveacutenements extrecircmes Ces indicateurs permettent ensuite de construire des seacuteries chronologiques des eacuteveacutenements et ainsi drsquoeacutetudier comment leur freacutequence ou leurs caracteacuteristiques ont eacutevolueacute au cours des derniegraveres deacutecennies Ils per-mettent aussi de se projeter dans le futur dans la mesure ougrave les modegraveles clima-tiques sont capables de les reproduire de faccedilon reacutealiste

Vagues de chaleur

Un premier indicateur original qui a eacuteteacute deacuteveloppeacute concerne la caracteacuterisation des vagues de chaleur qui au contraire des indices utiliseacutes jusqursquoici pour le suivi climatique agrave Meacuteteacuteo-France peut ecirctre appliqueacute agrave lrsquoeacutechelle de reacutegions franccedilaises et est transposable agrave nrsquoimporte quelle condition climatique Gracircce agrave ce nouvel indicateur il est possible drsquoillustrer agrave lrsquoeacutechelle de chaque deacutepartement franccedilais le nombre drsquoeacuteveacutenements qui se sont produits dans la peacuteriode 1959-2015 et leur intensiteacute maximale au moyen des donneacutees de la reacuteanalyse drsquoobservations SAFRAN de Meacuteteacuteo-France (fig 1) Les reacutesultats de simulations climatiques du

Figure 1 ndash Climatologie des caracteacuteristiques des vagues de chaleur en France sur la peacuteriode 1959-2015

Fondeacutee sur lrsquoindicateur thermique deacutepartemental SAFRAN

Nombre cumuleacute drsquoeacuteveacutenements (agrave gauche) intensiteacute maximale moyenne (agrave droite)

Source Soubeyroux et al 2016

Annexes

195

projet europeacuteen Euro-CORDEX ont par ailleurs permis de se projeter dans le futur et de confirmer que la canicule de lrsquoeacuteteacute 2003 pourrait selon certains sceacutenarios devenir un eacuteveacutenement courant largement deacutepasseacute en intensiteacute et dureacutee par les vagues de chaleur les plus intenses de la fin de ce siegravecle (Ouzeau et al 2016 Soubeyroux et al 2016)

Eacutevolution des pluies extrecircmes dans le sud-est meacutediterraneacuteen de la France

Intensiteacute

Deux seacuteries sont repreacutesenteacutees sur le graphique

Seacuterie 1 laquo histogramme en ocre et vert raquo Rapport entre lrsquointensiteacute du maximum annuel du cumul quotidien de preacutecipitations et la valeur de reacutefeacute-rence (moyenne 1961-1990)Les valeurs infeacuterieures agrave la valeur moyenne eacutetablie sur la peacuteriode 1961-1990 sont repreacutesenteacutees en ocre celles supeacuterieures en vert

Seacuterie 2 laquo courbe en trait plein bistre raquo Moyenne glissante sur 11 ans du paramegravetre repreacutesenteacute sous forme drsquohistogramme Par construction de la moyenne glissante qui est centreacutee sur lrsquoanneacutee concerneacutee il nrsquoy a pas de valeur pour les cinq premiegraveres anneacutees de la seacuterie ni pour les cinq derniegraveres

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

196

Freacutequence

Deacutefinitions

Cumul quotidien de preacutecipitations quantiteacute drsquoeau recueillie entre J 06h UTC et J + 1 agrave 06h UTC

Donneacutees et meacutethodes

Les meacutethodes de construction des indicateurs de pluies extrecircmes sont baseacutees sur les travaux de lrsquoarticle publieacute par Ribes et al en 2018 (2018) Les donneacutees prises en compte pour le calcul de cet indicateur sont issues drsquoune seacutelection de seacuteries quotidiennes du reacuteseau drsquoobservation meacuteteacuteorologique de Meacuteteacuteo-France sur le pourtour meacutediterraneacuteen (deacutepartements des reacutegions Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes Cocircte drsquoAzur agrave lrsquoexception de la Corse ainsi que les deacutepartements du Tarn de lrsquoAveyron de lrsquoArdegraveche et de la Drocircme)

Deux seacuteries de donneacutees sont repreacutesenteacutees sur le graphique

Seacuterie 1 laquo histogramme en vert fonceacute raquo

Nombre annuel de jours avec un cumul de preacutecipitations supeacuterieur agrave 200 mm en reacutegion meacutediterraneacuteenne sur le reacuteseau de stations seacutelectionneacutees

Seacuterie 2 laquo histogramme en vert clair raquo

Nombre annuel de jours avec un cumul de preacutecipitations supeacuterieur agrave 150 mm en reacutegion meacutediterraneacuteenne sur le reacuteseau de stations seacutelectionneacutees

Annexes

197

Seacuteries quotidiennes de reacutefeacuterence

Lrsquohomogeacuteneacuteisation est un traitement statistique qui consiste agrave deacutetecter et corri-ger les biais dans les seacuteries de mesures afin de produire des seacuteries de reacutefeacuterence adapteacutees agrave lrsquoanalyse des eacutevolutions climatiques Ce traitement srsquoapplique agrave des seacuteries de moyennes mensuelles Or lrsquoanalyse des extrecircmes meacuteteacuteorologiques se base sur des donneacutees quotidiennes On utilise alors les seacuteries quotidiennes de reacutefeacuterence Ces derniegraveres ne sont pas corrigeacutees mais ont eacuteteacute seacutelectionneacutees en raison de leur qualiteacute en utilisant notamment les reacutesultats de lrsquohomogeacuteneacuteisation

Intensiteacute

Lrsquoindicateur intensiteacute correspond agrave lrsquointensiteacute du maximum annuel du cumul quo-tidien de preacutecipitations Il est calculeacute agrave partir drsquoune soixantaine de seacuteries seacutelec-tionneacutees parmi les seacuteries quotidiennes de reacutefeacuterence disponibles sur le pourtour meacutediterraneacuteen

Les critegraveres de seacutelection concernent une contrainte de couverture temporelle (nombre limiteacute de donneacutees manquantes) une contrainte sur la moyenne du maximum annuel calculeacutee sur la peacuteriode de

reacutefeacuterence 1961-1990 qui doit ecirctre au moins eacutegale agrave 60 mmjour

Chaque seacuterie retenue est normaliseacutee par sa moyenne sur la peacuteriode 1961-1990 Les seacuteries normaliseacutees sont ensuite regroupeacutees par classe de proximiteacute eacutevalueacutee agrave partir drsquoune meacutethode deacutecrite dans Ribes et al 2018 Les moyennes des seacuteries normaliseacutees sont calculeacutees pour chacune des classes et chaque anneacutee puis les moyennes de chaque classe sont elles-mecircmes moyenneacutees pour former la seacuterie temporelle de lrsquoindicateur

Freacutequence

Lrsquoindicateur freacutequence correspond au nombre de journeacutees de pluie intense meacutedi-terraneacuteenne On comptabilise une journeacutee de pluie intense degraves que le cumul quo-tidien de preacutecipitation deacutepasse un seuil donneacute (150 ou 200 mm) pour au moins une seacuterie parmi toutes les seacuteries quotidiennes de reacutefeacuterence disponibles sur le pourtour meacutediterraneacuteen (de lrsquoordre de 90 seacuteries)

Reacutefeacuterences

Le site des pluies extrecircmes de Meacuteteacuteo-France httppluiesextremesmeteofr

Les eacuteveacutenements meacuteteacuteorologiques extrecircmes dans un contexte de changement climatique

198

Annexe 4CONTRIBUTEURS ET REMERCIEMENTS

Cet ouvrage a eacuteteacute reacutealiseacute sous la direction de Laurent Michel directeur de lrsquoOb-servatoire national des effets du reacutechauffement climatique et drsquoEacuteric Brun secreacute-taire geacuteneacuteral

Auteurs

Vincent Bourcier Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Marie Carrega Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Christophe Corona GEOLAB CNRS Clermont-Ferrand France

Anaiumls Degache-Masperi Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Jeacuterocircme Duvernoy Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Nicolas Eckert Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Pierre Etchevers Meacuteteacuteo-France

Thierry Faug Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoen-vironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Florence Habets universiteacute Pierre-et-Marie-Curie

Florie Giacona Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Vincent Jomelli Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagriculture

Karine Laaidi Santeacute publique France

Jeacuterocircme Lopez-Saez Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Samuel Morin Meacuteteacuteo-France ndash Centre national de la recherche meacuteteacuteorologique Grenoble

Mohamed Naaim Institut national de recherche en sciences et technologies pour lrsquoenvironnement et lrsquoagricultureuniversiteacute Grenoble Alpes

Mathilde Pascal Santeacute Publique France

Annexes

199

Serge Planton Meacuteteacuteo-France Institut Pierre-Simon-Laplace

Jean-Michel Soubeyroux Meacuteteacuteo-France

Laure Tourjansky MTES Direction geacuteneacuterale de la preacutevention des risques

Jean-Paul Vanderlinden universiteacute Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines

Robert Vautard Institut Pierre-Simon-Laplace

Sarah Voirin Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Emmanuel Vullierme MTES Direction geacuteneacuterale de la preacutevention des risques

Personnes ayant contribueacute agrave la relecture

Vincent Bourcier Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Eacuteric Brun Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Romain Cailleton Direction geacuteneacuterale de lrsquoeacutenergie et du climat

Marie Carrega Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Olivier David Direction geacuteneacuterale de lrsquoeacutenergie et du climat

Jeacuterocircme Duvernoy Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Freacutedeacuteric Schafferer Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

Laure Tourjanski MTES Direction geacuteneacuterale de la preacutevention des risques

Sarah Voirin Observatoire national sur les effets du reacutechauffement climatique

  • Sommaire
  • Mot du preacutesident Ronan Dantec
  • Reacutesumeacute
  • Chapitre A ndash Introduction
  • Chapitre A ndash Introduction
    • Contexte
      • Chapitre A ndash Introduction
        • Eacuteveacutenements extrecircmes deacutefinitions
          • Chapitre A ndash Introduction
            • Risques lieacutes aux eacuteveacutenements extrecircmes deacutefinitions
              • Chapitre A ndash Introduction
                • Les extrecircmes meacuteteacuteorologiques du point de vue des sciences sociales
                  • Chapitre B ndash Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel
                  • Chapitre B ndash Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel
                    • Eacuteveacutenements extrecircmes deacutejagrave observeacutes coucircts humains et financiers
                      • Chapitre B ndash Eacuteveacutenements extrecircmes dans les climats passeacute et actuel
                        • Lien entre les changements deacutejagrave observeacutes et les activiteacutes humaines
                          • Chapitre C ndash Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene
                          • Chapitre C ndash Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene
                            • Quel sera lrsquoimpact futur du changement climatique sur les risques naturels majeurs
                              • Chapitre C ndash Eacutevolutions dans un climat changeant approche par pheacutenomegravene
                                • Conclusions
                                  • Chapitre D ndash Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes
                                  • Chapitre D ndash Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes
                                    • La preacutevention et la gestion des risques un eacuteleacutement majeur de lrsquoadaptation au changement climatique
                                      • Chapitre D ndash Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes
                                        • La preacutevention des risques naturels majeurs un enjeu qui requiert la mobilisation de tous
                                          • Chapitre D ndash Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes
                                            • La preacutevention des risques une politique structureacutee et de long terme qui articule des actions compleacutementaires
                                              • Chapitre D ndash Preacutevention et gestion des risques lieacutes aux eacuteveacutenements climatiques extrecircmes
                                                • Reacuteduction de la vulneacuterabiliteacute et de lrsquoexposition aux risques exemples de mise en oeuvre
                                                  • Conclusion
                                                  • Bibliographie
                                                  • Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire
                                                  • Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire
                                                    • Action internationale
                                                      • Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire
                                                        • Politique drsquoadaptation au changement climatique
                                                          • Rapport drsquoactiviteacute de lrsquoObservatoire
                                                            • Information formation et communication
                                                              • ANNEXES
                                                              • ANNEXES
                                                                • Annexe 1 ndash Glossaire sigles et acronymes
                                                                  • ANNEXES
                                                                    • Annexe 2 ndash Indicateur risque climatique
                                                                      • ANNEXES
                                                                        • Annexe 3 ndash De nouveaux indicateurs de changement des extrecircmes meacuteteacuteorologiques en France
                                                                          • ANNEXES
                                                                            • Annexe 4 ndash Contributeurs et remerciements
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