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7/28/2019 Les.afriques.diplomatie.2 http://slidepdf.com/reader/full/lesafriquesdiplomatie2 1/8    D    I    R    E    C    T    E    U    R     D    E    L    A     P    U    B    L    I    C    A    T    I    O    N     :    A    B    D    E    R    R    A    Z    Z    A    K    S    I    T    A    I    L TRAFIC D’ARMES EN AFRIQUE INTERVIEW AMBASSADEUR DOSSIER Commerce mondial L’OMC, en quête d’un nouveau souffle Majid Kamil «MABROUK» Moudjib Djinadou Désarmer pour maintenir la paix Trafic d’armes Le trafic d’armes en Afrique Les enjeux du contrôle du marché des armes Aymeric Elluin GÉOSTRATÉGIE INTERVIEW DIPL O MATIE N° 2 - Mars 2013 lesafriques.com Des militaires soudanais examinant des armes découvertes à l'Est de Khartoum, le 20 juillet 1971, à la suite d'un coup d'État manqué. Couv Diplomatie 28/02/13 19:09 Page1

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   D   I   R   E   C   T   E   U   R    D

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   L   A    P

   U   B   L   I   C   A   T   I   O   N    :

   A   B   D   E   R   R   A   Z   Z   A   K

   S   I   T   A   I   L

TRAFIC

D’ARMESEN AFRIQUE

INTERVIEWAMBASSADEUR DOSSIER

Commerce mondial

L’OMC,en quête d’unnouveau souffle

Majid Kamil

«MABROUK»Moudjib Djinadou

Désarmer pourmaintenir la paix 

Trafic d’armes

Le trafic d’armesen Afrique

Les enjeux ducontrôle dumarché des armes

Aymeric Elluin

GÉOSTRATÉGIE INTERVIEW

DIPLOMATIEN° 2 - Mars 2013

lesafriques.com

Des militaires soudanaisexaminant des armesdécouvertes à l'Est deKhartoum, le 20 juillet 1971,à la suite d'un coup d'Étatmanqué.

Couv Diplomatie 28/02/13 19:09 Page1

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SOMMAIRE

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5

7

8

La situation au Mali est très préoccu-pante, aussi bien pour les maliens quepour les pays voisins, l’Union Africaine

et la communauté internationale. Mais il estclair que l’intervention militaire internatio-nale au Mali est en train d’apporter ses fruits.Puisque aujourd’hui les djihadistes ne contrô-lent plus aucune grande ville du nord du pays.

Même s’ils continuent à s’accrocher dans cer-taines villes à travers des combats de type«guérilla». Un scénario redouté, prédit cepen-dant par beaucoup de spécialistes.Au delà de la guerre contre les djihadistes, leMali est le théâtre d’autres luttes, cette fois-ci internes. En effet, pendant que les soldatsfrançais et tchadiens se battent pour le Mali,les maliens s’affrontent entre eux. Les rivali-tés entre les Bérets Verts et les Bérets Rougesperdurent. Les deux groupes militairesmaliens, censés s’unir pour libérer leur pays,s’observent en chiens de faïence.D’un autre côté, ce sont les politiques quis’agitent, pressés de reprendre le pouvoir. Dans

la foulée, ils fixent hâtivement un calendrierserré pour les futures élections (d’ici Juilletprochain), alors même que la maison estencore en feu ! Espérons que les maliens seréveillent et se mettent d’accord sur leurs prio-rités nationales dictées par la situationactuelle. En tout cas, prions tous pour le Mali.Comme chaque mois, Les Afriques Diploma-tie traite des dossiers importants sur l’Afrique,en proposant une analyse géopolitique etgéostratégique des événements qui affectentle continent. Dans ce numéro, vous pouvezlire notre dossier sur l’OMC (page 4), cetteinstance de régulation du commerce mon-dial qui a grandement besoin d’un second

souffle pour jouer pleinement son rôle surla scène internationale. Vous pouvez lire éga-lement notre analyse géostratégique consa-crée au trafic d’armes (page 6), ce fléau quialimente les conflits en Afrique. Un sujetremis au goût du jour, par les récentes fusil-lades aux USA et les différentes guerres quidéstabilisent le continent.

Prions pour le Mali

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Crédit photosAFP, DR 

© Reproduction interdite sans l’accord écritde l’éditeur

DIPLOMATIE N°2MARS 2013

AMBASSADEURDes nombreuses réactionspositives qui ont suivi le

lancement de Les AfriquesDiplomaties, nous rete-nons celles de MagidKamil, un homme dont lesorigines rejoignent le par-cours tout aussi riche dansla diplomatie, puis dans laFinance.

DOSSIEROrgane indispensable de régu-lation du commerce internatio-nal pour les uns, symbole dulibéralisme sauvage pour les au-tres, l’influence et le rôle del’OMC suscitent des interroga-tions, notamment à cause del’échec des négociations cru-

ciales pour le commerce mon-dial. Dossier.

GÉOSTRATÉGIEPour Moudjib Djinadou, cher-cheur et fonctionnaire auprèsdes Nations Unies, le désarme-ment doit s’accompagner parla démobilisation et la réinser-tion des ex-combattants dansla société.

6GÉOSTRATÉGIEDepuis des décennies lesguerres alimentées par un afflux massif d’armements ravagent lecontinent africain. Le trafic illé-gal d’armes y est pour beau-coup. Des groupes armésincontrôlés et parfois génoci-daires parviennent à s’y appro-visionner facilement. Eclairages,sur un problème qui déstabilisetout la région.

GÉOSTRATÉGIEPour mieux comprendre les en-

 jeux et les conséquences du tra-fic d’armes qui déstabilisent lecontinent africain, nous avonsposé quelques questions à Ay-

meric Elluin, Chargé de la cam-pagne Armes et Impunité àAmnesty International France,une ONG très active dans lecombat pour le contrôle desarmes.

MOUVEMENTSET NOMINATIONSPierre Buyoya nommé chef dela MISMA

8AGENDADIPLOMATIQUEDu 6 au 9 Mars 2013 ForumCrans Montana à Bruxelles

2 • MARS 2013

Ibrahim SouleymaneRédacteur en Chef

ÉDITORIAL

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AMBASSADEUR

«Al’occasion d’un évènement

heureux, l’habitude en arabe

est de dire «Mabrouk». Mot

qui pourrait se traduire par

«que cela vous soit heureux».

La naissance de «Les Afriques Diplomatie» est un

évènement heureux, qui contribuera à combler

un manque qui se faisait sentir avec de plus en

plus d’acuité. Il existe certes de nombreuses re-

vues, certaines de grande qualité, dédiées aux re-

lations internationales, à la géopolitique, ainsi

qu’à la diplomatie. Cependant, outre qu’elles

sont le plus souvent centrées sur les thématiques

traditionnelles de la politique internationale,

l’Afrique n’est pas, à quelques exceptions près,

leur champ de prédilection.

Dans le grand chambardement mondial, en cours,

tout est remis en cause (voir le livre passionnant

du philosophe Frédéric Lenoir «La guérison du

monde»). L’Afrique est l’une des premières ré-

gions concernées par ces bouleversements, tant les

défis y sont nombreux. Il y a donc urgence à

(re)fonder la pensée stratégique africaine (voir

Jean-Jacques Konadjé «stratégies africaines :

quelles voies ?» in diploweb.com du 30/01/2013).

Qu’entend-on par «pensée stratégique» ? Il s’agit

des outils théoriques utilisés pour analyser, défi-

nir et organiser la mise en œuvre d’un certain

nombre d’objectifs. Réservée initialement aux 

questions militaires, elle est désormais sollicitée

pour tous les champs d’activités. «Quand on n’a

pas de stratégie, on se contente de copier les au-

tres. (….). Lorsqu’on ne pense pas à la stratégie,

on ne peut faire que panser», (Jean-Louis Levet,

économiste), (c’est moi qui souligne).

Le premier paradigme de la pensée stratégique

c’est le paradigme culturel. La réflexion straté-

gique doit donc partir de la réalité concrète, deses subtilités et de sa complexité. Xavier Qin, par-

lant des différences et des complémentarités en-

tre la Chine et l’Occident précise: «Il est ainsi utile

de présenter de façon succincte quelques fonde-

ments de la pensée stratégique chinoise :

* être comme l’eau ;

* la stratégie du yin et du yang ;

* l’économie des moyens.

Ces trois principes, fruits d’une tradition millé-

naire, se décèlent dans la stratégie de développe-

ment actuelle de la Chine» (in «Introduction à la

pensée stratégique chinoise traditionnelle»,

China Institute, Avril 2010).

Si tous les observateurs sont d’accords sur le fait

que l’Afrique est désormais une destination

porteuse pour les investisseurs, les mêmes inter-

rogations reviennent : l’Afrique saura-t-elle tra-

duire ces opportunités en résultats pérennes

pour ces populations ?

Bien entendu, il n’y a pas une Afrique, mais des

Afriques, des ensembles régionaux, avec leurs

spécificités. Indiscutablement, de grands progrès

ont été accomplis dans les diverses régions du

continent (du Maghreb à l’Afrique de l’Est en

passant par le Sahel). Ainsi, de vrais fleurons

existent désormais dans le secteur bancaire, danscelui des assurances, dans l’agro alimentaire,

dans l’immobilier, etc.

Mais l’essentiel reste à faire pour consolider ces

progrès. Et pour cela, chacun, à la place qui est la

sienne, doit contribuer à la révolution culturelle,

économique, financière, écologique, sociale, socié-

tale, géopolitique en cours partout dans le monde.

Oui, «Le Afriques Diplomatie» arrive à point

nommé. Longue vie et ….Mabrouk.»Majid Kamil

Ancien Ambassadeur de la Mauritanieau Canada et actuellement directeurde banque, Majid KAMIL était aussi

Conseiller au ministère des pêches

MARS 2013 • 3

Des nombreuses réactions positives qui ont suivi le lancementde Les Afriques Diplomaties, nous retenons celles de Magid Kamil,un homme dont les origines rejoignent le parcours tout aussi riche

dans la diplomatie, puis dans la finance.

MABROUK

«La naissance de «Les Afriques Diplomatie» est un évènementheureux, qui contribuera àcombler un manque qui sefaisait sentir avec de plus enplus d’acuité».

Après des études à l’universitéParis I, où il obtient un diplômede 3è cycles (DESS) en 1979 dansle domaine des sciences poli-tiques, Majid KAMIL rejoint leministère des pêches en Mauri-tanie, en tant que conseiller. En1984, il entame une carrière di-

plomatique suite à sa nomina-tion comme Ambassadeur de laMauritanie au Canada. Aprèsune riche expérience dans lasphère diplomatique, Majid KA-MIL rejoint le monde des af-faires. Entrepreneur averti, ildevient conseiller du présidentde la Chambre de commerce enMauritanie. Majid KAMIL pour-suit actuellement sa carrièredans la finance, en tant que di-recteur de banque.

BIO EXPRESS

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DOSSIER

Après deux mandats successifs à la tête

de l’Organisation Mondiale du Com-

merce (OMC), le français Pascal Lamy,

s’apprête à rendre le tablier en septem-

bre 2013, date à laquelle un nouveau DG sera élu

à la tête de cette organisation. Au cours de ces huit

ans passés à la tête de l’OMC, Pascal Lamy aura

tout essayé pour conduire à leurs termes les

grands chantiers de l’OMC. Mais sans atteindre le

succès escompté, car en vain il avait tenté de

concilier les positions opposées sur l’accord quidevrait entériner les longues négociations sur le

cycle de Doha, notamment à cause du blocage sur

la question des subventions agricoles.

La relance des négociations pourra peut-être ai-

der à relancer une économie mondiale en berne.

D’ailleurs l’OMC vient de publier une note dans

laquelle elle revoie à la baisse la prévision concer-

nant l’expansion du commerce mondial de 3,7%

à 2,5% pour 2012, ainsi qu’une estimation de

5,6% à 4,5% pour 2013. Une situation qui s’ex-

plique par le ralentissement de la production

mondiale. «Nous devons réaffirmer notre volonté à

redynamiser le système commercial multilatéral 

afin qu’il puisse réinstaurer un climat de certitude

économique à un moment où il fait cruellement dé-

 faut. La dernière chose dont l’économie mondiale a

besoin en ce moment, c’est la menace d’une montée

du protectionnisme», explique le Directeur général

de l’OMC, Pascal Lamy.

Plus de libre échangeEn 2011, le volume total du commerce mondial de

marchandises s’établit à 18 200 milliards de dollars,

selon le rapport 2012 de l’OMC. Pour rappel,

l’OMC a été créé en janvier 1995 sur les cendres du

GATT (General Agreement on Tariffs and Trade ou

l’Accord général sur les tarifs douaniers et le com-merce, créé à la fin de la seconde guerre mondiale

en 1947) à la suite des accords signés en avril 1994

à Marrakech par de nombreux pays dont les

grandes puissances économiques du monde.

L'OMC a pour but de réduire les obstacles au libre-

échange, d'aider les Etats à régler leurs différends

commerciaux et d'assister les acteurs du commerce

international dans leurs activités. Bien qu’elle col-

labore étroitement avec l’ONU, l’OMC n’est pas

une organisation onusienne. Son siège est basé à

Genève. Afin de mieux remplir sa mission, l’OMC

collabore étroitement avec deux organismes : la

CNUCED et l’ITC. La CNUCED (Conférence des

Nations Unies sur le Commerce et le Développe-

ment (CNUCED) est un organisme de l'ONU, créé

en 1964 et destiné à intégrer les pays en développe-

ment de façon équitable dans l’économie mon-

diale. Depuis sa création la CNUCED travaille avec

les pays du sud dans la promotion du commerce et

du développement des exportations. En faveur de

l’interventionnisme au départ, la CNUCED a re-

 joint progressivement les positions de l’OMC en

prônant le libéralisme aujourd’hui. Quant à l’ITC

(Centre du commerce international), il a été créé

par le GATT aussi en 1964. Il travaille avec les mi-lieux des affaires. Il clarifie les incidences des ac-

cords commerciaux pour les entreprises et les aide

à comprendre les règles commerciales et à en tirer

parti. Dans son fonctionnement, l’ITC est subor-

donné aux organes directeurs de la CNUCED et de

l'OMC. L'OMC est avant tout un cadre de négocia-

tion, «un lieu où les gouvernements membres es-

saient de résoudre les désaccords commerciaux 

existant entre eux», selon ses statuts. Elle dispose à

ce titre de prérogatives judiciaires entre les mains

de l'Organe de Règlement des Différends (ORD),

auprès duquel les pays qui s'estiment lésés peuvent

porter plainte. Une procédure permet de régler les

conflits entre les États membres. Elle est avant tout

basée sur la négociation.

Entre espoirs et déceptionsPour l’OMC les challenges sont multiples. D’abord

il y a la levée des obstacles qui limitent jusque-là la

suppression des barrières douanières. Ensuite, il y a

la délicate question des subventions et les régle-mentations restrictives souvent abusives adoptées

par certains Etats. Une tendance qui prend de plus

en plus de l’ampleur dans la conjoncture actuelle

qui pousse certains gouvernements, en particulier

les puissances occidentales à faire recours à «un

protectionnisme déguisé» pour sortir leur écono-

mie de la récession. A ce niveau, il faudrait recon-

naître que depuis

le début de la crise

financière inter-

Organe indispensable de régulation du commerce international pourles uns, symbole du libéralisme sauvage pour les autres, l’influence et le rôle

de l’OMC suscitent des interrogations, notamment à cause de l’échec desnégociations cruciales pour le commerce mondial. Dossier.

L’OMC, en quête d’un nouveau souffle

L es Afriques Diplomatie : Commentexpliquez-vous aujourd’hui la fai-blesse de l’Afrique dans le commerce

mondial ?Pascal Lamy : Si l’on regarde les chiffres, lepoids de l’Afrique dans le commerce mondialest faible, de l’ordre de 3%. La valeur absolue

du commerce africain augmente de manièresignificative, de 6 à 7% par an en moyenne,mais sa valeur relative reste faible. Pourquoi ?Parce que les économies africaines, à la diffé-rence de leurs consœurs de l’Amérique Latine,d’Asie ou d’autres pays en développement, nesont pas encore assez diversifiées. Le com-merce africain est essentiellement composé dematières premières et de produits énergé-tiques, et ne comprend que peu de biens ma-nufacturés et de services. Cette faiblesses'explique en partie par la taille des marchésafricains qui sont pour la plupart des micro-marchés à l’échelle de la planète. Nous

connaissons la solution à ce problème : c’estl’intégration régionale, une voie suivie au- jourd’hui par de nombreux pays africains. Laqualité des infrastructures devrait égalementêtre améliorée. Quand le port de Dar Es Salammettait 50 jours pour dédouaner un conte-neur, c’était un sérieux handicap pour le com-

merce africain. Enfin, d'autres facteurs jouentun rôle important, parmi lesquels l’environ-nement des affaires, le cadre légal, la fiabilitépolitique, le système judiciaire, le droit descontrats, ainsi que l’évolution des qualifica-tions (système éducatif). Les raisons de la fai-blesse de l'Afrique dans le commerce mondialsont donc assez clairement identifiées, et lessolutions sont connues : c'est une affaire demise en œuvre et de constance. Un certainnombre de pays africains ont d'ailleurs entre-pris des réformes et des progrès considérablessont en train d'être réalisés.

Propos recueillis par Adama Wade

Les raisons du faible poids del’Afrique dans le commerce mondial

4 • MARS 2013

Dans une interview accordée à notre journal Les Afriques No 132,Pascal Lamy Directeur Général de l’OMC explique les raisons dufaible poids de l’économie l’africaine dans le commerce mondial.

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nationale en 2007, le protectionnisme est devenu

une pratique courante. Cela en dépit des mises en

garde de l’OMC qui régule le commerce mondial.

Autant dire que le vent est défavorable pour l’OMC

d’autant plus que le cycle de Doha qui est le princi-

pal chantier sur lequel elle travaille depuis une dé-

cennie piétine toujours. Les négociations, entamées

depuis 2001 qui visent à réformer en profondeur le

système commercial international n’ont pas encore

abouti. Un dossier délicat puisque les intérêts des

différentes parties prenantes sont contradictoires.

Après plusieurs rounds, le Cycle de Doha est tou-

 jours au point mort.

L’heure de la restructurationAujourd’hui, les négociations se poursuivent encore

sur plusieurs aspects du Cycle de Doha afin d’élabo-

rer la feuille de route qui servira de documents de

travail lors de la neuvième Conférence ministériellede Bali qui se tiendra, du 3 au 6 décembre prochain.

Les difficultés qui subsistent en matière de régle-

mentation du commerce international sont si im-

portantes que, la question de sa restructuration est

considérée par plusieurs experts, comme la seule

voie pour lui permettre de remplir véritablement sa

mission. Une revendication d’autant plus légitime

que l’organisation semble dépassée aujourd’hui par

les nouvelles tendances du commerce international,

portées entres autres par la multiplication des ac-

cords de libre échanges (ALE) et la prolifération des

accords bilatéraux ou multilatéraux au sein des-

quelles tous les pays ne trouvent pas leur voie.

L’OMC, quel bilan ?L’échec des négociations du cycle de Doha justi-

fie, d’ailleurs, les critiques souvent portées à l’en-

contre de l’OMC qui a pour principale mission de

promouvoir la libéralisation du commerce à

l'échelle mondiale. Toutefois, le rôle qu’a jouél’OMC, depuis sa création dans la promotion du

libre-échange (notamment dans les pays commu-

nistes) et certaines de ses prises de position dans

les débats Nord-Sud, ont illustré au fil des années

tout le poids de cette organisation, devenue le pi-

vot des relations commerciales Nord-Sud.

En dépit des faibles avancées enregistrées dans la

réalisation de sa mission de démantèlement des

barrières douanières, l’OMC a réussi à faire adhé-

rer en son sein un grand nombre de pays. Au-

 jou rd’hui 158 Etats en son t memb res . Après

l’adhésion de la Chine en décembre 2001 et de la

Russie en août 2012, on peut dire que l’OMC a

réussi à faire basculer dans le libéralisme les plus

grandes économies communistes. Aujourd’hui les

défis pour l’OMC sont multiples. Mais ce qui est

sûr, c’est que le contexte actuel plaide pour une ré-

vision des missions assignés à l’organisation et qui

lui permettront, peut-être, de relever le défi d’une

mondialisation plus équitable et plus solidaire.Ibrahim Souleymane

GÉOSTRATÉGIE

L es Afriques Diplomatie : Pouvez-vousnous expliquer comment les groupesarmés incontrôlés dans les pays afri-

cains parviennent-ils à s’approvisionner enarmements ?Moudjib Djinadou : Les groupes armés nais-sent, vivent, prolifèrent par la grâce du crimeorganisé favorisé par la faillite de l’Etat et lestrafics de tous genres, y compris celui desarmes et des munitions, qui constituent undes piliers de leurs existence.

 LAD : Quelles sont les conséquences du traficd'armes sur le continent africain ?

M.D. : La conséquence majeure en est la dis-ponibilité d’armes de tous genres, notam-ment les armes légères et individuellesd’utilisation et de transport faciles, qui sontun attrait pour les jeunesses défavorisées, dés-orientées et donc influençables. Cela les en-traîne inévitablement vers le crime, en raisondes possibilités de gains.

 LAD : Concernant les armes qui sont déjà encirculation en Afrique, le désarmement estsouvent cité comme solution pour empêcheraux milices et autres groupes incontrôlés decontinuer à entretenir la violence. Comment

réussir une opération de désarmement ?

M.D. : Le désarmement ne peut pas se com-prendre comme l’évènement qui consiste à ré-cupérer les armes contre de l’argent. Ceci esttout à fait contre-productif dans la mesure oùpour une arme rendue, il est toujours possiblede s’en procurer beaucoup d’autres, en raisondu flux incontrôlé d’armes légères à travers lecontinent. Le désarmement doit toujours êtreun DDR : désarmement, démobilisation, réin-sertion dans la société. C’est un processus selonlequel le volet le plus important doit être laréussite dans la réinsertion de ceux qui aurontété désarmés dans la communauté, et faire ensorte qu’ils ne trouvent aucun intérêt à repar-

tir sur la voie de la violence. Il s’agit d’une dé-cision éminemment politique, qui doit êtreassortie de la volonté d’orienter le processusvers une intégration définitive de ceux qui sesoumettent au processus.

 LAD : Selon vous est-il possible d’enrayer ef-fectivement le trafic d’armes en Afrique ? Sioui, comment ?M.D. : Les trafics, quels qu’ils soient, se nour-rissent de la faiblesse, de la faillite de l’État. Si onprend le cas du Sahel, qui traverse actuellementune crise qui était prévisible, on s’aperçoit queles zones affectées dans chacun des pays

concernés (Mali, Niger, Mauritanie) sont des

zones frontalières où l’Etat est notoirement ab-sent. Lorsque la force publique ne peut être ef-fective, lorsque les citoyens ne voient dans leurquotidien pratiquement aucune manifestationde l’État à leur profit, alors les populationsconcernées sont vulnérables à toute sollicita-tion. Le crime organisé peut proliférer sans en-trave. Pour être efficace à enrayer le traficd’armes, il faut nécessairement que l’Etat res-taure son autorité sur toute l’étendue de sonterritoire, et se mette en capacité de fournir lesservices publics à toute la population, afin quecette dernière n’ait pas un intérêt direct au dé-roulement du trafic des armes à portée des

communautés. Les services de sécurité de l’Etatdoivent être efficaces et motivées. Motivées afind’éviter la corruption, qui ne fait qu’aggraver leproblème, car elle donne un sceau quasi offi-ciel aux opérations illégales.

 LAD :A qui incombe la responsabilité ducontrôle du commerce des armes ?M.D. : Sans hésiter, à l’Etat, par l’intermédiairedes services de sécurité intérieurs. Bien entendu,il ne serait possible de contrôler le trafic desarmes sans une coopération régionale et inter-nationale efficace, mais la responsabilité pre-mière est définitivement celle de chaque Etat.

Propos recueillis par Ibrahim Souleymane

MARS 2013 • 5

Interview

Pour Moudjib Djinadou, chercheur et fonctionnaire auprès des Nations Unies, le désarmement doits’accompagner par la démobilisation et la réinsertion des ex-combattants dans la société.

Désarmer pour maintenir la paix

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GÉOSTRATÉGIE

6 • MARS 2013

L’intervention militaire contre les

groupes djihadistes dans le nord

du Mali a remis sur la table le sujet

dél icat du contrôle du traf ic

d’armes, notamment en Afrique où les armes à

feu font chaque année des dizaines, voire des

centaines de milliers de victimes. Bien que ce

phénomène ne soit pas nouveau sur le continent,

la quantité et la qualité des armes détenues par

les djihadistes armés du Mouvement pour l’Uni-

cité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) etleur parrain, Al-Qaïda au Maghreb Islamique

(AQMI), permet de prendre conscience de l’am-

pleur que prend ce fléau.

Toute une variété d’armesen circulationSelon les spécialistes de la question, il y a toute

une variété d’armes de guerre qui circulent de fa-

çon illégale en Afrique. Et souvent ces armes

tombent dans les mains de groupes armés incon-

trôlés, ou dans des régions qui sont sous embargo

international sur les armes.

D’ailleurs l’une des premières surprises dans les

combats pour la libération du Nord-Mali a été la

variété de l’arsenal de guerre dont disposaient les

groupes islamistes. En effet, plusieurs armes mo-

dernes ont été retrouvées dans les mains des

groupes armés dans cette régions, notamment

des pistolets mitrailleurs «Uzi», de fabrication is-

raélienne, des mitrailleuses lourdes, des canons

antiaériens, des lance-roquettes antichars, les fa-

meux «RPG7» et même des missiles MILAN de

fabrication française, ou des missiles russes SA-7

Grail ou Strela-2, capables d’abattre un avion de

ligne en phase de décollage ou d’atterrissage

(provenant du stock d’armes libyen après la

chute de Kadhafi). Bref un véritable arsenal deguerre éparpillé dans un espace vaste de plus de 5

millions de km2, incontrôlé.

Mais le Sahel n’est pas la seule région d’Afrique

concernée par ce problème. En effet, dans d’au-

tres conflits notamment dans la région des

Grands Lacs, au Soudan, au Tchad, ou encore

dans la région de la Somalie, de grandes quanti-

tés d’armes de guerre circulent dans les mains

des milices ou d’autres groupes armés incontrô-

lés. Selon Aymeric Elluin, chargé de la cam-

pa gn e A r m e s e t I m pun i té à A m n e s ty  

International France, des armes telles que les

lances roquettes, les pièces d’artillerie légère, les

mortiers, des mines terrestres, les mitrailleuses

(AK-47, fusils d’assaut R4 sud-africains), les

obus de mortier, les obus d’artillerie de 107 mm

équipent des groupes armés au Soudan où de

graves violations des droits humains ont été

commises. On retrouve également des mitrail-

leuses de types PKM ou de type MAG, des lance-

roquettes RPG-7, des mortiers, des canons sans

recul, des lance-roquettes multiples, des mines

antichar, des mortiers, des camions équipés de

mitrailleuses, de batterie automatique, ainsi que

des armes de petit calibre dans les mains des re-belles en RD Congo.

Sur les traces du traficAlors d’où viennent toutes ces armes qui inon-

dent le continent africain ? Le trafic d'armes est

l'une des quatre activités illégales les plus lucra-

tives avec le trafic de drogues, le trafic de médica-

ment et la prostitution. Le marché international

des armes est évalué à 1 400 milliards de dollars

par an, dont une bonne partie fini dans le circuit

de vente illégale. En Europe par exemple, le port

d'Anvers en Belgique est l'une des plaques tour-

nantes européennes du trafic d'armes. Par contre

en Afrique, il existe plusieurs portes d’entrées

pour les armes illégales, qui arrivent par diffé-

rents moyens de transport. Le trafic d’armes est

favorisé par la multiplication des conflits qui

constituent un énorme marché pour les vendeurs

d’armements. C’est ce qu’a relevé le Groupe de

Recherche et d’Information sur la Paix et la sécu-

rité (GRIP) qui vient de publier, en janvier der-

nier, un rapport sur les trafics d’armes en Afrique

de l’Ouest, principalement en Côte d’ivoire et au

Mali. Certes, les principaux acteurs des conflits

ne sont pas logés à la même enseigne selon qu’il

s’agisse d’un Etat souverain ou de groupes armés.

Dans un cas comme dans l’autre, le recours aux circuits illicites est devenu le moyen facile pour

renforcer son arsenal surtout, pour le cas des

Etats sous embargo international.

L’autre élément intéressant du rapport du GRIP

c’est qu’il a mis en évidence le fait que le trafic

d’armes est un cercle vicieux qui passe d’un pays

à un autre, d’une région à une autre. Ainsi, dès

qu’un conflit prend fin dans telle zone, les arme-

ments sont presque automatiquement transférés

vers un nouveau théâtre de confrontations armée

comme c’est le cas avec la Somalie, la RD Congo,

le Liberia ou la Sierra Leone, la Cote d’Ivoire ou

encore récemment la Lybie.

Là où le bât blesse, c’est que l’Afrique est juste

un terrain florissant en matière de commerce

illégal, mais pas un fabricant d’armes de pre-

mier plan. En effet, bien que quelques pays

africains produisent des armes (Afrique du

Sud, Zimbabwe, Nigéria, Namibie, Ouganda,

Kenya, Tanzanie, Egypte), seul l’Afrique du Sud

peut être considérée comme un producteur de

stature international puisque ce pays fournit

68 Etats à travers le monde.

Quelques chiffres parlantsLes statistiques sur les quantités que brassent ce

trafic sont généralement approximatives en raison

de la difficuté à recenser les armes sur le terrain.

Mais selon les estimations de Small Arms Survey,

(«Enquête sur les armes légères»), un projet de re-

cherche indépendant intégré à l’Institut de Hautes

Etudes Internationales et du développement basé

à Genève, ce sont quelques 875 millions d’armes

légères et de petit calibre (ALPC) qui sont éparpil-

lées dans le monde, dont plus de 100 millions rien

qu’en Afrique. A noter également que 90% des vic-

times de guerre (dont les femmes et les enfants)

sont tuées par des armes légères.

En moyenne, 15 armes supplémentaires sont fa-

briquées chaque minute pour la vente à travers le

monde. Au total ce sont plus de 875 millions

d’armes légères qui circulent dans le monde, soit

une arme pour 10 personnes. Côté producteurs,

ce sont quelques 1000 sociétés réparties dans 98

pays qui fabriquent les armes. Par pays, Sur la pé-

riode 2006-2011, ce sont respectivement les

États-Unis (44 % de parts de marché), la Russie

(14 %), le Royaume-Uni (11 %), la France (8,5

%) et Israël (5,5 %) qui dominent le marché des

exportations des armes. On peut aussi noter la

Chine qui connait également une évolution très

importante ces dernières années et la Belgiquequi est un fournisseur de premier plan en ce qui

concerne les armes légères. Selon l’organisation

«Control Arms» une alliance mondiale de la so-

ciété civile qui milite pour un traité sur le com-

merce des armes, plus de 16 milliards de

munitions sont produites chaque année, soit

plus de 2 balles pour chaque personne sur la pla-

nète. Autres chiffres, 60% des armes légères sont

entre les mains de civils, plus de 80% des armes

légères illégales proviendraient au départ d’un

commerce reconnu par les Etats, plus d’un mil-

lion d’armes à feu sont perdus ou volés chaque

année dans le monde.

Un autre chiffre pour compléter le tableau. De-

Depuis des décennies les guerres alimentées par un afflux massif d’armements ravagent lecontinent africain. Le trafic illégal d’armes y est pour beaucoup. Puisque des groupes

armés incontrôlés et parfois génocidaires parviennent à s’y approvisionner facilement.Eclairages sur un problème qui déstabilise toute la région.

Le trafic d’armes en Afrique

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puis 1998, les conflits au Congo (RDC) ont fait

quelques 5,4 millions de morts selon les estima-

tions de l’ONG International Rescue Commit-

tee (IRC), chiffre bien crédible repris d’ailleurs

par le conseil de sécurité de l’ONU. A ce jour,

c’est le conflit le plus meurtrier depuis la se-

conde guerre mondiale.

Il est difficile d’apaiser les conflits dans le monde

si on n’arrive pas à contrôler les flux d’armes qui

circulent. Donc pour la survie de l’Afrique et du

monde, le contrôle de la production et de la vente

des armes constitue une urgence…

Les négociations de la dernière chanceLe commerce international des armes est peu

soumis à des règles internationales, ce qui rend

les armes facilement accessibles entrainant de

sérieux dommages à plusieurs régions du

monde. Mais du 18 au 28 mars prochain vontreprendre à New York, les négociations interna-

tionales en vue de l’adoption déf initive du Traité

sur le commerce international des armes (TCA).

La conférence va se tenir sous l’égide de l’ONU

à la suite de la résolution adoptée le 24 décem-

bre dernier. Après l’échec des pourparlers de

Juillet 2012, cette fois les organisations interna-

tionales engagées dans le p rocessus semblent

plus confiantes. Plusieurs facteurs plaident, en

effet, en faveur d’une convergence des positions,

notamment la nouvelle politique intérieure

américaine sur les armes à feu, après la réélec-

tion de Barack Obama et les tragédies consécu-

tives aux différentes fusillades qui ont endeuillé

l’Amérique ces dernières années. Les négocia-

tions de Mars prochain sont considérées par

plusieurs experts comme celles de la dernière

chance puisque jamais, la communauté interna-

tionale n’a été aussi favorable à un accord dans

ce sens. Le processus visant à l’adoption d’untraité international sur le commerce des armes

(TCA) a été lancé en 2006 par une résolution de

l’Assemblée générale de l’ONU et était censé se

conclure par une conférence diplomatique fin

 juillet 2012. L’objectif visé à travers le TCA est

de parvenir à imposer des normes juridique-

ment contraignantes afin de rendre obligatoires

des contrôles systématiques sur les ventes inter-

nationales d’armements. «Un traité efficace sur 

le commerce des armes doit avoir des règles d’or.

Par exemple le transfert d’armements ne devrait 

 pas être autorisé si ces armes r isquent d’être uti li-

sées pour des v iolations massives des droits de

l’homme.», soutient Rayan Wood, un expert de

l’ONG Amnesty International. Il s’agit d’un vé-

ritable défi pour la communauté internationale

car aujourd’hui encore le trafic des armes de-

meure hors de contrôle malgré les multiples ini-

tiatives pour contenir le fléau et mettre fin à

l’hécatombe qu’il engendre chaque année.Ibrahim Souleymane

L es Afriques Diplomatie : Pouvez-vousnous expliquer comment les groupesarmés incontrôlés dans les pays

africains font-ils pour s’approvisionner enarmements ?Aymeric Elluin, Chargé de la campagne Armeset Impunité à Amnesty International France :Différents moyens sont utilisés pour s’approvi-sionner en armements. Les principaux moyensd’acquisition sont : des transferts d'armes irres-ponsables provenant des Etats exportateurs, desopérations de trafic illicite, des armes détournéesde leur destinataire final déclarée avec la com-

plicité de l’Etat destinataire (recours à des certi-fications d’utilisation finale falsifiés), des armesréexportées sans autorisation de l’Etat vendeur.Il existe également d’autres sources d’approvi-sionnement comme c’est le cas : des armementsrécupérés lors de combats sur les soldats morts,des armées qui revendent leurs armements aux groupes rebelles, des vols dans les lieux destockage des autorités par les forces armées pourrevendre aux groupes armés, du pillage desstocks officiels par des groupes armés.

 LAD : Quelles sont les conséquences du traficd'armes sur le continent africain ?

A.E. : Les conséquences sont effroyables en

termes de coûts humains. Ce trafic entraîne desviolences sexuelles, des disparitions forcées, desexécutions extrajudiciaires, les recrutementsd’enfants soldats, le déplacement de popula-tions entières, entre autres violations des droitshumains. La circulation illégale d’armes se faiten total violation du droit international huma-nitaire qui légifère en matière de crimes deguerre et crimes contre l’humanité, en mêmetemps qu’elle porte atteinte au développementsocio-économique et facilite le pillage des res-sources naturelles.

 LAD : Est-il possible d’enrayer effectivement letrafic d’armes en Afrique? Si oui, comment ?A.E. : Oui cela est possible. Avec l’adoptiond’un traité international sur le commerce desarmes classiques (TCA). Un tel traité sera ennégociation au siège des Nations unies à New York, du 18 au 28 mars prochain. C’est une op-portunité historique à saisir. Une délégationd’Amnesty International, dont je ferai partie,sera présente pour observer les débats.

 LAD : Jusqu’à présent il n’existe pas une véri-table réglementation sur le commerce desarmes dans le monde. Selon vous, pourquoi

les Etats n’arrivent pas à se mettre d’accord

sur un traité efficace dans ce sens ?A.E. : Pour le moment, il n’y a pas d’échec pourobtenir un traité. Un projet de traité existe quisera finalisé, du 18 au 28 mars 2013 aux Na-tions Unies, lors d’une conférence finale. La dif-ficulté tient au fait que le traité oppose grandsproducteurs/exportateurs aux importateurs.Autrement dit, une poignée d’Etats qui dominele marché de l’armement ont dû mal à accepterde se voir contrôler dans leur activité. De mêmeles pays importateurs craignent de perdre unaccès illimité au marché de l’armement. L’ar-mement est le cœur du pouvoir régalien de

l’Etat, c’est ce qui lui permet d’assurer sa sécu-rité et celle de ces citoyens ainsi que d’asseoirsa souveraineté sur la scène internationale.C’est sa souveraineté qui est donc en jeu, sonoutil de politique étrangère et de sécurité. Sanscompter les enjeux économiques faramineux.Il est difficile aussi pour les Etats de réguler ledomaine, d’autant plus que le traité place enson cœur la nécessité de prendre en compte lerisque de violations des droits humains. Nom-bre de pays voit là un moyen de s’ingérer dansleur domaine intérieur, d’où la difficulté desnégociations en cours qui encore une fois sontloin d’être un échec et sur le point d’aboutir.

Propos recueillis par Ibrahim Souleymane

MARS 2013 • 7

Pour mieux comprendre les enjeux et les conséquences du trafic d’armes qui déstabilisent le continentafricain, nous avons posé quelques questions à Aymeric Elluin, Chargé de la campagne Armes et Impu-nité à Amnesty International France, une ONG très active dans le combat pour le contrôle des armes.

GÉOSTRATÉGIE Interview

Les enjeux du contrôle du marché des armes

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MOUVEMENTSET NOMINATIONS

Jules-Armand Aniam-bossou, nommé Ambas-sadeur du Bénin en

France Depuis ce 30 Jan-vier 2013, Jules-ArmandAniambossou remplaceAlbert Agossou à la têtede l’ambassade du Béninà Paris. Cet ingénieur deformation est égalementdiplômé de l’ENA. Jules-Armand Aniambossou quia une double nationalité béninoise est considéré comme l'hommequ’il faut à la place qu’il faut puisqu’il pourrait permettre à BoniYayi d'avoir de bonnes entrées à l'Elysée.

8 • MARS 2013

L'ancien Président duBurundi Pierre Buyoyavient d’être nomméReprésentant spécial dela présidente de laCommission del’Union Africaine etchef de la mission in-ternationale de soutienau Mali sous conduiteAfricaine, MISMA. Lanomination de PierreBuyoya s’inscrit dans le

cadre des efforts del'UA et de la CEDEAOvisant à faciliter le dé-ploiement et les activi-tés de la MISMA.L'ancien PrésidentBuyoya, qui disposed’une grande expé-rience politique et di-plomatique pourra

contribuer de façon si-gnificative à assurerl'efficacité de laMISMA et à mobiliserle soutien internationalnécessaire au succèsdes efforts de l'UnionAfricaine au Mali.

Assane N’Doye a oc-cupé précédemmentles postes de directeurde la police judiciaire(2005-2007), directeurgénéral de la sûreténationale (2007-2008)puis premier conseillerde l’ambassade du Sé-négal à Bahreïn (2008-

2011). Il aura la charged’entretenir et d’élar-gir une coopérationfructueuse entre lesdeux pays sur plu-sieurs dossiers dontcelui de la sécurité.Rappelons également

que le Sénégal parti-cipe à la Mission inter-nationale de soutien auMali (Misma) avec uncontingent de 500 sol-dats pour la recon-quête de la région dunord-Mali.

Ousmane DiaoBaldé, nommé am-bassadeur de la deGuinée en AlgérieOusmane Diao Baldéqui était précédem-ment directeur des af-faires juridiques etconsulaires au minis-tère des affaires étran-gères et des guinéensde l’Etranger vientd’être nommé ambas-sadeur de la Répu-blique de Guinée enRépublique Algériennedémocratique et popu-laire. Le gouvernementalgérien a déjà donnéson agrément à cettenomination.

Du 6 au 9 Mars 2013Forum Crans Montana

à Bruxelles. La 7è Ses-sion du Forum CransMontana sur l’Afriquese tiendra du 6 au 9Mars 2013 à Bruxellesen Belgique. Cette édi-tion portera surl’Afrique et la Coopé-ration Sud-Sud. LeForum Crans Montanaest un évènementmondial. Avec plus600 participants,l’édition précédente

tenue en mars 2012 aété un vrai succès.

8 Mars 2013 Journée in-ternationale de la

femme. Comme chaqueannée, le monde célèbrele 8 mars la fête inter-nationale de la femme.Pour 2013, les NationsUnies ont choisi pourthème cette Journée :«Une promesse est unepromesse : il est tempsde passer à l’action pourmettre fin à la violenceà l’égard des femmes».Du 18 au 28 mars : ONU/ Négociations du Traité

(TCA) sur le commercedes armes. C’est du 18

au 28 mars prochainque reprendront, à New

York, les négociationsinternationales en vuede l’adoption ducontenu du Traité sur lecommerce internationaldes armes (TCA). Aprèsles échecs des précé-dentes négociations, lacommunauté internatio-nale espère que cetterencontre aboutir a à untraité final sur le com-merce international desarmes.

Du 21 au 26 mars 2013 :Union africaine / Réu-

nion annuelle des minis-tres des finances. La 6ème

réunion annuelleconjointe de la Confé-rence des ministres del’économie et des fi-nances de l’Union afri-caine et de la Conférencedes ministres africainsdes finances, de la plani-fication et du développe-ment économique de laCommission économiquepour l’Afrique se tiendradu 21 au 26 mars 2013 àl’Hôtel Ivoire à Abidjan

en Côte d’Ivoire. Cetterencontre est placée

sous le thème : «L’in-dustrialisation au ser-

vice de l’émergence del’Afrique».Du 25 au 27 Mars2013 : Union afri-caine / Rencontre duCAADP à Addis Ababa.La Commission del'Union Africaine etl'Agence du NEPADtiendront du 25 au 26Mars 2013 à Addis-Abéba en Ethiopie, la9ème session du CAADP(Comprehensive Afri-

can Agriculture Deve-lopment).

Joseph Paré reste àson poste d’ambas-sadeur à Paris

Assane N’Doyenomméambassadeur du

Sénégal au Mali

Le ministre burkinabédes affaires étrangères aconfié à la presse localeque Joseph Paré restetoujours l’ambassadeur àParis tant qu’il n’est pasremplacé après sa démis-sion annoncée il y a 4mois. Joseph Paré avaiten effet adressé une de-mande de démission auprésident Burkinabé afinde mieux préparer sa dé-fense, car il était mis encause par un rapportayant relevé des irrégula-rités sur sa gestionquand il était ministre.

Elisabeth Barbier,Ambassadrice deFrance auprès del'Afrique du SudElisabeth Barbier vientde prendre fonctiondans un pays qu’elleconnaît bien, pour y avoir servi à deux re-prises, comme pre-mière secrétaire àl’Ambassade puiscomme Consule Géné-rale à Johannesburg.Avant cette nomina-tion, Elisabeth Barbierétait précédemment di-rectrice Afrique etOcéan indien au Quaid’Orsay puis, ambassa-drice au Kenya.

Pierre Buyoyanommé chef dela MISMA

AGENDA DIPLOMATIQUE

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