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Amiens, 20-22 Mai 2004 87 Le rameau carpien transverse de la branche dor- sale du nerf ulnaire : variations morphologiques et intérêt chirurgical RAPP E, EHLINGER M, LE MINOR JM, NONNENMACHER J Institut d’Anatomie Normale, Faculté de Médecine, F-67085 Stras- bourg. Le rameau carpien transverse est une collatérale incons- tante de la branche dorsale du nerf ulnaire. En raison de ses implications cliniques, nous avons souhaité en préciser l’anatomie. Ce travail a porté sur 45 dissections réalisées sous loupe grossissante avec repérage de la branche dorsale du nerf ul- naire et du rameau carpien transverse quand il existait. La morphologie de ce rameau carpien, sa longueur, et son dia- mètre ont été étudiés. Enfin, ont été mesurées les plus petites distances séparant ce rameau de quatre éléments d’intérêt clinique : 1) l’extrémité distale du processus styloïde ulnaire, et les emplacements de trois voies d’abord arthroscopiques ; 2) la voie 4-5 ; 3) la voie 6R ; et 4) la voie 6U. Le rameau carpien transverse était présent dans 12 cas sur 45 (27 % des cas). Son trajet était distal par rapport au pro- cessus styloïde ulnaire dans 10 cas sur 12 (83 %) ; il naissait proximalement et croisait la tête de l’ulna dans 2 cas sur 12 (17 %). Sa longueur était en moyenne de 27,0 mm, et son diamètre de 0,98 mm. Ce rameau carpien était séparé du processus styloïde ulnaire par une distance de 3,50 mm, et des trois voies d’abord arthroscopique par des distances de 3,75 mm à 4,83 mm. L’existence de ce rameau doit impérativement être con- nue lors de la réalisation d’un abord chirurgical, et en parti- culier arthroscopique, à la face dorsale du poignet. La varia- bilité anatomique de ce rameau ne semble pas permettre la détermination de zones de sécurité parfaitement fiables. Étude de la morphologie et du positionnement des os du carpe en 3D par analyse d’image à par- tir de coupes tomodensitométriques du poignet CANOVAS F, ROUSSANNE Y, SWIDER P, BONNEL F Laboratoire d’anatomie, Faculté de Médecine de Montpellier, 2 rue école de médecine, 34060 Montpellier Cedex 2. L’analyse de la morphologie et du positionnement des os du carpe repose habituellement sur le calcul de distances et d’angles à partir de clichés radiographique standard. Ces mesures dépendent de l’incidence des rayons X et de l’expertise de l’examinateur. Les données numériques ex- traites des examens tomodensitométriques peuvent être uti- lisées pour analyser la géométrie du carpe. Nous avons défi- ni une série de paramètres biométriques et angulaires permettant d’étudier la morphologie et le positionnement des os du carpe. L’étude a porté sur 34 examens tomodensitométriques de poignets atraumatiques. L’analyse biométrique a été réali- sée à partir du volume et de la longueur des axes principaux d’inertie. Les centres géométriques et la projection dans le plan frontal et sagittal des axes principaux d’inertie ont per- mis d’étudier l’orientation des os du carpe. La distance 3D normalisée entre les centres géométriques du Capitatum et du Triquétrum était la plus grande (0,867+/-0,025), tandis que la distance entre les centres géométriques de l’Hama- tum et du Triquétrum était la plus petite (0,515+/-0,038). Dans le plan sagittal, l’axe principal d’inertie des os de la première rangée du carpe se projette en avant de la verticale du référentiel, alors que celui du Capitatum se projette en arrière. Les distributions de l’ensemble des paramètres me- surés étaient normales. L’étude d’une série plus importante de poignets permet- tra dans le futur de définir pour chaque paramètre quantita- tif un intervalle de normalité et l’étude comparative entre les mesures des poignets normaux et des poignets pathologi- ques devrait permettre de définir les paramètres quantitatifs les plus pertinents. Proportions intrinsèques des os de la main et du pied dans l’espèce humaine LE MINOR JM, SCHLOTTERBECK H, WOLFF J, ROZAK M, RAPP E EA 3428, Institut d’Anatomie Normale, Faculté de Médecine, F- 67085 Strasbourg. Dans les travaux classiques disponibles dans la littérature, la biométrie des os de la main et du pied a essentiellement été étudiée par des mesures linéaires ou de robustesse. Une synthèse sur les proportions des os de la main et du pied provenant de données quantitatives originales de type tridi- mensionnelles est présentée. Le matériel a consisté en 60 squelettes complets de mains et 60 squelettes complets de pieds (os secs) provenant de su- jets humains adultes normaux. L’approche pondérale a été utilisée, des travaux antérieurs ayant démontré que la déter- mination des poids relatifs était une méthodologie simple, reproductible, non-invasive, rapide, et peu coûteuse pour évaluer des proportions osseuses intrinsèques. Au total, 1 620 données élémentaires ont été obtenues pour la main et 1 560 pour le pied. Les résultats sont présentés à travers six aspects princi- paux : 1) Proportions intrinsèques des segments principaux de la main et du pied ; 2) Proportions intrinsèques du carpe ; 3) Proportions intrinsèques du tarse ; 4) Proportions intrin- sèques du métacarpe et du métatarse ; 5) Proportions intrin- sèques du premier rayon digital de la main et du pied (pouce et hallux) ; 6) Proportions intrinsèques des phalanges de la main et du pied. Les proportions présentées dans le présent travail sont le reflet de facteurs biologiques, fonctionnels, et évolutifs. Ces proportions apparaissent être des données biométriques fondamentales et semblent ouvrir d’intéressantes perspecti- ves en morphologie fonctionnelle et comparée et en paléon- tologie, en particulier chez les primates et les hominidés. Lésions dégénératives du compartiment radial du coude : observations anatomiques QUINTART C, NYSSEN-BEHETS C, GONDONNEAU S, LENGELE B Hôpital de Jolimont et Unité d’anatomie humaine, Université Catho- lique de Louvain, Belgique, 52/5240 avenue E. Mounier, B-1200 Bruxelles. L’articulation du coude est le siège de syndromes doulou- reux suscitant de multiples hypothèses quant à leur étiopa- thogénie. Cette étude vise à recenser les anomalies morpho- logiques observées dans le compartiment radial de 43 coudes de cadavres embaumés, âgés de 57 à 97 ans. Elle porte sur le capitulum, la zone conoïde, la tête radiale et la frange syno- viale, ainsi que sur l’origine du muscle court extenseur radial du carpe. Il en ressort que la tête radiale est systématique- ment (41 cas/43) le siège de lésions cartilagineuses, associées à une usure de la zone conoïde et/ou du capitulum. Un mé- nisque ou frange arthro-synoviale est visible dans tous les

Lésions dégénératives du compartiment radial du coude : observations anatomiques

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Page 1: Lésions dégénératives du compartiment radial du coude : observations anatomiques

Amiens, 20-22 Mai 2004 87

Le rameau carpien transverse de la branche dor-

sale du nerf ulnaire : variations morphologiques

et intérêt chirurgical

RAPP E, EHLINGER M, LE MINOR JM, NONNENMACHER J

Institut d’Anatomie Normale, Faculté de Médecine, F-67085 Stras-bourg.

Le rameau carpien transverse est une collatérale incons-tante de la branche dorsale du nerf ulnaire. En raison de sesimplications cliniques, nous avons souhaité en préciserl’anatomie.

Ce travail a porté sur 45 dissections réalisées sous loupegrossissante avec repérage de la branche dorsale du nerf ul-naire et du rameau carpien transverse quand il existait. Lamorphologie de ce rameau carpien, sa longueur, et son dia-mètre ont été étudiés. Enfin, ont été mesurées les plus petitesdistances séparant ce rameau de quatre éléments d’intérêtclinique : 1) l’extrémité distale du processus styloïde ulnaire,et les emplacements de trois voies d’abord arthroscopiques ;2) la voie 4-5 ; 3) la voie 6R ; et 4) la voie 6U.

Le rameau carpien transverse était présent dans 12 cas sur45 (27 % des cas). Son trajet était distal par rapport au pro-cessus styloïde ulnaire dans 10 cas sur 12 (83 %) ; il naissaitproximalement et croisait la tête de l’ulna dans 2 cas sur 12(17 %). Sa longueur était en moyenne de 27,0 mm, et sondiamètre de 0,98 mm. Ce rameau carpien était séparé duprocessus styloïde ulnaire par une distance de 3,50 mm, etdes trois voies d’abord arthroscopique par des distances de3,75 mm à 4,83 mm.

L’existence de ce rameau doit impérativement être con-nue lors de la réalisation d’un abord chirurgical, et en parti-culier arthroscopique, à la face dorsale du poignet. La varia-bilité anatomique de ce rameau ne semble pas permettre ladétermination de zones de sécurité parfaitement fiables.

Étude de la morphologie et du positionnement

des os du carpe en 3D par analyse d’image à par-

tir de coupes tomodensitométriques du poignet

CANOVAS F, ROUSSANNE Y, SWIDER P, BONNEL F

Laboratoire d’anatomie, Faculté de Médecine de Montpellier, 2 rueécole de médecine, 34060 Montpellier Cedex 2.

L’analyse de la morphologie et du positionnement des osdu carpe repose habituellement sur le calcul de distances etd’angles à partir de clichés radiographique standard.

Ces mesures dépendent de l’incidence des rayons X et del’expertise de l’examinateur. Les données numériques ex-traites des examens tomodensitométriques peuvent être uti-lisées pour analyser la géométrie du carpe. Nous avons défi-ni une série de paramètres biométriques et angulairespermettant d’étudier la morphologie et le positionnementdes os du carpe.

L’étude a porté sur 34 examens tomodensitométriques depoignets atraumatiques. L’analyse biométrique a été réali-sée à partir du volume et de la longueur des axes principauxd’inertie. Les centres géométriques et la projection dans leplan frontal et sagittal des axes principaux d’inertie ont per-mis d’étudier l’orientation des os du carpe. La distance 3Dnormalisée entre les centres géométriques du Capitatum etdu Triquétrum était la plus grande (0,867+/-0,025), tandisque la distance entre les centres géométriques de l’Hama-tum et du Triquétrum était la plus petite (0,515+/-0,038).Dans le plan sagittal, l’axe principal d’inertie des os de lapremière rangée du carpe se projette en avant de la verticaledu référentiel, alors que celui du Capitatum se projette en

arrière. Les distributions de l’ensemble des paramètres me-surés étaient normales.

L’étude d’une série plus importante de poignets permet-tra dans le futur de définir pour chaque paramètre quantita-tif un intervalle de normalité et l’étude comparative entreles mesures des poignets normaux et des poignets pathologi-ques devrait permettre de définir les paramètres quantitatifsles plus pertinents.

Proportions intrinsèques des os de la main et du

pied dans l’espèce humaine

LE MINOR JM, SCHLOTTERBECK H, WOLFF J, ROZAK M, RAPP E

EA 3428, Institut d’Anatomie Normale, Faculté de Médecine, F-67085 Strasbourg.

Dans les travaux classiques disponibles dans la littérature,la biométrie des os de la main et du pied a essentiellementété étudiée par des mesures linéaires ou de robustesse. Unesynthèse sur les proportions des os de la main et du piedprovenant de données quantitatives originales de type tridi-mensionnelles est présentée.

Le matériel a consisté en 60 squelettes complets de mainset 60 squelettes complets de pieds (os secs) provenant de su-jets humains adultes normaux. L’approche pondérale a étéutilisée, des travaux antérieurs ayant démontré que la déter-mination des poids relatifs était une méthodologie simple,reproductible, non-invasive, rapide, et peu coûteuse pourévaluer des proportions osseuses intrinsèques. Au total,1 620 données élémentaires ont été obtenues pour la mainet 1 560 pour le pied.

Les résultats sont présentés à travers six aspects princi-paux : 1) Proportions intrinsèques des segments principauxde la main et du pied ; 2) Proportions intrinsèques du carpe ;3) Proportions intrinsèques du tarse ; 4) Proportions intrin-sèques du métacarpe et du métatarse ; 5) Proportions intrin-sèques du premier rayon digital de la main et du pied (pouceet hallux) ; 6) Proportions intrinsèques des phalanges de lamain et du pied.

Les proportions présentées dans le présent travail sont lereflet de facteurs biologiques, fonctionnels, et évolutifs. Cesproportions apparaissent être des données biométriquesfondamentales et semblent ouvrir d’intéressantes perspecti-ves en morphologie fonctionnelle et comparée et en paléon-tologie, en particulier chez les primates et les hominidés.

Lésions dégénératives du compartiment radial du

coude : observations anatomiques

QUINTART C, NYSSEN-BEHETS C, GONDONNEAU S, LENGELE B

Hôpital de Jolimont et Unité d’anatomie humaine, Université Catho-lique de Louvain, Belgique, 52/5240 avenue E. Mounier, B-1200Bruxelles.

L’articulation du coude est le siège de syndromes doulou-reux suscitant de multiples hypothèses quant à leur étiopa-thogénie. Cette étude vise à recenser les anomalies morpho-logiques observées dans le compartiment radial de 43 coudesde cadavres embaumés, âgés de 57 à 97 ans. Elle porte sur lecapitulum, la zone conoïde, la tête radiale et la frange syno-viale, ainsi que sur l’origine du muscle court extenseur radialdu carpe. Il en ressort que la tête radiale est systématique-ment (41 cas/43) le siège de lésions cartilagineuses, associéesà une usure de la zone conoïde et/ou du capitulum. Un mé-nisque ou frange arthro-synoviale est visible dans tous les

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88 ASSOCIATION DES MORPHOLOGISTES, 86 e CONGRÈS

coudes. Il est constitué d’un feuillet postérieur, souvent enregard de lésions postérieures de la tête radiale, et, moinssystématiquement, de feuillets latéral et antérieur qui nesemblent pas être associés à une dégradation antérieure de lacupule. Enfin, si des anomalies mineures de la tête radiale nesemblent pas avoir de lien avec l’état du tendon épicondyliendu muscle court extenseur radial du carpe, il n’en est pas demême des lésions cartilagineuses les plus graves, qui sont ac-

compagnées plus fréquemment d’une dégénérescence dutendon.

Les lésions articulaires dégénératives semblent donc trèscourantes dans le compartiment radial du coude de sujetsâgés. La localisation postérieure de l’usure de la tête radialeet de la frange synoviale suggère un rôle de cette dernièredans la genèse de la chondropathie, qui s’étendrait secon-dairement à la zone conoïde et au capitulum.