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L’ESPACE DES SCIENCES HUMAINES
Daniel BennequinInstitut de Mathématiques de Jussieu - Paris 7
Dominique Flament (dir)
Série Documents de travail (Équipe F2DS)
Histoires de géométries : textes du séminaire de l’année 2002,
Paris, Fondation Maison des Sciences de l’Homme, 2003
31
L'ESPACE DES SCIENCES HUMAINES.Daniel Bennequin
Résumé approximatif des deux exposés :
"La trame du discours" I (29/04/02)"La trame du discours" II (13/05/02), introduction à "miroirs et plis" (13/05/02)
1. Problèmes de méthode
a) À l'origine de ce travail j'avais repéré dans des textes d'historiens, de linguistes, de
critiques (par exemple Braudel, Culioli, Poulet) l'intervention de formes dynamiques,
topologiques ou géométriques intéressantes. Un mathématicien pouvait alors être tenté de
préciser ces figures. Est-ce que le discours initial y gagnait quelque chose ? Pour le savoir il
fallait se faire historien, linguiste ou critique. D'autre part l'ensemble de connaissances apporté
par les sciences humaines est critiqué, par exemple par Michel Foucault dans Les mots et les
choses1 (1966). Or c'est dans ce texte sur les textes que j'ai pu trouvé les formes les mieux
décrites. Je vais tenter de dire de quoi il s'agit. Ensuite j'essaierai de montrer que le point de vue
géométrique aide à préciser le texte de Foucault et apporte des éléments nouveaux, différents du
texte : des questions et des thèses permettant de redescendre d'un commentaire d'un texte sur les
textes au problème de décrire et comprendre l'imaginaire.
b) On trouve dans M & C au moins quatre usages des figures :
1 – Un usage explicite dans le montage des trois dimensions du "domaine de l'épistémè
moderne", engendrant un espace d'évolution des "sciences humaines" (ex. p. 358).
2 – Deux ou trois schèmas structuraux (p. 87, p. 225, ...), des diagrammes de flèches entre
notions.
3 – Un tableau de Vélasquez (Les Ménines), support d'un ensemble de métaphores et de
jeux de miroirs,
1 Que nous noterons dorénavant M&C.
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4 – Et surtout, plus cachée, comme une armature, la trame du discours serré de Foucault.
En beaucoup d'endroits, la riche broderie du texte laisse voir une structure topologique
bien définie, des plis, des singularités qui entraînent l'ensemble.
c) Je propose de confronter plusieurs passages de M & C à des diagrammes (cf. fig.
suivantes) : des dessins de lignes courbes alternant des pleins et des pointillés, représentant
symboliquement des classes de fonctions réelles d'une variable réelle, modulo difféomorphismes
croissants de la source et du but. La naissance (ou la mort) d'un couple d'extrema accompagnera
la description d'une "discontinuité" de l'épistémè ; les segments monotones seront étiquetés par
des références du discours ; les minima et maxima porteront des noms évoquant des frontières
entre ensembles de discours.
La juxtaposition de figures géométriques topologiques au texte de M & C éclaire le
propos du livre, elle oriente aussi sa lecture. Par exemple : l'articulation discontinu/continu est
interprétée dans le sens de René Thom : prima du continu, singularité, déchirure pour le
discontinu dans le continu. L'opposition de concepts comme obscurité/visibilité, ou
interprétation/représentation, débouche sur une géométrie du regard, de l'intensité de perception,
de l'imagination.
À partir de là, il est possible de décrire une dynamique de champs sur une variété
stratifiée, pour un "espace des sciences humaines". Et surtout, tenant compte des mathématiques
impliquées dans les singularités rencontrées (selon les travaux de Thom, Grothendieck, Poincaré,
Riemann, Galois, ...), on peut interroger le texte, le conforter ou le critiquer, et aller au-delà sur
quelques exemples (cf §3).
2. La trame du discours de Foucault.
a) les principaux concepts du livre de Foucault sont ceux d'énoncé, de formation
discursive et d'épistémè, objets d'une "archéologie des sciences". Ils ne sont pas formellement
définis dans M & C, il faut attendre L'Archéologie du savoir (AS, 1969) et La volonté de savoir.
Histoire de la sexualité I, (VS, 1976) pour des définitions précisées. Voir "Foucault" de Gilles
Deleuze, qui met en rapport ces concepts avec la topologie des plis et la dynamique des
trajectoires.
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Trop rapidement dit : un énoncé, caractérisé par sa rareté, sa régularité, sa reproduction
est une fonction, ou une distribution de sens sur un ensemble de signes ; les discours s'entendent
ici comme des pratiques formant leurs objets, parcourues d'énoncés ; une formation discursive est
un ensemble de discours qui se stratifie (certaines strates de codimension un par exemple tendent
à séparer le mode scientifique du reste par des règles) ; une épistémè est, à une époque donnée, un
ensemble de rapports entre des domaines du savoir qui contraignent les strates des formations
discursives. L'archéologie détecte les strates et leurs accidents dans le temps.
La notion d'épistémè, surtout invoquée dans M & C est la plus délicate ; elle n'apparaît
qu'à la fin de AS (cf. §3, pour une interprétation en termes de repères).
b) L'attrait exercé par M & C encore aujourd'hui provient de sa puissance d'évocation des
siècles passés ; il fait revivre les pratiques de la renaissance, de l'âge classique et de l'ère
moderne. Les pratiques et les discours scientifiques ont eu des formes différentes aux trois
périodes XVIe, XVII-XVIIIe, XIX-XXe. Signalons que les spécialistes (français) du XVIe se
reconnaissent souvent dans les descriptions de Foucault, ou au moins les prennent en compte
pour les discuter (cf. Lestringeant, Demonet, C.G. Dubois, Huchon, Margolin) ; ceux du XVIIe
sont plutôt très critiques (cf. Robinet, Otto) même si certains y voient une remarquable source
d'inspiration (Dascal), et ceux du XIXe l'ignorent généralement. Il faut admettre que la rhétorique
de Foucault est souvent cassante, et que les divisions qu'il instaure entre renaissant et classique ou
classique et moderne sont trop tranchées et systématiques. De plus le but avoué de M & C est de
saper la prétention scientifique des "sciences humaines", ou de pointer les figures obsédantes de
Nietzsche, Freud et Marx. Pourtant il y a dans M & C une authentique volonté de comprendre et
un solide travail théorique qui méritent d'être poursuivis.
L'exposé des transformations des trois domaines du savoir dont les aspects modernes sont
philologie-linguistique, biologie et économie, constitue la plus grande part de M & C. C'est le
plus difficile à résumer, le plus long à commenter :
(1) la description du langage, ou des langues naturelles, ne commence pas en 1500, mais
les développements de la grammaire, de la dialectique et de la rhétorique au XVIe siècle révèlent
un esprit scientifique nouveau : inventaire élargi, comparaison au latin, usage de l'analogie (cf.
Chevalier, Arrivé-Chevalier), comparatisme systématique (chez, Sylvius, Meigret, Ramus,...).
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La recherche vise à faire apparaître l'ordre naturel à partir d'une description complète des langues,
"car la pensée est collée à l'organisation des signes" (Arrivé).
L'étape suivante, celle de la représentation est la Grammaire générale de Port Royal
(Arnauld & Lancelot, 1660). « La grammaire "générale" est celle d'une langue naturelle, sans
aucun doute, mais qui, logiquement antérieure à toute expression linguistique concrète, n'a que
très peu de ressemblances avec le français » (Wagner & Pinchon). Apparaissent les distinctions
sujet (ce dont on parle)/ attribut (ce qu'on en dit), les propositions principales, relatives, etc.
Suivent au XVIIIe les grands tableaux de Du Marsais, ..., Bauzée, Condillac.
Puis, la rupture philologique : Von-Humboldt, Bopp, Grimm mettent en avant les
principes internes de transformations des langues, par exemple la "loi de Grimm" (1839)
permettant de restituer l'évolution du proto-européen (~ 3000 av. J.C.), au pré-germanique (~ 500
av. J.C.), puis au proto-germanique (~ 300 ap. J.C.), en considérant la dynamique des occlusives
aspirées, sourdes ou sonores. Ensuite Saussure, distinguant synchronie/diachronie,
signifiant/signifié. Le langage est devenu "un objet de la connaissance" parmi d'autres "détenant
les lois qui le régissent" ; il a "perdu sa transparence "(M & C p.308).
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(2) L'histoire de la biologie suit un parcours analogue : partant au XVIe siècle de la
découverte de la nature, avec les descriptions hétéroclites d'Aldrovandi, Rondelet, Gesner, Thevet
(cf. Delaunay) que cherchent à ordonner les savants voyageurs comme Belon et Lery, on arrive,
après un XVIIe plutôt "expérimental", aux tableaux d'ensemble du XVIIIe, de Linné et Buffon,
puis ces tableaux se mettent à parler d'eux-mêmes avec Lamarck, Cuvier, Geoffroy St Hilaire. La
vie devient objet de connaissance, suivant ses propres règles : corrélation des organes /
corrélation des formes.
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(3) L'harmonie humaine de Bodin cherchait bien à utiliser l'arithmétique et la géométrie
pour régler l'ordre des richesses, mais sa République est construite avec la numérologie,
l'analogie et la magie des nombres :
" Tout ainisi comme on put vois és quatre premiers nombres,
que Dieu a disposés par proportion Harmonique : pour nous monstrer,
que l'estat Royal est Harmonique, & qu'il se doit gouverner
Harmoniquement : car 2. à 3, fait la quinte, 3. à 4, la quarte, deux à
quatre l'octave : & derechef, un à deux fait l'octave, 1. à 3. la douzième,
tenant la quinte & l'octave, & 1. à 4. la double octave, qui contient
l'entier systeme de tous les tons & accords de musique : & qui voudra
passer à 5. il fera un discord insupportable" (p. 1056).
P. Desan commente dans La justice mathématique de Bodin :
Il démontre ensuite que cette figure géométrique illustre tous les
rapports de pouvoir dans « tous Royaumes & Républiques bien
ordonnées » (p. 1057) ; le chiffre 1 étant bien entendu le prince
souverain, et 2, 3, 4, l' « estat Ecclesiastique », l' « estat militaire » et le
«menu peuple ». On remarquera que 2, 3, 4 doivent inévitablement
passer par le souverain (1) pour communiquer avec les autres groupes
sociaux. De même, le chiffre 1 représente pour Bodin l'intellect, 2 l'âme,
3 le cœur, et 4 le foie. Le corps humain, tout comme le corps social, a
besoin d'une harmonie entre ces organes vitaux qui contribuent tous à la
bonne santé de la société. L'harmonie musicale des républiques passe
inévitablement par le corps de l'homme, lequel renvoie fatalement au
corps social. Bodin est explicite à ce sujet, "l'homme [...] est la vraye
image de la République bien ordonnée : car l'intellect tient lieu d'unité
estant indivisible, pur & simple : puis l'ame raisonnable, que tous les
anciens ont séparé de puissance d'avec l'intellect : la troisieme est
l'appetit de vindicte, qui gist au cœur, comme les gendarmes : la
quatrieme est la cupidité bestiale, qui gist au foye, & autres intestins
nourrissants tout le corps humain, comme les laboureurs» (p. 1057). La
géométrie humaine développée par Bodin a pour fonction de créer une
logique mathématique entre l'individu et l'organisation sociale de
l'époque. Les rapports sociaux suivent le même schéma que les rapports
mathématiques élaborés dans ce chapitre sur la justice harmonique. Ce
qui cimente en quelque sorte la société française et lui évitera de tomber
plus loin dans les calamités des guerres civiles, c'est justement
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l'acceptation et le respect de cette harmonie parfaite « découverte » et
théorisée par Bodin.
Les premières représentations partielles datent du début du XVIIe (cf. Bertram) et les
représentations d'ensemble de la fin du XVIIe (Petty). Les synthèses se font au XVIIIe (Quesnay).
Les concepts modernes émergent autour de 1800 dans la théorie de l'équilibre de Adam
Smith, ou dans celle de la valeur de Ricardo ou de Malthus (1820). Apparaissent alors les règles
du besoin et du travail. Par exemple la "loi des débouchés" de Say : la production seule limite la
demande, donc tout capital a un débouché.
Comment comprendre ces trois histoires et leurs rapports est le sujet de M & C. Je
propose d'en dessiner maintenant la trame.
c) Le schéma qui éclaire l'émergence de l'épistémè classique est un cusp. L'intérieur de la
fronce est l'espace propre à la représentation :
l'image rejoint celle de l' "Oxymore baroque", écartèlement de la Raison à la Mystique
(cf. E. Green).
En regard de la figure, on doit lire le texte p.87 :
Aux deux extrémités de l'épistémé classique, on a donc une
mathesis comme science de l'ordre calculable et une genèse comme
analyse de la constitution des ordres à partir des suites empiriques. D'un
côté on utilise les symboles des opérations possibles sur des identités et
des différences; de l'autre, on analyse les marques progressivement
déposées par la ressemblance des choses et les retours de l'imagination.
38
Entre la mathesis et la genèse, s'étend la région des signes, — des signes
qui traversent tout le domaine de la représentation empirique, mais ne la
débordent jamais. Bordé par le calcul et la genèse, c'est l'espace du
tableau.
Le schéma pour l'épistémè moderne est une fronce dans la première fronce :
39
Des textes à l'appui sont p. 229 :
Les dernières années du XVIIIe siècle sont rompues par une,
discontinuité symétrique de celle qui avait brisé, au début du XVIIe, la
pensée de la Renaissance ; alors, les grandes figures circulaires où
s'enfermait la similitude s'étaient disloquées et ouvertes pour que le
tableau des identités puisse se déployer; et ce tableau maintenant va se
défaire à son tour, le savoir se logeant dans un espace nouveau.
Discontinuité aussi énigmatique dans son principe, dans son primitif
déchirement que celle qui sépare les cercles de Paracelse de l'ordre
cartésien. D'où vient brusquement cette mobilité inattendue des
dispositions épistémologiques, la dérive des positivités les unes par
rapport aux autres, plus profondément encore l'altération de leur mode
d'être ? Comment se fait-il que la pensée se détache de ces plages qu'elle
habitait jadis — grammaire générale, histoire naturelle, richesses — et
qu'elle laisse basculer dans l'erreur, la chimère, dans le non-savoir cela
même qui, moins de vingt ans auparavant, était posé et affirmé dans
l'espace lumineux de la connaissance ? A quel évènement ou à quelle loi
obéissent ces mutations qui font que soudain les choses ne sont plus
perçues, décrites, énoncées, caractérisées, classées et sues de la même
façon, et que dans l'interstice des mots ou sous leur transparence, ce ne
sont plus les richesses, les êtres vivants, le discours qui s'offrent au
savoir, mais des êtres radicalement différents ? Pour une archéologie du
savoir, cette ouverture profonde dans la nappe des continuités, si elle
doit être analysée, et minutieusement, ne peut être « expliquée » ni même
recueillie en une parole unique. Elle est un évènement radical qui se
répartit sur toute la surface visible du savoir et dont on peut suivre pas à
pas les signes, les secousses, les effets.
p.252-253,
L'espace d'ordre qui servait de lieu commun à la représentation
et aux choses, à la visibilité empirique et aux règles essentielles, qui
unissait les régularités de la nature et les ressemblances de l'imagination
dans le quadrillage des identités et des différences, qui étalait la suite
empirique des représentations dans un tableau simultané, et permettait
de parcourir pas à pas selon une suite logique l'ensemble des éléments de
la nature rendus contemporains d'eux-mêmes — cet espace d'ordre va
40
être désormais rompu : il y aura les choses, avec leur organisation
propre, leurs secrètes nervures, l'espace qui les articule, le temps qui les
produit; et puis la représentation, pure succession temporelle, où elles
s'annoncent toujours partiellement à une subjectivité, à une conscience,
à 1'effort singulier d'une connaissance, à l'individu « psychologique » qui
du fond de sa propre histoire, ou à partir de la tradition qu'on lui a
transmise, essaie de savoir. La représentation est en voie de ne plus
pouvoir définir le mode d'être commun aux choses et à la connaissance.
L'être même de ce qui est représenté va tomber maintenant hors de la
représentation elle-même.
p.263-264,
Ainsi, la culture européenne s'invente une profondeur où il sera
question non plus des identités, des caractères distinctifs, des tables
permanentes avec tous leurs chemins et parcours possibles, mais des
grandes forces cachées développées à partir de leur noyau primitif et
inaccessible, mais de 1'origine, de la causalité et de I'histoire. Désormais,
les choses ne viendront plus à la représentation que du fond de cette
épaisseur retirée en soi, brouillées peut-être et rendues plus sombres par
son obscurité, mais nouées fortement à elles-mêmes, assemblées ou
partagées, groupées sans recours par la vigueur qui se cache là-bas, en ce
fond. Les figures visibles, leurs liens, les blancs qui les isolent et cernent
leur profil— ils ne s'offriront plus à notre regard que tout composés,
déjà articulés dans cette nuit d'en dessous qui les fomente avec le temps.
41
La double fronce plisse l'espace de l'épistémè, sol au-dessus duquel naviguent les sciences
humaines:
p 358-359
Il faut plutôt se représenter le domaine de l'épistémè moderne
comme un espace volumineux et ouvert selon trois dimensions. Sur l'une
d'entre elles, on situerait les sciences mathématiques et physiques, pour
lesquelles l'ordre est toujours un enchaînement déductif et linéaire de
propositions évidentes ou vérifiées; il y aurait, dans une autre dimension,
des sciences (comme celles du langage, de la vie, de la production et de la
distribution des richesses) qui procèdent à la mise en rapport d'éléments
discontinus mais analogues, si bien qu'elles peuvent établir entre eux des
42
relations causales et des constantes de structure. Ces deux premières
dimensions définissent entre elles un plan commun : celui qui peut
apparaître, selon le sens dans lequel on le parcourt, comme champ
d'application des mathématiques à ces sciences empiriques, ou domaine
du mathématisable dans la linguistique, la biologie et l'économie. Quant
à la troisième dimension ce serait celle de la réflexion philosophique qui
se développe comme pensée du Même; avec la dimension de la
linguistique, de la biologie et de l'économie, elle dessine un plan
commun : là peuvent apparaître et sont en effet apparues les diverses
philosophies de la vie, de l'homme aliéné, des formes symboliques
(lorsqu'on transpose à la philosophie les concepts et les problèmes qui
sont nés dans différents domaines empiriques); mais là aussi sont
apparues, si on interroge d'un point de vue radicalement philosophique
le fondement de ces empiricités, des ontologies régionales qui essaient de
définir ce que sont, en leur être propre, la vie, le travail et le langage;
enfin la dimension philosophique définit avec celle des disciplines
mathématiques un plan commun : celui de la formalisation de la pensée.
De ce trièdre épistémologique, les sciences humaines sont
exclues, en ce sens du moins qu'on ne peut les trouver sur aucune des
dimensions ni à la surface d'aucun des plans ainsi dessinés. Mais on peut
dire aussi bien qu'elles sont incluses par lui, car c'est dans l'interstice de
ces savoirs, plus exactement dans le volume défini par leurs trois
dimensions qu'elles trouvent leur place. Cette situation (en un sens
mineure, en un autre privilégiée) les met en rapport avec toutes les
autres formes de savoir : elles ont le projet, plus ou moins différé, mais
constant, de se donner ou en tout cas d'utiliser, à un niveau ou à un
autre, une formalisation mathématique; elles procèdent selon des
modèles ou des concepts qui sont empruntés à la biologie, à l'économie et
aux sciences du langage; elles s'adressent enfin à ce mode d'être de
l'homme que la philosophie cherche à penser au niveau de la finitude
radicale, tandis qu'elles-mêmes veulent en parcourir les manifestations
empiriques. C'est peut-être cette répartition en nuage dans un espace à
trois dimensions qui rend les sciences humaines si difficiles à situer, qui
donne son irréductible précarité à leur localisation dans le domaine
épistémologique, qui les fait apparaître à la fois périlleuses et en péril.
Périlleuses, car elles représentent pour tous les autres savoirs comme un
danger permanent : certes, ni les sciences déductives, ni les sciences
empiriques, ni la réflexion philosophique ne risquent, si elles demeurent
43
dans leur dimension propre, de « passer » aux sciences humaines ou de
se charger de leur impureté; mais on sait quelles difficultés, parfois,
rencontre l'établissement de ces plans intermédiaires qui unissent les
unes aux autres les trois dimensions de l'espace épistémologique; c'est
que la moindre déviation par rapport à ces plans rigoureux, fait tomber
la pensée dans le domaine investi par les sciences humaines : de là le
danger du « psychologisme », du « sociologisme », — de ce qu'on
pourrait appeler d'un mot l'« anthropologisme » — qui devient
menaçant dès que par exemple on ne réfléchit pas correctement les
rapports de la pensée et de la formalisation, ou dès qu'on n'analyse pas
comme il faut les modes d'être de la vie, du travail et du langage.
L'« anthropologisation » est de nos jours le grand danger intérieur du
savoir. On croit facilement que l'homme s'est affranchi de lui-même
depuis qu'il a découvert qu'il n'etait ni au centre de la création, ni au
milieu de l'espace, ni peut-être même au sommet et à la fin dernière de la
vie ; mais si l'homme n'est plus souverain au royaume du monde, s'il ne
règne plus au mitan de l'être, les « sciences humaines » sont de
dangereux intermédiaires dans l'espace du savoir. Mais à dire vrai cette
imposture même les voue à une instabilité essentielle. Ce qui explique la
difficulté des « sciences humaines », leur précarité, leur incertitude
comme sciences, leur dangereuse familiarité avec la philosophie, leur
appui mal défini sur d'autres domaines du savoir, leur caractère
toujours second et dérivé, mais leur prétention à l'universel, ce n'est pas,
comme on le dit souvent, l'extrême densité de leur objet ; ce n'est pas le
statut métaphysique, ou 1'ineffaçable transcendance de cet homme dont
elles parlent, mais bien la complexité de la configuration épistémologique
où elles se trouvent placées, leur rapport constant aux trois dimensions
qui leur donne leur espace.
Voici enfin quelques exemples de diagrammes qui illustreraient le texte de M & C, avec
des extraits appropriés. On voit que ce sont des sections de fronces.
p 82,
A l'ourlet extérieur du savoir, la similitude, c'est cette forme à
peine dessinée, ce rudiment de relation que la connaissance doit
recouvrir dans toute sa largeur, mais qui, indéfiniment, demeure au-
dessous d'elle, à la manière d'une nécessité muette et ineffaçable.
44
Comme au XVIe siècle, ressemblance et signe s'appellent
fatalement. Mais sur un mode nouveau.
Le sommet est celui de la représentation d'images, le puits celui de la représentation de
choses : c'est le lieu de l'ancienne pliure simple du monde ( cf. § 3).
P 83-84,
En cette position de limite et de condition (ce sans quoi et en
deçà de quoi on ne peut connaître), la ressemblance se situe du côté de
l'imagination ou, plus exactement, elle n'apparaît que par la vertu de
l'imagination et l’imagination en retour ne s’exerce qu’en prenant appui
sur elle. (…).
On voit le double réquisit. II faut qu'il y ait, dans les choses
représentées, le murmure insistant de la ressemblance; il faut qu'il y ait,
dans la représentation, le repli toujours possible de l'imagination. Et ni
l'un ni l'autre de ces réquisits ne peut se dispenser de celui qui le
complète et lui fait face. De là, deux directions d'analyse qui se sont
maintenues tout au long de l'âge classique et n'ont cessé de se rapprocher
pour énoncer finalement dans la dernière moitié du XVIIIe siècle leur
vérité commune dans l'Idéologie. D'un côté, on trouve l'analyse qui rend
compte du renversement de la série des représentations en un tableau
inactuel mais simultané de comparaisons : analyse de l'impression, de la
réminiscence, de l'imagination, de la mémoire, de tout ce fond
involontaire qui est comme la mécanique de l'image dans le temps. De
l'autre, il y a l'analyse qui rend compte de la ressemblance des choses, —
45
de leur ressemblance avant leur mise en ordre, leur décomposition en
éléments identiques et différents, la répartition en tableau de leurs
similitudes désordonnées : pourquoi donc les choses se donnent-elles
dans un chevauchement, dans un mélange, dans un entrecroisement où
leur ordre essentiel est brouillé, mais assez visible encore pour qu'il
transparaisse sous forme de ressemblances, de similitudes vagues,
d'occasions allusives pour une mémoire en alerte ? La première série de
problèmes correspond en gros à l'analytique de l'imagination, comme
pouvoir positif de transformer le temps linéaire de la représentation en
espace simultané d'éléments virtuels; la seconde correspond en gros à
l'analyse de la nature, avec les lacunes, les désordres qui brouillent le
tableau des êtres et l'éparpillent en une suite de représentations qui,
vaguement, et de loin, se ressemblent.
P 85,
(…) Sans doute l'imagination n'est-elle en apparence qu'une des
propriétés de la nature humaine, et la ressemblance un des effets de la
nature. Mais à suivre le réseau archéologique : qui donne ses lois à la
pensée classique, on voit bien que la nature humaine se loge dans ce
mince débordement de la représentation qui lui permet de se re-
présenter (toute la nature humaine est là : juste assez à l'extérieur de la
représentation pour qu'elle se présente à nouveau, dans l'espace blanc
qui sépare la présence de la représentation et le « re- » de sa répétition) ;
et que la nature n'est que l'insaisissable brouillage de la représentation
qui fait que la ressemblance y est sensible avant que l'ordre des identités
ne soit visible. Nature et nature humaine permettent, dans la
46
configuration générale de l'épistémè, l'ajustement de la ressemblance et
de l'imagination, qui fonde et rend possibles toutes les sciences
empiriques de l'ordre.
Au XVIe siècle, la ressemblance était liée à un système de signes;
et c'était leur interprétation qui ouvrait le champ des connaissances
concrètes. A partir du XVIe siècle, la ressemblance est repoussée aux
confins du savoir, du côté de ses frontières les plus basses et les plus
humbles. Là, elle se lie à l'imagination, aux répétitions incertaines, aux
analogies embuées. Et au lieu d'ouvrir sur une science de
l'interprétation, elle implique une genèse qui remonte de ces formes
frustes du Même aux grands tableaux du savoir développes selon les
formes de l'identité, de la différence et de l'ordre. Le projet d'une science
de l'ordre, tel qu'il fut fondé au XVIIe siècle impliquait qu'il soit double
d'une genèse de la connaissance, comme il le fut effectivement et sans
interruption de Locke à I'Idéologie.
Puis la profondeur moderne : p 261,
Les conséquences les plus lointaines, et pour nous les plus
difficiles à contourner, de l'évènement fondamental qui est survenu à
1'épistémè occidentale vers la fin du XIXe siècle, peuvent se résumer
ainsi: négativement, le domaine des formes pures de la connaissance
s'isole, prenant à la fois autonomie et souveraineté par rapport à tout
savoir empirique, faisant naître et renaître indéfiniment le projet de
formaliser le concret et de constituer envers et contre tout des sciences
pures; positivement, les domaines empiriques se lient à des réflexions sur
la subjectivité, l'être humain et la finitude, prenant valeur et fonction de
philosophie, aussi bien que de réduction de la philosophie ou de contre-
philosophie.
47
Finalement les replis de l'épistémè : p368-369,
(…) Mais il y a aussi les modèles constituants qui ne sont pas pour les
sciences humaines des techniques de formalisation ni de simples moyens
pour imaginer, à moindre frais, des processus; ils permettent de former
des ensembles de phénomènes comme autant d' « objets » pour un savoir
possible; ils assurent leur liaison dans l'empiricité, mais ils les offrent à
l'expérience déjà liés ensemble. IIs jouent le rôle de « catégories » dans le
savoir singulier des sciences humaines.
Ces modèles constituants sont empruntés aux trois domaines de
la biologie, de l'économie et de l'étude du langage. C'est sur la surface de
projection de la biologie que l'homme apparaît comme un être ayant des
fonctions, — recevant des stimuli (physiologiques, mais aussi bien
sociaux, interhumains, culturels), y répondant, s'adaptant, évoluant, se
soumettant aux exigences du milieu, composant avec les modifications
qu'il impose, cherchant à effacer les déséquilibres, agissant selon des
régularités, ayant en somme des conditions d'existence et la possibilité de
trouver des normes moyennes d'ajustement qui lui permettent d'exercer
ses fonctions. Sur la surface de projection de l'économie, l'homme
apparaît comme ayant des besoins des désirs, comme cherchant à les
satisfaire ayant donc intérêts, visant à des profits, s'opposant à d'autres
hommes ; bref, il apparaît dans une irréductible situation de conflit ; ces
conflits, il les esquive, il les fuit, ou il parvient à les dominer, à trouver
une solution qui en apaise, au moins à un niveau et pour un temps, la
contradiction; il instaure un ensemble de règles qui sont a la fois
48
limitation et rebondissement du conflit. Enfin, sur la surface de
projection du langage, les conduites de l'homme apparaissent comme
voulant dire quelque chose ; ses moindres gestes, jusqu'en leurs
mécanismes involontaires et jusqu'en leurs échecs, ont un sens; et tout ce
qu'il dépose autour de lui en fait d'objets, de rites, d'habitudes, de
discours, tout le sillage de traces qu'il laisse derrière lui constitue un
ensemble cohérent et un système de signes. Ainsi ces trois couples de la
fonction et de la norme, du conflit et de la règle, de la signification et du
système couvrent sans résidu le domaine entier de la connaissance de
l'homme.
Toutes ces figures sont censées éclairer les textes. Pour le vérifier, l'assentiment d'autres
lecteurs que moi est indispensable.
La question est celle d'un usage non- métaphorique des figures géométriques.
Mais, en prenant la figure à la lettre des questions se posent qui ré-interrogent le texte et
parfois le précisent. Un exemple : a priori on comprendrait mieux que le pli nommé "modèle" se
relie continuement au pli "mathesis" des représentations d'images, à travers le versant appelé
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"formel" au sein des discours jugés cohérents. Or les figures représentées ont renversé cet ordre :
sur la nappe "réelle" on doit passer par l'obscur "fondement" et traverser l'empiricité pour joindre
"mathesis" à "modèle". C'est pourtant ce qu'il faut, car vers 1800, le "fondement se substitue au
lieu d'apparition des identités" de l'ordre empirique pour que "les choses accèdent à la
représentation". Comme une nouvelle origine. Et les discours des modèles et de la représentation
débordent l'un sur l'autre sur une "épaisseur" nouvelle. La meilleure image pour le comprendre
est celle du regard (à gauche sur les dessins) ; l'axe vertical est celui d'un effort pour sortir de soi,
la naissance du plus extérieur arrive brutalement par en bas avec l'ordre empirique. Seule l'ombre
projetée compte ; de même "modèle" et "finitude" sont des altitudes de sauts (de capture dirait
Thom) d'un discours à un autre. La visibilité met aussi en jeu une figure de réversibilité. Il est
tentant d'utiliser des métaphores de texture, d'opacité, de luminosité etc. On comprend aussi que
le versant pointillé le plus proche est celui de la représentation, le plus loin (à droite sur le
dessin) étant celui de l'interprétation, se renvoyant sur l'ancienne nature.
Pourtant un autre intérêt des figures est d'aller au-delà du texte.
3 Qu'est ce qui se plie?
Selon Culioli "énoncer, c'est construire un espace, orienter, déterminer établir un niveau
de valeurs préférentielles, bref un système de repérage".
Les plis qui entraînent les autres sont ceux d'un espace des repères : sur une étendue
continue de positions, une fonction potentiel répartie les positions stables, décide leurs bassins
d'attractions.
En pleine Renaissance le potentiel en question possédait un unique équilibre : la surface
du monde. Une grandiose symétrie, selon Paracelse ou Postel, rabattait le macrocosme sur le
microcosme.
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A la pliure les mondes extérieurs et intérieurs s'interprétaient.
A la fin de la Renaissance le pli se dédouble, il est possible de se tourner d'un côté ou de
l'autre au plus prêt de l'âme de la Nature ou de l'ordre logique. Des méthodes opposées sont
inventées par Bruno et Ramus. Voir le conflit entre leurs Arts de la Mémoire qui éclata en
Angleterre en 1584 (cf. Yates, 1966). Paradoxalement, le mathématicien Ramus reproche à
Euclide de ne pas exposer ses éléments selon la méthode "divisive" où tout ce qui regarde un
même sujet devrait se trouver ensemble (cf. Leibnitz). Il faudrait procéder toujours par divisions
et sous-divisions. L'ordre devrait s'imposer à partir des choses elles-mêmes. Alors que le
philosophe Bruno cherche l'esprit et l'unité partout, dans le monde infini et anticipe la méthode
démonstrative des géomètres qui va révolutionner la Physique.
En avançant dans l'âge classique les deux Méthodes, récitative et démonstrative, vont se
coordonner dans les sciences, un ordre des énoncés va s'installer entre les deux postures. Le
"voile des mots" de Berkeley représente cette position instable séparant deux puits obscurs mis à
la place du dehors et du dedans.
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Les figures dessinées au § 2 sont dérivées des figures de potentiels ci-dessus, elles sont les
lignes des équilibres possibles, les points critiques du potentiel : en plein les stables en pointillé
l'instable, le seul à compter pour "changer les vérités dans les sciences".
Le regard est capable, à chaque instant, de reconstituer un ensemble de postures : il peut
rapprocher un équilibre stable de l'instable, et les faire s'évanouir ensemble. Il fait aussi du plus
instable et élevé le centre d'intérêt le plus stable.
Vers 1800, la seconde catastrophe ajoute deux équilibres, la "finitude de l'homme" et
l'obscur "humain" d'où les sciences humaines surgissent.
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Présentées ainsi les complications de l'espace des repères semblent provoquées par des
accidents souterrains : une poussée de roche dure contre une pesanteur de sable. Cependant elles
sont à chaque fois précédées de peu par une complication invisible, une modification imaginaire
dont les traces visibles appartiennent au réseau des signes et des termes des discours.
Ces deux catastrophes se font au détriment d'une perte ; la première disparition est celle
de l'infinie référence du signe, par empilements imaginaires. La seconde disparition est celle
d'oppositions internes aux discours, de tensions dans les tableaux, qui provoquent aussi d'infinies
références internes ; par exemple : le travail comme production face au travail comme
marchandise. De cette "perte d'imaginaire" vient l'interprétation homologique de la fronce.
Par exemple au XVIe siècle les dictionnaires Français-Latin sont devenus tri-lingues puis
Français-Français. Vers la fin du siècle la grammaire se simplifie, (cf. Gougenheim). Surtout,
selon Foucault (M&C, p 57) le fonctionnement du signe est ternaire,
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et se réplique indéfiniment.
Au XVII e siècle, en même temps que se fait le pli de la représentation, le fonctionnement
devient binaire.
De même à la fin du XVIIIe siècle se heurtent des significations différentes des mots
"travail", "vie", "langue" (cf. M&C, p.265). Or au moment où se fait le pli de l'homme, les
oppositions se perdent.
Si l'on cherche à dessiner ces complications imaginaires, c'est plutôt une structure discrète
qui se propose d'abord : un réseau de points avec un ensemble de symétries. Par exemple
les positions de Ramus ou Bruno évoquent des pliures, une autour de la Mathésis, une autour de
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la Genèse. Des réflexions dans un plan H, qui engendrent les symétries d'un triangle équilatéral.
Jeux de miroirs, ou kaleidoscopes.
Les sommets de ce triangle sont, dans l'imaginaire, les répondants des équilibres à
venir.La théorie des singularités de fonctions de variable complexe rend compte de ces symétries,
monodromies en homologie (cf. M. Porte.)
La forme réelle ∆ est le quotient du plan H par le groupe de symétries G. (C'est-à-dire
qu'une fonction lisse sur ∆ est une fonction lisse G-invariante sur H.)
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Remarque : pour l'intérieur de la pointe de la fronce, le plan réel H suffit mais pour
l'extérieur il faut complexifier H.
L'intervention des nombres imaginaires peut paraître bien étrange (sinon délirante),
pourtant les dessins dans les espaces complexes (sur C) sont souvent plus simples, plus stables,
que les dessins réels (sur R) : une intersection n'y disparaît jamais complètement, comme dans la
mémoire. Des racines imaginaires, en s'approchant de trop près, se transforment en racines
réelles.
De plus il s'agit ici d'un retour en arrière, sur l'imaginaire passé, une lecture de textes
anciens qui vise à décoller des termes aujourd'hui identifiés. Et c'est peut-être le paradoxe de
l'imaginaire : être toujours actif, mais ne devenir accessible que pour la part disparue, être
toujours un effet rétrospectif.
4 Images de miroirs et de plis
C'est le début inachevé de "Miroirs et plis". Limitons nous à quelques images extraites du
livre de Stéphane Castelluccio (et une de M&C) : au début du XVIIe siècle, en France, entre la
Renaissance et l'Âge classique du Roi Soleil, à l'époque de Louis XIII, le style du mobilier fut
bouleversé. A côté de lourdes draperies richement brodées, idéales pour recueillir les plis et les
fronces, le goût s'est porté sur les miroirs, et plus particulièrement sur des meubles très spéciaux,
aujourd'hui disparus : les cabinets. Derrière leurs portes d'ébènes, on découvrait des motifs
géométriques, des paysages, des minéraux et des jeux de miroirs qui dépliaient la scène centrale.
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