LETTRE A M. CH. LENORMANT, MEMBRE DE L'INSTITUT, SUR LES MONNAIES DES ROIS ARMÉNIENS DE LA DYNASTIE DE ROUPÈNE. (TROISIÈME ARTICLE)

LETTRE A M. CH. LENORMANT, MEMBRE DE L'INSTITUT, SUR LES MONNAIES DES ROISARMÉNIENS DE LA DYNASTIE DE ROUPÈNE. (TROISIÈME ARTICLE)Author(s): Victor LangloisSource: Revue Archéologique, 7e Année, No. 2 (15 OCTOBRE 1850 AU 15 MARS 1851), pp. 416-426Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41745946 .

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LETTRE A M. CH. LENORMANT, MEMBRE DE L'íNSTITUT,

SUR LES MONNAIES DES ROIS ARMÉNIENS DE LA DYNASTIE DE ROUPÈNE.

(troisième article). (1)

THOROS III (1293-1296).

Thoros III ( Théodore ) succéda à son frère Héthum II, qui, en

prenant l'habit monacal n'abandonna point tout à fait les affaires de l'État. En 1296 , les deux frères se rendirent à Constantinople pour solliciter les secours ď Andronic Paléologue. C'est sans doute du moine Jean ( Héthum II), que Pachymère (2) veut parler lorsqu'il nous dit qu'un roi arménien demeurait à Constantinople et vivait avec les frères mineurs (TkáXoi).

Thoros , tourmenté par l'ambition de son frère , à l'exemple de son prédécesseur, se retira dans un monastère, où on lui brûla les yeux ainsi qu'au vertueux Héthum par l'ordre du cruel Sim- bad (3).

Sestini le premier publia une monnaie de Thoros , qui faisait partie de la collection Ainslie. Cette pièce, dont MM. Brosset et Krafft ont soupçonné l'authenticité attendu sa mauvaise conserva- tion , n'est pas la seule qu'on connaisse du roi Thoros. En effet, M. de Saulcy (4) en a publié une seconde qu'il donnait à Jean II, roi de Chypre, de Jérusalem et d'Arménie. Ainsi la pièce de Sestini, qui était douteuse, a acquis par cette nouvelle découverte un très- grand intérêt.

N° 28. + ''l) ^or atZt - Thoros [roi des] Arméniens. - Lion marchant à droite, derrière lui une croix.

(1) Voy. plus haut, p. 262 et 357. (2) Risi., liv. IX , ch. XX. (3) Le Vaillant de Florival , p. 16. - HisL du Bas-Emp., t. XVII, p. 476. -

Ari de vérifier les dates , cf. Arménie , Thoros . (4) Num . des Croisades t p. 174 , pl. XIX , 7.



MONNAIES DES ROIS ARMÉNIENS. 417

V- + . . . .I1,] - [Scinïjal [i Khaghakhn i Sis]. -

Frappé dans la ville de Sis. - Lion marchant à droite, derrière lui une croix. Cuivre, petit module. Pl. 147, n° 12.

Cabinet de M. de Cadalvène. Saulcy, Nam. des Croisades, p. 174, pl. XIX, n° 7. N° 29. + »•ne . . . - Thor[os - Lion cou-

rant à gauche. y. Légende fruste. - Lion courant à gauche, au-dessus de lui

un point? Cuivre, petit module. Pl. 148, n° 1. Sestini , lettre IX , pl. II , n° 5.

SlJMBAD (1296-1297). Profitant de l'absence momentanée de ses deux frères qui étaient

allés à Constantinople pour solliciter des secours contre les infidèles, Simbad s'empara du royaume d'Arménie et se fit couronner roi (1). Ses deux frères à leur retour furent emprisonnés, Héthum eut les yeux brûlés et Thoros fut étranglé. Simbad fit alliance avec les Tar- tars (2), ce qui n'empêcha pas les Sarrasins de continuer leurs courses en Arménie. En 1297, Simbad envoya des ambassadeurs à Rome, en France et en Angleterre pour solliciter des secours , mais avant le retour de ses envoyés , Constantin, son autre frère, se sou- leva contre lui, l'arrêta, le mit en prison et en fit sortir Héthum, qui avait heureusement recouvré la vue (3). Simbad mourut en 1297 (4).

Sestini (n° V) avait publié une monnaie d'argent qu'il attribuait à Simbad et sur laquelle il avait cru lire le nom de ce roi. Mais pour cette pièce, comme pour celle du second règne d'Héthum , l'érudition du savant abbé se trouva en défaut; car la monnaie en question n'ap- partient point à la dynastie des Roupéniens mais bien à Etienne Ier

(1) Le Lignage d'outre-mer ne convient pas que Simbad ait usurpé la couronne, mais il dit qu'elle lui fut donnée par Héthum après qu'il l'eut ôtée à Thoros.

(2) Sahud dit que Simbad avait épousé une femme tartare pour cimenter son alliance avec le khan , cependant les lettres de Boniface VIII nous apprennent qu'il avait épousé Isabelle, fille de Gui, comte de Jaffa, avec laquelle il avait eu des enfants, qui en 1298 étaient déjà chevaliers (Raynald, 1298 , n°s 19, 20).

(3) Le Vaillant de Florival , p. 17. (4) Lebeau, Hist, du Bas-Emp., XVIII, 378.



418 REVUK ARCHÉOLOGIQUE. Vencianus, roi de Servie, qui régna de 1193 à 1224; elle a été pu- bliée par M. de Reichel dans les Mémoires de la Société de Numis- matique de Saint-Pétersbourg (1).

Constantin II (1297-1300?). Constantin ( Godstands ) monta sur le trône d'Arménie après en

avoir fait descendre Simbad son frère. Héthum II ( frère Jean ) voulut partager le gouvernement avec lui , comme il avait fait avec Thoros. Le trouvant peu disposé à ce partage , il le fit arrêter et l'envoya avec Simbad à l'empereur de Constantinople, auquel il en recommanda la garde (2).

N° 30 + llíHJSíMl %(()*■ -Gosdpa... .nt. - Constan- tin. - Le roi à cheval, marchant à droite, tenant un sceptre fleurdelisé.

+ liFJ1 KLfïh- •••■ . nai....vloi? - Lion marchant à droite , derrière lui une croix.

Argent, une variété. Pl. 148, n° 2. Cab. des R. P. Méch. et du marquis de Lagoy. Sestini (n° 7) avait pris la croix qui se remarque derrière le lion

pour un arménien debout, « retro Armenus. » - Krafft, p. 22, 23. Pl. 1 , n° 56.

N° 31 + i,nu. 'H'MII' Al'.. -eos [ Tha]chavor Ha[jotz .] - Constantin, roi des Arméniens. - Le roi à cheval marchant à droite et tenant une croix.

Dm)- - Frappé dans la ville de Sis. - Lion marchant à droite , derrière lui une croix. Cuivre.

Cabinets de Vienne et de M. le marquis de Lagoy. Pl. 148, n° 3. M. Krafft, p. 24, pl. II, n° 58, avait rangé cette pièce parmi les

incertaines. En me communiquant les empreintes des médailles arméniennes

de sa riche collection , M. le marquis de Lagoy voulut bien y joindre quelques notes qui m'ont été d'un grand secours dans mon travail. A propos de cette médaille, le savant académicien m'écrivait : « Cette pièce présente un grand rapport avec la médaille d'argent de Sestini

(1) 1848 , t. II, p. 245, 24C, pl. XIII. n° 3. (2) M. Le Vaillant de Florival dit que Constantin fit mourir Héthum aussitôt son

avènement au trône.



MONNAIES DES ROiS ARMÉNIENS. 4l9

(n" 7) ; mais au lieu de I 'Armenos que Sestini a cru voir, je pense qu'il y a une croix. L'Amenas pourrait bien être une illusion causée par un défaut du coin (1). »

Léon IV (1300 ?-l 307).

Léon IV, fils de Thoros et de Marguerite de Chypre , fut substitué à Constantin sur le trône d'Arménie par Héthum, son oncle, qui exerça la régence pendant sa minorité (2). A la suite d'une expédi- tion malheureuse contre le sultan d'Égypte , et malgré une victoire remportée par Léon IV (3),. les Sarrasins ravagèrent l'Arménie. Léon sollicita en personne l'alliance des Tartars, mais leur nouveau khan, Khodabandek, le mit à mort avec Héthum, son oncle, qui l'avait accompagné (4). Lorédano (5) accuse le lieutenant du khan de cette atrocité, mais son récit est douteux, attendu que le moine Hé- thum (6) parle avantageusement de Pilarghou-Khan, qui avait em- brassé le christianisme. Enfin d'autres prétendent que c'est à l'insti-

gation des schismatiques qu'Héthum fut mis à mort , pour avoir fait tenir en 1307 le concile de Sis (7), où l'Arménie se réunit à l'Église romaine.

Je n'ai rencontré dans la suite Roupénienne aucune monnaie pou- vant être attribuée à ce prince; cependant je ne dois pas dissimuler la difficulté que j'éprouve à classer, soit à Léon IV ou Léon V, les mé- dailles que j'ai données à ce dernier roi. Cependant je dois dire que le

type des pièces en question me semble postérieur à celui des monnaies frappées sous le règne d'Ochin.

Oc HIN (1307-1320).

Ochin , frère d'Héthum , succéda à Léon , son neveu, par le choix des barons. A son avènement au trône, il eut des difficultés avec le

(1) Aix, 17 avril 1850. (2) Lettre de Clément V, adressée en 1306 a Leon iv et a Hetnum. - naynaia,

ad annum 1-306 . n° 13. - Wadine, ad annum 1306, n° 26. (Z) Moine Héthum, ch. xli, xlii. - Sanud , liv. Ill , part. XIII, ch. vm à x. -

Guillaume de Nangis, ad annum 1299. , , ' I- t „ 1,, : ̂ xy rws'TiT Lilir. Iiis», il. waiöiuguaui , utun. (5) Liv. V, p. 233. (6) Ch. XLHi. (7) Galanus; Concil. Arm,, t. Xiv. - . Mansi, suppl., i. m.



420 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. roi de Chypre, difficultés qui ne furent aplanies qu'en 1311 par le pape Clément V (1). Les Sarrasins ayant continué leurs courses en Arménie l'an 1317, Ochin eut recours aux princes chrétiens dont il n'obtint pas grand secours; car en 1320 les Sarrasins n'avaient pas encore abandonné ce pays (2). Dans le même temps, Ochin était en guerre avec le roi de Sicile et le roi de Chypre , mais le pape Jean XXII ménagea une trêve qui se convertit en 1320 en une paix solide. Ochin se montra très-zélé pour la réunion de l'Église d'Ar- ménie et de l'Église romaine : ce fut par ses soins que se tint en 1316 le concile d'Adena (3), où l'on confirma les décrets du concile de Sis.

N- 32. + r.i-rj- i, fw.'Huwii' Amon -

chin Thachavor Hajotz. - Ochin, roi des Arméniens. - Le roi à cheval marchant à droite tenant un sceptre fleurdelisé; devant le cheval U; derrière le roi

* + CKliblVb- b MMVlJVIVi, II- 111-11] -

Frappé dans la ville de Sis. - Lion marchant à droite , derrière lui une croix. Argent.

Musée asiatique de St-Pétersb. - Cab. Blacas. Brosset, Hist, da Bas-Emp., t. XX , p. 510, note pour le § liii

du livre CX. - Brosset, Monogr., n° 17. - Krafft, p. 21 , pl. I, n° 53.

n- 33. + r.l'CJ' l, fMVM'Mll1 AUOIM -

Ochin , roi des Arméniens. - Le roi à cheval marchant à droite et tenant un sceptre fleurdelisé , devant le cheval 3.

* + C,Kl,l'.<H- 1> MMV1JVIUV - F"PPé <"«"«

la ville. - Lion marchant à droite, derrière lui une croix, au-dessus un point. Argent. Pl. 148, n°5.

Cab. de Vienne, et des R. P. Méchit. de Venise. Krafft, p. 22, pl. I , n° 55.

N" 3». + (rt-r.'M'.MIC AI'.« - 0chi".

(1) Raynald » ad annum 1311, n° 77. (Z)Ibid., 1320, n° 21. (3) Galanus , Cone. Arm., t. XIV. - P. Monnier , Lettre sur i ármente.



MONNAIES DES ROIS ARMÉNIENS. 421 roi des Arméniens. - Le roi à cheval marchant à droite et tenant un sceptre fleurdelisé, devant le cheval <-o.

* + Cjar.Vl • -Frappé dans

la ville.... - Lion marchant à droite, derrière lui une croix. Ar-

gent, inédite. Pl. 148, n°4. Cab. de M. le marquis de Lagoy.

LÉON V (1320-1342).

Léon V, fils d'Ochin , lui succéda en bas âge au royaume d'Ar- ménie, sous la tutelle de sa mère. Le commencement du règne de ce

prince fut marqué par de grandes divisions qui éclatèrent dans le

royaume. Le sultan d'Égypte profita de l'occasion pour y faire une nouvelle irruption. Toutes les places de la plaine se rendirent â lui sans coup férir ; les Arméniens se retirèrent dans celles de la mon- tagne , près desquelles ils battirent le sultan d'Égypte qui s'en était approché en 1 322. Léon conclut l'année suivante (1 323) une trêve de quinze ans avec le sultan moyennant un tribut de cinquante mille florins, qu'il s'engagea à lui payer, mais les Sarrasins recommencè- rent leurs courses, qui continuèrent jusqu'en 1 341. On peut juger de l'extrémité où ils réduisirent ce royaume par les fréquentes ambas- sades que Léon envoya aux princes chrétiens pour en tirer des secours. Plusieurs d'entre eux envoyèrent des troupes avec lesquelles il vainquit les infidèles (O. Mais cet avantage n'eut pas de suite ; les musulmans revinrent en Arménie et désolèrent de nouveau ce pays. Léon poussé à bout envoya des ambassadeurs en France pour exposer sa détresse au roi Philippe de Valois, dont ils furent bien accueillis; ce fut alors que ce monarque lui donna une somme de dix mille florins pour servir à la garde de ses châteaux , par une charte dont voici la teneur :

Philippe, par la grâce de Dieu, roy de France, à nos amés et

féaux , les gens de nos comptes et nos trésoriers à Paris , salut et di- lection : Pour ce que nostre très chier cousin le roy ä Arménie nous a

signifié que les Sarrasins de par là guerroyoient efforciement, iwus volons li faire aide pour ce qu'il puisse miex garder ses chastiaux et son

(1) Kniglon, p. 2559.



422 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. pays Avons donné au diet roy , donnons de grâce espécial par ces lettres , diz mille florins d'or de Florence , pour estre convertis en la garde des dietz chastiaux et pays, lesquels nous volons que li soient payés ou à son certain mandement en troiz ans Donné à Paris le 1 1 jour dejuign , Van de grâce mil ccc trente deux .

Quelque temps après le pape Jean XXII , pressé par Philippe de Valois, publia une croisade en 1333, en faveur du roi d'Arménie. Non-seulement le roi de France, mais encore ceux de Bohème, de Navarre et d'Aragon , prirent solennellement la croix , mais la mort du pape, arrivée au mois de décembre 1334, fit évanouir ce projet. Réduit à ses propres forces , Léon se retira dans les montagnes et fut assassiné par les Arméniens en 1342 (1).

N- 35. + icHYbUHIP AUOim -

Léon , roi des Arméniens. - Le roi à cheval, marchant à droite et tenant un sceptre fleurdelisé.

»'■ + CJ-'|,W.U I* "IMVIJVP.% b «-Frappé dans la ville de Sis. - Lion marchant à droite, derrière lui une

longue croix. Argent. Pl. 148, n8 5. Cab. de Vienne. Krafft, p, 13, pl. I, n° 21.

N" 38. + mVH'.MH* AU» -

roi des Arméniens. - Le roi à cheval, marchant à gauche et tenant un sceptre fleurdelisé ; on lit en contre-marque le mot arabe le roi.

* + c,K<,ur.u ■(mvijt.H'-'I, m« -Frappé dans la ville de Sis. - Lion couronné marchant à droite, derrière lui une croix. Argent.

Cab. Timoni. Krafft, p. 13-14.

N° 37. + í(MXM>ílíl Ar.- -Léon, roi

des Arméniens.'- Le roi, assis à la manière orientale, tient un sceptre fleurdelisé.

(1) Villani, liv. XII , ch. m. - VArt de vérifier les dates donne l'apnée 1844.



MONNAIES DES ROIS ARMÉNIENS. 423

* + i'Kl,Ur.l,b -l'IVIJM'-l, 1- UH) -

Frappé dans la ville de Sis. - Croix cantonnée de quatre besants. Cuivre. Pl. 148, n° 7.

Cab. de Vienne , de Lagoy. M. Krafft(p. 14, pl. II, n° 23) donne cette médaille ainsi que

la suivante à un roi incertain du nom de Léon.

N- 38. + ».IVhUMll1 - Lé"", roi. -

Le roi , assis à la manière orientale , tient urie croix et un sceptre fleurdelisé. (La tête du roi empiète sur la légende.)

* + Îji-Ml'l, fMVH'WH' Léon . roi. Croi* cantonnée de quatre besants. Cuivre , deux variétés. Pl. 148, n°8.

Cab. de France, de Vienne , de Blacas , de Reichel. Brosset , n° 7. - Krafft, p. 14 , pl. II, n° 24. La seule analogie du type de ces monnaies avec les pièces du roi

Ochin , ma engagé à les ranger au règne de Léon V.

Constantin III (1342-1343 ?). Constantin , prince de Lusignan (son nom était Jean), commença

son règne en envoyant une ambassade au pape , au roi de France et à celui d'Angleterre, pour leur exposer l'état déplorable où l'Arménie était réduite par les courses des infidèles et les engager à lui donner des secours (1). Le roi Constantin n'obtint rien des secours qu'il avait demandés et fut tué en 1348 (2).

Dans un règne d'une année , il est peu probable que Constantin ait fait frapper des monnaies ; aussi je réserve pour le règne de Con- stantin IV, qui a été fort long, deux pièces qui me paraissent plutôt devoir appartenir à ce roi.

Gui (1343?- 1345).

Gui de Lusignan, frère du dernier roi , fut appelé à la couronne d'Arménie par les grands du pays après l'assassinat de son frère Con-

fi) Wading, ad annum 1327, n0 3. (2) V Art de vérifier les dates assure qu'en 1351 , il n'était plus sur le trône.



424 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. stantin ; il était alors à la cour de Byzance , où il s'était distingué par sa bravoure (1). Nicéphore Grégoras (2) nous apprend qu'il avait été appelé d'Arménie à Constantinople , où il conserva les mœurs des Arméniens. L'histoire ne nous a transmis qu'un seul trait de sa royauté , c'est qu'il envoya au pape Clément VI des ambassadeurs pour lui prêter obéissance et lui annoncer qu'il ferait ses efforts pour extirper les erreurs qui s'étaient glissées depuis longtemps dans l'Église d'Arménie. Il fut tué en 1345 au moment où il travaillait à cette grande œuvre (3).

Aucune monnaie ne nous a transmis le nom de ce roi.

Constantin IV (1345-1363?).

Le règne de ce prince est peu connu ; les historiens n'en disent

que peu de mots ; on sait seulement que Clément VI envoya deux nonces en Arménie avec une lettre adressée au roi Constantin pour l'engager à concourir avec eux à l'extirpation des erreurs qui s'étaient

glissées dans l'Église de ce royaume. On sait encore qu'il eut à sou- tenir une lutte contre ses voisins , puisque Deodat de Gozo lui four- nit des secours (4). Il n'existait plus en 1363.

N- 39. + iiinisr.VbKi, w-'i- Ai'.ona - «<«-

dantin Th[à]ch. Hajotz. - Constantin , roi des Arméniens. - Le roi à cheval , tenant une épée et marchant à droite.

*• + «1)1)0 IMM'Vi, l> fWH'lli' - Sso-

pertn i Thachaor. - C'est le château royal de Sis. - Châtel à trois tours. Or, inédite. Pl. 148, n° 9.

Cab. des RR. PP. Méchitaristes de Venise. Le dessin de cette médaille m'a été communiqué par le R. P. Ga-

briel Aivazovski , à qui il avait été envoyé de Venise par le R. P. Léon Alischan , savant archéologue arménien.

(1) Cantacuzène. (2) Liv. I , ch. XXI. (3) Lebeau, Hist, du Bas-Emp XX, 510. (4; Friedlander, aie münz, aer Jonann. oraens. ui. ueoaai von i¿ozo.



MONNAIES DES ROIS ARMÉNIENS. 425 N* »»• + iiiwxr.VHT.'i.ni) wr.'i-iii' auo

- Gosdantianos Thach(av)or Haj(otz .) - Constantin , roi des Ar- méniens. - Le roi à cheval , tenant une épée, devant le cheval

* + vjßb říMi^-nr - ^ la grâce de Dieu, Roi. - Le roi debout, vu de face, tenant une épée et un sceptre fleurdelisé. Argent. Pl. 148, n° 10.

Cab. de Vienne. Krafft, p. 23, pl. I, n° 57.

Comme je l'ai dit plus haut, ces pièces ne peuvent appartenir à Constantin III, dont le règne a été fort court, tandis quelles sem- blent mieux devoir être attribuées à Constantin IV, qui régna près de dix-huit ans.

LÉON VI (1363?-! 375).

Léon de Lusignan (1) est principalement connu par ses malheurs: ils furent tels que les Turcs étant entrés dans ce royaume , en con- quirent rapidement toutes les places qui leur restaient à prendre ; Léon, chassé de ses États, se rendit en Chypre, d'où il passa en Italie et de là en Castille 5 puis il vint en France à la cour du roi Charles V, qui lui fit une pension (2) ainsi que Richard II, roi d'Angleterre, en sorte qu'au rapport de Walsinghpm (3) il devint plus riche dans son exil qu'il ne l'avait été sur le trône. Il mourut à Paris en 1393, et fut enterré aux Célestins ; son tombeau a été transporté depuis dans les caveaux de Saint-Denis,

41 + 1>M1[C|, icMVbUMlf1 AUG] - Léon, roi des Arméniens. - Lion tourné à gauche.

H. + 1JMJ* - Frappé [dans la ville de] Sis. - Croix. Billon. Pl. 148, n° 11.

Cab. de M. de Cadalvène. M. de Saulcy (Num. des croisades, p. 174, pl. XIX, n° 5)

donnait cette obole au royaume de Chypre.

(1) Tchamisch ne commençant la série des numéros qu'à Léon II, l'appelle Léon Y. (2) Froissard , vol. III , ch. xxm. (3) Ad annum 1386, p. 321, 326.



426 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

Jusqu'à présent on n'avait pas encore signalé l'existence d'une monnaie de Léon VI ; aussi en attribuant cette médaille à ce roi , je me fonde sur le type, qui annonce une fabrication plus récente que les autres monnaies arméniennes du nom de Léon. Cette pièce, en outre, doit être le K'hori, monnaie d'une valeur moindre que le dirhem; le K'hori , comme je l'ai dit en parlant de la valeur et du nom des monnaies arméniennes , est mentionné dans le Décret de Léon III en faveur des Génois (1) , et rien n'empêche de croire que le denier de billon dont je viens de donner la description ne soit cette pièce infé- rieure au dirhem , connue sous le nom de K'hori.

Incertaine.

N° 42. -|- Légende incertaine dont les caractères se rapprochent un peu des lettres arméniennes. - Roi à cheval, marchant à droite et tenant un sceptre fleurdelisé.

+ Légende incertaine. - Lion courant à droite, derrière lui une croix. Cuivre. Pl. 148, n° 12.

Cab. Timoni. Krafft, p. 24 , pl. II , n° 58. Cette pièce , qui offre une parfaite ressemblance , quant au type ,

avec les monnaies de Constantin II et d'Ochin , me paraît être l'œuvre d'un faussaire inhabile.

Je ne puis terminer ce travail sans vous témoigner, Monsieur, ma sincère reconnaissance pour les avis bienveillants que vous avez bien voulu me donner pendant la publication de cette notice; je prie aussi MM. de Saulcy, de La Saussaye, de Longpérier, de Lagoy, G. Aiva- zovski, qui m'ont soutenu .de leurs conseils et de leurs encourage- ments de vouloir bien trouver ici une large part dans ines sincères remercîments.

Veuillez agréer, etc.

Victor Langlois.

(t) Exlr. des manuscrits de la Bibl. du roi, t. XI, p. 9T.



PL. 14 7.

MONNAIES ARMÉNIENNES

CK. Saunier bc •



PL.148.

MONNAIES ARMÉNIENNES



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