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LETTRE
D’INFORMATION
N° 8 2013
Le mot du Président
A l’aube d’une nouvelle saison pour les Amis du domaine royal de Randan et après avoir rappelé que
notre Assemblée générale s'était déroulée, comme d'habitude, dans une excellente ambiance, il me parait
utile de revenir sur nos engagements et nos valeurs plutôt que d'insister sur certains aspects du
programme de manifestations que notre association vous propose (voir par ailleurs).
A une époque où tout semble remis en question et qui manque de repères, je souhaite que notre
Association garde le cap, reste dynamique tout en conservant ses convictions, sa convivialité, son
ouverture sur l'extérieur, son sens de l'autre et si possible celui de l'humour.
Nous avons deux objectifs, vous le savez : celui de participer à l'animation du très beau site de
Randan et celui de compléter ses collections. Faisons tous nos efforts pour y parvenir dans une heureuse
harmonie et avec tout notre cœur. Souhaitons nous aussi, qui sait, décrocher un bon, voire un gros lot en
matière d'objet, de meuble ou de tableau…
Bonne saison à tous au Domaine royal.
FRANÇOIS JALENQUES
L’ANNÉE ECOULÉE
CONCERT RENAUD CAPUÇON
A l’initiative de notre association, plus de 800
personnes étaient présentes le 23 juin dernier pour une
soirée exceptionnelle à l'opéra de Vichy. Grâce au
soutien de Michelin et en co-production avec l'opéra,
les Amis du Domaine de Randan avaient organisé un
concert avec le violoniste de renommée internationale
Renaud Capuçon dirigeant lui-même de son violon
l'orchestre de chambre de Stuttgart. Nous souhaitions
par cette manifestation faire mieux connaitre notre
association auprès des vichyssois et plus largement aux
habitués de l’opéra de Vichy.
Notre but était également de permettre à nos adhérents de bénéficier d’un concert exceptionnel par la
qualité de ses musiciens et par la richesse du programme : Schubert (polonaise et rondo pour violon et
orchestre) Dvorak (sérénade pour violon et orchestre) Péteresis Vasks (concerto pour violon et orchestre
à cordes Distant Light), compositeur letton né en 1946 et maintenant reconnu internationalement. Pari
gagné, puisque le public était au rendez-vous et que l’opération a permis de dégager un léger bénéfice.
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« PIQUE-NIQUE » DU 1ER
JUILLET
La pluie avait donné rendez-vous aux amis du domaine de Randan
pour leur pique-nique annuel. Si certaines années les adhérents ont
su braver les intempéries en faisant preuve d’un flegme
britannique seyant bien au Domaine de Randan, il était cette-fois-
ci difficile de résister au déluge. Notre pique-nique dans le parc
s’est transformé en un déjeuner en salle. Les habitués ont gardé
leur bonne humeur et les tables se sont remplies au gré des
connaissances et des échanges de bons petits plats.
La pluie ayant bien voulu cessé en cours d’après-midi, les uns sont allés se promener dans le parc et
tandis que les autres ont profité des jeux intergénérationnels installés à l’intérieur. L’ambiance a très vite
été animée, grands et petits voulant arriver victorieux au terme de la partie. Les rires ont résonné dans la
salle et tous se sont donné rendez-vous l’année suivante pour une nouvelle partie cette fois, nous
l’espérons, dans le parc.
LECTURE « TALLEYRAND », PAR FRANCE ET ALAIN VIDAL
Dans la première salle des cuisines du château de Randan,
l'auditoire a été très attentif, souvent surpris et amusé par le
résumé de la vie de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord,
enfant chétif, séminariste déluré, personnage énigmatique,
opportuniste, cupide, mais toujours séduisant. Ce charmeur
cynique utilisa les femmes et leurs salons au service de son
ambition personnelle. Par le support des biographies de Jacques
Vivent, Léon Noël et Louis Madelin, nous avons dit comment de
la défroque de l'évêché d'Autun aux Ministères et Ambassades de
tous les régimes depuis la Révolution, il amassa fortune, mais
également respect pour son intelligence politique.
VOYAGE A VALENCAY DU 9 SEPTEMBRE 2012
Le dimanche 9 septembre, au Château de Valençay nous avons rencontré l'exceptionnel cadre de vie du
prince de Talleyrand-Périgord, duc de Bénévent. Cette demeure payée en grande partie par Napoléon est
un lieu de prestige destiné à recevoir avec éclat les diplomates étrangers, afin de connaître, dans la détente
des somptueux diners concoctés par son cuisinier Antonin Carême, leurs dispositions quant à la politique
du moment. Talleyrand devra d'ailleurs céder sa chambre et finalement son château, pendant plus de cinq
ans, à l'infant Ferdinand d' Espagne, royalement interné à Valençay avec sa suite, par la volonté de
Napoléon.
Le voyage en car, fut plus long que prévu, mais cela permit à notre groupe de prouver ses facultés de
souplesse et d'adaptabilité face à l'imprévu... Deux groupes alternèrent avant le repas la visite du château,
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saluant dès l'entrée du Grand salon le portrait de Madame Adélaïde offert à son ami le prince de
Talleyrand, et la découverte du parc à l'anglaise en «Golfettes» des bolides électriques à 4 places. Il faut avoir franchi l'imposant donjon du XVIème et accédé à la cour intérieure pour ressentir la sérénité
du lieu qui charma tant Talleyrand et ses hôtes par le talent de son hôtesse Dorothée, duchesse de Dino.
La visite intérieure commentée par audio-guides a permis de respecter rythme et intérêts de chacun, pour le
mobilier, les tableaux, ou l'histoire du lieu.
L'après-midi certains ont ajouté, aux représentations théâtrales dans les cuisines et dans la cour d'honneur,
la visite de la chapelle qui abrite le tombeau de Talleyrand.
Le buffet du retour à l'hôtel du Parc, agréable et copieux, fut très apprécié.
JOURNEES EUROPEENNES DU PATRIMOINE.
Les Journées du Patrimoine 2012 ont été pour l'association un temps fort
de mobilisation de l'équipe de bénévoles.
Outre le stand où le public a pu acheter nombreux souvenirs proposés
par l'association, livres, cartes postales, reproductions d'aquarelles du
château avant 1925 réalisées par Bernard Périssel et imprimées
gracieusement par Claude Lachièze, une tombola a été organisée et a
permis à l'heureux gagnant d'enrichir sa bibliothèque de livres sur la
famille d'Orléans.
Viennoiseries et jus de fruit ont été aussi proposés avec un tel succès
qu'en fin de journée bon nombre de visiteurs ont été frustrés de ne pas
pouvoir satisfaire leur soif ou leur gourmandise. Des tables et chaises
avaient été installées autour de la roulotte magnifiquement restaurée par
le Conseil régional qui servait de buvette.
Enfin, nous avions invité la Compagnie Contrepoint
-Yan Raballand. Elle a animé le parc avec ses Bulles
Chorégraphiques, récital de chansons d'amour
traversant les âges et les styles (Piaf, Gréco, les
Platters, Tino Rossi, Schubert, Arthur H). Les très
nombreux spectateurs qui ont suivi cette itinérance
l'ont trouvée tout simplement « géniale ».
CONFERENCE « LE CHATEAU D’EU »
En 2011, notre voyage à Eu (Normandie) nous avait permis de
découvrir le patrimoine de cette ville qui n’est pas sans rappeler
celui de Randan. Les châteaux de ces deux villes partagent de
nombreux points communs : propriété chère à la famille d’Orléans,
même architecte, même matériaux, histoires parallèle jusque dans
l’incendie qui les ravagea tous les deux même si dans le cas du
château d’Eu une reconstruction fût entreprise. Le château est
aujourd’hui partagé entre la mairie et le musée municipal dit Musée
Louis-Philippe.
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Son riche passé a été retracé par son conservateur, Monsieur Alban Duparc, à l’aide de nombreuses
illustrations. Le conférencier a longuement évoqué les derniers travaux de restauration, notamment la
restitution de la galerie des Guises, pièce centrale du château dont le décor a été reconstitué (plafond à
caissons, parquets, lustres…) afin d’accueillir la remarquable collections de portraits, dont certains
remontent au XVIIe siècle et qui avaient pu être sauvé lors de l’incendie de 1905.
Cette conférence a permis à ceux qui ne le connaissaient de découvrir ce monument et à ceux qui l’avaient
visité en 2011 d’approfondir son histoire.
ASSEMBLEE GENERALE
DU 19 JANVIER 2013
Devant une assistance toujours aussi nombreuse, le
Président François JALENQUES, présente le rapport
moral et rappelle les moments forts de l’année
écoulée. Mme Yvette MALLERET, trésorière, donne
lecture du bilan financier. Bilans financier et moral
sont adoptés à l’unanimité.
Les membres du Bureau annoncent les projets pour
2013. Chacun pourra en prendre connaissance en
lisant le feuillet spécifique ci-joint.
La présence à cette Assemblée générale de Mme Nicole ROUAIRE, Vice-présidente du Conseil régional,
de M Jean-Michel BOSSARD, Directeur général des services du Conseil régional et de Mme Ginette
CHAUCHEPRAT, Chef du Pôle Qualité de la Vie, montre, s’il en était besoin, l’intérêt que l’assemblée
régionale porte à l’association des Amis du Domaine royal. Ces derniers, sensibles à ce soutien, souhaitent
ardemment que se perpétue cette action commune au bénéfice du site historique randannais. A la tribune,
Mme ROUAIRE remercie les Amis pour leur implication et évoque les travaux prévus en 2013 au
Domaine.
Décision importante : le choix a été fait de maintenir le montant de l’adhésion à 20€ pour les membres
actifs et 50€ pour les membres bienfaiteurs. Avant de clore la séance, le président JALENQUES adresse
ses remerciements à M Jean- Claude MERLE qui gère bénévolement le site de l’association.
La réunion s’est terminée par la dégustation de la traditionnelle galette, tout en découvrant un diaporama
des évènements 2012.
Site internet et courriel Si le site Internet est un lien permanent entre les adhérents et l’Association des amis du Domaine royal de
Randan il a également pour but de promouvoir le Domaine, son histoire, son patrimoine. Il permet à
chacun de suivre l’actualité de l’association, notamment les diverses manifestations proposées. Il connait
un succès certain depuis son lancement puisqu’il a été visité par plus de 38 000 internautes avec une
moyenne de 876 visiteurs par mois. Il a été récemment modernisé par notre webmestre bénévole :
Monsieur Jean-Claude Merle.
L’adresse du site est désormais : www.amisdomainerandan.org
L’adresse courriel du site: [email protected]
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DONS
Ensemble de 5 gravures populaires représentant le
roi Louis-Philippe, la reine Marie-Amélie, la
princesse Adélaïde, le prince Joinville, le duc
Aumale, la princesse Louise.
XIXe siècle
Don de M Didier THIERY
Tour Saint-Julien à Randan.
Photographie par Raveyre, à Vichy.
Tirage et légende contrecollés sur carton.
Dernier quart du XIXe siècle.
Don de M et Me SEGUIN
La tour Saint-julien était le vestige d’un petit manoir. Avec
les terres qui l’entouraient, il avait été acquis par Adélaïde
d’Orléans pour être intégré au parc du château.
Cartes postales :
Rendez-vous de chasse de Maulmont
Vue intérieur de la chapelle du
château de Randan
Don de M et Mme KIRCHERR
Philippe, duc d’Orléans.
Photographie avec signature
imprimée
←
Henri, comte de Paris,
Photographie par Pierre Ligey.
→
Don de M BOURDET
Revue « L’Illustration » du 16 décembre 1905,
avec un article sur l’expédition arctique
de Philippe duc d’Orléans.
Don
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DONS (suite)
Trophée de cervidé.
Le dos de l’écu est gravé des initiales RW pour
Rowland Ward.
Don de M Maurice GLOCK
Livre : Charles Yriarte, Les princes d’Orléans, 1872. Don de M et Mme VERGNE
Image imprimée représentant le prince de Talleyrand. Don de Mme KROMER
ACQUISITIONS
Lettre de Marie d’Orléans à son père Louis-
Philippe alors en séjour à Randan (vers 1825).
Lettre autographe d’Adélaïde
d’Orléans à Pauline de Castellane.
Château de Twickenham
Lithographie anglaise animée et coloriée, dédiée à
Louis-Philippe. Vers 1816.
Twickenham a été l’une des résidences de Louis-
Philippe pendant son premier exil en Angleterre.
:
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Assiette en Choisy représentant
Antoine d’Orléans, duc de Montpensier.
Second quart du XIXe siècle.
Assiette en Creil représentant
Marie-Amélie, alors duchesse d’Orléans.
Avant 1830.
Ferdinand, duc d’Orléans,
Bronze signé par James Pradier,
Edité par Simonet Fondeur.
1842.
Médaille par Borel.
Avers : profils du comte de Paris
et duc de chartres enfants,
Revers : « Un ange veille sur
eux ».
Deux gravures populaires représentant les
princesses Marie et Clémentine d’Orléans (achat
complétant les 5 gravures offertes par M Thiéry,
voir ci-dessus)
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Vue partielle de la façade du château de Randan.
Photographie au format carte de visite.
Publiée par Mesnard, « Au Pacha », à Vichy.
Seconde moitié du XIXe siècle.
Rendez-vous de chasse Maulmont.
Vue stéréoscopique.
Seconde moitié du XIXe siècle.
Lot de photographies panoramiques ou
stéréoscopiques datées de 1902 : 6 vues du
domaine, 2 vues de l’église, 2 vues du
village, 1 vue du monument du Souvenir
français.
Revue « Le Monde Illustré » du 2 mai 1914
avec un article intitulé « SAR le duc de
Montpensier voyage en Malaisie »
« Le monde Illustré » du 19 avril 1913 avec un
article concernant les prétentions de Ferdinand
d’Orléans, duc Montpensier, au trône d’Albanie.
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Chronique
L’Histoire de la Monarchie de Juillet (suite) Par David FRAPET, docteur en Histoire des Institutions.
LA MONARCHIE DE JUILLET ET LE CHATEAU DE FONTAINEBLEAU
L’Histoire du palais de Fontainebleau est intimement liée à celle de la royauté et du premier
Empire. La Monarchie de Juillet allait également laisser sa trace dans ce splendide monument.
La Liste Civile consentit de grands sacrifices financiers au palais de Fontainebleau. Cette résidence royale
que Louis-Philippe considérait comme le second symbole de la monarchie française après Versailles, reçut
la somme de 3 431 914 francs entre 1830 et 1847. C'est le troisième poste de dépenses dans les bâtiments
de la Couronne au cours du règne de Louis-Philippe. Fontainebleau est également la dernière résidence
royale à se situer au-delà de trois millions de dépenses sur l’ensemble du règne.
Napoléon 1er avait décerné à Fontainebleau le titre de « Maison des siècles, vraie demeure des Rois. »
Louis-Philippe partageait l'enthousiasme de l'Empereur pour ce palais.
Louis VII y fut intronisé en 1137; Philippe Auguste et Saint Louis y séjournèrent fréquemment. Philippe le
Bel naît au palais de Fontainebleau en 1262 et y meurt en 1314.
Après une longue période d'abandon au XVe siècle, le château connaît une nouvelle période faste à partir
du règne de François 1er. Par amour de la chasse et de la tranquillité, au retour de sa captivité madrilène,
François 1er s'installe à Fontainebleau. Il entreprend des travaux d'une telle ampleur dans cette résidence
royale, que le château de Fontainebleau est totalement remanié.
Pour orner l'intérieur du château, le Roi fait appel à des décorateurs italiens, tels le Rosso et le Primatice.
François 1er
, érudit et collectionneur, remplit Fontainebleau d'objets d'art, de livres précieux, de pierreries
et de peintures des grands maîtres de la Renaissance italienne. La Joconde, mais aussi la belle jardinière de
Raphaël ou bien encore la Sainte Famille, entrent en France à cette époque.
En 1593, François 1er invite pour quelques jours son rival Charles Quint à Fontainebleau et l'éblouit devant
toutes les richesses déployées.
Henri II, fils de François 1er, fin lettré et protecteur des arts, confie les travaux de Fontainebleau à
Philibert Delorme (l'architecte des Tuileries). La décoration de la salle de bal, sera la grande oeuvre de ce
règne.
Le château de Fontainebleau voit la naissance de Louis XIII en 1601. Le jeune Roi est baptisé dans la cour
ovale cinq ans plus tard. Le Grand Condé meurt à Fontainebleau en 1686. Quarante ans plus tard, c'est le
Dauphin, fils unique de Louis XIV, qui y rend le dernier soupir. Le Roi Louis XV épouse Marie Leczinska
dans ce palais en 1725.
Le XIXe Siècle est également riche en événements marquants. En 1812, le palais de Fontainebleau sert de
résidence surveillée au pape Pie VII, puis en Avril 1814, c'est Napoléon 1er qui abdique dans le château
avant de faire ses adieux à ses fidèles dans la grande cour.
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Louis-Philippe, qui attachait une très grande importance aux symboles, ne pouvait qu'être attiré par
Fontainebleau. En investissant ce palais, la Monarchie de Juillet inscrivait son action dans la continuité de
celle des Rois bâtisseurs. Louis- Philippe rendit l'hommage le plus éclatant à cette résidence royale, en la
choisissant comme lieu du mariage de son fils Louis- Ferdinand Philippe, prince héritier de la Couronne,
avec la princesse allemande Hélène de Mecklembourg-Schwerin, le 6 Juin 1837.
Dès 1830, le palais de Fontainebleau fit l'objet de travaux d'importance. Mais, le mariage du prince royal
permettra d'accélérer leur rythme et de les présenter publiquement. Comme dans tous les cas où un
événement permettait de mettre en valeur un monument, les cérémonies du mariage du prince héritier
transformèrent le château de Fontainebleau en décor de la théâtralisation de la nouvelle dynastie d'Orléans.
Ces cérémonies servirent également de prétexte pour continuer les travaux de restauration après le 6 Juin
1837.
Mariage de fils aîné de Louis-Philippe à Fontainebleau en 1837
Un article du Journal des Débats, rapporté par le Moniteur Universel du 6 Juin 1837 relate ainsi la dernière
journée du voyage à Fontainebleau de la famille royale : « Le Roi a reçu aujourd'hui les officiers de la
Garde Nationale de Fontainebleau, qui ont désiré faire leurs adieux à Sa Majesté et s'est entretenu
pendant quelques temps avec eux. Ensuite, Sa Majesté, accompagnée de M Fontaine, Dubreuil et de
Cailleux, Directeur Adjoint du Musée, a fait une visite dans les appartements et Elle a donné des ordres
pour l'exécution de nouveaux travaux. Le rétablissement de la Galerie François 1er paraît devoir
commencer le 1er Juillet. Il complétera, dans le vaste système de restauration monumentale, le palais de
Fontainebleau, auquel le Roi a consacré depuis quatre ans, tant de voyages et tant d'argent... Pendant huit
jours, les yeux de la France et ceux de l'Europe ont été fixés sur ce vieux château, que les Arts ont pris
plaisir à rajeunir depuis quatre ans et dont le mariage de M le duc d'Orléans semble rattacher l'antique et
vénérable Histoire à l'avenir éclatant promis à sa royale dynastie ».
Le mariage du prince royal et de la princesse Hélène de Mecklembourg-Schwerin constitue également
pour la presse orléaniste, l'occasion de rendre un hommage à la politique de restauration et d'achèvement
des monuments français par Louis-Philippe lui-même, mais aussi par les Chambres législatives.
Un autre article du Journal des Débats, relate ainsi le déroulement de ce qu'il appelle « la mémorable
journée du 4 Juin 1837, qui marqua l'entrée de la princesse de Mecklebourg-Schwerin à Paris » : « Le
cortège s'est mis en marche et s'est bientôt trouvé entre les deux haies formées par la troupe de ligne et la
Garde Nationale, en avant de l'Arc de Triomphe de l'Etoile. Arrivé sous ce monument, le Roi s'est arrêté.
M le Préfet de la Seine, à la tête du conseil municipal et des principales autorités du département,
attendait Sa Majesté et lui a adressé un discours auquel le Roi a immédiatement répondu avec un
admirable bonheur d'expression : ''La ville de Paris connaît mon affection pour elle ! Je suis heureux et
fier de lui présenter ma fille d'adoption. Les parisiens l'aimeront ! Elle en est digne par les qualités de son
coeur et de son esprit !''. C'était un spectacle magnifique ! Le Roi constitutionnel inaugurait enfin, au nom
d'un peuple libre, l'admirable trophée de ses victoires de quarante ans et suivi par les vieux Maréchaux de
l'Empire et par ses jeunes enfants, il semblait conduire sous ses voûtes magnifiques le triomphe des grands
souvenirs et des plus chères espérances de la patrie. » Un peu plus loin dans l'article, le rédacteur du
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journal pro-gouvernemental ajoute à propos d'un autre palais de la Couronne : « Le jardin des Tuileries
était rempli de monde, comme aux jours de fête. Les troupes circulaient au milieu de la foule, le long des
marronniers et des lilas en fleurs, les armes reluisant au soleil, les panaches agités par le vent, l'Obélisque
se dressant dans le lointain entre d'immenses masses de verdure, les terrasses pliant sous la foule qui les
couvrait, l'Arc de Triomphe de Napoléon dominant à une extrémité cette scène imposante, qui avait pour
limite, à l'autre, l'antique siège de la monarchie française, devenu l'écho sonore des cris d'allégresse et
d'amour qui saluaient l'arrivée de la jeune Princesse. »
- Durant le règne de Louis-Philippe, l'intérieur du palais sera entièrement restauré et embelli. Les fêtes du
mariage de Louis-Ferdinand Philippe avec Hélène de Mecklembourg Schwerin le 6 Juin 1837,
constitueront l'inauguration officielle du palais rénové. Notons que ces réjouissances auront lieu seulement
quelques jours avant l'inauguration du Musée de Versailles.
En 1830, le palais de Fontainebleau présentait l'apparence d'un vaste édifice, sinon sur le penchant de sa
ruine, au moins dans un état voisin du délaissement. Les toitures étaient entretenues a minima, simplement
pour éviter qu'il ne pleuve dans les pièces du château...
Les Rois de la Restauration, qui avaient connu de terribles difficultés financières, n'eurent pas les moyens
nécessaires à la restauration des fresques intérieures du XVe siècle. Louis-Philippe trouva donc les
intérieurs du palais très dégradés.
Le Roi des français, qui présidait à une époque non pas révolutionnaire comme feignaient de le penser les
orateurs de la Gauche constitutionnelle, mais de réorganisation et de réparation, estima qu'il lui fallait
relever le passé glorieux de la monarchie française en sauvant un monument mythique comme
Fontainebleau. Les restaurations engagées dans ce palais, avaient pour fonction politique de bien
montrer que la monarchie constitutionnelle était autant capable de magnificence que la monarchie
absolue et qu'elle n'était ni moins généreuse, ni moins brillante.
L'intérêt porté par Louis-Philippe à Fontainebleau, se matérialise par de nombreuses visites effectuées dans
ce Palais, parfois accompagné de toute sa famille. Parmi toutes ces visites, citons par exemple celle du 2
Octobre 1835, au cours de laquelle Louis-Philippe s'est assuré personnellement de l'achèvement ou
simplement de l'état d'avancement des travaux commandés : les arceaux de la porte dorée, la poursuite des
travaux dans la Galerie Henri II, la salle des Gardes.
La salle des Gardes, qui constitua dès le début de son règne une grande préoccupation pour Louis-
Philippe, se couvre de décorations, de médaillons restaurés (ou rajoutés) qui reproduisent les chiffres, les
armes et les devises de plusieurs siècles. Cette visite royale s'achève par un banquet dressé dans la
nouvelle salle affectée à cet effet, en présence des principales notabilités de la ville et du département, des
magistrats et officiers de la Garde Nationale et de la Ligne en poste à Fontainebleau. Les artistes-
décorateurs sont également invités à ce banquet.
Lors d'une autre visite au palais de Fontainebleau le 10 Octobre 1836, Louis-Philippe et la famille royale,
sont accompagnés par le comte de Montalivet (Intendant Général de la Liste Civile), Jean Vatout (son
fidèle bibliothécaire) et le peintre d'Histoire Alaux. Ces voyages permettent de relancer des travaux qui se
ralentissent parfois et d'impliquer dans ces restaurations le maximum de proches du Roi. Ces visites de
chantiers, constituent pour le Roi des moments privilégiés durant lesquels, entouré de ses proches et d'un
carré de fidèles, il se consacre à sa passion pour l'architecture.
Fontainebleau, salle des colonnes, décor néo-Renaissance commandé par Louis-Philippe.
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La Liste Civile engagea de très grands travaux, qui à l'instar de ceux de Versailles ont supporté les
violentes critiques des Historiens de l'art du XXe siècle. La Galerie Henri II, entièrement restaurée et
rendue (du moins dans l'esprit de ses restaurateurs) dans son état d'origine, était considérée en 1837
comme la plus belle salle de bal d'Europe. C'est sous son plafond de bois sculpté et incrusté d'or, au milieu
des peintures à fresques du Primatice restaurées par le peintre appointé par la Liste Civile Alaux, que
furent célébrées les fêtes du mariage royal.
Sous la Galerie Henri II, fut construite une immense salle d'attente. Le mariage civil s'y déroula en
présence des Présidents des deux Chambres.
L'ancien appartement de Madame de Maintenon a également été entièrement restauré.
La chapelle Saint Saturnin, restaurée, se voit doter de vitraux peints d'après les dessins de la princesse
Marie d'Orléans (fille de Louis- Philippe).
L'escalier de la cour d'Honneur est agrandi par ordre absolu de Louis-Philippe et enrichi de peintures à
fresques restaurées par le pinceau du célèbre artiste de la Monarchie de Juillet, Abel de Pujol.
La salle des gardes, décorée par Moench, est achevée en 1836. La chambre où est né Louis XIII, est quant
à elle, entièrement remise à neuf.
Louis-Philippe engagea de grands travaux à Fontainebleau. Les restaurations accomplies dans ce palais
exprimèrent comme à Versailles, à Saint Cloud et aux Tuileries, les conceptions architecturales de
Louis-Philippe : création de grandes pièces aérées, lumineuses incrustation de tableaux et d'objets
d'art dans les boiseries ; démolition des parties menaçant ruines ; idée omniprésente de restaurer
dans le respect du passé (mais en prenant de grandes libertés quant à la définition de ce passé),
recherche d'un style prétendument médiéval, expression de la fascination qu'éprouvait Louis-
Philippe pour le Moyen-Âge et les croisades.
David FRAPET
Assiette du service d’apparat commandé par Louis-Philippe
pour le château de Fontainelbleau.
Porcelaine de Sèvres.