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Direction Générale de l’Alimentation Sous-Direction de la Qualité et de la Protection des Végétaux Département de la santé des forêts Sommaire Actualité phytosanitaire 1 Bilan phytosanitaire 2015 Entomologie 2 GEFF 2015 3 Contarinia pseudotsugae 4 Association Monochamus – nématode 5 Saisine de l'ANSES Pathologie 6 Armillaire dans le massif landais 7 Sirococcus conigenus LA LETTRE DU DSF N° 50 – DECEMBRE 2015 L’année 2015 a été marquée par la canicule et surtout la sécheresse qui ont régné depuis la fin du printemps jusqu’à la fin du mois de juillet, Au terme de cette année, ce sont les jeunes planta- tions qui ont montré le plus de dommages, mais il faudra attendre la saison de végétation 2016 pour pouvoir mesurer avec le recul nécessaire l’impact de cette sécheresse 2015. Il ne faut pas perdre de vue pour autant les autres grands événements de cette année : la ma- ladie des bandes rouges a atteint des niveaux d’intensité jamais égalés, les pullulations de han- neton prennent des proportions inquiétantes en Alsace et en Picardie, et la chalarose a progres- sé encore vers l’ouest et commence à marquer durement les paysages forestiers dans le Nord de la France. La collaboration du DSF avec l’OWSF, l’Observatoire Wallon de la Santé des Forêts est égale- ment à l’honneur ! En effet, deux ravageurs du douglas, un insecte et un champignon, mis en lu- mière par l’OWSF sont ici présentés pour susciter la vigilance des observateurs de la santé des fo- rêts françaises. Cette lettre, ainsi que d’autres éléments d’actualités sylvosanitaires, sont accessibles sur le site de la santé des forêts : http://agriculture.gouv.fr/sante-des-forets Bonne année 2016 ! Fabien Caroulle , Lettre du DSF n° 50 1/13

Lettre du DSF n°50 - décembre 2015

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Page 1: Lettre du DSF n°50 - décembre 2015

Direction Générale de l’AlimentationSous-Direction de la Qualité et de la Protection des Végétaux

Département de la santé des forêts

Sommaire

Actualité phytosanitaire1 Bilan phytosanitaire 2015

Entomologie2 GEFF 20153 Contarinia pseudotsugae4 Association Monochamus – nématode5 Saisine de l'ANSES

Pathologie6 Armillaire dans le massif landais7 Sirococcus conigenus

LA LETTRE DU DSF

N° 50 – DECEMBRE 2015

L’année 2015 a été marquée par la canicule et surtout la sécheresse qui ont régné depuis la findu printemps jusqu’à la fin du mois de juillet, Au terme de cette année, ce sont les jeunes planta-tions qui ont montré le plus de dommages, mais il faudra attendre la saison de végétation 2016pour pouvoir mesurer avec le recul nécessaire l’impact de cette sécheresse 2015.

Il ne faut pas perdre de vue pour autant les autres grands événements de cette année : la ma-ladie des bandes rouges a atteint des niveaux d’intensité jamais égalés, les pullulations de han-neton prennent des proportions inquiétantes en Alsace et en Picardie, et la chalarose a progres-sé encore vers l’ouest et commence à marquer durement les paysages forestiers dans le Nordde la France.

La collaboration du DSF avec l’OWSF, l’Observatoire Wallon de la Santé des Forêts est égale-ment à l’honneur ! En effet, deux ravageurs du douglas, un insecte et un champignon, mis en lu-mière par l’OWSF sont ici présentés pour susciter la vigilance des observateurs de la santé des fo-rêts françaises.

Cette lettre, ainsi que d’autres éléments d’actualités sylvosanitaires, sont accessibles sur le sitede la santé des forêts : http://agriculture.gouv.fr/sante-des-forets

Bonne année 2016 !

Fabien Caroulle

, Lettre du DSF n° 50 1/13

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Département de la santé des forêts

La Lettre du DSF est destinée principalement aux correspondants-observateurs et aux partenaires du Département de la santé des forêts. Elle diffuse des informations brèves àcaractère technique et scientifique sur les problèmes phytosanitaires forestiers au sens large, qu’ils soient nationaux ou internationaux, et se fait l’écho des activités et informationspropres au DSF. À parution régulière, elle est ouverte aux suggestions de chacun, et peut publier des textes courts.La Lettre du DSF est également accessible sur Internet à l’adresse : http://agriculture.gouv.fr/suivi-de-la-sante-des-foretsIl est également possible de s’abonner à la version électronique de la Lettre du DSF à partir de cette adresse.

La Lettre du DSF n° 50 – DECEMBRE 2015Directeur de la publication : Jean-Luc FlotRédacteur en chef : Fabien CaroulleOnt collaboré à cette lettre : Les CO et les pôles interrégionaux de la santé des forêts, Louis-Michel Nageleisen, Quentin Leroy (OWSF), Julien Haran, Frédéric Labbé, Fabien Ca-roulle.

Département de la santé des forêts - 251 rue de Vaugirard 75732 Paris cedex 15Tél. : 01 49 55 51 95 fax : 01 49 55 59 49Mél : [email protected], [email protected], [email protected], [email protected], [email protected], [email protected], [email protected], [email protected], [email protected]

Le DSF sur le WEB : http://agriculture.gouv.fr/sante-des-forets

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ACTUALITÉ PHYTOSANITAIRE

Bilan sylvosanitaire de l’année20151

La période d’enneigement de l’hiver 2014-2015 aété plus courte que la normale (chutes de neige tar-dives et redoux précoce). Néanmoins la couche deneige a atteint une épaisseur à peu près normale auplus fort de l’hiver. Le printemps a été plus chaud etplus sec que la moyenne, sans néanmoins atteindrela situation de 2011. L’été a été chaud et marqué pardeux périodes de canicule intense en juillet (premièreet troisième semaines de juillet). La sécheresse a ré-gné partout en France au cours des mois de juin etjuillet, mais les orages du mois d’août ont permisd’arroser la moitié ouest du pays. En ce quiconcerne les cumuls de précipitations, une situationassez contrastée a ainsi prévalu entre deux zonesbien distinctes grand quart Est (est du Bassin pari-sien, Bourgogne, Vosges, Jura) qui a souffert de fa-çon continue de la sécheresse et le reste du pays quia connu des précipitations plus abondantes à la finde l’été.

La sécheresse et la canicule du mois de juilletont été responsables de nombreux signalements depertes de coloration du feuillage (rougissements, jau-nissements), de dessèchements de houppier (épicéa)et de pertes foliaires (bouleau, châtaignier). Les peu-plements ou les zones de peuplements les plus sen-sibles ont payé le plus fort tribut à ces contraintesclimatiques : zones à faible réserve en eau, lisières,versants orientés au sud, essences sensibles (bouleau,châtaignier, douglas…). Les plantations les plus vul-nérables ont souffert des conditions climatiques de

cet été, essentiellement sur un grand quart nord-estdu pays qui n’a pas connu les orages du moisd’août : on a donc pu y constater une augmentationnette des échecs de reprise de plantation. Sur le restedu pays, la reprise des jeunes plantations s’inscritdans la gamme de fluctuation constatée par le DSFdepuis la mise en place du suivi des jeunes planta-tions.

Les dégâts dues à la neige lourde n’ont concernéque les massifs montagneux (Vosges, Jura, Alpes dusud, ouest des Pyrénées, Morvan) et ont été relative-ment peu nombreux, mais localement intenses. Lesessences concernées sont principalement l’épicéa etle pin noir d’Autriche.

Les dégâts de gel tardif ont été peu nombreux etpeu intenses en 2015, quoique présents de façon dif-fuse sur le territoire.

Dans le sud de la France quelques dégâts de cassetrès épars sont apparus suite à des coups de vent(fin janvier, 4-5 février sur la zone méditerranéenne,orage du 31 août). Dans le centre et l’est de laFrance, un phénomène orageux convectif trèsviolent connu sous le nom de « derecho » (voir laLettre du DSF n°47) a eu lieu le 16 septembre 2015depuis la Nièvre, en passant par le sud-est deTroyes, l’ouest de Bar-le-Duc et jusqu’au Luxem-bourg. Malgré la brièveté de l’événement, les ventsont ponctuellement atteint une intensité extrême, in-terprétés localement comme une « mini-tornade »(alors que le derecho est un phénomène d’une am-pleur bien supérieure), laissant, outre des dégâts ma-

tériels importants, plusieurs dizaines de milliers dem3 de chablis d’épicéa, de chênes et de hêtres.D’autres tornades, moins étendues, ont été notéesdans l’est : – le 13 mai 2015 dans les Vosges, à proximité deGérardmer (36 000 m3 détruits) – le 5 juin 2015, au sud de Mulhouse (7 000 m3 dé-truits)

Les dégâts liés à la grêle ont été peu nombreuxcette année, même si dans le Diois (Drôme), un peu-plement de pins sylvestres a été sévèrement touché.Dans le Lot-et-Garonne, la commune de la Réuniona connu une averse de grêle qui a sévèrement touchédes peuplements de pins maritimes. Peu après, les

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Peuplements de pins maritimes couchés par Sphaeropsis sa-pinea après un orage de grêle en forêt de la Réunion (Lot-et-Garonne)

Photo : DSF-Sud-ouest.

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symptômes liés à Diplodia (=Sphaeropsis) sapinea sontapparus.

Sur toutes essences… Une très forte attaque de rongeur (certainementle campagnol agreste) a été observée dans l’Avesnois(département du Nord), entraînant des mortalitésconséquentes (jusqu’à 80 %) dans les jeunes planta-tions (jusqu’à l’âge de 4 ans). Dans l’est de la France,des pullulations de petits rongeurs ont été observéesdes Ardennes jusqu’aux reliefs du Jura occasionnantde nombreux dégâts sur des plantations et jeunespeuplements.

Sur pins… En sortie d’hiver 2014/2015, le niveau des popu-lations de processionnaire du pin monte un peupartout, sauf dans le Massif landais où il régresse jus-qu’à ce printemps. Par ailleurs, les conditions de cetété ont vraisemblablement occasionné une accéléra-tion du cycle en PACA : de fortes attaques ont étésignalées dans les Hautes-Alpes, les Alpes-Maritimes,les Alpes-de-Haute-Provence, la Drôme, mais aussidans les Pyrénées-Orientales. Sur ces foyers, les peu-plements ont pris dès septembre un aspect rou-geâtre, la défoliation étant importante voire totale.Peu de nids ont été observés et des processions defamine ont été relevées dans les Hautes-Alpes. Enoutre, l’insecte a poursuivi sa progression vers lenord : dans l’Orne, il a désormais traversé la zonefroide du département et a été retrouvé dans le Cal-vados. Dans l’Aube, l’axe Troyes-Arcis-sur-Aube aété dépassé. Les populations des foyers « isolés »(Chamouille, Obernai), distincts du front de progres-

sion nord, sont toujours présentes, et même pros-pères. Par ailleurs, une nouvelle campagne de déter-mination de l’aire de répartition de l’insecte a été ef-fectuée cet automne par l’INRA d’Orléans.

L’événement majeur de 2015 chez les résineux estle niveau d’attaque encore jamais vu de la maladiedes bandes rouges au cours de l’hiver et du prin-temps 2015. L’infestation avait commencé très tôt(voir la Lettre du DSF n°49) et a concerné tout lebassin de production continentale (hors Corse) dupin laricio, y compris dans le sud-est de la Francehabituellement épargné. Cette essence reste de loinla plus affectée, mais la progression de la présencedu pathogène est notable sur pin maritime dans lecentre de la France, même si son impact reste en-core limité. D’autres essences ont été touchées plusmarginalement : le pin de Monterey, le pin sylvestreet même le pin à crochets et le pin ponderosa. Cer-tains peuplements de pin laricio n’avaient qu’unetrès faible part d’aiguilles efficaces au printemps2015, lors du débourrement. Cependant, et malgréles conditions climatiques de l’été, les mortalitésconsécutives à cette maladie sont restées très excep-tionnelles et cantonnées à de rares peuplements dansdes conditions stationnelles limites pour l’essence.La croissance des pins laricio en 2015 a inévitable-ment été fortement impactée par la maladie : un ré-seau de placettes a été implanté par le DSF pourquantifier cet aspect et un projet multi-partenarialcoordonné par l’IRSTEA est en cours de réalisa-tion : il s’agit de l’étude baptisée « DoLar ». Enfin,pour la première fois, ce champignon a été isolé surpin laricio en Corse, en forêt d’Aitone et en forêt deSant’Antone.

L’armillaire est responsable sur le massif landaisd’un nombre croissant de mortalités. Il s’agit soit depremières attaques surtout sur des jeunes reboise-ments (reconstitution suite à la tempête Klaus), soitd’extensions d’attaques anciennes sur des peuple-ments d’âge moyen ou au stade de futaie adulte.

Comme en 2014, on relève peu de dégâts de sco-lytes sur pins en 2015. Le sténographe a sévi de fa-çon très dispersée dans les Landes, en tâches trèsrestreintes, dans des contextes où les arbres étaientaffaiblis.

Il y a peu de dégâts d’hylobe sur plantations depins cette année, même s’ils sont un peu plus répan-dus qu’en 2014 : des plantations éparses en ont pâtidans le Grand Ouest, à la différence de 2014 où leMassif landais était essentiellement touché. Notonsqu’environ 20 % des placettes résineuses de l’en-

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Dégâts de scolytes dans une jeune plantation à proximité d’une aire de stockage de bois destiné à l’industrie

Photo : DSF sud-ouest

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quête plantation ont connu un traitement phytosani-taire préventif de l’hylobe.

Les dégâts de Diplodia (= Sphaeropsis) sapi-nea ont concerné une bonne partie du territoire, es-sentiellement sur pin laricio. Même si les averses degrêle ont été moins nombreuses ou moins domma-geables aux forêts cette année, ce pathogène a profi-té de l’affaiblissement consécutif à la sécheressepour occasionner des rougissements dans les houp-piers, chez le pin noir d’Autriche par exemple. Le plan de surveillance du nématode du pin en2015 s’est poursuivi selon les mêmes modalités queles années précédentes, à savoir, pour les correspon-dants-observateurs du DSF, la localisation des peu-plements de pins dépérissants et une participationaux piégeages de Monochamus, l’insecte vecteur dunématode. Des personnels de la FREDON ont aussiété associés à cette recherche. Aucun signe de pré-sence du ravageur n’a été détecté lors de cette cam-pagne.

La rouille courbeuse du pin a de nouveau étésignalée dans les plantations du Bassin parisien et duMassif landais.

Le campagnol terrestre qui pullule dans les prai-ries sur certains secteurs du Cézallier (Cantal) s’estdéplacé en cours d’été vers le milieu forestier, pous-sé hors des prairies par la sécheresse. Dans le secteurd’Allanche, ce sont de jeunes plantations et régéné-rations naturelles de pin sylvestre qui ont subi lesdommages de ces rongeurs. Les systèmes racinairessont coupés ou écorcés et les jeunes arbres finissentpar rougir. Les rongeurs étaient encore bien présentsà l’entrée de l’hiver dans ces peuplements ce qui

laisse présager de nouveaux dommages en coursd’hiver.

Le pin parasol a été victime d’une spectaculairedéfoliation au cours du mois de mai sur le littorallanguedocien mais aussi dans le Vaucluse et le Var. Le pathogène identifié, Thyriopsis halepensis , pré-sente des symptômes très caractéristiques (rougisse-ment du houppier), il est fortement lié à l’humiditéprintanière.

En Corse orientale et dans la montagne corse, lasécheresse automnale a accéléré le dépérissementdes peuplements de pins maritimes attaqués par lacochenille du tronc du pin, avec une présence fré-quente de ravageurs secondaires comme le pissodeet les hylésines.

En raison des conditions humides de l’automne2014, les signalements printaniers de chancre àCrumenulopsis sur pin d’Alep ont été plus nom-breux que la normale. On en a retrouvé autour deNîmes, Marseille et Cannes.

Sur douglas…

Les jeunes peuplements de douglas ont payé unlourd tribut suite à la sécheresse et aux coups dechaud de l’été 2015. Les arbres ont rougi surtouten dessous de 700 mètres d’altitude, en situationsexposées et plus particulièrement lorsqu’ils faisaientpartie de lisières. Les peuplements sur sol squelet-tique ont aussi présenté des rougissements impor-tants. De jeunes plantations ont également souffertde ce phénomène avec comme facteur prédisposantdes expositions chaudes et des sols à faible réserve

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Pin parasol montrant des symptômes de Thyropsis halepen-sis

Photo : DSF sud-est

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en eau (stations notoirement inadaptées à la sylvicul-ture du douglas) mais aussi comme facteur aggra-vant des dégagements avant ou pendant l’épisode decanicule. L’Auvergne, la Loire et la Bourgogne sonttrès concernées, le Limousin et l’Hérault sont moinsaffectés.

Les signalements de rougissement physiolo-gique du douglas, très nombreux en 2014 et concen-trés en Auvergne et Limousin, ont été beaucoupmoins fréquents en 2015 et plus diffus sur le terri-toire. On en retrouve effectivement, de façon éparse,dans les Vosges, le Jura et le Massif central. L’inten-sité des dommages est nettement inférieur à 2014.

Le phénomène de « nécroses cambiales enbandes » reste largement signalé dans la zone bour-guignonne. Les nécroses du tronc sont nettement vi-sibles et les peuplements de la périphérie du Morvansont les plus affectés. En Normandie, où le pro-blème avait été mis en lumière par le DSF il y a une

quinzaine d’années, la vidange des tiges touchées as-sociée à une sylviculture dynamique a considérable-ment fait baisser le nombre de signalements.

Les attaques dues à l’hylobe ont été surtoutconcentrées dans le Massif Central et le Morvan, oùelles ont été assez peu marquées, sauf dans un sec-teur à l’ouest de Clermont-Ferrand où plusieursplantations ont été totalement mises en échec.

La rouille suisse a été signalée de façon trèsmarginale. C’est en Normandie et autour de Meymac(Corrèze) qu’elle a été la plus virulente.

Comme en 2014, des mortalités brutalesd’arbres adultes, d’origine incertaine, ont été consta-tées ponctuellement. Ainsi, à proximité de Bitche(Moselle), on a pu observer un dépérissement parplages dans un peuplement âgé de 55 ans ayant bé-néficié d’excellentes conditions de croissance jusque-là. En recherchant les causes possibles de cet événe-ment, les aiguilles du houppier d’un arbre dépéris-sant ont été observées en détail et on y a identifiépour la première fois des larves de Contarinia sp, (probablement C. pseudotsugae), une cécidomyiequi vient d’être découverte sur douglas en Walloniecette année (voir ci-dessous). Il est possible que cetteidentification soit une coïncidence et que cet insecten’ait joué qu’un rôle marginal dans ce dépérissement

Sur mélèzes… La tordeuse grise du mélèze a continué samontée en puissance : elle est désormais présente

sur l’ensemble du mélézin et s’est rendue respon-sable de la défoliation de quelques milliers d’hec-tares, essentiellement dans le Queyras (Hautes-Alpes), les Alpes-de-Haute-Provence et les Alpes-Maritimes.

Dans le Champsaur (Hautes-Alpes) des peuple-ments situés sur des adrets au sol superficiel, à unealtitude inférieure à 1400 mètres, le feuillage des mé-lèzes a pris de façon précoce une teinte anormalejaune-orangé. Cela a été attribué à la sécheresse su-bie au cours du mois de juillet.

Le chancre du mélèze est toujours présent enAuvergne et affecte les peuplements au confinementimportant. Ceux, en revanche qui ont été éclaircis sestabilisent. Des dégâts ont aussi été signalés en Lo-zère, en Ardèche et dans les Hautes-Alpes.

Des symptômes s’apparentant à la maladie destaches brunes Mycosphaerella laricina ont été si-gnalés sur plusieurs peuplements dans l’Ariège (surmélèze de Japon) et dans l’Ubaye (sur mélèze d’Eu-rope), sans prise d’échantillon systématique permet-tant d’identifier formellement le champignon soup-çonné. Ce pathogène sur aiguilles provoque un rou-gissement du feuillage au mois d’août à partir de labase de l’arbre puis une chute prématurée. Seules lesaiguilles de la cime restent vertes. Ces symptômesont été observés sur 100 % des arbres d’âge moyen(10 à 30 ans) avec une atteinte au houppier considé-rée comme sévère.

Sur épicéas…

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Lisière aux douglas rouges

Photo : Adrien Bazin, CRPF

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Le niveau des populations de scolytes était à unniveau proche de l’endémie (hors Savoie) en débutde la saison de végétation. En cours d’été, les pre-mières taches de mortalité attribuées au scolyte ty-pographe sont apparues. Le chalcographe est si-gnalé mais de façon bien plus localisée. C’est surtouten début d’automne que ces taches sont devenuesvraiment visibles, avec d’abord une chute d’écorce,puis le rougissement des houppiers. L’impact mar-qué de la sécheresse estivale constitue incontestable-ment le facteur déclenchant de ces atteintes. On re-trouve ces foyers en Auvergne, dans le Morvan et lesmassifs montagneux de l’est (région d’Épinal, pre-mier plateau du Jura), dans les Pyrénées. En Savoieet Haute-Savoie, ces insectes ravageurs sont installésdepuis plusieurs années et la situation reste préoccu-pante malgré des efforts de lutte concertée.

Dans le Massif Central, le fomes est toujours lar-gement signalé au cours des éclaircies. Une étude ré-cente réalisée sur les Monts Dôme a confirmé descontaminations extrêmement fortes des souches sursol d’origine volcanique.

Le puceron vert de l’épicéa, qui avait pullulé en2014 en Bretagne n’a pas été signalé en 2015.

Les mortalités d’épicéa de Sitka liées au dendroc-tone se sont poursuivies en Bretagne, générant dessurfaces de coupe rase conséquentes. Le reboise-ment de ces parcelles avec la même essence dans lagrande majorité des reboisements paraît relativementrisqué, la phéole de Schweinitz, le dendroctone etl’épuisement des sols intrinsèquement pauvres pou-

vant venir affecter le potentiel de production de cesstations.

Sur sapins… Les dégâts d’insectes sous-corticaux signaléssur sapins en 2015, sont peu nombreux et essentiel-lement concentré sur sapin de Vancouver dans le Li-mousin. Dans ce cas, ce sont surtout les scolytes Pi-tyokteines qui s’en sont rendus responsables. EnMargeride, quelques peuplements peu entretenus desapin pectiné à la densité élevée ont également subides attaques de scolytes Pityokteines.

Le chermès des rameaux du sapin est toujourssignalé dans les Vosges mais son intensité sembledécroître : les signalements sont moins nombreux, etles jeunes peuplements touchés les années précé-dentes ont fait des pousses satisfaisantes en 2015.

Quelques attaques du chermès du tronc du sa-pin ont été signalées dans les Vosges (autour deSaint-Dié-des-Vosges), dans le Beaujolais de façondiffuse et en Margeride (Lozère), de façon plusponctuelle mais aussi plus intense.

Les dépérissements massifs de peuplements desapin de Vancouver continuent d’être signalés,principalement dans la Creuse et dans le Lot, essen-tiellement en association avec des scolytes Pityok-teines .

Sur cèdres de l’Atlas… Une attaque spectaculaire de puceron du cèdre(Cinara cedri) sur une plantation en Haute-Corse àCalenzana, avec des rameaux entièrement noirs defumagine a été notée.

La cochenille des aiguilles du cèdre, détectéepour la première fois en 2012, a conforté sa pré-sence dans le Vaucluse et les Alpes-de-Haute-Pro-

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Dégâts de puceron du cèdre et fumagine

Photo : DSF sud-est

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vence. L’expansion progressive de cet insecte invasifvers l’est de ce département se poursuit sans impactsanitaire constaté à ce jour.

Sur peupliers… Tous les observateurs considèrent que l’année2015 a été calme pour les peupliers d’un point devue sylvosanitaire…

Les attaques de rouilles foliaires du peuplier sesont développées très tardivement, du fait de la sé-cheresse estivale. Néanmoins, certaines attaques ontété fortes, en Bretagne notamment.

Marssonina brunnea a été peu signalée, lesconditions sèches de cet été n’ont pas favorisé cechampignon.

Le puceron lanigère a été très peu visible surune bonne partie du territoire, sauf en vallée deSaône, autour d’Auxonne (Côte-d’Or) et en Cham-pagne-Ardenne (Aube, Marne) où quelques attaquessignificatives, mais pas exceptionnelles, ont eu lieu.Il faut noter la progression du puceron vers le Nord,dans la mesure où il a été trouvé par deux fois àproximité de Douai et d’Orchies dans le départe-ment du Nord, à 200 kilomètres des signalements lesplus septentrionaux jusque-là, mais en cohérenceavec les signalements effectués par l’OWSF del’autre côté de la frontière.

La présence à des niveaux élevés de grande sa-perde a été mise en lumière sur deux sites dans la

vallée de l’Aronde (Oise), sur Koster et Flevo. Alorsqu’en général cet insecte occasionne des dégâts sé-vères mais très diffus (dépréciation du bois et casse),plus de 50 % des tiges de ces deux sites éloignés dequelques kilomètres sont concernées. Pour l’instant,aucun facteur de causalité n’a été établi pour déter-miner les raisons de cette pullulation.

Une surveillance particulière de Melampsoramedusae a été réalisée sur trois peupleraies enAquitaine et vingt-et-une en Midi-Pyrénées, suite àsa découverte en 2013 (Lettre du DSF n°49). Toutesles analyses se sont relevées négatives.

Sur hêtre…

L’orcheste du hêtre, très présent sur tout l’Estde la France en 2014, s’est fait beaucoup plus dis-cret : il a été mentionné de façon éparse à la fron-tière belge à Sedan, sur le ballon de Guebwiller, lesPyrénées, le Finistère et de façon plus marquée enNormandie, où il a alerté un temps la presse locale.

La canicule s’est traduite par des chutes defeuilles et également par des symptômes de dégâtstypiques de ceux dus à l’ozone, dans les Hautes-Alpes notamment.

Sur chênes… Les défoliateurs « précoces » (tordeuses et géo-métrides) ont eu en 2015 un niveau d’activité légè-rement supérieur à celui de 2014, tout en restantmodeste. C’est dans la région de Brive-la-Gaillarde,le long de la vallée de la Saône et dans le nord de laBourgogne que les défoliations ont été les plus in-tenses. Ce sont majoritairement les géométrides quien ont été responsables.

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A droite, feuilles de hêtre jaunies, typiques d'une pollution à l'ozone.

Photo : Frédéric Tuillière, ONF

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La processionnaire du chêne a été signalée enIle-de-France (nord des Yvelines et Val-d’Oise),dans la Woëvre, en Champagne humide et sur le Pla-teau lorrain. Elle est toujours très active dans lesmassifs autour de Sarrebourg, voire en augmentation(forêt de Fénétrange).

Le bombyx disparate a causé peu de dommagesexcepté à l’extrémité septentrionale du Cap Corse oùune population importante a émergé causantquelques défoliations très fortes sur 4000 hectares depeuplements de chênes vert et pubescent. Unegrande quantité de pontes y a été trouvée : une sur-veillance hivernale sera nécessaire pour évaluerl’émergence de 2016.

Des envols de hannetons communs adultes entre Vesoul et Épinal d’une part et dehannetons forestiers dans le massif de la Petite-Pierre (Alsace) d’autre part, ont entraîné des défolia-tions sans gravité, excepté dans une parcelle de laforêt d’Ingwiller défoliée à 90 %. Les hannetonscommuns et forestiers gardent des niveaux de popu-lation très élevés dans le sud de la Picardie (hanne-ton forestier au stade L3 dans le massif de Com-piègne, hanneton commun au stade adulte autour deChantilly). En outre, les larves de ces coléoptèresentraînent depuis plusieurs années des mortalitésmajeures dans les jeunes peuplements (plantations etrégénérations naturelles) et leur rôle dans les dépé-rissements de peuplements adultes est suspecté.

Après la sécheresse du mois de juillet, l’oïdium acausé dans le Lot des défoliations de chênes : unevaste zone au nord de Figeac est concernée. Le

champignon est resté plus discret sur le reste du ter-ritoire.

Plusieurs pullulations de charançon sauteur duchêne ont été observées : elles étaient suffisammentimportantes pour que les défoliations par les insectesadultes soient visibles sur des peuplements dechênes adultes. Elles ont eu lieu dans les Ardennesau nord de Sedan, et dans toute la Sologne ; Si l’ex-tension géographique dans ces zones est importante,le dommage fait aux arbres est resté mineur, du faitdu faible impact de ces défoliations.

Des attaques de bupreste du chêne ont de nou-veau eu lieu mais en moins grand nombre qu’en2014. Le nord de la Loire-Atlantique, la vallée duRhône au niveau de Montélimar, le Lot ont été lesprincipales zones touchées, sans incidence majeurepour les peuplements.

Des symptômes foliaires consécutifs à la séche-resse de 2014 sur la région de Belgodère (Haute-Corse) ont conduit à soupçonner la présence de Xy-lella fastidiosa sur chêne vert. Les échantillons ontété négatifs pour cette bactérie et les pathogènes re-trouvés sont de agents de faiblesse secondaire.

Sur châtaignier… L’aire du cynips du châtaignier a continué des’étendre à partir des zones de présence antérieure.À ce jour, les seules régions encore indemnes sont la

Bretagne, la Normandie et l’est de la France. Cepen-dant, malgré des infestations fortes, aucune perte devitalité, encore moins de mortalité, n’a été constatéedans les peuplements forestiers touchés.

En 2015, c’est surtout l’encre qui a affecté lespeuplements du nord-ouest de l’aire du châtaignier.Les fortes précipitations estivales des années 2013 et2014 ont en effet généré des stagnations plus oumoins longues d’eau dans les sols favorisant le pa-thogène… dont l’action sur les racines s’est révéléeau moment de la sécheresse de 2015. La successiond’années très arrosées, puis très sèches, constitue lescénario habituel entraînant de fortes mortalités duesà l’encre. Les conséquences de l’encre sont doncbien visibles quelques mois ou années après le déve-loppement du pathogène. En revanche, elles restentdiscrètes en plantations, où leur détection s’avèrecomplexe.

Sur frênes… Chez le frêne, la chalarose poursuit son exten-sion vers le sud et l’ouest : la Normandie, le Puy-de-Dôme, la Haute-Loire, la Creuse sont désormais en-tièrement colonisés, ou en passe de l’être. Désor-mais, les Charentes, les Pays et de la Loire, l’ouest duMassif Central, l’Ardèche constituent les fronts deprogression de la maladie. En Nord-Pas-de-Calais,l’impact de la maladie entraîne dépérissements etmortalités massifs, remettant en cause toute mesurede gestion. En Picardie, l’impact sur les peuplementsadultes est pour le moment plus modéré. Dans l’est,les nécroses au collet deviennent un phénomènecourant dans les massifs en milieu humide. Les

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jeunes peuplements de moins de quinze ansconcentrent des pertes conséquentes. L’impact de lamaladie semble d’autant plus fort que les peuple-ments sont purs et que l’attaque est ancienne. Dansbon nombre de parcelles du Pas-de-Calais, l’exploi-tation des tiges dépérissantes entraînerait des coupesrases : ces tiges mortes marquent donc désormais lespaysages. Quelques attaques de scolytes du frêne ontété signalés de façon sporadique.

Sur les autres feuillus…

De nombreuses mortalités liées à la graphiosede l’orme ont été signalées sur tout le pourtour mé-diterranéen, jusque aux Alpes-de-Haute-Provence.

En 2015, les défoliations des buxeraies naturellespar la pyrale du buis ont concerné des foyers dequelques ares à des centaines d’hectares dans leDôme au pied du Vercors, dans la région de Gre-noble (versant exposé au Sud), dans la région d’Aix-les-bains et dans le Vaucluse. La présence du pa-pillon a été aussi très remarquée cet été en milieu ur-bain. L’avenir de la buxeraie est menacée par en-droits, faisant peser un risque de déséquilibre du mi-lieu, en particulier sur l’étage arbustif dominant.

Le foyer de Xylosandrus crassisusculus à Nicea progressé malgré les abattages de destruction desarbres atteints. Le recensement fait apparaître 200arbres atteints, ce qui rend impossible l’éradicationde cet insecte. Les piégeages effectués cette annéesur une partie du littoral méditerranéen n’ont pasmontré de présence de cet insecte hors de ce foyeret de celui de l’île de Sainte Marguerite (Alpes-Mari-times).

Source : DSF et ses correspondants-observateurs

ENTOMOLOGIE

Le Groupe des Entomologistes Fo-restiers Francophones réuni à Mûr-

de-Bretagne2Du 22 au 24 septembre 2015, le GEFF s’est réunipour la 9ème année consécutive afin de partager l’ac-tualité entomologique et les derniers résultats destravaux de recherche en cours. Cette année, legroupe composé d’une cinquantaine de participantsvenant des quatre coins de la France mais aussi deBelgique et de Suisse est allé en Bretagne pour dé-couvrir les particularités de la forêt bretonne, sa bio-diversité mais aussi les problématiques liées aux in-sectes et aux champignons parasites des arbres. La tournée de terrain a été préparée et animée parXavier Grenié, le correspondant-observateur du

DSF pour la forêt privée du Morbihan. La forêt bre-tonne, essentiellement privée, très morcelée (plus de110 000 propriétaires pour 380 000 ha) est soumisedepuis quelques années à des attaques de nouveauxravageurs dont l’extension nationale progresse iné-luctablement : chancre à Cryphonectria parasitica et ma-ladie de l'encre (Phytophthora cinnamomi et P. cambivo-ra ) sur le châtaignier, maladie des bandes rouges(Dothistroma septospora et D. pini) sur les pins en parti-culier les pins laricio, processionnaire du pin (Thau-metopoea pityocampa) dont la progression vers le norden Bretagne butte désormais sur la Manche, den-droctone (Dendroctonus micans) notamment dans lesplantations d’épicéa de Sitka très abondantes en Bre-tagne. Ce scolyte fait l’objet d’une lutte biologiquepar lâcher de son prédateur spécifique, le coléoptèreRhizophagus grandis dont des élevages locaux ont puêtre développés grâce à l’implication de propriétairesmotivés et de l’aide de l’Université Libre de

Bruxelles qui a mis au point la technique (JC Gré-goire, Laboratoire LUBIES). Les membres du GEFF ont également assisté ensalle à la présentation des résultats des travaux deleurs pairs, organisée en cinq sessions. Une premièresession a mis l’accent sur la surveillance biologiquedu territoire. La deuxième session a été consacrée àla biodiversité entomologique avec un accent surl’interaction entre biodiversité végétale et entomo-faune. La session suivante a mis en avant la lutte bio-logique contre les insectes ravageurs à l’aide de pré-dateurs ou de parasitoïdes. La quatrième sessiondonnait des éléments de réflexion en matière d’ana-lyse de risques sylvosanitaires. Enfin la dernière ses-sion abordait quelques avancées sur la biologie desinsectes défoliateurs, en particulier la procession-naire du pin.

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Les présentations sont disponibles sur le site de EFI Atlantique.

Contarinia pseudotsugae : un nou-veau ravageur foliaire du douglas

identifié en Wallonie3Les liens privilégiés qu’entretiennent le DSF etl’OWSF (Observatoire Wallon de la Santé des Fo-rêts) a permis au DSF de bénéficier très rapidementd’une découverte que l’OWSF a réalisée en 2015 surContarinia pseudotsugæ, une cécidomyie responsable dedéfoliation sur douglas.C’est en prospectant les feuillages de douglas à la re-cherche de symptômes de rouille suisse et de Sirococ-cus conigenus que l’évidence est apparue : il y avait eneffet des symptômes ne relevant pas de ces patho-gènes.Ceux-ci consistent en une galle provoquant une co-loration brunâtre et une torsion des aiguilles de l’an-née. Chez la rouille suisse, les symptômes n’appa-raissent que sur les aiguilles des années antérieures etS. conigenus s’accompagne de nécroses sur les feuilleset les rameaux, ce qui n’est pas le cas ici.Des investigations supplémentaires en laboratoire (leCRA-W) a permis de mettre à jour la présence delarves de cécidomyies, dont le genre, Contarinia, a étéidentifié. L’identification à l’espèce est illusoire àpartir des seules larves : plusieurs espèces de Contari-nia sont en effet susceptibles de causer des dégâts aufeuillage du douglas, dans son aire d’origine, l’Amé-rique du Nord. En revanche, les caractéristiques desgalles observées feraient plutôt penser à C. pseudotsu-

gae d’après la littérature. Ce serait la première détec-tion de cet insecte en Europe.Une enquête de terrain en Wallonie a permis demettre à jour une assez large dispersion de cette cé-cidomyie dans le bassin de production wallon dudouglas, avec des dégâts particulièrement fort dansles jeunes plantations. En outre, il a été trouvé égale-ment en association avec S. conigenus.Il est cependant trop tôt pour estimer son impactgénéral sur la douglasaie wallonne.De l’autre côté de la frontière, les correspondants-observateurs français, forts de cette information, ontcommencé les recherches de traces de présence decet insecte, qui a finalement été retrouvé dans unpeuplement en Lorraine (voir ci-dessus).

Pour en savoir plus : site de l’OWSF

Dispersion de Monochamus gallo-provincialis, vecteur natif d’un né-

matode invasif en Europe (Bursaphelen-chus xylophilus)

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Les invasions biologiques se sont intensifiées aucours des dernières décennies en raison d’une accélé-ration des échanges commerciaux. Ces invasions re-présentent une menace pour les écosystèmes et denombreuses activités économiques, il est donc cru-cial de comprendre les mécanismes qui les sous-tendent afin de mieux prévoir et limiter leurs im-pacts. La question du potentiel dispersif d’espècesnatives et non natives impliquées dans une associa-tion hôte-vecteur nouvellement formée est donccentrale. L’une des associations les plus connues est

celle formée par le nématode du pin (Bursaphelenchusxylophilus) et son insecte vecteur endémique en Eu-rope (Monochamus galloprovincialis). L’étude des flux degènes de l’insecte vecteur seul permet tout d’abordd’identifier les barrières à sa dispersion. Ensuite, lasimulation de l’expansion spatiale du couple néma-tode-vecteur montre qu’il existe un important poten-tiel de dispersion du nématode invasif en Europe parle biais de cette association avec M. galloprovincialis.En revanche, certains paramètres de l’environne-ment tels que les reliefs et les températures bassesqui leur sont associées, ainsi que les grands massifsforestiers de pins constituent des barrières à la dis-persion du vecteur et donc des obstacles potentiels àl’expansion du nématode invasif.

Pour en savoir plus : Thèse de Julien Haran, INRA

Saisine de l’Anses concernant lalutte contre le nématode du pin5

Sur un sujet voisin, l’Anses (Agence Nationale de Sé-curité Sanitaire alimentation environnement travail) aété saisie en avril 2014 par la DGAL pour la réalisa-tion d’une expertise sur la stratégie de lutte imposéepar la décision 2012/535 de l’Union Européenne du26 septembre 2012 (mesures d’urgence destinées àprévenir la propagation dans l’U.E. du nématode dupin). L’avis a été rendu en septembre 2015.La conclusion principale est que : l’application des me-sures de coupes rases telle que décrite par la décision, ne permetpas l’éradication de Bursaphelenchus xylophilus dans unpaysage de forêts continues de pin. La seule méthode actuellement opérationnelle pourlimiter l'extension des dépérissements liés aux infec-tions par le nématode du pin dans un peuplementcontaminé, alliant efficacité et coût raisonnable, de-

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meure la combinaison de moyens renforcés (tanttechniques que financiers) pour la détection précocedu nématode (sur les insectes vecteurs ou dans lesarbres) suivie par des coupes sanitaires au fur et à me-

sure du développement du foyer. L’enrayement del'épidémie à une large échelle géographique ne pourraêtre efficace que si ces mesures sont couplées à uneapplication rigoureuse de la réglementation euro-

péenne en vigueur concernant le traitement et letransport des bois, pour éviter les introductions àgrande distance.

Pour en savoir plus : avis de l’A nses ,

PATHOLOGIE

Les forêts préexistantes au Massiflandais : origines de l’armillaire ?6

Dans la forêt de pin maritime des Landes de Gas-cogne, la mortalité des pins causée par le champi-gnon pourridié du type armillaire a augmenté aucours des 30 dernières années. Les premiers cas decette maladie ont été signalés quelques années aprèsun changement majeur dans l’utilisation des terres,qui a eu lieu dans cette région suite au remplace-ment des landes et marais d’origine par une forêt depin maritime plantée et gérée de façon intensive.Afin de comprendre les facteurs à l’origine de l’ex-pansion de cette maladie, la distribution spatiale desdommages causés par Armillaria ostoyae en relationavec des facteurs historiques a été étudié, ainsi quela variabilité des caractères du champignon liés auparasitisme et au saprophytisme, et l’histoire démo-graphique du champignon à partir de la structuregénétique des populations du massif landais. La ré-partition actuelle de la mortalité induite par A. os-toyae est apparue dépendre de la présence des forêtsqui préexistaient avant les grandes plantations duXIXe siècle, ce qui suggère que A. ostoyae était fré-quent dans ces zones forestières anciennes, qui ontagi comme un réservoir pour la colonisation des fo-rêts plantées récentes. La production de rhizo-morphes, mycélium différencié du champignon luipermettant de se propager dans le sol et d’infecter

les racines, était significativement corrélée avec la vi-rulence, suggérant que ce caractère contribue forte-ment aux capacités parasitaires des différents géno-types de A. ostoyae. En revanche, aucune relation si-gnificative entre le parasitisme et le saprophytisme n’aété détectée, suggérant une absence de compromisévolutif entre ces deux caractères. Enfin, le meilleurscénario démographique pour expliquer la structurede la population d'A. ostoyae dans la forêt des Landesest un scénario en deux étapes : il y aurait eu d’abordune diminution probablement associée à la dernièrepériode glaciaire puis une expansion plus récente dela population de champignon, qui semble suivre ladynamique de la population hôte du pin maritime.

Source : Thèse de Frédéric Labbé, INRA

Émergence d’un nouveau pathogènefoliaire du douglas et du cèdre : Siro-

coccus conigenus.7Comme évoqué ci-dessus, nos collègues wallons del’OWSF sont sensibles aux problèmes foliaires qu’ilsrencontrent sur douglas : cela a été l’occasion poureux de découvrir un pathogène responsable du rou-gissement du feuillage du douglas, en-dehors de larouille suisse et du rougissement physiologique, déjàbien connus par ailleurs. Il s’agit de Sirococcus conigenus,encore appelé S. strobilinus (SIROSTR dans la base de

codes de problèmes du DSF). Il s’agit d’un champi-gnon ascomycète responsable de mortalité de semiset de nécroses de pousses, à comportement endo-phyte sur pousses et graines, qui se trouve dans lesforêts résineuses tempérées et boréales. Ce patho-gène n’est pas totalement inconnu au DSF : il a étésignalé quelque fois par les correspondants-observa-teurs au cours des années 90 sur épicéa et douglas.L’attention qu’il suscite en Belgique lui donne un re-gain d’intérêt et nécessite une vigilance accrue pourévaluer sa prévalence et son éventuelle pathogénici-té en France. En outre, il a été évoqué comme res-ponsable d’un dépérissement d’épicéas en Europecentrale (Autriche, Bavière, Pologne) à la fin des an-nées 90.Visuellement, les symptômes rencontrés sur douglasinfectés par ce pathogène se distinguent relative-ment bien de la rouille suisse : alors que celle-ci oc-casionne des dégâts sur les aiguilles anciennes, nelaissant que des petites toupets verts au bout des ra-meaux, S. conigenus s’attaque aux aiguilles jeunes etlaisse des extrémités de rameaux morts, recourbésen forme de crosses. En outre, l’arbre est touché àtous les stades, du semis à l’âge adulte. Des mortali-tés ont été notées en Belgique en pépinière et dansles jeunes plantations de douglas. Il semble s’épa-nouir dans les peuplements denses, confinés enconditions froides et humides. Il se dissémine loca-

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lement par voie aérienne et à longue distance parles graines et les jeunes plants. En Belgique, c’est dans l’est du pays, dans l’« Ar-denne froide », autour de Malmédy, que seconcentre la majorité des signalements, maisquelques mentions ont également été réalisées àproximité de la frontière française, au niveau du dé-partement des Ardennes.

Lorsqu’on consulte la bibliographie, il s’avère quecette espèce est, comme souvent, un complexe detrois espèces distinctes très difficilement distin-guables sur le plan morphologique : S. conigenus sensustricto, S. tsugae et S. piceicola. Or, deux de ces espècesont également été retrouvés sur cèdre de l’Atlas, enAmérique du Nord et surtout en Allemagne en 2014,et en Grande-Bretagne en 2015. Les symptômes

consistent là encore en des rougissements d’aiguilleset des nécroses de rameaux. La vigilance est doncégalement de mise sur cèdre.

Pour en savoir plus : site de l’OWSF

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