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L E T T RD V ROY,ESCRITTE A MON-feigneur le Duc de Mont-
bazorï, Pair &c grand Veneur
de France > Gouuemeur de
Lieutenant gênerai pour \ê
Roy en Flfle de France,
Contenant les prattiques dû
Dm de Lorraine , & les au-
tres cA'ifes 5 qui ont ohligé kRoy a porterfis armes
fis Eflats.
A "PARIS;iez Antoine VItRE^imprimeur ordinaire du Koy
%
es langues Orientales.
D G» -X A. A, 1 1(
.-
'§/
LETTRE ;T>F ROYefcriteà Monfeigneurle T>uc
de M.ont-hazj>n , Pair &grand Veneur de France^
Gouuerneur & Lieutenant
gêneraipour leRoy enl'/Jledâ
France,
ON COVSIN,
Comme mon feul but
a toufioi^rsefté de procurer le
repos de mes fujeâs , n ayant
ainfi que chacun fçait, obmis
aucun foin > ny pardonné à au-
cun trauail , expofant ma pro-
pre perfonne par tout où i'ay
creupouuoir aduâcer la tran-
quillité publique 3 & achemi-
ner toutes chofes. pour donner
eh fin foulagement à monpeuple^aufTi ne reçois-je point
Hé ciépîaifirplussefiblequede
cognoiftre que ce que rayfait
iufques icy pourvn fi bon deC-
fsin y n3
a peu produire TeAPeft
que ie délire auec tant de paC-
fion • Et ce qui rne fafehe le
plus encore , eft que le mal mevient de ceux qui font obligez
par toutes fortesde considéra-
tions dp contribuer à moncontentement &Ç au bien de
mon Eftat,
Il n'y a perfonne qui ignore
îe bon traittement que iay
touiioursfaidà mon Frère le
Duc d'Orléans& aux fiens,ô£
qui ne (cache au(Ti çombieils;
s
font mal recogneu , 6£ les
mauuais deffeings que men-die Frère, par leurs pernicieux
çonfeils, à fait paroiftre depuis
cinq ou fix ans en ça en toutes
occafîons , lors qu il m'a veu
occupé en affaires aufîi im-
portantes que neceffaires tant
au dedas qu au dehors de monRoyaume : à quoy voulant
pouruoir par les voyes les plus
propres pour les empefeher,
j'auois creuluy auoir ofté Tan-
née pafféevn des plus puifïans
moyens quil pourroit auoir
de brouiller, en feparant de Tes
interefts le Duc de Lorraine,
qui par deux diuerfes fois
auoiç fauorifç fa fortie hors de
6
mon Royaume , j'vfay lors
çTvne bonté extraordinaire
enuers ledit Duc, niellant cô-
tente de la £by , & du dépoli
dVne de (es places , au lieu
queftant porté (comme j'e-
liais ) fur le lieu^ôc y ayant vnc
puifïanté arméey ie pouuois le
deipoiiiiler aifément defdits
Eftats3veu qu il n auoit lors
aucunes forces pour les deflfen-
dre: Et que non feulement ie
ne le voulus pas 3 mais ie puis
dire auec certitude, que jem-
pefchay qu il ne fuft fai£t par
d'autres qui en auoient lors le
pouuoir ôç la volonté.
En fuitte de celle grace,ayat
fçeu que Içcti.t Duc au lieu de
7garder religieufementfafoy&t
fa parole^come iefy auois bien
obligé,c6tinuok fes premières
intelligéces/ienayrien oublié
de ee que i'ay peu pour l'en de-
ftourner : mais tât s'en faut que
j'yaye rien gaigné, qu'aucon-
traire iceluy Duc non content
de continuer les négociations
qu'il auoit faides par le paffé
contre moa Eftat, a foîicité §C
animé tous ceux qu il a creu
fufceptibles de fes mauuaifes
refolutionSj iufques à faire di-
uers enuois vers l'Empereur,
pour altérer fes bonnes inten-
tions,& foliciter les Efpagnoîs
de fournir de moyens à monFrère pour agir contre moy>
qui fuis (onRoy& fon Sotiuë-
rain,ainfiqùeluymefmcvo:u*
loic faire de fa part. Pour cet
eflfeâ:il a augmenté le nom-bre de fes gens de guerre 3 a
i%iâ:dîuerfesleuées extraordi-
naires , defbauchant fnefmes
ceux de mon armée fans m'en
auoiriamais voulu faire raiso*
Et pour mieux paruenir à (es
defTeins^ a fortifié &£ muny fes
places , fans autre fujedfc que
celuy de la mauuaife volonté
qu'il auoit conçeuë contre cet
Eftat, ô£ de plus, a redoublé fes
menées àc Ces praticques. l'a-
lloue que i'euffe eu peine à
croire tant de mauuaife vo-
lonté de la part dudit Duc, fi
diuerfes
9
diuerfes lettres efcrites dç la
propre main de fon père 8c de
fa foeur ne furent tobées entre
mes mains. Elles ne portée pas
feulemét qu ileftoitprefl: daklifter mon frère auec (es ar~
mes^mais en outre le conuient
depenfer foigneufeméc à foy,
pour recueillir ma Couronne,
qu'ils difent en termes exprès,
ne pouvoir manquer de luy
tomber promptement entre
les mains. Cequ*eftantioin£fc
à piufîeurs autres cognoifïan-
ces particulières que iay/en-
tr'autres à celles que me don-
nent quelques lettres du {leur
du Puy-Laurens à la Princeflê
A<* TM^u^m-rr par Jefquelles
B
ÏO
il iaffeure de certains defïeins
de très -grande importance,
qu'il dit eftre infaillibles, le
n'ay peu moins que de memettre en eftat de me garan-
tir de tant de mauuaifes vo-
îontez, dont à mon grand re-
gret,, ïay cognoiffànce tres-af-
feurée.
Tauois creu qu'ayant pour-
ueu,, comme vous araez fceu
par mes précédentes, à la feu-
reté de quelques places fur les-
quelles mes ennemis pou-
rvoient faire fondement , &effcant puiïfamment armé, Ô£
par ce moyen en eftat qu'ils
deuoient iuger que leurs en-
treprifes ne pourroient;reu{ïlr
facilement % ils en perdroient
la volonté , èc particulière-
ment ledit Duc de Lorraine^
à qui i auois fai£k cognoiftxe
que mes armes eftoient en
Allemagne, pour empefcher
IaruynederEfle£teur de Tre-
ues ,& fauorifer la Religion &C
les EflecSteurs Catholiques^
comme i'eufîefaiâ: dés Tannée
pafïee , fi fes artifices ne m'en
eufTent empefché : Mais mevoyant trompé en cefte efpe-
rance ,& cognoiflant que tant
s'en faut, queiepuifTediuerar
ledit Duc de fes mauuais def-
feins , qu'au contraire pour
me deftourner de celuy que
tauois dempefcher la ruine
B ij
dudit Efîe&eur mon alliée &C
en fuitte dé tous les autres Ca-
tholiques par la mefme voye
querauois negotiée &c pra£H-
quéepour celuy-cy , au préju-
dice du Tràitté de Vie , qui l'o-
blige de nauoir aucune intel-
ligence auec mon frère > il la
appelle auec armes dans Ces
Eftats, aufquels il n'a 'pas plu-
ftoft efté qu'il a commencé la
guerre ytaillant en pièces vne
compagnie de Carabins que
le Marefchal d'Effiat faifoit
paffer de bonne foy en iceux^
ledit Duc eftant obligé d'y
donner paifage à mes troup-
pes 3 en fuitte dequoy mondit
frère eft entré à main armée
dansmon Royaume.Toutes ces raifons m'ont
contrainct d^ntrer dans les
Eftats pour luy tefmoigner
mon indignation,, luy faire ref*
fentir la peine de fa mauuaife
fôy , 6c (apporter par le trou-
ble de fefdits Eftatsje mal qu'il
auoit tramé contre la France.
Tay bien voulu vous donner
aduisdetoutce que deffus/ à
fin que vous en rendiffiez par-
ticipai tous mes bons &; fi-
delles fubjedh qui font dans
Feftenduë de voftre charge.
Ils auront ie m'aiieurela metme efperance que i
a
ay que le
fuccez de mes armes auecl'ay-
de de Dieu ne fera pas moinsB iij
14
heureux en cefte oeeafidà
qu'il a efté les années paiTées:
puis qu elles font iuftes & ne-
ceffaires. Iuftes entant qu'il
s'agift non feulement d'vn
Prince qui n'a rien oubliépour
troubler mon Eftat , au préju-
dice de fa foy &C des traittez
.qu'il a faits auecmpy^ mais en
outre àWn Prince qui eftant
monvaf£il,à caufe dVne partie
defes Eftats, s'eft ietté volon-
tairement dans vue notoire fe-
lonnie. Neceifaires^ en ce que
ii ie ne preuenois par mes ar-
mes les maux machinez con-
tre moy, ie me trouuerois en
fin accablé au grand domma-ge demon Eftat, duquel ie de-
15
lire tellement le repos ô£ ren-
tière conferuation , que le plus
grand defplaifîr que i'aye au
monde, eft de ne pouuoir en-
cor effectuer le deflein que i'ay
toufiours eu de le rendre du
tout traquille 3 &C foulager mes
fubjets parvne longue ÔC dura-
ble paix : ce que ie promets fai-
re auec Tayde duTout- puifsât
,
que ie prie, mon Coufin , vous
auoir en la fàin&e garde. Efî
critàSain&e-Meneiïoudlei/*
iourdeluin, 1631.
LOVIS,
De Lomenie.
Il eft permis à Antoine Vitré
Imprimeur ordinaire du Roy,
es langues Orientales 3d*impri-
incr la lettre du Roy enuoyée
a Monfieur de Montbazon,
&C defenfes à tous autres de
rimprimer, àpeine de prifcn.
MOREA V-
lue Jlj JL Ht JLj JL» 1