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Épreuve de production orale Page 1 sur 20 DOCUMENT RÉSERVÉ AUX EXAMINATEURS DALF C1 - Lettres et sciences humaines TP9202318AM 25 points Cette épreuve se déroulera en deux temps : EXPOSÉ À partir des documents proposés, vous préparerez un exposé sur le thème indiqué, et vous le présenterez au jury. Votre exposé présentera une réflexion ordonnée sur ce sujet. Il comportera une introduction et une conclusion et mettra en évidence quelques points importants (3 ou 4 maximum). Attention : Les documents sont une source documentaire pour votre exposé. Vous devez pouvoir en exploiter le contenu en y puisant des pistes de réflexion, des informations et des exemples, mais vous devez également introduire des commentaires, des idées et des exemples qui vous soient propres afin de construire une véritable réflexion personnelle. En aucun cas vous ne devez vous limiter à un simple compte rendu des documents. Préparation : 60 minutes Passation : 30 minutes environ 1 ENTRETIEN Le jury vous posera ensuite quelques questions et s’entretiendra avec vous à propos du contenu de votre exposé. 2 ! LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

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Épreuve de production orale

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25 points

Cette épreuve se déroulera en deux temps :

EXPOSÉ

À partir des documents proposés, vous préparerez un exposé sur le thème indiqué, et vous le présenterez au jury.Votre exposé présentera une réflexion ordonnée sur ce sujet. Il comportera une introduction et une conclusion et mettra en évidence quelques points importants (3 ou 4 maximum).

Attention :Les documents sont une source documentaire pour votre exposé.Vous devez pouvoir en exploiter le contenu en y puisant des pistes de réflexion, des informationset des exemples, mais vous devez également introduire des commentaires, des idées et des exemples qui vous soient propres afin de construire une véritable réflexion personnelle.En aucun cas vous ne devez vous limiter à un simple compte rendu des documents.

Préparation : 60 minutes

Passation : 30 minutesenviron

1

ENTRETIEN

Le jury vous posera ensuite quelques questions et s’entretiendra avec vous à propos du contenude votre exposé.

2

! LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

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SUJET ?

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Thème de l’exposé : Achats en ligne : quelles garanties pour le consommateur ?

Consommation. DES ACHATS MIEUX GARANTIS SUR INTERNETLe commerce en ligne gagne du terrain. Près d’un Français sur quatre achète aujourd’hui

sur Internet. Une démarche qui implique certaines précautions.

On peut désormais tout acheter sur Internet : deslivres et des DVD aux voyages, en passant par lesvoitures d’occasion et les billets de cinéma. Et lesFrançais ne s’en privent pas : alors qu’en 2000, selonle Credoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), 4 % seulementdes Français avaient déjà réalisé un achat sur Inter-net, ils sont 23 % en 2004.

Mais si près d’un Français sur quatre a déjà tentél’expérience, il n’en a pas forcément fait unehabitude. En effet, nombreux sont les consomma-teurs qui hésitent encore à acheter sur Internet, enraison de leurs doutes sur la sécurité du paiementet sur leurs recours en cas de problème, livraisontardive ou produit endommagé, par exemple.

La sécurité de la transaction

La sécurité de la transaction est, pour beaucoupd’internautes, le principal souci. Beaucoup hésitentà donner leur numéro de Carte bleue sur Internet.Certes, le paiement par chèque reste possible,mais il n’est accepté que par les sites français(impossible de s’abonner à un magazine étranger,par exemple). De plus, le paiement par chèqueinterdit de nombreuses transactions, comme l’achatd’un billet d’avion au dernier moment ou debillets pour la séance de cinéma du soir même.

Or, donner son numéro de Carte bleue sur Inter-net représente en réalité un risque minime, à condi-tion que la transaction ait lieu sur un site sécurisé(signalé par l’icône d’un petit cadenas fermé en basde l’écran, ou une adresse en https:// au lieu dehttp:// lors de la transaction). Sur de tels sites, lenuméro est crypté durant son transfert, lequel estlui-même extrêmement bref. Le risque d’un pira-tage est quasi inexistant.

Plus fondée est la crainte que le commerçantrecevant le paiement conserve le numéro pour leréutiliser, ou le transmette à une tierce personne.Faible avec les sites réputés, ce risque doit être prisen compte lors de transactions avec des partenairesplus obscurs. Cependant, il n’est pas plus élevé lors

d’une transaction par Internet qu’il ne l’est lorsd’une transaction par téléphone, par exemple, oulors de l’oubli d’une facturette.

Pour rassurer les consommateurs, le GroupementCarte bleue a mis au point un service électroniquefournissant pour chaque transaction un numéro àusage unique, qui évite au détenteur de la carte dedonner son vrai numéro sur Internet. Celui-ci estdéjà proposé aux détenteurs de carte Visa par cinqbanques françaises.

Pourtant, le consommateur français est parfai-tement protégé en cas de fraude: s’il conteste unpaiement effectué à distance, sans composition ducode ni signature d’une facture, dans les 70 jourssuivant sa réalisation, sa banque est obligée derecréditer son compte dans un délai d’un mois aprèsla contestation (Code monétaire et financier, art.L132-4). Le risque financier pour le client est doncnul, et… le coût de la fraude est finalementassumé par les banques. On peut donc s’étonnerque certaines d’entre elles fassent payer à leursclients un service destiné à réduire les possibilitésde fraude !

Des droits identiques à la vente par correspondance

Une fois la commande passée et le paiementeffectué, l’acheteur est dans la même situation quelors d’une vente par correspondance, et bénéficie desmêmes droits. Le délai de livraison est de trente joursmaximum, et l’acquéreur dispose de sept jours francsà partir de la livraison pour changer d’avis, sansavoir à se justifier ou à donner la moindre expli-cation. (art. L121-16 du Code de la consommation).Il devra alors être remboursé dans les trente jours,sans pénalité; seuls les frais de réexpédition sont àsa charge. Attention, cependant, ce droit ne s’ap-plique pas pour les voyages, les articles périssablesou faits sur mesure… ni pour les CD et DVD quiauraient été extraits de leur emballage.(…)

Que se passe-t-il si les articles commandésn’arrivent pas, arrivent deux semaines après la date

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prévue, ou en morceaux ? Là encore, les consom-mateurs français jouissent d’une bonne protection.En cas de dépassement du délai de livraison, il estpossible d’annuler la commande. Le plus prudentest de le faire par lettre recommandée avec accuséde réception. Si l’acheteur maintient sa com-mande mais que le produit n’arrive pas, ou qu’ilarrive en mauvais état, le commerçant est res-ponsable et doit le livrer à nouveau; quels que soient ses arguments, il ne pourra s’exonérer de cetteobligation qu’en produisant un bon de livraisonsigné par le client.

Tout cela s’applique en théorie à toutes les com-mandes passées depuis la France… En réalité,cependant, seuls les sites français, et dans unegrande mesure basés dans un pays de l’Union euro-péenne, se sentent liés par cette réglementation. Lesachats réalisés sur des sites étrangers peuvent

donc réserver des surprises supplémentaires, mêmesi le cas n’est pas si fréquent. Le problème qui sepose le plus souvent avec les sites situés en dehorsde l’Union européenne est celui des droits dedouane. Sachez-le : ceux-ci sont perçus directementauprès de l’acheteur, à la réception des bienscommandés, et varient grandement d’un pays àl’autre, de sorte qu’ils ne sont quasiment jamaisinclus dans le prix annoncé. Or leur montant peutêtre substantiel !

En cas de litige avec un site installé à l’étran-ger, même si la loi française devrait s’appliquer, ilparaît difficile d’obtenir le respect de ces droits. Lessites sérieux, associés à des marques connues, sontcependant susceptibles de soigner leur image demarque ; c’est alors un accord amiable avec le ser-vice client qui a le plus de chances d’aboutir.

Delphine BERENGER, Le Figaro, 17 décembre 2004

SUJET 1

DOCUMENT 2

PRATIQUE : L’E-CARTE BLEUEMême ceux qui apprécient l’ouverture sur le

monde qu’apporte Internet hésitent parfois à lancer par cette ouverture leur numéro de carte depaiement. Pour rassurer ses clients internautes, legroupement Carte bleue a créé l’e-Carte bleue, quiattribue à son détenteur, à chaque transaction qu’ilsouhaite effectuer sur Internet, un numéro de CBà usage unique. La mise en place est simple : aprèsadhésion au service, le client reçoit, en deux cour-riers séparés, un identifiant et un mot de passe. Iltélécharge un programme qui, entre autres choses,installe une petite icône sur son écran. Pour effec-tuer une transaction, il clique sur cette icône, s’iden-tifie et reçoit en retour un numéro de Carte bleuequi lui servira pour cette transaction, et celle-là seulement. Ni le commerçant ni personne d’autrene pourra le réutiliser pour une autre transaction.

Pour l’instant, seuls peuvent bénéficier de ce service les clients détenant une carte Visa à La Poste, au Crédit lyonnais, à la Société générale, àla Caisse d’épargne et dans la plupart des caissesrégionales de la Banque populaire.

Le coût varie selon les banques: 12 euros par anà la Caisse d’épargne Paris et dans la plupart desBanques populaires; 10 à 12 euros à La Poste selonle type de carte (cotisation offerte la première annéepour une souscription avant le 31 janvier 2005).Il est facturé 6 euros une fois pour toutes à la Société générale, mais il s’y ajoute 0,5 euro par

transaction. Au Crédit lyonnais, le client en béné-ficie gratuitement.

Ce service posera néanmoins un problème àceux qui utilisent Internet pour acheter leursbillets de cinéma, de spectacle, ou leurs billetsd’avion et de train. En effet, les sites marchands ontpris leurs propres mesures contre l’usage fraudu-leux des cartes bancaires, et un certain nombred’entre eux, en général tous ceux où le client doitse présenter physiquement pour retirer son achat,exigent que l’acquéreur présente au moment duretrait la carte qui a servi à effectuer le paiement;le plus souvent, en l’introduisant dans le distribu-teur qui va lui délivrer ses billets.

Cette mesure de sécurité élémentaire permet des’assurer que la personne qui vient retirer lesbillets est bien en possession de la carte, et non d’unnuméro copié sur une facturette oubliée. Elle poseun réel problème si le paiement a eu lieu avec une-numéro, et non avec celui figurant sur la cartephysique. D’autant plus que les billets non retirésne sont généralement pas remboursables… Dansle cas d’un service de ce type, mieux vaut lire attentivement les conditions générales de vente,notamment celles qui apparaissent sur l’écran lorsde la transaction, avant de valider celle-ci, afind’éviter de coûteuses déconvenues.

Le Figaro, 17 décembre 2004

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SUJET 2

DOCUMENT 1

Thème de l’exposé : Téléphone mobile et intimité.

Communication. Dix chercheurs se sont penchés sur les usages du téléphone en société.

LE PORTABLE OU L’ART DE JONGLERIl est « génial », « mignon », « fun »… A qui

s’accolent ces qualificatifs ? Non, pas à un êtrehumain. Mais à un objet. Le téléphone portable,que l’on n’hésite pas à personnifier. A contempler,caresser ou chouchouter. Et bien évidemment onle personnalise, car l’objet ne serait rien de moinsqu’une « signature ». Presque une seconde identité.Les fabricants l’ont bien compris, qui proposent sonneries, coques ou fonds d’écran par centaines.Pour scruter ces comportements, dix chercheurs,mandatés par l’Association française des opérateursmobiles, ont arpenté et filmé des lieux publics ouprivés : cafés, trains, bibliothèques, entreprises, hallsde tribunaux, et même hôpitaux où l’usage du portable est théoriquement interdit. Premier faitétonnant saisi par ces observateurs dans leurdocument final : à la gare de Lyon, il s’écoule seu-lement deux minutes entre l’arrivée d’un voyageuret la première manipulation de son portable. Et pasuniquement pour téléphoner. Au même titre quele trousseau de clés ou la cigarette, le mobile est utilisé désormais « de manière machinale, pourtromper la solitude », notent les chercheurs.

Répandu dans toutes les classes sociales, le por-table ne manifeste ni statut particulier ni distinc-tion. Mais plutôt une « identité ». Avec des logiquesd’usage communes à tous, du PDG* au jeune debanlieue. Chaque utilisateur jongle entre divers« espaces de communication » : l’espace de celui quiappelle d’abord ; l’espace de l’autre, qui se décèleà l’aide d’indices sonores ; et l’espace de la conver-sation qui doit prendre en compte ces contraintes.Qui n’existent pas dans les échanges via le télé-phone fixe, ancré dans un espace figé. Avec le por-

table, on appelle une personne avant d’appeler unlieu. Et le mobile amène souvent à « démultiplier »les actions, en continuant par exemple à parler autéléphone, tout en montant dans l’autobus puis enrépondant à une remarque d’un passager.

Paradoxe du portable : si les expressions « alié-nation » ou « invasion de la vie privée » sontvolontiers invoquées, les mêmes usagers n’hésitentpas à en célébrer le côté pratique. Quitte à ruseravec l’objet. Selon l’étude, nous sommes tous des« ingénieurs de la communication », sans cesse entrain de trouver un lieu approprié pour parler ou,au contraire, filtrer l’appel. Une véritable « scéno-graphie sociale ». Au travail, le portable posé surle bureau, et même éteint, est toujours là. Pour fairele lien ou marquer la frontière entre vie privée etpublique. En revanche, quand il est imposé danscertaines entreprises, il est « peu investi ».

Le cinéma et la pub ne sont pas en reste : ils ontsaisi toute la tension dramatique qu’ils pouvaienten tirer. Les scénarios jouent sur le côté joignableou pas du héros. Dans la série télé 24 heures chrono,le portable est quasiment une arme pour régler lesproblèmes. Quand l’appareil de Jack Bauer est àcourt de batterie, le personnage doit se creuser leciboulot pour parvenir à s’en sortir.

Plus que tout, selon les chercheurs, parler de sontéléphone, c’est aussi le prétexte pour parler desautres. Une « véritable machine à faire parler lesgens ».

Aline Brachet, Libération, 22 avril 2005* PDG : Président Directeur Général d’une entreprise

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SUJET 2

DOCUMENT 2

Joëlle Menrath, chercheuse, coauteure d’une étude commandée par les opérateurs:

« LE MOBILE EST UNE SORTE D’ARCHIVE DE VIE »Coauteure de l’étude intitulée « le téléphone

aujourd’hui, usages, représentations et comporte-ments sociaux », avec neuf autres chercheursmembres du Gripic (Groupe interdisciplinaire surles processus d’information et de communica-tion), Joëlle Menrath est chargée de cours auCelsa*. Cette étude a été réalisée à la demande del’Association française des opérateurs mobiles.

Le portable tient-il du banal ou du fétiche ?

Le mobile est un sujet qui délie les langues. Ildonne lieu souvent à des discours abondants etcontradictoires. Dans un premier temps, on ditqu’on y est indifférent, qu’on en possède un parnécessité… Mais, au fur et à mesure de la conver-sation, chacun parle de sa fonction préférée, horloge, réveil, photo, SMS, etc., et de sa manièreà lui d’utiliser l’objet. En somme, le portable est une sorte de « couteau suisse » : chacun parle del’usage hyperpersonnel qu’il fait des fonctionsdisponibles pour tous.

En quoi le portable est-il plus qu’un outilde communication ?

Contrairement à d’autres objets techniques, leportable ne se prête pas, même chez les ados qui s’échangent tout. Le téléphone est une sorted’archive de vie, un journal intime mobile : on yconserve des photos ou des SMS anciens. On faitvolontiers la biographie de l’objet, on se souvientde son premier portable, du moment où on s’en estséparé et pourquoi… Souvent, c’est un objet que l’on ne parvient pas à jeter.

Quelle place cet objet a-t-il pris dans les relations entre individus ?

Beaucoup ont cru qu’il viendrait rompre lasociabilité entre les personnes. En menant cetteenquête, on s’attendait à observer plusieurs com-portements d’agacement ou de plaintes, envers lesgens qui parlent trop fort, par exemple. Mais à notregrande surprise, il existe une véritable harmoniesociale autour du téléphone, une sorte de tolérance

généralisée. Aujourd’hui, plus de 45 millions deFrançais possèdent un téléphone mobile : noussommes donc tous, tour à tour, utilisateur et juge.Cet échange des rôles produit une conscienceaiguë des situations, et des publics en présence.Quelqu’un qui reçoit un appel dans un train vad’abord expliquer à son interlocuteur où il setrouve… et cette justification est autant destinée à l’interlocuteur qu’aux voisins, pour mieux s’excuser !

Pourquoi est-il si difficile de bannir le portable de certains lieux ?

Justement en raison de notre situation d’ac-teur/spectateur. Ce qui crée une sorte d’auto-régulation : nous allons ainsi éviter de téléphonerdans le bus si nous méprisons ce comportement.La régulation des usages passe moins par l’inter-diction que par la compréhension des situations.Il n’y a pas vraiment de règle qui tienne, car ellessont sans cesse détournées et, de toute façon, onpeut toujours invoquer le caractère urgentissime dela conversation.

Pourquoi comparez-vous le portable à la cigarette ?

Le téléphone permet lui aussi de se donner unecontenance, lorsqu’on est seul dans un lieu publicpar exemple. Fréquemment, on ne s’en sert paspour appeler mais simplement pour le manipuler :on le remet en action, on essuie l’écran, on consulteses messages… C’est un moyen pour se mettre enscène dans un lieu public et anonyme. En revanche,contrairement au portable, la cigarette ne nousplace pas dans ce double rôle d’utilisateur/juge.Quand on est non-fumeur, on peut donc se per-mettre de demander à un collègue d’aller fumerplus loin.

Aline Brachet, Libération, 22 avril 2005

* CELSA : Ecole des hautes études en sciences de l’informationet de la communication

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SUJET 3

DOCUMENT 1

Thème de l’exposé : À quoi tient le succès des parcs de loisirs ?

LES PARCS DE LOISIRS TENTENT DE FIDÉLISER LEUR CLIENTÈLE

Les déboires que rencontrent actuellement plusieurs parcs de loisirs en France, à l’image deCap’Découverte*, dans le Tarn, ou de Vulcania, enAuvergne, témoignent, une nouvelle fois, de la difficulté de leurs promoteurs à créer, autour de ceslieux de loisirs, une chalandise suffisammentimportante pour assurer leur rentabilité.

Sur le papier, tout paraît simple : les Françaisaiment les parcs de loisirs et les fréquentent régulièrement. Selon la dernière grande enquêteréalisée par le cabinet Contours pour le compte del’Association d’ingénierie touristique (AFIT), laCaisse des dépôts et consignations, la Fédérationdes SEM et le Snelac (Syndicat national des espacesde loisirs d’attraction et culturels), entre les moisde juin 2003 et 2004, 44 % des Français déclarents’être rendus, au moins une fois, dans un parc deloisirs entre novembre 2002 et novembre 2003, avecune moyenne de 2,6 visites par an et par visiteur.

Les plus visités restent les parcs d’attractions etles parcs animaliers : ils le sont par près d’un quartdes Français. En revanche, les parcs à thèmes et lesparcs aquatiques sont moins fréquentés : chaquetype de parcs accueille à peine plus de 10 % de noscompatriotes.

Mieux : alors que le « marché hexagonal » estestimé à 30 millions de visiteurs, les 83 parcs fran-çais les plus importants déclarent 44 millionsd’entrées. Un petit quart de ces visiteurs sontétrangers, et, sur ces dix millions de visiteursétrangers, sept millions vont à Disneyland-Paris.Dans son enquête, le bureau d’études va plus loin :le véritable potentiel se situerait entre 55 et 70 mil-lions de visiteurs. Des chiffres qui ont de quoi fairetourner la tête à des collectivités locales !

Augmentation de capital

Toutes ont, un jour, rêvé d’avoir leur Futuroscopede Poitiers*, né en 1986 de la volonté de RenéMonory, l’ancien président du conseil général dela Vienne. Devant le succès initial de ce parc, un

grand nombre de collectivités ont franchi le pas.Si les projets qu’elles ont portés ne sont pas mort-nés, beaucoup se retrouvent dans une situationfinancière difficile.

Ces échecs ainsi que les graves difficultés ren-contrées par le Futuroscope ont joué un rôle derepoussoir et freiné les initiatives. Public à l’originepuis contraint de faire appel au privé à partir de2000, le Futuroscope est revenu, deux ans plus tard,dans le giron du public et poursuit son effort deredressement. Des efforts qui se révèlent payantspuisqu’ils ont permis, dans un premier temps, demettre un terme à six années consécutives de déclin du nombre de ses visiteurs.

En 2004, le parc de la Vienne a accueilli1 355 000 visiteurs – soit 200 000 de plus que l’année précédente –, soit une augmentation de 17 %. Cette progression est le résultat de l’appli-cation d’une règle simple : la croissance des parcsde loisirs est étroitement liée à l’investissement qu’ils peuvent consacrer au développement de nou-velles attractions.

Ceux qui l’ont compris peuvent espérer renoueravec la croissance et la fidélisation de leur clien-tèle. Dominique Hummel, président du directoiredu Futuroscope a adopté une formule, celle du « 10-20-60 ». « Nous investissons 10 % du chiffred’affaires pour renouveler 20 % des attractions, cequi génère 60 % de nouvelles visites de personnesdéjà venues dans le parc, explique-t-il. C’est un élément indispensable pour notre succès. »

Investir dans de nouvelles attractions, c’estégalement le choix fait par Euro Disney, l’exploi-tant de Disneyland-Paris. Début avril, le parc de Marne-la-Vallée (Val-de-Marne) a lancé une nouvelle attraction : Space Mountain Mission 2, nouvelle version de Space Mountain, l’un desmoteurs de la fréquentation du parc, lors de sa miseen service, il y a dix ans. A l’époque, sous la hou-lette de Philippe Bourguignon, le parc avait investiplus de 90 millions d’euros pour cette attraction

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inspirée de l’œuvre de Jules Verne* De la Terre à la Lune. […] L’objectif du patron d’Euro Disney,André Lacroix, est double : pour mettre un termeà la stagnation de la fréquentation depuis deux ansà 12,4 millions de visiteurs, il veut faire découvrirle parc à ceux qui n’y sont jamais venus et fairerevenir ceux qui ont déjà tenté l’aventure.

Pour Arnaud Bennet, président du Snelac, ladéconfiture de certains parcs n’est pas due à une

offre pléthorique : « Il y a encore en France de laplace pour des projets de dimensions régionales,mais il n’y a plus de place aujourd’hui pour ungrand parc généraliste » , juge-t-il. […]

François Bostnavaron, Le Monde, 10 mai 2005

* Cap’Découverte : parc d’activités sportives (luge d’été, glisse…) ;Futuroscope : vidéo, cinéma géant… ; Jules Verne : auteur deromans d’anticipation pseudo-scientifique, à la fin du XIXe siècle

SUJET 3

DOCUMENT 2

AU BORD DU GOUFFRE, VULCANIA, EN AUVERGNE,CHERCHE DE NOUVEAUX INVESTISSEURS

Clermont-Ferrand – de notre correspondant

Vulcania, le Centre européen du volcanismevoulu par Valéry Giscard d’Estaing lorsqu’il prési-dait le conseil régional d’Auvergne, entame sa qua-trième saison en position périlleuse. Sa fréquen-tation s’est effondrée l’an dernier. En février 2002,l’ouverture du parc, saluée par son concepteur, M. Giscard d’Estaing, comme « l’événement cultureleuropéen de l’année » avait pourtant été couron-née de succès.

Implanté au cœur de la chaîne des puys, à unequinzaine de kilomètres de Clermont-Ferrand(Puy-de-Dôme), Vulcania avait accueilli 628 000visiteurs la première année. L’effet de nouveautépassé, l’année 2003 s’était soldée par une légère érosion, avec un total de 580 000 visiteurs. La ten-dance s’est accélérée en 2004 avec 420 000 entrées,soit une baisse de 33 % en deux ans. Résultat : lasociété d’économie mixte (SEM) qui gère l’équipe-ment a présenté, en 2004, un compte d’exploita-tion déficitaire de 2,14 millions d’euros pour unchiffre d’affaires de 9,13 millions d’euros.

Vulcania semble jouer de malchance. En pré-sentant, en juillet 1994, le projet architectural del’Autrichien Hans Hollein, M. Giscard d’Estaingavait annoncé une ouverture en juin 1997 et fixéle coût à 300 millions de francs. Le projet a vu le jour avec près de cinq ans de retard, le montantde l’investissement – 130 millions d’euros –, ayantquasiment triplé.

Le successeur de Valéry Giscard d’Estaing à laprésidence de la région Auvergne, Pierre-Joël Bonté(PS) invoque un problème de positionnement. « Ilne s’agit pas d’un parc européen mais d’un parcde proximité », dit-il en s’appuyant sur les conclu-sions de l’audit présentées, le 15 avril, au conseild’administration et aux salariés. Selon cette étude,pour les visiteurs, Vulcania n’est pas un motif devoyage en Auvergne. La clientèle est essentiellementconstituée d’Auvergnats et de vacanciers présentsdans la région. Sa zone de chalandise n’irait pasau-delà de deux heures de voiture.

Ambitions hors d’atteinteLes ambitions européennes de Vulcania sem-

blent donc hors d’atteinte. « Beaucoup estiment quele parc hésite entre aspect ludique et ambition scientifique », estime M. Bonté, qui souligne qu’ungros investissement de 118 millions d’euros a étémis dans la construction du centre « avec un résul-tat architectural incertain » alors que les anima-tions, la scénographie et le contenu attractif (12 mil-lions d’euros investis seulement) se sont révélés trèsinsuffisants.

Pour sortir le parc de l’ornière, la région devraitannoncer, en juin, sa nouvelle stratégie. Ne rienfaire aboutirait, selon l’audit, à une baisse en chutelibre du nombre de visiteurs annuel d’environ250 000, fort éloigné des 800 000 prévus et des400 000 entrées constituant le seuil d’équilibre. […]

Manuel Armand, Le Monde, 10 mai 2005

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SUJET 4

DOCUMENT 1

Thème de l’exposé : Qu’est-ce qui freine encore le développement

des médicaments génériques ?

LA CONSOMMATION DE MÉDICAMENTS GÉNÉRIQUES A PRESQUE DOUBLÉ EN 3 ANS

Bien, mais peu mieux faire. Les médecins, lespharmaciens et les patients français commencentenfin à adopter le « réflexe génériques ». Selon uneétude, publiée jeudi 12 mai par la Caisse nationaled’assurance-maladie (CNAM), la consommation deces médicaments – copies équivalentes en tout pointà des produits de marque – a « presque doublé entrois ans ». Ainsi, lorsqu’il existe une versiongénérique d’un médicament, elle est délivrée dans58,9 % des cas contre 30 % en 2002. Cette percée« a permis d’économiser 380 millions d’euros pourune qualité de soins identique », souligne laCNAM. Lancée en 1996, la promotion des géné-riques aura nécessité beaucoup d’efforts de com-munication auprès des assurés sociaux et de négo-ciations avec les professionnels de santé pour quel’utilisation de ces médicaments moins chers entredans les mœurs médicales. Toutefois, précise laCNAM, « le potentiel de développement resteimportant ».

Actuellement, le taux de génériques représente,en moyenne, par mois, une économie de 550 eurospar médecin généraliste. Or, si la prescription deces médicaments était systématique, ce montantpourrait atteindre 970 euros. Encore un effort, sous-entend l’assurance-maladie, qui estime l’économiepotentielle supplémentaire à 300 millions d’eurospar an. A l’heure actuelle, les génériques repré-sentent 13 % du nombre de boîtes de médicamentsremboursables et 7 % du total des dépenses de rem-boursement. Grâce aux molécules nouvellement« généricables » d’ici à 2007 et à l’engagement desmédecins libéraux – via la nouvelle convention

médicale – de prescrire davantage de génériques,la marge de manœuvre reste substantielle. Ainsi,les génériques de la simvastatine (médicamentsanticholestérol) mis sur le marché ces derniers jourspourraient générer des millions d’économies supplémentaires.

Pour convaincre les prescripteurs, les déléguésde l’assurance-maladie – qui sont à la Sécuritésociale ce que les visiteurs médicaux sont à l’in-dustrie pharmaceutique – vont rencontrer, dans lesmois à venir, les médecins et les pharmaciens quin’ont pas encore le « réflexe génériques ». Car, d’undépartement à l’autre, la part de marché de cescopies de molécules varie sensiblement « sans raison médicale évidente », constate la CNAM.Ainsi, Paris et la Corse demeurent les plus faiblesconsommateurs de génériques. L’analyse détailléede ces « mauvais élèves » montre que ce sont lesmédecins spécialistes de secteur 2 (à honoraireslibres*), les pharmacies des grandes villes et lespatients atteints d’une affection de longue duréequi utilisent le moins souvent ces médicaments.

Parce que les génériques constituent un « enjeuessentiel » de la maîtrise des dépenses de santé, l’assurance-maladie entend utiliser « tous les leviersdont elle dispose » pour convaincre les récalcitrantset banaliser l’usage des génériques.

Sandrine Blanchard, Le Monde, 13 mai 2005

* Médecins à honoraires libres : qui appliquent des tarifs de consultation souvent plus élevés que celui qui sert de base deremboursement à la Sécurité sociale (20 euros pour un méde-cin généraliste)

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MÉDICAMENTS – LA BATAILLE DES GÉNÉRIQUES Avec 15 milliards d’euros en 2002, la facture pharmaceutique a été lourde pour la Sécu.

Mais, petit à petit, les médicaments libres de droits s’imposent sur les ordonnances.

Le génial inventeur du Prozac, le laboratoireaméricain Lilly, ne s’en remet pas : en un an, lesventes de sa pilule miracle se sont effondrées de

moitié en France et de plus de 80 % aux États-Unis !Effet d’un soudain retournement d’humeur ?Miracle de la nature humaine ? Quand on connaît

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l’appétit de nos compatriotes pour les antidépres-seurs, le retournement est pour le moins brutal. L’ex-plication, elle, est mathématique : à 9,47 euros laboîte, une copie conforme du Prozac fabriquée parun «génériqueur» est vendue en France 30 % demoins que l’original. Et, aux États-Unis, la baissedu prix atteint plus de 60 %. De quoi séduire lesconsommateurs… Et les administrateurs de notreCaisse nationale d’assurance-maladie (Cnam) !Comme plus de 80 % des médicaments consommésen France, le Prozac est en effet remboursé par laSécurité sociale. Et pas qu’un peu: sur la seule année2002, il lui a coûté la bagatelle de 18,7 millionsd’euros. En ces temps de crise et de débat autourdes taux de remboursement, la facture est sévère.

Après avoir enregistré un déficit de 6,4 milliardsd’euros en 2002, la branche maladie de la Cnamdevrait toucher le fond cette année, avec un trouannoncé de plus de 10 milliards pour 2003. Or lavente de médicaments représente, à elle seule, plusde 20 % des dépenses remboursées. Chaque année,les Français en consomment 3 milliards de boîtes,soit 50 par personne, près d’une par semaine ! Etcela ne leur coûte pas grand-chose : 65 % du prixpour plus de la moitié des médicaments, 35 % dansprès de 20 % des cas, et rien du tout pour près d’untiers des prescriptions remboursés intégralement parla Sécurité sociale. Et encore, les mutuelles prennenten charge l’essentiel de la différence. Pour les admi-nistrateurs de la Cnam, le tableau vire au cau-chemar : en dix ans, le montant des rembourse-ments pharmaceutiques a bondi de 80 %.

L’origine de ce dérapage peut être discutée. Cer-tains pointeront les médecins, soupçonnés d’avoirl’ordonnance facile autant que la main lourde. Sile premier point est faux – le nombre de prescrip-tions par médecin est stable depuis dix ans – lesecond, en revanche, est un fait: estimé à 19,5 eurosen moyenne en 1980, le coût moyen d’une ordon-nance atteint aujourd’hui… 46 euros. Pour d’autres,la dérive serait celle, intrinsèque, de notre systèmede protection sociale. « Syndrome Claudia Schiffer,explique un pharmacien parisien bien inspiré, lespatients veulent ce qu’il y a de plus cher, parce qu’ilsle valent bien! »* […]

Quelle que soit l’explication retenue, le constat,en France, demeure implacable : la facture phar-

maceutique – 15 milliards d’euros en 2002 – grèvelourdement nos comptes sociaux. Et, jusqu’à présent, ni la menace de sanctions à l’encontre desmédecins (plan Juppé de 1995), ni le vote d’uneenveloppe nationale de dépenses par le Parlement,ni encore la pression exercée auprès des industrielspour qu’ils baissent leurs prix n’ont réussi à stop-per l’envolée.

Il aura fallu attendre 1999 et l’octroi du droit desubstitution aux pharmaciens d’officine par le planAubry-Kouchner pour que l’opinion découvre,ébahie, la recette miracle : le générique. De quois’agit-t-il ? De la copie conforme d’un médicament« de marque » dont le brevet a expiré. En France,les molécules découvertes par les grands labora-toires pharmaceutiques sont protégées pendantvingt ans par le droit de la propriété intellectuelle– jusqu’à vingt-cinq ans en pratique, grâce aux certificats complémentaires de protection instituésen 1995. Au-delà de cette période, la molécule peutêtre copiée par tous les laboratoires concurrents etvendue de 30 à 40 % moins cher que son original.Pas moins : en France, le médicament fait partiedes trois exceptions nationales à la liberté des prix,avec les livres et le tabac.

Le droit de substitution des pharmaciens a ouvertla voie. Mais, « tant que les médecins ne se sentaientpas impliqués, les génériques ne pouvaient pasdécoller », estime Pierre-Jean Lancry, directeuradjoint de la Cnam. De fait, l’accord conclu le 5 juin2002 a considérablement accéléré le mouvement.En échange de la revalorisation du tarif de leurconsultation à 20 euros, les praticiens se sont enga-gés à écrire le quart de leurs prescriptions sans référence aux marques des laboratoires, mais enutilisant les dénominations communes interna-tionales (DCI) des médicaments. Le gouverne-ment espérait pouvoir économiser ainsi plus de 700millions d’euros dès cette année. Un an après, àpeine 7 % des ordonnances sont prescrites sous cetteforme, et 133 millions d’euros ont été gagnés parla Cnam. Mais les ventes de génériques ont bondide 70 %. […]

Julie Joly, L’Express, 8 mai 2003

* « Parce qu’ils le valent bien » : allusion au slogan d’ une cam-pagne de publicité pour les cosmétiques L’Oréal

SUJET 4

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SUJET 5

DOCUMENT 1

Thème de l’exposé : Les jeunes sont-ils victimes des marques ?

Mode de vie. Une enquête souligne l’influence des produits siglés sur les collégiens.

DE LA MARQUE POUR SE DÉMARQUERLes collégiens et leurs parents vivent un enfer.

« A l’école, les enfants sont plongés dans une jungle,avec ses lois invraisemblables. » Cela « rend la viedingue » aux adultes. La faute aux marques et àla surenchère qu’elles induisent. Pis, chaque classea ses « rejetés », les moutons noirs qui ne s’habillentpas comme les autres moutons.

Pas de triche

Ce sombre tableau est dressé par l’Union desfamilles en Europe (UFE), une association fami-lialiste et traditionaliste, dissidente de Familles deFrance. Hier, sa présidente Béatrice Stella présen-tait une enquête lancée l’an dernier (1). Pour cettemère de famille de 44 ans, 5 enfants du CP à la terminale, « la pression des marques n’a jamais étéaussi forte, c’est une agression qui perturbe la viede famille et la vie des collèges ». Rien à voir avecsa propre jeunesse.

Aujourd’hui – à l’heure où les Galeries Lafayetteouvrent 4 000 m2 dédiés aux ados –, les 11-14 ansseraient les plus touchés et les plus fragiles. Lesélèves de 5e* en particulier : « Ils ont eu un an pourse mettre dans le bain. » Surprise, les garçons nesont pas en reste. Tout se focaliserait sur lespanards. Pour 96 % des garçons et 76 % des filles,les chaussures se doivent d’être de marque. « Unesource de tension d’autant plus vive qu’ils chan-gent de pointures très vite. » Et pas de triche.« Inutile de proposer d’acheter de fausses Converse*à 25 euros ! Ils sont imbattables sur l’étoile ou ledétail qui prouve que tel vêtement est de marqueou non. On peut féliciter les entreprises de marke-ting… » Mais l’UFE se garde de pousser plus loinsa critique de la société de consommation. « Ce n’estpas notre mission », prévient sa présidente.

Pourtant, pour les parents, l’épisode « courses »relève du calvaire. « Contrairement au primaire,il est impensable d’acheter un vêtement sans le col-légien, commente Béatrice Stella. Et là, difficile dedire non, même les parents les plus stricts cèdent,on n’en peut plus, c’est tellement violent. » Évi-

demment, l’impact financier est jugé « lourd » pour9 familles issues des classes moyennes sur 10. D’oùla recherche de compromis : « J’accepte de tempsen temps pour que mon enfant soit dans le coup,je donne la somme que je mettrais, il complète s’iltient à une certaine marque. » Rares sont ceux quirefusent « pour des raisons éducatives » : seulement6 % des mères. Les pères, eux, abdiquent.

« Martyre »

D’où vient cette folle attirance pour lesmarques ? Cela s’expliquerait par le désir desenfants de ne pas être « rejetés ». L’UFE met l’accentsur ce point. « Certains souffrent le martyre s’ilsn’ont pas le logo requis, décrit Béatrice Stella. Oncomprend dès lors mieux la pression qu’ils exercentsur les parents. » Ce que confirme un enfant citédans l’enquête : « C’est pour qu’on me laisse tran-quille, pour être considéré par les autres. » A un âgeoù la personnalité n’est pas affirmée, les marquesconstitueraient « une béquille psychologique »,juge Béatrice Stella.

Mais vêtus de la panoplie idoine, les gamins fontdes envieux. Selon leurs parents, 9 % d’entre euxont même été rackettés. Dans ce contexte, on nes’étonnera pas que l’association pose la questionde l’uniforme, comme l’avait d’ailleurs fait l’an dernier Xavier Darcos, alors ministre de l’Ensei-gnement scolaire. Une majorité de parents y seraitfavorable. Les deux tiers des enfants, eux, y voientun épouvantail, mais pourraient se résoudre à unetenue « jeans et pull bleu marine ». Quant auxchaussures, « pourquoi pas une paire de basketsmontantes, standardisées », suggère Béatrice Stella.Tous en Converse ?

(1) Enquête – qui ne prétend pas à la représentativité – réalisée auprès de 539 collégiens et 472 parents.

Marie-Dominique Arrighi, Libération, 16 septembre 2004

* Elève de 5e : élève de 12 ans ; Converse : chaussures de tennislégères

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SUJET 5

DOCUMENT 2

Éducation. Banques, agroalimentaire, les entreprises s’insinuent dans les programmes.

RÉCITEZ : « PUBLICITÉ, J’ÉCRIS TON NOM* »On le sait bien, les marques ont envahi les écoles.

On le sait moins, le phénomène touche jusqu’à ses outils pédagogiques. Au nom de principeséducatifs, des entreprises réalisent des brochures,cassettes vidéo, mallettes et autres CD-Rom sur lesquels elles apposent leur logo avant de lesenvoyer aux profs. En 2001, suite à certainesdérives, une circulaire de Jack Lang* avait bien tentéd’encadrer ces pratiques. Trois ans plus tard, pour-tant, certaines entreprises ont relégué ce « code debonne conduite » au fond d’un vieux cartable. Pla-çant les professeurs face à un dilemme : utiliser ounon ces documents plus ou moins pédagogiques.

Public captif

A 6 mois, un bambin reconnaît un logo. A 3 ans,il se souvient d’une marque. Dès l’enfance, il estdonc possible de le fidéliser. Des statistiques démon-trent qu’en moyenne une personne met plus dequinze ans à quitter son premier établissement bancaire. Or, jamais un enfant ne sera aussi captif que dans une salle de classe. Et aucun autrecadre n’offrira une telle crédibilité à une entreprise.Pas étonnant, donc, que les banques sponsorisent,pour les cours d’économie, des documents sur lebudget et le crédit. Comme il est peu surprenant queNestlé ou Danone distribuent des kits sur le néces-saire équilibre alimentaire.

Certes, ces opérations ont un coût. Si les entre-prises rechignent à le révéler, il est possible de s’en faire une idée. Selon l’Institut national de laconsommation (INC), une brochure de 50 pagestirée à un million d’exemplaires coûterait environ300 000 euros. Sans compter les frais de distribu-tion, qui seraient au moins du même ordre. Uninvestissement lourd mais pas démesuré si on lecompare au prix d’un seul spot télé de 30 secondessur TF1 avant le journal de 20 heures, soit enmoyenne 50 000 euros.

En toute discrétion

En 1936, le Parlement interdit toute publicité àl’école. Mais la loi du Front populaire n’empêchera

pas ce front publicitaire. La circulaire Lang de 2001a en effet légalisé des pratiques déjà très largementen vigueur : « Les associations scolaires sont libresde s’associer à une action de partenariat », dit letexte. Quant à la marque, « elle peut être autori-sée à signaler son intervention comme partenairedans les documents remis aux élèves. Elle pourraainsi faire apparaître discrètement sa marque surces documents ». Le « discrètement » restant à la dis-crétion des enseignants. Beaucoup d’entre eux sontsollicités, quelle que soit leur région et quel que soitl’âge de leurs élèves. Les entreprises se procurent desfichiers de profs, à qui elles proposent leurs kits.Libre à eux ensuite de les utiliser ou non.

Christophe, un instituteur, a choisi de « dire nonà la marchandisation ». Il a refusé de « cautionner »un poster de l’Unicef sur lequel apparaissait le sigle d’Orangina et ne comprend pas pourquoi sescollègues acceptent les goûters offerts par Kellogslors des compétitions sportives interscolaires. Euxs’interrogent sur son « combat d’arrière-garde » etlui expliquent que, « de toute façon, la pub est partout ». Christophe a donc décidé d’utiliser les kits pédagogiques, mais uniquement pour expliquerà ces élèves ce qu’est la publicité, pourquoi il fauts’en méfier. « Avec notre pouvoir d’influence, c’està nous de les avertir, d’en faire des citoyens. »Comme beaucoup de ses collègues, Christopheavoue pourtant fonctionner avec des « bouts dechandelle » et doit bien avouer que les mallettes desentreprises sont « modernes et tentantes ». Cathy,institutrice à Vittel, trouve même ces kits « attrac-tifs, colorés, ludiques » et « souvent plus com-plets » que les manuels scolaires.

Michaël Hajdenberg, Libération, 23 septembre 2004

* « Publicité, j’écris ton nom » : allusion à la phrase d’un célèbrepoème longtemps enseigné dans les écoles, « J’écris tonnom… Liberté » ; Jack Lang : alors ministre de l’Éducation nationale

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SUJET 6

DOCUMENT 1

Thème de l’exposé : Le travail féminin, révélateur des inégalités hommes-femmes ?

Margaret Maruani, sociologue au CNRS*, analyse la spécificité française du fossé hommes-femmes au travail.

« PARITÉ NE RIME PAS AVEC ÉGALITÉ »Les grands moyens. Pour l’ouverture aujourd’hui

du débat à l’Assemblée du projet de loi sur l’éga-lité salariale, Nicole Ameline, la ministre de la Paritéet de l’Égalité professionnelle, a prévu un grandraout européen. Les 24 homologues européens dela ministre seront présents dans les tribunes. […]Un texte qui vise à résorber en cinq ans les écartsde salaires entre hommes et femmes. Mais il n’y arien de contraignant dans le projet de loi, lequelrenvoie à la négociation d’entreprise pour luttercontre les inégalités. Un « système de confiance »selon Nicole Ameline, dont l’efficacité est déjà miseen doute. Depuis 1983, deux lois ont déjà essayéde lutter contre les inégalités hommes-femmes autravail. Les écarts de rémunérations restent de prèsde 25 %. Et surtout, la nouvelle loi ne s’attaque pasau principal fléau de l’emploi féminin, le temps partiel, véritable machine à précariser. Quatre-vingtpour cent de ces emplois sont occupés par desfemmes. Margaret Maruani, sociologue et directricede recherche au CNRS, revient sur cette discrimi-nation très française.

Où en est l’emploi féminin en France ?

Aujourd’hui, les femmes représentent la moitiéde la population active, contre seulement un tiersdans les années 60. Les femmes sont très diplôméeset s’arrêtent de moins en moins de travailler dèsqu’elles ont des enfants. Pourtant, cette parité quan-titative ne rime pas avec égalité. La France connaîtune situation paradoxale. Les inégalités entrehommes et femmes en terme de carrière, de salaireou de chômage continuent à s’incruster. Alors quedurant toutes leurs études, dans la compétition sco-laire et universitaire, les étudiantes ont réussi à éga-ler voire à dépasser les garçons, les déconvenuescommencent à l’entrée sur le marché du travail.

Comment l’expliquer ?

On a cru qu’avec la féminisation massive dusalariat, les inégalités allaient petit à petit sediluer dans la modernité. Mais en fait, a manquéla volonté politique de lutter vraiment contre cesdiscriminations. Les quelques textes qui existentsont bons, comme la loi Roudy de 1983 ou certainesdirectives européennes. Force est de constaterqu’elles ne fonctionnent pas faute de contraintes.Et, par ailleurs, il n’y a jamais eu en France de grandprocès de l’égalité professionnelle.

L’une des caractéristiques de l’emploiféminin c’est le temps partiel…

Ce développement d’un sous-emploi féminin estmassif et pourtant, on n’en parle jamais. Le tempspartiel est une question cruciale dans la lutte contreles inégalités entre les hommes et les femmes, pour-tant les politiques publiques ne l’abordent pas. Ily a une focalisation sur les écarts de revenus entrehommes et femmes. Et pendant ce temps, cesemplois à temps partiel créent des poches de pau-vreté féminine : toutes ces femmes qui travaillentsans parvenir à gagner leur vie. Lorsque le gou-vernement, en voulant revenir sur les 35 heures,a lancé le slogan « travailler plus pour gagnerplus », j’ai été frappée d’une chose. On n’a parléà ce moment-là que des salariés à 35 heures. Surles salariés à temps partiel, rien. Et pourtant,nombreuses sont celles qui souhaiteraient tra-vailler plus pour avoir un salaire décent. Tout sim-plement.

Muriel Gremillet, Libération, 10 mai 2005

* CNRS : Centre National de la Recherche Scientifique

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SUJET 6

DOCUMENT 2

LES TROIS BOULETS DE L’EMPLOI FÉMININLes femmes sont les premières victimes de la crise du marché français du travail.

Plus touchées par le chômage, la précarité, lesemplois à temps partiel, les femmes sont les pre-mières affectées par la dégradation de la situationéconomique. Tour d’horizon de l’emploi féminin en France.

1. Un chômage plus élevéLes femmes et les hommes ne sont pas égaux

devant le chômage : en France, selon les chiffres duBIT*, en janvier 2005, 9,2 % des hommes étaientau chômage contre 11,2 % des femmes. C’est quela probabilité d’accéder dès la fin de sa formationà l’emploi n’est pas la même que l’on soit un gar-çon ou une fille : 69 % des garçons accèdent dura-blement à l’emploi quel que soit leur niveau de qua-lification, contre 56 % des filles selon le Centred’études et de recherches sur les qualifications(Cereq). Et gare à celles qui ont des enfants. Leurtaux d’activité chute brutalement avec la mater-nité. En 2002, 71,3 % des femmes de 20 à 49 anssans enfants travaillent. Avec un enfant, 74,8 %d’entre elles ont une activité. Mais ce taux chuteà 41 % dès qu’elles ont trois enfants ou plus.

2. Des contrats à temps partielCaissières, employées du commerce, femmes de

ménage, gardes d’enfants ou de personnes âgées,saisonniers de l’agroalimentaire. Autant de métiersréservés, de fait, aux femmes. Pas en vertu d’uneprétendue nature féminine, mais bien plutôt parceque ces métiers ne s’exercent dans la majorité descas qu’à temps partiel. Les femmes ne représentent

que 14 % des chefs d’entreprise et 35 % des cadreset professions intellectuelles supérieures. Résultat,les trois quarts des salariés à temps partiel sont desfemmes, qui souvent souhaiteraient travaillerplus. Mais la part du sous-emploi en France ne cessede croître : en baisse régulière depuis 1998, le sous-emploi, autrement appelé « temps partiel subi » est reparti à la hausse depuis 2003. En 2004, 1,26 million de personnes travaillaient à temps partiel en France, en effectuant des semaines de 23 heures en moyenne. Difficile dans ces conditionsde réussir à vivre décemment.

3. Des employées mal payéesConséquence logique du travail à temps partiel,

des CDD* ou des contrats atypiques : selon leschiffres de l’Insee*, sur les 3,4 millions de salariésqui travaillent pour un salaire mensuel inférieurau Smic*, 80% sont des femmes. Des revenus quipassent bien souvent en frais de transport ou degarde, ce qui plonge ces familles dans la misère avecmoins de 602 euros par mois par personne dans lefoyer. Parmi les femmes accueillies par le Secourscatholique en 2004, 13 % bénéficiaient d’unemploi aidé et 29 % travaillaient à temps partiel.

Muriel Gremillet, Libération, 10 mai 2005

* BIT : Bureau International du Travail ; CDD : contrat à duréedéterminée ; INSEE : Institut National de la Statistique et desEtudes Economiques ; SMIC : salaire minimum de croissance,garanti à tout salarié (1 150 euros par mois pour un travail àtemps complet)

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SUJET 7

DOCUMENT 1

Thème de l’exposé : Les nouvelles tendances du tourisme.

LE TOURISME VERT FAIT DES BOURGEONS DORÉSCes séjours attirent une population lasse des bords de mer et de plus en plus hétéroclite.

Reportage à Argenton-sur-Creuse.

« Dans le tourisme vert, il y a le curieux quirecherche l’abbaye enfouie sous les ronces et celuiqui fuit la foule et recherche le calme avant tout. »La définition est de Philippe Venuat, responsabledu camping municipal d’Argenton-sur-Creuse(Indre), dite « la Venise du Berry ». Ce retour à lanature a le vent en poupe depuis quelques années, notamment auprès des urbains en quêted’« authenticité ».

Bien que « la fréquentation se stabilise », dumoins pour la région, le tourisme vert est devenuun vrai concurrent des traditionnelles vacances àla mer. « Les touristes viennent pour la randonnée,le calme, et le musée de la chemiserie ou celui d’Argentomagus, construit sur un site gallo-romain,explique la directrice de l’office du tourisme. C’estmonsieur Tout-le-monde qui vient. Mais jamaispour longtemps. C’est juste une étape. »

Les estivants apprécient le cadre de vie et les plai-sirs culinaires. Pas les grands restaurants étoilés. Plutôt les bonnes tables. Laurent Marquis en saitquelque chose. Après dix-huit ans de travail dansla restauration à Paris, il a repris ici, l’année dernière, l’hôtel-restaurant « Les Terrasses ». « Je suisvenu comme touriste, et je suis tombé amoureuxdu coin. Ici, j’ai redécouvert les saisons par leslégumes. À Paris, on ne s’en rend plus compte. Onmange de tout n’importe quand ! Et puis, ici, lesgens retrouvent des produits qui ont du goût. Ilsvont flâner sur le marché, chose qu’ils ne font plus jamais hors les vacances. » Pour Laurent Marquis, la région était loin d’être touristique : « Elle s’appuyait sur l’industrie de la chemiserie, etsur les Américains qui avaient une base près de

Châteauroux. La population n’était pas toujoursouverte au tourisme. Maintenant, ça bouge, les genscomprennent que c’est utile à la survie du dépar-tement. Les vacances à la campagne se sont amé-liorées depuis dix ans. »

Une population aisée investit maintenant larégion, au sens figuré comme au sens propre :« Après la Dordogne, les Anglais achètent ici devieilles bâtisses, ce qui fait monter les prix »,estime Jean-Claude Limousin. Ce Berrichon loue les chambres de son manoir, « une maison d’hôtesde charme », à une clientèle qui recherche le cadrede la campagne sans devoir vivre à la ferme.« Outre les étrangers, nous avons pas mal de Pari-siens, de plus en plus jeunes, et avec des bébés. »Le Berry serait-il devenu la nouvelle terre de cesfameux bourgeois-bohème ? Force est de constaterque le tourisme vert n’est plus l’apanage d’unepopulation d’origine populaire. Philippe Venuat le confirme : « À la base, le camping est lié au tourisme social. Aujourd’hui, il est devenu un artde vivre qui concerne toutes les classes. Il y a descadres, ici ! »

Comme pour illustrer son propos, une familled’Anglais descend alors de son break : « Avez-vousune piscine ? » Le responsable, à la belle moustache,répond alors avec le sourire : « Non, nous n’avonspas de piscine… » – petit flottement, l’enfantregarde sa mère, presque inquiet – « mais il y a larivière ! » Ouf ! Rires de soulagement. Les Anglaiss’installent, et déjà de nouveaux arrivants.

François Vignal, L’Humanité, 29 juillet 2003

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SUJET 7DOCUMENT 2

UN ÉTÉ SUR LES SENTIERSActivité proche de la nature, la randonnée séduit de plus en plus le public.

Politis vous donne quelques pistes, pour des vacances sur les chemins de France.

Allons-y d’un bon pas et même avec des grossabots ! De salons en conférences, la randonnée s’affiche en France comme une « tendance, unmust, le top », selon les anglicismes enjoués de Maurice Bruzek, président de la Fédération françaisede randonnée pédestre (FFRP).

Lors du Salon de la randonnée, des loisirs et dessports nature, Maurice Bruzeck faisait le constatjoyeux qu’« aujourd’hui, la randonnée fait unboom en France. En clair, ça marche, bien. » À l’appui de cet enthousiasme communicatif, desdonnées statistiques où il apparaît qu’un Françaissur deux pratique la marche, et un sur quatre la« vraie » randonnée, plusieurs fois par mois.

Rien d’étonnant à cela. « Le marché touristiquefrançais, arrivé à stabilité, se diversifie, expliqueJean Viard, sociologue spécialiste du tourisme. Dansles années 1960, on assistait à la massification dutourisme et au développement des produits commele Club Med : des vacanciers entourés par des haiesdans un site merveilleux. Du hors-sol complet. Dès1980-1990, tout le monde est à la recherche des rencontres vraies, avec de vrais gens… D’où le développement de certains territoires incarnantl’authenticité. » Et par voie de conséquence, le succès de la randonnée pour essayer de redonnerdu sens et des valeurs aux pratiques touristiquestrop souvent limitées à un produit marketing. […]

« Activité démocratique, peu coûteuse et prochede la nature », selon les termes d’Olivier Milhomme,rédacteur en chef du mensuel Terre sauvage, la ran-donnée pédestre séduit tous les publics. Elle peutse pratiquer seul, en famille ou entre amis, maisla multiplication des offres et des concepts (la randonnée culturelle, historique, gastronomique,urbaine…) montre bien le désir du public d’obte-nir un encadrement professionnel. Randonneuseà pied et à cheval depuis dix ans, Pascale Renousemble avoir le profil type du client des voyagistesspécialisés : célibataire, cadre, parisienne… « J’aifait mon premier voyage avec Terres d’Aventure.Mais, j’ai été un peu déçue par le public. Pour moi,c’est presque du tourisme de masse à pied. C’est unesupermachine bien rôdée. » Depuis, Pascale Renous’est tournée vers des tours-opérateurs de taille plusmodeste « et moins chers que Terres d’Aventure. Ilsm’offrent ce que j’attends d’un voyagiste : des petitsgroupes, des séjours au contact de l’habitant…»

À 42 ans, elle refuse de partir seule – « J’aurais troppeur de me perdre, d’un accident ou d’une galère »– mais compte bien continuer à randonner long-temps. Bonne initiative ! Aux dires des médecinset des cardiologues, la marche est excellente pourle bien-être physique et moral des personnes.Selon le dicton plein de sagesse des anciens, « unjour de sentier, huit jours de santé ». Mais il est vraique c’était au temps où l’on faisait des kilomètrespour aller à l’école, rejoindre la ville ou aller auxchamps. […] Sans doute faut-il alors remercier lesrandonneurs qui, bénévolement, continuent ce tra-vail d’entretien des sentiers. Sans eux, ronces etfouillis végétal interdiraient l’accès à de nombreusesparcelles du territoire.

Dans le cadre des premières lois sur la décen-tralisation, en 1983, le gouvernement socialiste del’époque créait les Plans départementaux des iti-néraires de promenades et de randonnées (PDIPR).Le but ? Recenser tous les chemins favorisant ladécouverte de sites naturels et des paysages rurauxpouvant servir à la pratique de la randonnéepédestre, mais aussi équestre ou en VTT. Surtout,inscrit au PDIPR, un chemin devient inaliénable,ce qui permet d’en garantir l’accès au public.Aujourd’hui, 180 000 km de sentiers sont balisés– dont 120 000 en sentiers de petite randonnée (PR) et 60 000 km en grande randonnée (GR). Etchaque année, 3 500 kilomètres de sentiers, enmoyenne, sont inscrits au PDIPR par les départe-ments. Un véritable patrimoine naturel, culturel etsocial ! […]

Reste que toute la bonne volonté des bénévolesne pourra rien contre la menace généralisée,encore plus « tendance » que la randonnée : l’en-vahissement de l’espace rural par le béton. Uneétude de l’Institut français de l’environnement (Ifen)pointe qu’entre 1992 et 2000 les espaces bâtis ontprogressé de 12 %, les routes et parkings de 10 %,et les sols artificiels non bâtis (jardins, carrières oudécharges) de 17 %. Une accélération surtout sen-sible dans la dernière décennie où, chaque année,poussent 330 km2 de pavillons. Des traits debitume relient ensuite les nouveaux lotissementsau réseau routier et grignotent la campagne.Empruntons et protégeons, tant qu’il est encoretemps, les petits chemins qui sentent la noisette…

Véronique Lopez, Politis, 10 avril 2003

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SUJET 8

DOCUMENT 1

Thème de l’exposé : Comment réconcilier les jeunes avec la presse ?

LES 15-25 ANS ONT CONFIRMÉ LEUR DÉSAMOUR AUX ASSISES DE LA PRESSE ÉCRITE

ET DE LA JEUNESSE, À LILLE :« C’est trop cher et ça salit les mains »

Lucie, 21 ans, n’achète jamais le journal, « saufquand [elle] prend le train ». Elle lit Les Échos et Le Point sans les payer (ils sont à disposition dansson école de commerce) et surfe sur lemonde.fr.Samedi, aux deuxièmes Assises de la presse écriteet de la jeunesse, à Lille, 1400 jeunes ont arpentéles ateliers débats. Une idée de Graines de citoyen,association créée à l’initiative de sept quotidiens,dont Libération, pour tenter de transformer les 15-25 ans en lecteurs de presse écrite.

Gratuit

Jessica, 21 ans, également en école de commerce,n’est pas très presse non plus. Elle reçoit la news-letter de L’Express sur son e-mail. « Je ne la lis pastoujours. » Mais 20 Minutes*, si : « C’est une bonnesynthèse. » Hinatéa, 19 ans, tahitienne, étudianteen droit venue à Lille pour les Assises, suit tous lesjours les aventures d’Oscar Temaru et GastonFlosse dans La Dépêche, à Papeete. Comme la plu-part des jeunes Polynésiens en ce moment, elle estpassionnée de politique locale. Clémence, étudianteen communication, 19 ans, picore la télé et surfe« sur les sites de Libération et du Figaro, parce qu’ilssont les plus faciles d’accès ». […] Ce qui l’intéresse ?« Les non-dits. » Pas de papier, « parce c’est tropcher, ça salit les mains et c’est pas pratique ». Pareilpour Guillaume, étudiant en communication : « Onn’a pas envie de tourner des pages, et puis on estcontent de lire à domicile, gratuitement. » Commeles sites de presse hexagonaux ne lui suffisent pas (« les débats sont trop franco-français »), ilcherche sur « les sites d’associations et de journaux

étrangers ». Il y prend des nouvelles de « Taslima Nasreen ouVandana Shiva », la militante écologisteindienne. Martin, 17 ans, lycéen à Arras, netrouve pas les journaux « assez neutres ». Même si,en ce moment, il lit la presse « de droite et degauche », au centre de documentation et d’infor-mation (CDI) de l’école « pour suivre le projetFillon* ». Bref, même parmi ceux qui ont sacrifiéleur samedi pour ces assises, rien n’est gagné.

Stéréotypes

Afin d’enrayer ce désamour, Graines de citoyena convié les jeunes à débattre d’art, de gratuité,d’économie, d’intégration, de sport, d’Europe, deliberté de la presse et de « minorités visibles »,autour d’invités comme Brahim Asloum, championde boxe, Marie Desplechin, écrivain, Serge July,directeur de Libération, et Jean-Marie Colombani,celui du Monde, Abd Al Malik, chanteur et écrivain,Jean-Louis Aubert, chanteur. Les ateliers étaient animés par, entre autres, des étudiants de l’écolede journalisme de Lille. Lesquels ont invité l’assis-tance à réfléchir sur les stéréotypes qui traversentles médias sur les Arabes et les Noirs. En retour, les jeunes ont réclamé aux journalistes un « travail de mémoire » et un « effort » pour mieux les« comprendre ».

Haydée Saberan, Libération, 7 mars 2005 (Lille)

* 20 minutes : quotidien gratuit (dont la plupart des articles sontdes reprises de dépêches et non des textes signés par des jour-nalistes) ; projet Fillon : projet de réforme du Ministre de l’Éducation nationale

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SUJET 8DOCUMENT 2

LE RAPPORT SPITZ VEUT ANCRER LA LECTURE DES JOURNAUX DANS LES HABITUDES DES JEUNES

Comment faire en sorte que la lecture de lapresse quotidienne devienne un geste familierpour les jeunes ? C’est le thème du rapport « Lesjeunes et la lecture de la presse quotidienne d’information politique et générale » que BernardSpitz, conseiller d’État, devait remettre à RenaudDonnedieu de Vabres, ministre de la culture et dela communication, mercredi 6 octobre. La missionavait été confiée à M. Spitz en décembre 2003 par le prédécesseur de M. Donnedieu de Vabres,Jean-Jacques Aillagon.

Pour s’assurer que les jeunes générations entrenten contact avec la presse quotidienne, le conseillerd’État propose tout d’abord d’offrir à chaque jeunequi a atteint sa majorité deux mois d’abonnementgratuit au journal d’information générale de sonchoix. Au yeux de M. Spitz, cette action nécessiterad’être engagée sur une longue durée, afin de pou-voir toucher à terme l’ensemble d’une génération.La population ciblée est, précise le rapport, celle dela classe d’âge qui aura 18 ans dans le courant del’année 2004, soit environ 780 000 personnes.[…]

Cette mesure semble recueillir un avis plutôtfavorable au cabinet du ministre de la culture etde la communication. Une première phase de testsdevrait être conduite avec des éditeurs « pionniers »,a déjà indiqué le cabinet du ministre. Ces essais per-mettraient de clarifier toutes les questions ayanttrait, notamment, au coût de cette procédured’abonnement gratuit et à la faisabilité techniquede l’opération.

La familiarisation des jeunes avec la presse quo-tidienne sera également encouragée par l’utilisa-tion renforcée des journaux comme supports péda-gogiques. L’idée est d’attribuer à chaque classe decollège et de lycée un budget de 40 euros par angrâce auquel, sous l’autorité du professeur princi-pal, les enseignants pourraient acheter des titres surlesquels appuyer leur travail. Les contacts déjà établis entre le ministère de la culture et de la com-munication et celui de l’éducation nationaleautour de la promotion du livre à l’école seraientutilisés, cette fois, pour la presse, souligne-t-on aucabinet du ministre de la culture.

L’utilisation pédagogique de la presse pourraitégalement être favorisée en ouvrant gratuitementles archives Internet des quotidiens à tous les

étudiants se connectant à partir de leur université,en contrepartie d’un dédommagement des éditeursversé par l’État et la région, selon M. Spitz. Le sou-tien financier de cette proposition reposerait à lafois sur l’État, qui prendrait en charge les frais detransport des quotidiens, et sur les éditeurs, qui mettraient gracieusement à disposition leur publi-cation.

Par ailleurs, les dispositions de la loi sur le mécé-nat ouvrant droit à des réductions d’impôt pour-raient être utilisées pour des initiatives visant à aiderla lecture de la presse chez les jeunes.

Autre volet du rapport, la promotion. Dans cetesprit, les chaînes de l’audiovisuel public se ver-raient mises à contribution afin de proposer à leurstéléspectateurs des revues de presse pour les jeunesou des jeux éducatifs créés autour de la presse.

Par ailleurs, M. Spitz propose que soit faitappel au fonds de modernisation de la presse pourdes investissements consacrés à la lecture de lapresse par les jeunes. Créé en 1998, ce fonds a étéutilisé essentiellement pour des actions de moder-nisation industrielle ou des changements de for-mules de journaux. Une partie des ressources dufonds pourrait, par exemple, être dirigée vers desprojets d’édition de suppléments ou de cahiers spéciaux destinés aux jeunes.

Dans une de ses recommandations les plusvolontaristes, le rapport Spitz propose égalementde faire parvenir la presse au contact des lycéensen autorisant sa vente sur les lieux scolaires.L’idée du rapporteur est que chacun des 2,2 millionsde lycéens puisse acheter un titre dans la cour ouau foyer de son établissement.

Toutefois, cette disposition ne devrait pas êtresoutenue par le ministère de la culture et de la com-munication dans un avenir immédiat, car les obs-tacles à sa réalisation sont multiples. Non seule-ment l’initiative devrait recevoir l’accord du conseild’administration du lycée mais, surtout, elle devraittenir compte de la présence éventuelle d’un diffu-seur (kiosque, maison de la presse…) dans l’envi-ronnement du lycée ou du collège. Déjà mal enpoint, ces diffuseurs ne pourraient accepter que destitres soient distribués hors des circuits traditionnelssans être rétribués.

Bertrand d’Armagnac, Le Monde, 7 octobre 2004

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SUJET 9

DOCUMENT 1

Thème de l’exposé : Faire garder ses enfants, un parcours du combattant ?

DANOISES HYPERACTIVESGrâce aux crèches, 80 % des femmes avec enfants travaillent.

Les Danoises sont-elles les superwomen de l’Europe ? Avec un taux d’emploi de 80 % desfemmes âgées de 20 à 49 ans et ayant des enfants,elles arrivent à la deuxième place du classementeuropéen des mères de famille exerçant un travail.Soit juste après la Slovénie, qui culmine à 85,3 %,selon une étude d’Eurostat, l’office statistique del’Union européenne. La France reste loin derrière :avec 66,3 %, elle dépasse cependant la moyennede 60,4 % des 25 pays de l’Union. Au Danemark,les femmes ayant des enfants affichent même un taux d’emploi supérieur à celui de celles sansenfant (77 %).

Garde

Si tant de Danoises arrivent à concilier vie pro-fessionnelle et vie privée, la raison est à chercherdans le fameux modèle social danois. « Ici, il est possible de combiner une carrière et une famillegrâce à notre système de garde d’enfants, relati-vement bon marché et de très bonne qualité. Celapermet aux femmes d’être continuellement pré-sentes sur le marché du travail », indique NinaSmith, professeure à l’école de commerce d’Aarhus.Un avis partagé par Per Kongshoej Madsen de l’université d’Aalborg : « Une femme a souvent son

premier enfant à la fin de ses études, ensuite ellecommence son premier emploi. » D’où l’importanced’un bon réseau de crèches, qui fait souvent défautdans les autres pays européens, notamment enFrance.

Atypiques

« Au Danemark, chaque famille a droit auxstructures d’accueil pour les enfants, nombreuseset subventionnées par l’État », explique MetteAndersen, du ministère de la Famille. Adaptés àtous les âges, les crèches (de 0 à 2 ans), les jardinsd’enfants (3 à 6 ans) et les centres de loisirs (de 6à 10 ans) relèvent des municipalités. La plupart sontouverts de 6 h 30 à 17 h. Un petit nombre fermentplus tard pour s’adapter aux horaires de travail atypiques. Mais les crèches ne font pas tout. Il y aaussi chez les Danois une conscience de l’égalitéhomme-femme, bien plus forte que dans les payslatins. Elément clé de l’édifice : le congé parentalflexible, soit 52 semaines de congés payés à partager entre les parents du nouveau-né. Dequoi rééquilibrer les rôles.

Laurène Champalle (Copenhague – correspondance),Libération, 09 mai 2005

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DOCUMENT 2

ENFANTS. LE PETIT COUP DE POUCE AUX CRÈCHES D’ENTREPRISE

Ces structures de garde pourront aussi bénéficier d’une aide de l’État.

Huit heures du matin, rue Feydeau à Paris. Ausixième étage de l’immeuble du Crédit Lyonnais,Christelle Cornet amène Nicolas, 2 ans et demi, àla crèche de l’entreprise. « Un endroit fantastique,annonce-t-elle d’emblée, où règne un climat de

confiance immédiat. » Les puéricultrices suivent les enfants d’une année sur l’autre et comprennentplus facilement les contraintes professionnelles del’entreprise : elles en font partie. « La proximité estextrêmement rassurante. Si Nicolas est vraiment

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SUJET 9

malade, j’arrive tout de suite. Et il y a ici une souplesse que n’ont pas forcément les crèchesmunicipales, où il faut aller chercher son bébé dès qu’il a le nez qui coule. »

Benjamins

L’endroit a pourtant été au cœur de trois moisde tourmente, l’année dernière. Après la fusion duCrédit Lyonnais et du Crédit agricole, les salariésmutés dans des filiales du nouveau groupe ont étépriés de trouver une autre solution pour faire garder leurs enfants. Inacceptable pour les parentsqui, s’ils ont réussi à avoir gain de cause pour lesenfants déjà inscrits, n’auront plus accès à ce service pour les benjamins. « L’heure n’est plus ausocial, explique une mère. Ce serait une folie de supprimer ce lieu. Quant à la crèche du Crédit agricole, elle est à Saint-Quentin-en-Yvelines*.J’habite à Maisons-Alfort* et je travaille à Pasteur*…Ça n’a aucun sens. »

L’entreprise paternaliste, aux petits soins pourses salariés, aurait-elle fait son temps ? « Non »,répondent en chœur les prestataires qui appa-raissent à un rythme soutenu – environ un parmois – pour proposer leur conseil aux entreprisestentées par la mise en place d’une crèche. La confé-rence de la famille d’avril 2003 a même marquéun tournant. Ne pouvant couvrir seul tous lesbesoins en matière de garde collective, l’État aannoncé qu’il allait débloquer 40 millions d’eurospour faire bénéficier de financement public lescrèches privées agréées par les allocations fami-liales. Du coup, pour les entreprises, la question budgétaire passe au second plan. « Une place decrèche en Ile-de-France coûte 16 000 euros pour uneannée de fonctionnement. Or l’entreprise peutaujourd’hui, après subventions, limiter son finan-cement à 1 500 euros. Autant dire que ce servicedevient comparable à celui des tickets-resto* »,explique Frédéric Paul, un des fondateurs desPetits Chaperons rouges. Ce prestataire vient deremettre sur pied l’ancienne crèche d’Aventis, àRomainville (Seine-Saint-Denis), condamnée par

la délocalisation d’une partie de l’entreprise, la suppression de centaines d’emplois et le désenga-gement de la direction. Depuis le 1er septembre,l’ancienne crèche privée est devenue associative,interentreprises, et s’appelle crèche des Chanteloups.Une dizaine d’enfants d’Aventis y ont leur place etdevraient être rejoints par les enfants des salariésdu site technologique Biocitech et de la com-mune. Une première dans le département, que leconseil général, gros financeur, suit avec attention.La préfecture envisage même, en tant qu’em-ployeur, de réserver dix places.

Horaires décalés

Les collectivités locales ne sont pas toujours parties prenantes dans ces nouveaux projets. En Ille-et-Vilaine, un contrat enfance a été passéentre la CAF* et la Société vitréenne d’abattage pour une crèche privée qui ouvrira début 2005.Quarante-cinq places accueilleront les enfants dessalariés, pour la plupart des ouvriers en horairesdécalés. « Le projet est en cours depuis trois ans,raconte Solène Gravouil, du prestataire Enfantsd’abord. A la base, il y a une vraie volonté de ladirection de répondre aux attentes des salariés.Beaucoup de femmes, avec des petits salaires, n’ontpas les moyens de payer des nounous et subissentplus qu’elles ne choisissent leurs congés parentaux*,quand elles n’arrêtent pas carrément de tra-vailler. » Cofondateur de Crèche Attitude, DavidFillon avance les avantages pour les employeurs :retour plus rapide des congés maternité*, moins de stress ou plus de disponibilité psychologique. « Et puis, ajoute David Fillon, toutes les entreprisesveulent défendre leur image citoyenne. »

Anne Dalaine, Libération, 20 septembre 2004

* Saint-Quentin-en-Yvelines : banlieue ouest de Paris ; Maisons-Alfort : banlieue est de Paris ; Pasteur : quartier de Paris ; ticket-resto : prise en charge partielle des repas des salariés parcertaines entreprises (tickets utilisables dans de nombreux restaurants) ; CAF : Caisse d’Allocations Familiales ; congéparental : congé non payé, pour élever un enfant de moins detrois ans ; congé de maternité : congé payé, de la naissance à 8 semaines

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Grille d’évaluation de la production orale C1

EXERCICE EN INTERACTION : DÉBAT2

MONOLOGUE SUIVI : EXPOSÉ 1

POUR L’ENSEMBLE DE L’ÉPREUVE

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0 0.5 1 1.5

0 0.5 1 1.5 2 2.5

0 0.5 1 1.5 2 2.5

Peut analyser avec un regard critique les textes sources, extraire et utiliser des informations importantes

Peut dégager le thème de réflexion et introduire l’exposé

Peut élaborer une réflexion en relation avec le thème retenu, inté-grant arguments et informations personnels et tirés du dossier.

Peut faire une présentation claire et organisée avec aisance, spon-tanéité et pertinence pour parvenir à une conclusion appropriée

Lexique (étendue et maîtrise) 0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4Possède un vaste répertoire lexical et ne commet pas d’erreurssignificatives.

Morphosyntaxe 0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5 5Maintient un haut degré de correction grammaticale

Maîtrise du système phonologique 0 0.5 1 1.5 2 2.5 3A acquis une intonation et une prononciation claires et naturellesPeut varier l’intonation et placer l’accent phrastique pour expri-mer de fines nuances de sens

0 0.5 1 1.5 2

0 0.5 1 1.5 2

0 0.5 1

Peut facilement préciser et défendre sa position en répondant auxquestions, commentaires et contre-arguments

Peut faciliter le développement de la discussion en recentrant et/ou élargissant le débat

Peut choisir une expression convenable pour attirer l’attention,gagner du temps ou garder l’attention de l’auditeur

TOTAL sur 25 : –

CODE CANDIDAT :

NOM DU CANDIDAT : .............................................................................