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L’expérience de loisir en milieu aquatique

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This article was downloaded by: [National Pingtung University of Science and Technology]On: 20 December 2014, At: 19:03Publisher: RoutledgeInforma Ltd Registered in England and Wales Registered Number: 1072954 Registered office: Mortimer House,37-41 Mortimer Street, London W1T 3JH, UK

Loisir et Société / Society and LeisurePublication details, including instructions for authors and subscription information:http://www.tandfonline.com/loi/rles20

L’expérience de loisir en milieu aquatiqueAnnie Benjamina & Stéphane Perreaulta

a Université du Québec à Trois-RivièresPublished online: 03 Jul 2013.

To cite this article: Annie Benjamin & Stéphane Perreault (2002) L’expérience de loisir en milieu aquatique, Loisir etSociété / Society and Leisure, 25:1, 139-154, DOI: 10.1080/07053436.2002.10707581

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Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 25, no 1, Marie Lequin (dir.).

L’EXPÉRIENCE DE LOISIREN MILIEU AQUATIQUE

Annie BENJAMINStéphane PERREAULT

Université du Québec à Trois-Rivières

L’expérience de loisir en milieu aquatique

Il existe aujourd’hui plusieurs activités offertes en milieu aquatique, telles que desprogrammes d’exercices aquatiques pour aider les personnes souffrant d’arthrite,des programmes de remise en forme pour les sportifs, des programmes de thérapiesaquatiques pour les adultes souffrant de blessures reliées à la colonne vertébraleou encore des programmes de gestion du stress. Plusieurs effets bénéfiques ontété observés chez les participants à ces types de programme. Parmi les effetsobservés à long terme, il y a, par exemple, une diminution de la dépression, uneaugmentation du sentiment de contrôle et une augmentation de l’estime de soi(Ahern et al. 1995 ; Badelon, Vimont, et Bebin, 1985 ; Broach et Dattilo, 1996 ;Broach, Groff, et Dattilo, 1997 ; Vonau et al. 1997).

La popularité des activités de loisir en milieu aquatique semble être liée auplaisir du contact avec l’eau et au bien-être qu’elle procure chez l’individu. Laraison qui pourrait expliquer ce fait est que l’eau représente un élément qui peutêtre perçu de manière multisensorielle. Elle semble jouer un rôle important chezl’individu, en agissant comme élément multiplicateur, c’est-à-dire en multipliantses effets bénéfiques, issues des sensations multiples procurées par celle-ci. L’envi-ronnement aquatique permet donc à un individu de pratiquer diverses activités deloisir par lesquelles il est appelé à vivre une « expérience de loisir » (Tinsley etTinsley, 1986).

Il est utile de se référer au modèle de Tinsley et Tinsley (1986) sur les béné-fices de l’expérience de loisir pour mieux comprendre l’impact du loisir sur lapersonne. Selon ces auteurs, l’expérience de loisir permet de satisfaire certains

Loisir et société / Society and LeisureVolume 25, numéro 1, printemps 2002, p. 139-154 • © Presses de l’Université du Québec

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Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 25, no 1, Marie Lequin (dir.).

besoins psychologiques d’un individu, ce qui aura, en bout de ligne, des effetsbénéfiques sur la croissance personnelle de l’individu. En d’autres mots, la satis-faction des besoins psychologiques a des effets positifs sur la santé mentale, surla santé physique et sur le niveau de satisfaction de vie qui, eux, auront des effetspositifs sur la croissance personnelle de l’individu.

Le but de cette étude est de tester la dynamique qui existe, les antécédents etles conséquences de l’expérience de loisir. Selon le modèle présenté à la figure 1,plus la motivation d’un individu pratiquant une activité de loisir est autodéterminéeplus son expérience de loisir devrait être élevée (positive et centrée sur l’activité).

FIGURE 1

Dynamique entre les antécédents, l’expérience de loisir et les bénéfices

Il est aussi postulé que le degré de contact avec l’eau influence positivementl’expérience de loisir. Plus précisément, il est prédit que l’intensité de l’expériencede loisir augmente en fonction du degré de contact avec celle-ci. Finalement, ilest aussi prédit qu’une expérience de loisir intense a des effets positifs dans la vied’un individu. Particulièrement, plus l’expérience de loisir d’une personne estintense et positive, plus cette personne devrait évaluer sa forme physique et sasatisfaction de vie d’une manière positive.

Les antécédents et les conséquences de l’expérience de loisir

Selon Tinsley et Tinsley (1986), l’expérience de loisir peut être mesurée à l’aided’attributs cognitifs (pensées, images) et affectifs (sentiments, sensations). Plusprécisément, lorsqu’un individu qui dit vivre une expérience de loisir intense (soitl’aspect cognitif de l’expérience de loisir) aura l’impression de perdre la notiondu temps lors de la pratique d’une activité de loisir. Une concentration intensedevrait aussi être présente, à tel point que l’individu s’oubliera, c’est-à-dire qu’ilfera abstraction de sa propre personne et de ses intérêts lors de la pratique d’uneactivité de loisir. L’aspect affectif de l’expérience de loisir, quant à lui, impliquequ’un participant ressentira un sentiment de liberté où toute contrainte sera absente.Sa perception ainsi que l’intensité de ses émotions et de ses sentiments serontaccrues lors de la pratique d’une activité de loisir (Baldwin et Tinsley, 1988).

Bénéfices de

l’expérience de loisir

- Forme physique

- Satisfaction de vie

Expérience de loisir

Contexte

Motivation

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Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 25, no 1, Marie Lequin (dir.).

L’expérience de loisir peut être influencée (voir la figure 1) par un certainnombre de facteurs personnels et contextuels (Tinsley et Tinsley, 1986). Du pointde vue individuel, la motivation devrait avoir un impact considérable sur l’expé-rience de loisir. Plus précisément, Tinsley et Tinsley (1986) soutiennent que lamotivation intrinsèque et le libre choix d’une activité mènent à une expérience deloisir plus intense. Cette prédiction est intéressante car elle concorde avec unpostulat du modèle hiérarchique de la motivation intrinsèque et extrinsèque deVallerand (1997). Selon cet auteur, la motivation peut avoir des conséquencesimportantes qui peuvent être de nature cognitive (p. ex. : concentration, attention,mémoire), de nature affective (p. ex. : intérêt, émotions positives, satisfaction) etcomportementales (p. ex., choix du comportement, persistance à la tâche, perfor-mance). Par ailleurs, plus une personne s’adonne à une activité de loisir par choixet par plaisir (motivation autodéterminée), plus elle devrait ressentir les consé-quences positives de sa participation. En revanche, si elle pratique cette activitéde loisir par obligation, pour une récompense ou sans aucun intérêt réel (motivationnon autodéterminée), elle devrait subir des conséquences négatives.

Le peu d’études (Jackson et al., 1998 ; Kowal et Fortier, 1999 ; Mannell,Zuzanek et Larson, 1988) qui ont examiné ce postulat dans le domaine du loisirconfirment que la motivation autodéterminée a des conséquences positives. À titred’exemple, une étude de Pelletier et al. (1995) démontre que les activités de loisirpratiquées par plaisir et celles librement choisies sont associées à un meilleur bien-être psychologique. Les activités de loisir pratiquées pour des raisons nonautodéterminées sont, quant à elles, associées à un bien-être psychologique moinsélevé. Une autre étude de Pelletier et al. (1996) indique que les conséquencespositives sont liées à un fort degré d’autodétermination et que les conséquencesnégatives sont liées à un faible degré d’autodétermination. Particulièrement, lesémotions positives (affect) corrèlent positivement avec la motivation auto-déterminée. Ces études semblent donc appuyer l’hypothèse de Tinsley et Tinsley(1986) voulant que la motivation intrinsèque et le libre choix d’une activité mènentà une expérience de loisir plus intense.

Un autre élément qui risque d’influencer l’expérience de loisir est le contactavec l’eau. Comme nous l’avons mentionné précédemment, les programmesd’activités de loisir liés à l’eau semblent avoir des conséquences positives. Maispourquoi l’eau aurait-elle un impact positif sur l’expérience de loisir ? Nouscroyons que la réponse est liée au degré de stimulation que l’eau procure auxindividus qui pratiquent des activités nautiques. L’eau, étant un élémentmultisensoriel, stimule l’individu qui pratique une activité en lien avec l’eau àdifférents degrés pour lui procurer des sensations de bien-être. Plus précisément,un individu peut avoir un contact indirect avec l’eau (p. ex., promenade au bordde la l’eau) ou un contact direct (p. ex., plongée sous-marine). L’environnementamène donc l’individu à vivre des expériences de loisir en lien avec l’eau. Ainsi,

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l’impact sensoriel de l’eau varie d’une activité à l’autre. Par conséquent, les typesde « pratique de l’eau » doivent être différenciés du point de vue multisensorielparce qu’ils risquent d’influencer l’expérience de loisir à différents degrés.

La première catégorie d’activités de loisir est caractérisée par la relation« près de l’eau » et appelle l’individu à vivre une expérience de loisir avec l’eaupar l’horizon. Cette première catégorie d’activités de loisir suppose que l’inten-sité de l’expérience de loisir sera relativement faible comparativement aux autrescatégories d’activités. À ce moment-là, l’individu est en contact indirect avec l’eau.Selon l’activité, l’individu peut être statique (p. ex., bain de soleil) ou encore sedéplacer dans l’espace (p. ex., promenade au bord de l’eau). Dans ce cas, l’activitéen lien avec l’eau comporte deux dimensions, c’est-à-dire, que les déplacementss’effectuent dans un plan horizontal et sur la terre ferme. La vision de l’eau sembleplutôt être le point central de l’expérience de loisir (mouvement, étendue, limpidité,couleur). L’audition est aussi très stimulée (p. ex., débit, dispersion du son).L’humidité et la température jouent également un rôle important pour le senstactile, le goût et l’odorat. L’expérience de loisir avec l’eau par l’horizon est pluscentrée sur la relation avec la nature ambiante (paysages) et, donc, sur lesperspectives du milieu aquatique.

Dans un deuxième temps, l’individu pourrait choisir, par exemple, de sepromener sur l’eau (p. ex., en kayak ou en canot). Cette deuxième catégorie d’acti-vités de loisir est caractérisée par la relation « sur l’eau » et appelle l’individu àvivre une expérience de loisir en milieu nautique. Cette catégorie d’activités deloisir place l’individu sur l’eau et, par conséquent, le place dans une situation oùil risque de se faire stimuler beaucoup plus par l’eau. Cette catégorie nécessite,dès lors, l’utilisation d’un équipement particulier et demande une habileté mini-male. De plus, l’expérience n’est pas statique. L’individu glisse sur la surface del’eau et peut ressentir la résistance de l’eau et le mouvement des vagues. L’activitéen milieu nautique comporte encore une fois deux dimensions, c’est-à-dire queles déplacements s’effectuent dans un plan horizontal et sur un plan d’eau. Lecontact avec l’eau est indirect (exception faite d’une possibilité d’éclaboussures),mais la proximité est plus grande que dans la première catégorie d’activités. Cettecatégorie d’activités de loisir aquatique se démarque de la première parce qu’elleest centrée sur le mouvement, où la nature (paysages) change en perspective. Lavision de l’eau est encore une fois importante (mouvement, étendue, limpidité,couleur), ainsi que l’audition (débit, dispersion du son). L’humidité et la tempé-rature jouent également un rôle important pour le sens tactile, le goût et l’odorat.Cette deuxième catégorie d’activités suppose que l’expérience de loisir sera plusintense que la première catégorie parce que le contact avec l’eau est plus grand etdonc potentiellement plus stimulant.

La troisième catégorie d’activités de loisir est caractérisée par la relation« dans l’eau » et appelle l’individu à vivre une expérience de loisir en milieu

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aquatique. Cette troisième catégorie d’activités de loisir fait en sorte qu’unindividu peut être fortement stimulé par l’eau. Cette catégorie suppose que l’expé-rience de loisir sera plus intense, comparativement aux deux autres catégories,puisque l’individu est, à ce moment-là, immergé ; le contact avec l’eau est alorsdirect. L’activité compte de deux à trois dimensions, c’est-à-dire que les dépla-cements s’effectuent dans le plan horizontal et dans l’eau et, de façon minimale,dans le plan vertical (profondeur et durée minimale). Par exemple, une personnepratiquant la natation se trouve dans un état d’apesanteur et sa liberté de mou-vement est accrue par l’élimination de certaines contraintes physiques. L’expé-rience de flottabilité fait en sorte que l’eau englobe tout le corps. L’individu estalors plus centré sur l’environnement aquatique et « fait un » avec l’eau. Le senstactile (texture, température) et la sensibilité à la pesanteur prennent alors touteleur importance.

La quatrième catégorie d’activités de loisir est caractérisée par la relation« sous l’eau » et appelle l’individu à vivre une expérience de loisir en milieusubaquatique. Cette catégorie d’activités suppose que l’expérience de loisir seraplus intense, comparativement aux trois autres catégories. Dans ce cas-ci, le contactavec l’eau est direct et total ; l’activité nécessite la maîtrise d’un équipementspécialisé (à l’exception de l’apnée). Cette activité comprend trois dimensions,c’est-à-dire que les déplacements s’effectuent dans le plan horizontal et vertical(profondeur et durée maximale) ; les déplacements ne suivent alors aucune trajec-toire prédéterminée. C’est une expérience centrée sur l’apesanteur totale et sur lamobilité, où la liberté de mouvement est accrue par l’élimination de contraintesphysiques (sentiment de liberté accru). La sensibilité à la pesanteur prend alorstoute son importance. En même temps, la vision est fortement stimulée pourl’orientation. De plus, le monde subaquatique est habité par une faune et une floreparticulière qui peut stimuler fortement le sens de la vue. Le rythme de vie est aussitrès ralenti sous l’eau. Le sens tactile est fortement stimulé, car c’est par le toucherqu’il est possible de s’orienter. Le silence des profondeurs peut en outre stimulerl’audition puisque les sons ne circulent pas à la même vitesse sous l’eau. Enfin,au-delà des stimulations procurées par l’eau, le contraste avec le quotidien sembleplus fort à ce niveau.

Selon une autre prémisse du modèle de Tinsley et Tinsley (1986), l’expé-rience de loisir a une influence considérable sur la santé mentale et physique d’unindividu. Bien que la pratique d’activités de loisir puisse avoir un impact importantsur la santé mentale et physique d’un individu (Iso-Ahola, 1980 ; Kelly, Steinkamp,et Kelly, 1987 ; Pelletier et al., 1995 ; Tinsley et Tinsley, 1986, pour une recensiondes écrits à ce sujet), aucune recherche, à notre connaissance, n’a examiné l’effetde l’expérience de loisir sur ces deux variables. Les travaux de Pelletier et sescollègues démontrent clairement que la motivation autodéterminée est liée positi-vement au bien-être psychologique d’un individu. De plus, ces travaux indiquent

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que plus une personne pratique une activité de loisir par plaisir et par choix, pluselle ressent des émotions positives lors de la pratique de l’activité en question. Lesrésultats de ces deux études sont intéressants parce qu’ils confirment indirectementla thèse de Tinsley et Tinsley (1986). En revanche, un test robuste de l’hypothèsede Tinsley et Tinsley (1986) impliquerait de tester la dynamique entre les anté-cédents (motivation et degré de contact avec l’eau) et les conséquences de l’expé-rience de loisir (satisfaction de vie et santé physique) afin de vérifier si l’expériencede loisir est bel et bien un médiateur de ces deux types de variables.

Le fait d’étudier la dynamique entre la motivation, l’expérience de loisir etles conséquences associées à la pratique d’un loisir nous amène à faire une dernièrequalification par rapport au modèle de Tinsley et Tinsley (1986). L’évaluation d’unindividu des bénéfices qu’il retire du loisir peut être influencée par son état actuel.Selon Forgas (1994, 1995), le jugement d’un individu peut être influencé par sonhumeur (affect). Si très peu de temps est donné à un individu pour juger de sasatisfaction de vie, il aura tendance à utiliser l’affect qu’il ressent au moment oùla question lui est posée pour évaluer sa vie. Par exemple, si on demande, à brûle-pourpoint, à une personne si elle est satisfaite de sa vie en général, l’individu quise sent bien (de bonne humeur) évaluera positivement sa satisfaction envers la vie(Schwarz et al. 1987). Donc, l’affect ressenti lors de la pratique d’une activité deloisir risque de s’infuser dans le jugement lorsque ce dernier fait appel à desdimensions simples et générales (p. ex., la satisfaction de la vie). À l’inverse, ilest moins probable que l’affect s’infuse dans le jugement d’un individu lorsquece jugement vise à des dimensions connues, positives ou des domaines spécifiquesde la vie (p. ex., la satisfaction envers son travail). L’infusion de l’affect est doncun phénomène qui vient nuancer la prédiction de Tinsley de Tinsley (1986). Ensomme, l’affect vécu lors de la pratique d’un loisir risque d’influencer le jugementd’un individu dans une situation précise, à un moment précis. Donc, plus la compo-sante affective de l’expérience de loisir est élevée plus une personne devrait jugerque sa vie est satisfaisante et qu’elle est en bonne forme physique si on lui demandede faire ce genre d’évaluation sur le vif.

En résumé, la présente étude tente de tester la dynamique qui existe entreles antécédents et les conséquences de l’expérience du loisir. Selon le modèleprésenté dans cet article, on postule que plus la motivation d’un individu pratiquantune activité de loisir est autodéterminée, plus son expérience de loisir devrait êtreélevée. Il est aussi postulé que le degré de contact avec l’eau influence positivementl’expérience de loisir. Plus précisément, il est prédit que l’intensité de l’expériencede loisir augmente selon le degré de contact avec l’eau. Finalement, il est préditqu’une expérience de loisir intense a des effets positifs dans la vie d’un individu.Particulièrement, plus l’expérience de loisir d’une personne est intense et positive,plus cette personne devrait évaluer sa forme physique et sa satisfaction de vie d’unemanière positive.

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Méthodologie

Participants

Les données de cette étude ont été recueillies par le biais d’un questionnaire auprèsde 267 vacanciers (136 hommes et 129 femmes, plus 2 données manquantes) duparc Forillon, en Gaspésie. Les répondants étaient âgés en moyenne de 38,3 anset ils ont été aléatoirement choisis à un endroit précis, à un moment précis etpratiquaient une des cinq activités de loisir ciblées.

Procédures

Les questionnaires ont été administrés par deux expérimentatrices auprès desvacanciers pratiquant une des cinq activités de loisir ciblées. Les sujets répondaientdurant la pratique d’une activité de loisir spécifique. L’échantillon de cette étudeest donc divisé en cinq sous-catégories en fonction de l’activité. La premièrecatégorie est représentée par la marche au bord de l’eau (N = 56). Les deuxexpérimentatrices invitaient les individus qui marchaient sur les plages du capBon-Ami ou Penouille à remplir le questionnaire. La deuxième catégorie estreprésentée par la randonnée en kayak de mer (N = 59). Au signal de l’instructeur,les participants remplissaient le questionnaire à bord de leur embarcation. Lequestionnaire était rangé dans un sac de toile, retenu par un flotteur de couleurvoyante et placé sous l’élastique du kayak. La troisième catégorie est représentéepar la baignade (N = 53). Les individus qui se baignaient à la plage de Penouilleou à la piscine ont rempli le questionnaire lors de leur immersion. La quatrièmecatégorie est représentée par la plongée sous-marine (N = 39). Le questionnaireétait alors remis aux plongeurs avant qu’ils ne partent en excursion. Les plongeursrépondaient au questionnaire sous l’eau. Finalement, le groupe témoin est repré-senté par l’activité de marche dans les sentiers naturels, sans la présence de l’eau(N = 60). Les individus qui marchaient dans le sentier « Les Graves » et sur le sitedu Petit-Gaspé ont été invités à répondre au questionnaire.

Les questionnaires ont été plastifiés de façon à éviter qu’ils ne prennent l’eau.L’encre utilisée pour imprimer le questionnaire était de couleur verte afin quel’écriture soit très lisible, même sous l’eau. Pour remplir ce questionnaire, lesrépondants ont utilisé un crayon gras d’encre noir qui adhérait bien au plastiqueet résistait à l’eau. De plus, une plaque leur était fournie au besoin en guise d’appui.Pour les plongeurs, les questionnaires étaient collés sur un morceau de coroplastepour assurer une bonne rigidité permettant ainsi de mieux répondre. Finalement,étant donné que nous devions questionner des plongeurs et que nous voulionsmaximiser la participation, le questionnaire était très court. Il pouvait être remplien moins de trois minutes.

La collecte de données a eu lieu lors de la saison estivale 2000 et s’estéchelonnée sur une période de quatre jours, sauf pour l’activité de plongée, où elle

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s’est prolongée jusqu’à la fin de la saison estivale pour maximiser le nombre derépondants de cette catégorie. Le site du parc Forillon a été choisi pour sa proxi-mité de l’eau et pour l’éventail d’activités offertes. Ce choix nous permettaitd’avoir le même l’environnement pour toute les activités, contrôlant du même coupce facteur dans la présente l’étude.

Mesures

La motivation situationnelle (Guay, Vallerand, et Blanchard, 2000). Cette échellede mesure comporte normalement 16 énoncés. Quatre sous-échelles de quatreénoncés sont utilisées afin de mesurer la motivation intrinsèque (MI), la motivationextrinsèque identifiée (ME), la régulation externe et l’amotivation. Étant donnéla nécessité d’avoir un questionnaire très court, un item a été sélectionné par sous-échelle afin de mesurer pourquoi les gens avait choisi d’effectuer un certain typed’activité en lien avec l’eau, au moment de la passation de ce questionnaire. Lestypes de motivation ont donc été mesurés par les énoncés suivants : la MI : « Parceque l’activité est vraiment plaisante » ; la ME identifiée : « J’ai choisi de le fairepour mon bien ; la ME par régularisation externe : « Parce que je sens qu’il fautque je le fasse » et l’amotivation : « Je fais présentement l’activité, mais je ne suispas sûr si cela en vaut la peine ». Les quatre motivations ont été combinées en unseul score afin de créer un index d’autodétermination (voir à ce sujet, Vallerand,1997)1. Une personne ayant un score élevé sur l’index d’autodétermination effectueune activité de loisir par plaisir et choix (sa motivation est autodéterminée), tandisqu’une personne qui a un score faible sur cet index effectue une activité de loisirpar obligation (sa motivation est non autodéterminée).

L’expérience de loisir (Baldwin et Tinsley, 1988). Pour les fins de cetteétude, l’expérience de loisir a été mesurée à l’aide des sept énoncés mentionnésdans l’article de Baldwin et Tinsley (1988). Ces énoncés indexaient respectivementà quel point, en ce moment, un répondant avait l’impression d’être absorbé tota-lement dans l’activité ; de se sentir libre ; de ne pas être centré sur soi-même, depercevoir les objets plus clairement qu’à l’habitude, de ressentir de vives émotions ;d’être plus sensible à ses émotions et ses sentiments et d’avoir perdu la notion dutemps. Un huitième item a aussi été élaboré afin d’indexer la bonne humeur desrépondants. Les sept énoncés de l’expérience de loisir et l’item sur la bonne humeuront été soumis à une analyse factorielle exploratoire de type « MaximumLikelyhood ». Cette première analyse a révélé la présence de deux facteurs. Lesvaleurs propres (Eigen values) sont supérieures à 1 pour chacun des deux facteurset le pourcentage total de variance expliquée par ces facteurs est de 48,8 %. Lepremier facteur (α = 0,62) regroupe quatre énoncés (ressentir de vives émotions ;me sentir complètement absorbé(e) par l’activité que je fais ; me sentir complè-tement libre ; je suis de bonne humeur). Le deuxième facteur (α = 0,60) regroupetrois énoncés (avoir perdu la notion du temps ; ne pas être centrée(e) sur moi-même ; percevoir les objets qui m’entourent plus clairement que d’habitude).

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Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 25, no 1, Marie Lequin (dir.).

L’item « je suis plus sensible à mes émotions et à mes sentiments » n’a pas étéinclus dans les analyses subséquentes parce qu’il saturait d’une manière quasimentégale sur les deux facteurs. Les résultats de l’analyse factorielle confirment laprésence de deux facteurs susceptibles de correspondre aux deux dimensions del’expérience de loisir (Tinsley et Tinsley, 1986). De plus, ces deux facteurs sontmodérément corrélés (r (267) = 0,36, p < 0,01). Le premier facteur se rapporteà une dimension affective, tandis que le second se rapporte à une dimensioncognitive. Ces résultats semblent donc correspondre avec la conceptualisation del’expérience de loisir de Tinsley et Tinsley (1986).

Conséquences de l’expérience de loisir. La satisfaction de vie a été évaluéeà l’aide de l’énoncé suivant : « Je suis satisfait(e) de ma vie » (Schwarz et al., 1987),tandis que l’évaluation de la forme physique d’un individu a été réalisée à l’aidede celui-ci : « Je me sens en bonne forme physique. »

Tous les répondants utilisaient une échelle de type Likert à sept points, allantde (1) « Ne correspond pas du tout » à (7) « Correspond très fortement », afin derépondre aux énoncés présentés dans cette section.

Résultats

Une analyse acheminatoire par régressions multiples a été réalisée afin de vérifierla dynamique entre les antécédents et les conséquences de l’expérience de loisir(Pedhazur, 1982). Dans ce type d’analyse, plusieurs régressions sont effectuéesafin de tester un modèle donné. Lorsqu’un prédicteur se révèle non significatif, ilest retiré de l’analyse et l’analyse de régression est reprise. À titre indicatif, lesmoyennes et les écarts types pour l’ensemble des variables utilisées dans ce modèlesont présentés par catégorie d’activités de loisir au tableau 12.

TABLEAU 1

Moyennes et écarts types par catégories d’activités pour les variables utilisées dans ce modèle

Variables du modèle Catégories d’activités de loisir

1 2 3 4 5M ET M ET M ET M ET M ET

Degréd’autodétermination 10,8 5,9 9,6 5,9 10,2 4,0 10,0 5,8 12,9 3,6Composante affective de l’EL 5,6 1,0 5,6 0,9 5,5 0,7 5,6 0,9 5,9 0,8Composante cognitive de l’EL 4,4 1,4 4,9 1,4 4,5 1,3 4,0 1,4 3,9 1,2Satisfaction de vie 5,7 1,2 6,1 1,0 5,5 1,0 6,1 0,8 5,9 1,3Forme physique 5,2 1,4 5,9 1,2 5,1 1,2 5,3 1,4 5,9 1,1

Note : EL : expérience de loisir ; 1 : Promenade en sentier ; 2 : Promenade au bord de l’eau ;3 : Excursion en kayak ; 4 : Natation ; 5 : Plongée sous-marine.

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Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 25, no 1, Marie Lequin (dir.).

Les résultats présentés à la figure 2 indiquent que la motivation auto-déterminée est corrélée positivement avec la composante affective de l’expériencede loisir (Beta = 0,32, p < 0,01), tandis que le degré d’immersion dans l’eau estrelié négativement à la composante cognitive de l’expérience de loisir (Beta = – 0,20,p < 0,01).

FIGURE 2

Analyse acheminatoire par régressions multiples (Pedhazur, 1982)

Les résultats démontrent aussi que le sexe des répondants (Beta = 0,22,p < 0,01 ; Beta =.16, p<.01 ) et la composante affective de l’expérience de loisir(Beta = 0,34, p < 0,01 ; Beta = 0,38, p < 0,01) sont reliés positivement à laperception de la forme physique et à la perception de la satisfaction de vie,respectivement 3.

Étant donné que le degré d’immersion était négativement relié à la compo-sante cognitive de l’expérience de loisir, une analyse de variance a été effectuéeafin d’établir quelle activité de loisir aquatique influençait la composante cogni-tive de l’activité de loisir. Les résultats de l’analyse de variance [F (4,262) = 4,3,p < 0,05] confirment les résultats de l’analyse de régression. Des tests posthoc4 révèlent que la marche au bord de l’eau (M = 4,9) influence la composantecognitive de l’expérience plus fortement que la natation (M = 4,0) et la plongéesous-marine (M = 3,9). Aucune autre différence significative n’a été détectéeentre les différents activités de loisir aquatique. Dans l’ensemble, ces résultatsconfirment le modèle proposé dans cet article.

Motivationautodéterminée

Contact avecl’eau

Sexe

Composanteaffective

Satisfaction devie

Composantecognitive

Forme physique

0,16

0,380,.22

0,34

0,32

- 0,20

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Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 25, no 1, Marie Lequin (dir.).

Discussion

Le but de l’étude était de tester la dynamique qui existe entre les antécédents etles conséquences de l’expérience de loisir. Plus précisément, le modèle présentédans cet article postulait que la motivation autodéterminée et le degré de contactavec l’eau influencent positivement l’expérience de loisir et en retour, une expé-rience de loisir intense procure des bénéfices importants (une meilleure satisfac-tion de vie et une meilleure forme physique). Dans l’ensemble, les résultatsconfirment le modèle proposé à l’exception de l’hypothèse en lien avec l’eau. Lesrésultats sont interprétés en fonction du modèle de Tinsley et Tinsley (1986), dumodèle hiérarchique de la motivation intrinsèque et extrinsèque de Vallerand(1997) et du modèle de l’infusion d’affect de Forgas (1994, 1995).

L’étude s’intéressait à deux antécédents de l’expérience de loisir, soitl’impact de la motivation, et de l’eau sur l’expérience de loisir. Les résultats decette étude donnent un appui additionnel au postulat voulant que la motivation ades conséquences importantes dans le domaine du loisir (Tinsley et Tinsley, 1986 ;Vallerand, 1997). Bien que certaines études aient démontré l’influence du type demotivation sur l’état de l’individu (le flow [Csikzentmihalyi, 1990] concept simi-laire à l’expérience de loisir) lors de la pratique d’une activité de loisir (Jacksonet al., 1998 ; Kowal et Fortier, 1999 ; Mannel, et al.,1988), la présente étude sedistingue toutefois de celles-ci par ses caractéristiques méthodologiques. D’unepart, notre étude tient compte des différents types de motivation et d’autre part,l’évaluation individuelle (expérience de loisir, motivation, satisfaction de vie etperception de la forme physique) a également été faite pendant l’activité. Lesrésultats démontrent effectivement que la motivation autodéterminée (unepersonne qui effectue une activité de loisir par plaisir et choix) a un impact positifsur la composante affective de l’expérience de loisir, ce qui concorde avec lesrésultats de Pelletier et al. (1996). Plus une personne est autodéterminée lorsqu’elles’adonne à une activité de loisir, plus elle dit ressentir de l’affect positif lors desa pratique.

Les résultats révèlent en outre que le degré de contact avec l’eau n’est pasrelié à la composante affective de l’expérience de loisir ; En revanche, il est corrélénégativement avec la composante cognitive de l’expérience de loisir, contrairementà ce qui avait été prédit. Il semble que le contact direct avec l’eau (l’immersion)favorise un isolation sensorielle chez l’individu, l’amenant à se centrer davantagesur lui-même.

Les résultats de cette étude confirment aussi les propositions du modèlede Forgas (1994, 1995). L’affect positif ressenti lors de la pratique de l’activités’infuse dans les jugements des vacanciers. Plus un vacancier dit vivre une expé-rience de loisir positive, plus il est satisfait de sa vie et plus il se perçoit commeétant en bonne forme physique. Ce résultat est intéressant parce qu’il permet

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d’apporter un nouveau regard sur le modèle de Tinsley et Tinsley (1986). La per-ception des bénéfices du loisir semble être transitoire et influencée par l’affect duparticipant. Des recherches futures devront se pencher sur cette question. Un testplus robuste du modèle de Tinsley et Tinsley (1986) exigera que l’on évalue l’expé-rience de loisir à plusieurs reprises afin de déterminer si le cumul de plusieursexpériences de loisir positives mène effectivement à une meilleure santé mentaleet physique. Bien que les résultats de cette étude appuient le modèle de Tinsley etTinsley (1986), il importe de noter que nous avons utilisé un devis corrélationnelafin de tester ce modèle. De plus, les indicateurs utilisés comportaient un seulénoncé ce qui peut poser un problème au regard de la fidélité de ces indicateurs.D’autres études devront donc tenter de tester les prémisses de ce modèle à l’aidede mesures comportant plusieurs énoncés et d’un devis prospectif et longitudinal.

Malgré ces limites, nous croyons que les résultats de cette recherche peuventavoir des conséquences importantes sur le plan pratique. Le fait que cette étudeappuie la dynamique qui existe entre la motivation, la composante affective del’expérience de loisir et les bénéfices du loisir nous laisse croire qu’il est importantde s’attarder à la façon dont le loisir est dispensé à des participants potentiels.Vallerand (1997) recommande que les programmes de loisir soient structurés demanière à combler les besoins d’autonomie, de compétence et d’appartenancesociale des participants. Le fait de satisfaire ces trois besoins aura pour effet d’aug-menter la motivation autodéterminée des participants à ces programmes. En retour,la motivation autodéterminée influencera positivement l’expérience de loisir (dumoins la composante affective) et, finalement, l’expérience de loisir procurera desbénéfices importants. Bien que cette étude confirme la thèse de Tinsley et Tinsley(1986), il semble maintenant important de comprendre ce qui fait que les gens sontmotivés d’une manière autodéterminée lors de la pratique de leur loisir afin qu’ilsen tirent le plus grand profit.

NOTES

1. Les quatre énoncés représentant les quatre types de motivation ont été soumis à uneanalyse corrélationnelle. Puis, une analyse visuelle des corrélations entre les types demotivation a ensuite permis de confirmer la présence d’un patron corrélationnelde type « simplex ». Cette analyse corrélationnelle supporte donc l’existence ducontinuum d’autodétermination comme l’ont postulé Deci et Ryan (1985, 1991).

2. Une matrice de corrélations de toutes les variables du modèle est disponible surdemande.

3. Une analyse de variance 2 (hommes / femmes) X 5 (activités en lien avec l’eau ; ran-donnée pédestre (groupe témoin) / marche au bord de l’eau / kayak / natation / plongéesous-marine) X 2 (autodétermination faible / autodétermination forte) sur la satisfactionde vie a révélé qu’aucune interaction n’était significative entre ces trois variables

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Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 25, no 1, Marie Lequin (dir.).

(p > 0,05). Aucune combinaison entre ces variables n’a d’impact sur la satisfactionde vie. La même analyse a été effectuée sur la perception de la forme physique et lesrésultats sont identiques à ceux mentionnés auparavant.

4. Des tests en t (p < 0,05) indiquent que les hommes rapportaient être en meilleure formephysique (M = 5,99) que les femmes (M = 5,71). De plus, la perception de la satis-faction de vie était plus élevée chez les hommes (M = 5,70) que chez les femmes(M = 5,19). Bien que ces résultats démontrent qu’il existe des différences significativesentre les deux sexes, les patrons corrélationnels entre les variables utilisées dans cemodèle pour ces deux groupes étaient similaires.

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Annie BENJAMIN et Stéphane PERREAULT

L’expérience de loisir en milieu aquatique

RÉSUMÉ

Cette étude vise à tester un modèle qui explique la dynamique existant entre lesantécédents et les conséquences de l’expérience de loisir. Le modèle stipule quela motivation devrait avoir un impact considérable sur l’expérience de loisir. Plusprécisément, il est prédit que plus une personne est autodéterminée lors de la pra-tique d’une activité de loisir, plus son expérience de loisir devrait être élevée. Lemodèle prédit aussi que la présence de l’eau, lors d’une activité de loisir, influenceral’expérience de loisir, c’est-à-dire que l’intensité de l’expérience de loisir devraitaugmenter en fonction du degré de contact avec l’eau. Finalement, il est prédit

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Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 25, no 1, Marie Lequin (dir.).

qu’une expérience de loisir intense a des effets positifs dans la vie d’un individu.Ainsi, plus l’expérience de loisir d’une personne est intense et positive, plus cettepersonne devrait évaluer sa forme physique et sa satisfaction de vie d’une manièrepositive. Les résultats seront discutés en lien avec le modèle de Tinsley et Tinsley(1986), le modèle hiérarchique de la motivation intrinsèque et extrinsèque deVallerand (1997) et le modèle de l’infusion d’affect de Forgas (1994, 1995).

Annie BENJAMIN and Stéphane PERREAULT

The experience of leisure in aquatic environment

ABSTRACT

The aim of the present study is to test a model which will explain the dynamicbetween the antecedents and the consequences of the leisure experience. The modelstipulates that motivation should significantly impact on the experience of leisure.More specifically, the prediction states that the more the individual is self-directedduring the practice of a leisure activity, the greater should be the impact of theleisure experience. The model also predicts that the presence of water, during aleisure experience, will affect the experience. More specifically, the intensity ofthe leisure experience should increase proportionately to the degree of contact withthe water. Finally, the prediction states that an intense experience of leisure willhave positive effects on the individual’s life. In other words, the more intense andthe more positive the experience of leisure enjoyed by the individual, the morepositively they will assess their level of physical fitness and their satisfaction withtheir life. The results of this study will be discussed in relation with Tinsley andTinsley’s model (1986), Vallerand’s hierarchical model of intrinsic and extrinsicmotivation (1997) and Forgas’ model of affect infusion.

Annie BENJAMIN y Stéphane PERREAULT

La experiencia de la recreación en medio acuático

RESUMEN

El objetivo de este estudio es el de verificar un modelo que explica la dinámicaexistente entre los antecedentes y las consecuencias de la experiencia de la recreación.El modelo estipula que la motivación debería tener un impacto importante sobre

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Tiré de : Loisir et société / Society and Leisure, vol. 25, no 1, Marie Lequin (dir.).

la experiencia de recreación. Más precisamente, se predice que más una personaestá autodeterminada durante la práctica de una actividad de recreación, más suexperiencia de recreación debería ser elevada. El modelo predice también que lapresencia del agua, durante una actividad de recreación, influenciará la experienciarecreativa. Más específico, la intensidad de la experiencia recreativa deberíaaumentar en función del grado de contacto con el agua. Finalmente, se predice queuna experiencia recreativa intensa engendra efectos positivos en la vida de unindividuo. De esta manera, más la experiencia recreativa de una persona es intensay positiva, más esta persona debería evaluar su forma física y su satisfacción devida de una manera positiva. Los resultados serán discutidos vinculándolos conel modelo de Tinsley y Tinsley (1986), el modelo jerárquico de la motivaciónintrínseca y extrínseca deVallerand (1997) y el modelo de la infusión de afectode Forgas (1994, 1995).

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