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L'héritière de Lula devient la première présidente du Brésil

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Avec 56% des voix au second tour, la protégée de Lula bat largement son adversaire social démocrate José Serra. Elle a promis de continuer la politique de son prédécesseur qui quittera le pouvoir au sommet de sa popularité.

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Page 1: L'héritière de Lula devient la première présidente du Brésil

I La Croix I MARDI 2 NOVEMBRE 2010 I 7I MONDE I

A Nagoya, un accord ambitieux pour protéger la biodiversitéLes 193 pays membres de la Convention sur la diversité biologique sont parvenus à un accord, vendredi, au Japon, aux termes duquel 17 % des surfaces terrestres et 10 %des surfaces maritimes seront protégées

Les commentaires sont à la hauteur du soulagement qui prévaut après l’accord obtenu

vendredi à Nagoya pour la pré-servation de la biodiversité. « Un accord historique », s’est enflammé la secrétaire d’État à l’écologie, Chantal Jouanno. Un signe « que les pays sont prêts à joindre leurs forces pour sauver la vie sur terre », selon Jim Leape, directeur général du WWF International. « La plupart des pays étaient représentés par leur ministre de l’environnement, bien conscients du fait qu’un nouvel échec à Nagoya aurait fait prendre dix ans de retard à tous leurs sujets ! »,

glisse un négociateur français, se félicitant de la bonne préparation de l’Union européenne, « qui a su jouer collectif ».

Les discussions entre les 193 pays membres de la Convention sur la diversité biologique, qui se sont achevées vendredi au Japon, s’an-nonçaient difficiles. Et elles l’ont été ! « Tout s’est joué dans un mouchoir de poche, la présidence japonaise ayant mis tout son poids dans la balance pour obtenir un accord in extremis », assure ainsi Lucien Chabason, ex-pert à l’OCDE et conseiller de l’Insti-tut du développement durable et des relations internationales (Iddri).

Les discussions les plus serrées ont porté sur le protocole d’accès aux ressources génétiques, réclamé par les pays du Sud, emmenés notam-ment par l’Inde et le Brésil. L’objectif de ce protocole, en négociation de-puis huit ans, est d’assurer un par-tage plus équitable des ressources générées par les plantes ou autres molécules prélevées dans les pays du Sud et le plus souvent exploitées par les industries pharmaceutiques ou cosmétiques des pays du Nord.

Le protocole adopté à Nagoya pré-

voit que tout utilisateur potentiel de la ressource génétique devra, avant d’opérer un prélèvement, obtenir l’accord du pays fournisseur. Cette autorisation ne sera accordée que sous réserve de la signature d’un contrat de partage des avantages tirés de la ressource.

En dehors de ce cadre général, chacun a dû faire des concessions. L’Union européenne a accepté que les produits dérivés soient intégrés dans le champ d’application du protocole. En revanche, les sa-voirs traditionnels en sont exclus et le protocole n’aura pas d’effet rétroactif. « En compensation, les pays africains ont obtenu la création d’un fonds multilatéral qui pourra être abondé, par les États ou les en-treprises, sur la base du volontariat », précise Claudio Chiarolla, expert à l’Iddri. La France a d’ores et déjà fait savoir qu’elle verserait un million d’euros.

Sur la question financière, les pays du Nord se sont engagés à chiffrer leur aide aux pays en dé-veloppement pour le maintien de la biodiversité d’ici à 2012. Le Japon a d’ores et déjà promis deux milliards

de dollars (1,43 milliard d’euros) sur trois ans et la France s’est engagée à porter cette aide ciblée à 200 mil-lions d’euros en 2012.

En 2000, les pays membres de la convention s’étaient engagés à freiner l’érosion de la biodiversité avant 2010… Un objectif global qui n’a pas été atteint, les espèces et les écosystèmes continuant à dis-paraître à un rythme rapide. Cette fois, le nouveau plan stratégique à horizon 2020 décline des objectifs plus précis : engagement a été pris de supprimer ou à tout le moins de « réformer » les « subventions néfas-

tes » à l’environnement, d’éviter la surexploitation des stocks de poissons et de restaurer 15 % des écosystèmes dégradés. De même, les pays signataires s’engagent à faire de 17 % des surfaces terrestres et de 10 % des surfaces maritimes des aires protégées. « La France aurait souhaité aller au-delà, mais c’est un compromis », assure un négociateur.

Enfin, la création d’une plate-forme d’expertise sur la biodi-versité, à l’image du Giec pour le climat, paraît sur la bonne voie. Les pays de la convention ont in-vité l’Assemblée générale des Na-tions unies à la créer au plus vite. Pour de nombreux observateurs, cette expertise internationale est aujourd’hui indispensable pour mobiliser les énergies et faire prendre conscience des services rendus par la nature à la commu-nauté humaine. « C’est la première fois que les questions économiques ont été aussi présentes dans les dis-cussions », précise un participant, qui souligne le grand nombre d’en-treprises présentes à Nagoya.

EMMANUELLE RÉJU

Le protocole adopté à Nagoya prévoit que tout utilisateur potentiel de la ressource génétique devra, avant d’opérer un prélèvement, obtenir l’accord du pays fournisseur.

f énormes, mais ses thèmes de campagne ressemblaient fort à ceux de l’élection de 2000. Lors de son dernier passage à la télévision, vendredi soir, le président sortant a une fois de plus accusé ses deux principaux challengers d’être des « candidats de l’étranger », et il a ac-cusé « la France de Chirac » d’avoir voulu sa perte.

C’est moins le vote lui-même que l’annonce des résultats qui présente un risque de dérapage. « La tentation de mettre les gens dans la rue existera, surtout si l’écart entre les deux candidats est serré », note un représentant de la communauté internationale. Le représentant de l’ONU, Choi Young-jin, chargé de « certifier » l’élection, a chaudement félicité hier les Ivoiriens d’avoir « relevé le défi », soulignant que le monde gardait les yeux braqués sur la Côte d’Ivoire – façon de décourager toute velléité du pouvoir de « renverser la table », militairement ou par le biais du Conseil constitutionnel, qui lui est dévoué.

À l’échelon national, un discret bras de fer opposait déjà hier le pouvoir à l’opposition. Juste avant le scrutin, l’annonce qu’une entre-prise dirigée par un membre du parti présidentiel avait été désignée pour effectuer la centralisation in-formatique des résultats avait créé l’émoi (lire La Croix du 26 octobre). Également membre du Front popu-laire ivoirien de Laurent Gbagbo, le patron de l’Agence des télé-communications de Côte d’Ivoire avait par ailleurs décrété vendredi la suspension de l’envoi des SMS, alors que ces courts messages transmis par téléphone portable permettent aux partis de faire re-monter les résultats en temps réel. Le premier ministre Guillaume Soro avait annoncé samedi que cette mesure était annulée. Cela n’a pas empêché le ministre de l’intérieur, Désiré Tagro, ancien conseiller de Laurent Gbagbo, de convoquer le lendemain les pa-trons des principales compagnies de téléphone pour leur ordonner de suspendre toute communication téléphonique. Une demande restée sans suite, mais qui témoigne d’une certaine fébrilité dans le camp du président sortant.

LAURENT D’ERSU

PORTRAIT

Avec 56 % des voix au second tour, la proté-gée de Lula a battu largement son adversaire social-démocrate, José Serra. Elle a promis de continuer la politique de son prédécesseur, qui quittera le pouvoir fin décembre, au sommet de sa popularité.

Un ouvrier comme chef d’État, et maintenant une femme élue au poste suprême. Avec l’élec-tion de Dilma Rousseff, dimanche, le Brésil est en train de vivre une seconde révolution. En 2002, Lula avait fait mentir tous les pronostics. Cet ancien métallo originaire d’une famille pauvre du Nordeste s’était hissé sur la plus haute mar-che du pouvoir. C’est aujourd’hui au tour d’une femme de créer la surprise. Candidate du Parti des travailleurs, le parti au pouvoir depuis huit ans, elle s’est fait élire sur un programme simple : continuer la politique de son mentor et de son plus vif défenseur, le président sortant Luiz Inacio Lula da Silva. C’est lui qui, dès 2008, décida de la choisir comme candidate pour lui succéder.

Mais sa victoire au second tour avec 56 % des voix était loin d’être garantie. Lorsque, en mai dernier, elle officialise sa candidature, elle est encore totalement inconnue du grand public. Il lui aura fallu lutter con-tre cet anonymat et surtout convaincre de sa capacité à gouverner le pays. José Serra, le candidat de l’opposition, a passé une grande partie de la campagne électorale à tenter de persuader les électeurs du manque d’expérience de son adversaire. Un discours qui n’a pas fait mouche. Car si, à 62 ans, Dilma Rousseff n’avait jusque-là jamais été candidate à une fonction élective, son passé est celui d’une militante politique et d’une ges-tionnaire intègre et efficace.

Son combat, elle le commence dans les années 1960, en pleine dictature militaire. Membre d’un groupe d’opposants d’extrême gauche, elle est emprisonnée et torturée par ses geôliers. Née dans l’État du Minas Gerais, elle passera « les années de plomb » à Porto Alegre, dans l’État du

Rio Grande do Sul. Au retour de la démocratie, en 1985, elle occupe différents postes, tous liés à la gestion des finances publiques. D’abord à la

mairie de Porto Alegre, puis auprès du gouverneur de l’État. C’est là, en 2002, qu’elle est repérée par Lula, qui la fait venir à Brasilia, d’abord comme ministre des mines et de l’énergie, puis comme chef du gouvernement.

En avril 2009, elle annonce qu’elle est atteinte d’un cancer du système lym-phatique. Soumise à une chimiothéra-pie, elle porte pendant plusieurs mois une perruque. Depuis, elle se soumet régulièrement à des visites de routine, afin de faire taire les rumeurs sur une possible rechute.

Depuis le début de la campagne électorale, en juin dernier, Dilma Rousseff a tout donné pour séduire un électorat sceptique sur sa capacité à prolonger l’héritage du président Lula. Dans le plus grand pays catholique de la planète, elle a dû également clarifier sa position sur la légali-sation de l’avortement. Il y a trois ans, elle s’était déclarée en faveur de l’interruption volontaire de

grossesse. Une position insoutenable au Brésil, notamment pour les Églises évangéliques qui l’ont poussée à se prononcer contre cet acte, autorisé uniquement dans les cas de viol ou de mise en danger de la vie de la mère.

Ces dernières semaines, et notamment depuis son échec au premier tour du scrutin présidentiel le 1er octobre dernier, Dilma Rousseff était apparue fatiguée et abattue. Ses fréquentes extinctions de voix, ainsi que les séquelles d’une entorse de la cheville, la montraient presque résignée.

Mais, parcourant le pays, divisant son temps en-tre débats télévisés, meetings électoraux et visites à sa fille, récemment devenue mère de famille, elle est parvenue à redresser la barre en capita-lisant notamment sur la très forte personnalité de l’actuel chef de l’État. Lula quittera le pouvoir au sommet de sa gloire avec une cote de popula-rité qui dépasse les 80 %. Dilma Rousseff prendra officiellement ses fonctions en janvier prochain pour mettre en place un programme résumé sur ses affiches de campagne par une seule phrase : « Pour que le Brésil continue de changer ».

STEVE CARPENTIER(À São Paulo)

L’héritière de Lula devient la première présidente du BrésilDilma RousseffPrésidente du Brésil

Si, à 62 ans,Dilma Rousseffn’avait jusque-làjamais été candidateà une fonction élective,son passé est celuid’une militante politiqueet d’une gestionnaireintègre et efficace.

Dilma Rousseff a tout donné pour séduire un électorat sceptique. Choisie dès 2008 par Lula pour lui succéder, elle a fait campagne sur un programme simple : continuer la politique de son mentor.

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