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L’hyperacousie Données actuelles Dr. R. BONIVER Professeur Invité Honoraire de la Faculté de Médecine de Liège Conférence donnée au GLEM 0199 – 12.03.2014

L’Hyperacousie (Conférence Glem 12.03.2014)

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L’hyperacousie

Données actuelles

Dr. R. BONIVER

Professeur Invité Honoraire

de la Faculté de Médecine de Liège

Conférence donnée au GLEM 0199 – 12.03.2014

L'hyperacousie est un concept relativement récent, dont la définition et la terminologie restent discutées, ce qui les rend difficiles à appréhender. A côté de l'hyperacousie proprement dite existe la phonophobie à l'origine duquel l'inconfort psychologique joue, sans doute, une part importante.

Nous ne ferons pas la distinction entre ces deux symptômes, dans ce chapitre, car peu de travaux y sont consacrés dans le domaine physiopathologique.

Rappelons que 40 à 45% d’hyperacousies sont associées à un acouphène, ce qui montre le lien étroit entre les deux symptômes. Ces chiffres révèlent inversement que l’hyperacousie est souvent isolée. Pourtant dans ce dernier cas, un acouphène peut survenir ultérieurement, sans cause déclenchante connue. Cette évolution possible fait penser à certains que l’hyperacousie est une forme particulière d’acouphène associée ou non à un acouphène conscient. Cela reviendrait-t-il à dire que les mécanismes physiopathologiques à l’origine des deux symptômes seraient les mêmes ? Rappelons que pour l’acouphène, la localisation et les mécanismes d’introduction et de pérennisation possibles sont nombreux.

Mais lorsque l’hyperacousie reste un symptôme isolé, quelles différences dans les mécanismes mis en jeu pourraient expliquer cette singularité ? Aucune réponse n’existe à cette question, aujourd’hui. Seules quelques hypothèses sont formulées.

- 40 à 45% avec acouphènes

- Si isolée, l’acouphène peut apparaître postérieurement

- Apparition âge moyen de 39 ans

- Prédominance sexe masculin (2/1)

Hypothèse périphérique

- Dysfonctionnement du réflexe stapédien

- Otospongiose opérée avec section du muscle stapédien

- Paralysie faciale

Hypothèses centrales

1) Augmentation anormale du gain des neurones auditifs centraux favorisant la détection de signaux non pertinents appartenant au bruit de fond neuronal expliquant ainsi la co-existence du symptôme acouphène avec celui de l’hyperacousie.

2) Incapacité du système nerveux central d’adapter sa réponse d’alarme.

3) Diminution du métabolisme sérotoninergique, la concentration en sérotonine contrôlant le gain et l’excitabilité des neurones corticaux.

4) Modification de l’intégration temporelle.

5) Hyperexcitabilité des neurones centraux.

Toujours rechercher un dysfonctionnement crânio-mandibulaire

Distinguer :

- Hyperacousie phonophobie

- Hyperacousie recrutement

L’hyperacousie qui se prolonge plus de 6 mois évoluera souvent en phonophobie

Etiologie

- 1/3 lié à traumatisme sonore

- Paralysie du VII

- Otospongiose sévère ou opérée (section muscle du marteau)

- Séquelle de traumatisme crânien

- Désordres endocriniens ou métaboliques

- Troubles psychologiques

Les patients hyperacousiques présentent souvent des troubles psychopathologiques modérés (anxiété, stress, trouble émotionnel…) qui peuvent les conduire à tenter de se protéger de l’agression sonore au moyen d’embouts auriculaires.

L’interaction entre les émotions et la tolérance aux sons est clairement établie et peut être un des facteurs expliquant la variabilité des mesures d’inconfort parmi les indices audiométriques. Il semble que le stress généré par des bruits environnementaux pourrait induire des réactions émotionnelles particulières dans des circonstances bruyantes et des réactions d’ordre cognitif comme des difficultés de concentration dans le bruit chez les patients hyperacousiques.

Syndrome de Thirault-Muller

Le Docteur MULLER est un médecin O.R.L. qui s’occupe particulièrement de patients hyperacousiques.

Il a donné son nom associé à celui d’une de ses patientes à un syndrome décrivant cette affection et son évolution.

Il a créé une A.S.B.L. dans laquelle il regroupe des patients présentant cette symptomatologie.

Diagnostic

- Questionnaire de sensibilité auditive de KHALFA

- Bilan audiométrique - tonal

- vocal

- Test fonction cochléaire

- Seuil réflexe stapédien

- Oto-émissions

- Produits de distorsion acoustique- Ten-Test

- BERA

- Mesure de la dynamique auditive

Ten-Test

En 2000, B.C.J. Moore présentait un nouveau test audiométrique tonal, le TEN-test, censé être aussi efficace que l’utilisation des courbes psycho-acoustiques d’accord (85% environ aussi précis, selon ses travaux) dans la détection de « Zones Mortes cochléaires ». Une « Zone Morte » étant définie par l’absence ou une importante raréfaction des cellules ciliées internes (CCI) dans la cochlée, rendant toute amplification prothétique inutile, voire nuisible à l’intelligibilité selon certains auteurs à l’époque.

Ce test est un test d’audiométrie tonale, d’abord effectuée dans le silence (classique…), puis réeffectuée dans un bruit envoyé de manière ipsilatérale. On demande alors au sujet testé de déterminer son seuil de perception au milieu de ce bruit, appelé « TEN ». TEN = « Threshold-Equalising Noise », ou « Bruit égalisateur de Seuil ».

Ten-Test

L’audiométrie a d’abord été réalisée au casque (ronds rouges) sans le bruit, par pas de 2 dB. Elle est ensuite refaite avec présente du TEN, ici envoyé à 70 dB/ERB. Les seuils « tombent » alors à l’intensité d’émission du TEN, et devraient s’aligner aux environs de 70 dB HL pour chaque fréquence testée. Aucun autre signal masquant ne permet cela, ni le bruit blanc, ni le bruit rose. Le TEN est en effet élaboré de telle sorte qu’il a un pouvoir masquant égal dans chaque ERB, son intensité n’est pas donnée strictement en dB HL, mais en dB/ERB.

- Mesure de la dynamique auditive.

Cette dernière est effectuée dans le but de quantifier l’étendue de perception confortable des intensités considérées. La méthode la plus simple utilise un audiomètre pour présenter des stimulus auditifs progressivement croissants tout en prenant soin de débuter par une faible intensité et de progresser par pas d’intensité très réduits. Le patient indique lui-même son niveau d’inconfort. La dynamique auditive est la différence entre le seuil de perception auditive d’un son pur et le seuil d’inconfort de ce même son correspondant à l’intensité minimale pour laquelle le son est considéré comme inconfortable. Une réduction de la dynamique auditive informera sur l’hyperacousie. Si la courbe du seuil d’inconfort et la courbe de seuil audiométrique tendent à se rapprocher l’une de l’autre, sur une certaine gamme de fréquences, on parle d’hyperacousie. Si, au contraire, les deux types de courbe sont strictement parallèles, on parle de phonophobie. Cette distinction est utile car le traitement des deux syndromes est différent.

Questionnaire de KHALFA

 INTERPRETATION DU QUESTIONNAIREDE SENSIBILITE AUDITIVE

En pratique, les sujets cochent la case correspondant le mieux à l'assertion présentée en choisissant entre "non", "oui un peu", "oui modérément" et "oui beaucoup". Ils répondent, ainsi, à 14 items dont chacun est coté de 0 à 3 points (0 pour la réponse "non", 1 pour "oui, un peu", 2 pour "oui, modérément" et 3 pour "oui, beaucoup"). Le score total, obtenu en additionnant les valeurs de chaque item, est compris entre 0 et 42. Les items peuvent être subdivisés selon leur signification dimensionnelle :

- la dimension attentionnelle est représentée par des items 1 à 4,

- la dimension sociale par les items 5 à 10

- la dimension émotionnelle par des items 11 à 14.

Traitement

- En fonction du diagnostic

- En fonction des aspects psychologiques : essayer d’éviter l’évolution vers la phonophobie.

- T.R.T.

« Acouphènes et hyperacousie »Bernard MEYER

Edité en 2001

Société Française d’Oto-Rhino-Laryngologie et de Chirurgie de la Face et du Cou

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