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O livia Bozzoni-Frin- gant renonce à son poste de déléguée à la préfiguration d’un pôle cho- régraphique d’excellence au Théâtre national de Chaillot. Propulsée par l’Elysée, via le ministère de la Culture où elle exerçait la fonction de conseillère du spectacle vivant, elle devait prendre ses fonctions lundi 7 février. Aucun contrat n’avait été signé par l’administration de Chaillot, mais son poste (6 000 euros net) devait être pris en charge par une «subvention spécifique» de l’Etat. On peut comprendre qu’elle ne se soit pas rendue dans ses nouveaux bureaux : elle n’était pas attendue. Ni par le directeur à venir, Didier Deschamps, nommé mais toujours directeur du Ballet de Lorraine (à Nancy), ni par la directrice en partance (en juillet) pour la Maison de la danse et la Biennale de Lyon, Dominique Hervieu. Pressions. Elle n’était pas non plus bienvenue au Cen- tre national de la danse (CND) de Pantin, dirigé par Monique Barbaroux. Censée étudier le rapprochement, voire la fusion, entre Chaillot et le CND, Olivia Bozzoni- Fringant ne pouvait être cré- dible. Cette étude a en effet déjà été menée en premier lieu par l’ancien directeur du CND Michel Sala et pour- suivie jusqu’à présent. Té- moin, une exposition sur le bal, visible en ce moment et concoctée par les deux structures. Ce qui ne signifie pas pour autant que tout soit mer- veilleux au CND, premier établissement public pour la danse, créé en 1997. Claire Rousier, directrice du dépar- tement mémoire et recher- che, a été poussée vers la sortie. Rupture à l’amiable. Jean-Marc Granet-Bouffarti- gue, directeur de la création et des spectacles, doit, lui, faire face à un licenciement économique selon lui «injus- tifié». Il voyait hier matin son avocat pour porter l’af- faire aux prud’hommes. Rien d’enchanteur non plus à Chaillot. Le «Front Chaillot», réunissant syndi- calistes et certains person- nels non syndiqués, parle de pressions internes et de dé- parts «incités». Alors que les syndicats planchent sur le protocole d’accords de révi- sion de la convention collec- tive (présentation fin fé- vrier), voulue par la présente et la future directions, ils constatent «qu’une dizaine de personnes sont en rupture conventionnelle, et qu’une autre démissionne». Qu’aurait pu faire une Olivia Bozzoni-Fringant dans cette galère ? Peut-être étudier non la fusion mais la dispari- tion d’une des structures dé- volues à la danse (en partie seulement pour Chaillot)… Trop de danse nuit, surtout que ce secteur artistique de- vient un terrain d’expéri- mentation pour toute nou- velle politique. «Tout est permis, ce ne sont après tout que des danseuses de peu de poids, dit Jean-Marc Granet- Bouffartigue. Mais si cela se passait dans le monde du ci- néma ou du théâtre, cela ferait scandale.» Effectivement, on imagine mal le précédent di- recteur de Chaillot jusqu’en 2008, Ariel Goldenberg, en- durer une telle pression. Télécommandée. Si cette histoire malheureuse de no- mination télécommandée passionne le milieu, c’est qu’elle est symbolique du peu de considération dans laquelle sont tenus les artis- tes chorégra- phiques. Pour rappel, Dominique Hervieu, non- candidate à Lyon, y fut nommée, alors même que Didier Deschamps y postulant ne le fut pas mais obtint Chaillot. Quelques jours avant sa nomination au Centre chorégraphique na- tional de Créteil, Mourad Merzouki apprend qu’il de- vra partager la demeure avec Blanca Li (histoire non réso- lue). Au Théâtre National de Chaillot, il n’y aura pas d’emploi fictif. Les deux directeurs s’en réjouissent. MARIE-CHRISTINE VERNAY COUAC La désignation puis le désistement d’une proche de l’Elysée affectent le milieu de la danse. Le mauvais ballet des nominations à Chaillot «Dans le monde du cinéma ou du théâtre, cela ferait scandale.» Jean-Marc Granet-Bouffartigue directeur de la création du CND Une lettre ouverte du cinéma hongrois Des cinéastes hongrois protestent, dans une lettre ouverte, contre la restructuration envisagée des aides publiques au cinéma en Hongrie. «Le gouvernement veut remplacer un sys- tème démocratique, fondé sur l’autogouvernance et assurant ainsi le pluralisme, par un système où une seule personne prend les décisions», dit la lettre publiée dans sa totalité sur le site internet d’information Origo. Picasso à livre ouvert Une Lecture de Picasso a été placée à 30 millions d’euros, au dépôt de vente aux enchères Sotheby’s à Londres. La toile, qui représente la maîtresse du peintre Marie-Thérèse Walter en train de lire, a dépassé l’estimation initiale généreusement fixée par le vendeur à 21,3 millions d’euros. Lilo: retour à la case prison? Rebondissement dans le feuilleton judiciaire Lindsay Lohan: après un peu de prison-désintox en août, «Lilo» a été de nou- veau impliquée, hier, dans une fumeuse histoire de collier volé. Si elle était reconnue coupable, l’artiste pourrait retour- ner au gnouf pour violation de sa période probatoire. «Après avoir publié un magnifique album, le Condamné à mort, avec la collaboration de Jeanne Moreau, et félicité l’équipe Naïve pour son excellent travail, Etienne Daho a décidé courageusement de signer avec Universal pour ses albums plus légers. Je lui souhaite une très belle fin de carrière.» Patrick Zelnik directeur de la maison de disques Naïve, manifestement courroucé d’avoir vu filer le chanteur français The Bad Plus Power trio décapant aux influences pop- rock. New Morning, 7-9, rue des Petites-Ecuries, 75010. Ce soir, 21 heures. Miúcha chante Vinicius de Moraes Années 50 & 60, l’âge d’or de la musique brésilienne. L’Européen, 5, rue Biot, 75017. Ce soir, 20h 30. My Little Cheap Dictaphone Bon groupe belge qui vient de sortir un nouvel album. Café de la Danse, 5, pass. Louis-Philippe, 75011. Ce soir, 20 heures. MÉMENTO Le réalisateur américain Michael Moore attaque en justice Harvey et Bob Weinstein, les producteurs de plusieurs de ses docu- mentaires – dont Fahren- heit 9/11. Suite à des irrégularités financières mises en lumière par un audit daté de 2008, Moore aurait été escroqué sur les bénéfices réalisés par la palme d’or 2004; en con- séquence de quoi, il demande à ses anciens producteurs 2,7 millions de dollars (1,98 million d’euros) de dommages et intérêts. Le film, qui avait enregistré 222 millions de dollars (162 millions d’euros) de recettes dans le monde (dont 100 pour les Etats- Unis), reste le documen- taire le plus lucratif de l’his- toire du cinéma. Ce procès s’ajoute à une longue série de difficultés financières pour les deux frères qui, après avoir jadis cédé Miramax au géant Disney, peinent à sauver la Weins- tein Company, ce qui pour- rait sonner le glas de leur carrière. PHOTO AFP MICHAEL MOORE ESCROQUÉ ? LES GENS 2500 C’est le nombre de Marti- niquais qui auraient parti- cipé, mardi soir à Diamant, à un hommage à Edouard Glissant, écrivain martini- quais mort jeudi dernier loin de sa terre natale (à Paris), dans son quatre- vingt-deuxième hiver. Au Théâtre national de Chaillot. PHOTO PATRICK BERGER LIBÉRATION JEUDI 10 FÉVRIER 2011 CULTURE 27

Libération 10 février 2011 - retrait de Olivia Bozzoni-Fringant à Chaillot

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Le mauvais ballet des nominations à Chaillot

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O livia Bozzoni-Frin-gant renonce à sonposte de déléguée à la

préfiguration d’un pôle cho-régraphique d’excellence auThéâtre national de Chaillot.Propulsée par l’Elysée, via leministère de la Culture oùelle exerçait la fonction deconseillère du spectaclevivant, elle devait prendreses fonctions lundi 7 février.Aucun contrat n’avait étésigné par l’administrationde Chaillot, mais son poste(6 000 euros net) devaitêtre pris en charge par une«subvention spécifique» del’Etat.On peut comprendre qu’ellene se soit pas rendue dans sesnouveaux bureaux : ellen’était pas attendue. Ni par ledirecteur à venir, DidierDeschamps, nommé maistoujours directeur du Balletde Lorraine (à Nancy), ni parla directrice en partance (enjuillet) pour la Maison de ladanse et la Biennale de Lyon,Dominique Hervieu.Pressions. Elle n’était pasnon plus bienvenue au Cen-tre national de la danse(CND) de Pantin, dirigé parMonique Barbaroux. Censéeétudier le rapprochement,voire la fusion, entre Chaillotet le CND, Olivia Bozzoni-Fringant ne pouvait être cré-dible. Cette étude a en effetdéjà été menée en premierlieu par l’ancien directeurdu CND Michel Sala et pour-suivie jusqu’à présent. Té-moin, une exposition sur lebal, visible en ce moment etconcoctée par les deuxstructures.Ce qui ne signifie pas pourautant que tout soit mer-veilleux au CND, premierétablissement public pour ladanse, créé en 1997. ClaireRousier, directrice du dépar-tement mémoire et recher-che, a été poussée vers lasortie. Rupture à l’amiable.Jean-Marc Granet-Bouffarti-gue, directeur de la créationet des spectacles, doit, lui,faire face à un licenciementéconomique selon lui «injus-tifié». Il voyait hier matinson avocat pour porter l’af-faire aux prud’hommes.Rien d’enchanteur non plusà Chaillot. Le «FrontChaillot», réunissant syndi-calistes et certains person-nels non syndiqués, parle depressions internes et de dé-parts «incités». Alors que les

syndicats planchent sur leprotocole d’accords de révi-sion de la convention collec-tive (présentation fin fé-vrier), voulue par la présenteet la future directions, ilsconstatent «qu’une dizaine depersonnes sont en ruptureconventionnelle, et qu’uneautre démissionne».Qu’aurait pu faire une OliviaBozzoni-Fringant dans cette

galère ? Peut-être étudiernon la fusion mais la dispari-tion d’une des structures dé-volues à la danse (en partieseulement pour Chaillot)…Trop de danse nuit, surtoutque ce secteur artistique de-vient un terrain d’expéri-mentation pour toute nou-velle politique. «Tout estpermis, ce ne sont après toutque des danseuses de peu depoids, dit Jean-Marc Granet-Bouffartigue. Mais si cela sepassait dans le monde du ci-

néma ou du théâtre, cela feraitscandale.» Effectivement, onimagine mal le précédent di-recteur de Chaillot jusqu’en2008, Ariel Goldenberg, en-durer une telle pression.Télécommandée. Si cettehistoire malheureuse de no-mination télécommandéepassionne le milieu, c’estqu’elle est symbolique dupeu de considération dans

laquelle sonttenus les artis-tes chorégra-phiques.Pour rappel,D o m i n i q u eHervieu, non-candidate à

Lyon, y fut nommée, alorsmême que Didier Deschampsy postulant ne le fut pas maisobtint Chaillot. Quelquesjours avant sa nomination auCentre chorégraphique na-tional de Créteil, MouradMerzouki apprend qu’il de-vra partager la demeure avecBlanca Li (histoire non réso-lue). Au Théâtre National deChaillot, il n’y aura pasd’emploi fictif. Les deuxdirecteurs s’en réjouissent.MARIE-CHRISTINE VERNAY

COUACLadésignationpuis le désistementd’uneprochede l’Elysée affectent lemilieude la danse.

Lemauvais ballet desnominations àChaillot

«Dans lemondedu cinémaoudu théâtre, cela feraitscandale.»Jean-MarcGranet-Bouffartiguedirecteur de la création du CND

Une lettreouverteducinémahongroisDes cinéastes hongrois protestent, dans une lettre ouverte,contre la restructuration envisagée des aides publiques aucinéma en Hongrie. «Le gouvernement veut remplacer un sys-tème démocratique, fondé sur l’autogouvernance et assurantainsi le pluralisme, par un système où une seule personne prendles décisions», dit la lettre publiée dans sa totalité sur le siteinternet d’information Origo.

Picassoà livreouvertUne Lecture de Picasso a été placée à 30 millions d’euros, audépôt de vente aux enchères Sotheby’s à Londres. La toile,qui représente la maîtresse du peintre Marie-Thérèse Walteren train de lire, a dépassé l’estimation initiale généreusementfixée par le vendeur à 21,3 millions d’euros.

Lilo: retourà lacaseprison?Rebondissement dans le feuilleton judiciaire Lindsay Lohan:après un peu de prison-désintox en août, «Lilo» a été de nou-veau impliquée, hier, dans une fumeuse histoire de colliervolé. Si elle était reconnue coupable, l’artiste pourrait retour-ner au gnouf pour violation de sa période probatoire.

«Après avoir publié unmagnifique album,le Condamnéàmort, avec la collaborationde JeanneMoreau, et félicité l’équipeNaïvepour son excellent travail, EtienneDahoadécidé courageusement de signer avecUniversal pour ses albumsplus légers.Je lui souhaite une très belle finde carrière.»PatrickZelnikdirecteur de la maison de disques Naïve,manifestement courroucé d’avoir vu filer le chanteur français

TheBadPlusPower triodécapant aux influences pop-rock. New Morning, 7-9, rue desPetites-Ecuries, 75010. Ce soir,21 heures.

Miúcha chanteVinicius deMoraesAnnées 50&60, l’âged’or de la musique brésilienne.L’Européen, 5, rue Biot, 75017.Ce soir, 20h30.

MyLittleCheapDictaphoneBon groupe belge qui vient desortir un nouvel album. Café dela Danse, 5, pass. Louis-Philippe,75011. Ce soir, 20 heures.

MÉMENTO

Le réalisateur américainMichael Moore attaqueen justice Harvey et BobWeinstein, les producteursde plusieurs de ses docu-mentaires –dont Fahren-heit 9/11. Suite à desirrégularités financièresmises en lumière par unaudit daté de 2008, Mooreaurait été escroqué sur lesbénéfices réalisés par lapalme d’or 2004; en con-séquence de quoi, ildemande à ses anciensproducteurs 2,7 millions dedollars (1,98 million d’euros)de dommages et intérêts.Le film, qui avait enregistré222 millions de dollars(162 millions d’euros) derecettes dans le monde(dont 100 pour les Etats-Unis), reste le documen-taire le plus lucratif de l’his-toire du cinéma. Ce procèss’ajoute à une longue sériede difficultés financièrespour les deux frères qui,après avoir jadis cédéMiramax au géant Disney,peinent à sauver la Weins-tein Company, ce qui pour-rait sonner le glas de leurcarrière. PHOTO AFP

MICHAELMOOREESCROQUÉ?

LES GENS

2500C’est le nombre deMarti-niquais qui auraient parti-cipé, mardi soir à Diamant,à un hommage à EdouardGlissant, écrivain martini-quais mort jeudi dernierloin de sa terre natale(à Paris), dans son quatre-vingt-deuxième hiver.

Au Théâtre national de Chaillot. PHOTO PATRICK BERGER

LIBÉRATION JEUDI 10 FÉVRIER 2011 CULTURE • 27