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AVERTISSEMENT
Ce document est le fruit d'un long travail approuvé par le jury de soutenance et mis à disposition de l'ensemble de la communauté universitaire élargie. Il est soumis à la propriété intellectuelle de l'auteur. Ceci implique une obligation de citation et de référencement lors de l’utilisation de ce document. D'autre part, toute contrefaçon, plagiat, reproduction illicite encourt une poursuite pénale. Contact : [email protected]
LIENS Code de la Propriété Intellectuelle. articles L 122. 4 Code de la Propriété Intellectuelle. articles L 335.2- L 335.10 http://www.cfcopies.com/V2/leg/leg_droi.php http://www.culture.gouv.fr/culture/infos-pratiques/droits/protection.htm
THESE
Présentée pour l'obtention du grade de
Docteur de l'Université de Lorraine
Spécialité : Mécanique et Énergétique
Par
Clément BAILLARD
Laboratoire d’Énergétique et de Mécanique Théorique et Appliquée
Université de Lorraine, CNRS UMR 7563
2, avenue de la forêt de Haye, BP 160
Simulation numérique du refroidissement parspray en régime de Leidenfrost
Président : Buchlin Jean-Marie Professeur Émérite
Rapporteurs : Harion Jean-Luc Professeur des Universités
Villedieu Philippe Ingénieur de Recherche ONERA & ProfesseurINSAE
Examinateurs : Borean Jean-Luc Ingénieur des Procédés ArcelorMittal
Directeurs dethèse :
Lemoine Fabrice(Directeur)
Professeur des Universités
Caballina Ophélie(Co-direction
Maître de conférences
LabergueAlexandre(Co-direction)
Maître de conférences
THESE
Présentée pour l'obtention du grade de
Docteur de l'Université de Lorraine
Spécialité : Mécanique et Énergétique
Par
Clément BAILLARD
Simulation numérique du refroidissement par sprayen régime de Leidenfrost
Président : Buchlin Jean-Marie Professeur Émérite
Rapporteurs : Harion Jean-Luc Professeur des Universités
Villedieu Philippe Ingénieur de Recherche ONERA & Professeur INSAE
Examinateurs : Borean Jean-Luc Ingénieur des Procédés ArcelorMittal
Directeurs de thèse : Lemoine Fabrice(Directeur)
Professeur des Universités
Caballina Ophélie(Co-direction
Maître de conférences
Labergue Alexandre(Co-direction)
Maître de conférences
Laboratoire d’Énergétique et de Mécanique Théorique et Appliquée
Université de Lorraine, CNRS UMR 7563
2, avenue de la forêt de Haye, BP 160
54504 Vandœuvre-lès-Nancy
Buchlin Jean-Marie Professeur ÉmériteHabilitation à diriger des recherchesVon Karman Institute for Fluid Dynamics, Rhode-St-Genèse (Belgique)
Harion Jean-Luc Professeur des UniversitésHabilitation à diriger des recherchesÉcole des Mines de Douai, Douai
Villedieu Philippe Ingénieur de Recherche ONERA & Prof. INSAEHabilitation à diriger des recherchesONERA, Toulouse
Borean Jean-Luc Ingénieur des Procédés ArcelorMittal, ArcelorMittal Research, Maizières-lès-Metz
Lemoine Fabrice Professeur des UniversitésHabilitation à diriger des recherchesLEMTA, Vandœuvre-lès-Nancy
Caballina Ophélie Maître de ConférencesLEMTA, Vandœuvre-lès-Nancy
Labergue Alexandre Maître de ConférencesLEMTA, Vandœuvre-lès-Nancy
Remerciements :Ce n'est en général pas ainsi que l'on commence les remerciements, mais Amandine, ma compagne,
mérite amplement d'être au sommet de la liste. Merci de m'avoir soutenu et relevé. Merci de m'avoir
montré comment améliorer mes formulations, et comment organiser mes idées. Sans toi je peux
littéralement dire que rien n'aurait été possible.
Je souhaite également remercier les membres de mon jury, en premier lieu Philippe Villedieu et
Jean-Luc Harion d'avoir accepté d'être mes rapporteurs, ainsi que Jean-Marie Buchlin et Jean-Luc
Boréan pour avoir fait partie de mon jury, et enfin mes directeurs : Ophélie Caballina, Alexandre
Labergue et Fabrice Lemoine. J'ai apprécié les observations apportées à mes travaux. Cela m'a
permis de poser dessus un nouveau regard, positif et critique.
J'ai eu 4 directeurs durant ma thèse, 1 par année pourrait-on dire. Benoît tu m'as accueilli et fait
confiance dès mon stage de fin d'études. Tu as été présent tout au long de ce parcours et ce, même
après avoir pris ta retraite (bien méritée). Tu m'as apporté de la confiance pour mon travail. Je te
remercie pour tout. Alexandre et Ophélie, nous avons commencé à travailler ensemble autour de
l'expérience. C'était amusant, enrichissant, long mais pas lent. J'en garde un souvenir formidable.
Cela n'a pas été toujours facile entre nous, mais je vous remercie de m'avoir aidé à débuter et à finir
cette aventure. Ophélie, j'ai fait de nombreux passages dans ton bureau, parfois pour des questions
bêtes (ou dirait-on simple), parfois pour des points cruciaux. On a passé un temps conséquent à
réfléchir ou à organiser des idées ensemble, et parfois débattu sur des points de désaccord où j'ai pu
te faire répéter 100 fois les mêmes choses pour bien comprendre. Cela n'a sûrement pas été tout le
temps facile, alors merci de ta patience et de ton attention. Ce sont des moments qui m'ont permis
d'avancer, de marche en marche. Fabrice tu m'as appris à me battre, et tu m'as permis de gagner ce
combat : merci. J'ai énormément appris sur les relations de travail grâce à toi (et à Denis). J'ai
surtout apprécié les réunions pour la re-lecture de mon manuscrit. Exposer nos points de vues, et
trouver un compromis personnel et scientifique m'a permis de garder la foi! Alexandre, Ophélie, je
vous joins à ces moments également.
J'ai passé plus de la moitié de mon temps de thèse à l'ESSTIN, et que de bons souvenirs. Amine
merci pour ton aide du début de la thèse lorsque je n'avais aucune idée de comment créer une goutte
dans Fluent. Boris tu as brillamment repris le flambeau, sans tes coups de main (et d’œil) je connais
des programmes qui seraient encore buggés et de la physique qui serait bancale. Beaucoup de
thésards sont passés dans mon bureau, et l'inverse aussi. Les dessins de Michael faient à la mousse à
raser, les blagues de Patrice et le tambour contre le mur, les discussions limite-limite avec Laurent,
les "et toi t'en es où" de Romain, Kamil LE collègue de bureau polonais, tout cela restera gravé dans
ma mémoire. Je n’oublie pas le passage de notre collègue espagnole, Noélia. Le début de thèse fut
formidable notamment grâce à toi. Et puis Mélanie (les blagues et les potins), Anne Tanière
(soutien, blagues, amitié, et une confiance inébranlable), Nicolas (coups de main, blagues et
kebabs), Mohammed, Benoît (de nouveau), Fred, Céline, Valérie, Alain, Abdel, ... j'ai tellement de
souvenirs avec vous tous ensemble. J'aimerais vraiment écrire le meilleur moment avec chacun de
vous mais ce serait trop long. Je me rappelle des cafés du matin avec ses discussions de l'actualité,
et ceux de la fin d'aprem riches en échanges scientifiques, conseils et nouvelles sur nos
avancements respectifs. N'arrêtez pas ces moments-là, je crois que c'est d'une utilité fondamentale
pour l'équipe ESSTIN (je devrais dire les équipes:D). Je retiens surtout votre soutien, votre aide,
votre « secouage de puces » si besoin, et la très bonne ambiance, la fraternité ! C'est bien ça qui va
me manquer le plus, cet esprit d'équipe qui nous réunissait tous, les réflexions et discussions calmes
ou animées. Vous m'avez tous permi à un moment de parler de ce que je faisais, vous m'avez
critiqué, conseillé, guidé et cela m'a bien servi. Merci à tous.
Il ne faudrait pas que j’oublie les stagiaires qui sont passés à l'époque (particulièrement Justin
Jacquot) et certains élèves de l'école dont la bonne humeur rendait les jours plus chaleureux.
Enfin je vous remercie tous d'avoir été présents nombreux à ma soutenance. Vous voir tous entrer à
la file indienne m'a fait chaud au cœur.
A l'ESSTIN j'ai également enseigné. Merci à Anne, Eric Landfrid et Gilles Parent de m'avoir offert
la possibilité d'être enseignant, responsable et respectable (je l'espère!). Merci également au service
technique de l'ESSTIN. Sébastien, Jean-Pierre et tous les autres, on a passé des moments cool !
L'autre moitié de ma thèse s'est déroulée à Brabois. D'abord perdu dans ce bureau (presque tout
seul, sauf lorsque les stagiaires dont Julien Hoarau sont arrivés :) ). Puis mon intronisation dans ce
superbe bureau au nord ouest du bâtiment. Merci Cédric de m'avoir laissé ta place dans cette
ambiance et ce confort plein de camaraderie ! La team des poilus: Pierre, Lionel (encore 1 an -->
courage), Nicolas, Bamdad j'ai plein de bons souvenirs avec vous. Merci à Caroline pour l’accueil
qu'elle me faisait dans le bureau lorsque durant la dernière année je ne bossais plus dans le mien.
Les repas RU avec Hugues et Adrian resteront mythiques (n'oubliez pas : le mieux c'est les
exosquelettes!). J'ai sûrement oublié du monde, mais je retiens que j'ai beaucoup souri et ri à
Brabois. Sachez tous que je vous remercie vraiment pour les moments que l'on a pu vivre. Parmi les
permanents, je voudrais particulièrement remercier Michel Gradeck pour l'intérêt qu'il portait à mon
travail et à mon état d'esprit, ainsi que pour son aide, Olivier Botella pour le coup de main au
moment où il le fallait, Benjamin Remy pour l'aide à l'utilisation de FlexPDE (pas de chap. 4 sans
cela!). Enfin un clin d’œil à Alain Delcomte et au service électronique pour les repas à l'INIST de la
dernière année, et les nombreuses discussions que nous avons eues.
Les services de secrétariat et d'informatique savent combien ils ont été nécessaires, utiles et
efficaces pour moi, je vous adore. Merci à Mélanie Thibault, Marie-Luce Boulet, Jean-Paul Gobert,
Nicolas Rogier de l'ESSTIN, ainsi qu'à Edith Lang, Irène Léonard et Ludovic Buhler du site de
Brabois.
La collaboration de mon laboratoire avec L'ONERA m'a permis de collaborer avec Jean-Mathieu
Senoner. Je te remercie pour ta curiosité, tes conseils et nos échanges sur le sujet de la reproduction
numérique du spray. Cela m'a aidé à prendre de la distance sur mon travail, et ce fut salvateur et
encourageant. En ce qui concerne les collaborations, je remercie également Jean-Luc Borean et
Pascal Gardin de ArcelorMittal pour leurs conseils et leur intérêt.
L'organisation du séminaire de l'école doctorale restera un moment exceptionnel durant mon
doctorat. Certes la réécriture du code HTML pour le site du séminaire m'a pris beaucoup de temps,
mais les rencontres que cela m'a permis de faire compensent amplement. Christine, Anthony,
Émilie, Christelle, Amandine, je suis très heureux de vous connaître et espère longtemps vous
côtoyer. Coucou également à Aurélie, amie de ces amies, et une de mes amies maintenant !
Merci à tous ceux de la danse, et surtout Marie-George, Muriel, Anael, Amélie, Mélody, Esther,
Mélanie, Mathieu, Florian et j'en oublie. Vous avez supporté mes blagues le soir, et cela m'a aidé à
attaquer chaque matin ! Et merci d'être venus à la soutenance ;) !
Ma famille ne m'a pas beaucoup vu alors merci de m'avoir attendu, et d'avoir assisté à mon final.
Gabin, j'ai loupé ta naissance, j'avais la tête dans le manuscrit, mais promis je t'en ferai la lecture
pour me faire pardonner ;). Mes amis de toute la France vous avez été là quelques fois, et ça a fait
du bien. Mes colocs, vous m'avez vécu, subi, aidé et encouragé. Je bois à votre santé. Amandine, tu
m'as vécu, subi, aidé et encouragé, et tu l'as fait presque toute seule → MERCIIII
Merci à tous
Table des matières :Nomenclature :.............................................................................................................1
Introduction :...............................................................................................................5
Chapitre 1 : État de l’art.............................................................................................7I. Les sprays, généralités..................................................................................................................8
I.1. Génération d'un spray...........................................................................................................8I.2. Écoulement d'un spray dilué.................................................................................................9I.3. Caractérisation d'un spray...................................................................................................11
I.3.1.Outils statistiques.........................................................................................................12I.3.2.Caractérisation de la phase discrète.............................................................................14I.3.3.Caractérisation de l'échelle globale du spray...............................................................15I.3.4.La phase continue : l'air...............................................................................................15
I.4. Classification des sprays.....................................................................................................16
II. Refroidissement par spray.........................................................................................................18II.1. Régimes et mécanismes du transfert thermique................................................................18
II.1.1.Courbe de Nukiyama..................................................................................................18II.1.2.Courbe transitoire de refroidissement.........................................................................21
II.2. Mécanismes du refroidissement par impact d'un spray.....................................................22II.2.1.Généralités..................................................................................................................22II.2.2.Refroidissement par impact direct..............................................................................23II.2.3.Refroidissement en présence d'un film liquide...........................................................25
II.3. Participation des modes de transfert thermique dans le refroidissement total..................30
III. Modélisation du refroidissement par spray..............................................................................32III.1. Généralités.......................................................................................................................32III.2. Corrélations pour le refroidissement par impact direct de gouttes en régime d'ébullition en film vapeur............................................................................................................................34
III.2.1.Refroidissement par impact direct d'un train de gouttes monodispersées.................35III.2.2.Refroidissement par impact direct d'un spray...........................................................38
III.3. Méthodes et corrélations relatives au transfert thermique en présence d'un film liquide 42
IV. Conclusion...............................................................................................................................44
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray.........................49I. Méthodes et modèles pour la simulation d'un spray...................................................................50
I.1. Outils de simulations applicables aux sprays.....................................................................50I.1.1.Simulation eulérienne de la phase continue.................................................................51I.1.2.Suivi lagrangien de la phase discrète...........................................................................56I.1.3.Couplage du suivi lagrangien à la simulation eulérienne............................................63
I.2. Méthodes d'initialisation d'un spray....................................................................................65
II. Caractérisation du spray étudié : contrainte de simulation.......................................................67II.1. Présentation des dispositifs expérimentaux.......................................................................67
II.1.1.Description du banc expérimental..............................................................................67II.1.2.La technique d'Analyse Phase Doppler......................................................................69II.1.3.Caractéristiques et configuration du dispositif PDA utilisé........................................72II.1.4.Ombroscopie et imagerie rapide.................................................................................73II.1.5.Mesure locale du débit – Méthode des godets............................................................74
II.2. Caractéristiques des grandes échelles du spray.................................................................74II.2.1.Visualisation par caméra rapide des dimensions du spray..........................................74II.2.2.Évaluation du débit surfacique...................................................................................76
II.3. Caractérisation statistique des gouttes du spray................................................................77II.3.1.Diamètre des gouttes...................................................................................................77II.3.2.Vitesse des gouttes......................................................................................................79
II.4. Synthèse.............................................................................................................................80
III. Mise en œuvre de la simulation numérique.............................................................................81III.1. Description du schéma numérique...................................................................................81
III.1.1.Méthodes et modèles de simulation utilisés..............................................................81III.1.2.Domaine de calcul, maillage et conditions limites....................................................83
III.2. Paramétrisation numérique..............................................................................................87III.2.1.Schémas numériques de résolution des équations dans Fluent®..............................87III.2.2.Processus d'initialisation d'une phase discrète dans Fluent®....................................89III.2.3.Résumé des paramètres numériques de la simulation...............................................89
III.3. Initialisation de la phase discrète.....................................................................................90III.3.1.Principe général d’initialisation de la phase discrète du spray : UDF.......................90III.3.2.Données de génération du spray numérique..............................................................92III.3.3.Paramètres additionnels de génération du spray.......................................................97
III.4. Conditions limites du gaz sur la surface S_injection.......................................................97
IV. Simulation de l'écoulement......................................................................................................99IV.1. Validation de la méthode d'initialisation..........................................................................99
IV.1.1.Fonctionnement général.............................................................................................99IV.1.2.Caractéristiques des gouttes initialisées...................................................................100IV.1.3.Synthèse...................................................................................................................104
IV.2. Validation du transport de la phase discrète du spray.....................................................104IV.2.1.Évasement du spray.................................................................................................104IV.2.2.Caractéristique de la phase discrète dans le plan Z = 500 mm................................106
IV.3. Synthèse..........................................................................................................................108
V. Conclusion du chapitre............................................................................................................108
Chapitre 3 : Simulation numérique simplifié de l'impact d'un spray froid sur une surface chaude...................................................................................................111
I. Hypothèses de travail................................................................................................................112I.1. Hypothèse sur la configuration d’impact..........................................................................112I.2. Comportement d'impact des gouttes.................................................................................112I.3. Influence de la plaque chaude sur la dynamique du spray................................................113I.4. Conclusion........................................................................................................................113
II. Configuration numérique........................................................................................................114II.1. Description du schéma numérique..................................................................................114II.2. Domaine de calcul et maillage.........................................................................................115II.3. Conditions limites............................................................................................................116II.4. Schémas et paramètres numériques de la simulation......................................................116
III. Influence de la paroi sur les caractéristiques du spray...........................................................118III.1. Effet de la plaque sur le débit surfacique.......................................................................119III.2. Effet de ségrégation des gouttes en fonction du diamètre..............................................119
III.2.1.Evolution des diamètres statistiques des gouttes.....................................................120III.2.2.Évolution des densités de probabilité du diamètre..................................................121III.2.3.Synthèse sur la ségrégation des gouttes et l’influence sur la répartition du liquide122
III.3. Effet de la plaque sur la trajectoire des gouttes..............................................................123III.3.1.Étude des composantes de la vitesse des gouttes....................................................124III.3.2.Étude des corrélations taille-vitesse........................................................................124III.3.3.Calcul et comparaison des angles d'incidence des petites et des grosses gouttes. . .130III.3.4.Synthèse sur la vitesse et les trajectoires des gouttes..............................................132
Chapitre 4 : Étude numérique du refroidissement d'une plaque chaude soumise à l'impact d'un spray froid.....................................................................................135
I. Principe et méthode de la simulation........................................................................................137I.1. Principe de l'étude numérique...........................................................................................137I.2. Modèles de refroidissement par spray dans la littérature, en régime de Leidenfrost.......138I.3. Grandeurs d'impact du spray utiles pour la corrélation de Yao et Cox.............................138
II. Mise en œuvre de la simulation..............................................................................................140II.1. Schéma numérique et stratégie de simulation.................................................................140II.2. Géométrie et conditions limites.......................................................................................140
II.2.1.Domaine de calcul....................................................................................................140II.2.2.Conditions limites.....................................................................................................141
II.3. Maillage et pas de temps de calcul..................................................................................143
III. Simulation du refroidissement...............................................................................................144III.1. Refroidissement au temps initial....................................................................................144
III.1.1.Aspect général du transfert thermique et contribution des différents modes..........144III.1.2.Analyse du transfert thermique par comparaison avec les caractéristiques du spray............................................................................................................................................146
III.2. Étude transitoire du refroidissement..............................................................................148III.2.1.Evolution de la température....................................................................................148III.2.2.Évolution de la densité de flux de chaleur extraite par le spray..............................149
III.3. Champs de température finaux et homogénéité du refroidissement..............................150
IV. Influence de la dynamique de l’impact du spray sur le refroidissement................................151IV.1. Présentation des configurations de refroidissement.......................................................151IV.2. Caractéristiques générales du refroidissement...............................................................152IV.3. Flux de chaleur extrait au cours de temps......................................................................153IV.4. Courbes transitoires de refroidissement.........................................................................154IV.5. Homogénéité du refroidissement....................................................................................155
V. Synthèse du chapitre................................................................................................................156
Conclusion :..............................................................................................................159
Bibliographie :..........................................................................................................165
Annexes 1) Auteurs référencés pour construire la carte de la figure 1.5............172
Annexes 2) Le modèle TAB.....................................................................................175
Annexes 3) Cartes des paramètres des fonctions d'interpolation de la vitesse pour la méthode d'initialisation..............................................................................177
Nomenclature :
Atrans , Alongi Angles des trajectoires des gouttes avec la plaque dans les plans XZ et YZ[°]
CD Coefficient de traînée
cP Chaleur spécifique [J.kg-1.K-1]
d Ou d p Diamètre de goutte [µm]
d10 Diamètre moyen [µm]
d20 Diamètre surfacique [µm]
d30 Diamètre volumique [µm]
d32 Diamètre de Sauter [µm]
D0 Diamètre / paramètre séparant les petites et les grosses gouttes [µm]
EX , EY , EZRéférentiel du système de coordonnée
E (X )r Moment statistique d'ordre r de la variable X
g Accélération de la pesanteur [m.s-2]
hLV Chaleur de changement de phase liquide → vapeur [J.kg-1]
hT Coefficient de transfert de chaleur [W.m-2.K-1]
I turb Intensité turbulente
k Énergie cinétique turbulente [m2.s-2]
mX Mode de la distribution statistique de la variable X
mom Quantité de mouvement (de l'anglais momentum)
Nu Nombre de Nusselt
N Densité de flux de gouttes [m-2.s-1]
Oh Nombre de Ohnesorge
P Pression [Pa]
Qm Débit massique [kg.s-1]
QV Débit volumique [kg.min-2]
QV Débit surfacique / densité de flux liquide [L.m-2.s-1]
Ra Nombre de Rayleight
Re Nombre de Reynolds
Rμt /μ Rapport de viscosité
SP Maître couple [m2]
St Nombre de Stokes
T sat Température de saturation du liquide [°C]
T w Température de paroi [°C]
t Temps [s]
U 0 Vitesse des petites gouttes [m.s-1]
ULim Vitesse des grosses gouttes [m.s-1]
u rel Vitesse relative entre le liquide et le gaz [m.s-1]
V Volume [m3]
Var (X ) Variance de la distribution statistique de la variable X
u ou v Vitesse [m.s-1]
We Nombre de Weber
x , y ,z Système de coordonnées [m]
X ,Y , Z Axes principaux du système de coordonnées
X ad=X
Z⋅tan(θ longi/2)Coordonnée adimensionnelle dans la direction X
Y ad=Y
Z⋅tan (θ trans /2)Coordonnée adimensionnelle dans la direction Y
X r Moment statistique d'ordre r de la variable X
Symboles :
ΔT w=T w−T L Différence de température entre la paroi et le liquide [°C]
ΔT sat=T w−T sat Température de surchauffe de la plaque [°C]
ΔT sub=T sat−T L Température de sous-refroidissement du liquide [°C]
Δ t Pas de temps [s]
ε Taux de dissipation turbulente [m2.s-3]
εT Efficacité de refroidissement
(ε )ray Émissivité d'un matériaux
θ longi Angle d'évasement longitudinal (direction X)
θ trans Angle d'évasement transversal (direction Y)
λ Conductivité thermique [J.K-1.m-1]
μ Viscosité dynamique [kg.m-1.s-1]
μ log 1er Paramètre de la loi de probabilité log-normale
ν Viscosité cinématique [m2.s-1]
ρ Masse volumique [kg.m-3]
σ Tension superficielle entre un liquide et un gaz
σ log 2nd Paramètre de la loi de probabilité log-normale
σ X Écart type de la distribution statistique de la variable X
σ S.B. Constante de Stefan Boltzmann [W.m-2.K-4]
τ Constante de temps [s-1]
ΦV Facteur de volume cible (voir la méthode d'initialisation du spray)
χV Titre volumique
ω taux de dissipation spécifique de la turbulence [s-1]
I ndices et exposants :
B Relatif à la fragmentation (de l'anglais Breakup)
CHF Relatif au point d'ébullition critique
CP Relatif à la phase continue
DP Relatif à la phase discrète
film Relatif à un film
G Phase gazeuse / air
ini Relatif à l'initialisation du spray
L Phase liquide
lam Relatif à un régime laminaire
leid Relatif au régime de Leidenfrost
m Relatif à la masse (liquide ou gazeux)
p Particule / gouttes
rel Relatif entre le gaz et le liquide, par exemple u rel=uG−u p
sat saturation
sd Relatif à une goutte solitaire (de l'anglais single drop)
sp Relatif au spray
ss Relatif à un train de gouttes (de l'anglais single stream)
turb ou t Relatif à la turbulence (régime ou grandeur associée)
w Plaque / surface (de l'anglais wall)
Sigle s :
Moyenne temporelle ou spatialevol Moyenne volumique
Introduction :Un grand nombre de procédés des industries de transformation de la matière ou de conversion des
énergies nécessitent l’extraction de hauts flux de chaleur.
Les processus d’extraction de flux de chaleur, ou de refroidissement, comprennent en particulier
l'immersion du solide à refroidir dans un liquide (ou trempe), l'impact d’une matrice de jets d’eau
cohérents sur la surface à refroidir, ou encore l’utilisation d'un spray. Le refroidissement par spray
consiste à faire impacter un brouillard de gouttes sur la surface à refroidir. À titre d’exemple, dans
l'industrie métallurgique, la phase de refroidissement fait partie intégrante du traitement thermique,
qui se compose d'une succession de phases de chauffage et de refroidissement qui conféreront au
matériau une micro-structure en relation avec ses propriétés d’usage. Dans les procédés
sidérurgiques, des brames d’acier sont chauffées à près de 1200°C pour faciliter leur laminage à
chaud, puis refroidies de manière extrêmement rapide, avec des taux de refroidissement pouvant
atteindre quelques milliers de K par seconde, en fonction des propriétés microstructurales et
mécaniques désirées. Ces étapes nécessitent un contrôle de la vitesse de refroidissement, du flux de
chaleur ainsi qu’une bonne homogénéité spatiale du refroidissement.
Si les techniques d’impacts de jets d’eau cohérents peuvent paraître simples à mettre en œuvre et
permettent un contrôle du refroidissement jusqu’à des températures assez basses, elles ont
néanmoins l'inconvénient de consommer de grandes quantités de fluide de refroidissement et les
flux thermiques extraits peuvent s’avérer parfois très hétérogènes, ce qui conduit à limiter la qualité
des produits obtenus. De plus, la consommation excessive de fluide de refroidissement induit une
consommation d’énergie accrue, ce qui diminue l’efficacité énergétique globale du procédé.
Le refroidissement par spray ne constitue pas d’ailleurs le seul champ d’application des modèles
d’interaction entre une goutte et une paroi chauffée. Dans un moteur à combustion interne, le
combustible est injecté sous la forme d’un spray de fines gouttelettes qui s’évaporent, cette vapeur
se mélangeant au comburant avant de dégager de la chaleur par combustion. Une partie du spray
impacte sur la paroi de la chambre de combustion, donnant lieu à des phénomènes d’évaporation, de
Figure 1: Banc de refroidissement d'une brame d'acier par des rampes de spray.
dépôt et de formation de film ou d’émission de gouttes secondaires. Ces phénomènes sont d’autant
plus importants pour le fonctionnement global du moteur que la chambre est de petite taille,
correspondant à la tendance actuelle d’évolution des moteurs à combustion interne.
L'utilisation de liquides sous forme dispersés (sprays) peut permettre, dans certaines conditions,
d'atteindre des flux thermiques très élevés, notamment en maximisant les surfaces d’échange entre
le fluide de refroidissement, l’air et la paroi, en particulier en favorisant les changements de phase
(évaporation).
L’interaction d’un spray et d’une paroi chaude constitue un phénomène complexe qui couple
hydrodynamique, transferts de chaleur et de masse. La modélisation fine des phénomènes
d’interaction entre une goutte et une paroi chauffée constitue une étape nécessaire plutôt bien
documentée dans la littérature, même si de multiples verrous scientifiques restent à lever, tels que la
répartition des énergies dans le bilan énergétique de l’interaction goutte-paroi (relation évaporation,
chaleur sensible, flux extrait à la paroi) ou encore l’établissement de modèles hydrodynamiques
dans des régimes complexes tels que l’ébullition en film de vapeur ou l’impact d’une goutte sur un
film liquide déjà présent sur la paroi.
Ainsi, afin de dimensionner correctement les installations industrielles utilisant le refroidissement
par spray, il est nécessaire de disposer d’un outil de simulation suffisamment prédictif qui
permettent de calculer, pour un spray caractérisé par sa distribution surfacique de débit et sa
distribution granulométrique à l’injection, l’évolution de la température de paroi, le champ de
température résultant et le temps caractéristique nécessaire au refroidissement à une température
donnée.
C’est dans ce cadre que s’inscrit l’objectif de ce travail de thèse. Une buse d’injection couramment
utilisée dans l’industrie sidérurgique sera étudiée en utilisant ses caractéristiques mesurées (débit
spécifique, distribution granulométrique, distribution des composantes de vitesse, corrélations taille-
vitesse) afin d’entreprendre la simulation numérique du spray en écoulement libre. Puis l’influence
de la présence d’une surface impactant sur l’écoulement sera envisagée. Enfin, en se basant sur
l’état de l’art, un modèle de refroidissement global sera utilisé afin de simuler sur le plan des
transferts thermiques l’interaction des gouttes et de la paroi et ainsi de déterminer l’évolution du
champ de température de paroi en fonction du temps, ceci en se limitant au régime d’ébullition en
film de vapeur (régime de Leidenfrost). Ce régime particulier correspond au cas où la surface
impactée est très chaude, ce qui conduit à la formation d’un film de vapeur entre le liquide et la
surface chaude, diminuant ainsi les transferts thermiques. Ce régime est en effet très important dans
le domaine du refroidissement des produits sidérurgiques, puisqu’il correspond au premier régime
rencontré lors de la phase de refroidissement. Le régime de remouillage, obtenu lorsque la
température de paroi devient inférieure à la température de Leidenfrost ne sera pas considéré dans
ce travail.
Chapitre 1 : État de l’art
Chapitre 1 : État de l’art
I. Les sprays, généralitésI.1. Génération d'un spray
Un spray est issu de l'atomisation d'une phase liquide dans un environnement gazeux.
L'atomisation correspond à la conversion d'un grand volume de liquide en une collection de
gouttes et de ligaments. Différentes méthodes existent pour générer un spray, parmi lesquelles
forcer le passage d'un liquide à travers un petit orifice/une buse (méthode dite de pression),
mettre en rotation le liquide, arracher des gouttes par l'action d'un flux d'air co- ou contre-
courant à haute vitesse, faire impacter un jet liquide contre une surface, ou encore utiliser des
ondes acoustiques ou des forces électriques. L'essentiel est de créer une force capable de
contrer la tension superficielle du liquide pour le fragmenter. En fonction de l'application
recherchée pour le spray, l'une ou l'autre de ces méthodes peut être privilégiée. Dans le cadre
du refroidissement, les sprays sont généralement obtenus en utilisant des buses générant un
spray conique plein ou plat ou encore des buses « swirl », permettant une mise en rotation du
liquide.
La forme, les dimensions de la buse ainsi que la pression d'entrée vont définir le régime
d'écoulement à l'intérieur de la buse. Ces conditions initiales vont déterminer la vitesse, le
diamètre des gouttes, ou encore l'angle de dispersion du spray lorsque celui-ci est pleinement
développé.
La figure 1.1 montre les étapes successives de la formation d'un spray. La région
d'atomisation primaire est dominée par le liquide, qui se divise en gouttes, ligaments, ou
autres éléments liquides de tailles variables. Les forces en présence sont essentiellement liées
au développement d’instabilités hydrodynamiques et à la propagation d'ondes dans un milieu
liquide continu.
La concentration en liquide dans l'espace occupé par le spray diminue à mesure que l'on
s'éloigne de la buse et les phénomènes physiques évoluent. Dans la région dense du spray, les
interactions entre le liquide et l'air commencent à apparaître. Les transferts de quantité de
mouvement entre les deux phases se traduisent par des processus de déformation et de
fragmentation du liquide : c'est l'atomisation secondaire. Dans le cas où la densité du liquide
est très supérieure à celle du gaz (rapport supérieur à 1000), les forces de traînée et de gravité
sont les forces dominantes. Les interactions gouttes-gouttes (collision, coalescence, rebond,
éclatement) interviennent également.
La région diluée ressemble à un brouillard en déplacement, majoritairement constitué de
gouttes sphériques ou déformées. En prenant en considération l'évasement que prend le spray,
dans la mesure où les gouttes suivent la même trajectoire générale et dans l'hypothèse où la
dispersion turbulente reste modérée, la probabilité de rencontre entre gouttes est faible. Les
transferts de quantité de mouvement, de chaleur et de masse entre les phases liquide (gouttes)
8/195
I. Les sprays, généralités
et gazeuse déterminent les caractéristiques principalement du spray, notamment lorsque les
interactions entre gouttes (collisions) sont minoritaires.
Les frontières limitant ces régions ne sont pas très précisément établies : en effet, il n'existe à
notre connaissance que peu de travaux discutant ce sujet. Gounder et al.[1] précisent qu'un
spray dont le titre volumique χV est inférieur à 1 % est dilué, mais de manière générale, il
est admis qu'en dessous d'un titre volumique de l'ordre de 5 % le spray l'est également. Pour
un volume V tot dans l'espace, le titre volumique est calculé selon l'équation (1.1)
χV=V occupé par le liquide
V tot
avec: V tot=V occupé par le liquide+V gaz (1.1)
D'autres auteurs ([2] [3] [4]) proposent une limite basée sur le débit surfacique, cette limite
étant comprise entre 0.2 et 3.5 L.m-2.s-1.
La suite de notre étude se limitera aux sprays dilués.
I.2. Écoulement d'un spray dilué
En phase diluée, les gouttes ne subissent que les forces aérodynamiques liées à la différence
de vitesse entre elles et l'air qui les entoure. Ces interactions gaz-liquide sont bien connues,
notamment grâce à une succession de travaux réalisés par Faeth et son équipe : [5] [6] [7] [8].
Dans le cas stationnaire, et lorsque la différence de densité entre le liquide et le gaz atteint un
facteur 1000, la principale interaction gaz-liquide est représentée par la force de traînée. La
fragmentation peut également avoir un grand rôle.
La figure 1.2 résume l'ensemble des formes que peut prendre l'interaction gaz-liquide [9]. Elle
est construite en fonction de deux nombres adimensionnels :
9/195
Figure 1.1: Étapes d’atomisation et régions caractéristiques d'un spray
Régiond'atomisation
primaire
Régiondense du
spray
Régiondiluée du
spray
Buse d'injection
CorpusculesLigaments
Gouttes
LigamentsGouttes Gouttes
Chapitre 1 : État de l’art
─ Le nombre d'Ohnesorge, Oh=μ L(ρ Lσd )−1 /2
: il représente le rapport entre les
forces visqueuses et celles liées à la tension superficielle. Il décrit la capacité de
déformation d'une goutte à partir de ses propriétés physiques et de son diamètre. Dans le
cas d'un goutte d'eau de diamètre supérieur à 1µm, on obtient Oh≤0.03 .
─ Le nombre de Weber, WeB=ρ Gu rel
2d /σ L où u rel est la vitesse relative moyenne
entre le gaz et la goutte, compare les forces d'inertie et celles de tension superficielle. La
cohésion de la goutte peut donc s’exprimer par ce nombre.
Dans la gamme Oh≤0.1 les phénomènes sont indépendants du nombre d'Ohnesorge. On
note quatre régimes :
• WeB≤12 : Régime de déformation sans fragmentation.
• 12≤WeB≤20 : Régime de fragmentation bag.
• 20≤WeB≤80 : Régime de fragmentation multimode.
• WeB>80 : Régime de fragmentation shear.
Pour des nombres de Weber très grands ( WeB>800 ), il existe un autre régime nommé
« catastrophique ». La goutte subit alors une fragmentation très rapide de type « explosif ».
10/195
Figure 1.2: Carte de déformation et de fragmentation en fonction des nombresd'Ohnesorge et de Weber, pour des gouttes en écoulement dans une phase gazeuse.
Figure tirée de Faeth[5]
I. Les sprays, généralités
(i) Régime de déformation
Dans la gamme des nombres de Weber WeB inférieurs à 12, la goutte subit une déformation
lui donnant l'aspect d'un ovoïde plus ou moins aplati au lieu d'une sphère. Cette déformation
est plus ou moins marquée en fonction de la valeur du nombre de Weber, dépassant 20% du
diamètre initial pour WeB≥3 . Au-delà de cette valeur, la goutte entre en oscillation.
Ces changements provoquent une augmentation de la traînée de la goutte comparée à celle
d'une sphère.
(ii) Régimes de fragmentation – Mécanismes et résultats
Dans les conditions permettant la fragmentation d'une goutte ( WeB≥12 ), la déformation
prend des formes très variable : un sac en régime bag, un disque en régime shear.
La traînée est très influencée par ces changements. La figure 1.3 présente un exemple de
l'évolution temporelle du coefficient de traînée CD dans le cas d'une fragmentation en régime
bag. Au maximum de la déformation de la goutte t / t *≈2 , le coefficient de traînée est trois
fois plus important que celui d'une goutte sphérique.
I.3. Caractérisation d'un spray
Un spray correspond au transport d'un volume de liquide sous la forme d'un brouillard de
gouttes. Ainsi, il présente l'avantage de maximiser la surface d'échange qui dépend du
diamètre, du nombre de gouttes et du débit liquide. Caractériser un spray nécessite de
connaître à la fois des informations sur les gouttes (diamètre, vitesse, répartition spatiale et
locale des gouttes et du liquide), mais aussi des informations plus macroscopiques comme la
forme générale du spray, l’écoulement d’air engendré ou encore la répartition du liquide dans
l'espace.
11/195
Figure 1.3: Evolution du coefficient de traînée en fonction du temps,dans le cas d'une fragmentation Bag. Figure issue de Faeth[5]
Chapitre 1 : État de l’art
I.3.1. Outils statistiques
Un spray est constitué d’un ensemble d’éléments fluides discrets ayant une certaine
probabilité de présence dans le temps et l’espace. La caractérisation d'un spray nécessite donc
d'utiliser des outils statistiques.
La fonction de densité de probabilité pdf (X ; A , t ) décrit au point spatial A et à l'instant t
la probabilité de trouver une valeur x comprise dans l’intervalle [X ; X +d X ] . Elle respecte
la condition ∫−∞
+∞pdf (X ; A , t )d X=1 . On dit aussi qu'elle est normalisée. Si l'on dispose
d'un échantillon suffisamment grand de la grandeur X , alors l'histogramme formé en prenant
des classes infiniment étroites ressemble à cette fonction. La fonction pdf est aussi
communément appelée fonction de distribution de la grandeur X .
La fonction de répartition Cpdf (X , A , t ) correspond à la probabilité de trouver une valeur
x inférieure à X : Proba(x≤X )=Cpdf (X )=∫−∞
X
pdf (x )d x . On l'appelle également
fonction de densité de probabilité cumulée.
Le tableau 1.1 regroupe les principales grandeurs généralement utilisées dans l'étude
statistique des sprays. Le mode mX est la valeur de X telle que la fonction de densité de
probabilité est maximale. La variance Var (X ) représente la répartition autour de la
moyenne de la population de X . Elle est homogène à [X ]2 . Il est souvent plus aisé de
travailler avec l'écart type σX=√Var (X ) qui possède la même dimension que X. Le
moment le plus connu est celui d'ordre 1 X 1 , également noté X , puisqu'il correspond à la
valeur moyenne.
La densité de probabilité de taille d’une population de gouttes est représentées sous forme
graphique par un histogramme. Afin de donner une représentation mathématique de celle-ci,
de nombreux auteurs ont cherché à représenter la densité de probabilité d’une population de
gouttes à partir d'expressions mathématiques basées sur un nombre réduit de paramètres.
De nombreuses fonctions ont été développées dans le but de représenter les densités de
population de gouttes, notamment en fonction de la technique utilisée pour générer le spray.
Les fonctions de distribution utilisées incluent la loi normale, log-normale, la loi de Poisson,
de Nukiyama-Tanasawa, de Rosin-Rammler ou encore de Weibull. Dans la mesure où les
mécanismes liés à l'atomisation d'un spray ne sont pas encore totalement compris, il n'existe
12/195
Nom Symbole Formulation
Moment statistique d'ordre r E(X )r ou X rE(X )r=∫ X
rpdf (X )dX
VarianceÉcart Type
Var (X )σX
Var (X )=E (X −E (X2))=E (X 2)−E (X )2
σX=√Var (X )
Mode mX ∀ x , pdf (mX )>pdf (x )
Tableau 1.1: Grandeurs statistiques permettant en particulier de caractériser un spray.
I. Les sprays, généralités
pas de règle sur le choix d'une fonction de distribution, ce qui oblige à en tester plusieurs,
avant de choisir celle qui correspond le mieux au phénomène étudié [10].
Un certain nombre de phénomènes d'atomisation présents dans la nature suivent une loi
normale lorsque le logarithme du diamètre est pris comme variable [10]. Dans notre cas, la loi
log-normale reproduit correctement les résultats sur le diamètre des gouttes, qui seront
présentés aux chapitres 2 et 3. On s'attardera donc sur cette loi et sur ses propriétés.
Une variable X suit une loi log-normale de paramètres μ log et σ log2 si la variable
Y=ln (X ) suit une loi normale d'espérance μ log et de variance σ log2 . La densité de
probabilité de la loi log-normale s'écrit :
f (X ;μ log ,σ log)=1
X σ log√2πexp(−(ln X −μ log)
2
2σ log) (1.2)
Cette fonction est valable pour σ log>0 et μ log∈[−∞ ;+∞] , x>0 .
La fonction log-normale est représentée sur la figure 1.4, pour plusieurs couples de la valeur
moyenne X 1 et de l'écart-type σ X . En augmentant la moyenne, la courbe est décalée vers
les valeurs supérieures de X, tout en réduisant la hauteur du maximum. À valeur moyenne
X 1 constante, la diminution de l'écart type peut se traduire par un affaissement de la courbe
(courbe noir vers courbe rouge) ou le contraire (courbe verte vers courbe bleu).
Tous les moments statistiques ainsi que le mode de la loi log-normale existent et sont donnés
par le tableau 1.2.
13/195
Figure 1.4: Représentation de la loi log-normale de la grandeur X,pour plusieurs couples de valeurs moyennes X 1 et d'écarts-type σ X .
Chapitre 1 : État de l’art
I.3.2. Caractérisation de la phase discrète
La phase discrète est constituée des gouttes et autres particules liquides de formes diverses
(ligaments, sphéroïdes par exemple) en déplacement dans une phase continue (l'air). Les
gouttes peuvent être caractérisées par leur taille et les différentes composantes de leur vitesse.
La notion de taille est rendue compliquée par les formes variables que prennent les gouttes
(section I.2). En règle générale, les gouttes sont supposées sphériques de diamètre égal à une
dimension caractéristique de l'objet considéré. La dimension caractéristique d’un objet non
sphérique varie suivant la méthode expérimentale ou numérique utilisée. La population de
diamètres est généralement représentée sous forme d’une pdf en nombre ou en volume, ce qui
offre la possibilité de considérer l'aspect numéraire des gouttes ou l'aspect volumique du
liquide.
Les grandeurs statistiques telles que le mode, la variance, et les moments d'ordre 1, 2 et 3 sont
également utilisées. Les moments permettent respectivement de calculer le diamètre moyen
d10 , le diamètre surfacique d20 et le diamètre volumique d30 . Leurs formulations sont
regroupées dans le tableau 1.3. Le diamètre de Sauter, d32 , correspond au rapport entre le
volume moyen et la surface moyenne des particules. Il est très utile pour l'étude des
phénomènes mettant en jeu des aspects liés au volume ou à la surface tels que les interactions
14/195
Nom SymboleFormulationoù X =d
diamètre moyen d10 d10=X 1
diamètre surfacique (lié à la surface moyenne)
d20 d20=( X 2)1/2
diamètre volumique (lié au volume moyen) d30 d30=(X 3)1 /3
diamètre de Sauter d32 d32=d20
2
d303
Tableau 1.3: Grandeurs caractéristiques pour l'étude statistique du diamètre d des gouttesd'un spray.
Nom Formulation
Moment statistique d'ordre r X r=er μ log+r
2 σ log2
2
Variance Var (X )=(eσ log2
−1)e2μ log+σ log2
Mode mX=eμ log−σ log
2
Tableau 1.2: Grandeurs statistiques pour la fonction log-normale, en fonction desparamètres σ log et μ log .
I. Les sprays, généralités
liquide-air (forces d’inertie, traînée), ou les phénomènes de transport de masse et de chaleur
entre la phase liquide et la phase gazeuse : évaporation, transferts convectifs.
La vitesse est généralement représentée par une pdf en nombre. Les grandeurs statistiques se
limitent à la variance, σu , le mode mu , et la vitesse moyenne u . Enfin, le diamètre et la
vitesse sont très souvent corrélés par une courbe, u=CorrelVit /Diam(d ) , permettant par
exemple de différencier le comportement en vitesse des petites et des grosses gouttes.
I.3.3. Caractérisation de l'échelle globale du spray
À l'échelle globale, le spray est un volume discontinu de liquide en déplacement. La grandeur
la plus commune pour décrire un spray est donc le débit QV [L.s−1] . Cette grandeur ne
comprend toutefois aucune information sur la répartition spatiale du liquide. En revanche,
lorsque l’on s’intéresse aux interactions entre un spray et une paroi plane, le débit surfacique
QV [L.m−2 .s−1 ] constitue une grandeur intéressante. Il est généralement calculé sur une
surface orientée perpendiculairement au sens de l'écoulement. Certaines études s'intéressent
également à la densité de flux de gouttes N[m−2.s−1 ] . L'équation (1.3) donne un ordre de
grandeur de ce paramètre :
N=
QV
πd303 /6
(1.3)
Le titre volumique est également un bon indicateur de la densité d'un spray. Une
approximation est donnée par l'équation (1.4).
χV=QV
uvol
où uvol est la vitesse moyenne des gouttes pondérée par leur volume.
(1.4)
La vitesse uvol s'approche de la vitesse moyenne u classique lorsque le profil de la pdf du
diamètre, exprimé en volume, est plat.
I.3.4. La phase continue : l'air
La phase continue dans laquelle se déplacent les gouttes joue un rôle important, comme cela a
été évoqué dans la section I.2.
Ses caractéristiques physiques sont sa masse volumique ρG et sa viscosité μG ,
généralement considérées comme constantes dans les conditions où la vitesse d'écoulement
uG reste très inférieure à la vitesse du son locale, qui ne dépend que de la température du
gaz.
La phase continue est simplement caractérisée par la vitesse locale uG(X , t) et par la
pression locale PG( X , t ) du gaz.
15/195
Chapitre 1 : État de l’art
I.4. Classification des sprays
Les sprays sont aussi variables que les méthodes utilisées pour les générer : les différences
tiennent aussi bien des caractéristiques de la distribution des gouttes (pdf des tailles) que de la
répartition globale du liquide dans l’espace. La classification des sprays est une étape
nécessaire qui permettra ultérieurement de décrire la physique de l'écoulement du spray et du
refroidissement par spray.
Les interactions liquide-air ainsi que l'impact des gouttes sur une surface mettent en jeu la
cohésion de la goutte (atomisation, éclatement) et la dissipation de son énergie cinétique, ce
qui amène à considérer deux nombres adimensionnels : le nombre de Reynolds Resp
(équation 1.5) qui compare les forces d'inertie et de viscosité, et le nombre de Weber Wesp
qui compare les forces d'inertie et de tension superficielle (équation 1.6), le nombre
d’Ohnesorge vu précédemment se déduisant à partir de ces deux derniers par :
Ohsp=√Wesp /Re sp
Re sp=ρ L ud 30
3
μL d 202 =
ρ Lu d32
μ L
(1.5)
Wesp=ρ L u
2d30
3
σ L d202 =
ρ L u2d 32
σ L
(1.6)
L'indice « sp » signifiera que ces nombres sont construits à l'échelle globale du spray et non
sur une goutte individuelle particulière. Chacun de ces nombres représente le rapport entre
une force volumique et une force surfacique, dont les statistiques à l'échelle du spray
dépendent respectivement de la surface moyenne d20 et du volume moyen d30 . Ces nombres
peuvent être ainsi construits à partir du diamètre de Sauter d32 , pour ce qui concerne
l’échelle spatiale. Contrairement aux grandeurs présentées dans le paragraphe I.2 sur
l'écoulement du spray dilué, ces nombres de Reynolds et de Weber s'écrivent uniquement à
partir des propriétés physiques de la phase dispersée ρ L , μ L et σ L .
Pour calculer ces grandeurs, il est plus juste d'utiliser la vitesse relative entre le gaz et les
gouttes, u rel=uG−u . Il faut toutefois noter que le champ gazeux est généralement plus
difficilement accessible expérimentalement.
Le nombre de Weber des gouttes permet de qualifier leur comportement lors de l'impact avec
une surface : rebond, déformation, éclatement ; il est souvent placé en premier plan dans
l'étude de ces phénomènes, devant le nombre de Reynolds.
Le comportement du spray à l’échelle des gouttes sera donc décrit par le nombre de Weber, le
comportement global par le flux surfacique liquide, ce dernier étant un paramètre essentiel
pour l’étude des interactions gouttes-paroi.
La figure 1.5 regroupe les domaines d'étude utilisés dans plusieurs références disponibles
dans la littérature. Seules les études qui traitent d’impacts sprays-paroi ou de refroidissement
16/195
I. Les sprays, généralités
par sprays ont été considérées. On trouvera la liste des références ayant permis de construire
cette carte en Annexes 1) .
Peu de références correspondent à l’utilisation d’un débit surfacique très élevé. De plus, un
grand nombre d’études concernent des sprays composés de très petites gouttes, très rapides.
Les débits QV sont de l'ordre de 1 à 2 L.min-1. Pour obtenir un débit surfacique élevé, les
auteurs ont limité leurs études à une zone proche de la buse (2 à 10 diamètres de buse).
Le titre volumique a également été représenté sur la carte de la figure 1.5. Les valeurs sont
calculées à partir de l'équation (1.4). On observe que les titres volumiques les plus importants
correspondent aux flux surfaciques les plus grands. Les valeurs sont toutefois toutes
inférieures à quelques pour-cents et correspondent donc à des sprays en régime dilué.
Afin de mieux appréhender la suite de ce travail de thèse, le tableau 1.4 regroupe les
principales caractéristiques du spray qui sera étudié dans la suite de ce travail. La gamme
correspondante est matérialisée par l'ellipse hachurée sur la figure 1.5. Il apparaît clairement
que le domaine d'étude de cette thèse est peu référencé, à notre connaissance, dans la
littérature.
17/195
Figure 1.5 : Classification des sprays utilisés dans des études d'interaction spray-paroidans la littérature.
Chapitre 1 : État de l’art
II. Refroidissement par sprayII.1. Régimes et mécanismes du transfert thermique
II.1.1. Courbe de Nukiyama
La méthode la plus simple pour refroidir un solide « chaud » est de le plonger dans un liquide
« froid ». On appelle cela une trempe ou un bain. Les phénomènes de transfert thermique
observés ont été décrits par Nukiyama en 1934 [11], lors d’une expérience sur la chauffe et le
refroidissement d’un fil électrique plongé dans un bain d’eau. Ces observations furent
complétées par celles de Drew et Mueller en 1937 [12], et permirent d’établir une courbe
typique du transfert thermique.
18/195
Grandeur s Gamme
Diamètre de Sauter d32 [µm] [ 300 ; 500 ]
Vitesse moyenne u [m/s] [5 ; 20]
Nombre de Weber We [100; 2000]
Débit surfacique QV [L/m²/s] [40 ; 150]
Tableau 1.4: Caractéristiques principales du spray utilisé dans cette thèse
Figure 1.6: Courbe de Nukiyama pour une surface en refroidissement dans un bain liquide.
Point de Leidenfrost
Régim
e m
ono
ph
asi
que
Régime d'ébullition
nucléée Régime de transitionRégime d'ébullition en film
de vapeur
Point d'ébullition critique
hT[W
.m−
2.K
−1]
qT[W
.m−
2]
qT
hT
ΔT w=T w−T L[°K ]
II. Refroidissement par spray
La courbe de Nukiyama (figure 1.6, courbe trait plein, échelle de droite) exprime le flux de
chaleur extrait à la paroi, qT , en fonction de la température caractéristique ΔT w=(T w−T L)
, avec T w la température de la paroi et T L la température du liquide. Le coefficient de
transfert thermique hT(ΔT w) défini par l'équation (1.7), est également présenté sur la figure
1.6 (courbe pointillée, échelle de gauche).
qT=hTΔT w (1.7)
D'après l'équation (1.7) le terme hT modélise les phénomènes physiques (ex : changement de
phase, convection), indépendamment du gradient de température entre la surface et le fluide.
Les courbes de hT et qT mettent particulièrement bien en évidence quatre régimes de
refroidissement. Par ordre croissant de température ΔT w on trouve : le régime
monophasique, le régime d'ébullition nucléée, le régime de transition et le régime d'ébullition
en film de vapeur, appelé aussi régime de Leidenfrost.
(i) Régime monophasique
Lorsque T w≤T sat , T sat étant la température de saturation du liquide, le transfert thermique
se fait par conduction directe entre la paroi et le fluide, ou éventuellement par convection. Le
coefficient de transfert thermique est généralement assez faible.
(ii) Régime d'ébullition nucléée
On considère en général qu'au-delà de T sat , le liquide
peut changer de phase. En réalité, les conditions
physiques permettant de générer de la vapeur dépendent
aussi de la pression ambiante, de l'affinité du liquide
avec la surface, ou encore de la tension superficielle du
liquide. Ces conditions sont réunies dans les sites de
nucléation ou site d'ébullition, qui correspondent à des
aspérités à la surface du solide, mais aussi à des
poussières et contaminants qui peuvent se trouver dans
le liquide ou sur la surface du solide.
La figure 1.7 schématise un site de nucléation dans lequel une bulle grandit. La croissance de
la bulle nécessite de contrer la tension superficielle du liquide et dépend de l'angle de contact.
Ainsi, l'angle d'ouverture Φ du site d'ébullition est une propriété importante. Plus Φ est
petit, moins la température nécessaire à l'activation d'un site d'ébullition est grande. La
croissance d'une bulle s'accompagne de la diminution de la température de la paroi au niveau
du site, mais aussi autour, au point d'empêcher toute activation des sites environnants. La
bulle croît et stagne sur la paroi jusqu'à atteindre une taille critique. Alors elle se détache et
s'éloigne de la paroi. Pour permettre la croissance d'une nouvelle bulle, il faut attendre la
remontée en température du site. Chaque site d'ébullition possède entre autres caractéristiques
une fréquence de création de bulle, une taille de bulle ainsi qu'une température d'activation.
La surface d'un matériau est recouverte d'une multitude de sites, de forme, de profondeur et de
19/195
Figure 1.7: Schéma d'un sited'ébullition, d'ouverture Φ
Chapitre 1 : État de l’art
taille différente. Le nombre de sites de nucléation activé croît avec la température à la paroi.
Cela se traduit visuellement par quelques bulles de vapeur à faible température, puis par
l'apparition de colonnes de plus en plus importantes à mesure que la température croît.
Le régime de nucléation est compris entre la température d'ébullition, souvent T sat , et la
température de flux de chaleur critique T CHF . Le flux de chaleur croît entre ces deux
températures, proportionnellement au nombre et à la taille des bulles formées.
(iii) Ébullition critique
Il existe une limite à la quantité de vapeur qui peut se trouver simultanément sur la surface.
Lorsque deux bulles de vapeur fusionnent, elles créent un film isolant. Le transfert thermique
est alors réalisé par la conduction dans la vapeur seulement, ce qui se traduit par une
diminution du coefficient de transfert thermique : hT<hT,max . Toutefois, le flux de chaleur
continue à croître puisque le gradient de température est grand. Le phénomène de « crise
d'ébullition » apparaît au point d'inflexion de la courbe du flux de chaleur, lorsqu'une
augmentation supplémentaire de la température n'est plus suffisante pour contrer la
diminution de hT . Le maximum de flux de chaleur est appelé « flux de chaleur critique »,
noté qT, CHF .
(iv) Régime de transition et point de Leidenfrost
Le régime de transition est compris dans la gamme de température [T CHF ; T Leid ] . Une fois les
premières bulles de vapeur fusionnées, un film irrégulier de vapeur se forme sur la surface. À
mesure que la température croît dans ce régime, une plus grande surface est recouverte de
vapeur et l'épaisseur du film augmente. Ce régime est souvent cité comme difficile à atteindre
expérimentalement à cause de la sensibilité du film de vapeur aux influences extérieures (ex :
vibrations, courant d'air) capables de déstabiliser le film de vapeur et de le rompre, entraînant
la reprise de l'ébullition nucléée.
Le point de Leidenfrost (T Leid ,qT,leid ) correspond à l'état où toute la surface est recouverte
d'un film de vapeur. Le flux de chaleur, ainsi que le coefficient de transfert thermique passent
alors par un minimum local.
(v) Régime d'ébullition en film de vapeur
Quelle que soit la température T w>T Leid appliquée, le film de vapeur fait office d'isolant
entre le liquide et la plaque. On parle de régime d'ébullition en film de vapeur (ou régime de
Leidenfrost). Son existence est liée à l'équilibre entre la quantité de vapeur créée à l'interface
liquide-vapeur et la quantité de vapeur qui s'échappe. Le transfert thermique est limité par la
conduction au travers du film fin de vapeur (d’une épaisseur de quelques microns
généralement) ; le coefficient de transfert thermique est constant. Dans ce régime, le flux de
chaleur dépend linéairement de la température de paroi.
20/195
II. Refroidissement par spray
II.1.2. Courbe transitoire de refroidissement
La forme de la courbe de Nukiyama n'est valable que dans le cas stationnaire, où la mesure du
flux de chaleur est réalisée après stabilisation de la température T w . Nukiyama avait déjà
montré en 1934 [11] que lors d'un protocole de type chauffe, correspondant à la mesure de
l'évolution transitoire de la température sous l'effet d'un flux thermique imposé, ou d'un
refroidissement transitoire, correspondant à une surface initialement chaude plongée dans un
bain froid, les régimes précédemment cités n'apparaissent pas tous et pas toujours dans les
mêmes conditions.
Le refroidissement par spray concerne le cas particulier du refroidissement transitoire d'une
plaque initialement chaude, sous l'action d'un spray. Ce refroidissement est décrit par
l'évolution conjointe à la paroi du flux thermique qT et de la température T w , en fonction
du temps.
Dans la plupart des configurations de refroidissement, l'évolution de la température et du flux
de chaleur en fonction du temps est identique [13]-[14]. Les travaux de Ciafalo et al. [13] sur
le refroidissement par spray consistent à refroidir une plaque verticale en utilisant deux sprays
de type swirl placés de part et d’autre de la plaque. Ces auteurs présentent un exemple de
courbe de refroidissement (figure 1.8).
Au début de la phase de refroidissement, la température de la paroi est très élevée. Cependant
le flux thermique extrait à la paroi demeure relativement modeste, ce qui est caractéristique du
21/195
Figure 1.8: Courbe de refroidissement (figure tirée de [13]).
Temps depuis le début du refroidissement [s]
Tem
péra
ture
[°K
]
Flu
x de
cha
leur
[W.m
-2]
qT
T w
Point de remouillage
Ebullition critique
Chapitre 1 : État de l’art
régime d'ébullition en film vapeur. À mesure que la température décroît, le film de vapeur
s'affaiblit puis se rompt. Il n'y a, à notre connaissance, aucun consensus sur le processus qui
mène à la rupture, mais la diminution progressive de l'épaisseur du film de vapeur constitue
une hypothèse crédible. Le point de remouillage est alors atteint : il s’agit du premier instant
où du liquide entre en contact direct avec la surface, permettant la reprise de l'ébullition. Ce
point coïncide avec le point de Leidenfrost. Le changement brutal du phénomène responsable
de l'échange de chaleur se traduit par la chute rapide de la température de paroi et une
augmentation du flux extrait. Une fois la phase d'ébullition critique passée, le nombre de sites
de nucléation activé diminue, se concrétisant par une chute du transfert thermique, également
visible par la diminution de la pente de l’évolution de la température en fonction du temps.
II.2. Mécanismes du refroidissement par impact d'un spray
II.2.1. Généralités
Il existe des similitudes entre les régimes et les phénomènes physiques mis en évidence dans
les cas du refroidissement en bain et du refroidissement par spray. Toutefois, ces deux types
de refroidissement comportent des différences fondamentales. D'une part, un spray est
discontinu et se compose de deux phases et d'autre part, le refroidissement par spray dépend à
la fois de la répartition du flux liquide dans l’espace et des caractéristiques propres aux
gouttes (pdf des diamètres et des vitesses entre autres caractéristiques). Ces spécificités sont
responsables de mécanismes propres à l'interaction entre un spray et une plaque chaude.
Dans certaines conditions de refroidissement, un film liquide prend forme sur la surface. Les
conditions d'apparition de ce film nécessitent généralement un débit surfacique important, une
surface d'impact suffisamment grande pour que le film puisse se développer et des conditions
thermiques particulières. Ce film liquide n'étant pas nécessairement continu, la surface de la
plaque se présente comme une succession de zones liquides ou asséchées [15]. On définit
deux configurations de refroidissement par spray :
─ L'impact direct : la plaque est asséchée, ou tout juste humide. Les gouttes impactent
directement la surface et le transfert thermique s’effectue soit directement entre la
surface et la goutte déformée par l’impact sur la paroi, soit par l’intermédiaire d’un film
de vapeur se formant entre la goutte déformée et la paroi dans le cas du régime de
Leidenfrost.
─ L'impact sur un film liquide : la plaque est alors noyée par le spray. Les gouttes
impactent le film liquide, mais le transfert thermique est causé par plusieurs
phénomènes : convection par le film liquide, évaporation directe, ébullition, impact de
gouttes.
Dans le cas général d'un refroidissement par spray, ces deux configurations peuvent coexister.
Les deux paragraphes suivants développent successivement chacune des configurations.
22/195
II. Refroidissement par spray
Les termes d'impact horizontal et vertical seront parfois utilisés. Ces termes correspondent
respectivement à l'impact d'un spray injecté horizontalement sur une plaque verticale et à
l'impact d'un spray injecté verticalement sur une plaque horizontale.
II.2.2. Refroidissement par impact direct
Cette configuration existe dans des conditions de refroidissement où la plaque n'est pas noyée.
En pratique, cela signifie que la goutte doit quitter la paroi ou s’évaporer avant l'arrivée d'une
goutte suivante au même endroit, minimisant ainsi les risques de coalescence à la paroi. Ces
conditions sont notamment atteintes lorsque le débit surfacique est modéré, le flux de chaleur
élevé, ou encore dans le cas d'un impact horizontal (surface impactée verticale). Dans cette
configuration, les mécanismes du refroidissement et l'efficacité du transfert thermique
dépendent directement des régimes d'impact des gouttes sur la paroi.
Deux familles d’impact d’une goutte sur une paroi chaude peuvent exister : (a) l'impact
mouillant, lorsque le liquide se dépose sur la surface de la plaque ; (b) l'impact non-mouillant,
lorsque le liquide n’entre pas en contact direct avec la paroi.
(i) Grandeurs adimensionnelles pour l'étude de phénomènes d'impact direct
Les nombres de Weber, d’Ohnesorge ou de Reynolds sont très employés pour l'étude de
l'impact direct des gouttes sur une paroi sèche. Mundo et al. [16] ont introduit une grandeur
adimensionnelle unique qui permet de définir des limites entre les différents mécanismes
physiques, le nombre de Mundo K :
K=WeOh−04 (1.8)
En plus du nombre de Weber, cette grandeur permet de considérer l'effet, de la viscosité du
liquide sur les comportements d'impact. L’exposant affecté au nombre d’Ohnesorge laisse
présager d’un impact relativement modéré de la viscosité du liquide.
On distingue trois régimes d’impact : dépôt, rebond, éclatement. Ces régimes sont positionnés
sur le diagramme de la figure 1.9 en fonction du nombre de Mundo K et de la température
adimensionnelle T * , définie par l'équation (1.9). Les points positionnés sur la carte
compilent les résultats extraits de Cossali et al. [17] et Dewitte et al. [18].
T *=T w−T sat
T leid−T sat
(1.9)
Les mécanismes propres à chaque régime varient en fonction de la température de la paroi. Il
convient donc de séparer les comportements d'impact dans les conditions T sat<T w<T leid , de
ceux dans les conditions T w>T leid , c'est-à-dire 0<T *<1 dans le premier cas et T *>1 dans
le second.
23/195
Chapitre 1 : État de l’art
(ii) Régime d'impact pour une condition de température T * < 1
On distingue trois régimes d’impacts, un étant non-mouillant et les deux autres mouillants.
À faible température (0<T *<0.5) , un régime de type mouillant est observé. La goutte se
dépose sur la paroi, ce qui conduit à la formation d’un film liquide, qui, en fonction de la
température de paroi, peut bouillir et s’évaporer (voir II.1.1.(ii)). Dans le cas d’un film
bouillonnant, la génération de vapeur provoque l'éclatement du film liquide, menant à la
formation et à l’éjection de gouttes secondaires.
Pour des températures de paroi plus élevées (0.5<T *<1) deux régimes d'impact existent.
Le régime (non-mouillant) de rebond apparaît pour des nombres de Mundo faibles. L'énergie
cinétique incidente est suffisamment faible pour que la tension superficielle maintienne la
cohésion de la goutte. La goutte s'écrase sur la plaque, sans se rompre, s'étale puis se
reconstitue et repart. Une part de l’énergie cinétique est dissipée sous forme visqueuse.
L'énergie thermique est transmise par conduction entre la paroi et la goutte, avant d'être
évacuée par le liquide. Une fraction du volume de la goutte peut s’évaporer.
Pour des nombres de Mundo plus élevés ( K>1000 ), le second régime dit de splashing ou
d'éclatement est observé. La goutte impacte la paroi, se déforme, puis le film liquide créé se
rompt, provoquant ainsi l’éjection de gouttes secondaires. Une fraction du liquide peut
également s’évaporer en fonction des conditions thermiques.
24/195
Figure 1.9: Diagramme K−T * des régimes d'interaction goutte-paroichaude, sans film liquide. (Mesures expérimentales de [17] et [18]).
II. Refroidissement par spray
(iii) Régime d'impact pour une condition de température T * > 1
Ces conditions thermiques nous placent dans le régime d'ébullition en film de vapeur (régime
de Leidenfrost). À l’approche de la paroi, une petite fraction de la goutte est rapidement
vaporisée, cette vapeur formant un film isolant le liquide de la paroi. On distingue alors deux
régimes d'impact, de type non-mouillant.
Ici, les données seront présentées en termes de nombre de Weber, plutôt qu’en nombre de
Mundo.
Pour un nombre de Weber faible We≤30 , un régime de rebond est observé. La dynamique
de la goutte est toutefois différente à cause de la présence du film de vapeur.
Pour un nombre de Weber plus élevé (30<We<70) , la goutte s’étale sur la paroi puis, pour
les nombres de Weber élevés, peut éclater après étalement, en générant une ou plusieurs
gouttes secondaires. À mesure que le nombre de Weber croît, le nombre de gouttes
secondaires augmente.
Au-delà de We>70 , on retrouve un régime d'éclatement, avec la génération de nombreuses
gouttes secondaires polydispersées en taille et en vitesse, ceci dans la phase de déformation
initiale de la goutte.
(iv) Rôle des gouttes secondaires dans le refroidissement par impact direct
La figure 1.5 montre que dans le cadre du refroidissement par spray, la majeure partie des
sprays étudiés dans la littérature comprennent des gouttes dont le nombre de Weber est
supérieur à 100. Le régime d'éclatement est donc principalement rencontré, ce qui implique
un nombre important de gouttes secondaires.
Yao et Choi [2] ont étudié différentes configurations d'impact d'un train de goutte
monodispersé sur une surface, en régime de Leidenfrost, pour des nombres de Weber
We∈[160−380] . Les impacts ont été réalisés verticalement et horizontalement. La
configuration horizontale (plaque verticale) permet d'évacuer le liquide par l'action de la
gravité. Ainsi, les gouttes secondaires ne retombent pas sur la surface et ne participent pas au
refroidissement. Ces auteurs observent que le refroidissement en impact vertical est
considérablement supérieur au refroidissement en impact horizontal, ce qui montre que l’effet
des gouttes secondaires n’est pas négligeable dans le processus de refroidissement par impact
direct.
II.2.3. Refroidissement en présence d'un film liquide
Lorsque la plaque reçoit continuellement un débit liquide QV trop important pour être
évaporé, ou susceptible de favoriser la fusion de plusieurs gouttes étalées à la paroi, le liquide
s'écoule vers les bords sous la forme d'un film liquide, puis est évacué. Les caractéristiques de
ce film (épaisseur efilm, L , vitesse u film, L ) sont entre autres conditionnées par le débit liquide
surfacique au niveau de la plaque, les caractéristiques des gouttes au moment de l’impact, le
taux d’évaporation, ou encore les dimensions de la plaque et l'orientation du spray. Les
25/195
Chapitre 1 : État de l’art
gouttes impactent alors le film avec des régimes différents de ceux observés sur une paroi
sèche.
Les caractéristiques du film liquide ainsi que leur influence sur le refroidissement sont
brièvement discutées au paragraphe suivant.
(i) C aractéristiques du film liquide, et influence sur le refroidissement
Zhao et al. [19] et Cheng et al. [20] ont étudié le comportement du film liquide et son lien
avec le refroidissement par spray. Les sprays étudiés incluent respectivement les gammes de
nombres de Weber We∈[208 ; 400] et We∈[24 ;100] et de débit surfacique
QV∈[20 ; 300] L.m-2.s-1 et QV
∈[27 ; 113] L.m-2.s-1. Ils confrontent des résultats
expérimentaux et des simulations numériques en régime de transfert thermique monophasique
et d'ébullition nucléée.
Les figures 1.10(a) et (b) sont issues des travaux de simulation de Zhao et al. [19]. L'épaisseur
du film est nulle au centre de la zone d'impact, puis croît rapidement vers la périphérie pour
atteindre efilm , L≈200−300µm . L'absence de film au cœur de l'impact s'explique, selon Zhao
et al. [19], par le régime de rebond des gouttes qui impactent verticalement sur la paroi. Il n'y
a dans ce cas pas de dépôt de liquide à la surface. Le même résultat est obtenu par Cheng et
al. [20], mais ces derniers expliquent l'absence de film au centre par la pression d'impact
générée par le spray, qui a tendance à chasser le liquide vers la périphérie. La comparaison
des figures 1.10(a) et 1.10(b) montre que les zones rapides du film coïncident avec les zones
les plus épaisses.
Xie et al. [21] ont également réalisé des simulations de refroidissement par spray en régime
monophasique, en présence d'un film liquide. Leurs mesures sont comparées aux résultats
expérimentaux de Chen et al. [22]. Les configurations comprennent des sprays tels que
We∈[500 ; 1300] et QV=[0.61 ; 12]L.m−2 .s−1 et avec une épaisseur de film efilm, L=50 µm .
Wendelstorf et al. [14] ont réalisé des simulations de l'épaisseur du film liquide en
26/195
Figure 1.10 : Caractéristiques du film liquide en refroidissement par spray, sur un profilradial dont l'origine est prise au centre de la zone d'impact : (a) épaisseur et (b) vitesse dufilm, (c) température de la paroi, en fonction de la position sur la plaque. Figures issues de
Zhao et al. [19].
(a) (b) (c)
II. Refroidissement par spray
refroidissement par spray, à partir de mesures expérimentales du coefficient de transfert
thermique réalisées à 600°C. Ces configurations comprennent des sprays tels que We≈700
et QV=[3 ; 30]L.m−2.s−1 . L'épaisseur du film croît avec le débit surfacique dans la gamme
efilm, l∈[280 ; 4000 ]µm .
Les résultats de ces auteurs montrent l'importance du débit surfacique QV sur le
refroidissement. L'influence du diamètre, de la vitesse et du nombre de Weber des gouttes est
en revanche moins évidente. Cheng et al. [20] montrent cependant que les profils dans la
section du spray du diamètre de Sauter d32 ou de la vitesse axiale des gouttes uz peuvent
être corrélés au profil de l'épaisseur du film.
À notre connaissance, il existe peu de résultats montrant un lien direct entre les
caractéristiques du film et les capacités de refroidissement. La figure 1.10(c) représente le
profil de la température de paroi T w (pour un flux de chaleur qT imposé et homogène). On
note une importante corrélation entre l’épaisseur (a) et la vitesse (b) du film, et le niveau de
refroidissement. Le coefficient de transfert thermique est globalement plus important là où le
film est épais et rapide.
(ii) Modes et mécanismes de transfert thermique
Il existe un consensus pour établir l'existence de quatre principaux modes de transfert
thermique [20] lorsque le refroidissement par spray implique la présence d’un film à la paroi :
─ Le transfert convectif entre le film et la plaque
─ l'évaporation du film liquide directement à l'interface air-film liquide.
─ l'ébullition du liquide et la formation de vapeur.
─ le transfert direct de chaleur par impact entre les gouttes et la paroi, lorsque le film
présente des discontinuités.
Ces quatre modes coexistent avec une importance qui varie en fonction notamment du régime
de refroidissement. Cette problématique sera approfondie au paragraphe II.3.
Chaque mode est composé d'un ensemble de mécanismes, représentés sur la figure 1.11 .
L'ébullition à la paroi, l'ébullition secondaire, la convection, l'évaporation (flèches pleines)
sont les mécanismes directement responsables du refroidissement. Des mécanismes indirects
(flèches pointillées) peuvent favoriser ces mécanismes directs : interaction entre les gouttes et
le film, entraînement d'air, fragmentation des bulles, rupture du film de vapeur.
La présentation de ces processus fait l'objet des paragraphes qui suivent.
27/195
Chapitre 1 : État de l’art
(iii) Mécanismes directs du transfert thermique
• Convection forcée par le film liquide
L'écoulement du film liquide induit un transfert par convection le long de la paroi.
• Évaporation directe à l'interface air-film liquide
Le film est alors suffisamment mince pour atteindre la température de saturation du liquide
T film ,L=T sat . De la vapeur peut dont être générée à l'interface liquide-air, ceci contribuant au
refroidissement par évaporation. Le refroidissement est limité par la conduction de chaleur à
travers le film liquide, depuis la plaque vers l'interface liquide-air. Par ailleurs, il n'y a pas à
notre connaissance de preuves montrant l'existence de cellules de convection permettant
d'augmenter le transfert perpendiculairement à la plaque et donc d’accroître l'importance du
mécanisme d'évaporation directe.
• Nucléation / ébullition à la paroi
Le paragraphe II.1.1.(ii) explique que pour un refroidissement en bain, la vapeur est formée
au sein de sites de nucléation en surface de la plaque. La présence d'un film liquide conduit au
même phénomène. Le flux de chaleur est limité par le temps mis par une bulle pour se former
puis s'extraire et par l’espace occupé par la bulle à la surface de la plaque. Ce dernier point
empêche l'activation de sites de nucléation trop proches les uns des autres, mais aussi conduit
à la fusion des bulles et l'apparition d'un film de vapeur continu.
28/195
Figure 1.11: Schéma des principaux mécanismes du refroidissement par spray en présenced'un film liquide.
Entraînement d'air par les gouttes
ébullition à la paroi
convection du film liquide sur la paroi
fragmentation des bulles
rupture du film de vapeur
évaporation à l'interface
Processus indirect de refroidissement
Processus direct de refroidissement
brassage du film liquide
Ébullition secondaire autour d'un embryon gazeux
II. Refroidissement par spray
• Ébullition secondaire
L'ébullition secondaire est l’un des phénomènes majeurs concourant aux capacités de transfert
thermique et à l’efficacité du refroidissement par spray.
Esmailzadeh et al. [23] et Sigler et al. [24] ont observé l'ébullition nucléée en présence d’un
film liquide. Leur méthode expérimentale propose de noyer une surface chaude sous une
hauteur variable de liquide, de manière à simuler la présence d'un film. Lors de la libération
des bulles de vapeur à l'interface liquide-air, une fine couche de liquide est éjectée sous forme
de gouttelettes, puis retombe. Durant ce court temps de séjour en phase gazeuse (air et
vapeur), les gouttes emprisonnent de la vapeur et la transportent jusque dans le liquide.
Lorsque ces embryons gazeux approchent de la surface, ils se comportent comme des sites de
nucléation et forment de nouvelles bulles, ce qui contribue à accroître les transferts
thermiques.
Lorsque le refroidissement par spray est considéré, le même phénomène se produit du fait de
l'arrivée massive de gouttes. L'apport d'embryons gazeux augmente le nombre de sites de
nucléation et par conséquent le transfert thermique. Rini et al. [25] ont concentré leur étude
sur le refroidissement en régime d'ébullition nucléée. Ils observent que les sites de nucléation
sont au moins à 70 % issus de l'apport d'embryons gazeux par les gouttes. De plus, la densité
numérique de sites d'ébullition à la surface ( nsite d'ébullition [m−3] ) est multipliée par quatre entre
un refroidissement en bain et un refroidissement par spray, dans des conditions de transferts
thermiques identiques ( ΔT w , état de surface, liquide de refroidissement). Dans un même
temps, le flux de chaleur est multiplié par six.
Horacek et al. [15] ont étudié le refroidissement par impact d’un spray composé de FC-72, en
régime d'ébullition et de transition. Ce liquide possède une température de saturation assez
faible T sat , FC-72=56°C et une grande affinité avec l'air, ce qui permet d'améliorer
l'entraînement de gaz au sein des gouttes. Les auteurs observent une nette augmentation du
flux de vapeur généré à la paroi lorsque du gaz est dissout dans le liquide, qui se traduit par un
flux de chaleur augmenté. Cette nucléation abondante a l'avantage d'empêcher la formation
continue d'un film de vapeur et donc multiplie les alternances entre film de vapeur et film
liquide à la surface de la plaque. Ainsi, leurs résultats montrent que la densité de longueur des
lignes de contact vapeur-liquide-solide et l'intensité du refroidissement croissent de manière
conjointe.
• Impact direct des gouttes sur la paroi
L’épaisseur du film liquide n'étant pas homogène à la surface de la paroi, les conditions sont
parfois réunies pour que l'épaisseur efilm, L soit très faible, voire nulle (paragraphe III.2.3.(i)).
Dans ces conditions, l’interaction entre le spray et la plaque se traduit par les régimes d'impact
vus au paragraphe II.2.2.
29/195
Chapitre 1 : État de l’art
(iv) Mécanismes indirects du transfert thermique
• Interactions entre les gouttes et le film liquide
Le film liquide agit comme une barrière entre les gouttes et la paroi. En fonction de l'énergie
cinétique transportée par les gouttes, plusieurs mécanismes peuvent être observés.
Les gouttes provoquent un brassage du film liquide, qui augmente la convection forcée.
L'importance de l'impact des gouttes dans le phénomène de convection à particulièrement été
mis en évidence par l'étude de Xie et al. [21] en régime monophasique. En régime d'ébullition
nucléée, Rini et al. [25] obtiennent la même conclusion. Ainsi, quelque-soit le nombre de
bulles générées et le flux de chaleur, la convection par le film liquide sur la plaque et
l'évaporation directe représentent de l’ordre de 50 % du transfert thermique total. Ils attribuent
ce comportement à l'effet du brassage des gouttes.
• Interaction entre les gouttes et les bulles, dans le film liquide
Au sein du film liquide, les gouttes peuvent croiser la trajectoire des bulles et provoquer leur
fragmentation. Ce phénomène permet la génération de nouveaux embryons propices à la
nucléation.
Lorsque l'énergie incidente est suffisante, les gouttes peuvent impacter directement la surface
et provoquer le détachement prématuré des bulles. Une des conséquences est l’augmentation
de la fréquence de production des bulles, mais également une réduction de la taille des bulles
au moment de leur libération. Si ce dernier point est défavorable au transfert thermique [25],
la réduction de la surface occupée par les bulles sur la plaque réduit les possibilités de fusion
et donc de formation d'un film vapeur.
• Fragilisation et rupture du film de vapeur
Dans les conditions de température où le film de vapeur apparaît, les gouttes peuvent traverser
le film de liquide et impacter le film de vapeur. Ceci fragilise le film de vapeur et permet
localement la reprise de l'ébullition nucléée ([15] [26] [27]). Ce phénomène, même s'il semble
être admis, est rarement observé à cause des conditions particulières de son obtention
(présence conjointe d’un film liquide et d’un film de vapeur).
II.3. Participation des modes de transfert thermique dans le refroidissement total
Plusieurs auteurs ont cherché à séparer l'importance des différents modes de transfert de
chaleur dans le refroidissement par spray. Les études concernent principalement des
simulations numériques, mais certains protocoles expérimentaux, comme celui utilisé par Rini
et al. [25], permettent de séparer le rôle de chaque mode de transfert de chaleur.
Issa et Yao [28] ont simulé le refroidissement par spray d'eau, pour une température T w
supérieure à la température de Leidenfrost ( T w=525 °C ). Le débit surfacique au centre de la
30/195
II. Refroidissement par spray
zone d'impact s'évalue à QV=2.5L.s−1.m−2 . Les gouttes sont polydispersées en diamètre (
d∈[9 ; 63]µm ), pour un nombre de Weber des gouttes inférieur à 1000. Le refroidissement
par spray ainsi simulé correspond à une configuration d'impact direct et les contributions de
trois modes de transfert thermique sont considérées : l'impact direct des gouttes, la convection
de l'air sur la plaque et les transferts radiatifs. Le transfert radiatif apparaît comme négligeable
dans les conditions thermiques considérée. Le refroidissement direct par impact de gouttes
joue un rôle majeur avec plus de 50 % des transferts thermiques totaux. Il convient également
de prendre en compte la convection de l'air sur la plaque, qui est responsable de près de 50 %
du transfert thermique total. Cette importante contribution de la convection de l'air est due à la
méthode de génération du spray elle-même, basée sur une buse de type cône plein avec une
injection d'air co-courante à l'écoulement des gouttes à une vitesse de 35 m.s-1.
Les simulations réalisées par Zhao et al. [19] sur le refroidissement par spray permettent de
différencier l'importance de chacun des modes de transfert thermique dans le refroidissement
d'une surface par impact d'un spray, en présence d'un film liquide (figure 1.12). En régime
monophasique, la convection liée au film et le transfert thermique par impact direct des
gouttes dominent. En régime diphasique (température supérieure à T sat ), mais dans des
conditions thermiques ne permettant pas le développement d'un film de vapeur, l’évaporation
résultant de l'ébullition (50%) et le transfert thermique par impact direct des gouttes (30%)
sont les principaux modes de transfert de chaleur.
Rini et al. [25] réalisent des expériences de refroidissement par spray en présence d'un film
liquide. En régime d'ébullition nucléée, ils obtiennent une contribution de 50 % pour le mode
31/195
Figure 1.12: Répartition des modes de transfert thermique en fonctiondu flux de chaleur. La température d'ébullition est atteinte pour un fluxde chaleur qT
≈160W . cm−2 . (Figure tirée de Zhao et al.(2010)[19])
Chapitre 1 : État de l’art
de transfert par évaporation résultant de l’ébullition, les 50 % restant étant partagés entre la
convection due à l’écoulement du film liquide sur la plaque et l'évaporation directe.
Ainsi, les gouttes et leurs caractéristiques jouent un rôle majeur dans le refroidissement, que
se soit au travers de l'impact direct sur la surface ou des interactions avec un film liquide
(ébullition, mouvements de brassage). Cependant la contribution de chaque mode de transfert
de chaleur varie beaucoup suivant la configuration de refroidissement, ne permettant pas de
conclure sur la prépondérance d'un mécanisme par rapport aux autres.
III. Modélisation du refroidissement par sprayIII.1. Généralités
Depuis les années 80, de nombreuses études ont été réalisées pour comprendre le
refroidissement par spray, dans des configurations très variées. Ainsi, on compte des
refroidissements par spray en milieu confiné, en apesanteur, par aspersion sur des plaques
verticales ou horizontales, des recouvrements totaux ou partiels de la surface à refroidir ou
encore l'utilisation de plusieurs buses simultanément. Les paramètres étudiés sont autant ceux
du spray (diamètre des gouttes, vitesse des gouttes, débit surfacique, flux surfacique de
gouttes), que ceux de la surface chauffée (température/régime de refroidissement, état de
surface, affinité entre le liquide et le matériau de la surface, formes et dimensions, propriétés
thermophysiques du matériau constituant la surface). L'angle entre l'axe du spray et la plaque,
le type de liquide, la dissolution de gaz dans le liquide sont autant d'autres paramètres
permettant de comprendre la physique fine du refroidissement par spray.
La multitude des configurations étudiées a permis de mettre en lumière les mécanismes du
refroidissement par spray (voir II.2). Dans le même temps, le nombre et la complexité de ces
mécanismes rend difficile leur modélisation. Cette modélisation passe par une meilleure
compréhension des liens entre les conditions du refroidissement et chacun des mécanismes.
Ainsi, nous mettrons en évidence les principaux résultats liés aux caractéristiques du spray
lui-même : diamètre et vitesse des gouttes, débit surfacique QV , flux surfacique de gouttes
N , nombre de Weber We . Enfin, dans le cadre de cette étude bibliographique, les régimes
de refroidissement autre que l'ébullition en film de vapeur ne seront que peu abordés, notre
étude étant centrée sur ce régime particulier rencontré dans le refroidissement des produits
sidérurgiques.
Le flux de chaleur surfacique qT et l'efficacité de refroidissement εT permettent
respectivement de quantifier et de qualifier le refroidissement. L'efficacité de refroidissement
correspond au rendement du refroidissement par rapport au spray utilisé, c'est-à-dire à la part
32/195
III. Modélisation du refroidissement par spray
de la consommation liquide réellement utile au refroidissement. Elle s'écrit comme le rapport
entre le flux de chaleur réel et le flux de chaleur maximal que peut idéalement extraire le
spray (équation (1.10)).
Lorsqu’une goutte interagit avec une paroi à haute température, la goutte est soumise à trois
types de flux de chaleur. Ces différents échanges sont schématisés sur la figure 1.13 dans le
cas d'une goutte de température initiale T L interagissant avec une paroi chaude de
température T w .
Le premier terme (violet) correspond au flux de chaleur sensible vers le liquide lorsque sa
température s'élève de ΔT sub entre sa température initiale T L et sa température de saturation
T sat . Le second terme (jaune) correspond au flux de chaleur prélevé pour assurer le
changement de phase d'une fraction du liquide. Le troisième terme (rouge) correspond au flux
de chaleur sensible acquis par la vapeur qui subira une surchauffe ΔT sat=T w−T sat . Dans le
cas limite où tout le liquide participe à ces trois phases d'échanges, on obtient flux de chaleur
maximal que peut extraire le liquide pour une température initiale T L et une température de
paroi T w . Ainsi, l'efficacité de refroidissement d'un spray dont le débit surfacique de liquide
est QV peut s'écrire selon l'équation (1.10).
εT=qT
ρ L QV (cP,LΔT sub+hLV+c P,VΔT sat)
(1.10)
Pour certains auteurs, l'efficacité est calculée en ne prenant en compte que le terme de
changement de phase hLV . Le tableau 1.5 présente l'importance relative des termes de
chaleur sensible du liquide et de la vapeur, dans des conditions de refroidissement typiques :
température de paroi T w=650 °C et température initiale de l'eau T L=25 °C .
33/195
Figure 1.13: Schéma illustrant les trois formes de transfert de chaleur entre unegoutte et une surface chaude. Chaque terme, exprimé en énergie massique
[J.kg-1], correspond à un terme du dénominateur de l'équation (1.10).
qT∝hLV
T w
T L
T sat
qT∝CP ,LΔT sub
qT∝CP ,VΔT sat
Goutte en impact
Paroi chaude
Générationde vapeur
Chapitre 1 : État de l’art
Dans ces conditions et pour de l'eau, le terme de chaleur sensible du liquide représente 8 % de
la chaleur sensible totale.
L’importance du terme de chaleur sensible de la vapeur dépend de la température atteinte par
la vapeur. Dans notre cas, ce terme représente 30 % de la chaleur sensible totale, en supposant
que la température de la vapeur atteint celle de la plaque, ce qui n'est pas forcément le cas. Il
peut être plus exact de considérer la température de film, T film,V=(T sat+T w)/2=375 ° C et
dans ce cas, ce terme représente encore 15 % du bilan total.
En conclusion, il apparaît nécessaire de ne pas négliger les termes correspondant à la chaleur
sensible du liquide et de la vapeur dans le bilan énergétique du refroidissement par spray.
Enfin, il est difficile de comparer deux études sur l'efficacité de refroidissement sans s'assurer
que cette efficacité est calculée de manière identique.
III.2. Corrélations pour le refroidissement par impact direct de gouttes en régime d'ébullition en film vapeur.
Le refroidissement en configuration d'impact direct a été étudié au travers d'expériences sur
l'impact de train de gouttes ou de sprays (généralement de type dilué). Les paragraphes
suivants présentent, pour ces deux configurations, une synthèse des résultats obtenus par
différents auteurs.
34/195
Grandeur Valeur
Chaleur spécifique massique du liquide cP,L (à T = 25°C) 4 180 J.kg−1.°K−1
Chaleur spécifique massique de la vapeur cP,V
(à T=T sat≈100 ° C ) 2 060 J.kg−1.°K−1
Chaleur de vaporisation hLV 2 257 000 J.kg−1
Température de sous-refroidissement ΔT sub=T sat−T L 100 – 25 = 75 °C
Température de surchauffe ΔT sat=T w−T sat 650 – 100 = 550 °C
Calcul des termes de chaleur sensible liquide et vapeur
Chaleur sensible du liquide : cP,LΔT sub 313 500 J.kg−1
Chaleur sensible de la vapeur : cP,VΔT sat 1 133 000 J.kg−1
Chaleur sensible totale 3 703 500 J.kg−1
Tableau 1.5: Chaleurs sensibles du liquide et de la vapeur dans le cas d'un refroidissementpar spray d'eau, à la température initiale T L=25°C , au contact d'une surface de
température T w=650 ° C . On considère le cas limite où la température de la vapeur atteintcelle de la plaque.
III. Modélisation du refroidissement par spray
III.2.1. Refroidissement par impact direct d'un train de gouttes monodispersées
Un train de gouttes permet de générer successivement des gouttes monodispersées en taille et
en vitesse. Les grandeurs utilisées pour interpréter le refroidissement par impact sont
généralement le diamètre des gouttes d , la composante normale à la plaque de la vitesse des
gouttes u , ou encore le nombre de Weber basé sur une goutte We (équation (1.11)) :
We=ρ L du
2
σ L(1.11)
La fréquence d'impact des gouttes f ss , les propriétés physiques et la température de la surface
(indice « w ») et du liquide de refroidissement (indice « L ») interviennent également. On note
que la génération d'un train de gouttes ne permet généralement pas de faire varier
indépendamment les trois grandeurs d , u et f ss , limitant par là même les domaines d'étude.
Les corrélations citées par la suite sont regroupées dans le tableau 1.6, Ces relations
concernent principalement le flux de chaleur extrait à la paroi et l'efficacité de
refroidissement.
(i) F lux de chaleur extrait en fonction des caractéristiques d'impact
En 1970, Pedersen [29] a étudié le transfert thermique d’un train de gouttes monodispersées
impactant sur une surface chauffée dans une gamme de température de surface
T w∈[650 ; 970]°C , c'est-à-dire en régime d'ébullition en film de vapeur. Dans la gamme de
nombres de Weber We∈[45 ; 332] , une augmentation du flux de chaleur extrait avec la
vitesse incidente des gouttes est relevée. La température de surface et le diamètre des gouttes
conduisent également à l’accroissement du flux de chaleur extrait mais dans une moindre
mesure, l'influence du diamètre étant toutefois marginale.
Par la suite, d'autres études ([30] [2] [31] [32]) ont confirmé l’effet de la vitesse des gouttes
sur le flux de chaleur extrait à la paroi. Un certain nombre d’entre elles montrent également
que le flux de chaleur extrait croît avec diamètre des gouttes. L'ensemble de ces études se base
sur l'impact d'un train de gouttes, pour un diamètre et une vitesse de goutte respectivement
compris dans les intervalles d∈[200 ;100]µm et u∈[1 ; 7]m.s−1 , le nombre de Weber étant
lui compris dans l’intervalle We∈[20 ; 220] .
Le rôle de la fréquence f ss d'impact des gouttes sur le flux de chaleur a également été étudié
([30] [33] [34] [32]). Ainsi, ces auteurs montrent que le flux de chaleur extrait à la paroi croît
avec la fréquence d'impact dans la gamme f ss∈[0.67 ;10000 ]s−1 . En augmentant
considérablement la fréquence d'impact des gouttes, Yao et Choi [2] observent que l'influence
de la vitesse et du diamètre des gouttes diminuent, tandis que l’influence du débit surfacique
augmente considérablement. On note qu'à diamètre de goutte constant, le débit surfacique
varie dans le même sens que la fréquence d'impact.
35/195
Chapitre 1 : État de l’art
(ii) E fficacité de refroidissement en fonction des caractéristiques d'impact
Les résultats sur l'efficacité de refroidissement rapportée à une goutte εT,sd , sont en revanche
parfois contradictoires. Pedersen [29] observe l'augmentation de l'efficacité de refroidissement
avec la vitesse des gouttes, de même que Takeuchi et al. [30]. L'inverse est en revanche noté
par Bolle et Moureau [35] et Bernardin et Mudawar [32].
Concernant le diamètre des gouttes, Takeuchi et al. [30] notent que l’efficacité de
refroidissement décroît lorsque le diamètre des gouttes croît, de même que Bernardin et
Mudawar [32] et Bolle et Moureau [35]. Exprimé en fonction du nombre de Weber basé sur
une goutte We , la corrélation de Bernardin et Mudawar [32] affiche une décroissance de
l'efficacité de refroidissement d'une goutte lorsque le nombre de Weber croît.
Dernièrement, Dunand et al. [36] observent la croissance de l'efficacité de refroidissement
lorsque la vitesse des gouttes croît, tandis que l'augmentation du diamètre dans la gamme
d∈[80 ; 240]µm tend à diminuer l'efficacité de refroidissement. De manière générale,
l'efficacité croît avec le nombre de Weber dans la gamme We∈[0 ; 150] .
Takeuchi et al. [30] et Senda et al. [33] observent que l'efficacité de refroidissement diminue
avec la fréquence d'impact des gouttes dans la gamme f ss∈[0.67 ;1000 ]s−1 . Ce résultat laisse
supposer que des interactions verticales d'une goutte sur la suivante existent et limite
l'efficacité du refroidissement.
Issa et Yao [28] regroupent les résultats de plusieurs auteurs([37] [29] [33]), notamment
Pedersen [29], concernant un train de gouttes monodisperse impactant sur une paroi chaude.
Les données expérimentales comprennent des gouttes de diamètre d∈[200 ;3835]µm et de
vitesse u∈[2 ; 10]m.s−1 , avec une fréquence d’impact f ss∈[10 ;10816 ]s−1 , en régime
d'ébullition nucléée pour T w∈[139 ; 441]°C et d'ébullition en film de vapeur pour
T w∈[255 ;621]°C . Ils construisent une corrélation sur l'efficacité de refroidissement d'une
goutte εT−sd
Issa1 , en régime de Leidenfrost, valable pour un nombre de Weber inférieur à 650.
Cette corrélation montre que l'efficacité de refroidissement croît avec le nombre de Weber
puis décroît à partir de We=1000 . Ce comportement n'est pas justifié par les auteurs, mais
on note qu'il se produit au-delà de la gamme de validité de la corrélation. Cette corrélation a
été testée dans le cadre d’une simulation du refroidissement par spray, ceci en comparaison
avec sur une série de mesures expérimentales [38]. Le spray ainsi simulé est de type cône
plein, avec une injection simultanée d’eau et d’air dont les débits massiques sont
respectivement Qm,L=10−4 kg.s−1 et Qm,G=2E-3kg.s−1 . Le débit surfacique du liquide au
niveau de l’impact sur la plaque est de QV>2.5 L.m−2 .s−1 et le diamètre des gouttes est
compris dans la gamme d∈[9 ; 63]µm . Le nombre de Weber des gouttes est quant à lui
compris entre 100 et 1000. Pour chaque goutte qui impacte la surface, les auteurs applique la
corrélation εT−sd
Issa1 concernant l’efficacité de refroidissement afin de déterminer le flux de
chaleur extrait. Les résultats de la simulation sont en accord avec les mesures expérimentales
36/195
III. Modélisation du refroidissement par spray
37/195
Nom de lacorrélation etréférence des
auteurs
Grandeur corrélée Corrélation
εT−sd
Bolle&M. :
Bolle et Moureau(1982)[35]
E xpériences d'i mpact d'une goutte en r égime d'ébullition en film de vapeur : eau , We∈[1 ; 1500] , T w∈[800 ; 1200]°C
Énergie extraite par l'impact d'une goutte
ET−sd
Bolle&M.=0.82(λ w ρ L cP,L)0.5(T w−T L)
d2.5
√u
Efficacité de refroidissement rapportée à une goutte
εT−sd
Bolle&M.=1.566 √λ wρ w cP,w
ρ L hLV
(T w−T L)√ 1u d
εT−ssTak. :
Takeuchi et al.(1983)[30]
Expérience d'i mpact d'un train de goutte en r égime d'ébullition en film de vapeur : eau , d∈[290 ;560]µm, u∈[2.2 ; 4.8]m.s−1
f ∈[10 ; 100]s−1 , We∈[22 ; 210], T w∈[600 ; 1000 ]°C
Flux de chaleur extrait par un train de gouttes
qT−ss
Tak. ∝f0.95
u0.65
d2.62
Efficacité de refroidissement pour un train de gouttes
εT−ss
Tak. ∝f−0.05
u0.65
d−0.38
εT−ss
B.&M. :
Bernardin etMudawar (1997)
[32]
Expériences d'i mpact d'un train de goutte en r égime d'ébullition en film de vapeur : eau , d∈[240 ;1000 ]µm, u∈[1.2 ;7 ]m.s−1
f ∈[500 ;12000] s−1 , We∈[20 ; 200], T w∈[200; 400]°C
Flux de chaleur extrait par un train de gouttes
qT−ss
B.&M.=383.6ΔT0.912
d0.996
u0.254
Efficacité de refroidissement pour un train de gouttes
εT−ss
B.&M.= 1719ρ L hLV
ΔT0.912
d−1.004
u−0.746
εT−sd
Issa :
Issa et Yao(2005)[28]
Expériences d'i mpact d'un train de goutte en régime d'ébullition en film de vapeur :
eau , d∈[200 ; 482]µm, u∈[2 ; 10]m.s−1
f ∈[50 ; 10816]s−1 , We∈[10 ; 650], T w∈[255 ;621]°C
Efficacité de refroidissementrapportée à une goutte
εT−sd
Issa1 =3.771×10−3We
0.691e−9.079E-4We
Expériences d'i mpact d'un train de goutte en régime d'ébullition nucléée : eau , d∈[330 ;3835]µm, u∈[3.63 ;9.45 ]m.s−1
f ∈[10 ; 10816]s−1
, We∈[50 ; 480], T w∈[139 ; 441]°C
Efficacité de refroidissementrapportée à une goutte
εT−sd
Issa2 =9.844E-2We0.3428
Tableau 1.6: Relations obtenues par différents auteurs pour le transfert thermique par impactd'une goutte ou d'un train de goutte. Les indices « sd » et « ss » correspondent au type
d'élément liquide pour lequel est calculé la grandeur, avec respectivement une goutte seule ouun train de gouttes.
Chapitre 1 : État de l’art
sur le flux de chaleur. Cependant, en utilisant des sprays tels que QV>4L.m−2 .s−1 , les
auteurs observent une divergence entre les résultats de la simulation et ceux de l'expérience.
Ils attribuent cette différence à un phénomène de noyage de la plaque, présent dans
l'expérience mais non reproduit par la simulation qui ne considère que des impacts directs des
gouttes. Ce phénomène de noyage équivaut à la formation d'un film liquide.
À partir des travaux de ces mêmes auteurs ([37] [29] [33]), Issa et Yao [28] développent
également une corrélation sur l'efficacité de refroidissement en régime d'ébullition εT−sd
Issa2 .
Cette corrélation est par la suite reprise par Zhao et al. [19]. En régime d'ébullition nucléée,
l'efficacité de refroidissement croît lorsque le nombre de Weber croît.
III.2.2. Refroidissement par impact direct d'un spray
D'autres auteurs ont étudié le refroidissement par impact d'un spray sur une surface chaude en
régime d'ébullition en film de vapeur. Le tableau 1.7 regroupe les principales relations sur le
flux de chaleur et l'efficacité de refroidissement obtenue dans cette configuration. Les
paramètres du spray pouvant influencer le refroidissement sont le diamètre statistique d10 ou
d32 , la vitesse moyenne u , le débit surfacique, ou encore le nombre de Weber Wesp et le
nombre de Reynolds Resp basés sur les caractéristiques du spray (équations (1.5) et (1.6)). La
température de la surface (indice « w »), ainsi que les propriétés physiques de celle-ci et celles
du liquide de refroidissement (indice « L ») interviennent également.
Dans le cas de l'impact d'un spray monodispersé en diamètre, Deb et Yao [3] obtiennent une
relation analytique εT−sp
D.&Y. pour l'efficacité de refroidissement dans la gamme Wesp∈[40 ; 80]
et QV∈[0.3 ; 2] L.m-2.s-1, pour des refroidissements allant du régime de refroidissement
transitoire au régime d'ébullition en film de vapeur c’est-à-dire T w∈[140 ;600 ]°C pour de
l’eau. L'efficacité de refroidissement croît avec le nombre de Weber.
Klinzing et al. [39] étudient le refroidissement généré par une large gamme de sprays grâce à
l'utilisation de cinq buses différentes. Leurs mesures permettent le développement de
corrélations pour tous les régimes de refroidissement, dont le régime d’ébullition en film de
vapeur qT−sp Klinzing2 . En régime d'ébullition en film de vapeur, ils observent que le flux
thermique extrait décroît légèrement lorsque le diamètre croît, mais croît fortement avec le
flux surfacique. Pour les faibles débits surfaciques QV<3.5L.m−2.s−1 , le flux de chaleur est
indépendant de la vitesse. Pour les débits surfaciques plus élevés QV>3.5 L.m−2.s−1 , le
diamètre n'influence pas l'efficacité du refroidissement. En revanche, l'efficacité de
refroidissement croît lorsque la vitesse moyenne des gouttes décroît et, avec une importance
identique, l'efficacité de refroidissement croît avec le débit surfacique.
Bernardin et Mudawar [32] proposent d’approcher expérimentalement une configuration de
spray simplifiée à partir de l'assemblage de plusieurs trains de gouttes. Deux configurations
comportant N diaph=4 et Ndiaph=9 diaphragmes, permettent de faire varier la densité du spray
38/195
III. Modélisation du refroidissement par spray
du point de vue surfacique, c'est-à-dire au niveau de la surface d’impact (figure 1.14). Cette
modélisation est intermédiaire entre un véritable spray et un train de gouttes puisque le
diamètre et la vitesse des gouttes sont monodispersés, mais que des interactions latérales entre
les gouttes peuvent avoir lieu. On note que les points d'impact sont uniformément répartis sur
la plaque. Les auteurs comparent la mesure du flux de chaleur extrait à la paroi pour chacune
des configurations, avec le flux de chaleur résultant de l’impact de N diaph train de goutte
solitaire dont le flux de chaleur est donnée par la corrélation qT−ss
B.&M. (tableau 1.6). Ainsi, Le
flux de chaleur qui résulterait de l’impact de N diaph trains de gouttes solitaire s’écrit :
qT ,N diaph=Ndiaph qT−ss
B.&M.(1.12)
En configuration avec quatre trains de gouttes, le flux extrait à la paroi est égal au flux de
chaleur calculé par la relation (1.12). Ce résultat montre que les interactions latérales entre les
gouttes semblent négligeables. Dans la configuration avec neufs trains de gouttes, le flux de
chaleur calculé à l'aide de la relation (1.12) est supérieur au flux de chaleur mesuré. Les
auteurs observent le rebond latéral des gouttes issues d'un train de goutte qui viennent
interférer avec les trains de gouttes situés à proximité, ce qui réduit l’efficacité pour refroidir
la plaque, comparativement au cas de trains de gouttes pris individuellement. Bernardin et
Mudawar [32] montrent donc que l'efficacité de refroidissement diminue à mesure que l'on
augmente la densité latérale du spray. En augmentant la fréquence d’impact des gouttes,
Takeuchi et al. [30] ont observé un résultat similaire. Dans ce cas, des interactions successives
des gouttes formant le train sont responsables de la diminution de l'efficacité de
refroidissement. Ces résultats reviennent à dire que les grandeurs tels que le débit surfacique
QV , le flux de goutte surfacique N , ou le titre volumique χ V sont des paramètres
importants dans le refroidissement par spray et que le refroidissement par spray ne peut pas
être directement relié aux observations réalisées sur un train de gouttes seul.
39/195
Figure 1.14: Schéma illustrant la configuration de refroidissement parimpact de multiples trains de gouttes (Bernardin et Mudawar[32])
Chapitre 1 : État de l’art
Bernardin et Mudawar [32] ont proposé de construire une corrélation pour le refroidissement
par spray, en prenant en compte deux cas concernant la densité du spray. Ils considèrent que
l'efficacité du refroidissement d’un spray εT−sp est comprise entre l'efficacité d'un spray très
dilué et l'efficacité d’un spray dense. Une interpolation linéaire entre ces deux situations
permet d’exprimer l’efficacité de refroidissement en fonction de la densité du spray, exprimé
40/195
Auteurs Corrélations et gammes de validités
εT−sp
D.&Y. :
Deb et Yao(1987)[3]
εT−sp
D.&Y.=0.02729exp(0.081√ln(Wesp/35+1)
(B+S /60.5)1.5 )+0.21085 K B exp( −90Wesp+1)
avec B=cP,V(T w−T sat)/hLV , K=λ Vap /(c p,VapμVap) , S=(λ ρ cP)w
0.5
(λ ρ c P)steel0.5
−1
Gammes : eaud≈300µm , u∈[3 ;4 ]m.s−1 , We∈[40 ;80 ]QV
∈[0.3 ; 2]L.m−2 .s−1 , T w∈[150 ;600]°C
qT−sp
Klinzing :
Klinzing et al.(1992)[39]
QV∈[0.58 ;3.5]L.m−2 .s−1 : qT−sp
Klinzing1=63.25ΔT w1.691
QV0.264
d32−0.062
QV∈[3.5 ;9.96 ]L.m−2 .s−1 : qT−sp
Klinzing2=1.413E5ΔT w0.461
QV0.566
u0.639
Gammes : eaud32∈[0.137;1350 ]µm, u∈[10.1 ; 29.9]m.s−1
Wesp∈[200 ; 20000] , T w>T leid
qT−sp
B.&M. :
Bernardin etMudawar(1997)
[32]
qT−sp
B.&M.=ρ LhLVQ VεT,sd(1−
QV
QV,dense )+1720 ΔT w
0.912d32
−1.004u
−0.746 (QV)2
QV,dense
avec εT, sd=3.68E4ρ L hLV
ΔT1.691
d32−0.062 et QV, dense
=5L.s−1 .m−2
Gammes : eaud∈[250 ; 1002]µm , u∈[1.0 ; 10]m.s−1, We∈[20 ; 200]QV
∈[0.175 ; 2.63 ]L.m−2 .s−1, T w∈[180 ; 380]°C
εT−sp
Y.&C.-Re :
εT−sp
Y.&C.-We :
Yao et Cox(2002)[40]
ReQV
∈[0.002; 50] :
ε T−sp
Y.&C.- Re=2.5E−4[ReQV
T sat
ΔT sub+ΔT sat]−1.05
+2.5E−2[ReQV
T sat
ΔT sub+ΔT sat]−0.4
WeQV
∈[6E−10
;3E−2] :
ε T−sp
Y.&C.-We=8E−7[WeQV
T sat
ΔT sub+ΔT sat]−0.62
+3.5E−3[WeQ V
T sat
ΔT sub+ΔT sat]−0.2
Gammes :eaud∈[130 ; 25E+3]µm, u∈{[0.6 ; 7.3] ; 20 }m.s−1 , We sp∈[100 ;3659]
QV∈{[0.016; 2.05] ;50 }L.m−2 .s−1 , T w∈[300 ; 800]°C
Tableau 1.7: Relations obtenues par différents auteurs pour le transfert thermique par impactdirect d'un spray, en régime d'ébullition en film de vapeur.
III. Modélisation du refroidissement par spray
par le débit surfacique QV .
L'efficacité de refroidissement du spray dilué est obtenue à partir du flux de chaleur de
Klinzing et al. [39] qT−sp
Klinzing (voir tableau 1.7) en fixant un débit surfacique très faible
QV=0.175 L.m−2 .s−1 . Le cas du spray dense est basé sur les expériences d’un train de
gouttes monodisperse en impact normal sur une paroi εT−ss
B.&M. de Bernardin et Mudawar [32]
(voir tableau 1.6). Ils considèrent en effet que l’augmentation de la fréquence d’impact d’un
train de gouttes en impact normal permet de simuler une situation de spray dense par
interaction de gouttes successives sur la paroi. On note toutefois que la corrélation εT−ss
B.&M. ne
prend pas en compte la fréquence d'impact des gouttes, et que les expériences avec plusieurs
trains de gouttes montrent que la corrélation issue d'un train de goutte unique ne peut pas être
utilisés pour traiter les phénomènes présents dans un spray. L'efficacité de refroidissement
εT−ss
B.&M. du train de gouttes en impact normal est atteinte pour QV=5 L.m−2 .s−1 (valeur
initialement donnée par Klinzing et al. [39] Pour définir la limite entre un spray dilué et un
spray dense). La relation finale qT−sp
B.&M. , valable pour un spray dont la densité est
intermédiaire (résultat de l’interpolation linéaire), est présentée dans le tableau 1.7.
D’après cette corrélation, le flux de chaleur extrait par un spray croît avec le débit surfacique,
mais décroît lorsque la vitesse moyenne ou le diamètre de Sauter des gouttes augmente.
Bernardin et Mudawar [32] obtiennent en utilisant cette corrélation des écarts de 3% à 23%
avec la mesure expérimentale du flux extrait au cours de l’impact d’un spray plat. Le spray
testé par ces auteurs se caractérise par une répartition inhomogène du débit surfacique dans la
zone d'impact QV∈[0.51; 2.63]L.m−2.s−1 . Les valeurs du diamètre et de la vitesse sont
homogènes sur cette même zone et respectivement égales à d32=463µm et u=9.6m.s−1 .
Finalement, ces résultats montrent qu'il est possible d'utiliser les corrélations obtenues à l’aide
de trains de gouttes pour évaluer le refroidissement généré par l’impact d’un spray
relativement dilué, à condition de prendre en compte l'influence du débit surfacique.
Par la suite, Yao et Cox [40] ont réalisé des mesures d'efficacité de refroidissement par un
spray impactant une surface chauffée en régime de Leidenfrost. En regroupant leurs données
et celles de plusieurs autres auteurs, ils construisent deux corrélations basées sur des nombres
de Reynolds Resp , QV et de Weber Wesp ,QV
relatifs au spray définis par :
Re sp ,QV=
ρ L d QV
μL
Wesp ,QV =
ρ Ld (QV )
2
σ L
(1.13)
Ces nombres sont basés sur le débit surfacique plutôt que sur la vitesse. Les auteurs
expliquent ce choix par l'absence de rôle clair de la vitesse sur l'efficacité de refroidissement.
Les corrélations résultantes concernant l’efficacité de refroidissement sont présentées dans le
tableau 1.7. Les auteurs notent que la relation basée sur un nombre de Weber prédit de
41/195
Chapitre 1 : État de l’art
manière plus précise l’efficacité du refroidissement mesurée expérimentalement. Ce modèle a
été testé expérimentalement sur le refroidissement généré par des sprays industriels (
QV≈50 L.m−1 .s−1 et u≈20m.s−1 ) et montre une bonne concordance du calcul avec
l'expérience (figure 1.15).
III.3. Méthodes et corrélations relatives au transfert thermique en présence d'un film liquide
Quelques études proposent de modéliser le comportement du film liquide en prenant en
compte les différents modes de transfert thermique propre à la présence d'un film liquide.
Dans un souci de simplification du propos, les explications se concentrent sur la partie
thermique du refroidissement et sur la dynamique du film liquide.
Zhao et al. [19] ont réalisé la simulation du refroidissement par spray en régime
monophasique et en régime d'ébullition nucléée dans les conditions We∈[24 ;100] et
QV∈[20 ; 300]L.m−2 .s−1 . Le film est décrit par un maillage fixe et par des équations de
conservation de masse et de quantité de mouvement en instationnaire, le film étant alimenté
que par les gouttes qui impact la plaque en régime d'étalement. Les autres gouttes
rebondissent. Les trajectoires des gouttes et des bulles sont calculées. Quatre modes de
transfert thermique sont modélisés : convection du film liquide sur la plaque, échange entre le
film et l’environnement (air), le transfert thermique générée par la goutte, l’ébullition nucléée.
Ces transferts thermiques sont décrit par des nombres de Nusselt, des coefficients de transfert
thermique ou encore une efficacité de refroidissement (voir tableau 1.8). Les mécanismes
indirects utilisés dans la simulation sont également présentés. Les résultats de la simulation
sont en adéquation avec des mesures expérimentales sur la vitesse d'écoulement du film et sur
son épaisseur (voir paragraphe II.2.3.(i)), mais se limitent à des cas où il n’y a pas de film de
vapeur.
42/195
Figure 1.15: Comparaison des corrélations ε T,Y.&C.-Re et ε T,Y.&C.-We avec des mesuresexpérimentales de refroidissement en régime d'ébullition en film de vapeur, pour des
températures de paroi comprises entre 300 °C et 700 °C. (Figures tirée de Yao et Cox [40])
ΔT sat
ε T,Y.&C.- Re
ε T
ReQV
T sat /(ΔT sub+ΔT sat)
ΔT sat
ε T,Y.&C.-We
ε T
WeQV
T sat /(ΔT sub+ΔT sat)
III. Modélisation du refroidissement par spray
Xie et al. [21] proposent également une simulation en régime de refroidissement
monophasique. Les auteurs notent que le flux surfacique de gouttes très élevé a tendance à
lisser les effets de fluctuation du fait des impacts et permet de considérer le film liquide
comme une interface stable et rigide. Le film liquide est également décrit par un maillage fixe
et par des équations de conservation de la masse et de la quantité de mouvement, mais la
résolution est opérée ici en stationnaire. Toutes les gouttes contribuent à alimenter le film
liquide, et les mécanismes des différents régimes d’impact ainsi que l'évaporation ne sont pas
modélisés. Le refroidissement en surface est modélisé par la contribution de l'impact direct
des gouttes dans l’hypothèse d'un film liquide fin et par le transfert convectif du film liquide
43/195
Zhao et al.[19] Xie et al.[21]T
erm
es d
e M
odél
isat
ion
Convection du filmliquide sur la
plaque
Nombre de Nusselt sur le film : Nufilm,L=0.322 Re film
1/2 Prfilm1/3
Nombre de Nusselt sur lefilm : Nufilm,L=0.322 Re film
1/2 Prfilm1/3
Échange film-environnement
Convection avec l'air : coefficientde transfert thermique
hT, film-air,L=λair
e film
0.322 Reair1 /2 Prair
1 /3
Tran s fert s radiatif s : qT =(εw )
Rayσ S.B.(T w−T G4 ) , avec
(ε w )Ray l'émissivité de la surface.
Pas pris en compte
Transfertthermique issu de
la goutte
Transfert thermique lors de lat raversé e du film liquide :
Nudrop, 2=2+(0.4 Redrop1 /2 +0.06 Redrop
2/2 )Prdrop0.4
Transfert thermique par impact : efficacité de Issa et Yao [28] :
εT−sdIssa2
Transfert thermique parimpact :
efficacité de Issa et Yao[28]εT−sd
Issa2
Ébullition nucléée
ébullition à la paroi : Plusieurscorrélations issues de diverses
auteurs.ébullition secondaire : Apportd'embryons gazeux à partir des
gouttes, puis utilisation descorrélations pour l'ébullition à la
paroi.
Pas pris en compte
Autres mécanismes
• Fragmentation des bulles par impact des gouttes
• Évacuation du liquide en bord desurface
• Entraînement des bulles par lefilm
Aucun
Tableau 1.8: Méthodes et corrélations pour la simulation du refroidissement par spray enprésence d'un film liquide
Chapitre 1 : État de l’art
le long de la paroi. Ce choix a été fait sur la base d'études expérimentales montrant que ces
modes dominent en régime de refroidissement monophasique [41]. Le transfert convectif du
film sur la paroi est corrélé par un nombre de Nusselt identique à celui utilisé par Zhao et al..
Le refroidissement par impact est modélisé par la corrélation de Issa et Yao [28] (tableau 1.6)
sur l’efficacité de refroidissement. Les corrélations utilisées par Xie et al. [21] sont également
présentées dans le tableau 1.8. Les résultats, sur l'épaisseur du film liquide et la température
de stabilisation de la surface chauffée, sont en accord avec des études expérimentales réalisées
par différents auteurs ([22], [42]).
Le même type de simulation a également été réalisé par Cheng et al. [43] pour la gamme
We∈[208 ; 400] et QV∈[27 ; 113]L.m−2.s−1 .
En fin de compte, la modélisation numérique du refroidissement par spray dans cette
configuration avec film liquide est en général peu référencée, notamment en régime
d'ébullition en film de vapeur.
IV. ConclusionAu vu des résultats présentés dans cet état de l'art, il apparaît clairement que le
refroidissement par spray ne peut pas se limiter à l’impact de gouttes individuelles ou d’un
train de gouttes sur une surface chaude. La littérature tend à montrer que suivant les
conditions de refroidissement, d'autres phénomènes (convection, ébullition secondaire) vont
totalement dominer le refroidissement, notamment dans le cas où un film liquide se forme à la
surface de la plaque chauffée. Cependant, les conditions d'apparition de ce film liquide ne
sont pas totalement identifiées, en particulier du fait du grand nombre de paramètres
d’influence.
Des travaux associant corrélations empiriques et simulations numériques permettent
néanmoins de traiter le refroidissement par spray en configuration de film liquide. Ces
méthodes permettent notamment d'obtenir des informations sur les caractéristiques du film
liquide à la surface de la plaque et le transfert thermique induit par celui-ci. Des études
impliquant la présence d’un film liquide dans des conditions de températures de paroi élevées,
en régime de transition ou d'ébullition en film de vapeur, ne sont cependant pas documentées
dans la littérature.
Les gammes d’étude ayant permis de construire les différentes corrélations empiriques
présentées dans les tableaux 1.6 et 1.7 sont représentées sur la carte de la figure 1.16. Les
nombres de Weber correspondent à celui du spray Wesp , sauf pour la corrélation de Issa et
Yao [28] qui traite de l'efficacité de refroidissement rapportée à une goutte. La gamme
correspondant au spray qui fera l’objet de ce travail de thèse est également reportée sur cette
figure (ellipse hachurée). À notre connaissance, cette gamme est peu documentée dans la
44/195
IV. Conclusion
littérature, du fait du débit surfacique particulièrement élevé. Néanmoins, des études
comportant une gamme de débits spécifiques et de nombres de Weber approchant existent.
La figure 1.17 compare quelques-unes de ces corrélations pour différents débits spécifiques.
Les figures (a) à (d) représentent l'efficacité de refroidissement ε T en fonction du nombre de
Weber sur le spray dans la gamme Wesp∈[11 ;10000] , pour des débits surfaciques croissants
QV=0.1 ; 1 ;10 ;100 L.m−2.s−1 . Les nombres de Weber sont calculés pour trois diamètres de
gouttes d∈{50 ; 200 ; 600}µm . La vitesse est comprise dans la gamme u∈[1.15 ; 120]m.s−1 .
L'efficacité de refroidissement est calculée pour de l'eau en prenant une température initiale
du liquide T L=25°C et une température de paroi T w=500 °C . L'efficacité calculée à partir
de la corrélation de Bernardin et Mudawar [32] est recalculée de manière à prendre en compte
tous les termes du dénominateur de l'équation (1.10). L'efficacité de Deb et Yao [3] est
calculée pour une plaque d'acier. Ces propriétés physiques ainsi que celles du liquide utilisé
pour le calcul des efficacités de refroidissement sont regroupés dans le tableau 1.9.
Les corrélations n'étant pas toutes construites à partir du nombre de Weber, plusieurs valeurs
d'efficacité sont possibles pour un même nombre de Weber (points rouges bleus et verts),
notamment lorsque la corrélation n'est basée que sur le diamètre ou que sur la vitesse.
Certaines efficacités de refroidissement ont des valeurs irréalistes car elles sont calculées à
partir de corrélations non valables sur notre gamme d'étude. La corrélation de Bernardin et
45/195
Figure 1.16: Représentation schématique des gammes d'étude ayant permis de construire descorrélations empiriques relatives à l'efficacité de refroidissement d'un spray.
Deb et Yao (1987)
Issa et Yao (2005)
Bernardin et Mudawar (1997)
Yao et Cox (2002)
Klinzing et al.(1992)
Chapitre 1 : État de l’art
Mudawar [32] conduit à une efficacité beaucoup trop élevée pour les petits et les grands
nombres de Weber. La corrélation de Klinzing et al. [39] est irréaliste pour les petits débits
surfaciques QV=0.1 L.m-2.s-1. Enfin la corrélation de Issa et Yao [28] est physique (< 1) sur
toute la gamme d'étude, mais la tendance observée en fonction du nombre de Weber We
lorsque celui ci est supérieur à 1000 ne correspond à aucune observation expérimentale.
L’utilisation de cette corrélations au-delà de sa gamme de validité est donc risquée.
Finalement, deux corrélations se démarquent :
– La corrélation de Yao et Cox [40] conduit à une efficacité de refroidissement réaliste sur
une large gamme de débits surfaciques et de nombres de Weber. Cette corrélation prend en
particulier en compte l'effet de noyage (la formation d’un film liquide) sur la plaque
lorsque le débit surfacique augmente.
46/195
Figure 1.17: Efficacité thermique calculée à partir de plusieurs modèles, en fonction dunombre de Weber et du débit surfacique. Les modèles regroupent des cas d'impact goutte-
paroi et des cas de refroidissement par spray. (T L=20°C T w=500°C)
10 100 1000 100000.10
1.00
10.00
100.00
Conditions: Qsurf = 100 L/m²/s - Twall = 600°C Weber []
Effi
caci
té th
erm
ique
[%]
(d )QV=100 L.m−2 .s−1
Wespou We
Effic
acité
de
refr
oidi
ssem
ent
ε T
10 100 1000 100000.01
0.10
1.00
10.00
100.00
Conditions: Qsurf = 10 L/m²/s - Twall = 600°C Wesp [-]
Effi
caci
té th
erm
ique
[%]
(c)QV=10 L.m−2 .s−1
Wespou We
Effic
acité
de
refr
oidi
ssem
ent
ε T
10 100 1000 100001.00
10.00
100.00
1000.00
Conditions: Qsurf = 0.1 L/m²/s - Twall = 600°C Weber []
Effi
caci
té th
erm
ique
[%]
(a)QV=0.1L.m−2 .s−1
Wespou We
Eff
icac
ité d
e re
froi
diss
emen
tε T
10 100 1000 100001.00
10.00
100.00
Conditions: Qsurf = 1 L/m²/s - Twall = 600°C Weber []
Effi
caci
té th
erm
ique
[%]
(b)QV=1L.m−2 .s−1
Wespou We
Eff
icac
ité d
e re
froi
diss
emen
tε T
Klinzing et al.
Issa et Yao
Yao et Cox
Deb et Yao
Bernardin et Mudawar qT−sp
B.&M.
εT−sp
Y.&C.-We
εT−sp
D.&Y.
qT−sp
Klinzing
εT−sd
Issa
IV. Conclusion
– La corrélation de Deb et Yao [3] conduit également à une efficacité de refroidissement
réaliste sur une large gamme de débits surfaciques et de nombres de Weber. Bien que le
calcul de cette efficacité soit basée sur le nombre de Weber du spray, cette corrélation a été
construite à partir d'un spray monodispersé en diamètre. Par conséquent, cette efficacité de
refroidissement d'un spray s'apparente à une efficacité de refroidissement ramenée à une
goutte. Le calcul du flux de chaleur nécessite alors de connaître le flux surfacique de
gouttes N . Ainsi, la corrélation prédit une croissance du flux de chaleur surfacique avec
le débit surfacique et ne considère pas une éventuelle formation d'un film liquide.
Ces corrélations offrent la possibilité de connaître le flux de chaleur extrait par un spray à
partir d'information sur ce spray au niveau de la plaque. La corrélation de Yao et Cox [40]
nécessite des grandeurs statistiques : QV et d32 ; tandis que la corrélation de Deb et Yao [3]
nécessite de connaître le flux surfacique de goutte N et les diamètres et vitesses de chaque
goutte. Enfin la corrélation de Yao et Cox [40] semble mieux convenir pour résoudre le
refroidissement par un spray dont le débit surfacique est important, QV>5L.m−2.s−1 .
47/195
Masse volumiqueρ [kg.m-3]
Capacité calorifiqueCP, i
[J.kg-1.K-1]
Conductivitéthermique
λ [W.m-1.K-1]
Eau liquide (à T L=20°C ) 998 4185 0.604
Vapeur d'eau ( àT V=T L ,sat ) 0.5863 2026.7 0.0246
Surface (acier) 7795.67 574.67 44.33
Tableau 1.9: Propriétés physico-chimiques du liquide et de la surface, utilisées pour le calculde l'efficacité εT .
Chapitre 2 : Calcul numérique del'écoulement libre d'un spray
La simulation numérique est aujourd'hui très répandue. Elle permet par exemple de prévoir des
phénomènes, ou de mieux comprendre leur fonctionnement, en réduisant le nombres d’essais
expérimentaux, souvent coûteux. Elle ne permet toutefois pas de s'affranchir de pratiques
expérimentales et en sont même souvent très dépendantes. La constitution d'un modèle peut ainsi
prendre pour base un ensemble de mesures expérimentales (on se référera aux corrélations du
chapitre 1). La phase de test d'un modèle nécessite également une base expérimentale.
Le développement des performances de l'informatique de ces dernières années a permis
d'augmenter considérablement la part de la simulation numérique dans la recherche scientifique des
écoulements. On nomme ce domaine la CFD, pour Computational Fluid Dynamic. Les simulations
peuvent maintenant être réalisées en trois dimensions, avec une résolution spatiale et temporelle très
fine. De plus, le nombre important de modèles et de logiciels existant permet de développer
rapidement une simulation couplant différents codes multi-physique. Malgré cet accroissement des
performances de l'outil informatique, la mise en place d'une simulation demeure une opération
complexe qui est de surcroît soumise à un compromis entre précision et temps de calcul.
Ce chapitre vise à présenter et valider une méthode pour la simulation de l'écoulement d'un spray.
Nous commencerons par présenter le cadre général de la simulation d'un spray ainsi que les
modèles et méthodes existants. Nous présenterons ensuite les caractéristiques d'une simulation de
type Euler-Lagrange de l'écoulement du spray. Les résultats seront comparés avec un ensemble de
données expérimentales obtenues au cours de ce travail de thèse.
On gardera à l'esprit l'objectif général de ce manuscrit : la simulation de l'impact et du
refroidissement d'un spray. Les choix présentés par la suite seront donc contraints par la simulation
de l'impact.
49/195
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
I. Méthodes et modèles pour la simulation d'un spray
Un spray est un écoulement diphasique, constitué d'un gaz, la phase continue, et d'un liquide,
la phase discrète. Comme nous l'avons expliqué précédemment (chapitre 1), il existe des
interactions entre ces phases qu’il est nécessaire de correctement modéliser pour représenter
l’action du gaz sur les gouttes, notamment la dispersion turbulente, mais également les
modifications de la phase continue induites par la présence de la phase discrète (échange de
quantité de mouvement et modification éventuelle de la turbulence).
La mise en place de la simulation d'un spray nécessite ainsi de répondre à trois grandes
problématiques :
─ Comment définir la géométrie limitant la zone de calcul, généralement appelée
« domaine de calcul » ?
─ Comment décrire l'état initial du spray, c'est-à-dire à la fois la phase discrète, mais
aussi la phase continue ?
─ Comment modéliser un écoulement composé de deux phases et prendre en compte
les interactions entre elles ?
La suite de cette première section présente un certain nombre de méthodes et de modèles
proposés dans la littérature pour résoudre ces problématiques. Les modèles utilisés au cours
de ce travail de thèse sont notamment décrits. La géométrie délimitant le domaine de calcul
sera ensuite présentée dans la section III.
Plus de détails sur les méthodes et modèles applicables aux écoulements diphasiques sont
disponibles dans les articles de revue de Jiang [44], Gant [45], Jenny [46] et Gouesbet [47].
I.1. Outils de simulations applicables aux sprays
D'une manière générale, les méthodes de simulation se scindent en deux classes, suivant le
référentiel de calcul choisi : Eulérien ou Lagrangien. Dans un référentiel de calcul
Lagrangien, on considère une particule individuelle fluide et on suit ses déplacements dans
l'espace et le temps. Dans un référentiel de calcul Eulérien, on considère un point fixe de
l'espace et on suit l'évolution temporelle des caractéristiques de l'écoulement en ce point.
Une méthode de calcul utilisant un référentiel de calcul Eulérien est dite « Eulérienne »,
tandis qu'une méthode utilisant un référentiel de calcul Lagrangien est dite « Lagrangienne ».
Deux approches sont communément utilisées pour modéliser un spray : (a) l'approche Euler-
Euler où la phase liquide et la phase gazeuse sont modélisées par une méthode eulérienne en
étant considérées comme deux fluides continus distincts. ; (b) l'approche Euler-Lagrange où la
50/195
I. Méthodes et modèles pour la simulation d'un spray
phase gazeuse est décrite par une méthode eulérienne et la phase liquide par une méthode
lagrangienne. Une comparaison des avantages et inconvénients de chacune des méthodes,
dans le cadre de la simulation d'un spray, est présentée par Gant [45]. Cette étude tend à
montrer qu'une simulations Euléro-Lagrangienne est plus à même de reproduire l'écoulement
d'un spray, pour un temps de calcul plus faible et une physique plus justement reproduite.
Ainsi, les résultats des approches eulériennes-eulériennes varient fortement en changeant les
conditions d'initialisation de la phase discrète (vitesse et diamètre des gouttes), tandis que le
choix des conditions limites ainsi que la modélisation des termes de fermeture des équations
sur la phase discrète reste peu fiable. Pour les approches lagrangiennes, la phase discrète est
simulée en effectuant le suivi d’un très grand nombre de gouttes au sein de l’écoulement d’air.
Cette méthode peut s’avérer coûteuse en temps de calcul mais c’est la méthode qui s’appuie
sur le moins d’hypothèses pour la résolution de la phase dispersée.
Nous avons fait le choix dans cette thèse d’utiliser une approche eulérienne-lagrangienne pour
appréhender la simulation numérique du spray en utilisant le logiciel FLUENT®.
Les paragraphes suivants exposent les modèles utilisés pour la simulation eulérienne de la
phase continue et le suivi lagrangien des gouttes. La restriction sur le choix des modèles est
notamment influencée par le logiciel de CFD utilisé. D'autres arguments quant à ce choix
seront avancés dans la section III.
I.1.1. Simulation eulérienne de la phase continue
La simulation eulérienne consiste à résoudre les équations de Navier-Stokes qui régissent
l’écoulement d’un fluide :
∂ρ∂ t
+∂ρ u i
∂ x i
=0 (2.1)
∂∂ t
(ρ u i)+∂∂ x j
(ρ u j u i )=−∂P
∂ x i
+ ∂∂ x j
[μ( ∂u i
∂ x j
+∂u j
∂ x i
−23δij
∂u l
∂ x l)]+Smom ,i (2.2)
Le terme Smom , i représente un terme source, traduisant le transfert de quantité de mouvement
entre la phase dispersée et la phase continue. Nous reviendrons plus tard sur la formulation de
ce terme. Dans le cas d’un spray, l’écoulement de gaz est un écoulement turbulent. Pour
appréhender la turbulence de l’écoulement, trois approches peuvent être envisagées :
– La plus directe est l'approche DNS (Direct Numerical Simulation) dans laquelle l'espace
est discrétisé en cellules aussi petites que les plus petites structures de l'écoulement. Cette
approche n'utilise aucun modèle, et donc aucune approximation. Cependant son coût
numérique, en temps de calcul et en mémoire, limite son utilisation à des écoulements de
faible extension et à des nombres de Reynolds turbulents modérés.
– La Simulation des Grandes Échelles (LES) est basée sur l’introduction d’un nombre
d'onde de coupure en dessous duquel l'énergie due aux mouvements tourbillonnaires est
prise en compte par un modèle. En résumé, les plus grosses structures tourbillonnaires
51/195
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
sont résolues exactement, tandis que les plus petites sont modélisées en introduisant une
viscosité supplémentaire calculée par les modèles dits de « sous-maille ». L'approche LES
nécessite d'utiliser des maillages demeurant relativement fins, et donc gourmands en
puissance de calcul.
– Les approches RANS, Reynolds Averaged Navier Stokes, s’appuient sur une approche
statistique afin de résoudre les grandeurs moyennes de l’écoulement turbulent Ces
méthodes RANS ne sont donc pas adaptées pour résoudre des problèmes fortement
instationnaires. Il n'est d’ailleurs pas possible de résoudre des structures plus petites que la
résolution spatiale de la grille de calcul.
L'utilisation de la moyenne temporelle en RANS et du filtrage spatial en LES aboutit dans les
deux cas à un problème de fermeture du système d’équations à résoudre. Les approches
permettant d’expliciter ces termes inconnus conduisent à un nombre important de modèles de
turbulence. L'approche LES est toutefois moins dépendante à la modélisation de ce terme
inconnu quant à la précision de la simulation numérique. Enfin, le traitement d'un écoulement
diphasique en LES est assez flou, notamment en ce qui concerne les échanges d'énergie
turbulente entre les deux phases. Ces inconvénients sont mieux contournés par les méthodes
RANS, que nous utiliserons donc dans les simulations.
Le paragraphe suivant présente les principes généraux des approches RANS pour la
simulation d'écoulements turbulents.
(i) Présentation des équations RANS
L'approche RANS consiste à séparer l'écoulement moyen de l'écoulement fluctuant en
utilisant une moyenne temporelle, on parle de la décomposition de Reynolds. Une
composante de vitesse est écrite comme la somme d'un champ de vitesse moyen v=v ( X , t )et d'un champ de vitesse fluctuant v
=v (X , t ) : v=v+ v
. En introduisant cette
décomposition dans les équations de Navier-Stokes et en moyennant l’ensemble de
l’expression, l’équation se simplifie par :
∂∂ t
(ρ u i )+∂∂ x i
(ρ u j u i)=−∂P
∂ x i
+ ∂∂ x j [μ( ∂u i
∂ x j
+∂u j
∂ x i
−23δij
∂u l
∂ x l)]
+ ∂∂ x j
(−ρ u i
u j
)+Smom ,i
(2.3)
Le terme ρ u i
u j
correspond à une composante du tenseur de Reynolds. Pour résoudre cette
équation, il est nécessaire de modéliser le tenseur de Reynolds. L'hypothèse de Boussinesq
(équation 2.4) permet d'exprimer le tenseur de Reynolds en fonction des gradients de vitesses.
Deux grandeurs sont alors introduites : la viscosité dynamique turbulente μ t et l'énergie
cinétique turbulente k=12
u i
u j
.
52/195
I. Méthodes et modèles pour la simulation d'un spray
−ρ u i
u j
=μt( ∂u i
∂ x j
+∂u j
∂ x i
−23δij
∂u l
∂ x l)−2
3ρ k δij (2.4)
Si on introduit la relation 2.4, l’équation 2.3 devient :
∂∂ t
(ρ u i)+∂∂ x j
(ρ u j u i )=+ ∂∂ x j
[(μ+μ t )∂u i
∂ x j]+ ∂
∂ x j[(μ+μ t )
∂u j
∂ x i]
− ∂∂ x i
[ 23 (μ+μ t )
∂u l
∂ x l]− ∂
∂x i[P+
23ρ k ]
+Smom, i
(2.5)
L’obtention du champ de vitesse nécessite la détermination de la viscosité dynamique
turbulente μ t et de l’énergie cinétique turbulente k. Différents modèles de turbulence
permettent d’accéder à ces caractéristiques de l’écoulement.
(ii) Modèles de fermeture RANS
Nous n’introduirons ici que les modèles à deux équations de transport disponibles dans la
littérature et qui sont couramment utilisés. Le fondement de ces modèles reposent sur
l’introduction de deux équations différentielles permettant d’accéder à l’échelle des vitesses
u et à l’échelle des longueurs des structures turbulentes ℓ , en considérant par analyse
dimensionnelle : k∝u 2 et μ t∝ρ u
ℓ .
– Le modèle k-ε : La formulation de ce modèle conduit à deux équations de transport
pour l’énergie cinétique turbulente k et le taux de dissipation de l’énergie turbulente ε .
La viscosité dynamique est alors obtenue par :
μ t=Cμρ k
2
ε (2.6)
Ils existent plusieurs variantes de ce modèle : k-ε standard [48], RNG-k-ε [49] [50] [51], k-ε
réalisable [52]. Concernant le modèle k-ε standard, sa formulation est régie par les équations
suivantes :
∂∂ t
(ρ k )+ ∂∂ x j
(ρ k u j)=∂
∂ x j(Γk
∂ k
∂ x j)+Gk−Y k+Sk (2.7)
∂∂ t
(ρ ε )+ ∂∂ x j
(ρ ε u j)=∂
∂ x j(Γε
∂ε∂ x j
)+Gε−Y ε+S ε (2.8)
avec Γk=μ+μtσ k
et Γε=μ+μ tσ ε
.
53/195
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
Les termes en Γ représentent la diffusivité de la grandeur en indice, ceux en G représentent
un terme de production par le champ de vitesse moyen, ceux en Y traduisent la dissipation et
54/195
Modèle RANS k-ε Modèle RANS k-ω
Viscosité turbulente μ t μ t=Cμρ k
2
ε μ t=α*ρ kω
Terme de production GkGk=−ρ u i
u j
∂u j
∂ x i
Terme de production de la dissipation Gε ou Gω
Gε=C 1εεk
GkGω=αω
kGk
Terme de dissipation de l'énergie turbulente Y k
Y k=ρ ε Y k=β* f β* ρ kω
Terme de dissipation de la dissipation Y ε ou Y ω
Y ε=C2εεk
Gk Y ω=ρ βf βω2
Tableau 2.1: Formulation des différents termes des équations de transports pour les modèlesRANS k-ε et RANS k-ω.
Termes où la constante apparaît Modèle RANS k-ε Modèle RANS k-ω
Constantes de diffusion : σ k=1.0 ; σ ε=1.3 σ k=2.0 ; σ ω=2.0
Constante de Viscosité turbulente
Cμ=0.09
α* : terme d'amortissement de laviscosité turbulente, correction pour
les faibles Reynolds turbulents :Ret>1000 → α*=α *∞=1Ret<1000 → 0<α *<α *∞
Terme de production de la dissipation Gε ou Gω
C1ε=1.44
α : terme d'amortissement de laviscosité turbulente, correction pour
les faibles Reynolds turbulents :Ret>1000 → α=α∞=1Ret<1000 → 0<α<α∞
Terme de dissipation de l'énergie turbulente Y k
-
β* : terme comportant unamortissement pour les faibles
Reynoldsf β* : f β*=f (χ k) , avec
χ k=1
ω3
∂ k
∂ x j
∂ω∂ x j
Terme de dissipation de la dissipation Y ε ou Y ω
C 2ε=1.92
β : terme comportant unamortissement pour les faibles
Reynoldsf β : f β=f (χ ω)
Tableau 2.2: Constantes des modèles RANS k-ε et RANS k-ω.
I. Méthodes et modèles pour la simulation d'un spray
enfin les termes en S modélisent la modification de la turbulence par la phase discrète. Tous
ces termes sont précisés dans le tableau 2.1. Cette formulation de la turbulence fait intervenir
cinq constantes (Cμ ,C1ε ,C 2ε ,σ k ,σ ε ) , déterminées expérimentalement sur des études
d’écoulements cisaillés simples (tableau 2.2).
Ce modèle présente les avantages d'être simple à mettre en œuvre, stable et économique
numériquement parlant et d'être applicable à de nombreux types d'écoulements confinés ou
non. En revanche, à moins d'introduire des lois de parois supplémentaires ou d'utiliser des
variantes (par exemple k-ε RNG et réalisable), ce modèle RANS-k-ε n'est pas valable dans
les régions de proche paroi (zone de bas Reynolds). Enfin, on pourra noter que ce modèle ne
permet pas de reproduire correctement les écoulements complexes présentant des phénomènes
de recirculation ou de rotation. Cette limitation trouve sa source dans l'hypothèse d'isotropie
de la turbulence et dans les limitations pour résoudre un décollement à la paroi, souvent
présent dans ce type d'écoulement.
– Le modèle k-ω : il est basé sur un modèle de 1988 où Wilcox reprend l'idée de
Kolmogorov concernant la fréquence caractéristique des grands tourbillons [53]. Il est
basé sur les équations de transport de k et de la fréquence de dissipation de la turbulence
ω. Cette dernière est définie comme le rapport de ε sur k. La viscosité dynamique
turbulente μ t est alors calculée comme suit :
μ t=α *ρ kω (2.9)
Les équations issues de cette formulation s’écrivent comme suit :
∂∂ t
(ρ k )+ ∂∂ x j
(ρ k u j)=∂
∂ x j(Γk
∂ k
∂ x j)+Gk−Y k+Sk (2.10)
∂∂ t
(ρ ω )+ ∂∂ x j
(ρ ω u j )=∂∂ x j
(Γω∂ω∂ x j
)+Gω−Y ω+Sω (2.11)
Avec Γk=μ+μtσ k
et Γω=μ+μ tσ ω
.
Les formulations des termes G et Y sont précisés dans le tableau 2.1. Ces termes ont la même
signification physique que pour les équations discutées pour le modèle k-ε.Le coefficient α * figurant dans l'équation 2.9 propose d’amortir la viscosité turbulente dans
le cas d'un écoulement à bas-Reynolds. Cela permet notamment de prendre en compte le
comportement de l'écoulement en proche paroi. On dit, contrairement à son homologue
RANS-k-ε, que le modèle RANS-k-ω est intégrable jusqu'à la paroi.
Toutefois, l'utilisation de ce modèle RANS-k-ω doit être limitée au cas des écoulements
confinés.
– Le modèle k-ω SST : En 1994, Menter [54] a proposé un modèle « hybride » entre les
modèles RANS-k-ε et k-ω, appelé k-ω SST. Ce nouveau modèle permet de combiner les
capacités du modèles RANS-k-ε loin ou en l'absence de paroi, aux qualités du modèle
55/195
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
RANS-k-ω en proche paroi. Pour ce modèle, les valeurs des constantes sont modifiées
comparé aux modèles standarts.
Les constantes des modèles évoqués dans cette partie sont données dans le tableau 2.2.
I.1.2. Suivi lagrangien de la phase discrète
(i) Équation du mouvement
La méthode Euler-Lagrange, également appelée « Suivi de Particule Lagrangien », propose de
modéliser l'écoulement du gaz par une approche Eulérienne, tandis que le spray est représenté
par un ensemble de « particules numériques » Lagrangiennes. Dans la suite de cette section
I.1, l'indice « p » désigne les particules et l'indice « G » désigne le gaz, également appelé
fluide porteur.
La trajectoire de chaque particule à travers le domaine de calcul est calculée depuis le point
d'injection. Les mouvements de chaque particule sont calculés à partir du système d’équations
ci-dessous :
d xp
d t=u p
mp
d u p
d t=∑ Fextérieur
(2.12)
où mp représente la masse de la particule, up sa vitesse absolue et x p sa position
instantanée dans le référentiel absolu. Les équations de conservation de la masse et de
l'énergie peuvent également être utilisées en fonction des mécanismes modélisés.
En considérant que la gravité est la seule force extérieure de volume, l’équation générale du
mouvement pour la particule peut s’écrire :
mp
d u p
d t=F traînée+FMasse ajoutée+F Gradient de pression+F Portance+ FHistoire+F Flottabilité (2.13)
De nombreux auteurs se sont attachés à caractériser chacun des termes pour une plage de
Reynolds particulaire Rep la plus étendue possible ([55] [56]). Ce nombre de Reynolds
particulaire est calculé comme suit :
Rep=ρG d p u rel
μG(2.14)
où u rel est la norme de la vitesse relative u rel entre la particule et le fluide porteur
u rel=up−uG .
- FORCE DE TRAÎNÉE STATIONNAIRE :
Cette force résulte du frottement visqueux et des actions de pression à la surface de la
particule. L’expression générale de cette force est la suivante :
56/195
I. Méthodes et modèles pour la simulation d'un spray
F traînée=−12ρ G SpCD u rel
u rel
∥u rel∥(2.15)
où Sp est le maître couple de la particule. Pour une particule sphérique Sp=πd p
2
4 . La
grandeur CD représente le coefficient de traînée.
En régime de Stokes, c'est-à-dire Rep≪1 pour une sphère rigide, le coefficient de traînée
prend la forme suivante :
Rep≪1 ⇒ CD=24Rep
(2.16)
Toujours dans le cas d'une sphère rigide et pour Rep≤1000 , le coefficient de traînée est
donné par la relation de Schiller et Nauman [57] :
Re p≤1000 ⇒ CD,S.&N.≈24Re
(1+0.15 Re0.687 ) (2.17)
Les expressions établies par Morsi et Alexander [58] sont adaptées pour une plus large
gamme de Reynolds ( Re p<5×104 ). La forme générale du coefficient de traînée CD s’écrit
comme suit :
CD=k 1
Re p
+k 2
Re p2 +k 3 (2.18)
où les coefficients k 1 , k 2 et k 3 sont donnés par plage de Re p dans le tableau 2.3.
Ces relations sont complétées par l'approximation CD≈0.44 pour 1000<Re p<105 (Loi de
Newton).
La figure 2.1 récapitule l’évolution de ces coefficients en fonction du nombre de Reynolds.
Sur cette figure 2.1, les corrélations établies pour des coefficients de traînée d'une sphère
57/195
Rep k 1 k 2 k 3
< 0.1 24 0 0
0.1 → 1 22.73 0.0903 3.69
1 → 10 29.167 -3.889 1.222
10 → 100 46.5 -116.67 0.6167
100 → 1000 98.33 -2778 0.3644
1000 → 5000 148.62 -4.75E+004 0.357
5000 → 10000 -490.55 5.79E+005 0.46
10000 → 50000 -1662.5 5.42E+006 0.5191
Tableau 2.3: Valeurs des coefficients k 1 , k 2 et k 3 de Morsi et Alexander [58] en fonctionde Rep .
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
fluide peu déformée sont également présentées. Dans le domaine des Reynolds inférieurs à
200, la corrélation de Hadamard se base sur la différence de viscosité entre le fluide porteur,
et le fluide de la sphère. Rivkind et al. [59] ont proposé une corrélation sur une plage plus
étendue de Reynolds, 2≤Rep≤500 pour une sphère fluide peu déformée. On observe les
faibles variations (à l'échelle de la figure) amenées par la prise en compte d'une déformation
minime.
Ces différentes corrélations ne sont valables que dans le cas de gouttes sphériques ou
faiblement déformées. Pour une goutte d'eau en mouvement dans l'air, la déformation devient
importante pour Y ad supérieur à 1000 et il est nécessaire de corriger le coefficient de traînée
[60].
Liu et al.(1993) [61] proposent le modèle dynamically varying drop drag coefficient. Ce
modèle calcule le coefficient de traînée d'une sphère rigide déformée (équation 2.20) à partir
de la corrélation de Schiller et Nauman CD ,S.& N. et par la déformation de la goutte :
CD=CD,S.&N. (1+2.632 y ) (2.19)
La déformation de la goutte est caractérisée par le facteur de forme y, calculé à partir du
modèle de fragmentation TAB, présenté au paragraphe (ii) de cette section. Le principe de
cette formulation est de faire varier le coefficient de traînée entre celui d'une goutte sphérique
pour y=0 , et celui d'un disque pour y=1 . Ces auteurs proposent également de modifier le
calcul du maître couple Sp de manière à prendre en compte l'aplatissement de la goutte.
58/195
Figure 2.1: Comparaison des corrélations sur le coefficient de traînée CD enfonction du nombre de Reynolds.
I. Méthodes et modèles pour la simulation d'un spray
a<d p Sp=πa2
a>d p S p=πd p2 (2.20)
avec a le demi grand axe de la goutte déformée.
Ce dernier modèle est disponible dans le logiciel FLUENT®. Le maître couple Sp n'y est
toutefois pas corrigé.
- FORCE DE MASSE AJOUTÉE
La force de masse ajoutée traduit la force nécessaire à la mise en mouvement du fluide
porteur autour de la particule. C'est donc une force qui freine les particules. Le coefficient
CmA donne la masse du fluide porteur réellement mis en mouvement, exprimé en ration de la
masse de la particule. Le coefficient CmA est généralement fixé à ½, mais peut également
varier en fonction de l'accélération relative de la particule et du fluide porteur.
F Masse Ajoutée=−CmAρ G
πd p3
6 (d u rel
d t ) , avec CmA=12
. (2.21)
- FORCE DE GRADIENT DE PRESSION
La force de gradient de pression caractérise l'inertie du mouvement d'ensemble fluide porteur-
particule et représente la force que le fluide doit exercer sur un élément de lui-même, de
volume identique à celui de la particule, afin de lui fournir une accélération égale à
l'accélération de l'écoulement non perturbé (loin de la particule). La forme générale du
gradient de pression s'écrit en fonction de la dérivée temporelle de la vitesse du fluide
porteur :
FGradient de pression=ρ G
πd p3
6 (∂uG
∂ t+uG⋅∇ uG) (2.22)
- FORCE D’HISTOIRE
La force d'histoire, ou terme historique de Basset, traduit le temps non nul que met une
impulsion de mouvement issue de la particule à un instant t pour se propager dans le fluide
porteur. Au contraire de la force de traînée qui est une interaction à action immédiate, la force
d'histoire produit une interaction progressive qui s'atténue avec le temps. Sa forme générale
s'écrit :
F histoire(t)=3πμGd ∫−∞
t
K (t−τ , τ)(d up(t )
d τ−
d uG( t)
d τ )d τ ,
avec K (t−τ , τ)=d p
2√πν G(t−τ) le noyau de la force d'histoire.
(2.23)
- FORCE DE FLOTTABILITÉ
On limite l'action des forces volumiques à l'action de la gravité, au travers de la force de
gravité et de la force d'Archimède. Ces deux forces sont réunies dans l'équation (2.24). On
59/195
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
note que pour ρG≪ρ p , la force d'Archimède devient négligeable, ce qui est le cas d’une
goutte d’eau dans l’air.
FGravité=πd p
3
6 (ρ p−ρ G ) g , g étant l’accélération de la pesanteur (2.24)
- SIMPLIFICATION DE L’ÉQUATION DU MOUVEMENT POUR UN ÉCOULEMENT AIR+GOUTTES D'EAU
Dans le cas d’un spray, les deux phases ont un rapport de masse volumique très grandeρ p
ρG≈103 de telle sorte que les forces de masse ajoutée et d’histoire peuvent être négligées
comme l’a démontré Michaelides [62]. Pour les mêmes raisons, la force liée au gradient de
pression est généralement négligeable devant la traînée.
L’équation finale du mouvement dans le cas d'un écoulement gaz-goutte d'eau se simplifie
donc suivant la relation :
mp
d u p
d t=ρ p
πd p3
6
d u p
d t
=−ρ G
πdp2
8CD u rel
u rel
∥u rel∥+πd p
3
6ρ pg
(2.25)
Le temps de relaxation τp caractérise la durée nécessaire à une particule pour atteindre sa
vitesse limite, ou vitesse terminale lorsque celle-ci est soumise à un incrément de vitesse.
Toujours dans le cas où ρ p
ρG≫1 , on obtient à partir de la force de traînée :
F traînée=m p
u relτ p
, avec τ p=43
ρ p
ρG
d
CD u rel
(2.26)
Ce temps de relaxation permet d'introduire un nombre sans dimension caractérisant le temps
de réponse d'une particule soumise aux fluctuations de la phase porteuse, le nombre de
Stokes :
St=τ pτ G
(2.27)
où τ G représente une échelle de temps caractéristique de l'écoulement et des structures de la
turbulence en particulier.
On note que dans le cas où le coefficient de traînée est différent de celui de Stokes (équation
(2.16)), le temps de relaxation change à chaque instant, en fonction de la vitesse instantanée
u rel( t) , perdant par conséquence sa définition initiale. Il caractérise alors le temps de réponse
de chaque particule en fonction de son diamètre et de sa vitesse.
(ii) La déformation et la fragmentation des gouttes
En simulation Lagrangienne, deux familles de modèles de fragmentation existent. Les
modèles déterministes simulent le comportement de la goutte à partir d'équation physiques :
oscillation d'une goutte (modèles TAB [63], DDB [64], ITAB et ETAB [65] [66]), propagation
60/195
I. Méthodes et modèles pour la simulation d'un spray
d'onde (modèles WAVE ou KH-RT [67] [68]). Les modèles stochastiques calculent l'évolution
d'une distribution de diamètres de gouttes à partir d'équation de probabilité sur la
fragmentation et la collision [69]. Les nombreux modèles disponibles ont principalement été
développés pour des simulations d'injection diesel. À titre de comparaison, les régimes de
fragmentation pour cette application sont principalement de type shear1, voir catastrophique,
alors même que dans une application de refroidissement telle que la nôtre, les régimes sont de
type bag au plus. Enfin, les gouttes sont généralement de petite dimension ( ddiesel<100µm ),
mais très rapides ( udiesel≈100m.s−1 ). Parmi les modèles déterministes les plus utilisés se
trouve le modèle TAB, Taylor Analogous Breakup, développé par O'Rourke et Amsden [63].
Ce modèle consiste à caractériser le déplacement x de l'équateur de la goutte, par rapport à
sa position d'équilibre sphérique. Ce déplacement est supposé obéir aux équations régissant
un oscillateur harmonique forcé, soumis aux forces internes (tension superficielle, viscosité
interne) et externe (traînée). Les constantes du modèle sont issues de calculs théoriques sur
l'oscillation d'une goutte dans son mode fondamental (Lamb [70]), et vérifient le seuil de
fragmentation minimum WeB=12 (voir § I.2). La déformation adimensionnelle y utilisée
au paragraphe précédent dans l'équation (2.19) est donnée par l'équation :
y=2
C b
x
d p
avec C b=12 (2.28)
Les détails sur ce modèle sont présentés en Annexes 2) .
Cette approche Euler-Lagrange est généralement utilisée dans les cas où la fraction volumique
locale de liquide χV est inférieure à quelques pourcents. Le logiciel FLUENT® fixe cette
limite à χV≈10% . Dans ce cas, cette approche est numériquement moins coûteuse qu'une
méthode Euler-Euler, tout en offrant la possibilité de suivre l'histoire d'une particule et
d'ajouter aisément des termes spécifiques pour des interactions particulières (fragmentation,
collision, impact sur une paroi, etc). Elle peut cependant devenir numériquement très lourde
lorsqu'un trop grand nombre de particules est suivi. Toutefois, cette limite peut être
contournée en considérant chaque « particule numérique » comme la représentante de
plusieurs gouttes physiques, suivant des critères statistiques sur le diamètre et le volume de
liquide transporté. On utilise alors le terme de parcel pour exprimer la présence de plusieurs
gouttes.
(iii) Modèle de dispersion turbulente
Dans l’équation du mouvement d’une particule (équation (2.25)), la vitesse fluide uG utilisée
dans la formulation des différentes forces s’entend comme la vitesse instantanée du fluide à la
position de la particule pour chaque instant t. Une simulation eulérienne de la phase continue
par un modèle RANS ne permet d'accéder qu'au seul champ de vitesse moyen. Or, l'influence
des fluctuations turbulentes du fluide porteur, l'air, sur le mouvement d'une particule est un
paramètre de première importance dans l'étude des écoulements diphasiques dispersés. En
1 Voir chapitre 1 pour la description de ces différents régimes
61/195
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
simulation Euler-Lagrange, la principale difficulté réside donc dans la définition de la
turbulence ressenti par la particule lagrangienne. Si les caractéristiques eulériennes d'une
turbulence peuvent être calculées (voir paragraphes I.1.1), il n'en est pas de même de celles
vues par une goutte en déplacement par exemple.
La prise en compte de la turbulence sur le mouvement des particules est possible en utilisant
un modèle de dispersion afin de générer les fluctuations de vitesse de la phase fluide. Ainsi,
chaque vitesse instantanée uG est représentée par la somme d’une vitesse moyenne uG
obtenue directement par le modèle RANS et d’une fluctuation v G :
uG=uG+v G (2.29)
La difficulté est de réussir à générer cette fluctuation de vitesse compte tenu des propriétés de
la turbulence du fluide.
Les modèles de dispersion qui ont d'abord été développés sont les modèles de type Eddy
Interaction, très largement détaillés dans Gosman et Ioannides [71] et Graham [72] [73].
Les modèles EIM (Eddy Interaction Models) sont basés sur la représentation de la turbulence
comme un ensemble de structures tourbillonnaires, avec lesquelles les particules interfèrent.
Les caractéristiques des tourbillons (intensité, taille, durée de vie) sont représentatives des
propriétés turbulentes locales, issues du calcul eulérien sur la phase continue. Ces modèles
sont également appelés modèles à marche aléatoire discontinue ou Discontinuous Random
Walk (DRW).
En pratique, l'interaction d'une particule avec un tourbillon est modélisée par l'ajout du terme
fluctuant v G dans la vitesse du gaz uG ressentie par la particule (équation (2.29)). Chaque
composante v G , i de la fluctuation est issue d'un processus stochastique gaussien, dont l'écart
type respecte l'intensité turbulente du tourbillon, soit :
√vG , i2 =√2k /3 (2.30)
L'équation (2.30) suppose une turbulence homogène et isotrope.
Les caractéristiques du tourbillon sont maintenues constantes jusqu'à ce qu'il disparaisse
(durée de vie du tourbillon), ou que la particule le traverse. La particule interagit alors avec un
nouveau tourbillon dont les caractéristiques sont calculées à partir de donnée sur le champ
turbulent de la phase continue. Un nouveau tirage aléatoire pour les composantes v G , i et
alors réalisé suivant le processus stochastique gaussien décrit pour l’équation 2.30. Les
calculs de la dimension du tourbillon ℓeddy et de sa durée de vie τ eddy sont basés sur les
grandeurs turbulentes k et ε (ou ω en prenant ε=kω ).
ℓeddy=Cμ3 /4 k
3 /2
ε
τ eddy=√ 32
Cμ3 /4 k
ε
(2.31)
62/195
I. Méthodes et modèles pour la simulation d'un spray
Ce type de modèle permet de rendre compte simplement de la dispersion de la phase discrète,
même si les effets d'inertie, de continuité et de croisement de trajectoire ne sont pas
reproduits. Enfin, le calcul d'une fluctuation isotrope peut avoir pour conséquence de générer
l'accumulation des petites particules dans les zones de faible intensité turbulente.
D'autres méthodes existent, comme celles basés sur l'équation de Langevin, et permettent une
prise en compte plus fine de la turbulence sur les trajectoires de la phase dispersée. Leur mise
en œuvre ne sera pas traité dans cette thèse.
I.1.3. Couplage du suivi lagrangien à la simulation eulérienne
(i) Méthode numérique pour le couplage
Dans l'approche Euler-Lagrange, l'influence de la phase dispersée sur la phase continue est
modélisée par un terme source de quantité de mouvement Smom , i dans l'équation Eulérienne
(2.5), et des termes source de turbulence Sk et Sω dans les équations du modèle RANS k-ω
(2.10) et (2.11).
En pratique, le solver CFD FLUENT calcule pour chaque cellule de calcul d'indice n un terme
source SΦn : il somme sur toutes les particules localisées dans la cellule n la contribution à la
grandeur Φ transférée de la phase discrète à la phase continue (équation (2.32)). Cette
contribution dépend de la masse mpΔ t transit de liquide transportée par chaque particule à
travers la cellule n durant le temps Δ t transit . Δ t transit est le temps passé par la particule dans la
cellule n. Ce temps est inférieur ou égale au pas de temps utilisé pour la résolution des
équations de la phase continue (voir III.2, chapitre 2).Enfin, Sp
Φ correspond à la contribution
massique de chaque particule.
SΦn =
∑particule
Sp
Φ m pΔt transit
V n
(2.32)
où V n correspond au volume de la cellule d'indice n.
Les équations pour le calcul des termes sources de chaleur ou de masse ont une forme
identique à cette équation (2.32).
Les formulations des termes SΦp pour la quantité de mouvement et la turbulence font l'objet
des paragraphes suivants. Elles sont à chaque fois exprimés pour une particule d'indice p.
(ii) Terme de source de quantité de mouvements
Dans notre cas d’étude, seule la force de traînée contribue aux échanges de quantité de
mouvement entre le fluide et la particule. La source de quantité de mouvement S
p
mom d'une
particule sur la phase continue est calculée au travers du principe de réciprocité, appliqué à la
force de traînée définit au paragraphe I.1.2.
63/195
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
On obtient:
S
p
mom=F traînée
m p
=18μG
ρ p d2
24Rep
CD u rel , [m.s−2 ] (2.33)
(iii) Terme source de la turbulence
- ORIGINE DU COUPLAGE SUR LA TURBULENCE :
La présence de particules en mouvement dans une phase continue modifie la turbulence. Cette
modulation de la turbulence est due à plusieurs mécanismes : la dissipation de l’énergie
cinétique par les particules, l’augmentation de la viscosité apparente, ou encore les vitesses
induites dans le sillage des particules. Les mécanismes étant nombreux, les modèles existant
ne permettent pas de prendre en compte tous les phénomènes. Nous allons présenter ceux qui
ont été étudiés dans cette thèse.
- MODÉLISATION DU TERME SOURCE DANS L’ÉQUATION DE L’ÉNERGIE CINÉTIQUE TURBULENTE :
Le terme source de la l'énergie cinétique turbulente est généralement calculé à partir de la
fluctuation du terme de traînée et de la fluctuation de la vitesse de la phase continue :
Sp
k=⟨Sp
mom ,i
u rel , i
⟩=⟨Sp
mom ,i uG , i⟩−⟨Sp
mom , i⟩⟨uG , i⟩ (2.34)
où ⟨−⟩ correspond à une moyenne temporelle.
On note que cette formulation conduit à une valeur négative du terme source de turbulence,
c'est-à-dire que l'action des particules se limite à une atténuation de la turbulence. Cet aspect
est particulièrement limitant lorsque l'on considère l'action de grosses particules sur
l'écoulement, pour lesquelles on s'attend à créer de la turbulence au travers du sillage.
- MODÉLISATION DU TERME SOURCE DANS LES ÉQUATIONS SUR LA DISSIPATION DE LA TURBULENCE
Dans FLUENT, le terme source de la dissipation turbulente est modélisé selon la formulation
vue dans Faeth [74] :
Sp
ω=−2C 3ε μ tεk
∂Sp
mom
∂ r, avec C3,ε≈1.8 (2.35)
où r représente la position en coordonnée cylindrique centré sur la position de la particule.
I.2. Méthodes d'initialisation d'un spray
La figure 2.11 schématise quelques-unes des méthodes utilisées pour initialiser le calcul
numérique d’un spray. Deux familles distinctes existent :
─ L'atomisation primaire est simulée (en orange et rouge) par des corrélations
empiriques ou par la résolution d'équations modélisant les mécanismes spécifiques à
l'atomisation (propagation d'onde, écoulement interne à la buse, fragmentation). Ces
64/195
I. Méthodes et modèles pour la simulation d'un spray
méthodes permettent d'obtenir les caractéristiques du spray (nombre, répartition
spatiale, taille et vitesse des gouttes) à différentes distances de la buse.
─ L'atomisation primaire n'est pas simulée (en vert). La simulation début donc à partir
d'un spray pleinement développé pour lequel des informations dans une section située
en aval de l'atomisation sont nécessaires.
(i) Simulation de l'atomisation primaire
L'atomisation primaire peut être modélisée à partir d'une méthode Euler-Euler appliquée sur
une nappe liquide issue de la buse (en rouge). Cette méthode permet de suivre au plus près la
réalité du développement d'un spray [75]. Basé sur le même principe, la méthode ELSA
(Eulerian Lagrangian Spray Atomisation) [76] se limite à la résolution d'une seule équation
eulérienne moyennée sur les deux phases qui décrit le développement et la fragmentation
d'une nappe liquide. Une phase de transition permet de transformer les éléments liquides
eulériens en particules numériques lagrangiennes de volume équivalent.
Une autre solution, du type Euler-Lagrange, consiste à initialiser au niveau de la buse des
particules dont le diamètre est égal au diamètre de sortie de la buse (en orange sur la figure).
En appliquant les modèles de fragmentation tels que TAB, WAVE ou KH-RT, certains auteurs
obtiennent des résultats en accord avec leurs mesures expérimentales dans le cadre de
l'atomisation d'un spray diesel ([68] [66]). Cette méthode nécessite cependant une
réévaluation des constantes propres aux modèles de fragmentation en fonction du type de
spray.
65/195
Figure 2.2: Représentation schématique de quelques méthodes d'initialisation d'un spray
Buse d'injection
Description lagrangienne de l'atomisation par fragmentation de grosses gouttes
Plan d'initialisation d'un nuage de goutte
Description eulérienne de l'atomisation: fragmentation d'une nappe liquide
EZ
Création de particule lagrangiennes à partir des information du calcul Eulérien
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
L'atomisation primaire peut également être décrite à partir de corrélations empiriques
décrivant les caractéristiques du spray proches de la buse d'injection ([77] [78] [79]). Ces
corrélations dépendent du type de buse et des conditions d’injection du spray. Le logiciel
FLUENT® propose un certain nombre de ces corrélations. Différentes études ont montré que
ces corrélations ne fonctionnement par pour tous les sprays ([80] [81]).
La description de la phase d'atomisation primaire a l'inconvénient premier d'être coûteuse en
mémoire et en temps de calcul, d'autant plus si la zone d'intérêt de l'étude se situe loin de la
zone d'injection. De plus ces méthodes sont principalement testées sur des sprays diesels (
ddiesel<100µm , udiesel≈100m.s−1 ).
(ii) Initialisation direct e dans un plan en aval de l’atomisation primaire
En l'absence de modélisation de l'atomisation primaire, un brouillard de particule est
directement généré dans le calcul en utilisant des informations sur les caractéristiques du
spray (nombre, répartition, taille et vitesse des gouttes). Ces informations sont généralement
obtenues grâce à des mesures expérimentales réalisées ou encore à partir de corrélations
obtenues par méthode expérimentale.
La méthode consiste à reproduire numériquement ces caractéristiques ([82] [83]). Des
simplifications et ajustements sont généralement nécessaires, par exemple l'utilisation d'une
fonction de distribution pour générer le diamètre des gouttes. Il faut également définir à quelle
distance de la buse le spray est initialisé. Ces choix peuvent dépendre de la région de validité
des corrélations, ou encore du plan de mesure expérimental.
La reproduction correcte du spray au niveau du plan d’initialisation nécessite également
d'imposer des caractéristiques de vitesse et de turbulence à la phase continue. Les conditions
d'existence et d'évolution du spray à partir du plan d'initialisation sont en effet fortement
dépendantes des caractéristiques de la phase gazeuse. Cet aspect, peu évoqué dans la
littérature, demande à être pris en compte.
Une approche alternative permet de contourner ce problème. À partir d'informations sur le
spray obtenu très en aval de la buse, on extrapole les caractéristiques du spray au niveau de la
buse d'injection. La simulation est ainsi initialisée dans la zone la plus resserrée du spray,
normalement constituée que de liquide, et donc sans écoulement de gaz. C'est notamment le
choix fait par Gant(2006) ([45] [84]). Il n'est alors pas nécessaire d'initialiser la phase
continue.
II. Caractérisation du spray étudié : contrainte de simulation
Les simulations effectuées au cours de cette thèse se basent sur un spray réel, étudié dans le
cadre d'une campagne expérimentale. Le premier paragraphe présente les outils et
66/195
II. Caractérisation du spray étudié : contrainte de simulation
configurations utilisés. Les choix des méthodes et des modèles numériques dépendent des
caractéristiques de ce spray réel. Les paragraphes suivants présentent les principaux résultats
expérimentaux, avec tout d'abord l'aspect du spray à l’échelle globale, la dimension et le
débit, puis l'aspect à l’échelle des gouttes. Les données regroupent des visualisations du spray
et des mesures de débit surfacique QV dans un plan situé à Z=250mm. Des mesures par PDA
(Phase Doppler Analyser) ont également été réalisées dans ce plan, afin d’accéder à la taille et
à la vitesse des gouttes. Un second plan, Z=500mm, est également caractérisé grâce au PDA
et permettra de valider la méthode de simulation (section IV).
II.1. Présentation des dispositifs expérimentaux
II.1.1. Description du banc expérimental
La figure 2.3 schématise le banc d'étude développé pour la caractérisation du spray en
écoulement libre. Il se compose d'une boucle fluide en circuit fermé et d'un banc de
déplacement tridimensionnel CharlyRobot®. La boucle fluide est constituée d'un réservoir,
faisant également office de récupérateur d'eau, d'une pompe, d'un manomètre, d'un débitmètre
et de la buse d’injection du spray.
On décide d'utiliser un spray plein de type flat fan, ou spray plat. Les caractéristiques du spray
correspondent à celles rencontrées dans l'industrie métallurgique, c'est-à-dire un débit
surfacique de l'ordre de 50 L.m-2.s-1 à 300 mm en aval de la buse d’injection2, pour une vitesse
d’écoulement de l’ordre de 30 m.s-1 au voisinage de la buse d’injection.
2 Le débit surfacique est approximé en divisant le débit total QV par la surface de la section du spray.
67/195
Figure 2.3: Schéma du banc d'essai. Le référentiel a pour origine le point de sortie de la bused'injection.
Manomètre
débitmètre
Pompe
Buse d’injection EY
EZ
EX
θ évasement
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
À partir d’informations issues de différents constructeurs, plusieurs buses répondant à nos
exigences d’ordre industriel ont été pré-sélectionnées. Les caractéristiques des sprays sont
prises à une pression d’injection P injection=5 bars , permettant alors l’obtention de la vitesse
d’écoulement demandée. Le choix final est réalisé par visualisation du spray par caméra
rapide. Les conditions à valider sont liées à des contraintes expérimentales telles que
l’encombrement du spray, la taille de la surface utilisée dans l’étude du refroidissement, mais
également une zone d’atomisation primaire de faible dimension. La condition à valider est
une atomisation primaire rapide. Le tableau 2.4 regroupe les informations sur la buse choisie.
La principale inconnue est la gamme de diamètre des gouttes.
La particularité d'un spray plat est la forme ellipsoïdale de sa section, lorsque celle ci est prise
perpendiculairement à la direction principale de l'écoulement. On définit un référentiel (X, Y,
Z), de vecteurs {EX ; EY ; EZ} , tel que la direction EX corresponde à la plus grande dimension
de l'ellipse, et la direction EY vecteur à la plus petite dimension. Le vecteur EZ est dirigé
selon la direction principale d'écoulement du spray. L'origine est placée au niveau de la sortie
de la buse.
L'instrumentation comprend une caméra rapide pour la caractérisation à grande échelle du
spray, un PDA pour caractériser les gouttes, et un système de récupération locale des gouttes
pour calculer le débit surfacique. Le banc de déplacement permet de caractériser spatialement
le spray en déplaçant les outils de mesure sous différents points du spray.
II.1.2. La technique d'Analyse Phase Doppler
(i) Anémométrie Phase Dopple r
L’Analyse Phase Doppler (PDA) est une technique optique non intrusive qui permet la mesure
simultanée de la vitesse et de la taille d’une particule. Il s’agit d’une extension directe de
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Caractéristiques de la buse
Constructeur Lechler
Type Flat Fan nozzle (spray plat)(ref : 632.641)
Angle d’évasement θévasement 20°
Diamètre de l’orifice 2.5 mm
Condition de fonctionnement
Fluide de travail eau
Pression de travail 5 bars
Débit 6.5 L/min
Tableau 2.4: Caractéristique de la buse étudiée et conditions de fonctionnement
II. Caractérisation du spray étudié : contrainte de simulation
l’Anémométrie Laser Doppler (LDA). Il semble donc opportun de rappeler brièvement le
principe de la LDA. La technique repose sur la mesure du décalage fréquentiel observé entre
une onde incidente et l’onde réfléchie par une particule en mouvement (Effet Doppler) dont le
décalage dépend de la vitesse de la particule up . Les montages de LDA les plus couramment
utilisés sont constitués d’une source laser où le faisceau est séparé en deux avant d’être
focalisé en un point à l’aide d’une lentille (figure 2.4.a). Au point focal, les deux faisceaux se
croisent pour former un volume appelé volume illuminé V i et ayant la forme d’un ellipsoïde
de dimensions a0 , b0 et c0 (figure 2.4.b). Du fait de la cohérence de la source lumineuse, le
volume illuminé est constitué d’un réseau de plans successivement lumineux et sombres et
distants d’une distance δ (figure 2.4.b). Lorsqu’une particule traverse le volume illuminé, la
lumière diffusée présente alors un signal modulé (bouffée Doppler) dont la fréquence, appelée
fréquence Doppler f D , dépend de la distance inter-plans et de la vitesse de la particule selon
l’équation :
f D=2sin(β )
λbu p ,n (2.36)
avec up , n la composante suivant n de la vitesse de la particule up , orthogonale aux plans
d’interférence et appartenant au plan des deux faisceaux. En utilisant deux autres faisceaux de
longueur d’onde différente, il est possible de mesurer une seconde composante de la vitesse
en orientant les faisceaux de telle manière que le second volume illuminé soit orthogonal au
premier. Les bouffées Doppler sont détectées par un photodétecteur (PM) placé arbitrairement
dans l’espace et inséré dans une sonde de réception ayant une lentille frontale de focale f r .
Le signal électrique généré par le PM est amplifié via une haute tension HT (de l’ordre du kV)
avant d’être enregistré pour le traitement (calcul de f D ).
(ii) Analyse Phase Doppler
L’analyse Phase Doppler utilise au moins deux photodétecteurs (nommés PM1 et PM2) placés
à des endroits spatiaux différents de telle sorte que le signal issue de la particule n’arrive pas
simultanément sur les deux PM (figure 2.5). En plus de la fréquence Doppler, la méthode du
PDA consiste à mesurer le déphasage entre deux bouffées Doppler. Le déphasage des bouffées
Doppler ΔΦ 12 , dû aux différences de chemin optique, est directement lié au rayon de
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Figure 2.4: Configuration d'un montage LDA à deux faisceaux (a) et détails du volumeilluminé (b)
up
(a) (b)
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
courbure de la particule qui permet, en la supposant sphérique, d’accéder au diamètre de la
particule d p . Flögel (1981) a été le premier à établir la relation entre la phase et le diamètre :
ΔΦ 12=d pH12 (2.37)
Le paramètre H 12 désigne le facteur de phase ou facteur géométrique entre les
photodétecteurs 1 et 2 et ne dépend que de la configuration expérimentale fixée : indices de
réfractions des particules np et du milieu ambiant nm , demi-angle des faisceaux incidents
β , l’angle d’observation ϕ (position de l’optique de réception) et angle d’élévation des
deux PM, ψ 1 et ψ 2 par rapport au plan de diffusion (figure 2.5).
Plus les photodétecteurs PM1 et PM2 sont proches ( ψ 1 et ψ 2 petits), plus le déphasage sera
petit et donc plus le diamètre maximum détectable d p ,max sera important. Cependant, la
précision sur le calcul du diamètre sera altérée. À noter que d p ,max dépend également de la
configuration optique utilisée (dimension du volume illuminé, focale de l’optique de réception
et angle d’observation) et aux indices de réfraction des particules et du milieu ambiant. Le
déphasage ΔΦ 12 est une fonction périodique de période 2π, où la valeur 2π correspond à
d p ,max . Ainsi, pour une particule ayant un diamètre supérieur à d p ,max , le calcul du
déphasage conduira à un diamètre plus petit. Une solution pour s’affranchir de cette ambiguïté
est d’utiliser un troisième photodétecteur (PM3). On obtient un second déphasage ΔΦ 13 dont
la combinaison avec ΔΦ 12 permet de lever l’ambiguïté.
Contrairement à la LDA, la mesure du diamètre est sensible à la position des PM. En effet,
suivant l’angle d’observation ϕ un mode de réémission de la lumière sera privilégié :
réflexion, réfraction d’ordre 1 et réfraction d’ordre 2 pour les principaux modes (figure 2.6).
La sensibilité sur le calcul du diamètre dépend également de la qualité du PM et de son
amplification (haute tension HT) mais aussi du gain électronique ( V d ) du dispositif de
traitement du signal (calcul de Lf et de V i ).
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Figure 2.5: Schéma de principe du PDA
II. Caractérisation du spray étudié : contrainte de simulation
La sonde de réception d’un dispositif PDA contient les trois PM, un doublet de lentille (dont
une frontale interchangeable) et dispose d’une fente servant de filtre spatial afin de définir un
volume de détection V d précis. Le volume de détection est le résultat de la projection de la
fente de largeur Lf sur le volume illuminé V i (figure 2.7). Ses dimensions dépendent de Lf ,
du grandissement du doublet Γ r et de la distance focale de la lentille frontale f r .
Typiquement, ce volume peut être approximé à un cylindre de diamètre l s , d’axe principal
confondu avec l’axe de la sonde de réception.
II.1.3. Caractéristiques et configuration du dispositif PDA utilisé
Le dispositif PDA utilisé est un système commercialisé par la société Dantec-Dynamics®. Le
système comprend une sonde de réception classique (57X10; Lf=120 µm ) équipée d’un
quatrième PM pour une mesure bidimensionnelle de la vitesse et d’un processeur BSA®P80
pour le traitement des bouffées Doppler. Pour cette étude, deux composantes de la vitesse sont
mesurées : la composante verticale suivant la direction principale d’écoulement du spray et
une composante horizontale. Une source laser à Argon et un séparateur de couleur permettent
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Figure 2.7: Définition du volume de détection du PDA
Figure 2.6: Principaux modes de diffusion d'un rayon laser incident par une particule.
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
d’obtenir les deux paires de faisceaux nécessaires ( λ bv=514.5 nm et λ bb=488 nm ) pour la
génération des deux volumes illuminés via une sonde d’émission Dantec-Fiberflow®.
Dans cette étude, il s’agit d’analyser l’écoulement de gouttes d’eau ( np =1.33) évoluant dans
l’air ( nm =1). Dans ce cas, l’étude de la diffusion de la lumière montre que l’intensité du
signal du mode de réfraction d’ordre 1 est le plus important. Ainsi, la sonde de réception est
placée à un angle d’observation ϕ=45° . D’autre part, le diamètre maximal des gouttes
présentes dans le spray étudié est d'environ 1 mm. La configuration optique suivante est donc
choisie : écartement des faisceaux e=40 mm , focale de la lentille d’émission f e=1200 mm
et focale de la lentille de réception f r=510 mm . Dans ces conditions, le diamètre maximal
détectable est d p ,max=1055µm . Le Tableau 2.5 récapitule la configuration optique retenue
pour l’étude et précise les dimensions des volumes illuminés et de détection.
En se basant sur le repère (X, Y, Z) définit à la figure 2.3, les deux faisceaux verts sont placés
dans un plan parallèle au plan définit par Y et Z afin de mesurer la composante verticale uz
de la vitesse. Les faisceaux bleus sont parallèles au plan définit par X et Y. La mesure des
composantes ux et uy est réalisée en effectuant une rotation de 90° de la sonde d’émission
autour de l’axe Z.
Les hautes tensions HT des PM et des gains électroniques G sont ajustés afin d’optimiser les
mesures. Les critères d’optimisations sont basés sur le taux d’acquisition (nombre de gouttes
détectées par seconde) et le taux de validation (nombre de gouttes validées). D’une manière
générale, l’évolution de ces paramètres en fonction de HT et de G décrit une courbe ayant un
extremum. Comme critère de sélection de HT et du G, il faut aussi tenir compte de la
sensibilité sur le calcul du diamètre. En effet, une augmentation de HT et du G conduit à
détecter des gouttes de plus en plus petites et donc à diminuer la valeur du diamètre moyen
d10 jusqu’à atteindre une valeur asymptotique. Cette étude d’optimisation pour le réglage des
hautes tensions et gains électroniques est réalisée une fois pour toute pour un point dans le
spray. Enfin, afin d’assurer la convergence sur le calcul des diamètres statistiques, les
acquisitions sont entreprises en enregistrant 300 000 gouttes pour chaque point spatial dans le
spray. Ce choix est basé sur le calcul en temps réel du diamètre moyen des gouttes à mesure
qu'elles sont détectées. Ce nombre est stable pour une population de 300 000 gouttes
détectées.
72/195
II. Caractérisation du spray étudié : contrainte de simulation
II.1.4. Ombroscopie et imagerie rapide
La technique d'ombroscopie est souvent préférée à l'éclairage direct pour la détection des
contours d'objets de formes irrégulières. La camera rapide permet de saisir une image d'un
objet en mouvement rapide. L'utilisation conjointe de ces deux techniques est donc adéquate
pour visualiser les sprays.
La camera rapide utilisée est une Photron Fastcam APXRS 3000, de résolution maximale
1024*1024 pixels pour une fréquence d’acquisition maximale de 3000 images/s. La cadence
de prise de vue peut être augmentée en réduisant la résolution. Un rétroéclairage puissant de
type lampe HMI (400W) est utilisé, ainsi qu'un diffuseur de lumière (plaque de plastique
translucide et mate).
Le matériel disponible n'est pas suffisant pour créer un fond homogène et une visualisation
optimale des contrastes. Par conséquent le fond, acquis par la caméra sans la présence du
spray, est soustrait en post-traitement à chaque image.
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Grandeur valeur
Longueur d'onde faisceau vert, λ bv [nm] 514.5
Longueur d'onde faisceau bleu, λ bb [nm] 488
Rayon des faisceaux (bleu et vert) [mm] 1.35
Écartement des faisceaux, e [mm] 40
Focale d'émission, f e [mm] 1200
Focale de réception, f r [mm] 500
Grandissement du PDA, Γ r [mm] 3.8
Angle d'observation, ϕ [mm] 45
Diamètre maximum détectable, d p ,max
[mm]1.067
Dimensions du volume illuminés, basé surles faisceaux vert ( λ=514.5 nm ), en 1/e2
[mm]
Dimensions du volume illuminés, basé surles faisceaux bleu λ=488 nm , en 1/e2
[mm]
a0,v 36.80 a0,v 34.9
b0, v≈c0,v 0.58 b0, v≈c0,v 0.55
Dimensions du volume de détection
Largeur de la fente, Lf [mm] 0.120
Largeur de la fente projetée, ls [mm] 0.270
Tableau 2.5: Caractéristiques et configuration optique du dispositif PDA.
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
II.1.5. Mesure locale du débit – Méthode des godets
Comme nous l'avons mentionné au cours du chapitre 1, le débit surfacique QV est une
caractéristique importante d'un spray. La méthode utilisée pour mesurer cette grandeur est
simple, mais suffisamment précise et reproductible (figure 2.8). On place une pipette
collectrice, de diamètre dcollection=7.5mm , sous le spray. L'eau s'écoule par un tuyau flexible
jusqu'à une éprouvette de récupération graduée. La mesure du temps Δ t recup pour récupérer
un volume V recup de liquide permet de calculer le débit liquide à travers la section Scollection
de la pipette collectrice.
L'utilisation d'une pipette permet de localiser plus précisément la mesure du débit (petite
section efficace) et de diminuer l'aspect intrusif de la méthode de mesure. Le diamètre de
collection et le volume de récupération sont choisis de manière à minimiser l'erreur, tout en
ayant un temps de récupération raisonnable (entre 1 et 2 minutes). L'incertitude relative
moyenne est de 8 %, avec une erreur maximale de 10 %. Enfin, le déplacement de la pipette
permet de cartographier la répartition de QV à une altitude Z donnée.
II.2. Caractéristiques des grandes échelles du spray
II.2.1. Visualisation par caméra rapide des dimensions du spray
La figure 2.9 montre une vue générale du spray dans les deux plans longitudinaux et
transversaux. Ces visualisations sont issues d'images de la caméra rapide. Les deux images
sont à la même échelle. On observe, comme attendu pour un spray plat, une différence entre
les dimensions longitudinale et transversale du spray. Une zone dense, au cœur du spray, et
une zone diluée, en périphérie, sont visibles sur ces clichés. La limite externe de la zone
diluée n'est pas clairement définie, à cause de l'aspect très dispersé et de la forte importance
du niveau de contraste sur la définition de la limite.
Les visualisations par caméra rapide ont montré que le spray n'est pleinement atomisé qu'à
partir de du plan Z=250 mm ; le spray n'est donc pas étudié pour Z≤250 mm . L'hypothèse
est faite que le fluide est majoritairement compris dans la zone dense du spray. Dans le plan
Z=250 mm , les angles d'évasement sont θ longi=25° et θ trans=7.5° . L’angle longitudinal
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Figure 2.8: Schémas de principe de la méthode de mesure du débit surfacique
Bécher gradué
Pipette
Diamètre de collection [mm] 7.5
Volume de récupération [ml] 50/200
II. Caractérisation du spray étudié : contrainte de simulation
θ longi est légèrement supérieur à celui donné par le constructeur θ évasement=20 ° . La
différence peut être dû à plusieurs paramètres : les réglages de la caméra rapide, le post-
traitement de l’image, la pression d’injection à la buse. On note que les résultats qui suivent
sur la répartition du liquide et sur les caractéristiques des gouttes sont en meilleur accord avec
une valeur d’évasement θlongi=25 ° , obtenue à partir des visualisations par caméra rapide.
On introduit les coordonnées adimensionnelles X ad et Y ad définies par les équations (2.38)
et (2.39) :
X ad=X
Z⋅tan(θ longi /2)(2.38)
Y ad=Y
Z⋅tan(θ trans /2)(2.39)
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Figure 2.9: Visualisation de la forme générale du spray. L'aspect de rideau d'eauest du à un temps d'exposition long. La buse est positionnée en Z=0 mm .
θ longi=25 °
EZ
EX
θ trans=7.5°
EZ
EY
Z=250 mm
Z = 0 mm
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
II.2.2. Évaluation du débit surfacique
Le débit surfacique QV est évalué pour 5 profils longitudinaux tels que Y ad∈[−0.36 ; 0.36] .
Ces profils sont représentés sur la figure 2.10(a). Pour chaque profil, on observe que le débit
surfacique est minimal au bord du spray ( ∥X ad∥≈1 ) ; le débit surfacique présente des
maxima locaux en deux points équidistants du centre de la section ( ∥X ad∥≾0.4 ). Le long
d’un profil Y ad , l’intensité des maxima situés de part et d’autre de l’axe Y est différente.
Au centre de la section, les profils ∥Y ad∥=0.18 sont sensiblement confondus. Les maxima
de chacun des profils se situent à la même abscisse ∥X ad∥≈0.67 , mais sont asymétrique par
rapport à l’axe X. Une remarque identique peut être faite pour les profils ∥Y ad∥=0.36 .
Ainsi, deux dissymétries sont observées dans la section du spray.
La dissymétrie d’axe Y, correspondant aux différences d’intensités des maximas de part et
d’autre de l’axe Y, est attribuée à des dissymétries dans l’écoulement en amont de la buse. Des
essais précédents ont ainsi montré la forte influence de l’alimentation liquide de la buse sur la
distribution finale du débit. Ces essais montrent que les résultats sont très sensibles au
montage et particulièrement à l’alimentation liquide.
La dissymétrie d’axe X est revanche attribuée à des erreurs de positionnements des points de
mesures dans le spray
Pour corriger cela, les profils sont repositionnés par l'application d'une transformée spatiale
(rotation + translation), puis les points sont symétrisés par rapport à l'axe des Y. Ce faisant, on
obtient la carte présentée en figure 2.10(b). Notons qu'après l'application de la transformée
spatiale, il est vérifié que les lignes d'iso-débit possèdent la symétrie d'axe Y.
On note que la construction des cartes expérimentales présentées par la suite nécessite
également de reproduire le post-traitement présenté ici pour le débit surfacique.
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Figure 2.10: Mesures expérimentales de la répartition du débit dans le plan Z = 250 mm
(a) - Mesure brute dudébit surfacique
(b) - Carte du débit surfaciqueaprès traitement
EY
EX
II. Caractérisation du spray étudié : contrainte de simulation
La carte du débit surfacique de la figure 2.10(b) montre nettement la structure du spray : deux
maxima équidistants du centre de la section, un plateau central, et une décroissance rapide sur
les bords de la section. On remarque que dans la direction Y aucune donnée n'est disponible
au-delà de Y ad≈0.40 . L'intégration du débit surfacique sur la surface de la carte donne un
débit total mesuré QV=4.8 L.min−1 , inférieur à celui injecté à l’entrée de la buse. On
explique cet écart par l’absence de points de mesures au-delà de X ad=0.8 et Y ad=0.4 , suite
à la sous-estimation de l’étendu spatiale du spray dans la section située à Z=250mm de la
buse. La mise en œuvre numérique du spray passera donc par l’extrapolation de valeurs du
débit surfacique dans les zones non scannées (voir § III.3.2).
II.3. Caractérisation statistique des gouttes du spray
Les mesures réalisées par PDA (Phase Doppler Analyser) permettent d'obtenir la fonction de
densité de probabilité pour le diamètre d , ainsi que les courbes liant le diamètre et chacune
des composantes ux , uy et uz de la vitesse des gouttes.
II.3.1. Diamètre des gouttes
La caractérisation du diamètre des gouttes donne accès à un ensemble de densités de
probabilité du diamètre, ou pdf. Ces courbes sont mesurées en différents points des sections
étudiées, situées à des distances Z=250 mm et Z=500 mm de la buse.
La figure 2.11 illustre les courbes de densité de probabilité pour le diamètre, pour trois points
de la section Z=250mm . Ces points de mesures reflètent la population du diamètre au
centre de la section (courbe noir, symboles carrés) et son évolution dans les directions X
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Figure 2.11: Courbes caractéristiques de la pdf sur le diamètre desgouttes.
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
(courbe rouge, symboles circulaires) et Y (courbe verte, symboles triangulaires). Toutes les
positions sont exprimées en grandeurs adimensionnelles X ad et Y ad .
L’allure des pdfs varie avec la position dans la section. À mesure que l'on s'éloigne du centre
de la section selon la direction X, les grosses gouttes sont plus nombreuses (courbe
rouge/cercles). Cette tendance s'inverse à partir de X ad≈0.8 . On obtient alors des courbes de
pdf similaire à la courbe verte (symbole triangulaire). Depuis le centre et selon la direction Y,
les petites gouttes sont progressivement majoritaires.
À partir des courbes de densité de probabilité, il est aisé de calculer les différents diamètres
statistiques présentés dans le chapitre précédent. Les données expérimentales permettent de
construire des cartes de ces diamètres dans la section Z=250 mm . Les figures 2.12(a) et (b)
présente des profils du diamètre d10 dans cette même section.
L'aspect des profils rappelle ceux observés pour le débit surfacique. Le diamètre moyen passe
par deux maxima dans la direction E longi : d10,max={240 ; 280} µm. Le diamètre moyen au
centre de la section varie peu : d10≈200µm . Au bord de la section le diamètre moyen décroit
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Figure 2.12: Répartition spatiale du diamètre moyen dans le plan Z= 250mm. (a) et (b) :Profils caractéristiques, (c) : Carte
(a)
EY
EX
(b)
(c)
II. Caractérisation du spray étudié : contrainte de simulation
rapidement. Enfin, on note que les limites du spray (X ,Y )ad=1 définis au paragraphe II.2.1,
correspondent à une même valeur de diamètre moyen d10≈120µm .
II.3.2. Vitesse des gouttes
Les mesures réalisées grâce au PDA permettent d’accéder aux fonctions de densité de
probabilité de chaque composante ux , uy et uz de la vitesse, et cela pour différents points
situés dans le plan Z=250mm . Comme le montre les équations présentées au paragraphe
I.1.2, la dynamique des gouttes est liée à leur taille, au travers du nombre de Stokes. Il est par
conséquent intéressant de considérer la relation entre la vitesse des gouttes et leur diamètre :
u i (d )=fct (d ) , la vitesse u i (d ) étant la moyenne des vitesses de toutes les gouttes de
diamètre d .
La figure 2.13 illustre l’évolution des corrélations uz(d )=f (d ) dans les directions X et Y.
Ainsi, on note que les petites gouttes ( d<50 µm ) sont deux à trois fois moins rapides que les
grosses gouttes ( d>500µm ). Pour un diamètre suffisamment grand, d>250µm , la vitesse
des gouttes tend vers une limite uz, lim . La valeur de uz, lim est constante dans la région telle
que X ad<0.70 et Y ad<0.30 , puis décroît sur les frontières du spray (courbe
verte/triangles). Lorsque l'on s'écarte du centre, la vitesse des petites gouttes décroit quelle
que soit la direction d'observation.
Des courbes identiques sont obtenues pour les vitesses longitudinale ux (d ) et transversale
uy (d ) , avec toutefois des différences dans les variations spatiales des vitesses des petites et
des grandes gouttes. Ces données seront plus amplement analysées dans le paragraphe III.3.
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Figure 2.13: Relation entre la vitesse uz et le diamètre d desgouttes.
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
Les figures 2.15(a) et (b) présente des profils de vitesse moyenne axiale uz dans la direction
X et Y. La vitesse uz correspond à la composante axiale de la vitesse u des gouttes,
moyennée sur toutes les classes de diamètre de goutte. Les profils selon X (figure 2.15 (a))
forment un plateau à uz≈19m.s−1 , qui décroit très rapidement au-delà de X ad≈0.75 . Les
profils selon Y (figure 2.15(b)) s’apparentent à une distribution gaussienne. Enfin, on note que
les limites du spray (X ,Y )ad=1 définis au paragraphe II.2.1, correspondent une même
valeur de vitesse uz≈10 m.s−1 .
II.4. Synthèse
Le spray que l'on se propose de simuler est donc caractérisé par une forte hétérogénéité de la
répartition du liquide dans la section Z= 250mm, ainsi que par l'absence de symétrie de
rotation suivant l'axe des Z. La topographie des cartes de diamètres statistiques et du débit
surfacique présentent une allure similaire. Elles sont caractérisées par deux maxima de part et
d'autre du centre de la section, séparés par un plateau. Les gammes de diamètre moyen d10 ,
de vitesse axiale moyenne uz et de débit surfacique QV dans cette section sont regroupés
dans le tableau 2.6. On note la présence d'une symétrie de translation par rapport à l'axe des X
pour toutes les cartes des grandeurs du diamètre, de la vitesse et du débit surfacique.
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Figure 2.14: Répartition spatiale de la vitesse moyenne axiale uz dans le plan Z = 250 mm.(a) : Profils caractéristiques, (b) : Carte
(a)
EY
EX
(b)
(c)
II. Caractérisation du spray étudié : contrainte de simulation
Ces données expérimentales vont permettent de construire une version numérique du spray
afin de valider une méthode de simulation de l’écoulement d’un spray. Les données à Z= 250
mm permettront d'initialiser le spray, tandis que les données obtenues à une distance Z= 500
mm de la buse serviront de point de contrôle du fonctionnement de la méthode de simulation.
Il a été montré, en section I de ce chapitre, l'importance du choix de la méthode de simulation
en fonction du flux surfacique de goutte N et du titre volumique χV . On évalue ces deux
grandeurs à N≈109 m−2 .s−1 et χV∈[0.1 ; 1]% . On remarque que ce titre volumique est
bien caractéristique d'un spray dilué.
III. Mise en œuvre de la simulation numériqueIII.1. Description du schéma numérique
III.1.1. Méthodes et modèles de simulation utilisés
La simulation numérique du spray est réalisée avec le solver CFD FLUENT® grâce une
approche Euler-Lagrange. Le choix d’un méthode lagrangienne permet de traiter le flux
important de gouttes, tout en étant cohérent avec un titre volumique faible (paragraphe II.4).
Enfin, les équations sont résolues en instationnaire.
Plusieurs simulations ont été entreprises, avec des variations dans le modèle de turbulence
employé. Le modèle RANS-k-ω a été retenu. Le point de divergence entre ce modèle et une
approche RANS k-ε standard se porte sur la modélisation du champ gazeux qui s’est avéré
moins pertinent avec le modèle RANS k-ε. On se limitera dans ce chapitre à la présentation
des résultats de simulation obtenus pour cette configuration3.
L’interaction entre les phases inclut un modèle de traînée et de turbulence. La traînée est
calculée à partir du modèle dynamically varying drop drag coefficient (paragraphe I.1.2). Le
modèle de fragmentation TAB est également intégré. Enfin, la dispersion turbulente subie par
3 Comme cela a été mentionné au paragraphe I.1.1, ce modèle n'est en théorie pas adapté à la simulation d'un écoulement non confiné comme celui considéré ici. L'utilisation d'un modèle RANS k-ω SST aurait été préférable. Des résultats préliminaires obtenus avec ce modèle montrent que les caractéristiques des phases dispersée et continue sont sensiblement identiques à celles présentées dans ce manuscrit.
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Grandeur Gamme dans la section Z= 250mm
Diamètre moyen d10 [82 ; 285] µm
Débit surfacique QV
[8 ; 130] L.m-2.s-1
Vitesse moyenne axiales uz [3 ; 20] m.s-1
Tableau 2.6: Récapitulatif des gammes des grandeurs caractéristiques principales du spray,dans la section Z= 250mm.
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
les gouttes est prise en compte au travers du modèle stochastique EIM. On note que le titre
volumique relativement faible du spray permet de poser raisonnablement l'hypothèse de
l'absence d'interaction de type goutte-goutte.
L'écoulement du gaz est induit par la présence des gouttes. Cette caractéristique, propre aux
sprays générés par des buses pleines, est reproduite par l’utilisation d’un traitement réciproque
des interactions entre les phases, ce que l'on nomme un couplage « Two-Way » (voir §I.1.3).
L'initialisation du spray est réalisée par l'injection d'un brouillard de gouttes Lagrangiennes
sur un plan situé en aval de la buse. Ce choix est motivé par la complexité du spray (voir
paragraphe II.4), ainsi que par l'absence de tests permettant de valider un modèle de
fragmentation primaire pour ce spray. Le plan d'initialisation correspond au plan expérimental
situé à Z= 250 mm de la buse.
82/195
Figure 2.15: Représentation schématique du domaine de calcul. Le cylindre mesureH dom=400mm de hauteur et Rdom=250 mm de rayon. Les conditions limites sont
inscrites en lettres italiques.
S_outupPressure Outlet
S_outside
Pressure Outlet
S_outdownPressure Outlet
Rdom=250 mm
Hdo
m=
40
0m
m
EY
EZ
EX
III. Mise en œuvre de la simulation numérique
III.1.2. Domaine de calcul, maillage et conditions limites
Une géométrie 3D est construite pour simuler l'écoulement du spray. Les mesures
expérimentales ont montré la présence d'une symétrie d'axe EX pour les caractéristiques du
spray, permettant de ne résoudre qu'une moitié de l'écoulement.
(i) Géométrie
L’ensemble du domaine de calcul, présenté sur la figure 2.15, est composé d'un cylindre de
hauteur H dom=400 mm et de rayon Rdom=250mm . La hauteur du cylindre permet de
suivre l'écoulement du spray depuis le plan d'initialisation situé à Z=250mm de la buse,
jusqu'à une distance de 550 mm de la buse. Le domaine est suffisamment large pour limiter
l'influence des conditions limites appliquées aux frontières du domaine sur l'écoulement du
spray.
Le positionnement du plan d'initialisation dans le domaine de calcul à fait l'objet de plusieurs
tentatives. Les résultats ont montré l'importance de définir de manière réaliste l'écoulement
gazeux au niveau du plan d'initialisation.
Les mesures expérimentales n'incluent pas de mesures des champs de vitesse et de pression de
l'air, que se soit au cœur du spray ou encore à sa périphérie. Les premières simulations
réalisées proposait donc d'initialiser les gouttes du spray dans différents plans du domaine,
situés en bordure supérieur ou au centre de celui-ci, dans un air au repos ou encore en
imposant une vitesse verticale de l'ordre de quelques mètres par seconde. Ces méthodes se
sont traduites par de fort gradient de pression et de vitesse au niveau du plan d'initialisation
des gouttes, par une réduction de l'angle d'évasement du spray, mais également par la
divergence du calcul à cause de valeurs irréalistes de la vitesse des gouttes.
L'initialisation correcte du spray dans un plan aval à la buse suppose donc de reproduire un
écoulement réaliste de l'air, et dans notre cas de prendre en compte l'histoire de l'atomisation
primaire sur le développement de l'écoulement gazeux. On propose ainsi de modéliser la
présence de la région d'atomisation primaire par un cône solide (en rouge sur la figure 2.15),
dont il sera par la suite fait référence comme le Cône Virtuel d'Atomisation Primaire ou cône
VAP. Ce cône a pour but de guider l'écoulement du gaz en amont du plan d'initialisation. Pour
éviter qu'il ne constitue un frein à l'écoulement du spray, une condition limite de type « mur
en mouvement » est imposée sur sa frontière latérale S_atomisation (voir §III.1.2(ii)). Enfin,
la surface inférieure du cône S_injection est située dans le plan d'initialisation. Elle constitue
le plan d'initialisation pour les variables concernant la phase discrète (voir §III.3) et permet
également d'injecter un flux d'air représentatif de celui présent dans le spray expérimental
(voir §III.4).
La forme et les dimensions du cône VAP sont issues des trois constatations expérimentales
suivantes :
83/195
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
─ Les visualisations du spray (figure 2.9) montrent que les dimensions longitudinale et
transversale en Z=250mm de la buse sont respectivement de 55 mm et de 17 mm.
─ La carte de débit surfacique présentée en figure 2.10 (§II.2.2) ne recouvre pas toute
la section du spray ( débit QV≈4.80L.min−1 récupéré, pour 6.5 L.min−1 injecté). En
accord avec le point précédent, on peut considérer que la section du spray à 250mm de
la buse est plus large que cette carte.
─ La carte de la vitesse uz montre que la vitesse décroit rapidement sur les bords du
spray. Le tracé de l'iso-vitesse uz=uz,max/ 2≈10 m.s−1 correspond approximativement
aux limites du spray définies dans les visualisations de la figure 2.9, et rappelé dans le
premier point. La même constatation peut être faite pour les iso-valeurs sur les
diamètres d10 et d32 . Les courbes de ces iso-valeurs sont approchées par l'équation
d'une super-ellipse (équation 2.40).
∥(x )A ∥n
+∥(y )B ∥n
=1 (2.40)
La surface S_injection est générée par une super-ellipse d'équation (2.40), avec A=55 ,
B=12 (en mm) et n=2.7 . Les angles du cône, à partir de cette surface vers le haut du
domaine, sont identiques aux angles d'évasements longitudinal θ X=25° et transversal
θ Y=8 ° du spray (§ II.2.1), obtenus expérimentalement par ombroscopie. Enfin, le cône VAP
mesure 100 mm de haut (figure 2.16).
84/195
Figure 2.16: Visualisation du Cône Virtuel d'Atomisation Primaire (CVAP) et de lasurface d'initialisation, représentée dans le domaine entier sur la figure 2.15 . Les
conditions limites sont inscrites en lettres italiques.
S_atomisationMoving Wall
S_injectionVelocity Inlet
HC
VA
P=
100
mm
écoulement d'air créé
III. Mise en œuvre de la simulation numérique
(ii) Conditions limites pour la phase continue
Cinq surfaces délimitent le domaine de calcul, sur lesquelles il faut appliquer des conditions
limites concernant la phase gazeuse. Le tableau 2.7 regroupe les types et les valeurs
appliquées comme conditions limites.
Il n'existe pas d'informations sur les caractéristiques de l'air en périphérie du spray, seules les
gouttes ayant été caractérisées expérimentalement. On le suppose toutefois à la pression
atmosphérique. Une condition de pression P=P atmosphérique est donc imposée sur les surfaces
S_Outdown, S_Outup et S_Outside (condition Pressure Outlet). Les valeurs de la vitesse
et de la turbulence de l'air sortant par ces surfaces sont issues des valeurs des cellules
adjacentes. En cas de retournement de l'écoulement (BackFlow), on impose une injection d'air
faiblement turbulente, correspondant une intensité turbulente I turb=√2k /3/∥uG∥=1 et une
viscosité turbulente Rμ t /μ=μ t /μG=1 .
La surface S_injection permet de générer un écoulement d''air représentatif de celui présent
dans un spray réel. La vitesse, les caractéristiques turbulentes et la pression sont imposées
(condition limite de type Velocity-Inlet). Les propriétés imposées sur cette surface sont plus
amplement présentées au paragraphe III.4.
La surface S_atomisation (limitant le cône VAP) est une surface glissante (Wall-moving), ce
qui permet de ne pas générer de frein à l'écoulement. On impose un mouvement dans la
direction axiale Z. La vitesse correspondante est issue de la vitesse des petites gouttes obtenue
expérimentalement. Sur les bords du spray, on évalue cette vitesse à 5 m.s-1.
85/195
Nom de lasurface
Type de Conditionlimite
Propriété appliquée sur la limite
S_Outdown
Pressure-Outlet
Pression Pression atmosphérique
S_OutupDirection
d'écoulementA partir des cellules
adjacentes
S_OutsideCondition en
cas deBackFlow
Intensité turbulente I turb : 1
Rapport de viscosité Rμ /μ t :
1
S_injection Velocity-InletVitesse et
turbulenceVoir paragraphe III.4
S_atomisation Wall-moving
Condition d'adhérence totale
Écoulement dans la direction Eaxial à lavitesse uz≈5 m.s−1
Tableau 2.7: Résumé des conditions limites pour la phase continue appliquées sur le domainede calcul
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
(iii) Maillage
Le maillage présenté en figure 2.17 est le fruit de plusieurs essais visant à trouver un
compromis entre stabilité de la solution et coût numérique. Les cellules sont toutes
hexaédriques afin de limiter le nombre total de mailles. De manière générale, on note que le
comportement de la phase discrète est peu influencé par la taille des mailles, sauf dans le cas
extrême de très grosses mailles lmaille>1cm , voir lmaille>0.5cm au niveau du plan
d'initialisation. Ces dimensions semblent alors inadéquates pour résoudre le couplage entre les
phases. Par ailleurs, un maillage trop fin lmaille<1mm provoque une divergence du calcul
semblant être issue des termes sources trop grands des grosses gouttes dans les équations de la
phase continue. La taille minimale des mailles est donc limitée par la dimension des plus
grosses gouttes, d max≈1mm .
Malgré tout, certaines régions du domaine nécessitent une attention particulière pour résoudre
correctement l'écoulement de la phase continue et le couplage entre les phases. Le maillage
est structuré en trois zones, chacune correspondant à un type et une vitesse d'écoulement
spécifiques.
─ Zone 1, zone d'injection : Cette zone est caractérisée par des forts gradients latéraux
(direction X et Y) dans le champ de vitesse du gaz, mais également sur la pression dans
la direction Z. C'est également une zone de transition importante entre un écoulement
d'air seul, et l'écoulement couplé air + gouttes (bord du cône VAP). La zone d'injection
est maillée par des cellules de dimensions caractéristiques lmaille=2 mm , avec un
raffinement au niveau de la surface S_injection où les cellules ont une taille de l'ordre
de 1 à 1.5 mm.
─ Zone 2, zone d'écoulement du spray : C'est la zone de développement du spray. La
phase discrète est bien dispersée et l'écoulement du gaz ne comporte pas de gradient
locaux important. La zone d'écoulement du spray est maillée par des cellules de taille
moyenne d'environ 3 mm.
─ Zone 3, zone d'écoulement périphérique : C'est la zone d'alimentation en air du
spray. Elle ne présente pas de structures d'écoulement particulières à résoudre et peut
être maillée par des cellules plus grosses 5<lmaille<8mm .
Pour donner un ordre de grandeur, le maillage total est constitué de 539 000 cellules
hexaédriques.
86/195
III. Mise en œuvre de la simulation numérique
III.2. Paramétrisation numérique
III.2.1. Schémas numériques de résolution des équations dans Fluent®
Le solver CFD FLUENT® permet de réaliser une simulation Euler-Lagrange en
instationnaire, avec une action réciproque des phases l'une sur l'autre (Two-Way Coupling). La
résolution instationnaire d'un écoulement consiste à suivre son évolution au cours du temps.
Le temps est discrétisé sur des temps t i successifs, séparés par un pas de temps Δ tCP4. La
solution de l'écoulement au temps t i est calculée par un procédé itératif, l'objectif étant
d'approcher progressivement la solution sans divergence du calcul. Dans ce processus itératif,
4 L'indice « CP » signifie Continous Phase, soit la phase continue en français.
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Figure 2.17: Structure du maillage du domaine décrit précédemment (figure 2.15). La tailledes mailles doit vérifier des contraintes différentes suivant la zone 1, 2 ou 3.
Zone 2: zone d'écoulement du sprayZone 3: zone d'écoulement périphérique de l'air
Zone 1: zone d'injection
EZ
EX
211
2
33
EZ
EY
13
EY
EX
dessus
coté face
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
les coefficients de relaxation α permettent d'ajuster la vitesse d'évolution de la solution à
chaque itération et d’assurer une stabilité numérique.
Les actions entre les phases étant réciproques, il est nécessaire de résoudre conjointement les
équations eulériennes et lagrangiennes. Les termes sources d'interactions entre les phases sont
donc régulièrement remis à jour avant de résoudre de nouveau les équations de chacune des
phases. Les figures 2.18(a) et (b) représentent l'organigramme de résolution de l'écoulement
entre les instants ti et ti+1 et l'évolution de la convergence de la solution de la phase continue en
fonction du nombre d'itération réalisée.
Le calcul débute par l'injection de nouvelles particules dans le domaine, puis par la résolution
des équations de la trajectoire de la phase discrète. Au bout de NTwo-Way itérations de la phase
continue, une nouvelle solution pour la phase discrète est calculée. La mise-à-jour des termes
sources présent dans les équations de la phase continue provoque une remontée du niveau de
convergence de la solution de la phase continue (piques sur la figure 2.18(b)). Le nombre
d'itération NTwo-Way est choisi de manière à assurer une convergence partielle de la solution de
la phase continue, c'est-à-dire que cette solution se stabilise mais que le couplage entre les
phases n'a pas convergé, avant de résoudre de nouveau les équations de la phase discrète. Les
solutions de chacune des phases ainsi que le couplage convergent lorsque la mise-à-jour des
termes sources issues de la phase discrète ne provoque plus d'évolution dans la solution de la
phase continue (figure 2.18(b), à droite). On dit que la solution a atteint une convergence
totale. Le passage au pas de temps suivant est conditionné par la convergence totale au pas de
temps actuel ou par la réalisation de NCP itérations sur la phase continue.
L'étape de résolution de la phase discrète (figure 2.18) consiste à résoudre les équations de la
phase discrète par un processus itératif. Le temps est de nouveau discrétisé de manière à
diviser le calcul de la trajectoire des gouttes en N t ,DP étapes. L'intervalle de temps pour le
calcul de la phase discrète est calculé à partir de l'équation (2.41) :
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Figure 2.18: (a) : Organigramme de résolution d'un calcul Euler-Lagrange en in-stationnaire, sous Fluent®
(b) : Evolution de la solution de la phase continue au temps ti vers la convergence totale.
Nombre d'itération
Evo
luti
on d
e la
sol
utio
n de
la p
hase
con
tinu
e
Non convergence du couplage entre les phases
k=0 k= NTowWay
Convergence totale de la solution au temps t
i+1
Convergence partielle de la phase continue
Solution convergée au temps t
i
k= 2 *NTowWay
k= 3 *NTowWay
Injection de nouvelles particules discrètes
Résolution de la phase discrète
NTwoWay
itérations sur la phase continue
?
k=NCP
OUI
NON
k=0
Solution finale à l'instantt i +1=t i+Δt CP
Solution initiale à l'instant t i
k=k +NTwoWay
(a) (b)
III. Mise en œuvre de la simulation numérique
Δ tDP=Δ tCP
N t , DP
(2.41)
III.2.2. Processus d'initialisation d'une phase discrète dans Fluent®
La résolution d'un pas de temps débute par une étape d'injection des nouvelles particules
discrètes dans le domaine de calcul (figure 2.18(a)). Nous allons ici détailler ce processus
d'injection. Si QV,ini est le débit volumique total de la phase discrète, alors un volume
V=QV/Δ tCP est injecté à chaque pas de temps. Les particules discrètes sont initialisées à
partir d'un réseau de points d’injection répartis en différentes positions dans le plan
d'initialisation. Chaque point d'injection initialise une particule numérique discrète par pas de
temps. Selon la méthode des parcelles, la trajectoire d'une particule numérique peut
représenter les trajectoires de plusieurs gouttes. Le nombre de goutte représenté par chaque
parcelle numérique dépend de la fraction du volume V alloué au point d'injection et du
diamètre des gouttes imposé sur ce point. Une vitesse initiale u ini est également imposée.
La définition d'un processus d'initialisation de la phase discrète nécessite donc de connaître le
débit volumique total QV,ini et les caractéristiques des points d'injection. Ces caractéristiques
sont :
─ une position : (x ini ,y ini ,z ini)
─ un volume à injecter : V ini
─ le diamètre des particules : d ini
─ la vitesse des particules : u ini
L'ensemble de ces informations sont introduites dans le solver à travers des routines
spécifiques dénommées pour Fluent des UDF (User Defined Function), dont leur mise en
œuvre fait l'objet de la section III.3.
III.2.3. Résumé des paramètres numériques de la simulation
Le tableau 2.8 résume les paramètres numériques, présentés précédemment, utilisés pour les
simulations présentées dans ce mémoire.
Les schémas de discrétisation sont choisis de manière à garantir un calcul précis et efficace.
Les coefficients de sous-relaxation α sont issus de plusieurs essais permettant d'obtenir une
convergence rapide des solutions des deux phases continue et discrète. Les nombres
d'itérations NCP et NTwo Way permettent d'atteindre une convergence partielle de la solution
continue avant chaque résolution de la phase discrète, tout en garantissant une convergence
globale rapide.
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Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
III.3. Initialisation de la phase discrète
La solution retenue est l'initialisation d'un nuage de gouttes dans un plan d'initialisation,
s’appuyant sur la surface S_injection. Les caractéristiques du brouillard de gouttes au niveau
de ce plan correspondent aux données expérimentales à 250 mm de la buse. On note S ini la
surface limitée par la section du spray dans le plan d'initialisation.
III.3.1. Principe général d’initialisation de la phase discrète du spray : UDF
Les données expérimentales présentées dans la section II de ce chapitre contiennent toutes les
informations nécessaires à l'initialisation de la phase discrète dans FLUENT®. L'algorithme
de l'UDF doit vérifier trois contraintes, liées au spray expérimental :
─ Le débit total est de QV≈6.5L.s−1
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Résolution de la phase continue (CP)
Notation VariableMode decalcul
ou valeur
Schémas de discrétisation
Temps Second Order
Implicite
PressionSecond Order
Upwind
Quantité de mouvement Second ordrespatial upwindTurbulence (k ou ω)
αCoefficient de sous-relaxation
Pression 0.6
Quantité de mouvement 0.6
Turbulence (k ou ω) 0.7
Terme source de la phase dispersée
0.3
ΔtCP Pas de temps de la phase continue 0.0005 s
NCP Nombre d'itérations de la phase continue 60
Résolution de la phase discrète (DP)
NTwo WayNombre d'itérations de la phase continue entre chaque résolutionde la phase discrète
5
NDP Nombre maximum d'itérations de la phase discrète 500
Nt, DP Discrétisation temporelle pour la résolution de la phase discrète 10
Tableau 2.8: Résumé des paramètres numériques introduit dans la simulation
III. Mise en œuvre de la simulation numérique
─ La répartition surfacique de ce débit vérifie la carte QV(x , y ) (figure 2.10(b))
─ En un point (x , y ) de la section, le diamètre des gouttes vérifie la courbe de pdf
locale (exemple en figure 2.11).
Le respect à la fois de la répartition spatiale sur les diamètres statistiques et du débit
surfacique n’est pas aisé à réaliser du point de vu numérique. La solution envisagée pour
résoudre cette difficulté est la division de la section du spray S ini en plusieurs zones
d'initialisation de surface S id , de débit surfacique homogène QV,id . La définition des couples
(S id ,QV,id ) est donnée au paragraphe III.3.2(i).
L'organigramme de la figure 2.19 représente les étapes successives permettant de générer des
points d'injection dans chaque zone d'indice « id ». Les cadres rectangulaires rouges
représentent les données nécessaires pour réaliser les opérations auxquelles elles sont liées.
Ces informations sont issues des données présentées dans les paragraphes suivants. Le
processus débute par la définition d'un point d’injection auquel est attribué successivement un
diamètre de goutte puis une vitesse. Le nombre de gouttes injectées pour chaque point
d'injection est fixé à 1. Après la génération de chaque point d'injection le volume total
initialisé par la zone V tot est réévalué. Si V tot est inférieur à un facteur ΦV du volume cible
de la zone V id , une nouvelle parcelle numérique est générée. Dans le cas contraire, les
informations sur les points d'injection sont envoyées à Fluent®. Le volume de liquide non
injecté, ou éventuellement sur-injecté, est conservé afin d'être injecté au pas de temps suivant.
Le facteur de volume cible ΦV est calculé à partir de l'équation (2.42) :
ΦV=1−12
min(QV,id)Δt CP
πd max3 /6
(2.42)
avec min(QV,id) le débit minimum parmi les zones d'initialisation et d max le diamètre
maximum des gouttes initialisées.
Les étapes de génération des points d'injection sont principalement basées sur des lois
probabilistes. Par conséquence, à chaque nouvelle phase d'injection de particules de la phase
discrète (voir paragraphe III.2.1), de nouveaux points d'injection indépendants et différents
des précédents sont générés.
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Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
III.3.2. Données de génération du spray numérique
L'utilisation du programme présenté dans le paragraphe précédent nécessite la définition des
propriétés des zones d'injection (dimension et débit surfacique), ainsi que les caractéristiques
des gouttes initialisées en chaque point d'injection (diamètre et composantes de la vitesse).
(i) Définition des zones d'injection
Les zones ont la forme de super-ellipse, décrite au paragraphe III.1.2 (équation 2.40), définies
dans le plan d'initialisation. De manière générale, si X c et Y c sont les coordonnées du
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Figure 2.19: Organigramme de génération des points d'injection pour la zone d'indice id
Débit d'injection cible : Q
V, id
V k=πd k
3
6
Limites de la surface : Sid
Loi de probabilité valable au point
I k(x ,y )
Fonction de corrélation entre le diamètre et
chaque composante de vitesse au point
I k(x ,y )
Création des points d'injections pour la zone
d'indice id
Génération d'un point d'injection partirage aléatoire d'une position
I k(x ,y )
Tirage aléatoire d'un diamètre
d k
Calcul des vitesses{u x , k ; uy , k ; uz , k}
?
V tot<Φ V id
V tot=0
V id=QV, id Δ tCP
V tot=V tot+V k
OUIFacteur de convergence
du volume cible : Φ ∈[0.6 ; 1]
NON
{I k}id
{V id−V tot}
- Ensemble de points d'injections
- volume non-injectée
III. Mise en œuvre de la simulation numérique
centre de l'ellipse, cette équation se réécrit, avec A , B et n les paramètres de la super-
ellipse :
∥(x−X c)
A ∥n
+∥(y−Y c)
B ∥n
=1 (2.43)
La figure 2.20 représente les zones d'injection définies à partir de la carte de débit surfacique
QV . Les paramètres de chacune de ces zones d'injection sont regroupés dans le tableau 2.9.
Les limites des surfaces S id suivent les lignes d'iso-débit QV={30 ; 40 ; 60 ; 80 ; 90 ou 110 } .
Enfin des lignes d'iso-débit supplémentaires QV={8 ; 20} sont ajoutées (surface S1 et S2 )
afin d'obtenir un débit totale sur la surface S ini de 6.7 litres par minute. Les limites de la
première zone S1=S ini sont légèrement supérieures à la surface S_injection. Cette astuce
permet de stabiliser l'écoulement, ainsi que le calcul numérique, en bordure du volume CVAP.
Les zones se recouvrent à la manière d'une pyramide à niveau (type pyramide Maya) : par
conséquent, le débit surfacique en un point (x , y ) de la surface est la somme des débits
surfaciques QV,id (x , y ) de toutes les zones S id auquel il appartient. Par simplification le
débit surfacique QV,id est considéré constant. Chaque zone est donc caractérisée par sa
surface, présentée précédemment et par un débit QV,id obtenu à partir des équations (2.44)
puis (2.45) :
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Figure 2.20: Représentation des zones d'injection sur la carte expérimentale du débitsurfacique. (en fonction des coordonnées X ad et Y ad , § II.2.1)
Xad
[-]
Yad
[-]
S1
S2
S3
S4
S5
S7 S
6
S9
S7
S8
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
QV,n =
∫Sn
QV(x , y )dxdy−∑
k
∫Sk
QV(x , y )dx dy
Sn−∑k
Sk
avec k={n+1} (2.44)
où k représente la zone qui chevauche directement la zone d'indice n 5.
QV,id=({QV,n }n=id−{QV,n
}n=id−1)S id (2.45)
(ii) Position des points d'injection
Par simplification, on décide d'imposer une répartition uniforme des points d'injection sur
chaque zone. Les positions des points d'injection {I k}id sont tirées aléatoirement, suivant une
loi de probabilité uniforme, sur la surface S id . À chaque phase d'initialisation les positions
des points d'injection sont différentes afin de reproduire l'aspect discontinu et aléatoire du
spray.
(iii) Loi de probabilité pour le diamètre
En chaque point du plan d'initialisation, le diamètre des gouttes doit reproduire les données
expérimentales. Autrement dit, les grandeurs statistiques {d10, d20, d30, d32, md } , ainsi que la
forme des lois de densité de probabilités expérimentales doivent être respectées.
La fonction Log-normale permet de reproduire la tendance de ce type de pdf, tout en étant une
fonction simple à programmer. La figure 2.21 illustre, pour le point (X ,Y )ad=(0,0) , les
tentatives réalisées pour approcher la pdf expérimentale du diamètre avec cette fonction.
Chaque courbe Log-normale est établie de manière à respecter les valeurs de deux des
grandeurs statistiques issues des données expérimentales (parmi : md, d10 , d20 , d30 , d32 ).
5 Ainsi pour n=1 on obtient k=2 . En revanche pour n=4 on obtient k={5 ,6 ,7 } .
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Indice de lazone d'injection
X c
[mm]Y c
[mm]A
[mm]B
[mm]n
[-]Débit : QV, id
[L.min−1 ]
S1 0 0 60 15 2.7 1.5
S2 0 0 55 12 2.7 2.137
S3 0 0 44 8 4.5 1.057
S4 0 0 43 6.2 6 1.293
S5 0 0 27.5 3.4 6 0.387
S6 35.2 -0.15 7.2 4.7 2.2 0.099
S7 -34 -0.1 7 5.1 2.2 0.171
S8 35.5 -0.5 3.8 2.8 1.3 0.031
S9 -34.3 -0.5 2 2 1.8 0.019
Total débit : 6.70
Tableau 2.9: Récapitulatif des zones d'injection et du débit alloué à chacune
III. Mise en œuvre de la simulation numérique
La fonction Log-normale issue des diamètres d10 et md approche correctement la courbe
expérimentale. Toutefois, pour d'autres positions dans la section l'accord sera meilleur avec un
autre couple de grandeurs statistiques. Ainsi, aucune des combinaisons de grandeurs ne
permet de générer des courbes Log-normale capables de reproduire toutes les pdfs dans la
section Z=250 mm du spray. Le choix s'est finalement porté vers une loi de probabilité
Log-normale, dont les paramètres sont établis afin de respecter les valeurs du diamètre moyen
d10 et du mode du diamètre md .
Les cartes expérimentales de ces deux grandeurs sont lues par l'UDF d'initialisation
(paragraphe III.3.1). Pour chaque point d'injection I k(x ,y ) , une valeur du diamètre moyen
d10(x , y ) et du mode md(x , y ) est alors déterminer par interpolation, selon une méthode
de type plus proche voisin6. Le diamètre de la goutte est ensuite tiré aléatoirement suivant une
loi de probabilité Log-normale vérifiant ces grandeurs.
(iv) Corrélation entre le diamètre et les composantes de la vitesse
Les mesures expérimentales montrent une corrélation entre le diamètre des gouttes et leur
vitesse (paragraphe II.3.2), caractéristique des atomiseurs à effet de pression, les gouttes les
plus grosses étant les plus rapides. Cependant, les gouttes de même diamètre n'ont pas
nécessairement la même vitesse. La vitesse initiale de chaque goutte dans la simulation est
tirée aléatoirement suivant un processus stochastique gaussien. La vitesse moyenne u i=f (d )
et l'écart type σui=f (d ) sont obtenus à partir des données expérimentales.
6 Pour éviter la génération d'escalier par la méthode d'interpolation de type proche voisin, les cartes des grandeurs possèdent une résolution spatiale de 1mm dans les directions X et Y.
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Figure 2.21: Interpolation par une fonction Log-Normale de la courbeexpérimentale de densité de probabilité du diamètre en (X ad ,Y ad )=(0,0) .
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
Les courbes u i=f (d ) , i= {x , y z } , sont interpolées à partir de la seule équation
paramétrique (2.46). À partir des corrélations taille/vitesse obtenues expérimentalement, un
diamètre D0, i séparant les petits diamètres et les grands diamètres est définie (figure 2.22).
Pour les gouttes de petites diamètres d<D 0 la vitesse moyenne des gouttes est considérée
constante, u=U0 . Pour les gouttes de diamètre supérieur, d>D0 , la vitesse est interpolée
par une fonction exponentielle inverse de paramètre ULim , UAmp et D63 . Un exemple de
cette interpolation est présenté sur la figure 2.22(a).
d<D 0, i → u i=U0, i
d>D 0, i → u i=ULim , i−UAmp , i⋅exp(− d
D63, i ) (2.46)
Les cartes des coefficients locaux U 0 , i (x , y ) , D0, i (x , y ) , ULim , i (x ,y ) , UAmp , i (x ,y ) et
D63, i (x ,y ) sont déduits des courbes de corrélation taille-vitesse issues des données
expérimentales. Ces cartes sont présentées en Annexes 3) .
Comme le montre la figure 2.22(b), l'écart type σuz
de la vitesse axiale est peu dépendant de
la position dans le plan d'initialisation. Cette remarque est également vérifiée pour les écarts
types sur les autres composantes de la vitesse. L'écart type de chaque composante de la vitesse
est donc calculé à partir d'une seule équation σui=f i (d ) . Les équations sont regroupées dans
le tableau 2.10. Pour les plus petits diamètres, d<D 0, i , l'écart type est indépendant du
diamètre, égal à une valeur qui varie suivant la position dans le plan d'initialisation :
σ 0,ui(x , y ) .
96/195
Figure 2.22: Exemple de l'interpolation des composantes de la vitesses u i et de l'écart typeσu
z
III. Mise en œuvre de la simulation numérique
III.3.3. Paramètres additionnels de génération du spray
Ce paragraphe présente les quelques données supplémentaires utiles pour initialiser la
simulation numérique de l’écoulement du spray.
Pour éviter l'obtention de gouttes trop grosses lors du processus de tirage aléatoire du
diamètre des gouttes, on impose un diamètre maximum d max=1200 µm . Ce diamètre est
légèrement supérieur au diamètre maximum mesurable par le PDA. De la même manière, un
diamètre minimum est imposé à d min=5µm .
Les vitesses sont issues d'un processus stochastique qu'il convient également de borner. La
vitesse axiale est positive : uz∈[1 ; 40]m.s−1 . Les mêmes valeurs seuils sont imposées aux
composantes longitudinale et transversale de la vitesse : (ux ,uy )∈[−10 ; 10]m.s−1 .
Comme expliqué au paragraphe III.3.1, le facteur de volume cible est fixé à ΦV=0.95 .
III.4. Conditions limites du gaz sur la surface S_injection
Sur la surface S_injection, il faut également fixer des conditions limites relatives à la phase
gazeuse réaliste, afin d’obtenir un écoulement d'air représentatif de celui présent dans un
spray réel. Cependant, aucune donnée expérimentale ne donne le champ de vitesse de l'air en
écoulement au cœur du spray.
En comparant le temps mis par les gouttes pour parcourir le domaine de calcul avec leur
temps de relaxation τ p (voir § I.1.2), il est possible de séparer les gouttes inertielles, c'est-à-
dire celle dont la trajectoire est peu influencée par le milieu gazeux, des autres. Sur la figure
2.23, les temps de relaxations et le temps de parcours moyen sont calculés Pour la vitesse des
gouttes, les corrélations u i=f (d ) sont utilisées afin de prendre en compte les comportements
propres à chaque classe de diamètre de goutte. Le temps de relaxation est calculé pour deux
coefficients de traînée afin de prendre en compte la dépendance avec le nombre de Reynolds :
la traînée de Stokes pour Re<1 et la traînée de Schiller et Naumann pour Re<1000 (voir
§I.1.2).
Quelle que soit la composante de la vitesse, les gouttes dont le diamètre est inférieur à 50µm
peuvent être considérées comme des traceurs passifs représentatifs de la vitesse de
97/195
Composantei de lavitesse
Équation d'interpolation, pour d>D0, i (x , y )
x σux=1.5
y σuy=e
−0.0725 (d−35.0)+1.25
zd<950 µm → σ
u z
=1.49e-11d4−5.07e-08d
3+5.46e-05d2−0.019d +4.77
d≥950 µm → σuz=5.0
Tableau 2.10: Équations pour l'interpolation des composantes de l'écart type de la vitesse
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
l'écoulement d’air dans la section d’injection. Les gouttes de faible diamètre d<D 0, i vérifient
cette caractéristique. Il est alors possible d'établir les cartes des composantes uG , i de la
vitesse de l'air : uG(x , y )=(U 0,x ; U0,y ; U 0,z)(x ,y ) .
Diverses sources d'erreurs dans la simulation de l'écoulement du spray ont fait l'objet de notre
attention, notamment une possible sous-estimation de l'influence de la turbulence sur la phase
discrète.
Les fluctuations turbulentes de l’écoulement de l'air sont inconnues. On propose de les
estimer à partir des écarts types sur les composantes de la vitesse des petites gouttes σ0,ui.
L'énergie turbulente k est donnée par l'équation (2.47) :
k=12 (σ0,u
x
2 +σ0,uy
2 σ0,uz
2 ) (2.47)
La dissipation spécifique turbulente ω est donnée par l'équation (2.48), issue d'une analogie
avec la définition du taux de dissipation turbulente ε dans l'équation du modèle RANS- k ε .
ω=k
1/2
Cμ1 /4
moyenne [D 0,x ,D0, y D0,z], avec Cμ=0.09 (2.48)
L'intensité turbulente I turb correspondant au calcul de ces grandeurs est comprise entre 0.22
et 1.35 , avec une moyenne de 0.51 . Le rapport de viscosité Rμt /μs'échelonne de 3.03 à
7.24 , avec une moyenne à 5.08 .
98/195
Figure 2.23: Temps de relaxation estimé des gouttes issues du spray, obtenue à partir descorrélation diamètre/vitesse issues des mesures expérimentales, pour deux modèles de traînée(courbe rouge et noires). La courbe bleu représente le temps estimé mis par les gouttes pour
parcourir la distance entre le plan d'initialisation et le bas du domaine.
IV. Simulation de l'écoulement
IV. Simulation de l'écoulementIV.1. Validation de la méthode d'initialisation
Les différentes approximations sur la définition des zones d'initialisation, le diamètre des
gouttes ou encore les corrélations diamètre-vitesse sont la source possible de différences entre
le spray numérique généré et les mesures expérimentales.
IV.1.1. Fonctionnement général
Pour un pas de temps de Δ tCP=0.5 ms , le processus d'initialisation génère en moyenne
np=1540 gouttes, pour un débit moyen QV=6.66L.min−1 , proche du débit attendu de
6.7L.min−1 . Les valeurs de n et QV à chaque pas de temps sont reportées sur la figure
2.24. Le tirage aléatoire du diamètre utilisé dans le processus d'initialisation ainsi que le
facteur de volume cible ΦV sont responsables des fluctuations observées. Le choix d'un
intervalle de calcul plus grand, ainsi que l'affinage de la valeur du facteur de volume cible
permet de réduire ces fluctuations. Dans la configuration actuelle, Δ tCP=0.0005s et
ΦV=0.95 , on obtient un écart type σ n=226 pour le nombre de gouttes générées et un écart
type σ QV=0.22L.m−1 pour le débit, ce qui est faible et donc tout à fait convenable.
99/195
Figure 2.24: Résultat du fonctionnement du processus d'initialisation, en nombre de gouttesgénérées np (courbe orange) et en débit liquide QV (courbe noire)
1 1.05 1.1 1.15 1.2 1.25 1.3 1.35 1.4 1.45 1.54
4.5
5
5.5
6
6.5
7
7.5
800
1300
1800
2300
2800
3300
t [s]
Qv
[Lm
in]
n [-
]
QV
[L.m
in−
1]
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
IV.1.2. Caractéristiques des gouttes initialisées
L'initialisation du spray s'appuie sur le diamètre moyen, le mode du diamètre et le débit
surfacique. Par la suite on compare les données expérimentales (symboles) de ces grandeurs,
prises comme référence, avec le résultat de l'initialisation présentée au paragraphe III.3. Tous
les profils sont issus du plan Z=250mm pour l'expérience, et du plan d'initialisation pour la
simulation.
La figure 2.25 montre que suivant les deux directions, pour X ad=0 et Y ad=0 (figure (a) et
(b), en noir), les tendances des profils d10 sont bien reproduites par la simulation. On peut
toutefois noter une légère sous évaluation des valeurs, l'erreur relative étant maximale au
niveau des maxima, s'élevant à 14% . L’observation des autres profils X ad et Y ad confirme
le bon accord entre les données expérimentales et celle de l’initialisation. Les valeurs sont de
nouveau sous-évaluées au centre de la section, mais sur-évaluées au bord du spray, pour
X ad>0.7 . Ces différences sont attribuées à la coupure en d max=1200µm de la loi Log-
Normale. Ceci est confirmé par un essai avec d max=2000 µm , non présenté ici, qui
permettrait de mieux approcher les profils expérimentaux. Ce choix n'est toutefois pas retenu
car aucune information expérimentale ne prouve l’existence de gouttes de cette taille dans le
spray.
Les profils X ad=0 et Y ad=0 du mode du diamètre sont présentés sur la figure 2.26. Les
tendances des profils expérimentaux sont reproduites, mais l'accord reste très qualitatif. On
note que le calcul du mode du diamètre, que ce soit pour l'expérience ou la simulation, dépend
fortement de la discrétisation utilisée pour construire la courbe de pdf (ici Δd≈10µm ). Les
écarts observés sont donc dans l'incertitude de la mesure de md .
100/195
Figure 2.25: Comparaison du diamètre d10 résultant du processus d'initialisation (courbespointillées), avec les données expérimentales (courbes avec symboles).
IV. Simulation de l'écoulement
Le diamètre d32 n'est pas une grandeur directement intégrée dans le processus d'initialisation,
mais constitue un résultat témoignant de son fonctionnement. De plus, il joue un rôle
fondamental dans les processus de transfert thermique et nécessite donc d’être correctement
modélisé. Nous avons précédemment évoqué les limites du choix d'une fonction Log-normale
générée par le couple de paramètres {d10 ,md } . Ceci laisse supposer que les moments du
diamètre d'ordre supérieur ( d30 , d32 ) seront mal modélisés. La figure 2.27 montre, de
manière surprenante, que le diamètre d32 généré par la méthode d'initialisation est proche du
diamètre expérimental. Ces résultats confirment le bien-fondé du choix de la fonction Log-
normale et des paramètres utilisés. On peut toutefois noter que contrairement au diamètre d10
, d32 est globalement sur-évalué.
Les profils de débit surfacique de l'initialisation reproduisent qualitativement ceux issus de
l'expérience (figure 2.28). Le débit surfacique est de manière générale sur-évalué, avec une
erreur relative maximale de 31 % au niveau des maxima (figure 2.28(a), profils Y ad=0 ).
101/195
Figure 2.26: Comparaison du mode du diamètre md résultant du processus d'initialisation(pointillés), avec les données expérimentales (courbes avec symboles).
Figure 2.27: Comparaison du diamètre d32 résultant du processus d'initialisation(pointillés), avec les données expérimentales (courbes avec symboles).
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
On rappelle quelques caractéristiques des zones d'injection pouvant expliquer les différences
précédemment citées. La densité des points d'injection est homogène sur chaque zone
d'initialisation. Le nombre de gouttes par point d'injection est fixé à 1, donc le volume de
liquide représentatif de chaque point d'injection est proportionnel au cube du diamètre
initialisé en ce point. Les fortes variations du diamètre moyen au niveau des maxima tendent
donc à augmenter localement le débit surfacique, et provoquent une sur-évaluation des valeurs
calculées, comparé à l'expérience. En revanche, ces mêmes variations permettent d'obtenir un
aspect régulier des profils du débit surfacique.
Sur les différents profils, les points ne bénéficiant pas de comparaisons expérimentales
correspondent aux lignes d'iso-débit supplémentaires ajoutées sur la carte de la figure 2.20.
Les valeurs ainsi générées sont réalistes et valident les choix faits.
Les profils de la vitesse axiale uz , moyennée sur toutes les classes de diamètre de goutte
(figure 2.29), montre que l'initialisation est en accord raisonnablement avec l'expérience.
Selon X, la rupture de pente visible sur les profils Y ad=0 à X ad=1 est correctement
positionnée. Dans cette direction, les écarts quantitatifs sont faibles, avec un maximum de
5 % en X ad=0.6 . Selon Y, les profils X ad=0 et X ad=1 sont monotones décroissants. La
pente est toutefois sous-estimée dans cette direction.
Les profils des vitesses moyennes longitudinale ux et transversale uy sont représentés sur
les figures 2.30(a) et (b).
Les tendances de la vitesse longitudinale ux calculée reproduisent celles observées dans
l'expérience. On note que la vitesse tend vers 0 en X ad=0 . Les mêmes constatations sont
réalisées avec la vitesse transversale uy , sauf sur le profil X ad=0 dont le comportement est
discuté plus loin (commentaire sur la figure 2.30). Les vitesses initiales longitudinale et
transversale des gouttes sont directement responsables de l'évasement futur du spray dans le
domaine de calcul. Au bord du spray, X ad>0.6 , la décroissance de ux est sous-évaluée pour
tous les profils, et mène à un écart relatif de près de 50 % avec l'expérience. En revanche, la
102/195
Figure 2.28: Comparaison du débit surfacique QV résultant du processus d'initialisation
(pointillés), avec les données expérimentales (courbes avec symboles).
IV. Simulation de l'écoulement
vitesse uy pour Y ad>0.5 suit correctement les profils expérimentaux. L'ensemble des
différences sur la vitesse pointées jusqu'ici sont attribuées aux différences dans la statistique
du diamètre précédemment discutées.
Le profil X ad=0 de la vitesse uy diverge particulièrement des mesures expérimentales
(figure 2.30(b)). La figure 2.31 présente les paramètres de la corrélation uy=f (d ) introduit
dans le processus d'initialisation, le long du profil du X ad=0 . On observe que le paramètre
de vitesse UAmp , y n'est pas égale à 0 en Y ad=0 . Cette erreur a pour conséquence de sous
estimer les vitesses initiales des gouttes de diamètre compris entre 100 et 500µm . L'effet
sur la vitesse moyenne uy est important sur le profil X ad=0 (figure 2.31), mais n'a pas
d'influence apparente sur le reste de l'écoulement.
103/195
Figure 2.30: Comparaison des vitesses moyennes longitudinale ux et transversale uy
résultant du processus d'initialisation (pointillés), avec les données expérimentales (courbesavec symboles).
Figure 2.29: Comparaison de la vitesse axiale moyenne uz résultant du processusd'initialisation (pointillés), avec les données expérimentales (courbes avec symboles).
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
IV.1.3. Synthèse
Globalement, on peut dire que l'initialisation est satisfaisante car le débit QV est réaliste
(faibles fluctuations et bonne valeur moyenne), et que les caractéristiques des gouttes
initialisées reproduisent correctement celles des gouttes expérimentales.
Toutefois, des faibles écarts sont observés sur les diamètres statistiques ( d10 sous évalué et
d32 sur-évalué). De plus la vitesse transversale uy présente une forte anomalie au centre du
spray et la vitesse longitudinale ux est systématiquement sur-évaluée en périphérie du spray.
Concrètement, les écarts à l'expérience sur les diamètres statistiques indiquent que le spray
initialisé présente une répartition des diamètres différente de celle du spray expérimental.
Ainsi, on soupçonne qu'un nombre plus important de très grosses gouttes soit initialisé, tout
en étant compensé par un nombre important de petites gouttes, qui explique le d10 sous-
évalué.
La vitesse des gouttes et leur diamètres sont liés par des corrélations u i=f (d ) , dont la
validité a pu être vérifiée. Ainsi, les différences observées sur les différentes composantes de
la vitesse sont la conséquence des changements dans la répartition des diamètres des gouttes.
Les variations observées entre les mesures expérimentales et le résultat du processus
d'initialisation pourraient être responsables de certaines différences dans l'écoulement aval,
entre le spray calculé et les informations expérimentales. C'est ce que nous allons à présent
vérifier.
IV.2. Validation du transport de la phase discrète du spray
IV.2.1. Évasement du spray
Le développement et l'évasement du spray sont des informations régulièrement utilisées pour
vérifier le bon fonctionnement de la simulation d'un spray [[85]]. Les comparaisons sont
généralement réalisées sur des visualisations des sprays. Ainsi que le montrent les
visualisations du spray (paragraphe II.2.1), il n'est pas aisé de définir une limite spatiale au
104/195
Figure 2.31: Paramètres de la corrélation uy=f (d ) , observés sur le profil X ad=0 .
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2-2
0
2
4
6
8
10
12
14
16
Vy0# -Init
VyLim# -Init
VyAmp# -Init
Y [mm]
vitesse [
m/s
]
ULim , y
UAmp ,y
U0 , y
Y ad
uy[m
.s−1]
IV. Simulation de l'écoulement
spray. Pour vérifier que le spray simulé s'évase de manière réaliste, on propose d'étudier
l'évolution entre deux plans des grandeurs telles que les diamètres d10 et d32 ainsi que celle
de la vitesse moyenne axiale uz .
On définit les grandeurs normalisées d10, N , d32, N et uz, N , correspondant aux diamètres et à
la vitesse, normalisées par rapport à leur valeur au centre de la section :
dk , N=d k
dk (0,0), avec k=10 ; 32 (2.49)
uz, N=uz
uz(0,0)(2.50)
Ce choix permet de simplifier la comparaison des profils de chaque grandeur entre les deux
plans considérés.
Dans la suite (figure 2.32) on compare l'évolution entre les deux plans considérés, des
grandeurs d10, N , d32, N et uz, N observées expérimentalement (a,b) et numériquement (c,d)
en considérant dans chaque cas les profils X ad=0 et Y ad=0 .
Nous commencerons par l'analyse de l'évolution des profils expérimentaux (figure 2.32(a) et
2.32(b)). Les tendances des profils sur les plans Z=250mm et Z=500 mm sont auto-
similaires, à la fois pour les diamètres et pour la vitesse normalisée. On note toutefois
l'absence de superposition du profil X ad=0 pour le diamètre normalisé d32, N (figure b). Ces
résultats semblent pouvoir être généralisés puisqu'ils ont également été observés dans des
conditions d'utilisations de la buse différentes de celles présentées en section II.
Nous allons à présent vérifier si ces caractéristiques sont reproduites dans le spray simulé : les
grandeurs simulées sont portées sur les figures 2.32 (c) et (d). Suivant les directions X et Y, le
profil de uz, N est auto-similaire entre Z=250 mm et 500 mm. Les profils d10, N et d32, N
dans les deux directions reproduisent les mêmes tendances entre Z=250 et 500 mm, sans
toutefois être auto-similaire.
Ainsi, la vitesse uz, N vérifie le critère sur l'évasement. L’accord sur l’évolution des diamètres
d10, N et d32, N est toutefois moins évident, particulièrement dans la direction d'évasement X.
105/195
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
IV.2.2. Caractéristique de la phase discrète dans le plan Z = 500 mm
L'évolution des caractéristiques de la phase discrète entre deux plans Z est un point de
validation important du fonctionnement d'une méthode de simulation. Les figures 2.33 (a) et
(b) présentent, le long d'un profil Y ad=0 dans le plan Z=500mm, une comparaison de
différentes grandeurs statistiques issues de la simulation (courbe) et des mesures
expérimentales (symbole). Les mesures expérimentales, prises comme référence dans la suite
de ce paragraphe, ont été réalisées dans les mêmes conditions que celles utilisées pour
initialiser le spray (même configuration du PDA et d'alimentation de la buse).
Le diamètre d10 calculé (courbe grise, figure (a)) est globalement surévalué par rapport aux
mesures d'environ 30 µm . Les positions des maxima sur ces profils sont cependant en
accord.
Concernant le diamètre de Sauter d32 (courbe cyan, figure (a)), la valeur au centre
correspond à la mesure, mais l'évolution n'est pas reproduite. Sur la périphérie du spray
X ad>1 , le d32 calculé croît, au lieu de chuter comme la courbe expérimentale. Cette
évolution sera plus longuement discutée dans les paragraphes suivants.
106/195
Figure 2.32: Evolution entre les plans Z=250 mm et Z=500mm des grandeursnormalisées d10, N , d32, N et uz, N .
IV. Simulation de l'écoulement
La comparaison de la vitesse axiale moyenne uz est présentée sur la figure (b). Dans la zone
X ad<0.9 , la vitesse calculée est sous-évaluée d'environ 2 m.s−1 , soit un écart relatif
maximum de 15% . Cette différence s'inverse dans la périphérie. La présence de grosses
gouttes (plus rapide) dans la périphérie du spray simulé pourrait expliquer cette inversion.
Pour mieux comprendre les divergences observées sur la vitesse uz , on peut analyser
séparément la vitesse des petites gouttes (d< 50 µm) et des grosses gouttes ( d> 500 µm).
Comme le montre la figure 2.34, la vitesse des grosses gouttes ULim , z calculée est correcte,
tandis que la vitesse des petites gouttes U0 , z calculée est sous-évaluée de 5 m.s-1, soit 50 %.
La sous-évaluation de uz semble donc être due à une mauvaise modélisation du
comportement des petites gouttes.
107/195
Figure 2.34: Comparaison expérience (symboles)/simulation(courbes)des paramètres de la corrélation uz =f(d)
-0.2 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.20
5
10
15
20
25
Xad []
Vite
sse
[m
/s] ULim ,Z
U0 ,Z
X ad
uz[m
.s−
1]
exp. simu.
Figure 2.33: Comparaison expérience/simulation des diamètres statistiques d10 et d32 (a) etde la vitesse axiale moyenne uz (b), dans le plan Z= 500mm, le long du profil Y ad=0 .
exp.simu.
Chapitre 2 : Calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray
IV.3. Synthèse
L'analyse de l'évasement du spray numérique montre que l'aspect général du spray
expérimental est bien reproduit. Toutefois, des efforts supplémentaires sont encore à produire
pour traiter correctement la phase dispersée loin de la buse. On a en effet observé une sur-
évaluation générale des diamètres statistiques et surtout des valeurs de diamètre peu réalistes
dans la périphérie du spray. La vitesse des petites gouttes est également moins bien reproduite
alors même que le comportement des grosses gouttes semblent être correctement décrit.
Des différences avec les données expérimentales ont été observées à l'initialisation, mais ne
peuvent toutefois pas être directement corrélées avec toutes les différences constatées à
Z=500mm.
Les divergences concernant les diamètres loin de la buse peuvent s'expliquer uniquement à
partir des différences de l'initialisation. Comparé au spray expérimental, le nombre de grosses
gouttes généré par le processus d'initialisation est plus élevé, notamment au niveau des
maximas (visible sur tous les profils X de diamètre d10 et de débit surfacique QV ). Les
composantes initiales latérales de la vitesse ( ux et uy ) des grosses gouttes étant supérieures
à celle des petites gouttes, la périphérie du spray se peuple progressivement de ces grosses
gouttes à mesure que l'on s'éloigne de la buse.
À l'inverse, les divergences observées sur la vitesse à l'initialisation ne suffisent pas à
expliquer les différences observées loin de la buse, en particulier sur la vitesse des petites
gouttes. Cette gamme de goutte est très sensibles à l'écoulement du gaz, ce qui par voie de
conséquence indiquent une modélisation de l'écoulement d'air qui pourrait certainement être
améliorée. Il pourrait donc s'agir d'erreurs dans la modélisation de la turbulence du gaz en
présence d'une phase dispersée. D'un autre côté, l'écoulement d'air et son champ turbulent qui
participera à la dispersion des petites gouttes sont générés par l'entraînement des grosses
gouttes. La modélisation de la traînée peut donc être mis en cause, que ce soit au niveau du
maître couple Sp pour des grosses gouttes déformées, ou encore simplement le coefficient de
traînée CD . La génération de turbulences dans le sillage des grosses gouttes ne peut
également pas être ignorée : ceci est de nature à influencer les caractéristiques de la
turbulence utilisées dans le modèle de dispersion. Ces différentes pistes pourront être étudiées
dans des études futures.
V. Conclusion du chapitrePlusieurs méthodes de simulation pour les sprays ont été présentées. À partir de ces
connaissances et en tenant compte des particularités du spray étudié, une méthode de
simulation a été proposée pour modéliser l'écoulement.
Les résultats expérimentaux ont permis de faire ressortir les caractéristiques principales du
spray, notamment sa forme particulière en ellipse et l’inhomogénéité du liquide dans sa
108/195
V. Conclusion du chapitre
section. À partir de ces mesures, une reproduction numérique du spray a pu être proposée et
testée.
Il a alors été observé que le processus d'initialisation développé au cours de cette thèse permet
de reproduire les cartes de grandeurs caractéristiques d'un spray (débit surfacique, diamètre,
vitesse), et de prendre en compte les couplages entre ces grandeurs. De plus, la description de
l'écoulement du gaz dans le plan d'initialisation est une méthode peu commune ; nous avons
ainsi montré son intérêt et sa faisabilité dans la simulation d'un spray.
Malgré quelques imperfections, qui pourraient sans doute être résolues en améliorant les
modèles d'interaction entre les phases, la méthode de simulation permet de reproduire les
grandes lignes de l'écoulement du spray.
Une étude plus approfondie de cette simulation est possible, et permettrait d'obtenir des
informations supplémentaires sur le spray, généralement inaccessibles par l'expérience. Citons
par exemple l'évolution du taux de vide dans le spray, ou encore les caractéristiques du champ
de vitesse du gaz au cœur et en bordure du spray.
La méthode proposée et testée peut maintenant être utilisée dans le cadre de la simulation de
l'impact d'un spray, sujet du chapitre suivant.
109/195
Chapitre 3 : Simulation numériquesimplifié de l'impact d'un spray
froid sur une surface chaude
Le chapitre précédent traitait du calcul numérique de l'écoulement libre d'un spray. Il a permis de
proposer puis de valider une méthode de simulation fiable. En s'appuyant sur ce travail, on se
propose maintenant de modéliser l'interaction entre le spray et une paroi à haute température.
L'objectif de ce chapitre est d'observer les modifications induites par la présence de la plaque sur
l'écoulement du spray. On s’intéressera plus particulièrement aux caractéristiques du spray sur la
surface d’impact avec la paroi.
Dans la première partie de chapitre, on présentera les hypothèses et simplifications qui ont été
admises afin de réaliser la simulation de l’impact du spray. Dans une seconde partie, la
configuration numérique de la simulation est présentée, d'une manière analogue à la section III du
chapitre précédent. Enfin, l'influence de la paroi sur l'écoulement ainsi que les caractéristiques du
spray sur la surface d'impact sont présentées dans les troisièmes et quatrièmes sections.
111/195
Chapitre 3 : Simulation numérique simplifié de l'impact d'un spray froid sur une surface chaude
I. Hypothèses de travailComme cela sera détaillé ultérieurement (voir § II), nous travaillerons ici avec la même
configuration numérique qu'au chapitre précédent. Les conditions d'initialisation du spray sont
donc identiques, ainsi que les modèles numériques et les conditions limites. Nous allons
présenter ici les hypothèses supplémentaires induites par la présence de la plaque dans le but
de garantir une simulation simple et réaliste.
I.1. Hypothèse sur la configuration d’impact
L'objectif de ce chapitre est de considérer le cas de l'impact d'un spray sur une surface chaude.
Le chapitre 1 a présenté les différents phénomènes attendus, tant en ce qui concerne la
dynamique du spray sur la plaque que l'aspect thermique lié au refroidissement. Le spray
présenté au chapitre précédent, ainsi que les caractéristiques de la plaque (voir section II)
laisse présager la formation d'un film liquide à la surface de la plaque. La température de la
plaque est supposée suffisante pour atteindre le régime d'ébullition en film de vapeur.
Les travaux de Zhao et al. [19] et Cheng et al. [20], présentés au chapitre 1 section II, ont
montré la faisabilité de la simulation d'un refroidissement par spray en présence d'un film
liquide, mais n'ont pas étendu leur méthode à des températures élevées. Cette méthode n'est
donc pas validée en présence d'un film de vapeur supplémentaire.
L’absence de données expérimentales sur les propriétés du film en fonction des
caractéristiques thermiques de la plaque et des caractéristiques dynamiques du spray, mais
également la complexité pour mettre en place un modèle valide de film liquide, nous poussent
à ignorer la présence d’un film liquide. La première hypothèse concerne donc l'état de surface
de la plaque. Elle est supposée sèche, c'est-à-dire qu'il n'existe aucune stagnation de liquide à
sa surface et donc pas de formation de film liquide. Du point de vue de la dynamique du
spray, les conditions aux limites de la phase continue au niveau de la plaque sont
profondément modifiées par cette hypothèse. Au lieu d'une condition aux limites basée sur la
continuité du tenseur des contraintes au niveau d'une interface liquide/air, une condition
d'adhérence entre l'air et la paroi est simulée. Sans toutefois pouvoir le vérifier ni le quantifier,
on peut raisonnablement supposer que cette absence d'interface film liquide/air va influencer
l'écoulement en amont.
I.2. Comportement d'impact des gouttes
Même si par simplification la plaque simulée est supposée sèche, on raisonne en considérant
le cas d'un impact sur film liquide. Il n'existe à notre connaissance aucun modèle pour
l'impact des gouttes sur film liquide. En revanche l'impact des gouttes sur une paroi sèche est
riche de quelques modèles (étalement, rebond, splashing) et pourrait être introduit dans le
calcul. On risquerait cependant d'apporter des comportements d'impacts incohérents avec la
configuration avec film liquide attendue.
112/195
I. Hypothèses de travail
Ceci nous conduit à introduire une seconde hypothèse simplificatrice consistant à ne pas
modéliser les phénomènes dynamiques de l’impact. Ainsi, l'arrivée d'une goutte sur la plaque
se traduit par sa disparition du processus de calcul. Le principal inconvénient de cette
hypothèse est d'ignorer la formation des gouttes secondaires générées lors de l’impact, et par
conséquent de négliger la redistribution des caractéristiques du spray ( QV , d , We ) sur la
plaque qui pourrait en découler.
I.3. Influence de la plaque chaude sur la dynamique du spray
La température élevée de la plaque peut influencer les caractéristiques thermique et
dynamique du spray en amont de l’impact. Trois mécanismes peuvent ainsi être mis en
évidence : le rayonnement de la plaque, la génération de vapeur du fait de l’évaporation des
gouttes, la convection de l’air.
Le rayonnement provoque l'élévation de la température des gouttes et ainsi change les
conditions d'impact (dynamique d'impact et efficacité de refroidissement).
La génération de vapeur au niveau de la plaque modifie les caractéristiques de la phase
continue et par couplage le comportement des gouttes. Ce dernier mécanisme dépend
fortement de la part du changement de phase dans les mécanismes de refroidissement. Or,
l'état de l'art du chapitre 1 a montré que l'importance relative des mécanismes de
refroidissement (convection, évaporation, ...) n'est pas encore totalement comprise, ce qui
rend difficile leur modélisation. De plus, on peut supposer que la présence d’un film liquide
influence le comportement d’une phase vapeur. Le film liquide n’étant pas modélisé, il n’est
par raisonnable de modéliser la génération de vapeur.
Enfin, la présence d’une plaque surchauffée dans un environnement gazeux froid provoque le
développement de cellules de convection. Dans le cas d’un spray, on considère que le
phénomène de convection est noyer par l'intensité de l’écoulement gazeux généré par le
mouvement des gouttes.
Ainsi, la troisième hypothèse propose d'ignorer ces trois mécanismes, et par la même
l'influence thermique de la plaque sur le spray. Cette dernière hypothèse permet en outre de
séparer la modélisation du refroidissement (influence thermique du spray sur la plaque) de
celle de l'impact du spray. Le refroidissement fera l'objet du chapitre suivant.
I.4. Conclusion
La dynamique d'impact n'est donc pas réellement modélisée. On s’intéresse principalement à
la déviation du spray autour de la plaque, à son incidence sur les caractéristiques du spray
comparées à un écoulement libre et ainsi finalement aux caractéristiques du spray au moment
de l'impact.
113/195
Chapitre 3 : Simulation numérique simplifié de l'impact d'un spray froid sur une surface chaude
II. Configuration numériqueII.1. Description du schéma numérique
Dans la mesure où l’on ne considère pas de film liquide et pas d'impact de gouttes, nous
utilisons un schéma numérique identique à celui présenté en section II du chapitre précédent.
On en rappelle simplement les grandes lignes.
La simulation du spray est réalisée par une approche Euler-Lagrange, avec un couplage entre
les phases (Two-Way Coupling). La phase continue (l'air) est résolue par une méthode RANS
k-ω. Cette méthode a précédemment été testée en écoulement libre et comporte l'avantage
d'être intégrable jusqu'à la paroi sans modifications supplémentaires. La phase discrète est
traitée en lagrangien, avec le modèle de traînée dynamically varying drop drag coefficient et
le modèle de fragmentation TAB. La modulation de la turbulence du gaz induite par la
présence des gouttes est calculée par le modèle EIM. L'initialisation du spray et de
l'écoulement d'air est réalisée suivant les mêmes procédures qu’au paragraphe III.3 du
chapitre 2, en conservant les mêmes valeurs.
114/195
Figure 3.1: Représentation schématique du domaine de calcul pour la simulation d'impact.Les conditions limites sont inscrites en lettres italiques.
S_outupPressure Outlet
S_outside
Pressure Outlet
S_outdownPressure Outlet
Rdom=500 mm
Hdo
m=
357
mm
Rimp=180 mmS_impact
Wall
S_atomisation
H imp=12 mm
EY
EZ
EX
II. Configuration numérique
Enfin, l'impact n'étant pas modélisé, le contact entre la plaque et une goutte se traduit par la
disparition de cette dernière du domaine de calcul.
II.2. Domaine de calcul et maillage
Le domaine de calcul est schématisé sur la figure 3.1. Sa forme est identique au domaine
présenté au chapitre précédent (paragraphe III.1.2). La plaque sur laquelle impacte le spray est
représentée par un cylindre de rayon Rimp=180mm et de hauteur H imp=12 mm . Elle est
positionnée dans le domaine de manière à ce que sa partie supérieure soit située à
Z=500 mm de la buse. Le rayon du domaine principal est également étendu jusque
Rdom=500 mm . Cette dernière modification est nécessaire pour garantir la validité des
conditions limites, notamment celle d’imposer la pression atmosphérique sur les frontières du
domaine.
Le maillage réalisé sur ce domaine est présenté sur la figure 3.2. Les zones de maillage
introduites au chapitre précédent sont conservées avec les mêmes contraintes de dimension.
Pour rappel, la zone d'écoulement périphérique (3, grise) est maillée par des éléments de
dimension caractéristique l maille∈[5 ; 8]mm . Les plus grosses cellules sont situées le long des
frontières du domaine. La zone d'injection (1, rouge) est maillée par des cellules de dimension
caractéristique l maille∈[1.5 ; 2 ]mm . Enfin, la dimension caractéristique du maillage de la zone
d'écoulement du spray (2, marron) est intermédiaire entre les zones 1 et 3, l maille≈3 mm . La
justification de ces échelles est donnée au chapitre 2, paragraphe III.1.2(iii).
Afin de résoudre correctement l'écoulement en proche paroi, c'est-à-dire le développement de
la couche limite et les fort gradients de vitesse et de pression sur les bords de la plaque, une
zone de maillage supplémentaire est introduite au niveau de la plaque (4, verte). Pour alléger
le calcul, la sous-couche visqueuse de la couche limite n'est pas résolue numériquement. Ceci
115/195
Figure 3.2: Structure du maillage du domaine décrit précédemment (figure 3.1). La taille desmailles doit vérifier des contraintes différentes suivant la zone 1, 2, 3 ou 4.
1
Zone 2: zone d'écoulement du sprayZone 3: zone d'écoulement périphérique de l'air
Zone 1: zone d'injection
Zone 4: zone d'impact
Eaxial
E longi
2
1
2
33
Eaxial
E trans
1
3
E trans
E longi
dessus
coté
face
2 2
Chapitre 3 : Simulation numérique simplifié de l'impact d'un spray froid sur une surface chaude
est rendu possible par l'utilisation du modèle RANS k−ω , intégrable jusqu'à la paroi.
Conformément aux exigences du modèle k-ω, la première maille tangente à la surface vérifie
y+=10 , ce qui correspond à lmaille=0.75mm . Sur les bords de la plaque, le maillage est
raffiné avec des mailles de dimension caractéristique inférieure à 1.5 mm.
II.3. Conditions limites
Les conditions limites de cette simulation sont identiques aux conditions limites utilisées dans
le chapitre précédent. Le tableau 3.1 reprend les conditions limites appliquées sur chaque
surface en ajoutant la condition limite sur la plaque S_impact.
II.4. Schémas et paramètres numériques de la simulation
Les schémas et paramètres numériques appliqués pour réaliser la simulation sont regroupés
dans le tableau 3.2. Comparé à la simulation sur le spray en écoulement libre, les coefficients
de sous-relaxation sont réduits, sauf pour celui relatif au terme source de la phase discrète qui
passe de 0.3 à 0.5. Le nombre NTwo Way d'itérations de la phase continue entre chaque
résolution de la phase discrète a également été réduit à 2. Les autres paramètres restent
identiques. Ces changements sont nécessaires pour maintenir un bon niveau de convergence
de la solution de chacune des phases, et du couplage entre elles.
116/195
Nom de lasurface
Type de condition limite Propriétés appliquées sur la limite
S_Outdown
Pressure-Outlet
Pression Pression atmosphérique
S_OutupDirection
d'écoulementA partir des cellules
adjacentes
S_OutsideCondition en
cas deBackFlow
Intensité turbulente I turb : 1
Rapport de viscosité Rμ /μ t : 1
S_injection Velocity-InletVitesse et
turbulenceVoir chapitre II, paragraphe
III.5
S_atomisation Wall-moving
Condition d'adhérence totale
Écoulement dans la direction E axiale à la
vitesse uz≈5 m.s−1 .
S_impact Wall-steady
Condition d'adhérence totale
Condition sur laphase discrète
Suppression duprocessus de calcul
Tableau 3.1: Résumé des conditions limites appliquées sur le domaine de calcul
117/195
Résolution de la phase continue (CP)
Notation VariableMode de calcul
ou valeur
Schémas de discrétisation
Temps Second Order
Implicite
Pression Second Order
Quantité de mouvement Second OrderUpwindTurbulence (k ou ω)
αCoefficient de sous-relaxation
Pression 0.4
Quantité de mouvement 0.4
Turbulence (k ou ω) 0.4
Terme source de la phase dispersée
0.5
ΔtCP Pas de temps de la phase continue 0.0005 s
NCP Nombre d'itérations de la phase continue 60
Résolution de la phase discrète (DP)
NTwo WayNombre d'itérations de la phase continue entre chaque résolution de la phase discrète
2
NDP Nombre maximum d'itérations de la phase discrète 500
Nt, DPDiscrétisation temporelle pour la résolution de la phase discrète
10
Tableau 3.2: Résumé des paramètres numériques introduits dans la simulation
Chapitre 3 : Simulation numérique simplifié de l'impact d'un spray froid sur une surface chaude
III. Influence de la paroi sur les caractéristiques du spray
On étudie l'influence de la plaque sur le comportement du spray. L’objectif de cette partie est
donc de comparer les caractéristiques du spray impactant la plaque à celles du spray libre à la
distance Z= 500mm de la buse. Les données d’impact sont toutes issues de la simulation
présentée dans la section II précédente, tandis que les données du spray libre sont issues de la
simulation présentées au chapitre 2.
Dans la suite de ce chapitre, on utilise de nouveau les coordonnées adimensionnelles X ad et
Y ad, dont le calcul est basé sur les angles d'évasement du spray θ X=25 ° et θ Y=8 ° :
X ad=X
Z⋅tan(θ X /2)
Y ad=X
Z⋅tan (θ Y /2)
(3.1)
La figure 3.3 schématise la plaque et les valeurs correspondant à ses limites, soit dans la
direction longitudinale X admax=1.62 et dans la direction transversale Y ad
max=5.15 . L'empreinte
du spray libre est également représentée. Elle correspond à la zone dans laquelle des résultats
sont disponibles pour le spray libre à Z=500mm. Ainsi, au-delà de X ad≈1.50 dans la
direction X et Y ad≈1.60 dans la direction Y, le spray libre n'est plus suffisamment dense
pour être considéré comme présent, ce pourquoi aucun point de mesure n'a été réalisé.
Dans un premier temps on s’intéresse à l’aspect global du spray (répartition du débit), puis on
sera amené à s’intéresser aux caractéristiques locales du spray (diamètre, vitesse et angle
d'incidence des gouttes).
118/195
Figure 3.3: Limites de la plaque rapportées en grandeurs adimensionnelles X admax et Y ad
max
(valeurs en rouges). L'empreinte du spray libre correspond aux points disponibles dans lasimulation d'écoulement sans la plaque, soit X ad≈1.50 et Y ad≈1.60 .
X ad
Y ad
0
1
2
3
4
55.15
0.5 1.0 1.5
1.62
Empreinte du spray en écoulement libre à Z=500mm de la buse
Surface d'impact
III. Influence de la paroi sur les caractéristiques du spray
III.1. Effet de la plaque sur le débit surfacique
Le débit surfacique impactant la plaque est comparé avec le débit du spray libre suivant la
direction X (Figure 3.4a) et la direction Y (Figure 3.4b). De façon générale, les profils du
débit surfacique en présence de la plaque suivent ceux du spray libre, tout en étant légèrement
inférieures avec une différence de l'ordre de 1 L.m-2.s-1. Dans la direction X, les maximas,
caractéristiques importantes de ce type de spray, sont aplaties. Dans la direction Y, le débit
surfacique d'impact demeure relativement constant à QV≈3×10−4 L.m-2.s-1 à partir de
Y ad≈2 . Ainsi, la présence de la plaque provoque une redistribution du débit dans la section
Z=500mm.
On s'intéresse maintenant à la répartition du débit du spray en présence de la plaque
seulement. En intégrant le débit surfacique sur la surface de la plaque on obtient le débit
liquide reçut par la plaque, soit 5.92 L/min d'eau sur les 6.7 L/min initialement injecté dans le
domaine. L'incertitude sur cette quantité est de +/- 0.1 L/min et dépend de la méthode
d'interpolation utilisée pour construire la carte de QV , avant l'intégration. Par conséquent,
environ 0.8L/min sont évacués sur le côté de la plaque et ne participe pas au refroidissement,
soit environ 10 %. Nous reviendrons sur cette répartition du débit au moment de la synthèse
de la section suivante (voir §III.2.3).
III.2. Effet de ségrégation des gouttes en fonction du diamètre
L'effet de la présence de la plaque sur le comportement du spray est mis en évidence par de
légères modifications de la répartition du débit surfacique et notamment la présence d'un débit
surfacique non nul loin du centre du spray dans la direction Y. Afin d’identifier l’origine de
ces variations, nous allons nous intéresser au comportement des gouttes par classe de taille.
Nous allons considérer tout d'abord les évolutions des diamètres statistiques afin de définir les
zones nécessitant une étude plus approfondie.
119/195
Figure 3.4: Comparaison du débit surfacique pour le spray libre et le spray impactant, lelong des profils Y ad=0 (a) et X ad=0 (b), dans le plan Z = 500mm
Chapitre 3 : Simulation numérique simplifié de l'impact d'un spray froid sur une surface chaude
III.2.1. Evolution des diamètres statistiques des gouttes
Les figures 3.5 et 3.6 comparent l’évolution des diamètres d10 et d32 entre le cas du spray
libre et celui du spray impactant à Z=500mm.
Pour les cas avec et sans impact, les profils du diamètre moyen d10 selon la direction X
(Figure 3.5) sont sensiblement confondus, excepté au centre où la valeur dans le cas de
l’impact est légèrement supérieure de 10 µm. Dans la direction Y, les deux profils suivent la
même tendance tout en étant supérieur dans le cas de l’impact. Au-delà de Y ad≈3 , le
diamètre d’impact stagne à d10≈50µm .
Concernant le diamètre de Sauter, on note que la symétrie selon la direction X disparaît pour
le cas du spray impactant (figure 3.6a). Cette perte de symétrie n’affecte pas la zone centrale.
Suivant la direction Y (figure 3.6b), les profils avec et sans impact sont superposés jusqu‘à la
120/195
Figure 3.5: Comparaison du diamètre moyen d10 pour le spray libre et le spray impactant, lelong des profils Y ad=0 (a) et X ad=0 (b), dans le plan Z = 500mm.
Figure 3.6: Comparaison du diamètre de Sauter d32 pour le spray libre et le sprayimpactant, le long des profils Y ad=0 (a) et X ad=0 (b), dans le plan Z = 500mm.
III. Influence de la paroi sur les caractéristiques du spray
limite du spray libre ( Y ad≈1.60 ), où on note alors une forte diminution du diamètre de
Sauter. La valeur du diamètre de Sauter se stabilise alors à d32=75µm à partir de Y ad≈2.75
jusqu'au bord de la plaque.
III.2.2. Évolution des densités de probabilité du diamètre
Les résultats précédents sur les diamètres statistiques mettent en évidence la faible influence
de la présence de la plaque sur les caractéristiques globales du spray.
Au centre du spray, le diamètre moyen croît lorsque la plaque est présente, tandis que le
diamètre de Sauter ne varie pas. Ce comportement peut s’expliquer en s’intéressant aux
densités de probabilité du diamètre. La figure 3.7 donne un exemple de pdf du diamètre des
gouttes dans la zone centrale du spray. Sur cette figure, la densité de probabilité en taille au
point (X ,Y )ad=(0,0) dans des conditions d’impact est comparée avec celle obtenue en spray
libre. Les diamètres d10 et d32 dans le cas de l’impact sont également indiqués. Les deux
courbes sont sensiblement confondues, mise à part au niveau des petits diamètres. Pour
d<90 µm , on observe une légère diminution de la population pour le cas avec impact. Pour
les gammes de diamètre autour du mode md≈125µm , le pic est plus important dans le cas
avec impact. Ainsi en ce point, les changements principaux se portent sur les diamètres
inférieurs au diamètre moyen, ce qui explique les faibles variations de ce dernier entre le
spray libre et le cas de l'impact et l'absence de variation significative du diamètre de Sauter
observés précédemment.
121/195
Figure 3.7: Comparaison spray libre (noir)/impact (rouge) des pdfs du diamètre end<200µm .
d10=229 µm
d32=519µm
Chapitre 3 : Simulation numérique simplifié de l'impact d'un spray froid sur une surface chaude
La figure 3.8 illustre l’évolution dans la direction des X positifs de la pdf du diamètre en
présence de la plaque et à Z=500mm. On note une brusque variation dans les formes des pdfs
à partir de X ad≈1.26 . La pdf se resserre alors nettement vers les petits diamètres. Ce repli
pourrait également être observé en regardant l’évolution des pdf vers les X négatifs, avec
toutefois une présence moins prononcée des gouttes de diamètre d∈[300 ; 500] , ce qui
explique l'absence de symétrie par rapport à l'axe X sur le diamètre de Sauter.
Dans la direction Y, des évolutions identiques peuvent être observées au-delà de Y ad≈2.00 .
Les pdfs se resserrent alors jusqu'à réduire la gamme du diamètre des gouttes à d<150 µm .
III.2.3. Synthèse sur la ségrégation des gouttes et l’influence sur la répartition du liquide
La comparaison des populations de diamètre recueilli sur la plaque et en écoulement libre
montre qu'il faut séparer la surface d'impact en deux zones : la zone centrale et la zone
périphérique.
La zone centrale possède des dimensions proches de l'empreinte du spray libre (figure 3.3).
Elle est caractérisée par des diamètres de gouttes assez proches du spray libre, avec toutefois
une présence un peu moins prononcée de petites gouttes ( d<100 µm ). Le débit surfacique
d'impact est également réduit comparé au cas du spray libre.
On retrouve une partie des petites gouttes dans la zone périphérique de la plaque. La
diminution brutale des deux diamètres statistiques est ainsi à mettre en lien avec le repli des
pdf, tandis que leur stabilisation au bord de la plaque correspond à une stabilisation de la
gamme de diamètre à d<150 µm . Une autre partie des petites gouttes est déviée par la plaque
puis simplement évacuée vers les bords, sans impact.
122/195
Figure 3.8: Evolution dans la direction X des courbes de pdfs du diamètreen configuration d'impact
III. Influence de la paroi sur les caractéristiques du spray
Le tableau 3.3 résume la répartition du débit injecté dans chacune des zones : l'empreinte du
spray, la périphérie de la plaque, l'extérieur de la plaque.
Cette nouvelle répartition des gouttes en fonction de leur diamètre change la répartition
spatiale en nombre de goutte. Ainsi, il est intéressant de regarder l'influence de la plaque sur le
flux surfacique de goutte N (figure 3.9). On note la diminution de N induite par la
plaque dans la zone d'empreinte du spray, tandis que la périphérie de la plaque est couverte
par un flux surfacique de petites gouttes constant de N≈106 m−2 .s−1 . Bien qu’une part non
négligeable du débit soit déviée sur la périphérie de la plaque et que ce liquide soit représenté
par des gouttes de faible diamètre, la densité de flux de goutte reste faible en périphérie de la
plaque.
III.3. Effet de la plaque sur la trajectoire des gouttes
Le paragraphe précédent a mis en évidence dans le cas d'un impact le déplacement des petites
gouttes (diamètres jusqu'à d≈150 µm) vers l'extérieur du spray ainsi qu’évolution dans la
répartition du débit comparé au cas du spray libre. Ces déplacements de population de goutte
s'accompagnent nécessairement d’une variation des vitesses et de l'angle d'incidence des
gouttes sur la plaque.
123/195
Débit initialement injecté :6.7 L/min
Zone d'empreintedu spray
Zone de périphérie dela plaque
Débit évacué
Débit [L/min] 5.84 (86%) 0.08 (1.2%) 0.86 (12.8 %)
Tableau 3.3: Résumé des parts de débit arrivant dans les différentes zones de l'impact
Figure 3.9: Comparaison du flux surfacique de gouttes N pour le spray libre et le spray
impactant, le long des profils Y ad=0 (a) et X ad=0 (b), dans le plan Z = 500mm
0 1 2 3 4 51.00E+05
1.00E+08
2.00E+08
3.00E+08
4.00E+08
5.00E+08
6.00E+08
-2 -1.5 -1 -0.5 0 0.5 1 1.5 21.00E+05
1.00E+08
2.00E+08
3.00E+08
4.00E+08
5.00E+08
6.00E+08
N
[m−
2.s−
1]
X ad Y ad
Z = 500 mmSpray libre
impact
Chapitre 3 : Simulation numérique simplifié de l'impact d'un spray froid sur une surface chaude
III.3.1. Étude des composantes de la vitesse des gouttes
Les figures qui suivent présentent des comparaisons sur les trois composantes de vitesse
moyenne uz , ux et uy7, entre le cas du spray libre et celui de l'impact (en présence de la
plaque).
Les profils de la composante uz selon les directions X et Y sont représentés sur les figures
3.10(a) et (b) respectivement. Dans la zone central du spray, soit X ad∈[−0.75 ; 0.75] et
Y ad∈[−1 ;1] , la composante uz en présence de la plaque est plus importante que dans le
cas du spray libre ( Δuz<1 m.s−1 ). En dehors de cette zone, les deux courbes sont confondues
quelle que soit la direction d'observation. On note que dans la direction Y (figure 3.10(b)), la
composante uz en présence de la plaque tend vers uz≈0.5m.s−1 à partir de Y ad≈2.00 .
La figure 3.11 représente l'évolution des composantes ux et uy
, selon les directions X et Y.
Pour les deux directions, on observe une nette augmentation des deux composantes du fait de
la présence de la plaque. Cette augmentation s’accentue lorsque l’on s’éloigne de la zone
centrale. Dans le cas de l'impact, on remarque également que les composantes ux et uy
tendent vers une vitesse limite à l’approche du bord de la plaque (environ 2.5 m/s pour les
deux composantes).
Ainsi la présence de la plaque semble accélérer la vitesse moyenne des gouttes, quelle que
soit la composante observée. En outre, l'observation dans les deux directions X et Y montre la
présence d'un plateau de la vitesse lorsque l'on s'approche des bords de la plaque.
III.3.2. Étude des corrélations taille-vitesse.
Pour expliquer les comportements observés précédemment sur les diamètres et les
composantes de la vitesse, on étudie les corrélations taille/vitesse.
7 Ces vitesses sont obtenues en moyennant les composantes de la vitesse de toutes les gouttes, quelle que soit leur diamètre, situées en différents points de la surface Z=500mm.
124/195
Figure 3.10: Comparaison de la vitesse axiale moyenne uz pour le spray libre et le sprayimpactant, le long des profils Y ad=0 (a) et X ad=0 (b), dans le plan Z = 500mm.
III. Influence de la paroi sur les caractéristiques du spray
(i) Aspect général des corrélations diamètre-vitesses
Ainsi que l'on peut l'attendre, les corrélations taille/vitesse u i=f (d ) montrent des différences
importantes de la vitesse en fonction du diamètre des gouttes. On sera amené à séparer le
comportement des petites gouttes d<D0, i, de celui des grosses gouttes. Le diamètre D0, i ,
identique à celui présenté au chapitre 2, peut varier en fonction de la composante i de la
vitesse, et du point d'observation (voir figures 3.12(a)(b), lignes vertes verticales).
D’une manière générale, l’étude de ces corrélations affiche des allures différentes en fonction
de la composante de la vitesse et du point d'observation :
– la corrélation taille/vitesse selon uz présente une allure identique quel que soit le point
d’observation. Les figures 3.12(a)(b) (courbes bleus) donnent des exemples de cette allure.
Pour les petites gouttes (en général d<D 0,z≈200µm ), la vitesse est constante ou
légèrement croissante. Pour les grosses gouttes, la vitesse tend rapidement vers sa valeur
limite, de telle sorte que les gouttes dans la gamme de diamètre d∈[500 ; 1200] ont une
vitesse uz constante. Cette allure peut être interpolée par une fonction de la forme
u∝1−αe−βd , identique à celle déjà observée au chapitre 2 (voir §II.3.2). Par la suite, on
retrouve cette allure pour les grosses gouttes sur toutes les corrélations diamètres-vitesse.
Il sera alors fait référence à l’allure générale des grosses gouttes.
– L’allure des corrélations taille/vitesse selon ux et uy
est différente selon la position
(figures 3.12(a)(b) (courbes rouges)). D'une manière générale, l'aspect de la courbe au
niveau des gros diamètres d>D0, i≈200 µm suit l’allure générale des grosses gouttes. Les
différences entre les allures des courbes de corrélation diamètre/vitesse se concentrent
donc sur le comportement au niveau des petites gouttes.
La carte de la figure 3.12 schématise les zones où les corrélations taille-vitesse présentent soit
l’allure représentée sur la figure (a), soit l’allure représentée sur la figure (b). Au centre du
125/195
Figure 3.11: Comparaison entre le spray libre et le spray impactant, de la vitesselongitudinale ux
le long de l'axe X (a), et de la vitesse transversale uy le long de l'axe Y(b).
Chapitre 3 : Simulation numérique simplifié de l'impact d'un spray froid sur une surface chaude
spray, c'est-à-dire la zone gris clair pour la composante ux et la zone grise foncée pour la
composante uy, les corrélations décrivent une allure semblable à celle du profil (a). La
vitesse décroit linéairement dans la gamme des petits diamètres, puis adopte l’allure générale
des grosses gouttes pour les gros diamètres. En dehors de ces zones, l'allure des corrélations
au niveau des petites gouttes présente un caractère non linéaire. Comme le montre l'exemple
de la figure (b), il est alors nécessaire de discriminer le comportement des très petites gouttes,
126/195
Figure 3.12: Corrélation taille/vitesse pour les trois composante, pour plusieurs positions surla plaque. Chaque jeu de corrélation peut être mis en en lien avec la carte du diamètre
moyen.
(b)(a)
Zone d'allure (a) pour la vitesse uy
Zone d'allure (a) pour la vitesse ux
Limite entre les petites et les grosses gouttesD0, i
Allure exponentielleinverse
Allure exponentielleinverse
III. Influence de la paroi sur les caractéristiques du spray
d<50 µm, et celui des gouttes légèrement plus grosses, 50µm<d<D0, i .
Lorsque aucune grosse goutte n'impacte la surface, zones correspondant à d10<80 µm sur la
carte du diamètre moyen (figure 3.12), l'allure des corrélations diamètre/vitesse ressemble à
celle présentée pour la figure (b) en limitant l'échelle de diamètre à d<200µm .
Une interprétation mettant en jeu les conditions d'initialisation de la phase discrète et
l'influence de la plaque, permet d'expliquer les allures particulières des corrélations
taille/vitesse observées pour les composantes latérales du vecteur vitesse. L’étude portera
principalement sur le comportement des petites gouttes, tout en précisant que, entre Z=250
mm et Z=500 mm, la limite admise D0, i entre les petites gouttes et les grosses gouttes ne
varie que peu. Par conséquent, la définition des petites et de grosses gouttes est la même quel
que soit le plan d’observation. Pour rappel, l'initialisation (en Z=250 mm) impose que la
vitesse des petites gouttes soit indépendante du diamètre, soit un profil plat de la courbe
u i=f (d ) lorsque d<D0, i . Cette vitesse est généralement plus faible que celle des grosses
gouttes d>D 0, i .
À l'approche de la plaque, les fortes variations des composantes latérales de la vitesse du gaz
influencent les composantes latérales de la vitesse des gouttes. Les très petites gouttes ayant
un faible nombre de Stokes suivent l'écoulement du gaz et accélèrent dans les directions X et
Y. Les gouttes plus grosses, plus inertielles, sont moins sensibles aux variations de la vitesse
du gaz et par conséquent leurs composantes latérales restent petites (figure 3.12(a)). À mesure
que l'on se déplace vers les bords de la plaque, le chemin parcouru par les petites gouttes est
plus grand. Il est alors probable que les champs de vitesse de l’air traversé par les gouttes
puisse varier autant en direction qu’en intensité, ce qui accentue les différences de vitesse
entre les très petites gouttes et celles légèrement plus grosses. On obtient alors des allures de
corrélations diamètre/vitesse identiques à celles présentées en figure 3.12(b).
Pour quantifier la différence de comportement entre les petites et les grosses gouttes, nous
nous appuierons comme au chapitre 2 (§II.3.2) sur les deux grandeurs U 0, i et U lim , i
respectivement représentatives des composantes de vitesse i des petites et des grosses gouttes.
La notion de petites et de grosses gouttes dépend de la position considérée au travers de la
valeur D0, i (x , y ) . Les gammes de diamètre utilisées pour le calcul des vitesses U 0, i et
ULim , i, en fonction de leur position le long des axes X et Y, sont reportées dans le tableau 3.4.
Les données de ce tableau reprennent les informations du paragraphe III.2. On notera que la
vitesse ULim , i au bord de la plaque ne correspond plus qu'à des gouttes de petite taille
d<150 µm .
127/195
Chapitre 3 : Simulation numérique simplifié de l'impact d'un spray froid sur une surface chaude
Dans les paragraphes qui suivent, nous réalisons une comparaison sur les vitesses U 0, i et
ULim , i en présence de la plaque (courbes rouges, impact) et sans la plaque (courbes noires,
spray libre), pour chacune des 3 composantes de la vitesse.
(ii) Vitesse axiale u z
La figure 3.13 permet d’estimer l'influence de la plaque sur la vitesse axiale des petites
gouttes U 0,z et des grosses gouttes ULim , z .
Dans la direction X, aucune évolution sensible n'est visible pour la vitesse des grosses gouttes.
En revanche, la vitesse des petites gouttes est de manière générale réduite dans le cas du spray
impactant. Les mêmes remarques peuvent être notées dans la direction Y.
On observe de nouveau le peu d'influence de la plaque sur la vitesse axiale des grosses
gouttes. Pour Y ad>1.70 , les deux courbes de U 0,z et ULim , z se rejoignent puis se
confondent, consécutivement à la réduction de l’amplitude des diamètres, notamment au
128/195
Gamme de diamètre pour lecalcul de U0, i (en µm)
Gamme de diamètre pour le calculde ULim , i (en µm)
Le long de l'axe X
X ad<1.62 d∈[0 ; 30] d∈[400 ;1200 ]
X ad>1.62 d∈[0 ; 30] d∈[50 ; 200 ]
Le long de l'axe Y
yad<1.72 d∈[0 ; 20 ] d∈[400 ;1200 ]
Y ad=2.30 d∈[0 ; 20 ] d∈[200 ;700 ]
Y ad>2.86 d∈[0 ; 20 ] d∈[30 ; 150]
Tableau 3.4: Gamme de calcul du diamètre pour les vitesses U 0, i et ULim , i .
Figure 3.13: Comparaison entre le spray libre et le spray impactant des vitesses U 0,z
(symboles pleins) et ULim , z (symboles creux), le long des axes X (a) et Y (b).
III. Influence de la paroi sur les caractéristiques du spray
profit des petites gouttes, plus sensible à l'écoulement gazeux (tableau 3.4). On retrouve la
valeur de la vitesse moyenne sur toutes les classes de diamètre U0,z≈ULim , z≈uz≈0.5m.s−1 .
Ces résultats montrent que l'augmentation de la vitesse uz observée au centre dans le cas de
l’impact n'est finalement que la conséquence de la modification sur la statistique du diamètre
de goutte. La présence plus importante de grosses gouttes dans le cas du spray impactant
augmente artificiellement la vitesse moyenne uz.
(iii) Vitesses latérales u x et u y
On s’intéresse maintenant à la composante ux de la vitesse (sur la figure 3.14), dans la
direction X.
La vitesse U lim , x des grosses gouttes est peu influencée par la présence de la plaque. À
l'inverse, la vitesse des petites gouttes est fortement augmentée par la présence de la plaque.
Enfin on note que pour −0.72<X ad<0.72 la vitesse des petites gouttes est identique à celle
des grosses gouttes. Ce résultat reste délicat à interpréter et aucune interprétation physique
évidente ne peut être proposée. En dehors de la zone centrale, la vitesse des petites gouttes
dans le cas du spray impactant atteint un maximum pour X ad≈1.00 avec U 0,xmax≈2.5 m.s−1 ,
puis décroit légèrement. Comme pour la composante uz, cette valeur correspond à celle
observée pour la vitesse moyenne ux sur toutes les classes, conséquence de la statistique sur
le diamètre des gouttes dans cette zone.
129/195
Figure 3.14: Comparaison entre le spray libre et le spray impactant, des vitesses U 0,x
(symboles pleins) et ULim , x (symboles creux), le long de l'axe X, dans le plan Z =500mm.
Chapitre 3 : Simulation numérique simplifié de l'impact d'un spray froid sur une surface chaude
La figure 3.15 représente les mêmes résultats que la figure 3.14 mais pour la composante uy,
dans la direction Y. Pour Y ad<1.2 , la vitesse transversale des grosses gouttes ULim , y est peu
influencée par la présence de la plaque et croît jusqu'à atteindre un palier à 2.6 m.s-1. Cette
valeur correspond de nouveau à celle observée pour la vitesse sur toutes les classes. On note
également que la vitesse limite atteinte par les petites gouttes est légèrement inférieure à celle
des grosses gouttes, avec U 0,ymax≈1.95 m.s−1 . On explique ce comportement par une légère
différence du nombre de Stokes associé.
III.3.3. Calcul et comparaison des angles d'incidence des petites et des grosses gouttes
À partir des résultats sur les différentes composantes de vitesses des petites et des grosses
gouttes, nous proposons de calculer les angles d'incidence dans les deux plans XZ et YZ, pour
chaque classe de diamètre. Ces angles sont ensuite comparés aux angles d'incidence obtenus
dans le cas du spray libre. Les deux angles longitudinal (dans le plan XZ) et transversal (dans
le plan YZ) sont calculés à partir des deux équations (3.2) et (3.3), en considérant que la
composante de la vitesse orthogonale au plan est nulle. Les angles sont pris par rapport à la
direction normale à la plaque (figure 3.16).
130/195
Figure 3.15: Comparaison entre le spray libre et le spray impactant, des vitesses U 0,y
(symboles pleins) et ULim , y (symboles creux), le long de l'axe Y, dans le plan Z =500mm.
Figure 3.16: Schémas de l'angle de trajectoire calculépar les équations (3.1) et (3.1)
Vecteur vitesse de la goutte
Angle d'incidence de la goutte
III. Influence de la paroi sur les caractéristiques du spray
direction X : A0,longi=atan(U0,x
U0,z) et ALim, longi=atan(ULim , x
ULim , z) (3.2)
direction Y : A0,trans=atan(U 0,y
U 0,z) et ALim , trans=atan(ULim , y
ULim , z) (3.3)
Les profils des angles d'incidence avec et sans la plaque sont représentés sur la figure 3.17(a)
et 3.17(b) selon les directions X et Y respectivement. On note tout d'abord que les profils de
l’angle longitudinal (figure a) et de l’angle transversal (figure b) suivent les mêmes
comportements que les profils de vitesses U 0, i et ULim , i présentés sur les figures 3.14 et
3.15.
Dans la zone d'empreinte du spray, X ad<1.5 et Y ad<1.62 , les angles d'impact des grosses
gouttes ALim , longi et ALim , trans n'évoluent pas sensiblement en comparaison avec les angles
d'incidence du spray libre. L'angle longitudinal maximal est d'environ 20° et l'angle
transversal maximal de 7°. Ces valeurs sont légèrement inférieures aux valeurs des angles
d'évasement du spray θ X=25 ° et θ Y=8 ° et ainsi concordent avec le comportement inertiel
attendu pour les grosses gouttes. En dehors de la zone d'empreinte, on note une variation
brutale en Y ad≈2.5 de l'angle ALim , trans pour l'impact, qui rejoint alors la courbe de l'angle
A0,trans . Comme pour la vitesse, cette variation est simplement attribuée à la réduction de
l’amplitude des diamètres de goutte, avec un glissement vers des gouttes de petite taille.
Pour les petites gouttes ( A0,longi et A0,trans ), les profils des angles d'incidence en présence de
la plaque sont fortement augmentés par rapport à ceux obtenues pour le spray libre. Dans la
direction X (figure 3.17.a), l'angle d'incidence sur la plaque croît linéairement jusqu'à
X ad≈1.25 , pour atteindre A0,longi=70 ° . Dans la direction Y (figure 3.17.b), l'angle d'impact
croît également jusqu'à un maximum de A0,trans≈65° . Comme pour la composante uy de la
131/195
Figure 3.17: Comparaison entre le spray libre et le spray impactant, des angles Alongi le longde l'axe X (a), et Atrans le long de l'axe Y (b), pour les petites gouttes (indice « 0 » , symboles
pleins) et pour les grosses gouttes (indice « Lim », symboles creux).
Chapitre 3 : Simulation numérique simplifié de l'impact d'un spray froid sur une surface chaude
vitesse, on note que l'angle des trajectoires A0,trans des petites gouttes est plus faible que
l'angle ALim , trans .
La présence de la plaque a donc comme principale influence de modifier les angles
d'incidences des gouttes de faible diamètre, ceci également dans la zone qui constituerait
normalement l'empreinte du spray libre. Les trajectoires des petites gouttes sont, au moment
de l'impact, quasi-rasantes, alors même que les trajectoires des grosses gouttes restent très
verticales (dans les limites de l'évasement initial du spray). Ces résultats concordent avec la
ségrégation observée, fonction du diamètre de gouttes, et nous permet de conclure sur le
déplacement des populations de petites gouttes d<200µm vers le bord de la plaque, voir au-
delà.
III.3.4. Synthèse sur la vitesse et les trajectoires des gouttes
La présence de la plaque n'influence pas significativement la vitesse des grosses gouttes. Ces
dernières, regroupées dans la zone d'empreinte du spray, conservent les valeurs des
composantes de vitesse et d'angle d'incidence qu'elles ont en configuration de spray libre. La
vitesse des petites gouttes ( d<200µm ) est en revanche fortement augmentée pour les
composantes latérales ux et uy ,et diminuée pour la composante axiale uz , en conséquence
de quoi leur trajectoire devient pratiquement tangente à la plaque.
Ainsi donc, cette étude sur la vitesse montre surtout les comportements très différents
observés entre les très petites gouttes et les gouttes plus grosses. On rappelle ainsi l'allure non
linéaire des corrélations taille/vitesse pour d<200µm , ou encore la légère différence entre
les vitesses transversales U0,y et ULim , y au bord de la plaque ( Y ad>3 ). Ces différences ont
principalement été expliquées par les variations spatiales du champ de vitesse de la phase
gazeuse uG au niveau de la plaque, mais également par l'inertie des gouttes.
À ce propos, les figures 3.18 et 3.19 présentent les cartes de contour des composantes uG, x et
uG, y de la vitesse du gaz, dans respectivement les plans XY et {XZ ; YZ}. Les contours des
vitesses uG, x et uG, y
dans le plan XY (figure 3.18) présentent une symétrie par rapport aux
axes X et Y, ce pourquoi seul un quart du plan est présenté pour chacune de ces vitesses.
Quel que soit la composante de la vitesse, la structure de ces cartes est identique. La
composante uG, x de la vitesse du gaz est nulle le long de l'axe Y et présente un maximum en
(X ,Y )ad=(1.1 ,0) avec uG, x
max≈2.85 m.s−1 . Concernant la composante uG, y, elle est nulle le
long de l'axe X et présente un maximum en (X ,Y )ad=(0 ,3) avec uG, x
max≈3.00m.s−1 . Ces
maxima correspondent en valeur comme en position à ceux observés sur les profils de vitesse
U0,x et U 0,y . On montre bien que les composantes de la vitesse et les trajectoires suivies par
les très petites gouttes sont directement issues du champ de vitesse du gaz. Ainsi, les gouttes
de faible de diamètre (voir tableaux 3.4 pour la gamme correspondante) suivent l'écoulement.
132/195
III. Influence de la paroi sur les caractéristiques du spray
Le champ de vitesse dans le plan XZ et YZ pour les composantes uG, x et uG, y est représenté
sur les cartes de la figure 3.19. Cette figure permet d’observer l’évolution du champ de vitesse
moyenne du gaz ressenti par les gouttes, à partir de 10 cm au-dessus de la plaque et jusqu'à la
surface8. À partir de l'angle d'incidence locale sur la plaque des gouttes (traits noirs) et des
8 En considérant que le champ de gaz est stationnaire sur une échelle de temps équivalente à la durée de la traversé du domaine de calcul pour une goutte.
133/195
Figure 3.18 : Carte de la composante de vitesse uG, x et uG, y de la phase continue au niveau
de la paroi dans le plan XY. Le bord de la plaque est représenté par le demi cercle gris.
0
1
2
3
4
55.15
0.5 1.0 1.5
1.62 X ad
Y ad
uG , x [m.s−1 ]uG , y [m.s−1 ]
3.00
2.70
2.40
2.10
1.80
1.50
1.20
0.90
0.60
0.30
0.00
0.51.01.5
1.62
Figure 3.19: Champ de vitesse de la composante uG, x et uG, y de la phase continue dans le
plan XZ et YZ (respectivement à gauche et à droite). Les angles d'incidences A0,longi etA0,trans sont représentés par les traits noirs fins.
0
5.151.62X ad Y ad0.51.01.5
10 cm
Z
3.002.702.402.101.801.501.200.900.600.300.00
uG , x [m.s−1 ] uG , y [m.s−1 ]
1 2 3 4 5
Chapitre 3 : Simulation numérique simplifié de l'impact d'un spray froid sur une surface chaude
cartes des composantes du vecteur vitesse uG , on peut déduire les accélérations successives
ressenties par les petites gouttes avant l'impact et ainsi expliquer les comportements
particuliers observés sur les vitesses des petites et des très petites gouttes.
Dans la direction X, les petites gouttes qui impactent la plaque pour X ad<1 possèdent une
trajectoire caractérisée par un angle A0,longi<34° . Ces gouttes sont accélérées dans la
direction X tout au long de leur trajectoire. Les gouttes les plus grosses, donc les plus
inertielles, sont moins accélérées. On obtient alors les allures affines et décroissantes des
corrélations taille/vitesse de la figure 3.12(a).
En revanche, les petites gouttes qui impactent la plaque en X ad>1.5 présentent une
trajectoire ayant un angle A0,longi>75 ° avec la verticale de la plaque. Ces gouttes sont tout
d'abord accélérées dans la direction X à mesure qu'elle s'approche de la plaque, puis sont
ralentis par l'écoulement gazeux. Dans cette région de la plaque, l'allure non-linéaire des
corrélations taille/vitesse (figure 3.12.b) correspondent alors à l'analyse suivante : les très
petites gouttes d<50 µm suivent l'écoulement gazeux et sont fortement ralenties. Leur
vitesse d'impact est identique à la vitesse du gaz au point d'impact. En revanche, les gouttes de
diamètre supérieur présentent une vitesse d'impact différente (supérieure ou inférieure), ceci
en fonction de leur temps de relaxation respectif τ p et de leur vitesse par rapport au gaz.
En reprenant la même analyse sur la carte réalisée dans le plan YZ de la composante de
vitesse uG, y, on peut expliquer les allures des courbes de corrélation taille/vitesse pour la
composante uy de la vitesse. L'allure non-linéaire apparaît dans ce cas au-delà de Y ad≈3 .
134/195
III. Influence de la paroi sur les caractéristiques du spray
Chapitre 4 : Étude numériquedu refroidissement d'une plaquechaude soumise à l'impact d'un
spray froid
La simulation du refroidissement d'une plaque à haute température (en régime de Leidenfrost)
sous l'action de l'impact d'un spray froid est la dernière étape du procédé général visant à
simuler le refroidissement par spray. Les chapitres précédents ont permis d’obtenir les
caractéristiques d’impact du spray. L'objectif de ce chapitre est de calculer le comportement
thermique de la plaque lorsqu'elle est soumise au transfert thermique imposé par un spray,
décrit par une corrélation issue de la littérature.
Nous commencerons par présenter les conditions de refroidissement que l'on souhaite simuler,
ainsi que les méthodes employées pour mener à bien le calcul du refroidissement de la plaque.
Dans une seconde partie, la configuration numérique sera présentée, avant de conclure sur les
caractéristiques de ce refroidissement. Par la suite, plusieurs cas seront testés afin de mieux
comprendre l'influence de certaine des caractéristiques du spray sur le refroidissement.
135/195
I. Principe et méthode de la simulation
I. Principe et méthode de la simulationI.1. Principe de l'étude numérique
On se propose de simuler la conduction thermique dans la plaque lorsque celle ci est soumise
à différentes contraintes thermiques dont le flux de chaleur extrait par l’impact du spray froid
ainsi que les pertes par convection naturelle et par rayonnement. Ces contraintes seront
modélisées par différents flux de chaleur imposés aux frontières de la plaque.
Le spray est identique à celui présenté dans les chapitres précédents. Un débit de 6 L.min-1
d’eau vient impacter la surface, principalement concentré au centre de la plaque. Le débit
surfacique maximum est de QV=13 L.m−2 .s−1 . Au centre de la plaque, le diamètre des
gouttes est compris dans l'intervalle d∈[10 ; 1100]µm , tandis qu'aux bords, ce diamètre est
plutôt inférieur à 150 µm. La vitesse axiale moyenne des gouttes au centre du spray est de
uz≈10 m.s−1 . Elle décroit vers la périphérie de la plaque pour atteindre 0.5 m.s-1. Dans ces
conditions, on fait l’hypothèse de la présence d’un film liquide en écoulement sur la plaque.
Les principales données statistiques sur le spray sont rappelées dans le tableau 4.1.
La plaque chaude correspond à celle déjà décrite au chapitre 3 : il s’agit d’une plaque de
nickel de rayon Rimp=180mm et d'épaisseur eimp=10mm . Cette plaque est placée dans des
conditions de refroidissement correspondant au régime d'ébullition en film de vapeur. Pour
cela, on utilise une corrélation utilisée pour le flux de chaleur extrait par le spray,
caractéristique de ce régime. De plus, l'étude de la plaque se limite à une température
T w>300°C afin de ne pas atteindre le point de remouillage. Ce choix est basé sur les
expériences vues dans la littérature, bien que cette température puise changer suivant les
conditions de refroidissement. Pour les mêmes raisons, la température initiale est fixée à
T w=800°C .
On note que dans la gamme de température T w∈[300 ;800 ]°C , les propriétés physico-
137/195
Grandeur Gamme
Diamètre moyen d10 [50 ; 250] µm
Diamètre de Sauter d32 [75 ; 550] µm
Débit surfacique QV
[3× 10−4; 13] L.m-2.s-1
Vitesse moyenne axiales uz [0.5 ;13] m.s-1
Tableau 4.1: Récapitulatif des gammes des grandeurs caractéristiques principales du spray àl'impact
Chapitre 4 : Étude numérique du refroidissement d'une plaque chaude soumise à l'impact d'un spray froid
chimiques du nickel varient assez peu. On considère les propriétés thermophysiques du nickel
à T w=500 °C (tableau 4.2) comme valables sur toute la gamme de température.
I.2. Modèles de refroidissement par spray dans la littérature, en régime de Leidenfrost
Le chapitre 1 a permis de lister les phénomènes physiques entrant en jeu dans le
refroidissement par spray, en régime de Leidenfrost, avec ou sans présence d'un film liquide.
Sans toutefois chercher à modéliser de manière explicite l'ensemble de ces phénomènes, on
souhaite ici imposer un flux de chaleur extrait par le spray représentatif de ce régime de
refroidissement. Parmi les corrélations sur le refroidissement par spray vues au chapitre 1, il
est proposé d’utiliser celle de Yao et Cox [40], décrivant l’efficacité de refroidissement. Cette
corrélation est basée sur des informations statistiques du spray : débit surfacique QV et
diamètre de Sauter d32 . La corrélation de Yao et Cox pour l'efficacité de refroidissement est
rappelé par l'équation (4.1) :
ε T−sp
Y.&C.- We=8E−7[WeQV
T sat
ΔT sub+ΔT sat ]−0.62
+3.5E−3[WeQV
T sat
ΔT sub+ΔT sat ]−0.2
avec WeQV=
ρ L d32 (QV)2
σ L
(4.1)
Cette équation est définie dans la gamme WeQV
∈[6E−10
; 3E−2] et a été validée pour des
sprays correspondant aux gammes de débit surfacique, de diamètre des gouttes et de
température de paroi suivantes : QV∈[0.016 ;50 ]L.m−2 .s−1 , d∈[130 ; 25E+3]µm et
T w∈[300 ;800 ]°C ; c'est-à-dire les gammes qui nous intéressent (voir Chapitre 1). Enfin,
cette corrélation présente l'avantage de considérer le noyage de la plaque comme une action
qui réduit l'efficacité à mesure que le débit surfacique augmente. Ce phénomène a été mis en
évidence au chapitre 1.
138/195
Masse volumiqueρ w [kg.m−3 ]
Capacité calorifiquecP , w [J.kg.K−1]
Conductivitéthermique
λ w [W.m−1 .K−1 ]
Nickel ( T w=500 °C ) 8900 444 90.4
Tableau 4.2: Propriétés physico-chimiques du Nickel pour une température de paroiT w=500 °C
I. Principe et méthode de la simulation
I.3. Grandeurs d'impact du spray utiles pour la corrélation de Yao et Cox
La figure 4.1 regroupe, pour rappel, les cartes de débit surfacique et de diamètre de Sauter
obtenues à partir de la simulation du spray avec impact (voir chapitre 3), dans le demi-plan
XY de la plaque. Les caractéristiques du spray présentent une symétrie par rapport à l'axe X,
ce pourquoi seul un demi plan est présenté.
On note que les lignes d'iso-débit (Figure 4.1.a) ont une allure d’ellipse concentrique et que
quelques variations par rapport à cette allure générale sont visibles autour de Y ad≈2.5
(proche d'une symétrie d'axe Y).
Concernant le diamètre de Sauter (Figure 4.1.b), on note l'absence de symétrie d'axe Y ainsi
que des irrégularités pour ∥X ad∥>1 et Y ad>1 .
139/195
Figure 4.1: Caractéristiques d'impact du spray utiles pour l'utilisation de la corrélation deYao et Cox [40] : (a) débit surfacique, (b) diamètre de Sauter
(a)
(b)
Chapitre 4 : Étude numérique du refroidissement d'une plaque chaude soumise à l'impact d'un spray froid
II. Mise en œuvre de la simulationII.1. Schéma numérique et stratégie de simulation
Le problème consiste à résoudre numériquement l'équation de la chaleur dans le domaine de
calcul que constitue la plaque. Cette équation s’écrit en instationnaire et sans source :
ρ w cP , w
∂T w
∂ t=λw Δ(T w) (4.2)
où l'indice « w » représente la plaque de nickel.
Cette équation est résolue par le solver FlexPDE®, selon une méthode par éléments finis de
type Galerkin, avec un processus itératif de type Newton-Raphson et une discrétisation
temporelle implicite du second ordre. En fonction de l’erreur calculée dans chaque cellule du
domaine de calcul, le logiciel adapte automatiquement le pas de temps du calcul et
éventuellement le niveau de discrétisation spatiale (raffinage du maillage). Le niveau de
précision, correspondant à l’erreur maximale, est imposé par l’utilisateur. Une précision sur la
température de la paroi de 10−3 °C est en l’occurrence demandée. L'utilisateur impose
également un pas de temps de calcul et un maillage initial, permettant de guider le logiciel
dans la recherche d’une solution.
Au temps initial de la simulation, l'ensemble du domaine présenté au paragraphe II.2 est
initialisé avec une température T w=800 °C . Les contraintes thermiques subies par la plaque
sont prises en compte par le biais des conditions aux limites, imposées sous la forme de flux
de chaleur (influence des gouttes + convection naturelle + rayonnement). L’objectif étant de
rester au-dessus du point de Leidenfrost, le calcul instationnaire se termine lorsque la
température minimum de la plaque atteint T w=300 °C .
Les propriétés physico-chimiques de la plaque sont maintenues constantes tout au long du
calcul, conformément au paragraphe I.1 et au tableau 4.2.
II.2. Géométrie et conditions limites
II.2.1. Domaine de calcul
Le domaine de calcul reproduit une plaque cylindrique de diamètre Dimp=360 mm et
d'épaisseur eimp=10 mm . Considérant la symétrie d’axe X observée sur les cartes des
caractéristiques du spray (§ I.3), on ne résout les équations que sur un demi cylindre,
représenté sur la figure 4.2. Une condition limite de type symétrie est imposée sur le plan
(EX , EZ) et permet de prendre en compte l'intégralité de la plaque.
140/195
II. Mise en œuvre de la simulation
II.2.2. Conditions limites
Les conditions limites appliquées aux frontières du domaine, représenté par des flèches sur la
figure 4.2, correspondent aux différentes contraintes thermiques de type flux de chaleur
induits à la fois par l'impact des gouttes qT ,sp , ainsi que par les pertes liées à la convection
naturelle et au rayonnement en face supérieure qT ,PerteSup et inférieure qT ,PerteInf
. La frontière
latérale du domaine (grisée) est considérée comme parfaitement isolées qT =0 .
(i) Flux de chaleur extrait par les gouttes
La corrélation sur l'efficacité du refroidissement de Yao et Cox [40] ε T−sp
Y.&C.- We (§ I.2), ainsi
que les caractéristiques d'impact du spray (§ I.3), permettent de calculer la densité de flux de
chaleur, extraite par les gouttes :
qT ,p =ε T−sp
Y.&C.- WeQV
ρ L [c P,L(T sat−T L)+hLV+cP,G(T w−T sat)] (4.3)
avec QV en [m3.m-2.s-1] et ε T−sp
Y.&C.- We l'efficacité de Yao et Cox [40] pour un spray, basée sur le
nombre de Weber : WeQV (voir paragraphe I.2).
À chaque instant et en tout point sur la surface supérieure de la plaque, le logiciel FlexPDE
actualise cette densité de flux de chaleur en fonction de la température locale T w .
(ii) Flux de chaleur lié aux pertes par convection naturelle et par rayonnement
Les propriétés thermophysiques de la plaque ainsi que les configurations du transfert
thermique sont différentes sur les faces supérieure et inférieure. Des corrélations différentes
sont ainsi utilisées pour les pertes sur les faces inférieure qT ,PerteInf et supérieure qT ,PerteSup
:
141/195
Figure 4.2: Représentation schématique du domaine de calcul pour la simulation durefroidissement de la plaque. Les flèches (orange, rouge, jaune) représentent les conditions
limites imposées aux frontières du domaine.
D imp=360 mm
eimp=10 mmEY
EZEXFlux de chaleur nul
Face supérieure :Convection naturel + rayonnement
Face inférieure : Convection naturel + rayonnement
Flux de chaleur extrait par les gouttes
qT , p
qT , PerteInf
qT , PerteSup
Chapitre 4 : Étude numérique du refroidissement d'une plaque chaude soumise à l'impact d'un spray froid
qT ,PerteInf =(qT , Inf
)Ray+(qT ,Inf
)ConvNat
qT ,PerteSup =(qT ,Sup
)Ray+(qT ,Sup
)ConvNat (4.4)
Les choix présentés ici pour les flux de chaleur (qT )Ray
et (qT )ConvNat
sont basées sur les
travaux de Ouattara [86].
- CONVECTION NATURELLE
La littérature donne quelques corrélations pour la convection naturelle générée sur une plaque
plane horizontale [87]. Le choix de cette corrélation dépend de la direction du gradient de
température par rapport à la gravité, et également du régime d'écoulement (turbulent ou
laminaire).
Dans notre cas, les deux vecteurs ∇ T et g sont dirigés dans le même sens au-dessus de la
plaque mais dans le sens inverse au-dessous. On utilise donc deux corrélations. La convection
naturelle sur la face supérieure est donnée par un nombre de Nusselt correspondant à un
écoulement turbulent (équation (4.5)). La convection naturelle sur la face inférieure est quant
à elle modélisée par le nombre de Nusselt de l'équation (4.5), pour un écoulement laminaire
déformable. On nomme ce régime ainsi pour exprimer la variabilité de la densité de l’air sous
l’effet de la température. Ces deux corrélations sont valables dans une gamme limitée de
condition, définie à partir du nombre de Rayleigh local Ra=Gr Pr :
Face supérieure, cas turbulent 2 .107≤Ra≤3.1010 : Nu turbConvNat=0.14(Gr Pr )1/3 (4.5)
Face inférieure, cas laminaire déformable 3 .105≤Ra≤1010 : Nu lamConvNat=0.27(Gr Pr )1/4 (4.6)
Ces corrélations sont basées sur les nombres de Prandtl Pr et de Grashof Gr définis par les
équations (4.7) et (4.8).
Pr=ν G
λ G/ρG c P, G(4.7)
Gr=g( 1T film
)Dimp
3 (T w−T G
ν G2 ) , avec T film=
T w+T G
2 (4.8)
On obtient ainsi les flux de chaleur extraits par convection naturelle en face inférieure et
supérieure :
(qT , Inf )ConvNat
=Nu lamConvNat λG
Dimp(T w−T G)=(hT , Inf )
ConvNat (T w−T G)
(qT , Sup )
ConvNat=Nu turb
ConvNat λG
Dimp(T w−T G)=(hT , Inf )
ConvNat(T w−T G)
(4.9)
Dans ces équations, les propriétés physico-chimiques de l'air (prises à la température T film )
varient de manière conséquente avec la température T w . Ces variations sont prises en compte
en calculant les équations (4.9) pour plusieurs températures de l'air, puis en interpolant les
142/195
II. Mise en œuvre de la simulation
résultats. On obtient alors les équations (4.10) pour les coefficients de transfert thermique
(hT)ConvNat
(valables sur la gamme de température T film∈[160 ; 415]°C ) :
(hT , Inf )ConvNat
=−0.1211(T w−T G)2 /3+2.0694(T w−T G)
1/3−0.0201
(hT ,Sup)ConvNat
=−0.1043(T w−T G)1/2+1.3879(T w−T G)
1 /4−0.0227(4.10)
- RAYONNEMENT
La loi de Stefan-Boltzmann donne le flux de chaleur surfacique rayonné par un corps noir à la
température T w :
(qT )Ray
=σ S.B.T w
4 (4.11)
avec la constante de Stefan-Boltzmann σ S.B.=5.6704 .10−8 W.m−2 .K−4 .
Dans le cas où l'objet n’est pas un corps noir, la densité de flux de chaleur rayonnée est
calculée en multipliant l'équation 4.11 par une émissivité totale hémisphérique (ε w )Ray .
Dans notre cas, la plaque émet un rayonnement à une température T w et reçoit le
rayonnement de l’atmosphère (considéré comme un corps noir) à la température T G . Le bilan
radiatif sur les deux faces s’écrit donc :
(qT )Ray
= (ε )wRayσ S.B.(T w
4 −T G4 ) (4.12)
Les valeurs d'émissivité (ε w )Ray de la plaque pour chacune des faces sont identiques à celles
utilisées par Ouattara [86]. La face supérieure est polie alors que la face inférieure est dépolie
afin d’obtenir une émissivité diffuse, condition nécessaire pour les mesures de thermographie
infrarouge effectuées lors des travaux de Ouattara.
II.3. Maillage et pas de temps de calcul
Comme expliqué précédemment, FlexPDE® permet de raffiner automatiquement le maillage
et de changer le pas de temps de calcul en fonction des besoins numériques locaux (précision
et rapidité du calcul). Plusieurs essais ont permis de construire un maillage initial adéquat :
pas d'influence sur la solution et peu coûteux en puissance de calcul (processeur et mémoire
vive). La principale contrainte que l’on impose sur ce maillage est la reproduction précise des
cartes de débit surfacique et de diamètre de Sauter. La figure 4.3 présente ce maillage
optimisé, pour lequel on impose une taille minimale de maille de 2 mm.
143/195
Émissivité : (ε )Ray
Face inférieure : (ε )wRay 0.64 (Nickel grenaillé)
Face supérieure : (ε )wRay 0.05 (Nickel poli)
Tableau 4.3: Récapitulatif des émissivités (ε w )Ray utilisées dans le calcul du flux de chaleur
extrait par rayonnement.
Chapitre 4 : Étude numérique du refroidissement d'une plaque chaude soumise à l'impact d'un spray froid
Le pas de temps de calcul initial pour ce maillage est Δ t=0.001s .
III. Simulation du refroidissementIII.1. Refroidissement au temps initial
À l’instant initial, la plaque est à la température uniforme T w=800 ° C . On impose alors un
transfert thermique aux frontières supérieure et inférieure de la plaque.
III.1.1. Aspect général du transfert thermique et contribution des différents modes
La figure 4.4 illustre la densité de flux de chaleur totale (somme de touts les modes de
transfert thermique sur la face considérée), pour la face supérieure (symboles bleus) et pour la
face inférieure (symboles rouges), le long des axes X et Y.
Sur la face supérieure, les allures des profils de densité de flux de chaleur totale ressemblent à
celles déjà observées pour les profils de débit surfacique et de diamètre de Sauter (voir
chapitre 3). La densité de flux de chaleur est importante au centre de la plaque avec un
maximum de (qT , sup )max
≈7 .105 W.m-2, puis décroît vers les bords de la plaque pour atteindre
un minimum de (qT , sup )min
≈1.104 W.m−2 .
D'un manière générale, la chaleur de la plaque est principalement extraite en face supérieure.
On note toutefois qu'au bord de la plaque, ∥X ad∥>1.2 ou Y ad>2 , la densité de flux de
chaleur extraite sur la face inférieure est plus élevée que celle de la face supérieure.
Les contributions des différents modes de transfert thermique (rayonnement, convection
naturelle et impact du spray), exprimées en densité de flux de chaleur, sont également
représentées sur la figure 4.4. On parlera de la contribution (en %) de chaque mode par
rapport à la densité de flux de chaleur totale.
144/195
Figure 4.3: Structure du maillage du domaine décrit au paragraphe II.2. Le maillagecomprend environ 50000 mailles, pour une dimension caractéristique minimum de maille de
2 mm dans les directions X et Y et Z.
EY
EZEX
III. Simulation du refroidissement
Le mode de transfert de chaleur par l'action du spray est majoritaire sur la majeure partie de la
zone impactée par le spray, mis-à-part là où le débit surfacique de liquide devient très faible.
À titre d'exemple, on observera les profils de densité de flux de chaleur dans la direction X sur
la face supérieure (en bleu) : 99 % des transferts thermiques dans cette zone sont issues de
l'action du spray. Dans la direction Y en revanche, l'action du spray ne contribue
majoritairement au transfert thermique que pour Y ad≤2.5 . Au-delà, les contributions de la
convection naturelle et du rayonnement atteignent respectivement 30 % et 60 % de la densité
de flux de chaleur totale en ces points. La part importante de ces contributions est dû à la
chute rapide de la densité de flux de chaleur extraite par le spray qui atteint une valeur
minimale de (qT , sp )min
≈1200 W.m−2 (soit 10 % de (qT , sup ) ).
Sur la face inférieure, le rayonnement est responsable de 93 % de la densité de flux de chaleur
totale sur cette face, quelle que soit la position sur la plaque.
Ces premiers résultats montrent que sur la face supérieure le spray est responsable de la
majeure partie du refroidissement, sauf au bord où les contributions des pertes par convection
naturelle et par rayonnement deviennent significatives. On note de plus que le flux de chaleur
( qT intégré sur une surface) sur la face supérieure est plus grand que celui sur la face
inférieure. Le refroidissement de la plaque est donc bien guidé par le transfert thermique
imposé par l'action du spray sur la face supérieure de la plaque.
On simplifiera l'étude du refroidissement en parlant de la densité de flux de chaleur totale
plutôt que de séparer les contributions de chaque mode de transfert thermique.
145/195
Figure 4.4: Densité de flux de chaleur extraites sur les faces supérieure et inférieure de laplaque, représentées dans les directions X et Y, pour les faces supérieure (bleu) et inférieure
(rouge). La contribution de chaque mode de transfert thermique : impact du spray,convection naturelle, rayonnement; est également représentée.
Chapitre 4 : Étude numérique du refroidissement d'une plaque chaude soumise à l'impact d'un spray froid
III.1.2. Analyse du transfert thermique par comparaison avec les caractéristiques du spray
(i) Densité de flux de chaleur extraite
La figure 4.5 représente la densité de flux de chaleur totale perdue par la plaque sur la face
supérieure à l’instant initial. Les figures 4.5(a) et (b) permettent de corréler les
caractéristiques d'impact du spray ( QV , d32 ) avec la carte de densité de flux de chaleur en
face supérieure. On remarque trois zones de refroidissement dont les limites sont représentées
sur les graphiques de la figure 4.5 par des lignes pointillées.
146/195
Figure 4.5: Carte de la densité de flux de chaleur extraite sur la face supérieureqT =qT , sp
+qT ,PerteSup , au temps initial t= 0 seconde. Les figures (a) et (b) représentent les
profils dans les directions X et Y des données d'entrées QV et d32 .
0.5 1.0 1.5X ad
Y ad
-0.5-1.0-1.5 0.0
1
2
3
4
5
0
8.00
7.00
6.00
5.00
4.00
3.00
2.00
1.00
0.00
qT[W.m−2 .s−1 ]
x105
Zone 1 Zone 2
Zone 3
Zone 1
Zone 2
Zone 3
qT[W.m−2 ]
III. Simulation du refroidissement
La zone 1 (au centre) correspond au plateau du débit surfacique et du diamètre de sauter. Le
flux de chaleur présente également cette allure, avec un léger pic au niveau du maxima de
QV .
La zone 2 est caractérisée par un fort gradient négatif du débit surfacique QV dans les deux
directions X et Y tandis que le diamètre de Sauter conserve une valeur constante, ou
faiblement décroissante. Dans cette zone, la densité de flux de chaleur décroît également
rapidement avec toutefois quelques inhomogénéités, que l'on peut lier à celles observées sur la
carte du diamètre de Sauter et du débit surfacique (voir §I.3). L'influence directe du diamètre
de Sauter peut toutefois être considérée comme faible.
Dans la zone 3, la densité de flux de chaleur est faible et décroît de plusieurs ordres de
grandeur (non-visible à cause de la résolution de l'échelle de couleur), consécutivement à la
décroissance du diamètre de Sauter et surtout du débit surfacique. On rappelle que dans cette
zone, la contribution du spray sur l'intensité de refroidissement totale est de seulement 10 %
(voir §III.1.1).
(ii) Efficacité de refroidissement
L'efficacité de refroidissement du spray (obtenue à partir des données sur le spray au niveau
de la plaque et de la corrélation de Yao et Cox [40]) est représentée sur la figure 4.6. Les trois
zones décrites pour la figure 4.5 sont reproduites. L'efficacité du refroidissement dans la zone
1 est de l'ordre de 0.01 %. Sa valeur croît dans la zone 2 pour rapidement atteindre une
efficacité de refroidissement de 100 % dans la zone 3.
D'après l'équation (4.10), l'efficacité de refroidissement est inversement proportionnelle au
débit surfacique. En revanche les figures 4.5 et 4.6 montrent que les zones d'efficacité
maximale correspondent à celles où la densité de flux de chaleur est la plus faible, et
inversement. On déduit que la quantité de liquide arrivant sur la plaque prime sur l'efficacité
dans le refroidissement.
147/195
Figure 4.6: Carte de l'efficacité de refroidissement calculée à partir de l'équation de Yao etCox et des données d'entrée du spray.
0.8
0.7
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0.0
εT
0.9
1.00
1
2
3
4
5 5.15
0.5 1.0 1.5
1.62
X ad
Y ad
-0.5-1.0-1.5 0.0
0-1.62 Zone 1
Zone 2
Zone 3
Chapitre 4 : Étude numérique du refroidissement d'une plaque chaude soumise à l'impact d'un spray froid
(iii) Lien entre le flux de chaleur et le débit
Le tableau 4.4 permet d'arriver à la même conclusion. Il compare la part du débit totale du
spray venant impacter chacune des trois zones avec la part de flux de chaleur extrait par les
gouttes sur toute la face supérieure de la plaque. Le flux de chaleur est obtenue en intégrant la
densité de flux de chaleur sur chacune de ces zones.
La zone 1 au centre de la plaque est arrosée par 48 % du débit total, mais ne représente
pourtant que 22 % du flux de chaleur extrait sur la totalité de la face supérieure. C'est la
conséquence directe de la très faible efficacité de refroidissement dans cette zone. La zone 2
subit la majorité du refroidissement avec 67 % du flux de chaleur, pour environ 50 % du débit
total. Enfin la zone 3 subit encore 11 % du flux de chaleur, mais comme le montre la
proportion du débit et les contributions respectivement des modes de transfert de chaleur
(figure 4.4), l'action des gouttes est faible. Cette contribution de la zone 3 est principalement
le fait du rayonnement appliqué sur une surface plus large comparée aux surfaces des autres
zones.
III.2. Étude transitoire du refroidissement
III.2.1. Evolution de la température
La figure 4.7 illustre la décroissance en température en fonction du temps pour plusieurs
points de la plaque, repérés sur le schéma de droite.
Le calcul du refroidissement se termine lorsque la température minimale de la plaque atteint
T w=300°C , ce qui se produit au centre après un temps t fin=48secondes . Ainsi qu'on
l'observe, plus la densité de flux de chaleur extraite au temps initial (Figure 4.5) est élevée,
plus la température décroit rapidement. Cette observation est valable quel que soit l'instant du
refroidissement (pas de croisement des courbes). On limite donc l'étude à la comparaison des
températures finales {T w }t end pour les différents points de la figure 4.7.
Dans la direction X, la température finale atteinte au point B+ est identique à la température
atteinte au point B-, {T w ,B+ }tend=650 °C . Le refroidissement est donc symétrique par rapport à
l'axe Y. Dans la direction Y, le point C est situé au centre de la zones 2. La température finale
en ce point est {T w ,C }tend=400°C . Au bord de la plaque, la température de la plaque atteint au
point D {T w ,D }tend=730°C .
148/195
Zone 1 Zone 2 Zone 3
Proportion du flux de Chaleur [%]qT=6875.66 W 21.60 67.15 11.25
Proportion du débit total [%]QV=5.81 L/min 48.06 51.50 0.30
Tableau 4.4: Pour chaque zone, contribution au flux de chaleur sur la face supérieure etproportion du débit liquide venant impacter.
III. Simulation du refroidissement
La matière de la plaque, le nickel, a été choisie pour sa conductivité thermique λ w élevée,
apte à uniformiser le refroidissement. On note ainsi que dans l’épaisseur de la plaque, la
température est identique sur les faces supérieure et inférieure (point B et Binf par exemple).
Malgré tout, une petite différence de température finale est observable pour le couple de point
A et Ainf, conséquence de la densité de flux de chaleur très élevée sur la face supérieure de la
plaque. De même entre le centre et le bord de la plaque, une différence de température de
200°C et 400°C est respectivement obtenue dans les directions X et Y (soit les couples de
points A et B+, et A et D).
III.2.2. Évolution de la densité de flux de chaleur extraite par le spray
La figure 4.8 donne l'évolution de la densité de flux de chaleur extraite par le spray aux temps
initial et final.
Au centre du spray, la densité de flux de chaleur diminue de 2×105 W.m-2 entre ces deux
149/195
Figure 4.8: Evolution du flux de chaleur extrait par l'action du spray entre l'instant initial etl'instant final, dans les directions X et Y.
Figure 4.7: Evolution de la température de la plaque en fonction du temps, en différents pointsur les faces supérieure et inférieure.
B-
DA
B+
BinfDinf
Ainf
C
Chapitre 4 : Étude numérique du refroidissement d'une plaque chaude soumise à l'impact d'un spray froid
instants, mais l'allure des profils est conservée. Sur les bords de la plaque, dans la direction Y,
la densité de flux de chaleur varie peu.
Dans la corrélation de Yao et Cox, la température joue un rôle mineur. Ainsi, les différences
de température observée entre l'instant initial et final du refroidissement ne provoquent pas de
variations importantes des courbes de densité de flux de chaleur.
III.3. Champs de température finaux et homogénéité du refroidissement
Les évolutions de la température de la plaque au cours du temps vues au paragraphe précédent
peuvent être visualisées sur la carte de champ de température final (figure 4.9).
Dans le plan XY, les courbes d'iso-température forment des ellipses concentriques semblables
à celles observées pour le débit surfacique (voir §I.3). Les températures finales les plus faibles
correspondent aux endroits où le débit surfacique et le diamètre de Sauter sont les plus élevés,
et donc responsable des densités de flux de chaleur les plus élevées. Par rapport aux cartes de
ces grandeurs, dont celle de la densité de flux de chaleur (figure 4.5), on note l’absence des
inhomogénéités caractéristiques de la zone 2. Cet effet est la conséquence de la conduction
thermique élevée du nickel qui homogénéise l’action des flux de chaleurs appliqués aux
frontières de la plaque.
150/195
Figure 4.9: Cartes des lignes de contour d'iso-température de la plaque au temps t end , dansles plans XY, XZ, et YZ.
Zone 1 Zone 2
1
2
3
4
5
0.5 1.0 1.5X ad
-0.5-1.0-1.5 0.0
0
Z [mm] 0
-10
0-10
Plan XY
Plan YZ
Plan XZ
Zone 1
Zone 2
Zone 3
Zone 3
Zon
e 1
Zon
e 2
Zon
e 3
Y ad
810
750
690
630
570
510
450
390
330
270
T w [°C]
III. Simulation du refroidissement
Les cartes des plans XZ et YZ permettent de visualiser la direction des gradients de
température ∇ T w dans l’épaisseur de la plaque (perpendiculaire aux lignes d'iso-
température).
Au centre du spray (zone 1), le gradient de température est principalement dirigé dans la
direction Z négative. Le refroidissement local (comprendre l'évolution temporelle locale de la
température) est alors issue du flux de chaleur extrait à la surface par le spray.
En s’approchant des zones 2 et 3, les lignes de contour sont déviées et le gradient de
température s’oriente vers les directions X et Y négative, c'est-à-dire vers le centre de la
plaque. Le refroidissement dans ces zones est ainsi dû à la conduction dans la plaque plutôt
qu'à l'action du spray ou des pertes thermiques.
On peut déduire que les zones 2 et 3 constituent une source de chaleur pour la zone centrale.
IV. Influence de la dynamique de l’impact du spray sur le refroidissement
La section III précédente met en évidence la forte corrélation entre la densité de flux de
chaleur extraite par le spray et le débit surfacique, tandis que le diamètre de Sauter semble
jouer un rôle moins significatif (§III.2). Ces résultats sont évidement liés au choix de la
corrélation de l'efficacité de refroidissement, mais ils dépendent également des
caractéristiques du spray utilisé pour refroidir la surface.
Dans la plupart des études sur le refroidissement par spray, les auteurs font l'hypothèse que
l'on peut utiliser les résultats sur la dynamique d’un spray en écoulement libre pour étudier le
refroidissement d'une surface. Ces études ne prennent donc pas en compte les modifications
sur l’écoulement des gouttes et du gaz induites par la présence d'une plaque. On peut alors se
poser la question de la pertinence de ce choix. Cette section propose d’évaluer l’impact de
cette hypothèse sur la quantification du refroidissement.
IV.1. Présentation des configurations de refroidissement
Deux configurations de refroidissement sont simulées. La première est induite par le spray en
impact et correspond à l’étude de refroidissement réalisée dans les paragraphes précédents. La
seconde configuration propose d’utiliser les données du spray libre obtenues dans le plan Z=
500 mm (chapitre 2) pour calculer le flux de chaleur extrait par la plaque. Les équations
présentées au paragraphe II.2.2.(i) sont de nouveau utilisées, mais en changeant les valeurs de
QV et de d32 . Les principales caractéristiques de ces deux configurations de refroidissement
sont regroupées dans le tableau 4.5.
151/195
Chapitre 4 : Étude numérique du refroidissement d'une plaque chaude soumise à l'impact d'un spray froid
Le but n'est pas de connaître l'intensité du refroidissement, puisque cette information dépend
surtout de la corrélation choisie, mais plutôt de comparer les évolutions sur le refroidissement
apportées par une modification des conditions d’aspersion. Les caractéristiques de la seconde
configuration seront ainsi comparées avec celles de la première.
Pour la configuration de spray libre, on considère qu’un débit total légèrement plus grand
vient impacter la surface, comparé à la configuration d’impact. Ce débit est de plus concentré
au centre de la plaque sur une surface 3 fois plus faible, nommé de nouveau zone d'empreinte
du spray. Le débit surfacique maximal varie peu (13,77 L.m-2.s-1 (Impact) → 15,0 L.m-2.s-1
(Spray Libre)) et dans la zone d'empreinte du spray le diamètre de Sauter des gouttes est
sensiblement identique. Pour plus de détails concernant les différences entre ces deux
configurations, on pourra se référer au chapitre 3.
IV.2. Caractéristiques générales du refroidissement
Le tableau 4.6 regroupe des informations générales sur le refroidissement, concernant le flux
de chaleur total qT[W] et le temps de refroidissement t fin[s] , généré par ces deux
configurations. Le flux de chaleur total qT[W] s'obtient en intégrant la densité de flux de
chaleur qT sur toute la surface supérieure de la plaque.
Le flux de chaleur total à l’instant initial est plus élevé en configuration Impact (40%
d’augmentation), alors même que le débit liquide QV est inférieur. La conséquence directe de
ce résultat est un temps de refroidissement plus long en configuration Spray Libre, pour une
différence de 4.6 secondes.
152/195
Configuration 1 :Impact
Configuration 2 :Spray Libre
Débit total (sur la plaquetotale) : Q V
5.80 L.min-1 6.08 L.min-1
Surface arroséeToute la plaque
→ surface : 1020 cm2
Zone d'empreinte du spray :∥X ad∥<1.50 et Y ad<1.60
→ surface : 307 cm2
Gamme de débit surfacique[L.m−2.s−1]
QV∈[2E-4 ; 13.77] QV
∈[0.01 ;15.0]
Gamme de Diamètre de sauter d32∈[60 ; 700]µm d32∈[240 ; 790]µm
Tableau 4.5: Résumé des principales caractéristiques des deux configurations de spraycomparées
IV. Influence de la dynamique de l’impact du spray sur le refroidissement
IV.3. Flux de chaleur extrait au cours de temps
Le flux de chaleur extrait par le spray à l'instant initial du refroidissement est représenté sur la
figure 4.10 (courbes bleu), le long des profils d'axes X et Y, pour les deux configurations. Le
tableau 4.7 résume les valeurs maximale et moyenne (linéique) des densités de flux de chaleur
obtenues pour chacun des profils d'axe X et Y.
Dans la zone d'empreinte du spray, quelle que soit la direction d'observation, on note que les
profils en configuration Spray Libre et Impact sont proches (figure 4.10(a) et (b)). Le long du
profil d'axe X, la densité de flux de chaleur est toutefois légèrement supérieure en faveur de la
configuration Spray Libre, comme le confirme les valeurs maximale et moyenne du tableau
4.7 (« profil d’axe X »).
Le long du profil d'axe Y, les courbes de densité de flux de chaleur pour la configuration
Spray Libre et Impact se croisent à plusieurs reprises pour Y ad<1 . Dans l'intervalle
1.5<Y ad<3 , la densité de flux de chaleur en configuration Impact est supérieure à celle
obtenue en Spray Libre. La valeur de densité de flux de chaleur la plus élevée est obtenue en
configuration Spray Libre (au centre), tandis que la valeur moyenne le long de l'axe Y est plus
élevée en configuration Impact (tableau 4.7, « profil d’axe Y »). À l'extrémité de la plaque
dans la direction Y, on note que les deux courbes de densité de flux de chaleur se rapprochent.
153/195
Configuration 1 :Impact
Configuration 2 :Spray Libre
Flux de Chaleur total au temps initial :qT
6875.66 Watts 4985.23 Watts
Temps de refroidissement t fin
(temps pour atteindre T w=300 °C enun point de la plaque)
48.5 secondes 53.1 secondes
Tableau 4.6: Caractéristiques générales du refroidissement pour les deux configurations.
Figure 4.10: Evolution du flux de chaleur au cours du refroidissement, en configurationsd'impact et de spray libre, le long des profils d'axe X (a) et d'axe Y (b)
(a) (b)
Chapitre 4 : Étude numérique du refroidissement d'une plaque chaude soumise à l'impact d'un spray froid
En effet, les contributions de la convection naturelle et du rayonnement dominent le transfert
thermique dans cette zone de la plaque, donc le transfert thermique est indépendant de la
configuration d'arrosage (Spray Libre ou Impact).
Ainsi au temps initial, on observe l'effet de la répartition plus homogène du débit liquide
induite par la plaque (configuration Impact) qui permet une densité de flux de chaleur élevée
sur une plus large portion de la plaque, bien que la configuration Spray Libre permette une
valeur maximale de la densité de flux de chaleur plus grande.
À t=48s après le début du refroidissement (c'est-à-dire la fin du calcul pour la configuration
Impact), on observe que les profils de densité de flux de chaleur ont peu évolué comparé à
ceux au temps initial. La décroissance plus rapide de la température en configuration Impact
ne provoque pas une réduction suffisante de la densité de flux de chaleur pour que celle-ci soit
inférieures à celle obtenue en configuration Spray Libre. Cet état s'explique de nouveau par la
dépendance assez faible en température de la corrélation utilisée pour l'efficacité de
refroidissement.
IV.4. Courbes transitoires de refroidissement
La figure 4.11 illustre la décroissance de la température de paroi en fonction du temps pour
plusieurs points à la surface de la plaque.
Au bord de la plaque, dans la direction Y (point D), les deux courbes de température pour le
spray libre et pour l'impact sont confondues. On rappelle, en configuration Impact, que les
gradients de température au niveau du point D sont dirigés vers l'intérieur de la plaque, signe
que le flux de chaleur extrait par le spray joue un rôle mineur dans le refroidissement local.
En configuration Spray Libre, le flux de chaleur extrait par les gouttes en ce point est nul, d'où
le rapprochement des deux courbes.
Dans la direction X (points B+), la température en chaque instant est plus élevée en
configuration Spray Libre. Cela correspond au résultat attendu lorsque l'on se base sur les
courbes de flux de chaleur à l'instant initial.
Au centre de la plaque (points A et C) en revanche, la température en configuration Spray
Libre décroît tout d'abord plus rapidement comparé à la configuration Impact (zoom sur la
figure 4.11), puis cette tendance s'inverse au bout de quelques instants. Au point A, les deux
courbes se croisent au bout du temps t=15s . En ce point à l’instant initial, le flux de chaleur
extrait par les goutte qT ,p est supérieure en configuration Spray Libre, mais la densité de flux
154/195
Profil d'axe X Profil d'axe Y
Valeur max moyenne Valeur max moyenne
Configuration 1 : impact 743316 415483 710744 157114
Configuration 2 : spray libre 808592 419875 741094 108645
Tableau 4.7: Valeurs maximale et moyennée le long des X et Y du flux de chaleur extrait parle spray, au temps initial.
IV. Influence de la dynamique de l’impact du spray sur le refroidissement
de chaleur moyenne autour du point est plus élevée en configuration Impact (voir paragraphe
précédent). Le point C est situé à (X ,Y )ad=(0,1) . À l'instant initial, la densité de flux de
chaleur en configuration Impact est proche (mais inférieure) à celle obtenu en configuration
Spray Libre. La courbe de température en configuration Impact rattrape donc rapidement celle
en Spray Libre, au bout de t=0.10s .
Ces résultats montrent donc que la densité de flux chaleur plus élevée en configuration Spray
Libre créer tout d'abord un refroidissement plus rapide. Mais l'effet d'un refroidissement plus
homogène permet à la configuration Impact de rattraper ce retard, et d'aboutir à un temps de
refroidissement plus cours.
IV.5. Homogénéité du refroidissement
Les paragraphes précédents ont mis en évidence l'influence de l’homogénéité de l'arrosage sur
la vitesse de refroidissement. Un refroidissement plus inhomogène, tel que celui de la
configuration Spray Libre, engendre une contrainte mécanique qui peut déformer le matériau.
La figure 4.12 illustre l'inhomogénéité du refroidissement au travers de deux grandeurs
statistiques sur la température : la moyenne spatiale en face supérieure (T w)Sup
, et l'écart type
spatiale en face supérieure (σ T w )Sup . Ces grandeurs sont exprimées en fonction du temps.
155/195
Figure 4.11: Courbes transitoire de refroidissement sur différents poins de la plaque, pourdifférentes configurations du spray.
DA
B+C
Zoom
Chapitre 4 : Étude numérique du refroidissement d'une plaque chaude soumise à l'impact d'un spray froid
Comme attendu, la température moyenne en configuration Impact décroît plus rapidement que
en configuration Spray Libre. À mesure que la température décroît, l'écart type spatial de la
température augmente, tandis qu'à chaque instant sa valeur est plus grande en configuration
Impact. Au temps final du refroidissement des deux configurations (respectivement {t fin}libre
et {t fin }impact ), on note que les écarts type atteignent la même valeur (σ T w ){tfin}libre
≈(σ T w ){t fin}impact
.
Cependant, pour le cas de la configuration Spray Libre une température moyenne terminale
plus élevée est obtenue : (T w){t fin}libre
>(T w){t fin}impact
.
Ces observations semblent montrer que le refroidissement en configuration Impact est plus
inhomogène, ce qui est en contradiction avec les conditions d'entrées de la simulation qui
fixent un débit liquide QV plus faible en Impact, et surtout mieux réparti sur l'ensemble de la
plaque.
Ce qu'il faut retenir c'est que pour un même temps de refroidissement, l'écart type ne fournit
pas une information fiable sur l’homogénéité du refroidissement. Il est préférable de comparer
cette grandeur à température moyenne de plaque identique.
V. Synthèse du chapitreÀ partir des données sur les caractéristiques d'impact d'un spray et d'une corrélation pour
l'efficacité de refroidissement d'un spray (Yao et Cox [40]), une simulation du refroidissement
d'une plaque de nickel en régime de Leidenfrost a été réalisée. En plus du flux de chaleur issu
de l'impact du spray, deux pertes supplémentaires ont été prises en compte : la convection
156/195
Figure 4.12: Evolution de l'inhomogénéité de la température de la plaqueau cours du temps.
V. Synthèse du chapitre
naturelle et le rayonnement, contributions qui par ailleurs s'avèrent négligeables sur la grande
majorité de la surface.
Les résultats de la simulation montrent que l'évolution temporelle de la température de la
plaque est corrélée avec le flux de chaleur issu du spray. Ainsi les zones recevant peu de
gouttelettes agissent comme une source de chaleur qui alimente la zone centrale par
conduction.
La dernière partie de ce chapitre a montré que les caractéristiques dynamiques de l'impact du
spray modifiées par la présence de la plaque ont une influence significative sur le
refroidissement. Les résultats montrent que malgré un débit liquide légèrement supérieur
lorsque le refroidissement est généré à partir du spray libre, le temps de refroidissement est
plus long comparé à la configuration Impact. Ces résultats mettent en avant l'importance de la
répartition des caractéristiques du spray induites par la présence de la plaque sur la vitesse du
refroidissement, mais également sur son homogénéité qui est meilleure avec la configuration
d'impact. Ainsi, l'hypothèse souvent faite dans la littérature, consistant à utiliser les
caractéristiques d'un spray libre pour évaluer le refroidissement par spray, peut s'avérer
inexacte.
Enfin, le dernier paragraphe a mis en avant la difficulté de mesurer l’homogénéité d'un
refroidissement, ainsi que des pistes pour ne pas réaliser de conclusions inexactes dans ce type
d'étude.
L'ensemble de ces résultats se basent sur la corrélation pour l'efficacité du refroidissement par
spray de Yao et Cox [40]. L'une des qualités de cette corrélation est de considérer le
phénomène de noyage de la plaque (réduction de l'efficacité de refroidissement du liquide
lorsqu'il impacte la surface en trop grande quantité). Cependant, lorsque le débit surfacique
QV est faible, l'efficacité tend rapidement vers 1. Hors dans ces conditions de débit, on peut
raisonnablement penser à obtenir des impacts de gouttes isolées, pour lesquels les
informations tirées de la littérature montrent que l'efficacité de refroidissement est au
maximum de 30 % (voir chapitre 1). La densité de flux de chaleur pour le spray calculée dans
la zone périphérique, bien que faible, est dans les faits sur-évalué. Des améliorations sur cette
corrélation peuvent donc être apportées, en la couplant par exemple avec une corrélation pour
l'impact de gouttes solitaires à la manière des travaux de Bernardin et Mudawar [32].
Il faut de plus noter que les corrélations issues de la littérature ne précisent en général pas les
mécanismes mis en jeu lors des interactions gouttes paroi et se focalisent sur des évolutions de
grandeurs globales. Hors, un même spray va produit des configurations d'impact variées en
fonction du lieu d'impact sur la surface (voir chapitre 1 et 3). Les corrélations ne pouvant être
liées à un type ciblé de mécanisme d'impact et de refroidissement, le choix de l'une d'elle à
partir des caractéristiques du spray est impossible.
157/195
Conclusion :
159/195
Conclusion :
Tout au long de ce mémoire de thèse, une stratégie de simulation a été proposée afin de suivre
le refroidissement par spray depuis la phase d’écoulement en présence d’une plaque, jusqu’au
refroidissement de la plaque en régime de Leidenfrost.
Comparé aux études sur le refroidissement par spray existantes dans la littérature, le spray
reproduit numériquement se rapproche de ceux utilisés dans l'industrie sidérurgique. Il se
caractérise par un débit à l'injection élevée QV≈6.7L.min−1 , une répartition inhomogène du
débit dans la section perpendiculaire à la direction principale de l'écoulement et une large
polydispersion en taille de gouttes d∈[10 ; 1000]µm .
La simulation de l’écoulement du spray repose sur une approche euléro-lagrangienne avec
two-way coupling. Le choix a été fait de s’appuyer sur une caractérisation expérimentale du
spray afin tout d'abord de s’affranchir de la modélisation de la phase d’atomisation primaire,
puis de valider la méthode numérique utilisée pour simuler l’écoulement libre du spray. Cette
même méthode numérique a ensuite été utilisée pour résoudre l’écoulement du spray en
présence de la plaque.
Les résultats obtenus sur la dynamique des gouttes impactant la paroi ont finalement servi de
données d'entrée à la simulation du refroidissement. Le couplage entre la dynamique du spray
et le flux de chaleur imposé sur la plaque est pris en compte grâce à l’utilisation d’une
corrélation sur l'efficacité de refroidissement issue de la littérature.
Certains aspects de cette stratégie numérique ont nécessité une attention particulière et nous
nous proposons de revenir sur certains de ces choix dans cette conclusion pour dégager des
perspectives à ce travail.
(i) Initialisation du spray
L'absence de méthode numérique pour l'atomisation primaire qui soit suffisamment fiable et
calibrée pour reproduire les caractéristiques de ce spray nous a poussé à nous affranchir de la
modélisation de l'atomisation primaire. La simulation est donc initialisée en aval. La méthode
d’initialisation ainsi développée dans le cadre de ce travail permet de reproduire
l'inhomogénéité du spray en débit et en taille, ainsi que les corrélations liant le diamètre des
gouttes et leur vitesse.
La mise en œuvre de cette méthode nécessite une somme importante de données
expérimentales obtenues dans la section choisie pour l'initialisation du spray. Ces données
comprennent la répartition du débit surfacique et les mesures simultanées du diamètre et de la
vitesse des gouttes. Le champ de vitesse de l'air au cœur et à la périphérie du spray est
également nécessaire mais n’a en revanche pas été directement mesuré.
La méthode par PDA utilisée pour obtenir les caractéristiques des gouttes a montré certaines
limites, particulièrement à cause de la large polydispersion en taille du spray, mais également
à cause de l'écart des grosses gouttes par rapport à la forme sphérique. Dans cette étude, les
imprécisions sur les données ont néanmoins été atténuées par un important travail de post-
traitement (depuis les mesures expérimentales jusqu'à l'introduction dans la simulation). Ce
161/195
Conclusion :
travail de post-traitement ainsi fait l'objet d'un développement d'outils pérennes.
La définition des limites spatiales du spray constitue également une information importante
nécessaire à la méthode d'initialisation. Dans cette étude, nous nous sommes basés sur une
visualisation par caméra rapide du spray. Bien que la mise en œuvre de cet outil soit aisée, la
définition des limites du spray reste délicate à cause de la présence d’une zone diluée sur sa
périphérie. La définition d’un critère précis pour cette limite pourrait conduire à une meilleure
reproduction du spray dans la simulation.
Enfin, pour initialiser le champ de vitesse de la phase gazeuse, à défaut de mesures directes,
nous avons proposé d'utiliser la vitesse des petites gouttes. La méthode se justifie d'elle-même
à partir des nombres de Stokes correspondant à cette gamme de diamètre de gouttes. Malgré
tout, les approximations faites notamment pour la turbulence du gaz mériteraient d'être
vérifiées.
(ii) Méthode de simulation de l’écoulement et de l'impact du spray
Dans notre approche euléro-lagrangienne, le choix s'est porté sur un modèle RANS k-ω pour
la résolution de la phase continue. Ce modèle de turbulence donne un champ d'écoulement
gazeux réaliste, notamment au niveau des frontières libres du domaine. Il offre en plus la
possibilité de traiter aisément l'écoulement en proche paroi. Les forces exercées sur la phase
discrète sont limitées à l'action de la force de traînée et à celle de la force de gravité. La
dispersion turbulente influençant la trajectoire des gouttes a également été prise en compte par
un modèle à marche aléatoire discontinue. Une des particularités du spray étudié se trouve
dans l'importance des actions, réciproques, des phases continue et discrète l'une sur l'autre. La
présence de nombreuses gouttes inertielles génère puis entretien l'écoulement du gaz, et dans
le même temps les nombreuses petites gouttes sont fortement influencées par l'écoulement du
gaz. Ces phénomènes ont été intégrés dans la simulation par un traitement de la phase discrète
de type TwoWay coupling basé sur l’ajout de termes sources de transfert de quantité de
mouvement et par la modulation de la turbulence dans la gestion de la phase continue.
Les comparaisons entre la simulation de l'écoulement libre du spray et les mesures
expérimentales ont mis en évidence les limites de la configuration numérique utilisée. Les
différences se concentrent sur la vitesse des petites gouttes qui est sous-évaluée dans la
simulation. Quelques pistes d'amélioration ont déjà été citées dans la conclusion du chapitre 2.
Parmi celles-ci on note la nécessité de connaître le champ de vitesse du gaz au cœur et en
périphérie du spray. En comblant cette lacune, il serait possible de valider l'utilisation des
modèles type RANS k-ω dans la simulation de l'écoulement gazeux généré par un spray, mais
également de statuer sur la validité des modèles d'interactions entre les phases.
La méthode de simulation est malgré tout fiable. Les simulations réalisées ont, en particulier,
permis de quantifier l'influence de la présence de la plaque sur l'écoulement du spray. On a
ainsi observé que 10 % du débit initial n’impacte pas la surface. Le cœur du spray, composé
de nombreuses grosses gouttes, est peu influencé par la présence de la plaque. Comparé au cas
de l'écoulement libre, la périphérie du spray est en revanche principalement plus chargée en
162/195
Conclusion :
petites gouttes convectées par le gaz et qui viennent impacter presque tangentiellement la
plaque. Ces résultats ne peuvent cependant pas être généralisés car ils dépendent du spray et
de la plaque utilisée (dimensions respectives, débit initial, …). La prise en compte de la
présence de la plaque sur l'impact se base une hypothèse forte qui consiste à ignorer les
mécanismes d’impact. Des évolutions plus sensibles des caractéristiques du spray entre un
écoulement libre et un écoulement avec plaque pourraient ainsi être observées en prenant en
compte ces mécanismes, notamment la présence de gouttes réémises (goutte secondaire après
éclatement ou rebond). Bien sûr, l'introduction des mécanismes d'impacts n'est valable qu'à
condition d'avoir des situations d'impact de gouttes isolées sur une surface sèche. Cette
hypothèse peut paraître correcte au bord de la plaque utilisée ici, mais au centre le flux
surfacique de gouttes élevé peut conduire à la formation d'un film liquide. La physique
décrivant l'interaction entre le spray et la plaque serait alors profondément différente.
(iii) Étude numérique du refroidissement de la plaque
Les données obtenues sur les caractéristiques des gouttes impactant la plaque ont permis de
calculer le flux de chaleur extrait par le spray à partir d'une corrélation issue de la littérature
sur l'efficacité de refroidissement.
Les résultats quantitatifs sur le flux de chaleur et sur le temps de refroidissement sont
évidemment dépendants du choix de cette corrélation. Ces simulations ont surtout mis en
évidence l'importance de considérer les caractéristiques du spray à l’impact en tenant compte
de la présence de la plaque lorsque l'on souhaite caractériser le refroidissement généré par un
spray.
Les limites sur la modélisation du flux de chaleur induites par la corrélation de Yao et Cox
[40] ont pu être évoquées dans le chapitre 4. Le fait d'utiliser une corrélation globale pour lier
les caractéristiques de la dynamique d'impact d'un spray avec le flux de chaleur extrait à la
paroi est pertinent, mais les corrélations disponibles dans la littérature sont soit trop globales,
soit trop locales (c'est-à-dire exprimées à l'échelle de la goutte). Il manque de plus des
informations sur les conditions de refroidissement correspondant à ces corrélations, ainsi que
sur la physique qu'elles modélisent. Cela limite grandement l'utilisation de ces corrélations
pour prédire un refroidissement.
(iv) Perspective s
Au vu de ces conclusions, deux grands axes de perspectives peuvent être dégagés. Le premier
concerne la simulation numérique de l'écoulement du spray libre et le second la modélisation
du refroidissement.
Parmi les limites évoquées pour l'initialisation du spray et pour la simulation de son
écoulement, l'absence de connaissances sur les caractéristiques d'écoulement de l'air est un
verrou régulièrement évoqué. La connaissance de ces grandeurs permettrait de consolider
l'étape d'initialisation du spray mais également de répondre aux interrogations évoquées au
chapitre 2 au sujet des différences observées entre les mesures expérimentales et la
163/195
Conclusion :
simulation. Ces données pourraient être accessibles par des mesures de PIV diphasique
(Vélocimétrie par Imagerie de Particules). De plus, la comparaison de la vitesse de l’air
obtenue par cette méthode avec celle obtenue par le PDA permettrait également augmenter la
fiabilité des mesures PDA pour un spray.
En ce qui concerne l’étude de l’impact du spray et du refroidissement de la plaque, deux
difficultés majeures demeurent : l’identification des mécanismes physiques d’impact (régime
de rebond, d’éclatement, interactions entre gouttes, voire formation d’un film liquide) et des
mécanismes de refroidissement (évaporation, convection). Une des questions récurrentes lors
de ce travail est la présence ou non d’un film liquide au-dessus du film de vapeur. Des
mesures expérimentales par caméra rapide ainsi que des mesures de thermographie infrarouge
couplées à un modèle inverse (mesures permettant d'accéder au flux extrait au niveau de la
paroi) pourraient répondre à cette question et ainsi améliorer la compréhension et la
modélisation des mécanismes physiques du refroidissement par spray.
Enfin, la goutte isolée reste aujourd’hui le cas privilégié pour appréhender les mécanismes
élémentaires de l'impact et du refroidissement, mais la transposition à l’échelle du spray n’est
pas encore clairement maîtrisée. Cela constitue bien évidemment un axe d'investigation
majeur pour l'avenir.
164/195
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171/195
Annexes 1) Auteurs référencés pour construire la carte de la figure 1.5
Annexes 1) Auteurs référencés pour construire la carte de la figure 1.5
Noms des
auteursTitre de la publication Année Référence
Watcher and Westerling
The heat transfer from a hot wall to impinging water drops in
the spheroidal state1966 [88]
PedersenAn Experimental study of the dynamic behavior and heat
transfer of a liquid droplet impinging upon a heated surface1970 [29]
HoogendoornLeidenfrost temperature and heat transfer coefficients for
water sprays impinging on a hot surface1974 -
Bolle and
MoureauSpray cooling of hot surfaces 1982 [35]
Takeuchi et al. Heat transfer characteristics and the breakup behavior of
small droplets impinging upon a hot surface1983 [30]
Deb and YaoHeat Transfer analysis of impacting dilute spray on surfaces
beyond the leidenfrost temperature1987 [3]
Yao et ChoiChoi et al.
Heat transfer experiments of monodispersed vertically
impacting sprays
Mechanisms of film boiling heat transfer of normally
impacting spray
1987 [89]-[90]
Deb et al. Analysis on film boiling heat transfer of impinging sprays 1989 -
Klinzing et al.Film and transition boiling correlations for quenching of hot
surfaces with water sprays1992 [4]
Shi et al.Dynamic behavior and heat transfer of a liquid droplet
impinging on a solid surface1993 -
Inada and YangFilm boiling heat transfer for saturated drops impinging on a
heating surface1994 -
Estes et al.Correlation of Sauter mean diameter and critical heat flux for
spray cooling of small surfaces1995 [91]
MudawarExperimental and numerical study of quenching complex-
shaped metallic alloys with multiple, overlapping sprays1995 -
Yang et al. Nucleate boiling heat transfer in spray cooling 1996 [92]
Bernardin & Mudawar
Film boiling heat transfer of droplet streams and sprays 1997 [32]
Bernardin et al. Mapping of impact and heat transfer regimes of water drops 1997 [34]
172/195
Annexes 1) Auteurs référencés pour construire la carte de la figure 1.5
impinging on a polished surface
CiofaloInvestigation of the cooling of hot walls by liquid water
sprays1999 [93]
Chen et al.Effects of spray characteristics on critical heat flux in
subcooled water spray cooling2002 [94]
Rini et al.Bubble behavior and nucleate boiling heat transfer in
saturated FC-72 spray cooling2002 [95]
Yao et CoxA General Heat Transfer correlation for impacting water
sprays on high-temperature surfaces2002 [40]
Chen et al. Optimal spray characteristics in water spray cooling 2004 [96]
Hsieh et al.Spray cooling characteristics of water and R-134a. Part I:
nucleate boiling2004 [97]
Hsieh et al.Spray cooling characteristics of water and R-134a. Part II:
transient cooling2004 [98]
Horacek Single nozzle spray cooling heat transfer mechanisms 2005 [99]
Issa et YaoNumerical model for spray-wall impaction and heat transfer
at atmospheric conditions2005 [28]-[100]
CiofaloThe Nukiyama curve in water spray cooling: Its derivation
from temperature–time histories and its dependence on the
quantities that characterize drop impact
2007 [13]
Visaria & Mudawar
Effects of high subcooling on two-phase spray cooling and
critical heat flux2008 [101]
Visaria &
Mudawar
Theoretical and experimental study of the effects of spray
inclination on two-phase spray cooling and critical heat flux2008 [102]
WendelstorfSpray water cooling heat transfer at high temperatures and
liquid mass fluxes2008
[103]-
[104]
KondarajuHybrid turbulence simulation of spray impingement cooling :
The effect of vortex motion on turbulent heat flux2009 [105]
Zhao et al.Study on heat transfer performance of spray cooling: model
and analysis2010 [19]
Cheng et al.Experimental and theoretical investigation of surface
temperature non-uniformity of spray cooling2011 [106]-[43]
Ramstorfer et al.
Investigation of Spray Cooling Heat Transfer for Continuous
Slab Casting2011 [107]
Cheng et al.Theoretical investigation on the mechanism of surface
temperature non-uniformity formation in spray cooling2012 [20]
Gounder et al.Turbulent piloted dilute spray flames: Flow fields and droplet
dynamics2012 [1]
Mascarenhas et
al.
Methodology for predicting spray quenching of thick-walled
metal alloy tubes2012 [108]
173/195
Annexes 1) Auteurs référencés pour construire la carte de la figure 1.5
Pereira et al.Single phase cooling of large surfaces with square arrays of
impinging water sprays2012 -
Xie et al.Thin liquid film flow and heat transfer under spray
impingement2012 [21]
Xie et al.Characterization of spray atomization and heat transfer of
pressure swirl nozzles2013 [109]
Zhang et al.Experimental investigation of spray cooling on flat and
enhanced surfaces2013 [110]
174/195
Annexes 2) Le modèle TAB
Annexes 2) Le modèle TABLe modèle TAB (Taylor Analogous Breakup's model) est un
modèle déterministe développé par O'Rourke et Amsden
[63].
Ce modèle calcul l'oscillation d'une goutte de diamètre
d0=2 r0 et de vitesse u0 relative au milieu environnent,
soumise aux forces internes (tension superficielle, viscosité
interne) et externe (traînée). Une analogie avec un oscillateur
harmonique forcé permet de calculer le déplacement x de
l'équateur par rapport à sa position d'équilibre (figure 2.1).
Lorsque les conditions limites sont atteintes une
fragmentation est réalisée.
L'équation d'oscillation de l'équateur s'écrit:
F−kx−dd x
d t=m
d2x
d t2 (2.1)
avec : Fm
=CF
ρ G U0
2
ρL r0
, km=Ck
σρ Lr0
3 ,
dm=Cμ
μL
ρ Lr 0
2 et CF=1 /3 , Ck=8 , Cμ=5 .
Les constantes Ck et Cμ sont issues des calculs théoriques de l'oscillation d'une goutte dans
son mode fondamental, obtenues par H. Lamb [70]. CF est calculé à partir de Ck Cb /CF=12.
Cette dernière équation vérifie le seuil de fragmentation WeB≥12 obtenue
expérimentalement. Le modèle considère que la vitesse relative entre la phase gazeuse et la
goutte est constante durant le temps du calcul.
On définit la déformation adimensionnelle de la goutte y=x /(Cb⋅r 0) , avec Cb=1 /2 . On
obtient ainsi l'équation d'évolution de la déformation y ( t) :
yTAB( t)=Wec+e−t /t d[(y 0−Wec)cos(ω t)+1ω(dy
0
d t+
y0−Wec
td)sin(ω t )] (2.2)
avec : ω2=Ck
σρL r0
3−
1
td
2 , td=2
Cμ
ρL r0
2
μL, Wec=
CF
Ck Cb
We r ( Wer le nombre de Weber basé
sur le rayon) et y0 ,dy0/d t la déformation et la vitesse de déformation de la goutte au début
du calcul.
Deux conditions sont nécessairement pour permettre une fragmentation :
─ Wer>6 , comme décrit expérimentalement.
175/195
Figure 2.1: Dans le modèle TAB ledéplacement x de l'équateur décrit
la déformation de la goutte.
Annexes 2) Le modèle TAB
─ L'amplitude d'oscillation de l'équateur doit être égale au rayon de la goutte, soit
xmax=Cb⋅r 0 et Cb=1 /2 . Numérique on cherche l'existence d'un temps t TAB tel que
ymax=y ( tTAB)=1 .
Caractéristiques des gouttes filles
Le diamètre des gouttes filles est calculé en égalisant l'énergie de la goutte mère et des gouttes
filles. Les gouttes filles sont considérées non déformées et stables à leur naissance. Une
simplification est aussi effectuer pour le calcul de la goutte mère en utilisant ω=8σ /ρl r0
3 . On
obtient le rayon de sauter des gouttes filles:
r 32,TAB=r 0
1+8K y max
2
20+ρL r 0
3((d y /d t )t=tTAB)
2
σ (6K−5120 ) (2.3)
La constante K=10/3 permet de prendre en compte l'énergie stockée dans les autres modes
d'oscillation de la goutte (le calcul ne se fait que sur le mode fondamental).
Le nombre de goutte est obtenue par conservation de la masse.
Pa rapport à la goutte mère, la vitesse des gouttes fille est perpendiculaire à u0 . La norme est
égale à la vitesse de déplacement de l'équateur au moment de la fragmentation :
u fille,TAB=CV (Cb r 0)(d y /d t)t=tTAB
(2.4)
CV est une constante d'ajustement égal à l'unité.
176/195
Annexes 3) Cartes des paramètres des fonctions d'interpolation de la vitesse pour la méthode d'initialisation.
Annexes 3) Cartes des paramètres des fonctions d'interpolation de la vitesse pour la méthode d'initialisation.
177/195
Figure 3.1: Carte des principaux paramètresde la corrélation diamètre vitesse pour la
composante ux
σ u x[m.s−1 ]
ULim , x [m.s−1 ]
U0, x [m.s−1 ]
Figure 3.2: Carte des principaux paramètresde la corrélation diamètre vitesse pour la
composante uy
σ u y[m.s−1 ]
ULim ,y [m.s−1 ]
U 0, y [m.s−1 ]
Annexes 3) Cartes des paramètres des fonctions d'interpolation de la vitesse pour la méthode d'initialisation.
178/195
Figure 3.3: Carte des principaux paramètresde la corrélation diamètre vitesse pour la
composante uz
σ u z[m.s−1 ]
ULim , z [m.s−1 ]
U0,z [m.s−1 ]
Annexes 3) Cartes des paramètres des fonctions d'interpolation de la vitesse pour la méthode d'initialisation.
Simulation numérique du refroidissement par spray en régime de Leidenfrost
Dans l'industrie métallurgique, le refroidissement est une étape fondamentale qui permet de donner
certaines qualités aux matériaux (résistance mécanique, souplesse). L'impact d'un spray est une
méthode de refroidissement connue mais mal comprise, limitant aujourd'hui ses champs d'applications.
Cette thèse vise à mettre en place un outil numérique apte à l'étude et à l'optimisation futur du
refroidissement par spray.
La littérature met en évidence la multitude des mécanismes du refroidissement, et le peu
d'informations sur les liens entre ces mécanismes et les caractéristiques du spray (diamètre, vitesse et
répartition spatiale des gouttes). Pour simuler le refroidissement, on propose de séparer l'étape
d'écoulement du spray de celle du calcul du refroidissement de la plaque. Une corrélation sur la
densité de flux de chaleur issue de la littérature permet de lier les deux étapes. Une analyse poussée du
spray est réalisée grâce à plusieurs outils expérimentaux: Analyseur à Phase Doppler, caméra rapide,
mesure de débit surfacique. Les éléments clefs pour caractériser puis d'initialiser le spray dans la
simulation sont ainsi mis en évidences. La méthode d'initialisation, la configuration numérique (Euler-
Lagrange, modèle RANS k-ω), ainsi que le domaine de calcul sont validés avec l'écoulement d'un
spray libre. La méthode est ensuite utilisée pour simuler l'écoulement du spray en présence d'une
plaque. Finalement, le refroidissement d'une plaque est simulé. On obtient la densité de flux de chaleur
extraite de la plaque en fonction des caractéristiques du spray. Enfin, cette thèse soulève des questions
sur des points de simulation couramment utilisés mais menant à des erreurs dans le calcul du
refroidissement.
Mots clés : refroidissement, transfert thermique, impact, spray, simulation, Euler-Lagrange,
expérimentale, PDA
Numerical simulation of the spray cooling process, in the Leidenfrost regime
In the metallurgy industry, the cooling is a fundamental stage which allows to bring certain qualities to
materials (mechanical resistance, flexibility). The impact of a spray is one known process but it is not
well understood, limiting its today's scopes. This thesis aims at developing a simulation procedure, in
order to obtain a usefull numerical tool for the study and the futur optimization of the spray cooling.
Litterature highlights the multitude of the mechanisms of spray cooling, but also the few existing
information linking these mechanisms and the characteristics of the spray (diameter, speed and space
distribution of droplets). In order to simulate the spray cooling, one proposes to split this process in
two stages, the spray flow and the calculation of the cooling. Based on the literature, a correlation on
the density of flow of heat removed from the plat is used to link the two stages. A full spray
characterization is realized thanks to several experimental tools: Phase Doppler Analyser, speed-
camera, measure of surface liquid flow density. Key elements required to characterize and also to
initialize the spray in the simulation, are highlighted as well. The method of initialization, the
numerical configuration (Eulerian-Lagrangian simulation, RANS k-ω turbulence model), as well as
the domain of calculation are validated with the simulation of a free-fall spray. The method is then
used to calculate characteristics of the spray in the presence of a surface. Finally, the cooling of plate is
simulated, bringing results on the heat flow density removed from the plate in accordance with
characteristics of the spray. Main results concern the highlighting of major points of simulation
communally used but leading to error in the cooling simulation.
Keywords: cooling, thermic-transfert, spray, impact, numerical simulation, Euler-Lagrange,
experimental, PDA
179/195