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Liminaire Author(s): V. Y. Mudimbe Source: Canadian Journal of African Studies / Revue Canadienne des Études Africaines, Vol. 22, No. 2 (1988), pp. 288-290 Published by: Taylor & Francis, Ltd. on behalf of the Canadian Association of African Studies Stable URL: http://www.jstor.org/stable/485906 . Accessed: 12/06/2014 04:26 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Taylor & Francis, Ltd. and Canadian Association of African Studies are collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Canadian Journal of African Studies / Revue Canadienne des Études Africaines. http://www.jstor.org This content downloaded from 185.2.32.46 on Thu, 12 Jun 2014 04:26:22 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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Page 1: Liminaire

LiminaireAuthor(s): V. Y. MudimbeSource: Canadian Journal of African Studies / Revue Canadienne des Études Africaines, Vol.22, No. 2 (1988), pp. 288-290Published by: Taylor & Francis, Ltd. on behalf of the Canadian Association of African StudiesStable URL: http://www.jstor.org/stable/485906 .

Accessed: 12/06/2014 04:26

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V.Y. Mudimbe

Les textes qui suivent ont, au moins, deux choses en commun: l'occasion qui les a suscites et le theme qui les r6unit.

L'occasion d'abord. Lors du vingt-septieme congres annuel de I'African Studies Association qui se tint ia Los Angeles du 25 au 28 octobre 1984, j'avais organis6 une serie d'ateliers autour du theme de la pertinence et de la

signification du discours africaniste. Il s'agissait, en fait, d'analyser les d6terminations 6pistemologiques aussi bien que les ambiguit6s de sens

qu'offrent les images de l'Afrique produites par les sciences sociales et humaines. Le projet avait requ un solide soutien du Joint Committee on African Studies of the Social Science Research Council and the American Council of Learned Societies. Et les auteurs des contributions qui suivent - F. Lambert, W. MacGaffey, L. Monnier, D. Parkin, J.L. Vincke, et I. Waller- stein - 6taient, parmi beaucoup d'autres, des n6tres lors des assises de Los

Angeles. Le theme, en r6alite, crea l'occasion d'un d6bat, comme on l'aura d6ji

compris. Je crois, personnellement, qu'il ne couvre rien d'autre que des tres- saillements de corps malhabiles ou timides a la p6riph6rie du savoir et de la reflexion critiques. Cependant, le tableau que proposent les textes qui suivent est aussi un lieu oui s'inverse cette evidence: I'Afrique est impor- tante; sa relation a la langue franqaise et ia la science est fascinante. Mais que signifie pareille conquite qui, un peu facilement, tait les vieilles questions au sujet de la m6diation de la langue et, en tout cas, n'affronte pas necessairement, pour dire le moins, l'6chec des libertes africaines? Il n'y a

qu'I penser au caractere irr6el de ceux qui nous promettent encore l'authenticit6 ou le socialisme comme esperances et, de ce fait meme, nous indiquent l'6vidence de paysages oui mon suicide, par exemple, serait, comme evasion, reconnaissance de leurs pouvoirs, r6ponse a notre impuis- sance et miroir de cette fatalit6 massive de 1'hebetude devenue, en Afrique, le destin et l'accomplissement de bon nombre d'entre nous.

Il est vrai, la litt6rature est, en un certain sens, autonome de ces formes ambigues du d6sir que d6finit la politique africaine depuis les ann6s 1960. Et, a pr6sent, nous comprenons que c'est un peu le6grement que la

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Negritude a 6t6 envoyee au vestiaire, alors que ce sont certains ordres sau- vages de la politique qu'il aurait mieux valu defaire, d6truire ou, en tout cas, rendre au silence. Niant ainsi les monstres qui symbolisent l'ecart malheureux et la mauvaise foi, peut-6tre, aurions-nous pu et, je le crois, nous le pouvons encore, passer des artifices de l'espace de la grammaire franqaise et des iniquit6s de la litterature dite africaine ia des effets d'une autre promesse. C'est que les m6taphores et autres figures de la diff6rence ne d6ploient pas toujours l'experience des individus r6els que nous sommes. Et, par ailleurs, la douce inconsistance des miroirs qui nous revilent et devoilent ne d6signe, necessairement, ni une malediction divine, ni un com- plot international.

Mais, j'interprete dja". Les ronds des textes sont des donn6es objectives. F. Lambert propose des lignes de maturation d'une 6criture, d'un rave et de leurs regnes comme projets. L. Monnier embrouille les donnees: le texte litteraire africain en ses fabulations, sarcasmes et grondements moraux, lui parait, a la fois, plus veridique et plus accueillant que l'analyse offerte par la science politique africaniste. Parti d'une analyse des reniements successifs dans les politiques de description des langues africaines, J. Vincke bouscule des certitudes commodes: d'abord le discours lui-meme qui ne serait, au total, qu'un bien pauvre corps; ensuite, le fait banal de l'entropie et de la des- tination. A qui, donc, pr6tendons-nous parler et pour la promotion de quelles nouvelles normes? W. MacGaffey fait une lecture d'inanit6 de la maniere la plus critique et la plus g6nereuse qui soit: le contexte theorique du d6bat ne lui parait ni evident, ni bien d6fini. D. Parkin et I. Wallerstein accentuent cette limite.

C'est bien I'effort de mise en jeu de ces questions qui m'enchaine encore. A la veille de notre rencontre de Los Angeles, il ne cautionnait aucune valeur particuliere, aucun choix ideologique, aucune intention de pousser ou de rendre explicite une quelconque volonte de verit6 qui s'6tablirait en gendarme de nouvelles ardeurs normatives.

J'avais souhait6, avec le concours de collegues et d'amis, clarifier des questions. En fait, nous avons partag6 des emblemes discrets. Avec une poli- tesse infinie, les participants ont annul6 ou masqu6 des usages du d6sespoir, v6rifi6 des parcours d'intelligences et surtout, oh surtout, insist6 sur les alt6rations et les simulacres du discours africaniste et de la parole africaine.

Mais ce volume est aussi une question d'un autre ordre. Il est un lieu commun oii, un Anglais (Parkin), un Canadien (Lambert), deux Americains (MacGaffey et Wallerstein), un Suisse (Monnier) et un Belge (Vincke) disent aussi leurs propres d6sirs au verso de leurs commentaires "

propos d'autrui. Qu'un Africain, moi-meme, ait suscit6 la rencontre, l'ait pr6sid6e et en pub- lie les r6sultats ne me parait, en soi, d'aucun interet, a part les allegations

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que ce fait aurait pu ou peut instaurer. Les mots avec lesquels Vincke

m'interroge, le sourire qui transparait du texte de MacGaffey lorsqu'il com- mente la belle chaine de Lambert, devraient, en principe, me mettre entre

guillemets. Deux autres Africains, un homme et une femme, prirent part a nos d6bats. Malheureusement, faute de temps, ils n'ont pu 6tablir leurs textes d6finitifs. Je le regrette personnellement. Et, je suis certain que ce que nous manquerons tous, au sortir de ce numero, c'est une plus grande libert6 de pensee que, leur pr6sence aurait pu affermir.

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