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404 6 e SÉMINAIRE DE RECHERCHE EN ORTHOPÉDIE PÉDIATRIQUE DU 5 ET 6 OCTOBRE 2006 À TOULOUSE une stabilisation par un embrochage percutané. Plusieurs métho- des ont été décrites et les avis restent partagés sur la configura- tion optimale de l’embrochage. Nous présentons dans ce travail une nouvelle technique d’embrochage percutané latéral diver- gent à partir du condyle externe de l’humérus. Deux broches de Kirschner sont utilisées pour stabiliser la fracture. Après la réduction, la première broche est introduite à partir du condyle externe pour traverser le foyer de fracture et la corticale interne au dessus du trait comme dans l’embrochage latéral de Judet. Une deuxième broche est introduite près de la première à un angle supérieur à 30° pour être dirigée à la corticale externe de la métaphyse humérale distale pour la pénétrer au dessus du trait de fracture. Le coude est ensuite immobilisé dans un plâtre brachio- antébrachio-palmaire à angle droit. Cette technique a été utilisée pour stabiliser plus de cinquante fractures supracondyliennes du coude chez des enfants. Les résultats et particulièrement la stabilité se sont révélés excel- lents et les complications étaient non significatives et non spéci- fiques à la méthode. Cette méthode qu’on a appelé embrochage divergent stable (EDS) représente une nouvelle option technique qu’on peut utili- ser pour traiter les fractures supracondyliennes instables du coude. Elle offre les avantages biomécaniques de l’embrochage latéral et ceux de l’embrochage croisé. Un index de stabilité pour l’embro- chage percutané latéral parallèle des fractures supracondyliennes du coude chez l’enfant M. SMIDA, H. SMAOUI, T. BEN JLILA, W. SAEID, H. SAFI, C. AMMAR, C. JALEL, M. BEN GHACHEM (Tunis, Tunisie) La fracture supracondylienne déplacée du coude est une lésion fréquente chez l’enfant. Elle a la réputation d’être diffi- cile et instable. Elle est souvent traitée par une réduction à ciel ouvert et un embrochage percutané. Plusieurs méthodes ont été décrites sans accord sur la configuration optimale de l’embro- chage. Des études précédentes ont conclu que l’embrochage croisé est mécaniquement plus stable dans le plan coronal que l’embro- chage parallèle externe de Judet. Cependant, on ne trouve aucune étude biomécanique rationnelle qui approuve ces conclu- sions. Le but de ce travail était de démontrer que le respect d’une certaine distance entre les broches au niveau du foyer de fracture constitue le facteur biomécanique le plus important dans la stabi- lité rotatoire pour les embrochages parallèles de Judet. Dans une première étape, nous avons conclu après une étude mécanique que la stabilité (S) dépend mathématiquement de 2 paramètres géométriques : la distance entre les broches au niveau du foyer de fracture (B) et la largeur de la palette humé- rale (D) [S = B/D]. Dans une seconde étape, nous avons étudié la stabilité rotatoire sur des radiographies postopératoires sur une série rétrospective de 485 fractures supracondyliennes de l’humérus chez des enfants traités par la technique de Judet. Pour chaque dossier, nous avons aussi calculé les 2 paramètres B et D. Dans une dernière étape, nous avons déterminé un seuil pour l’index de stabilité par des études statistiques moyennant le logi- ciel SPSS 11.5. Ce seuil était de 0,22, c’est-à-dire que pour assu- rer au maximum une stabilité rotatoire dans l’embrochage de Judet, il faut que le rapport B/D soit à 0,25, c’est-à-dire que la distance entre les broches au niveau du foyer de fracture doit être supérieure au quart de la largeur de la palette humérale. L’embrochage parallèle de Judet, comme l’embrochage croisé, peut offrir une bonne stabilité rotatoire dans le traitement des fractures supracondyliennes du coude chez l’enfant. Il appa- raît que le facteur mécanique le plus important est représenté par le respect d’une certaine distance entre les broches au niveau du foyer de fracture (B) qui dépend de la largeur de la palette humé- rale (D) donc de l’âge de l’enfant. B = 0,22 x D (D étant calculée sur une radiographie de face). L’ingénierie tissulaire pour l’ortho- pédie pédiatrique D. LACROIX, C. SANDINO, M.P. GINEBRA, J.A. PLANELL (Barcelone, Espagne) Les biomatériaux non biodégradables ont une limitation importante en orthopédie pédiatrique puisqu’ils doivent être reti- rés pendant la croissance de l’enfant. Par conséquent, le dévelop- pement de l’ingénierie tissulaire pour la réparation et la régénération des tissus peut être vu comme une alternative à l’orthopédie traditionnelle où une deuxième intervention chirur- gicale est nécessaire. L’extraction de cellules souches chez l’enfant, la prolifération et la différentiation de ces cellules dans un biomatériau biodégradable, suivie de l’implantation chez le patient, peuvent remplacer un tissu malade et fournir un support pour la régénération durable des tissus. Dans cette étude, des biomatériaux à base de phosphate de calcium développés dans le groupe de recherche sont utilisés en tant que substituts potentiels pour l’ingénierie tissulaire osseuse. L’influence des stimuli mécaniques sur ces biomatériaux est étu- diée d’un point de vue numérique et expérimental. Une étude micro-CT d’échantillons de ces biomatériaux a été réalisée et la reconstruction 3D a été exécutée en utilisant le programme Mimics (Materialize). Des micro-modèles par éléments finis ont été créés où un flux continu et une compression axiale ont été simulés dans les substituts en utilisant le logiciel Marc (MSC Software). Les propriétés mécaniques et la perméabilité des substituts ont été mesurées. Les distributions de contrainte et de déformation dans les substituts indiquent des gradients élevés de contrainte et de déformation. L’interconnectivité des pores a pu être évaluée par le calcul de fluide à l’intérieur des substituts. Les résultats indi- quent qu’une déformation axiale de 0,5 % semble être suffisante pour initier des contraintes favorisant la formation d’os autour des pores. Il est suggéré qu’une analyse de mécanique des flui- des devrait faire partie du processus de conception de substituts pour l’ingénierie tissulaire. E-mail : [email protected] E-mail : [email protected]

L’ingénierie tissulaire pour l’orthopédie pédiatrique

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404 6e SÉMINAIRE DE RECHERCHE EN ORTHOPÉDIE PÉDIATRIQUE DU 5 ET 6 OCTOBRE 2006 À TOULOUSE

une stabilisation par un embrochage percutané. Plusieurs métho-des ont été décrites et les avis restent partagés sur la configura-tion optimale de l’embrochage. Nous présentons dans ce travailune nouvelle technique d’embrochage percutané latéral diver-gent à partir du condyle externe de l’humérus. Deux broches deKirschner sont utilisées pour stabiliser la fracture. Après laréduction, la première broche est introduite à partir du condyleexterne pour traverser le foyer de fracture et la corticale interneau dessus du trait comme dans l’embrochage latéral de Judet.Une deuxième broche est introduite près de la première à unangle supérieur à 30° pour être dirigée à la corticale externe de lamétaphyse humérale distale pour la pénétrer au dessus du trait defracture. Le coude est ensuite immobilisé dans un plâtre brachio-antébrachio-palmaire à angle droit.

Cette technique a été utilisée pour stabiliser plus de cinquantefractures supracondyliennes du coude chez des enfants.Les résultats et particulièrement la stabilité se sont révélés excel-lents et les complications étaient non significatives et non spéci-fiques à la méthode.

Cette méthode qu’on a appelé embrochage divergent stable(EDS) représente une nouvelle option technique qu’on peut utili-ser pour traiter les fractures supracondyliennes instables ducoude. Elle offre les avantages biomécaniques de l’embrochagelatéral et ceux de l’embrochage croisé.

Un index de stabilité pour l’embro-chage percutané latéral parallèledes fractures supracondyliennesdu coude chez l’enfantM. SMIDA, H. SMAOUI, T. BEN JLILA, W. SAEID,H. SAFI, C. AMMAR, C. JALEL, M. BEN GHACHEM(Tunis, Tunisie)

La fracture supracondylienne déplacée du coude est unelésion fréquente chez l’enfant. Elle a la réputation d’être diffi-cile et instable. Elle est souvent traitée par une réduction à cielouvert et un embrochage percutané. Plusieurs méthodes ont étédécrites sans accord sur la configuration optimale de l’embro-chage.

Des études précédentes ont conclu que l’embrochage croiséest mécaniquement plus stable dans le plan coronal que l’embro-chage parallèle externe de Judet. Cependant, on ne trouveaucune étude biomécanique rationnelle qui approuve ces conclu-sions.

Le but de ce travail était de démontrer que le respect d’unecertaine distance entre les broches au niveau du foyer de fractureconstitue le facteur biomécanique le plus important dans la stabi-lité rotatoire pour les embrochages parallèles de Judet.

Dans une première étape, nous avons conclu après une étudemécanique que la stabilité (S) dépend mathématiquement de2 paramètres géométriques : la distance entre les broches auniveau du foyer de fracture (B) et la largeur de la palette humé-rale (D) [S = B/D].

Dans une seconde étape, nous avons étudié la stabilitérotatoire sur des radiographies postopératoires sur une série

rétrospective de 485 fractures supracondyliennes de l’huméruschez des enfants traités par la technique de Judet. Pour chaquedossier, nous avons aussi calculé les 2 paramètres B et D.

Dans une dernière étape, nous avons déterminé un seuil pourl’index de stabilité par des études statistiques moyennant le logi-ciel SPSS 11.5. Ce seuil était de 0,22, c’est-à-dire que pour assu-rer au maximum une stabilité rotatoire dans l’embrochage deJudet, il faut que le rapport B/D soit ≥ à 0,25, c’est-à-dire que ladistance entre les broches au niveau du foyer de fracture doit êtresupérieure au quart de la largeur de la palette humérale.

L’embrochage parallèle de Judet, comme l’embrochagecroisé, peut offrir une bonne stabilité rotatoire dans le traitementdes fractures supracondyliennes du coude chez l’enfant. Il appa-raît que le facteur mécanique le plus important est représenté parle respect d’une certaine distance entre les broches au niveau dufoyer de fracture (B) qui dépend de la largeur de la palette humé-rale (D) donc de l’âge de l’enfant. B = 0,22 x D (D étant calculéesur une radiographie de face).

L’ingénierie tissulaire pour l’ortho-pédie pédiatriqueD. LACROIX, C. SANDINO, M.P. GINEBRA,J.A. PLANELL (Barcelone, Espagne)

Les biomatériaux non biodégradables ont une limitationimportante en orthopédie pédiatrique puisqu’ils doivent être reti-rés pendant la croissance de l’enfant. Par conséquent, le dévelop-pement de l’ingénierie tissulaire pour la réparation et larégénération des tissus peut être vu comme une alternative àl’orthopédie traditionnelle où une deuxième intervention chirur-gicale est nécessaire. L’extraction de cellules souches chezl’enfant, la prolifération et la différentiation de ces cellules dansun biomatériau biodégradable, suivie de l’implantation chez lepatient, peuvent remplacer un tissu malade et fournir un supportpour la régénération durable des tissus.

Dans cette étude, des biomatériaux à base de phosphate decalcium développés dans le groupe de recherche sont utilisés entant que substituts potentiels pour l’ingénierie tissulaire osseuse.L’influence des stimuli mécaniques sur ces biomatériaux est étu-diée d’un point de vue numérique et expérimental. Une étudemicro-CT d’échantillons de ces biomatériaux a été réalisée et lareconstruction 3D a été exécutée en utilisant le programmeMimics (Materialize). Des micro-modèles par éléments finis ontété créés où un flux continu et une compression axiale ont étésimulés dans les substituts en utilisant le logiciel Marc (MSCSoftware). Les propriétés mécaniques et la perméabilité dessubstituts ont été mesurées.

Les distributions de contrainte et de déformation dans lessubstituts indiquent des gradients élevés de contrainte et dedéformation. L’interconnectivité des pores a pu être évaluée parle calcul de fluide à l’intérieur des substituts. Les résultats indi-quent qu’une déformation axiale de 0,5 % semble être suffisantepour initier des contraintes favorisant la formation d’os autourdes pores. Il est suggéré qu’une analyse de mécanique des flui-des devrait faire partie du processus de conception de substitutspour l’ingénierie tissulaire.

E-mail : [email protected]

E-mail : [email protected]

6e SÉMINAIRE DE RECHERCHE EN ORTHOPÉDIE PÉDIATRIQUE DU 5 ET 6 OCTOBRE 2006 À TOULOUSE 405

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La combinaison de méthodes expérimentale et numériquedevrait apporter une meilleure connaissance de l’effet des stimulimécaniques sur la différentiation des cellules et mener au déve-loppement d’une ingénierie tissulaire fonctionnelle. Si plus deconnaissances sont gagnées en ingénierie tissulaire, cetteméthode peut sembler adéquate pour fournir des solutions clini-ques à l’orthopédie pédiatrique.

Le système Phénix M, un dispositifmécanique d’allongement totale-ment implantable et contrôlable àtravers la peau à l’aide d’unaimant permanent qui tient dans lamain : application à l’orthopédiepédiatriqueA. SOUBEIRAN, M. GEBHART, L. MILADI,J. GRIFFET, R. VIALLE, J. DUBOUSSET(Bruxelles, Belgique, Paris, France)

Les auteurs rapportent les premiers résultats d’une techniqueinnovante magnétique et mini invasive utilisée huit fois pourrésoudre des situations particulièrement difficiles (NDLR).

OBJECTIFS. Le but est de proposer un dispositif mécaniqued’allongement totalement implantable : compact, puissant,implantable au moins aussi facilement que les dispositifs exis-tants, indolore et ergonomique pour permettre les allongements àdomicile par le patient ou son entourage, réalisable dans toutesles dimensions utiles et combinable avec tous les typesd’implants existants, fonctionnant par la seule force musculaire,fonctionnant sans joint pour faciliter sa stérilisation et ne pasréduire sa longévité, améliorant le coût de la pathologie traitée.

MÉTHODE. Coopération étroite entre les chirurgiens, lespatients et l’ingénieur avec une devise : pour qu’il marche, trou-vons le moyen de le faire simple. Notre solution : un aimant per-manent à l’extérieur de l’organisme transmet les mouvementsqui lui sont imprimés par celui qui le tient dans sa main à unsecond aimant permanent interne au dispositif, un levier amplifieles efforts ainsi exercés sur l’aimant interne, une paire de roueslibres à ressort de friction et une vis transforment les mouve-ments alternatifs du levier en allongement. Approcher del’aimant interne le pôle nord puis le pôle sud de l’aimant externedans une direction donnée allonge le dispositif d’un pas.

RÉSULTATS TECHNIQUES. Le potentiel d’allongementd’un dispositif Phénix M peut dépasser 70 % de sa longueur ini-tiale. Un prototype de clou d’allongement médullaire de diamè-tre 12 mm a pu être allongé sous une charge de 200 kg. Des pasd’un dixième de micron à un dixième de millimètre sont réalisa-bles, la force de distraction produite étant inversement propor-tionnelle à la longueur du pas.

RÉSULTATS CLINIQUES. À ce jour, 8 dispositifs sur mesurePhénix M ont été utilisés pour traiter différentes pathologies :fémur et tibia à croissance pour la résection de tumeurs osseuses

(2), prothèse hybride pour créer une cuisse dans le cadre d’uneagénésie fémorale (1), tige de distraction rachidienne (2),distracteur intercostal (3).

Tous les dispositifs ont été assez compacts pour loger facile-ment là où ils ont été implantés et assez puissants pour produirel’allongement souhaité. Tous les dispositifs ont été très bienperçus et allongés à la maison par les patients et leurs familles.Des allongements et des transports osseux sont envisagés.

CONCLUSION. Nous pensons que le système Phénix M a lepotentiel de changer en les améliorant significativement plu-sieurs traitements orthopédiques et notamment les correctionsrachidiennes, les allongements et les transports osseux, les cor-rections et les reconstructions osseuses. Plus de recul est néces-saire pour confirmer cet espoir.

Biopsie percutanée du rachis del’enfant sous fluoroscopie virtuelleA. COURVOISIER, H. VOUAILLAT, J. TROCCAZ,P. MERLOZ (Grenoble)

INTRODUCTION. L’ostéomyélite vertébrale fait partie desaffections du rachis de l’enfant où un diagnostic bactériologiqueest indispensable. Un prélèvement local par une biopsie disco-vertébrale est donc nécessaire. La méthode de référence actuelleest la biopsie disco-vertébrale réalisée par voie transpédiculaireou postéro-latérale sous contrôle tomodensitométrique. Maiscertaines équipes la réalisent sous contrôle fluoroscopique. Nousproposons par cette étude, une méthode alternative, précise etfiable, de biopsie percutanée du rachis de l’enfant sous fluoros-copie virtuelle.

MATÉRIELS ET MÉTHODES. La procédure de biopsie nediffère pas de la technique classique sous amplificateur debrillance. Nous avons préféré ici une voie transpédiculaire pourbiopsier le corps et le disque intervertébral. La fluoroscopie vir-tuelle est un système de navigation chirurgicale basé sur la cali-bration d’images fluoroscopiques. Un localisateur (Polarissystem ; Northern Digital ; Waterloo, Ontario, Canada) est uti-lisé pour reconnaître et localiser les instruments chirurgicauxmunis de références sur lesquelles sont fixées des diodes réflé-chissantes. Une référence est également fixée sur le processusépineux de la vertèbre à biopsier, par une courte incision. Laposition des faisceaux de rayons X lors des prises de vue, laposition de la vertèbre à biopsier et la position des instrumentschirurgicaux sont ainsi connues par l’ordinateur (Fluologics sys-tem, Praxim, France). Le chirurgien prend une vue de face et deprofil de la vertèbre. L’ordinateur construit une projection del’instrument chirurgical sur chaque vue. Une navigation entemps réel est alors possible.

RÉSULTATS. La fluoroscopie virtuelle est plus fiable et pré-cise que la fluoroscopie conventionnelle.

DISCUSSION ET CONCLUSION. La fluoroscopie virtuellene nécessite aucun planning préopératoire (pas de scannerpréopératoire). Elle permet une navigation en temps réel surplusieurs vues simultanément permettant ainsi de diminuer le

E-mail : [email protected]

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