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L’input, l’interaction et L’Apprentissage informel
de la langue japonaise chez les français au Japon
-Profitent-ils de leur séjour au Japon pour faire
connaissance avec des japonais?
Kuriko (KOMATSU) SHINOZAKI Université de Strasbourg
Doctorante en Sciences du Langage – FLE
(Université de Strasbourg, E.A. LiLPa - Didactique des Langues).
Sous la direction de M. le professeur Laurent Kashema
Source : Jeremy Meets Japan
« Pourquoi tu es venu(e) en Alsace? » Youtube https://www.youtube.com/watch?v=jhWRQU8TUzw&t=9s
Points de départ En restant en France, il est aussi possible de
rencontrer des japonais et de recevoir de l’input interactionnel.
(un étudiant rapporte qu’il restait 15 heures par semaine avec des japonais)
Certains étudiants japonais ont des difficultés à se faire des amis français en France.
Leurs cursus et conditions d’habitation influencent leurs chances de se faire des amis locaux.
Partie Théorique
Effets d’un séjour d’études à l’étranger sur l’apprentissage d’une langue
"L’avantage des programmes d’études à l'étranger pourrait être lié à la liberté des étudiants par rapport aux cours pour explorer l'utilisation de la langue dans le monde réel."
Kinginger (2008)
Partie Théorique
Effets d’un séjour d’études à l’étranger sur l’apprentissage d’une langue
"Rester dans son propre pays pour l'apprentissage d'une langue étrangère limite la quantité de communication interactionnelle dans cette langue d'apprentissage"
Badstübner et Ecke (2009).
Partie Théorique
Effets d’un séjour d'études à l’étranger sur l’apprentissage d’une langue
Les étudiants dans un programme d’études à l'étranger ont :
Parfois des difficultés à se faire des amis locaux
Peu d’occasions de pratiquer la langue cible de manière interactive ;
Cambell (2011)
Étude – Objectif Récolter des données qualitatives pour :
Analyser la manière dont les participants accèdent à des contenus en japonais au Japon
Déterminer les effets liés à cet apprentissage informel
Comment se sont-ils fait des amis japonais, français et étrangers au Japon ?
On a tenu des entretiens individuels semi-dirigés pour déterminer ces informations, d’une durée d’1 à 2 heures. (analyse qualitative)
Étude – Participants
Les 6 étudiants français étaient des apprenants de la langue japonaise, adultes, de sexe masculin ou féminin et volontaires pour participer à cette recherche :
Ils sont tous des étudiants qui avaient obtenu la Licence en LEA, et étaient partis au Japon avec un programme d’échange en 2015-2016.
Étude – Résultats Profils des étudiants
Étude – Résultats N° Nom Âge Université
(Préfecture) Nombre d’amis Japonais
Nombre d’amis Français
Nombre d’amis étrangers
1 NO 22 Chuo (Tokyo) 4～7 (camarades) 20 10 2 MAE 24 Tokyo (Tokyo) 3 1 4
3 CL 22 Otaru (Hokkaido)
6 3 20
4 YA 21 Nagoya (Aichi)
12 8～10 6～8
5 CH 23 Seijo (Tokyo) 9 (+6 proches) 1 1 (proche)
6 EL 22 Kyushu (Fukuoka)
10 10 20
Étude – Résultats
Résultats – Nombre d’amis japonais N° Nom Âge
Université (Préfecture)
Nombre d’amis Japonais
Langue parlée
Temps passé ensemble
1 NO 22 Chuo (Tokyo) 4～7 Anglais (la plupart du temps)
Peu de temps (le temps du cours)
2 MAE 24 Tokyo (Tokyo)
3 Anglais Lors des repas à la cantine ou certains week-end
3 CL 22 Otaru (Hokkaido)
6 Japonais, Anglais, Français
3h (selon les semaines)
24h/24 (pendant le stage)
4 YA 21 Nagoya (Aichi)
12
Japonais, parfois l’Anglais
plusieurs fois par semaine
5 CH 23 Seijo (Tokyo) 9+6proches Japonais tous les jours
6 EL 22 Kyushu (Fukuoka)
10 Japonais, Anglais
une après-midi par semaine
Résultats – Nombre d’amis français N° Nom Âge
Université (Préfecture)
Nombre d’amis Français
Langue parlée
Temps passé ensemble
1 NO 22 Chuo (Tokyo) 20 Français tous les jours
2 MAE 24 Tokyo (Tokyo) 1 Français En cours et les week-end.
3 CL 22 Otaru (Hokkaido)
3 Français, Anglais
20h/semaine
4 YA 21 Nagoya (Nagoya)
8～10 Français, parfois Japonais
+/- 10h
5 CH 23 Seijo (Tokyo) 1 Français chaque jour
6 EL 22 Kyushu (Fukuoka)
10 Français tout le temps
Résultats – Nombre d’amis étrangers N° Nom Âge
Université (Préfecture)
Nombre d’amis étrangers
Langue parlée
Temps passé ensemble
1 NO 22 Chuo (Tokyo) 10 Anglais tous les jours 2 MAE 24 Tokyo (Tokyo) 4 Anglais En cours et les week-
end.
3 CL 22 Otaru (Hokkaido)
20 Anglais, Japonais
20h/semaine
4 YA 21 Nagoya (Aichi)
6～8 Anglais 5h
5 CH 23 Seijo (Tokyo) 1 (proche) Anglais, Japonais
pendant la semaine, hors week-end
6 EL 22 Kyushu (Fukuoka)
20 Anglais Tout le temps
Résultats – temps total à parler en japonais
N° Nom Âge Université (Préfecture)
Heures / semaine
Exemples d’activités
1 NO 22 Chuo (Tokyo) 7h Y compris 4 heures et demie de cours de japonais
2 MAE 24 Tokyo (Tokyo) 5h15 Pendant les cours (3 fois 1h45)
3 CL 22 Otaru (Hokkaido)
15h Les cours, les heures avec le cercle et les moments avec mes amis
4 YA 21 Nagoya (Aichi)
10-14h /
5 CH 23 Seijo (Tokyo) / tous les jours
6 EL 22 Kyushu (Fukuoka)
3h Pendant les cours à l’oral et le week-end avec les familles d’accueil
NO « Peu de temps (le temps des cours) »
NO a dit que : « en dehors des cours, il était difficile de se faire des amis japonais, et même en cours, les japonais ne viennent pas forcement nous parler. Même quand on leur pose des questions, ils sont trop timides (surtout les filles) »
NO « Beaucoup de mes amies ont vécu des situations de racisme. »
NO « Dans les trains, les japonais ne voulaient pas s'asseoir à coté d'eux. Dans l’ascenseur, même s’ils attendaient l’ascenseur, dès qu’ils voyaient des étudiants étrangers dedans, ils ne rentraient pas, etc. »
Analyse – les amis japonais
Analyse – les amis japonais NO appelle ses amis « camarades » parce qu’« on
ne se voyait pas en dehors des cours, et on ne parlait pas vraiment en dehors des cours. » Donc
ils n’étaient pas vraiment des amis pour elle.
Cependant, elle avait « deux amis japonais avec qui on mangeait ensemble » Mais ils étaient occupés :
1) À cause de leurs recherches d’emploi
2) Dans des petits travaux à la journée.
MAE avait 3 amis japonais qui vivaient dans la même résidence universitaire qu’elle et elle restait avec eux pendant « des repas à la cantine ou certains week-ends ».
Elle parlait avec eux « en anglais parce que c’était plus rapide et pratique étant donné » que son niveau de japonais était « très bas ».
MAE « J'aurais vraiment aimé venir au Japon avec un meilleur niveau de japonais, ç’aurait été plus simple. »
Difficulté de faire des amis japonais :« surtout si personne ne parlait anglais, parce que mon niveau de japonais était vraiment trop bas »
Analyse – les amis japonais
Analyse – les amis japonais CL a fait 6 amis au Japon. Elle restait avec ses amis
japonais pendant « 3 heures par semaine », mais « pendant les stages nous étions 24h/24 ensemble »
CL « ça c'est plus que je suis assez timide »
Comme elle n'avait « pas forcément beaucoup de cours en commun avec eux », elle « les a surtout rencontré pendant ses stages »
Le stage était « plus une petite semaine de vacances organisée par la faculté qu’un vrai stage »
YA avait « environ 12 » amis japonais et restait avec eux « parfois », mais « pour ceux qui vivaient dans la même résidence que moi, je les voyais plusieurs fois par semaine . Pour les autres, surtout à l’occasion de sorties, principalement les week-ends lorsque tout le monde était libre. »
YA « j'avais de la chance, parce que j'habitais dans la seule résidence où il y avait des étrangers et des japonais. Donc j'ai pu devenir ami avec certains de mes voisins, qui m'ont présenté leurs amis, et je suis devenu ami avec eux, etc. »
Analyse – les amis japonais
YA « À [l’université de] Nagoya, […] l'université séparait beaucoup les étudiants en échange et les étudiants de l'université. Je suivais beaucoup de cours en Anglais, mais les étudiants japonais n'aiment généralement pas trop les cours en Anglais, donc je les rencontrais rarement en cours. […] c'était assez compliqué. (de se faire des amis japonais) »
Analyse – les amis japonais
CH restait avec ses amis japonais « beaucoup de temps » et passait « presque 50% de [son] année avec ces amis »
CH avait 6 amis japonais proches et en tout elle avait une quinzaine d’amis japonais. (ça fait 9 amis japonais avec qui elle parlait à l’Université mais ne voyait pas en dehors de l’Université.)
CH a trouvé qu’il était facile de se faire des amis japonais « car je me sentais à l'aise de parler japonais et que les japonais sont très gentils »
Analyse – les amis japonais
Analyse – les amis japonais EL avait 10 amis qui étaient les tuteurs et deux familles
d’accueil chez qui elle était restée pendant un ou deux week-ends, et qu’elle continuait d’aller voir pendant le week-end.
EL restait avec ses amis « un après-midi par semaine ».
Elle a compté « les 2 parents d'une des familles et la mère de l'autre » (elle ne voyait pas beaucoup le père) et en plus « 4 tuteurs et des étudiants japonais qui étaient en cours [avec elle] ».
Pour EL, Il était difficile de faire des amis japonais (à l’université) parce que les japonais ne viennent pas vraiment parler aux étrangers et on ne suivait pas de cours avec des japonais
Conclusion Les étudiants français ont rapporté qu’il était difficile de se faire des amis japonais parce que :
Ils n’ont pas les mêmes cours avec des étudiants japonais.
Ceux qui sont timides ont plus de difficulté à se faire des amis japonais.
Parce que les japonais semblent timides (aussi) et ils ne prennent pas l’initiative de parler avec des étudiants étrangers.
Conclusion Les conditions d’habitation peuvent influencer leurs chances de se faire des amis locaux.
Rester dans un logement universitaire est bénéfique pour se faire des amis japonais
Cependant, dans certaines résidences, il arrivait que les étudiants étrangers soient séparés des étudiants japonais
Il est peut-être encore plus bénéfique de rester avec une famille d’accueil.
Les étudiants français ont rarement pu profiter de leur séjour au Japon pour parler japonais avec des japonais (ils ne parlaient que peu de temps en japonais)
MERCI BEAUCOUP ! Bibliographie selective.
Badstübner et Ecke (2009) ‘Student Expectations, Motivations, Target Language Use, and Perceived Learning Progress in a Summer Study Abroad Program in Germany’ Die Unterrichtspraxis / Teaching German, Vol. 42, No. 1 (Spring 2009), pp. 41-49
Cambell, R. (2011). ‘The impact of study abroad on Japanese language learners` social networks. New voices,’The Japan Foundation, 5, 25-63.
Kinginger, C. (2008). ‘Language learning in study abroad: Case Histories of Americans in France.’ The Modern Language Journal Monograph Series.Volume 1.
