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Presses Universitaires du Mirail L'inquisition apostolique au Mexique, Histoire d'une institution et de son impact dans une société coloniale (1521-1571) coll. Recherches et documents, Amériques latines by Bernard GRUNBERG Review by: Michel BERTRAND Caravelle (1988-), No. 74 (Juin 2000), pp. 280-283 Published by: Presses Universitaires du Mirail Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40854823 . Accessed: 15/06/2014 00:47 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires du Mirail is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Caravelle (1988-). http://www.jstor.org This content downloaded from 195.34.78.81 on Sun, 15 Jun 2014 00:47:23 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

L'inquisition apostolique au Mexique, Histoire d'une institution et de son impact dans une société coloniale (1521-1571) coll. Recherches et documents, Amériques latinesby Bernard

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Presses Universitaires du Mirail

L'inquisition apostolique au Mexique, Histoire d'une institution et de son impact dans unesociété coloniale (1521-1571) coll. Recherches et documents, Amériques latines by BernardGRUNBERGReview by: Michel BERTRANDCaravelle (1988-), No. 74 (Juin 2000), pp. 280-283Published by: Presses Universitaires du MirailStable URL: http://www.jstor.org/stable/40854823 .

Accessed: 15/06/2014 00:47

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tion militaire de 1 992 sont venues rappeler que le Venezuela, malgré des atouts considérables, n'avait pas réussi à se sortir des filets du sous-développement dont il porte encore aujourd' hui la plupart des stigmates.

Tels sont, rapidement évoqués, quelques-uns des traits de cette histoire contrastée que F. Langue suit dans la longue durée selon un plan chronologique rigoureux et équilibré. Ce choix lui permet de mettre en évidence la spécificité d'une histoire vénézuélienne profondément et doublement marquée par la dua- lité ethnico-sociale et par la guerre. L'une résulte directement du système écono- mique structuré autour de la plantation qui régna sans partage dans la région après la conquête. L'autre provient des conditions particulièrement douloureuses et violentes dans lesquelles se déroula la « Révolution d'Indépendance », à la fois guerre civile, guerre de caste et guerre internationale. En accordant une atten- tion toute particulière au déroulement d'événements politiques souvent confus

pour le néophyte, ce travail rend accessible au non spécialiste une histoire riche et complexe dont il propose une vision à la fois claire, documentée et précise. La très grande familiarité de l'auteur avec l'histoire coloniale du sous-continent lui permet d'offrir pour cette période des chapitres synthétiques où sa profonde connaissance de l'histoire sociale de ce qui fut la Capitainerie Générale du Vene- zuela et la vice-royauté du Mexique fait merveille. Les comparaisons entre les deux régions qui émaillent le texte tout au long des chapitres consacrés à l'his- toire coloniale sont particulièrement bien venues. Elles permettent notamment de situer et de mesurer toute l'originalité de cette période de l'histoire vénézué- lienne dans le vaste ensemble impérial hispanique. Plus largement, ce travail offre une initiation accessible à tous ceux qui, alertés par les bruits de bottes dont résonne à nouveau régulièrement la vie politique vénézuélienne autant que par les proclamations nationalistes et d'inspiration bolivarienne du nouveau prési- dent H. Chávez, cherchent à replacer ces événements dans une perspective histo- rique. Ce livre remplit enfin un grand vide en étant à ce jour la première syn- thèse disponible en français sur ce pays. Mérite réel qui permet notamment au lecteur de s'interroger sur les liens existant entre les effets dévastateurs des ré- centes catastrophes « naturelles » et les effets pervers du « mal-développement » soutenu indifféremment depuis une quarantaine d'années par les élites nationales

qui se sont succédé au pouvoir. Enfin, cet ouvrage propose, à tous ceux qui sou- haiteraient des approfondissements ponctuels ou des compléments plus larges, des instruments de travail fort utiles sous la forme d'un glossaire et d'une biblio-

graphie particulièrement riches. Par la qualité d'ensemble et l'intérêt de son texte autant que par les outils dont il dispose, le livre de F. Langue constitue indiscu- tablement une référence de première importance sur l'histoire du Venezuela.

Michel BERTRAND Université de Toulouse-Le Mirail

Bernard GRUNBERG.- L'inquisition apostolique au Mexique, Histoire d'une institution et de son impact dans une société coloniale (1521-1571).' Paris, L'Harmattan, coll. Recherches et documents, Amériques latines, 1998.- 236 p.

Avec ce nouvel ouvrage, le spécialiste reconnu de la conquête espagnole du Mexique qu'est son auteur choisit d'abandonner ses territoires familiers pour aborder un thème de recherche qui vient compléter ses approches précédentes. Pourtant, s'il quitte ici l'épée du militaire au profit de la croix inquisitoriale,

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s'éloigne-t-il vraiment de se qui a constitué l'essentiel de ses recherches antérieures ? En réalité, il existe dans cette démarche une véritable logique qui l'amène à étudier la genèse d'une société coloniale après s'être intéressée aux hommes ayant contribué à l'épisode de la conquête cortésienne. Ce faisant, B. Grunberg n'hésite pas à prendre un réel risque, tant le territoire sur lequel il s'aventure à son tour est loin d'être inexploré. On peut rappeler ici combien l'histoire de l'inquisition espagnole, qui avait donné lieu, dans un passé pas si lointain, à une bibliographie copieuse, a été profondément renouvelée depuis une vingtaine d'années. Cette révision historiographique, à laquelle est associée le nom du grand hispaniste français Bartolomé Bennassar, a donné lieu à quelques grands ouvrages, tant en France qu'en Espagne, qui tous restent encore aujourd'hui des références incontournables. De J. P. Dedieu à J. Contreras en passant par la disciple de P. Chaunu, M. Escamilla-Colin ou par H. Kamen, se sont là quelques-uns des historiens qui ont contribué à redessiner la vision d'une institution jusqu'alors perçue en priorité au travers d'une représentation forgée depuis des siècles notamment à partir de la légende noire anti-espagnole.

L'Amérique espagnole ne pouvait rester à l'écart de cet intérêt pour une institution responsable, pour reprendre le titre de la thèse de J. P. Dedieu, de l'administration de la foi. De fait, pour les deux grandes vice-royautés coloniales, tant celle de Mexico que celle de Lima, l'inquisition y a été dans un passé récent un objet d'étude important auquel sont associés les travaux de R. Greenleaf - qui en fut sans doute le pionnier - J. P. Tardieu ou S. Alberro. C'est dire que la publication de B. Grunberg contribue à enrichir une historiographie déjà abondante.

Fidèle aux approches développées depuis une trentaine d'année par les travaux relatifs à cette institution, l'auteur s'attache en priorité à mesurer l'impact du contrôle exercé par l'inquisition sur la société coloniale de la Nouvelle-Espagne durant le premier âge de son existence. C'est en effet là l'un des premiers traits caractéristiques de ce travail qui s'attache à l'étude de la période qualifiée « d'apostolique » dans l'histoire de l'inquisition aux Indes. Durant ce demi-siècle, cette dernière resta placée sous l'autorité d'un inquisiteur apostolique en l'absence de toute structure ou appareil inquisitorial, tout particulièrement d'un Tribunal. Ce n'est qu'avec la création de ce dernier en 1571, à Mexico, que débute le deuxième âge de l'histoire de cette administration répressive en Nouvelle-Espagne, aujourd'hui bien connu grâce notamment aux travaux de S. Alberro. Dans le même temps, et c'est là un second trait qui oriente la travail de B. Grunberg de manière décisive, l'auteur choisit de placer ses pas dans ceux de P. Chaunu à qui il dédicace d'ailleurs son travail. Ce faisant, c'est bien plus à une histoire des comportements qu'à celle de la procédure inquisitoriale elle-même que s'attache ce travail. Son objectif est bien de dresser un tableau des mentalités à travers les délits poursuivis par les inquisiteurs de Nouvelle-Espagne. Pour cela, B. Grunberg exploite 687 procès, tous retrouvés dans la très riche série Inquisición de l'Archivo General de la Nación de Mexico.

La simple répartition chronologique de ces procès relatifs aux aux années 1521-1571 dessine d'emblée les trois grandes phases d'activité de cette inquisition apostolique: 1527-31, 1534-42, 1561-71. La première période correspond à l'époque monastique de l'inquisition, la deuxième à celle de l'action du premier évêque de Mexico, J. de Zumárraga, la dernière enfin à celle des résistances vis-à-vis de la réception des canons du Concile de Trente. Bien

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que cette courbe de fréquence aurait pu servir de colonne vertébrale à l'ouvrage en lui imprimant une démarche chronologique, l'auteur préfère suivre un plan thématique construit à partir des diverses causes de poursuites enclenchées par l'inquisiteur apostolique. Ce sont ainsi sept types de délits qui servent de charpente à l'ouvrage, allant de l'idolâtrie - imputable par définition aux Indiens - à la bigamie ou aux délits divers en passant par les blasphèmes et autres comportement hérétiques, superstitieux ou relevant de la sorcellerie.

C'est ainsi à l'élaboration d'un vaste tableau de ce que l'Eglise de Nouvelle-

Espagne percevait comme les turpitudes inadmissibles d'une société coloniale en

gestation que contribue cette enquête dont l'un des intérêts n'est autre que de contribuer à nuancer les idées toutes faites que l'on pourrait encore avoir sur cette institution. Dès avant la création du Tribunal de Mexico, l'inquisition apostolique s'attaqua en priorité aux vieux chrétiens comme en témoigne la part prise par les poursuites relatives aux blasphèmes, aux paroles malsonnantes ou aux comportements hérétiques. Tous confondus, ces délits représentent la moitié de ceux qu'elle s'acharna à poursuivre. Ces délits, largement dominants en termes quantitatifs, contribuent par ailleurs à dessiner la chronologie évoquée précédemment. Les premières poursuites concernent d'abord le monde des

conquistadores parmi lesquels le blasphème reste le délit le plus commun. Une décennie plus tard, l'évêque J. de Zumárraga concentre son attention sur les

hérétiques et accessoirement sur les I ndiens qui constituent alors l'un des gibiers de choix de l'inquisiteur. Enfin, la résistance à l'acceptation des conclusions du Concile traduit en priorité le difficile contrôle de l'Eglise sur les diverses

composantes d'une société colo niale en voie de stabilisation. A l'inverse, la première raison d'être de l'inquisition, tout au moins en

Espagne à ses débuts, à savoir la poursuite des judaïsants et des morisques, ne représenta durant cette période apostolique qu'une petite fraction des délits

pourchassés. De la même manière, la persécution des populations indiennes, suspectes d'idolâtrie, malgré l'attention qui leur a été portée par l'historiogra- phie, ne constitua qu'une partie infime des délits auxquels s'attaqua l'inquisition. Les 52 cas d'Indiens ayant donné lieu à procès n'atteignent pas les 8% de l'ensemble de l'activité inquisito riale entre 1521 et 1571. Cette faiblesse

quantitative ne peut cependant occulter l'importance de l'action de l'évêque Zumárraga, tout particulièrement en ce qui concerne son action extirpatrice. Comme le démontre l'auteur, cette dernière se tourna en priorité vers ceux qui gouvernaient, qui furent l'objet de la moitié des poursuites et représentèrent les 2/3 des condamnés. La destination de l'action inquisitoriale explique sans doute tout à la fois l'écho et l'attention accordés à cette activité. Pourtant, très

précocement, elle se désintéressa de cette fraction de la population coloniale

pour se concentrer sur ses cibles de prédilections. A partir de 1547 le Saint- Office dédaigna ostensiblement toutes les affaires d'idolâtrie comme de sorcellerie impliquant des indigènes. C'est dire que, même si les Indiens restaient soumis encore officiellement à l'inquisition jusqu'en 1571, elle s'en désintéressa bien plus précocement.

Avec ce travail, très clairement construit et s'appuyant sur de nombreux

exemples explicites, B. Grunberg propose une étude particulièrement utile et accessible sur un sujet qui retient encore et toujours l'attention de nombre de

spécialistes autant que d'un plus vaste public de curieux. Son ouvrage, très

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synthétique, facile d'accès, disposant d'outils de travail fort utiles, satisfera à ce titre autant les uns que les autres.

Michel BERTRAND Université de Toulouse-Le Mirail

Thomas M. COHEN.- The fire of Tongues, Antonio de Vieira and the missionary church in Brazil and Portugal.- Stanford University Press, Stanford, 1998.- 241 p. + bibliographie et index.

Le personnage de Antonio de Vieira occupe une place tout a la fois essentielle et particulière parmi les évangélisateurs portugais du Brésil colonial. La grande renommée qu'il sut s'acquérir, l'écoute qu'il obtint auprès de ses contemporains et la place qu'il occupe, depuis sa mort, dans le panthéon de. la Compagnie de Jésus font de lui un membre à part entière au sein du groupe que constituent les missionnaires qui, comme Bartolomé de Las Casas un siècle plus tôt, ont toujours suscité des opinions tranchées et controversées. En ce sens, la bio- graphie proposée par Thomas Cohen permet de revenir sur un parcours de vie qui s'inscrit pleinement dans l'histoire coloniale portugaise du XVIIe siècle et peut permettre d'en dégager quelques traits essentiels. Car le missionnaire jésuite, né à Lisbonne en 1608, fut bien plus qu'un simple évangélisateur auprès des populations amérindiennes. A la manière d'un Bartolomé de Las Casas, l'inspirateur de la réforme des Lois Nouvelles de 1542 imposées dans l'empire d'Espagne avec les difficultés que l'on sait et avec lequel il est difficile de ne pas établir un certain parallèle, Antonio de Vieira se préoccupa de réfléchir aux problèmes du système colonial afin d'en proposer une réforme radicale, suscep- tible d'en transformer profondément le fonctionnement et les finalités. L'idée centrale du projet de ce missionnaire résidait sans doute dans sa préoccupation d'unifier l'Eglise portugaise avec celle présente dans sa colonie américaine sous la houlette de la Compagnie promue au rang de guide. Pour lui, dans la distinction imposée depuis la métropole avec la périphérie coloniale résidait le principal obstacle à une profonde, juste et efficace action missionnaire. Dans le même temps, il admettait la spécificité de la situation coloniale imposée notamment par la présence des populations amérindiennes. Les termes de ce débat, s'ils étaient souvent mal entendus, n'étaient pourtant pas neufs : ils remontaient en fait à l'époque de Manuel da Nóbrega qui, un siècle plus tôt, en avait posé les fondements lorsque, avec ses autres frères, il avait mis en place le réseau des missions coti ères du Brésil. Dès cette époque, les critiques adressées par les bons pères à la société coloniale naissante étaient déjà très vives. Et la situation n'avait pas radicalement changé quand, vers les années 1650, Antonio de Vieira reprit et la réflexion et le débat sur les relations à établir entre mission et colonisation au milieu du XVIIe siècle.

Dans cette perspective, l'étude proposée ici apparaît comme un utile retour sur un personnage hors du commun. Cependant, négligeant d'en proposer une biographie linéaire depuis la naissance jusqu'au décès, elle s'attache à réfléchir sur ses prises de position à partir des années 1653, date à laquelle le remuant missionnaire devenait supérieur des missions d'Amazonie. L'hypothèse de Thomas Cohen consiste à affirmer qu'Antonio de Vieira resta jusqu'à la fin fortement imprégné par son expérience missionnaire au Brésil, même s'il dut abandonner le pays entre 1661 et 1681, après l'échec de sa politique de

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