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L'INSTITUT NATIONAL DE LA RECHERCHE AGRONOMIQUE ET L'ENVIRONNEMENT par Bernard CHEVASSUS, Conseiller du Président de l'INRA et Patrick LEGRAND, Secrétaire Général de la Cellule Environnement Deux des neuf missions dévolues à l'INRA par le décret* qui en 1984, en fit un Etablissement Public à caractère Scientifique et Technique touchent à des questions d'environnement. Font en effet explicitement partie des compétences de l'Institut : - l'inventaire des ressources du milieu physique (sol, microclimat et réserves hydriques) et l'étude de leur exploitation, - la protection, la sauvegarde et la gestion rationnelle des ressources naturelles et de l'espace rural. Dans le contexte actuel, l'INRA se devait de présenter la façon dont il remplit ces missions et les perspectives de l'évolution de son investissement dans le domaine de l'environnement. A. PRESENTATION GENERALE En raison de la nature même de l'agriculture et du fait des disciplines que l'Institut rassemble. l'INRA a été très tôt impliqué dans des travaux concernant l'environnement. Dans certains domaines, comme la lutte biologique, l'écotoxicologie, l'hydrobiologie, la pollution des industries agro-alimentaires, il existe une sorte de tradition de recherche environnementale déjà ancienne**. Cependant l'environnement n'a pas d'emblée été considéré comme un thème structurant pour les programmes. La montée des préoccupations environnementales, vers la fin des années 70, a ensuite conduit pour certaines thématiques à une accentuation progressive de l'effort de recherche et à une forme de coordination systématique sur la base de dispositifs légers. L'accélération récente de cette évolution, la confirmation et le retentissement des dysfonctionnements globaux ("planétaires") ou locaux et la mutation des contextes politiques et sociaux ont poussé l'Institut, dès 1989, à consolider les dispositifs en place, à identifier des programmes spécifiques et à les recomposer en partie sur quelques axes prioritaires. Plus récemment, c'est l'intégration systématique de la préoccupation de l'environnement dans les programmes sans finalité environnementale affichée qui a été amorcée. * Décret n°84 - 1120 du 14 décembre 1984 (J.O. du 16 décembre 1984). ** cf. notamment l'INRA et l'environnement - inventaire des recherches, 1972 - 98 p. courrier de la cellule environnement n° 12 problématiques et débats - octobre 1990

L'INSTITUT NATIONAL DE LA RECHERCHE … · en 6 directions scientifiques. Géographiquement, 22 centres les accueillent et environ 70% du personnel est localisé en dehors de la région

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L'INSTITUT NATIONAL DE LA RECHERCHE AGRONOMIQUEET L'ENVIRONNEMENT

par Bernard CHEVASSUS, Conseiller du Président de l'INRAet Patrick LEGRAND, Secrétaire Général de la Cellule Environnement

Deux des neuf missions dévolues à l'INRA par le décret* qui en 1984, en fit un Etablissement Public à caractèreScientifique et Technique touchent à des questions d'environnement.Font en effet explicitement partie des compétences de l'Institut :- l'inventaire des ressources du milieu physique (sol, microclimat et réserves hydriques) et l'étude de leurexploitation,- la protection, la sauvegarde et la gestion rationnelle des ressources naturelles et de l'espace rural.Dans le contexte actuel, l'INRA se devait de présenter la façon dont il remplit ces missions et les perspectives del'évolution de son investissement dans le domaine de l'environnement.

A. PRESENTATION GENERALEEn raison de la nature même de l'agriculture et du fait des disciplines que l'Institut rassemble.l'INRA a été très tôt impliqué dans des travaux concernant l'environnement. Dans certainsdomaines, comme la lutte biologique, l'écotoxicologie, l'hydrobiologie, la pollution desindustries agro-alimentaires, il existe une sorte de tradition de recherche environnementale déjàancienne**. Cependant l'environnement n'a pas d'emblée été considéré comme un thèmestructurant pour les programmes.

La montée des préoccupations environnementales, vers la fin des années 70, a ensuite conduitpour certaines thématiques à une accentuation progressive de l'effort de recherche et à une formede coordination systématique sur la base de dispositifs légers.

L'accélération récente de cette évolution, la confirmation et le retentissement desdysfonctionnements globaux ("planétaires") ou locaux et la mutation des contextes politiques etsociaux ont poussé l'Institut, dès 1989, à consolider les dispositifs en place, à identifier desprogrammes spécifiques et à les recomposer en partie sur quelques axes prioritaires.

Plus récemment, c'est l'intégration systématique de la préoccupation de l'environnement dansles programmes sans finalité environnementale affichée qui a été amorcée.

* Décret n°84 - 1120 du 14 décembre 1984 (J.O. du 16 décembre 1984).** cf. notamment l'INRA et l'environnement - inventaire des recherches, 1972 - 98 p.

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Cette évolution n'est probablement pas achevée. Hors l'Institut ou en son sein, la réflexion vabon train et une fois définitivement acquise la légitimité scientifique du questionnementenvironnemental, des interrogations demeurent quant aux programmes, aux méthodes et auxdispositifs.

Pour nourrir ces réflexions comme pour garantir la cohérence de l'évolution, il a paru opportunde faire un point pour préciser comment, à l'heure actuelle, les missions de l' INRA en matièred'environnement sont concrétisées aux plans des thèmes de recherche, des structures et desmoyens.

LES GRANDS THEMES

Pour ce qui concerne la recherche agronomique et à travers la diversité des sujets abordés ou desdisciplines impliquées dans la recherche environnementale, il est possible d'identifier quelquesgrandes directions. Elles constituent à la fois des défis pour la recherche, tant elles nécessitentsouvent d'élaborer des approches originales, et des enjeux socio-économiques importants.

Ces orientations, tout à la fois enjeux et objectifs, sont au nombre de quatre :

• DECRIRE ET COMPRENDRE LES EVOLUTIONS des écosystèmes plus ou moinsartificialisés et de leurs composantes, afin de faire la part des facteurs naturels d'évolution parrapport aux diverses actions de l'homme,

• MIEUX GERER LES FACTEURS DE PRODUCTION afin de réduire les impacts négatifs del'activité agricole,

• AMENAGER ET VALORISER L'ESPACE RURAL, en prenant en compte ses potentialités,ses différents usages et leurs interactions,

• INVENTORIER ET PRESERVER LA DIVERSITE BIOLOGIQUE : diversité des espècespeuplant les agro-systèmes ou diversité génétique au sein d'une espèce donnée.

Elles seront présentées de manière plus détaillée par la suite. S'y ajoutent deux principes dont lamise en œuvre, pour fréquemment recherchée qu'elle soit, n'est pas aisée : la pluridisciplinaritéet l'anticipation.

La pluridisciplinarité est l'une des conditions nécessaires imposées par la complexité desapproches multi-thématiques que supposent presque toujours les analyses environnementales;elle doit se traduire par une coopération effective entre chercheurs d'horizons différents etl'articulation de systèmes théoriques et conceptuels qui, développés isolément, ne s'y prêtentpas toujours.

La nécessité de l'anticipation, elle, découle de deux constats : d'une part, l'importance desenjeux fait qu'il convient d'œuvrer pour précéder l'apparition des dysfonctionnements; il revientalors à la recherche d'identifier le plus tôt possible les évolutions non tendancielles et enconséquence d'avoir produit connaissances et systèmes de référence ad hoc avant laconfirmation des faits. D'autre part, et c'est vrai notamment dans le domaine de la rechercheappliquée, des travaux incomplets peuvent incorporer implicitement les germes de cesdysfonctionnements; il importe donc que progrès ou simple amélioration soient évalués sousl'angle de leurs conséquences potentielles sur l'environnement avant leur mise en œuvre ou leurdiffusion.

LES STRUCTURES DE GESTION ET DE COORDINATION

En 1990, les 8300 agents de l'Institut sont répartis en 25 départements de recherche, regroupésen 6 directions scientifiques. Géographiquement, 22 centres les accueillent et environ 70% dupersonnel est localisé en dehors de la région parisienne.

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Compte tenu du découpage par disciplines (physiologie, pathologie, génétique, etc.) ou parfilières (recherches forestières, élevage des monogastriques, etc.), les recherches sur des thèmesrelatifs à l'environnement sont réparties dans la quasi-totalité des départements (cf. tableau n°2).

Le principe qui a prévalu jusqu'à présent voulait encadrer cette dispersion par des structurestransversales et légères. Il convenait en effet de ne pas appauvrir les questionnements en lessoumettant aux seules approches conventionnelles et de ne pas enfermer ces problématiques, parnature multidisciplinaires et parfois mal cernées du fait de leur nouveauté, dans un seul secteur,voire dans un seul département.

Ce principe n'est pas un dogme. Il correspond à une conjoncture particulière; il est doncsusceptible d'évolution. Néanmoins, dans ce cadre, plusieurs initiatives ont été progressivementprises pour coordonner les travaux et développer la problématique "environnement" dansl'Institut:

• La création*, en mars 1986. d'une "Cellule Environnement", maintenant rattachée à laDirection Générale Adjointe chargée des questions scientifiques (DGAS). Cette unité, placée enposition transversale dans l'organigramme général de l'Institut et fonctionnant en réseau,dispose d'un secrétariat permanent spécifique et compte une quinzaine de chercheurs-membres,qui, tout en continuant à appartenir à leur département, y représentent les principaux secteurs derecherche concernée. Elle est aussi relayée dans les différents centres par un réseau decorrespondants.

Cette Cellule Environnement assure un triple rôle : l'animation de la réflexion et de lacoordination internes, à travers par exemple des séminaires périodiques thématiques ou desactions de plus longue haleine visant à faire le point sur des problématiques particulières (gestiondes ressources génétiques, agriculture biologique,...); leur mise en circulation interne ou le caséchéant leur diffusion vers l'extérieur (avec notamment l'édition trimestrielle d'un "Courrier dela Cellule Environnement", actuellement tiré à 4000 exemplaires et diffusé à environ 75% horsde l'INRA); le suivi des relations avec les administrations ou les organismes de recherche et dedéveloppement concernés et l'assistance aux équipes dans leurs relations avec ces instances.

• La création à la mi-1987** et dans le prolongement d'un groupe de travail ad hoc mis en placedès la fin 1986, d'une commission "Génie Génétique et Environnement" qui a pour butd'identifier et d'évaluer, au cours des recherches et à l'occasion des expérimentations, lesrisques consécutifs à l'utilisation d'organismes génétiquement modifiés; présidée par leDirecteur Général Adjoint chargé des questions scientifiques, cette commission rassemble unevingtaine de chercheurs issus de départements différents ayant engagé des travaux sur de telsorganismes; elle suit les travaux des structures administratives ad hoc qui se mettentprogressivement en place, comme notamment la Commission du Génie Biomoléculaire duMinistère de l'Agriculture et de la Forêt.

Intervenant dans un domaine neuf pour la recherche, ses missions sont pour l'essentielstrictement internes et scientifiques; à ce titre, elle conseille les équipes de recherche pour lasécurité de leurs expériences, prépare, à partir des analyses des programmes, des essais et deleurs bilans, des synthèses méthodologiques scientifiques ou opératoires*** et constitue l'undes moyens de la sensibilisation des chercheurs à la prise en compte des risques dès l'amont duprocessus de recherche, problématique par certains côtés nouvelle et par d'autres passablementcomplexe.

* cf. l'instruction n°86-37 (26.03.86) et la note de service n°90-21 (01.03.90).** cf. les instructions n°87-64 (du 18.06.87 - Structure et missions) et 87-94 (du 06.10.87 - Composition).*** C'est par exemple ce cadre qui a suscité l'article "Essais en champ: savoir ce que l'on transfère" de FrancineCASSE-DELBART et Mark TEPFER, membres de la commission, paru dans le numéro de Biofutur de juin1990.

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Cette démarche part du principe que l'évaluation préalable des impacts et la sécurité del'expérimentation font partie intégrante du travail de recherche et sont de la responsabilité pleineet entière de la recherche publique. Elle vise aussi à apporter à un débat qui légitimement dépassele strict cadre scientifique, les éléments de clarification que doivent lui apporter les chercheurs*.

• Le lancement en 1989 d'un programme mobilisateur. AGROTECH. Ce programme quel'Institut a doté à partir de ses fonds propres d'un budget de 18 millions de francs sur 3 ansdestinés à compléter les moyens ordinaires des équipes engagées, a pour ambition de contribuer"à la connaissance et à la gestion de la biosphère domestiquée pour l'agriculture de demain".

* cf. sur le sujet : l ' INRA, l'environnement et le génie génétique", intervention de G. PAILLOTIN lors del'installation de la Commission Génie Génétique et Environnement, parue dans le n°3 du Courrier de la CelluleEnvironnement -janvier 1988.

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Il comprend cinq volets (tableau 1) complémentaires aux plans des thématiques et des échellesd'approche dont certains s'articulent directement sur les grands programmes nationaux ouinternationaux ayant trait à l'environnement planétaire et notamment le programme InternationalGéosphère-Biosphère (IPBG). Initié la première année par appel d'offres interne, ce programmeest susceptible de s'ouvrir ultérieurement à des partenaires extérieurs, aux plans desfinancements, de la thématique ou de l'exécution des travaux (aux ministères concernés commeà d'autres organismes...)-

Tableau 1

LES THEMATIQUES DU PROGRAMME "AGROTECH"Durée: 3 ans (1990-1993)

Titre abrégé Titre

I. PRODIGE Protection et Gestionde la Diversité Génétique Exploitable

2. AGIR Adaptation et Gestion des Intrantsdans le Respect de l'Environnement

- volet Hydrologie Surface- volet Cycles Biogéochimiques- volet Systèmes Cohérents

3. AGRESTE Approche d'une Gestion Raisonnée Extensivedes Espaces Agrosylvopastoraux

- volet Agroforesterie- volet Productions Animales Extensives

4. GER Méthodes de Gestion de l'Espace Rural

5. EFFET Estimation des Flux Gazeux dans les EcosystèmesTerrestres et Conséquences Agronomiques à Long Terme

Comité de Programme

Personnalités extérieures

Z. MASSOUD, IFREMERB. SAUGIER, Univ. Paris VIJM. LEGAY, Univ. Lyon IM. LEFEUVRE, Muséum Hist. Nat., ParisM. MOREAUX, Univ. Se. Soc, ToulouseL. THALER, USTL, Montpellier

Président : JC. REMYChargé de Mission : S. DE PARCEVAUX

Membres INRA

A. COLENOB.BJBEJ. CRANNEYC. BERANGERJ. LECOMTE

• La décision prise en mai dernier par la Direction du secteur des Productions Végétales d'incluresystématiquement, et notamment pour des actions de recherche n'ayant pas de finalitéenvironnementale, une évaluation de l'impact sur l'environnement dans chaque projet de

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programme ou d'Action Incitative Programmée (AIP) lors de leur élaboration et à l'occasion deleur bilan.

Cette décision engage la mise en place d'un dispositif scientifique qui devrait à terme permettred'identifier de manière rigoureuse et sur un large spectre les conséquences connexes de résultatsattendus, d'en assurer la maîtrise dès le niveau de la recherche ou de prévoir les dispositifsadaptés à la réduction des effets indésirables. Il s'agit là d'une démarche prospective dont ledétail est encore à mettre au point.

Cette présentation fait apparaître qu'à côté de l'effort concernant les programmes et lesproblématiques, la prise en compte de l'environnement conduit à innover en termes de structureset de missions. L'intégration de l'environnement par l'Institut prend donc diverses formes et,progressive, l'évolution n'en est pas moins notable. Ce processus devrait se poursuivre.

LES COOPERATIONS

La multiplicité des coopérations, traditionnelle dans le domaine de la recherche, est en matièred'environnement accrue pour plusieurs raisons : la dispersion des thématiques et des disciplinesimpliquées; la généralisation rapide et récente de la préoccupation; la pluralité des acteurs et ladiversité des niveaux ou des degrés de réflexion ou d'action.

La coopération se décline donc sur des modes extrêmement diversifiés, de la relationinter-individuelle à la collaboration institutionnelle permanente ou à la mise à dispositiontemporaire de chercheurs. Pour n'évoquer que le plan institutionnel, l'INRA participe parexemple à bon nombre de structures de coordination et de programmation de la recherche ou yintègre ses travaux, comme :

- au plan international : le Programme International Géosphère-Biosphère (IPBG) pour ce quiconcerne les écosystèmes terrestres, la Commission Internationale pour la Protection des Eauxdu Léman (CIPEL), le Comité Français du Programme Man and Biosphère - UNESCO MAB,ou des instances qui, bien que ne traitant pas exclusivement de problèmes d'environnement, ontà en connaître, comme le Comité Franco-Espagnol de Coopération Scientifique et Technique,etc.;

- au plan national : certains programmes du Programme Interdisciplinaire de Recherche enEnvironnement (PIREN-CNRS) comme les programmes "Milieu rural", "Systèmes aquatiquescontinentaux" et "Bassins versants"; les comités "Eau", "Sols et déchets solides" et "Ecologie etgestion du patrimoine naturel" du SRETIE (Service de la Recherche du ministère del'Environnement); le CORPEN (Comité d'Orientation pour la Réduction de la Pollution desEaux par les Nitrates et les Phosphates d'origine agricole - structure commune aux ministères del'Agriculture et de la Forêt, et de l'Environnement), etc. L'Institut s'est aussi vu confier, dès1983, l'animation du Programme National de Recherche sur le Dépérissement des Forêtsattribué à la Pollution Atmosphérique (DEFORPA), et exécute des recherches pour les différentsservices du ministère de l'Environnement, les Parcs Nationaux, l'Agence Nationale pour laRécupération et l'Elimination des Déchets (ANRED), etc.;

- au niveau régional, l'Institut intervient tant à la fois au plan de l'élaboration des programmesou à celui de leur pilotage ou comme prestataire de recherche sur des thématiques très diverses,suscitées par des interrogations locales comme la gestion de pollutions (Groupements d'IntérêtScientifique Bretagne ou des Marais de l'Ouest), des problèmes d'aménagement raisonné et deprotection de l'environnement (Parcs Régionaux,...), l'Agroforesterie méditerranéenne, lagestion des eaux (en plaine d'Alsace dans le cadre du PIREN-Eau-Alsace, ou pour le compted'Agences Financières de Bassin ou de sociétés privées comme la Société des Eaux de Vittel,. . . ) , la gestion des ressources génétiques régionales (avec par exemple la RégionMidi-Pyrénées), etc.

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Tableau 2

L ' I N R A E T L ' E N V I R O N N E M E N T - E N Q U E T E 1985

SECTEURS

M i l i e u physique

Productionsvégétales

Productionsanimales

Industriesagricoles et

al imentaires

Scienceséconomiques

et sociales

TOTAL

DÉPA RTEMENTS

BioclimatologieScience du sol

AgronomieAmélioration des plantesZoologiePathologie végétale et malherbologiePhytopharmacle - EcotoxicologieRecherches forestièresPhysiologie végétale et biochimie

Génétique animaleNutritionPhysiologie animaleElevage des monogastriquesPathologie animaleHydrobiologieFaune sauvageRecherches zootechniquesElevage et nutrition des herbivores

Biotechnologie des fruits et légumesSciences de la consommationTechnologie glucides et protéinesTechnologie viandeTechnologie laitière

Systèmes agraires et développementEconomie et sociologie rurales

Biométrie

NOMBRE

TOTAL

63102

123231144147589493

11375116591345812779

8043644883

60168

48

2302

DE CHERCHEURS ET D'INGÉNIEURS

"CONCERNÉS"

3560

3512075403535NR

128202123010nrnr

168NRnrnr

3038

23

634

UNITE PLEIN TEMPS

2035

208045202020-

82152222210-

155--

2020

10

411

3234

163431143422-

73133163883-•

1812--•

3312

21

17,8

* Nombre de chercheurs et ingenieurs en "equivalent plein temps"NOMBRE TOTAL

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nr : non répondu

7

%

NOMBRE %

Ces coopérations se doublent bien évidemment d'un nombre relativement important departicipations de chercheurs à titre d'experts ou intuitu personae dans des comités scientifiquesou des commissions à fonctions diverses.

Ce rapide tour d'horizon ne prend pas en compte les coopérations établies pour l'exécutionconjointe de programmes de recherche qui, notamment sous l'influence de la CEE, voient leurnombre s'accroître rapidement.

UNE EVALUATION DES MOYENS MOBILISES

En raison de la structuration de l'activité de l'INRA par disciplines scientifiques, l'évaluationexacte des moyens consacrés à un thème aussi polymorphe que l'environnement est un exercicedélicat dont les résultats doivent être utilisés avec prudence, surtout s'il s'agit d'en tirer descomparaisons ou des tendances.

Trois références dont la convergence est significative permettent de cerner l'effort de l'Institut enla matière :

- une enquête lancée en 1985 pour le compte du ministère de l'Environnement recensait àl'INRA environ 650 chercheurs et ingénieurs (sur environ 2300) "concernés" par les problèmesd'environnement, représentant une activité totale équivalente à environ 400 chercheurs à tempsplein (tableau 2);

- une évaluation du budget "environnement" dans le cadre du Budget Civil de Recherche et deDéveloppement 86 fournissait une fourchette de 300 à 530 millions de francs, soit 16 à 29% dubudget total de l'Institut;

- l'appel d'offres AGROTECH, qui ne recouvrait qu'une partie de la thématique environnement,a mobilisé au total 1017 chercheurs et ingénieurs représentant 296 "plein temps" (tableau 3).

ON PEUT DONC EVALUER A ENVIRON 20 A 25% LA PART D'ACTIVITE DEL'ORGANISME CONSACRE A LA RECHERCHE SUR L'ENVIRONNEMENT.

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Tableau 3

REPONSES A L'APPEL D'OFFRES AGROTECH 1989

Projet Nombre de Equivalent chercheurs Nombre dedéclarations à temps plein chercheurs

impliqués

PRODIGE 41 115 356

AGIR 38 92 286

AGRESTE 26 62 180

EFFET 7 19 97

GER 22 18 98

Total 134 296 1017

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B. PRESENTATION DES GRANDS THEMESI. DECRIRE ET COMPRENDRE LES EVOLUTIONSLes caractéristiques physiques, chimiques et biologiques de notre environnement manifestentsouvent des évolutions plus ou moins rapides pour lesquelles la liaison avec des activitéshumaines est fréquemment difficile à établir et surtout à quantifier : fluctuations d'abondanced'espèces nuisibles ou utiles, fluctuations climatiques, modifications de la composition chimiquedes eaux, de l'air et des sols. L'analyse de l'influence respective des phénomènes "naturels" etdes diverses actions de l'homme constitue un préalable indispensable à la recherche dessolutions adaptées et suppose un important effort de recherche pour :

- décrire précisément révolution des phénomènes : cela suppose souvent de disposerde séries chronologiques relativement longues, qui doivent parfois être reconstituées par desméthodes indirectes (par exemple l'utilisation de la dendrologie pour reconstituer les sériesclimatiques) et poursuivies par la mise en place d'observatoires permanents. Cela impliqueégalement des recherches méthodologiques et technologiques pour mettre au point des outils demesure (par exemple pour connaître l'abondance des populations animales, mesurer desconcentrations ou des flux, ou pour suivre en continu les apports de phosphore à un lac);

- identifier les causes possibles : des méthodes originales doivent être développées, parexemple pour séparer les différentes sources de nitrates ou de phosphates parvenant dans leseaux ou pour quantifier la part des diverses sources naturelles ou humaines de méthane ou degaz carbonique atmosphériques.

Pour aboutir à des résultats fiables, ces recherches doivent souvent s'inscrire dans la durée,d'où la nécessité d'une reconnaissance par la communauté scientifique et d'un soutieninstitutionnel important.

Principaux programmes

- Forêts, climats et pollution atmosphérique : l'INRA participe à un programmecoordonné au niveau européen sur ce thème (DEFORPA). Lancé dès 1984 dans une optique trèscentrée sur le dépérissement forestier en liaison avec la pollution atmosphérique, ce programmea montré la nécessité de prendre en compte d'autres causes possibles d'évolution de laproductivité des massifs forestiers : séquelles d'événements climatiques (sécheresse, froid),attaques parasitaires, carences nutritionnelles...*

- Evolution climatique à long terme : un des volets du programme AGROTECH, le projet"EFFET", représente la contribution de l'INRA à cette préoccupation internationale. Il a pourbut de fournir aux modélisateurs du climat mondial des estimations de flux gazeux issus de labiosphère terrestre (en particulier CO2, NH4 et oxydes d'azote) et de prévoir les comportementsdes espèces végétales et animales d'intérêt agronomique à des changements climatiquesprofonds.

- Evolution physico-chimique des sols et des eaux : l'accent est mis particulièrementsur le devenir des fertilisants, des pesticides et herbicides et des métaux lourds (projet "AGIR"d'AGROTECH décrit ultérieurement).

- Dynamique des populations animales : le phénomène de fluctuations d'abondance despopulations animales concerne aussi bien les populations de ravageurs (insectes nuisibles,rongeurs, étourneaux), d'auxiliaires (insectes utiles) que des populations exploitables (poissons,gibiers).

* cf. notamment BONNEAU M. 1988 - "Dépérissement des forêts : où en est-on ?" in Courrier de la CelluleEnvironnement n°3.

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La dynamique de ces phénomènes dépend de la biologie et de l'écologie propre de chaqueespèce et peut parfois nécessiter de nombreuses années d'observation pour être précisée etsurtout interprétée. Ces études sont indispensables pour élaborer des méthodes de lutte ou desstratégies d'exploitation adaptées.

I I . M I E U X GERER LES FACTEURS DE PRODUCTION

La mise en évidence des conséquences néfastes de l'utilisation massive de certains intrantsagricoles oblige :- à fournir aux utilisateurs des connaissances beaucoup plus fines sur les besoins et le moded'utilisation optimal de ces facteurs de production,- à élaborer des pratiques correctrices permettant de résorber ou de recycler les excédents ou lessous-produits et résidus de culture ou d'élevage,- à proposer des outils d'analyse économique prenant en compte non seulement les effets directsà l'échelle de l'exploitant, mais aussi les effets indirects pour l'entretien ou la restauration de laqualité de l'environnement.

Principaux programmes

Initiés depuis plusieurs années en coordination avec plusieurs administrations, ils ont étérécemment renforcés par le projet "AGIR" d'AGROTECH. Ils concernent :

- La gestion de l'eau. La croissance des besoins en eau de l'agriculture constitue unproblème réel, souligné par les récentes sécheresses. Un important effort a été réalisé et estpoursuivi par l'INRA pour mieux connaître les besoins en eau des plantes, définir les modes deculture assurant une meilleure conservation de la ressource et piloter plus finement l'irrigation(pilotage par la plante, ferti-irrigation). Des études de base sur la génétique de la résistance à lasécheresse ont également été initiées dans une perspective à plus long terme.

En complément, des travaux sur la lutte contre l'érosion des sols par le ruissellement sontégalement développés. Ils s'appuient sur une meilleure connaissance de l'hydrologie de surfacefortement modifiée par les pratiques culturales.

- La fertilisation azotée. L'INRA dispose de nombreuses données sur cette questionactuelle. Sa stratégie d'action s'organise autour de quatre axes :

- soutenir, en coordination avec les partenaires impliqués (CORPEN, ICTA,organisations professionnelles), l'effort d'explication et d'application des acquis de sesrecherches antérieures (méthode du bilan prévisionnel d'azote, évaluation précise de l'apportfertilisant des lisiers, fractionnement des apports, couverture hivernale du sol, ...),

- poursuivre les recherches sur certaines méthodes ou processus utilisables pourdiminuer la pollution azotée : étude de la dénitrification naturelle dans les sols et les eaux,agronomie des cultures hivernales intercalaires, fixation biologique de l'azote atmosphérique,

- élaborer des outils d'aide à la décision à l'échelle de l'agriculteur (logiciels de conduitedes systèmes de culture) ou de la collectivité (analyse économique des diverses méthodesincitatives : quota, taxation, subvention à certaines pratiques),

- développer des analyses régionales afin de mettre en œuvre, en relation avec lesdifférents partenaires, des politiques adaptées (exemple du GIS Environnement en Bretagne, duprogramme VITTEL...).

- Les produits phytosanitaires et vétérinaires. Plusieurs actions en cours visent à unusage mieux contrôlé de ces produits :

- la collecte et la mise à disposition des utilisateurs de données écotoxicologiques surces produits (base de données AGRITOX),

- la mise au point, en relation avec les firmes concernées, de nouvelles molécules plusspécifiques et moins toxiques, ce qui nécessite des recherches de base sur les mécanismesbiologiques de résistance des cibles et l'impact de ces produits sur les écosystèmes,

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- l'élaboration de stratégies de "lutte intégrée" combinant un usage modéré de cesproduits avec d'autres pratiques complémentaires (mode de culture, lutte biologique, plantestolérantes...),

- la recherche de méthodes vaccinales ou d'animaux génétiquement résistantspermettant de réduire l'utilisation des produits antibiotiques ou antiparasitaires dans les élevages.

- Les résidus de l'élevage. L'effort dans ce domaine porte sur :- la réduction des pertes azotées par une connaissance beaucoup plus précise des

besoins alimentaires et des matières premières. De telles approches sont en particulierdéveloppées chez le porc et la truite,

- le traitement des effluents par des dispositifs rustiques de dénitrification chez leséleveurs,

- l'amélioration de l'épandage des effluents d'élevage par une meilleure connaissancedes compositions et des quantités épandues.

- Les déchets de l'agro-industrie. Les dispositifs classiques d'épuration par oxydation dela matière organique sont coûteux en énergie et produisent d'importantes quantités de boues. Ladigestion anaérobie, avec production de méthane, offre une alternative intéressante. La rechercheporte en particulier sur la conception et la conduite de réacteurs biologiques, soit à hauteperformance pour l'industrie sucrière ou les distilleries, soit plus rustiques pour les PMI.

I I I . AMENAGER ET VALORISER L'ESPACELes recherches dans ce domaine résultent d'une double évolution. D'une part, l'espace rural voitadjoindre à sa fonction traditionnelle de production de ressources alimentaires d'autres exigencesde production de biens et de services, notamment de loisirs (pêche, chasse, tourisme vert...). Illui est demandé en outre de continuer à soutendre, même en zones difficiles, une activitéhumaine, la notion de "déprise" étant souvent ressentie, même par les populations urbaines,comme un abandon regrettable. Il en ressort la nécessité d'une diversification des modesd'utilisation de cet espace.

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D'autre part, l'espace rural ne peut plus être considéré comme une mosaïque d'exploitationsindépendantes optimisant localement leurs facteurs de production. En outre, son évolutionapparaît de plus en plus liée à des facteurs externes aux intérêts parfois divergents. Que ce soitsur un plan écologique ou économique, cette interdépendance et cette diversification des acteursimposent d'élaborer des méthodes de gestion de l'espace fournissant aux aménageurs despossibilités de raisonner leur politique.

Principaux programmes

- La sylviculture et l 'agroforesterie. Le projet "AGRESTE" d'AGROTECH se proposede développer, en complément des études plus classiques sur la gestion des grands massifsforestiers, des études sur les petites parcelles où agriculture et sylviculture sont associées. Celasuppose la sélection d'espèces adaptées produisant un bois de qualité (Noyer hybride, Merisier,Douglas...) et l'optimisation des interactions entre production herbacée, élevage et sylviculture.

- Les productions animales extensives. Utiliser plus largement l'espace permetd'envisager des productions animales économes en intrants, fournissant une production dequalité tout en évitant une exploitation '"minière" des ressources naturelles. Deux aspects sontparticulièrement développés :

- la mise au point de systèmes d'élevage extensifs d'herbivores, utilisant soit desespèces traditionnelles (bovins, ovins), soit de nouvelles espèces (cerfs, chevreuils, espèceslocales en milieu tropical),

- la mise au point de systèmes de production aquacoles valorisant la productiviténaturelle de grands plans d'eau vidangeables (étangs) ou non (lacs naturels ou artificiels) etcombinant des phases d'élevage contrôlées et intensives des juvéniles et des phases extensivesde grossissement.

- La méthodologie de description d'un territoire. La description d'un territoire et larépartition des activités agricoles et non agricoles doivent être abordées en identifiant le rôle dumilieu (géomorphologie, hydraulique) et l'impact des activités socio-économiques, y comprisles activités de loisir. La forme des parcelles, la nature des limites, leur position relative ne sontpas le résultat du hasard. L'identification de ces objets, leurs relations dans le temps et dansl'espace obéissent à des règles qu'il s'agit de dégager. Cette approche nécessite un travailinterdisciplinaire sur des territoires concrets, ouverts aux géographes, aux écologues, mettant enœuvre la télédétection, l'informatique, l'analyse d'image ou l'intelligence artificielle.

- L'évolution de l'occupation et de l'utilisation de l'espace rural. Le maintien d'unepopulation dans le milieu rural ne peut plus se fonder sur la seule activité agricole. Ledéveloppement de certains systèmes productifs régionaux viables suppose la complémentaritéentre activités agricoles et non agricoles constituant le tissu de l'économiue régionale. Dansquelles conditions ces systèmes peuvent-ils se développer ? Quels rôles peuvent jouer lestransferts de l'Etat ou des collectivités ?

- La contribution d'une politique d'aménagement de l'espace. Quelle estl'acceptation à payer de la collectivité afin de garder un certain type de paysage ? Par larévélation des préférences du public, peut-on arriver à estimer la valeur des services rendus parl'agriculture pour cette fonction ? Cela nécessite des travaux sur la demande de "nature", enparticulier par des urbains, sur la forêt du point de vue économique mais aussi environnementalet sur les conflits d'usage.

IV . INVENTORIER ET PRESERVER LA DIVERSITE BIOLOGIQUE

La diversité biologique des espèces domestiquées et des formes sauvages apparentées est laplupart du temps connue de manière très partielle. L'affirmation de l'originalité de certainespopulations résulte souvent beaucoup plus de considérations historiques, géographiques ouécologiques que d'une réelle évaluation de leurs caractéristiques génétiques et de leurs

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utilisations possibles. Cette situation est la conséquence à la fois d'un effort encore insuffisantd'inventaire et de limites méthodologiques quant à la possibilité de décrire réellement l'originalitégénétique d'une population. En effet, les caractères d'intérêt zootechnique sont fréquemmentsous le contrôle de systèmes multigéniques dont les gènes sont rarement identifiés et localisés.Cette carence risque de conduire à une érosion de la diversité biologique utilisable, mêmelorsque des efforts de conservation "empiriques" sont réalisés.

Il en ressort la nécessité de développer des outils de caractérisation génétique des populations etdes stratégies de conservation de la variabilité ainsi révélée.

Principaux programmes

Le projet "PRODIGE" d'AGROTECH consolide des actions dans trois directions :

- La caractérisation du génome des espèces d'intérêt agronomique. Ce programme,mis en place sur plusieurs espèces animales (porc, bovins, poule, truite) et végétales (maïs,crucifères) développe en particulier les méthodes suivantes :

- l'analyse du polymorphisme des protéines et des acides nucléiques,- l'analyse cytologique des chromosomes,- la détection des liaisons entre marqueurs moléculaires et caractéristiques quantitatifs.

• L'application à l'étude de l'évolution des populations. Appliquées à despopulations naturelles ou d'élevage, ces méthodes permettent en particulier de mesurer lavariabilité intrapopulations, d'estimer le taux de différenciation et l'importance des échangesgénétiques entre ces populations et de suivre l'introduction de certains gènes "majeurs" d'intérêtagronomique (gène "boroola" de prolificité chez les ovins, gène de qualité laitière chez lescaprins et les bovins...).

- Les méthodologies de conservation. Les efforts portent à la fois sur les méthodes deconservation dormantes (cryopréservation de formes végétatives ou embryonnaires) et sur lesméthodes de conservation dynamiques (gestion des collections, conservation in situ). Dans ledomaine de la cryopréservation, les modèles de travail actuels sont, pour les végétaux, le colzaet le poirier, pour les animaux, le lapin, la chèvre et la truite. En complément de ces étudesexpérimentales, un effort théorique important est fait pour aider à la conservation de la variabilitégénétique dans les populations domestiquées soumises à sélection et pour raisonneréconomiquement les différentes stratégies de conservation.

Conclusion

A l'avenir, l'action de l'INRA devra se développer en tenant compte de deux donnéescomplémentaires.

D'une part, jouissant d'un acquis indéniable, en termes de programmes comme sur le plan deséquipes, acquis récemment constitué par un effort de recomposition et d'élargissement, l'Institutdispose des capacités et de l'expérience nécessaires pour poursuivre l'évolution engagée. C'estsur la base de ce constat que l'INRA s'est fixé la gestion des milieux et l'environnement parmiles quatre thèmes prioritaires justifiant pour le budget 1991 des demandes supplémentaires.

D'autre part, dans le domaine de l'environnement, la politique de recherche de l'Institut ne peutse concevoir sans prendre en compte celles des autres structures publiques de programmation etde recherches investies dans le même défi et soumises aux mêmes impératifs.

Cette orientation a été tout récemment confirmée par la lettre de mission d'Hervé BICHAT,nouveau Directeur Général : "De plus, les missions de l'INRA conduisent cet organisme à jouerun rôle majeur dans le dispositif de recherche sur l'environnement", signée des ministres de

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l'Agriculture et de la Forêt, et de la Recherche et de la Technologie.

Or, dans ce domaine, même si les choix ne sont pas encore tranchés, nul ne niera qu'undispositif renforcé devrait sous peu voir le jour.

Dans cette perspective, les enjeux des années à venir touchent quatre aspects du fonctionnementde l'Institut : les problématiques, les équipes, les structures et la valorisation.

- En ce qui concerne la recherche, il faudra compléter l'ensemble des programmes affichés autitre de l'environnement et en renforcer la cohésion; il conviendra aussi d'assurer simultanémentl'intégration méthodique d'une évaluation environnementale tout au long de l'exécution desprogrammes répondant à d'autres finalités.

- Il s'agira, au plan des équipes, tout à la fois de poursuivre le décloisonnement disciplinaire, dedynamiser chercheurs et personnels investis dans le domaine ou sur ces problématiques, etd'inciter parfois à une mutation des modes de pensée ou des habitudes expérimentales.

- Le troisième enjeu touche à l'adaptation des structures pour aboutir à un dispositif tout à la foisapte à programmer et à gérer une dynamique de recherche puissante mais aussi à donner àl'Institut les moyens d'anticiper sur l'émergence de dysfonctionnement, y compris ceuxrésultant du développement de ses propres travaux.

- Il s'avérera enfin probablement nécessaire d'innover en matière de valorisation et de transfertdes résultats pour en accélérer le passage sur le terrain, la relative nouveauté des problématiquesglobales s'accompagnant souvent dans le domaine de l'environnement d'une certaine urgence. •

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