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7 lire, écouter, voir En Bref Cuisine rapide et équilibrée Fini le tradi- tionnel menu entrée-plat-dessert, et bienvenue aux assiettes complètes et plats uniques ! En 20 minutes, vous préparerez toute l’année des plats légers, riches en vitamines, fibres et protéines. Soupes et salades com- plètes, plats cuisinés… Les cinquante recettes s’adaptent aux appétits et goûts de chacun. Des pictogrammes vous indiquent si la recette est sans gluten, sans lactose, végétarienne ou végétalienne > Je compose mes assiettes complètes, Amandine Geers et Olivier Degorce, Terre vivante, 2014, 118 p., 12 euros Bon anniversaire ! Un an après sa création, le magazine Lutopik, journal trimestriel dont le siège est dans le Doubs, sort un numéro d’été qui fait la part belle aux « Nomades d’aujourd’hui » : saisonniers, forains, bateliers et gens du voyage. « Grâce à notre bon vieux camping-car, qui nous emmène de lieu en lieu, nous pouvons passer du temps avec des gens qui vivent et travaillent autrement, et se battent pour faire bouger les lignes », peut-on lire en première page. > Lutopik n°4, 4 euros [email protected] 2, Sous-la-côte, 25340 Fontaine-lès-Clerval Des femmes rebelles Michelle Perrot, historienne et écrivain, dresse le portrait de trois femmes engagées, libres et rebelles : Olympe de Gouges (1748-1793), Flora Tristan (1803-1844) et Georges Sand (1804- 1876). Amoureuses émancipées, voya- geuses « en un temps qui réprouvait les "aventurières" », femmes d’écriture, elles furent engagées dans les luttes contre l’esclavage, la domination des femmes et l’exploitation des prolétaires. « Toutes les trois ont été objets de violences directes ou symboliques, publiques ou privées » ajoute l’auteur. > Des femmes rebelles, Olympe de Gouges, Flora Tristan, Georges Sand, Michelle Perrot, elyzad poche, 2014, 219 pages, 9,90 euros Une autre vision du monde Orbs, l’autre planète, est peut-être porteur d’un élan qui, au-delà des informations, peut nous faire entrevoir et ressentir une autre vision du monde. C’est en ces termes que Maxence Layet présente cette revue trimestrielle, à la croisée des arts, des sciences et des cultures. Piochés au fil des pages, vous lirez la géométrie cachée des fleurs ; la diversité monétaire (entretien avec Bernard Lietaer) ; ou encore l’expérience de mort imminente. > Orbs, l’autre planète, N° 1, le Capitalhumain Editions,2013, 192p., 22 euros. C ’est un choix entre la guerre et la paix. C’est un choix entre l’abondance et la rareté. C’est un choix entre les maladies, les toxiques, et la santé. » Pour voir l’activiste indienne Vandana Shi- va expliquer cela à des parlementaires européens, il suffit de faire un petit tour sur Internet : Stenka Quil - let et Clément Montfort, les réalisateurs du documen- taire La guerre des graines (1), ont obtenu l’accord de France Télévision pour laisser le visionnage de leur film en accès libre (2). Contrairement aux semences vendues par Monsanto, l’adresse internet sur laquelle on peut voir ce documentaire peut donc se repasser entre voisins en toute légalité… Dans le sillage de Vandana Shiva, ce 52 minutes fait un tour d’horizon de la problématique des semences. « On veut faire de ce que la nature a créé pour nous une marchandise », résume l’eurodéputé belge Phi- lippe Lamberts (Les Verts). Si vous pensiez tout savoir sur le sujet, vous en apprendrez encore certainement un peu en regardant ce documentaire. Mais, surtout, si vous souhaitez alerter des proches sur les enjeux de cette question, montrez leur : La guerre des graines est un parfait outil de sensibilisation. « MONSANTO POURRA PRIVER LA FRANCE DE SEMENCES… » Le décor est posé dès les premières secondes. « De- puis 12 000 ans, les paysans sèment, sélectionnent et échangent librement leurs graines. Cette pratique an- cestrale est en péril : sur la planète, cinq multinatio- nales, des géants de la chimie devenus producteurs de semences, contrôlent la moitié du marché. Et elles ont un projet : devenir propriétaires des graines. » « Le sélectionneur (…) qui fabrique une nouvelle variété est quand même empoisonné par le fait qu’il suffit de ressemer le grain récolté pour la reproduire, explique l’ingénieur agronome Jean-Pierre Berlan. (…) Donc, c’est une très vieille revendica- tion des sélectionneurs de créer une forme de droit de propriété sur le vivant. » Et c’est chose faite : la plupart des paysans doivent acheter leurs semences à l’une des cinq multinationales du secteur et, lorsqu’ils replantent des graines de leur récolte, ils doivent leur verser des « royalties ». « LA NIQUE AUX SEMENCIERS » Les grands semenciers deviennent ainsi incontour- nables. Monsanto, par exemple, vend un tiers des semences de maïs du marché français. « Ça a un impact sur l’autonomie des paysans [et sur] la sécu- rité alimentaire, explique le responsable du réseau Semences paysannes, Guy Kastler. Monsanto pourra priver la France de semences le jour où il se sera tout approprié. » Ce qui confère au groupe au pouvoir gigantesque : « Peut-être que le gouvernement, en France, sera obligé (…) d’accepter les OGM parce que Monsanto lui dira : "Attention, moi je déclenche une révolution chez toi si tu veux pas accepter mes semences OGM." » Mais si La guerre des graines explique les dangers du système promu par les multinationales, il montre aussi que le combat n’est pas perdu, notamment grâce à ceux qui résistent, chacun à sa manière, aux appétits des géants des biotechnologies agricoles. Il y a, bien sûr, les incontournables : Vandana Shiva, José Bové, l’association française Kokopelli qui vend illégale- ment, au nez et à la barbe des multinationales, des graines de toutes sortes… On découvre aussi des ré- sistants plus anonymes : l’agricultrice Marie Durand, qui « fait la nique aux semenciers » en cultivant un maïs population, c’est à dire un maïs qui n’est pas ins- crit au catalogue et qui est donc libre de droit ; Chris- tian Dalmasso, agriculteur et boulanger qui fabrique son pain avec les différents blés population qu’il cultive lui-même ; René Balme, le maire de Grigny- sur-Rhône, qui se place ouvertement dans l’illégalité afin de ne planter dans sa commune que des graines achetées à Kokopelli… A voir et à faire voir. 1- Production : OnYva! Média 2- blog.francetvinfo.fr/guerre-des-graines un doc qui se repasse savoir " La guerre des graines " Le film documentaire La guerre des graines explique comment et pourquoi le brevetage des semences, orchestré par une poignée de multinationales, bouleverse l’histoire de l’agriculture et menace la population mondiale. Le vécu des coopératives sur les planches F in de la pièce La coopérative, dans la salle polyvalente de Saint-Julien-en-Saint-Al- ban, en Ardèche. Le rideau ne tombe pas, mais Amélie Chamoux et Laurent Ey- raud-Chaume, comédiens et auteurs du spectacle, ont un petit mot de remerciements : « Pour nous, c’est incroyable de jouer dans une AG ! » La plupart des spectateurs sont des associés et salariés de la Scop Pollen, une coopérative d’activité et d’emploi. Pour son départ à la retraite, l’ancien gérant a voulu organiser une assemblée générale un peu particulière… Et, justement, La coopérative met en scène les salariés d’une Scop confrontés à la défection de leur dirigeant : Jean-Marc, ancien leader syndical, s’est battu pour que l’entreprise soit reprise par ses travailleurs lorsqu’elle était menacée de fermeture. Mais aujourd’hui, laissé seul aux commandes de la coopérative, il est dépassé et accumule les erreurs de gestion. Les associés-sala- riés vont devoir réapprendre à coopérer, et prendre leur entreprise en main pour la sauver de la faillite. Rien de commun, en soi, avec la réalité de la Scop Pol- len. Mais la fiction soulève des questions qui se posent dans la vie de tout projet coopératif : comment partager les responsabilités au quotidien ? Comment s’éman- ciper du rapport de subordination dans lequel nous sommes habitués à travailler depuis des générations ?  COPRODUITE PAR LES CHEMINOTS Attachés aux valeurs de l’éducation populaire et à une création artistique accessible, capable de « s’inviter par- tout », Amélie Chamoux et Laurent Eyraud-Chaume aiment quand le théâtre se télescope ainsi avec la réalité. Ils ont écrit leur spectacle après avoir rencontré des sala- riés de coopératives, qui leur ont raconté la vie dans leur entreprise. Et ça se sent : la pièce est nourrie de choses vécues, et décrit bien les tâtonnements nécessaires pour arriver à une gestion véritablement partagée. Drôle et parfois émouvante, La coopérative est un hy- bride entre le conte et le théâtre. Tout de noir vêtus, les comédiens alternent les moments de récit et de jeu, où ils campent à eux deux une bonne dizaine de personnages différents. Le jeu de guitare et les percussions vocales de Lionel Blanchard créent une atmosphère autour du décor minimaliste : deux chaises et un carré dessiné au sol. Quelques accessoires permettent de symboliser les personnages, caricaturés avec une certaine tendresse : Sylvette, la comptable pète-sec et entièrement dévouée à l’entreprise ; Stéphanie, qui se fait appeler Aurore après un stage de développement personnel ; Arnaud, ancien cadre dans la finance venu se mettre au vert et donner un sens à sa vie ; ou encore Manu, la jeune mili- tante exaltée... La compagnie Le pas de l’oiseau est basée à Veynes, dans les Hautes-Alpes, où elle propose des ateliers artis- tiques et cherche à travailler avec le territoire. Laurent Eyraud-Chaume a fondé en 2004 le Fourmidiable, « scène artistique des pays du Buëch » qui anime le Café du Peuple à Veynes. La coopérative a été coproduite par le comité d’entreprise des cheminots de Provence- Alpes-Côte d’Azur (Paca), et par l’Union régionale des Scop Paca. Programmée au Théâtre de la Rotonde (qui appartient aux cheminots) dans le off du festival d’Avi- gnon, elle sera accompagnée de rencontres sur le thème des coopératives. Lisa Giachino La coopérative, Cie Le Pas de l’oiseau, du 5 au 14 juillet à 18h au Théâtre de la Rotonde (Avignon). Texte et jeu : Amélie Chamoux et Laurent Eyraud- Chaume - Création et interprétation musicale : Lionel Blanchard - Collaboration artistique: Nicolas Bonneau - Création Lumière : Olivier Chamoux et Alice Ventalon - Direction d'acteur : Nathalie Tison www.lepasdeloiseau.org Nicolas Bérard

lire, écouter, voir La guerre des graines · autrement, et se battent pour faire bouger les lignes », peut-on lire en première page. > Lutopik n°4, 4 euros [email protected]

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lire, écouter, voirEn Bref

Cuisine rapide et équilibrée Fini le tradi-tionnel menu entrée-plat-dessert, et bienvenue aux assiettes complètes et plats uniques ! En 20 minutes, vous préparerez toute l’année des plats légers, riches en vitamines, fibres et protéines. Soupes et salades com-plètes, plats cuisinés… Les cinquante recettes s’adaptent aux appétits et goûts de chacun. Des pictogrammes vous indiquent si la recette est sans gluten, sans lactose, végétarienne ou végétalienne> Je compose mes assiettes complètes, Amandine Geers et Olivier Degorce, Terre vivante, 2014, 118 p., 12 euros

Bon anniversaire !Un an après sa création, le magazine Lutopik, journal trimestriel dont le siège est dans le Doubs, sort un numéro d’été qui fait la part belle aux « Nomades d’aujourd’hui » : saisonniers, forains, bateliers et gens du voyage. « Grâce à notre bon vieux camping-car, qui nous emmène de lieu en lieu, nous pouvons passer du temps avec des gens qui vivent et travaillent autrement, et se battent pour faire bouger les lignes », peut-on lire en première page. > Lutopik n°4, 4 euros [email protected] 2, Sous-la-côte, 25340 Fontaine-lès-Clerval

Des femmes rebelles Michelle Perrot, historienne et écrivain, dresse le portrait de trois femmes engagées, libres et rebelles : Olympe de Gouges (1748-1793), Flora Tristan (1803-1844) et Georges Sand (1804-1876). Amoureuses émancipées, voya-geuses « en un temps qui réprouvait les "aventurières" », femmes d’écriture, elles furent engagées dans les luttes contre l’esclavage, la domination des femmes et l’exploitation des prolétaires. « Toutes les trois ont été objets de violences directes ou symboliques, publiques ou privées » ajoute l’auteur.> Des femmes rebelles, Olympe de Gouges, Flora Tristan, Georges Sand, Michelle Perrot, elyzad poche, 2014, 219 pages, 9,90 euros

Une autre vision du monde Orbs, l’autre planète, est peut-être porteur d’un élan qui, au-delà des informations, peut nous faire entrevoir et ressentir une autre vision du monde. C’est en ces termes que Maxence Layet présente cette revue trimestrielle, à la croisée des arts, des sciences et des cultures. Piochés au fil des pages, vous lirez la géométrie cachée des fleurs ; la diversité monétaire (entretien avec Bernard Lietaer) ; ou encore l’expérience de mort imminente.

> Orbs, l’autre planète, N° 1, le Capitalhumain Editions,2013, 192p., 22 euros.

C ’est un choix entre la guerre et la paix. C’est un choix entre l’abondance et la rareté. C’est un choix entre les maladies, les toxiques, et

la santé. » Pour voir l’activiste indienne Vandana Shi-va expliquer cela à des parlementaires européens, il suffit de faire un petit tour sur Internet : Stenka Quil-let et Clément Montfort, les réalisateurs du documen-taire La guerre des graines (1), ont obtenu l’accord de France Télévision pour laisser le visionnage de leur film en accès libre (2). Contrairement aux semences vendues par Monsanto, l’adresse internet sur laquelle on peut voir ce documentaire peut donc se repasser entre voisins en toute légalité…Dans le sillage de Vandana Shiva, ce 52 minutes fait un tour d’horizon de la problématique des semences. « On veut faire de ce que la nature a créé pour nous une marchandise », résume l’eurodéputé belge Phi-lippe Lamberts (Les Verts). Si vous pensiez tout savoir sur le sujet, vous en apprendrez encore certainement un peu en regardant ce documentaire. Mais, surtout, si vous souhaitez alerter des proches sur les enjeux de cette question, montrez leur : La guerre des graines est un parfait outil de sensibilisation.

« MONSANTO POURRA PRIVER LA FRANCE DE SEMENCES… »Le décor est posé dès les premières secondes. « De-puis 12 000 ans, les paysans sèment, sélectionnent et échangent librement leurs graines. Cette pratique an-cestrale est en péril : sur la planète, cinq multinatio-nales, des géants de la chimie devenus producteurs de

semences, contrôlent la moitié du marché. Et elles ont un projet : devenir propriétaires des graines. » « Le sélectionneur (…) qui fabrique une nouvelle variété est quand même empoisonné par le fait qu’il suffit de ressemer le grain récolté pour la reproduire, explique l’ingénieur agronome Jean-Pierre Berlan. (…) Donc, c’est une très vieille revendica-tion des sélectionneurs de créer une forme de droit de propriété sur le vivant. » Et c’est chose faite : la plupart des paysans doivent acheter leurs semences à l’une des cinq multinationales du secteur et, lorsqu’ils replantent des graines de leur récolte, ils doivent leur verser des « royalties ».

« LA NIQUE AUX SEMENCIERS »Les grands semenciers deviennent ainsi incontour-nables. Monsanto, par exemple, vend un tiers des semences de maïs du marché français. « Ça a un impact sur l’autonomie des paysans [et sur] la sécu-rité alimentaire, explique le responsable du réseau Semences paysannes, Guy Kastler. Monsanto pourra priver la France de semences le jour où il se sera tout approprié. » Ce qui confère au groupe au pouvoir gigantesque : « Peut-être que le gouvernement, en France, sera obligé (…) d’accepter les OGM parce que Monsanto lui dira : "Attention, moi je déclenche une révolution chez toi si tu veux pas accepter mes

semences OGM." »Mais si La guerre des graines explique les dangers du système promu par les multinationales, il montre aussi que le combat n’est pas perdu, notamment grâce à ceux qui résistent, chacun à sa manière, aux appétits des géants des biotechnologies agricoles. Il y a, bien sûr, les incontournables : Vandana Shiva, José Bové, l’association française Kokopelli qui vend illégale-ment, au nez et à la barbe des multinationales, des graines de toutes sortes… On découvre aussi des ré-sistants plus anonymes : l’agricultrice Marie Durand, qui « fait la nique aux semenciers » en cultivant un maïs population, c’est à dire un maïs qui n’est pas ins-crit au catalogue et qui est donc libre de droit ; Chris-tian Dalmasso, agriculteur et boulanger qui fabrique son pain avec les différents blés population qu’il cultive lui-même ; René Balme, le maire de Grigny-sur-Rhône, qui se place ouvertement dans l’illégalité afin de ne planter dans sa commune que des graines achetées à Kokopelli… A voir et à faire voir.

1- Production : OnYva! Média2- blog.francetvinfo.fr/guerre-des-graines

un doc qui se repasse

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"La guerre des graines"Le film documentaire La guerre des graines explique comment et pourquoi le brevetage des semences, orchestré par une poignée de multinationales, bouleverse l’histoire de l’agriculture et menace la population mondiale.

Le vécu des coopératives sur les planches

F in de la pièce La coopérative, dans la salle polyvalente de Saint-Julien-en-Saint-Al-ban, en Ardèche. Le rideau ne tombe pas, mais Amélie Chamoux et Laurent Ey-raud-Chaume, comédiens et auteurs du

spectacle, ont un petit mot de remerciements : « Pour nous, c’est incroyable de jouer dans une AG ! » La plupart des spectateurs sont des associés et salariés de la Scop Pollen, une coopérative d’activité et d’emploi. Pour son départ à la retraite, l’ancien gérant a voulu organiser une assemblée générale un peu particulière… Et, justement, La coopérative met en scène les salariés d’une Scop confrontés à la défection de leur dirigeant : Jean-Marc, ancien leader syndical, s’est battu pour que l’entreprise soit reprise par ses travailleurs lorsqu’elle était menacée de fermeture. Mais aujourd’hui, laissé seul aux commandes de la coopérative, il est dépassé et accumule les erreurs de gestion. Les associés-sala-riés vont devoir réapprendre à coopérer, et prendre leur entreprise en main pour la sauver de la faillite.Rien de commun, en soi, avec la réalité de la Scop Pol-len. Mais la fiction soulève des questions qui se posent

dans la vie de tout projet coopératif : comment partager les responsabilités au quotidien ? Comment s’éman-ciper du rapport de subordination dans lequel nous sommes habitués à travailler depuis des générations ? COPRODUITE PAR LES CHEMINOTSAttachés aux valeurs de l’éducation populaire et à une création artistique accessible, capable de « s’inviter par-tout », Amélie Chamoux et Laurent Eyraud-Chaume aiment quand le théâtre se télescope ainsi avec la réalité. Ils ont écrit leur spectacle après avoir rencontré des sala-riés de coopératives, qui leur ont raconté la vie dans leur entreprise. Et ça se sent : la pièce est nourrie de choses vécues, et décrit bien les tâtonnements nécessaires pour arriver à une gestion véritablement partagée.Drôle et parfois émouvante, La coopérative est un hy-bride entre le conte et le théâtre. Tout de noir vêtus, les comédiens alternent les moments de récit et de jeu, où ils campent à eux deux une bonne dizaine de personnages différents. Le jeu de guitare et les percussions vocales de Lionel Blanchard créent une atmosphère autour du décor minimaliste : deux chaises et un carré dessiné au

sol. Quelques accessoires permettent de symboliser les personnages, caricaturés avec une certaine tendresse : Sylvette, la comptable pète-sec et entièrement dévouée à l’entreprise ; Stéphanie, qui se fait appeler Aurore après un stage de développement personnel ; Arnaud, ancien cadre dans la finance venu se mettre au vert et donner un sens à sa vie ; ou encore Manu, la jeune mili-tante exaltée... La compagnie Le pas de l’oiseau est basée à Veynes, dans les Hautes-Alpes, où elle propose des ateliers artis-tiques et cherche à travailler avec le territoire. Laurent Eyraud-Chaume a fondé en 2004 le Fourmidiable, « scène artistique des pays du Buëch » qui anime le Café du Peuple à Veynes. La coopérative a été coproduite par le comité d’entreprise des cheminots de Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), et par l’Union régionale des Scop Paca. Programmée au Théâtre de la Rotonde (qui appartient aux cheminots) dans le off du festival d’Avi-gnon, elle sera accompagnée de rencontres sur le thème des coopératives.

Lisa Giachino

La coopérative, Cie Le Pas de l’oiseau, du 5 au 14 juillet à 18h au Théâtre de la Rotonde (Avignon). Texte et jeu : Amélie Chamoux et Laurent Eyraud-Chaume - Création et interprétation musicale : Lionel Blanchard - Collaboration artistique: Nicolas Bonneau - Création Lumière : Olivier Chamoux et Alice Ventalon - Direction d'acteur : Nathalie Tison www.lepasdeloiseau.org

Nicolas Bérard