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ASA-Université Lille1 ASA-Université Lille1 Bulletin de l’Association de Solidarité des Anciens de l’Université Lille1 -Sciences et Technologies Supplément oct 2009 Supplément oct 2009 COMPTE RENDU DU VOY COMPTE RENDU DU VOYAGE DE L'ASA AGE DE L'ASA DANS LES P DANS LES PAYS BAL YS BALTES TES par Alain Barré Dimanche 21 juin : TALLINN En dépit de l'heure matinale du départ (5h45 à Lille-Europe et 6h15 aux Quatre Cantons), on n'a eu à déplorer aucun retardataire et le bus a même pu partir vers Roissy avec 10 mn d'avance. Cette ponctualité a été respec- tée pendant tout le voyage, ce qui tend à prouver que les retraités sont - au choix - disciplinés, insomniaques ou inquiets à l'idée de voir le bus partir sans eux. Dès ce premier jour, nous avons eu la chance d'avoir du beau temps, certes parfois nuageux, mais sans pluie. Ce beau temps nous a accompagnés pendant toute la durée du voyage, contribuant largement à son succès. Arrivés à Roissy, nous avons été accueillis par Monsieur Descamps, de l'agence CP Evasion, qui nous a orientés pour les formalités d'embarquement. Grâce aux informations du groupe précédent, la plupart d'entre nous ont acquis ravitaillements solide et liquide, avant de monter dans l'avion d'Estonian Air : en effet, les prestations ali- mentaires y étaient facturées, bien que d'un coût modique. L'appareil, un Boeing 737, a décollé avec un peu de retard, des passagers s'étant visiblement laissés surprendre par la durée des files d'attente avant de passer le contrôle de sécurité. Le vol s'est bien passé et, à 15h15 (heure locale), l'avion s'est posé à Tallinn. L'approche de l'aéroport a permis à ceux qui étaient placés près des hublots de découvrir les paysages estoniens : importance des forêts, des prairies et des lacs. Aux abords de Tallinn, pour ceux qui étaient placés du côté droit, il y avait une belle vue sur le golfe de Finlande, le nouveau port de commer- ce de Muuga (ex-Novo Tallinn de l'époque soviétique) et les grands immeubles de la banlieue. L'aérogare de Tallinn est un petit bâtiment neuf et fonctionnel. L'aéroport a pris le nom de Lennart Meri, au prin- temps 2009, pour honorer le grand écrivain et cinéaste estonien (1929-2006), qui fut également un homme poli- tique, après l'indépendance de 1991, effectuant deux mandats de Président de la République (1992-2001). l’ancien aéroport de Tallinn photos : Henri Dubois p 1

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ASA-Université Lille1 ASA-Université Lille1 Bulletin de l’Association de Solidarité des Anciens

de l’Université Lille1 -Sciences et Technologies

Supplément oct 2009Supplément oct 2009

COMPTE RENDU DU VOYCOMPTE RENDU DU VOYAGE DE L'ASAAGE DE L'ASA DANS LES PDANS LES PAAYS BALYS BALTESTESpar Alain Barré

Dimanche 21 juin : TALLINN

En dépit de l'heure matinale du départ (5h45 à Lille-Europe et 6h15 aux Quatre Cantons), on n'a eu à déploreraucun retardataire et le bus a même pu partir vers Roissy avec 10 mn d'avance. Cette ponctualité a été respec-tée pendant tout le voyage, ce qui tend à prouver que les retraités sont - au choix - disciplinés, insomniaques ouinquiets à l'idée de voir le bus partir sans eux.Dès ce premier jour, nous avons eu la chance d'avoir du beau temps, certes parfois nuageux, mais sans pluie. Cebeau temps nous a accompagnés pendant toute la durée du voyage, contribuant largement à son succès.

Arrivés à Roissy, nous avons été accueillis par Monsieur Descamps, de l'agence CP Evasion, qui nous a orientéspour les formalités d'embarquement. Grâce aux informations du groupe précédent, la plupart d'entre nous ontacquis ravitaillements solide et liquide, avant de monter dans l'avion d'Estonian Air : en effet, les prestations ali-mentaires y étaient facturées, bien que d'un coût modique.L'appareil, un Boeing 737, a décollé avec un peu de retard, des passagers s'étant visiblement laissés surprendrepar la durée des files d'attente avant de passer le contrôle de sécurité. Le vol s'est bien passé et, à 15h15 (heurelocale), l'avion s'est posé à Tallinn. L'approche de l'aéroport a permis à ceux qui étaient placés près des hublotsde découvrir les paysages estoniens : importance des forêts, des prairies et des lacs. Aux abords de Tallinn, pourceux qui étaient placés du côté droit, il y avait une belle vue sur le golfe de Finlande, le nouveau port de commer-ce de Muuga (ex-Novo Tallinn de l'époque soviétique) et les grands immeubles de la banlieue.L'aérogare de Tallinn est un petit bâtiment neuf et fonctionnel. L'aéroport a pris le nom de Lennart Meri, au prin-temps 2009, pour honorer le grand écrivain et cinéaste estonien (1929-2006), qui fut également un homme poli-tique, après l'indépendance de 1991, effectuant deux mandats de Président de la République (1992-2001).

l’ancien aéroport de Tallinn

photos : Henri Dubois

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Après avoir récupéré nos bagages, nous avons été accueillis par notre guide Ginta VILSONE, une Lettone de Riga.Nous avons immédiatement suivi son premier conseil, consistant à nous procurer des couronnes estoniennes auxbureaux de change de l'aéroport. Sur le court trajet entre l'aéroport et l'hôtel, après s'être excusée pour la faiblessede sa voix, conséquence d'un rhume tenace, Ginta a commencé un double exposé :- sur la diversité linguistique des pays baltes et sur leur expérience récente de l'indépendance, à l'exception de laLituanie, qui a connu une période d'indépendance au Moyen Age et dans le cadre de l'Union polono-lituanienne jus-qu'à la fin du XVIIIème siècle.- sur Tallinn (400 000 habitants) : en nous montrant un aperçu de la vieille ville et de ses remparts ainsi que du portde passagers ; situé à quelques centaines de mètres du cœur de la vieille ville, celui-ci accueille transbordeurs etpaquebots de croisière. Elle nous indique aussi qu'à l'occasion de la fête de l'été et notamment de la Saint Jean, lesBaltes quittent les villes pour aller quelques jours à la campagne ou à la plage.

Arrivés à l'hôtel Meriton, situé à deux pas du cœur de la cité, nous avons pris possession de nos chambres. Puis,nous avons pu disposer de temps libre avant le repas, servi à 20h, pour entreprendre, individuellement ou en petitsgroupes, une première découverte de la vieille ville médiévale, qui a été inscrite, en 1997, dans le patrimoine mon-dial de l'Unesco. La ville haute est déserte - à l'exception de quelques rares touristes - et, dans la ville basse, seulela place de l'hôtel de ville connaît un semblant d'animation …Bâtie sur la colline de Toompea (48 m), la ville haute regroupe les monuments symboliques du pouvoir féodal et reli-gieux (château et principales églises), tandis que la ville basse apparaît comme la " ville hanséatique ", avec ses com-merçants regroupés dans des guildes, dont plusieurs édifices rappellent le souvenir. Deux artères, aux noms expres-sifs, relient ville haute et ville basse : Pikk jalg (" jambe longue ", artère à la pente régulière) et Lühike jalg (" jambecourte ", ruelle avec des escaliers).

Lundi 22 juin : TALLINN

La matinée est consacrée à un secteur de la banlieue est de Tallinn, avec le parc et le château de Kadriorg et au quar-tier balnéaire de Pirita.

Kadriorg désigne le parc et le palais que l'architecte italien Niccolo Michetti a entrepris de réaliser en 1718, à la deman-de du tsar Pierre le Grand. Celui-ci voulait construire un palais d'été pour la famille royale et il lui a donné le nom desa seconde épouse Catherine (Kadri en estonien). Le château est de style baroque, avec un remarquable salon d'hon-neur sur deux étages décoré de stucs et au plafond peint d'une scène glorifiant le tsar et son épouse. Il abrite égale-ment des collections de peintures étrangères (flamandes et hollandaises). Le parc est un parc à la française, qui constitue un lieu de promenade et de détente pour les habitants de Tallinn.Devant le château, une perspective donne vue sur le golfe de Finlande et conduit vers le mémorial Russalka, construità la mémoire des marins disparus dans le naufrage du navire de guerre Russalka entre Tallinn et Helsinki en 1893.

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Ensuite, nous reprenons le bus pour emprunter l'avenue qui longe, sur 3 km, le littoral en direction du quartier balnéai-re de Pirita. A Pirita, un centre nautique est l'héritier des installations construites pour les épreuves de voiles des JeuxOlympiques de Moscou de 1980 (qui furent boycottés par les Occidentaux pour cause d'invasion de l'Afghanistan en1979). A Pirita, on voit également les restes - dont le grand mur de façade - du couvent de l'ordre de sainte Brigitte deSuède, construit au XVème siècle (et détruit en 1577 lors de la Guerre de Livonie) par Ivan le Terrible.Nous revenons dans le quartier de Kadriorg pour le repas. Deux éléments à noter :- le côté éclectique de ce quartier résidentiel, où alternent de vieilles maisons en bois, dont beaucoup auraient besoind'une sérieuse restauration et des immeubles modernes qui ont tendance à les remplacer.- la présence de jeunes gens, filles et garçons, élégamment vêtus, portant une rose et un livret roulé : ce sont des étu-diants qui viennent de recevoir leur diplôme… Toutes nos félicitations ! Après le repas, nous regagnons le centre de Tallinn pour découvrir la vieille ville. La visite commence par l'Église Saint-Nicolas, dans la ville-basse. Cet édifice, gravement endommagé par un bombardement en 1944, a été reconstruit ettransformé en musée d'art religieux. Il abrite une danse macabre de Bernt Notke (XVème siècle), des autels et reta-bles des XVème et XVIème siècles, des chandeliers de l'époque Renaissance, etc. L'église est également connuepour son acoustique et des concerts d'orgues s'y déroulent régulièrement. Le Pape Jean-Paul II y est venu, lors deson passage à Tallinn le 10 sept. 1993.

Nous gagnons ensuite la ville haute, en empruntant les escaliers de la Lühike jalg (jambe courte) et en passant sousla tour du même nom (tour jambe courte). De là, nous gagnons la place du Château (Lossi plats). Édifié au sommetde la colline de Toompea, le château actuel est l'héritier d'une forteresse médiévale, dont subsistent une partie desremparts et trois tours. La façade, de style baroque qui donne sur la place, a été ajoutée au XVIIIème siècle, à l'époquede Catherine II. Le château est maintenant le siège du Parlement estonien. Sur le côté sud du château, un petit espa-ce vert offre un panorama sur les environs : c'est le jardin du gouverneur, flanqué d'une grande tour, dénommée PikkHermann (le grand Hermann), où flotte le drapeau estonien. Selon la légende, le pays qui arbore son drapeau sur legrand Hermann possède l'Estonie ; au cours de l'histoire, différents drapeaux se sont succédés au sommet de cettetour. Le drapeau estonien se compose de trois bandes horizontales, dont les couleurs ont une double signification, dehaut en bas :- le bleu symbolise la mer et la confiance ;- le noir évoque la terre, mais aussi le passé difficile du pays ; - le blanc représente la neige et l'espoir.Face au château se dresse la cathédrale orthodoxe Alexandre Newski. Elle porte le nom du prince russe qui a vaincules chevaliers teutoniques en 1242, lors de la bataille du lac Peipsi (situé à l'est de Estonie), et qui a été canonisé parl'église orthodoxe en 1547. Construite de 1894 à 1900, à l'initiative du tsar Alexandre III, elle symbolisait alors la rus-sification de l'Estonie. Non loin, on trouve l'église du Dôme (Toomkirik) qui constitue la principale église luthérienne du pays. Elle a été fon-dée en 1219 par les Danois ; l'extérieur d'allure gothique date du XIVème siècle, tandis que l'intérieur a été reconstruitaprès un incendie en 1684. On y trouve les tombeaux de grands personnages et surtout une impressionnante collec-tion de blasons des nobles d'Estonie.Nous retournons ensuite dans la ville basse en empruntant l'autre rue (Pikk jalg) pour aboutir sur la place de l'hôtel deville. L'hôtel de ville, de style gothique, date de 1404 ; il est surmonté d'une girouette originale représentant un soldat," Vana Toomas " le vieux Thomas, qui veille sur la ville, depuis 1530, tout en indiquant la direction du vent.

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Face à l'hôtel de ville, on trouve une maison abritant l'une des plus vieilles pharmacies d'Europe, puisqu'elle est men-tionnée dans un texte datant de 1422. Elle est toujours en activité, mais une partie de l'édifice abrite un musée pré-sentant d'anciens instruments de médecine et des remèdes du passé.Nous entreprenons ensuite un périple dans la ville basse qui nous permet de voir diverses églises, des bâtiments ayantappartenu à des guildes de commerçants, d'anciens entrepôts rénovés et les remparts de la ville. Parmi les églises,signalons : l'église du Saint-Esprit, datant du XIIIème siècle, où furent prononcés les premiers sermons en estonien,au début de la Réforme. L'église Saint-Olaf, qui fut la plus haute église d'Europe avec un clocher culminant à 159 m ;détruite par des incendies, elle a été reconstruite et son clocher actuel reste, avec ses 124 m de haut, un repère dansle paysage de Tallinn. Nous empruntons le passage Sainte-Catherine, petite ruelle pittoresque qui jouxte les ruines del'ancien couvent des Dominicains (dénommé aussi monastère Sainte-Catherine) : les murs de l'ancien couvent sont " tapissés " de pierres tombales.Parmi les bâtiments des anciennes guildes : face à l'église du Saint-Esprit, le bâtiment de la Grande Guilde est aujour-d'hui un musée sur l'histoire estonienne. Le bâtiment de la confrérie des Têtes Noires abritait des commerçants, céli-bataires, qui organisaient des fêtes et devaient quitter la guilde lors de leur mariage. La maison de la guilde de SaintCanut (Knud II, roi de Danemark, martyrisé en 1086) est ornée de la statue du saint patron et de celle de Luther. Surla maison d'en face, on voit un homme, avec une paire de binocles, qui regarde vers le bâtiment de la guilde de SaintCanut : la légende prétend qu'il s'agit de l'époux d'une femme riche et âgée qui lorgnait volontiers sur la boulangèred'en-face.Quant aux remparts, qui font le charme et la renommée de la vieille ville, ils forment une enceinte de 1850m avec 20tours (sur les 46 initiales). Chacune des tours porte un nom, qui est parfois un sobriquet comme celui de la grosse tour" Kiek in de Kök " (Coup d'œil dans la cuisine, en bas-allemand) : en effet, les soldats, de garde dans cette grosse tourqui domine la ville basse, pouvaient voir ce qui se passait dans les cuisines des maisons voisines.

Mardi 23 juin : PARNU, TURAIDA

A 9 heures, nous quittons Tallinn en direction de Pärnu et de la frontière lettone. Bonne nouvelle, grâce aux médica-ments fournis par certains d'entre nous, Ginta va mieux et son moral s'en ressent puisqu'elle se lance dans une sériede plaisanteries, démontrant une bonne connaissance des richesses offertes par la langue française dans ce domai-ne.Sur le trajet Tallinn-Pärnu (130 km), on constate une circulation particulièrement fluide ; de plus, dans les trois paysbaltes, les automobilistes conduisent en permanence avec les phares allumés, pour accroître la sécurité. Les campa-gnes que nous traversons se caractérisent par la platitude du relief et la monotonie des paysages, où alternent vastesprairies, quelques parcelles cultivées et de multiples bois de toutes dimensions. Les maisons sont rares et isolées,attestant de la faible densité des zones rurales du pays. Dans les prairies, sur le bord de la route, nous apercevonsdes cigognes ; nous en verrons régulièrement, ainsi que des nids avec parfois un ou deux cigogneaux, tout au long duvoyage. Dans la plupart des cas, on observe une cigogne seule, mais parfois elles sont quatre ou cinq à arpenter lamême parcelle. A propos de faune, Ginta nous indique que l'Estonie est le pays qui abrite proportionnellement le plusd'animaux sauvages, notamment des ours, des élans et des loups.A 10h30, nous arrivons à Pärnu, petite cité balnéaire et thermale (bains de boue, recommandés pour des douleurs arti-culaires) de quelque 44 000 habitants, séparée en deux par le fleuve du même nom qui rejoint, à ce niveau, le Golfede Riga. Comme beaucoup de villes baltes, elle a connu un passé complexe : fondée par des chevaliers allemandsde l'ordre de Livonie et des commerçants de la Hanse, qui développent le port, elle passe sous domination polono-lituanienne (1560-1617), puis suédoise et enfin russe (à partir de 1710). L'empire tsariste en fait une station balnéaireau XIXème siècle. Pendant la période soviétique, elle devient un centre de sanatoriums ; après 1991, elle a retrouvésa fonction de station touristique pour l'Estonie, mais vise également la clientèle nordique (Finlandais et Scandinaves).Pärnu présente une série d'avantages pour le tourisme balnéaire : une longue plage de sable, des eaux peu profon-des - qui se réchauffent donc vite - et une exposition face au sud. Sur la plage, Ginta, notre guide, donne l'exemple entrempant ses pieds dans l'eau : elle est imitée par quelques courageux.En raison du passé tumultueux de la ville, il y a peu de monuments anciens. Trois édifices datant du XVIIIème siècleretiennent l'attention : l'hôtel de ville, bâtiment en pierres grises qui arbore le drapeau national et celui de la ville (croixblanche sur fond bleu ciel) ; l'église luthérienne Sainte-Elisabeth (1747), financée par l'impératrice russe Elisabeth -bien qu'orthodoxe -, est renommée pour son acoustique, qui lui vaut d'accueillir des concerts ; l'église orthodoxeSainte-Catherine a été édifiée une vingtaine d'années plus tard, en l'honneur de la tsarine Catherine II.

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Après le repas, nous reprenons la route vers la Lettonie (65 km), en longeant la rive du Golfe de Riga. La frontière estatteinte à 14h30 : nous changeons nos dernières couronnes estoniennes et des euros en lats lettons. Après une cinquantaine de km, nous obliquons vers l'est, en direction du Parc Naturel de la Gauga. Le relief devientplus vallonné, avec des collines qui valent à la région l'appellation de " Petite Suisse Lettone " : certaines pentes ontmême été équipées de petites pistes de ski. Le parc naturel, qui s'étend sur 90 000 hectares, porte le nom d'une riviè-re qui y décrit une série de méandres encaissés aux abords de Sigulda, qui constitue la principale agglomération dusecteur. Cette zone est aussi très fréquentée, en automne, pour le spectacle offert par les teintes des feuilles avantleur chute.Nous commençons par visiter le parc et le château de Turaida : dans la langue des Lives, premiers habitants de la val-lée, Turaida voulait dire le " jardin des Dieux ". Les Allemands y installèrent une forteresse , dont il ne subsiste que desruines - la poudrière ayant été atteinte par la foudre au XVIIème siècle ; une ébauche de reconstruction a été entre-prise récemment, avec un fragment de rempart et une tour, culminant à 27 m, qui offre un joli point de vue sur la val-lée de la Gauja. Le parc abrite une vieille église luthérienne en bois datant de 1750. On y trouve également des sculp-tures en granit, réalisées par un artiste letton dans les années 1980 et considérées comme un manifeste en faveur del'indépendance du pays. Dans le voisinage, nous allons jusqu'à la grotte de Gutmanis, tapissée d'inscription rupestres,avec une source réputée pour ses vertus " anti-rides " et lieu de l'assassinat de Maija, la " Rose de Turaida " : en effet,cette jeune fille, amoureuse du jardinier de Turaida aurait été assassinée en ce lieu par un officier polonais, à qui ellese refusait.

A Sigulda, nous voyons les vestiges d'un château-fort des chevaliers Porte-Glaive : sur l'un des murs on distingue par-faitement la croix rouge, symbole de l'ordre de Livonie (la croix noire étant le symbole des chevaliers teutoniques) ; lesruines du château servent de salle de concert en plein air et des installations (scène et chaises pour les spectateurs)montrent qu'il sera utilisé pour les célébrations de la Saint Jean. Pour cette fête, les femmes portent volontiers descouronnes de fleurs tressées ; c'est l'occasion, dans les campagnes, pour certains de se procurer un peu d'argent enproposant à la vente.

Nous prenons ensuite la route pour rejoindre Riga. Nous pénétrons dans la ville par une très longue avenue (Brivibasiela = la rue de la Liberté) ; les faubourgs donnent une double impression : d'une part, de nombreux immeubles sonten triste état ; des travaux de rénovation s'imposent, mais les habitants et les autorités compétentes auront-ils les res-sources nécessaires ? D'autre part, la ville fait morte ; Ginta nous avait prévenus : à l'occasion de la Saint Jean, leshabitants ont coutume de quitter la ville pour aller à la campagne ou sur le littoral. Ce n'est qu'en approchant du cen-tre que l'on commence à découvrir des façades rénovées et des immeubles de standing, ainsi que des grands monu-ments (comme le monument de la Liberté, au bout de la rue du même nom). Nous atteignons l'hôtel Hanza, situé àune dizaine de minutes à pied du centre, dans un quartier en cours de rénovation et séparé du centre par la barrièredes voies ferrées, qu'il faut franchir par un passage inférieur " un peu glauque ", repère de pickpockets dont serontmalheureusement victimes certains d'entre nous.

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Mercredi 24 juin : RIGA

Toute la journée est consacrée à Riga : visite guidée du centre le matin ; temps libre, l'après-midi.La ville, qui avec près de 800 000 habitants est la plus peuplée des pays baltes, est bâtie sur les deux rives de laDaugava, peu avant son embouchure dans le Golfe de Riga. Le centre historique est situé sur la rive orientale ; quantaux installations portuaires, elles ont migré vers l'aval, si bien qu'il n'y a plus guère de traces de l'activité portuaire aucœur de la cité.Nous partons en car, à 9 heures, pour nous rendre au nord-est du centre historique et y découvrir des immeubles dustyle Art nouveau, construits au début des années 1900. A l'époque, des architectes, parmi lesquels Mikhail Eisenstein(le père du cinéaste Serguei Eisenstein), réalisent des immeubles résidentiels, des écoles et des grands magasins encombinant des approches fonctionnalistes (lignes droites) et décoratives (statues ou feuillages aux formes simplifiées,contraste des couleurs). On trouve plusieurs immeubles de ce style rue Albert (Albert de Buxhövden, le fondateur deRiga) ou rue Elisabeth (Alberta iela et Elizabetes iela). Le style Art nouveau a duré peu de temps (1899-1908) : eneffet, il a été très vite jugé comme peu conforme au style local ; il est alors remplacé par le " romantisme national ",aux formes plus lourdes. A l'heure actuelle, les immeubles Art nouveau ont été rénovés et abritent des banques, desbureaux, des ambassades, etc.

Revenus en car dans la vieille ville, nous entamons sa visite par la place de l'Hôtel de ville ; sur cette place, on noteune série de bâtiments récemment reconstruits ou rénovés : l'Hôtel de ville lui-même en face duquel se dresse lamagnifique maison des Têtes Noires, qui abrite l'office de tourisme. Cette confrérie, déjà rencontrée à Tallinn, regrou-paient des marchands célibataires et était placée sous le patronage de Saint Maurice, un noir, ce qui explique son nom.Sur la place, une statue de Roland qui monte la garde devant l'hôtel de ville - comme à Brême - pour protéger les liber-tés de la cité hanséatique. Dénotant dans l'harmonie de la place, un parallélépipède en pierres noires abrite le muséede l'Occupation qui retrace l'histoire récente de la Lettonie occupée par les Nazis et les Soviétiques (1940-1991).Devant ce musée, se dresse un monument en granit rouge à la gloire des " Fusiliers lettons ", soldats de la PremièreGuerre Mondiale, ayant rejoint le camp des Bolcheviks (mais, d'autres resteront fidèles au tsar ou se joindront auxindépendantistes lettons).Ensuite, nous gagnons la place de la cathédrale ; la cathédrale Sainte-Marie ou église du Dôme, dont la constructiona été entamée en 1211 par l'évêque Albert de Buxhövden, le fondateur de la ville, a été remaniée à plusieurs reprisesce qui explique le mélange des styles roman, gothique, Renaissance et moderne. Utilisée pour le culte luthérien, elleconstitue le plus vaste édifice religieux des pays baltes. Elle est célèbre pour son orgue de 6768 tuyaux, achevé en1844. Des concerts y sont donnés pendant toute l'année. Les jardins de l'ancien cloître attenant rassemblent une col-lection de pierres tombales, de cloches, etc.

Puis, nous effectuons une balade dans les rues de la vieille ville qui nous conduit à passer devant : - les " trois frères ", c'est-à-dire trois bâtiments datant du XVème siècle, qui constituaient les demeures de riches com-merçants ; - l'église Saint-Jacob, la principale église catholique de Riga ; - les bâtiments de la petite et de la grande guilde, de style gothique, qui étaient des lieux de rassemblements des mar-chands ; seuls, les Allemands pouvaient faire partie de la grande guilde. La grande guilde est devenue le siège de l'or-chestre philharmonique de Riga.

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- la maison des chats : cette demeure a été construite par un riche letton qui, vexé de ne pouvoir faire partie de la gran-de guilde, a placé sur le fronton de sa maison deux chats tournant leur postérieur face au bâtiment de la grande guil-de. Le différent s'étant réglé à l'amiable, les chats ont été retournés…- la place Livu bordée d'un certain nombre de restaurants et bars, qui est l'un des lieux les plus animés de la ville ;- L'église Saint-Jean, ancienne chapelle de Dominicains, et l'église Saint-Pierre. Ces deux édifices, dont l'origineremonte au XIIIème siècle, sont devenus des temples luthériens lors de la Réforme. L'église Saint-Pierre doit sarenommée à sa flèche : construite en bois, elle a été plusieurs fois détruite ; c'est pour cette raison que la dernièrereconstruction (1967) a été faite en métal (123 m). De la plate-forme, desservie par ascenseur (72 m), on bénéficied'un beau panorama sur la vieille ville et la Daugava.- une statue des musiciens de la ville de Brême (l'âne, le chien, le chat et le coq, d'après le conte des frères Grimm),don de la municipalité de Brême, atteste la reprise des liens datant de l'époque hanséatique.Nous retrouvons la place de l'hôtel de ville, pour y prendre notre repas dans un restaurant situé à côté de la maisondes Têtes Noires.

Le temps libre de l'après-midi permet à chacun d'approfondir la visite du matin ou de découvrir d'autres quartiers deRiga. Le repas du soir a lieu dans un restaurant de la place Livu, au cœur de la vieille ville.

Jeudi 25 juin : RUNDALE, KLAIPEDA

Départ à 9 heures en direction du Sud, pour aller visiter le château de Rundale. La route traverse la province deZemgale, qui constitue la région la plus fertile du pays : ici, bois et forêts se raréfient pour laisser une large place auxprairies et aux champs cultivés, notamment en céréales.

Le château de Rundale (138 pièces) fut construit, à la demande de Biron, à partir de 1736 par l'architecte BartolomeoRastrelli, qui avait déjà travaillé à Saint-Pétersbourg (Cf. Palais de l'Ermitage).Officier à la Cour de Courlande, Ernst Johann Bühren change son nom pour laisser croire qu'il est apparenté à unevieille famille de la noblesse française, les Biron ; mais il y ajoute le " von " caractéristique des aristocrates allemands.Il devient l'amant d'Anna Ivanovna, veuve du duc de Courlande et lorsque celle-ci devient tsarine en 1730, il est de faità la tête de la Russie. Sans scrupules, il songe surtout à s'enrichir et, pour affirmer sa réussite, entreprend la cons-truction d'un palais dans un lieu-dit " Ruhetal " (la vallée tranquille, en allemand) qui deviendra Rundale. En 1737, Anne1ère le nomme duc de Courlande. A la mort de la tsarine en 1740, il se proclame régent, mais est très vite renversépar les nobles russes et envoyé en exil en Sibérie, puis à Iaroslav. Sous Catherine II, il retrouve son titre de duc deCourlande en 1763 ; il transmet le duché à son fils Pierre, en 1769. En 1795, la Russie annexe la Courlande et le ducPierre quitte le pays pour se retirer dans son château de Sagan, en Silésie prussienne, en emportant une partie desmeubles de Rundale.

Passé entre les mains d'une famille aristocratique russe, le château de Rundale a connu des fortunes diverses : victi-me de l'invasion française en 1812, de l'occupation allemande (1916-1918), de la période soviétique où il a servi à lafois d'école et d'entrepôt pour un kolkhoze voisin. Sa restauration a été entreprise en 1972. C'est une œuvre de lon-gue haleine, car il faut non seulement essayer de redonner à chaque pièce son aspect d'origine, mais aussi la remeu-bler en achetant des meubles et des tableaux anciens dans toute l'Europe. La visite que nous effectuons montre queRundale est en train de retrouver sa splendeur passée.

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Nous prenons notre repas dans un petit restaurant proche du château. Puis, peu après avoir repris la route, nous arri-vons en Lituanie (14h10). Nous nous procurons aussitôt des litas lituaniens ; cette fois, nous aurons quatre jours pourbien nous mettre en tête le taux de conversion avec l'euro et, au passage, nous mesurons la chance que nous avonsd'appartenir à l'une des dernières générations à avoir fait du calcul mental à haute dose à l'école primaire.

Notre première halte en Lituanie est pour la Colline des Croix (Kryziu kalnas en lituanien), située, en pleine campagne,à une quinzaine de km au nord-est de la ville de Siauli. Personne ne sait vraiment quelle est l'origine de ce lieu sacré.Une légende affirme que la première croix a été plantée par un père, dont le fils était revenu indemne de la guerre.Maintenant des centaines de milliers de croix, de toute taille, apportées par des pèlerins lituaniens et étrangers, s'em-pilent, témoignant d'une foi vive et populaire. Le spectacle est impressionnant : on chemine dans une véritable forêtde croix et, sur les lisières, on constate, d'après les dates inscrites sur chaque croix, que certaines ont été plantées laveille, voire le matin même.

Pour les Lituaniens, profondément catholiques, planter une croix était aussi une forme de résistance face au régimetsariste et orthodoxe, puis au pouvoir soviétique qui professait un athéisme militant. Les soldats soviétiques ont raséla colline au bulldozer à trois reprises ; mais, à chaque fois, les croix ont réapparu. En 1985, les autorités soviétiquesont cessé de vouloir retirer les croix.

Le 7 sept. 1993, le Pape Jean-Paul II est venu se recueillir sur la Colline des Croix. La popularité de Jean-Paul II enLituanie s'explique, en partie, par le fait que sa mère était née à Vilnius. Il y est donc considéré comme un " enfant dupays ".

Nous poursuivons ensuite notre route en direction de Klaipéda que nous atteignons à 17h40. C'est le grand port dupays, installé au niveau où la lagune des Coures rejoint la Baltique ; la ville, qui compte près de 185 000 habitants, aété gravement endommagée pendant la Seconde Guerre Mondiale et rares sont les monuments anciens.

Nous logeons à l'Hôtel Europa Royale, situé dans la vieille ville, à deux pas du Théâtre du XVIIIème siècle ; sur laplace du Théâtre, se dresse la statue d'Aennchen von Tarau (Taravos Anike en lituanien), héroïne d'un poème deSimon Dach (1605-1659).

Dans la vieille ville subsistent quelques rares maisons à colombages ; les anciens entrepôts, donnant sur le Dané, petitcours d'eau qui coupe la ville en deux avant de rejoindre la lagune, ont été rénovés et abritent commerces, bureauxou restaurants. Amarré sur la rive sud du Dané, un vieux trois-mats, le Meridianas, est à la fois un emblème deKlaipéda et un restaurant.Le château fort du XIIIème siècle, origine de la ville, a été détruit au XVIIème siècle ; des fouilles archéologiques ontété réalisées pour dégager et exposer les vestiges de cet édifice.

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Vendredi 26 juin: la FLECHE des COURES.

La visite de la presqu'île de Neringa occupe toute la journée du 26 juin. Cette étroite bande de terre que l'on appelleégalement la flèche des Coures (Kursiu Nerija) est un cordon sableux long d'une centaine de km et culminant à 67 m,séparant la lagune des Coures de la Baltique ; sa largeur est de l'ordre de 1 500m, variant de 500 à 3 800m. La Lituaniepossède l'extrémité nord de la presqu'île, soit 50 km ; la partie sud appartient à la Russie (oblast de Kaliningrad). DeKlaipéda, deux lignes de bacs relient la presqu'île ; l'idée de construire un pont a été rejetée, car un tel ouvrage ris-querait d'accroître fortement la fréquentation d'un milieu naturel sensible, classé au Patrimoine mondial de l'Unesco en2000. Les villages sont installés sur la côte de la lagune ; en effet, le rivage occidental est exposé aux tempêtes de laBaltique et n'offre aucun site susceptible d'accueillir un petit port.Nous effectuons une première halte à Juodkranté pour parcourir pendant une petite heure la " Colline aux sorcières ",chemin balisé à travers les pins et agrémenté de statues sculptées en bois. Réalisées à partir de 1980, pendant plu-sieurs années, elles sont l'œuvre d'artistes locaux et évoquent de vieilles légendes lituaniennes.

Retour au bus, pour gagner une colline (dune de Parnidis, 52 m) aux abords de Nida, au niveau de la frontière russo-lituanienne. De là, on a une vue magnifique sur la Baltique, la lagune des Coures et sur les dunes, plus ou moins sta-bilisées par des plantations. Il est interdit de se promener librement dans les dunes, pour éviter leur détérioration. Nousutilisons donc un chemin aménagé et des escaliers pour rejoindre le village de Nida, où est prévu le déjeuner.

Nida est un village de pêcheurs situé sur la lagune des Coures, qui est devenu une petite station balnéaire particuliè-rement prisée. Des girouettes, peintes en bois, sont proposées à la vente : elles correspondent à la reproduction decelles que les bateaux devaient porter en haut de leur mat, suite à un règlement de 1844. En effet, les autorités avaientalors délimité des zones de pêche pour les différents ports de la lagune ; pour faciliter le contrôle, chaque bateau devaitpeindre, sur sa girouette, un rectangle avec des figurés géométriques identifiant son port d'origine.La station de Nida est célèbre pour avoir accueilli l'écrivain allemand Thomas Mann, venu y passer des vacances audébut des années 1930. Elle possède un petit musée de l'ambre que nous visitons : c'est l'occasion de découvrir lesdiverses variétés d'ambres, son travail et un large aperçu de bijoux réalisés par les créateurs et orfèvres.

Ensuite, deux haltes permettent d'observer les deux façades de la presqu'île des Coures. Tout d'abord, une marched'une quinzaine de minutes nous conduit en haut d'un massif de dunes dominant la lagune des Coures : celle-ci, auxeaux sombres, sert également d'exutoire au Nemunas (Niémen) qui s'y jette par un delta, après avoir constitué, dansla dernière partie de son cours, la frontière avec l'enclave russe de Kaliningrad. La deuxième halte nous montre unaspect du littoral de la Baltique : ses eaux, plus claires, viennent modeler de longues plages sableuses au pied desdunes ; quelques téméraires ne résistent pas à la tentation d'un bain de pieds…

En retournant vers Klaipéda, nous nous arrêtons au niveau d'un observatoire qui révèle les dégâts provoqués par laprolifération des cormorans sur un secteur de forêt : les oiseaux ont pris l'habitude de venir y nicher et l'accumulationde leurs fientes provoque petit à petit le dépérissement des arbres…

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Samedi 27 juin: KAUNAS

A 9 heures, nous partons pour Kaunas, située à 215 km de Klaipéda. Une autoroute relie les deux villes ; nous effec-tuons une halte à mi-parcours et arrivons vers midi à Kaunas. Située à la confluence du Nemunas et du Neris, la ville(355 000 habitants) a été la capitale du pays, à l'époque où Vilnius faisait partie de la Pologne (1920-1940).L'autobus se gare devant le château de Kaunas. Du château médiéval, origine de la cité, il ne subsiste plus qu'uneseule tour en briques. Grâce à la navigation sur le Nemunas, les marchands de la Hanse ont fait de Kaunas une villemarchande. Le fleuve marquait la frontière sud de la Lituanie et la ville a longtemps vécu autour d'une double fonctionmilitaire et commerciale.

Après le repas, pris dans un restaurant de la vieille ville, nous entamons sa visite en voyant successivement :- la basilique Saint-Pierre-Saint-Paul, qui est également la cathédrale de Kaunas. Construite en briques, de stylegothique, son intérieur a été remanié comme en témoigne le maître-autel baroque. En ce samedi après-midi, les maria-ges se succèdent dans la cathédrale… - l'Hôtel de ville, est aussi dénommé le " cygne blanc ", en raison de sa couleur et de son allure élancée : le beffroi cul-minant à 53 m. Sa construction a débuté en 1542 et il a été remanié à plusieurs reprises. Sa fonction de " palais desmariages " lui vaut de connaître une vive animation ce samedi 27 juin : les jeunes mariés y défilent à un rythme sou-tenu et profitent du beau temps pour " arroser " l'événement, sur la place, avec familles et amis et pour prendre desphotos " immortalisant ce grand jour ". Les jeunes couples rivalisent d'élégance, tandis que s'alignent les voitureslouées pour la circonstance : depuis les véhicules de collection (y compris une Citroën traction-avant), jusqu'aux limou-sines américaines plus longues les unes que les autres.- la statue du prêtre et poète lituanien J. Maciulis-Maironis, placée devant le séminaire de Kaunas.- l'église Saint-Georges, église de l'ancien monastère des Bernardins. Délabré, cet édifice est en cours de rénovation.En 1946, les Soviétiques ont laissé 24 heures aux religieux pour déménager les tableaux qui ornaient l'église, avantd'en prendre possession ; ils l'utiliseront notamment pour sécher des parachutes … Un moine présent nous indiqueque le chemin de croix de l'église a été réalisé par un ancien soldat de la Grande Armée, qui était resté à Kaunas aprèsla campagne de Russie.- l'église de Vytautas ; dominant le Nemunas, cette église de style gothique a été construite au XVème siècle par desfranciscains. Une échelle de crues, placée sur l'un des murs de l'église, montre que le Nemunas peut monter de plu-sieurs mètres lors de fortes crues (Cf. 24 mars 1946).- à côté de cette église, le pont d'Aleksoto franchit le Nemunas. Ce pont a été l'objet de plaisanteries lors de sa miseen service : on disait que c'était le pont le plus long à franchir dans le Monde ; en effet, il séparait, dans l'empire tsa-riste, deux provinces ayant des calendriers différents, la rive nord utilisant le calendrier orthodoxe (calendrier julien) etla rive sud le calendrier catholique (calendrier grégorien, en avance de 13 jours).

Nous partons ensuite vers la rue de Vilnius, qui est l'artère principale de la vieille ville, transformée en voie piétonne.Nous arrivons ainsi à l'entrée de l'avenue de la Liberté (Laisves aleja), qui constitue les " Champs Élysées " de Kaunas.Longue de 1 700 m, cette avenue a été aménagée à la fin du XIXème siècle et elle a accueilli un certain nombre d'im-meubles administratifs, lorsque Kaunas était la capitale du pays. Transformée en voie piétonne, en 1982, elle possè-de de nombreux magasins, dont beaucoup sont fermés ce samedi après-midi, à la grande déception de ceux qui comp-

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taient y faire des emplettes. A l'extrémité ouest de l'avenue, une statue de Vytautas le Grand (1990) rappelle le passéglorieux du pays ; à l'autre bout, une imposante église orthodoxe, de style néo-byzantin, a été édifiée en 1893, commeéglise destinée à la garnison russe du château ; elle est, maintenant, affectée au culte catholique. Sur cette avenue,une animation a ravi les mélomanes de notre groupe : des jeunes donnaient un récital, en plein air, en jouant avecd'anciens instruments à cordes ; ce fut un ravissement pour les oreilles averties et un bon moyen de patienter avantde regagner le car.

A 16h30, nous reprenons l'autoroute pour nous diriger vers Vilnius, distante d'une centaine de km. Nous logeons àl'Hôtel Best Western, situé à une vingtaine de minutes à pied du centre-ville. Certains en profitent pour effectuer unepremière découverte de la ville avant le dîner.

Dimanche 28 juin : VILNIUS

Capitale du pays, Vilnius, qui compte 545 000 habitants, est aussi capitale européenne de la culture en 2009 (avecLinz, en Autriche). La crise économique a cependant entraîné une réduction des manifestations prévues.

La ville initiale a été édifiée à la confluence du Neris et de la Vilnia, sur une colline qui regroupe encore une série debâtiments emblématiques : restes du château de Gediminas et cathédrale, musée national lituanien.

Nous commençons notre visite par l'église Saint-Pierre-Saint-Paul, l'une des rares églises anciennes de Vilnius situéeen dehors de la vieille ville. Elle a été construite en 1668, à l'initiative de Michel-Casimir Pac, général lituanien, et cons-titue l'édifice le plus baroque de la ville. La décoration intérieure a été confiée à des architectes italiens, avec pourrésultat un intérieur totalement blanc, mais orné de quelque 2000 décorations en stuc : du bas des murs au sommetde la voûte, se succèdent personnages bibliques, mythologiques, historiques, représentations de batailles, etc. Uneautre originalité de cette église : son lustre en forme de bateau. Le fondateur s'est fait enterrer dans l'église avec cetteépitaphe : " hic jacet peccator " (ci-gît un pécheur). Pendant la période soviétique, cette église faisait fonction de cathé-drale de Vilnius (Cf. ci-dessous).

Nous constatons qu'il n'est pas facile de visiter des monuments religieux le dimanche en Lituanie : les fidèles sont par-ticulièrement nombreux et les offices s'y succèdent toute la matinée ; il faut donc essayer de se faire discret ou reve-nir un autre jour, ce que certains d'entre nous feront le lendemain matin pour la cathédrale de Vilnius.

Le car nous ramène ensuite dans la vieille ville dont nous voyons les principaux édifices.

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La cathédrale de Vilnius est un bâtiment de style néo-classique construit à la fin du XVIIIème siècle. L'édifice est pré-cédé d'un portique avec six colonnes doriques, surmonté par les statues de Sainte Hélène, Saint Stanislas et SaintCasimir, le patron de la Lituanie. Sur la façade, on remarque six statues représentant Abraham, Moïse et les quatreévangélistes. Pendant l'époque soviétique, la cathédrale servait de musée de peinture. Elle a été rendue au cultecatholique en 1989. Le clocher est nettement séparé de la cathédrale. Il a été réalisé en utilisant la tour des rempartsqui était la mieux conservée. La base du clocher est circulaire, avec des petites fenêtres, qui évoquent les anciennesmeurtrières. Devant la cathédrale, venant de l'ouest, se termine l'avenus Gediminas (Gedimino prospektas), qui cons-titue la grande artère de la " ville nouvelle ".

Sur le parvis de la cathédrale (côté sud) a été érigé un monument en l'honneur du grand-duc Gediminas (1275-1341).Il dirigea la Lituanie pendant 25 ans et déplaça la capitale de Trakai à Vilnius ; sous son règne, une série de victoiresa permis à la Lituanie d'augmenter sensiblement son territoire. Inauguré en 1996, le monument est original dans saconception : il représente le grand-duc debout, devant son cheval ; toutefois, certains auraient préféré une statueéquestre classique, c'est-à-dire avec le grand-duc sur le cheval.

Puis, nous gagnons la rue Pilies (Pilies Gatvé), rue piétonne, qui est la principale artère commerçante de la vieille villeet dont le prolongement (Didzioji Gatvé) aboutit à la place de l'Hôtel de ville. Après avoir obliqué vers l'est, nous abou-tissons devant deux églises célèbres : l'église Sainte-Anne et l'église des Bernardins.L'église Sainte-Anne est un chef-d'œuvre du gothique tardif, avec une façade en briques particulièrement ouvragée :on dénombre 33 types de briques différentes. La légende dit qu'en 1812, Napoléon Ier aurait été émerveillé devant labeauté de cette église, au point de vouloir l'emmener à Paris ; mais, plus prosaïquement, il l'a fit mettre à la disposi-tion de la cavalerie française…Juste à côté de l'église Sainte-Anne se dresse l'église des Bernardins : il s'agit en fait de l'église du couvent desBernardins qui est dédiée Saint François et à Saint Bernard ; c'est une construction massive qui, outre son rôle desanctuaire, pouvait aussi servir de forteresse comme en témoigne l'existence de meurtrières sur la façade nord.Devant l'église, se dresse la statue du poète lituano-polonais Adam Mickiewicz (1798-1859).

Nous franchissons la Vilna pour nous rendre dans le quartier d'Uzipis, bâti dans un méandre de la rivière. Uzipissignifie d'ailleurs " au-delà de la rivière "; c'était autrefois un faubourg, situé en dehors des remparts.

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Nous rejoignons ensuite le centre de la vieille ville pour passer devant le Palais Présidentiel et l'Hôtel de ville, avantde rejoindre le restaurant situé dans les caves d'un ancien monastère. Restauré en 1997, le Palais Présidentiel étaitau XVIème siècle la résidence de l'évêque de Vilnius et, à l'époque tsariste, le siège du gouverneur russe. Non loin delà, une stèle évoque le quartier juif et le rôle de la communauté juive à Vilnius (la " Jérusalem du Nord "), avant sonextermination par les nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale. L'Hôtel de Ville a été reconstruit au XVIIIème siècledans un style classique, avec six colonnes supportant le fronton.

Après le repas, nous allons retrouver le bus en passant par la Porte de l'Aurore, qui est la seule porte témoignant desanciens remparts de vieille ville. Au XVIIème siècle, des religieuses ont fait construire une chapelle au-dessus de laporte, pour accueillir une icône miraculeuse de la Vierge Marie. L'édifice actuel a été rénové en style néoclassique audébut du XIXème siècle. L'icône fut célébrée et considérée comme miraculeuse par les catholiques, les orthodoxes etles uniates (catholiques de rite oriental). Des reproductions de cette icône sont installées dans de nombreuses églisesde Pologne et même d'autres pays (par exemple, l'église Saint-Séverin à Paris). Puis, nous partons pour Trakai, peti-te agglomération située à 25 km au sud-ouest de Vilnius, qui fut capitale du grand-duché, jusqu'en 1323. Lina, unejeune guide lituanienne, qui nous a rejoints à 14h, assure les commentaires de l'après-midi. Une série de lacs entou-rent Trakai : ils jouaient un rôle essentiel dans la défense de la cité et de son château ; propices à la baignade et à lavoile, ils constituent maintenant un lieu de détente particulièrement apprécié par la population locale et les habitantsde Vilnius, en été. Les fortifications actuelles, qui sont bâties en briques rouges sur une île du lac Galvé, sont le fruitd'une reconstruction entreprise dans les années 1950 ; seules, les fondations étant d'origine. Dans le donjon, des sal-les d'expositions retracent les grands traits de l'histoire de la Lituanie et permettent d'exposer diverses trouvaillesarchéologiques. Les grandes heures de la Lituanie correspondent à la période de la christianisation du pays, aux faitsd'armes du grand-duc Vytautas, aux victoires contre les Teutoniques, à l'Union polono-lituanienne ; la salle du trôneest reconstituée ; des tableaux représentent les grands-ducs et les principales familles nobles du pays. A Trakai, nousdécouvrons l'histoire des Karaites (ou Karaimes) : il s'agit de gardes et leur famille que le grand-duc Vytautas a recru-tés en Crimée, vers 1400, parmi une secte de " juifs hérétiques " pour constituer sa garde personnelle. Une partie deleurs descendants continue à habiter en Lituanie (200 personnes), dont quelques dizaines à Trakai, où ils essaient demaintenir leurs traditions.Lorsque nous sortons du château, nous constatons que de gros nuages se sont accumulés : le ciel est noir, le tonner-re se fait entendre. L'orage menace et certains essaient d'immortaliser la scène en prenant les éclairs en photo : exer-cice délicat, qui demande une réactivité instantanée… Nous aurons la chance d'échapper à la pluie. Nous constate-rons cependant, lors du retour à Vilnius, qu'elle est tombée abondamment dans les environs de Trakai, ainsi que dansla capitale.

Nous prenons notre dernier repas du voyage, dans un restaurant du centre de Vilnius. C'est pour nous l'occasion dedéguster, entre autres, une grande spécialité lituanienne : les " Cepelinai " (les Zeppelins, car leur forme évoque cel-les des ballons dirigeables) ; il s'agit de boulettes gélatineuses de pommes de terre fourrées de viande hachée et pré-sentées avec une sauce aux champignons. Toutefois, il n'est pas sûr que les cordons bleus de notre groupe se risque-ront à confectionner ce met pour leurs invités, lors d'une prochaine réception.

C'est maintenant un appendice de vieille ville, avec des " guinguettes " sur les bords de la rivière, et un quar-tier prisé par les artistes qui est devenu l'un des plus chers de ville. En 2000, a été proclamée, sous forme degag, la " République autonome d'Uzipis ", avec une constitution affichée en plusieurs langues, dont la lectureest devenue une attraction pour les touristes. Sur les ponts qui franchissent la Vilna, on remarque de nomb-reux cadenas où sont gravées des initiales : les jeunes mariés lituaniens scellent ainsi symboliquement leurengagement.

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Lundi 29 juin: l’UNIVERSITE de VILNIUS

La matinée est mise à profit pour une rapide visite de l'Université et pour faire les ultimes courses.

En 1569, les Jésuites fondent un collège à Vilnius, qui est promu au rang d'Université dix ans plus tard. L'Universitése développe progressivement pour finir par constituer un vaste ensemble au centre de la ville : il comprend une sériede bâtiments enserrant treize cours intérieures. Tous les styles y sont représentés : styles gothique, Renaissance,baroque et classique. Au cœur de l'Université, se dresse l'église des " Saints-Jean ", consacrée à Saint Jean Baptisteet à Saint Jean l'Évangéliste ; l'église a été fondée en 1427, mais son aspect baroque date d'une rénovation duXVIIIème siècle. Dans la nef centrale, on trouve des statues de Saints ; par contre, les nefs latérales sont décorées detableaux représentant les grands savants de l'Université. Une tour voisine, culminant à 68 m, fait office de clocher.L'église a une double fonction : fonction religieuse, bien sûr, mais aussi fonction d'apparat puisque c'est là que les étu-diants reçoivent leurs diplômes. Actuellement, l'Université de Vilnius compte 12 facultés et 23 000 étudiants. Elle a essaimé dans toute la ville et lesbâtiments situés dans le centre historique n'abritent plus que les services administratifs, ainsi que les facultés d'histoi-re, de philosophie et de philologie. On y trouve également une bibliothèque avec plus de 5 millions d'ouvrages, dontdes manuscrits anciens et un exemplaire du premier livre imprimé en lituanien (le " Catéchisme " de MartynasMazvydas).

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Nous gagnons ensuite l'aéroport, où nous remercions Ginta et les chauffeurs (puisque nous avons eu un premierchauffeur de Tallinn à Riga, puis un second pour le reste du voyage) pour leur amabilité et leur serviabilité.

Après les formalités d'embarquement, nous montons à bord d'un AVRO RJ85 de Bussels Air qui décolle à 14h20. Levoyage retour se passe bien et, à 15h25, l'avion se pose à Bruxelles-Zaventem.

A la récupération des bagages, une mauvaise blague (belge ?), il manque une valise : celle d'Henri Dubois. Après unelongue et vaine attente, celui-ci entreprend d'aller déclarer cette perte, pendant que nous allons nous installer dansl'autocar venu nous chercher. Peu après, nous voyons arriver Henri arborant un large sourire : la valise était récupé-rée (retrouvée sur un autre tourniquet, elle avait été confiée aux " Objets trouvés ").

Il ne reste plus au chauffeur qu'à nous extraire des encombrements de la circulation bruxelloise et à nous ramener àbon port. A 18 heures, nous retrouvons Les Quatre Cantons et le Campus de l'USTL : pas de doutes, notre périple estbien achevé… Un grand merci à ceux qui ont déployé du temps, de l'énergie et de la patience pour le proposer et lemettre sur pied : qu'il se soit bien déroulé, à la satisfaction de tous, est certainement pour eux la meilleure des récom-penses.

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directeur de la publication : Joseph Losfelddirecteur de la rédaction : Henri Dubois

rédaction : Alain Barrépôle de reprographie : Université Lille1

ISSN : 1168-6898

et puis encore : les repas, un attelage insolite, nos dames chez les sorcières, le scribede l’ASA en pleine action...

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