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Lettre d’information n° 5 - Hiver 2016 - 21 rue Duhamel 69002 Lyon - [email protected] Livraisons à la Fondation Jan Michalski S amedi 25 janvier, des adhé- rents de l’association « Li- vraisons. Des revues en Rhô- ne-Alpes », accompagnés de quelques revuistes (venant de Paris et de Bruxelles), se sont rendus à Montricher – village situé sur les contreforts du Jura vaudois – à l’invitation de la Fondation Jan Michalski pour y visiter le site (auditorium, es- paces d’accueil…) et plus par- ticulièrement la bibliothèque, et, l’après-midi, y assister à une présentation, programmée par Livraisons et ouverte au public, de deux revues lausannoises, Ar- chipel et La Revue de Belles-Lettres, et de deux revues implantées dans la région Auvergne-Rhô- ne-Alpes, Hippocampe et les Ca- hiers Benjamin Péret. La Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature a été créée en 2004 sur l’initiative de Vera Michalski-Hoffmann en mémoire de son mari. Sa vocation est de maintenir vi- vante l’action de ce dernier en faveur de la création littéraire et de soutenir la littérature par de multiples activités telles que l’octroi d’aides financières, l’or- ganisation d’événements lit- téraires et l’accueil d’écrivains en résidence, pour lesquels des « cabanes » sont en cours de construction (début des rési- dences en 2017). Le Prix Jan Michalski de littérature, lancé en 2009, distingue chaque an- née une œuvre exceptionnelle de la littérature mondiale. Com- pétente et dynamique, ne man- quant pas d’ambition, l’équipe de la Fondation devrait parvenir d’ici quelques années à hisser ce lieu parmi les lieux essentiels à l’épanouissement de l’écriture contemporaine. Inauguré en 2014, le bâtiment tout de béton et de bois, agencé derrière une colonnade, semble, sur sa colline, défier le Mont- Blanc de l’autre côté du lac. C’est l’une des bibliothécaires, Ewa Surowska, qui a accueil- li la quinzaine de personnes que nous étions dans la biblio- thèque, dont les rayonnages sur quatre étages organisés autour d’un vaste puits central portent actuellement 50 000 documents (objectif : 80 000) multicultu- rels et multilingues, offrant un panorama des littératures contemporaines des XX e et XXI e siècles, ainsi que des ouvrages critiques, des dictionnaires et des encyclopédies. L’étage su- périeur est réservé à une col- lection de beaux-livres sur l’art contemporain. Classification adaptée au seul champ littéraire propre à la Fondation, signali- sation limpide, abondance de revues, foule d’écrivains dans leur langue d’origine et traduits, fraîcheur des livres, îlots théma- tiques – comme, par exemple, la reconstitution de la bibliothèque personnelle en langue polonaise de Jan Michalski – : cette biblio- thèque est une tour de Babel luxueuse, avec une réelle mis- sion de lecture publique – même si les usagers, qui disposent, à l’anglo-saxonne, d’alcôves indi- viduelles, ne seront sans doute jamais très nombreux dans ce lieu isolé. L’après-midi, Alessio Christen pour Archipel (revue fondée au début des années 1990 par des étudiants de l’université de Lau- sanne), Marion Graf et David André pour La Revue de Belles- Lettres (plus ancienne revue en Europe fondée en 1836), Gérard Roche pour les Cahiers Benjamin Péret (revue dédiée à un poète) et Gwilherm Perthuis pour Hip- pocampe (revue pluridiscipli- A près un an et demi de tra- vail, la revue Rodéo dévoile la face B de son troisième nu- méro. Face A, on s’en souvient, c’était l’enquête « Qu’appelle- riez-vous danser ? », réunissant 41 réponses de tous bords. Aujourd’hui, Rodéo prend la parole et livre sa réponse à la question devenue « Qu’appelle danser ? ». Le numéro, dense à la manière des deux premiers, explore des terrains politiques, poétiques, chorégraphiques, photographiques, graphiques (oui !). Difficile de décrire la richesse des directions prises : il faut lire la revue. Mais nous pourrions dégager (pour une lisibilité que Rodéo n’appelle pas nécessairement de ses vœux – mais c’est notre charge) des tendances ou des lignes qui constituent cette revue : la ligne historique, par un retour sur des grandes œuvres (ici Le Sacre du printemps), ou par cette rubrique (indispensable !) « Une revue revue » (après Littérature et L’Orient-Express : Les Révoltes logiques) ; une ligne créative, mettant en scène divers portfo- lios, dessins et photographies, cartes à jouer, rébus, récits illustrés ; une ligne politique enfin, à la suite de l’entretien de Michel Foucault paru dans le n° 2, cette ligne est directement liées aux deux précédentes, car c’est bien dans la création que se trouve le germe d’un ques- tionnement sur nos sociétés, il s’agit d’œuvrer ensemble. Jacques Rancière, dans l’entretien publié dans ce n° 3 face B : « S’attarder devant une œuvre n’est pas s’en emparer. C’est bien plutôt faire l’épreuve de sa résistance. » Pour découvrir et partager, nous vous invitons à rejoindre Rodéo pour la sortie de ce numéro, au Lieues, 32 rue des Tables-claudiennes Lyon 1 er , le samedi 30 janvier, à partir de 19 heures. § LANCEMENT Rodéo, n° 3 face B Samedi 30 janvier 2016

Livraisons à la Fondation LANCEMENT · en résidence, pour lesquels des « cabanes » sont en cours de construction (début des rési-dences en 2017). Le Prix Jan Michalski de littérature,

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Page 1: Livraisons à la Fondation LANCEMENT · en résidence, pour lesquels des « cabanes » sont en cours de construction (début des rési-dences en 2017). Le Prix Jan Michalski de littérature,

Lettre d’information n° 5 - Hiver 2016 - 21 rue Duhamel 69002 Lyon - [email protected]

Livraisons à la Fondation Jan Michalski

Samedi 25 janvier, des adhé-rents de l’association « Li-

vraisons. Des revues en Rhô-ne-Alpes », accompagnés de quelques revuistes (venant de Paris et de Bruxelles), se sont rendus à Montricher – village situé sur les contreforts du Jura vaudois – à l’invitation de la Fondation Jan Michalski pour y visiter le site (auditorium, es-paces d’accueil…) et plus par-ticulièrement la bibliothèque, et, l’après-midi, y assister à une présentation, programmée par Livraisons et ouverte au public, de deux revues lausannoises, Ar-chipel et La Revue de Belles-Lettres, et de deux revues implantées dans la région Auvergne-Rhô-

ne-Alpes, Hippocampe et les Ca-hiers Benjamin Péret. La Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature a été créée en 2004 sur l’initiative de Vera Michalski-Hoffmann en mémoire de son mari. Sa vocation est de maintenir vi-vante l’action de ce dernier en faveur de la création littéraire et de soutenir la littérature par de multiples activités telles que l’octroi d’aides financières, l’or-ganisation d’événements lit-téraires et l’accueil d’écrivains en résidence, pour lesquels des « cabanes » sont en cours de construction (début des rési-dences en 2017). Le Prix Jan Michalski de littérature, lancé

en 2009, distingue chaque an-née une œuvre exceptionnelle de la littérature mondiale. Com-pétente et dynamique, ne man-quant pas d’ambition, l’équipe de la Fondation devrait parvenir d’ici quelques années à hisser ce lieu parmi les lieux essentiels à l’épanouissement de l’écriture contemporaine.Inauguré en 2014, le bâtiment tout de béton et de bois, agencé derrière une colonnade, semble, sur sa colline, défier le Mont-Blanc de l’autre côté du lac. C’est l’une des bibliothécaires, Ewa Surowska, qui a accueil-li la quinzaine de personnes que nous étions dans la biblio-thèque, dont les rayonnages sur quatre étages organisés autour d’un vaste puits central portent actuellement 50 000 documents (objectif : 80 000) multicultu-rels et multilingues, offrant un panorama des littératures contemporaines des XXe et XXIe siècles, ainsi que des ouvrages critiques, des dictionnaires et des encyclopédies. L’étage su-périeur est réservé à une col-lection de beaux-livres sur l’art contemporain. Classification adaptée au seul champ littéraire propre à la Fondation, signali-sation limpide, abondance de revues, foule d’écrivains dans leur langue d’origine et traduits, fraîcheur des livres, îlots théma-tiques – comme, par exemple, la reconstitution de la bibliothèque personnelle en langue polonaise de Jan Michalski – : cette biblio-thèque est une tour de Babel luxueuse, avec une réelle mis-sion de lecture publique – même si les usagers, qui disposent, à l’anglo-saxonne, d’alcôves indi-viduelles, ne seront sans doute jamais très nombreux dans ce lieu isolé.L’après-midi, Alessio Christen pour Archipel (revue fondée au début des années 1990 par des étudiants de l’université de Lau-sanne), Marion Graf et David André pour La Revue de Belles-Lettres (plus ancienne revue en Europe fondée en 1836), Gérard Roche pour les Cahiers Benjamin Péret (revue dédiée à un poète) et Gwilherm Perthuis pour Hip-pocampe (revue pluridiscipli-

Après un an et demi de tra-vail, la revue Rodéo dévoile

la face B de son troisième nu-méro. Face A, on s’en souvient, c’était l’enquête « Qu’appelle-riez-vous danser ? », réunissant 41 réponses de tous bords. Aujourd’hui, Rodéo prend la parole et livre sa réponse à la question devenue « Qu’appelle danser ? ». Le numéro, dense à la manière des deux premiers, explore des terrains politiques, poétiques, chorégraphiques, photographiques, graphiques (oui !). Difficile de décrire la richesse des directions prises : il faut lire la revue. Mais nous pourrions dégager (pour une lisibilité que Rodéo n’appelle pas nécessairement de ses vœux – mais c’est notre charge) des tendances ou des lignes qui constituent cette revue : la ligne historique, par un retour sur des grandes œuvres (ici Le Sacre du printemps), ou par cette rubrique (indispensable !) « Une revue revue » (après Littérature et L’Orient-Express : Les Révoltes logiques) ; une ligne créative, mettant en scène divers portfo-lios, dessins et photographies, cartes à jouer, rébus, récits illustrés ; une ligne politique enfin, à la suite de l’entretien de Michel Foucault paru dans le n° 2, cette ligne est directement liées aux deux précédentes, car c’est bien dans la création que se trouve le germe d’un ques-tionnement sur nos sociétés, il s’agit d’œuvrer ensemble. Jacques Rancière, dans l’entretien publié dans ce n° 3 face B : « S’attarder devant une œuvre n’est pas s’en emparer. C’est bien plutôt faire l’épreuve de sa résistance. »

Pour découvrir et partager, nous vous invitons à rejoindre Rodéo pour la sortie de ce numéro, au Lieues, 32 rue des Tables-claudiennes Lyon 1er, le samedi 30 janvier, à partir de 19 heures. §

LANCEMENT

Rodéo, n° 3 face BSamedi 30 janvier 2016

Page 2: Livraisons à la Fondation LANCEMENT · en résidence, pour lesquels des « cabanes » sont en cours de construction (début des rési-dences en 2017). Le Prix Jan Michalski de littérature,

naire) ont rappelé leurs histo-riques respectifs, spécifié leurs orientations, souligné leur di-versité, situé leur existence dans le monde des revues, expliqué la place de la traduction dans leurs sommaires, débattu de la place de la critique littéraire, et pré-senté leurs prochains numéros. Tous ont manifesté une haute idée de leurs lecteurs. Les acti-vités de l’association Livraisons furent également évoquées ainsi que les grandes lignes de l’édi-tion 2016 du Festival de la revue qui se déroulera du 12 au 15 mai 2016 à Lyon.

Cette riche journée préfigure d’autres voyages que Livrai-sons a prévu d’organiser dans les prochains mois pour ses ad-

LIVRAISONS À LA LIBRAIRIE «LE BAL DES ARDENTS»

Adhérez à l’association « Livraisons. Des revues en Rhône-Alpes » Chèque de 20 euros (à l’ordre de« Livraisons ») : Livraisons c/o G. Perthuis 21 rue Duhamel 69002 Lyon

Actuellement, l’École Nor-male Supérieure de Lyon

édite 13 revues touchant à l’histoire, à la philosophie, à la pédagogie et à l’éducation, aux sciences du langage, ou à la sociologie... Ce sont des publi-cations pointues, au plus près des travaux de recherches en cours en sciences humaines et sociales, qui mériteraient une meilleure diffusion extra-uni-versitaire. Retenons-en trois.À travers un ensemble d’ar-ticles et de traductions (dont un texte de Max Weber), le n° 29 de Tracés interroge la notion d’« êtres collectifs » par opposi-tion à la construction plus théo-rique du « social ». La Poste, la place des êtres collectifs dans les discours politiques, la nature de l’opinion publique, ou le fonc-tionnement d’une communauté vénitienne au XVIIIe siècle sont autant d’entrées dans ce riche sujet.Le n° 108 de Mots. Les langages du politiques se penche sur les thèmes et thématiques dans le discours politique avec des analyses lexicales passionnantes de la presse, des élections, des débats parlementaires... Enfin, le n° 51 de Repères ex-plore les lieux et les temps de la lecture proposés aux enfants dans le cadre scolaire : la lecture envisagée comme un voyage. §

hérents. Une visite de l’Abbaye d’Ardenne (près de Caen), siège de l’IMEC (Institut Mémoires de l’Edition contemporaine) est

déjà envisagée pour l’automne prochain (découverte de fonds, visite d’exposition, présentation publique de revues...). §

PARUTIONS

Un choix de trois revues éditées par l’ENS de Lyon

PARUTIONS

De(s)générations.Corps, postures, procédures

À l’initiative de Livraisons, la librairie Le Bal des Ar-

dents propose désormais, un jeudi tous les deux mois, une rencontre avec une revue, ses animateurs ou ses auteurs. En contrepoint du Festival de la re-vue, qui se déroule à un rythme annuel au mois de mai, ce ren-dez-vous plus régulier doit per-mettre d’effectuer un travail de veille sur l’actualité des revues et de dresser, au fil des soirées, un panorama contemporain des publications périodiques.

La première s’est déroulée le 23 janvier avec Julien Blaine. As-sis seul derrière la longue table tendue de rouge du Bal des ar-dents, le poète a retracé son ac-tivité d’éditeur de revues qui l’ont conduit aux quatre coins du globe (Les Carnets de l’Octéor, créée en 1962, Approches, Robho, Doc(k)s, entre autres) et d’éditeur de la free press (Géranonymo, Pi-rates, Vivlalib…) avant d’en venir à la dernière de ses créations : In-vece.Invece, annuelle, est éditée par

Le poète, performeur et plasticien Julien Blaine inaugurait un cycle consacré aux revues

Il y a presque quarante ans, Michel Foucault identifiait

les technologies de l’ordre qui collent à nos corps et à nos esprits. Sous le titre «Corps, postures, procédures», le n° 24 de la revue De(s)générations, tente de décrire et d’actualiser les formes contemporaines de disciplines des corps : « des pro-cédures induisant des postures, définissant un usage de l’es-pace, du temps, des langages, la disposition de nos corps comme de nos pensées ». §

De(s)générations, n° 24, 12,50 euros JP Huguet éditeur Chemin des tissages 42220 Saint Julien Molin Molette

Al Dante. Le n° 0, publié en 2012, relatait un maculage d’af-fiches publicitaires à Venise par Blaine lui-même. Les numéros suivants sont les fruits de col-lectes de textes et d’illustrations auprès d’amis poètes, confirmés ou non, inspirés par des héros de la rébellion, des « artistes de la vie vécue », comme l’est Ju-lien Blaine : la pirate Mary Read (n° 1), l’Indien Rain in the face (n° 2), l’esclave marron Ci-

mendef (n° 3). L’extrême hété-rogénéité des contributions ren-seigne, interpelle et convainc.

Debout, Julien Blaine le perfor-mer a, en guise d’adieu, mâché, digéré, éructé, vitupéré, ruminé, mâchouillé, marmonné, crié un déluge de mots laissant son pu-blic sans voix, avant que tout le monde ne reprenne souffle pour un exercice de questions/réponses.

Alliant esthétique, politique et philosphie, la revue stéphanoise Dé(s)générations sera la prochaine invitée au Bal des Ardents, le jeudi 24 mars à 19 heures. Philippe Roux, son rédacteur en chef, y dialoguera avec Ma-rie-José Mondzain. Philosophe, directeur de recherche au CNRS, spécialiste de l’étude du rapport aux images, elle contribue, avec Alexandre et Daniel Costanzo ou Giorgio Agamben au n° 24 de la revue (février 2016), consacré au thème « Corps, postures, pro-cédures » (voir l’annonce de pa-rution ci-contre). §

La 2ème édition du Festival de la revue Livraisons se déroulera du 12 au 15 mai 2016 au musée des Beaux-arts et à l’Ecole natio-nale supérieure des beaux-arts de Lyon. L’événement débu-tera par un après-midi orienté

FESTIVAL 2016 en direction des professionnels du livre (libraires et bibliothé-caires) organisé en partenariat avec l’ARALD, Libraires en Rhô-ne-Alpes et l’ENSSIB. Jean-Chrsitophe Bailly sera l’in-vité d’honneur de la soirée inau-gurale. Il évoquera son parcours intellectuel en revues et en par-

ticulier Fin de siècle et Aléa qu’il dirigea aux éditions Bourgois. Un focus sur les revues québe-coises sera proposé tout au long du festival (Estuaire, Cinémas, Liberté, Contre-jour). Le pro-gramme complet sera disponible début mars et le communiqué est déjà consultable en ligne. §