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Joseph FRICERO 1807-1870 82

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Joseph FRICERO1807-1870

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Ils sont rares, les collectionneurs, amateurs desœuvres délicates de Joseph Fricero, qui peuvent sevanter de nos jours d’avoir pu dénicher sur le marchéde l’Art quelque aquarelle de cet artiste de grandtalent. Pourtant ces œuvres-là existent, j’en airencontré, cachées comme les fleurs fragiles de hautemontagne1. Mon aventure commença voici plus devingt-cinq ans... durant lesquels j’ai eu un plaisir,toujours nouveau, à rencontrer au fil du temps, desNiçois souvent de souche ancienne, qui m’ont invitéà venir faire la connaissance de “leur Fricero”...

Joseph Fricero voit le jour à Nice le 4décembre 1807. Son père, Philippe, est ligure, deCairo-Montenotte ; sa mère, provençale, est née àAntibes. Chez les Fricero, on cultive la vigne sur leshauteurs de Cairo, et on fait du vin. Mis en barils,transporté sur une tartane, ce vin est acheminéjusqu’à Nice chez l’oncle de Joseph, « marchand devin » (nos négociants actuels). C’est donc dans cettesociété de marchands que le jeune Fricero, troisièmeenfant du couple, fait son entrée discrète au monde,dans un Comté de Nice déjà particulièrementchahuté par l’actualité de la Révolution française dontles armées comme celles du Premier Empire passentpour guerroyer contre l’Autrichien. Joseph -remarquons-le - conservera toute sa vie un prénom « à la française » jamais mis « au goût du jour » enl’italianisant en « Giuseppe », comme le fit parexemple Garibaldi. Je cite Garibaldi, parce qu’ilsfurent amis, nés la même année, tous deux à Nice.

De 1807 à 1809, la famille, qui compte déjàquatre enfants, habite aux Ponchettes, rue de laConvention. Ils ont pour voisin le chevalier Paul-Émile Barberi, qui commence à prendre des élèveschez lui. Les Fricero, en 1810, déménagent ets’installent rue de la Loi, actuellement en partie ruedu Sénat.

Jusqu’en 1823, les parents du futur peintreétoffent le cercle familial : six filles et sept garçons.Aussi, pour loger tout ce monde et exercer sonmétier, Philippe Fricero - maintenant négociant -achète le 5 de la place Victor, actuelle placeGaribaldi, nouvellement achevée. La maison, sansdoute celle qui abrite le Café de Turin, devient CasaFricero et sera connue sous ce nom au 19e siècle.C’est ici que le jeune Joseph exercera ses talents innéset réalisera son premier dessin conservé, représentantla Table familiale avec, tout autour, ses douze frères etsœurs, ses père et mère, sans oublier le chien. Lafamille, toute étonnée du don de Joseph, est décidée àl’encourager. Pour Philippe, il lui semble flatteur depouvoir compter un artiste dans la famille. On pensedonc sérieusement à lui trouver un maître... etpourquoi pas, Paul-Émile Barberi ?

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Page de gauche122 Joseph FRICEROFemmes de village à la fontaine, Nice, 1848Aquarelle

123 Joseph FRICEROAutoportrait à vingt-cinq ansAquarelle

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Justement, en cette année 1823, comme lemontre Christian Borghèse dans son étude surBarberi2, ce peintre né à Rome et installé à Nice,pressé par les édiles niçois, ouvre enfin dans l’anciencouvent des Jésuites, rue de la Condamine, à l’anglede la rue du Château, sa nouvelle école communalede dessin, désignée par les Niçois école Barberi.C’est l’espoir qu’attendait M. Fricero père pour yinscrire son fils Joseph. Barberi ne tarde pas àremarquer les qualités de ce garçon de seize ans,travailleur discret et passionné, qui acquiert sifacilement les principes d’un art qu’il devait illustrer.Il commence à signer des portraits lui rapportantdéjà une petite aisance et une enviable notoriété.

C’est alors que Barberi, voyant ce succèsnaissant, cherche à s’associer cette jeune valeur, et luipropose de collaborer à sa propre production. « L’élève égalait le Maître à tel point que l’onconfondait ses œuvres avec celles de l’artiste enrenom et qu’elles étaient achetées aussi bien que si

elles eussent porté la signature “Barberi” »3, écritVictor de Courmaceul, contemporain, amateur d’artet collectionneur.

La célébrité de Fricero se propage, agrémentéedes guinées des belles ladies avides de posséderquelque dessin de lui et surtout de ses merveilleuxportraits d’une grâce inimitable. Devant cetteréussite, et ces progrès si rapides - Joseph aseulement 18 ans -, son maître lui conseille de partirpour Florence, afin de compléter son éducationartistique. Et pour la première fois, il va quitter leshorizons si chers de sa ville natale. À Florence, ilprend pension aux Offices, où il amassera uneprovision de trésors, copies des Maîtres anciens, etconcevra l’idée de constituer sa collectionpersonnelle, qu’il nommera Copies d’œuvres de peintrescélèbres. Cette collection, constituée au gré de sesvoyages dans les pays étrangers, sera une passiondurant plus de vingt ans.

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124 Joseph FRICEROLa place Victor (Garibaldi)Aquarelle

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J’ai découvert à Saint-Pétersbourg ce qui estprobablement son ultime copie. Fricero l’avait sansdoute réalisée pendant son second séjour en Russie. Ils’agit d’une Descente de Croix du Véronèse, qui retintson attention et qu’il se fit prêter. Il en réalisa unegrande copie à l’identique. J’ai recensé à ce jour dix-sept copies - mais la liste n’est pas exhaustive -figurant dans cette collection, dont voici les titres: laDescente de croix, évoquée ci-dessus, Le Jeune homme àla toque, d’après le Caravage, Louvre, conservée auMusée Russe de Saint-Petersbourg ; Deux des QuatreÉvangélistes, d’après Jordaens, Louvre ; Portrait deRembrandt, Vieillard, Jésus au Jardin des Oliviers, Têtede jeune fille, d’après Rembrandt ; Saint Jérôme,d’après José de Ribera, Lille ; Figure, d’aprèsSalvatore Rosa ; Esquisse, d’après Rubens ; LesCourtisanes, d’après Sigalon ; Marie-Madeleine, d’aprèsle Titien ; Philippe II, le Duc d’Olivarès, d’aprèsVélasquez ; Saint Jean-Baptiste enfant, Figures, d’aprèsLéonard de Vinci ; La Vierge Marie enfant en prière,d’après Zurbaran, merveilleuse aquarelle dont je faisle bref récit de son histoire dans mon livre, et qui estconservée au Musée Russe de Saint-Pétersbourg.

On peut considérer qu’à partir de 1825-1826,Fricero est entré réellement dans son rôle decréateur. Le voici déclaré «pittore», peintre, sur leregistre des conscriptions, les «leve» de 1827. Il atout juste vingt ans.

En 1829-1830, des événements importants seproduisent entre Paris et Alger, provoquant une trèsforte tension entre les deux capitales. Les projecteursde l’actualité se braquant sur cette partie de laMéditerranée, Fricero, curieux de nature, s’yintéresse... au point de vouloir y aller voir. Desdescriptions aux couleurs chaleureuses hantent sonimagination en éveil. C’est décidé, il s’embarquerapour Barcelone, d’où il gagnera Gibraltar en suivantla côte et franchira le détroit pour Tanger. L’examenattentif de son carnet de croquis confirme cetitinéraire, comme il indique également celui de sonretour par Séville, Madrid et Medina del Campo, oùil fera un arrêt prolongé au monastère dans lequel ilcopiera sa fameuse Petite Vierge Marie en prière, deZurbaran, conservée au Musée Russe.

Grâce à son passeport sarde, Fricero n’est pasinquiété par les autorités d’Algérie. Il bénéficie d’unelibre circulation au milieu des guerriers de l’ÉmirAbd-el-Kader. « Il partage la vie difficile desnomades du désert, apprend leur langue, porte leurhabit et couche sous la tente », comme nousl’apprend Victor de Courmaceul. Une aquarelle del’Ermitage, datée 1830, confirme bien son séjour enAlgérie à ce moment-là. Elle représente des Guerriersalgériens au repos à l’ombre d’un long mur. Plusieurspeintures, dont certaines à l’huile, ont été réalisées,

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125 Joseph FRICEROTête d'Apollon, copie d'antiqueDessin au crayon

126 Joseph FRICEROLa Vierge Marie en prière, copie d'après ZurbaranAquarelle

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probablement en atelier, d’après les croquis du carnet ;elles montrent - toujours d’après Victor deCourmaceul - « les plus beaux types du mondealgérien, sa palette s’enrichit et se dore... On y trouveces teintes chaudes et ces riches nuances qui ferontdésormais partie intégrante de son œuvre.»

On retrouve Fricero à Nice en 1832. Il s’installeà la maison Cappon nouvellement construite hors lesmurs, sur la rive droite du Paillon, face au boulevarddu Pont-Neuf. Le grand peintre Paul Huet, ami deFricero, nous précise que l’atelier qu’il s’y aménageest bien exposé au sud, et bénéficie d’un meilleurensoleillement que la « casa paternelle ». C’est là quela première grande chance de sa vie frappera à saporte.

Entre 1836 et 1845, à l’approche de chaqueautomne, on voit arriver à Nice, venant de Paris, PaulHuet et sa jeune femme Céleste, atteinte de phtisie.Paul Huet, qui a 34 ans, est un ancien élève duGroupe de l’Ile Séguin, près de Meudon ; il s’adonneparticulièrement à l’étude du paysage. Intime deLamartine, Hugo, Sainte-Beuve, Alexandre Dumasfils, il ne se contente pas d’être un pinceau et untalent, il est aussi une intelligence. Camarade deBonington, ami et admirateur de Delacroix etConstable, protecteur de Louis Flandrin, élèved’Ingres, il doit à sa culture intellectuelle non moinsqu’à son talent d’être choisi pour donner des leçons àla duchesse Hélène, belle-fille du roi Louis-Philippe.

C’est vraisemblablement à la fameuse librairieVisconti que Fricero rencontra Paul Huet. Établiesur le Cours près des Terrasses, elle représente àl’époque une sorte de centre culturel dont ledéveloppement littéraire et artistique ne peutqu’attirer tout écrivain ou tout artiste arrivant à Nice.Fricero y paraît bien évidemment, se devant de nepoint manquer l’occasion d’élargir ses relations et sesconnaissances. C’est là qu’il découvre les attraits desvilles et des pays lointains et ce qu’il peut en attendrede valeur artistique... Sinon comment expliquer qu’ilconnaisse des sites comme ceux de Pula en Croatie,ou de Taormina en Sicile, ou bien encore ceux desrégions désertiques des Chott El-Rharsa en Tunisie.Paul Huet, observateur affiné de la nature, se lied’amitié avec Joseph Fricero dont les excentricitésl’amusent ! Ils partagent certaines idées et ont unmême objectif : ils pensent que le travail en atelier estune période révolue, qu’il faut être sur le terrain pourpeindre la nature, qu’il faut être naturel. C’estl’abolition de siècles de convention. Corot, apôtrediscret de cette méthode, est de ceux qui pensentainsi. D’autres aussi, comme Delacroix, qui en 1858,fera un parcours comparable à celui de Fricero maisau Maroc, Bonington, Gagarine, futur ami et

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127 Joseph FRICEROGroupe de huit guerriers algériens au repos,sous un portique, 1830Aquarelle

128 Joseph FRICEROBarque de pêcheurs à Alicante, vers 1829Huile sur toile

129 Joseph FRICEROGuerriers de l'émir Abd-el-Kader au repos, 1830Aquarelle

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protecteur de Fricero, qui trouvera sur place matièreà illustrer Le Tarantass et Le Caucase pittoresque. Lesidées philosophico-artistiques sortent des cercles troplongtemps clos des petits ateliers de grands maîtres.Dans son Autoportrait de 1846, on voit commentFricero s’installait pour peindre ses aquarelles :simplement assis sur une pierre, la tête protégée d’unlarge feutre, une pèlerine le couvre intégralement.Ses jambes seules apparaissent, repliées de façon àoffrir un support à sa feuille de papier... en pleinenature.

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130 Joseph FRICEROAutoportrait à trente-neuf ans, 1846Aquarelle

131 Joseph FRICEROPaysage de rivièreAquarelle

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Durant l’hiver 1839 meurt Céleste Huet. Elleest inhumée au cimetière du Château. Huet, accablé,peint. Il réalise des couchers de soleil aux tonsviolents et ensanglantés. Triste et solitaire, ilretourne à Paris en 1840. L’année suivante, on lereverra à Nice, en novembre, en route pour Rome.Ce sera pour Fricero l’occasion de revoir son ami, delui offrir son hospitalité pour un séjour réconfortant,qui renforcera leur amitié, étayée par un échangeintellectuel enrichissant. C’est surtout le momentpour Fricero d’ouvrir sa porte au monde artistique del’époque... Son destin change. En effet, Huet, enconnaisseur, apprécie le réalisme et la rapidité dudessin de Fricero en même temps que la délicatessede ses teintes, toujours fondues dans des tons ocres etchauds. Fricero professe une foi, une religion : ledésir permanent d’atteindre la perfection du beau, dedominer la difficulté. Tous deux parcourentensemble les environs de Nice, peignant degrandioses panoramas de rochers et d’horizonsmontagneux. Une de ces aquarelles, conservée aumusée d’Art et d’Histoire de Nice: Montagnes del’arrière-pays prouve l’exigence de Fricero enverslui-même. Huet réalise au même moment Rochersdans la vallée de Nice, 1841. Ils arrivent à Tende et àLa Brigue. Entreprendre ce voyage à cette époquen’est pas simple, les chemins de mules étant les seulsmoyens d’accès. Ils rapportent de cette expéditionplusieurs aquarelles parmi lesquelles, pour Fricero,Jeune Femme coiffée du mandiou auprès de sa mère filantla quenouille, conservée au musée de l’Ermitage. Ellefut présentée en France pour la première fois lors del’exposition de Villefranche en 1989.

Puis Huet poursuit sa route vers Rome.L’étude des dessins de Fricero semble démontrerqu’il est aussi du voyage. Huet donne dans ses lettresle détail de son itinéraire : Florence, Pise, Rome,lieux que l’on retrouve à la même époque dans lesaquarelles et les dessins de Fricero, qui poursuivraseul son investigation le long de la côte, jusqu’enCalabre en passant par Naples. Il rejoint la Sicile etpar une petite traversée en bateau, il arrive enTunisie, but confirmé entre autres œuvres, par sonaquarelle de L’Oasis fortifiée de Tamersa.

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132 Joseph FRICEROPaysannes de La Brigue, 1842Aquarelle

133 Joseph FRICEROBonson sur la vallée du VarAquarelle

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En 1843, Fricero « monte » à Paris où il est attendupar Huet. Les deux amis visitent la capitale. Huetfatigue son hôte. Mais il regrettera que Fricero nereste pas davantage. En effet, il apparaît que cedernier ait fait la connaissance de la comtesseWachlmetter, qui lui propose de l’emmener enSuède, et de lui faire prodiguer des soins pour sesyeux, sa vue ayant été éprouvée depuis le voyage enAlgérie. Huet aime à dire que son ami Fricero est unexcellent garçon, un peu excentrique, dont une idéefixe consiste à se faire passer pour un Maure. Ils’interroge à propos de la comtesse et dit que si cen’est pas elle qui devient Madame Fricero, ce nepourra être qu’une princesse du Nord... curieuseprophétie.

À la faveur de ce quatrième voyage, voici quelsont été les cinq, ou plutôt six, grands parcours deFricero à partir de 1830 au départ de Nice (si l’oncompte les deux en Russie) : l’Algérie via l’Espagne(1830-1831), la France, Paris (1840, 1843, 1856),I’ltalie, Rome, la Sicile et la Tunisie (1842-1843), laFrance, la Belgique, le Danemark et la Suède (1844).la Russie, via l’Italie, la Macédoine, la Turquie, laPalestine (1847 et 1849). Le retour à Nice s’étanttoujours réalisé par voie maritime.

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134 Joseph FRICEROL'Oasis fortifiée de Tamersa au nord de Chott-el-Rharsa, 1842Aquarelle

135 Joseph FRICEROPaysage suédois, 1844Aquarelle

136 Joseph FRICEROIstanbul, la Corne d'OrAquarelle

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On note à Nice, en 1847, l’arrivée du princeGrégoire Grégorievitch Gagarine. Intime du tsarNicolas 1er de Russie, ami de Pouchkine, dont ilillustrera les œuvres, il est issu d’une famille dediplomates. Son père est ambassadeur du tsar àRome. Gagarine est chargé d’enquêter discrètementsur les événements agitant cette année-là les Étatsitaliens. De nombreux monuments russes sont lagloire du peintre qu’il est aussi : en effet, il a réaliséles fresques de la cathédrale de Tbilissi en Géorgie,celles de la chapelle du Palais Marie (Marynski) àPétersbourg, pour ne citer que ces exemples. Leprince observe Fricero, travailleur infatigable etobstiné. Il est peut-être, d’une certaine manière, unesorte de « chasseur de têtes » pour son souverain.Entre les deux artistes naît une complicité et,progressivement, germe dans l’esprit de Gagarinel’idée de l’emmener avec lui à Pétersbourg en passantpar Istanbul... Le projet plaît à Fricero, qui accepteavec enthousiasme. Ce voyage est celui qu’il appelaitde ses vœux : voir Constantinople, objet de ses rêvesnés des conversations d’adolescent avec son amiGaribaldi qui, lui, connaissait la cité orientale pourl’avoir découverte tout jeune, avec son père, qui s’yrendait pour son commerce. La chance est là, ellesemble lui sourire. Il partira.

À Saint-Pétersbourg, le prince Gagarineprésente son protégé à l’aristocratie, puis, précédésd’une certaine aura, ils franchiront les grilles duPalais impérial où réside en hiver la famille du tsar.Nicolas 1er reçoit avec courtoisie l’ami de Gagarine,qui demeurera au Palais où il donnera des cours dedessin à la fille naturelle du Tsar, Joséphine - diteYouzia3.

Dans les palais impériaux, Youzia partagel’existence de ses trois demi-sœurs, Maria, Olga etAlexandra. À Peterhof, elles habitent le petit palais « La Ferme ». Youzia bénéficie de l’affection de latsarine Alexandra Feodorovna, comme en témoignerason arrivée à Villefranche en octobre 1856 lorsque,devenue veuve en 1855, elle s’installera pour unséjour à Nice...4

Le séjour de Fricero se prolonge, plus de sixmois passent, pendant lesquels d’heureux tête à têteavec Joséphine leur permettent de faireconnaissance... Il arrive souvent que le même idéalpartagé fasse naitre des sentiments qui, dans les âmesromantiques, se transforment quelquefois en amour.C’est ce qui se passe entre le maitre et l’élève...Fricero lui parle en termes touchants de son pays,qu’il doit songer à regagner. Il en décrit avec passionles charmes et la douceur du climat, qu’elle ignore et,à l’écouter, le cœur de la jeune femme se met à battrepour Joseph, si attachant par sa rassurante présence et

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137 Joseph FRICEROJoséphine Koberwein lisant, Nice, 1848Aquarelle

138 Joseph FRICEROLa promenade des moines à Kiev, vers 1848Huile sur toile

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si touchant malgré ses manières un peu frustes. Il luivient l’envie de suivre cet homme, qui lui apporte cequi lui a manqué jusque là, I’enthousiasme, l’émotionartistique, I’aventure... un foyer peut-être !

Et le départ pour Nice est décidé. Le voyageprendra l’aspect d’une promenade d’amoureux encompagnie de Madame Koberwein, la mère de Joséphine. On embarque à Odessa pourConstantinople, puis de là pour Nice. Et c’est avecune jeune fiancée au bras que Fricero retrouve sapatrie et sa maison... Il faut penser aux formalitéspour le mariage : il faudra se rendre à Marseille, oùse trouve un prêtre orthodoxe au Consulat général deRussie. Et, après bien des difficultés - car, Joséphinen’ayant pas de document certifiant son identité, ilfallut bien y pallier - le mariage sera enfin célébré enjanvier 1849.

Les époux passeront l’hiver à Nice. Mais dès leprintemps, Joséphine est impatiente de retourner enRussie, et plus spécialement à Peterhof, où sa mèredoit rentrer. Le tsar Nicolas 1er revoit Fricero avecbienveillance et lui fait attribuer un des ateliers duPalais d’Hiver, que l’administration prête à desartistes choisis. Il s’y installe et consacre alorsl’essentiel de son travail à la peinture à l’huile. Àcette époque, il découvre pour la première fois la vieconfortable et facile.

À l’automne 1849, Youzia attend un enfant,qu’elle ne souhaite pas voir naître sous le rude climatde son pays. Aussi, bien qu’à regret, Joseph et safemme pensent-ils à leur retour à Nice. Néanmoins,ils s’attardent avant de prendre le chemin du retour.Or, à cette époque où les voyages se font dans desconditions bien inconfortables, où les routes sontpour ainsi dire inexistantes, on empruntecommunément la voiture de poste comme moyen delocomotion. Aussi ce retour met-il la future mèredans un état de grande fatigue, et lorsque les épouxarrivent à Odessa - d’où un bateau devait les amenerà Nice - ils ne peuvent continuer. C’est donc àOdessa que Joséphine met au monde le 9 février1850 son premier fils, Alexandre, qui aura pourparrain le futur empereur Alexandre II et pourmarraine la grande-duchesse Hélène Pavlovna, belle-sœur de Nicolas 1er.

Les Fricero arriveront finalement à Nice enaoût ou septembre 1850, où ils s’installeront à lamaison Cappon, près de l’embouchure du Paillon.En 1852, ils achèteront une grande et bellepropriété, grâce aux générosités de Nicolas 1er àl’occasion du baptême de leur premier-né Alexandre.C’est un vaste domaine issu de la succession dusecrétaire d’État Paul Grosson, qui comporte

plusieurs maisons et une petite chapelle, le tout situésur un versant de la colline de Saint-Philippe. Danscette propriété, Fricero installe son atelier d’artiste.À cette époque, grâce aux relations de son épouse, ildonne des cours de dessin à des élèves del’aristocratie comme Marcello, qui deviendra uncélèbre sculpteur dans un temps où, pour unefemme, s’imposer dans cette discipline était choserare !5

Le 1er mai 1853, Madame Fricero met aumonde Nicolas, son deuxième fils. Il a pour parrainson grand-père, le tsar Nicolas 1er. C’est à cetteépoque que Fricero commence à exposer à la Sociétédes Amis des Arts de Nice. Une première expositionest organisée en 1852. Fricero y vend des aquarelles,dont : Portrait de Rembrandt, Figure d’après SalvatoreRosa, Minerve d’après Rembrandt, Figure de Leonardde Vinci, Esquisse d’après Rubens, Pâtre de La Brigue,Constantinople, Galata, Turcs à la fontaine... En 1854,toujours pour la même Société, il présenteAutoportrait et Portrait d’Alexandre (des huiles); JeunePaysan romain et Tête de Jeune fille (des aquarelles).

En 1855, Nicolas 1er meurt à Saint-Pétersbourg.Également, le 2 août 1856, la mère de Joséphine,Marianne, décède à Tsarskoïe Selo, âgée de 63 ans.Alors, Joséphine décide d’entreprendre un voyage àSaint-Pétersbourg en compagnie de ses deux fils,Alexandre et Nicolas. Durant ce qui pour eux est enmême temps un pèlerinage et un voyage d’affaires,les journaux annoncent que l’impératrice douairièreAlexandra Feodorovna, récemment veuve du tsarNicolas 1 er, choisit la Côte d’Azur, et plusparticulièrement Nice, pour venir s’y reposer.Fricero, depuis Paris où il séjournait après avoiraccompagné jusque là son épouse et ses enfants - quipoursuivront leur trajet jusqu’à Dunkerque pours’embarquer sur un bateau à destination deSaint-Pétersbourg -, écrit à Youzia et lui demande «ce qu’elle sait de la réalité de ces informations »...question sans réponse pour moi à ce jour, mais ce quiest réel, c’est qu’Alexandra Feodorovna débarquerabien à Villefranche du «Carlo Alberto» le 26 octobre1856 au matin, pour un séjour à Nice de six mois.Aussi, on peut affirmer que sans aucun doute JosephFricero engendra - malgré lui peut-être - un fluxd’intérêt pour Nice de la part de la famille impérialerusse durant trois générations.

Le 28 mars 1857, c’est fête chez les Fricero. Lequotidien L’Avenir de Nice la relate en ces termes : « Hier matin, l’impératrice et la Cour impériale sontallées déjeuner à la villa Fricero, de Saint-Philippe.La grande-duchesse Hélène, épouse du grand-ducMichel, frère de Nicolas 1er, le prince héritier deWurtemberg et son épouse la grande-duchesse Olga

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étaient de la partie. La musique de la garnison avaitété appelée à embellir cette fête de ses charmantesfantaisies »... L’impératrice quittant Nice le 22 avril,on peut penser que Joséphine organisait là uneréunion d’adieux en famille et ceci témoigne encore,s’il en fallait des preuves, des bonnes relationsentretenues avec Alexandra.

Michel, Ange, Alexandre, un troisième garçon,voit le jour le 9 septembre 1858 à la propriétéFricero. C’est à nouveau la fête ! L’empereurAlexandre II est le parrain, représenté par AlexandreFricero, l’aîné des enfants. Au milieu de tous cesévénements, inlassablement, Fricero poursuit sontravail. Il peint Nice et la Baie des Anges. À Sainte-Hélène, la vue sur «Nissa la bella» se détache enfaçades de lumière sur le fond des teintes plombéesdes monts qui l’entourent, concrétisée par l’aquarellede l’Ermitage Panorama avec au premier plan un aloèsen fleur. Des petits groupes de femmes et d’hommesmarchent sur la berge. Le ciel est limpide. Lescouleurs sont douces... la Promenade des Anglaisn’est encore qu’un chemin...

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139 Joseph FRICERONice vue du Mont-BoronAquarelle

140 Joseph FRICEROLa baie des Anges depuis Carras, 1846Aquarelle

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L’impératrice reviendra à Nice en novembre1859, accompagnée de ses filles Marie et Olga, de sabelle-sœur Hélène, et de ses fils Constantin, Nicolas,Michel et leurs épouses, dont Fricero parlait dans seslettres à Youzia. C’est une femme malade, épuisée,qui vient chercher de l’aide pour sa santéchancelante. Elle arrive de Gênes sur la frégate « Svetlana », celle-là même où le jeune officierAlexandre et son frère Nicolas feront leur tour dumonde en même temps que leur cousin, le grand-ducAlexis Alexandrovitch, le futur amiral de la flotteimpériale. L’impératrice s’installe villa De Orestispuis villa Bermond, où avait séjourné HélènePavlovna. Le domaine de Bermond n’est pas éloignéde la villa Fricero... La grande-duchesse Olga nequitte pas sa mère. On peut lire dans les journaux dutemps « Lorsque le temps le permet, l’impératricedouairière se fait porter sur les collines si poétiquesde Saint-Philippe. Une jeune dame russe, la femmedu peintre Fricero, qui jouissait depuis sa plus tendrejeunesse de la bienveillance affectueuse del’impératrice, habitait cet endroit pittoresque appelél’Ermitage, perché en haut du coteau agreste etparfumé. On y avait construit à mi-côte un bancrustique que les gens du “village” désignèrent sous lenom de banc de l’impératrice. De là, poursuit lechroniqueur, la contemplation s’abîme et se perd, audelà d’une mer de verdure sur le flot de lumière etd’azur qui imprime à Nice une si vive couleurorientale ».

L’impératrice Alexandra quittera Nice le 31mai 1860 pour n’y plus jamais revenir. Elle s’éteindrale 1er novembre 1861 à Saint-Petersbourg. C’est laconsternation chez les Fricero... Après cesévénements débuteront pour eux des temps difficiles.Encore une fois, le 24 avril 1861, Fricero est à laMairie. Il vient y déclarer la naissance de sonquatrième fils, Joseph, Philippe, Emmanuel.Joséphine a 36 ans et Joseph 54. Les visites dessouverains russes continuent. Après l’impératrice,Alexandre II et la tsarine Maria Alexandrovnaarrivent, villa Bermond, pour assister leur fils aîné, letsarevitch Nicolas Alexandrovitch, dans ses derniersmoments. On apprend sa mort le 24 avril 1865 et soncorps est ramené à Saint-Pétersbourg, à bord de « l’Alexandre Newski » ancré en rade de Villefranche.

Depuis que Nice est devenue française, denombreux artistes français viennent goûter lescharmes de la Riviera. Les hivernants goûtent moinsla peinture de Fricero, aussi sa production s’enressent-elle. Petit à petit, il se retire de la vie niçoise.Bientôt, il ne sortira presque plus de sa propriété,dont la moitié déjà a été vendue. La famille s’estinstallée à « L’Ermitage », un pavillon situé plus hautque la maison principale, la « Commanderie » ou « Petit Versailles ».

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141 Joseph FRICEROForge près du port de Nice, 1837Aquarelle

142 Joseph FRICEROLa colline du Château de Nice vue de Cimiez, 1839Aquarelle

143 Joseph FRICEROVestiges de l'ancien Château de Nice, 1846Aquarelle

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Son isolement volontaire provoque chezFricero des moments de découragement. Il se voitoublié, son nom et ses œuvres tombent dans lesilence. Ses contemporains disent qu’il est devenuaveugle vers 1865 - ce que dément une aquarelledatée de 1867. Cette œuvre, la Funeste Gondole(toujours dans la famille), semble empreinte d’unegrande détresse. Cette gondole vénitienne paraît à ladérive, sans batelier, sans horizon. L’ensemble estsombre... L’humeur du peintre devient maussade, ilest difficile à vivre, son art ne lui rapporte plus quemédiocrement, et le bien-être semble avoir disparu ;il flotte une impression de tristesse. Joseph Fricero,vieilli prématurément, s’endort pour toujours lematin du 26 septembre 1870 à « L’Ermitage » deSaint-Philippe, âgé de 63 ans. En rendant l’âme, ileut encore la force de dire à sa famille réunie : « Je nevous laisse pas d’argent, je n’en ai pas, mais voustrouverez des trésors dans mes cartons ».

Les trésors semblent s’être évanouis avec ladisparition de leur créateur... Il fallut cinquanteannées avant d’en voir réapparaître. C’est seulementen 1919 que L’Artistique organisera une expositionrétrospective sur Nice à travers les âges, sans doute àl’occasion des fêtes de la Victoire. « L’Artistique, enprésentant l’exposition rétrospective niçoise, nes’était pas proposé d’exhumer tout l’héritage de notrepassé et d’en dresser l’inventaire. Il a voulusimplement donner un aperçu de ce que serait unMusée niçois alors que la création de ce musée était àl’ordre du jour ». Il fut décidé de présenter entreautres « les délicieuses aquarelles de nos peintres du19e siècle ». Les aquarelles de Fricero présentéesfurent au nombre de trente-trois. Une certainenostalgie entraîna les Niçois à faire la part belle à « cepeintre très habile qui parcourut des contréeslointaines, qui produisit des œuvres d’art de premierplan, qui enrichit l’Art de tableaux partout répanduset qui vivra éternellement dans leur mémoire».6

Serge ROMAIN

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Notes1. Pour les sources, on peut se reporter à mon livre: JosephFricero, peintre-voyageur, 1807-1870, paru en 1993 à Paris chezFerrand et à mon article “Joseph Fricero, peintre de Nice(1807-1870)”, in Nice Historique, 1988 n°1, p.3-20.2. Christian BORGHESE, “Paul-Émile Barberi, peintre etarchitecte, 1775-1847” in Nice Historique, 1997 n°4, p.173-225.3. Le grand romancier Léon Tolstoi, dans son livre Enfancenous fait une description de Youzia. Ils se rencontraient l’étédans la propriété de la comtesse Zavadovsky, épouse du princeWladimir Kozlovsky. Cette dame d’honneur de l’impératriceElisabeth, l’épouse du tsar Alexandre 1er, était l’amie communedes familles Romanoff et Tolstoï. Le romancier masque àpeine la vérité lorsqu’il désigne Youzia sous le nom deKatenka.

4. La vie quotidienne à « La Ferme » est simple et familiale.Les demi-sœurs s’appellent par leurs surnoms : Mary, Olly,Adini et Youzia. Comme ses compagnes, Youzia appellel’empereur et l’impératrice Papa et Maman, comme on peut levérifier dans la correspondance qu’elles échangeaient. Jusqu’àsa mort (1893), Youzia et Olly (Olga) restèrent très proches, setutoyant. Elles évoquaient ensemble à Nice leur jeunesseinsouciante. Olga était à cette époque reine de Wurtemberg.5. Elle voyagera entre Fribourg, sa patrie, et Nice, où onpouvait la voir, l’hiver, en compagnie de sa mère et de sa tanteCaroline, la comtesse de Diesbach. Elle épousera à Rome unprince Colonna, et prendra alors son titre de duchesseCastiglione-Colonna.6. Traduction de l’inscription gravée sur la tombe de Friceroau cimetière de Caucade.

143 Joseph FRICEROLa gondole funébreAquarelle

145 Joseph FRICEROSoleil couchant sur l'Estérel, 1853Aquarelle

Page de droite146 Joseph FRICERONice à travers les pinsde la propriété Fricero, vers 1860Aquarelle

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