livresLivres d'images

Aux éditions Benn, diffusées par Garnier : Lacourse des rats, de Colin McNaughton ; nousavions déjà parlé d'une autre "aventure épous-touflante d'Anton B. Stanton", Les pirates, chezle même éditeur. Ici les images sont toujoursexcellentes, mais l'histoire est plus entraînante etmieux bâtie ; le petit homme se trouve prisonnierdu roi des rats, mais finalement on lui fera untriomphe.

Chez Bonnier, diffusion Garnier, un nouvelalbum d'Eisa Beskow : Le bateau neuf de l'oncleCélestin, aventure amusante et simple de deuxenfants d'autrefois.

Chez Casterman, collection Funambule, Si lessouris volaient, de John Cameron. Le thème estamusant et les dessins excellents. On regrette unpeu que le texte, très court, ne soit pas mieuxtraduit ; les effets en seraient plus percutants.

Au Centurion : Le chantier du grand immeu-ble, de Bruno Le Sourd, images à observer dansla collection Un grand album Pomme d'api.

Je reste ici, un album de Wilhelm Schlote, quijoue plus que jamais sur le vide de la page oùpassent quelques animaux joueurs, un bateau,un arc-en-ciel, des flocons de neige, beaucoup debrouillard et de ciel pâle.

Un réjouissant album de Janet et Allan Ahl-berg : Bill le cambrioleur ; dessins excellents,texte drôle sur l'aventure d'un paisible voleur quise trouve une femme dans sa profession. Fichedans ce numéro.

Un album Duculot, de Daniel Fano, Les man-geurs de ciel, illustré par Catherine Chasseur :une image inattendue de la société de consom-mation, au temps où le ciel était comestible et àla portée des gourmands...

A l'École des loisirs, Chansons de France pourles petits Français, reproduction fidèle de l'al-bum de Boutet de Monvel, avec son format, sescouleurs amorties et sa reliure de toile rosé. Uneréussite et un cadeau idéal.

Toute une série de Lutin poche, avec un inéditen français : Georges, de H.A. Rey, qui raconte

nouveaux

les premières aventures d'un petit singe mali-cieux. Nous avions déjà signalé cet album dansl'édition américaine. Fiche dans ce numéro.

Bonnes rééditions dans cette collection : Lesanimaux ont la parole, de Peter Spier, II ne fautpas habiller les animaux, de Judi et Ron Barrett,Le roi Babar, de Jean de Brunhoff, Brun l'ours,de Samivel.

En Renard poche : Max, de Giovanetti.

A la Farandole, collection Jérôme et sonchien, quatre très bons albums d'Annette Tisonet Talus Taylor dont on attendait avec impa-tience la réédition : des pages imprimées surplastique transparent transforment certains des-sins de l'album en venant s'y superposer. Dedanset dehors (Un château pour Angelo) : à proposd'un projet de niche pour le chien, quantité detrouvailles drôles sur le thème de l'habitat vu del'intérieur ou de l'extérieur. Animal cache-cache(L'aventure des animaux invisibles) : Jérômemontre à ses amis des photos de voyage, maisdes intrus se sont glissés sur les clichés... L'aven-ture des trois couleurs : comment faire beaucoupde couleurs avec du rouge, du jaune et du bleu.Plus un nouveau titre : Magie noire en couleurs,où la chimie entraîne Jérôme dans une drôled'aventure.

Chez Flammarion, L'arbre aux cochons, d'Ar-nold et Anita Lobel, un album où tout est plai-sant, futé, savoureux : texte, images etprésentation. Un mari paresseux, une femme àl'amour inventif et malicieux. Fiche dans cenuméro.

Nouvelle collection chez Gallimard : Foliobenjamin. Styles, réussites et âges divers.

Chut chut Charlotte, de Rosemary Wells, àraconter aux petits en regardant avec eux lesimages. Les bébés sont toujours choyés, les aînésont tous les privilèges ; entre les deux, Charlottese sent mal aimée ; dans les familles de souris,c'est bien comme chez les humains ! Fiche dansce numéro.

Le ver cet inconnu, de Janet et Allan Ahlberg.Tout ce que deux humoristes bien sympathiquespeuvent vous apprendre sur un petit animal

apprivoisable, acrobate, témoin de l'Histoire,décoratif, déguisé, comestible, etc.

Voyage au bout de l'éponge, par Hans Trax-ler, encore un génie de l'absurde ; drôlerie, effi-cacité de l'image : un petit homme trouve uneéponge ; elle rend tant d'eau qu'il va se noyer...de tonneau en bateau, en lit flottant plein decastors, en volcan, en planète, un voyage insenséramène l'aventure à son point de départ.

Le livre de tous les jours, agenda illustré depetits dessins en couleurs et de court poèmeschoisis par Jacques Charpentreau. Ce n'est pasun livre pour les bibliothèques, mais un cadeaupersonnel que les enfants semblent beaucoupapprécier.

Et deux rééditions d'albums qui ne gagnentrien à cette réduction de format, La souris quireçoit une pierre sur la tête, et surtout Drôle dezoo, les dessins de Michael Foreman étantconçus pour un autre espace : celui de l'album àl'italienne.

Dans la collection En poésie, un volume surLa Montagne et Jacques Prévert, un poète,choix de textes et courte biographie. Une bonneidée, un tel recueil manquait dans les collectionspour les jeunes.

Chez Gautier-Languereau, collection Pit-choun, histoires de Marie Tenaille, images d'Eli-zabeth Parmentelot : Je grandis, Dans la rue, Jem'amuse. Bonnes images de la vie courante d'unenfant très jeune, sur carton, avec pour chaqueimage une ou deux lignes de commentaire trèssimple. Bien adapté à l'âge des premiers albums.

Chez Nathan, Grepotame et 250 drôies d'ani-maux croisés, un album de dessins de CatherineGuéry, avec des textes en forme de comptinespar Pierre Léon. Format allongé à l'italienne, lespages sont coupées en deux, à l'horizontale, cequi permet de composer des animaux fantasti-ques ; les noms des animaux étant eux aussi àcheval sur les deux moitiés de la page, on obtienten même temps un torcon ou un fauchon à partirde la tortue et du faucon. C'est amusant et lesdessins sont réussis.

Bandes dessinées

Chez Dargaud, Le magot des Dalton, unLucky Luke qui se survit comme il peut, avecréutilisation des gags autrefois mieux amenés.

Chez Dupuis : Tu te rappelles, Bill? le 17e

"Boule et Bill" de Roba, consacré comme le pré-cédent à "une rétrospective de gags encore iné-dits". Toujours très agréable à lire, dans une

série traditionnelle, mais d'une qualité qui ne fai-blit pas.

Chez Glénat, Mafalda, de Quino. Une éditionen couleurs de cette excellente bande dessinée,autrefois publiée en noir chez Jean-Claude Lat-tes et que nous avions signalée en son temps. Lechoix des histoires est ici différent ; à découvrirou à relire, pour les plus de dix ans, sans limited'âge. Des Peanuts mordants.

Les Humanoïdes associés ont publié desContes de Gascogne recueillis par Jean-FrançoisBladé, avec des dessins de Jean-Claude Pertuzé ;cette mise en bandes dessinées est un travail demise en scène : noire est l'encre de ces imagescomme est noire la poésie de ces vieux récitspaysans.

Chez Transit, des adaptations en bandes dessi-nées des Misérables et de Quatre-vingt-treize, enplusieurs grands albums noir et blanc ; rencontrefrappante de la BD actuelle avec les gravures deséditions populaires de Hugo au xixe siècle.

Contes et romans

Aux éditions de l'Amitié, Le secret dudomaine, de Pascal Guignard, illustré par JeanGaronnaire. Un "album" très particulier dont onne sait au juste à qui il s'adresse. C'est un jeufascinant avec le langage, traité non plus commevéhicule de communication, mais comme incan-tation, art de parole tissée ; une histoire s'endégage pourtant, comme les émanations d'unmarécage dangereux. Réduit à l'anecdote, le scé-nario a de quoi bouleverser les bibliothécaires :un enfant exclusivement voué à la lecture portela mort avec lui ; après avoir tué ainsi deux outrois épouses, il se volatilise en une page flam-boyante et sa mère, à son tour, tombe sans vieprès de l'âtre. Les images de Garonnaire sontbelles, sans autre lien avec le texte que celuid'une ambiance poétique, beaucoup plus légèred'ailleurs. Recherche, baroque assez vide, unecuriosité en somme.

Avalanche de livres de poche. Plusieurs collec-tions sortent à la fois ce printemps (voir plus loinPère Castor, Gallimard, Nathan).

Chez Casterman : collection L'ami de pocheavec six titres, très divers. Lettres d'un oncleperdu, de Mervyn Peake, un petit chef-d'œuvrede l'absurde, malheureusement desservi par unetrès mauvaise réalisation technique (entassementétouffant de dessins au crayon envahis de textesgris sur fond gris). Mais les amateurs d'humourexcellent ne s'arrêteront pas aux apparences. Le

mieux est de lire le texte à haute voix en regar-dant les images. Fiche dans ce numéro.

Hugues-le-loup, d'Erckmann-Chatrian ; unconte fantastique : château du Moyen Age, dia-bleries, malédictions, loups-garous et vampires ;tout cela illustré par Jean-Claude Luton, qui faitdu Rembrandt comme il respire.

Les enchantements de Merlin, premier volumed'une suite d'aventures des chevaliers de la Tableronde ; une adaptation de François Johan, hon-nête et plus qu'honorable - en tout cas agréable àlire, avec des images qui rappellent à la fois lesminiatures médiévales, Jérôme Bosch et cer-taines peintures surréalistes.

Joe Davila, l'aigle, d'André Laude : une singu-lière histoire de chasseur de rapaces qui, devenuvieux, fait un pacte avec le roi des aigles. Les avissont très partagés. Illustrations inégales de Béré-nice Cleeves, couverture peu attrayante.

Histoires naturelles, de Jules Renard : spiri-tuelles, fignolées, à piquer dans une vitrinecomme des papillons morts. Images d'animauxde Laurence Arcadias, dans un style intéressant.

Rééditions annoncées des western de PierrePelot, dans la série Dylan Starke. Premier paru :Quatre hommes pour l'enfer.

Deux livres exceptionnels édités (pour lesadultes) par le Courrier du Livre : Contes der-viches et Les exploits de l'incomparable MullaNasrudin, recueillis par Idries Shah. A lire à toutâge - surtout le second, plus accessible - et àplusieurs niveaux : celui de l'anecdote, de la plai-santerie, de la morale conventionnelle ou non,du pittoresque oriental, et d'une sagesse pro-fonde, celle des soufis, qui utilisèrent ces "contesd'enseignement" depuis des siècles.

Un album Duculot : Poucette d'Andersen,illustré par Lisbeth Zwerger ; de belles imagesqui créent toute une ambiance. Nous avonsmaintenant diverses présentations de ce mêmeconte, mais l'illustration le renouvelle chaquefois, et ce n'est pas sans intérêt. Sans doute lesenfants en sont-ils touchés différemment.

A l'École des loisirs, Le griffon et le petit cha-noine, de Frank R. Stockton : comment le grif-fon vient admirer son portrait en pierre auporche d'une vieille église et comment son goûtgastronomique pour un jeune chanoine évoluevers l'amitié. Un conte à lire et à relire, avec detrès belles images de Maurice Sendak.

Trois nouveaux Renard poche : La chauve-souris poète, de Randall Jarrell, illustré parMaurice Sendak ; une chauve-souris fait de pas-sionnantes découvertes pendant que ses sœursdorment, elle compose des portraits poétiques de

l'écureuil, du merle moqueur — que ses modè-les apprécient diversement. Cette jolie histoirepeut — elle aussi — n'être pas appréciée d'em-blée à sa juste valeur, mais plus on la relit, pluson l'aime, puis on y pense avec plaisir.

Sucreries de quat'sous, d'Edward Fenton,illustré par Edward Gorey ; le petit Paul a-t-ilenfin trouvé l'occasion de monter dans l'estimede ses camarades ? Ce n'est pas lui qui courtderrière les autres, mais eux qui le suivent chez lamarchande de bonbons. A propos d'une anec-dote bien observée de la vie enfantine, on partdans l'imaginaire et les dessins sont, comme letexte, évocateurs, magiques et un peu inquié-tants.

Texas Jim ou le coboye triste, de Pierre Gri-pari, illustré par Philippe Dumas, s'intitule"pièce enfantine" sans doute par antiphrase ;c'est une parodie de western qui démarre defaçon très drôle, mais ensuite traîne en longueuret semble moins convaincante ; les référencesadultes amuseront les aînés, et les inconditionnelsde Gripari passeront tout de même d'agréablesmoments.

A la Farandole, dans la collection De-ci, De-là, Drôle de tigre, de Leny Werneck, images dePhilippe Davaine. Dans la vie de Faco, il y apapa, maman, grand-mère, Adio et Bia quijouent toujours avec leurs amis, l'école. Et puis ily a un tigre qui dort sous son lit. Ça fait peur,mais on peut aussi le rencontrer un jour dans lebois... et au fond il a une bonne tête.

Dans la collection 8 9 10 : Bruno chez leschats, de Madeleine Gilard ; une amusante his-toire d'étudiant qui fait du baby-sitting dans unefamille où les chats ont beaucoup de personna-lité. Tout le livre est d'ailleurs un hommage à larace féline, que l'auteur décrit et comprendadmirablement ; il se termine par "une penséeaffectueuse" pour quelques-unes de ses relationsà quatre pattes. Toutes les qualités de MadeleineGilard : la simplicité, la sensibilité sans affecta-tion, l'art de conter, l'humour.

Dans la collection 1000 épisodes, Quatre surune île, d'Antonieta Dias de Moraes, conte uneaventure de vacances ; deux garçons et deuxfilles, sur la côte brésilienne, ont adopté unepetite île qui leur semblait déserte ; ils vont yfaire une rencontre qui excitera beaucoup leurimagination. C'est une réalité simplementhumaine qu'ils découvriront enfin : deuxmisères, deux solitudes vont être balayées parune entreprise de tourisme en même temps que leparadis des enfants. Beaucoup de fraîcheur et devérité.

Chez Flammarion, dans la Bibliothèque duChat perché, le troisième volume des Aventures

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de Paddington de Michael Bond : Paddingtonen liberté, et Paddington prend des risques.

Nouvelle collection Castor poche, avec huittitres qui ont en commun des qualités de présen-tation, de simplicité et de vérité. C'est dire qu'ilssont bien dans la ligne "Père Castor".

Akavak, de James Houston, est une belle his-toire, rude et poétique dans le bon sens du ter-me ; un Esquimau de quatorze ans guide songrand-père dans un dangereux voyage, qui serapeut-être le dernier. Bien traduit par Anne-Marie Chapouton, illustrations de l'auteur.Fiche dans ce numéro.

L'arbre à voile, de Wanda Chotomska :l'aventure d'enfants qui ont fait d'un grand peu-plier leur espace de jeu, le support de leurs rêves,le navire dont ils sont capitaine, mousse, mate-lots. Mais l'arbre devra céder la place à un ciné-ma : une autre porte sur l'imaginaire qui ne ferapas oublier Farbre-voilier. Un roman vivant etattachant, bien traduit du polonais par ZofiaBobowicz ; images de Bruno Le Sourd, dans l'es-prit du texte.

La gloire, de Janusz Korczak : à Varsovie, en1910, des enfants rêvent de leur avenir; pourl'instant, il faut travailler car la misère et le mal-heur n'épargnent personne autour d'eux. Mais cesont de vrais enfants, joueurs, naïfs et amicaux ;demain ne peut pas les décevoir tout à fait...

L'eau secrète, de Marie-Claude Roulet, est unrecueil de quatre récits sur des thèmes de la natu-re : l'eau des ruisseaux qui emporte les petitsbateaux d'écorce, l'eau des marais où sommeil-lent les légendes, l'arbre creux où s'abritent lesjeux, la forêt mystérieuse où rôde peut-être lefantôme d'un corbeau bavard, un jour exilé pourses frasques, le vent qui vous emporte en un rêve.Poétique, plein de souvenirs, avec comme unparfum des dictées d'autrefois.

Le fauteuil de grand-mère, de Charlotte Her-man, les rapports qui s'établissent entre unepetite-fille et sa grand-mère qu'on installe tantbien que mal à la maison ; la vieille dame se sentvite inutile et seule. Les réactions de chacun sontévoquées dans leur vérité ; c'est un livre simple etattachant, souvent drôle, mais qui n'en pose pasmoins un vrai problème : celui des personnesâgées tenues en marge de la vie par la population"active". Nous y reviendrons.

Du soleil sur la joue, de Marilyn Sachs : uneenfant juive a échappé à la dispersion de safamille ; elle se rappelle la vie heureuse d'avant-guerre, les siens qu'elle ne reverra peut-êtrejamais. Encore un beau livre dont nous repar-lerons.

Les histoires de Rosalie, de Michel Vinaver,content des anecdotes d'une vie enfantine dans laRussie d'autrefois ; inégal, mais souriant.

Une jument extraordinaire, de Joyce Rock-wood, ou comment un Indien de douze ans ris-que l'aventure pour retrouver sa chère jumentvolée par une tribu ennemie.

Chez Gallimard, dans la nouvelle collectionFolio benjamin :

Le dromadaire mécontent, très bonne histoirede Jacques Prévert illustrée par Francis Quique-rez. Si, après ça, vous ne savez pas distinguer unchameau d'un dromadaire, c'est à désespérer del'humour !

Le marin qui dansait, de Janet Quin-Harkin ;une agréable fantaisie avec des images très gaiesd'Anita Lobel.

Un coq et une poule rêvaient d'un royaume,une fable plaisante racontée et illustrée par AnitaLobel.

Le trésor du père Potier, très jolies peinturesnaïves de Reg Cartwright et texte de PatrickKinmouth. Les émotions d'un amateur depigeons.

En cherchant la petite bête : un bestiaire amu-sant en comptines choisies par Jacques Charpen-treau et illustrées par Henri Galeron.

La charge de la brigade des souris, par Ber-nard Stone, images de Tony Ross : des souvenirsmilitaires transposés chez les souris. Bof !

En Folio junior, Histoire du petit bossu, unsavoureux conte des Mille et Une Nuits, L'île autrésor, de Stevenson, L'auberge de l'Ange gar-dien, de Mme de Ségur, Le voyage au centre dela terre, de Jules Verne. Les romans d'HectorMalot : Sans famille et En famille, deux volumes.

Heureuse réédition en deux volumes desContes de Pierre Gripari illustrés par Puig Rosa-do : Le gentil petit diable et autres contes de larue Broca, La sorcière de la rue Mouffetard etautres contes...

Le chien qui a vu Dieu, de Dino Buzzati, illus-tré par Morgan (qui aurait bien dû dessiner aussila couverture pour qu'elle ne contredise pas l'es-prit du texte) : le chien d'un ermite devient laconscience de tout un village italien et le tour-ment d'un boulanger au cœur dur.

Bonne présentation pour Le nuage vert,aventures rocambolesques racontées par Neillaux enfants du Summerhill. Voir la fiche consa-crée dans notre revue n° 39 à la première éditionparue à l'OCDL.

L'île du V«4 maussade, un nouveau livre deJean-François Ménard qui ne décevra pas seslecteurs. Un dieu qui s'ennuie, des sujets esclavesd'une loi morte, un enfant qui osera ramener lavie et la liberté. 11 y a plus de richesse, de réso-nances, d'humanité dans cette nouvelle d'unecinquantaine de pages que dans tant de longsromans vaseux... A lire absolument.

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Garnier présente certains de ses classiquessous un cartonnage en couleurs généralementtrès réussi ; la collection s'appelle Bibliothèqueessentielle. Parus notamment sous cette formeattrayante : Fables choisies, de La Fontaine, LesMille et Une Nuits, traduction Galland, Lesaventures d'Olivier Twist, de Dickens, La mareau diable, suivi de François le Champi, deGeorge Sand, en un volume.

Aux éditions Bruna, diffusion Garnier, TanteJulia a "la main verte", de Rosemary Harris etJuan Wijngaard : une petite fille qui s'ennuiechez une tante sèche et trop ordonnée s'inventeune maison imaginaire. Les images sont remar-quables, le récit laisse le lecteur sur une impres-sion ambiguë ; c'est un petit livre qui n'est pasindifférent.

Chez G. P. La planète des hommes-fruits, deRobert Sabatier, extrait des Enfants de l'été, etillustré par André Verret ; texte dense, récitchargé de détails et d'épithètes, qui ne déchaînepas l'enthousiasme des lecteurs...

Chez le même éditeur, Marie-Pierre Daninosraconte l'histoire d'un petit garçon doué pour lamécanique (histoire vraie du frère de PierreDaninos, qui créa la Facel-Vega). Un certaincharme rétro dans les images de SatomiIchikawa.

Texte intégral de Sans famille et En familled'Hector Malot, en deux gros volumes.

Dans la collection Dauphine, L'étrange petitponey, de Rumer Godden ; comment une enfantde huit ans, originale et turbulente, apprivoiseun vieux sauvage. Cela se passe en Ecosse etl'auteur évoque les vieilles traditions de la Tous-saint où les enfants déguisés jouent un grandrôle. Se greffe là-dessus un projet de jardinpublic pour lequel il faut obtenir le terrain que legrognon ne veut pas céder. Tout s'arrangera,naturellement. Le récit échappe aux défauts fré-quents de ce genre d'aventure, encore que la tra-duction n'ait sans doute pas rendu le tonpersonnel de Rumer Godden. La couverturebanalise fâcheusement le livre.

Chez Hachette, dans la collection Tapisvolant : Le fantôme du samedi soir, de SidFleischman. L'auteur, fidèle à lui-même, bâtitune histoire drôle avec un sujet macabre de bri-gand, de fantôme et de cercueil plein d'or. L'il-lustrateur, Yves Beaujard, a bien du talent.

Ouachitah bon pied mauvais œil, de SigridHeuck. Bon titre et bonne histoire d'un jeuneIndien qui rate toutes ses épreuves de tir à l'arcparce qu'il est myope ; des lunettes fournies parun vieux colporteur en feront le héros de la tribu.Inattendu et drôle.

Dans la collection La bouteille à l'encre : Lebrigand de Mademoiselle est avancé, de PaulBiegel. Un jeune brigand sympathique et unebrute armée jusqu'aux dents se font une guerre àrebondissements pour une demoiselle. Présen-tation attrayante, chapitres courts bien illustrés,traits de caractère et détails pittoresques... toutce qu'il faut pour une lecture bien agréable.

Dans la Bibliothèque verte, Bennett n'en ratepas une, où le héros de Buckeridge a des pro-blèmes de canne à pêche.

Un Hitchcock aussi. Le lion qui claquait desdents, nouvelle aventure des Jeunes détectives.Probablement pas la dernière, malgré la mort del'auteur...

Dans la collection Grandes œuvres, unesuperbe édition de Bilbo le hobbit, avec des des-sins de Tolkien, celui notamment qui donne savraie dimension au "trou" du hobbit et le portraitdu héros tel que l'avait rêvé l'auteur.

Le Livre de poche jeunesse présente sept réédi-tions : Emile et les détectives, d'Erich Kâstner,texte complet, traduction revue et corrigée, avecdes dessins amusants de Daniel Maja. Halic lephoque, d'Ewan Clarkson, Arsène Lupin gentle-man cambrioleur, de Maurice Leblanc, L'hom-me qui brillait la nuit, de Sid Fleischman, lesContes des cataplasmes, de Vercors, Tartarin deTarascon, d'Alphonse Daudet, avec les dessinshumoristiques de Dubout, et Le castor Grogh etsa tribu, d'Alberto Manzi.

Aux éditions Mazarine : J'avais deux cama-rades, de H ans Peter Richter. L'auteur de Monami Frédéric y évoque "dix années dans les Jeu-nesses hitlériennes", montrant les jeunes Alle-mands peu à peu enrégimentés, leurs parentsralliés au régime par la forceou la persuasion ;ce témoignage sans littérature est d'autant plusfrappant. Il demande pour être bien compris unecertaine maturité chez le lecteur : les person-nages, eux, n'ont ni l'information ni la libertéd'esprit et d'action qui leur permettraient de réa-gir ; ce sont des héros, ou des patriotes convain-cus ou des Allemands moyens qui n'ont d'autreperspective que de se soumettre. Un documentéloquent.

Chez Nathan, dans la collection Arc-en-poche : Un amour de Charlotte, par MichaelBond, une nouvelle aventure d'un cochon d'Indequi ne passe pas inaperçu ; Charlotte n'est pasen forme et les Sans-Fourrure l'emmènent aubord de la mer ; elle y rencontrera un de sespareils, raconteur d'histoires qui change de per-sonnalité en fonction des programmes de télé. Etça aura des conséquences...

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Romarine, d'Italo Calvino ; huit contes du fol-klore italien. C'est un autre choix et un ton plusdépouillé que dans le premier recueil de Calvino,publié autrefois en français sous le titre Fiabe,aux éditions Delpire. Espérons que d'autres sui-vront, de cette qualité.

Braves petits ânes : huit histoires de HildaPerera (Prix Lazarillo 1978), presque toutesconsacrées à des animaux sympathiques et drô-les ; une petite fille aussi, qui joue avec sonimage, un gnome à la recherche "d'une choseagréable qui ne se touche, ne se sente ni sevoie..."

Dans la Bibliothèque internationale, rééditionde L'Étoile polaire, roman de Colette Vivier surlequel les avis sont partagés ; les uns le trouventun peu vieilli, les autres, adultes et enfants, l'ontlu avec grand plaisir. Un petit Parisien couvé parses parents fait un séjour à Dieppe où l'attendentbien des surprises.

Nathan lance deux nouvelles séries de poche,la collection P.J. (romans policiers) et la collec-tion S.F. (science-fiction), qui semblent s'adres-ser plutôt aux adolescents. Des romans de 125pages, donc assez vite lus, signés d'auteurs ou dejournalistes connus ou de débutants qui se sontdéjà illustrés dans une autre spécialité ; qualitésdiverses.

Placide et l'Archiduc, de Claire Godet, est unpolicier qui se lit agréablement : une histoire detableaux et de faussaires.

Mademoiselle Le Stic mène l'enquête etMademoiselle Le Stic et le miroir, deux aven-tures d'un professeur d'anglais qui joue les détec-tives amateurs ; quelques amusantes caricaturesde bourgeois sordides, des astuces faciles sur lenom de la demoiselle, qui sert aussi de pseudo-nyme à l'auteur ; un ton un peu vieillot, mais celase lit assez bien.

Le disque à trois faces, d'Arthur Vaudescal :une grande cantatrice perd sa voix mais refuse deperdre la face ; à cela se mêle l'aventure en merde deux enfants aux prises avec un bandit. Leroman est assez mal équilibré, mais se lit pour-tant sans ennui.

Dans la série S.F., Monde 39, de Michel Phi-lippart, commence avec une idée originale etfrappante : mettez-vous à la place des person-nages qui découvrent dans leur cave un troubéant sur l'espace interplanétaire. Après cela, ilest évidemment difficile de se maintenir au mêmeniveau.

Épreuves par neuf, de Michel Forgit, tient enhaleine presque constamment, avec un cas d'in-nocent surdoué, des facultés supfanormales etdes esprits venus d'ailleurs. Là encore, les der-niers chapitres retombent un peu.

Pas d'avenir pour les Sapiens, de Bernard Vil-

laret : six nouvelles inégales dont certaines sontexcellentes, notamment la capture de Swift pardes géants du futur ; et l'exploration des ruinesde Paris par des humains d'après-demain qui ontréglé les problèmes d'espace et de subsistance del'espèce en ramenant leur taille à une quinzainede centimètres.

La nuit des lumineux n'est vraiment pas undes meilleurs romans de Christine Renard ; ils'agit d'une sorte de Visitation d'êtres éthérés des-cendus du ciel pour faire des enfants à quelquesdemoiselles de province. Les adolescents angéli-ques issus de ces croisements fascinent la filled'un médecin et l'un de ses amis et les inquiètentà la fois : les lumineux ont en effet de gravesproblèmes d'adaptation. Sont-ils condamnés àmort ? C'est une histoire qui boite entre lemystico-fantastique et la science-fiction.

Aux éditions Pronoia : Contes du folklorejaponais, un album bien illustré, dans un styled'ombres chinoises, et des textes courts en groscaractères. D'autres contes annoncés, avec lamême présentation, dans cette collectionEnfance.

Chez Seghers, dans la collection 1001 histoi-res : Makak le roi des singes, de Ou Tcheng'en ;personnage célèbre de la culture orientale, cesinge turbulent cherche la sagesse à grand ren-fort de magie et fait scandale jusque chez lesimmortels. Bonne adaptation pour les enfantspar Delphine Baudry-Weulersse. Une longue lec-ture, mais beaucoup de pittoresque.

Aux éditions du Seuil, collection Points, Lebaron perché, texte intégral du roman d'ItaloCalvino (par ailleurs chez Gallimard en versionréduite).

Chez Stock, collection Bel oranger : J'm'ap-pelle Tigre, de Franckcina Glass ; l'amitié pastoujours idyllique de deux solitaires : un enfantnoir de onze ans et un marginal volontaire quiun jour a tout lâché pour une vie de demi-clochard. Ce roman a de grandes qualités, maisune happy end un peu forcée : Tigre retrouve unpère bourgeois dont il ignorait l'existence et secivilise tout à fait.

Dans la même collection, Matt et Kayak, uneaventure du Grand Nord, par James Houston.Un Canadien de treize ans se perd dans un désertglacé en compagnie d'un Esquimau de son âge.Un roman pittoresque et plein d'action pour les10-12 ans ; on y voit vivre, misérablement, desEsquimaux d'aujourd'hui ; le ton est simple etchaleureux. Une bonne lecture.

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