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À]PPROFON[DIRE David Goudreault

Livret À]pprofon[Dire, David Goudreault

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Livret de l'album À]pprofon[Dire de David Goudreault. Crédits photos : Jean-François Dupuis Infographie : Basta Communication

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À]PPROFON[DIREDavid Goudreault

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La griesche Musique Michel Cordey Texte Adaptation en Français moderne du poème La Griesche d’Hiver Rutebeuf (1230-1285)Voix David Goudreault

Même Mal Musique Lénième Piano Dominique RheaultViolon Charles Van GoidtsenhovenTexte et voix David Goudreault

RepôsitifMusique LénièmePiano Dominique Rheault Arrangements Christian DrouinTexte et voix David Goudreault

Meurtre de soi ( version 2011 ) Musique Sébastien CorriveauChœurs Charles Lavoie Texte et voix David Goudreault

La 55 en hiverMusique LénièmePiano Dominique RheaultVioloncelle Anaïs ConstantinTexte et voix David Goudreault

KebekwaMusique LénièmePiano Dominique Rheault Tambour Claire VigneaultViolon Charles Van Goidtsenhoven Texte David Goudreault Chœurs Gaële et Jipé DalpéVoix David Goudreault

Àpprofondire Musique BoogatFlûte Caroline DupontTexte et voix David Goudreault

Mathys / Musique LénièmePiano Dominique Rheault Percussions (Udu) Joe PréfontaineTexte et voix David Goudreault

La voix du MilieuMusique Dominique Goudreault Arrangements Christian DrouinTexte et voix David Goudreault et Patrick Jalbert

Je te suis, Tu m’es en direct lors du Slam du Tremplindu 6 janvier 2011Texte et voix David Goudreault

Simililove Musique BetaloversCharles Lavoie (guitare), Benoît Converset(Contrebasse) Jesse Hens (Dobro). Texte et voix David Goudreault et Charles Lavoie

Noire Lumière Musique de Blind Willie Johnson (Pièce intégrale; Dark was the Night, Cold Was The Ground (1927)Inspiré de l’œuvre visuelle de ClemzTexte et voix David Goudreault Rencontre au SonnetMusique BoogatTexte et voix David Goudreault, Mathieu Lippé et Queen Ka

Fils de Pub / en direct lors du Slam du Tremplin du 6 janvier 2011Texte et voix David Goudreault

Le Saint-Je Musique Loustic Texte et voix David Goudreault

Chant de BataillesMusique France BookTexte David GoudreaultVoix David Goudreault et Gaële

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[ Repôsitif ] Parfois, j’ai l’envie de mourir / Plus pressante qu’une envie de pisser / Est-ce que je vais pouvoir me rete-nir / Ou je vais me mourir dessus???/ Reste…reste…Reste positif! / J’ai le moule à bonheur / Mal huilé / Ça colle au fond, ça goûte brûlé / J’ai le carafon de la passion fêlé / Le jusqu’au bout qui perd son jus / Juste un fanfaron triste et zélé / Mon jaune d’espoir est crevé, fendu / Ma rési-lience est résiliée / Coudon’M’en-tends-tu? / J’ai des lâches lousses loyaux dans les boyaux / Des caillots de nostalgie saignants comme ton steak d’aloyau / Qu’elle soit blonde morte ou brune / On gratte nos galles, caresse nos prunes / On ra-masse tous de vieilles bouteilles / Pour s’en repayer une / L’amour ce n’est pas une cimaise / C’est une si maigre chimère du cerveau / Vos sermons servent mon serment d’apoplexie / À peu près complexe / J’ai un extra de trop / Un bonus sur

le plus qu’il n’en faut / La cour et la coupe sont pleines / Peines perdues/ Les cœurs sont des croupes / Et le mien n’y est plus / J’ai la soif impos-sible / Petit pion déjà roi / Une faim de renaissance / Puis mon désarroi / Couvre la distance / Entre mes va-leurs et le 10-30 / Distrait par tout ce qu’on voit d’un trait / Celui qui a bu boira / Celle qui s’est tue, tuera/ T’iras jamais au bout / Même si la terre est plate / On ne tourne que sur soi-même / Ne retombe que sur ses pattes / C’est la guerre des trucs/ En haut en bas Gauche droite se-lect start / Je ne crois plus qu’aux sourires des pancartes, au Wal-mart, / Des rires jaunes de symboles sans droit d’auteur / Tristes comme des seins sans odeurs / Sans envies à cent piasses la passe toi-z-en / Sans cesse en vie / Malgré la mort et son sûrement d’hypocrite / Crasse comme le christ de chat qui fait le beau / pour avoir du lait / Et dis-le, délaisse-moi sans délai / Car malgré les rénovations et les révolutions / Qu’il faudrait faire dans un bloc qui

ne nous appartiendra jamais / Mal-gré les dépendances assumées / Les dealers qui ne font jamais de deals / Et les bonnes consciences à shimer / Shimmy, shimmy yaaaah, / Faisons à foison semblant de s’aimer / Suppôt du repôsitif / besoin d’un support/ d’un repos, d’un suppose l’histoire/ Bien enfoncé dans le corps / Encore au fond du tiroir…à bas / Du sang neuf / Dans mes nus sans nous / Les nuitées minutées avec minutie Dans le couloir de la mour / Tous prêts à s’exécuter / Les cutes se tatouent au cutter / Les laides attendent leur tour, leurs leurres / Et le Lalalère de ceux déjà là / À l’hallali de la lie de l’âme / Où tout est trop vrai pour être beau / Et Dadladidaladidlidam… / Pas trop mort, on traîne nos traumas / En-core un peu, encore un pas / La vie c’est court ou c’est long / Souvent / C’est lourd et c’est con / À petites flammes, à petits feux / Je sauve ce que je peux / On s’en sortira tous sains et sauf moi…

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[ MEURTRE DE SOI ]À l’époque, ils furent damnés / Puis abandonnés / Tu veux des données, Ok / je vais t’en donner… / Ten-tative aux trois, suicide complété aux quarantes secondes / Près d’un million par année dans le monde / Est-ce que ça heurte? / Dis-toi qu’il ya plus de suicidés que de victimes de meurtres / De la guerre et d’at-tentats terroristes réunis / Ouais, je sais, c’est triste et c’est con / Mais ça risque de rester de même, l’ami / C’est un problème qui se traite à la prévention / Puis ça, ça ne rapporte pas aux élections / Alors on restera dans la file au prochain défilé des

millions / Et au Québec encore cette année / Au moins notre millier de drames / Avec des moyens infimes / Je sais que c’est infâme / De même penser en faire une rime/ Mais dis-toi qu’avec la flamme, il y en a plein qui s’arriment / Qui s’affairent à nourrir ton âme qui s’affame / Avec l’espoir, c’est la vie qui s’affirme / Pas question qu’on se la ferme / Ou qu’on valide ton suicide… / Dans un bain de suie et de cidre / L’esprit plein de si et de trop tard / L’existence perçue comme un grand avatar/ Celui qui a écrit quelle est belle la vie / Hé bien, y’ avait tort! / Toi, t’as tellement mal / Que tu penses juste à te faire la malle / L’enfer ou le nord, tu t’en fou s / Y a plus rien de normal, tout est flou / T’as la détresse all dressed; / Tristesse, an-goisse et stress / Le tout bien assorti /

D’un verre, une pilule ou une pul-sion de trop / Toi, tu cherches juste une sortie / Si c’est rouge qu’il voit le taureau, / Toi, tu vois noir en…/ Hostile, isolé, désolé et aigri / L’espé-rance amaigrie / Tu ne crois plus aux comprimés prescrits/ Ni aux grigris / Y’a pu de rien de grisant / Plus rien d’acquis / Tu veux donner raison aux médisants/ C’est ta dernière saison, t’es fini / Et puis, épuisé / Après tem-pête et orage,/ C’est clair / Entre la peine et la rage/ Tu pourrais partir vite comme l’éclair / Pour toi, c’est plutôt tentant/ Te sortir du trou en entrant dedans / Celui sans fond / Déjà tes proches s’en font / Alors après, quoi? / Ils s’effondrent / Et après toi, la terre reste ronde / Mais tu passes ton tour / Plus de larmes mais plus d’amour / Plus de lave, plus

de malaises / Mais plus de sourires, plus de vent et plus de braises / En crise souvent, les sens nous mentent/ Et chaque seconde pèse lourd sur l’horaire / Rappelle-toi que le suicide est une issue permanente / À des problèmes pouvant être temporaires / T’en penses ce que tu veux, tu peux même en rire / Mais si t’en es là / Je sais que tu ne veux pas mourir / Juste cesser de souffrir / Alors appelle, on est là / Et pour une opération à cœur ouvert / Faut commencer par s’ou-vrir/ Même si c’est le plus dur à faire/ Tu vaux la peine / 1-866-appelle / Hey! / Appelle!

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[ La 55, en hiver ]

C’était en 2010 / En février / Le 26,/ S’a 55 en hiver… / Ça fait 11 ans que je la prends / De l’été au printemps / Sherbrooke Trois-Rivières En écou-tant Richard ou Languirand / Des longs bouts de bitume, tu t’ha-bitues / Même la langue à terre, lendemain de biture / Tu comptes les lampadaires ou les voitures / Tu vois tes repères; les saints des sorties / Des fantômes aux fan-tasmes, ton esprit erre / Reste pris dans le deuil d’hier, dans l’œillère/ D’un vieil amour / S’a 55 en hi-ver… / J’étais presque rendu/ Au moins aux deux tiers / Déjà tendu, ça bloque, je suis attendu / Je vais manquer la soupe, ou le dessert? / Des cerises font le party, plus ques-tion de partir / Pompiers, polices, ambulances / Pleins d’uniformes en forme et en état d’urgence / À la hauteur de Sainte-Eulalie; / « Reste dans la ligne! » / La ligne est longue/ Je lorgne, en vain, l’accotement / À vingt mètres, un accident… / Sapience / Prends leur mal en pa-tience / Bientôt sous la dent, un

souper suave / En attendant / Au cas où il y aurait de quoi de grave/ Et au cas où il y’aurait de quoi de grand / J’ai fait une petite prière, vers 18 :35 / S’a 55 en hiver… / Il est rendu huit heures moins quart / J’ai le calme qui coule en équerre / La faim qui fait le grand écart / Les se-cours qui m’écœurent / Qui écour-tent ma soirée / J’écoute leurs si-rènes / Si règne un tel bordel / En bord de route / Ils pourraient faire une voie, Merde! / Avec l’âge, on gagne en vertu? / En une heure, vois-tu / Je viens d’en perdre plus que j’en ai jamais eue / Je me di-gère, disjoncte, gère mal / C’est la galle, la galère et je gueule: / C’est leur sale salaire qu’ils veulent éti-rer, ces tyrans! / Sales Polices! Pou-lets! Salmonelles! / Et les moutons qui laissent tourner leurs moteurs, en rangs / Enragé / J’apprendrai aux nouvelles / L’étendue de l’in-cident / Qui me fait tant / Perdre mon temps / Si important / S’a 55 en hiver… / Assise sur le banc ar- rière / Tu arrivais de Candiac / Il me

manque des détails / C’était une deux portes? / Honda ou Toyota? / Peu l’emporte / Comme un grand coup dans la pinata; / …bang… / Six blessés, une morte / Une morte un peu pour rien / Rien pour rire mais pourrir le destin / Concept vague dans le regard des tiens / Même pas d’alcool au volant / De vitesse ou d’orage violent / Une cigarette? Un CD? / Changement de voie et voilà / Virevoltent les éclats de chars / Dedans; des corps / Un peu de trop cru dans le décor / Et les cris, sûrement, de travers / La peur et la plaie qui te traversent / Ta vie et l’auto à l’envers / S’a 55 , fait di-vers… / Il n’y aura pas de catharsis/ De croisade ou de 4 à 7 contre les récidivistes / Il n’y aura personne qui t’aimait dans le « journal » / Pour pleurer l’impuissance, l’injus-tice et l’inéluctable / Mais pour-tant… / S’a 55 en hiver / Tu n’avais que 16 ans / Tu t’appelais Laurence Ebacher

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ensemble / Un Québec libre / Que pas à pas / On passe du face-à-face / Au tête-à-tête / Qu’on efface l’égo et ses conquêtes / Qu’on quête du sens sans race / Qu’on s’enracine / Libres et en place / Comme devraient être de vrais êtres / Qui passent de l’étrange à l’échange / Je suis fruit du mélange multicoolturel / De peuples qui fuient les marées ou qui coulent sur elles / Cycle des siècles de langues qu’on mêle / Toujours et jamais les mêmes / Un peu rouges un peu ébènes un peu blêmes / Et bien basanées par les années / Alors il n’y a pas de recul / Bienvenue! / Y’a pas de reclus / Je t’accueille! / Vivre / Vivre ensemble / Un Québec libre / Et à la fin du repas, repus / De fallafel, poutine ou poisson cru/ On ira au bord du fleuve prendre le repos / Comprendre le pouls hu-main / Dans une poignée de lende-mains / Peu importe la douleur de

[ KEBEKWA ]Je suis un fier fils de la fleur de lys / Je chante ce monde qui m’enchante comme Félix / Las des idées lisses et fixes qui enlisent / Et des indé-cis d’ici qui s’anglicisent / Québec! / Bastion francophone en Amérique du nord / Des passionnés progres-sistes de la trempe des forts / Qui trempent dans l’effort / C’est une lutte de faire reconnaître notre art de vivre / Notre culture encore vive/ Au théâtre, à l’étable ou l’usine/ Nobles et notables; Nos partys de cuisine / D’ailleurs, Toi d’ailleurs / Bienvenue à ma table / Que tu sois noir, gai ou arabe / Et même tout ça en même temps / Ça ne m’effraie pas, ne me rends pas drabe / Je suis fils vivant d’un peuple accueillant/ Je ne crois pas à leur panier de crabes / La peur est maintenue par les ignorants / On ne peut haïr que l’inconnu / Alors viens me faire rire qu’on ne le soit plus… / Vivre / Vivre

la peau / Et des peuples qui plient/ Sous le poids d’un drap, d’un dra-peau / De Baie-Comeau au fond de l’Estrie / On brille par l’ouverture d’esprit / Et même si elle n’est pas à la mode / Elle fait de nous un mo-dèle / Quoique les marchands en di-sent / Y’a pas que les marchandises/ Qui ont le droit de circuler / Y’a pas que dans les circulaires / Que je veux voir les spéciaux du monde en-tier / Moi, je veux sortir autant que laisser entrer / Alors faut s’y mettre, Maître chez nous / Plus jamais à ge-noux, le je du nous / Passera par toi/ Vivre / Vivre ensemble / Un Québec libre / Il faut qu’on se démène à prendre le pouvoir / Pour voir où ça nous mène / Et apprendre à pour-voir / À nos propres besoins / Que nos ministres minimisent / Même sur nos soins ils ont mains mises / Mais / Dans ma maison mamie, ma mie sera à l’abri / Sens la brise qui

souffle / Qu’ils souffrent jusqu’à ce que brise / Leur pauvre vieux néo-libéralisme / Qui nous rend un peu comateux / On en a les liens comme mous / Pourtant tous comme eux / Oubliant le bien commun / Rap-pelons-nous surtout / Qu’on s’est bâti les autres, les uns / Épaules métissées à la roue / Rouages d’un pays / De fermiers ouverts / De ci-tadins citoyens de la terre / Terre des hommes, on s’y réfère / Il reste d’autres référendums / Et ma chère sœur, fier frère ou chum / J’espère que tu y voteras / Qu’on ne vivotera plus / Que nous vivrons plus / Que nous verrons que ce qui nous tient/ Au-delà des rites, des rythmes et des écrits / C’est mon pays qui est le tien! / Même que sur nos plaques sera inscrit / Je me souverain

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une soupe de larmes versées / Alors sans merci / J’expose mon âme gercée / Et même si j’ai les mots pour me bercer / Que je voyage de Bercy à Percé / Je porte le deuil de mes rêves aperçus / Dans l’œil d’un jaloux transpercé / Pour chaque jalon parcouru / À coup de récits appris par cœur / Écrits par cœur,/ j’ai fini par croire / Au courage d’être honnête / Mettre ma rage au neutre / Voir la grandeur d’un être/ Se révéler à un autre / Dire / Res-sentir au-delà des sens / Se fondre entre les phonèmes / Entendre / Je fais ce que j’ai à être / Je dis / Je ne porte aucun diamant / Je dis/ Je ne supporte que le diamètre / De mes vers déréglés sans diagnostics ni diapason / je parle aux sons / Il

Je ne sais si un poème peut changer le monde / Mais il a un peu changé le mien / En moins de deux, en Moins que Liens / De j’hésite à je suis à je sonde / J’existe à mot couvert, à Micro ouvert / Je prends parole, par elle, prends les ondes / J’apprends à vivre après l’hiver et l’ivresse / Je délivre un fruit confit mais fier de le confier / À l’écoute ou ce qu’il en reste / Du reste, j’ai ni la chienne ni la laisse / Pas grand lousse / Mais plus de richesse que les USA / Juste sur ma clé USB / Je sais bien, tous veulent percer / Mais la gloire, ce n’est que le persil / Sur

[ ÀpprofonDire ]y a plus de cinq mille ans que la poésie se démode / Mais il y a de la demande/ Et je ne connais rien de mieux / Elle déplace encore des mondes / Ce ne sont que des mots/ Mais dis-moi / Tu sais que rien n’est écrit / Que même les lignes de nos mains / Comme autant de fron-tières / Disparaissent dès qu’on les serrent / Dis-moi / Tu sens que nos armes noires ou blanches / Mais toujours sans manches nous blessent / Tant et autant que ceux qu’on agresse / Dis-moi / Tu es de ceux qui créent des œuvres, en paix / Ou des désœuvrés qui créent des veuves, encore / Dis moi dis moi dis moi je te dis / Qu’il n’y a rien à interdire! Au commence-ment était le verbe et le verbe était

Dire / Puis, des corps sont apparus à chaque bout de la parole / De toutes parts de chaque pore; / Les mots ont fait des vides, des villes et des tours / Des tours de paroles!/ Parole / Elle est tout et liens / Par-tielle et rien / Direction parallèle / Par ailleurs, traverse autant juges que parias / On ne parvient jamais à se parfaire que par elle… / Elle part et parle de nous, donc on est pareil / dis-moi, dis-moi, dis-moi/ Peut-on s’entendre? / Entendre / Se fondre entre les phonèmes / La sensation au-delà des sens / Dire est un poème.

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du papier blanchi / Aussi, on chie dans l’eau potable / On se fait venir en masse de l’huile du désert / Mais hélas, incapables de renvoyer une pointe du dessert / On pointe de nos gros droits / Tout ce qui nous des-sert / Nos serres cueillent tout ce qui nous sert / À gaver notre cas / On se baise entre obèses / On se libère à la free-base / On pèse à l’OPEP / Et on se la pète pour se redonner du pep / La spiritualité à la baisse / Et les spi-ritueux à rabais, / Loin de Rabelais, on rabat prêtres et Rabbins / Mais pantois, on prête oreille / Aux pan-tins qui nous bourrent les tympans / Tant pis, inconscients sans lende-mains / On pousse le tien sous le tapis… / Non / Il faut que tu pleures Mathys, / À en rincer tout ce triste / Tisse des liens à pendre la matrice / Il faut que tu pleures / Fait de quoi de beau bébé / Un monde de cœur sans trop de bébelles, de bills, de balles / Sans trop de bobombes/ Un monde vivant dans la crack du ci-ment / De fumeur de craque dans les bras de sa maman / D’un moment qui claque au vent-dre-dis moi / Que la semaine ait fini de suer /

[ Mathys ] Ne pleure pas Mathys / Ça m’at-triste / Tu sais, ici, l’amour et la haine se métissent / Mais ça vaut la peine, l’illusion / Au fond, c’est un peu comme la matrice / Un grand jeu de miroirs / Où les enjeux se tissent / Mais non, ce n’est pas un mouroir ni une injustice / Il y a de la vie entre les parenthèses / À profusion / Tu sais, tes parents t’aiment / Même si ton père ne donne ni nouvelles ni raisons / Qu’on est bien seuls à scander nos oraisons / Dès qu’il ya du vertige à l’horizon / On s’est en-tassés et on a tassé les saisons / C’est rien, c’est rien, c’est bien / Le pire, ce n’est pas ce qu’on respire / La pol-lution, on fait partie du problème pas de la solution / Membre du G8 peaux blêmes, donneurs de leçons / On viole la planète, à frette, sans lotion / J’en ris, parfois, j’en rime, Lol / Bientôt sous hyperbares sans hyperbole / Kyoto si ça s’impatiente/ C’est comme brosser des caries à la pâte blanchissante / Je t’en remets une couche? / Ici on se torche avec

Viens jouir dehors dans le carré de fables / On dessinera de la fierté de Kaboul à Caraquett / Des CHSLD pleins de mamies coquettes / Des colombes se laissant pousser des rouflaquettes / Des crimes d’hon-neurs / Qui se règlent autour d’une raclette / Que les seules raclées soient des tas de feuilles / Que l’on fonde les roquettes, les fusils et les frondes / Qu’on essuie et pardonne tous les affronts / À fond que je suis cucu et cheezy / Mais si elle ne peut te porter espoir / Je l’ai dans le cul la poésie / Du cœur, Je veux que tu vois que ma voix / Te transporte au-delà de là-haut / Au-delà de l’haut-delà / Au-delà des pôles / Purifie nos sens, nos sangs et nos plaies / Je t’en mets sur les épaules / Mais t’as l’ar-chée de l’innocent / Et je n’ai que la portée de mon onde / Tu sais, Ma-thys / Même si mononcle / Voit le monde / Par un drôle de monocle / Je crois que l’avenir, ça se tisse / Ça s’étire, ça s’étreint mais c’est triste / Ça s’éteint / …Ce monde est tien…/ Tu devras y faire clair / Moi, J’ai peur / Mais j’espère.

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Je suis la voix du milieu / À mille lieux de l’élite / À mon échelle, je milite de mon mieux / Pour un monde meilleur / Entre deux bouchées de jeûne / Face au jour-nal aux gros titres jaunes / Petite gêne / C’est la simplicité que j’aime / Maintenant, même les pubs de di-vans sont extrêmes / On extrait le divin du vivant / Je devine que la mode est d’errer / Mais Je suis croyant et pratiquant modéré / À la paix aucune entorse / Je ne porte aucune bombe ni bombe le torse / Quand on met mon Dieu à Bas, / Qu’un faux débat s’amorce / Fier et droit, adroit, j’éteins l’amorce / Mais on me critique en masse… / J’ai un salaire dans la moyenne / Donc peu de moyens / Toujours moyen de monnayer / À moins que j’aie plus que vous n’ayez… / Noyé

dans la routine, la roue tourne / Les demandes de prêts qu’on me retourne/ Je comprends peu leurs grands vols politiques / Et vos envols poétiques / Moi, j’ai la face dans les couches / Et les factures en retard / Alors question de rhétorique / Ça vient tard, quand je me couche / Je fais ce que je peux, c’est souvent peu / Et on me critique en masse / Mais c’est moi, la masse critique! / Je suis la voix du milieu / À mille lieux de l’élite / À mon échelle, je milite de mon mieux/ Pour un monde meilleur / J’suis une ado qui ne fitte pas / Qui ne se fie pas aux magazines pour son prêt-à-porter / Lorsque je magasine c’est ma pe-tite cousine que je dois apporter / À portée de lèvres, les coqs ont de la relève / Rendez vous compte; le premier rendez vous compte / Je ne veux pas être biaisée/ Après le premier baiser / Du gars top cool qui pense qu’il m’allume / Lorsqu’il s’allume une top en m’offrant la lune pour enlever mon top / Il se trompe de brune / Moi j’vois la vie

[ La voix du milieu ]

en rose / Mais j’en ai les épines / Flexible comme le roseau / Fraiche comme la rosée / À l’abri des ri-sées / Je sais qu’on me critique en masse… / J’viens d’une famille où la modestie est d‘ordre / Et les mots d’estime dorment / L’école, c’était long pour un manuel comme moi/ Je levais le nez sur les manuels et je parlais parfois / Fallait que je me taise, me maîtrise / Même si je n’aspirais pas faire une maîtrise ou une thèse / Je n’étais pas un génie / Je ne voulais pas être ingénieur ou mathématicien / Maintenant mé-canicien, j’m’habille en Big Bill / Ça paie bien les bills / Je sue pour avoir ma semaine dans le Sud / Je le sais, on me critique en masse / Mais c’est moi la masse critique / Je suis la voix du milieu / À mille lieux de l’élite / À mon échelle, je milite de mon mieux / Pour un monde meilleur / J’ai une job plate comme ma poitrine, j’en fais pas un plat / Mon chum m’aide à faire le plein et des petits seins, ça lui plaît / À l’usine ou je bossais, mon

boss, qui a la bosse des affaires / A coupé mon chiffre pour aug-menter son chiffre d’affaires / J’ai juste trois ou quatre mille dans mes REER / Et le syndicat de la mine pour mes arrières / Dans ma fa-mille, quand on passe à table / On ne se dit pas grand-chose, pourtant on s’aime / Mais le dire, c’est autre chose / J’ai peur que le monde me juge comme je juge le monde / La pression du miroir à chaque ma-tin / Il m’attend, fond de teint sur le temps / Je suis femme de mé-nage, célibataire / je suis homme à tout faire mais je me ménage / Je suis étouffé entre deux filières, fonctionnaire / Je fonctionne plus, petite retraite de misère / Je suis cuisinier / Pompiste / Magasinier / Secrétaire de sous-ministre / On est la force du nombre, citoyens de l’ombre / De l’autre côté de la télé / Ceux dont jamais on ne s’encombre mais le comble / C’est qu’on nous critique en masse / Oubliant que c’est nous, la masse critique!!

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Je suis à la rue / Je suis à la vue / Juste sous ton nez / Presque sous ton aile / Je suis Steve Gabrielle Audrey Eduardo Mohammed Gilles Jessie / Je suis, Tu es / Je suis tué / Je suis l’in-différence et les préjugés / Je suis la différence et le jugement / Je suis, Tu es / Je suis tué par votre silence… / Je suis blanc, noir ou jaune / Même que souvent / Je suis gris comme la fauneOu vert fluo / Picoté bleu électrique/ Envers ceux qui me regardent de haut / Je suis indigo éclectique / L’isolement n’a pas de couleur / À l’odeur du vide comme les dollars / Ma douleur / Bien au-delà de l’art / Un trou à la place de l’enthousiasme/ Dans un monde où ne compte que le cul ou l’écu / De trop, faire figure d’ectoplasme / Jouer leur jeu ou être reclus / Ma famine fait mine de rien/

Je pousse des carrosses qui ont l’air plein / Grand buffet derrière la vi-trine des apparences / Je n’ai pas le moi de passe / Alors je grignote mes carences / En ces temps de tant de bling bling / Où l’ouverture d’esprit est prise / Dans l’image et son em-prise / Plus hermétique que la prison de Sing-Sing / Je cherche l’amour, cherche un signe / J’essaie de lire entre les lignes / Trouver le sens à la partie de cash-cash / Où les in-signes de piasses flashent / On est tous dignes d’avoir une place / Dans les bras d’un ami, dans un palace / Dans un petit deux et demi ou sur un temps de glace / Si je suis dans l’embarras / C’est parce qu’on m’a dit débarrasse / Je suis, Tu es / Je suis tué par votre silence… / À se faire regar-der comme des voleurs / C’est bien

[ Je te suis / Tu m’es ]de valeur / Mais on comprend vite notre valeur / Dix piasses la danse ou dix piasses de l’heure / Ça a l’air que l’égalité c’était un leurre / Leur façon de se faire plus de lueurs / Dans leur chimère / Dans nos chaumières / Y fait frette en plein fait divers / Les biens nantis même bien gentils / Ne font pas de paris / Sur ceux qui touchent le fond du baril / Y a pas que les drogues qui sont dures / Ce n’est pas toutes les fins de mois qui s’endurent / Alors un jour à la froid/ Je me demande / Est-ce que je suis de ce monde / Est-ce que je suis vrai-ment seul / Est-ce que je me bats en-core un Round / Est-ce que c’est ce qu’ils veulent / Ils vont voir / Je vais l’ouvrir ma grande Âme / Je m’aime, je merci et même si / Être à jeun, ce n’est pas un jeu / Et faire partie de

vous, ce n’est pas un je / Partout tout le temps pourtant / Je suis, Tu es / Je suis tué par votre silence… / Votre si long silence / Votre sillon dans mes émotions et vos sciences / Si en ce moment, tu sens / Tu ressens, tu sais / Ensemble, tout prend son sens / Essaie! / Qu’on se rassemble/ Sans faux-semblants / Sans s’endi-mancher / Juste voir son reflet dans l’autre / Et s’y pencher / Sans rejet et sans fautes / Comprendre que sa détresse / C’est aussi la nôtre / Nous sommes tous un cheveu de la même tresse / Tous descendants de la même côte / Que tu aies ou non la bourse / Que tu aies ou non la cote / Que tu sois dans la course / Ou que tu marches avec un caillou dans ta botte / Je suis, Tu es / Nous sommes, en somme / Ensemble

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[ Noire lumière ]

Noirs Blacks nègres / Immenses / Vivants sur fond d’ocre / Rouge sens/ Aux tréfonds de l’ogre / L’or-gue fait place aux cordes tendues / Chants sacrés / Ils nous ont tant pendus, massacrés / Venu le temps de créer / À gorges fendues / Ven-due, l’échine/ Brisez nos chaînes / Vos haines et nos enclaves… / La lumière passe au noir / Boulets aux chevilles / Pour une boule au ventre / Sueurs à vendre / Les mains plus sai-gnantes/ Que la viande du maître/ Mettre sa soif au soleil / Tâcher de ne pas tacher le coûteux coton / Éviter le goût du goulot / Pour faire passer les mottons / Le bout du rou-leau / Des mots de démons / Dégoût de fin du monde / Shlak / Chaque coup de lanière / Shlakk shlakk / Cherche la plaie, déchire la chair/ Shhhlak / Vous saigner un pays / Vos fils en seront fiers / Oh, Nos filles en seront mortes / Chhht… /

Si le soleil peut se coucher / Sécher leurs saloperies / Et nos salopettes à un crochet / Cesser de dire oui, de hocher / Construire nos jours/ Comme on laboure un rocher/ Accrochés / À nos instruments / Le soir au baraquement / Quelques notes quelques notes quelques notes / Qui sont les nôtres / La lu-mière passe au noir / Quand tout ce que t’as / C’est un tas de talents / Jusqu’au fond / Tu grattes les tiroirs, les guitares / Et les rêves qu’ils font/ Les rêves qu’il faut / Pour man-ger de la musique / Et marcher sur l’eau / Humeurs Humaines / Parce ce que sang rouge et s’enragent / Jaunes champs chantent nos rires / Blancs, à pleines dents / Blues à plein temps / Printemps roses / À pleines mains / Mais / Les maîtres reviendront, / Après demain

Page 12: Livret À]pprofon[Dire, David Goudreault

[ Fils de pub ]Sienna, Mon ex-femme Acuraprès moi, Elle Ram mais Yarisque rien à essayer / On ne peut faire Tercel qui n’a que larmes à essuyer / Elle a bien de la Maserati que je suis trop hot, wheel / Je ne veux pas faire le Fiero le big shot style / Étalon tous les Chevroletspère me ressembler, non / Le Corolla ou on l’a pas, quest-ce que j’y Peugeot l’ai… / Mazdabord le charme qui me place sur le damier / Jeep pensais jus-tement / Quand Cadillac clé est dans le contact / Le Mercury grimpe Camarose se trempe / Avec tact, j’attaque ses courbes/ GMC monts ou mes mains s’embour-bent / Oh my Dodge gémis, / Puis me Ravise Corvetteuste est la relation / Et fourbe serais-je de laisser Lexustenter mes Pulseions / Saturn en rond / L’afFer-raridiculement trop duré / Écourtons cette Audieuse scène / Kia assez perduré, qui devient malsaine / Jettavais préve-nue / CRV et tendu! / Descend juste Toyota, je t’ai entendu / Les voisins, y s’en Chrysler sommeil Ladavantage d’impor-tance / Ils NÉON rien à faire de l’Echo de notre romance / Ses lunettes toutes emBuick / Elle perd SAABelle Hummer/ Malgré mes efFords / Dans la Mercedes pleurs qui la portent / Elle se sent lais-sée seule comme Lincoln / Qu’importe, Qu’y puis-je ? Même l’amour grisonne /

Dès le Daewoo on s’est rencontré, l’ap-pel d’autre contrées / Lotus senti? On ne peut le contrer / Au contraire, Grand voyager d’amour, vers l’Westfalia y aller En écoutant les Beetles ou Renault / Vers l’est moi tomber aussi, même si ça F-150 fois de trop / Le béguin, le beginning, / C’est une Grosse crêpe avec une Thun-derbird dessus / Taurus à croquer l’envie et boire son jus / Mustangnuyer de toi ma douce et fine / Mais, déchiré, je te laisse pour la Berline / Ça s’est passé Civic / Tout ce charisme Caliber / Tout SXT, c’est mon cœur Capri / Elle l’a mis en pièces /Dès qu’Elantra dans la pièce / Pi est-ce Camryjettera comme j’ose te le faire / Sans peine Nissantiment de colère / Honda pas de raison qu’on se heurte, se blesse / Austin moi pas / C’est Porsche mais Focus laisse / Je sais, ça Fiestaraison / Je Santa febrilité, tes SOS / Mais ce qui se Passat entre nous Sonata que passion / Passons, demain, sans drame / Nos corps Volvotrés dans d’auto draps / Sierra bien, tu verras / Hyundairnière demande que je te Fiat, / Promets-moi Que ces frissons que nous avons ressenTiburon pas dans le néant / Citroënportant / N’Eclipse pas ces Jour-neys qui nous laissaient l’esprit béant / On Sedonna Benz du mal mais ce serait mal qu’on n’en retienne Bien… / Winnebago de la peine de te laisser au bord du chemin / Mais je poursuis le mien / J’y pneu rien…

C’est par et pour / Par et pour l’amour, sueur au front / Qu’à notre tour on monte au front / Mais qu’est-ce qu’ils feront / Si on fait leur guerre / À bras ouverts et sans affronts / Je m’appelle David / J’ai 30 ans et la rage de vivre / Une mine personnelle sous mes plaies vives / L’âme en pièces / J’ai connu quelques pièges / Mercenaire sans matricule / En état de siège / Je m’ar-ticule pour une poignée de scènes / L’esprit en tranchée depuis des siècles/ L’espoir pris dans la trachée, je saigne/ Je prépare l’assaut, je me signe / Et fonce comme l’effort l’enseigne / On va tous partir, seuls, en cendres / Alors pendant qu’on est ensemble / Avant qu’on m’enterre / J’ai besoin qu’on m’entende/ Tendre vers l’autre malgré la peur / C’est mon apport à la paix/ Même avec un gun dans la gorge / Mon art, debout / En pleine mutine-rie, rit aux éclats d’obus / refrain / Je m’appelle Gaële J’ai l’âge qui te paraît et suis paramilitante / Je ne porte pas de grade mais de grandes ambitions /

Pour mes amours et mes petites chan-sons / Descendante de résistant / J’hé-site entre prendre les âmes / Ou tout plaquer et rejoindre les planqués / Je ne peux qu’entreprendre le chemin déjà traqué / J’évite la voie facile / Des machettes et des faucilles / Je m’arme de patience et de crayons / Pas de ma-chines ni de faux-cils / Ce que nous créons / Faut-il le rappeler, C’est des bombes à rayons / Pour les miens je mène plusieurs combats/ Mais bon, quand on aime on ne compte pas/ Ni les revers ni les coups / Alors je verse mon art dans l’écoute / J’y coule mes balles / Et vise le cœur / refrain / Si on croise le fer / C’est pour forger les maillons / On croit que le faire / Mène la paix à former ses bataillons / Par monts et par vaux/ par moi et par vous / Quelques trêves un peu partout/ Pour tout gâcher, il y aura toujours les gâchettes / Mais nos mots ne sont pas à mâcher / Et on ne peut faire la paix en cachette

[ Chant de Batailles ]

Page 13: Livret À]pprofon[Dire, David Goudreault

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