Césaire SenghorDamas

Les fidélités fraternelles

édition 2012

P4 à P6 >3 textes sur l’amitié

P7 > La négritude à Paris

P9 à P13 > La négritude en image

P8 > Anténor Firmin un précurseur de la négritude P14 & P15 >

La négritude face au mondeP16 & P17 > Repères

P18 & P19 > Récréation enfantine

Rédaction Textes :

Alfred Alexandre

Collaboration

Mesdames élisabeth Landi, Suzy Landau, Yasmina Lagin

Graphisme Et Illustrations

Pierrette Varsier (kno972@gmail.com)

Ken Lérus (kiron.key @gmail.com)

Impressionidée 1

Crédits Images

Sources internet d.R. Assemblée nationale

(Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor)

Sources internet d.R

Collection Bibas (Léon Gontran damas)

Jean-Philippe Breleur

Alex BurkeRobert Charlotte

Patricia donatien-Yssa

Jean Popincourt

Joël ZobelClaude cauquil

Ville de champagney

Remerciements

Conseil Régional de la Martinique

direction des Affaires Culturelles de la Martinique

délégation Académique à l’Action Culturelle

Rectorat de la Martinique

Monsieur Alfred Alexandre

et Madame Juliette éloi-Blezes

Mission Culture Patrimoine relations internationales

Madame Landi

© Mairie de Fort-de-France/ Mission Culture

Patrimoine Relations internationales / Avril 2012

Crédit :

ContactsSite web : www.fortdefrance.fr

Mail : suzy.landau@fortdefrance.frP20 > négritude et humanisme

Le mot Négritude fut créé par Aimé Césaire, vers 1936. Il la définit ainsi : « La Négritude est la simple reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de noir, de notre histoire et de notre culture. »

ma négritude n’est ni une tour ni une cathédraleelle plonge dans la chair rouge du sol

Le mouvement de la Négritude est ainsi un combat culturel pour l’émancipa-tion, comme l’écrit Césaire dans L’Étudiant noir :« C’est pourquoi la jeunesse noire tourne le dos à la tribu des Vieux. La tribu des Vieux dit : Assimilation. Nous répondons : Résurrection. »

elle plonge dans la chair ardente du ciel elle troue l’accablement opaque de sa droite patience.

« Que veut la jeunesse noire ?… Vivre. Mais pour vivre vraiment, il faut rester soi… Les jeunes Nègres d’aujourd’hui ne veulent ni asservissement ni « assimi-lation », ils veulent émancipation… »

Je vous souhaite de bons travaux autour de la poésie et de la beauté des mots.

« Négritude », Cette année 2012, la ville de Fort-de-France vous propose de réfléchir sur le mot Négritude et sur le cri de révolte des trois poètes, Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor et Léon Gontran Damas dont nous commémorons le centenaire de la naissance.

Dans Cahier d’un retour au pays natal, Aimé Césaire écrit :

ma négritude n’est pas une pierre, sa surdité ruée contre la clameur du jour

Le mouvement de la Négritude se forme à Paris, dans l’entre-deux guerres, quand trois jeunes intellectuels déracinés s’associent pour fonder la revue L’Etudiant noir : le Sénégalais Léopold Sédar Senghor, le Guyanais Léon Gontran Damas et le Martiniquais Aimé Césaire.

ma négritude n’est pas une taie d’eau morte ruée contre la clameur du jour ma négritude n’est pas une taie d’eau morte sur l’œil mort de la terre Raymond Saint-Louis-Augustin

]Le mot du Maire[

Lettre à l 'ami […] T’en souvient-il, Léopold, de ces fiévreuses années où dans le monde de l’avant-guerre, à l’âge où l’on se forme et l’on peut rêver sa vie, nos cœurs et nos esprits cherchaient à démêler les fils d’une histoire universelle où la page afri-caine restait vide, et où l’on déniait à l’homme noir le droit à l’humani-sation ?Nous avons alors vécu près de dix ans sans nous quitter, échangeant nos réflexions, échangeant nos livres, nous disputant, concevant ensemble

l’avenir que notre jeunesse nous promettait d’embraser par notre feu commun : la parole poétique. […]Léopold, tu restes pour moi le nègre fondamental, celui qui a apporté au jeune déraciné que j’étais quand tu m’as ouvert les bras au lycée Louis-le-Grand, en ce jour de septembre 1931, la clé de moi-même : l’Afrique, les Afriques, Notre Afrique avec sa philosophie et son humanisme profond. […]

CESAIRE Aimé , Lettre à l’ami , Présence Senghor : 90 écrits en hommage aux 90 ans du poète-président, Paris,

UNESCO, 1997

3 textes sur l''amitié[ ] > Lorsqu’il arrive dans les années

30 à Paris, Césaire ne sait pratique-

ment rien de l’histoire de l’Afrique.

C’est sa rencontre avec Senghor,

son aîné au lycée Louis-le-Grand,

qui lui fera prendre conscience

de la grandeur de la civilisation

africaine. Césaire découvre alors

que ces ancêtres africains étaient

des princes, des rois, des reines,

des guerriers qui avaient bâti des

empires et apporté au monde des

connaissances inestimables. Cette

rencontre avec Senghor a permis à

Césaire de se sentir fier de ces ori-

gines. C’est ce qu’il rappelle dans la

lettre qu’il a écrit pour l’anniver-

saire des 90 ans de son ami Léopold.

> Césaire, Damas et Senghor se considéraient comme des frères. Ils se sont souvent écrits des poèmes ou des lettres qui témoignent de leur fidélité fraternelle.

4

> Dans ce poème qu’il dédie à Césaire, Damas veut montrer qu’aucune culture n’est supérieure à une autre. Chaque peuple a sa culture dont il doit être fier. Il ne faut pas rejeter sa culture pour imiter complètement celle des autres, car on risque d’être ridicule.

Solde pour Aimé Césaire

J’ai l’impression d’être ridiculedans leurs souliersdans leur smokingdans leur plastrondans leur faux-coldans leur monocledans leur melon

J’ai l’impression d’être ridiculeavec mes orteils qui ne sont pas faitspour transpirer du matin jusqu’au soir qui déshabilleavec l’emmaillotage qui m’affaiblit les membreset enlève à mon corps sa beauté de cache-sexe

J’ai l’impression d’être ridiculeavec mon cou en cheminée d’usineavec ces maux de tête qui cessentchaque fois que je salue quelqu’un

J’ai l’impression d’être ridiculedans leurs salonsdans leurs manièresdans leurs courbettesdans leur multiple besoin de singeries

J’ai l’impression d’être ridiculeavec tout ce qu’ils racontentjusqu’à ce qu’ils vous servent l’après-midiun peu d’eau chaudeet des gâteaux enrhumés

J’ai l’impression d’être ridiculeavec les théories qu’ils assaisonnentau goût de leurs besoinsde leurs passionsde leurs instincts ouverts la nuiten forme de paillasson

J’ai l’impression d’être ridiculeparmi eux compliceparmi eux souteneurparmi eux égorgeurles mains effroyablement rougesdu sang de leur ci-vi-li-sa-tion

DAMAS Léon-Gontran, Pigments, Paris, Présence africaine, 19725

Léon G. Damas feu sombre toujours... (in memoriam)

[…] je vois les négritudes obstinéesles fidélités fraternellesla nostalgie fertilela réhabilitation de délires très anciensje vois toutes les étoiles qui renaissent et sautentde leur site ruiniformeje vois toute une nuit de ragtime et de bluestraversée d’un pêle-mêle de rireset de sanglots d’enfants abandonnés

et toi

qu’est-ce que tu peux bien faire lànoctambule à n’y pas croire de cette nuit vraiesalutaire ricanement forcé des confinsà l’horizon de mon salut

frère feu sombre toujours

CESAIRE Aimé, Moi, laminaire, La poésie, Paris, Seuil, 20066Masque africain exposé

dans le bureau de Césaire

> Damas aimait le jazz et

le blues. Il aimait rire et

vivre la nuit. En rendant

hommage à l’ami en colère

contre les injustices faites

aux Noirs, Césaire a aussi

tracé le portrait d’un poète

amoureux de la vie.

La Négritude à Paris [ ]

Les jeunes antillais et guyanais qui font leurs études à Paris, dans les années 30, sont décidés à combattre le racisme dont ils sont victimes. Ils fondent alors des associations et des revues afin de mieux faire entendre leurs revendications de justice.

C’est dans ce contexte que Césaire, Damas et Senghor créent en 1935 la revue L’Etudiant Noir.Dans l’unique numéro que comp-tera la revue, ils rejettent l’assimila-tion et affirment que les Noirs, quel que soit leur pays d’origine, doivent comprendre qu’ils mènent un seul et même combat : la lutte pour le respect de leurs droits humains fondamentaux.

> Dans le salon

des sœurs NardalDans leur appartement, à

Clamart, Paulette Nardal et

ses sœurs, Andrée et Jeanne,

organisent des rencontres lit-

téraires.

Dans le salon des sœurs Nar-

dal, artistes et intellectuels

discutent. Ils viennent, notam-

ment, de Guyane, de Marti-

nique, d’Haïti, des Etats-Unis,

d’Afrique. Parmi eux : Césaire,

Damas et Senghor.

Ils seront très fortement in-

fluencés par ces rencontres

ainsi que par la revue co-fon-

dée par Paulette Nardal : La

Revue du monde Noir. 7

8

Anténor Firmin un précurseur de la Négritude [ ]

La Ville de Fort-de-France a inauguré le

Vendredi 30 Mars 2012, deux allées de La

Savane pour honorer la mémoire des combat-

tants de l’égalité et de la fraternité entre les

hommes.

L’une rend aux hommage aux habitants du

village de Champagney qui ont demandé

l’abolition de l’esclavage au roi Louis XVI en

mars 1789.

L’autre est dédiée à Anténor Firmin, intellec-

tuel haïtien, qui publia en 1885, « De l’égalité

des races humaines » pour dénoncer les théo-

ries racistes de la fin du XIXe siècle.

Victor AnicetAvec son œuvre, intitulé Les armes miracu-

leuses, Victor Anicet rend hommage à Césaire.

Les armes miraculeuses est le titre que Césaire

a donné à l‘un de ses poèmes. C’est aussi

le titre qu’il donnera à l’un de ses livres. A

travers ce choix, il a voulu nous faire com-

prendre que les mots du poète sont comme

des armes. Des armes pour combattre l’injus-

tice et défendre la liberté. les armes miraculeuses De nombreux peintres

et sculpteurs antillais

ont crée des œuvres qui

rendent hommage aux

écrivains de la Négritude.

La Négritude en image[ ]

9

© Je

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10 Bomb Dlo (installation)

Christian BertinCésaire admirait l’inventivité des an-ciens habitants des quartiers de Fort-de-France. Ces foyalais n’avaient pas encore d’équipement moderne dans leur case. Mais ils étaient intelligents et très imaginatifs.

Au-delà des gens de la ville, c’est l’inventivité de tout le peuple marti-niquais qu’admirait Césaire. Et c’est cette intelligence du peuple qu’il-lustre l’œuvre de Christian Bertin Bomb dlo.

René LouiseCésaire disait que le poète voit des images que personne d’autre ne voit. Et il décrit avec les mots la beauté de ce qu’il a vu.

Avec son œuvre, intitulé L’œil du poète, René Louise rend hommage au poète visionnaire qu‘était Aimé Césaire.

L'oeil du poète

10© Robert CHARLOTTE

© J

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L

Alex BurkeLe Sénégal est le pays de Senghor. Mais c’est aussi le pays où se trouve l’île de Gorée. C’est sur cet île que les esclaves africains étaient parqués, avant d’être conduits aux Amériques. Dans leurs poèmes, Césaire et Damas accordent beaucoup à ce voyage qui a relié l’Afrique aux Amériques.

L’œuvre d’Alex Burke nous invite à ne pas oublier Gorée.

En mémoire de Gorée (installation)11

© A

lex

BURK

E

Détail

12

i telman nwè ké i blé (installation)

Valérie JohnDans les années 30, les Martiniquais ne

connaissaient pas l’histoire glorieuse de leurs

ancêtres africains. Ils pensaient que tout ce qui

rappelait l’Afrique devait être rejeté, à com-

mencer par la couleur noire de la peau. Les

écrivains de la Négritude ont protesté contre

ce rejet. Et ils ont valorisé l’héritage africain.

C’est cette double période, de rejet et de

valorisation de l’héritage africain, qu’évoque

l’œuvre de Valérie John i telman nwè ké i blé.

© Je

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Patricia Donatien-YssaPatricia Donatien-Yssa a dessiné un bwa bwa. On fête le bwa bwa une fois par an, le temps du carnaval. Et s’il en allait de même avec la Négritude ! La Négritude a-t-elle encore un sens pour les martini-quais ? Ou n’est-elle qu’un mot devenu vide mais qu’on se sent obligé de fêter chaque année ? Ce sont les questions que pose l‘œuvre intitulée Angie.

Angie13

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Les écrivains de la Négritude ont défendu l’idée qu’il y avait, comme le dit Césaire, dans Culture et colonisa-tion, « une grande famille de cultures africaines qui mérite le nom de civili-sation négro-africaine ». C’est la rai-son pour laquelle Césaire, Damas et Senghor se sentiront concernés par le destin des peuples noirs partout dans le monde.

La Négritude face au monde[ ]

> Après la mort de Martin Luther King, Senghor

écrira un hommage au pasteur noir et à ceux

qui, comme lui, ont lutté pour la reconnaissance

des droits des peuples noirs.

Elégie pour Martin Luther King[…] Et je vis - que je chante ! - tous les Justes les Bons, que le destin dans son cyclone avait couchésEt ils furent debout par la voix du poète, tels de grands arbres élancésQui jalonnent la voix, et au milieu d’eux Martin Luther King.Je chante Malcom X, l’ange rouge de notre nuitPar les yeux d’Angela chante George Jackson, fulgurant comme l’Amour sans ailes ni flèches

Non sans tourment. Je chante avec mon frèreLa Négritude debout, une main blanche dans sa main vivanteJe chante l’Amérique transparente, où la lumière est polyphonie de couleursJe chante un paradis de paix.

SENGHOR Léopold Sédar, Elégies majeures,

Poésie complète, Paris, Planète Libre CNRS Editions, 2007

14Masque africain exposé

dans le bureau de Césaire

15

Pour saluer le Tiers Monde à Léopold Sedar Senghor

Ah !mon demi-sommeil d’île si troublesur la mer !

Et voici de tous les points du périll’histoire qui me fait le signe que j’attendais,Je vois pousser des nations.Vertes et rouges, je vous salue,bannières, gorges du vent ancien,Mali, Guinée, Ghana

et je vous vois, hommes,point maladroits sous ce soleil nouveau !

Ecoutez : de mon île lointaine de mon île veilleuseje vous dis Hoo ! Et vos voix me répondent […]

CESAIRE Aimé, Ferrements, La poésie, Paris, Seuil, 2006

> Depuis son île, Césaire, dédiera à Senghor

un poème dans lequel il salue les pays africains

devenus indépendants.

16

Léopold Sédar Senghor est né

en 1906 à Joal, au Sénégal et

est mort en 2001 en France.

D’abord député français, il

deviendra en 1960 le premier

président de la République du

Sénégal devenu indépendant.

Son influence sur l’écriture de

Césaire a été considérable. Les

grands textes poétiques de Sen-

ghor, Chants d’ombres, Hosties

noires, Elégies sont des hymnes

à la fraternité entre les peuples.Léon Gontran Damas est né le 28 mars 1912 en Guyane et meurt le 22 janvier 1978 aux Etats-Unis. Durant ses études secon-daires en Martinique au Lycée Schœlcher, il se lie d’amitié avec Césaire. Amitié qu’ils prolongeront durant leurs études à Paris. Dès 1937, Damas publie un recueil de poésies, Pigments, qui dénonce avec force le racisme et le colonialisme. Après s’être engagé en politique, il devient député de la Guyane.

Aimé Césaire Léopold Sédar Senghor

Léon-Gontran Damas

Aimé Césaire naît le 26 juin 1913

à Basse-Pointe et meurt le 17 avril

2008 à Fort-de-France. Il dénoncera à

travers ses écrits le colonialisme. Mais

il s’engagera aussi en politique. Il sera

député de la Martinique et maire de

Fort-de-France.

Le Cahier d’un retour au pays natal

et le Discours sur le colonialisme sont

les deux textes les plus célèbres de

Césaire.[ ]Repères

16

Dans les années 20, aux Etats-Unis, des écrivains Noirs fondent un mouvement littéraire qu’ils appellent la Black Renaissance. Au sein de ce mouvement, on trouve des écrivains comme Langston Hughes, Claude Mac Kay, Countee Cullen, Sterling Brown. « Nous voulons exprimer notre personnalité noire sans honte » écriront-ils dans leur Manifeste. Langston Hughes rencontrera, à Paris, les écrivains de la Négritude.

Le pasteur Martin Luther King est né

à Atlanta en 1929. King est considéré

comme un héros de la lutte des Noirs

en faveur de l’égalité des droits. Dans

un célèbre discours prononcé en 1963,

et intitulé « I have a dream », il dira à

propos des Etats-Unis : Je fais un rêve,

qu’un jour, cette nation se lèvera et

vivra le vrai sens de sa foi : nous tenons

comme des vérités allant de soi, que

tous les hommes naissent égaux. Martin

Luther King obtient le prix Nobel de

la paix 1964. Il est assassiné en 1968 à

Memphis.

La Négritude n’est pas une cou-leur de peau. La Négritude est une idéologie. Une idéologie est un ensemble cohérent d’idées. A travers ces idées, les individus, bien sou-vent, indiquent ce qu’ils considèrent comme une société juste ou injuste. La Négritude est donc le système d’idées qui a permis aux écrivains de la génération de Césaire, Damas et Senghor d’exprimer la révolte et l’exigence de justice des peuples noirs.

Les êtres humains ne sont pas des

choses. On peut faire ce qu’on veut

d’une chose qui nous appartient. Mais

on ne doit pas faire ce qu’on veut

d’un être humain. On peut acheter

ou vendre quelque chose. Mais on

ne doit ni acheter ni vendre un être

humain. Ce sont ces valeurs, si faciles

à oublier, que la Négritude a tenu à

rappeler au monde. C’est pourquoi

Césaire dira que la Négritude est un

humanisme.

La Renaissance Noire aux Etats-Unis

L'humanisme de Martin Luther King

Négritude et idéologieNégritude et Humanisme

17

king's dreamClaude Cauquil

Récréation enfantine[ ]Césaire et Damas se sont connus

en Martinique. Et se sont retrouvés à Paris durant leurs études.

A l’époque, on trouvait à Paris de nombreux écrivains Noirs qui venaient du monde entier.

C’est comme cela que Césaire, Damas et Senghor ont connu des écrivains qui venaient d’un quar-tier des Etats-Unis qu‘on appelle Harlem.

18

Ils se retrouvaient souvent, oui, chez les sœurs Nardal, à Clamart.

Qu’il fallait surtout qu’on apprenne à redécouvrir et à respecter nous-mêmes notre culture. C’est le mes-sage que nous a légué la Négritude.

Qu’’il fallait donc les respecter. Eux et leur culture.

19

Et les écrivains de Harlem disaient que les Noirs qui vivaient aux Etats-Unis étaient des êtres humains comme les autres.

C’est tout cela qu’a été la Négritude : recherche de notre identité, affirmation de notre droit à la différence, sommation faite à tous d’une reconnais-sance de ce droit et du respect de notre personnalité communautaire.Je sais bien que cette notion d’identité est au-jourd’hui contestée ou combattue par certains qui feignent de voir dans notre hantise identitaire une sorte de complaisance à soi-même annihilante et paralysante.Pour ma part, je n’en crois rien.Je pense à une identité non pas archaïsante dévo-reuse de soi-même, mais dévoreuse du monde, c’est-à-dire faisant main basse sur tout le présent pour mieux réévaluer le passé et, plus encore, pour préparer le futur.

CESAIRE Aimé, Négritude et humanisme, Discours sur la Négritude, Miami, Florida International University Tamiami Campus, Hommage à A. Césaire, « Négritude,

Ethnicity and Afro Cultures in the Americas », 26 février 1987.