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Les collections d’arts décoratifs MUSÉE DES CORDELIERS Les collections d’arts décoratifs MUSÉE DES CORDELIERS RENAISSANCE LOUIS XIII LOUIS XIV RÉGENCE LOUIS XV LOUIS XVI DIRECTOIRE EMPIRE RESTAURATION LOUIS PHILIPPE règne de Louis XIV (1643-1715) Révolution française 1500 1550 1600 1650 1700 1750 1800 1850 Petite histoire des collections … L a collection d’arts décoratifs du musée des Cordeliers est en grande partie issue du legs d’Antoine Laurent, Angérien passionné d’art et collectionneur avisé, et des collections de la Société d’Archéologie de Saint-Jean-d’Angély. Vous avez dit « arts décoratifs » ? Rendre attractives par un décor or- nemental les choses utiles qui nous entourent a inspiré les hommes depuis la Préhistoire. Les arts dé- coratifs relèvent de plusieurs domaines : céramique, bois, mais aussi métal, textile, stuc, pierre… qui correspondent aujourd’hui aux métiers d’arts. Le mobilier réunit à lui seul de nom- breux corps de métiers témoins de savoir-faire ancestraux : menuisiers, ébénistes, vernisseurs, doreurs, sculpteurs, bronziers, serruriers, mécaniciens, tapissiers… Laissez-vous guider … Le parcours de visite du musée comprend deux volets : • l’un retrace un panorama du mobilier saintongeais et met en avant ses influences mais aussi ses propres caractéristiques 1 er étage côté cour • l’autre présente certains exemples remarquables de mobiliers dits « parisien », du style Renaissance au style Empire 1 er étage côté jardin et 2 ème étage La céramique et le mobilier, Céramique L a céramique vient du mot grec « keramos » qui signifie argile et résulte de la transformation de cette matière à haute température. Son usage artistique apparaît au Paléolithique et son usage domestique, sous forme de plats ou de jarres, remonte au Néolithique (-10 000 av JC) avec la sédentarisation des hommes et le besoin de stocker les vivres. Elle devient ensuite moyen d’expression artistique, témoignant de l’art de vivre des civilisations qui lui donnent des formes et des décorations de plus en plus élaborées : vases grecs, poteries précolombiennes, céramique et porcelaine de Chine… Ces œuvres ont pris place dans ces espaces muséographiques offrant une présentation chronologique de l’évolution des styles du mobilier français du XVII e au XIX e siècle. Une exposition de pièces en céramiques, principalement des faïences et des porcelaines, vient enrichir cette approche. 1 L e mobilier et les céramiques jouent un rôle à la fois décoratif et utilitaire. D’usage ou d’apparat, destiné à la bourgeoisie ou aux gens de la campagne, leur évolution est liée à celle de la société et de son cadre de vie. Le même vocabulaire est d’ailleurs employé pour parler de certains éléments du décor intérieur et de l’architecture. Les styles se développent au gré des détenteurs du pouvoir et sont le reflet de leur goût, de leur personnalité, de leur politique. Pour autant, certains styles ont suvécu au règne des monarques qui les ont fait naître. Plutôt que des ruptures franches, il s’agit en fait d’évolutions progressives qui ont mis parfois près d’un siècle à influer les styles régionaux, comme ça a été le cas ici, en Saintonge. symboles d’un art de vivre Service des publics, Musée des Cordeliers

LLLes collections d’arts décoratifs MUSÉE DES CORDELIERS … · 2017-04-20 · La commode est composée de deux rangées de tiroirs aux lignes légères. Elle a des pieds-de-biche

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Page 1: LLLes collections d’arts décoratifs MUSÉE DES CORDELIERS … · 2017-04-20 · La commode est composée de deux rangées de tiroirs aux lignes légères. Elle a des pieds-de-biche

LLLes collections d’arts décoratifs MUSÉE DES CORDELIERS LLLes collections d’arts décoratifs MUSÉE DES CORDELIERS

RENAISSANCE LOUIS XIII LOUIS XIVRÉGENCE

LOUIS XVLOUIS XVI

DIRECTOIREEMPIRE

RESTAURATIONLOUIS

PHILIPPE

règne de Louis XIV (1643-1715)

Révolution française

1500 1550 1600 1650 1700 1750 1800 1850

Petite histoire des collections …

La collection d’arts décoratifs du musée des Cordeliers est en grande partie issue du legs d’Antoine Laurent, Angérien passionné d’art et collectionneur avisé, et des collections de la Société d’Archéologie

de Saint-Jean-d’Angély.

Vous avez dit « arts décoratifs » ?

Rendre attractives par un décor or-nemental les choses utiles qui nous entourent a inspiré les hommes depuis la Préhistoire. Les arts dé-coratifs relèvent de plusieurs domaines : céramique, bois, mais aussi métal, textile, stuc, pierre… qui correspondent aujourd’hui aux métiers d’arts.Le mobilier réunit à lui seul de nom-breux corps de métiers témoins de savoir-faire ancestraux : menuisiers, ébénistes, vernisseurs, doreurs, sculpteurs, bronziers, serruriers, mécaniciens, tapissiers…

Laissez-vous guider …Le parcours de visite du musée comprend deux volets :

• l’un retrace un panorama du mobilier saintongeais et met en avant ses influences mais aussi ses propres caractéristiques 1er étage côté cour• l’autre présente certains exemples remarquables de mobiliers dits « parisien », du style Renaissance au style Empire 1er étage côté jardin et 2ème étage

La céramique et le mobilier,

CéramiqueLa céramique vient du mot grec « keramos » qui signifie argile

et résulte de la transformation de cette matière à haute température. Son usage artistique apparaît au Paléolithique

et son usage domestique, sous forme de plats ou de jarres, remonte au Néolithique (-10 000 av JC) avec la sédentarisation des hommes et le besoin de stocker les vivres. Elle devient ensuite moyen d’expression artistique, témoignant de l’art de vivre des civilisations qui lui donnent des formes et des décorations de plus en plus élaborées : vases grecs, poteries précolombiennes, céramique et porcelaine de Chine…

Ces œuvres ont pris place dans ces espaces muséographiques offrant une présentation chronologique de l’évolution des styles du mobilier français du XVIIe au XIXe siècle.Une exposition de pièces en céramiques, principalement des faïences et des porcelaines, vient enrichir cette approche.

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Le mobilier et les céramiques jouent un rôle à la fois décoratif et utilitaire. D’usage ou d’apparat, destiné à la bourgeoisie ou aux gens de la campagne, leur évolution est liée à celle de la société et de

son cadre de vie. Le même vocabulaire est d’ailleurs employé pour parler de certains éléments du décor intérieur et de l’architecture. Les styles se développent au gré des détenteurs du pouvoir et sont le reflet de leur goût, de leur personnalité, de leur politique. Pour autant, certains styles ont suvécu au règne des monarques qui les ont fait naître. Plutôt que des ruptures franches, il s’agit en fait d’évolutions progressives qui ont mis parfois près d’un siècle à influer les styles régionaux, comme ça a été le cas ici, en Saintonge.

symboles d’un art de vivre

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Page 2: LLLes collections d’arts décoratifs MUSÉE DES CORDELIERS … · 2017-04-20 · La commode est composée de deux rangées de tiroirs aux lignes légères. Elle a des pieds-de-biche

pilastres vantaux

denticules

Un exemple de tournageL’entrejambe en H est de règle. La grande traverse tournée est parée en son milieu d’une toupie. Ce peut également être une pomme ou un vase.

Aubusson, situé dans la Creuse, possède une riche histoire lié au tissage remontant au XVe siècle. En 1665, sous Colbert, elle devient manufacture royale.Cette tapisserie présente un décor de verdure, emblématique de ce lieu de création prestigieux.

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LLrrRenaissance - Louis XIII MUSÉE DES CORDELIERS LLLouis XIV MUSÉE DES CORDELIERS

Grammaire des styles/3 siècles d’évolution1. XVe-XVIIe siècles

LA RENAISSANCE

Le style Renaissance s’inspire de l’An-tiquité et de la Renaissance italienne.L’ornementation est très souvent sculptée.

LE STYLE LOUIS XIII

Le style Louis XIII s’étend bien au-delà du règne de Louis XIII. À cette époque, la France devient peu à peu la plus grande Nation d’Europe. Les influences espagnoles et italiennes s’entrecroisent également.

Après le ravage des guerres de religion et le climat d’insécurité de la seconde moitié du XVIe siècle, les Fran-çais éprouvent un besoin de confort et de stabilité. Ils construisent beaucoup. À l’intérieur, les pièces se font plus nombreuses et ont des fonctions par-ticulières : chambre – antichambre – gardes robes – cabinets. Pour répondre à ces changements, la fabrication des meubles, des tapisseries et des tissus d’ameublement s’intensifie.

Les bois utilisés sont le chêne, le noyer, l’ébène, le poirier et le sapin. De nou-velles techniques de traitement du bois apparaissent à cette époque, no-tamment le placage et le tournage. Le placage en bois d’ébène s’impose peu à peu et permet la naissance d’un nou-veau corps de métier : l’ébénisterie.

LE STYLE LOUIS XIV

À partir de 1661 et jusqu’à la fin du siècle, Louis XIV, monarque absolu, impose son style comme il mène sa politique. Les arts décoratifs doivent entretenir le prestige, la grandeur et l’éclat de la France à l’étranger. Ce style est rapidement imité par toute l’Europe et supplante les influences espagnoles et italiennes. La politique artistique de l’État est dirigée par le peintre Lebrun qui impose un style homogène à tous les orfèvres, menuisiers, ébénistes, tapissiers, graveurs, sculpteurs, ornementalistes et jardiniers.

LE MOBILIER LOUIS XIVC’est un style présentant un goût pro-noncé pour la symétrie, l’ampleur des lignes. Les matériaux employés se multiplient : les bois massifs (châtai-gnier, noyer ou chêne) côtoient les bois exotiques utilisés pour la marqueterie (acajou, palissandre, amarante…). Se mêlent à eux de nouveaux matériaux tels que l’étain, le cuivre et l’argent.Les fauteuils sont solennels et majes-tueux, tantôt en bois naturel, tantôt dorés. Des tissus aussi précieux que déli-cats les recouvrent : brocarts d’or ou d’argent, velours, satin blanc de Chine.

L’ESSOR DE LA FAÏENCELe XVIIIe siècle est favorable à l’es-sor de la faïence en France. Fin XVIIe siècle, le pays connaît une grave crise économique. Louis XIV décré-te la fonte de toute la vaisselle pré-cieuse d’or et d’argent. Les nobles de la cour remplacent, comme le roi soleil, leurs services de table. L’affir-mation progressive de la bourgeoisie sert aussi l’essor de la faïence dont elle devient une fervente cliente.Saintes, La Rochelle, Bordeaux, Samadet... Le nombre de manufactures de faïence explose en France.

Le meuble type est le buffet. C’est un meuble à deux corps qui com-porte un ou deux tiroirs à la cein-ture. Chaque corps est fermé par deux vantaux dont les montants sont composés de pilastres déco-rés de feuilles et de plumes de paon. Ces buffets sont surmontés de corniches richement travaillées, à l’instar, ici, de denticules. Les pieds sont généralement courts et trapus.

Le dossier droit est plus haut que large. Rem-bourré, il est parfois séparé du siège par un espace vide. Les bras ou accotoirs, incurvés par une volute ou une crosse, sont en bois. Cet accotoir est dit en « bec de corbin ». L’entrejambe ici est en H et les traverses sont en accolades tournées. Cette forme est surnommée à « os de mouton ».

ZOOM SUR ...

1492 : découverte de l’Amérique1601-1643 : règne de Louis XIII1643-1715 : règne de Louis XIV1623-1770 : construction du Château de Versailles

Table noyer XVIIe siècle

Buffet à deux corpsnoyer

Tapisserie « verdure au moulin à eau »laine et soieAubussonFin XVIIe siècle, 1ere moitié du XVIIIe siècle

Fauteuil à « os de mouton »noyer, tissuXVIIe siècle

REPÈRES CHRONOLOGIQUES

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La commode est composée de deux rangées de tiroirs aux lignes légères. Elle a des pieds-de-biche assez hauts, garnis à leurs extrémités de fleurs d’acanthe en bronze. Elle est surmontée d’un plateau en marbre.

LLLes collections mobiliers MUSÉE DES CORDELIERS LLLes collections mobiliers MUSÉE DES CORDELIERS

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LE STYLE RÉGENCE

La régence de Philippe d’Orléans ne dure que huit ans (1715 – 1723) mais le style qui la caractérise déborde am-plement cette courte période. Celui-ci prend sa source dès le début du siècle et persiste jusque les premières années du règne de Louis XV. C’est un style de transition, voire même un état d’es-prit. L’appauvrissement du roi Louis XIV, qui renonce aux fêtes, provoque un besoin d’intimité, de confort, de distraction et de plaisir. La Régence voit donc naitre une mode élégante, gracieuse, séduisante et libertine.

Les dimensions des pièces se réduisent : les grandes salles et les chambres dis-paraissent, remplacées par de petits salons, des cabinets à écrire, des sa-lons de musique. En conséquence, les meubles deviennent plus petits. Leurs lignes sont plus courbes et plus douces. L’ornementation, sans verser dans l’excès, est plus fantaisiste et le décor de bronze se généralise.

Grammaire des styles/3 siècles d’évolution2. Le XVIIIe siècle

REPÈRES CHRONOLOGIQUES

accotoir en retrait

L’art témoigne depuis l’Antiquité d’un intérêt pour les autres cultures, en particulier les mondes lointains et exotiques. Le développement d’un modèle artistique d’influence chinoise atteint son apogée au milieu du XVIIIe siècle.Les créateurs occidentaux essayent avec une réussite mitigée, d’imiter la sophistication technique des porce-laines de Chine apparues au Moyen-Âge. Ils percent le sercret de leur confection seulement au XVIIIe siècle.

cartel

ZOOM SUR ...Chinoiseries, le vrai du faux

LE STYLE LOUIS XV

Si le roi règne de 1715 à 1774, le style auquel il don-nait son nom se développe à partir de 1730 et com-mence à subir des influences du style Louis XVI dans les années 1780. Madame de Pompadour, Madame du Barry, ne sont pas seulement des maîtresses royales, mais aussi les femmes modèles qui inspirent les usages, la mode et le décor de leur époque. Par-tout, à Versailles, à Paris, en province, la souverai-neté passe en leurs mains. Pour elles, les grandes suites solennelles se transforment en apparte-ments confortables, mieux chauffés et plus intimes.Moins vastes, les pièces de ces nouvelles demeures sont plus nombreuses et d’un usage plus spécia-lisé. On distingue les salons (de compagnie, de musique, le boudoir), la bibliothèque, le cabinet à écrire et la salle à manger. Toutes ces pièces sont meublées avec le souci constant de l’élégance, du raffinement, du bien-être et de la commodité.

1715-1723 : régence de Philippe d’OrléansXVIIIe siècle : Les Lumières

Ces porcelaines chinoises sont emmenées en France

par la Compagnie française pour le commerce des Indes

orientales, entreprise créée par Colbert en 1664 dont la mission était de « naviguer

et négocier depuis le cap de Bonne-Espérance presque

dans toutes les Indes et mers orientales », avec monopole

du commerce.

Le fauteuil « à la reine » se dit des sièges au dossier plat de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, adoptés par la reine Marie Leczinska pour son usage.

Commode galbée dite sauteusepalissandre, bronze doré, marbreXIXe siècle

Fauteuil à la reinenoyer, tissusigné I I L BXVIIIe siècle

Détail décor de grand feu polychrome à la scène chinoisefaïence stannifèreSinceny ? XVIIIe siècle

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Table à jeu portefeuilleacajou, bois de roseXIXe siècle

Grand platdécor de grand feu en camaïeu bleufaïence stannifèreDelft - HollandeXVIIIe siècle

Ce plat d’aspect glacé, fabriqué à Delft, aux Pays-Bas, adopte une décoration bleue et blanche imitant les céramiques de l’époque Ming du début du XVIIe siècle.

Détail de la petite table de salonbois, vernis martinXIXe siècle

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LLrrLouis XVI MUSÉE DES CORDELIERS LLrrDirectoire MUSÉE DES CORDELIERS

Grammaire des styles/3 siècles d’évolution3. Le XVIIIe siècle

LE STYLE LOUIS XVI

Louis XVI donne son nom au style qui apparait près de quinze ans avant qu’il monte sur le trône, et s’efface dès l’approche de la Révolution. Le style Louis XVI marque une vraie rupture avec le style Louis XV. Tandis que le style Louis XV s’inspire des formes « rocailles », le style Louis XVI revient à une certaine sobriété. L’originalité a fini par lasser. La mode est doré-navant tournée vers la campagne : la cour déserte les hôtels particuliers et les appartements des grandes villes pour de petits châteaux champêtres. Le style témoigne d’un désir d’évasion et de familiarité. La seconde moitié du XVIIIe siècle est marquée par un retour au goût à l’Antique, dû notamment aux découvertes archéologiques de Pompéi (1748) et Herculanum (1738), mais également à la philosophie nouvelle. Accablés par la corruption et la décadence de leur temps, les philosophes se mettent à la recherche d’une civilisation idéale, se tournant vers Rome et la Grèce. Ainsi se développe le néoclassicisme. Les structures sont épurées, les courbes remplacées au profit des lignes droites, les formes géomé-triques dominent dans la structure des meubles.

L’ornementation évolue également dans ce sens : d’une plus grande so-briété qu’à l’époque précédente, elle puise largement son inspiration dans le répertoire antique avec ses caria-tides/pilastres/chapiteaux, ses sphinx/chimères/griffons, et ses guirlandes de fleurs/couronnes de lauriers/drapés.

1789 : Révolution française1793 : Louis XVI guillotiné1792-1804 : Ière République

DIRECTOIRE

Le style Directoire s’étend jusqu’à l’avènement de l’Empire. Il est un mélange entre le style fin Louis XVI et celui de l’Empire naissant.

La Révolution française s’accompagne d’une réforme intégrale des mœurs, dont l’impact se ressent dans le mobilier. Simplicité des formes géométriques, lignes droites, courbes simples et décoration discrète sont de mise. Le mobilier est marqué par la situation économique et politique de l’époque qui entraîne l’appauvrissement, voire la disparition de certains corps de métiers. La situation économique trouble oblige aussi les ébénistes à simplifier les formes et les ma-tériaux. En 1791, les révolutionnaires abolissent les corporations telle celle de l’ébénisterie. De même, les matériaux riches comme le marbre ne sont presque plus utilisés. Le mobilier est dépouillé. Les meubles marquetés sont remplacés par des meubles en bois massif avec incrustation de bois clairs ou tout simple-ment peints. Les inspirations antiques font naître un nouveau courant artistique : le néoclas-sique.

Les canapés sont assortis aux fau-teuils avec leur dossier carré, et leurs accotoirs sont recourbés en arrière.

Canapé à dossier plathêtre, tissuXVIIIe siècle

REPÈRES CHRONOLOGIQUESLe fauteuil en cabriolet a des acco-toirs en retrait toujours garnis de manchettes, qui se raccordent au dossier par une courbe plus ou moins prononcée, et se terminent en avant par une volute simple.

Fauteuil en cabriolet à dossier en médaillonhêtre, tissuXVIIIe siècle

Faïences révolutionnairesXVIIIe siècle

Canapé à dossier plathêtre, tissuXVIIIe siècle

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LLrrEmpire MUSÉE DES CORDELIERS LLrr Collection d’armes MUSÉE DES CORDELIERS

EMPIRE

Le style Empire est à la gloire de l’em-pereur Napoléon Ier qui utilise cet art pour agrémenter son discours sur le pouvoir. Par l’utilisation systématique des références antiques, il cherche à se placer dans la lignée des grands em-pereurs romains, de l’Égypte des pha-raons ou de la Macédoine d’Alexandre le Grand et trouver ainsi une légitimité.

Ainsi, le style Empire présente une certaine dignité : dépouillé, noble et massif. Les meubles sont raides et imposants. Les surfaces sont plates, les angles vifs.L’ensemble est souvent solennel. L’apparat l’emportant sur le confort, les petits meubles à usage précis sont désormais plus rares. L’utilisation de l’acajou est caractéristique de cette époque et nous permet de reconnaître facilement un meuble Empire.

L’ornementation respecte rigoureu-sement la symétrie. Les motifs sont

multiples, à la fois héritages de l’An-tiquité (sphinx, têtes égyptiennes, lyres…) et accumulation de sym-boles impériaux (aigles, abeilles, légion d’honneur…).

Armes LES ÉPÉES

L’épée, apparue dès la Préhistoire, parvient à son stade d’évolution ul-time au XVIIIe siècle. Au combat, elle donne de moins en moins satisfaction face à des adversaires qui ont adopté le sabre. L’épée s’allège, s’affine, ser-vant uniquement à l’escrime d’estoc. Devenant de plus en plus décora-tive, elle revêt des matériaux luxueux.Au-delà de l’outil, elle se rapproche de l’œuvre d’art, expression de la virtuosité de l’artisan qui l’a façon-née. Elle reflète le statut social de son propriétaire, civil ou militaire.

RESTAURATION

Les règnes de Louis XVIII et Charles X voient le retour des attributs de la royau-té. Le mobilier s’en trouve influencé.Les meubles de cette époque se carac-térisent par l’utilisation de bois clairs (frêne, loupe d’orme, érable, etc.) ; les bronzes se font encore plus rares, au profit d’incrustations de bois sombres.L’ornementation n’est pas très diffé-rente du style Empire, mais les motifs militaires ou mythologiques dis-paraissent au profit des nymphes, chimères, pattes de lions, et surtout des

cols de cygnes qui servent de support aux pla-

teaux et aux acco-toirs des sièges.

Vasedécor de petit feuporcelaineSèvres1ère moitié du XIXe siècle

Faïences révolutionnairesXVIIIe siècle

DétailAthénienneacajouEmpireXIXe siècle

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Certaines épées portent parfois des inscriptions comme l’épée « Vaincre ou Mourir » exposée ici. Cette inscription peut renvoyer au célèbre tableau du peintre David Le Serment des Horaces (1785).

LES PISTOLETS ET LES FUSILSLes pistolets et fusils se démocratisent avec l’appari-tion du système de platine à rouet inventé au XVIe siècle.La platine à silex, fonctionnant sur le même principe que la platine à roue, permet de démocratiser les pistolets à la fin du siècle.

Le pistolet de duel sert à cette pratique de règlement de compte entre hommes, pratiqué parfois en pleine rue. L’ornementation est réduite au maximum afin de ne pas gêner la prise en main. La crosse est également striée afin d’avoir une meilleur tenue.

Dans le courant du XVIIe siècle, devant la longueur de changement des cartouches qui laissent sans défense le porteur de l’arme, des innovations apparaissent. La première étape est l’apparition des canons dévissés qui permettent de charger la cartouche en devisant le canon, ce qui est plus rapide et plus facile. L’autre grande innovation est l’invention du double

canon, augmentant considérablement la puissance de l’arme.À la fin du XVIIIe, la survie du pistolet semble compromise : il est supplanté par le fusil. Il doit alors se réinventer pour continuer à séduire et être utilisé. II adopte les évolutions techniques du fusil en copiant son mode de chargement ; les projectiles sont améliorés. On voit alors apparaître les canons rayés qui augmentent leur précision.

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ÉpéeVaincre ou mourirXVIIIe siècle

Pistolet à silex de duel1820

Pistolet de cavalerieModèle 1777XIXe siècle

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LLrrStyle Saintongeais MUSÉE DES CORDELIERS LLrrStyle Saintongeais MUSÉE DES CORDELIERS

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Comme dans la plupart des ré-gions, il existe en Saintonge deux sortes de mobilier :

l’un essentiellement rustique qui pos-sède le trait particulier du terroir dont il est issu ; l’autre plus affiné, plus élé-gant, destiné aux riches fermes et aux maisons bourgeoises, dont les carac-téristiques sont à peu près semblables dans tous les territoires saintongeais. Les styles Henri IV, Louis XIII, Louis XIV y ont marqué leur influence, mais c’est sur-tout le style Louis XV qui prédomine. L’armoire de type bonnetière, à porte unique, a constitué le meuble courant du paysan moyen, tandis que celle à deux portes s’est rencontrée plutôt dans l’habitation de l’agricultueur aisé. Ce dernier a possédé d’ailleurs souvent les deux. Le buffet bas et le vaisselier forment le reste de l’ameublement.

Le mobilier de la Saintonge doit sa sin-gularité au goût marqué des artisans pour l’association des bois fruitiers et les oppositions d’essences. Le noyer et le merisier sont les plus appréciés.

LA MARQUETERIE

Elle atteint son apogée entre 1800 et 1830. Les marqueteries contrastées sont réalisées dans les bois rares (ci-tronnier, acacia, ébène, etc.). Cette ré-gion bénéficiant d’un important trafic portuaire (La Rochelle), elle reçoit des chargements de bois exotiques, géné-ralement réservés à la fabrication du mobilier des demeures bourgeoises. On rencontre habituellement des filets d’encadrement en dents de scie, des soupières fleuries symboli-sant les vertus familiales et le foyer, des fleurs variées, des cercles et des rosaces, des étoiles, des losanges ou des croix de Malte qui viennent compléter la gamme de ces incrusta-tions polychromes. Figure aussi très régulièrement l’étoile à cinq branches qui marque l’appartenance d’une famille à la religion catholique, ou la rose des vents qui marque son atta-chement à la religion protestante.

LES TERRES CUITES de La Chapelle-des-Pots

Au milieu du XIIIe siècle, on voit éclore de nombreux ateliers ruraux de céra-miques. Au Moyen-Âge, l’usage de ce matériau est quotidien. Lié aux pra-tiques culinaires, de la consommation à la conservation, il présente des variantes selon les périodes ou les habitudes de production artisanale régionale.À partir du XIVe siècle, la poterie évo-lue vers les arts de la table, destinés aux notables et à la vie monastique au sein d’abbayes puissantes et in-fluentes dans l’économie du pays.

Ce sont aussi des pavages que l’on peut découvrir dans cette collec-tion muséale. La prospection de terrain a permis de localiser avec précision un atelier de carreaux de pavage à La Chapelle-des-Pots.

Armoire bonnetièrecerisierstyle Louis XVdernier tiers du XVIIIe siècle

Le style SaintongeaisLe mobilier

LE BOIS DE LOUPE

Enfin, le mobilier se distingue par l’uti-lisation de bois de loupe dont sont for-més portes et tiroirs. Ces loupes pro-viennent de branches étêtées (frêne et ormeaux galeux) sur lesquelles se produisent des excroissances de bois très dures et abondamment veinées.

LES FERRURES

Autre caractéristique du mobilier sain-tongeais : les tiroirs, présents sur toutes les armoires et bon nombre de bon-netières saintongeaises. Très impor-tant, ils reçoivent de belles ferrures et des poignées ovales bien travaillées. Le mobilier charentais doit en effet en large part son originalité à la qualité des garnitures métalliques qui lui sont ap-pliquées. Leur légèreté et leur ampleur confirme la fantaisie et l’élégance du décor. Les garnitures les plus typiques sont celles en fer. Courant sur toute la hauteur des vantaux d’armoires ou de buffets et sur la longueur des tiroirs, les entrées de serrures participent au dé-cor au même titre que la marqueterie. Inhabituellement large, elles font l’ob-jet de grandes recherches au niveau de la découpe. Lignes géométriques et si-nueuses alternent dans la composition du décor. La conception et la réalisation des garnitures métalliques relèvent alors d’un travail concerté entre le me-nuisier du village et le forgeron local.

La céramique

Épi de faîtageterre vernisséeLa Chapelle-des-PotsXIXe siècle

Carreau de pavement Saint-Jean-d’Angélyterre vernissée, décor floralLa Chapelle-des-PotsXIIIe-XIVe siècle

Aiguière et fromagerterres vernisséesXVIIIe et XIXe siècle

Détail d’armoire à bonnetièrearmoire de mariage1830-1840

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