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··· LAURIE CHARLES · LAËTITIA BADAUT-HAUSSMAN · RÉGIS PERRAY · ELISA PÔNE · ROXANE BORUJERDI · CHLOÉ DUGIT-GROS · GUILLAUME GATTIER · ALEXANDRE GÉRARD · HÉLÈNE JUILLET · GRÉGOIRE MOTTE · YANNICK PAPAILHAU · GILLES POURTIER · ADRIEN VESCOVI · LAURE VIGNA · MICHAEL CAMELLINI · WOLFGANG KLEBER · ISABELLE GIOVACCHINI · BORIS CHOUVELLON · ANTOINE MISEREY · KAMEN STOYANOV · ELSA GOMIS · MICHEL DE BROIN · FRANCIS ALŸS · GUILLAUME BAYCHELIER · OMBELLINE DE LA GOURNERIE · PETER MILLER · THOMAS TRONEL GAUTHIER · VINCENT DELEPLANQUE · MORGANE FOUREY · YOERI GUÉPIN · THIERRY LAGALLA · FRÉDÉRIC MALETTE · MARTINET ET TEXEREAU · MARION ROBIN · OLIVIER SÉVÈRE · XAVIER THEUNIS · KIRILL UKOLOV · LOÏC BLAIRON · MATHIEU ARBEZ HERMOSO · MINIA BIABIANY · JEAN-BAPTISTE CARON · JÉRÉMY CHABAUD · CLAIRE CHESNIER · RÉGIS FEUGÈRE · BENOIT GÉHANNE · MICHAËL JOURDET · JEAN-BAPTISTE LENGLET · AUDREY MARTIN · JÉRÉMIE SETTON · FLORIAN VIEL ·ESTRELLA ESTEVEZ · KRISTINA SOLOMOUKHA · NICOLAS GIRAUD · FILOMENA BORECKA · YVETTE NÉLIAZ (DAME PIPI) · PASCAL LIÈVRE · SAMMY STEIN · TONY REGAZZONI · GUILLAUME CONSTANTIN · M3GAH3RTZ (VALENTINA BONEVA + STEFFEN MÜLLER) · JULIEN NÉDÉLEC · CYRIL ABOUCAYA · PIERRE FRAENKEL · CHLOÉ CURCI · ELINA IOANNOU · PABLO GARCIA · JEAN-SÉBASTIEN RUYER · CLAUDE CHUZEL · CHRISTOPHE DENTIN · CYRIL HATT · MANUEL SCHROEDER · PHILIPP SCHUMACHER · MILZ · THOMAS KROCZOK & ELKE SWOBODA · TOUR DE VINYL · MARION DUBIER CLARK · NEVEN ALLANIC · IVAN ARGOTE · VIKA BEGALSKA · DAMIEN BERTHIER · ANNA BYSKOV · GABRIEL DESPLANQUE · PERRINE GARASSUS · JÉROME GRAS · ANNA KOLOSOVA · DAVID LASNIER · FRÉDÉRIC NAKACHE · PIED LA BICHE · FLORENT MATTEI · VERONIKA RUDYEVA-RYAZANTZEVA · MASHA SHA · JULIEN SIRJACQ · VLADIMIR SMIRNOV- LILO · ANDREI SYALEV · TATIANA TIMOFEEVA · EDDIE LADOIRE· RAMUNTCHO MATTA · LUC FERRARI · OLIVIER YVES LAGADEC · CATHERINE CHARLOT · AGNES CAFFIER · NICOLAS JUILLARD · EMMANUEL ADELY ··· JEAN-CHRISTOPHE ARCOS PROJETS CURATORIAUX -chronologie inversée-

JEAN-CHRISTOPHE ARCOS PROJETS CURATORIAUX...DAVID LASNIER · FRÉDÉRIC NAKACHE · PIED LA BICHE · FLORENT MATTEI · VERONIKA RUDYEVA-RYAZANTZEVA · MASHA SHA · JULIEN SIRJACQ ·

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  • ··· LAURIE CHARLES · LAËTITIA BADAUT-HAUSSMAN · RÉGIS PERRAY · ELISA PÔNE · ROXANE BORUJERDI · CHLOÉ DUGIT-GROS · GUILLAUME GATTIER · ALEXANDRE

    GÉRARD · HÉLÈNE JUILLET · GRÉGOIRE MOTTE · YANNICK PAPAILHAU · GILLES POURTIER · ADRIEN VESCOVI · LAURE VIGNA · MICHAEL CAMELLINI · WOLFGANG

    KLEBER · ISABELLE GIOVACCHINI · BORIS CHOUVELLON · ANTOINE MISEREY · KAMEN STOYANOV · ELSA GOMIS · MICHEL DE BROIN · FRANCIS ALŸS · GUILLAUME BAYCHELIER ·

    OMBELLINE DE LA GOURNERIE · PETER MILLER · THOMAS TRONEL GAUTHIER · VINCENT DELEPLANQUE · MORGANE FOUREY · YOERI GUÉPIN · THIERRY LAGALLA · FRÉDÉRIC MALETTE · MARTINET ET TEXEREAU · MARION ROBIN · OLIVIER SÉVÈRE · XAVIER THEUNIS · KIRILL UKOLOV · LOÏC BLAIRON · MATHIEU ARBEZ HERMOSO

    · MINIA BIABIANY · JEAN-BAPTISTE CARON · JÉRÉMY CHABAUD · CLAIRE CHESNIER · RÉGIS FEUGÈRE · BENOIT GÉHANNE · MICHAËL JOURDET · JEAN-BAPTISTE

    LENGLET · AUDREY MARTIN · JÉRÉMIE SETTON · FLORIAN VIEL ·ESTRELLA ESTEVEZ · KRISTINA SOLOMOUKHA · NICOLAS GIRAUD · FILOMENA BORECKA · YVETTE

    NÉLIAZ (DAME PIPI) · PASCAL LIÈVRE · SAMMY STEIN · TONY REGAZZONI · GUILLAUME CONSTANTIN · M3GAH3RTZ (VALENTINA BONEVA + STEFFEN MÜLLER) · JULIEN

    NÉDÉLEC · CYRIL ABOUCAYA · PIERRE FRAENKEL · CHLOÉ CURCI · ELINA IOANNOU · PABLO GARCIA · JEAN-SÉBASTIEN RUYER · CLAUDE CHUZEL · CHRISTOPHE DENTIN

    · CYRIL HATT · MANUEL SCHROEDER · PHILIPP SCHUMACHER · MILZ · THOMAS KROCZOK & ELKE SWOBODA · TOUR DE VINYL · MARION DUBIER CLARK · NEVEN

    ALLANIC · IVAN ARGOTE · VIKA BEGALSKA · DAMIEN BERTHIER · ANNA BYSKOV · GABRIEL DESPLANQUE · PERRINE GARASSUS · JÉROME GRAS · ANNA KOLOSOVA ·

    DAVID LASNIER · FRÉDÉRIC NAKACHE · PIED LA BICHE · FLORENT MATTEI · VERONIKA RUDYEVA-RYAZANTZEVA · MASHA SHA · JULIEN SIRJACQ · VLADIMIR SMIRNOV-

    LILO · ANDREI SYALEV · TATIANA TIMOFEEVA · EDDIE LADOIRE· RAMUNTCHO MATTA · LUC FERRARI · OLIVIER YVES LAGADEC · CATHERINE CHARLOT · AGNES CAFFIER ·

    NICOLAS JUILLARD · EMMANUEL ADELY ···

    JEAN-CHRISTOPHE ARCOS

    PROJETS CURATORIAUX -chronologie inversée-

  • TRANSMISSION(S) LAURIE CHARLES Décembre 2013 – Janvier 2014

    Commissariat : Triangle / Jean-Christophe Arcos Production : Mairie du 11e & Villa Arson Il y aura au centre de la cour une sculpture revisitant le code antique ou celui de la place royale à la française entièrement « destinée à servir de cadre à la statue d'un souverain et résultant d'un programme architectural servant de décor à cette statue ». Cette sculpture, sorte d'anti monument historique (la datation en devenant impossible) cherchera à détruire cette notion en utilisant des matériaux tels que le polystyrène et le plâtre, cassant les liens de reconnaissance immédiate, de fonction et d'habitude. Elle sera informe ou plutôt difficilement identifiable, relevant d'un caractère résolument éphémère et impulsif.

    Dans la cour seront disposées des « cairns » de pierres faits de polystyrène taillé en forme de roches et recouvert partiellement de plâtre et de peinture. A leur sommet, des bustes informes en céramique, seuls éléments pérennes, établiront une communication à l'aide de voix digitales, se présentant comme les ondes de pensées rêveuses perdues dans le vide de la cour.

    Il y aura cette première dichotomie : un espace défini (cour/architecture) et une œuvre indéfinissable (programme sculptural). Un lieu figé inscrit dans l'histoire et une pièce dont l'histoire se joue dans le futur. Il y a donc cette question de la temporalité : entre une histoire passée et l’œuvre qui s'inscrit, elle, dans le présent et veut regarder vers le futur. Les contours se dessineront dans l'avenir, un présent à modeler.

    L’œuvre d'art vit elle aussi avec ses morts : ils sont immortels (cf Politique de l'immortalité de Boris Groys), l'histoire de l'art est Passé mais aussi en train de se faire. Il ne s'agit pas forcément de la questionner : on s'inscrit dans une vision présentiste en cherchant à témoigner du passage de son temps personnel, ce qui se fait aujourd'hui et se défera demain.

    L'installation complète, voulant jouer de la transparence entre un décor, des sculptures et une installation, comprendra des éléments qui exposent leur propre statut éphémère et des éléments qui tendent à rester, potentialisant leur existence future au travers d'une nouvelle pièce et participant de mon archéologie personnelle (les pièces en céramique rejoueront un rôle à l'avenir dans mon travail, vidéos ou autre).

  • NUIT BLANCHE 2013 LAETITIA BADAUT-HAUSSMANN, REGIS PERRAY, ELISA PONE Octobre 2013, Mairie du 11e et Maison des Savoirs Interculturels de Belleville

    Commissariat : Jean-Christophe Arcos Production : Mairie du 11e

    « Après n’avoir rien fait pendant 13 jours en janvier 2004 pour ma première exposition personnelle à Paris, je propose à l’occasion de Nuit Blanche 2013 d’être actif et de partager avec le public un moment de patinage artistique dans la Salle des Mariages de la Mairie du 11

    e arrondissement. Mon rapport au lieu est un élément des plus importants dans la construction de

    mes recherches artistiques depuis mes études à l’Ecole Régionale des Beaux-Arts de Nantes.» « Depuis toujours, Laëtitia Badaut-Haussmann filme et photographie. (…) Des objets apparaissent de plus en plus dans son travail : ils sont des images en trois dimensions. (…)Sans empathie particulière avec le sujet choisi, elle s’adresse aux fantômes du passé, peut-être une manière de mieux s’approprier le monde présent. Un ‘temps sans chronologie’. » Anaël Pigeat Pour Nuit Blanche, Laetitia Badaut Haussmann propose une installation en correspondance avec le lieu qui la reçoit. Travail contextuel qui articule l'histoire du lieu à la production d'une forme spécifique, le projet combine événements historiques et glissements plastiques. La contestation sans lieu, la destruction de signe culturel, le monument sans statut : la Mairie du 11e incarne une scène majeure de la Commune de Paris comme dernier bastion de résistance avant l'éclatement des Communards et leur élan de destruction des signes politiques et culturels comme forme de refus du pouvoir alors en place. Parallèlement, sur l'esplanade, les statues en bronze du Prince Eugène de Beauharnais, de Voltaire puis de Ledru Rollin ont été tour à tour détruites et remplacées témoignant de différentes volontés politiques d'imposer des signes idéologiques et de mémoire.

    « Dans sa pratique, Elisa Pône fait appel à la pyrotechnie, aux films, images, dessins ou installations et interroge la notion de durée. Celle-ci est à dessein étirée ou fugace, quête d’un instant cristallisé, parfois déchu ; elle évoque les disjonctions temporelles de notre contemporanéité. Elisa Pône nous confronte dans ses œuvres à notre position face au temps et à la fugacité de l’événement. De la palpitation à l’expérience de la durée, l’artiste brouille les pistes et propose les gestes d’une œuvre aux occurrences multiples. » Guillaume Hervier-Lanot

  • UNE NOUVELLE UNITE · EINE NEUE EINHEIT ROXANE BORUJERDI, CHLOE DUGIT-GROS, GUILLAUME GATTIER, ALEXANDRE GERARD, HELENE JUILLET,

    GREGOIRE MOTTE, YANNICK PAPAILHAU, GILLES POURTIER, ADRIEN VESCOVI, LAURE VIGNA

    + MICHAEL CAMELLINI ET WOLFGANG KLEBER Septembre-Octobre 2013, Les Loges (Marseille)

    Commissariat : Jean-Christophe Arcos

    Production : MP2013, Planète Emergences, Perspective Trouble, Goethe Institut, Centre Culturel Franco-Allemand de Essen

    Pour ce second volet consacré aux réminiscences du Bauhaus, la Capitale Européenne de la Culture 2013 accueille un invité supplémentaire, Wolfgang Kleber, dont le travail photographique sur les Meisterhaüser (les maisons des professeurs du Bauhaus à Dessau) restitue un contrepoint historique et documentaire aux propositions des 10 plasticiens français. Ceux-ci expérimentent plus intimement l’une des notions évoquées à Essen en 2012, celle d’atelier : chacun sera amené à travailler avec deux autres, au gré de deux duos produisant ensemble une pièce. L’acculturation, principe fondateur de l’atelier, fonctionne comme une mise en commun d’éléments redistribués et rediscutés ; l’atelier ouvre un espace de possibles et crée un répertoire collaboratif de signes, de formes, de sens. A cette échelle du duo se rejoue l’hommage rendu lors du premier volet au Bauhaus en tant que réserve lexicale disponible.

  • CINEMA DE LA NOUVELLE LUNE ISABELLE GIOVACCHINI, BORIS CHOUVELLON, ANTOINE MISEREY, KAMEN STOYANOV, ELSA GOMIS, LEN LYE,

    MICHEL DE BROIN, FRANCIS ALŸS, GUILLAUME BAYCHELIER, OMBELLINE DE LA GOURNERIE, PETER MILLER,

    THOMAS TRONEL GAUTHIER ET CLAUDE LELOUCH, CHRIS MARKER, ISIDORE ISOU, VINCENT GALLO, WIM

    WENDERS, SAM RAIMI, JORGE SANJINES, KIM KI-DUK, BERTRAND BLIER, STANLEY KUBRICK… 8 Juillet-6 Août-5 Septembre 2013, Cité Internationale des Arts (Paris)

    Commissariat : Jean-Christophe Arcos, Laurent Derobert, Tito Gonzalez Garcia, Kirill Ukolov

    Production : Cité Internationale des Arts Nous proposons d’organiser un cycle de trois projections, chaque nuit sans lune de l’été 2013 (8 juillet, 6 août, 5 septembre), dans le jardin de la Cité internationale des arts – site Norvins. Ce rythme correspond à l’expérience physique du cheminement : un point de départ, des surfaces traversées, une ligne d’arrivée. Il s’agit d’une expérience collective, mais aussi d’un agir collectif. Comme engagement, nous voulons questionner la frontière entre l’image de cinéma et le film d’artistes : extraits de longs métrages, courts métrages, vidéos, formats et langages des images en mouvement sont les matériaux utilisés pour circuler autour de cette recherche.

  • OUVERTURES CECILE BELMONT, JAKOB GAUTEL, CLAIRE GLORIEUX, LAURENT LACOTTE 8 Juillet-6 Août-5 Septembre 2013, Cité Internationale des Arts (Paris)

    Commissariat : Jean-Christophe Arcos, Laurent Derobert, Tito Gonzalez Garcia, Kirill Ukolov Production : Cité Internationale des Arts A travers le projet « logement social et art contemporain », la Mairie du 11

    e arrondissement et quatre bailleurs sociaux

    implantés sur le territoire (Paris Habitat, SIEMP, RIVP, Elogie) ont initié une rencontre entre les habitants de plusieurs sites de logement collectif

    1 et quatre artistes plasticiens sélectionnés par un jury de personnalités et de professionnels de l’art, de la

    culture et du logement, coprésidé par Claire Moulène et Dominique Alba. Pendant leurs 2 mois de résidence, Jakob Gautel, Cécile Belmont, Claire Glorieux et Laurent Lacotte ont eu carte blanche pour poser leur regard de plasticiens contemporains sur l’architecture des immeubles, sur la vie des locataires, leurs éventuelles interactions, sur l’inscription du bâti et de l’humain dans leur environnement urbain, en ancrant leur travail dans une démarche in situ. A travers ce projet innovant qui a impliqué l’ensemble des habitants d’un même logement social et les artistes, il s’agissait de créer une dynamique d’ouverture vers un travail collaboratif dont les fruits ont pu être présentés du 3 au 19 Juillet à la Mairie du 11

    e dans le cadre de l’exposition « Ouvertures ».

    1 La Cité de l’Avenir, le 1 Allée Verte, le 130 rue Amelot et le 134 rue Saint-Maur

  • DES ŒUVRES QUI PRENNENT TOUTE LA PLACE VINCENT DELEPLANQUE, MORGANE FOUREY, YOERI GUEPIN, THIERRY LAGALLA, FRÉDÉRIC MALETTE,

    MARTINET ET TEXEREAU, MARION ROBIN, OLIVIER SÉVÈRE, XAVIER THEUNIS, KIRILL UKOLOV Mai-Juin 2013, Galerie Bertrand Baraudou

    Commissariat : Jean-Christophe Arcos

    Production : Galerie Bertrand Baraudou

    On ne peut distinguer les deux fonctions : il s’est développé une structure unique, qui

    n’est pas un compromis, mais une concomitance et une convergence. Gilbert Simondon, Du mode d’existence des objets techniques (1958), cité in Jean Baudrillard, Le système des objets (1968)

    The Space of the Work and the Place of the Object regroupait en 2009 Walead Beshty, Melanie Gilligan, Gabriel Kuri, Michael Rakowitz, Blake Rayne, Karin Schneider, Simon Starling et Carey Young au Sculpture Center de Long Island (NY). L’exposition prenait pour hypothèse que chaque pièce était la trace d’un processus de création qui s’arrêtait lors de l’ouverture même de l’exposition. Les métamorphoses survenant pendant le transport des pièces, marquant la matière, devenaient partie intégrante de la formalisation de l’objet, le transport incarnant le voyage fait par l’œuvre entre l’atelier et la galerie, dans le monde réel. Le surgissement de l’accident met l’œuvre à la disposition de la destinée de l’objet, ou plus exactement intègre et dissout l’œuvre dans la destinée de l’objet. L’unité d’une œuvre est autant due à un agencement qu’à un geste d’agencement. En ce sens, l’œuvre renvoie au symbolon, ce jeton de terre cuite que les deux parties d’un contrat ou d’une alliance se partageaient : pour qu’apparaisse l’œuvre, il faut mettre ensemble (symbolein) intention et matière. La moitié présente appelle dès lors la moitié absente. Si elles renvoient naturellement à la disparition de l’œuvre et interrogent sur ce qui pourrait bien prendre sa place, ces œuvres qui prennent toute la place dévoilent également un déplacement actif des modes d’apparition de l’œuvre. Le vide devient volume. Il s’agit d’éclaircir non pas un mystère (comment l’artiste fait ) mais ce qu’il perd et ce qu’il transforme, ce qu’il introduit dans l’espace de l’objet, et, finalement, la place que prend l’intention dans le processus créatif.

  • TRANSMISSION(S) LOÏC BLAIRON Mai-Juin 2013, Mairie du 11e

    Commissariat : Jeune Création et Jean-Christophe Arcos Production : Mairie du 11e

    L’intuition de Démocrite, selon laquelle tout corps est divisible à l’infini, vaut aussi pour le corps politique : le citoyen peut être appréhendé comme une monade, une fraction du groupe social dont il fait partie. La puissance de ce tout devient alors ce qui protège chacun. En montant quatre poutres en équilibre sur les chapiteaux de la cour du bâtiment municipal, Loïc Blairon remet en situation à la fois la menace qui pèse sur l’intégrité physique, sur les corps, et le rôle du politique de prendre à sa charge leur préservation, d’empêcher que ce risque ne s’actualise. Au 2

    e étage, une série de décapités, portraits tronqués tirés de la collection de photographies anciennes de Daniel Botti, rend

    explicite cette responsabilité, en renvoyant à l’anonymat du temps qui fuit les corps de figures aujourd’hui disparus. C’est que cette force n’agit pas contre le temps.

  • LA DISPUTE DE L’ÂME ET DU CORPS MATHIEU ARBEZ HERMOSO, MINIA BIABIANY, LOÏC BLAIRON, JEAN-BAPTISTE CARON, JEREMY CHABAUD,

    CLAIRE CHESNIER, REGIS FEUGERE, BENOIT GEHANNE, MICHAËL JOURDET, JEAN-BAPTISTE

    LENGLET, AUDREY MARTIN, JEREMIE SETTON, FLORIAN VIEL, LAURE VIGNA Avril 2013, Cloître des Billettes (Paris)

    Commissariat : Jean-Christophe Arcos

    Production : Jeune Création

    1427. Comme pour s’en convaincre, le Saint Siège condamne pour la seconde fois les théories de John Wyclif, inspirateur de la

    Réforme, près de 50 ans après sa mort. Pierre angulaire de la conception nouvelle de Wyclif : le lien direct entre l’humanité et

    son Dieu. Par ordre du Pape, cette même année, ses ossements seront déterrés, brûlés et jetés dans la Tamise. Brûler la dépouille pour éteindre la pensée. C’est cette année que le cloître d’origine de l’église des Billettes est construit. En même temps qu’un cimetière, aujourd’hu i recouvert. (L’église deviendra luthérienne au début du 19e siècle.) Cette même année voit encore la première représentation de La Dispute de l’âme et du corps, objet de théâtre (sans auteur)

    utilisé par la Contre Réforme pour contenir par tous moyens l’avancée du protestantisme en Europe.

    L’exposition La dispute de l’âme et du corps prend appui sur un lacis complexe d’événements pour mettre au jour un parallèle entre des mécanismes propres à l’histoire de l’art, opposant la matière à l’intention, la plastique au concept, et le caractère nodal qu’a pu revêtir le questionnement sur l’incarnation et le lien à la transcendance dans la période trouble d’émergence de la Réforme. En gardant l’autonomie des deux champs, le contexte devient un prétexte pour évoquer des conciliations, des soustractions, des remises en cause, des tensions, des dialogismes, agitant la relation entre l’œuvre et son objet, et, finalement, explorer le face à face présent à toute création.

  • TRANSMISSION(S) ESTRELLA ESTEVEZ Janvier-Mars 2013, Mairie du 11e

    Commissariat : Jeune Création et Jean-Christophe Arcos Production : Mairie du 11e

    Estrella Estevez a choisi d’aborder les questions du temps, de la mémoire, de la trace, en coulant une trace de béton dans la cour, et en frottant au crayon, sur de grands lés de papier, les pierres des murs de la galerie du 2e étage. Les pavés de la cour sont ainsi recouverts, pour ainsi dire préservés, protégés, cachés, par la coulée de béton. Mais le volume en prend aussi l’empreinte, se coule au plus près des pavés. Du contact entre les deux naît une impression qui rend compte de la surface des pavés tout en demeurant invisible. Le béton documente les pavés, leurs stries, leurs saillies, leur forme. Cette conservation est néanmoins ambivalente, puisque la coulée sera détruite avant les pavés. Le tracé de la coulée, en diagonale, restitue la dimension monumentale de la sculpture classique : plus qu’un ornement, qui viendrait s’ajouter au décor de l’architecture, il s’agit ici de créer une œuvre autonome. Les dessins du 2

    e étage reprennent le motif de l’empreinte, mais ici la rendent ostentatoires : ces murs s’offrent de façon

    impudique au travers des frottages à la mine de graphite. Chaque détail est révélé, exacerbé, comme s’il appartenait à un motif, à un dessein. Or, précisément, le geste d’Estrella évacue toute tentation de faire dessin, de donner un motif : c’est le mur qui se révèle, pas l’imaginaire de l’artiste. Celle-ci prend appui sur ce qui est déjà là, ce qui lui préexiste. Mais ce récit paraît indéchiffrable : comme les écritures automatiques ou aléatoires, les traces que portent les murs appartiennent à un langage qui nous est étranger. Nous restons à la surface. Estrella Estevez fait émerger notre incapacité à parler le langage des pierres. Nous les voyons, nous pouvons en décrire les contours, en faire ressortir le grain, mais leur histoire, leur dimension, n’est pas la nôtre. En ce sens, il ne peut y avoir d’épuisement de la matière : notre discours, notre récit, vise à réintégrer les pierres dans le monde des hommes, à leur faire jouer un rôle auquel elles ne peuvent se dérober, sans toutefois l’incarner à plein. Les pierres nous dépassent, et leur inertie les fera exister après nous de leur existence muette.

  • BAUHAUS. entretenir des choses matérielles

    ROXANE BORUJERDI, CHLOE DUGIT-GROS, ADRIEN VESCOVI, ALEXANDRE GERARD, YANNICK

    PAPAILHAU, LAURE VIGNA, GREGOIRE MOTTE, GILLES POURTIER, GUILLAUME GATTIER, HELENE JUILLET Octobre-Décembre 2012, Forum für Kunst und Architektur (Essen, All.)

    Commissariat : Jean-Christophe Arcos

    Production : Jean-Christophe Arcos / Centre Culturel Franco-Allemand / Forum für Kunst und Architektur

    L’exposition BAUHAUS. entretenir des choses matérielles réunit 10 artistes ayant transité par Marseille en les confrontant aux méthodes et aux formes du Bauhaus, école d’art d’avant-garde créée en 1919 démantelée par le régime nazi. Outre une esthétique marquée par l’influence de la géométrie, le Bauhaus a généré de nouvelles pratiques : le travail en ateliers collectifs et la primauté de l’enseignement des techniques sont aujourd’hui des marques de fabrique des écoles d’art européennes. Les fondements de l’exposition BAUHAUS.entretenir des choses matérielles résident dans la persistance de ces méthodes et de ces formes dans cette jeune génération d’artistes français, qui fait figure d’école : formes pures, intégration des données techniques et implication physique dans le processus de création, pratique du workshop… sont utilisées et détournées pour faire apparaître la force et la farce de l’utopie moderniste. Dans la pratique de certains artistes du 21e siècle, le rapport au matériau, voire son épuisement, rejoint une esthétique à la fois minimale et formalisée, travaillant à partir ou autour de planches, placoplâtre, tasseaux, serre -joints, ou jouant sur les ambiguïtés de la matière, sur ses représentations. C’est cette génération d’artistes bricoleurs que BAUHAUS. entretenir des choses matérielles entend défendre et illustrer à partir de deux sites de contexte : Essen en tant qu’incarnation du Bauhaus, Marseille en tant que lieu de leurs productions passées. Il faut ajouter, non sans humour, qu’une des principales chaînes de magasins de bricolage allemandes a pour nom… Bauhaus (Maison du Bâtiment).

  • TRANSMISSION(S) KIRILL UKOLOV Novembre-Décembre 2012, Mairie du 11e

    Commissariat : Jeune Création / Jean-Christophe Arcos Production : Mairie du 11e

    Kirill est partout. Son travail est protéiforme, il s’infiltre, prend l’espace, se fond et se fonde dans le paysage. Ici, son mode d’intervention se décline en une série de petites serres protégeant les mauvaises herbes poussant entre les pavés de la cour : échos dérisoires d’installations monumentales, peut-être aussi de la proposition de Glassbox, ces microstructures se nichent dans les interstices pour créer un espace propice aux plantes méprisées. Pour ceux qui connaissent les lieux, ces serres seront autant d’éléments perturbateurs dans un paysage maîtrisé, banalisé ; pour les usagers, les visiteurs d’un jour, elles seront les composantes naturelles du lieu (quoique un peu étranges : des serres pour les mauvaises herbes, voilà une drôle d’idée des Espaces verts de la Ville de Paris !). Motif à double entrée, elles sont à la fois normales et intruses. Dans la galerie de la salle des fêtes, la même préoccupation du vivant a poussé Kirill à reproduire, à partir de végétaux frais coupés, les guirlandes de laurier et de raisin qui, dans l’architecture classique et néoclassique, sont les motifs récurrents illustrant l’abondance et le luxe. Figés dans la pierre, ces fruits et ces feuilles, rigides et persistants, sont hors du temps : pétrifiés, ils ne vieilliront pas, ils sont hors la vie ; en les reproduisant à l’aide des matériaux sur lesquels l’architecte-décorateur a pris modèle, Kirill les réintroduit dans une économie du vivant, avec le destin des choses vivantes : le déclin. Dans ces deux projets, sans doute, l’auguste stature de pierre de la Mairie est comme rappelée à son souci organique autant qu’à sa fonction première : prendre soin des vivants pendant qu’ils le sont. Probablement peut-on aussi voir dans les propositions de Kirill une revisitation de l’imagerie des natures mortes, des vanités, dans lesquelles la temporaire gloire des lauriers et l’éphémère suavité des raisins se confrontent à l’image de matières plus persistantes, pierres, coquilles, ossements, dans un appel puissant à l’humilité.

  • NUIT BLANCHE 2012 KRISTINA SOLOMOUKHA, NICOLAS GIRAUD, FILOMENA BORECKA Octobre 2012, Paris & Mairie du 11e

    Commissariat : Jean-Christophe Arcos Production : Mairie du 11e et JCDecaux

    Pour Nuit Blanche, Kristina Solomoukha a conçu une installation vidéo en deux parties. La première, un cinéma en plein air installé dans la cour de la Mairie, présente un film symphonique que l’artiste a tourné en 2010 aux États-Unis, la seconde met en scène une vidéo réalisée pendant l’été 2012. « En empruntant à l’environnement construit ses codes et son vocabulaire, Kristina Solomoukha se livre à l’analyse des significations politique, économique et sociale du paysage urbain. Si l’artiste ne privilégie aucune technique particulière, c’est le plus souvent avec des images qu’elle pense et travaille. Entendons le terme image dans une acception très large - dans le sens par exemple du « C’est une image » ou bien du « Comment dire ? Je vais utiliser une image », terme naviguant entre la métaphore, le geste et la notion abstraite dont on fait usage pour se livrer à l’analyse ou à la construction d’un discours. » Elfi Turpin PHRENOS – la banque du souffle est une sculpture sonore de Filomena Borecka, pénétrable et participative, où la respiration de l'un devient la respiration de tous. L'art y rejoint la science : l'œuvre a été réalisée en collaboration avec des sociologues, sophrologue et designer. Dans A distance, Nicolas Giraud expose, sur plusieurs panneaux publicitaires de 4x3m, l’agrandissement d’un fragment d’affiche. De loin, l’affiche laisse voir un morceau de ciel étoilé. De plus près, l'image traditionnelle de la voûte céleste, agrandie presque 40 fois, révèle un chaos visuel. Les points qui constituent les étoiles sont mis en concurrence avec la trame grossière d'une impression offset. Au lieu de servir l'image, la technique parasite le sujet, elle se place sur son terrain, sur un même plan.

  • TROUBLE

    lancement d’édition et exposition de fin de cycle CHEZ TREIZE, LE 6 JUILLET : CHLOE CURCI, PASCAL LIEVRE, JULIEN NEDELEC, SAMMY STEIN ESPACE PIERRE CARDIN, LE 7 JUILLET : YVETTE NELIAZ (DAME PIPI), PASCAL LIEVRE, SAMMY STEIN, TONY REGAZZONI, GUILLAUME CONSTANTIN, M3GAH3RTZ, GREGOIRE MOTTE, JULIEN NEDELEC, LAURE

    VIGNA & CYRIL ABOUCAYA, PIERRE FRAENKEL, CHLOE CURCI Commissariat : Jean-Christophe Arcos

    Production : Flash Cocotte / Société Secrète

    Le public de l’art contemporain est le pire qui existe. Il est sur-instruit et conservateur, il est là pour critiquer et non pour comprendre, il n’éprouve jamais de plaisir. Pourquoi devrais-je consacrer du temps à travailler pour ce public ? C’est comme de se mettre dans la gueule du loup. David Hammons

    A l’occasion de la fin du cycle TROUBLE est réalisée une édition regroupant les 10 projets et une réflexion critique, « Ce que TROUBLE manifeste » ; les textes des invitations Facebook aux soirées Flash Cocotte écrits par Niz Denox, regroupés dans l’édition mais transposés dans un contexte lié à l’art contemporain, y font office de contre champ. Le lancement au Treize représente l’exact envers des interventions TROUBLE au sein des soirées Flash Cocotte : le public des habitués des soirées se retrouve ici dans un territoire fortement marqué par les expressions plastiques, alors que les artistes invités pour TROUBLE pénétraient le lieu du clubbing. A ces party animals s’ajoutent les artistes, commissaires, critiques, gravitant autour de Treize ou des artistes réunis par TROUBLE.

    Tout concourt à rendre raison à David Hammons, et il devient vite incontournable que sa critique vaut pour tous les publics.

    Sur la photo : Damien Airault et Gallien Déjean

  • TROUBLE CHLOE CURCI Juin 2012, La Machine du Moulin Rouge (Paris)

    Commissariat : Jean-Christophe Arcos Production : Flash Cocotte / Société Secrète

    A peine sortie des Arts Décoratifs, Chloé Curci a déjà les idées claires : elle brouille les images tout en cherchant la frontière entre Histoire et histoires. Le propos ferme, le questionnement sûr, plongée dans son travail de diplôme sous la direction de Brice Dellsperger, elle englobe le visiteur dans un flot d’images alternant souvenirs intimes et repères fictionnels mondialisés. D’une première discussion passionnante émerge une claire affinité. Pour un TROUBLE très spécial à la Machine du Moulin Rouge, elle imagine un dispositif multi-écrans dans lequel la temporalité joue un rôle déterminant : randomisées, diffusées sur plusieurs circuits, ses bandes prennent l’intégralité des espaces et répètent des perturbations VHS, des traces d’images, des brouillards. Nous atteignons malgré les vagues un endroit où n’importe quel VJ n’aurait pas pu accoster. De la proue où officient les DJs jusqu’à la poupe de la salle, où les 8 moniteurs chauffent en continu, nous surplombons une mer de fêtards déchaînés.

  • TROUBLE PIERRE FRAENKEL Juin 2012, Espace Pierre Cardin (Paris)

    Commissariat : Jean-Christophe Arcos Production : Flash Cocotte / Société Secrète

    Si loin, si Porsche : certes, Pierre Fraenkel vit et travaille à Mulhouse, mais son travail est furtif, rutilant et persistant comme la rencontre entre une dissection linguistique et un slogan situationniste sur un mur d’affichage libre. Avec son “Vote : Oui Never No”, Fraenkel singe avec un sérieux très impliqué les gimmicks du spectacle politique en reprenant les codes du meeting ou de la convention d’investiture à l’américaine tout en (se) jouant de la proximité avec les codes de la fête elle-même : des ballons tricolores gonflés à l’hélium tapissent le plafond de l’Espace Pierre Cardin, des affiches reprennent des formules d’appel au vote, des tampons datent le scrutin. Ici, convoquant conscientisation et moquerie, Fraenkel crée une perturbation entre décor et citoyenneté, entre décorum et fiesta.

  • TROUBLE LAURE VIGNA ET CYRIL ABOUCAYA Mai 2012, Espace Pierre Cardin (Paris)

    Commissariat : Jean-Christophe Arcos Production : Flash Cocotte / Société Secrète

    En invitant Laure Vigna et Cyril Aboucaya, j’avais le secret espoir qu’ils travailleraient l’un contre l’autre : la fragilité du travail de Laure exposée à la férocité insoucieuse des fêtards, le travail mémoriel de Cyril, comme un tombeau du travail de Laure : tout ceci était couru d’avance, pensais-je. Mais dans un mouvement conjoint d’autorité, ils s’allièrent contre Julien Nédélec en imposant un travail massif de compositions de matériaux de chantier. L’œuvre fera illusion : laissant traîner ce que le sound system nous laissait d’oreilles, nous entendîmes souvent les fêtards se demander quels travaux (sic) pouvaient bien avoir été prévus à l’Espace Pierre Cardin… Arrangés comme les huîtres, grenades et verres à pied d’une toile de Heda, les parpaings, rouleaux de laine de verre et madriers de cette Livraison furent autant van ités que mobiliers par destination. Et aussi lourds à livrer qu’à délivrer.

  • TROUBLE JULIEN NÉDÉLEC Avril 2012, Espace Pierre Cardin (Paris)

    Commissariat : Jean-Christophe Arcos Production : Flash Cocotte / Société Secrète

    Coup de pied à l’âne : Julien Nédélec excelle avant tout dans l’art du calembour. Cette grosse tête épingle les insectes, et j’avais envie à mon tour de l’ajouter à ma collection. Glissant comme une anguille, il m’a échappé, évidemment. Un matin, au saut du lit, je lui envoie “Il faut marquer les gens : avec un tampon?” Pour cette soirée d’avril, alors que nous pouvions presque voir, de là où nous étions, un petit président faire ses petits cartons, Nédélec décide lui aussi de disparaître : il édite des tampons “+1″, signe 2.000 tickets de vestiaire devenus eo ipso des multiples (son travail interroge de façon persistante l’économie de l’art), projette une vidéo faite de 3 séquences d’écran bleu sur lequel apparaît “NO SIGNAL”, simulant un dysfonctionnement du projecteur… Autant vous dire que personne n’a rien vu – mais ce qui crève les yeux ne se voit pas, c’est bien connu.

  • TRANSMISSION(S) ELINA IOANNOU Avril-Juin 2012, Mairie du 11e

    Commissariat : Emilie Schalck pour Glassbox, Jean-Christophe Arcos Production : Mairie du 11e

    Elina Ioannou ne quitte jamais son petit appareil photo, capturant les objets saisis dans leur quotidienneté et leur domesticité : escaliers, cuisines, chambres, espaces intérieurs qu’elle envisage comme des images pures, doublées de références aux vanités baroques. Amas d’objets entremêlés, ses dessins cherchent à recomposer un point de vue abstrait. Tout y est retranscrit sur le même plan, avec parfois de légères perspectives, selon le principe du collage. L’objectif n’est pas ici de faire illusion mais de laisser ces artefacts surgir, de leur redonner une autonomie métaphorique : sortis de tout contexte, devenus célibataires, ces signes quotidiens, loin d’être abattus par la plongée verticale que leur impose l’artiste, se livrent crument à l’œil. Pour son installation dans la serre, Elina a reconstruit les vestiges d’un temple : réminiscence de l’histoire ancienne de Chypre, sans doute, comme si l’eau l’avait déposée ici ; jeu de signes avec les colonnes de la mairie et la forme de la serre, plongée elle-même depuis quelques jours sous un déluge printanier ; vanité encore, à mi-chemin entre le mythe et les faits, comme une carcasse sans objet. Le plus troublant reste ce passage qu’elle réalise entre la représentation et la réalité, convoquant le matériau brut, planches de médium, tasseaux, papier laissé blanc. La série de dessins méticuleux accrochés dans la galerie du 2

    e étage jouent d’une précision clinique pour laisser transparaître

    leur charge symbolique : que peut nous dire un simple bac à douche, isolé, solitaire même, que peuvent évoquer ces détails à nu, le dessin des stries antidérapantes, la vaisselle sale gisant dans un évier, le lit défait sur lequel viennent s’aplatir sèche-cheveux, palmes de natation ou pivoines, si ce n’est justement l’absence, la vacuité, un embryon d’histoire encore à accomplir, à peupler ? Peut-être est-ce là une façon de nous inviter à entrer dans son monde, à peupler justement ses créations, à prendre la place laissée vacante ?

  • TROUBLE GREGOIRE MOTTE Février 2012, Congrès (Bruxelles)

    Commissariat : Jean-Christophe Arcos Production : Flash Cocotte / Société Secrète

    Damien Airault me l’avait confirmé : Grégoire Motte, en résidence à Komplot, serait l’invité idéal de mon premier TROUBLE bruxellois. Après quelques conversations sur Skype, je rencontre ce rêveur excité lors de l’exposition Je hais les couples, pour laquelle son amie a réalisé sur son épaule à lui un suçon prenant la forme d’une tête de mort…

    Dans la gare Bruxelles-Congrès encore humide, il installe 70m² de moquette blanche au sol (notons que, en latin, “Inquinatorum Album” signifie “Le blanc c’est salissant”) entre le dancefloor et le bar, s’attendant à ce que les fêtards y exécutent un dripping géant ; peine perdue : le blanc se grise (nous aussi, troquant morceau après morceau sa “plus longue cravate du monde” contre des verres de bière), et ce n’est qu’en retournant la moquette à 7 heures du matin que nous nous rendons compte que, ce coup-ci, l’envers est plus marquant que l’endroit.

  • TROUBLE GUILLAUME CONSTANTIN Février 2012, Espace Pierre Cardin (Paris)

    Commissariat : Jean-Christophe Arcos Production : Flash Cocotte / Société Secrète

    Les empreintes poétiques laissées par Guillaume Constantin à DAF (Nantes) avaient troublé ma présence en ce lieu. Invitant Constantin, nous imaginons ensemble comment multiplier ces énigmatiques fantômes dans la nuit : il finira par envahir l’Espace Pierre Cardin de près de 1.300 cut-ups de tailles différentes issus de patients et lyriques découpages de spams. En badges, en post-its, en A4 ou en A3 (eux aussi ignifugés au spray tout un après-midi durant, après un splendide voyage en taxi de Montreuil à la Concorde en passant par les tours du 13e), en vidéo, en grand format de tôle thermoformée, patafixés, accrochés, épinglés, projetés : des toilettes au backstage, aucun recoin n’a pu résister à cette pernicieuse invasion… Au petit matin, les deux grandes tôles ne résisteront pas davantage à un transpalette destructeur. Maximum Hardcore.

  • TRANSMISSION(S) PABLO GARCIA Janvier-Mars 2012, Mairie du 11e

    Commissariat : Emilie Schalck pour Glassbox, Jean-Christophe Arcos Production : Mairie du 11e

    Dans les dessins et sérigraphies de Pablo Garcia et Emma Cozino, avec qui il a réalisé ces pièces, on aperçoit des bâtiments enclavés dans des forêts vierges, des végétations luxuriantes, comme si leur propre ruine laissait peu à peu place à une friche en liberté. L’un des motifs est particulièrement frappant : le Teufelsberg. Les Alliés, après avoir amassé à cet endroit les gravats de Berlin bombardé, formant ainsi une colline artificielle de 12 millions de mètres cube, ont monté à ce sommet une station d’écoute du réseau ECHELON, degré le plus abouti du contrôle et du pouvoir américain sur l’Europe occidentale et le monde. Cette station s’est peu à peu effritée, désagrégée, sous l’effet du temps, et les plantes rampantes et grimpantes ont peu à peu proliféré autour de ce qui est aujourd’hui devenu un lieu ouvert, à la marge – un lieu d’utopie. C’est aussi cette notion d’utopie qu’évoque l’installation TAZ, dans la serre: le concept de Zone d’Autonomie Temporaire, formulé par Hakim Bey, dont des extraits sont audibles ici au travers du porte-voix, est un concept que le philosophe a toujours refusé de définir précisément parce qu’il ne peut être enfermé par un cadre. Il suffit presque de savoir que ce sont des espaces de liberté, dans lesquels peuvent se reformuler des exigences sociales ou politiques. Enfermé dans cette serre, que vous ne pouvez pas pénétrer, et dit par cette voix qui rappelle celle qui annonce les horaires et les flux dans les gares SNCF, le texte fait le vide autour de lui, alors qu’il est pourtant cerné par ce bâtiment officiel, républicain par excellence.

  • TROUBLE M3GAH3RTZ (STEFFEN MÜLLER & VALENTINA BONEVA) Janvier 2012, Espace Pierre Cardin (Paris)

    Commissariat : Jean-Christophe Arcos Production : Flash Cocotte / Société Secrète

    Steffen Müller et Valentina Boneva sont encore étudiants à la Folkwang Universität de Essen. En octobre, j’expérimentai avec eux une mémorable soirée de techno minimale très arrosée au GoetheBunker. En janvier, ils débarquent en combi Volkswagen avec cinq de leurs amis dans mon petit appartement, idéalement placé à proximité d’un Castorama. Après avoir ignifugé des cartons tout l’après-midi, ils diffusent des yeux qui, ouverts ou fermés, observent cyclopéennement les clubbers impétrants, et un faux système de vidéosurveillance en direct des toilettes. Une installation aveuglante (douze lampes halogènes de chantier protégées par un triangle de barrières Vauban) accueille et dissuade les fumeurs dans le jardin.

  • TROUBLE TONY REGAZZONI Décembre 2011, Espace Pierre Cardin (Paris)

    Commissariat : Jean-Christophe Arcos Production : Flash Cocotte / Société Secrète

    Tony est un peu le “régional de l’étape” : habitué des Flash Cocotte, lui-même organisateur de soirées (dont certaines sur l’Eurovision), son travail s’ancre dans l’univers de la fiesta. Il en maîtrise toutes les ficelles, et entrera directement en contact avec les prestataires techniques pour créer un environnement lumineux monochrome aléatoire et jeter le trouble parmi les participants, et les vigiles, en diffusant de la fumée à l’odeur de cigarettes. Une caméra Go-Pro sur le front, il filme les danseurs en sautillant à 360°. Nous diffusons aussi ce soir-là, après quelques menues difficultés, une vidéo (“Célébration – Pretty Dancing”) tournée pendant une soirée qu’il organisa chez lui en l’honneur de son propriétaire peu festif.

  • TRANSMISSION(S) JEAN-SEBASTIEN RUYER Octobre-Décembre 2011, Mairie du 11e

    Commissariat : Emilie Schalck pour Glassbox, Jean-Christophe Arcos Production : Mairie du 11e

    Populaire aux USA, au Mexique, au Japon, le catch est tombé en désuétude en Europe. Discipline insolite, il est en quelque sorte le «vilain petit canard» du sport. Violent, truqué, parfois même immoral (R. Barthes), les réactions qu'il suscite, rires, fascination, condescendance, crédulité, s'emparent des spectateurs plus vite qu'une manchette japonaise. Cette lutte libre est en soi une métaphore de l’ordre, ou du désordre, du monde : entièrement mis en scène, faits de coups bas, de retournements, de suspense, de luttes simulées mais sanglantes, de justiciers et d’injustices, le déroulement du scénario mondial, notamment l’actualité et la politique, et celui du catch ont de nombreux points communs. J-S Ruyer a décidé d’explorer cet univers à travers sa pratique artistique, convoquant vidéo, dessin, gravure, photo, sérigraphie, installation… Ici, peu importent les techniques : tous les moyens sont bons pour coller au plus près de cette épure kitsch qu’est le catch. Epure car le principe, la finalité, sont des réalités premières de la vie, d’une vie idéalisée ou atrocement archaïque : taper, lutter, écraser, vaincre… Kitsch, cette liturgie préfabriquée, mille fois répétée, faite de cagoules fluo surpiquées, de corps huilés et tatoués, d’affiches illustrées, peinturlurées… Dans ce décalage entre l’objet même de la lutte (la vie vs la mort) et sa facticité (le catch ne tuera jamais personne) s’insinue chez Ruyer un art du simulacre, une approche récurrente de la nécessité des artifices et de la catharsis, cette apparence de vie qui nous sert à représenter et à exorciser le monde, la dureté de ses lois et de la condition humaine. En ce sens, même si « le catch, c'est ce qui rend la vie plus intéressante que le catch », comme le dit Ruyer paraphrasant Filliou, on dirait bien que le catch et la vie ont un destin commun… Ruyer met également en parallèle catch et art : les codes de l’un et de l’autre, leurs enceintes, leurs publics, en font des univers séparés du reste du monde, qui certes peuvent en être le miroir ou peuvent y être connectés, mais toujours « dans leur bulle ».

  • TROUBLE SAMMY STEIN Octobre 2011, Espace Pierre Cardin (Paris)

    Commissariat : Jean-Christophe Arcos Production : Flash Cocotte / Société Secrète*

    La cabane (“Sans titre”) de Sammy Stein n’attendait que la moindre occasion pour être remontée : hutte utérine, recouverte de fausse fourrure, de draps, et même de la housse de couette de Sammy, elle offrait en son sein un raccourci fulgurant de dessins, photos, montages, animaux empaillés, une synthèse foutraque de l’univers de Stein. Il y a aussi, aux murs, quelques posters A0 de dessins à l’ordinateur et surtout le diaporama “Une vie”, que Stein montre pour la première fois. Pendant la soirée, l’artiste et son groupe d’amis, plutôt habitués à des soirées alternatives, râleront plus d’une fois des vigiles trop présents : l’occasion d’expérimenter l’impuissance du curateur dès qu’il s’agit d’alcool payant…

  • NUIT BLANCHE 2011 MICHAEL CAMELLINI, CLAUDE CHUZEL, CHRISTOPHE DENTIN, CYRIL HATT, MANUEL SCHROEDER,

    PHILIPP SCHUMACHER, MILZ, THOMAS KROCZOK & ELKE SWOBODA, TOUR DE VINYL Octobre 2011, Mairie du 11e

    Commissariat : Thomas Volkmann, Silvia Sonnenschmidt, Jean-Christophe Arcos

    Production : Mairie du 11e / Ville de Essen

    Du parvis, le spectateur scrute la course folle, et perdue d’avance, d’un homme en costume (vidéo de Christophe Dentin) : rétroprojetée sur les fenêtres de la salle des mariages, devenues écrans géants, cette course va de gauche à droite, de droite à gauche, à l’infini : il n’y aura pas d’arrivée. Devant le monument aux Morts, UMN, homme-robot conçu par Michaël Camellini accueille sur les parois de son crâne une vidéo remontée à partir de Rencontres du 3e type, le célèbre film dans lequel Spielberg met en scène la jonction entre l’Humain et l’Alien. Dans la cour, un artefact de voiture réalisé par Cyril Hatt : sur un châssis de bois sont agrafées des photos plan par plan d’une AX, reproduisant une voiture vidée de son sens. La pièce est à la fois un clin d’œil à la CAR, aux voitures habituellement stationnées dans la cour, et, surtout, la preuve même qu’une voiture n’a pas besoin d’automobiliste, comme le prédisait la série K2000... La visite s’achève avec WORK ( 2006) : Claude Chuzel capture un chantier à Dubai, orchestré comme une œuvre picturale ou une performance chorégraphique, un ballet pris sur le vif. Le geste le plus humain s’apparente ici à une tâche impersonnelle, aliénée.

  • TROUBLE PASCAL LIEVRE Septembre 2011, Espace Pierre Cardin (Paris)

    Commissariat : Jean-Christophe Arcos Production : Flash Cocotte / Société Secrète

    L’hypothèse d’un Défilé philosophique tels que ceux que met en place Pascal Lièvre a vite tourné court. C’est dans le courant du mois d’août que je l’ai sollicité, hésitant moi-même, et Pascal a naturellement beaucoup hésité avant de me proposer trois de ses vidéos. “Belly Dancer” (un homme en burqa se tord sur un rythme inaudible), Madonnabramovic (lors d’une performance à l’Espace Pierre Cardin, l’artiste s’était fait scarifier une étoile sur l’abdomen avant d’entamer le playback de Lucky Star, une chanson des débuts de Madonna) et “Boys Boys Boys – Bill Viola mix” (au ralenti, doublée par la bande son sourde et fracassante d’une vidéo de Bill Viola, une Sabrina désarticulée continue de montrer son bikini…). Pendant la soirée, il fera tourner plus de 60 participants dans sa vidéo “Il n’y a pas de sexe”, à partir d’un texte de Monique Wittig.

  • TRANSMISSION(S) CLAUDE CHUZEL Janvier-Mars 2011, Paris 11e (Mairie du 11e, espace public, L’International, Libralire…)

    Commissariat : Jean-Christophe Arcos Production : Mairie du 11e

    L’exposition se compose de 11 images prises dans le décor urbain de Shanghai. Chacune rassemble des éléments paradoxaux : les arbres versus les immeubles en construction, les toits de pagodes traditionnelles versus les buildings ultramodernes, les idéogrammes versus les fils électriques. Chaque image est traitée selon une technique distincte des autres : l’une est transformée en marque-pages, une autre en carte postale, une autre est tirée en 11 multiples numérotés signés par l’artiste, une autre devient carton d’invitation, une autre un grand format accroché dans la mairie, une autre devient une affiche grand format virtuelle, une autre se glisse dans une « sucette » Decaux, une autre accueille les visiteurs du site internet de la Mairie du 11

    e…

    La distance entre l’œuvre et son support accentue la dématérialisation de ces vues. Chaque image est située dans un lieu différent : une salle de concerts, une librairie, la Mairie du 11

    e, les vitrines des commerçants, la place de la Bastille, une galerie,

    un mur… L’ensemble des photos constitue donc un parcours. Dans ce parcours, Claude Chuzel a disséminé des points de repère : sur chaque photo, elle a glissé un point de couleur, qui invite à regarder ailleurs, à se promener dans le décor capturé. Il y a, dans ce dessin qui se forme en reliant les points, la volonté de l’artiste de redessiner le monde. Tout le paradoxe est là : révéler par cette profusion la singularité de chacun de nos regards, ensevelir l’œuvre sous sa reproduction, effacer l’artiste derrière l’apparition de son travail.

  • TRANSMISSION(S) MARION DUBIER-CLARK Décembre 2010 - Mai 2011, Mairie du 11e

    Commissariat : Jean-Christophe Arcos

    Production : Mairie du 11e

    ‘‘Il règne un air de fête à la Mairie du 11

    e arrondissement, qui a accepté la proposition de la photographe Marion Dubier Clark.

    L’idée est d’inviter des gens à se faire photographier, en famille, entre amis, ou en couple, et de leur faire cadeau du cliché encadré. Dans le hall, où la photographe a installé son studio, certains sont accourus exprès pour la séance photo. D’autres, venus pour accomplir des formalités administratives, en ont profité pour prendre place devant l’objectif. « J’ai souhaité que les Parisiens redécouvrent la tradition du portrait », confie la photographe. Le député-maire de l’arrondissement, Patrick Bloche (PS), y voit une approche contemporaine de la photographie de famille. ’’ (Mélina Gazsi, Le monde, 24 décembre 2010)

  • NUIT BLANCHE 2010 NEVEN ALLANIC, IVAN ARGOTE, VIKA BEGALSKA, DAMIEN BERTHIER, ANNA BYSKOV, MICHEL DE BROIN,

    GABRIEL DESPLANQUE, PERRINE GARASSUS, JEROME GRAS, ANNA KOLOSOVA, DAVID LASNIER, FREDERIC

    NAKACHE, PIED LA BICHE, FLORENT MATTEI, VERONIKA RUDYEVA-RYAZANTZEVA, MASHA SHA, JULIEN

    SIRJACQ, VLADIMIR SMIRNOV-LILO, SAMMY STEIN, ANDREI SYALEV

    SCENOGRAPHIE : FREAKS FREEARCHITECTS Octobre 2010, Mairie du 11e

    Commissariat : Julia Garbuzova, Marlène Perronet, Diane Pigeau, Emilie Schalck pour Action Planning (à l’invitation de Jean-Christophe Arcos),

    Jean-Christophe Arcos pour Damien Berthier et Sammy Stein

    Production : Mairie du 11e

    « Interludes » est le 3

    e opus d’« Action Planning », cycle de projections de vidéos d’artistes français et russes montrant

    invariablement des corps, des postures, des gestes privés de langage, de discours parlé. Une succession, une mise en abyme d’interludes ponctués toutes les heures par des formats proches du court-métrage, qui prend pour décors des lieux dans lesquels le corps s’inscrit et se joue des interactions qui en découlent. Les propositions des artistes invités sont autant de contre-pieds au conditionnement standard du corps dans un environnement. L’espace urbain devient la scène d’un grand spectacle du quotidien orchestré. Un terrain de jeu. Tandis que les espaces plus reculés, plus sauvages ou à l’abri des regards laissent libre cours à des scènes burlesques, décalées, voire tour à tour pathétiques ou fantastiques. Le rythme du bruit de la ville, le lyrisme d’une musique classique, l’aspect hypnotique du son métallique, la familiarité de la variété ou le silence accompagnent ces petits moments de folie douce libérateurs.

  • TRANSMISSION(S) TATIANA TIMOFEEVA Janvier-Mars 2010, Mairie du 11e

    Commissariat : Jean-Christophe Arcos Production : Mairie du 11e

    Originaire de Vladivostok, en Russie, et installée à Paris depuis 2002, elle développe une technique personnelle de lignes fuyantes et coulantes tracées simultanément des deux mains. Deux lignes de couleurs différentes, tracées simultanément, qui se croisent ou s’enlacent, forment des volumes et des formes qui paraissent vibrer sur la toile. Cette technique ambidextre s’apparente à celle d’un sculpteur travaillant sur une matière malléable. Elle lui permet de ciseler des tableaux, inspirés de son parcours, de ses racines ou de paysages rencontrés. Des lignes uniquement, sur une surface blanche, qui dévoilent la sobriété du relief citadin et lui rendent son dynamisme, son caractère mouvant. Sur toile ou aluminium, Tatiana Timofeeva joue sur des nuances bi-chromatiques et sur la correspondance des tons de l’acrylique ou de la peinture à huile. Ce jeu de couleurs enrichit la relation linéaire qui se noue du tracé à deux mains et accentue l’aspect vibrant de ses compositions.

  • TRANSMISSION(S) EDDIE LADOIRE, RAMUNTCHO MATTA, LUC FERRARI Avril-Juin 2009, Paris 11e (Mairie du 11e, jardin public, Maison des Métallos)

    Commissariat : Guillaume Renoud-Grappin et Jean-Christophe Arcos Production : Maison des Métallos & Mairie du 11e

    Tout se touche, se croise : musique, dessin, jeu, enseignement (discipline : le doute)... La faute à qui ? D'abord à son père Roberto Matta et puis à ses pairs : Brion Gysin, Don Cherry, Chris Marker, Félix Guattari... Attiré par la possibilité de "Faire avec", titre d'une de ses expositions (2004), et donc de pouvoir apprendre de chacun de ces prestigieux aînés, l'une des premières choses qu'il a pu apprendre est que l'art est bien le lieu où tout ce qui est de l'ordre du négatif et qui empêche la réalisation peut, en se remettant en question, devenir positif.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Roberto_Mattahttp://fr.wikipedia.org/wiki/Brion_Gysinhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Don_Cherryhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Chris_Markerhttp://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9lix_Guattari

  • TRANSMISSION(S) OLIVIER-YVES LAGADEC Janvier-Mars 2009, Mairie du 11e

    Commissariat : Jean-Christophe Arcos Production : Mairie du 11e

    A la croisée de l’humain et de l’informe, la poésie de la matière surgit et se fait chair, parfois au hasard d’un détail pris dans la rue, parfois dans le visage du photographe lui-même. Les frontières deviennent floues, s’effacent, dessinent un nouveau chemin vers la matière de ce qui fait corps. Derrière le voile que nous offre le regard du photographe, le trouble apparaît : quel est ce réel mystérieux, caché, ou dévoilé, dans ces plis, derrière ces clichés ? Tendu entre l’abstrait et l’organique, Lagadec s’appuie sur la quotidienneté, voire la banalité, des choses vues, l’œil forçant la matière à faire corps. Souvent, on y décèle une figure – c’est l’obsession de l’œil (celui du photographe, puis le nôtre) qui nous conduit à réaliser devant nous un corps pourtant manquant. Enfin, un dernier mot : en breton, « lagad » signifie « œil ».

  • TRANSMISSION(S) CATHERINE CHARLOT Octobre-Décembre 2008, Mairie du 11e

    Commissariat : Jean-Christophe Arcos Production : Mairie du 11e

    A travers une œuvre, il y a la présence, le témoignage de l’artiste, de sa présence au monde, qui permet de contacter profondément l’autre, autrement. et puis c’est une trace… une trace dans la matière. Peut-être que ces toiles touchent quelque chose qui est entre l’apparition et la disparition, entre l’absence et la présence. Le regard fait le travail de liaison, le spectateur agit, comme dans le hors champ au cinéma. En latin d’ailleurs, explicare exprime le déploiement ; quand cette peinture est arrivée, en 2004, donc après un an d’abstraction, ce déploiement était bienvenu, il faisait écho à ce qui se passait dans mon travail.

  • TROIS POINTS DE SUSPENSION AGNES CAFFIER, NICOLAS JUILLARD Mai-Juillet 2006, Parc du Conseil Général de l’Oise, Beauvais

    Commissariat : Jean-Christophe Arcos

    Production : Conseil général de l’Oise

    Pour l’exposition de clôture de cette résidence de 6 mois, le parc de l’Hôtel du département accueille les propositions de Nicolas Juillard et Agnès Caffier. En 1516, Thomas More décrivait l’île d’Utopie comme un lieu où la domination de l’homme par l’homme ne pouvait plus avoir cours ; instrument de cette oppression, l’or y était « réservé aux plus vils usages ». Après introduction d'une pièce de 50 centimes d'euros dans le monnayeur, la vidéo du survol de l'île imaginaire apparaît dans la longue vue. Il s'agit d'une modélisation en 3 dimensions réalisée selon la description qu'en fait Thomas More dans son conte philosophique. La monnaie collectée dans le coffre-fort sera, lors d'une performance constituant le deuxième temps de l'installation, refondue en « vase de nuit » et en « chaînes » conformément à l'usage que font les Utopiens de l'or et de l'argent, toujours selon le récit de More.

  • UN BESTIAIRE EMMANUEL ADELY, AGNES CAFFIER, NICOLAS JUILLARD Février-Mars 2006, Exposition itinérante dans l’Oise

    Commissariat : Jean-Christophe Arcos Production : Conseil général de l’Oise

    Dans un camion utilitaire acquis par la bibliothèque départementale de l’Oise, l’écrivain Emmanuel Adely et les plasticiens Nicolas Juillard et Agnès Caffier, tous trois accueillis en résidence au Conseil général, ont répondu à l’appel du bestiaire. Emmanuel Adely écrit une longue litanie de ses « animaux intérieurs », ceux qui ont peuplé son enfance, qui surgissent dans son quotidien, et qui façonnent ses représentations de l’être-animal. Nicolas Juillard dispose au sol une peau de mouton retournée : connectée à un haut parleur, cette chimère diffuse le rugissement du lion de la Metro Goldwin Mayer dès qu’on pose le pied dessus. Maniant les paradoxes, Juillard a muni une cage d’une roue : le rat désœuvré qu’elle abrite, y courant, déclenche un texte défilant assénant, de façon aléatoire, des citations de grands philosophes sur le Travail. Prolixe, il a également invité 15 autres plasticiens à composer une liste de 15 tracks sur ce thème. Agnès Caffier, s’adaptant à son jeune public, réalise des gants de peau blanche : en les chaussant, les enfants peuvent « attraper » les poissons que l’artiste projette sur l’une des parois.