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L'Offre d'école. Eléments pour une étude comparée des politiques éducatives au 19e siècle byWillem FrijhoffReview by: Jean BaubérotArchives de sciences sociales des religions, 30e Année, No. 59.2 (Apr. - Jun., 1985), pp. 261-262Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30122008 .

Accessed: 11/06/2014 14:10

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BULLETIN DES OUVRAGES

J.F. est persuade, avec quelques autres so- ciologues, de la centralite du conflit dans la vie sociale en general, dans la societe occiden- tale moderne en particulier. En une Introduc- tion, six chapitres et une Conclusion, il fait ici le tour du probleme; il se montre fascine (comme ailleurs deja dans son oeuvre: cf. son Essence du politique, Paris, Sirey, 1965) par la violence comme fondement et negation du social, et par la politique comme instance de regulation (encore qu'elle puisse se trouver de- voyee), de cette mdme violence.

Aussi bien le conflit social se definit, pour lui et d'abord, par le heurt intentionnel et l'in- tention hostile, par la volonte enfin d'un des deux partenaires au moins de briser la re- sistance de l'autre par le recours a la violence (p. 65). On ne saurait mieux dire qu'il n'existe pas, pour J.F., de conflit latent; par contre la violence, elle, peut etre effective ou latente, di- recte ou indirecte. Mais des lors que devient ce que l'on appellerait conflit religieux la- tent,) en perspective dahrendorfienne, et qui forme probablement le plus gros et le plus quotidien du conflit dans les religions favori- sant une vision unitaire d'elles-m6mes ? Doit- on considerer ces phenomenes comme autant de manifestations de concurrence? Elles ne repondent pas toutes, et de loin, a l'attraction de ce concept.

De fagon pour nous inattendue, l'A. parle ici de conflits entre normes, entre regles et normes aussi, et m6me entre spheres des va- leurs; et ce, en dehors de tout affrontement et de toute volonte de nuire (p. 90-91, et 150-52). N'y a-t-il pas Ia contradiction avec la defini- tion du conflit par la violence, et ces conflits de normes, regles et valeurs ne sauraient-ils 6tre latents ? Nous posons ces questions.

Tous ceux qui s'interessent au conflit social liront ce livre original, clair, bien construit; d'inspiration machiavelienne, weberienne et paretienne; polemologique de perspective, il prend ses distances par rapport a R. Dahren- dorf et a L. Coser, tout en reconnaissant leur importance pour une sociologie du conflit. L'A. fait preuve d'une erudition classique et moderne, philosophique et politique, du meil- leur aloi. Il se montre - mais l'on s'y attendait de sa part- connaisseur exceptionnel de We- ber et de quelques autres classiques de la so- ciologie. Il tire un profit tres interessant d'une intuition de G. Simmel, dont il est familier de I'oeuvre, sur le r6le du tiers dans la socialite et

dans le conflit (p. 14-15, 287-301, et 319-20). De fagon generale d'ailleurs, I'ouvrage nous parait plus inspire de Simmel que de Weber. Ceci explique sans doute l'importance accor- dee a la violence dans la caracterisation du conflit.

Jean Seguy.

59.251 FRIJHOFF (Willem). L'Offre d'ecole. ElIments pour une 6tude comparee des politiques educatives au XIXe siecle. Paris, Public. de la Sorbonne, Institut National de recherche pedagogique, 1983, 374 p.

Cet ensemble de tres interessantes contribu- tions (publiees soit en anglais soit en frangais), provient d'un colloque sur ales poli- tiques educatives dans leur contexte histori- que organise par W. Frijhoff a l'automne 1981. W.F. a voulu, fort judicieusement, de- passer le cadre national des manifestations commemoratives du centenaire des lois sco- laires de 1881-1882. Et pour pouvoir appre- cier la ,,veritable originalite de la situation frangaise ,,, il nous offre une approche compa- ree de politiques educatives menees dans di- vers pays occidentaux, a la mime epoque ou parfois mime anterieurement a la France.

Le sociologue de la religion s'interessera, au premier chef, au probleme de la laicite sco- laire. Les lois frangaises des ann~es 1880 ont et, pour reprendre l'expression de P. Cheval- lier, une veritable

, separation de l'lglise et de

l'Ecole . Cet ouvrage permet de dire que ce probleme s'est pose avec une acuite analogue dans plusieurs autres pays mais qu'il a ete re- solu, suivant les cas, de fagon bien differente. W.F. a tout a fait raison: seule l'etude compa- ree permet de preciser ce que j'appellerais vo- lontiers, pour ma part la laicite a la frangaise ,. En Italie un conflit assez vif entre I'Eglise et l'Etat, au sujet de l'ecole, preceda l'etablissement frangais de l'ecole laique. L'enseignement du catechisme fut rendu fa- cultatif ce qui souleva de nombreuses protes- tations et developpa les accusations de mate- rialisme, de protestantisme et d'immoralite adressees a l'ecole publique. Les analogies avec la situation frangaise sont claires mais pour Simonetta Soldani l'evolution subse- quente s'avera differente: tandis que l'etat aida fort peu le processus de scolarisation,

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

l'lglise prefera renforcer ses positions dans cette ecole publique (qu'elle contestait si fort par ailleurs) plut6t que de se focaliser sur son propre systeme scolaire. En Grande-Bretagne une opposition se de-

veloppa tout au long du siecle entre d'ancien- nes classes sociales conservatrices de confes- sion anglicane et une nouvelle bourgeoisie in- dustrielle appartenant a diverses denomina- tions non conformistes. Donald K. Jones in- siste sur le fait que ce sont, sauf exception, des chretiens de ces milieux non conformistes (et non des libres penseurs comme en France) qui furent les militants de l'education laique. Leur objectif est essentiellement de garantir un veri- table pluralisme. Ils le realiserent partielle- ment et la loi Forster sur l'education elemen- taire (1870), tout en instaurant un double sys- teme (dual system), posa les fondements d'un systeme national d'education primaire qui sera complet en 1902.

Nous avons privilegie ces deux exemples. D'autres sont aussi importants. Tels l'Espa- gne analysee par le Pere Sola et une compa- raison entre l'Empire allemand et les ltats- Unis menee par Andre Guillain.

Le ( cas frangais, est bien stir (etant donne les objectifs propres du colloque) privilegie. Le catholicisme a, durant l'ensemble du XIX" siecle, fortement influence les strategies edu- catives des regimes politiques frangais (Paul Gerbod) et Jules Ferry lui-mime tient compte dans ses projets laicisateurs (beaucoup plus que Paul Bert) de la necessite tactique de me- nager le catholicisme (Frangoise Mayeur). II s'entoure cependant d'hommes qui, marques par le protestantisme, considerent I'education publique comme un nouveau ( bien de salut, (pour reprendre l'expression de Weber, non utilisee cependant par George Chase mais convenant tout a fait a son propos). La der- niere communication presentee pose, en quel- ques pages denses et fortes, une question d'ac- tualite: ((quand l'ecole de Jules Ferry est-elle morte ? ,, (Antoine Prost).

Au total: une initiative int~ressante, un li- vre important.

Jean Bauberot.

59.252 GAMBASIN (Angelo). Theses in sacra teologia nell'universiti di Pa-

dova dal 1815 al 1873. Padoue, Ed. Lint, 1984, XVIII-542 p. En Europe, les facultes de theologie catholi-

que ou protestante -ont eu et ont des statuts divers. Celle de Padoue, illustre dans le monde entier au Moyen Age, connut au siecle dernier trois reformes avant sa suppression en 1873: napoleonienne en 1806, autrichienne en 1817, 6piscopale en 1859. La seconde, d'ins- piration regaliste - (josephiste,- tentait la quadrature du cercle: concilier les pre- rogatives du souverain et la juridiction des ev~ques. Ce fut la periode la plus active de la faculte catholique, dont Rosmini fut, en 1822, le docteur le plus celebre (et le seul): 110 doc- teurs sur 144.

Theses est A prendre au pluriel en chaque cas. Le doctorat supposait alors deux epreu- ves distinctes: une dissertation (dont 15 seule- ment ont ete conservees), suivie d'un examen oral sans rapport avec elle: des " theses ,, tirees au sort sur une liste etablie par les professeurs de la faculte et agrete par les autorites aussi bien politiques que religieuses. Contrdle des professeurs autant que des etudiants, et done effet de censure previsible: les proces-verbaux de soutenance (la disputatio) ne donnent que le resultat, admis ou refuse, et, parfois, le nu- mero des theses sorties de l'urne.

Ce sont ces theses, couvrant, pour chaque doctorant, tout le programme des quatre an- nees d'etudes que A.G. a publie avec le soin qu'on lui connait. Elles forment le corps du li- vre, ouvert par une large introduction histori- que, acheve sur un Index analytique de pres de cinquante pages sur deux colonnes, pour s'orienter dans ce labyrinthe. Mais il laisse a d'autres l'exploitation plus poussee de ce ma- teriel: elle ne sera pas aisee.

lmile Poulat.

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59.253 GELBERG (Steven 3.), ed. Hare Krishna, Hare Krishna. Five Distinguis- hed Scholars on the Krishna Movement in the West. New York, Grove Press, 1983, 276 p.

L'diteur de l'ouvrage appartient au mouve- ment harekrishniste dont il est un des confe- renciers attitres. Les ( cinq chercheurs distin- gues dont il a recueilli ici les entrevues enre- gistrees ont des Americains, professeurs dans des Universites, sauf un, qui est hindou, mais

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