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L’ombre

Lombre Il lui disait: _ Vos chants sont tristes. Quavez-vous ? Ange inquiet, quels pleurs mouillent vos yeux si doux ? Pourquoi, pauvre âme tendre, inclinée

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L’ombre

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Il lui disait: _ Vos chants sont tristes. Qu’avez-vous ?Il lui disait: _ Vos chants sont tristes. Qu’avez-vous ?

Ange inquiet, quels pleurs mouillent vos yeux si doux ?Ange inquiet, quels pleurs mouillent vos yeux si doux ?

Pourquoi, pauvre âme tendre, inclinée et fidèle,Pourquoi, pauvre âme tendre, inclinée et fidèle,

Comme un jonc que le vent à ployé d’un coup d’aile,Comme un jonc que le vent à ployé d’un coup d’aile,

Pencher votre beau front assombri par instants ?Pencher votre beau front assombri par instants ?

Il faut vous réjouir, car voici le printemps.Il faut vous réjouir, car voici le printemps.

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Avril, saison dorée, où parmi les zéphires,Avril, saison dorée, où parmi les zéphires,

Les parfums, les chansons, les baisers, les sourires,Les parfums, les chansons, les baisers, les sourires,

Et les charmants propos qu’on dit à demi-voix,Et les charmants propos qu’on dit à demi-voix,

L’amour revient aux cœurs comme la feuille aux bois !L’amour revient aux cœurs comme la feuille aux bois !

Elle lui répondit de sa voix grave et douce :Elle lui répondit de sa voix grave et douce :

Ami, vous êtes fort. Sûr du Dieu qui vous pousse,Ami, vous êtes fort. Sûr du Dieu qui vous pousse,

L’œil fixé sur un but, vous marchez droit et fierL’œil fixé sur un but, vous marchez droit et fier

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Sans la peur de demain, sans le souci d’hier,Sans la peur de demain, sans le souci d’hier,

Et rien ne peut troubler, pour votre âme ravie,Et rien ne peut troubler, pour votre âme ravie,

La belle vision qui vous cache la vie.La belle vision qui vous cache la vie.

Mais moi je pleure ! Morne, attachée à vos pas,Mais moi je pleure ! Morne, attachée à vos pas,

Atteinte à tous les coups que vous ne sentez pas,Atteinte à tous les coups que vous ne sentez pas,

Cœur fait, moins l’espérance, à l’image du vôtreCœur fait, moins l’espérance, à l’image du vôtre

Je souffre dans ce monde et vous chantez dans l’autre.Je souffre dans ce monde et vous chantez dans l’autre.

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Tout m’attriste, avenir que je vois à faux jour,Tout m’attriste, avenir que je vois à faux jour,

Aigreur de la raison qui querelle l’amour,Aigreur de la raison qui querelle l’amour,

Et l’âcre jalousie alors qu’une autre femmeEt l’âcre jalousie alors qu’une autre femme

Veut tirer de vos yeux un regard de votre âme,Veut tirer de vos yeux un regard de votre âme,

Et le sort qui nous frappe et qui n’est jamais las,Et le sort qui nous frappe et qui n’est jamais las,

Plus le soleil reluit, plus je suis sombre, hélas :Plus le soleil reluit, plus je suis sombre, hélas :

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Vous allez, moi je suis, vous marchez, moi je tremble,Vous allez, moi je suis, vous marchez, moi je tremble,

Et tandis que, formant mille projets ensemble, Et tandis que, formant mille projets ensemble,

Vous semblez ignorez, passant robuste et doux,Vous semblez ignorez, passant robuste et doux,

Tous les angles que fait le monde autour de nous,Tous les angles que fait le monde autour de nous,

Je me traîne après vous, pauvre femme blessée.Je me traîne après vous, pauvre femme blessée.

D’un corps resté debout l’ombre est parfois brisée.D’un corps resté debout l’ombre est parfois brisée.

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Auteur: Victor HUGOAuteur: Victor HUGO

Création: CamillesoldCréation: Camillesold