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pratique | pré-analytique 18 OptionBio | Lundi 7 février 2011 | n° 448 L e cœur de métier du laboratoire de biologie médicale c’est... de rendre un résultat d’exa- men qui renseigne au mieux le prescripteur dans sa prise en charge du patient. C’est ce que l’on l’appelle de plus en plus “processus métier”, et le prélèvement y est tout aussi essentiel que la validation de la technique, car il est la matière première de ce processus dont la qualité doit être maîtrisée de bout en bout. Une entreprise, la société DNLaboratoires, a déve- loppé une prestation dédiée à la problématique des prélèvements réalisés par le personnel des services de soins, et qui allie à la fois les contrain- tes de certification HAS, l’évaluation des pratiques professionnelles dans les établissements de soins, et les contraintes d’accréditation 15189 dans les laboratoires de biologie médicale. Pourquoi maîtriser l’étape de prélèvement ? Intégrité biologique de l’échantillon Pour un paramètre donné, les variations d’un résultat d’analyse peuvent avoir des origines mul- tiples. Elles peuvent dépendre de variations phy- siologiques, selon l’heure du prélèvement, selon que le patient est à jeun, plus ou moins fumeur, etc. Elles peuvent également dépendre d’autres variations dites pré-analytiques, notamment celles liées aux modalités du prélèvement en lui-même, par exemple le temps de pose du garrot, le délai et/ou la température de transport. Si elles ne sont pas maîtrisées, ces variations pourraient conduire à une interprétation erronée du résultat, ou tout au moins incomplète. Standardisation du format de l’échantillon Le flux de traitement des échantillons est un élé- ment organisationnel critique pour répondre aux impératifs de délai de rendu de résultats des exa- mens de biologie médicale. Il est donc important de privilégier le plus possible un accès direct aux analyseurs, à savoir un tube formaté, répondant aux exigences de l’automate qui va directement le recevoir. Quel que soit le patient, il faudrait le même tube, sinon le processus est ralenti, alourdi par une étape intermédiaire de passage en godets ou aliquotage. Supprimer les “grands tubes secs” au profit d’un seul format réduit le temps de char- gement des automates. Cette uniformisation ne sera cependant par toujours possible, notamment chaque fois que l’utilisation de tubes non standard est liée au type de patients (les tubes en pédiatrie par exemple). Hygiène et sécurité Il est d’autant plus aisé et efficace de mettre en place des mesures d’hygiène et sécurité que les modalités de prélèvements sont standardisées. Il s’agit notamment ici de favoriser les mesu- res de prévention et réduire les risques d’acci- dent d’exposition au sang ou à tout autre milieu biologique. Coût de la non-qualité Chaque fois que le prélèvement doit être refait, les étapes sont multipliées par deux : inconfort pour le patient, temps infirmier, mais aussi délai de rendu de résultat, gestion des déchets, etc. Le coût est lui aussi multiplié par deux. Obtenir d’emblée le bon échantillon permet donc de réduire le coût de la non-qualité. Comment maîtriser l’étape de prélèvement ? S’il est de la responsabilité du laboratoire de maîtri- ser l’étape de prélèvement, il est bien évident que ce n’est pas chose aisée, chaque fois que le prélè- vement n’est pas réalisé au sein du laboratoire. Dans le cadre de prélèvements réalisés dans des établissements de santé, par le personnel des services de soins, les sociétés BD et DNLa- boratoires proposent d’associer une formation adaptée au matériel de prélèvement, et surtout un accompagnement auprès des personnels des services de soins, sous forme d’audit-formation. Il s’agit d’un accompagnement transversal, au sens d’une communication forte entre le laboratoire et les préleveurs. Audit-formation Chaque binôme laboratoire/service de soins a ses propres caractéristiques. Il est en effet nécessaire de tenir compte des contraintes liées aux différen- tes techniques médicales de soins (urgences, par exemple), types de patients, niveaux de connais- sance du prélèvement, etc. Sachant qu’il n’existe pas de solution toute faite, il est important de donner la priorité à la communication entre les L’optimisation du prélèvement Le prélèvement est tout aussi essentiel que la validation de la technique pour le rendu d’un résultat fiable. Pour maîtriser cette étape, dont les conditions de réalisation peuvent influer sur la qualité de l’échantillon, un dialogue avec les préleveurs s’avère indispensable, ceci d’autant plus lorsqu’elle est réalisée en dehors du laboratoire. Certaines sociétés proposent un module d’audit-formation partant des non-conformités et de grilles d’observation afin de repérer les erreurs dans la pratique. L ’hémolyse L’hémolyse

L’optimisation du prélèvement

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pratique | pré-analytique

18 OptionBio | Lundi 7 février 2011 | n° 448

Le cœur de métier du laboratoire de biologie médicale c’est... de rendre un résultat d’exa-men qui renseigne au mieux le prescripteur

dans sa prise en charge du patient. C’est ce que l’on l’appelle de plus en plus “processus métier”, et le prélèvement y est tout aussi essentiel que la validation de la technique, car il est la matière première de ce processus dont la qualité doit être maîtrisée de bout en bout.Une entreprise, la société DNLaboratoires, a déve-loppé une prestation dédiée à la problématique des prélèvements réalisés par le personnel des services de soins, et qui allie à la fois les contrain-tes de certification HAS, l’évaluation des pratiques professionnelles dans les établissements de soins, et les contraintes d’accréditation 15189 dans les laboratoires de biologie médicale.

Pourquoi maîtriser l’étape de prélèvement ?Intégrité biologique de l’échantillonPour un paramètre donné, les variations d’un résultat d’analyse peuvent avoir des origines mul-tiples. Elles peuvent dépendre de variations phy-siologiques, selon l’heure du prélèvement, selon que le patient est à jeun, plus ou moins fumeur, etc. Elles peuvent également dépendre d’autres

variations dites pré-analytiques, notamment celles liées aux modalités du prélèvement en lui-même, par exemple le temps de pose du garrot, le délai et/ou la température de transport. Si elles ne sont pas maîtrisées, ces variations pourraient conduire à une interprétation erronée du résultat, ou tout au moins incomplète.

Standardisation du format de l’échantillonLe flux de traitement des échantillons est un élé-ment organisationnel critique pour répondre aux impératifs de délai de rendu de résultats des exa-mens de biologie médicale. Il est donc important de privilégier le plus possible un accès direct aux analyseurs, à savoir un tube formaté, répondant aux exigences de l’automate qui va directement le recevoir. Quel que soit le patient, il faudrait le même tube, sinon le processus est ralenti, alourdi par une étape intermédiaire de passage en godets ou aliquotage. Supprimer les “grands tubes secs” au profit d’un seul format réduit le temps de char-gement des automates. Cette uniformisation ne sera cependant par toujours possible, notamment chaque fois que l’utilisation de tubes non standard est liée au type de patients (les tubes en pédiatrie par exemple).

Hygiène et sécuritéIl est d’autant plus aisé et efficace de mettre en place des mesures d’hygiène et sécurité que les modalités de prélèvements sont standardisées. Il s’agit notamment ici de favoriser les mesu-res de prévention et réduire les risques d’acci-dent d’exposition au sang ou à tout autre milieu biologique.

Coût de la non-qualitéChaque fois que le prélèvement doit être refait, les étapes sont multipliées par deux : inconfort pour le patient, temps infirmier, mais aussi délai de rendu de résultat, gestion des déchets, etc. Le coût est lui aussi multiplié par deux. Obtenir d’emblée le bon échantillon permet donc de réduire le coût de la non-qualité.

Comment maîtriser l’étape de prélèvement ?S’il est de la responsabilité du laboratoire de maîtri-ser l’étape de prélèvement, il est bien évident que ce n’est pas chose aisée, chaque fois que le prélè-vement n’est pas réalisé au sein du laboratoire.Dans le cadre de prélèvements réalisés dans des établissements de santé, par le personnel des services de soins, les sociétés BD et DNLa-boratoires proposent d’associer une formation adaptée au matériel de prélèvement, et surtout un accompagnement auprès des personnels des services de soins, sous forme d’audit-formation. Il s’agit d’un accompagnement transversal, au sens d’une communication forte entre le laboratoire et les préleveurs.

Audit-formationChaque binôme laboratoire/service de soins a ses propres caractéristiques. Il est en effet nécessaire de tenir compte des contraintes liées aux différen-tes techniques médicales de soins (urgences, par exemple), types de patients, niveaux de connais-sance du prélèvement, etc. Sachant qu’il n’existe pas de solution toute faite, il est important de donner la priorité à la communication entre les

L’optimisation du prélèvement

Le prélèvement est tout aussi essentiel que la validation de la technique pour le rendu d’un résultat fiable. Pour maîtriser cette étape, dont les conditions de réalisation peuvent influer sur la qualité de l’échantillon, un dialogue avec les préleveurs s’avère indispensable, ceci d’autant plus lorsqu’elle est réalisée en dehors du laboratoire. Certaines sociétés proposent un module d’audit-formation partant des non-conformités et de grilles d’observation afin de repérer les erreurs dans la pratique.

L’hémolyseL’hémolyse

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19OptionBio | Lundi 7 février 2011 | n° 448

préleveurs et le laboratoire, et de partir d’éléments concrets de la vie pratique.La méthode proposée par DNLaboratoires est la suivante :1. Tout d’abord, partir de l’exploitation des non-conformités de prélèvement enregistrées par le laboratoire.2. Puis, cibler les services à auditer en priorité, et construire des grilles d’observation spécifiques.3. Ensuite réaliser l’audit auprès du service de soins, par un auditeur externe et en réunissant des données objectives. L’audit se fait toujours par rapport aux référentiels respectifs de l’établisse-ment de soins (référentiel HAS notamment) et du laboratoire (norme 15189).4. Exploiter l’audit pour aboutir à des décisions de formation dont l’efficacité sera appréciée par un nouvel audit, permettant d’attester de l’évolution des pratiques.Sachant que l’on ne peut éviter totalement toutes les non-conformités, l’objectif est de travailler sur les grandes tendances, à savoir les non-confor-mités les plus fréquemment rencontrées et/ou les étapes les plus sensibles de la phase pré-analyti-que, par exemple :– type d’aiguille : épicrânienne non sécurisée ;– ordre des tubes ;

– temps de pose de garrot trop long ;– homogénéisation des tubes ;– gaz du sang en artériel, transfert à partir du tube hépariné ;– identification après prélèvement et non avant ;– port de bijoux, lavage des mains ;– type de désinfection ;– mesure du temps des différentes étapes et du temps total pré-analytique hors laboratoire mais

aussi intralaboratoire (par exemple, d’attente avant centrifugation).Le fait de réaliser des audits-formations de manière cyclique engage laboratoire et services de soins à rechercher des solutions adaptées aux uns et aux autres, analyser leur efficacité, préciser les procédures ainsi validées dans des documents qualité qui sont alors mis à jour.Il est indispensable de matérialiser cette inter-face, en créant un poste de correspondant pré-analytique au sein de l’établissement de soins. En effet, cette progression n’est possible que s’il existe une communication entre les services de soins et le laboratoire, assurant avec le service qualité du laboratoire, le suivi des non-conformi-tés, la recherche d’actions d’améliorations... |

ROSE-MARIE LEBLANC

consultant biologiste, Bordeaux (33)

[email protected]

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L’auteur n’a pas déclaré de conflit d’intérêt.

SourceCommunication de P. N’Guyen (société DNLaboratoires), lors du 26e colloque Corata, Marne-la-Vallée, juin 2009.