4
B ----------------------- An - nasr X /e n d r -^ d i N°258 du 31 octobre 2008 H bl Ibl b! bl Ibl Lorsque vient leseco urs d'Alla h ainsi que la victoire, célèbre leslouangesdetonSeigneuret implore sonpardon L a crise de l’économie mondia- le, initialement une crise de titres financiers américains obsolètes ne cesse de s’éten- dre, faisant de nouvelles victimes à tra- vers le monde. Les bourses internationa- les ont essuyé des pertes pour le moins astronomiques, des piliers de la finance mondiale se sont effondrés du jour au lendemain. Les pertes réelles ne sont pas enoore cernées par les autorités politi- ques et m o - nétaires m on- diales. Les banques cen- trales se La finance islamique: un remède à la crise financière actuelle montrent solidaires quant au sauvetage du système de sa crise systémique, pro- bablement, la plus dévastatrice de tous hs temps en injectant des centaines de milliards de dollars, d’euros, et d’autres monnaies. Ces mesures peuvent-elles empêcher la chute en dominos de leurs banques, et de leurs économies? Seul l’avenir nous le dira. Nous tenterons de dégager les causes de cette crise et les valeurs que l’islam prô- ne pour améliorer la situation critique dans laquelle baignent plusieurs grandes banques de nos jours. Les causes de la crise financière L L ’intérêt La première cause de la crise financière ayant touché le monde entier est le systè- me usuraire. Bien que rendu illiate par notre Seigneur, les sociétés individualis- tes l’ont adopté et l’ont présenté comme un modèle attractif. Elles croyaient pou- voir en tirer des profits, mais certaine- ment pas en souffrir. Sous l’aspect faus- sement attrayant du système de l’intérêt, les individus furent encouragés à investir leur argent dans des banques plutôt que dans des appareils productifs. Dans la mesure où il n’y a pas de produc- tion, ni de flux de capitaux dans un système l’on cache son argent à la banque, dans des coffres forts ou sous son matelas, les problèmes d’ordre financier, tels que ¡’inflation du coût de la vie ou l’effon- drement économique, deviennent inévi- tables. C’est ce qui s’est passé avec la crise financière globale : l’arrêt de la pro- duction, l’absence de flux monétaires et l’immobilisation de l’argent dans les ban- ques afin de gagner des intérêts causè- rent l’effondrement de l’économie. Dans Ses versets, Dieu nous incite ce- pendant à éviter l’intérêt usuraire et met en garde Ses serviteurs contre les maux qu’il dédenthe : « Ceux qui mangent de ¡'intérêt usuraire ne se tiennent (au jour du Jugement dernier) que 155

Lorsque vient le secoursd'Alla h ainsi que la victoire

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Lorsque vient le secoursd'Alla h ainsi que la victoire

B „ ----------------- ------An - nasrX / e n d r - ^ d i N°258 du 31 octobre 2008

H bl Ibl b! bl Ibl

Lorsque vient le seco urs d'Alla h ainsi que la victoire, célèbre les louanges de ton Seigneur et implore son pardon

La crise de l’économie m ondia­le, initialement une crise de titres financiers américains obsolètes ne cesse de s’éten­dre, faisant de nouvelles victimes à tra­vers le monde. Les bourses internationa­

les ont essuyé des pertes pour le moins astronomiques, des piliers de la finance mondiale se sont effondrés du jour au lendemain. Les pertes réelles ne sont pas enoore cernées par les autorités politi­ques et m o­nétaires mon­diales. Lesbanques cen­trales se

La finance islamique: un remède à la crise financière actuelle

montrent solidaires quant au sauvetage du système de sa crise systémique, pro­bablement, la plus dévastatrice de tous hs temps en injectant des centaines de milliards de dollars, d ’euros, et d ’autres monnaies. Ces mesures peuvent-elles empêcher la chute en dominos de leurs banques, et de leurs économies? Seul l’avenir nous le dira.Nous tenterons de dégager les causes de cette crise et les valeurs que l’islam prô­ne pour améliorer la situation critique dans laquelle baignent plusieurs grandes banques de nos jours.Les causes de la crise financière

L L ’intérêtLa première cause de la crise financière

ayant touché le monde entier est le systè­me usuraire. Bien que rendu illiate par notre Seigneur, les sociétés individualis­tes l’ont adopté et l’ont présenté comme un modèle attractif. Elles croyaient pou­voir en tirer des profits, mais certaine­ment pas en souffrir. Sous l’aspect faus­sement attrayant du système de l’intérêt, les individus furent encouragés à investir leur argent dans des banques plutôt que dans des appareils productifs. Dans la

mesure où il n’y a pas de produc­tion, ni de flux । de capitaux dans un système où

l’on cache son argent à la banque, dans des coffres forts ou sous son matelas, les problèmes d ’ordre financier, tels que ¡’inflation du coût de la vie ou l’effon­drement économique, deviennent inévi­tables. C’est ce qui s’est passé avec la crise financière globale : l’arrêt de la p ro ­duction, l’absence de flux monétaires et l’immobilisation de l’argent dans les ban­ques afin de gagner des intérêts causè­rent l’effondrement de l’économie.Dans Ses versets, Dieu nous incite ce­

pendant à éviter l’intérêt usuraire et met en garde Ses serviteurs contre les maux qu’il dédenthe :« Ceux qui mangent de ¡'intérêt usuraire ne se

tiennent (au jour du Jugement dernier) que

155

Page 2: Lorsque vient le secoursd'Alla h ainsi que la victoire

comme se tient celui que le toucher de Satan a bouleversé.

Cela, parce qu'ils disent : "Le commerce est tout à fait comme tintérêt." Alors que Dieu a rendu licite le commerce, et illicite tintérêt. Celui, donc, qui cesse dès que lui est venue une exhortation de son Seigneur, peut conserver ce qu'il a acquis auparavant ; et son affaire dépend de Dieu. Mais quiconque récidive... alors les voilà,

les gens du feu ! Ils y demeureront éternellement. Dieu anéantit l'intérêt nsnraire et fait fructifier les aumônes. E t Dieu n'aime pas le mécréant pécheur. » C2V275-276

2. Le manque de confiance en DieuLe manque de confiance en Dieu est le deuxième facteur majeur expliquant la crise financière. On

oublie trop souvent que l’argent et les biens proviennent de Dieu. Il a fait la promesse de répondre aux prières et d’accorder ce qu’il y a de meilleur à l’individu tant qu’il s’en remet à Lui. Il le protégera alors et l’enrichira s’il en décide ainsi. Pourtant certains s’imaginent que le capital qu’ils détiennent constitue une force supérieure et en tant que tel protège et garantit leur avenir. C’est pourquoi ils sont toujours soucieux et inquiets. Pour pallier à leurs inquiétudes, ils dissimulent leurs biens, comme si cela suffisait à assurer leur avenir. Ils oublient malheureusement que le véritable secours vient de Dieu Seul. Il leur

suffirait simplement de faire confiance à Dieu

pour connaître à l’abondance et au bien-être. Tous ces capitaux immobilisés inutilement, par crainte de l’avenir, n’ont jamais travaillé. C’est ainsi qu’une crise financière voit le jour.Tous les biens appartiennent en réalité à Dieu. Tout secours provient de Dieu. L’argent caché ne peut aider personne sans la permission de notre Seigneur. Ce n’est certes pas l’argent thésaurisé quiprotègera les hommes ni aujourd’hui ni

demain, mais notre Seigneur. Il révèle d’ailleurs dans un verset :« Si Dieu vous donne Son secours, nul ne peut vous vaincre. S'il vous abandonne, qui donc après Lui vous donnera secours ? C'est en Dieu que les croyants doivent faire confiance » C3V160Les hommes accumulent avidement des biens,

par “crainte de la pauvreté” ou par crainte du lendemain, notion inculquée par Satan. Ceux qui ne parviennent pas à avoir une foi solide vivent constamment dans la crainte qu’un malheur ne s’abatte sur eux, qu’ils n’aient plus d’argent, qu’ils vieillissent seuls, etc. Aussi passent-ils leur temps à élaborer des plans et investissements person­nels pour leur avenir.Malgré leur prévoyance, ces individus omettent

de se préparer pour le Jour du Jugement, auquel personne ne pourra échapper. Ils sont tellement absorbés par leur vie au quotidien que c’est à peine si l’idée du Jour du Jugement les effleure. Dieu rappelle dans le Coran que ceux qui sont désertés par la foi se font manipuler par Satan : « Le diable vous fait craindre l'indigence et vous recommande des actions honteuses ; tandis que Dieu vous promet pardon et faveur venant de Lui. La grâce de Dieu est immense et II est omniscient. » C2V268

3. L’avarice et la parcimonieCertains individus dévorés par la crainte du lendemain et l’amour des choses matérielles sont peu enclins à dépenser l’argent qu’ils ont ou alors le font avec parcimonie. Leurs politiques sont en général basées sur l’affaiblissement et l’élimination du faible afin de s’enrichir et de se renforcer davantage. C’est pourquoi ils n’ont aucun remords à exploiter les pauvres, à ne distribuer aucune aumône, à ne faire preuve d’aucune générosité, à ne rien dépenser pour eux-mêmes : ils mettent de ___.

156

Page 3: Lorsque vient le secoursd'Alla h ainsi que la victoire

côté au cas où l’avenir se retourne contre eux. Le fait est que cet argent ne produit nen. Gardé en réserve dans l’espoir de le voir fructifier grâce au système usuraire, cet argent ne parvient plus à suivre le rythme de l’inflation et finit donc par perdre de la valeur. Ce capital n’a jamais produit l’abondance escomptée. La production stagnante a toujours été la conséquence de l’exclusion (volontaire liée à la parcimonie) de ces capitaux des marchés.Il suffirait pourtant d’obéir au commandement de Dieu nous invitant à faire preuve de généro­sité pour accéder à l’abondance. Dieu a déjà révélé que l’intérêt ne pourrait fructifier, et que seules les aumônes distribuées pour Sa satisfac­tion recevront une récompense inégalée dans ce monde et dans l’au-delà.• Tout ce que vous donnerez à usure pour augmenter vos biens aux dépens des biens d autrui ne les accroît pas auprès de Dieu, mais œ que vous donnez comme aumônes, tout en cherchant la face de Dieu (Sa satisfaction)... Ceux-là verront Peurs récompenses] multipliées »C30V 39En effet, la finance islamique pourrait offrir une réelle alternative à l’actuelle économie de marché, ou du moins y être bien intégrée en tant que complément indispensable .La finance islamique a fêté en 2005 ses 30 ans <1 existence, durant lesquels, elle a enregistré des

taux de croissance variant entre 10 et 30% en fonction des classes d’actifs. Actuellement, sa ’aille de marché représenterait entre 500 et 700 milliards de dollars basés essentiellement en moyen orient.Mais qu’est ce que la finance islamique?La finance islamique prône une économique1 éthique, elle est bâtie sur cinq piliers :

1. Pas de “riba” (intérêt, usure) : Les prêts d’argent doivent être dénués de profit, ce qui revient à des taux d’intérêts proches du zéro ;

2. Pas de “gharar” ni de “maysir” (spéculation, incertitude) : Les jeux d’argent basés sur le hasards sont prohibés de même que les transac­tions à visées spectatrices ;

3. Pas de “haram” (secteurs illicites) : Sont aussi défendus, tous les investissements dans les secteurs illicites par la Charia (Alcool, tabac, pornographie, ...) ;

4. Obligation de partage des profits et des pertes : Que se soit entre associés ou entre banque et client, le partage des profits et des pertes est obligatoire, il se fait selon le contrat initial ou selon les apports respectifs;

5. principe d’asset-backing (adossement à un actif tangible) : Les transactions financières islamiques doivent avoir un lien directe avec un actif réel et tangible donc avec l’économie réelle. L’application de ces principes islamiques aurait- elle pu éviter une telle crise?Techniquement, l’application stricte des cinq principes de la finance islamique n’aurait pas eu pour conséquence la crise des sublimes. Celle-ci est d’abord fondée sur l’octroi de crédits immo­biliers à des populations risquées, du point de vue de leurs revenus, par rapport à leurs charges de remboursement, puis sur le repackaging de ces crédits de base dans des structures financières très complexes et très risquées. Les crédits hypothécaires risqués, les sublimes, et leurs dérivés extraits de structure de titrisation sont fondés sur les taux d’intérêt. Comme ces derniers sont interdits en islam, alors effective­ment on n’aurait pas pu rencontrer un tel cocktail explosif dans le monde musulman

Page 4: Lorsque vient le secoursd'Alla h ainsi que la victoire

Remède: se conformer aux valeurs morales coraniquesUne telle crise financière trouve ses racines dans

un système financier basé sur l’intérêt, dans le fait que les individus, avares, préfèrent dissimuler leur argent au lieu de l’investir généreusement dans l’appareil productif, que ces individus refusent de distribuer des aumônes et surtout de se soumettre à Dieu, avec la conviction que Dieu est Celui qui accorde argent et richesse. Un système financier non- usuraire n’est pas indifférent au sort des pauvres. Au contraire, les plus aisés soutiennent les indigents en leur garantissant un pouvoir d’achat. Avec l’augmentation de la demande, la production est revigorée. Si la production augmente ainsi que le pouvoir d’achat, les usines fonctionnent à pleine capacité pour répondre à l’augmentation des ventes. Les marchés stimulés attirent les capitaux thésaunsés. Le pauvre peut s’enrichir et le riche aussi. L’abondance consécu­tive à la réintroduction de capitaux jusqu’alors dissimulés sera, bien évidemment, considérable. C’est la seule solution à la situation de crise que traversent tous les pays du monde.Cette solution est non seulement logique mais

aussi compatible avec les valeurs morales énoncées par le Coran. L’aide et le soutien de Dieu sont indiscutables pour quiconque agit conformément aux valeurs morales coraniques. Dieu montrera alors à quel point l’abondance est liée à un comportement vertueux. Notre Seigneur nous fait cette promesse :« Ceux et celles qui font la charité et qui ont fait

à Dieu un prêt sincère, cela leur sera multiplié et ils auront une généreuse récompense ». C57V18 Ceci dit, actuellement, la finance islamique n’est pas encore totalement exempt de critiques car comprenant plusieurs points faibles

auxquels les musulmans doivent apporter des améliorations. Nous pouvons citer le fait qu’elle soit basée sur des règles morales et non juridiques, la tendance des banques et institutions financières islamique à financer des opérations commerciales (risque de contre partie élevée), leur tendance à financer des opérations d’exploitation et non des opérations d’investissement, leur tendance à financer des opérations en dehors du monde musulman (risque pays élevés), leur tendance à financer des opérations libellées en devises étrangères et non en monnaies locales des pays musulmans (risque de change élevé) et ils sont rarement destinés et onentés vers les titres de participation et des actions en capital malgré leur importance et leur produits et leur licité.La mise en place des règles et des produits de la finance islamique n’a jamais été une chose aisée car confrontée non seulement à la réticence et au refoulement de la finance universelle mais aussi à l’embargo médiatique si ce n’est la déformation délibérée de ses motivations et de ses objectifs. Mais la crise actuelle va certainement donner un nouveau souffle à cette branche ô combien sensée en ces temps de vaches maigres et de débats plus ou moins objectifs.En enfin, il nous paraît pertinent de souligner que les hommes politiques, les pouvons financiers et monétaires et les penseurs de tous bords s’accordent tous pour une fois à dire qu il y a nécessité de moraliser les marchés. Or, la morale est ce que prêchent les religions notam­ment l’Islam. Serait-il alors possible de concilier les deux sphères morales et matérielles ?

Ben ham idSource: www.oumma.com

158