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 Jacolliot, Louis (1837-1890). Christna et le Christ, par Louis Jacolliot,... Nouvelle édition.... (s. d.). In-16, 380 p. [Don 22. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n° 78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisatio n commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fournitur e de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenair es. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothè que municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisat eur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisati on. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

Louis Jacolliot - Christna Et Le Christ

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    Jacolliot, Louis (1837-1890). Christna et le Christ, par Louis Jacolliot,... Nouvelle dition.... (s. d.). In-16, 380 p. [Don 22.

    1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numriques d'oeuvres tombes dans le domaine public provenant des collections de la

    BnF.Leur rutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n78-753 du 17 juillet 1978 :

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    GHRISTNA

    ET

    L E CHRIST

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    251-S-13- Pfcrb.mpBemratrKet C*

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    GHRISTNA

    ET

    LE CHRIST

    PAR

    LOUIS JACOLLIOT \

    Auteur de la Bibledans l'Indeet des Filsde Dieu

    Nouvelfedition

    L1NGAMNARASP1RITUSSANCTUS

    PHALLUSPRIAPELE CYGNEDELDALACOLOMBEDE MARIE

    PARISERNEST FLAMMARION, DITEUR

    26, RURRAOINR, 26

    Ton*d/oiude induction,d'tdaputioaetdereprodactioarsenrspourlovelespays.

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    PRFACE

    Noussommes au seuil d'un monde nouveau.

    La science,avec ses mthodes rigoureuses,a tu lapo&ie

    religieuseet la lgende historique, et lejour estprochain o

    l'on nevoudrapluscroire qu'aux

    choses senses, rationnelles

    et humaines.

    Pendantplusieursmilliers d'annes, l'hommeaaccept sans

    contrle,sansdiscussion,des traditions et des faits prtendus

    historiques, uniquement parce qued'autres lesavaient narrsavant luiet queces vnementsavaient reu du temps et de

    la crdulitdes masses unsemblantde conscration.L'histoire est rtablirsur des bases plus philosophiques,

    plusconformes lanature, la destine del'humanit, et a

    ladignitde l'tre suprme... Et ce sera l'honneur de notre

    tempsd'oser letenter I

    Promenez-vous dans lepass, travers les civilisations

    teintes, le mmespectacle vousattend partout :Partout lespeuplesont t laproie, le btail duprtre, du

    roiet desaristocraties fodales :

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    S PREFACE.

    Partout, pour maintenir l'esd ve sous la chane, on l'a

    plongdans lessuperstitionslesplusgrossireset lesplusim-

    morales;Partout on a fait du Crateur un tre capricieuxet sangui

    naire, unpouvantai!destin protger la vie de paresse etde dbauche des initis, ces classes dirigeantes des tempsanciens.

    En rtablissant la vrit religieuseethistorique, la raisonreprendra sesdroits, lesinventionssacerdotaless'crouleront

    d'elles-mmes. Dieu,celte loiintelligente etsuprme de tout

    cequiexiste,sera dgagde toutes leslgendes de l'anthro-

    pomorphisme, etlespeuples, dbarrasss des folies hirati-

    ques et royales, pourront se rgnrer par le travail libre,

    'instructiongale pourtous,et la libert IMaispourcela il faut repousser rsolumentlepass.Vivre sanslui,ou prir par lui, tel est ledilemmequise

    poseauxsocitsmodernes.

    Et il faut se hter dansnotrechoix,si nous nevoulons, avant

    un sicle, en face de la jeune Amriquequi attire aelle le.meilleur de cequi nousreste, nos industries et nostravail-

    leurs... n'tre plus quedespeuples historiques.Ce n'est pas l'hommequivieillit,ce sontses institutionsqui

    n'ont plusde sve, quine distillent pluslaforce et la vie,et

    qu'il faut savoirchanger temps... Il faut retourner de fond

    en comblel'hritage quiatropproduit, car ilnedonne plusdercolte,quelquebellequesoitlagrainequ'onlui confie.

    Comme activit etoriginalit,l'Inde, qui fut le grand fojef

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    PRFACE. 8

    de lacivilisationantique, etpresque toutl'Orient necomptent

    p'uj dans lafamille humaine.I.a Turquie n'est plus qu'un cadavre que ses mdecins

    ess>yentinutilement degalvaniser.

    L'Egypte contemplesousle fouetd'un pachases oblisqueset sessphinxmutils.

    Les Arabes de lacteafricaine s'endorment sur les rives de

    laMditerrane, sans se douterde cequefurent leurs anctresdel'Alhambra'et de Grenade.

    LaGrce at.

    L'Espagneessayedenepasmourir.

    L'Italieest peut-tre surle seuil d'un rveil.Les

    Slavess'agitent.LesGermains, inassouvis, rvent de nouveauxpillages.Quevadevenir laFrance?

    Lepass religieuxet social, c'est lechamp puis, c'est la

    tombe I...

    L'avenir rationaliste etdmocratique, c'est le terrain vierge

    et fcond,c'est la vieI...Quetout cequi possde une plume s'unisse tout ce qui

    estunevoix,pour conduire notre vieilleGaule sur lesolnou-veau!

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    CHRISNA ET LE CHRIST

    Lesdeux religions les plus anciennes, lebrahmanisme et

    son rameau lebouddhisme, qui comptent plus des deux tiers

    deshabitants duglobeparmileurs adeptes, sont basessur lemythede l'incarnation priodiquede la divinit.

    D'aprs les brahmes etlesbonzes, Dieu, chaque fois qu'ilsent lebesoin de ramenerau bien ses cratures quis'en loi-

    gnent, prend une forme visible pour communiquer avecelles,et c'est laforme humaine

    qu'ilrevt le

    plusvolontiers.

    Tantt ilapparat sous les traits d'un guerrier, d'un pni-tent oud'un sage;tanttil s'incarne dansle sein d'une vierge,etparcourt toutes lestapes de la viehumaine, de l'enfance

    l'gemret lamort, prchant auxpopulations lasoumission

    laplusabsolue auxordres desprtres et des rois.

    Le mythe de l'incarnation est une des plus vieilles inven-tions sacerdotales del'Orient:grcelui,lesbrahmes purentmaintenir dans une constante obissance les peuples qu'ils

    opprimaient.

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    0 CHHISTKAET LE CHRIST.

    Auxpremiers symptmes de ralentissement de la foi,la

    premire tentative de rbellion, un homme paraissait, sedisantenvoyparDieu,etles nationss'agenouillaientsur son

    passage et reprenaient paisiblement lecollier. D'autres fois,c'tait lechefmmedes rvolts quel'ongagnait en legor-

    geantde biens etd'honneurs, ouque l'on faisait assassiners'il

    taitincorruptible; et, dans un cas comme dans l'autre, les

    brahmes l'honoraient habilement comme unDieu,luifaisaientune lgende,etconfisquaient leurprofitlarvolution com-

    mence.

    Le christianismeest nplus tard d'unede cesincarnations.

    D'aprs les lgendes hiratiques du brahmanisme et du

    christianisme, deux

    incarnations de la divinit

    quiauraient

    port lesmmesnoms, lezeus Christna et IezeusChristos;se

    seraient produitesdans lemondecinqmilleans dedistance

    l'une de l'autre.

    Ces deux rdempteurs, promis parBrahmaet Jeovahaprslafaute d'Adima etd'Adam,auraient t ensuite annoncspar

    denombreusesprophties.Tous deuxauraient eupourmres des femmes restes vier-

    ges, DevanaguyetMariam, malgrlaconception.Tous deux auraient t soumis ds leur naissance aux

    mmes perscutions de la part de Kansa, tyrande Maduradans l'Inde, etd'Hrode, ttrarquede la Jude.

    Tousdeux auraient par miracle chapp au massacredes

    innocents.

    Tous deux,avecleursdisciples,auraient prch la mme

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    CIIRISTNAEt LE CHRIST. 7

    morale,et se seraient donns comme des envoys clestes.

    Tousdeux auraient accompli deprtendus miracles, res-suscitlesmorts, guri les aveuglas,les boiteuxet lessourds-,

    etchassle dmon descorpsdespossds.Tousdeux seraient morts victimes de lavengeancedespr-

    tres, dont ils avaient dvoil les vices et sap ledespotisme

    parleursprdicationsgalitaires.

    Tousdeux seraient remonts au ciel aprs avoir terminleurmission.

    Suivant les brahmes, Christna serait n Madura,dans le

    suddel'Indoustan, quatre mille huit cents ans avant notre re.

    D'aprslesprtres romains, te Christ seraitn Bethlem,

    ilya

    unpeumoins de dix-neuf sicles.Les deux sectesreligieusesont fait des dieuxde ces pr-tendus rdempteurs.

    Il est impossible de considrer ces deuxlgendes comme

    indpendantes l'une de l'autre et de croire quele mmemythereligieux ait pu seproduire deux fois dans descirconstances

    identiques.LaJudes'est videmmentinspire de l'Inde.

    L'Inde a pourelle letemps, l'histoire etlascience;et ce

    ne seraitquepar leplussingulierdes anachronismesque l'on

    pourrait rendre celle contre, quiacolonis la plus grande

    partieduglobe,et dont lalangue, lesamscrit, aform laplu-

    part des idiomes anciens et modernes, tributaire de laJude

    enmatire religieuse.Bienque l'anachronisme soit vident, indniable, ilfautle

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    8 ClintSTNA ET LECHRIST,

    combattre, car il est ladernire arme de l'intolrance reli-

    gieuse,le dernier retranchement de lasuperstition romaine.Si lalgendedu Christna indou estauthentique, lalgendeduChristjuifnepeutqu'tre apocryphe.

    Enreprenant celtethse,dj agiteincidemment dans la

    Bibledans l'Inde et les Fils deDieu*,nous voulonsprouver

    que.l'incarnation qu'on adore Rome n'est qu'un reflet d

    celle qu'on honore dans l'Inde; que le Christ n'a jamaisexist terqueses historiens intresss nous le dpeignent;etque lesvanglistesn'ont faitqu'attribuer un des leurs

    nu mme un tre imaginaire de miraculeuses aventures

    copies pareux dans les livres sacrs del'extrme Orient.

    On oublietropquetous les savantsde l'cole d'Alexandrie

    les ont taxsd'impostureet leurontsignalles sources oils

    avaientpuis.Delalgendefabuleuse nous allons dgagerlavrithisto-

    rique. Cetouvrage est unerponsescientifique auxobjectionsquenosprcdentesludes orientales ont souleves.

    I. Paris,A.LacroixetC%diteurs.

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    PREMIERE PARTIE

    ESSAIS SUR QUELQUES MYTHES RELIGIEUX

    DE L'iNDE.

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    &RSPARTIATE.

    Est-ce toion Dieuquejemeconfesserai?

    LE PRTRE.ADieal

    LB3PABTIATB.

    Ence cas,homme,retire-loiI

    (PLUTARQUB,DiUremarquablesdeslaciimonUnt.)

    Tantqu'il existeradesmoyensde seporgerde toutcrime, de seracheterde toutchtimentavecde l'argentoudefrivolespratiques;tant

    que les roiscroirontse faireabsoudrede leursoppressionsetdeleurshomicidesenbtissantdes temples,en faisantdesfondations;tantquelesparticulierscroirontpouvoirtromperet voler,pourvuqu'ilsjenentlecarme,qu'ils aillent&confesse,qu'ilsreoiventl'eitrme-onelion,ilestimpossibleqa'ilexisteaucunemoralepriveoupublique,aucunelgislationpratique.

    (VOLNBT.)

    Sont-cetescrimes,6prtre,quite donnentledroitde meparlerda

    Dieuf

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    ESSAIS

    MYTHES RELIGIEUX DE L'HUMANITE

    CHAPITRE PREMIER.

    DEUSETSACKRDOS.

    Unetraditionquinousvient despeu*

    piesdelaplushaute

    antiquit,et trans-misesousformedemythe&lapostrit,nousapprendqueDieuest lepremier

    principedu mondeet quele pouvoirdivin embrasselanature tout entire.Lerestea tajoutfabuleusementdanslebut depersuaderlevulgaire,etafindesoutenirlesloiset lesintrtssociaux.

    (ARITOTE,Mtaphysique.)

    L'originede la plupart des agglomrations d'hommes qui,depuislespremiers ges anlhistoriques de l'poque quater-naire,ont successivement peuplleglobe, est entoure d'unetelleobscurit; la surfaceterrestre, pendant les priodesgla-ciaire et diluvienne, a subi de telles modifications, enfouis-santdansle solretourn ouexhauss, dans les cavernes com-

    bles, les dbris de l'industrie primitive et les ossementshumains,qu'il n'est pas possible l'histoire defaVeremontersesinvestigationscespoques recules.

    Ilyagalement peu d'espoir que la science puisse jamaisdvoiler lesmystres de laprsencede l'homme sur la terre.

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    ti CIIRISTNA ET LE CHRIST.

    Sommos-nous la rsultmio progressived'une srie de typesdontchacundisparatduglobedsqu'il a donn naissance un tre plus parfait quelui,comme inclinent lepenserLa-marcket D-irwin; sommes-nous,aucontraire, untypeunique,quines'estni modifi ni transformdepuissa naissance, etauquellessiclesn'ajouterontrienparla suite sur cettecoucheterrestre, cequenotreorganismematriel et psychologique,dont lanature estincompatibleavecl'ide deprovenanceetde

    filiation, semblerait

    indiquer d'aprs les

    spiritualits? Lest

    leproblmeque l'observationne pourra jamaisrsoudre.Maissi la science nepeutdgager cet inconnu, elle nous

    dmontredumoins,avec une certitude mathmatique,l'insa-nit de toutes les fables cosmiquesinventesparlesprlressiirla crationde l'homme.

    Notre globeapass parcinq phasesgologiquesdistinctes,

    caractrises pardes couches de terrains diffrentes,et desdbris fossiles appartenant toutes les divisions du mondeanim. Ces cinqphasesontreules noms suivants:

    1 L'poque azolque,pendant laquellela vie organiquen'apasencore fait sonapparitionsurlaterre;

    2 L'poque palozolque, qui voit natre lesplantes, lessauriens,les crustacsgigantesques;

    3L'poque secondaire,quise dislinguepar l'apparitiondesoiseauxtl decesgigantesquessauriens classs sous les nomsderogalosaurus,ichthyosautus etplsiosaurus;

    4 L'poque tertiaire, qui vil surgir les mammifres, lesbatraciens, lesserpents, unnombre extraordinaire deplantes,etpeut-tre l'homme;

    *L'poquequaternaire, caractrise par lesgrands mou-

    vementsdeseaux, les dpts diluviens et l'apparition eer-laine de l'homme et de la plupart des animauxquiviventencore aujourd'hui. Lapriode contemporaine n'est que lacontinuation del'poque quaternaire. La nature,qui accomplit

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    ESSAISSUn LES MYTHES REL10IEUX. W

    sonoeuvre mystrieusesous l'oeil deDieu,nes'est pasarrte

    aprsavoirproduit l'homme, et lagrandeloi de transforma-

    tion et demouvementquiprside aux destines dela matire,prpare dj l'closion fatale d'une sixime poque quel'hommene verra que sous une forme plus perfectionne, moins qu'il ne soit dans les desseins de l'tre suprme de

    borner l'geactuel notre rlesurla terre.Quoi qu'ilen soit de celle dernire spculation hypothti-

    que,ilest incontestable

    que notre globeadj parcouru cinq

    grandespriodesdfiniespar la science,ainsiquenousvenonsdel'exposer, et qu'un espacede temps deplusieurs millionsd'annessparechacune de cespoques l'une de l'autre.

    En faisant natre l'hommesur la Onde l'poque tertiaire,cequiest problmatique, on lui donnerait une antiquit de

    plusieursmillions d'annes. Avantpeu, l'anthropologie clai-rera ce

    pointencore obscur.

    Enn'acceptant saprsence qu'au momentou elle est ind-niable,c'est--dire aupremier ge de l'poque quaternaire,ondonneencore l'homme plusieurs centaines demilleansd'existence.

    Dsledbut, nosanctres n'eurent pour demeure que lescavernes,qu'ils taient rduits disputer auxfauves, etpour

    servir leursbesoins ou leurdfenseque des instrumentsgrossiers,fabriqusavec de la pierre taille ou polie, ou desandouillers de renne. Cen'est qu'aprs des milliers d'annes,et aprs avoir travers les priodes diluvienneet glaciaire,qu'ilsdcouvrent le bronzequiva leur donner lesmoyensde

    triompherde leur ennemimortel, legrandours descavernes,et decultiver laterre.

    Combiendetempsont dur cespriodes, pendant lesquelleslatraditionest muette? nul nelsait. Mais letravail lentdeseaux,lescouchesgologiqueset lesfossiles indiquenta;ica-dran dela nature plusieurscentaines de sicles.

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    Il CHRISTNABT LEUIIHIST.

    Ladcouverte du fer etl'art de le travailler sontvoisins de

    l'poque historique,c'est--dire du moment o leshommes,

    vainqueursdans leurs luttes avec lesgrandiosestourmentesde lanature/qui peupeu s'apaisaient sur toute la surfacede laterre, etavec les bles froces, commenaient leverdestroupeaux et confier la semence au sillon.

    L'extraction dece mtalest encoreaujourd'huiunedesop?rationsles plus laborieuses del'industrie, et l'on comprendquel'homme primitifn'ait fait cette conqute que la der-

    nire.Celtedcouverteduferestle souvenir leplusancien con-servparl'humanit, enraisonsansdoute des servicesex-traordinairesqu'ellerendit. FidlesJeurs habitudes detout

    rapporterDieu,les Indousl'ont attribueYamana,incar-nationdeYischnou;lesGrecs,auxChaiybes et auxTibarnes,peuplades fabuleusesde laPaphlagonied'Asie, ou auxPhry-

    giens, lesgyptiens, audieuYulcain, ensouvenir de la tradi-tion de l'Indequifut leurberceau;enfin la Bible croit devoirl'attribuer TubalcaTn,nom videmment dfigurde Yul-cain.

    La scienceadivisl'gede l'humanit en trois priodesd'aprsces dcouvertes successivest

    1 L'gedelapierre, quise subdivise lui-mme enk$Qde

    lapierretaille et engede lapierre polie;2L'ge du bronze ;3L'gedu fer.

    Nousy ajouterons,danslebutde continuer la chanejus-qu'nous,les deux divisionssuivantes,bienqu'ellesne soient

    pasencore consacrespar l'usagescientifique:4L'ge du mythe;

    5L'ge historique.L'ge dumythecomprendncessairement**outa l'poque

    surlaquelle l'humanit n'aquedes traditionsfabuleuses,jus-

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    ESSAISSUR LES MYTHESIBLIGIBUX. U

    qu'l'instanto viennent seproduire dis mouvements di-

    graphiquessrieux, dignesdoservir depointdedpart l'ge,historiqueoucontemporain.

    C'est cettepriode, succdant l'ge du fer, pendant la-

    quellel'homme arrive peupeul'tat social et commencetransmettre ses souvenirs pardes chants et des monuments

    grossiers, quenousnousproposonsd'tudier.L'homme des premiers ges de l'poque quaternaire,

    priodesdiluvienne et

    glaciaire,

    ne nous a laisspourmarquersaprsence quedes haches etdes couteaux ensilex

    taill, et quelques os et bois de renne gravs au trait. Lemuse de Saint-Germain possde un manche do poignardda-tant do I gede lapierre polie, qui reprsente lecorps entierd'unrenne, taill dans un andouiller, et quidcle un senti-ment artistiquedjfortdvelopp. A la mmepoque appar-

    tiennent les ttesde chevaletderennesculptes, dcouvertesdanslesgrottesdeBruniquel.Mais,siimparfaitsquesoient cesrestesprimitifs, ilssont suffisantspour rendre indniable la

    prsencede l'homme sur laterre, depuis plusieurs centainesdemilleansaumoins.

    Apart ces vagues souvenirsdelapriodediluvienne, quel'onretrouve dans lalgendedo tous lespeuples, priodepen-

    dantlaquelle l'hommeavusonexistenceconstamment mena-ce par les immensescourants qui ont pilonn durant desmilliers d'annes la surface du globe, aucunfait, si nuageuxqu'il soit, ne nous est rest commetradition de cestempsre-culs.Leslndou>, il est vrai, font remonter leurs annales des millions d'annes en arrire; mais la critique histori-quene saurait s'accommoder de traditions sacerdotales dont

    rien nevient prouver l'aulhenlicit; au del devingt-cinqtrente milleans avant notre re, ilest presque impossiblededgager quoi que ce soit dans les souvenirs fabuleuxdel'Inde. Constatons cependant que, dans ladivision de l'ge

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    ! titltUSTNA ET LE CHRIST.

    de l'humanit enquatre priodes, qui sont : 1*crila-youga,ouged'or, 2trela-youga, ou ge d'argent, 3 dwapara-

    youga,ouged'airain, etV cali-youga, ougedefer, et endonnant chacune de ces priodes une dure do un millionsept cent vingt-huit milleannes, les naturalistes indous serapprochent d'une maniretonnante des doctrines anthropo*logiquesmodernes *.

    En prsence de ces donnes d'une certitude scientifique,quelleplacereste-l-il aucharlatanisme religieux? Ou taient

    lesvdas, latrimourly (trinit) indoue et les incarnations deVischnou? o taient Mose,laBible et le Christ? o taienttoutes ces superstitions hiratiques, pendant les millionsd'annes qui sparent chaque poque gologique,et pendantles centaines de mille ansque l'homme avait dj vcu sur laterre, lors de celle ridiculecration du mondeimagineparlesjongleursdel'Asie,et rdite hierparMose?

    Sans doute, avec une merveilleuse souplesse d'esprit, lesdocteurs catholiques, de sicle en sicle, font flchir lestexlesdelaBible,et s'appliquent, pardesartilices de traduc-tion, mettre leurs prtendus livres sacrs en harmonie avecles dcouvertes de lascience, chaque foisquelacertitude decesdernires ne laisseplusde place langation.

    Ainsi, aprs avoir menac Galile du

    bcher parce qu'ilaffirmait le mouvement sidral de la terre, les infailliblesRomains, forcs de reconnatre aujourd'hui la vracit decelte doctrine, mettent tous leurs efforts prouver qu'ellen'estp>s en contradiction avec laBible.

    Quand ia Bible, disent-ils, crit que Josua arrt lesoleil,c'est la terre qu'il faut lire, les livres sacrs ne s'lant

    exprimsainsique poursemettre l'unisson descroyances

    1. Latraductionlittrale esterita-youga,gedelajoie; treti-youga,gedufeu;dwapara-vouga,gedu doute'.cali-youga,gedelamUre.

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    ESSAISSUR LES MYTHESRELIGIEUX. 47

    deleurtemps IIln'est rienquine sepuisse expliquer avec

    depareils tours de force.(tomme vousseriez plus forts, tnw bonspres, si vouscon-

    tinuiez anathmatiser lascience, aulieudechercher vousmeure d'accord avec elle! Il est fcheux que vous ignoriezquesi la terre pouvaittre arrte subitement dans sonmou-vementdiurne, lecalorique quisedvelopperait immdiate-ment, en raison de la vitesse supprime, serait suffisantpourfaire passercet univers l'tat gizeux... H faut avouer quec'et tl unmoyenassezoriginal determiner laquerelle deJosuet des Chauanens.

    DJmmeencore, les sixjoursde la cration sontexpliqusparsixpoques. Toutcelaest bien, et, pournotrepart, nousnevoyons pasdemauvaisoeilcelle prestidigitation religieuse.Mais il est

    plusd'un

    point, malheureusement pour lesdocteurs

    de home, ocelle volution, destine mettra d'accord lervlet le scientifique, l'absurde et le prouv, nesera paspossible, et sur lequella tradition mosaque restera ce qu'elleest, c'est--dirb un tissu de fablesgrossires, composdepi-ces et de morceauxemprunts toutes les mythologie*vul-gairesdel'Orient.

    Ainsi, sur le

    premier mylhe cosmogonique dont nous

    nousoccupons, celui dela cration de l'homme, jamais lesinventions bibliques nepourrront s'accorder aveclesdonnescertaines de la science. Comment admettre eneffet, alorsquenoussommessparsde l'homme quaternaire, sansparlerdel'homme tertiaire, par plusieurs centaines de milliersd'aimes,qu'Adam, lepremier homme, u'ail paru sur laterre"

    qu'il va six mille ans peine?... Voil uneexplication ima-giner... dignedesefforts d'Escobarel de Molina. 'Lessciencesnaturelles, ces sources puissantes olaraison

    se retrempe, et, dans l'lude de ce gui est, abandonna lessuperstitions hiratiques, dtruisent si bien toutes les rvla-

    9

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    18 CHRISTNA ET LE CHRIST.

    lions,tous lesmystres clos dansles sanctuaires destemples,

    que de*tous

    temps les

    prtres se sont efforcs de

    les fairebannirde l'enseignement populaire.Mais, disons-le bien haut, si les sciences enseignent le

    mpris des superstitions et desjongleries sacerdotales, ellesne conduisent ni l'athisme ni au matrialisme. Langa-tiond'une causepremire est un acte d'orgueil humainqu'ilne faut attribuer ni laraison ni au vritable savoir. El le

    matrialiste qui dfend l'intelligence de considrer Dieucomme la loi suprmede l'universalit des ires, parcequeson existence no se peut dmontrer, ne voit pas que lui-mmeappuie son doutesurun autre axiome, l'iieniii delamatire, dont il ne rapporte paslapreuve.

    En rsum : l'antiquit de l'homme est telle sur la terre,les bouleversements gologiques ont t si nombreux et si

    terribles, que, pendant des millionsd'annes, la traditionnopeutsetransmettre, etquenousne savonspas quellesont putre les croyances de l'homme despriodesdiluvienne etgla-ciaire. On peut donc affirmer avecune certitude scientifiqueque toutes les mythologies de l'humanit appartiennent l'poque contemporaine, etque tous les rcils cosmiquesdeslivressacrs ne sontquedes fables grossires inventespar

    les prtres pour frapper l'imagination du vulgaire et asseoirsolidement leur domination. C'est cepointde vuequenousallons tudier lesmythes nombreuxquiencombrent leberceaudetous lespeuples.

    Au-dessusde cet univers et desmondes innombrables"quigravitentautour de nous dansl'espace, il est un tre suprieurde quitoutdpend,un centred'attraction auqueltoutse ratta-che, loiuniverselledel'infini,del'espace, dumouvement,delamatire et de la vie, intelligence quiexiste par sapropre

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    ESSAISSUR LES MYTHES RELIGIEUX 13

    force, se conoit et se dirige elle-mme, *n fanl xtvoty

    suivant la belle expressiondePlaton,etquiest lecommence-ment etlaOndetoutes choses.Voillanotionde Dieu telleque nous la recevons de la

    raton.Celteloisuprmeet intelligentede la nature matrielle el

    moralea tappele Zyausou Zeus, c'est--dire essencepur*etirrivile, par les Indousquisont lespremiers peuplesen

    date,dans la famillehumaine,parla tradition etparle livre.LorsqueZeusprside lanature, ildevient Brahma-Vtechnou-Siva, c'est--dire crateur, conservateur, transformateur, etdonnenaissance celtecroyancede l'unie dans latrinit quetous lessystmes religieuxontadopte depuis.

    Lesgyptiens lui ont donn le nomd'Amoun,c'est--direl'espritimmatriel, et cetespritengendrela trinit dmiurge:

    KoephPhtha-Frb. .Pour Zoroastre et lesPerses,il futZervhan-Akhren, aveclestroispersonnes delatriademagique:Ormuzd-Milbra-Ahriman.

    LesGrecs,l'imitationde leurs anctres de la hauteAsie,le connurent sous lonomdeZeus, avec lestroisgrandsdieux:

    Jupiter, Pluton,Neptune.LesHbreux,repoussant latriade, necrurent qu' un seul

    Di'uetl'appelrentJovah.Les Chrtiens, copiant les traditions et les mystres del'Orient, admirent Dieu dans son unit et sa trinit symbo-liques imaginesparles brahmes.

    Mahomet,le dernier venu,reprit ledogme del'unit.Simpleoucompose, sublime ouvulgaire, l'ide de Dieu

    seretrouve auberceau de tous lespeuples, pourvudes mmes

    attributs dejustice et de puissance.Et cette notion d'un tre- suprieurest d'autant plus simple et plus pure, qu'elle estdgagedesrveries philosophiques

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    30 CHR1STNA ET LE CHRIST.

    conduit l'tat social,quol'hommepossdelesides lesplussaines sur ladivinit.

    Toute la priode pastorale dans l'Inde n'a t qu'un longcantique en l'honneur de Brahma. Nu) mystre ne venaitobscurcir celte belle figuredu Grawl Tout,laquelleon ren-dait hommagesanschercher surprendre l'insaisissable secretde son existence.

    I.o Zeus calme, irrvl, sansmanifestations visibles, n'estaccessible qu' la conscience, les subtilits du raisonnement

    nepeuvent rien ni pourni contre lui,et lepasteurdel'poquepatriarcale qui conduisait il y a vingt-cinq trente milleans son troupeau sur les rives du Gange, en l'adorant sanslui lever de temple, sans fractionner son unit, en savait

    plus sur ce mystrieux esprit que toutes les coles philo-sophiques, que toutes les secl63 religieuses, qui ont eu

    depuis la prtention soit de ledfinir, soit de parleren son

    nom.Mais dujouroleprtre vintprendre possessiondumonde,

    toutchangea :Dieu,divisl'infini, fut soustrait la con-naissance duvulgaire, etun nouveau personnage, le Diable,fil sonapparition dans la comdiesacerdotale, aveclamissiondeterroriser lespeuples.

    Rackchasas, Belzbuth, blis, Satan ou

    Dmon, gniesdu

    malquetous les prophtes, tous les pasteurs d'hommes ontappels leur aide pourmaintenir lesopprims dans le ser-vage parla peurde l'inconnu, instruments docilesdedespo-tismereligieux, dites-nous le secretde votre alliance avec le

    prtre!...Vous n'avez pas d'autels, mais c'est vousque les hommes

    craignent plusencore qu'ils n'ont foi l'tre suprme. C'estSur vousque lesreligions tablissent leurs bases lesplusso-lides, c'est pourchapper voscoupsque lespieux, lespau-vres d'esprit, les crdules et leshumbles, usent avec leurs

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    ESSAIS SUR LESMYTHES RELIGIEUX. Il

    genouxles dalles dessanctuaires, et remplissent lespagodes,

    lesmosques,lestemplesetlesglisesd'abondantes et richesoffrandes... Arracherleurguenillel'Esprit malin est laseule

    proccupationdesepthuit cents millions de.craturos, es-claves du travail el de la souffrance,pendant qu'une poigned'imposteurs et de charlatans, en faisant battre habilementDieuet le Diable dans leurs mythologiesinsenses,sontpar*venus so soustraire lottes lesloisqu: psent si durement

    sur lecommundeshommes.Telest le monde,ainsiquel'ontfait les mensongeshira-

    tiques.Regardez quelat, dans lepass, lesort de ceux qui ont

    os combattre lessuperstitions, les mystres, les hivernionsde l'autel; demandez l'histoire ce que sont devenus les

    championsdel'indpendance religieuseet de la raison !

    Quelleeffrayanteellarge trace desangreliaentre eux leshirophantesdotous le*pays!... Lesbchers de la foiel le*sidesde Romene lecdent enatrocit eten barbarie niauxhcatombes brahmaniques, ni aux excutions en masse deMose, niauxmassacresde.Mahomet,elc'est au nomdeDieu,principe dejustice,d'amour et depardon, que l'golsmesacer-dotalacouvert laterre de cadavres et do ruines I

    Et le servwn pecus, et la masseignorante qui n'a pas letempsen fouillant la terre d'leversa conscienceet de cher-cherlavrit, nourrit cessycophantesellesprend pourdesenvoysclestes.

    Avec un rare cynisme, l'vque catholique Synsiustracedupeupleet duprtre leportraitsuivantqu'onnesaurait tropmditer et

    vulgariser:

    Lepeuple, dit-il (in Calvit., p. 515), veut absolumentqu'onletrompe, on nepeutenagirautrement avec lui... Lesanciensprtres de l'Egypte en ont toujours us airsi; c'est

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    It CIIHISTNAETLE CHRIST.

    pourcelaqu'ils se renfermaientdans leurstemplesetycom-

    posaient son insu leurs mystres. Si le peuple et t dusecret, ilseseraitfch qu'onletrompt; cependantcommentfaire autrementaveclepeuple, puisqu'ilestpeuplo? Pourmoi,

    je serai toujours philosopheavec moi, mais je serai prtreaveclepeuple.

    Et cesdeuxPresde l'glise, s'panchanl dans le sein l'un

    de l'autre!

    Ilnefaut quedu babilpouren imposerau peuple,cri-vaitsaint Grgoirede Nazianze saint Jrme,moinsilcom-

    prend et plus il admire. Nos Pres et Docteurs ont souvent

    dit, non cequ'ils pensaient, mais cequeleur faisaient dire lescirconstancesel le besoin, a

    Voil les hommes quiprlvent la dme sur lacharme,etquiseprtendent investisdu droit depardonner oude maudireI

    Tromper lepeuple, voilquoi se rduit toute la moralesacerdotale1et dans cette oeuvre dmoralisatrice,laprtre n'a

    pasde plusfidlealliquele diable.

    Proudhon, symbolisant dans lapersonnedumaudit toutce

    qui avait gmi, souffert et lutt dans l'humanit, s'crie :Viens moi, je l'aime, Satan, toi le maudit desprtres etdesrois!... Sduitpar lemythede l'angotombpouravoirtent d'tre libre, le grand philosophe n'a pasvu que celtefable, close au milieu des temples de l'Inde, ne signifiaitpoint Libert, maisterreur, etquecetpouvantai!sacerdotaln'avait t invent

    que pourrendre l'esclave moins rtif la

    chane, enl'effrayantsur sadestine future.Lorsqu'on jette unregard enarrire sur les annales fabu-

    leuses ou historiques de l'humanit, l'esprit n'a pas besoind'une grande indpendance philosophique pour reconnatre

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    ESSAISSUR LES MYTHESRELIGIEUX. tt

    que latrinit, Satanqui prside auxenfers, lesmystres, les

    miracles, et toutce

    quisert de base aux diffrentes

    religions,n'ont t imagins que pour frapper, assouplir la raison del'homme par l'absurde, et soustraire tout examenlibre, tout contrle intelligent, l'temelle comdiequi se joueder-rire l'autel et dans le sanctuaire des temples.

    La nature estpleinede chosesincomprhensibles, chaquepaslejugement s'arrte confondu; et lascience, enconstatant

    les lois relatives auxquelles obissent les phnomnes, estimpuissante surprendre le secret de leur existence. De lasemencequi lve dans unpeude terre sous l'influence d'unegoutte d'eau, aux astres qui gravitent dans l'espace, toutchappe l'explication dans l'univers, et l'intelligence hu-maine, naturellement disposeau merveilleux, arrive facile-ment, sielle nesegarde, de l'incomprhensible l'absurde.

    Quellequesoit la distancequi spare les lob mystrieusesmaisrationnelles delanature, des insanits thologiques,elleestvilefranchie dsqu'oncommencese fausser le jugement.

    Lagraine lveet reproduit untypesemblable celui dontelleprovient, je connais les agents et les forcesqui l'aidentdanscette opration, et sije necomprends pas la causepre-mirede la reproduction qui s'accomplit sous mesyeux,du

    moinspuis-je prouver l'existence et apprcier les rsultats duphnomne dont le secret m'chappe... Il n'y a rien lquifaussema raison.

    Voil lemystre de lanaturelJe trouve en moi lanotion d'un tre suprieur, mon tat

    d'imperfection m'empche de le connatre, je ne levoisquepar lesoeuvresquema raison lui attribue s sans pouvoir prou-ver sonexistence, jel'admets commeunaxiome,puisje m'ar-rte aprs cet acte de foi scientifique, car nul flambeau ne

    pourrait meprserver del'erreur, si je venais cder laprteution de ledfinjr.

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    IV CHR1STNAET LE CHRIST.

    Alorsarrivelepitre quidit :Suivez-moi, coulezmesparoles; jevais vousdvoiler

    les secrets desdeux : Dieuestun, maisilest form detroispersonnes distinctes

    pouvantagirsparment, etcestroispersonnesne nuisentenriensonunit,

    Uncontient troiset reste un tout en tanttrois. L'unitdans la trinit, ce n'est plusl'inconnu, l'inexpli-

    qu,c'esl l'absurdel

    VoillemystrereligieuxIEt le prtres'en tire en disant qu'il lient de Dieului-mme

    laconnaissancede ces trangeschoses.Ungale'troisIIIsuffitde prononcerces mots pourcom-

    prendrequelpoint leslvites de tous lespaysel de ions les

    empsontdcomptersur l'ignorancedes masses ell'gosteappuideshautes classespourle succsde leursdgradantesfolies.

    Oserdire, oserenseigner,commeles dogmesbrahmaniques,gyptiens, magiques elromains,quedansl'unit divine ilyatrois personnesdistinctes les unes desautres, et que celleunitn'enestpasaffecte, c'estsemoquerdela raison de sesauditeurs etblasphmerDieu.

    Ce n'estpasunmystre,c'est--dire un phnomne dont

    lescauses nous sontsuprieures, c'est une absurde folie quiconsiste faire accorder deux choses qui s'excluent'l'unel'autre.

    Certaines de nos ides ont entre elles des relations d'unevrit absoluequeDieu mmenesaurait modifier.

    Ainsi:nous avons les ides detnlbreset de lumiretDieune ferajamaisque les tnbreset lalumire soientune

    seule el mme chose.Nousavons galement les notionsd'infinield'espace, ainsi

    quecelles definiel deborn. Dieu ne ferajamais queVinfini

  • 8/21/2019 Louis Jacolliot - Christna Et Le Christ

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    ESSAIS SUR LESMYTHESRELIGIEUX.

    etVespacesoientla mme chosequelefiniel leborn. Il ne

    ferapas qu'uncarr soituntriangle et untriangle uncercle.Ilne ferapasun angleavec une seulelignedroite.Nousavons lesides dusingulieret dupluriel, dusimpleet

    ducompos.Dieu, malgrtoute sapuissance, ne ferajamaisquetmsoit

    gal trois, troisgal dix, dixgalcent,etqu'uncorpscomposd'or, d'acier el de plomb,soit uncorps simple.

    Parcequecelareviendrait, ainsi quenous l'avonsdit,faireaccorderentre elles des idesquisont langationles unesdesautres.

    L'ide de latrinit dans Yunit nerepose quesur ungros-sier jeu de mots,dcor du nom de mystrepour prohiberd'avance toute discussion rationnelle, el en l'adoptant tellequelle, dans son sens littral qui consiste renfermer trois

    unitsdistinctes dans uneseule, les fondateurs du christia-nisme nous .montrent avecquelleignorance ouquelddain dusens commun ils ontpuis dans les traditions brahmaniques.

    Dansl'Inde, la masseignoranteseule croit l'existence detrois dieux distincts dans la trinit. Les initis des templesn'ontjamais \u lqu'une figuresymbolique.

    LorsqueZeus,ou l'troirrvl, passedelaprioded'inac-tionl'action, dola nuit divineaujourdivin,ilagitl'aidede ses troisgrandesfacults : crer, conserver, transformer.

    La facult cratrice areuleaomdeBrahma.La facult conservatrice areule nom de Vischnou.Etlafacult quirenouvelle,.transforme parla destruction, a

    tappeleSiva.

    Lorsqu'unprtrebrahme commence ainsi une invocation :

    c0 Zeus, jet'imploredansBrahma, Vischnouet Siva...

    C'estcomme s'il disait i 0 Dieu,je l'iinploruconnue

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    33 CllRISTNAET LE CHRIST.

    crateur, conservateurettransformateurconstant de cet uni-vers...

    Laplbes'habitua considrer Brahma, Vischnou, Siva,non commedesqualitsdel'tresuprme, mais comme desdieux agissantsous sesordres/procdant delui,et leur rendit chacununcultediffrent suivant leursfonctions.

    Deceltecroyance naquitceltefabuleuseunitentroisper-sonnes,que lesprtres chrtiens prtendent avoirreuedeDieuparrvlation,et qu'ilsn'ont faitqueramasser dans la

    thologievulgairedestemples de l'Egypteetdel'Orient.C'est en habituant l'esprit de pareillesidesqu'on luifausse celle facult si prcieuse dujugementetqu'on le dis-

    poseaccepterlesplus grossireset lesplusimmoralessupers-titions. Dsquel'hommeen estarriv celle manire de rai-sonner:un estgaltrois,qu'ilne saisitplus lesrapportsdesimilitudeet dedissemblance des choses entre elles, mlant

    trangement dans les phnomneslesplu* simples de la na-ture ledoigtde Dieu et l'influencedudiable, courbantsa rai-sondevant cesmystres composs dans le silence des sanc-tuairespourtromperlepeuple,suivantl'expressiondel'vqueSynsius,iltouche au dernierdegrde l'abrutissementlvi-tique, et de longtemps ilne retrouvera laforce,de briser seschanes.

    Peu importeces fourbes ternelsquivivent del'exploita-tiondeDieu, desouiller celtegrandeimage parleurs inven-tionssacrilges,pourvu qu'ellesoit dans leurs mains un do-cileinstrument dedmoralisationet dedespotisme.C'estpourcelaque partout ils se sontmontrslesadversaires acharnsdel'instruction desmasses,que partout ils ontdfendu l'exa-men deleurs doctrines, de leursimposturesquisont autant

    d'attentats ladivinit.Le niveaumoralet intellectueldes peuplesest en raison

    inverse del'influence desprtres.

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    ESSAISSUR LES MYTHESRELIGIEUX. - fJ

    Donc,rptant avec Aristole ces bellesparoles : Dieuestle

    premierprincipedu

    monde,et le

    pouvoirdivinembrasse l

    nature tout entire; le reste a t ajout fabuleusement dans sle butdepersuader levulgaire..., nous trouverons l'originede toutes les mythologies grossires du passet du prsent,quisontune insulte \\ raison, dansl'exploitation immoraledeDieuetdudiableparleprtre-

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    6 Cl'.HISTNAETLE CHRIST.

    fWAPITRK II.

    DBL'INTERPRTATIONMYTHOLOGIQUE.

    Enprsencede touteslesfables quiencombrentl'histoire,laphilosophieet les religionsdes peuplesanciens, lesmeil-leursespritsse sont souvent demand, dansl'impossibilitdeles admettre dans le sens littral,comment onpouvaitlogi-

    quementles

    interprter.Lesuns, commeHorace,saintBasile, et plusprsdenousBacon,ontpens qu'ellesavaient tinventesparlespru-dentsel lessages, pourdonnerplusde poidsaux prescrip-tions de la moraleet delaloi.

    vhmre,philosophegrecd'Agrigente, enseignaitquetouslesdieuxde l'Olympetaient d'anciens rois el personnages

    puksanls ayantvcu autrefois sur les ctes de l'ocan In-

    dien,et dontlatradition avaitdnaturlesexploits :c'esttoujours l'Inde quetous les crivains serattachent.So-crate,Empdocle,Platon,Arislote,Plolin,etbeaucoupd'au-tresphilosophes de leurcole, nevoyaientdans les mythesqu'unmoyen employparles anciens initis destemplespourtromperlevulgaireet luivoiler lesmystresphysiques, cos

    mogoniqueset

    religieux,dont ils se rservaient lascience.

    C'estcelleopinion, quin'exclutpas lesdeuxautres, quenous noussommesrang lorsquenous avonsrejet sur leprtre,c'est--diresur l'initidestemples, despagodesetdes

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    ESSAISSUR LES MYTHESRELIGIEUX. SO

    glises,touteslesabsurdes et immorales invenlionj mytholo-

    giques. Nous verrons bientt quenulautre

    que lui, ainsiquel'vque Synsiusa la navet de l'avouer, n'avait d'intrt

    tromper lepeuple.Denos jours, M. MaxMQller, professeur l'Universit

    d'Oxford, atent d'diter un quatrime systme. Suivant lui,lesmythesne ser.uent que des mtaphores qu'on aur.iiteu letort de prendre dans le sens propre, et tout se rduirait

    U'ie questiond'tymologie.Quelque originale que soit cette opinion, elle ne supportepas l'examen scientifique. Eneffet,elle oublie que les diff-rentestransformations religieuses et sociales qui ont donnnaissance ces fables, sont l pour affirmer que ces der-nires sontplus que des mots, plus que des mtaphores, et

    qu'ellessont l'expression symbolique des croyances de leur

    temps.Toutes les fois, dureste, qu'on seservira de laphilologie

    compare poursoumettre lesides auxmots, au lieude fairenatre lesmots desides,onrcollera infailliblement l'erreur;car l'ide est antrieure au vocablequi la transmet, et ind-pendantede lamtaphore qui n'est qu'une forme de langage.

    Si lesystmede M. MaxMlU-rne portail pasen lui-mme

    sarfutation, nous lui demanderions comment unemtaphoreprise mal propos dans lesens propre pourrait engendrerlenaturalisme des vdas, et lepolythisme del'Inde brahma-nique, delaGrce el de l'Egypte. Nous le prierions de noudiregalement sitoutesles socitshiratiques, quiont courblespeuplessouscesfablesgrossires, nesont, elles aussi, queleproduitde

    l'imagination etd'une

    mtaphore mal

    comprise...Fairede lout le pass mythologique uneillusion, une sriede fleursderhtorique..., c'est pousserunpeu loin l'amour desthories nouvelles el desinterprtations arbitraires.

    Lepassmythologique del'humanil ne pourra serecons-

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    -URISTNAET LE CHRIS*.

    tituerqu'enl'tudiant auquadruplepointde vue del'histoire,de la philosophie, de l'archologieet de la philologie; en

    cherchant toutexpliquer, l'aided'un seulde cesrameaux,onfait de l'vhmrisme,de l'interprtation philosophique,du symbolisme, ou de l'exgse philologique,on est d'unesecte,d'unecole,onne faitpasde la science.

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    ESSAISSURLES MYTHESRELIGIEUX.

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    3 CIIKISTNA ET LECHRIST.

    ujavanc de civilisation, qu'il estarriv la conceptiond'unecausepremire unique, c'est--dire au monothisme.

    Sans nousmettrelaremorquedel'une ou del'autrede cescoles,et en ne formulantpasdergle gnrale applicable tous les peuples, nous dirons, et sur ce point les preuvesabondent, que l'Inde des vdas et de Manott a t mono-thiste. Il suffitpours'en convaincre de lire les passages sui-vantsduManava- Dharma-Sastra.

    Livre 1er,sloca 8 etsuivants.

    c Cemonde tait plong dans l'obscurit, imperceptible,dpourvu de toutattribut distinclif; ne pouvant ni tre d-couvert par leraisonnement, ni trervl, il semblaitenti-rement livr au sommeil.

    Quandla dure deladissolution fut sonterme, alors leSeigneur, existantpar lui-mme, et quin'est pas laportedessensexternes, rendant perceptible ce mondeavec lescinqlments et les autres principes resplendissant de l'clat le

    plus pur, parutetdissipal'obscurit. Celuique l'esprit seul peut percevoir, qui chappe aux

    organesdessens,quiest sans portes visibles, ternel, l'mede tous les

    tres, que nul ne

    peut comprendre, dployasa

    propresplendeur. Ayantrsolu dans sapensede faire maner de sa subs-

    tanceles diverses cratures, ilproduisit d'abord leseauxdanslesquellesildposa ungerme.

    C'j germe devint un oeufInitiant comme l'or, aussicla-tant que l'astre aux millerayons, et duquel l'tre suprme

    filsurgir Brahma, l'a*.*;!de lous les tres. Les eaux ont t appeles naras, parce qu'elles taientla production de Dieu(l'espritdivin). Ces eaux ayant t le

    premier lieu de mouvement de nara, il a enconsquence t

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    ESSAISSUlv '.ES MYTHESRELIGIEUX. 33 .

    nommnara-ayana (mouvement), c'est--dire Narayana, ce--lui

    quisemeut sur les eaux, t

    (C'est ceque Mosea copiplus lard, qnnnd il a dit quel'esprit deDieu tait flottant sur les eaux. Rispiritus Deife-rebatur superaquas.)

    Lestextessuivants, emprunts au douxime livre du mmeauteur, sont d'une clart et d'une prcision dfier tout com-mentaire.

    Sloca 122 et suivants.

    f Mais il doit (l'homme)se reprsenter legrandtre (Para-Pouroucha) comme le souverain matre de l'univers, comme

    plussubtilqu'un atome, comme aussi brillant que l'or le pluspur, et comme ne pouvant treconu par l'esprit quedans lesommeil de la

    contemplation la

    plusabstraite.

    C'est ce Dieu qui, enveloppant tous les tres d'un corpform des cinqlments, les fait passer successivement de lanaissance l'accroissement, del'accroissement la dissolu-tion, parun mouvement semblable celui d'une roue.

    Ainsi l'homme quireconnat, dans sapropre me, l'me

    suprme prsente dans toutes les cratures, comprend qu'ildoit se montrer bonel fyal pour tous, et ilobtient lesort leplus heureux, celui d'tre absorb la fin dans le sein deBrahma.

    Coltouca, undes commentateurs desvdas et de Manou lesplusestims dans l'Inde, sur la question nmequi nous oc-

    cupe, s'exprime ainsi :

    Lesanciens pundils (initis),tout en divinisant les forcesmultiplesde lanature, n'ont jamais cru qu' unDieu,auteur

    3

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    3i ' GHRISTNA ET LE CHRIST.

    etprincipe de touteschoses,ternel, immatriel, prsent par-tout, indpendant, infiniment heureux, exemptdepeinesetdesoucis; la vrit pure, la sourcede toute justice; celui quigouverne tout, quidisposedetout, quirgle tout; infinimentclair, parfaitement sage, sans forme,sansfigure, sans ten-

    due, sans nature, sans nom, sanscaste, sans parent ;d'unepuret qui exclut toute passion, toute inclination, toute com-

    position...

    D'aprsun textequinous a t conserv parVrihaspati, lebrahmalma, chefreligieux de touslesbrahmes, en recevantl'initi du seconddegr, c'est--dire Yofficiantqui, par lana-ture de ses fonctions, tait constamment enrapport avec lafoule, prononait lesparolessuivantes :

    Souviens-loi, monfils,qu'il n'yaqu'unseulDieu,matresouverain et principe de toutes choses, et que toulLrahmedoit l'adorer en secret. Maissacheaussique c'est unmystrequine doitjamais tre rvl austupide vulgaire. Si lule fai-sais, il t'arriverait degrands malheur.*.

    leVdanta-Sara, ouvrage de la plus hauteantiquit, en

    traant leportrait du vrai gourou, brahmalma dwidjaha,c'est--dire deux fois n,indique d'une manire formellequelessages de celte poque recule neconnaissaient et n'ado-raient qu'un seul Dieu.

    Voiciceportrait :

    Levraigourouestun hommequilapratique de toutesles vertus est familire; qui, avec'le glaive de la sagesse, "alagutoutes lesbranches etarrach toutes lesracines dup-ch, et adissip,avec les lumiresdelaraison, l'ombrepaissedont il s'enveloppe; qui, quoique assis sur la montagnedes

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    ESSAISSURLES MYTHESRELIGIEUX. W

    pchs,oppose leur atteinte un coeuraussidur queldia-

    mant; quise conduitavecdignit etindpendance; quiades.entrailles depre pour tousses disciples ;quinefaitaucune

    acception de ses amis et deses ennemis et a pourles uns etL*sautres unebienveillancegale ;quivoit l'oret lespierre-riesavec autant d'indiffrencequedes morceaux de fer etde3.tessons,sansfaire plusde cas des unsquedesautres; quimettous ses soins carter les tnbres de l'ignorance dans les-

    quellesle reste des hommesest plong.C'estunhommequise livre touteslespratiquesded-votion quiont Dieupour objet,sans en omettreaucune;quinereconnatqu'un seul Dieu et publie partout ses louanges; quine lit et n'tudie qoe les livres sacrs; qui, p.r sonsavoir,.brille comme le-soleil au milieu des nuages paisde l'igno-rancequi l'environnent; quirepousse loinde sapense tout

    actecriminel et nepratiquequedes actes de vertu;qui,con-naissant toutes lesvoiesquimnent au pch, connat aussilesmoyensdeles vitertoutes; qui observe avec unescrupu-leuseexactitude les rgles-de biensance qu'on doit garderenversses semblables.

    C'est un vrai sagequipossdeparfaitement le Vdania.t C'est unhommequiafait desplerinages tous leslieux

    saintsetqui a vu de sespropres yeux Cassy, Kedaram, Ra-messuaram, Strirudram, Sringuery, Gocarnam, Calaslry elautreslieuxclbres.

    C'est un homme qui a fait ses ablutions dans touslesfleuves sacrs, tels que leGange,leYnmna,leSarasvaly, leSindou, le Godavery, leKrichna, le Nerbouda, le Caveryetunefouied'autres, etquiabu.de leurs eauxsanctifiantes.

    C'est unhommequi s'est lav dans toutes lessources ethngs sacrs, lels que le Souria-Pouchkarauy, Tchendra-Pouchkarany, Indra-Pouchkarany, et dans toutes les eauxsaintesqu'il apurencontrer.

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    35 CHRISTN'AET LE CHRIST.- C'estun hommequi a habit tous lesdserts et les boissacrs, tels que Neimiss-Arania, Badaric-Arania, Daudac-

    Arania,Goch-Arania,et qui y a imprim lesvesliges de sespieds.

    C'est un hommequiconnat touteslespratiques depni-tenceou sramasrecommandes par lesplusillustresdvots etconnues sous le nom de uarayana-srama, vamana-srama,gosama-srama el vachischla-srama ; qui est devenu familieravec ces diversexerciceset quienaprouvles fruits.

    c C'est un homme qui possde parfaitement les quatrevdas, el le lacara saslra, le buda-sastra, lemimansa-sastra

    (logique, psychologie, philosophie). C'estun homme vers dans laconnaissance du vdanga,

    dudjolchia-saslra, duveidda-saslra, dudarmha-saslra, du

    kavianaltacam(astronomie,mdecine, lgislation, posie),et

    quisaitparfailement les dix-huit pouranaset les

    soixante-qua-tre calais. Telest le caractre d'unvrai gourou, tellessontles qua-

    litsqu'il doitpossderpour tre en tat demontrer auxau-tres la voie de la vertu et pour les retirer du bourbier duvice.

    (Vidanta-Sara. Introduction.)

    Onvoitquelesplerinagesaux lieuxconsacrs et les sourcesmiraculeusesne datent pasd'hier, el que, cinq ousix milleans dedistance, lessuperstitions sont les mmes, la SalelleouKaulchy,a Lourdes ou Ramessuaram.

    Retenons de cepassagedu Vdanla,quelevraiS3genode-vaitconnatre qu'un seulDieuet n'avoird'autre proccupation

    quecellequedonnent l'tudeet leculte dela vertu.- La prire suivante, que le Vdanla ordonne aux brahmesdeprononcer uneheure avant le lever dusoleil, est du plus

    pur monothisme;

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    ESSAISSURLES MYTHES RELIGIEUX. 37

    Dieu,quitesunpur Esprit, leprincipedetouteschoses,

    lematre du inonde,c'estparvos ordresquejeme lveelquejevaism'engagerdans les embarras dumonde. >

    Lebrahme s'adresse ensuite l'eau lustrale quivaluiser-viraccomplirlapurificationdu matin:

    i Eausacre, qui proviensde la merdesfleuves, destangs,

    despuitsou dequelqueautre lieuquecesoit, tuessainte,cartuasreu lesprires quiconsacrent; de mme que levoya-geurfatigu par la chaleur trouve dusoulagement l'ombred'un arbre, de mmepuiss-je trouver entoilesoulagement

    .demes souffrances et lepardonde mespchs.f Eausacre, lu es l'eau du sacrificeet ducombat, tu es

    d'ungot agrable, tu as pournous les entrailles el les senti-

    mentsd'une mre; je finvcque avec lammeconfiance quecelle d'un enfantqui, lavue dequelque danger, va se jeterentre les bras d'une mre quile chrit tendrement; purifiez-moi de mespchselpurifieztous les hommesavecmoi I

    Eausacre, dans letempsdu sommeil(chaos)de la na-ture, Brahma, lasagessesuprmedontle nom s'crit avec u:eseule

    lettre, existait

    seul,et c'est danston sein

    qu'il se

    repo-sait,quandilfitjaillirdesa pense legermede touteschoseset qu'il cra la nuit et le jour, la mer immense, lesoleil,lalune, laleuv, leciel, l'air, lesmondesinfrieurs, el letempset tout ce qui existemaintenant. 0 Dieu! je vous offre mesadorations;dtruisez mespchsel faitesque jeconservetou-

    joursladignitdebrahme.

    Je l'aiadress maprire pourobtenir la rmission de mespchs. Pardonne-les-moi, et fais qu'aprs ma mort j'aillejouirdes dlices duVeikoula. C'est toi quiascr, quiconser-veselquidtruis tout. Faisque je sois heureux en ceinonde,quelajoie, l'abondance et laprosprit m'accompagnent par-

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    38 GHRISTNAET LE CHRIST.

    tout, etqu'aprsma mortjejouissed'un sortplusheureuxet

    plusdurable.i Tu es un pur Esprit,tu es la lumireparexcellence, tun'espassujetauxpassions des craturesmortelles,tues ter-nel,tu estout-puissant,lu esla vertu mme,tu es le refugedeshommeset leursalut, tupossdes toutes .lessciences,c'estdeloi qu'estmane la saintecriture,tu esla figuredelaprire,c'esttoiqu'ondoit adresser tous lessacrifices,loiquidis-

    posesdetous les biensterrestres, toi qui peuxtout dtruire enun instant. Le bonheur el lemalheur, lajoie et ladouleur,l'espranceetlacrainte,tout est entre tesmains,tout'dpendde loi ; lu esl'objetde tous les voeuxdeshommes,el tu es enmmelempsleprestige qui leur fascine lavue. Tu remplisleurs dsirs,tu les comblesdebiens,lu fais russir toutes leursentreprises,tu lespurifies de leurspchs, tu les rendsheu-

    reux, tuesprsentdans les troismondes,tuas troisnatures,troisfigures,et le nombre trois fait ton essence.

    Celleprire, clbre chez leschristnens, est le galalryvischnouviste.

    Si nous voulionsdonnertous les extraits desvdas,de Ma-nou, des vdantas et autres livres religieux, quidmontrent

    ,que les Indous de ''poque patriarcale el vdiqueont tmonothistes,ce volume nesuffiraitpas la lche ;aussi bienla vrit de cellepropositionressort tellement despremirestudes orientalesquenous avonspublies,quenousn'en eus-sionspasfaitl'objetd'unchapitrespcial,si,dans celte revuedesprincipauxmythesque l'Indeatransmis aux diffrentspeu-

    plesduglobe, nous n'eussionsjug qu'iltaitutilederappeler

    que l'Inde ancienne tait historiquement partie du mono-thismepourarriveraupolythisme, et que les grossiretsmythologiquesdubrahmanismene devaientlre considresquecomme une oeuvresacerdotaledeservitude el d'abrutissement.

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    40 CHR1STNAET LECHRIST.

    coucher. Roidujour, vousbrillez dans l'air comme unepierreprcieuse.Voustesl'image delatrimourly,le tmoinde toutes

    les actionsqui sefont sur laterre; vous tes l'oeil du monde,la mesure du temps;c'est vousqui rglezlejouretlanuit,lessemaines,lesmois, les annes, lescycles, lescalpas, les

    yougas,lessaisons,les ayanas, letemps des ablutions eldelaprire; vousles leseigneurdes neufplantes, vous abo-lissezlespchsde ceuxquivouinvoquentelquivousoffrentdes sacrifices. Yousdissipezles tnbrespartouto vous vous

    morlrez. Dans l'espacede soixante gadhias vousparcourezsurvotre char la grande montagne du Nord qui a quatre-vingt-dixmillionscinqcent dix mille yodjanasd'tendue. Jevous loueelje vousadore de tout monpouvoir; daignez mefaire prouverles effetsde votre bont el de votremisricorde,enm'accordanl lepardondetous mespchs, et le sjourdelaflicitsuprmeaprsma mort. >

    [Ydanta-Sara.)

    il en tait de mmepourl'invocation dufeu.

    i 0 feu,vous leslapurification, vous les laprire, voustesl'image dela divinit.Pardonnez-moi touteslesfautes que

    j'aifaites dans les divers menlrams que j'ai rcits en votre

    honneur,pardonnez-moideplustouslespchs que j'ai com-misdurant cejour, parpenses, parparolesetparactions.Et

    quecelte eauquejeboisdans le creux de ma main,purifieparvous,dtruise toutcoqu'ilpeutyavoir enmoi demauvaisetde dfectueux.>

    Souspeined'trechassde la caste etde voirlancercontrelui une sentenced'excommunication quilui faisait refuserpar-toutl'eau, le riz, lebeurre clarifi el le feu, il futdfendu tout brahme,dwidjaha,sannyassi,et tout brahme initi,

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    ESSAISSURLES MYTHESRELIGIEUX. 41

    quelquedegr qu'il appartint, d'enseigner auxvaysiaset auxsoudrasla languesacre, laphilosophie, lesmystrescosmo-

    goniques,astronomiquesel religieux, lalogique, la morale ellamdecine,et toutesles sciences engnral, dont ces bassescastesn'avaientnul besoinpour faire lecommerce, travaillerlaterre, leverdestroupeaux, tisserde latoile ou extraire lesmtaux.

    Dujour o lesprtres, dans leur soif dejouissanceetde.

    domination,eurent

    peu

    peu, car l'tablissement des castes

    nefutpasl'oeuvred'unjour, retir aupeuple tontescience ettoutelibert,cedernier, oubliant les croyancesdeses anctres,oblig un travail incessantpoursatisfaire auluxedumatre,futsans forcepourragircontre lepoisonintellectuel queses

    tyrans lui verraient, el il adora pieusement ces milliers dedieux, demi-dietx, dvas, anges, gnomes gnies, bons ou

    mauvais,quifourmillentdansles honteuses et dgradantes fo-liesdes pouranas. Alorsleprtre put tout exiger de son es-

    clave, etpourdonnerla conscration divine sonoeuvre,il in-troduisit sournoisement dansManoules textes nombreux quilgitimaientaprscoupses attentats.

    LivreIer, sloca 99 et suivants.

    Le brahme en venant au mondeestplacaupremierrangsurlaterre; souverainseigneurdetouslestres, il doit veiller laconservation des loisciviles et religieuses.

    Tout cequelemonde renferme estlapropritdubrahme

    (prtre); par sa primognilure elpar sanaissanceil a droit toutcequiexiste.

    Le brahme nemangequesa proprenourriture, neportequesespropresvlements, ne donne et nereoit que ce quiluiappartient dj; c'est parla gnrositdu prtre brahmequelesautres hommesjouissentdes biens decemonde.

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    41 CIIIUSTNA ET LE CHRIST.

    Leprtre, souverain matreetseigneur au temporel et au

    spirituel, son domaine comprenant le monde entier, les

    autres hommesne vivantqueparun effet de sa gnrosit,telfui lersultai de la domination sacerdotaledansl'Iode. Cesdoctrinesne sauraient nous tonner, quandnousvoyons, aprs

    plusieursmilliers d'annes de lutteset d'efforts gigantesques,aprslaRformeel la Rvolution franaise, les sectaires,ro-mainsafficherd'aussi monstrueusesetd'aussi immoralespr-tentions.

    Nous extrayons du Pantcha-TanlrQ, recueil d'apologuesauquel les Indous accordent une antiquit gale celle desvdas, le rcitsuivant, quinous dmontrera quela littraturevulgaire, aussi bienquel'criture sacre,admettaitelconsa-crait cellecroyance l'unit de Dieu, qui disparut quelquessiclespluslard du cultevulgaire.

    cUn voyageur, s'tant gardanssa route, fut surpris parles tnbresdelanuit, au milieu d'unepaisse fort.Se.dou-tant bienqu'un pareillieu devait tre le rceptacledesbtesfroces,ilpensa quele seulmoyen d'chapper leursattaquestait de montersur un des plusgrands arbresqu'il pourraittrouver, et d'ypasserla nuit. Il prit doncceparti;el, sans

    songerdavantageauxdangers qu'ilaurait pu courir, il s'en-dormit et ne se rveillaquelorsqueles rayonsdu soleil vinrentfrappersapaupire,et l'avertirquil tait tempsde se remet-tre en chemin. Commeil sedisposaitdescendre, il regardaau-dessous de lui et vit, aupiedde l'arbre, un tigre mons-trueuxquitait aux aguets, impatient de/dcouvrir quelque

    proie,surlaquelleilpt s'lancer pourladvorer. Lavuede

    ce terrible animalremplit levoyageurd'pouvante, el il de-meura quelque temps immobile la placeoiltait. Aprsrvoir unpeurecouvrl'usage de ses sens, ilregarda autourdelui,et s'aperut que l'arbre surlequel il se trouvaittant

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    ESSAISSUR LES MYTHES RELIGIEUX. 43

    contigu d'aulres dont lesbranches s'enlaaient ensemble, il

    pourraitaismentpasserdel'unel'autre et se soustraire parlaudangerquilemenaait. C'est leparti qu'ilallait prendre, lorsque, ayant portses

    ragardsau-dessus delui, il vit un norme serpent, suspenduparlaqueue la branche immdiatementsuprieure, el dontla ltelouchaitpresque lasienne. L'affreuxreptile, lavrit,

    paraissaitendormi dans cette posture, mais ie moindrehruit

    pouvaitl'veiller eloffrir, ses regards, uneproie facile.Al'aspect du doublepril auquel ilse trouve expos, lecourageduvoyageur l'abandonne toutfait, saraisons'gare,sesjambestremblantes ne peuvent plus le soutenir, elil estsur lepointdotomber entre les griffesdu tigre, tout prpar le recevoir. Glacd'effroi, ptrifi, il n'a devant les yeuxque l'image d'une mort cruelle et prochaine. L'infortun,

    ayant cependant unpeu recueillises sens, lve les yeux aucielet,s'adressant au divin Narayaua, prononce l'invocationsuivante :

    Dieude lumire et du jour, souverain matre de l'uni-vers,vous qui,d'un seul effort devotrepense avez fait sortirdu pralaya(chaos) tout ce quiexiste, venez mon secours,dlivrez-moi des terribles animaux qui complotent maperteet faites que je puisserevoir la maison demoupre.

    Commeil finissait cementram, il aperoit sur une de3plushautes branches de l'arbre un rayon de miel, dont ladouceliqueur, distillantgouttegoutte, tombaitct delui;ilavance latte, ouvre la bouche, car il avait

    grandfaim,

    n'ayant rien prisdepuis laveille, et ilallait recevoir sur lalangue lesgouttesde cejmieldlicieux, lorsqu'il iflchit qu'iln'avaitpasfait l'oblalion du malin. Prenant alors o peu demiel dansle creux de samain, il dit :

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    H CIIHISTNAET LE CHRIST.

    AIMIadoration au soleilIt Jet'adore, sublime lumire de Dieu, oeil de la vrit

    suspendulaventedescieux IcJet'adore, loiquelessagesonttoujours regardcomme

    lesigne suprmede lapuissancecleste1Jel'adore, toiquieslavie, laforce,lavertu, lavrit,

    levda, laprireetlafigurede l'EtresuprmeI Auy! adoration au soleil I

    cH avait oublil'horreur de sa position,et se souvenantde celteparolo duvda*.

    Celui qui prieestconsol. Si tun'asquede l'eau offredel'eau, si tu n'as quedu riz grilloffredu rizgrill;si lu esdans le dsert offre de l'herbe, sur lesrivagesde lamerdusel, dans la fort offre des fruitsou dumiel,maissouviens-

    toitoujours,enquelquelieuquelu tetrouves,d'offrir l'obla-tiondumalin.

    Il avait fait l'oblalionau milieu des frocesanimauxquil'environnaient.

    Seplaantalorssous lesgouttes quitombaientplusabon-dantesencore, comme pour le rcompenser de sa pit, il

    apaisasa faimet se sentit bientt rconfort, unpointqu'illui sembla tre de force lutter avec le dingerqui l'avait siforteffrayds le dbut. Maisquelnefutpassonlonnement,

    - lorsque, ayant regard autour delui,ilnevilplusni serpentni ligre, el, sous lavotepaisse de la fort, des milliersd'oiseauxqui s'veillaient, faisaient, ainsi que lui,par leurschants, leur oblalion au matin. .

    Il avait t sauvparlavertu de ses mentrams (prires).

    Rappelons, pourclore la srie peut-tre unpeu longue djde cescitations, les dernires strophesdel'hymne clbrede

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    ESSAIS SURLES MYTHES RELIGIEUX. 43

    Valmiki, lecontemporain deVyasa, qui, d'apte lespundils dusud de l'Indouslan, codifia lesvdas.

    Lesspiritualisies platoniciens el chrtiens n'ont rien pro-duit depluslev.

    *

    Eslu l'clair quisillonne l'espace, le tonnerre quigrondedans la nue, leGangeauxIlotssacrs, ou lemystrieuxOcan?Eslu lagrande voix qui parle auxorages sur lessommets de

    l'Iliiiiaval(Himalaya)? *

    i Es-tu ce vent surnaturel (nirgalha) qui soulve lessablesdu pays de Madyadsa, comme les flotsen courroux? Es-tula brise des nuitsquigmit sur les eaux des lacs,quimurmuredans le feuillagedes grands bois et courbe sur son passage

    l'herbedivine du cousa? *

    Es-tu le swarga (ciel) que les dvas (anges) habitent,quelessages regardent comme le terme de l'exil ? Es-tul'lherimmense o s'agitent des milliers d'toiles? es lu la terre,es-lu les eaux, es-tu le feuquidvore, es-tu lesoleil bien-faisant?

    * * *

    Es-tu lavie, source detoutes les vies,l'me de toutes lesmes, le principe de tous les principes? Es-lu l'amour quiunit tous lestres, la forcequi conserve, dtruit pu renou-velle? Es-tu lamort, es-tu lenant?...

    *

    Je nete connais pas, maisje sais que tout n'est que parloi el rien en dehors de loi,que luexistespar ta propre puis-sance, que l'infini, l'immensit, l'espace, ne sont rien pour

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    40 CHRISTNAETLE CHRIST.

    toi. Je ne te connaispas,Narayana,maisjesais quetuesetastoujours t,et cela me suffitpourattendre lafin,quisera

    manaissancem loi...

    De tout cequiprcde,nouspouvonsconclure, etcela sansqu'on puissenousaccuserdenousrangersous la banniredeIOIIOoutellesecte, quel'Inde des vdas el de Manou fui mo-nothiste : lorsque nous rencontrons une vritscientifique,nouslaconstatonssans aucunsouci d'cole. ..

    Mais,nousdira-t-on, lisez leshymnesdu Rig-Vida?Laplupart deshymnesde cet ouvragesontleproduit d'un

    naturalismequidoit s'expliquerdans le sens physique pur.Leretourpriodiquedujouret de lanuit, lesorages, lalutteentre la lumire et lestnbres, la plupart des grands ph-nomnes solairesysont chants dans unlangageallgorique,destin voilerlascience, maisquin'a riendecommunavecles fables grossires du polythisme de l'ge brahmanique.LeRig-Vdane doitpasdureste trecomment endehors destrois autres livressacrs,dont ilfaitpartie intgrante; et l'on

    peutaffirmer,d'accord en cela avec tous les commentateursindousetles pundils anciens et modernes les plus clbres,que les vdas nesont, du premier au dernier sloca, qu'unevrsle

    prirela divinit.

    L'ludeduvda,dilManou,liv. II,si.28, les observa-tionspieuses,les oblalions au feu... el les sacrifices solennels

    prparent lecorpsl'absorptiondans l'tre divinIDans tous lesouvragessacrs des Indous delaplus incon-

    testableauthenticit, la mme phrase revient constamment.Vouslisezchaque page:

    Le vda estl'oeil, lasagesse', lapensedeDieu. . Celuiqui possdelevdapossderal'immortalit dans le

    seinde Brahma.Le vJaest lascience suprme, iln'y a que lapense

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    ESSAISSUR LES MYTHES RELIGIEUX. 1/

    temelle, que l'tre existant par lui-mme qui puisse en ou-,natre lesensexact.

    Celuiqui litle vdaest toujours pur, etc., etc. Et si l'on ne rencontre pas plus souvent dans les livres sa-

    crs les noms de Zyausou Zeus, de Swayambhouva, de Na-

    rayana, de Paramalm3, de Pouroucha, sous lesquels lesvdasel Mnnouont alternativement dsign le Dieu unique, matrede l'univers, c'est que l'image de lagrande cause premire-,

    tait environne d'un

    respect tellement mystrieux, que lafoulen'osait prononcer son nom sous peine de mort, etqueles initis eux-mmes ne pouvaient pntrer dans le saucInas n'acceptrent jamais l'ingalit sociale crepar l'tablissement descastes, et,choseremarquable, restrent

    et sontencore monothistes.Lemot dedjelna, ditDubois,savant orientaliste du sicle

    dernier, est un mot compos dsignant unepersonne qui arenonc lamanire de vivre, de croire et de penser du

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    M CIIRISTNA ET LE CHRIST.

    commun des hommes.Un vraidjelnadoit tredispos uneentire abngationdesoi-mme, ot se mettre au-dessus du

    mpriset des contradictionsauxquels il peutse trouver enbutte causede sareligion,dont il doit conserver jusqu' lamort les principessans altration, dansla fermepersuasionqu'elleseule est la vritablereligionsur la terre, la seulereligionprimitivedetoutlegenrehumain.

    Parlasuccessiondestemps,celtereligionprimitivefutpeu

    peucorroinp-todanslaplupart desespointsessentiels; sa

    place, les brahmes, conservant lesdogmes ancienspourlesrunionsmystrieusesdesinitis,tablirenttout unsystme decroyances religieuses, bassur les ides les plus supersti-tieuses et les plusmensongres. Nousavons fait connatredans toussesdtails,noslecteurs,celte rvlationreligieuse,mais surtoutpolitique etsociale,dans les FilsdeDieu.

    Lesdjelnasaccusent les brahmes d'avoir forg lesquatrevdas, Manou,les dix-huitpouranas, latrimourty et les fa*

    blsmonstrueusesqui s'y rapportent, telles que lesavatarsdeVischnou,lelinguam,le cultede la vache et d'autres ani-maux,lesacrificedel'kiam,etc. Lesdjelnas, non-seulemettrejettent toutes ces conceptions et pratiques subroptices,maisencore ils lesregardentavec une horreur particulire.

    Ces innovations introduites par

    les brahmes n'eurent lieuquesuccessivement,mais lesdjenas, ds ledbut, ne cess-rent des'opposer detout leurpouvoir ce3changements ;voyant que leurs remontrances neproduisaient que peud'effet,et quele systme religieux des prtres continuait treimposla multitude,ils se mirent enruptureoverloavec les brahmes,et, d'aprsles vieilleslgendesdjeln'istes,

    la lutte clatal'occasionde rtablissement del'kiam,sacri-fice danslequelunchevreau toisonrougetait immo' enl'honneurde la trinit,ce quitait contraire aux croyancesunitaires etaux principesles plus sacrs el lesplus inviola-

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    ESSAISSUR LES MYTHESRELIGIEUX. 03

    blesdesIndous,qui

    proscrivent touteespcedemeurtre, sous

    quelque prtexte etpour quelque motifqu'il soit commis.Ds cemomentles choses en vinrent aux dernires extr-

    mits Ce fut alors seulement queles dfenseursde lareligionprimitive dans toute sapuret prirent lenom de djelnas etformrent une socit distincte, composede tous lesIndous

    quiavaient,jusqu' cemoment,conserv intacte lareligionde

    leurspres, et

    qui voulaient

    s'opposer aux

    innovationsdesbrahmes.Ala suitede cellescission,lesdjelnas ou vraiscroyantsne

    cessernt de reprocherauxbrahmes leur despotismeet leur

    aposlasto, el ce qui n'avait d'abord fournimatire qu' des

    disputes sco!astiques, finit par faire clore le germe d'uneguerre longueetsanglante.

    Les djelnassoutinrent longtempslalutteavecsuccs, mais, . lafin, la majorit des princes xchalrias et la plupart despeuples de l'Indousian ayant t soumis la puissancebrahmanique, lesprtres rduisirent bientt leursadversairesau dernier degr do l'abaissement. Ils renversrent partoutleurs temples, dtruisirent lesobjets de leurculte, lespriv-rent de toute libert religieuseet politique, lesexclurentdes

    charges et des emploiscivils; enfin,ilsles perscutrent detant de manires qu'ils vinrent bout d'en faire disparatrepresque entirement les iraces'dans plusieurs provinces del'Inde, ocesantagonistesredoutables avaienttjadisfloris-sants. '

    Quandcommencrent cesperscutions et cesguerres, c'estcequ'on nepourrait fixer avecprcision, mais il parait d-

    montrqu'elles eurentunelonguedure, et nese terminrentquedanlespremierssiclesdel're moderne.

    Danscertaines parties montagneuses de la presqu'le, lesdjenas se maintinrent/ loogtemps, mais sanspuissance reli-gieusenipolitique.

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    Si GHRISTNAET LECHRIST.

    Aujourd'huilesbrahmessont les matrespartout.Lesdjelnas,

    aucontraire,sont sanscrdit; les chrislnens commencentserapprocher d'eux, attirsparla similitude de leurscroyan-ces monothistes.

    Les brahmes attachs aux croyancesdes djelnas sontpeunombreux, il y a cependant, dans le sud du Massour,un

    villagedu nom de Malyoor qui en renferme unecentainede familles. Ilsy ont un templeassez fameuxdont legourou

    est unbrahmedjeuNle.Dans les autres principaux temples desdjelnas, tels queceux de Balagola et de Mahdygerry et autres, les gourousoupontifessont tirs de la caste desvayssiasoumarchands;c'est pour avoir ainsiusurp les fonctions sacerdotales, etaussipouravoir altr lareligion primitiveen yglissant quel-ques-unes des innovations des brahmes, leurs adversaires,

    qu'ils sont regards par les vrais djelnas commepaltihlas(hrtiques).

    Celle secte de djelnas, repousse par les orthodoxes, sesubdivise elle-mme en plusieurs coles qui diffrentsurlanature de laflicitsuprme,el lesmoyens del'obtenir. Uned'elles, quine comprend, il estvrai, qu'un petitnombre demembres, celle des kachlachenda-souilambry, enseigne qu'il

    n'yapas d'autre mokcha,c'est--dire d'autre bonheur swormeque celui qui rsulte du plaisir des sens et du commerceagrabledes femmes.

    Le vritable djelnisme diffrepeu de la philosophie du

    Vdanta, laquelleellea, du reste, donn naissance ; elleadmet les diffrents degrs de contemplation de cetteder-nire,et recommande peu prsles mmesmoyenspour par-venir la flicit suprme, opreparla runion intime !idivinit.

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    cdSAIS SURLESMYTHES RELIGIEUX. 65

    Systmereligieuxdudjenisme.

    Ledjenismen'admet qu'un seulDieuauquel il donne-lesnomsdeDjnessonara-Paramatma,Para-Para-Yastou,et d'au-tresencorequiexprimentsa' nature infinie.

    C'estcettreseul-qui reoit les adorations et les sacrificesdesvraisdjenas, c'est lui que se rapportent les marquesderespect qu'ilsdonnent souvent leurs saints personnages

    dsignssous le nom de salak-pourouchas,parce queceux-ci,enobtenant possession aprs leur mort du mokcha (flicitsuprme), ont t unis la divinit.

    L'tresuprme est un etindivisible,spirituel, sans partiesou tendues. Sesquatre principauxattributssontlessuivants :

    Ananla-guaman, sagesseinfinie ;Ananta-darsanam, intuitionet connaissance infinies*

    Ananla-viryiam, pouvoirinfini;Ananla-soukam, bonheur infini.Le Grandtreet entirement absorb dans lacontempla"

    lionde sesperfections infinies et dans lajouissance non in-

    terrompue du bonheur qu'iltrouve dans son essence mme.Iln'a rien de communavec Teschoses de cemonde,touteotant laloisuprmede l'univers.

    Lavertu, te vice, le bien et le malqui rgnent dans Im-mondelui sontgalement indiffrents. -

    La vertu tant juste de sanature, ceuxqui la pratiquent'dansce monde trouveront leur rcompense dans une autrevieparune renaissanceheureuse ouparleur admission imm-diateauxdlicesduswarga(ciel).

    Levicetantinjuste et mauvais de sa nature, ceuxqui s'ylivrent subiront leur punition dans l'autre monde par unemauvaise renaissance. Les plus coupables iront au naraca(enfer) aprs leurmort, pour y expier leurcrime;dans aucuncasladivinitn'intervient pourdistribuer lesrcompensesou

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    66 CHRISTNA iXTLE CHRIST.

    les chtiments ni ne fait aucune attention aux actions deshommes ici-bas.

    - Lamatire est ternelle et indpendante del divinit; cequiexiste maintenant a toujoursexistet existera toujours,ensuivant lesgrandeslois de transformations successives.- Non-seulement la matire estternelle, mais encore l'ordreet l'harmonie qui rgnentdans l'univers, le mouvementfixeetuniforme desastres, lasparationde la lumire d'avec lestnbres, la succession et le renouvellement des saisons,la

    production et lareproductionde la vie animale etvgtale,la nature etlapropritdeslments,touslesobjets visibles,en un mot, sont ternels aussi,et subsisteront jamaistels

    qu'ilsontsubsistdetout temps.

    Mtempsycose.Le

    dogmefondamental des

    djelnasest la

    mtempsycose,celtecroyance que partagea le monde ancien toutentier, etqu'Origne voulut introduire dans le christianisme. Nousluiconsacreronsunchapitre spcial.

    Lesdjelnassur cepointdiffrentpeud'avec lesbrahmes.Ils ne s'accordentpascependantavec ceux-ci en cequicon-

    cerne lesquatrelocas oumondes,qu'ilsrefusentdereconnai-.

    tre. Ilsrejettent aussi les troisprincipaux sjours de batitude:sallia-loca, veikouta et keilassa, c'est--dire lesparadisdeBrahma,deVischnou et de Siva. Ils admettent trois mondesseulement, qu'ils expriment parle nomgnrique dedjaga-tryia,etquisont l'ourdoua-loca ou mondesuprieur, l'adda-loca ou enfer, appel aussi patinaia, et lemaddia-loca oumonde dumilieu, c'est- dire laterre, lesjourdesmortels.

    L'ourdoua-loca.

    . Ce monde, nomm aussi swarga(ciel), est le premierdu

    djaga-tryia. Ony compteseize demeures diffrentes, dans

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    ESSAISSUR LES.MYTHES RELIGIEUX 57

    chacune desquelles la mesure de bonheur est gradue en .

    proportiondesmrites desmesvertueusesqui ysontadmises.Lapremire et lplus leve de ces demeures est le saddou-darma; iln'y aque les mes minemment pures qui yaientaccs; ellesyjouissent d'un bonheur noninterrompu pendant

    ;

    trente-trois mille ans. L'achanda-karpa, qui est la dernireet laplus basse de cesdemeures, estdestine auxmes quin'ont ni plus ni moins- de vertus qu'il n'en faut pour entrer

    dans l'ourdoua-loca ;elles yjouisseol pendant mille ans dolaquantit de bonheur qui leur est dpartie. Dans les autresdemeures intermdiaires, l'tendue et la dure du bonheursontfixesdans uneprogression relative.

    Des femmesde laplusgrandebeautembellissent cessjoursdlicieux.Cependant, lesbienheureux n'ont avec elles aucuneaccointance;lavue seule de cesobjetsenchanteurs suffitpour

    enivrer leurs sens et lesplonger dans une extasecontinuellebiensuprieure tous les plaisirs mondains. A celaprs, leswargadesdjelnasne diffreguredeceluidesbrahmes.

    Ausortir de l'ourdoua-loca, aprs l'expiration dutempsassi;>gn, les mes des bienheureux renaissent sur la terre et yrecommencent le travail destransmigrations, car riendans cemonde, soit dans letempsdes transformations terrestres, soit

    dans letempsduchtiment ou des rcompenses, n'est con-damn l'immobilit.

    L'adda-loca.

    L'adda-loca estlesecond monde du djaga-lryia. Il est aussi

    appelnaraca et

    quelquefois patlhala.C'est le monde infrieur, celui qui est destin ire lademeuredes coupablesdont les fautessontsigrandes rni'ellesneauraient tre expies par. les renaissances lesplus abjectes.L'adda-loca est divis ensept demeures, dans chacune des-

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    5) CI1R1STNAET LE CHRIST.

    quelleslarigueurdes chtimentsestproportionne la gravit

    des crimes.La moinsredoutable est le retna-pravai, o tes mespche-ressessonttourmentespendantmille ans conscutifs. La vio-lenceet la duredessupplices vonttoujourscroissantdanslesautresdemeures,aupoint que dans le maha-damai-pravai,qui estla septime,les mauxque l'onendure sont au del detouteexpression.

    L sontrelgus lessclrats lesplus corrompus quine ver-ront finir leurs horribles et continuelles souffrancesqu'auboutdetrente-trois mille ans rvolus.Lesfemmes,quela faiblessede leurcomplexionrend incapablesdesupporterd'aussirudespreuves, ne vont jamais, quelquemchantesqu'elles aientt,dansceipouvantable maba-damai-pravaiou grand sjourde souffrance.

    Le maddia-loca.

    Le maddia-loca oumonde dumilieu,comme son noml'in-dique,esl le troisime dudjaga-lryia. C'est celuiquelesmor-tels habitentet orgnent la vertuet le vice.

    Ce monde a unredjoud'tendue; unredjoueslgall'es-pacequelesoleilparcourt ensix mois. Ledjambou-douipa

    quiesl la terre surlaquellenousvivons,n'occupe qu'une fai-blepartiedu maddia-loca ; il eslenvironnde tous celsparun vasteocan,etson centre se irouve un lac immense cir-culaire,quiaunlackdeyodjanas, ouenvironquatrecentmillelieuesd'tendue.

    Aumilieu dece lac se trouve ia fameusemontagneMaha-Merou.

    Le djambou-douipaestdivis enquatreparties gales, si-tues auxquatre pointscardinauxduMaha-Merou :l'Inde estlapartieappeleBarala-Kchilra. Cesqualre partiesdudjam-

    bousont encoresparesl'unede l'autre parsix hautes mou

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    ESSAIS SUR LES MYTHESRELIGIEUX. 69

    lagnes qui portent les noms deHimavala, Maha,Himavata-N'i-

    chada, Nila,Aroumany, Sikary, etquis'tendent dans lammedirectiondel'est l'ouest en traversant ledjambou d'une merl'autre.

    Ces montagnes sontentrecoupes parde vastes valles o lesarbres, lesarbrisseaux et lesfruitsquicroissent spontanmentsontd'un bel incarnat. Cesretraites dlicieuses sont habitespardespersonnes vertueuses. Lesenfants del'un et de l'autre

    sexesont propres lagnration quarante-huit heuresaprsleur naissance. Les hommesn'y sontpas sujets ladouleur etaux maladies. Toujours heureux etcontents, ilss'y nourrissentdesplantes succulentes et des fruils dlicieux que la terre y

    produitsans culture. Aprsleurmort, ils vontjouirdesdlicesduswarga. Cesont les mesqui, en revenant sur la terre, nesont pointsouilles

    par le

    pchet

    qui par consquent n'ont

    pasbesoind'expiation ; lamoindre faute, elles sont chassesde cesvalles mystrieuses, et s'en vont dans les autres par-ties dudjambou ohabitent letravail, la souffrance'et l'expia-tionparlestransmigrations successives.

    Dusommet duMaha-Merou sort une source qui alimentequatorzegrandsfleuves dont les deux principaux sont leGangeet le

    Sindou(l'Indus). Tous ces fleuves ont un cours rgulier,etnesontsoumis aucune variation. Diffrents du fauxGangeet du faux Indus des brahmes, dont les eaux sontsujettesbaisserets'lever, leGangeet' l'Indus des djelnas nesont

    jamais guables, el leurs eaux conservent toujours le mmeniveau.

    Lesnomsdesquatorze fleuves desdjelnas sont : le Gange,

    leSindou, leRohita Toya, leRohita, le Hary-Toya, teHary-Kanta, leSilia, le-Silohda, leNary,leNary-Kanla, le Souarna-Coula, leRoupayaCoula, leRikta, le Rikloda.

    Lamerqui environne ledjambou-douipa a deux lacks deyodjanas, ou huit cent mille lieues de longueur. Andel de

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    60 CHRISTNA ET LE CHRIST.

    cetocan,il existe trois autres continentsspars les unsdesautres

    par une mer

    immense,forms

    peu prscomme le

    djambou-douipa,et habits aussipar l'espcehumaine.A l'extrmil du quatrime continent, appel Panskara-

    vratta-douipa, se trouve le Manouch-Otraparvalla, hautemontagne quiest ladernirelimite dumonde habitable. Au-cun tre vivant n'ajamais dpass celte montagnedont le

    piedestbaign parun ocan immenseparsem d'une infinitd'Ilesinaccessibles

    l'espcehumaine.

    Ides des djeHnassur tasuccessionet la division dutemps.

    Ladure dutemps