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AVAN VAN - POLE DANCE - BOBOL THIERRY ABELLI - MAIRE DE BOUILLANTE JANV. 2015 #3 GRAFFITI L’EXPLOSITION ARTISTIQUE NOÉ TWO - KONGO - PWOZ - PACMAN - 4KG FOCUS : JEAN-MARC MORMECK

Loupe #3 - Janvier / Février 2015

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GRAFFITI : L’EXPLOSITION ARTISTIQUE Un dossier exclusif avec Noé Two, Kongo, Pro176, Pwoz, Pacman, Obsen, 4KG, Alien pour vous initier à la culture du Graffiti. La ville de Bouillante avec son Maire Thierry Abelli dans la rubrique Panoramique. A LA LOUPE! avec Avan Van le groupe carnavalesque du Moule, le Pole Dance mené par Inès Thénard, et Belinda Bosnet qui nous présente Bobol.

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AVAN VAN - POLE DANCE - BOBOLTHIERRY ABELLI - MAIRE DE BOUILLANTE

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#3

GRAFFITIL’EXPLOSITION ARTISTIQUE

NOÉ TWO - KONGO - PWOZ - PACMAN - 4KG

FOCUS : JEAN-MARC MORMECK

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DIRECTRICE DE PUBLICATIONCécile [email protected]

REDACTEUR EN CHEFDavid [email protected]

JOURNALISTESDavid Dancre, Cécile Borghino, 3D-4.0, Mr. Chung, Ceebee

PHOTOGRAPHEMorgan Ossola (Jean-Marc Mormeck)

MAQUETTISTESDavid Dancre, Charles Eloidin

WEBMASTERJuba Lamari

SITE INTERNETwww.loupe-magazine.fr

IMPRESSIONNUMERIK

REGIE PUBLICITAIRELOUPE REGIE05.90.555.415ré[email protected]

Magazine gratuit - Numéro #03Janvier - Février 2015© LOUPE est édité par David Dancre97 118 Saint-FrançoisN° SIREN : 805 060 878

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EDITO06 L’Effet Papillon

BRUITS DE COULOIR08 La voix est libre

PANORAMIQUE10 Bouillante avecThierry Abelli

FOCUS14 JEAN-MARC MORMECK : L’Oeil du Tigre

18 GRAFFITI : L’Explosition Artistique

À LA LOUPE32 Culture : Avan Van38 Sport : Pole Dance42 Société : Bobol

CHRONIQUES 46 Cinéma48 Série50 Jeux Vidéos

P.14

P.19

P.32

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DANS LE CADRE ENCHANTEUR DU “PLANTATION RESORT”

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Selon la théorie du chaos un battement d’ailes de papillon en Australie pourrait provoquer un tsunami de l’autre coté du monde.Le contraire est également vérifiable lorsque le désordre, la folie vient s’emparer du quotidien par un acte isolé mais hautement symbolique et contre toute attente fédère la population derrière une idéologie. Cette liberté d’expression qui nous permet de nous construire, de nous définir chaque jour dans nos choix et créer l’arborescence de nos ambitions. L’heure est venue de se réunir non pas pour crier à la manipulation ou défendre la liberté d’expression mais pour construire un meilleur futur pour les prochaines générations.

par David Dancre

L’EFFETPAPILLON

EDITO

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par Ceebee

Devenue le modèle de pensée dominant, la démocratie peut aussi être attaquée dans ses fondements. En reconnaissant le pluralisme, nous acceptons que se tiennent au sein de l’espace public des débats et la possibilité d’exprimer des voix discordantes. C’est d’ailleurs pour beaucoup d’entre nous l’essence même de la démocratie. Pourtant, la conflictualité est souvent perçue comme un danger menaçant la stabilité et l’ordre. Ne

serait-il pas possible que le conflit soit plutôt le moteur structurant de l’ensemble des rapports sociaux, qu’il soit à la fois indépassable et fécond? Le droit de vote, la liberté de la presse ou d’association sont le résultat de longues luttes. Sans les voix des “suffragettes”, les femmes seraient elles devenues électrices et éligibles? Sans le rassemblement des Berlinois, le mur serait-il tombé ce jour-là? On oublie que par le passé notre nation s’est

L’actualité nous rappelle tristement qu’une société se construit aussi dans le conflit et la confrontation d’opinions divergentes.

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retrouvée divisée, nous préfèrons célébrer les moments “d’union sacrée” plutôt que d’évoquer des périodes plus sombres de notre histoire. Celles-ci ont néammoins contribué à construire notre quotidien. Toute société est le résultat d’une longue histoire, y compris des conflits qui l’ont traversée, et des choix qui ont alors été faits. Ce dont on dispose aujourd’hui n’est jamais acquis et tout est

objet de discussion. Au sein de notre société démocratique, l’hétérogénéité des valeurs est indéniable. Cela suppose donc que les modèles soient ébranlés, mais peut être aussi pour être redéfinis et plus égalitaires.

Le classement mondial de la liberté de la presse: http://rsf.org/index2014/fr-index2014.phpLe combat des suffragettes en Angleterre:http://youtu.be/oc-baPmkLsw

“Ce dont on dispose aujourd’hui n’est jamais acquis et tout est objet de discussion.”

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Commune où le patrimoine naturel est une véritable richesse, Bouillante saisit l’opportunité d’un tourisme respectueux de l’environnement, tout en devenant un symbole d’avenir autour de la géothermie.

par Cécile Borghino

Vous êtes maire d’une petite commune, très touchée par le chômage. Quelles sont les attentes de la population envers votre équipe?Comme partout ailleurs, la population attend d’une équipe municipale qu’elle améliore son quotidien. Cela passe par un accompagnement pour trouver un emploi, par l’amélioration de la qualité des services publics rendus (restauration scolaire, transports, gestion des déchets, ordures ménagères et encombrants, entretien et nettoyage des espaces publics) et par le maintien à un niveau soutenable de la

pression fiscale. Cela dit, dans une commune aussi touchée par le chômage, l’emploi constitue la première des préoccupations de mes administrés. Mon équipe et moi-même en sommes pleinement conscients. Dès lors, il s’agit pour nous, à défaut de pouvoir satisfaire directement cette demande à travers des recrutements massifs au sein de l’institution communale, de mettre les conditions pour créer de la richesse sur le territoire, condition nécessaire pour la création d’emplois à Bouillante. Cela passe

PANORAMIQUE

THIERRYABELLI

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BOUILLANTE

par un accompagnement des entreprises dans leurs projets de développement (aides indirectes, assistance dans le montage de dossier de demande d’aides publiques), le soutien pour le développement de quelques niches pourvoyeuses d’emploi (géothermie, thermalisme) et l’amélioration ou la création d’infrastructures publiques nécessaires au développement de l’activité touristique sur le territoire.

Votre commune se situe dans le périmètre du Parc national: qu’est ce que cela implique en matière de projets d’aménagement? Bouillante n’est pas totalement située dans le périmètre du Parc. Les ilets Pigeon ainsi qu’une partie du territoire (essentiellement la forêt domaniale) font partie du Parc. Evidemment, les projets qui seront menés dans ces parties feront l’objet d’une étroite concertation avec le Parc. Pour le reste, la ville reste libre. Pour autant, à Bouillante nous n’avons pas attendu la réglementation du Parc pour nous soucier de la nécessaire préservation de notre environnement. C’est la raison pour laquelle tous les projets intégreront cette préoccupation. Il est certain que Bouillante devra se développer mais cela ne se fera pas au détriment de l’environnement qui constitue, après les Hommes, sa richesse. Et cette richesse doit être préservée et bichonnée.

“Bouillante devra se développer mais cela ne se fera pas au détriment de l’environnement qui constitue, après les Hommes, sa richesse.”

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PANORAMIQUE

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Existe t-il des conflits d’intérêt, par exemple au sujet de la pêche ou de la protection de certaines zones?Oui, quelques conflits qui ont découlé d’une insuffisance de communication entre les différents acteurs que sont les pêcheurs, le Parc et la ville. Depuis mon élection, je m’attache à pacifier les relations entre ces différents acteurs et je crois que les choses sont en bonne voie.

Pouvez-vous estimer combien de touristes choisissent Bouillante comme destination ou fréquentent ses sites touristiques? Bouillante accueille plusieurs milliers de touristes chaque année. L’activité économique de la commune se base principalement sur le tourisme avec la présence sur le territoire de sources chaudes, de trois belles plages et six petites criques, de nombreuses rivières et montagnes. Son pôle le plus attractif reste la plage de Malendure de par la Réserve Cousteau qui est mondialement connue et les nombreuses activités qui en découlent. Par ailleurs, depuis 2010, la ville de Bouillante est labellisée «France Station nautique» de niveau 1, ce qui lui confère une certaine renommée à l’échelle nationale.

Qu’en est-il des habitants, ont-ils des intérêts particuliers dans l’activité touristique?Il est évident que les habitants ont des intérêts dans l’activité touristique puisqu’elle est prépondérante à Bouillante. L’activité touristique est créatrice d’emplois. Nous ne comptons pas moins d’une centaine de gîtes ruraux et d’hébergements chez l’habitant, de nombreux restaurants et de multiples activités nautiques. Bien évidement cela mérite d’être amélioré et c’est ce à quoi s’attache la nouvelle équipe que je dirige.

La commune promeut l’écotourisme: est-ce que l’on vit à Bouillante différemment de ce fait?Bouillante est une commune rurale. Cela signifie que de tout temps la population a vécu en relation avec la nature. La population est soucieuse de la nature qui fait partie de son patrimoine. Le développement de la société de consommation ces dernières décennies conduit à quelques actes d’incivilités qu’on observe ici et là et qu’il convient de corriger voire même de sanctionner. C’est en ce sens que menons des actions de sensibilisation à destination de la population, notamment les journées de nettoyage du littoral où l’on rassemble chaque année toutes les forces vives de Bouillante: population, écoles, associations et acteurs économiques.

Les entreprises, et notamment les activités agricoles sur le territoire de votre commune, respectent-elles une charte particulière?A Bouillante, les activités agricoles sont exercées dans le respect de la réglementation. Je rappelle malgré tout que les terres de Bouillante font partie de celles qui ont été les moins impactées par le chlordécone. D’ailleurs, mon équipe et moi souhaitons labelliser les produits agricoles cultivés sur ces terres pour faire ressortir ces aspects. La centrale géothermique est un laboratoire pour les énergies renouvelables. Existe-il des liens, des échanges, par exemple avec d’autres pays pour développer cette activité? La centrale géothermique de Bouillante, la seule de France, n’est plus un laboratoire. Elle est vraiment un site industriel en exploitation qui ne demande qu’à se développer. Pour mémoire, elle fournit près de 8 % des besoins en électricité de la Guadeloupe. Elle est la vitrine

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BOUILLANTE

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d’un savoir-faire guadeloupéen et français dans la Caraïbe. C’est d’ailleurs cette réalité-là qui a permis d’envisager des projets similaires en Dominique. Régulièrement des visites sont organisées pour permettre à nos voisins de la Caraïbe de voir ce qui est possible de faire en matière de géothermie.

Qui a décidé de marquer par des graffs le nom de la ville? Est-ce pour des raisons esthétiques ou pour créer un espace d’expression artistique?C’est un projet qui a été porte par le Club Sportif Bouillantais (CSB) dont je suis le président, avec un financement du Conseil Régional de la Guadeloupe. Il s’agissait simplement d’embellir le paysage de Bouillante par le biais de graffs réalisés par des jeunes sans emploi. Ce fut une belle initiative car les jeunes ont beaucoup apprécié cette expérience et sont demandeurs de projets similaires.

Qu’aimeriez vous changer à Bouillante ou en Guadeloupe?La vision que l’on peut avoir de l’extérieur de la Guadeloupe et du Guadeloupéen (violence, assistanat, irresponsabilité, etc...) On est loin d’être tout cela. On ne demande qu’à nous donner les conditions pour nous permettre de nous développer en tenant compte de nos spécificités (insularité, éloignement de l’Europe et environnement caribéen).

“On ne demande qu’à nous donner les conditions pour nous permettre de nous développer en tenant compte de nos spécificités”

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FOCUS

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Jean-Marc Mormeck a su conquérir le monde par sa boxe et nous a fait vivre des moments historiques du sport français. Il laisse aujourd’hui une place vide dans le noble art pour rentrer au Panthéon des sportifs français.

Dans la conférence de presse qui a suivi ton dernier combat face à Mateusz Masternak, tu décrivais ta carrière comme étant plus belle que tous tes rêves d’enfant. Qu’est-ce qui t’a permis d’aller aussi loin?J’ai fait des choses que je ne pensais même pas faire. Au départ, je rêvais d’être champion du monde, mon père voulait que je sois champion de France, au final j’ai fait neuf championnats du monde! J’ai repoussé les limites de la performance, de l’âge, et je pense que cela commence par une personnalité. C’est ma personnalité de toujours finir ce que j’ai commencé, au moins de faire mon maximum pour y arriver. Ma volonté de toujours vouloir avancer aussi, mon entourage, car j’ai rencontré des gens qui m’ont aidé, soutenu, donné envie et tout cela a contribué à me dépasser et ainsi réaliser la carrière que j’ai faite.

Justement ne penses-tu pas que tu aies pu faire le combat de trop ?Je ne pense pas qu’il puisse y avoir un combat de trop mais des combats de trop. Car ce n’est pas un combat qui va faire que l’on ne soit plus performant, c’est plus dans les combats qui précèdent. Si il y a eu un «mauvais diagnostic» dans le suivi médical. De plus, comme je l’ai déjà dit, je n’avais pas combattu depuis 27 mois lorsque j’ai fait le combat du 26 juin face à Tamas Lodi et que j’ai gagné par K.O. à la 4ème reprise. Ensuite j’aurais normalement dû faire un combat transitoire pour me permettre de rencontrer Masternak, mais j’ai refusé car cela repoussait constamment les échéances, et j’ai voulu le combattre directement. Maintenant avec le recul je pense que j’ai peut être pêché par excès puisque si j’avais fait ce combat j’aurais été mieux préparé pour l’affronter et le battre. J’ai

par 3D-4.0

JEAN-MARCMORMECK

L’OEIL DU TIGRE

SPORT

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FOCUS

tenu dix rounds, je l’ai touché aussi, je n’ai pas été plus en difficulté que cela. Cela a été un combat dur mais je pense qu’il m’a manqué du «Ring». Quoi qu’il en soit je n’ai aucun regret sur ce que j’ai fait.

Comment vis-tu cet après, ce réveil à chaud?Ca ne fait que qu’une quinzaine de jours que c’est terminé donc je ne peux pas encore vraiment parler d’après ou si je le vis bien ou mal. Aujourd’hui tout va bien, mais réellement en faisant ce combat, en faisant ce choix, j’avais déjà pris la décision de mettre un terme à ma carrière et je l’avais annoncé donc c’est totalement assumé. Je suis bien entouré, par ma compagne, mes amis, des gens positifs qui gravitent autour de moi et il y a encore d’autres challenges à relever. La boxe a été une étape qui m’a permis d’être connu et reconnu, de faire ce que j’ai fait et j’irai sur d’autres routes.

En fin de combat tu as une fois de plus demandé le soutien du public pour continuer à suivre les évènements de boxe car tu as conscience du délaissement médiatique et économique auquel est confronté la boxe anglaise aujourd’hui. Quelles sont pour toi les raisons de cette situation?Je pense que la boxe est un peu dans le creux de la vague actuellement. Il y a le M.M.A. qui est arrivé et qui nous a pris une part de marché car ils fonctionnent très bien aux Etats-Unis et dans le monde. Il reste la France parce que c’est encore interdit mais où ils ont tout de même également pris une part du marché national. Il y a beaucoup moins de boxeurs charismatiques qu’avant. Il n’y en a qu’un et c’est Floyd Mayweather, c’est un extra-terrestre! C’est le seul qui fait 20 ou 50 millions de dollars par combat. C’est le sportif le mieux payé de la planète et qui règne sur la catégorie depuis 10 ans. Nous en France, nous n’avons eu qu’un promoteur unique qui n’a pas pensé à la relève. et parallèlement la télévision

s’est désintéressée. Mais ça repartira, on voit par exemple sur mon dernier combat qu’il y a un vrai public pour la boxe. La salle était pleine, nous avons fait le troisième meilleur chiffre d’audience de la chaine (l’équipe 21, ndlr)… Moi j’y crois.

Tu parles du monopole des frères Acariès ?Oui parce que c’étaient les seuls et uniques. Mais en premier lieu je pense que quoique l’on dise, car on m’en veut déjà, la fédération n’a pas fait son boulot et la boxe est en décrépitude. Mais c’est une crise mondiale… Ca repartira.

D’ailleurs le président de la fédération française de boxe t’a répondu avec une lettre car il se sentait attaqué par rapport à tes propos...D’ici la fin de semaine il aura sa réponse, mais c’est très démonstratif comme réaction je pense. Il m’attaque sur mon âge, mais moi à 42 ans je fais de l’audimat, je rempli les salles, la presse suit et je suis promoteur de mes combats. Je donne des résultats, mais lui qu’est-ce qu’il donne? Donc je l’encourage à regarder les réseaux sociaux et à constater ce que les gens pensent.

En tant que boxeur tu as dû partir aux Etats-Unis et notamment travailler avec Don King pour accéder à tes ambitions. En tant que promoteur, envisages-tu de continuer à proposer aux jeunes boxeurs une alternative au circuit français actuel comme avec Khedafi Djlkhir ou Daouda Sow?Oui, j’ai travaillé avec eux et ils sont devenus champions de France. Mais avant moi ils avaient signé avec Mahyar Monshipour qui leur a promis 15000€, alors qu’ils étaient médaillés d’argent. Mais ça n’existe pas. Il n’y a pas d’économie pour ça, je ne vais pas promettre ce que je ne peux pas donner. Lui leur a donné une fois en pensant s’y retrouver dans le temps sur l’investissement. Moi je ne pouvais pas proposer de tels tarifs mais je leur ai donné ce que j’ai pu avec un contrat, qu’on renegocierait si ils devenaient champions de

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France. J’ai tenu ma promesse, ils sont devenus champions de France et ils sont partis chacun de leur coté car on leur proposait plus, mais en juin, après mon combat, la fédération m’a appellé en me demandant de faire boxer Khedafi Djlkhir parce que je pouvais lui offrir une visibilité qu’eux ne pouvaient pas. La boxe c’est un sport et c’est celui qui m’a permis d’être qui je suis aujourd’hui, donc si je peux lui redonner ses lettres de noblesse en organisant des choses, déceler des champions pourquoi pas.

En mettant un terme à ta carrière tu es rentré au Panthéon des sportifs français qui ont marqué l’histoire mondiale du sport. Comment définis-tu ton héritage ?Je ne peux pas définir mon héritage, c’est aux autres de voir ce que j’ai fait ou pas. J’ai fait appel à Grand Corps Malade en lui disant avant d’arrêter ce sport que je voudrais remercier le public, les gens qui m’ont aidé, encouragé, porté. On récompense les gens une fois qu’ils ne sont plus là, enfin la légion d’honneur je ne l’aurais pas à titre posthume puisque je l’ai déjà eu.

“Parce que je pense qu’il y en a que l’on a oublié, j’aurai tou-jours un regard sur la Guadeloupe.”

ET BIENTÔT

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FOCUS

Tu marques aussi l’histoire du sport en Guadeloupe avec Muriel Hurtis et Thierry Henry qui viennent également de raccrocher cette année, qu’est-ce que cela représente pour toi?La Guadeloupe c’est ma maison, j’y suis né j’y vais tous les ans, j’y ai tous mes soutiens. Donc si je peux déceler des boxeurs, des champions, lancer des jeunes ou quoi que ce soit d’autres j’essaierais d’être là. Parce que je pense qu’il y en a que l’on a oublié j’aurai toujours un regard sur la Guadeloupe.

Tu es né à Pointe-à-Pitre et tu as grandi dans le 93, deux départements qui souffrent des clichés médiatiques négatifs. Quel regard portes-tu sur ces deux viviers?Il y a des gens biens et des mauvais partout. D’où je viens et où j’ai grandi ne me définit pas. Cela a clairement contribué à forger mon caractère mais c’est pour tout le monde pareil. Ensuite c’est la détermination dans ce que tu

fais qui prime et l’image est très importante. J’ai pu m’associer avec des rappeurs (357 MP, ndlr) par le passé sans subir ces clichés et par exemple aujourd’hui j’aime beaucoup Kery James mais j’ai collaboré avec Grand Corps Malade parce que je pense que c’est l’homme de la situation pour ce que je voulais.

Tu es devenu ambassadeur chez Mauboussin. C’est un grand cap pour le luxe de prendre comme ambassadeur un boxeur qui de plus est noir. La vie est faite de rencontres, et c’est ma personne, l’image que je représente qui m’a conduit là, je pense que les choses se mettent en place d’elles-mêmes dans l’action. Ce n’est pas parce que l’on vient de banlieue que nous sommes voués à l’échec pour citer Kery.

Est-ce que tu pourrais partager un moment-clé qui pour toi a marqué ta vie et permette de te définir en grande partie aujourd’hui?Par rapport au sport, c’est ma rencontre télévisuelle avec Marvin Hagler. Quand j’ai vu son combat face à Thomas Hearns il y a eu un déclenchement chez moi, j’ai voulu être ce type. J’ai voulu être Marvin Hagler, un héros, un champion. J’étais totalement fasciné. Je me suis donc orienté vers la boxe et c’est devenu ma passion car j’ai gardé cette image et ça m’a motivé. Ce sont les trois rounds les plus violents de l’histoire, c’était démentiel. Quand Marvin est coupé et que le médecin le visite, on pense qu’il va l’arrêter. Il se sent en danger, il se jette sur Hearns comme un animal, le pique et c’est terminé. Rien n’est jamais perdu. J’ai trouvé ça fabuleux et cela m’a donné envie.

Quels sont les autres sports que tu pratiques?J’ai commencé par le foot, parce que j’aime ça aussi et je touche toujours la balle. Sinon le squash car c’est très proche de la boxe, cette violence

“Ce n’est pas parce que l’on vient de banlieue que nous sommes voués à l’échec pour citer Kery”

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SPORT

dans un petit périmètre c’est incroyable pour la condition, le dynamisme, c’est explosif.

Quelle est ta référence en matière de boxe?Encore une fois je vais dire Marvin Hagler car il a fait ce dernier combat contre Ray Sugar Leonard, qu’il a perdu ( personnellement je suis sceptique quand aux juges mais bon c’est l’histoire.) On lui propose alors de faire la revanche, et il décline l’invitation. C’est le seul qui n’est jamais revenu. Il a laissé la boxe. Alors que c’était un immense champion. J’ai aimé le boxeur, l’homme pour sa parole, ses valeurs justes, il n’a jamais eu l’appât du gain quand il a exercé ce sport qui nous l’a fait connaître.

Ton plus beau souvenir?Ma ceinture mondiale quand je bats Virgil Hill parce que personne n’y croit et l’on pense que je suis juste venu faire de la figuration. Mais finalement je le bats avant la limite avec la manière et derrière 9 championnats du monde.

Ta plus belle rencontre sportive?En 2002 quand je suis géré par Don King. Quoi qu’on dise, c’était le promoteur de Mohamed Ali et Mike Tyson. C’est lui qui gérait la boxe avec les Marvin et compagnie. C’était merveilleux.

Ton champion de tous les temps?Nelson Mandela.

Palmarès- Champion du monde poids lourds-légers WBA (2002-2006,2007) et WBC (2005-2006,2007)- Champion Inter-Continental WBA poids lourds (2010)- Champion Inter-Continental WBA poids lourds-légers (2000-2001)- Champion de France poids mi-lourds (1998-1999)

JEAN MARC MORMECKFacebook officiel : Jean-Marc Mormeck officiel

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L’EXPLOSITION ARTISTIQUEpar Mr. Chung

GRAFFITIDans un monde qui s’urbanise, le Graffiti est devenu un phénomène universel et incontournable. Reconnu comme une création artistique, il s’affiche aujourd hui dans les musées où il attire des foules de visiteurs. Assimilé à une forme de pollution et de délinquance, il reste néanmoins un délit réprimé par la loi dans de nombreux pays dont la France. Les premiers graffitis remontent aux plus anciennes civilisations. Pour les archéologues, ils nous révèlent ce que les autres sources taisent souvent; reflets des opinions et de la culture populaires, ces écrits non littéraires nous renseignent sur des aspects souvent inédits des sociétés qui les ont produits. Des murs de la vallée des Rois en Égypte à ceux des catacombes, de la Rome antique au Paris révolutionnaire, du

Berlin occupé au New York de Basquiat, les graffitis nous permettent de saisir un moment de l’Histoire. Récemment, un universitaire déclarait dans la revue Antiquity que “les graffitis laissés dans les années 1970 par le groupe punk Sex Pistols dans l’arrière-boutique d’un magasin londonien sont aussi importants que les traces laissées par l’Homme dans la Grotte de Lascaux”!En Guadeloupe, de nombreuses communes ont sollicité des graffeurs, sans doute pour donner une identité plus jeune et dynamique à leur territoire. Loin d’être stéréotypé, le graffiti se décline en une multitude de styles et évolue selon les lieux, les techniques et les artistes. Un art gratuit mais éphémère car les murs de nos cités sont voués à être repeints, détruits, rebâtis...

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GRAFFITI: L’EXPLOSITION ARTISTIQUEGRAFFITI: L’EXPLOSITION ARTISTIQUE

Tu as fait partie des précurseurs du Graffiti sur Paris. Comment l’as-tu découvert?J’ai d’abord découvert la «culture Hip-Hop» avec la musique, le Break dance, le Graffiti et le Djaying. Dès mes 12 ans avec mes potes de classe, j’ai commencé à taguer sur les tables en classe et sur le trajet du collège. Je me souviens qu’à l’époque avec trois amis, on faisait des clash à qui dessinerait les meilleurs B.boys ou lettrages. En fait, j’ai toujours été passionné par le dessin. Dès l’enfance cela a été mon moyen de communication privilégié et c’est donc très naturellement que je me suis dirigé vers le Graffiti.

D’où vient ton nom d’artiste?Au début j’ai eu plusieurs surnoms. Vers 14 ans le Graffiti est devenu de plus en plus important dans ma vie, c’est à partir de là que j’ai décidé de m’arrêter sur un nom. Il fallait que celui-ci me représente. J’ai cherché un peu dans tous les sens mais très vite ma passion pour les animaux m’a dirigée. Alors pourquoi pas le nom d’un animal pour me représenter  ? En français, en anglais... Snake, lion, etc... Franchement, ce n’était pas terrible. Et puis, soudain j’ai eu l’idée: Noé, symboliquement cela rassemblait tous les animaux et j’ai trouvé cela moins «basique».

Tu fais partie d’un crew?J’ai eu un premier crew que j’ai créé, IMC (Ils Maîtrisent la Création ou I’M Cool). Au départ il était composé de Wors et R.Man tous les deux graffeurs. Il s’est enrichi ensuite avec l’arrivée

de personnes représentant d’autres disciplines Hip-Hop comme Tefa (Dj du groupe), 3 danseurs dont Gonzo, 2Mc. Au bout de trois ans le crew a disparu, chacun ayant ses ambitions et ses propres objectifs , il n’est alors plus resté que R.MAN et moi. Ensuite j’ai fait partie des RAW (Real Authentique Writa). C’est un crew fondé par YKO et FLP. En fait, j’ai rencontré FLP juste avant la creation du crew, nous sommes devenus amis et il m’a alors proposé d’entrer dans le groupe. J’ai ainsi pu découvrir les autres membres du crew  : Yko, Obsen, Keag, Sore, Salt, Adeck , Fint, Rel, Pwoz, Sezam, etc..

Le Graffiti est une discipline issue du Hip Hop, qui est à l’origine un mouvement culturel alternatif et contestataire. Comment le définis-tu et quelles sont pour toi les valeurs que véhicule le Graffiti  ?Pour moi, le Graffiti c’est avant tout une passion dévorante. Quand tu accroches, c’est comme un coup de foudre... Tu vis, dors, respires Graffiti. Enfin, ça s’est passé comme ça à l’époque pour moi. Je pense que le côté contestataire attaché

“Je ne recherche plus la perfection du trait, mais plutôt à lui donner, du caractère, de la force, du corps.”

Noé Two incarne la maitrise du talent, l’originalité d’une alchimie composée de culture urbaine et artistique qui expriment une créativité unique. Une explosion d’émotions et de couleurs pour une nouvelle page de l’histoire de l’art.

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à cette discipline est dépendant de la personne que tu es. Comme dans tous les mouvements culturels ce sont les personnes qui le composent qui sont acteurs de ce mouvement et qui lui donnent vie. Mes valeurs personnelles, c’est surtout le dépassement de soi. Aller toujours plus loin dans la recherche de ton style, essayer d’innover, d’inventer. Etre capable de se réinventer d’un point de vue artistique. Mais le Graffiti est

aussi pour moi le synonyme de belles rencontres, de moments passés entre potes à peindre des murs, vivre des galères, etc. Enfin, c’est le Graffiti qui m’a permis de découvrir le monde. Grâce à lui, il y a eu mes premiers voyages, la rencontre d’autres artistes, d’autres cultures.

Tu es capable de tout faire et tu as su le démontrer tout au long de ta carrière (personnages réalistes ou fantaisistes, lettrages, dimensions, supports) : dans quel domaine te sens-tu le plus à l’aise?Cela dépend des périodes. À mes débuts j’ai beaucoup travaillé sur mes lettrages et des B.Boys extremement graphiques. Ensuite, durant de longues années, j’ai été intéressé par le réalisme en passant par la création de grands portraits. Aujourd’hui, je propose un travail plus personnel en tant qu’artiste peintre. Je me suis éloigné des codes traditionnels du Graffiti classique. Je développe un style très coloré entre réalisme et abstrait. Ce que tu proposes aujourd’hui avec tes animaux et personnages de couleurs mêlés à de la typo marque définitivement une évolution dans l’identité de ton style. Comment en es-tu arrivé là  et comment le définis-tu?Dès le début pour moi, peindre sur toile a signifié apporter «autre chose» et il a été evident qu’il s’agissait d’une peinture qui ne pouvait être que plus personnelle. Après plus de 20 ans passés dans le Graffiti à peindre à la bombe des murs hauts et longs de plusieurs mètres, le passage à l’espace de la toile n’a pas été facile, je me suis alors lancé un vrai défi. Il m’a fallu découvrir de nouvelles dimensions, la toile et des médiums autres que l’aérosol. Rapidement, j’ai fait des recherches abstraites sur la couleur, puis naturellement avec le temps j’ai introduit du figuratif. Progressivement j’ai commencé à me relâcher et à être moins précis, à être plus dans

“C’est le Graffiti qui m’a permis de découvrir le monde”

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l’émotion, la matière, l’énergie…J’ai commencé à frapper mes toiles de coups de pinceaux, de projections de peinture associés à des coulures, des tag au fat cap, etc… Je ne recherche plus la perfection du trait, mais plutôt à lui donner du caractère, de la force, du corps. Ma peinture est une projection mentale, comme si je cherchais à cristalliser un rêve. Dans mes toiles, je tente de véhiculer des émotions fortes, des pensées, des réflexions sur notre société. Représenter des animaux est pour moi le moyen de transmettre des émotions et de poser des questions qui nous renvoient à nos propres conflits intérieurs.

Tu exposes maintenant régulièrement en galerie (tout en continuant de faire des murs). Comment t’est venue cette démarche? Les propos de certains «puristes» ne vont pas dans ce sens, qu’en penses-tu?Chacun est libre de penser ce qu’il veut. Le graffiti est né dans la rue et c’est là qu’il y prend toute sa dimension, son ampleur. Peindre sur toile ce n’est plus pour moi vraiment du graffiti. C’est un travail artistique, plus personnel. Bien sûr, on y retrouve des codes graphiques du graffiti comme le tag, les “throw up”, lettrages,

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B.Boy etc... C’est mon héritage artistique, ma culture. Mais le support et le contexte font que pour moi on ne peut plus vraiment parler de Graffiti.

Que penses-tu du «Street Art»  ?Le Street Art est un terme générique qui regroupe tous les art graphiques qui s’expriment dans la rue (Graffiti, Pochoir,

peinture au pinceau, collage de mosaïque...). Je pense que ce sont les marchands d’art qui ont inventé le terme pour permettre de commercialiser des graffiti d’artistes. Peut-être que ce nouveau terme fait moins «peur», que «Graffiti» plus négativement connoté pour d’éventuels acquéreurs. Et puis avec le temps cela a créé une mode et on a vu naître des artistes dit «Street Art».

Tu t’es également essayé à la sculpture  avec des flops «Noé”. As-tu l’intention de développer cette démarche?La sculpture est le prolongement naturel de mon travail sur toile. Je trouve important de développer ce nouveau support et je travaille actuellement sur plusieurs sculptures qui seront exposées courant 2015. J’ai également d’autres projets artistiques concernant d’autres médiums. A découvrir en 2015, je l’espère, si tout se passe bien.

Quelles sont tes «bibles» du graffiti, de la peinture et dans l’art?Mes Bibles Graffiti ce sont Subway Art et Spraycan Art. Ensuite ce sont des livres sur des artistes que j’aime.

Quels sont tes artistes favoris?Il y en a beaucoup, mais concernant le Graffiti, on retrouve: Mode Two, Seen, Lee, Dondi, Tkid, Cope2... Puis tout courant confondu, il y a: Jackson Pollock, Basquiat, Gustav Klimt, Van Gogh, Lucian Freud, Frank Frazeta, HR Giger, Léonard de Vinci, Michael Angelo, Botero, Matisse…J’ai des goûts plutôt éclectiques.

“La sculpture est le prolongement naturel de mon travail sur toile”

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NOE TWOSite Officiel : www.noetwo-gallery.com

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Quel est ton parcours?J’ai été conçu en mai 68 à Toulouse et je suis parti au Viet Nam peu de temps après ma naissance car mon père est vietnamien et ma mère est française. Mon père avait eu une mention au Bac et obtenu une bourse pour faire ses études en France. Je rappelle qu’à l’époque le Viet Nam était une colonie française comme la Guadeloupe l’a été. Je me considère comme un enfant des colonies et on a ça dans notre sang. Donc en 75, c’est la chute de Saigon, le Viet Nam du Nord prend le pouvoir et à partir de ce moment-là toute ma famille éclate. Je n’avais que 6 ans et ma mère en tant que française a revendiqué le droit du sol pour moi vu que j’étais né en France. Elle travaillait à l’ambassade de France, m’a fait des faux papiers et m’a mis dans un vol pour Paris. Je me suis retrouvé en galère pendant deux mois jusqu’à ce que je retrouve mes grands-parents français qui m’ont choyé pendant six ou sept ans, jusqu’à ce que ma mère et mon père puissent rentrer en France. Mes grands parents habitaient dans le Sud de la France et en tant que réfugié politique j’ai toujours été le «niakoué» des gamins, un étranger qui devait se battre tous les jours. C’est une école de la vie en fait, j’ai appris très vite que tu peux tout avoir aujourd’hui et tout perdre demain, donc il faut profiter le jour même de ce que tu as. Ma mère a eu ensuite un poste à Brazzaville au Congo. C’était un changement radical encore une fois mais cela m’a permis d’ouvrir mon esprit. J’ai eu la chance de voir Kassav là-bas en 82 ou 83 au stade de la Libération pour leur

premier album, c’était mon premier lien avec les Antilles. Au Congo j’ai appris la langue, j’ai eu la chance d’être initié au mysticisme très jeune et de voir des choses incroyables qui m’ont permis de comprendre le vrai pouvoir de la nature. Donc Kongo a été un nom évident pour moi, quand j’ai commencé à rencontrer l’énergie du Hip Hop et à essayer de danser et rapper.

Comment s’est passée cette rencontre avec le Hip Hop ?Cette énergie était impalpable et pourtant elle était là. Nous voulions tous refaire le monde. La culture qu’il y avait sur place ne nous convenait pas, le disco, le funk que je consomme aujourd’hui mais qui à l’époque ne me convenait pas du tout. Le Graffiti est arrivé à point nommé car j’ai toujours dessiné. Je recréais mon monde, commençais par des trucs intergalactiques et qui finissaient en géométrique…

Tu fais également partie des MAC aux cotés de Pwoz et Alien?J’ai integré le groupe en 1988 quand je suis arrivé en France. Ils etaient formés depuis 1984, une bande de potes du Faubourg Saint-Antoine dans le

Kongo est à l’image du festival qu’il a créé: Kosmopolite. Globe-trotter depuis son enfance, il passe de réfugié politique à artiste international dans le luxe en collaborant avec Hermès, mais c’est à Basse-terre qu’il a posé ses bagages.

KONGO

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“Le graffiti est arrivé à point car j’ai toujours dessiné. Je recréais mon monde...”

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11ème à Paris. Moi j’etais le viet-africain qui prenait le Graffiti en pleine gueule. Il y avait Ragtime, Gandy, Juan, Popof, Coran1, Psy, Schave et au cours des voyages et des années le crew s’est agrandit et le nom des MAC résonne au “4 coins” du monde maintenant!

Quelles sont pour toi les valeurs que véhicule le graffiti?La première valeur est la LIBERTÉ. Celle de peindre où tu veux, c’est une énergie positive, un don. J’ai toujours considéré que c’était un acte pour les autres et pas du vandalisme. Aujourd’hui, quand je vois le prix auxquels je vends mes toiles ça me fait bien rire. J’ai rencontré l’ambassadrice de France à Djakarta (capitale de l’Indonésie, ndlr) quand elle a fait un discours pour ouvrir mon exposition et je lui ai glissé à l’oreille: « Tu sais à l’époque la police m’arrêtait et je faisais 36h de G.A.V. et maintenant c’est toi qui ouvre mon exposition.». Elle a rigolé, parce que c’est le paradoxe du Graffiti. Mais c’est un vrai fondement de la liberté, une énergie libre et de la non-propriété. C’est de la peinture gratuite. Aujourd’hui si tu veux aller voir de la peinture, il faut payer un ticket pour aller dans un musée

et voir les peintures de nos anciens. Je n’ai rien contre ça mais en tant qu’artiste contemporain n’ayant pas d’atelier, il faut bien t’exercer, te faire connaître, et le Graffiti a été pour moi la meilleure pub, mais aussi le meilleur don de moi-même envers les autres. Je sers les autres, leur donne une part de bonheur, d’interrogation, une trace pour prouver que je ne suis pas qu’un numéro dans un système auquel je ne crois pas.

Tu dissocies clairement le Graffiti de l’art?Le Graffiti c’est dehors et illégal et le Street Art comme ils ont appellé c’est une école de peinture, une énergie qui est déjà canalisée.

Comment as-tu découvert la Guadeloupe?J’ai d’abord découvert New York qui à mon avis était la capitale de la Caraïbe, maintenant c’est plutôt Miami. ll faut savoir que 80% des graffeurs New-yorkais sont des Antillais. J’y ai aussi découvert que des pas de Hip-Hop était influencés par la Salsa, le Gwoka ou la Capoeira. Finalement c’est un triangle qui est le même que celui de la traite négrière, notre culture vient du même bateau! La première fois que je suis venu en Guadeloupe c’était en 1990, j’ai rencontré des grands frères qui étaient rastas et qui me parlaient de choses qui me touchaient énormément et j’ai vu des gens de mon âge qui eux étaient dans le Dancehall. J’ai commencé à peindre dans la rue et à rencontrer des artsites comme Dalton, N’B, toute l’école du Dancehall guadeloupéen. Et je me suis rendu compte qu’ils étaient plus proches de ma vision du Graffiti et de ce que j’ai envie d’exprimer en tant que fils de colonisé, que celle de Paris.

Le dessin t’a permis de communiquer depuis ton plus jeune âge et pourtant maintenant tu es plus tourné vers les lettrages. Comment l’expliques-tu?Pour moi le lettrage c’est du dessin. Je dessine des lettres. Faire des personnages de BD qui sont bien faits et qui expriment quelque chose, c’est

“...c’est un vrai fondement de la liberté, de l’énergie libre et de la non-propriété. C’est de la peinture gratuite...”

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SAINT-FRANCOISGRAFFITI: L’EXPLOSITION ARTISTIQUE

super, mais un lettrage que tu poses ou que tu décryptes, c’est un travail graphique. A l’époque, nous mettions nos Wild Style, nos lettrages que les gens ne comprenaient pas. C’est la voie la moins facile et la plus originale, celle qui permet d’apporter quelque chose de nouveau. Reproduire une photographie en peinture se fait depuis Poussin au XVIIème siècle… et même depuis les Egyptiens. Réinventer un alphabet qui s’adresse à des gens et qui a du sens c’est totalement autre chose. Un personnage exprime des choses. Les lettres disent des choses. Et graphiquement les lettrages me touchent beaucoup plus que des personnages biens faits. C’est quelque chose que je sais faire mais rien à voir avec Alex ou Pwoz, ils ont un savoir-faire qui est incroyable.

Tu exposes maintenant en galerie (tout en continuant de faire des murs). Comment t’es venu cette démarche? C’est un aboutissement ? Les propos de certains «puristes» ne vont pas dans ce sens, qu’en penses-tu ?Dans le graffiti j’ai fait pas mal de choses, je dirais que j’ai fait un peu le tour de la question. J’ai peins un peu partout dans le monde sur différents types de supports. J’ai développé ma culture ou invité des gens, j’ai accompagné des artistes, j’ai monté un festival (Kosmopolite

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2002, ndlr). C’était bien beau tout cela mais j’ai dû faire un point sur ma carrière et j’ai compris qu’il fallait que je m’occupe de moi, de mon travail. C’était en 2003, j’ai été clair avec mon crew: je voulais développer mon art. Parfois tu

fais pleins de choses mais c’est une fuite en avant. Mes deux questions ont été : qui es-tu et que veux-tu? Une fois que j’ai répondu à ces questions, vu que j’avais de l’énergie à revendre, je me suis concentré sur mes ambitions et j’ai commencé à avoir des opportunités à droite et à gauche. Le coup de chance est arrivé à Hong-Kong. J’étais en train de peindre un magasin et une personne est venue me demander de customiser la casquette de son fils, un Français. J’aurais pu l’envoyer ailleurs mais j’ai dit oui. C’était le directeur de la filiale Hermès en Asie. On a échangé nos coordonnées et il m’a proposé une carte blanche sur une vitrine, rémunérée, billet payé, logé. Je suis donc revenu huit mois plus tard à Hong-Kong pour concrétiser ce projet.Je n’ai jamais été payé autant pour si peu de travail! Quelques mois après Pierre Alexis Dumas m’appelle. C’est le directeur artistique de chez Hermès. Je le rencontre et il me dit qu’il

trouve mon travail intéressant et me propose de faire un carré pour lui. Chez Hermès, iIs m’ont accordé leur confiance pour mon travail sur toile et mon travail de lettreur. Et en deux mois, ce carré était “Sold Out” dans le monde entier! En Asie notamment ils commencent à se rendre compte qu’il y a du Graffiti et que c’est cautionné par des maisons comme Hermès. Je me suis retrouvé donc parachuté “Graffeur de luxe”. Après cela, j’ai commencé à exposer en galerie et depuis 2011, date de ma première exposition solo à Paris, je n’arrête plus. J’ai commencé à comprendre la différence entre le Graffiti et l’art, c’est comme entre la musique et les sound system. Après le choix est simple: je continue à peindre des murs pour avoir des embrouilles tous les deux mois, ou bien je développe mon art pour devenir quelqu’un et prendre de la valeur en tant qu’artiste? Le graffiti est éphémère, c’est quelque chose qui se pratique. La peinture, elle, se construit avec des règles. Et ces règles ne se changent pas facilement, elles reposent sur des fondations créées il y a plusieurs siècles. En tant qu’artiste, je veux être reconnu par ces gens-là. Je suis déjà reconnu par le monde du Graffiti, qu’ils m’aiment ou pas ils me connaissent. Dans l’art je suis un inconnu mais me faire reconnaître en tant qu’artiste peintre serait aussi faire reconnaître le Graffiti!

“Le graffiti est éphémère, c’est quelque chose qui se pratique. La peinture, elle, se construit avec des règles”

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KONGOwww.cyrilkongo.com Facebook officiel : KONGO

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Comment as-tu découvert le Graffiti?Je m’interessais au Graffiti dans les années 80,le vrai détonateur fut quand j’ai vu peindre devant mes yeux Mode 2 et Colt en 1989 dans ma ville Choisy-Le-Roi , lors du bicentenaire de la révolution française.J’ai tout de suite compris que j’allais épouser cet art.

Est-ce que tu dessinais déjà avant ?Oui, j’ai toujours dessiné autant que je m’en rappelle, ma mère a toujours des dessins de moi à cinq ans! C’était comme une thérapie, une évasion, les gens qui dessinent des heures peuvent comprendre ce que je veux dire, tu es seul face à toi-même.

D’ou vient ton nom d’artiste?Je cherchais un nom qui me mettait une sorte de pression, un nom à honorer, Pro me convenait bien et un tag à trois lettres était original à l’époque, tout le monde en avait quatre ou cinq. Le 176 ensuite est en référence à mon année de naissance 1976.

Le Graffiti est une discipline issue du Hip Hop, qui est à l’origine un mouvement culturel alternatif et contestataire. Comment la définis-tu et quelles sont pour toi les valeurs que véhicule le Graffiti ? Le Graffiti était là avant le Hip-Hop. Les gens écoutaient de la Funk, du Rock. C’est bien plus tard que le public l’a associé au Hip-Hop. J’ai travaillé trois ans aux côtés d’un grand artiste américain, Seen, un pilier de la culture Graffiti et

il me l’a souvent relaté, à l’atelier on bossait sous Jazz, Pink Floyd ou Deep Purple! Pas une goutte de Hip-Hop, il était allergique à ça! Moi, j ai perdu ce truc de Paris, de l’associer au Hip-Hop. Mais le Graffiti a toujours été un peu à part, comme le canard boiteux dans une famille, beaucoup plus radical que la musique ou la danse. Toujours vu d’un certain oeil. Après, la meilleure façon de comprendre les valeurs du Graffiti c’est de le vivre ; Vu de l’extérieur c’est très sectaire avec ses lois et ses codes, le vrai graffiti n’est pas fait pour le grand public. Ce n’est vraiment que pour les passionnés, un peu à la manière du freejazz. Mais ce n’est que mon avis.

Tu es capable de faire aussi bien des personnages que du lettrage, dans quel domaine te sens-tu le plus à l’aise?C’est selon les périodes je pense mais j’essaye de jongler avec tout mes atouts, de toute façon j’ai toujours ma ligne directrice et mon univers, les gens me connaissent pour ça. Mais depuis quelques années je maîtrise bien ou je veux aller dans l‘abstrait.

“J’entretiens toujours ce rapport manuel que ce soit avec un crayon, une bombe, un pinceau ou l’aérographe”

PRO176Urbain par essence, Pro a marqué les rues de son style futuriste. Il destructure aujourd’hui ses premières inspirations pour donner à la bande-dessinée une nouvelle dimension.

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Tu as es toujours resté très urbain dans la pratique, est-ce que tu travailles sur ordinateur?Je ne touche pas trop à l’ordi à part les choses basiques, j’ai toujours privilégié le travail à la main, je suis un peintre pas un graphiste. J’entretiens toujours ce rapport manuel que ce soit avec un crayon, une bombe, un pinceau ou l’aérographe, j’adore apprendre de nouveaux trucs et les tester dans la vraie vie sur de la vraie matière. Dans ce monde ultra cybernétique, faire quelque chose de ses mains sera vraiment rare dans le futur, tout est poussé dans le sens de la machine. C’est pour cela que dans mes tableaux tu peux souvent retrouver des rapport au machines ou à des choses mécaniques, les forme de mes lettres sont très futuristes, c’est un sujet que je creuse.

Après le travail à la bombe, tu travailles maintenant la peinture sur toile avec également des Poskas…Je travaille à l’acrylique et au pinceau principalement sur toile. C’est une autre façon de travailler que sur des murs.

Ce que tu proposes aujourd’hui avec tes personnages de comics déformés marque définitivement une évolution dans l’identité de ton style. Comment en es-tu arrivé là et comment le définis-tu?Je cherchais une manière de pousser l’art de la bande dessinée et le faire évoluer vers un résultat abstrait tout en gardant l’essence du comics. J’ai commencé à lire des comics

américains très jeune, ma mère m’achetait des “Strange” (bande dessinée en kiosque dans les années 80), j’ai commencé à les recopier dès l’âge de 6 ans. Cet univers m’a toujours suivi à vrai dire, il fut normal que je m’en serve, le développe pour en faire ma force dans le graffiti donc le basculement sur toile fut logique, je l’ai fait évoluer dans une forme abstraite sur ce nouveau support.

Tu exposes maintenant régulièrement en galerie (tout en continuant de faire des murs). Comment t’es venu cette démarche? Les propos de certains «puristes» ne vont pas dans ce sens, qu’en penses-tu?C’est la continuité de ma carrière je pense, et je n’ai jamais cherché à rentrer en galerie, ça m’est arrivé dessus comme beaucoup de choses de ma vie. Je pense que le travail reste la clef, les gens ne prêteront attention à toi que par l’énergie que dégage ton travail. Je prend cela comme de la boxe, je suis prêt à tout moment et m’entraine sans relâche six jours sur sept! Je suis plus souvent à mon atelier que chez moi. Pour ce qui est des propos des «puristes», ce n’est pas mon problème, je suis ma route, aucun d’eux ne me donne a manger. J’ai confiance dans ma peinture.

Que penses-tu du «Street Art» ?Le même sentiment que ma réponse précédente, ce n’est pas mon combat. Chacun s’exprime dans la discipline qu’il a choisie. C’est un peu comme le foot et le rugby, le graffiti et le street art, c’est le même terrain, la même pelouse, il n’y a que les buts et les règles qui changent!

Tu as sorti un livre récemment, est-ce que c’est ta contribution à l’histoire de l’art ?Déjà ce fut un accomplissement personnel après 25 ans de graffiti, il fallait que je fasse le point et dévoile un peu mes archives au public, j’ai commencé en regardant Mode2 peindre et

“Je cherchais une manière de pousser l’art de la bande dessinée et le faire évoluer vers un résultat abstrait...”

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c’est lui qui a fait la préface de mon livre, c’est un honneur et aussi un moyen de boucler un cercle. Dans le graffiti j’ai créé un style, une façon de peindre, il fallait laisser une trace et ce livre est le meilleur moyen. De plus, le livre contient plus de 250 pages, des interventions d’autres artistes, beaucoup de grandes photos et toutes les disciplines et supports sur lesquels j’ai pu peindre. Ca va du métro à la sculpture sur bois. J’ai essayé de faire un ouvrage très complet qui me représente bien même pour les personnes novices à cet art et à mon style.

Quelles sont tes ouvrages de référence graffiti et dans l’art?Le premier livre qui a changé ma vie fut Spraycan Art, j’ai mis la main dessus lorsque j’avais 13 ans, toute ma jeunesse j’avais lu des Comics et là je découvrais quelque chose de différent mais avec des similitudes, comme les gros à-plats de couleurs, les onomatopées... Croiser les deux univers était mon but.

Quels sont tes artistes favoris ?Jack Kirby, Dondi, Moretti, Moebius, Drouillet, Kandisky, Picasso, Adami, Romita… J’en ai beaucoup qui me viennent en tête !!!

Est-ce que tu vis de ton art ?Oui je vis de ma peinture, c’était le but que je m’étais fixé depuis le départ, réussir à devenir mon propre patron, faire de ma passion mon métier, me lever avec un but bien précis. Dieu m’a donné le don de savoir dessiner, j’ai toujours su que c’était mon arme dans la vie et un moyen de communiquer très fort. Je ne voulais pas gâcher cela et aujourd’hui j’en récolte les fruits. Mais je suis conscient que c’est un privilège car avant j’ai toujours travaillé dans des emplois qui ne me plaisaient pas et qui empiétaient sur mon temps et ma créativité.

Quel regard portes-tu sur ton parcours ?Beaucoup de détermination et de travail acharné sans relâche, l’envie à chaque fois de progresser, de passer les paliers. Après chaque

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journée est une nouvelle étape, je ne vis pas dans le passé, mais je sais que j’ai fait les bons choix dans mon parcours.

Quel regard porte ton entourage sur ton art? Mes proches sont fiers de moi et apprécient ma peinture, tous ces efforts ne furent pas vain.Mais la vie, c’est comme un bateau, rien n’est stable, je dois maintenir mon cap, je ne sais pas

de quoi sera fait demain. Tant que la peinture me fait vivre je mets toutes mes forces dedans.

Es-tu déjà venu peindre en Guadeloupe ?Non, mais en Martinique en 2004, je suis parti dans la famille d’un ami proche, j’ai beaucoup apprécié et même graffé quelques murs du côte de Fort de France.

Tu es également rappeur. Où en est ta carrière?J’ai arrêté la musique en 2009, pour me consacrer à 100% à ma peinture, je ne trouvais plus de plaisir dans le fait de faire de la musique, malgré le fait que j’en écoute toujours autant, mais la peinture m’est vraiment vitale et je ne pouvais plus couper mon énergie dans deux disciplines différentes, il fallait faire un choix.

Quels sont tes projets ? Je vis au jour le jour, tout ce que je sais c’est que je vais toujours intensifier mon travail en galerie, exposer à l’étranger, gagner encore plus de technique sur toile, toujours peindre quelques murs, développer le travail en volume aussi, c’est mon objectif pour 2015 .Sinon mon livre Cosmonometry est toujours disponible sur mon site www.cosmonometry.com.

“J’ai arrêté la musique en 2009 pour me consacrer à 100% à ma peinture, je ne trouvais plus de plaisir à faire de la musique...”

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PRO 176Facebook officiel : Profécy

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Comment as-tu découvert le Graffiti?Dans la rue en Gwada avec un graffeur qui s’appelait Groove, j’avais 13 ans. Et ensuite j’ai commencé avec des potes de classe Tysmé et Xela mais de mon coté j’ai toujours dessiné. Comme beaucoup de Guadeloupéens je n’ai pas eu d’autres choix que d’aller Paris pour étudier le Graffiti. Apres vive la technologie car tu peux aller partout dans le monde.

D’ou vient ton nom d’artiste?Du fait que je peigne des fresques contemporaines et en général qui te sortent de ton quotidien c’est une façon de peindre de la poésie.

Tu fais partie d’un crew?Je fais partie de pleins de groupes. Au fil de ta vie tu rencontres des gens et des liens se créent: A.E.M., M.A.C. Raw, D.K.A., T.N.B., B.A.D., K.D.

Quelles sont pour toi les valeurs que véhicule le Graffiti ?Il véhicule la liberté d’expression. Je suis pour que les gens vivent tranquilles, en paix avec eux-mêmes. On vit dans un système dirigé par les valeurs d’un dessin sur un bout de papier: l’argent. Et savoir dessiner me donne du recul sur la stupidité des hommes pour ces dessins-là.

Dans quel domaine te sens-tu le plus à l’aise?Dans tous les domaines. C’est mon passe-temps qui est devenu mon métier. Je peins parce que j’aime dessiner et je tatoue aussi. Je

trouve que la peinture à la bombe est adaptée à l’échelle de nos grandes villes. C’est marrant les mecs qui arrivent à faires des façades d’immeuble au pinceau, mais je trouve que c’est une perte de temps et d’énergie. Moi, je suis plutôt fainéant donc c’est clair qu’avec la technologie des aérosols pas de nettoyage de pinceaux comme à la maternelle (rires).

Tu as été un pionnier dans la réalisation sur des bâtiments en Guadeloupe? Est-ce que tout est légal ?Oui, j’ai été le précurseur de décoration de façade d’immeuble entière en Gwada. Cela a mis 15 ans de négociation et de sacrifices pour que les institutions admettent que cela changeait la vie des gens. Et maintenant, je peins des bâtiments un peu partout et c’est bien entendu légal. C’est un travail de décoration. Je n’appelle pas cela du Graffiti mais de la fresque murale. Je préfère peindre pour payer mes factures plutôt que de travailler comme un esclave pour un magasin pour qui je ne représenterai qu’un salarié. Ces projets sont venus de la part des habitants eux-mêmes qui en ont assez de vivre dans la précarité et pour ma part parce que je trouve que cela a un coté décoratif et éducatif.

“Je n’appelle pas cela du Graffiti mais de la fresque murale”

PWOZPwoz est une figure emblématique du Graffiti guadeloupéen depuis plus de 20 ans en illustrant avec justesse le quotidien et les richesses locales pour en faire un vrai patrimoine. Il est aujourd’hui installé à Tahiti où il a ouvert un salon de tatouage.

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Est-ce que tu t’épanouis dans l’expression de ton art ?Je pense que les cuisiniers ou bien les pompiers sont aussi contents que moi dans la vie. Il ne faut pas se mentir sous prétexte que cela ne rapporte pas trop d’argent, certains ne font pas les choses qu’ils aiment. Je ne fais pas partie de ceux-là, je vis ma vie pleinement en sachant que je ne suis pas éternel. Je dois kiffer chaque seconde sinon je me tire une balle et je passe à la prochaine partie.

Que représente l’aboutissement pour toi?Vivre ma vie sans me faire suer avec des trucs que je n’aime pas. La vie est faite pour être vécue et non pas pour être subie. Les gens qui se plaignent alors qu’ils n’ont jamais galéré ou fait de sacrifices. On a rien sans rien dans la vie. Pour moi la vie est un jeu vidéo, il t’arrive ce qui doit en fonction de tes choix ou sacrifices.

Est-ce que tu aimerais exposer en galerie?Oui, bien entendu, mais je pense que je suis trop jeune encore pour les galeries. Dans la vie

tout est possible il suffit de faire des sacrifices et de vouloir en faire surtout. En ce moment je vis à Tahiti où j’ai ouvert un Tattoo Shop et je travaille dans le monde entier. Je n’aurais jamais cru cela possible et pourtant…

Comment définis-tu ton style?Contemporain. J’essaye juste de rendre le quotidien moins triste.

Que penses-tu du « Street Art » ?C’est la nouvelle appellation marketing du Graffiti. Graffiti ne suffisait plus comme mot pour rentrer dans les galeries et faire croire aux gens qu’ils peuvent investir sur ces jeunes qui à l’époque salissaient les murs et qui maintenant font de l’art!

Quelles sont tes «bibles» dans l’art?Je n’en ai pas. Ta bible c’est ce que tu décides en fonction de tes goûts, tes convictions et croyances. Je suis Rastaman, la créativité est dans la richesse de la nature.

Tes artistes favoris?Hokusai, Dali, Serpieri, Mucha, Loomit

Quel regard porte ton entourage sur ton art? Je n’en ai aucune idée mais je pense que cela ne les dérange plus maintenant que je ne fais plus rien la nuit.

Est-ce que tu vis de ton art ?Oui, je vis de la seule chose que je sache faire. “Jah bless me” car je n’ai pas de démarche commerciale afin de promouvoir mon travail, seul le travail paye. Lorsque l’on désire quelque chose il suffit de se battre pour y arriver. L’important est de toujours rechercher le meilleur en soi.

Quels sont tes projets? Pouvoir continuer à manger de mes dessins chaque jour de ma vie et mourir en paix avec moi-même.

“Je suis un Rastaman, la créativité est dans la richesse de la nature”

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GRAFFITI: L’EXPLOSITION ARTISTIQUE

PWOZFacebook officiel : PWOZ

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Quand et comment as-tu découvert le Graffiti? J’ai découvert le Graffiti en marchant dans les rues de Pointe-à-Pitre pendant les années 90.A cette époque, le Graffiti et le tag étaient en plein essor ici et ce jusqu’en 1996. Il y avait de la compétition entre les quartiers ou les rues partout dans la ville. Et une fois, alors que je me promenais dans le quartier des Lauriers, j’ai rencontré Warner, Chris et Doogy qui étaient en train de peindre une fresque. C’était une opportunité car en général ils peignaient la nuit, et entre voir une œuvre et la voir prendre forme il y a une grande différence. J’ai totalement adhéré aux lettrages, à l’association de couleurs qui était complexe à mes yeux à cette époque. Car quand tu es habitué aux crayons et que tu découvres un nouvel outil c’est toujours passionnant et intéressant. Tu expérimentes. Il y avait aussi une hiérarchie à respecter, on ne venait pas peindre comme ça car il fallait respecter la hiérarchie et les quartiers.

Est-ce que tu dessinais déjà avant le Graffiti ?Oui, mais de manière autodidacte, je n’ai pas fait d’école d’art. Je dessine depuis très jeune. J’ai beaucoup été inspiré par les Marvel (Comics Book) et Dragon Ball Z (Manga).

D’ou vient ton nom d’artiste?C’est par rapport à l’idéologie du jeu vidéo, qui représente un labyrinthe avec des obstacles à surpasser pour réussir et gagner … C’est une métaphore de la vie.

Tu fais partie d’un crew?Je fais partie du groupe A.E.M. (Artiste En Mouvement) depuis 1993, et qui a été créé en 1989 par Warner et Chris. D’autres noms ont défilé dans ce groupe mais c’est vieux tout ça… Les piliers sont restés, Doogy, Clek, Pwoz, Toon, Warner et moi-même Pacman. Nous sommes tous des vétérans avec une partie qui est en France et le reste en Guadeloupe.

Quelles sont pour toi les valeurs que véhicule le Graffiti ?Je suis assez nostalgique de l’ancienne époque, il n’y avait pas d’Internet alors. Je me souviens que pour être à la page de ce qui se passait en métropole au niveau Graffiti nous profitions des amis qui avaient l’opportunité d’y aller et qui nous rapportaient des magazines comme Radikal, R.E.R. ou tout autre magazine qui était affilié à l’art urbain. Il n’y avait pas grand-chose mais c’était fait avec une vraie énergie. Je me souviens aussi de sessions dans les cités où les amis dansaient sur des bouts de cartons dans la cage d’escalier alors que d’autres gribouillaient

“Je me souviens aussi de sessions dans les cités où les amis dansaient sur des bouts de cartons dans la cage d’escalier...”

Né en Dominique, il grandit entre la Guadeloupe et Marie Galante avant de découvrir le Graffiti dans les années 90. Il fait désormais partie du paysage local avec ses réalisations sur les bâtiments de Pointe-à-Pitre.

GRAFFITI: L’EXPLOSITION ARTISTIQUE

PACMAN

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un dernier lettrage, l’échange permettait la performance. Aujourd’hui cela a changé, les gens téléchargent Photoshop et ils te disent qu’ils sont infographistes, on perd cette valeur Hip-Hop classique et c’est dommage. Il y a des disciplines dans l’art urbain qui ne sont plus aussi authentiques qu’avant, même si il y a toujours des puristes. Dans le rap par exemple, il n’y a plus beaucoup de rappeurs à part peut-être Kery James que j’apprécie toujours autant parce qu’il est toujours bon et qu’il ne change pas, mais on les compte sur le bout des doigts que ce soit dans le Rap US ou français. Au niveau Graffiti, à part les anciens qui sont toujours là, la nouvelle génération ce n’est pas ça du tout. On essaie de donner des bases mais ils veulent pousser plus vite que d’autres. L’époque a changé, avant moi il y avait des choses et après moi il y en aura aussi. Maintenant, il faut savoir comment le jeune aujourd’hui qui veut se lancer, ou qui est passionné de l’art urbain et ce quelque soit la discipline, va garder cette authenticité que nous avions à l’époque.

Est-ce que tu fais encore de l’illégal ?Beaucoup moins, c’est sûr. Car quand on grandit, on a des priorités et comme tout graffeur sur le circuit, quand on a des choix à faire et que cela devient notre quotidien professionnel. On a forcément moins le temps pour la rue mais dès qu’il y a une occasion moi je dis toujours oui.

Comment définis-tu ton style ?Je dirais plutôt entre le réalisme et la BD, en passant par des messages de rappel dans notre société.

Le message est important pour toi? Bien sur que c’est important. Mais tout artiste quel qu’il soit, chanteur, danseur ou peintre ont tous un message. Maintenant chaque artiste a son style et son regard sur la vie de tous les jours dans le monde. C’est la manière dont il divulgue le message qui définit sa pertinence. Parce que si l’on regarde le message des graffeurs dans les pays qui sont en guerre, ce sont des messages de liberté et dans d’autres comme à Londres ou New York, c’est artistique. Cela change selon l’emplacement géographique, et la vie de chacun dans ces endroits. Moi je suis plus dans les personnages et dans d’autres choses qui peuvent toucher.

Tu es plus sur les personnages que sur le lettrage…Oui et depuis mes débuts. Avant tout le monde était dans les lettrages, et très peu dans les personnages réalistes. Quand j’ai rejoint A.E.M. tout le monde faisait des petits B-Boys et des lettrages. Et lorsque nous allions sur les terrains vagues ou lors de manifestations il fallait se démarquer, j’ai donc décidé d’aller dans des choses un peu plus techniques. Dans A.E.M. il n’y avait que Doogy et moi qui nous attaquions à cette partie-là alors que Clek était plus dans le “vandal” et que les autres faisaient des lettrages. Chacun avait une tâche, et c’est d’ailleurs pour cela que lorsqu’il y avait des émissions télé ou des festivals, c’était Warner et moi. Parce que ce que nous exploitions comme direction était plus commerciale, ça ne choquait pas, nous rentrions plus dans les mœurs. En tant que crew, nous étions assez complémentaires et c’est ce qui nous a permis d’évoluer aussi, à l’image d’un groupe de danse, avec un qui danse debout, un au sol, d’autres avec des figures. Du vandal, j’en ai fait quelques-uns comme ça même si je n’étais pas plus fort que d’autres, mais il faut au moins en faire un ou deux quand-même.

“Chaque artiste a son style et son regard sur la vie de tous les jours dans le monde”

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GRAFFITI: L’EXPLOSITION ARTISTIQUE

Il y a aussi le Toy, on ne «toyait » pas les gens comme ça, on allait les voir et si il fallait clasher quelqu’un on y allait à coup d’artistique… Ce n’était pas un trait! C’était la performance, le vrai clash! Et c’est ce qui nous permettait aussi de progresser encore… Comment est né le projet sur les bâtiments de Pointe-à-Pitre ?Cela rentre dans un cadre professionnel. Ce qui s’est passé politiquement parlant, que ce soit au niveau des mairies, de la région ou même des gens qui habitent dans les cités est qu’ils se sont rendus compte que leur quartier était sale, que personne ne respectait rien. Et il y a eu une démarche dans les quartiers sensibles pour embellir l’environnement. Mais avant que nous peignions des fresques sur plusieurs étages (la seule personne qui peignait sur de telles surface c’était «Groover»), c’était limité à quelques lettrages que nous faisions lors de fêtes de quartiers ou autres journées organisées par des associations. Au fil des

années, ils se sont rendus compte que cela ne servait à rien, car un gars graffait là mais n’était peut-être pas du quartier alors son graff était effacé. Il ne faut pas oublier qu’à cette époque, le graffiti était encore très mal vu, c’était un vrai frein pour nous exprimer. Nous pouvions avoir de beaux discours, quand nous prononcions Graffiti, le cliché de dégradation et l’association à la délinquance ou à la violence était présent. Ils ne cherchaient pas à comprendre la beauté de la réalisation. Et ce n’est que plus tard qu’ils sont partis dans les fresques, en commençant avec Pwoz, puis au fur et à mesure ils ont vu que ça tenait, que politiquement ça passait, que les jeunes, les vieux, le maire appréciaient. Puis nous avons mis des programmes en place et jusqu’à maintenant cela se passe bien.Ca fait du bien aux gens, ils retrouvent un peu de joie, de couleurs dans leur cage d’escalier. Je ne sais pas pour les autres artistes, mais pour ma part j’essaie de toujours prendre en compte les attentes de ceux qui y habitent. Il faut rester lucide sur ce que les gens veulent.

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Est-ce que tu aimerais exposer en galerie?Je suis actuellement en train de sonder cet aspect d’expression, mais je ne veux pas faire comme mes collègues. Je ne veux pas aller en France ou à Londres pour aller dans m’exposer dans les endroits à la mode et pourtant j’ai déjà eu des propositions. Je suis plus intéressé par la Caraïbe. Je ne veux pas oublier d’où je viens et avec les artistes qu’il y a en Guadeloupe il y a de quoi faire. Il faut juste casser cette chaîne de dire qu’il n’y a jamais rien. C’est clair qu’il y a des choses ailleurs et très peu ici mais nous pouvons les créer nous-mêmes. J’étais à la Dominique au mois de juillet pour une action humanitaire où mon rôle consistait à aller peindre chez les pauvres. Je frappais à la porte de leur case pour leur proposer de mettre de la couleur dans leur maison et pour moi c’est ça le graffiti, cet échange humain. C’est

ma vision personnelle, pour moi le graffiti ce n’est pas juste un aérosol dans les mains et placer un lettrage. Il ne faut jamais oublier qu’un graffeur comme un autre artiste a toujours une histoire. On a tous une histoire difficile, un vécu, et c’est le Graffiti qui a été notre thérapie. Il nous a aidé dans tout, boire, manger, être perçus autrement et êtres respectés par les gens. L’artiste qui tient la bombe doit faire ce qu’il faut pour faire apparaître ce qui doit être. Je ne dois pas ma vie à un diplôme mais au Graffiti , et ce qu’il a fait pour moi je peux le transmettre aussi à quelqu’un qui vit quelque part dans un ghetto ou ailleurs. Et quand je dis transmettre, ce n’est pas que tout le monde devienne graffeur, l’idée est de transmettre la joie que j’ai mis dans le graffiti.

C’est en rencontrant, en échangeant que l’on est dans l’urbain, cette interaction permanente. Pour résumer, le Graffiti ce n’est pas que prendre une bombe pour peindre deux trois pièces et faire des expositions, il y a tout le coté pédagogique avec ses codes. Ce sont les gens qui créent les lieux et pas l’inverse donc je crois en la Caraïbe et c’est ce que j’enseigne à mes élèves puisque j’enseigne aussi pour les bacs professionnels dans le domaine artistique au lycée du Lamentin.

Que penses-tu de l’évolution du «Street Art»?C’était mieux avant, par rapport à la relation humaine. La confiance et la parole suffisaient pour mettre de l’ordre… Mais à part cela nous avons beaucoup évolué techniquement et les gens acceptent mieux aujourd’hui le Street Art.

Quelles sont tes ouvrages de références dans l’art?Il n’y en a pas vraiment, surtout aujourd’hui. Mises à part les bases classiques du dessin, il faut laisser agir nos idées et nos émotions. Maintenant il y a Internet, tout va très vite. Pour ma part je pense qu’il faut juste avoir Dieu dans sa vie spirituellement parlant, et le laisser guider ta vie.

Quels sont tes artistes favoris? Loomit, Daim, Shadow et Noé Two.

Est-ce que tu vis de ton art?Oui, je vis de mon art sans problème grâce à Dieu merci.

Quel regard porte ton entourage sur ton art? Il sont très contents et ravis de ce qui se passe dans ma vie avec le Graffiti.

Quels sont tes projets?Continuer d’embellir les cités et préparer ma prochaine exposition dans la Caraïbe.

“Ce sont les gens qui créent les lieux et pas l’inverse donc je crois en la Caraïbe...”

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PACMANSite officiel: www.alpacman-gallery.com

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Comment as-tu découvert le Graffiti? Ma première rencontre avec le graffiti, a dû être à la télé, avec un documentaire sur l’avènement du Hip Hop à New York. On y voyait des danseurs, des Djs, des rappeurs et évidemment des graffeurs. Ca a été un électrochoc pour moi. Et jusqu’à aujourd’hui cela a eu une incidence plutôt positive sur ma vie. C’était aux alentours de 1984, on était comme des fous. C’était nouveau, dynamique et tellement différent de ce que l’on pouvait voir à l’époque. Bon, c’est vrai qu’avec le recul, quand tu regardes certains clips ou documentaires, ça a un peu vieilli mais il se dégageait une réelle énergie à l’époque.

Est-ce que tu dessinais déjà avant le Graffiti?Bien sûr! D’aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours dessiné. Mon premier fait d’armes, une reproduction de coupe de corps humain copié dans un dictionnaire. J’avais environ 6 ans, mes parents étaient scotchés! Par la suite, je me suis orienté vers la BD pendant mon adolescence, puis le graff est arrivé..

D’ou vient ton nom d’artiste?Je ne sais plus trop… Je cherchais un nom sympa, qui sonnait bien à l’oreille et qui s’écrivait bien aussi. J’ai eu pluseurs pseudos au début : Spider C, Drayton, puis enfin Obsen. Cela sonne mieux, on est d’accord?

Tu fais parti d’un crew ?Je fais partie de plusieurs crews. Dans l’ordre, 196 NBA, VHS, MFC, 219, CP5, RAW, WAB. Je sais, ça

fait un peu beaucoup, mais dans ce milieu, on a tendance à intégrer des crews au fur et à mesure des rencontres et collaborations. Mais mes deux groupes principaux sont RAW et CP5.

Le Graffiti est une discipline issue du Hip Hop, qui est à l’origine un mouvement culturel alternatif et contestataire. Comment le définis-tu et quelles sont pour toi les valeurs que véhicule le Graffiti ?Pour commencer, il y a de nombreuses théories concernant le Graffiti quand à sa relation avec le Hip Hop. En fait le graff est né bien avant le Hip Hop mais il a émergé en même temps médiatiquement parlant. D’où une association entre ces deux mondes. Cela dit, quelques ténors et précurseurs de graff n’ont rien de Hip Hop. Seen par exemple, considéré par beaucoup comme le “godfather du graff” est un amateur de rock. D’autres sont issus du punk ou d’ailleurs, pas que du Hip Hop. Et à en observer la génération actuelle, ça part dans tous les sens. La mainmise du Hip hop sur le graff est de plus en plus floue on va dire.

“...Le graff est né bien avant le Hip Hop mais il a émergé en même temps médiatiquement parlant”

A 45 ans, il fait partie de la première génération de graffeurs qui a su évoluer avec ses outils pour guider son talent. De l’aérosol à la souris en passant par le dermographe. C’est son état d’esprit qu’il met aujourd’hui en ligne avec son réseau social W4nkr.

GRAFFITI: L’EXPLOSITION ARTISTIQUE

OBSEN

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Comment expliques-tu que tu sois plus porté sur le lettrage?Par paresse! En début de “carrière” je ne faisais que des personnages. Je ne savais faire que ça d’ailleurs. J’étais super nul en lettres. Et un jour, j’ai eu le déclic. Le travail de la lettre a quelque chose de très enrichissant. Cela demande une recherche conséquente et cela demande de l’acharnement et de la créativité pour se démarquer des autres. Quand quelqu’un te dit : “mec, je regardais tes lettres quand j’étais plus jeune, ça m’a beaucoup influencé!”, ça fait plaisir.

Comment définis-tu ton style ?Mon style est polymorphe, c’est à dire que je n’ai pas de style propre. Mes lettres alternent entre formes anguleuses et arrondies. Et puis j’ai eu plusieurs périodes : les lettres basiques en chrome, les couleurs, les lettres à inspiration thaïlandaises… Aujourd’hui je me consacre essentiellement au style que l’on pourrait qualifier de néo-cubique. Des lettres en aplat, sans contour, se chevauchant par mélange de couleurs. Je me reconnais bien là-dedans. C’est vrai que c’est à des années lumières du graffiti originel, mais je pense qu’il y a tant à explorer. Alors pourquoi ne pas sortir des terrains battus?

Que penses-tu du «Street Art» ?C’est un terme générique qui veut tout dire et rien à la fois. C’est de l’expression murale? De l’expression urbaine? Sauvage? Spontanée? Personne n’en sait rien, c’est un terme inventé par les galeristes pour vendre. L’art de vendre du graff à des gens fortunés sans qu’ils aient l’impression d’en acheter. C’est un emballage

en fait. Concernant certains artistes street art, il y a évidemment Banksy, la méga star, qui quoiqu’on en dise véhicule un message intéressant. Même s’il fait dans la manipulation et le secret (on ne sait toujours pas qui c’est), je pense que c’est un des artistes dont les générations futures se souviendront parmi quelques autres.

Quels sont tes ouvrages de références dans l’art et dans le graffiti?Je ne sais pas trop. Je possède quelques bouquins, mais aucune référence forte. Il y a évidemment le combo Spraycan Art et Subway Art, qui demeurent des incontournables, sinon je ne vois pas trop. Et puis je n’achète pas de livres de graff. Tous ceux que je possède m’ont été offerts! Je suis plus branché bouquins de graphisme, de photos et de tatouages. Je sais, je suis un traitre à la cause!

Quels sont tes artistes favoris dans l’art et dans le graffiti?Des préférés, je n’en ai pas, même si le travail de certains m’impressionne. Je fais référence à Lek avec son style torturé et architectural, Delta (Boris Tellegen), Bates à l’époque, mon pote Poch, pour la précision, Jayone, Lokiss, mais bon la liste est longue.

“Aujourd’hui je me consacre essentiellement au style que l’on pourrait qualifier de néo-cubique”

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FOCUS GRAFFITI: L’EXPLOSITION ARTISTIQUE

Tu as toujours travaillé sur ordinateur, ce qui t’a permis de transposer ton univers graphique sur différents supports du type Street Wear avec Badguyz, les magazines sur Track List et Get Busy, sur des pochettes d’album, aujourd’hui chez Trace… Tu as même réalisé un DVD sur lequel tu as animé ton univers (Still Free) et aujourd’hui tu reviens avec des toiles issues de ton travail en 3D sur ordinateur… Avec quel outil te sens-tu le plus à l’aise, avec une bombe ou une souris dans les mains ?Avec le manque de pratique de la bombe, vu la “dispersion” artistique dont je fait l’objet, je dirais que la souris est l’outil que j’utilise le plus. Le danger: une virtualisation de ton travail. Cela reste numérique, en somme, sans vraiment de résonance dans le monde réel, enfin si peu. J’aime peindre à la bombe, mais je n’en ai plus trop le temps, malheureusement.

Tu t’es également lancé dans le tatouage, tu as besoin de t’exprimer sur différents supports?Le tatouage, c’est un des aspects de ma folie. Une petite passion. J’aime toucher à tout. Le tatouage ça me trotte dans la tête depuis des années. Le coté “home made” surtout. Je sais, c’est mal d’après certains pros qui voient ça d’un mauvais oeil, mais je n’en fais pas un business. Cela a été l’occasion pour moi de me remettre au dessin plus traditionnel, ça m’a changé du graff et ça m’a fait un bien fou. Je suis fan de dessin japonais et de tattoo old school… Je n’encre que des proches (famille et amis) dans les conditions d’hygiènes adéquates en plus, donc que demande le peuple? J’y suis venu après être allé à un mondial du tatouage au Jardin d’acclimatation. J’ai eu un déclic. Voir les mecs bosser, ça m’a parlé de suite. Quelques années plus tard, j’ai investi

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dans du matos. Deux bécanes, une traceuse et une ombreuse. Un kit un peu “cheap” trouvé sur le web. J’ai commencé avec ça. Je me suis orienté au départ sur du cheap pour savoir si ça me plaisait vraiment. La tenue, l’objet, le bruit, tout ça… Cela a donné lieu à des séances assez cocasses, mais concluantes. Du coups, j’ai accroché. De fil en aiguille (c’est le cas de le dire!) j’ai investi dans du matos pro. Je ne pique pas trop en ce moment mais je vais m’y remettre sous peu. J’ai un peu hâte, d’ailleurs...

Tu es actuellement sur le lancement d’un site réseau social alternatif ? Peux-tu nous présenter le projet ?Alors là, c’est mon “big projet” du moment! Cela s’appelle W4NKR (prononcer wanker, branleur en anglais), j’ai conscience du fait que le nom en rebute certains, mais c’est à prendre au second degré avant tout. Car à y regarder de plus prêt, on a tous un coté branleur en

nous, mais ça ne nous empêche pas de mener à bien certains projets, faire face à nos responsabilités, innover dans nos disciplines respectives etc… L’idée est donc de créer une communauté libre et créative a partir d’un réseau social. Le projet peut paraitre un peu fou quand on pense à l’énergie et les moyens nécessaires à la mise en place de ce genre de truc, mais j’y crois! Je crois au potentiel de ce projet. L’idée est de proposer une alternative et pas d’entrer en conccurrence avec Facebook, car c’est impossible! Une place dans laquelle les problèmes liés aux données personnelles seraient exclus, un lieu d’échange ou la notion de censure ne serait pas la même, un lieu qui remplirait sa fonction première : rassembler les gens! Bref, vaste projet qui soit dit en passant sera accompagné d’un magazine papier mettant en avant des profils intéressants croisés sur le site. Pour ceux que ça intéresse, les pré inscriptions se font ici : www.w4nkr.fr

Quel regard porte ton entourage sur ton art? Un regard plutôt bienveillant. J’ai eu la chance tout au long de ma vie d’être plus ou moins soutenu par ma famille. Il faut savoir que c’est mon père qui m’a transmis l’amour du dessin. Quand j’étais tout petit, mon père griffonnait un peu. Ca m’a donné le virus, mais il a arrêté, je ne sais pas pourquoi. Toujours est-il, ma famille, mes proches, me soutiennent dans mon action, et ça je crois que c’est important. Même s’ils pensent que je suis un peu cinglé. Ce qui est le cas!

Quels sont tes projets ?J’en ai plein en tête, mais je n’aurai pas assez de toute une vie pour tous les tester ou les réaliser. Et puis soyons réalistes, le principal frein aux projets, c’est le manque de moyens financiers. Même si on est débrouillard, l’argent permet tout de même de faire avancer les choses. Mais pour l’heure, je me consacre pleinement à w4nkr. Un pas à la fois!

“L’idée est de proposer une alternative et pas d’entrer en conccurence avec Facebook...”

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FOCUS GRAFFITI: L’EXPLOSITION ARTISTIQUE

OBSENSite Officiel : http://obsen.bigcartel.com www.w4nkr.fr

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Comment est né 4KG?C’est une rencontre entre Myki (du crew NDA) Tryspa et Nywo (du crew TSA) et Yeswoo (du crew BAC de Rennes) qui se décide de passer du statut de collectif à celui d’association.

Que signifie 4KG ?4 Kouleurs Grafik, en référence aux quatre couleurs utilisées dans l’imprimerie : le cyan, le magenta, le jaune et le noir.

Comment avez-vous découvert le Graffiti ?Une passion commune pour le dessin, avec un environnement impacté de productions graffiti (murs, terrains vagues, ghettos, MJC) laissées par les pionniers et avec comme seule lecture nourrissante les fanzines, les magazines de culture urbaine et de musique internationale. A force de regard et d’appréciation, l’envie de peindre est devenue une motivation à part entière.

Est-ce que vous êtes tous des autodidactes, ou bien certains suivent des cursus scolaire dans le domaine de l’art?Oui nous le sommes tous, sauf Nywo qui suit un cursus d’arts Appliqués.

Le Graffiti est une discipline liée au Hip Hop. Quelles sont pour vous les valeurs qu’il véhicule?La musique et plus précisément le Rap est pour nous un lien fédérateur, qui rythme nos moments de création, nos sessions de travail. Dans nos peintures on utilise des visuels d’acteurs emblématiques de la scène

Hip-Hop US qui pour nous véhiculer des messages positifs (Zulu Nation, Peace, Love & Unity). Notre positivité vient aussi des nos compositions chromatiques et formelles.

Comment définissez-vous votre identité artistique ?Notre identité est avant tout notre nom et celui-ci résume déjà notre état d’esprit «4KG», 4 couleurs identifiables, 4 personnes, 4 styles pour un résultat en toute unité avec un grande dose d’improvisation.

Comment êtes-vous arrivés à peindre pour les communes?C’est la sollicitation de notre entourage qui nous a permis d’ouvrir notre champ d’action avec des productions sur des murs abandonnés et stratégiquement bien placées (abris bus, mur de soutènement en bordure de route).

Que pensez-vous des expositions en galerie?C’est une bonne chose d’exposer des œuvres en galerie car ceci est une autre manière de se montrer et de toucher un autre type de public que celui de tous les jours. Un public averti qui valorisera aussi bien l’objet que la ou les techniques utilisées.

4KG est une association créée par un groupe d’amis composée de quatre protagonistes Myki, Nywo, Tryspa et Yeswoo, qui leur permet d’exprimer leur discipline sous toutes ses formes.

GRAFFITI: L’EXPLOSITION ARTISTIQUE

4KG

“4 couleurs identifiables, 4 personnes, 4 styles pour un résultat en toute unité...”

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Que pensez-vous du «Street Art» ?Le street art est vraiment un stimulant sur le plan créatif car il y a une émergence universelle et une transversalité des arts sous des formes diverses dont le Graffiti fait partie, et quelques graffeurs deviennent Street Artists.

Quels sont vos ouvrages de références dans le graffiti, la peinture et dans l’art en général?Il y a eu Spraycan Art, de nombreux fanzines à l’ancienne et d’autres livres illustrant les différents domaines des arts.

Quels sont vos artistes favoris ?Mode 2, Mac, Tats ,Bando, Banksy, Basquiat…

Est-ce que vous vivez de votre art ?Non! Mais nous faisons vivre une association qui nous permet de développer le graffiti sous toutes ses formes.

Quel regard portez-vous sur votre parcours depuis la création de 4KG?Au début de l’aventure nous étions des graffeurs un peu narcissiques voulant tous juste blazer leur nom, au fil du temps notre graffiti a regroupé, interpellé et pris place dans notre quotidien comme une réponse. Cela nous a permis de voyager, de développer une cellule musicale au sein de l’association avec Burnit et Messalie et d’accompagner d’autres artistes.

Quel regard porte votre entourage sur votre art ? C’est notre premier public, celui qui nous encourage et nous donne la force d’avancer et la motivation dans notre mouvement.

Quels sont vos projets?Tout d’abord une exposition et aussi un voyage, nous vous préparons une surprise.“Big up” pour tous les crews de Basse-Terre et de Guadeloupe avec une spéciale dédicace à nos familles... Le DVD «Nou Yokers» est toujours disponible.

“...notre graffiti a regroupé, interpellé et pris place dans notre quotidien comme une réponse”

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4KGFacebook officiel : 4 Kouleurs Grafik

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Comment as-tu découvert le Graffiti?J’ai découvert le Graffiti vers 1991 à l’age de dix ans, j’habitais à l’époque dans une cité à Grand-Camp, j’y ai vu mes premier tags et d’ailleurs, j’avais un petit lettrage que je faisais aussi mais ce n’était pas sérieux pour moi à l’époque. Je voyais les premières fresques et lettrages (Groover, Dtone, KC, AEM, RSK) de l’ile et j’adorais ça, c’était le truc que je surveillais sur la route en voiture avec mes parents. Mais à l’époque je n’imaginais pas en faire partie un jour.

Est-ce que tu dessinais déjà avant le Graffiti ?Enfant j’ai toujours dessiné, cependant j’ai arrêté pendant plusieurs années, après que mes parents aient déménagé et se soient débarrassés de tous mes dessins, à l’époque je dessinais des trucs qui passaient à la télé, genre Les Chevaliers du Zodiaque, etc…

D’ou vient ton nom d’artiste?Quand tu dis Alien, tout monde pense aux extra-terrestres ou au paranormal, hélas je vais vous décevoir, la traduction c’est “L’ETRANGER”. Je viens d’ailleurs, cela souligne le fait que je sois né en France et que j’ai passé ma vie en Guadeloupe.

Est-ce que tu fais partie d’un crew ?J’ai fait parti de RAF (Rien A Foutre) crew, de gwada depuis 2001 avec des gars comme Yron, Shooit, Meoz, Yakuza... C’était mon premier crew, composé à la grande époque du graffiti guadeloupéen début 2000, avec la deuxième

génération de tagueur/graffeur de Gwada, après l’époque AEM, KC, RSK. Je fais aussi partie de MAC (Mort Aux Cons) crew parisien depuis 2012, parce que Pwoz et Kongo sont comme mes frères d’armes. “Big up” à eux au passage!

Quelles sont pour toi les valeurs que véhicule le Graffiti ?Le Graffiti est pour moi une des dernières formes d’expression totalement libres, pour moi être graffeur ce n’est pas que faire des grandes fresques autorisées, il faut aussi peindre dans la rue, poser sa marque partout et le plus possible. La Base c’est le Tag, aujourd’hui je vois des gars qui font des super pièces mais quand tu vois leur tag, tu te dis qu’il y a un problème (rires). Mes valeurs sont pricipalement le respect, le partage, l’échange. De plus, suite au récent évènement, graffeurs, taggers, vandales, artistes, nous sommes tous CHARLIE aujourdhui.

Que penses-tu du travail en galerie, est-ce que c’est un de tes objectifs d’y parvenir?Je me suis déjà bien amusé dans la rue, alors j’avoue que ca m’intéresse de plus en plus, je fais quelque toiles, mais je continue surtout à travailler mon style, j’aime être légitime dans ce que je fais,

“Le Graffiti est pour moi une des dernières formes d’expression totalement libre...”

Originaire de La Rochelle en Charente-Maritime, il a passé toute sa vie en Guadeloupe. Une experience qu’il caractérise en 5 lettres via sa passion pour le Graffiti.

ALIEN

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FOCUS

je ne veux pas être comme les types qui graffent une fois par an mais qui déchirent sur toiles, mes supports de prédilection sont les murs...

Comment expliques-tu que tu sois plus porté sur le lettrage?Je n’ai pas fais d’école d’art, j’ai tout appris par moi-même donc je pense que j’ai reproduit ce que je voyais à l’époque dans la rue. Quand j’ai commencé je n’avais pas de référence artistique autre que les tags et les graffs. Donc aujourd’hui, le lettrage est ma base d’inspiration.

Comment définis-tu ton style?Aujourd’hui mon style, c’est du “classic semi-wild style” (rires). J’aime la lisibilité de mes pièces afin de toucher le maximum de personnes.

Que penses-tu du «Street Art»?Je suis partagé, d’un coté j’apprécie de voir des nouvelles choses, des concepts, des tendances, de l’autre je trouve qu’il y a trop d’opportunistes et de “copy cat”.

Quels sont tes ouvrages de références dans l’art?Dans l’art en général, ce que je préfère ce sont les grands peintres de la Renaissance, mais j’aime aussi des choses plus contemporaines. Evidemment mes références sont essentiellement Graffiti.

Quels sont tes artistes favoris?Je vais être chauvin là, mes artistes préférés sont mes potes, DTONE, KONGO, PWOZ, NOE2, KEAG etc....

Tu es également compositeur?Je ne compose pas vraiment, je travaille avec des prods et j’ai également un petit “Sound system” que j’essaye de développer. Je fais pas mal de dubplates avec des artistes de Jamaïque et de gwada, ALIEN SOUND TO DI WORLD.

Quel regard porte ton entourage sur ton art? Les gens qui me connaissent savent que je le fais avec mes tripes, comme je te disais, j’aime être légitime dans ce que je fais, donc ça me prend du temps mais j’espère y arriver un jour, mon entourage me soutient et j’essaie de bien m’entourer.

Quels sont tes projets?J’espère continuer à peindre, le plus longtemps possible, faire de belles rencontres et de belles collaborations. J’aimerais aussi exposer, mais quand je serai prêt, pas dans l’immédiat. Je veux aussi voyager et essayer de vivre un peu mieux de ma peinture. Voila, je t’ai tout dit.

“J’aime la lisibilité de mes pièces afin de toucher le maximum de personnes”

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GRAFFITI: L’EXPLOSITION ARTISTIQUE

ALIENFacebook officiel : ALIEN GRAFFIT ART

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A LA LOUPE!

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AVANVAN

Né dans le quartier de la petite Guinée du Moule, Avan Van recrée chaque année un univers féerique haut en couleurs. Une vocation pour les membres de cette association qui, au-delà du Carnaval, entretiennent des liens forts tout au long de l’année.

Depuis quand votre association existe-t-elle? Cette association existe depuis 1982, nous sommes déjà dans notre 32ème année d’existence!

D’où vient le nom d’Avan Van?C’est venu comme cela, en référence à Dédé Saint Prix, un musicien martiniquais [un morceau de ce musicien s’appelle “Avan van tombé d’amour”, ndlr]. On a un peu copié sa musique et c’est parti comme cela, Avan Van du Moule. On est le seul groupe en Guadeloupe à jouer cette musique qui est très forte.

Comment se constitue un groupe carnavalesque? Comme toutes les associations, vous avez un président, un trésorier, le conseil d’administration et des adhérents. L’association Avan Van est une association de quartier, celui de la Petite Guinée. Au départ, ce sont quelques personnes de ce quartier qui

ont décidé un jour de prendre des casseroles, de jouer. Le groupe s’est développé ensuite, les gens sont passés au local où nous jouions, car c’est ouvert à tous, des gens viennent de Sainte- Anne, de Saint-François... Mais il y a toujours cet attachement initial au quartier de la Petite Guinée auquel presque tous les présidents de l’association ont appartenu.

Vous êtes classés dans la catégorie des groupes “à caisse claire”, vous reconnaissez-vous dans cette catégorie?Oui, les groupes à caisse claire sont des groupes dont l’univers est féerique, avec de beaux costumes, des décors, une mise en scène. Cela s’apparente aux écoles brésiliennes de samba, nous représentons des thèmes qui sont définis par le Comité de Carnaval. [les groupes à caisse claire sont reconnaissables à leur musique, utilisant les instruments à vent, à leurs costumes et à leurs chars, ndlr]

propos recueillis par Ceebee

ART

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A LA LOUPE!

Comment le coût de cet événement est-il assuré? C’est très coûteux, il y a le Dimanche Gras qui se déroule à Pointe-à-Pitre, le Mardi Gras à Basse-Terre, et tous les dimanches de la période de Carnaval où les communes organisent leurs défilés. Nous avons déjà planifié chaque sortie. Notre cotisation n’est pas chère, 25 euros par an pour les adultes, 20 euros pour les moins de 18 ans. Cela ne suffit pas à couvrir nos frais, nous organisons donc des foires, des déjeuners, des prestations dans des hôtels... Nous effectuons aussi des demandes auprès des collectivités, la mairie, le Conseil Général et la Région, mais la conjoncture est difficile et nous ne pouvons pas compter sur cela. Chaque membre peut aussi faire circuler des listes de souscription auprès de ses amis, de ses connaissances, pour arriver à payer tous les costumes, les transports. C’est un combat permanent et les membres doivent donner de leur temps.

L’association vit donc toute l’année, mais les événements auxquels elle participe sont-ils toujours liés à la préparation du Carnaval?L’association a pour vocation le Carnaval, mais elle propose aussi des activités comme la danse traditionnelle gwo-ka, de la marche... Au delà du Carnaval, il y a un côté social, un but d’insertion, nous préférons avoir les jeunes avec nous plutôt

que de les voir déambuler dans les rues. On se regroupe à la plage, c’est très familial, nous voulons être soudés. Depuis 32 ans que nous existons, nous avons vu des mamans enfanter, puis leurs enfants devenir eux-mêmes parents...

Vous maintenez ainsi un lien inter-générationnel? C’est cela, ce côté que l’on retrouve dans les groupes à caisse claire qui rassemblent des membres de tout âge.

Peut-on parler d’une spécialisation des tâches au sein du groupe? On voit généralement plutôt des hommes aux instruments et des femmes dans la danse. C’est vrai que c’est plutôt ancré, on voit maintenant un peu plus les hommes danser, mais c’est la mentalité antillaise, un peu empreinte d’homophobie. Cela change car on voit maintenant dans les têtes des groupes des danseurs qui se libèrent, chacun exprime ce dont il a besoin.

Quelles sont les difficultés à mener un travail collectif, afin d’exprimer une unité au moment du défilé alors que chacun a sa spécialité? Il existe au sein du groupe différentes commissions, musique, danse, habillement...Ce sont ces gens-là qui élaborent les chorégraphies, les costumes, les rythmes sur lesquels nous allons défiler. Quand le thème a été donné par la Fédération, les commissions se réunissent et cherchent comment on va y répondre. On essaie par exemple de

“Quoiqu’il arrive, même si vous n’avez pas de prix, vous rentrez le coeur content...”

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ART

réutiliser les anciennes tenues dans un souci d’économie. C’est un gros travail de groupe pour tout emboîter et réaliser le show. C’est comme essayer de sortir un bébé!

Pouvez-vous déjà annoncer le thème de cette année? Ce sera le monde l’art pour la Basse Terre. Dans les autres communes il n’y a pas de thème.

Quels sont les points forts du groupe dans la compétition qui se jouera lors des différents défilés?Tous! On essaye de travailler et d’être toujours meilleurs que l’année précédente, de donner le meilleur de nous-mêmes, parce que ceux qui sont en face aussi travaillent dans ce sens. Mais c’est de bonne guerre, on évolue sur les routes et devant le jury qui va nous départager. Quoiqu’il arrive, même si vous n’avez de prix vous rentrez le cœur content.

Comment se prépare-t-on à ces manifestations? Quelle logistique est nécessaire?Par des entrainements assidus, des répétitions en salle, pour tout mettre en place. Le jour du départ il faut d’abord bien respecter les horaires, se regrouper près du local, les cars sont réservés bien à l’avance. Nous avons des accompagnateurs, des parents qui sont bien identifiés avec leurs tee-shirt pour la sécurité et l’encadrement. Sur place, chacun a sa tâche, car il y a des enfants avec nous, il ne doit pas y avoir de débordements. Ce sont ces mêmes personnes qui vont aussi ravitailler les membres du groupes, on ne s’arrête jamais et c’est fatigant. Il y a parfois des retouches de couture à faire, une paire de chaussures à changer, un cor au pied à soigner. Toutes ces personnes ne sont pas les acteurs que l’on voit mais ont un rôle très important dans l’organisation.

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Avez-vous au fil du temps tissé des liens avec d’autres groupes ou d’autres espaces?Nous évoluons dans le monde du numérique, les sites internet sont vus un peu partout. Nous avons un jumelage avec le groupe Waka de Basse Terre, il y a des liens très forts qui se sont crées, nous sommes en “lyannaj” comme on dit avec eux.

Au delà du côté festif et culturel, y-a-t-il forcément un aspect identitaire et politique dans un groupe de carnaval?Non, pas du tout. Vous retrouvez cet aspect dans les “Mass a Po”, plus revendicateurs, où l’aspect culturel, l’identité antillaise et l’histoire sont beaucoup plus importants. Ils sont plus contestataires mais notre groupe ne joue pas ce rôle.

Existe-t-il aussi des enjeux économiques dans l’organisation de cet événement? On voit des groupes afficher les couleurs d’Only par exemple ou d’autres sociétés privées dans les défilés. Les marques sont là pour nous financer, du coup vous représentez aussi un peu la marque qui est votre partenaire officiel. Automatiquement, s’il y a un partenariat il faut qu’il soit mis en avant. C’est une évolution nécessaire. Nous sommes liés par contrat à une grosse mutuelle, nous sommes obligés de l’honorer. Sur la banderole les partenaires sont donc identifiés, il nous faut les nommer.

Et pour les communes c’est aussi un élément de valorisation. Une commune qui organise son défilé se distingue des autres, par exemple à Sainte-Anne pendant longtemps il n’y a plus eu de Carnaval et cela semble avoir desservi l’équipe municipale car la population y tenait beaucoup il me semble. Complètement. Cette année le Carnaval reprendra ses droits à Sainte-Anne. La personne qui est à la tête de la municipalité l’a bien compris, elle est attachée au côté festif. Chez nous au Moule nous avons quatre groupes carnavalesques, deux à caisses claires, un groupe de Mass (Mass Moule Massif) et un groupe de Mass à Po. Madame le Maire en est ravie, elle dit que nous sommes à la pointe!

Le carnaval est finalement une vitrine pour bien des acteurs?Oui, tout à fait. L’office du tourisme met en avant que le Moule est une terre de Carnaval, c’est important pour la commune. Mais cela nous permet aussi d’avoir un certain poids. Nous faisons beaucoup de manifestations bénévolement mais cela permet d’être connus et reconnus. Notre association ne cesse d’évoluer, elle fait partie de notre vie.

A LA LOUPE!

“Chez nous au Moule nous avons quatre groupes carnavalesques ... Madame le Maire en est ravie, elle dit que nous sommes à la pointe!”

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AVAN VANFacebook officiel : Avan Van du MouleContact 06.90.07.46.74 - Alex LoquesE-mail : [email protected]

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A LA LOUPE!

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En marge des clubs et du regard masculin, le studio Pole Dance d’Ines Thénard est une école pour exprimer son sens artistique, apprendre à se connaître et se dépasser .

propos recueillis par Ceebee

SPORT

Comment la pole dance est-elle passée du milieu des clubs au grand public?Cela nous vient des pays anglo-saxons, d’An-gleterre et d’Australie en particulier. On a tendance à croire que c’est une activité de nuit mais pas du tout. C’est une vraie activité physique et sportive qui se bat pour faire par-tie d’une fédération, peut-être celle de gym-nastique ou celle du fitness, c’est encore en pourparlers. Il y a des difficultés liées à cette image de club mais aussi beaucoup de per-sonnes qui ont réussi à dépasser ces préjugés et se sont rendus compte que c’était une vraie activité. Il y a aujourd’hui des championnats de France et du monde, cela met du temps mais cela s’installe.

Lorsqu’on débute ce sport, faut-il pos-séder un niveau particulier en danse ou en gymnastique? Faut-il par exemple être particulièrement souple?Pas vraiment. L’essentiel est de connaître son corps et d’être en adéquation. Il y a des filles

corpulentes ou minces qui pratiquent, tout s’apprend, il suffit d’avoir de la volonté et l’en-vie. La souplesse s’acquiert au fil du temps. Ce qu’il y a de bien en pole, c’est que l’on peut échouer sur une figure et en réussir une deuxième, l’échec n’est pas définitif. On n’est pas obligé de réussir une figure pour passer à une autre.

Quelles sont ces figures de base que l’on apprend?On apprend les crochets, les pirouettes. Il y a trois niveaux: débutant, intermédiaire et avancé, avec environ trente figures à chaque niveau. Puis les combos, associations de figures faites d’une certaine façon, il y des milliers d’associations possibles...

Peut-on ressentir de l’appréhension ou des difficultés les premières fois face à la barre? Pas tant que cela. Le seul inconvénient est que lorsque la barre tourne, en spinning, on peut

POLEDANCE

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A LA LOUPE!

avoir des nausées. Certaines filles prennent de l’homéopathie pour pallier à ce problème. La barre tourne pour donner de l’élan et pour pouvoir enchaîner une autre figure. Mais il n’y a pas de règles, on peut travailler en barre fixe ou en spinning.

Et c’est pour rester bien accroché à cette barre que l’on porte le moins de vêtements possible?Exactement. On recommande un micro-short et une brassière ou un débardeur, une peau sèche, on ne se met pas de crème. Il y a aussi des aides comme en gymnastique pour celles qui ont du mal, elles peuvent utiliser de la magnésie, celles qui ont les mains moites par exemple. La petite tenue c’est comme en gym, pour pouvoir poler et non pour séduire, d’au-tant qu’on est ici qu’entre filles!

C’est un peu comme au cirque avec les acrobates?Tout à fait. Les gens commencent à l’assimiler et ont moins de préjugés.

Existe-t-il plusieurs styles comme en danse?Oui et non. Chaque école a ses propres combinaisons. Vous avez la pôle exotique où l’on va danser sur des musiques contempo-raines, on va s’adapter par exemple ici dans les DOM aux rythmes caribéens comme

la salsa. En pole dance, il y a le pole art sur des musiques lentes avec des figures acrobatiques, la pole sexy avec des talons, la pole au masculin que l’on appelle aussi “Iron Man” et qui repose plus sur la force physique. Mais aussi la pole flex, avec des mouvements de flexion, de contorsion...

Y-a-t-il des hommes qui pratiquent dans votre école?On en a eu ponctuellement. Ce sont des hommes qui ont énormément d’assurance et peu de préjugés. On a eu un professeur homme aussi. Il y a eu un talent qui est passé à la télévision, Simon Heule, qui pratiquait sur un mât chinois. Les hommes font vraiment des figures de force sur la barre mais cela peut aussi être artistique, s’apparenter à des spec-tacles.

Combien d’élèves avez-vous actuellement?Une trentaine qui pratiquent régulièrement, viennent toutes les semaines, une à deux fois généralement. D’autres sont inscrites au studio et sont présentes ponctuellement, pour des raisons professionnelles par exem-ple. En tout il y a 45 élèves inscrites. On est ouvert du lundi au samedi, les cours ont surtout lieu le soir ; on peut aussi prendre des cours particuliers le matin, c’est un peu plus cher mais on avance plus vite, c’est plus personnel.

“C’est avant tout une discipline artistique, il faut pouvoir dégager quelque chose et donc chacune participe à sa création. ”

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SPORT

Et vous organisez ensuite des spectacles?Oui, chaque fille va mémoriser une petite chorégraphie, choisit une musique, ses figures, avec les conseils du professeur. C’est avant tout une discipline artistique, il faut pouvoir dé-gager quelque chose et donc chacune partici-pe à sa création. C’est un travail d’expression scénique. Les filles sont demandeuses car elles ont envie de montrer leurs progrès. Mais là en-core le public est essentiellement féminin, les filles sont plus à l’aise avec leurs amies, leurs copines, elles peuvent davantage se lâcher.

Ce sont des pratiquantes plutôt jeunes?Pas forcément. La plus jeune pratiquante avait 15 ans, la plus âgée 46 ans. Il y a de tout, des personnes qui veulent essayer, viennent pen-dant quelques mois... La plus grande difficulté c’est de trouver de la disponibilité. C’est plus facile quand on est jeune, on a moins de con-traintes. Mais on a aussi beaucoup de femmes qui déposent leurs enfants à l’école et viennent pour avoir leur moment à elles. C’est tout à leur honneur !

Quelles sont les autres activités que vous proposez à côté de la pole?La pole prend beaucoup de notre temps, mais notre studio est voué à l’univers féminin, il y a de la danse, des cours de samba, de danse orientale, d’effeuillage (strip tease) où l’on s’inspire un peu des pin-up des années 50.

C’est donc avant tout une école où l’on affirme une forme de féminité?Tout à fait. Renouer avec son corps, penser à soi, oublier ses soucis... C’est essentiellement pour soi-même que l’on pratique, ce n’est ni pour son compagnon ni pour séduire.

STUDIO MODE ET BEAUTEFacebook officiel : Pole Dance GuadeloupeContact : 06.90.922.855 - Inès ThénardE-Mail : [email protected]

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A LA LOUPE!

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SOCIETE

Reflet de la dynamique locale, la marque créée par Belinda Bosnet s’est installée dans l’univers sportif guadeloupéen. Une démarche qui tient compte avant tout des spécificités régionales.

propos recueillis par 3D-4.0BOBOL

Comment est né BOBOL?Je suis maman d’un footballeur et je me suis toujours beaucoup investie au sein des clubs sportifs. J’ai souvent pu constater qu’il y avait un réel potentiel car nos enfants n’étaient pas «habillés». Bien sûr, je sais que beaucoup de clubs n’ont pas les moyens financiers mais pour fédérer les équipes dans un club, l’emblème, les couleurs, qui se définissent avec un uniforme, c’est de l’amour que l’on donne au club. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à apporter dans cet univers en Guadeloupe.

Pourquoi avoir choisit ce nom? En France on dit «crampon», mais tout antillais a dit une fois dans sa vie Bobol. C’est une expression aussi. Quand tu dis «pran Bobol awou ké joué aprè» littéralement ca veut dire que tu n’es pas prêt de rentrer sur le terrain. Il me fallait un nom qui accroche l’Antillais et que ça sonne «lokal». La marque est déposée à l’international et je la décline pour le basket, le rugby, le handball, en remplaçant uniquement le ballon à chaque fois.

Il y a le coté esthétique mais aussi le coté «Produit Local» ?Bien sûr, c’est évident. On se dit être une terre de champion et on est habillé à l’étranger sans savoir ce que l’on met. Le taux de chômage en Guadeloupe est considérable et une des forces de Bobol est de créer de l’emploi, d’être un générateur d’avenir. J’y tiens beaucoup parce que je fonctionne avec la réinsertion, je suis en partenariat avec le RSMA et Baimbridge. Parce que j’estime que tout le monde a sa chance et ce processus il faut qu’il reste en Guadeloupe. Cela fait juste un an que nous sommes sur le marché et j’entends déjà parler de délocalisation. Je refuse catégoriquement. Je veux que la confection reste «Made In Guadeloupe».

Dans quelle mesure êtes-vous autonome sur la production du produit fini, son stockage et sa distribution? Comme on fait de la personnalisation, chaque club peut avoir sa touche personnalisée et au niveau de la confection, on maitrise. On fait rentrer la matière première, en l’occurrence des matières qui sont

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A LA LOUPE!

choisies spécifiquement pour notre climat. Parce que les grandes marques sont implantées mais n’adaptent pas leur marchandise à la destination. Ici, le climat est humide, on sue beaucoup, tous les sportifs ont remarqué que lorsque l’on achète un tee shirt rouge par exemple il perd de sa luminosité au fur et à mesure des lavages. Bobol propose donc des matières adaptées pour nous qui faisons du sport ici. Et surtout des encres à l’eau, lavables à 40° et ça ne bouge pas. J’insiste beaucoup sur les encres parce que ce n’est pas obligatoirement marqué sur les étiquettes mais elles peuvent contenir des composites chimiques toxiques. Nos matières premières proviennent soit du Maroc, soit de l’Italie parce que j’estime que ce sont les plus gros fournisseurs et que ce sont des personnes qui sauront écouter et s’adapter à nos demandes. Au départ, cela a été très dur de faire venir les matières en Guadeloupe, il fallait installer la confiance mais ils ont vite compris que nous avions un réel besoin. Et aujourd’hui je constate que cela a pris un peu de temps mais je suis fière de dire que beaucoup de clubs sportifs adhèrent au concept de la marque Bobol. Une dynamique de bien-être et de confort. Une production qui est locale et à l’écoute du sportif.

Le tissus vient donc de l’étranger mais est imprimé ici.C’est là que Coupé Collé rentre en jeu car ce sont eux qui ont les technicités de cette manipulation et c’est encore différent que de faire un drapeau. Ce n’est pas la même matière, ce ne sont pas les mêmes pertes. Au début je faisais tout toute seule, l’administratif, la coupe, l’assemblage, la livraison. Et depuis un an j’ai une collaboratrice qui est mon bras droit et nous avons parfois quatre ou cinq filles en atelier.

Quelle est l’activité de Coupé Collé ?C’est une entreprise d’évènementiel avec en grande partie du marquage publicitaire. Ils ont développé il y a maintenant dix ans les

drapeaux, ceux que l’on voit voler devant les concessionnaires, les magasins, la plupart sont créés, confectionnés chez Coupé Collé. Je suis la fille du responsable de Coupé Collé. Je n’ai fait que transposer ces acquis car pour moi le produit est identique, la seule chose que je ne maitrisais pas c’était la couture. Coupé Collé m’a déjà donné tous les moyens techniques, physiques, financiers, le mental, pour créer la marque Bobol donc je ne pouvais qu’aller de l’avant et j’ai appris la couture.

Vous allez ouvrir votre premier point de vente, combien avez vous d’employés aujourd’hui et quelles sont les qualifications requises?Pour ma part je n’ai aucun diplôme. Je suis à la tête de Bobol, du développement de cette activité mais je n’ai aucun diplôme au niveau couture. J’ai appris sur le tas donc si j’ai pu le faire d’autres le peuvent aussi. Nous sommes encore sous la tutelle de Coupé Collé mais nous faisons tout pour être indépendant et être une marque autonome. Nous voulons maitriser l’impression numérique, le tissu, créer des emplois, un réseau économique. Parce que l’objectif c’est de faire de la réinsertion sociale, commencer du tout petit pour aller au plus grand. J’emploie cinq personnes et elles sont toutes diplômées mais polyvalentes. C’est ce que je veux, que chaque personne soit responsable de son poste mais puisse également s’adapter. Parce que dans la chaine de production de Bobol, on commence par le dessin, la création, ensuite maquettiste... Il y a ceux qui développent l’image, via les réseaux sociaux, le site Internet, ceux qui maitrisent les encres, la patronnière… Il existe quinze postes de la conception jusqu’à la vente,

“Nous voulons maîtriser l’impression numérique, le tissu, créer des emplois, un réseau économique... ”

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SOCIETE

mais répartis entre très peu de personnes, et qui occuperont des postes à responsabilité dans l’avenir. J’ai de grands objectifs pour Bobol à l’export, mais une chose est sûre je ne délocaliserai pas. S’il y a des produits que je ne maîtrise pas, je préfère travailler avec des personnes qui sont ici. Par exemple les chaussettes, je ne les fais pas, à moins d’avoir la chance demain d’avoir 120000€ et d’acheter la machine de tricot. Si le client a besoin d’un package, avec son accord je ferai appel à une société guadeloupéenne qui travaille avec les grandes marques. Cela permet aussi de démocratiser le marché. Bobol propose également tous les dérivés du supporter, comme le drapeau, le fanion, la chaise, le petit sac à dos, le range bobol, le parasol, bientôt les chapiteaux et également tout ce qui est flocage. On est bien conscient que ce n’est pas tout le monde qui a la capacité de réhabiller tout le club donc ils vont pouvoir encore s’approvisionner chez Décathlon, qui n’est pas un concurrent car nous ne faisons

pas du tout la même chose, acheter des maillots à 4€ et venir chez Bobol pour avoir un marquage de qualité et personnalisé, parce qu’il y a beaucoup de marquages qui disparaissent au premier lavage.

Sur le site vous proposez une tenue enfant à 38€ alors que l’année dernière c’était le double.J’ai lancé Bobol le 15 juin 2013, et tous les prix ont été fait par moi, c’est à dire une couturière qui n’avait aucune expérience. Donc c’est vrai qu’au début les prix étaient élevés mais je n’avais pas le choix, le prix correspondait parfaitement au temps passé sur le produit. Après un an et demi, Bobol a plus de personnel donc nous sommes à même de réduire certains coûts de production, les machines dans lesquelles nous avions investi sont amorties ce qui nous a permis de racheter une machine spécialement pour le Bobol Nautic. Car maintenant Bobol se lance également dans le nautique vu que nous sommes entourés d’eau.

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A LA LOUPE!

Une gamme avec encore une fois des spécificités adaptées à notre région, protection U.V. 100%, lavable à 40°. Je souhaite décliner la marque au maximum comme pour le cyclisme qui demande

encore d’autres spécificités. Nous sommes dans nos nouveaux locaux et bientôt nous pourrons proposer la boutique du supporter. La ligue Guadeloupéenne m’a fait confiance et nous avons abouti à un partenariat qui m’a permis d’habiller les Gwada Boys et me donne le droit de revente avec un fond reversé au club. Nous travaillons à la commande, en 48H votre produit est sorti et si c’est pour habiller tout un club nous le faisons en quinze jours ouvrables. Quand on passe par de grandes marques, il faut parfois attendre deux ou trois mois, et on ne sait pas vraiment ce que l’on va avoir à l’arrivée. D’autre part, il y a aussi le S.A.V. (Service Après Vente), car on peut avoir une manche qui s’est déchirée parce qu’on s’est fait tirer le maillot et nous avons toutes les côtes en machines. Pour le même prix il y a le numéro, le logo, le sponsor... Ce que j’aimerais entendre, c’est l’amour du club, l’engouement. Quand on s’engage dans un club on porte tous les mêmes couleurs. Un sport reste toujours collectif, même dans les sports individuels il y a une équipe autour.

On s’identifie à travers les codes de son club, en portant son uniforme et c’est le début car sans les clubs, il n’y aurait pas de structures pour les sportifs, pas d’équipementiers.

Quels sont vos projets ?Nous avons eu l’opportunité d’habiller la sélection haïtienne de Saint-Martin ainsi qu’une école aux Etats-Unis de U13 et U15. Nous sommes partenaires officiels du “Beach Soccer”. Il faut savoir que cette année il y aura une vraie sélection guadeloupéenne. La fédération française a donné son accord à la ligue, cela faisait plus de dix ans qu’ils se battaient pour et ils ont enfin été entendus. Ce concept là existe déjà sur Le Moule, Sainte-Anne ou Port Louis mais avec le partenariat Bobol ce sera l’intégrer sur toutes les plages guadeloupéennes. C’est un gros budget mais il faut le faire car la sélection sera mise en place en début d’année 2015 avec des éducateurs de Beach Soccer et la sélection pour l’équipe guadeloupéenne se fera cet été. Avec le foot sur terrain synthétique aussi, je suis en partenariat avec Mac Donald’s et la ville de Pointe-A-Pitre car c’est un projet qu’il faut installer dans toutes les communes. C’est encore un investissement à long terme qui donnera de l’amusement aux gamins et forcément si on peut le faire pour le football on peut le faire pour les autres disciplines…Nous avons la chance de pouvoir pratiquer des sports d’extérieurs, il faut donc des structures adaptées et ce n’est pas en attendant les aides de l’Etat que l’on s’en sortira.

“On s’identifie à travers les codes de son club, en portant son uniforme...sans les clubs, il n’y aurait pas de structures pour les sportifs, pas d’équipementiers. ”

BOBOLwww.bobol.fr Contact : 05.90.267.775E-Mail : [email protected]

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Réalisateur: Jean-Michel CorreiaAvec: Jean-Michel Correia, Karim Leklou, Anissa Allali Genre : DrameDate de sortie : 14 Janvier 2015

Jean-Jacques a passé neuf ans en prison pour braquage. A sa sortie, il retrouve le quartier où il a grandi mais les choses ont changé. Le pays est en crise, les jeunes tiennent le business et ses anciens amis le pressent de reprendre ses activités. C’est peut-être pour Jean-Jacques le temps de se poser les bonnes questions. Mais il risque de basculer à nouveau lorsque Nassim, son ami rencontré en prison, fait appel à lui. A la croisée des chemins, Jean-Jacques est pris en étau entre ses contradictions : métis adopté par des blancs, converti à l’islam, attiré par deux femmes, tiraillé entre réinsertion et délinquance… La quête de ses origines lui permettra-t-elle de prendre un nouveau départ ? Note : ••••••

CINEMA

SOUS X

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WWW.LOUPE-MAGAZINE.FR

FOXCATCHER / LES NOUVEAUX HEROS / LES CHEVALIERS DU ZODIAQUE

PROJET ALMANACRéalisateur : Dean IsraeliteAvec : Jonny Weston, Michelle DeFraites, Allen Evangelista Genre : FantastiqueDate de sortie :04 Février 2015

Et si vous aviez une seconde chance… Que feriez-vous ? Que changeriez-vous ? Seriez-vous prêt à tout tenter? Quatre adolescents font une découverte qui va changer leur vie : une machine aux possibilités infinies, avec des conséquences parfois irréversibles. Ils vont vivre une expérience hors du commun. Note : ••••••

TRACERS

A New-York, Cam (Taylor Lautner: Twilight, Valentine’s Day), un messager à vélo qui se retrouve traqué par le crime organisé tombe amoureux d’une jeune fille, Nikki, qui va le propulser dans le milieu très spécial du “parkour”. Note : ••••••

Réalisateur : Daniel BenmayorAvec : Taylor Lautner, Adam RaynerGenre : ActionDate de sortie : 25 Février 2015

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SÉRIES

Crée par : Byron Balasco (2014)Avec : Jonathan Tucker, Franck Grillo, Nick JonasGenre : Drame / Action

La première saison est composée de 10 épisodes.Kingdom raconte l’histoire de la famille Henderson dans le quartier de la Navy à Venice en Californie. Alvey, le père (Jonathan Tucker: Captain America: Le Soldat de L’Hiver, The Purge: Anarchy, Warrior), une légende du M.M.A. à la retraite, est patron de la salle qu’il tient avec sa compagne Lisa. Il y entraine ses deux fils: Nate et Jay. L’un est calme, travailleur et canalise sa colère dans le sport et l’autre qui ne combat plus, boit, se drogue et trouve son équilibre en cohabitant avec son frère. Le retour de Ryan, un ancien champion, mais aussi le fils de coeur d’Alvey vient perturber leurs relations déjà complexes. Note : ••••••

KINGDOM

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STATE OF AFFAIRS / MARVEL’S AGENT CARTER / CONSTANTINE

BANSHEESAISON III

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Lucas Hood est venu à Banshee pour retrouver son ancienne partenaire, la fille d’un mafieux russe qu’ils ont tenté d’escroquer et pour qui il vient de passer plusieurs années en prison. Mais à peine arrivé, il assiste au meurtre du shérif remplaçant et en profite pour usurper son identité. Il découvre alors que la petite ville de Banshee, en territoire Amish, abrite de nombreuses factions rivales qui s’affrontent pour imposer leurs règles et prendre le contrôle des riches terres de la réserve indienne. Expert en arts martiaux, le nouveau shérif va tenter de faire régner l’ordre à sa manière. Va t’il s’imposer dans ce troisième volet? Note : ••••••

Crée par : Jonathan Tropper et David Schickler(2013)Avec : Anthony Starr,Ivana Milicevic, Geno SegersGenre : Drame / Action

ASCENSION

1963: en pleine course à la conquête spatiale entre les Etats-Unis et l’URSS, une immense fusée, l’Ascension, a été envoyée dans l’espace pour trouver un nouveau foyer à l’humanité. En interdisant les armes à feu à bord, les concepteurs de la mission pensaient pouvoir éviter la criminalité. Jusqu’à ce qu’une jeune et séduisante femme soit retrouvée morte à bord...Note : ••••••

Crée par : Philip Levens et Adrian Cruz (2014)Avec : Tricia Helfer, Brian Van Holt, Gil BellowsGenre : Science-Fiction

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JEUX VIDÉOS

TOM CLANCY’S THE DIVISIONEditeur : UbisoftGenre : SimulationDate de sortie : Février 2015

Une pandémie dévastatrice se propage dans les rues de New York, coupant une par une les infrastructures indispensables. En l’espace de quelques jours, le manque d’eau et de nourriture plonge la société dans le chaos. C’est alors qu’intervient la Division, une unité d’agents tactiques autonomes classée secret défense. Sous couvert d’une existence à priori ordinaire, ces hommes et femmes sont formés pour opérer en dernier recours, indépendamment de toute chaîne de commandement. Note : ••••••

DISPONIBLE : DYING LIGHT / DYNASTY WARRIORS 8: EMPIRES

The Order nous transporte en tant que membre d’un ordre d’élite de chevaliers au coeur d’une vision unique de Londres durant l’ère Victorienne, où les hommes utilisent des technologies avancées afin de combattre un ancien et puissant ennemi. Note : ••••••

THE ORDER1886Editeur : Sony Computer EntertainmentGenre : ActionDate de sortie : 20 Février 2015

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LES INTERVIEWS COMPLÈTES AVAN VAN - POLE DANCE - BOBOL

L’INTERVIEW COMPLÈTE DE JEAN MARC MORMECK-BONUS GRAFFITI : PRO176 - OBSEN - ALIEN

RETROUVEZ L’ÉDITION NUMÉRIQUE

SUR LE SITE OFFICIELWWW.LOUPE-MAGAZINE.FR

+ 32 PAGES

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Ouvert tous les soirs et le dimanche midi et soir

Route de la Pointe des Châteaux97 118 SAINT-FRANCOIS - GPE

Tel : 05.90.886.137 - Fax : 05.90.892.340Site : www.iguanecafe.com

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