L'épilepsie essentielle aux tests de Szondi et de Rorschach essentielle... · patron de Sainte Anne, qui a littéralement exécuté le test de Szondi dès son introduction en France(Etude

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  • L'pilepsie essentielle aux tests de Szondi et de Rorschach

    Martine Stassart

    Le terme "pileptodie" aurait t cr 1 par Eugen BLEULER (1857-1939) en 1920 afin de dsigner un vaste ensemble de signes parfois groups en syndromes, qui font penser aux tableaux cliniques couramment rencontrs chez les pileptiques avrs. C'est de cette poque que date , en psychiatrie, le succs, aujourd'hui pass de mode, du suffixe "-ode" (cyclode, schizode, hystrode. . .

    . ), du grec , forme, qui veut dire "semblable ". Aussi bien l'adjectif "pileptiforme" est-il rigoureusement synonyme d'pileptode.

    Lorsqu'il cre la notion de schizophrnie en 1911, BLEULER s'inscrit en faux contre l'opinion de KRAEPELIN qui , dfendant son concept de "dmence prcoce", voulait en faire une affection organique analogue la "dmence snile", affection processuelle irrversible domine par l'affaiblissement intellectuel. BLEULER ne prend pas alors position sur la question de savoir si la schizophrnie a une base organique ou non. Il met l'accent sur ce qui lui apparat comme le trouble nuclaire de ces affections, c'est--dire la dissociation (Spaltung), qui aboutit en "ambivalence" puis en "discordance": le sujet exprime simultanment des ides opposes en donnant l'impression de ne pas s'en rendre compte -c'est le sens premier de l'ambivalence- ou bien il exprime des affects ou accomplit des actes qui sont en complte contradiction avec ses ides. D'o dcoule la notion de shizo-phrnie: fente, coupure, dislocation de la pense ou de l'esprit.

    BLEULER tait d'avis que la schizophrnie cliniquement avre constituait une forme de point d'aboutissement ou d'exagration pathologique d'une manire d'tre ou d'exister, d'une forme de personnalit ou de caractre par ailleurs normales. C'est la mme poque qu'il introduit la notion de "schizothymie" pour dsigner des sujets dont l'humeur, froide et dsaffecte, est semblable celle du schizophrne ordinaire.

    En 1921, Ernst KRETSCHMER (1888-1964) publie "Krperbau und Charakter" (Constitution physique et caractre), dont le retentissement sera considrable. C'est l que, reprenant l'opposition tablie par KRAEPELIN entre la dmence prcoce et la psychose maniaco-dpressive, il fonde une typologie base essentiellement sur l'opposition entre les types leptosome et pycnique. Suivant l'intensit du retentissement de sa constitution sur son fonctionnement psychologique, le leptosome sera schizoyhyme (normal), schizode (prmorbide) ou schizophrne (malade). A ct des types leptosomique et pycnique, KRETSCHMER distingue encore les types dysplasique et athltique. Son disciple MAUZ rapprochera le type athltique de l'pilepsie mais, curieusement, il n'utilisera

    1 C'est ce que prtend Henry EY dans son Manuel de Psychiatrie (1re d. , 1967, p. 347). En fait, la notion est utilise bien avant, par exemple par ROEMER, Zur Symptomatologie und Genealogie des psychischen Epilepsie und der epileptoden Anlage, Zeitschrift f. Psych. , 1910.

  • pas la notion d'pileptode, pourtant homologue de schizode et de cyclode; il proposera (1940) la notion d' "ictaffine" o se laisse entendre l'cho de la crise de grand-mal dite "icto"-comitiale (du latin "ictus", coup brutal).

    La notion d'pileptodie entre en France dans les annes 30 travers les travaux d'obdience surtout phnomnologique d'Eugen MINKOWSKI et Franoise MINKOWSKA. Celle-ci a commenc sa carrire vers 1920 au Burghlzli, sous le patronage de BLEULER. Hermann RORSCHACH (1888-1922) avait publi son Psychodiagnostic en 1921. Franoise MINKOWSKA s'en servit immdiatement et dveloppa partir de cet instrument privilgi une oeuvre d'inspiration phnomnologique extrmement riche dont l'essentiel est consign dans son livre "A la recherche du monde des formes", paru chez Descle de Brouwer en 1956.

    C'est de l'Etude n 3 de cet ouvrage, intitule "L'pilepsie essentielle, sa psychopathologie et le test de Rorschach", que nous partirons pour introduire notre propos propre.

    Celle-ci rappelle que lors de sa premire communication la Socit Mdico-Psychologique, Paris en 1923, "le point le plus discut fut la viscosit et l'adhsivit, lments relativement nouveaux. . . ", l'accent ayant toujours t mis davantage sur l'impulsivit clastique des pileptiques. "Pour marquer l'importance de la viscosit, nous avons introduit, suivant la suggestion d'Edouard PICHON, le terme de glischrodie. "

    L'introduction de ce nologisme fut une mauvaise ide. En effet, le but tait d'viter tous les malentendus et les imprcisions attachs au terme d'pileptodie. Or ce qui est caractristique de la manire de vivre pileptode, c'est le balancement entre la viscosit et l'impulsivit, c'est cette

    bipolarit qui est fondamentale. En mettant l'accent sur le ple de la viscosit 2 , Franoise MINKOWSKA a fait, si on peut dire, son malheur. Car on n'en a finalement retenu que la lenteur d'idation, la bradypsychie et la quasi-stupidit bien connues de certains pileptiques mais surtout des encphalopathes, si bien que l'crasante majorit des psychopathologues, la suite de DELAY,

    PICHOT et PERSE3 ont simplement dcrt que tout ce qu'on avait jamais crit sur le Rorschach des pileptiques (PIOTROWSKI, BOVET, SALOMON, GUIRDHAM, STAUDER, LEDER, RORSCHACH

    lui-mme. . . )4 renvoyait la notion d'organicit et rien d'autre.

    2 veut dire non seulement visqueux, gluant qui est le sens premier, mais aussi, par drivation "qui s'attache ou adhre fortement, tenace, importun"; ensuite: "ergoteur, chicaneur" mais aussi "subtil" et finalement "qui s'attache son bien, petit, mesquin, sordide" (Dictionnaire grec-franais de BAILLY). C'est sans doute cette dimension polysmique de la glischrodie que PICHON, gnie en son genre, a voulu suggrer Franoise

    MINKOWSKA. Dans la littrature de langue allemande, c'est la notion d'ixodie (du grec visqueux, gluant) , cre par le Sudois STRMGREN qui prvaut habituellement. 3 Delay, Pichot, Lemperire et Perse. Le test de Rorschach et la personnalit pileptique. Paris, Presses Universitaires de France, 1957. Il est important de dire que c'est la mme quipe, Jean DELAY tant alors le grand patron de Sainte Anne, qui a littralement excut le test de Szondi ds son introduction en France(Etude sur la validit du test de Szondi. Ann. Md. psych. , 1953, 111, 449-467) comme elle a frapp d'inanit l'oeuvre de MINKOWSKA. Dans une communication personnelle faite Jean MELON en 1970 , Pierre PICHOT a reconnu qu'il n'avait jamais utilis lui-mme le test de Szondi et qu'il n'avait non plus jamais lu une ligne de l'oeuvre de SZONDI, pas plus que Jean DELAY d'ailleurs . Le matre d'oeuvre fut toujours PERSE. 4 La meilleure synthse des travaux consacrs l'pilepsie se trouve dans le trait d'Ewald BOHM (Lehrbuch der

  • Franoise MINKOWSKA avait en quelque sorte pressenti la drliction posthume de son oeuvre lorsqu'elle crivait, aux premires lignes de son Etude sur le Rorschach de lpileptique, en 1956:

    Grce BLEULER qui a mis en vidence les mcanismes essentiels de la schizophrnie, savoir la Spaltung et l'autisme, la clinique de cette affection, sans rien prjuger de son origine organique, est venue s'enrichir, malgr toutes les critiques, d'un chapitre de psychologie structurale, et cela aussi bien dans la littrature de langue allemande qu'en France.

    Les choses se prsentent d'une faon toute diffrente dans le domaine de l'pilepsie. Il suffit de relire les rapports prsents la XIIe runion neurologique internationale Paris en 1932, en premier lieu celui d'Abadie, pour se rendre compte que les conceptions psychiatriques des anciens auteurs, comme DELASIAUVE, MOREL, FALRET, FERE, HERPIN et VOISIN, rentraient de plus en plus dans l'ombre en cdant progressivement le pas aux conceptions et aux formules purement neurologiques. Si nous remontons la clbre discussion qui s'est droule la Socit Mdico-Psychologique au cours de cinq annes conscutives, en 1871-72, sur l'pilepsie larve, o les auteurs ont plus particulirement insist sur l'pilepsie en tant qu'entit clinique autonome de mme que sur le rle du facteur hrditaire, sur les quivalents psychiques pouvant remplacer les crises convulsives, sur la spcificit du caractre pileptique qui comprend aussi bien l'impulsivit que l'obsquiosit (FALRET), nous n'avons pas de peine constater la rgression qui s'est produite ici. C'est que les conceptions neurologiques suppriment tour tour l'autonomie de l'pilepsie en tant qu'entit clinique, escamotent l'hrdit

    Rorschach-Psychodiagnostik, Huber, Bern, 1972).

  • et l'importance capitale des quivalents psychiques de la crise, rduisent enfin les ractions caractrielles l'impulsivit. . . . . (A la recherche du monde des formes, op. cit. , pp 105-106).

    Cette amre constatation qui date de plus d'un demi-sicle

    rejoint l'opinion mise en 1976 par J. BANCAUD, un neurologue spcialiste de l'lectroencphalographie et donc peu suspect d'tre un nostalgique de la psychiatrie d'antan:

    La clinique de l'pilepsie a rgress considrablement

    depuis la dcouverte de l'lectroencphalographie (cd depuis 1930): l'examen technique complmentaire tient lieu de rassurance et dispense d'un examen clinique plein d'incertitudes (BANCAUD J. et coll. , Epilepsies, Encycl. Md. Chir. , Neurologie, 1976, 17 O45, A 10).

    Lorsque nous ouvrons le DSM 4 nous constatons que l'pilepsie n'y est plus mentionne nulle part.

    On peut donc affirmer sans conteste que l'pilepsie a dfinitivement migr du champ psychiatrique vers le champ neurologique.

    L'pilepsie est devenue selon le mot d'Herv

    BEAUCHESNE : "la maladie dont on n'entend plus parler"5. Si d'une part, le morcellement objectivant de l'pilepsie, pratiqu par les neurologues grand renfort de techniques toujours plus sophistiques, a fait disparatre "l'pileptique", de son ct, le malade pileptique ou simplement celui qui a fait une crise - selon GASTAUT, 49% seulement des sujets qui ont fait une ou plusieurs crises deviennent des "malades " pileptiques - s'efforce de faire oublier la chose, tant l'pilepsie reste frappe d'ostracisme dans l'opinion publique et aux yeux du lgislateur. On estime gnralement 50% le nombre de sujets atteints d'pilepsie qui ne consultent jamais par crainte 5 Herv Beauchesne. L'pileptique. Dunod, Paris, 1980, p. 27.

  • des consquences sociales que pourrait leur valoir la rputation

    d'tre pileptique 6. Il est remarquable que les immenses progrs de

    l'lectroencphalographie et de l'imagerie mdicale ont finalement conduit confirmer plutt qu' infirmer la vieille hypothse selon laquelle il y a deux types d'pilepsie, l'pilepsie primaire, ou gnralise d'emble - qu'on a qualifie au fil du temps d'essentielle, gntique, fonctionnelle, gnuine ou idiopathique - et l'pilepsie secondaire qui comprend l'pilepsie gnralise secondaire et les pilepsies partielles. En dehors du fait que le seuil convulsif y est abaiss, sans qu'on sache d'ailleurs pourquoi, on ne connat toujours pas le substrat organique de l'pilepsie gnralise primaire. Par contre, dans tous les autres cas, la dcouverte d'une "pine" organique est hautement probable.

    Certaines pilepsies comportent des crises engageant

    d'emble la majorit ou la totalit de l'activit crbrale et la frquence des lsions dans ces cas est faible ou nulle: ce sont les pilepsies gnralises, essentielles, fonctionnelles ou idiopathiques. D'autres pilepsies comportent des crises n'engageant au dbut qu'une partie limite de l'activit crbrale et la frquence des lsions retrouves dans ces cas est leve: ce sont les pilepsies partielles symptomatiques. Ces principes (gnralis/essentiel, partiel/symptomatique), qui n'taient d'abord que des concepts, aprs avoir t associs deux deux, se sont fusionns et d'abstraits se sont matrialiss. De sorte qu'il est apparu un clivage entre les deux groupes, le classement

    dans l'un excluant le classement dans l'autre. 7

    6 Ibidem, p. 20 7 GEIER S. et HOSSARD-BOUCHAUD. Crise pileptique, pilepsie, pileptique. Encycl. Md. Chir. , Psychiatrie,

    1981, 37250 A 10.

  • Qu'est-ce donc qui nous incite revenir sur cette question

    apparemment classe? Il y a bien sr la rfrence SZONDI. SCHOTTE, dans sa confrence commmorative du

    centenaire de la naissance de SZONDI, BUDAPEST, en avril 1993, a pu dire: ". . le deuxime coup de gnie de SZONDI,

    c'est d'avoir gard l'pilepsie dans la psychiatrie. . "8 . En faisant du facteur e (pileptique) un des huit facteurs de son systme pulsionnel, SZONDI a non seulement rintgr l'pilepsie dans le champ de la psychopathologie, il lui a confr son sens anthropologique dans le cadre d'une anthropopsychiatrie structurale. De maladie nosologiquement classable, l'pilepsie devient, au sens de HUSSERL, un existential, une catgorie de l'existence, porteuse sur son versant ngatif, de la fureur meurtrire spcifiquement humaine, et de la figure de l' "homo sacer" sur son versant positif. On a toujours su que l'pileptique tait ce genre d'homme "qui a toujours le paroissien dans sa poche, le nom de Dieu sur les lvres et la canaillerie dans le corps"(SAMT, 1875, cit par Henry EY, Etudes psychiatriques, Descle de Brouwer, Paris, 1954, vol. 3, n 26, p. 627). Encore fallait-il dpasser la description fleurie pour atteindre au niveau du concept. C'est ce que SZONDI n'a pas cess de faire, la question pose par l'homme pileptique l'ayant conduit crire les deux livres o, de son avis propre, il a transmis le meilleur

    de son hritage, la fois scientifique et spirituel. 9 La deuxime raison est issue de notre exprience clinique.

    Ayant mission d'animer, en collaboration avec Jean MELON, un sminaire hebdomadaire de discussion de cas cliniques prsents par les tudiants en psychologie clinique de

    8SCHOTTE Jacques. De la Schicksalsanalyse la Pathoanalyse. Cahiers du CEP, n3, 1993, p. 19. 9SZONDI Lipot. Kain, Gestalten des Bsen (1969) et Moses, Antwort auf Kain (1973), Hans Huber Verlag, Bern.

  • l'Universit de Lige, au dpart de leur exprience de stagiaire dans les hopitaux psychiatriques, il nous est arriv de trs nombreuses fois, d'tre confronte une pathologie qui ne commenait devenir comprhensible que lorsque sa composante paroxysmale tait repre. L'pilepsie ayant disparu des traits de psychiatrie, les psychiatres n'y pensent plus et donc ne la voient plus, alors que cette pathologie tait autrefois parfaitement identifie. Or rien n'indique qu'elle at diminu en frquence ni que la symptomatologie se soit abtardie. Reconnatre la pathologie pileptique - ou pileptode - est pourtant de premire importance. Le regard du psychothrapeute en est chang et la mdication mrite souvent d'tre rajuste, les anticomitiaux s'avrant efficaces l o antidpresseurs et neuroleptiques n'avaient pas d'effet ou taient mal tolrs.

    La troisime raison nous est beaucoup plus personnelle. Corrigeant les soixante tests de Rorschach, qui forment avec le TAT et le Szondi, la matire de notre thse de doctorat, nous avons eu la surprise de constater que chez bon nombre de nos sujets, qui sont des jeunes gens et des jeunes filles gs de 18 ans lors de la premire passation, et de 22 ans lors de la seconde, de 20 30% prsentaient des signes tout--fait analogues ceux que dcrit Franoise MINKOWSKA. Or il est trs improbable que le tiers d'entre eux soient porteurs d'une affection crbrale organique. Qui plus est, la prsence des signes pileptodes au Rorschach tait toujours associe avec une touche paroxysmale au Szondi et un style particulier au TAT, le plus souvent moralisateur ou pontifiant.

    Enfin, quatrime raison, nous nous tions promis de sortir

    des limbes un travail accompli par Pierre JEANGILLE en 1990, l'occasion de son mmoire de fin d'tudes. Ce mmoire intitul "L'pilepsie essentielle. Incidence de la diffrence des

  • sexes"10 compare les tests de Szondi (5 profils) de 10 sujets fminins avec ceux de 10 sujets masculins , tous diagnostiqus pileptiques essentiels, atteints d'pilepsie primaire gnralise d'emble, investigus selon les techniques les plus modernes et suivis rgulirement depuis plus de trois ans au CHU de l'Universit de Lige (Professeur Thierry GRISAR). Nous avions l un groupe d'pileptiques essentiels "tris sur le volet" et il et t dommage de ne pas rexaminer leurs tests de Rorschach et de Szondi afin de nous faire une religion sur cette question autrefois si prement discute. Pierre JEANGILLE avait seulement tabli le fait qu'il n'y avait aucune diffrence statistiquement significative, aussi bien au Szondi qu'au Rorschach, entre les hommes et les femmes pileptiques. Il ne s'est pas pos la question de la prsence ou non dans les protocoles, d'un ventuel "profil pileptique".

    Nous nous proposons donc de reprendre cette question afin de voir si dans le groupe des 20

    pileptiques essentiels rassembls par Pierre JEANGILLE, quelque chose se dgage qui fait saillie et nous permet de relancer , sur des bases ventuellement renouveles, la vieille question de la personnalit pileptique.

    Notre perspective tant psychanalytique et structurale, nous ne nous contenterons pas de vrifier si tel ou tel signe dit classique est dcelable ou non, nous veillerons lui donner chaque fois sa dimension et son sens, nous risquant l'interprter dans l'optique pathoanalytique.

    Le profil szondien de l'pilepsie essentielle Nous partons du principe que tous nos sujets sont des

    pileptiques essentiels selon les critres aujourd'hui admis et nous postulons qu'ils sont reprsentatifs de cette catgorie.

    L'ge moyen est de 28 ans, le plus jeune ayant 18 ans, le plus g 46. Tous suivent un traitement , le plus souvent monothrapique, base de carbamazpine ou d'acide valproque. Ce sont de "bons" malades qui consultent

    10 JEANGILLE Pierre. "L'pilepsie essentielle. Incidence de la diffrence des sexes". Mmoire de licence en Psychologie. Universit de Lige. 1990.

  • rgulirement. La plupart sont stabiliss mais un tiers environ continuent prsenter des crises de grand mal, des intervalles de temps trs variables.

    Un biais important rsulte du fait que, sur les 52 pileptiques essentiels qui sont suivis la policlinique du CHU, les 20 sujets retenus n'ont pas t choisis au hasard. Aprs que le but de la recherche ait t expos par crit tous les patients, les 20 participants doivent tre considrs comme les moins rcalcitrants une approche psychologique. Nous verrons plus loin ce que ce biais implique probablement, lorsque nous examinerons les profils obtenus dans le vecteur Sch.

    Etant donn l'espace qui nous est imparti dans le cadre de cet article, nous ne pouvons pas en dire davantage concernant les caractristiques de notre chantillon.

    Nous ne pouvons pas non plus faire rfrence tous les travaux szondiens antrieurs consacrs l'pilepsie, sinon de manire incidente au fil de nos interprtations.

    SZONDI lui-mme a tellement crit sur ce sujet que le commentaire mme sommaire de sa seule production devrait faire l'objet d'un article spar.

    Afin de tenter une premire approche de notre population, nous avons choisi de la comparer, sur la base de la frquence d'apparition des ractions vectorielles, plusieurs autres chantillons de population pour lesquels nous disposons de donnes fiables.

    En ce qui concerne les chantillons reprsentatifs de la

    population gnrale a priori normale, nous disposons des

    donnes de SZONDI11, SOTO-YARRITU 12, Anne POCHET 13 et de notre propre chantillon qui comprend 15 jeunes gens et 15 jeunes filles de la rgion de Waremme-Lige, tous gs de 22 ans.

    L'chantillon "pathologique" est celui de MELON 14 qui concerne 111 sujets tests en cours de psychothrapie analytique en pratique prive. Il s'agit pour l'essentiel d'une population qu'on peut qualifier de nvrotico-normale. L'ge moyen est de 35 ans. 11 SZONDI L. Triebpathologie, Huber, Bern, 1952, pp. 95-103. SZONDI L. Lehrbuch der experimentellen Triebdiagnostik. Huber, Bern, 3e d. , 1972, pp. 383-86.

    12 SOTO-YARRITU F. Validierung des Szondi-Testes durch eine Gruppenuntersuchung von 2352 Fllen. Szondiana II, Huber, Bern, 1955, pp. 65-71.

    13 POCHET Anne. Approche szondienne de populations rurale et urbaine en Italie du Nord. Mmoire de licence en Psychologie. Universit de Lige. 1993.

    14 MELON J. Non publi. Cit dans le travail de POCHET, Annexes, p. 41.

  • Pour ce qui concerne les charges (!) factorielles, les donnes font dfaut chez SZONDI et SOTO.

    Nous entamerons notre discussion partir de

    l'examen des tableaux 1 et 2. Notre population de rfrence principale tant celle

    des jeunes gens de 22 ans, lorsque le test du 2 est applicable, nous signifions par * que le seuil de probabilit est infrieur p. 05, ** pour p. 01 et *** pour p. 001.

  • Tableau 1

    Tableau comparatif des frquences des ractions factorielles exprimes en pourcentages chez Szondi (1), Soto (2), Pochet (3), Mlon(4), Stassart (5) et Jeangille

    (6).

    S P Sch C

    1 2 3 4 5 6 1 2 3 4 5 6 1 2 3 4 5 6 1 2 3 4 5 6 oo 2 1 2 3 0 0 4 4 3 1 7 0 4 4 3 4 7 1 8 4 4 1 1 1 o - 4 2 8 3 4 0 15 20 17 32 21 13 14 8 8 3 9 6 10 2 8 0 2 2 o 1 1 2 5 7 3 6 2 1 6 4 1 3 2 2 1 2 0 4 4 12 5 10 0 o+ 4 3 1 7 5 9 3 1 1 0 1 0 5 5 7 11 6 8 18 27 25 20 23 35 +o 18 14 12 5 4 9 6 6 4 3 6 2 3 2 5 3 5 3 8 4 5 1 1 0 + - 13 13 30 12 12 6 23 28 23 22 27 10 3 3 3 1 3 1 13 3 10 2 0 0 + 7 10 8 7 11 13 4 4 2 4 6 1 1 1 2 1 1 0 1 1 4 1 2 0 ++ 25 33 11 10 17 37 4 1 1 2 1 0 3 2 4 7 4 1 9 10 8 5 2 3 - o 3 2 1 5 4 3 5 5 4 2 5 4 8 12 10 27 13 25 3 5 4 2 5 3 - - 8 3 8 10 5 3 8 14 17 10 15 48 32 37 7 9 13 15 3 2 0 2 1 1 - 3 2 2 13 5 0 3 2 4 3 1 5 8 6 4 0 7 6 3 2 3 5 0 2 - + 5 4 1 9 10 9 4 1 1 1 0 1 9 10 27 16 16 27 10 27 13 50 44 47 o 2 2 0 1 4 3 4 4 7 3 1 4 2 2 6 6 9 4 2 1 0 2 1 0 - 2 3 8 5 1 3 6 8 10 5 9 10 4 3 6 5 4 1 2 1 1 0 1 0 1 1 3 2 2 0 4 1 2 1 1 0 1 1 0 0 0 0 1 1 0 0 0 0 + 1 2 1 4 10 2 1 1 2 0 0 1 1 2 7 5 1 2 2 3 2 4 4 5

    1. Szondi L. 1000 Hongrois normaux de Budapest (1935-39). 2. Soto-Yarritu F. 750 Navarrais normaux (1952). 3. Pochet Anne . 200 Italiens normaux de la rgion de Padoue (1992). 4. Mlon J. 111 sujets en psychothrapie analytique (1978-87). 5. Stassart Martine . 30 belges francophones normaux de 22 ans (1992). 6. Jeangille P. 20 pileptiques essentiels (1989).

    Tableau 2

    Rpartition des charges (!) exprimes en pourcentages dans les

    populations de POCHET (1), MELON (2), STASSART (3) et JEANGILLE (4)

    h+ h- s+ s- e+ e- hy+ hy- k+ k- p+ p- d+ d- m+ m-

    1 26 1 3 17 3 2 0 15 0 5 8 4 1 0 14 1

    2 7 4 9 6 O 1 0 13 0 6 8 4 0 11 53 0

    3 9 4 13 4 3 0 0 15 0 4 10 1 0 5 34 0

  • 4 21 1 19 4 4 12 0 3 0 6 2 2 0 8 49 0

    Nous notons que:

    les pileptiques prsentent la raction P- - avec une trs

    haute frquence *** par contre P + - est rare ** la raction s - est rare * la raction S ++ est frquente *** la raction d+ est quasiment absente, mais cette absence n'est

    significative que si on se rfre aux chantillons de Szondi, Soto et Pochet

    la raction k- est frquente * la raction m+ est trs frquente (90% chez les pileptiques)

    mais cette crasante majorit de m+ est commune aux trois derniers groupes, ce qui semblerait indiquer que C o+ et C - + sont caractristiques de la population wallonne en gnral 15.

    en ce qui concerne les charges (!), on peut remarquer qu'elles affectent principalement h+, s+, e- et m+; par contre hy- est remarquablement peu charg cependant que cette raction est trs frquente puisqu'on la rencontre dans 81% des cas; pour ce qui est de la charge en m+, la remarque de la note 15 s'y applique videmment.

    Pour en terminer avec les chiffres, nous avons examin les

    diffrences significatives qui pouvaient exister entre la population pileptique et celle des jeunes de 22 ans et ce, en prenant en compte le profil global (avant-plan + arrire-plan), c'est--dire la somme de toutes les ractions positives et ngatives.

    15 En attendant les rsultats d'une enqute en cours sur la population normale de la rgion ligeoise, force est de constater que le niveau global de rgression de cette population - laquelle nous appartenons - est assez inquitant. Nous pouvons difficilement l'expliquer. Nous pouvons seulement exprimer l'opinion assez vague que le Ligeois est particulirement casanier. Par ailleurs, ce qui est plus objectif et vraiment proccupant, est le fait que la rgion ligeoise dtient le record mondial absolu en matire de consommation de mdicaments en tous genres et plus particulirement en psychotropes.

  • Pour comprendre la signification de ces donnes, il faut savoir que d'une manire gnrale, les pileptiques donnent trs souvent l'arrire-plan des ractions qui vont dans le mme sens qu' l'avant-plan, ce qui est juste titre considr comme un signe de rigidit, le risque tant faible que les positions observes l'avant-plan puissent tre modifies dans l'avenir.

    Les pileptiques donnent beaucoup plus souvent: m+!!! * , h+!! *** , s+!! *** , e - !! ***,

    hy - !! ** et k- !! ***. Enfin, si nous prenons en compte la prsence , l'avant-

    plan, de la triade s + e - d - , dont nous dirons plus loin ce qu'il faut penser , nous la reprons chez 17 pileptiques (85 %) et

    seulement chez 5 sujets (16%) du groupe de comparaison ( 2 significatif p. O25).

    Nous allons maintenant examiner la dynamique interne de

    chaque vecteur.

    Le vecteur P Ce qui frappe le plus, c'est la prsence, chez 19 sujets sur 20,

    de la raction e - hy -. Tout se passe comme si cette position tait une position

    pivot partir de laquelle de multiples variations peuvent se produire.

    Philippe LEKEUCHE16 crit: "Alors que P ++ (Affektflut) renvoie l'ide d'un fantasme projet dans la motilit, d'une pantomime conversive hystrique, P - - est la raction pileptique par excellence, celle du Can qui se cache". La rage ne trouve pas s'exprimer dans un fantasme, se

    16 LEKEUCHE Philippe. Positions pulsionnelles et pilepsie. Texte polycopi. Sminaire d't des Archives Szondi, 1979.

  • "figurer"(hy+). L'expression mme de la rage est entrave. Pris dans sa rage, le sujet est aussi bien pris dans les mailles du filet qui l'empchent de bouger, de montrer, de dire, d'imaginer mme ce qui le fait bouillonner. Szondi parle de "panique intrieure", d'oppression angoissante (Beklemmung ), de cette angoisse indicible qui nat de l'hyperexcitation sexuelle - comme dans la nvrose d'angoisse - ou de toute autre tension existentielle et qui ne peut conduire qu' une immobilisation paralysante jusqu'au "rflexe de faire le mort"("Sich-tot-Stellen-Reflex").

    Cette position des affects, la plus pnible qui soit, est d'autant plus intenable que les freins (hy- le plus souvent combin avec k - ) mis l'expression de la rage - colre, fureur homicide ou vengeance latentes - ont pour effet de dcupler celle-ci, ce dont rend compte la frquente exacerbation de la tendance e - (e - !, - !!).

    Si presque tous les sujets prsentent cette raction e - hy -, deux seulement s'y maintiennent. La plupart virevoltent autour de cette position oppressante, les uns trouvant se "dcharger" sur le versant e, dans la crise d'angoisse ou une quelconque manifestation sensorimotrice de leur tension exacerbe, d'autres usant de la soupape hy(strique) c'est--dire en faisant passer leur malaise dans la relation un autre sujet ou en le projetant dans une mise en scne fantasmatique (hy +, o, ).

    En voici quelques exemples: Vronique Charles Sylvana Eric Bernard Michel

    - -! + - - o - o -! !- -

    -! - -! - - - - - - - o - -! - -!! - - o - - - - -! - -!! - - - o - - -! -! -! - - - o - - - -

    Il n'y a pas un seul sujet qui ne soit confront au flux permanent de la rage, mais pas un seul non plus qui ne consacre l'essentiel de ses dfenses et de son nergie lutter contre. La seule prise en compte de la permanence de cette disposition affective reprable dans le vecteur P, suffirait spcifier cette population.

    Rappelons la moindre frquence de P + -, indice d'une faible intriorisation du Surmoi. Plus

    exactement, ce qui fait ici dfaut est la tendance rparer ( e+: Gutmachenwollen), tendance "rotique" au sens freudien du terme, qui obit l'invitation dpasser la haine meurtrire et qui permet seule,

    comme le rappelle VERGOTE17, qu'un surmoi "thique" finisse par supplanter un surmoi "archaque", toujours destructeur en puissance et fer de lance de la pulsion de mort (FREUD, Le moi et le a, 1923: "Le surmoi est une culture pure de la pulsion de mort", pour autant, faut-il le prciser, qu'il est rest l'tat originaire).

    17 VERGOTE A. Complexe d'Oedipe et complexe de Can. Revue de Psychologie et des Sciences de l'ducation, Louvain, 1971, Vol. 6, n 4, pp. 446-455.

  • Nous avons seulement rencontr un sujet qui ne prsentait pas le profil P dcrit ci-dessus, mais son profil

    Jos, 24 ans Avant-plan Arrire-plan h s e hy k p d m h s e hy k p d m - + o + - o o - - + - + o + o +! - - o -! o o o - - o +! + + - - + -!! o o + +! - - - o + + + o - + -!! - + - + -!! - + o + + + o - - + -! o - +!! - - o o

    fait apparatre une culpabilit crasante (e+!) sur fond d'ambivalence homosexuelle , ce que suggre le premier profil aussi bien l'avant qu' l'arrire-plan. On peut voir ici que la culpabilit est un substitut pour l'accrochage abandonn (m-).

    Le vecteur S Nous sommes tente de rpter propos de ce qui

    s'observe dans le vecteur Sexuel ce que nous venons de dire propos du vecteur des affects. La raction la plus frquente est S ++ ; on la rencontre chez 13 sujets mais elle n'est jamais stable, les tensions y sont violentes, surtout au niveau de la raction s + qui est souvent surtendue (s+!, +!!). C'est le signe d'un besoin exacerb, mais toujours frustr, de dominer l'objet, de le subjuguer, d'exercer sur lui une matrise ou une prise qui parat constamment voue l'chec. De l penser que la rage , reconnue en e -, puisse tre la consquence de la frustration sexuelle et, plus spcifiquement de l'impuissance possder compltement l'objet, il n'y a qu'un pas qu'il est bien difficile de ne pas franchir. Ne serait-ce pas parce que, dans le fantasme du sujet, l'objet se drobe et refuse de satisfaire par l sa demande d'amour effrne (h+!), que la tension ne cesse de monter?De ces tensions extrmes et de ces dcharges qui, comme en P, se produisent tantt sur le versant h (le sujet est occup sduire, tendu dans ce sens), tantt sur le versant s (il dcharge ou se dcharge travers une action motrice), peuvent tmoigner les quelques exemples qui suivent:

    Sylvana Frederic Fernand Maurice Vronique Patricia Bernard +!+! + o +! - +! o +! + + +! +!

    + +! +! + o +! - +! + - +!! +! +! + +! +! +! + + +! o + o + +!! +! +! o

  • +! + + o +! + +! + + + +! + +!! + +! + + +! + +! + + +! + o +!!

    Si la problmatique voque en P nous suggrait la pense qu'on se trouve en prsence de sujets qui ne parviennent pas matriser les affects et plus particulirement les affects de rage , nous trouvons en S une forme d'explication de cette rage en mme temps que nous dcouvrons une formidable concentration de la libido d'objet qui ne veut ou ne peut ni lcher sa proie ni assouvir son dsir de la possder absolument, ce qui aboutit ncessairement en stase toujours prte se dborder elle-mme.

    L'explication de la tension s+! par la frustration est sans doute trop simple. Dans l'rotisation de la tendance "sadique", il y a aussi une tentative d'orienter la libido dans le sens de l'investissement actif d'un objet extrieur. Dans le schma pulsionnel, s+ reprsente le moment de l'orientation objectale de la libido sexuelle et donc aussi celui de la sortie de l'enfermement narcissique (h+ s -)-fusionnel(d - m+). Ds lors s+! peut s'interprter positivement dans le sens d'un effort tendu pour forcer la libido entrer dans les voies de l'objectalit. Autrement dit, le sujet qui se rvolte (e -) contre le sentiment de son emprisonnement par l'autre, revendique en mme temps le droit (s+!) de "sortir".

    Le vecteur Sch Ce qui domine dans le vecteur du Moi, c'est, dans 80% des

    cas , une position ferme en k -. Celle-ci est d'autant plus nette qu' l'arrire-plan, c'est la

    mme raction k- qu'on retrouve , si bien que la majorit des sujets peuvent tre caractriss comme des ngateurs absolus.

    Mais que nient-ils? A notre avis ce ne peut tre que tout ce qui a dj t

    voqu, leur besoin de matriser l'objet et les affects de frustration massive et de rage dsesprante qui les animent.

    Ce positionnement nergique dans l'attitude de la ngation refoulante rendrait compte la fois du ralisme militant de ces sujets, de leur propension rationaliser et tenir sur toutes choses des propos lgalistes, mais aussi du blocage de la pense et de l'action qui , du fait de l'norme pression pulsionnelle qu'il leur faut contenir, prennent des allures de pesante lenteur, de stagnation entrecoupe de brusques chappes et de fulgurances imprvisibles.

    La frquence relativement leve de la raction Sch - o fait voquer des sujets qui extrieurement veulent apparatre comme forts, raisonnables, adapts, ralistes mais qui ne peuvent raliser cet exploit qu'en se niant eux-mmes, ce qui,

  • tant donn ce que nous savons par ailleurs, leur impose un effort considrable.

    Nous sommes surprise par la prsence chez beaucoup (65%), de faon intermittente le plus souvent, du profil du moi dit "inhib", Sch - + , mais qui fait un effort pour essayer de se comprendre, la diffrence du Sch - - ou du Sch - o. Cette tendance est en contradiction avec les donnes de l'empirie telles que SZONDI les a consignes au fil de son exprience au contact des pileptiques. En effet, lorsqu'il dcrit le "Centre" (Mitte) classique de l'pilesie essentielle, SZONDI le prsente comme suit:

    e hy k p

    - - ! - ! -

    o -! -! -! o - - o - o o - - o - - - -

    o on peut voir que la tendance p+ est absente.

    Nous n'avons pas d'explication valable de la frquence relativement leve de p+ dans notre chantillon, en dehors du fait empiriquement vrifi que p+ - tout comme hy- - est une raction dont la frquence crot rgulirement avec le temps qui passe dans la population occidentale, signe dun individualisme galement croissant.

    Classiquement, l'orientation en p diffrencie l'hystrique de l'pileptique. Tandis que l'hystrique "pense", "imagine" ou "invente" (ce sont trois significations possibles de p+) l'autre de son dsir et "sort" par l de la ralit, l'pileptique "projette"(p - ) ses dsirs et ses affects sur l'autre, refusant la diffrence, la diffrenciation et donc aussi une certaine perte d'une certaine ralit. C'est dans ce sens qu'on peut dire que l'pileptique "colle" la ralit. En fait, il colle ses projections perceptives. Nous verrons plus loin, propos du vecteur C, que l'adhsivit rsulte probablement de la condensation de plusieurs tendances. Sans doute est-elle notamment mettre en rapport avec la pregnance des positions pulsionnelles dites premires -"contactuelles"- dans la thorie des circuits, c'est--dire: m+ , h+, e - et p -.

    Pour ce qui concerne les trois premires positions, elles sont effectivement prsentes de faon massive chez tous les sujets de notre chantillon. Par contre p - fait souvent dfaut.

    Peut-tre devrions nous tenir compte du fait qu'il s'agit d'pileptiques "lgers", ambulatoires, jeunes et d'un bon niveau intellectuel pour la plupart?Surtout, il est bon de rappeler ici que notre chantillon n'est pas vraiment reprsentatif de la population pileptique dans son ensemble. Nos sujets sont ceux qui ont accept de se soumettre une enqute de personnalit, et ceci explique peut-tre cela. La position p+, qu'on a coutume d'associer avec le dsir de se mieux connatre est peut-tre spcifique de notre chantillon.

    Il reste que , dans l'optique de la thorie des circuits pulsionnels, p+ est la seule position quatrime qui soit reprsente dans notre population pileptique. On pourrait en conclure que, si

  • l'ambition existe de se produire comme individu au sens fort du terme, le travail psychique qui devrait normalement s'enclencher partir de cette vise, n'opre pas.

    Nous ferions alors propos de p+ la mme hypothse que pour s+: nos sujets manifesteraient sur les deux plans de la diffrenciation identificatoire et de l'orientation objectale de la sexualit une mme tendance progrdiente, mais seulement l'tat d'bauche intentionnelle, trop faible pour entraner une volution processuelle allant dans le sens de l'mancipation et de l'autonomisation psychiques.

    Le vecteur C Les ractions observes dans le vecteur du Contact nous

    causent beaucoup moins d'embarras. En effet, de manire quasi unilatrale, les positions les plus

    investies sont C- + et C o+, avec le plus souvent des charges en d - et surtout en m+. Les positions d+ et m- ne sont pratiquement jamais occupes.

    Notre interprtation est simple; faute de pouvoir assumer sa pulsionnalit dans la ralit et au niveau gnital, l'pileptique, en cela peu diffrent du nvros ordinaire (voir la population de MELON), rgresse au plan libidinal.

    Il se retranche dans un monde prgnital d'essence maternelle, se nourrissant essentiellement d'un fantasme de retour au sein.

    Lorsque, dans la discussion du cas de l'Homme aux Loups (GW, XII, 134-137), FREUD s'interroge sur le sens du fantasme de retour dans le ventre de la mre aussi bien que du fantasme de renaissance qui lui est intimement associ, il y voit essentiellement un substitut rgressif du fantasme originaire de la scne primitive. C'est pourquoi il hsite faire entrer le fantasme de retour au sein dans la srie des Urfantasien: sduction, scne primitive, castration.

    Dans le fantasme du retour au sein, tout se passe comme si rien de grave n'tait arriv, comme si l'illusoire paradis primitif tait rest intact.

    Ce paradis, c'est celui de la sexualit infantile prgnitale o l'enfant peut encore imaginer qu'il trne entre pre et mre,

  • par le truchement du mythe du "divin enfant" et de la "Sainte

    Famille"18. Une question se pose ici, concernant l'extrme raret de la

    raction m -, qui rejoint celle que nous avons pose propos de la frquence de p+. En effet, SZONDI donne la "triade meurtrire" (Mrder-E) , c'est--dire l'association

    e - p - m - (meurtre) ou e - k - m - (suicide) comme profil paradigmatique de la phase prodromique de

    la crise. Ce profil manifeste justement, dans la phase de tension aigu qui prcde la crise, l'importance dcisive que prend la tendance "couper le contact", tout lcher brusquement (m -).

    Dans les phases intercritiques, c'est la tendance contraire l'accrochage (m+) collant (d -) qui domine absolument, comme si le sujet, renforant et assurant par l le mcanisme de la ngation, devait affirmer la permanence d'une ambiance fusionnelle absolument harmonieuse et s'en convaincre sans cesse pour contredire la pousse permanente des violentes tendances sparatrices (m-), agressives (s+) et destructrices (e-) qui l'habitent.

    Or le traumatisme s'est produit et on peut se permettre de le situer dans le temps mythique de la scne primitive.

    Le jeune conqurant (s+!) se serait trouv brutalement jet hors de la scne et donc interdit de participer aux bats des parents. Renvoy dans son lit-cage, il continue d'enrager (e -!) comme au premier jour. Et comme il obit malgr tout l'interdit (hy - k - ), sa rage n'en faiblit pas pour autant car, de l'exclusion qu'il subit, il ne comprend pas le principe. Sujet "" la rage, il devient sujet "de" la rage.

    Il est certain que l'pileptique reste bloqu dans un tat o se perptue le conflit frontal entre, d'une part, une revendication sexuelle violente (h+!) associe une furieuse

    18 GRUNBERGER B. Le Narcissisme. Payot, Paris, 1971, p. 343.

  • envie d' "occuper la place" (s+!) et, d'autre part, un interdit aveugle qu'il peroit comme absolument arbitraire: "Tu dois"! (hy- k-).

    Tout se passe comme si le sujet tait incapable de "rflchir", de penser la question de l'interdit, et donc de la perlaborer, ce qui n'est possible qu' travers l'laboration du fantasme de castration.

    On va trop vite quand on amalgame simplement, partir d'une interprtation sommaire de l'analyse freudienne du cas DOSTOIEVSKI, pilepsie et meurtre du pre.

    Si on lit bien FREUD19, on peut voir qu'il considre d'abord DOSTOIEVSKI comme un hystrique qui se servait de son aptitude convulser pour vivre hystriquement sur le mode de la conversion , sa relation homosexuelle ambivalente au pre.

    La question du meurtre du pre, ou du parent rival, est une question nvrotique , qu'on peut vivre la mode hystrique ou la manire obsessionnelle.

    La question plus fondamentale de la violence originaire, du meurtre de l'autre sans spcification du destinataire de la

    pulsion homicide - comme l'avait bien vu STEKEL 20ds 1911 - est la question que pose l'pileptique.

    De ce point de vue, SZONDI ne s'est pas tromp en

    choisissant ici la figure de Can plutt que celle d'Oedipe 21.

    Colette GUEDENEY22, revenant sur la question cruciale de la premire crise, qui survient souvent dans l'enfance, crit:

    "Ces sujets vivent les relations de leurs parents

    comme un vritable assassinat narcissique, ce qui suscite en eux des dsirs de vengeance meurtrire

    19FREUD S. (1928). Dostoievsi et le parricide. Trad. fr. in Rsultats, ides, problmes II. Paris, Presses Universitaires de France, 1985, pp. 161-179. 20 STEKEL W. Zentralblatt fr Psychoanalyse, 1911, I, Fascicules 5 et 6. 21 VERGOTE A. Op. cit. 22GUEDENEY Colette. A propos de la premire crise d'pilepsie dite essentielle. Rev. fr. de Psychanalyse, 1976, 40, 2, pp. 303-324.

  • d'une rare violence. On peut se demander si la scne primitive ne ractive pas la blessure narcissique originaire d'avec l'objet primaire. Les fantasmes de scne primitive sont mortifres, les imagos parentales souvent peu distinctes mais tout aussi dangereuses. Il s'agit de centrifugeuses engloutissant et broyant les parents, de crocodiles se dvorant jusqu'au dernier, d'incendies consumant les parents devant un sujet paralys d'horreur. Tout respire ici la violence sanguinaire. Il ne s'agit pas tant, comme dans l'hystrie, de dtruire le parent rival pour obtenir l'autre, que de dtruire les deux parents responsables de la dception et de l'impuissance du sujet (p. 312). . . .

    La projection finit par l'emporter sur la dramatisation. . . La scne primitive est insuffisamment refoule. Elle est d'autant plus virulente qu'elle ne s'est pas suffisamment organise en fantasme. Il y a un manque d'laboration des imagos. La puissance des pulsions et la mauvaise organisation du moi n'ont pas permis une constitution des imagos qui passe par un amnagement du moi comme dans l'hystrie. On reste plus dans la ligne de la dception que dans la ligne de la sduction et de la castration.

    La crise hystrique a une valeur symbolique. Dans la crise comitiale, il y a chec de la symbolisation (p. 319). "

    Au lieu de perlaborer la question du meurtre au travers de la problmatique de la castration - o vient jouer la diffrence des sexes et o, par voie de consquence, pre et mre apparaissent beaucoup plus diffrencis que dans la scne primitive - l'pileptique, selon l'expression de Philippe

    LEKEUCHE 23:

    ". . . translabore ce qui est de l'ordre du vecteur P sur le mode du vecteur C. . . les trois personnages de la scne primitive baignent dans une ambiance de mort o les diffrences existant entre eux se

    23 LEKEUCHE Ph. Op. cit. p. 17.

  • dgradent: de par la rage, les voil tous les trois rduits en cendres, au mme point - mort!. Inversment la problmatique P dteint aprs-coup sur l'ambiance familiale o l'on trouve une collusion troite entre la pulsion de mort et l'excitation libidinale, o il existe une grande promiscuit affective entre les membres de la famille, l'un ressentant immdiatement ce que l'autre prouve, comme s'il y avait tout le temps de l'lectricit dans l'air.

    Le refus d'tre exclu des bats parentaux devient refus d'tre expuls du ventre maternel. La crise vient la place d'un deuil faire. Faire ce deuil signifie accepter la dception inscrite dans la vie. La crise est comme une tentative de surmonter le sevrage et de ne pas le surmonter. Car la rptition d'un phnomne est une manire d'en rester l. "

    C'est ce mlange des genres, la confusion entre excitation

    libidinale (S +!+!), rage homicide (e -!) et re-fusion primordiale ( C -! +!!) que rvle si bien le profil de l'pileptique essentiel au test de Szondi.

    En voici un exemple:

    Vronique, 24 ans Avant-plan Arrire-plan h s e hy k p d m h s e hy k p d m + - - o o +! +! + - o - - o + + -! - - o - +! + + - - -! + + -! - - + - +! +! o - + -! - + + + -! - - o - +! +! + - + - -! - o + o -! - + o + + +! - o - - - -

    Notons encore que c'est le seul sujet dans tout l'chantillon des 20 pileptiques essentiels qui prsente, au 5e profil de

  • l'arrire-plan, la classique triade meurtrire-suicidaire, associe au "bloc d'irralit"(p-d-m-) prpsychotique.

    * * *

    Un des intrts majeurs de l'apport szondien est qu'il nous permet de ressaisir dynamiquement le sens des "signes" pileptiques tels qu'ils se manifestent non seulement dans la clinique mais encore, et bien mieux, travers le test de Rorschach.

    L'explosivit se comprend facilement si on tient compte de la lutte gigantesque et incessante que mne le sujet contre le quantum confus d'excitation aussi bien sexuelle (S+!+!) que rageuse-destructrice (e -!) qui s'accumule inexorablement en lui.

    Le blocage saccad de la motricit (s+ e- avec k -) se traduit directement par des sensations de mouvement de va-et-vient dans les perceptions kinesthsiques, d'o la succession des K ou k statiques, secondaires ou confabules.

    Quant ce besoin compulsif de tout faire coller ensemble tout prix, phnomne qui a dtermin Franoise MINKOWSKA faire du signe "lien" le signe pileptode par excellence, il ne faut pas y voir seulement la manifestation de la tendance rparatrice mais bien plutt l'effet d'une certaine forme de "rgression" sensori-motrice, videmment positive, visant maintenir (d -! ) en s'y cramponnant (m+!), un monde peru comme toujours en train de se disloquer.

    Au Rorschach, en effet, la dcouverte est saisissante. Nous entrons dans un monde o la sensorialit se trouve

    exacerbe.

  • Pas pas, protocole aprs protocole, l'impression d'une ambiance spcifique se dgage, se renforce et trouve une confirmation particulirement loquente travers l'expression, le langage et les contenus projectifs de nos vingt sujets: lumire, son, chaleur, couleurs en mouvement, densit, masse, texture produisent la sensation et composent le rythme.

    En voici quelques exemples. Les chiffres renvoient pour le premier aux numros d'ordre des sujets tels qu'ils sont dsigns

    dans l'ouvrage de JEANGILLE, pour le second au numro de la planche du test de Rorschach o la rponse apparat.

    1. 10. (v)". . un ensemble d'insectes. . . insectes parce que c'est fin, c'est tout petit et toutes ces couleurs qui

    ont l'air d'tre en mouvement". 3. 1. (v) ". . je dirais plus un papillon de nuit. . . c'est la forme. . . il est plus gros, presque plus lourd, plus

    pais. . . "

    7. 2. (v) "Deux animaux qui s'aiment, le grand choc, une danse aussi. . . " puis l'enqute: "Les animaux s'aiment, on a l'impression qu'il y a une liaison entre les deux taches. . . il y a une liaison entre les deux. . . pourquoi pas de l'amour puisqu'il y a du rouge?. . . (le grand choc?). . . oui, un choc, l, le sang qui jaillit et ils ont le visage rouge, la chaleur, la chaleur du corps. . . "

    7. 3 (v) "Oh!encore mieux. . . deux femmes qui font peut-tre de la gymnastique. . . un crapaud, juste comme a, le reflet, comme a, dans le noir, et on ne le voit pas entirement. . " et l'enqute: "Deux femmes, la forme, les formes, la tte, la poitrine, la forme des chaussures avec des talons et elles font de la gymnastique au son du tambour. . . et le crapaud, ici, les pattes et les deux gros yeux; il n'y a pas beaucoup de lumire mais elle fait un reflet sur le corps du crapaud gros et laid".

    8. 2 (v) "De la lumire (le rouge) suspendue un abat-jour" puis l'enqute: "la forme blanche de l'abat-jour et la lumire rouge qui en sort".

    8. 9. (v) "De la lumire. . . et quelque chose qui s'ouvre dont on voit l'intrieur. . . un ancien chteau, il s'ouvre, voil la tour centrale et l le soleil qui illumine le tout".

    9. 8. (v)"Deux animaux, des flins. . . comme a on dirait qu'ils passent de pierre en pierre au-dessus d'un ruisseau, ils viennent peut-tre s'abreuver". A l'enqute: "Les flins. . . la forme. . . la symtrie fait penser un reflet dans l'eau, il doit faire chaud, les couleurs sont claires".

    12. 4. (v)"Une peau d'animal, on a l'impression qu'elle est crase, comme on peut en voir sur la route, une rue trs frquente, avec le sang qui est tout sch, une vieille peau sale et ronge". A l'enqute: "C'est la forme mais c'est surtout l'impression qu'elle est sche, crase, sale, cause des diffrentes couleurs, comme du sang sch".

    14. 2. (v) "L'ensemble fait penser un insecte qu'on aurait voulu craser, qui saigne. . ". A l'enqute: "La couleur et un peu la forme. . . (cras?). . c'est la symtrie et les parties noires. . . comme quelque chose d'cras avec le sang qui a coul et qui est sch quelques endroits".

    14. 8. (v) "Un volcan avec la lave ici en bas". A l'enqute: "La forme de la montagne avec la lave bouillante mais qui n'est pas encore sortie".

    14. 10. (v)"Il y a beaucoup de choses. . . une lyre. . . mais ce qui me frappe, ce sont ces deux taches auxquelles sont rattaches certaines petites parties. . . l on dirait des cerises ou des notes de musique".

    15. 3. (v)"Une le volcanique dont il y aurait deux volcans l'extrieur de l'le, en ruption, et deux volcans l'intrieur avec des coules de lave, le reste, l'autre partie de l'le, celle qui ne

  • serait pas en feu, il y aurait une fort bien verte avec ici et l des cultures". A l'enqute: "C'est une le, il n'y a rien autour, de l'eau. . . (volcanique?). . . cause des volcans, il y en a deux sortes, les uns avec une forte coule de lave, encore frache, en ruption, et les autres dont la lave s'est un peu durcie. Le reste de l'le se compose de forts plus sombres et de cultures aux endroits plus clairs".

    16. 7. (^)"Le tout, on peut dire des nuages". A l'enqute: "La forme et la couleur, des nuages sombres qui amnent la pluie".

    18. 3. (v)"Deux pianistes de concert, en noir, qui jouent sur un tout petit piano. . La salle est dcore de notes de musique en rouge".

    20. 4. (^)"Un gros insecte". A l'enqute: ". . . voil ses ailes et son corps, il semble rsistant, massif, un gros insecte, poilu, repoussant. . . "

    C'est dans un "bain" sensoriel que nous sommes littralement plongs!

    Comme l'avait dj parfaitement anticip Franoise MINKOWSKA dans l'Etude n 3 de son ouvrage "A la recherche du monde des formes": "L'pileptique voit, l'pileptique sent" et nous apparat sous "l'emprise du contact sensoriel" (p. 126).

    Emprise du contact sensoriel : c'est bien , nous semble-t-il, le terme le plus adquat:

    5. 8. (^) "Un volcan referm dont le feu est toujours allum et qui va peut-tre se mettre en. . . se rveiller. . . et il y aurait deux ours qui monteraient et qui seraient colls dessus. . . ils ne savent plus s'en dtacher". Enqute: "Ils sont colls sur le volcan, ils grimpaient mais ils sont rests colls".

    5. 9. (^) ". . a me fait penser la suite de l'autre, du prcdent; le volcan se serait rveill et les deux ours seraient dsintgrs ou ensevelis par la lave. On aurait tent de les sauver mais on n'y serait pas parvenu".

    8. 4. (v) "Un robot, voil la tte minuscule, les pieds normes en dessous et la queue derrire. On dirait qu'il est assis et que ses mains sont attaches". Enqute: "C'est la forme, avec ses bras, une impression de grosseur, de perspective, et ses mains ont l'air attaches, elles ont l'air de se diriger vers l'arrire, comme s'il tait li".

    8. 6. (>)"Une fuse qui dcolle et la fume l en bas. . l on dirait un drle d'insecte, bizarre, qui fait des battements d'ailes. . . on pourrait dire une libellule. . . (^). . . (>) ou une sorte d'usine poussireuse avec le nuage de fume". Enqute: "La libellule, c'est cette partie-ci, avec les battements d'aile l. . . elle se dgage peut-tre. . . l'usine, c'est surtout la fume, la couleur qui forme un gros nuage ou de la poussire. . "

    10. 6. (v)"Une peau de souris, voil son museau avec ses moustaches et sa peau, ses poils l. . . une peau de souris morte". Enqute: "On dirait ses poils, comme de la fourrure et la forme du museau avec les moustaches. . . (morte?). . oui, elle est tale, plaque ou colle, elle serait morte".

    12. 6. (v)"L on dirait deux ours qui sont colls, ils se sont relevs sur les pattes arrires. . "Enqute: "C'est la forme des deux ours redresss. Ils taient colls et se dtachent maintenant".

    15. 6. (v)"On voit aussi deux ours attachs dos dos un mt. Ils seraient colls au mt et ils tireraient chacun la langue".

  • 17. 4. (v)"Un Bernard-l'Hermite qui trane son coquillage". 17. 6. (>)"Vu comme a on dirait la chemine d'un bateau. . et voil le bateau avec ici devant quelque chose

    qui est tomb dans l'eau et qui clabousse, et la fume qui entoure le bateau". Enqute: "La forme, ici on voit l'avant du bateau, la chemine, et puis le tout est envelopp de fume".

    19. 7. (v)"Deux petites btes qui se tournent le dos comme la planche prcdente et au-dessus d'eux, peut-tre une pierre; ils seraient coincs sous la pierre et tenteraient de se dgager". Enqute: "Voil leur tte et leur corps, ils sont redresss et tentent de se dgager, de sortir en soulevant la pierre".

    A travers nombre d illustrations, on s'aperoit en outre que la forme reste par endroits imprcise, diffuse, comme si l'objet aux contours dfinis ne parvenait que difficilement faire saillie, merger comme entit individue. L'effort en vue du dgagement est pourtant trs sensible: la kinesthsie infiltre la plupart des projections des sujets pileptiques mais elle dbouche rarement sur un mouvement d'accomplissement identificatoire achev. La kinesthsie stagne au niveau de la sensation, ne trouvant pas - ou ne trouvant que secondairement - de support concret o s'actualiser(descriptions cintiques et sensations kinesthsiques sont des phnomnes frquemment observs, reprables chez 14 sujets sur 20):

    1. 10. "Toutes des couleurs qui ont l'air en mouvement". 3. 4. "Le bas est gros et a s'tire". 4. 8. "C'est la force qui se relie pour ne faire qu'un". 4. 10. "Quelque chose qui se lie, qui se soude pour toujours". 7. 2. "On a l'impression qu'il y a une liaison entre les deux taches. Pourquoi pas l'amour puisqu'il y a du

    rouge". 7. 10. "Le petit mange des animaux". Enqute: "C'est les couleurs et une impression de mouvement, les

    couleurs donnent une certaine agitation, comme les oiseaux par exemple". 8. 9. "De la lumire et quelque chose qui s'ouvre dont on voit l'intrieur". 9. 10. "Des crabes, des coqs, des petits monstres. . . c'est dynamique, vif, il y a du mouvement l-dedans". 14. 5. "Un oiseau qui plane dans le ciel. . . il se laisse porter par le vent". 15. 4. "Un saut dans le vide d'une personne. . . un plongeon".

    Et si la kinesthsie trouve ce support, elle traduit alors presque toujours l'accrochage, l'appui, la prise, une position statique sous tension ou la recherche d'quilibre:

    3. 8. (v) ". . a, on dirait deux mains, mais le reste. . . deux

    mains qui vont tenir ou soutenir quelque chose, qui vont prendre ce qu'il y a au milieu, mais je ne sais pas ce que c'est le milieu. On dirait presque un tronc, un buste et le cou, jusqu' l'aine, non, jusqu' la moiti de l'abdomen".

  • 4. 6. (v)"Un oiseau qui se pose sur un rocher". 9. 6. (v)"Un oiseau qui atteint. . . les ailes dployes. . mais

    sur quoi?. . . je ne sais pas. . . un genre de rocher. . " 10. 9. (v) "Deux pieds d'une danseuse et au-dessus voil sa

    jupe et l son chemisier gonflant. . . elle semble grosse et malhabile. On pourrait voir une barre derrire elle, elle s'appuie peut-tre sur un piquet parce qu'elle a manqu de tomber. . . c'est tout. . ". Enqute: "La forme gnrale, mais ce n'est pas trs fin ici; une danseuse qui manque de tomber et qui se rattrape un piquet".

    13. 7. (v) "Ici, je ne suis sr de rien. . Hum!peut-tre deux enfants, deux garons (rire) en quilibre sur un rocher".

    16. 1. (v) "Une chauve-souris". Enqute: "Ici les deux pattes qui s'accrochent et la tte, et les ailes dployes. Elle est suspendue , les ailes ouvertes".

    16. 3. (^) "Deux ngresses". Enqute: "c'est la forme, ce sont des dames parce qu'elles ont une poitrine; elles se regardent mutuellement ou font de l'exercice; elles se tiennent un poids et se tirent vers l'arrire".

    17. 8. (^)"Comme a, on dirait voir deux mains et des doigts qui s'agrippent" et dans le mme dtail: "on pourrait dire deux lions l". Enqute: "Ils sont appuys sur un rocher ou en train d'observer leur proie, prts bondir".

    18. 6. (v) "Deux ours". Enqute: "Ils ont les pattes dresses, la tte appuye contre l'arbre, ils se frottent le dos".

    18. 10. (^)"Et l deux papillons poss, les ailes replies". 19. 6. (^) "Peut-tre deux drapeaux qui flottent". Enqute: "C'est la diffrence de couleur, ils flottent au

    vent, accrochs une sorte de mt".

    L'objet "atteint" participe rarement d'une dynamique relationnelle souple et lgre, s'il est permis de s'exprimer ainsi. Il remplit une fonction essentiellement utilitaire de base tangible sur laquelle on peut se tenir, ou de Haltobjekt , selon l'expression de SZONDI, auquel on peut s'accrocher, s'agripper.

    L'investissement moteur semble donc principalement engag dans un effort d'extraction et de saisie d'un lment diffrenciateur, extrieur au "magma sensoriel".

    Cependant l'angoisse de "tomber dans le vide"(cfr sujets 10 et 15) sans doute lie au dsir coupable de se diriger vers la sortie libratrice d'une part, et la force d'aimant qu'exerce le bain fusionnel aconflictuel d'autre part, obrent et risquent de faire chouer toute tentative de sparation et d'individuation.

  • La rponse , dj cite, du sujet 5 aux planches 8 et 9 est exemplaire:

    "Un volcan referm dont le feu est toujours allum et qui va

    peut-tre se mettre en. . . se rveiller. . . et il y aurait deux ours qui monteraient et qui sont colls dessus, ils ne savent pas s'en dtacher. . . ils sont colls sur le volcan, ils grimpaient mais ils sont rests colls" , et la 9: "a me ferait penser la suite de l'autre, du prcdent, le volcan se serait rveill et les deux ours se seraient dsintgrs ou seraient ensevelis par la lave; on aurait tent de les sauver mais on n'y serait pas parvenu".

    Le balancement, trs perceptible dans la squence

    diachronique des rponses au Rorschach, entre: l'apprhension globale du stimulus visant produire

    tout prix une impression d'ensemble et la tendance inverse la division symtrique,

    la viscosit et l'impulsivit, tmoigne de faon tonnante de la prsence d'un conflit

    permanent , difficilement symbolisable pour le sujet pileptique, entre deux forces opposes, l'une tourne ("plie", "courbe") vers l'indiffrenciation, l'autre tendue vers la diffrenciation.

    Cette cadence oscillatoire serait alimente par une constante pousse libidinale agressive vise sparatrice.

    1. ". . et l, a sort comme une espce de sentier. . " 2. "On pourrait croire un rat qui saute, qui s'en va au pas de course". 3. "Deux femmes, elles tirent quelque chose et chacune essaie de tirer soi, elles s'opposent". 5. "a me fait penser un personnage de dessin anim, il crache du feu et il y a deux cygnes qui sortent l.

    . " 6. "Le corps du garon qui va se battre et il se transforme en cheval. . . la tte du cheval qui part comme a.

    . et l un taureau, voil les cornes. . . . un taureau qui charge". 7. ". . on a l'impression de voir comme une fort et le feu qui se rapproche comme pour brler le tout, un

    feu dvastateur". 8. "C'est la forme d'un papillon, il vient de sortir de son cocon. C'tait d'abord une chenille mais ici on voit

    le papillon". 10. "Deux indiennes qui se tournent, elles s'cartent l'une de l'autre, peut-tre se sont-elles disputes ou

    alors elles dansent". 11. "Un personnage qui crache du feu en l'an 5000 avant Jsus-Christ, un dmon qui se fche. . "

  • 12. "Un volcan en ruption". 13. "L'ensemble me fait penser un feu d'artifice, tout qui explose". 14. "Deux femmes, deux noires, elles se disputent peut-tre les restes avec les chairs qui pendent. . . c'est la

    forme, leur position qui fait penser qu'elles tirent chacune de leur ct. . " . . . "la forme de la montagne avec la lave bouillante mais qui n'est pas encore sortie. . . ". . . "Voil le volcan

    qui entre en ruption, la lave qui sort. . . " 15. "Un duel sanglant avec les protagonistes qui se tiennent les mains et le rouge c'est peut-tre des taches

    de sang". . . "deux animaux qui veulent se battre et qui se heurtent un piquet". 18. Deux ours qui se battent pour un territoire et leurs blessures mutuelles aux pattes. . les pattes avant

    l'une contre l'autre et ils se battent. . "

    Mais cette agressivit potentiellement sparatrice et individuante n'aboutit pas; la pulsion est dvie dans le sens inverse, celui de la pente rgressive contenante et globalisante:

    4. 10. ". . . c'est souvent le mme de chaque ct, en double. . . . qu'on remet en face de l'autre. . . (10"). . . .

    quelque chose qui se lie, qui se soude pour toujours. . . a reprsenterait l't parce qu'il y a des bourgeons. . . l'union fait la force aussi. . . (15"). . . un petit coeur dans un grand coeur. . . a, c'est un visage, je ne vois rien d'autre".

    2. 9. "Deux jumeaux dans l'utrus". Enqute: "Une femme couche et ceci donne l'impression d'un sein. . . la tte fait dfaut. . . elle est couche et ici elle serait enceinte, prte s'accoucher. . . "

    Tout se passe comme si le sujet affect d'pilepsie essentielle ne pouvait "advenir" vraiment et se raliser en tant qu'individu sexu, pleinement diffrenci.

    Constamment retenu par l'attraction fusionnelle, pris dans les filets d'une adhsivit pigeante, sa rage dsespre ne pourrait que s'intensifier au point d'en devenir explosive et destructrice. Les contenus agressifs et les thmes d'explosion,

    de feu et de tache24 se rencontrent dans 18 protocoles sur 20. C'est ce niveau, pensons-nous, qu'interviendrait le besoin

    compulsif de tout "lier", de tout faire "coller" ensemble tout prix, phnomne qui a conduit Franoise MINKOWSKA faire du signe "lien" le signe pileptode par excellence. Face un monde peru comme toujours en train d'clater et de se disloquer, la vise immdiate serait de maintenir les lments souds.

    Le signe "lien" se rencontre dans 19 protocoles sur 20. 2. 2. "Deux bonshommes qui se tiennent la main". 4. 5. "Deux nuages qui se rencontrent (rire). . . comme deux pattes de chaque ct, deux hommes ou deux

    lapins qu'on rassemble ensemble. . . ils sont couchs l". 4. 8. ". . . a pourrait trs bien tre un signe de drapeau, a pourrait relier les deux btes, c'est la force qui se

    relie pour ne faire qu'un. . . oui a peut tre l'Union fait la Force. . . ". Enqute: "Ce sont des btes, des animaux puissants qui sont relis ici comme en tenant quelque chose, la force quoi!Deux personnes ensemble valent mieux qu'une, elles ont plus de force, c'est un peu a. . . "

    24 LEDER Alfred. Aufwachepilepsie. Hans Huber, Bern, 1969.

  • 7. 2. "Deux animaux qui s'aiment, le grand choc. . . on a l'impression qu'il y a une liaison entre les deux taches, les mains qui se joignent, ils se touchent avec le genou. . . "

    8. 10. "Un paysage avec des oiseaux, des animaux, comme des poissons aussi. . . oui, a rassemble tout, les animaux, la cabane, a forme un tout. . . "

    11. 3. "Elle me fait penser un insecte, un papillon. . . a a la tte d'une mouche, d'un insecte de toute manire, de gros yeux avec l'avant d'un scarabe. . ou alors ce serait un tatouage de papillon sur son dos"(FFA). Enqute: "Le tatouage, c'est l'ensemble avec la tache rouge, le papillon sur l'insecte, un scarabe, pourquoi pas. . . "

    12. 2. "Deux lapins qui jouent. Ils se tiennent la main". 14. 8. "Cette partie-ci me fait penser quelque chose qui tire, un animal peut-tre, un oiseau. . . on voit ses

    pattes et on dirait qu'il emmne avec lui cette partie-ci. . . qui ressemble un gros papillon. . . ce sont les pattes qui tiennent ce papillon".

    14. 10. "Deux taches auxquelles sont rattaches certaines petites parties. . . " "Deux cerises, on les voit souvent par deux, relies". 15. 8. "Des insignes de ralliement". Enqute: "En prenant tout, a pourrait reprsenter le signe de

    ralliement, par exemple les amis des dinosaures. . " 19. 2. "Des animaux qui ont des genres de trompes qui se rejoignent". 20. 1. "Un insecte qui prend la forme de l'arbre, de l'endroit o il se trouve. . . il se confond avec la nature".

    Dans la perspective que nous venons d'voquer, nous terminons par quelques considrations

    sur le phnomne particulier "fusion figure-arrire-plan"(FFA), retrouv dans 13 protocoles sur 20.

    Selon la dfinition qu'en donne Ewald BOHM25:

    "Dans la fusion figure-fond, la qualit de diffrence subjective de localisation selon laquelle la figure a tendance apparatre localise devant le fond est modifie, en ce sens que le sujet forme, partir d'une figure et d'une partie habituellement vcue comme fond, une nouvelle "superfigure" dans laquelle les parties figure et fond sont mises sur le mme plan, et cette nouvelle figure est perue dtache sur un nouveau fond. Dans cette nouvelle figure, figure et fond ne sont plus perus l'une devant l'autre mais sont fusionnes dans un nouvel objet de perception. . . . Comme, pour l'essentiel, le rapport avant-arrire des parties intresses par la rponse est atteint par le fusionnement et donc aboli, alors que l'habituel rapport figure-fond a cd la place un autre inhabituel, nous avons volontairement nomm ce phnomne "fusion figure-arrire-plan"(Figur-Hintergrund-Verschmelzung)".

    En voici quelques exemples: 5. 3. (v)"a, a me fait penser un bustier. Voil un noeud papillon avec une veste. . . on aurait commenc

    la tte mais on n'aurait pas termin. . . et ct, les taches rouges, ce sont des taches d'encre. . . " 8. 2. (v)"De la lumire suspendue un abat-jour. . . la forme blanche de l'abat-jour et la lumire qui en sort.

    . . " 9. 2. (^)"Un visage l, les yeux rouges, puis les joues ici. . . voil le menton et l la bouche". 10. 2. (v)"Oh!un clown, les yeux (rouge suprieur), le nez (Dbl central), les joues et enfin la bouche (rouge

    infrieur)". 15. 3. (^)"Une le volcanique dont il y aurait deux volcans l'extrieur de l'le, en ruption, et deux volcans

    l'intrieur avec des coules de lave. . . " 18. 2. (v)"On pourrait dire aussi un avion dans les nuages, avec ses feux arrire".

    Ainsi, dans son apprhension perceptive comme dans sa dynamique psychique, l'pileptique

    construirait une "nouvelle figure" o figure ( en tant que forme qui habituellement fait saillie, "surface dfinie qui se dtache", pour

    reprendre la dfinition d'Edgar RUBIN26) et fond ("matriau qui n'a pas de forme et apparat moins rel", selon RUBIN encore) sont fusionns.

    25 BOHM E. Trait du Psychodiagnostic de Rorschach. Trad. fr. Masson, Paris, 1982, p. 176. 26 RUBIN E. Visuell wahrgenommene Figuren. Gyldendal, Kopenhagen, 1921. Cit par BOHM, trad. fr. , pp. 176 et 413.

  • Bien d'autres signes mriteraient d'tre comments, qui sont repris dans le tableau de la planche ci-contre. Le seul intrt de ce tableau est de montrer quel point les phnomnes mentionns sont frquemment reprs dans les 20 protocoles.

    Conclusion Notre recherche sur l'pilepsie essentielle a t aiguillonne

    par le fait que, examinant les tests de Rorschach, TAT et Szondi de jeunes adultes normaux des deux sexes, nous avons eu la surprise d'y dcouvrir, plus souvent que nous ne l'attendions, une pluralit de signes associs un certain climat, une certaine ambiance qui appelaient ncessairement les notions d'pileptodie et de paroxysmalit telles qu'elles ont t labores par, respectivement, Franoise MINKOWSKA et Lopold SZONDI.

    Revenant aux protocoles de Rorschach et de Szondi de 20 pileptiques essentiels rassembls par JEANGILLE, nous avons effectivement retrouv, quelques variantes prs, chez tous les sujets sans exception, les tableaux classiques dcrits par les auteurs prcits.

    En dehors de la thse de MELON27, aucune recherche n'a jamais t entreprise qui permettrait de jeter des ponts entre Szondi et Rorschach. Certes la pratique assidue des deux tests suggre de multiples rapprochements possibles voire plausibles mais faute de vrification statistique valable et de rflexion srieuse, toutes ces impressions fugaces se rduisent en ides inconsistantes qui finissent par s'vanouir l'horizon de nos mmoires cliniciennes.

    A l'instar des "glischrodes", nous nous sommes "agrippe" ce matriel, refusant de le lcher tant que ne serait pas ralis l'espoir non de tout "lier" et de vouloir "tout faire coller

    27 MELON J. Figures du moi. Szondi, Rorschach et Freud. Thse de doctorat en psychologie. Universit de Lige, 1976.

  • ensemble", dmarche contraire l'esprit scientifique, mais de ressaisir ce qui dans tout tableau clinique, quel qu'il soit, fait structure et permet de comprendre voire d'expliquer ce qui fait que les choses tiennent ou vont effectivement ensemble (zusammenhangen). Au point o nous en sommes de notre travail de vrification et de rflexion, nous pensons que c'est possible. Au moins pouvons-nous avancer une hypothse gnrale qui nous semble fconde non seulement pour une meilleure comprhension de la dynamique pileptique mais encore pour l'clairage mutuel du Rorschach et du Szondi, du Rorschach par le Szondi et rciproquement.

  • Explosivit-Impulsivit Adhrence-Viscosit

    C+CF>FC Contenus Explosion Couleur Sentiments Lien FFA Persvration Persvration D combi Mime Sensation k K secondaire Symtrie agressifs Feu incongrue personnels du thme du percept ou aggl Tache + C' Critiques

    1 5, 7, 10 9 2 1, 2, 9 6, 8, 10 10 1, 2, 9 9 6 10 8

    2 4, 6, 10 2 9 3, 4 4, 9 3, 9 2, 5, 9, 10 1, 2, 7

    3 3 10 7, 8, 9 8, 9, 10 10 7 8, 9, 10 8 4 4, 5, 6, 10 7

    4 +++ 6 4 1, 2, 4, 7 2, 5, 6, 8 7 10 5 4, 5, 8, 7, 9 4, 8, 10 3 3, 10 10 10 9 5 + 5, 7, 9 4, 8, 9 1, 3, 4 10 7, 8, 10 3 9 6, 8, 10 3, 4 4

    6 2, 4, 9, 10 1, 4 9 5, 7 9 3, 10 2, 4, 9, 10

    7 + 2, 6, 10 8 1, 4 1, 3, 10 2 8 8, 9, 10 5, 6 6, 8, 10 1, 9, 10

    8 +++ 6 2, 4, 10 2, 7 7 9, 10 8, 9 4, 5, 7

    9 + 1, 10 3 5 2, 9 6, 8 2, 3 10 10 3, 4, 7 8

    10 3, 6, 7 8, 9 9 2, 3 10 4 9

    11 + 2, 5, 6 8, 9, 10 1, 2 8, 9 3 3 2, 8, 10 2, 6 1 2, 8

    12 1, 10 4, 8 4 2 6 6, 8

    13 +++ 1, 6, 8 10 6 7 4, 8, 9 1 3, 4, 7 2 3 9

    14 2, 3, 5, 10 8, 9 2, 3 7 8, 10 9 1 4, 9 5, 8 2, 4, 8

    15 +++ 1, 2, 4, 6 2, 3, 8 1, 3 5, 7 2, 6, 8, 10 1, 3 3, 4, 5, 6 8 3, 8, 9 3, 4 2, 6, 8 6 7, 9, 10 16 2, 4, 5 2, 3, 5, 8 1, 4, 7, 8, 9, 10 5, 9

    17 + 1, 3 3, 6, 9 1, 10 3, 8, 10 3, 4, 6, 8 4 8, 9 2, 10 10 18 2, 8 2 3, 6 2, 3, 4, 6, 2 3 4, 6 7, 8

    19 +++ 2, 5 9, 10 2, 6, 8 7 2, 3 4 7 3, 6

    20 +++ 1, 3, 8 2, 9, 10 5 3, 4 1 10 9, 10 1, 2, 3, 8, 9 3, 6

  • Commenons par le Szondi. En ngligeant quelques rares exceptions, nous pouvons

    brosser comme suit le tableau le plus communment rencontr chez l'pileptique essentiel:

    h+(!) s+! e - (!) hy - k - p variable d -(!) m +!

    Un fait notable est que l'arrire-plan redouble presque toujours l'avant-plan, signe de plasticit faible ou nulle, laissant prsager une forte tendance l'automatisme de rptition.

    La rfrence la thorie des circuits pulsionnels (Schotte28)

    et aux fantasmes originaires (Mlon29) autorise une ressaisie globale, la fois structurale et dynamique, de cette conjoncture particulire.

    Dans le tableau priodique,

    C S P Sch 1 Rgression m+ h+ e- p- 2 Sduction d- s- hy+ k+ 3 Scne primitive d+ s+ hy- k- 4 Castration m- h- e+ p+

    l'pileptique essentiel occupe massivement les positions premires, "contactuelles", et troisimes, "lgalistes", l'exception des positions p - (dans notre chantillon) et d+.

    Pour ce qui concerne les positions deuximes , "narcissiques", et quatrimes, "subjectales", seules sont investies les positions d- et p+.

    28 SCHOTTE J. Szondi avec Freud. De Boeck, Bruxelles, 1990. 29MELON J. et LEKEUCHE Ph. Dialectique des pulsions. De Boeck, Bruxelles, 1990.

  • L'investissement conjugu des positions contactuelles et lgalistes s'interprte au mieux dans le cadre de la seconde topique freudienne.

    Dans "Le moi et le a", quand il introduit la notion de surmoi, FREUD insiste sur le faible cart originel entre le a et le surmoi. Dans les deux cas on a affaire aux mmes imagos parentales, positives dans le cas du a, ngatives du ct du surmoi.

    Ce qui parat bien caractriser l'pileptique essentiel est la conjonction d'une pulsionnalit puissante lie un a bouillonnant et d'une censure svre porte par un surmoi archaque, cet alliage tant corrlatif d'un faible investissement narcissique, tant du ct du moi idal (2) que de l'idal du moi (4).

    Aussi l'pileptique parat-il ballott, comme beaucoup de psychanalystes l'ont not, entre les deux fantasmes de la rgression intrautrine et de la scne primitive, confondant volontiers les deux scnes, dont il enrage (e -) littralement d'tre expuls - c'est son fantasme de base - et dans lesquelles il fait rptitivement des rentres fracassantes tout en condamnant (hy - ) l'expulsion et la rentre comme galement mortifres.

    Plus que d'autres, affect qu'il est par une fixation des images parentales archaques mal diffrencies, l'homme paroxysmal rve de libert, d'galit et de fraternit.

    Car l'pileptique n'est pas seulement dans la rgression fusionnelle. Il n'oblique vers celle-ci que dfensivement.

    C'est en ce sens que nous interprtons la pregnance de s+, position virtuellement individuante en tant qu'elle oriente la sexualit dans les voies de l'objectalit, mais ici biaise par son alliage avec d - qui la ramne dans les eaux prgnitales et la fixe dans l'axe infernal du sado-masochisme.

    L'absence de d+ rendrait compte de la faible tendance investir ce qui a le got du neuf. L'pileptique est fondamentalement conservateur.

  • Nous pensons que l'omniprsence de la raction e - mme accentue (!) ne suffit pas expliquer la violence explosive. Il y faut selon nous l'ajout, lui aussi omniprsent, du doublet sadique s+! k- . En effet, dire que l'pileptique est soumis au joug d'un surmoi sadique ne suffit pas, il faut ajouter qu'il s'identifie aussi de manire immdiate cette instance , ce qui rend compte de son caractre intraitable et intolrant, alternant avec son ple contraire de philanthropie et de sacrifice confinant au masochisme.

    Nous avons not que, paradoxalement, dans notre chantillon, la raction p+ tait quantitativement majoritaire.

    Cependant, de mme qu'avorte la pousse s+ dirige vers l'objet, la pousse inflative p+ ne parat pas jouer son rle moteur dans le sens de l'individuation diffrenciatrice (absence de e+) ni de la libration sublimatoire (absence de h-).

    Comment le pourrait-elle quand l'attraction des positions premires se rvle si puissante?

    Ce que le Rorschach fait apparatre et qui permet de

    confrer un contenu plus spcifique et plus concret aux signes szondiens, c'est prcisment l'extraordinaire adhsivit de l'pileptique essentiel la concrtude sensorielle.

    Que l'pileptique "colle" (d - ) littralement l'univers des sensations (m+!) est ce qui impressionne le plus.

    C'est ce qui a induit Franoise MINKOWSKA parler de glischrodie.

    Il nous semble que les autres signes classiquement apparents la viscosit, le signe "lien", les DG combins, le phnomne FFA, les descriptions cintiques etc. . . , bien qu'ils participent manifestement de la tendance, mritent chacun une interprtation diffrencie.

    Il est habituel d'opposer la viscosit et l'explosivit; mais l'explosivit elle-mme doit tre analyse.

    Pour nous, elle reste ambigu.

  • Sans doute est-elle fondamentalement lie la rage (e -) renforce de son alliage avec le sadisme (s+! k - ) mais les sources de la rage ne sont pas univoques.

    Tantt la rage s'origine dans un fantasme d'enfermement perscutif ("On touffe ici!Je veux sortir"), appelant l'agression (s+) sparatrice (m-, seulement reprable dans les priodes prcritiques), tantt elle parat plutt dclenche par l'obligation tout aussi perscutrice de quitter le lit-nid ("Me jeter dehors ainsi!Non mais. . . ").

    D'o l'extrme ambivalence par rapport la notion de libert.

    Que l'pileptique tombe dans l'angoisse chaque fois qu'il est en proie la rage meurtrire (e - hy - ), ce qui est son lot habituel, et que, pass l'orage comitial, il s'efforce de rparer dare-dare ce monde que sa rage n'en finit pas de miner, tout cela est certain, mais la rparation dont il est question dans le signe "lien" et les autres phnomnes apparents, cette rparation s'effectue dans le registre de la sensorialit retrouve (d - m+), et d'un "toucher" (h+) qui a mission d'quilibrer la pousse agressive (s+!), mais non, sauf exception, au plan d'une laboration dans le sens d'un positionnement thique (e+) qui, travers la "sortie de scne" qu'il effectue, fraie la voie qui mne la position d'un moi transcendantal (p+) - au sens kantien du terme -, point de dpart d'une perlaboration infinie.