7
FÉVRIER LA HOUILLE BLANCHE 39 de la valeur de n s on peut directement déduire le genre et la forme de la roue mobile. Le nombre de tours spécifique pour les différents genres de roues mobiles peut être tiré du tableau suivant : Turbines tangentielles à libre déviation (Bon-; PELTON ) h* — 5 1-25 tours. Turbines Francis Pour elinie jusqu'à 200 m.; n s ~ 40 ; 100 tours. • 100 » ; /Js = 100 ! 150 » ( Petite V. 5o » ;n s = I30 : J 80 » 20 » ; n s = 175 . L 250 » 10 » ; n s = 250 -325 » 10 » ; n. = 300 :- 350 » V. norm. Grande V. Les exemples ci-après, pris sur des installations exécutées, peuvent démontrer que les valeurs sus-indiquées n s corres- pondent effectivement à la pratique. 1 e1 ' EXEMPLE . — Quel est le nombre de tours spécifique n s pour la turbine suivante ? 11=269 m. ; Q=i .20o 1 /sec. ; N = 3 44o IIP ; n =3oo tours. n.j/N :m.y'MM) ... n s =— ——,, — = lu tours l/TP \/W. Genre de la turbine exécutée : Turbine tangenlieile à libre déviation (roue Pelton). 2 0 EXEMPLE . — Quel est le n s de la turbine suivante : H =i66 m. ; Q =4 8oo 1/sec. ; N =8 5ooHP ; n = 4oo tours. n.|/N -400.1/8500 _ a n A = -, — = ol tours. 1/166' Genre de la turbine exécutée : Turbine Francis à haute chute (turbine à petite vitesse). EXEMPLE . — Quel est le n s de la turbine suivante ? 11= 5o m. ; Q = 2 2oo 1/sec. ; N = 1 200 H P ; n =6oo tours. n.l/N 600.1/1200 i r _ n s = — -—1 = 1.0/ tours. - j/H* \/W Genre de la turbine exécutée : Turbine Francis à haute .chute (turbine à petite vitesse). EXEMPLE . — Quel est le n s - de la turbine suivante i 1 11= 17,5 m . ; Q = 1 ?.5o 1/sec. ; N = 220 HP ; n =6oo tours. n.l/N 600.1/220 - |/IF 248 tours. Genre de la turbine exécutée : Turbine Francis (vitesse 1 normale). EXEMPLE . — Quel est le ns de la turbine suivante ? H =4 ,n m. ; Q =a670 1/sec. ; N = 125 P S ; n = 200 tours. n.|/N 200.I/Ï25 n-i- VW = 340 tours. Genre de la turbine exécutée : Turbine Francis à grande vilesse. J'espère que ces brèves explications seront de quelque utilité pour la pratique. TH. KACIJ. L'ÉTAT ACTUEL DES INDUSTRIES ÉLECTR0 CHIMIQUES 0) ^ Messieurs cl Chers Collègues, Suivant la tradition de notre Société, vous voulez bien m'auloriscr à vous entretenir de la branche d'industrie dont je me suis spécialement occupé. Or, parmi celles que les progrès de la science moderne et l'importance des problèmes résolus ont mises en lumière, l'électrochimie et sa voisine l'électrométallurgic sont dignes de retenir l'attention. Elles ont eu le privilège de mettre à la disposition de la technique, à des prix inconnus jusqu'ici, des métaux et allia- ges dont les applications s'étendent chaque jour ; on a pu disposer de corps nouveaux et presque insoupçonnés, comme cette belle série de produits du four électrique que nous de- vons avant tout à l'intuition géniale de MOISSAN . On a pu, enfin, appliquer à la grande industrie des réactions considé- rées comme étant du domaine du Laboratoire, et réaliser ainsi cette fixation de l'azote de l'air, qui semble appelée à exercer une si grande influence économique. Les résultats obtenus au cours de ces trente dernières an- nées sont l'oeuvre d'une série d'Ingénieurs et de Chimistes distingués. Nous éprouvons quelque fierté à rencontrer parmi eux un grand nombre d'entre vous. Aussi vous de- mander ai-je la permission de vous présenter rapidement le résumé des travaux auxquels nous devons la création d'in- dustries, dont je voudrais essayer de vous faire connaître le développement. Vous m'excuserez pourtant de devoir abor- der pour cela un bien vaste sujet. La première application industrielle de l'éleclrolysc devait être amenée par l'emploi de la dynamo GHAMME dans la gal- vanoplastie ; on se rendit vile compte de la possibilité d'éten- dre les principes de la méthode à l'affinage du cuivre pour la préparation du métal à haute conductibilité cl, la sépa- ration des métaux précieux que renferment les cuivres bruts. En raison du grand intérêt de ces opérations, on construisit les premières dynamos de grande intensité ; celle fournie à Hambourg, vers 1876, débitait 3 000 ampères sous une ten- sion de 4 volts. L'affinerie de Hambourg, qui fonctionnait dès celte épo- que, doit être considérée comme ayant été la première usine élcclrochimique. En 1877, M. GRAMME communiquait, à l'Académie des Sciences une série de remarquables expériences sur celle question. Pourtant, notre regretté collègue Hippolyte FON- TAINE , écrivait en 1892 : « Toutes les affineries électrolytiques d'Europe ne produisent pas plus de 20 tonnes de cuivre éleclrolytique par jour, c'est-à-dire 4 pour 100 de la con- sommation totale ». Pour mesurer le chemin parcouru, nous remarquerons que l'affinage éleclrolytique est appliqué aujourd'hui dans 38 usines, dont la production atteignait,en 1909, '4C9 000 ton- nes, représentant 55 % de la production mondiale. Les procédés éleclrolytiques d'affinage ont donné nais- sance à l'ingénieuse méthode de fabrication des tubes connus sous le nom de ELMORE-SECTUÏTAN et arrivée, à l'Usine de Dives, à un haut degré de perfectionnement. Ce n'est, toutefois, que vers 1886-1887 que nous trouvons de nouvelles tentatives pour développer les applications in- dustrielles de l'électrolyse : le traitement éleclrolytique des chlorures de potassium et de sodium permit de préparer ( 1 ) Discours d'ouverture prononcé le 9 janvier 19M, par M.Henry GAFX président de la Société des Ingénieurs Civils de France, Article published by SHF and available at http://www.shf-lhb.org or http://dx.doi.org/10.1051/lhb/1914007

L'ÉTAT ACTUEL DES INDUSTRIES ÉLECTROCHIMIQUES

  • Upload
    others

  • View
    4

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: L'ÉTAT ACTUEL DES INDUSTRIES ÉLECTROCHIMIQUES

FÉVRIER LA HOUILLE BLANCHE 39

de la valeur de n s on peu t d i r e c t e m e n t dédu i r e le gen re et la forme de la roue mobi le .

Le n o m b r e de tours spécifique p o u r les différents genres de roues mobi les p e u t être t iré d u tab leau su ivan t :

Turbines tangentielles à libre déviation

(Bon-; P E L T O N ) h* — 5 1-25 tours. Turbines Francis

Pour el inie j u s q u ' à 200 m . ; ns ~ 40 ; 100 tours . •

— 100 » ; /Js = 100 ! 150 » ( Pet i te V.

5o » ; n s = I30 : J 80 »

20 » ; ns = 175 . L250 »

10 » ; n s = 250 -325 »

10 » ; n. = 300 :- 350 »

V. n o r m .

Grande V.

Les exemples ci-après, pr i s sur des ins ta l la t ions exécutées, peuvent d é m o n t r e r que les va leurs sus- ind iquées n s corres­p o n d e n t effectivement à la p r a t i q u e .

1e1' E X E M P L E . — Quel est le n o m b r e de tours spécifique n s

pour la t u r b i n e su ivan te ?

1 1 = 2 6 9 m . ; Q = i . 2 0 o 1 /sec. ; N = 3 44o IIP ; n = 3 o o tours .

n . j / N :m.y'MM) ... n s = — ——,, — = l u tours

l / T P \/W.

Genre de la turbine exécutée : T u r b i n e t angen l i e i l e à l ibre déviat ion (roue Pe l t on ) .

2 0 E X E M P L E . — Quel est le n s de la t u r b i n e su ivan te :

H = i 6 6 m . ; Q = 4 8oo 1/sec. ; N = 8 5ooHP ; n = 4oo t ou r s .

n . | / N -400.1/8500 _ a

nA — = -, — = ol t o u r s . 1 /166 '

Genre de la turbine exécutée : T u r b i n e F ranc i s à h a u t e chute ( turb ine à pet i te vitesse).

3° E X E M P L E . — Quel est le n s de la t u r b i n e su ivan te ?

11= 5o m . ; Q = 2 2oo 1/sec. ; N = 1 200 H P ; n = 6 o o t ou r s .

n . l / N 6 0 0 . 1 / 1 2 0 0 i r _ n s = — — -—1 = 1.0/ t o u r s . - j / H * \/W

Genre de la turbine exécutée : T u r b i n e F ranc i s à h a u t e .chute ( tu rb ine à pet i te vi tesse) .

4° E X E M P L E . — Quel est le n s - de la t u r b i n e su ivan te i1

11= 17,5 m . ; Q = 1 ?.5o 1/sec. ; N = 220 H P ; n = 6 o o t ou rs .

n . l / N 6 0 0 . 1 / 2 2 0

- | / I F 248 t o u r s .

Genre de la turbine exécutée : T u r b i n e F ranc i s (vitesse1

norma le ) .

5° E X E M P L E . — Quel est le ns de la t u rb ine su ivan te ?

H = 4 , n m. ; Q = a 6 7 0 1/sec. ; N = 125 PS ; n = 200 tours .

n . | / N 2 0 0 . I / Ï 2 5 n-i-

VW = 340 t o u r s .

Genre de la turbine exécutée : T u r b i n e F ranc i s à g r a n d e vilesse.

J 'espère que ces brèves expl icat ions seront de que lque utilité pour la p r a t i q u e .

T H . KACIJ.

L'ÉTAT ACTUEL DES INDUSTRIES ÉLECTR0 CHIMIQUES 0) ^

Messieurs cl Chers Collègues,

Su ivan t la t radi t ion de no t re Société, vous voulez bien m 'au lo r i sc r à vous en t re t en i r de la b r a n c h e d ' indus t r i e d o n t je m e suis spéc ia lement occupé . Or, p a r m i celles que les p rogrès de la science m o d e r n e et l ' impor t ance des p rob lèmes résolus on t mises en l umiè r e , l ' é lec t rochimie et sa voisine l ' é lec t rométa l lu rg ic sont d ignes de re ten i r l ' a t t en t ion .

Elles on t eu le pr iv i lège de m e t t r e à la disposi t ion de la t echn ique , à des p r i x i n c o n n u s ju squ ' i c i , des m é t a u x et allia­ges d o n t les appl ica t ions s 'é tendent c h a q u e j o u r ; on a pu disposer de corps n o u v e a u x et p resque in soupçonnés , c o m m e cette belle sér ie de p rodu i t s du four é lectr ique que nous de­vons a v a n t tout à l ' i n tu i t ion génia le de M O I S S A N . On a pu , enfin, app l ique r à la g r a n d e indus t r i e des réact ions considé­rées c o m m e é t a n t d u d o m a i n e d u Labora to i re , e t réal iser ainsi cette fixation de l 'azote de l 'air , qui semble appelée à exercer u n e si g r a n d e inf luence économique .

Les résul ta ts ob t enus au cours de ces t rente dernières an­nées son t l 'œuvre d ' u n e série d ' I ngén i eu r s et d e Chimis tes d i s t ingués . Nous ép rouvons que lque fierté à r e n c o n t r e r p a r m i e u x u n g r a n d n o m b r e d ' en t re vous . Aussi vous d e ­m a n d e r ai- je la pe rmis s ion de vous présenter r a p i d e m e n t le r é s u m é des t r a v a u x auxquels nous devons la créat ion d ' in­dus t r ies , d o n t j e voudra i s essayer de vous faire conna î t re le déve loppemen t . Vous m'excuserez p o u r t a n t de devoir abor­der p o u r cela u n b ien vaste sujet .

La p r e m i è r e appl icat ion indust r ie l le de l 'éleclrolysc devait être a m e n é e p a r l ' emploi de la d y n a m o G H A M M E d a n s la gal­vanoplas t ie ; o n se r end i t vile compte de la possibil i té d 'é ten­dre les p r inc ipes de la m é t h o d e à l 'affinage d u cu iv re pour la p r é p a r a t i o n du mé ta l à h a u t e conduct ib i l i t é cl, la sépa­ra t ion des m é t a u x préc ieux que r e n f e r m e n t les cuivres b r u t s . En ra i son d u g r a n d in térê t de ces opéra t ions , on cons t ru is i t les p r emiè re s d y n a m o s de g r a n d e in tens i té ; celle fournie à H a m b o u r g , vers 1876, débi tai t 3 000 ampères sous une ten­sion de 4 vo l t s .

L'affinerie de H a m b o u r g , qui fonc t ionnai t dès celte épo­que , doi t être considérée c o m m e ayant été la p r e m i è r e us ine é l cc l roch imique .

E n 1877, M. G R A M M E communiqua i t , à l 'Académie des Sciences u n e série de r e m a r q u a b l e s expér iences sur celle ques t ion . P o u r t a n t , n o t r e regre t t é col lègue Hippoly te F O N ­

T A I N E , écrivai t en 1892 : « Toutes les affineries électrolyt iques d 'Eu rope ne p rodu i sen t pas p lus de 20 t onnes d e cuivre é lec l ro ly t ique par j o u r , c 'est-à-dire 4 p o u r 100 de la con­s o m m a t i o n tota le ».

P o u r m e s u r e r le c h e m i n pa r cou ru , nous r e m a r q u e r o n s que l 'affinage é lec l rolyt ique est app l iqué a u j o u r d ' h u i dans 38 us ines , d o n t la p roduc t ion a t t e igna i t , en 1909, '4C9 000 t o n ­nes, r e p r é s e n t a n t 55 % de la p r o d u c t i o n m o n d i a l e .

Les procédés é leclrolyt iques d'affinage on t d o n n é nais­sance à l ' i ngén ieuse m é t h o d e de fabricat ion des tubes c o n n u s sous le n o m de E L M O R E - S E C T U Ï T A N et ar r ivée , à l 'Usine de Dives , à u n h a u t degré de pe r fec t ionnemen t .

Ce n 'es t , toutefois , q u e vers 1886-1887 q u e n o u s t rouvons de nouvel les ten ta t ives p o u r développer les appl ica t ions in­dustr ie l les d e l 'électrolyse : le t r a i t e m e n t é leclrolyt ique des ch lo ru res d e po tass ium et de s o d i u m p e r m i t d e p répa re r

(1) Discours d'ouverture prononcé le 9 janvier 19M, par M.Henry GAFX président de la Société des Ingénieurs Civils de France,

Article published by SHF and available at http://www.shf-lhb.org or http://dx.doi.org/10.1051/lhb/1914007

Page 2: L'ÉTAT ACTUEL DES INDUSTRIES ÉLECTROCHIMIQUES

40 L A H O U I L L E B L A N C H E N ° 3

d i r e c t e m e n t les chlorates c o r r e s p o n d a n t s . C o m m e n c é e n F rance à cette époque , ce procédé d e fabr ica t ion , basé su r l 'oxydat ion directe des ch lo ru res dissous, es t a p p l i q u é à-plus de 20 ooo t o n n e s de ces p r o d u i t s . Il c o m p o r t e l 'u t i l isat ion d u c o u r a n t é lec t r ique avec d e hau tes densi tés d e couran t , facili­tées pa r l ' emploi d 'anodes e n p la t ine .

On a réalisé depuis la p r épa ra t i on , pa r des m é t h o d e s ana ­logues , des perch lora tcs et des pcrsulfates , p rodu i t s très oxy­d a n t s , qui o n t r e n c o n t r é que lques in téressantes appl ica t ions .

Ces p r emie r s résul ta ts ava ient fait en t revo i r la possibi l i té de t r ans fo rmer la g r a n d e indus t r i e de la soude e l l e -même. Quoi de p lus séduisan t , en effet, q u e de réal iser d i r ec t emen t la dissociat ion é lec l ro ly t ique d u c h l o r u r e d e s o d i u m et d 'ob ten i r ainsi en u n e seule opéra t ion le ch lore et la soude , don t la sépara t ion , depuis l ' i l lustre L E B L A N C , a occupé t a n t d ' i ngén ieux i n v e n t e u r s et a m i s au j o u r , p a r m i t a n t d ' au t res , les belles concep t ions de W E L D O N et de D E A C O N ,

On a rappe lé r é c e m m e n t , à l 'occasion d u c i n q u a n t e n a i r e du procédé S O L V A Y , l ' i m p o r t a n c e de cette i ndus t r i e d e la soude, don t la p r o d u c t i o n annue l l e m o y e n n e a t te in t 3 m i l ­lions de tonnes , d o n t i 8oo ooo tonnes .sont ob tenues p a r le procédé à l ' a m m o n i a q u e .

11 a fallu cons ta ter que l 'é lectrolyse ne pouva i t c o n c u r r e n ­cer ce de rn ie r procédé et devait, se l imi te r à la p r o d u c t i o n d u chlore et de l 'alcali c o r r e s p o n d a n t .

P lus ieu r s mé thodes de t rava i l sont a u j o u r d ' h u i consacrées pa r la p r a t i q u e ; toutefois , deux us ines s eu l emen t fonct ion­n e n t en F r a n c e , où il s emble que les emplo i s l imi tés d u ch lore d a n s les indus t r i e s des p r o d u i t s o rgan iques a ient été j u squ ' i c i le p r inc ipa l obstacle à la c réa t ion d e n o u v e a u x é tab l i ssements .

La fabr ica t ion é lec t ro ly t ique d e la soude a t rouvé u n dé­b o u c h é in té ressant p o u r son h y d r o g è n e , resté j u squ ' i c i sans emp lo i sér ieux, et. qui est recuei l l i , c o m m e vous le savez, t an t p o u r les besoins de l ' aéros ta l ion que p o u r la nouvel le i n d u s ­trie de l ' h y d r o g é n a t i o n ca ta ly t ique des corps g ras .

Le déve loppemen t des indus t r i e s c h i m i q u e s devai t d o n n e r u n in térê t tout spécial au s o d i u m méta l l i que . P répa ré pa r les anc iennes mé thodes , il était r e s t é ' un p r o d u i t cher . Préoc­cupé de l 'ob teni r avec facilité p o u r la fabr icat ion syn thé ­t ique des cyanures , qu 'ex igea i t le t r a i t e m e n t des mine ra i s d 'or d u Transvaal , C A S T N E R cons t i tua , vers 1892, u n p r o ­cédé é lec t rolyt ique en s ' insp i ran t des observat ions faites pa r D A V Y en 1807.

J . - B . D U M A S nous a conservé le souveni r , d 'après un récit de F A R A D A Y , d e l ' émot ion éprouvée pa r le g r a n d ch imis te lo rsqu ' i l vi t appara î t r e , sous l ' inf luence de la pi le , le p remie r g lobu le de mé ta l alcal in, que la m a i n de l ' h o m m e eût isolé.

« Expér ience capitale »,. avait écrit D A V Y sur le regis t re conservé p i e u s e m e n t à l ' Ins t i tu t ion Rovale. Les indus t r ies é l ec t roch imiques a u r o n t eu cette b o n n e fo r tune de t i rer p lu ­s ieurs fois des résul ta ts écla tants de t ravaux de labora toi re , qui sembla ien t offrir u n in té rê t s t r i c t emen t scientifique. Ce n ' es t pas ici , mes chers Col lègues , o ù l 'on s'est tou jours p réoccupé de rester e n contac t avec les r ep résen tan t s de la sc ience cru'il est nécessaire d ' ins is ter sur la connexi té des t r a v a u x de science p u r e .avec le d é v e l o p p e m e n t indus t r ie l . ^ Le procédé d e C A S T N E R est p a r t i c u l i è r e m e n t basé su r

l 'é lectrolyse d e l 'alcali caus t ique en fusion, dans des l imi tes de t e m p é r a t u r e t rès étroites : 3 io-335 degrés .

Les procédés de C A S T N E R , apmicniés success ivement en Ang le t e r r e , en A l l emagne , en, Su iVe e t aux Etats-Unis , de­va ien t p e r m e t t r e la p r o d u c t i o n écononvirme d e p lus ieurs m i l ­l iers de t onnes de s o d i u m . Ils fu ren t perfect ionnés en France

d ' une façon très in té ressan te pa r M. L. H U L I N , d o n t les m é t h o d e s sont .appliquées d a n s deux us ines d u D a u p h i n é et d u Valais.

L 'ex t rac t ion d i r ec te du s o d i u m d e son c h l o r u r e v ien t éga­l emen t d 'ê t re c o m m e n c é e dans u n e u s ine de Savoie.

Si le s o d i u m est u n mé ta l , a u sens c h i m i q u e d u m o t , sa g r a n d e al térabi l i té m e t obstacle à t ou t emp lo i à ce t i t r e . Tout au p lus a-t-on p u i n d i q u e r u n e appl ica t ion p e u pra t ique c o m m e c o n d u c t e u r é lec t r ique, ce mé ta l é t an t coulé et main­t e n u à l ' abr i de l 'air d a n s des tubes en fer.

Le ca lc ium, d o n t les composés son t si r é p a n d u s dans la n a t u r e , offre, à u n deg ré m o i n d r e , il es t v r a i , les mêmes i n c o n v é n i e n t s : il possède la cu r i euse p rop r i é t é , m i s e en l u m i è r e pa r M. J A U B E R T , de d o n n e r des h y d r u r e s susceptibles de dégager au con tac t de l 'eau j u s q u ' à 1 100 l i t res d 'hydro­gène pa r k i l o g r a m m e . Sa p r é p a r a t i o n é lec t ro ly t ique directe, dans laquel le il a été réalisé de g r a n d s p r o g r è s , n ' e n com­por te pas m o i n s des difficultés, et sa p r o d u c t i o n totale paraît être restée in fé r ieure à 100 t onnes p a r an . Il en est de même d u m a g n é s i u m , d o n t les appl ica t ions sont restées l imi tées .

Au con t ra i re , l ' a l u m i n i u m , d o n t la t e c h n i q u e se perfec­t i o n n e tou jour s d a v a n t a g e depuis que lques années , p e u t être cons idéré c o m m e u n des résu l ta t s les p lus r e m a r q u a b l e s des r eche rches en t repr i ses sur l 'é lectrolyse e t l ' é l ec t rométa l lu rg ie .

Dans le bel exposé que vous n o u s faisiez l ' an d e r n i e r sur la s i tua t ion m é t a l l u r g i q u e de n o t r e pays , vous regre t t iez à j u s t e t i t re , m o n che r P rés iden t , le r a n g q u e n o u s occupions d a n s la p r o d u c t i o n des m é t a u x , au t res que le fer, nécessaires à no t re c o n s o m m a t i o n .

Sauf p o u r le z inc , o ù n o u s a r r ivons à p r o d u i r e k'] % de nos besoins , nous cons ta t ions n o n "sans q u e l q u e amer tume le r a n g inf ime que n o u s occup ions dans la p r o d u c t i o n du cuivre , d u p l o m b et de l 'é ta in , et vous concluiez q u e nous avions payé à l ' é t r anger , e n 1910, 600 à 700 m i l l i ons pour no t r e a p p r o v i s i o n n e m e n t en ma t i è res miné ra l e s , houi l le et m é t a u x c o m m u n s .

Aussi , c o m m e il m 'es t agréab le de cons ta te r la v is ion pro j

p h é t i q u e d ' H e n r i Sainte-Claire D E V I I X E , lo r squ ' i l n o u s di­sait : « Les m é t a u x que les h o m m e s e m p l o i e n t d a n s les pays civilisés p o u r les besoins o rd ina i r e s de l'a vie son t en très pet i t n o m b r e . . . Lo r sque le h a s a r d m ' e u t fait découvr i r quel­ques -unes des p ropr ié tés si cur ieuses de l ' a l u m i n i u m , ma p r e m i è r e pensée fut que j ' a v a i s m i s la m a i n su r ce métal i n t e rméd ia i r e , d o n t la place serai t faite d a n s les usages et les besoins des h o m m e s le j o u r où l ' on conna î t r a i t le moyen de le faire sor t i r d u l abora to i re des ch imis te s p o u r le faire en t re r dans l ' i ndus t r i e . »

On n e sait pas assez, mes chers Col lègues , la façon dont il en est sort i et les efforts déployés pa r D E V I L L E p o u r trans­former tou t d ' abord en mé ta l les g lobules , d o n t le p lus gros avai t le v o l u m e d ' u n e tête d ' é p i n g l e .

« J ' avoue , a jouta i t Sainte-Claire D E V I L L E , que j ' a i possédé p e n d a n t p lus d ' u n an dans m o n labora to i re des quantités cons idérables , p o u r l ' époque , d e p o u d r e gr ise , qu ' i l n e m'a été possible de r é u n i r en culot que pa r le p lus g r a n d des hasa rds . »

Il s emb le que l 'h is to i re des t â t o n n e m e n t s d ' u n si g r a n d sa­v a n t soit u n p réc ieux e n s e i g n e m e n t p o u r ceux d ' en t r e nous qu i conna i s sen t cer ta ines heu re s d e d é c o u r a g e m e n t , inhéren­tes à la réa l isa t ion de t ou t e i n v e n t i o n .

Les m é t h o d e s de p r é p a r a t i o n p u r e m e n t c h i m i q u e s de l ' a l u m i n i u m a p p a r t i e n n e n t elles aussi à l ' h i s to i re . Vous satez q u e , poursu iv ies aux frais de la cassette Impé r i a l e , elles p e r m i r e n t d ' ob t en i r , à pa r t i r de i 8 5 6 , le mé t a l d o n t la fabri­cat ion devai t res ter s t a t i o n n a i r e j u s q u ' a u x e n v i r o n s d e 188-7,

Page 3: L'ÉTAT ACTUEL DES INDUSTRIES ÉLECTROCHIMIQUES

FFVRIER L A H O U I L L E B L A N C H E .41

A celte époque , et e n m ê m e t emps q u ' u n e in té ressan te tentat ive de M . M I N E T , r éuss i ssan t là où p lus i eu r s i n v e n t e u r s avaient échoué, no t re Col lègue H É R O U L T ins t i tua i t le p rocédé de fabricat ion é lec t rolyt ique a u j o u r d ' h u i un ive r se l l emen t adopté, et la p r emiè re us ine f rançaise fonc t ionna i t à la Fraz en 1892.

Basé s u r la décompos i t ion é lec t ro ly t ique d e l ' a l u m i n e d a n s u n ba in de cryol i the , ce p rocédé c o m p o r t e a u j o u r d ' h u i des cuves d e i5 000, et m ê m e de 20 000 a m p è r e s . Il a d û être réglé dans tous les détails , et l 'opéra t ion , en appa rence fort s imple , d 'é leclrolyse n ' e n c o m p o r t e pas m o i n s des calculs très r i g o u r e u x de toutes les surfaces d u b a i n et d 'é lect rodes ; sa mise au po in t a nécessité u n e sagaci té qu i fait h o n n e u r à M . H É R O L L T et à ses co l labora teurs , au n o m b r e desquels j e ne saurais oubl ier de m e n t i o n n e r les modes tes ouvr ie r s de la Savoie, don t l ' in te l l igence et l ' espr i t d 'observa t ion m ' o n t b ien souvent su rp r i s .

Nous bénéficions encore des r eche rches de Sainte-Claire D E V I L L E en ce qu i conce rne l ' a l u m i n e . Si le p rocédé de fabr ica t ion de ce p r o d u i t a été l 'objet d ' u n p r o g r è s sér ieux, grâce à l ' i n te rven t ion du ch imis t e -autrichien B A Y E R , c'est à lui que nous devons d 'avoi r m i s en l u m i è r e la nécessi té des mé thodes alcalines p o u r l ' ex t rac t ion de l ' a l u m i n e de la bauxi te , d o n t il devait , dès ses p r e m i e r s t r avaux , appréc ie r l ' impor t ance pour le n o u v e a u mé ta l . Vous savez que n o t r e pays est si spéc ia lement favorisé au p o i n t de vue de ce p r é ­cieux mine ra i , — m é l a n g e d ' a l u m i n e hyd ra t ée et d ' oxyde de fer, — d o n t il est ac tue l l emen t ex t ra i t p rès d e 25o 000 t onnes a n n u e l l e m e n t , qu ' i l fourn i t et a l imen te p lus i eu r s pays voi­s ins . Ce n 'es t que tou t d e r n i è r e m e n t que les us ines françaises on t p u c o m m e n c e r à t r an s fo rmer e n a l u m i n e u n e quan t i t é de m i n e r a i supér ieure à no t r e c o n s o m m a t i o n ; il s emble que cette s i tuat ion doive s 'accentuer c h a q u e a n n é e .

Il n ' en est, pas de m ê m e de la c ryo l i the . Sainte-Claire DEVILLE n ' ava i t pas méconnu non p lus l ' i m p o r t a n c e des gise­men t s du Groen land . Ce cu r i eux p r o d u i t , cons t i tué , c o m m e vous le savez, pa r u n fluorure doub le d ' a l u m i n i u m et d e sodium, semble exister en quan t i t é suffisante p o u r a l imen te r p e n d a n t bien l o n g t e m p s encore la c o n s o m m a t i o n des us ines , qui représente tout au p lus 10 % de la p r o d u c t i o n d u mé ta l .

Vous le voyez, mes chers Collègues, la mé ta l l u rg i e d e l 'alu­m i n i u m présen te , au po in t de vue français , u n aspect pa r t i ­cu l iè rement réconfor tan t . Si la p r o d u c t i o n m o n d i a l e dépasse déjà 5oooo tonnes , celle de la F r ance s'élève à i 5 o o o t onnes et les usines sont déjà outil lées p o u r a t t e indre 19 000 t onnes et uti l iser u n e quan t i t é d ' éne rg ie de près de 65 000 k w .

Notre pays expor te des quan t i t é s i m p o r t a n t e s , — p lus de 8 000 t onnes , — cl, nous t rouvons ici u n e s i tua t ion b i en diffé­rente de celle que je vous s ignala is à p ropos des au t r e s mé­taux. Ainsi se t rouven t justifiées les vues si p ro fondes de no t re g r a n d compa t r io t e .

Certaines propr ié tés de l ' a l u m i n i u m on t p u en re s t r e indre l 'appl icat ion. Aussi des r echerches n o m b r e u s e s sont-elles poursuivies p o u r uti l iser d a n s cer ta ins all iages ses p r i n c i p a u x avantages . 11 re inble b ien que cer ta ins p rog rès a ient été réa­lisés tout r é c e m m e n t et q u ' o n ait o b t e n u , sans sacrifier la légèreté, des résul ta ts très in té ressan ts au p o i n t d e vue des propriétés m é c a n i q u e s .

La cuve de fabr ica t ion de l ' a l u m i n i u m peu t ê t re considérée c o m m e u n e t r ans i t ion en t re l 'é lectrolyseur p r o p r e m e n t dit et le four é lectr ique. La c o n c e n t r a t i o n d a n s u n e ence in te des effets de l 'are é lec t r ique ou de la s imp le incandescence d ' u n conduc teur en c h a r b o n devai t p e r m e t t r e l ' é tude de réac t ions nouvelles , qu i cons t i tuen t p l u s p a r t i c u l i è r e m e n t l 'œuvre d 'Henri MOISSAN.

De 1890 à 1898, fut p u b l i é u n e série de t ravaux r e m a r ­quables , n o u s faisant conna î t r e success ivement la série des ca rbures , d o n t l 'existence devai t é larg i r nos vues sur cer ta ins p h é n o m è n e s c o m m e la fo rmat ion des pétroles . Vous avez e n t e n d u , e n i go3 , une i m p o r t a n t e c o m m u n i c a t i o n de M. L E N I C Q U E à ce sujet .

La conna i s sance des cond i t ions d e réduc t ion des oxydes des m é t a u x réfracta i res a p e r m i s à l ' indus t r ie d e prépare r avec facili té les ferro-all iages d o n t l ' emplo i en méta l lu rg ie se déve loppe c h a q u e j o u r .

La p r o d u c t i o n m o n d i a l e d u ferro-s i l ic ium at te int près de 4o 000 t onnes , celle d u f e r ro -ch rome at te int p lus ieurs mil­liers de t o n n e s , s ans pa r l e r des fe r ro - tungs tène et ferro-m o l y b d è n e devenus tou t à fait indus t r ie l s .

Les app l ica t ions d u four é lec t r ique sont devenues si vastes, qu ' i l s 'agisse d e la fabr ica t ion d e l 'acier é lect r ique, d o n t la p roduc t i on dépassa i t 120000 t onnes en 1910, ou d u carbo-r u n d u m o u s i l ic iure de ca rbone , d o n t les curieuses applica­tions vous son t c o n n u e s , qu ' i l serait t éméra i r e d'essayer de vous les é n u m é r e r e n que lques m o t s .

C'est a insi que M . S A U V A G E O N essaie ac tue l l ement u n e m é ­thode de t rava i l p o u r la p répa ra t i on d u ver re au four électri­que , laquel le para î t offrir u n in té rê t spécial d a n s certaines c i rcons tances .

La dis t i l la t ion d u z inc au four é lectr ique vient , après celle du p h o s p h o r e , d ' en t re r dans la voie p r a t i que qu i autorise les plus sérieuses expér iences .

Il m e pa ra î t ind i spensab le de m e n t i o n n e r éga l emen t les cur ieuses expér iences faites e n A l l emagne par R O D E N B U R G ,

dans u n e voie i nd iquée p a r W A R T E N B E R G : la fusion des m é ­taux réfractaires c o m m e le t u n g s t è n e et le m o l y b d è n e par les r a y o n s ca thod iques , qu i a fourn i ces m é t a u x , à u n deg ré de p u r e t é r e m a r q u a b l e . Il y a là c e r t a i n e m e n t u n dispositif plein d ' in té rê t , suscept ible d 'appl ica t ion , et qui a été expé­r i m e n t é avec des ins ta l la t ions u t i l i san t p lus d e 6 000 kw .

Vous m e pe rme t t r ez de m ' é t e n d r e u n peu p lus sur l ' un des p rodu i t s q u i lu i d o i v e n t son existence : le ca rbure d e cal­c ium, d o n t l ' i m p o r t a n c e était a p p a r u e dès 189/1 à no t r e Col­l ègue , M . B U L L I E R . Son appl ica t ion à l 'éclairage devai t p r o ­voquer u n r a p i d e déve loppemen t d e la p roduc t ion .

II a fallu, toutefois , que la cons t ruc t ion des apparei ls d ' em­ploi fît assez de p r o g r è s p o u r que ce p rodu i t , s 'adressant à une ca tégor ie spéciale de c o n s o m m a t e u r s n e d isposant n i d u gaz n i de l 'é lectr ici té , fût appréc ié à sa va leur .

On p e u t le cons idérer c o m m e u n a c c u m u l a t e u r d ' u n genre spécial e m m a g a s i n a n t l ' énergie des r ivières torrent ie l les près desquel les il est f abr iqué e t la r e s t i tuan t dans des contrées é lo ignées .

La r éac t ion en appa rence si s imple pa r laque l le M M . M O I S ­

SAN et B U L L I E R o b t i n r e n t p o u r la p r e m i è r e fois à l 'état cris­tallisé le c a r b u r e , en t r evu en 1827 p a r W Ô F I L E R , compor te a u j o u r d ' h u i u n e t e c h n i q u e qu i représen te le résu l ta t d ' u n e série d'efforts suscept ibles p o u r t a n t de laisser p lace à de n o u ­veaux p r o g r è s .

C'est a insi que les p r e m i e r s fours , d a n s lesquels on faisait ja i l l i r 'un a rc d e i 5 o k w . au sein d ' u n e masse pu lvé ru l en t e , i nap te au d é g a g e m e n t des gaz e n g e n d r é s pa r la réduc t ion de la c h a u x , se son t t rouvés success ivement r emplacés pa r des fours de 1 000, 3 000 e t , n o u s assurc- t -on, 8 0 0 0 k w . , en Norvège, d a n s lesquels la c h a u x et le coke en gros morceaux sont s o u m i s d i r e c t e m e n t à l 'ac t ion é l ec t ro - the rmique .

L 'énerg ie é lec t r ique se dépense à l 'a ide d e conduc teu r s en c h a r b o n , d o n t la sect ion est g é n é r a l e m e n t ca lculée p o u r lais­ser passer 4 à 5 a m p è r e s p a r c en t imè t r e car ré . Il est facile de se r e p r é s e n t e r l ' é n o r m i t é des sect ions dest inées â a m e n e r

Page 4: L'ÉTAT ACTUEL DES INDUSTRIES ÉLECTROCHIMIQUES

LA HOUILLE IJLANGUE N° 2

dans ces pe t i l s ' hau l s - f q u r n e a u x des - cou ran t s a r r ivan t à dé­

passer ioo ooo ampère s . Aussi a-t-on d û é tudier , avec beaucoup de soin, les d isposi -

lifs d ' a m e n é e d u cou ran t aux électrodes i n f i n i m e n t m o i n s conduc t r i ces et préserver les pièces mé ta l l iques placées au-dessus d u four pa r u n e c i rcu la t ion d 'eau a n a l o g u e à celle uti l isée dans la mé ta l l u rg i e .

La p r o d u c t i o n d u c a r b u r e de ca lc ium dans le m o n d e doit être considérée c o m m e s 'étant r e m a r q u a b l e m e n t développée, si l 'on se r a p p o r t e su r t ou t aux souven i r s -encore si v ivan t s dans no t r e généra t ion , qu i a v u fonc t ionne r les fours de labora to i re e n p ie r re de Gourson, d o n t la réac t ion sur les électrodes devai t a m e n e r M Ô I S S A N à s o u p ç o n n e r la possibi l i té de la fo rma t ion d u c a r b u r e .

Celte p roduc t i on a t te int , e n effet, 3oo ooo tonnes dans le m o n d e cl s'élève à p lus d e 36 ooo tonnes en F rance m ê m e , en d e h o r s des quan t i t é s uti l isées pour la fixation d e l 'azote de l 'air, don t j e vous dirai que lques m o t s tou t à l ' heu re .

Les propr ié tés du ca rbu re de ca l c ium en font u n p r o d u i t in téressant p o u r les contrées nouvel les pr ivées des d i s t r ibu-l ions d 'éc la i rage . Aussi cons ta tons -nous que la nouvel le in­dus t r ie s'est établie dans tous les pays d 'Eu rope . L'I tal ie et la Norvège possèdent les us ines les p lus i m p o r t a n t e s . La Grèce e l l e -même possède son us ine à ca rbu re , n o n lo in des Ther -niopyles . Il s 'en crée ac tue l l emen t dans p lus i eu r s pays d 'ou-Ire-mcr , n o t a m m e n t dans l ' A m é r i q u e d u Sud .

On ignore souven t la g r a n d e inf luence q u i rev ien t à l 'acé­tylène dans la soudure a u t o g è n e des m é t a u x . Dès i8g5 , c 'est-à-dire peu après la découver te d u c a r b u r e , M . H . L E C H A T E L -

L I E R , dans u n e note présen tée à l 'Académie des Sciences su r le calcul de la t e m p é r a t u r e de c o m b u s t i o n de différents gaz, annonçai t , que , b r û l é avec u n égal vo lume d 'oxygène , l 'acéty­lène donne ra i t u n e t e m p é r a t u r e supé r i eu re de i ooo degrés à la t e m p é r a t u r e de la flamme o x h y d r i q u e et sa c o m m u n i c a ­tion, se t e rmina i t pa r -celle p h r a s e : « Celle d o u b l e p ropr i é t é r e n d r a très p réc ieux p o u r les labora to i res l ' emplo i de l 'acé­tylène d a n s le c h a l u m e a u à gaz t o n n a n t p o u r la p roduc t ion des t empéra tu re s élevées ».

Celle p réd ic t ion a fait son c h e m i n elle aussi ; grâce à des efforts mul t ip le s où nous r e t r o u v o n s encore p lus ieurs d e nos Collègues, pa r la d i sso lu t ion si é l égan te .dans l 'acétone, qui a l'ait de l 'acétylène dissous u n p r o d u i t d ' un m a n i e m e n t si c o m m o d e , par la c réa t ion d e c h a l u m e a u x à basse press ion, enfin p a r l ' é tude approfond ie des m é t a u x d ' a p p o r t assurant l ' exécut ion ra t ionne l l e de la soudure en s ' insp i ran t des ind i ­cat ions les p lus récentes de la mé ta l l og raph ie , u n e ins t i tu t ion due. à u n e in i t ia t ive in te l l igen te , sous le n o m d ' U n i o n de la Soudure Autogène , s'est app l iquée à facil i ter l ' appl icat ion des nouvel les m é t h o d e s .

^ P r e s q u e encore à leurs débu t s , celles-ci ex igen t dé jà -en F rance seulement, l ' emploi d ' u n e quan t i t é -d ' oxygène p u r su­pé r i eu re à a 5oo ooo m 3 d 'oxygène .

Elle s 'accroît sans cesse, et la c o n s o m m a t i o n d u ca rbure p o u r cet usage , qu i n 'es t que d ' env i ron 6 ooo tonnes en F rance , a t te in t déjà a.a ooo tonnes pa r an en Al lemagne .

J e v iens de vous i n d i q u e r c o m b i e n les g r andes in tens i tés , réc lamées pa r les fours é lect r iques actuels , avaient d o n n é d ' i m p o r t a n c e à la ques t ion des c o n d u c t e u r s en c h a r b o n . Les indus t r ies é l ec l ro the rmiques on t t rouvé la voie tou te tracée-pa r les c réa teurs du c h a r b o n à l umiè r e , n o t a m m e n t pa r n o -Ire r eg re t t é col lègue C A R R É . Il n ' e n est pas m o i n s vra i que les g r a n d e s sect ions d e v e n u e s nécessaires ex igea ien t u n m a t é ­riel de compress ion c l des fours de cuisson r é p o n d a n t aux nécessités nouve l les .

De pu issan tes presses h y d r a u l i q u e s de 6 ooo tonnes el au delà exercent u n e press ion a t t e i g n a n t j u s q u ' à /15o k g . par cen t imè t r e ca r ré ; des fours à gaz à t ravai l m é t h o d i q u e , cons­t ru i t s sur les p r i n c i p e s d u four H O F F M A N N , p e r m e t t e n t de fabr iquer des électrodes a l lant j u s q u ' à 2 m . 5o de hau t eu r p o u r u n e section de 6oo m m . de côté.

La résis t ivi lé de ces pièces en c a r b o n e descend au-dessous de 5 ooo m i c r o h m s - c e n t i m è t r e .

La p roduc t i on française dépasse ac tue l l emen t i o ooo t . en d e h o r s m ê m e des pièces m o i n s i m p o r t a n t e s d i tes anodes en c a r b o n e agg loméré , fabr iquées d i r e c t e m e n t d a n s les usines d , a l u m i n i u m .

Il est fort p r o b a b l e que les résul ta ts r e m a r q u a b l e s que nous devons à l ' emplo i d u four é lec t r ique a u r o n t d ' au t r e s consé­quences p o u r les indus t r i e s m é t a l l u r g i q u e s . Déjà le t o n n a g e des d ivers p rodu i t s ob t enus d a n s n o t r e seul pays dépasse îoo ooo t o n n e s .

La fixation de l 'azote de l 'air , g râce a u x m o y e n s nouveaux mis à no t r e dis-position, va deven i r u n e des g r a n d e s indus­tries m o n d i a l e s .

Si, p o u r des ra i sons que j e vais vous i n d i q u e r , ce t te appli­ca t ion de l ' énerg ie é lec t r ique n e s 'est pas déve loppée en F rance a u t a n t q u ' o n au ra i t p u le souha i te r , il n ' e n est pas mo ins nécessaire de cons idérer les p r o b l è m e s q u e soulève celle g rave ques t ion de l 'azote. Il y a trois ans , no t r e collè­gue , M . E. L A M Y , n o u s p résen ta i t u n tab leau très documen té des procédés alors c o n n u s .

Je m e borne ra i d o n c à vous pa r l e r des p r o g r è s les plus récents et à vous r appe le r que lques chiffres.

W . CiioOKS a m o n t r é , en 1898, c o m m e n t l 'accroissement des peuples d e race b l a n c h e — c'est, hé las , u n p r o b l è m e qui intéresse davan t age l 'Eu rope q u e la F r a n c e e l l e -même — compor t e u n e a u g m e n t a t i o n des quan t i t é s d e céréales néces­saires. La cu l tu re in tens ive peu t , seule, p e r m e t t r e de suffire aux besoins auxque ls il faut satisfaire. On a calculé , par exemple , q u ' e n ce qui conce rne l 'A l l emagne , ce pays qu i ne p r o d u i t que les deux t iers du b lé nécessaire à sa consomma­t ion, serai t suscept ib le d ' ob ten i r u n excédent de 4 mil l ions de t o n n e s -par l ' emplo i de i 3 o k g . d 'azote pa r hec t a r e .

Les sources d 'azote qu i on t a l i m e n t é j u s q u ' i c i l 'agricul­t u r e s o n t les g i s emen t s de n i t r a t e et de hou i l l e . Les pre­m i e r s , p r e sque exc lus ivemen t l imi tés à l ' A m é r i q u e d u Sud, sont lo in de devoir ê t re cons idérés c o m m e inépuisables,. J u s q u ' à u n e époque récente , ils a l i m e n t a i e n t p r e s q u e seuls la c o n s o m m a t i o n d u m o n d e , qui a t t e igna i t 2 4oo 000 tonnes en 1910.

Q u a n t aux g i s emen t s de hou i l l e , vous avez e u souvent l 'occasion d ' e n t e n d r e ici m ê m e l 'exposé des efforts tentés p o u r la me i l l eu re u t i l i sa t ion de l 'azote qu ' i l s r e n f e r m e n t ; n o u s savons n o t a m m e n t c o m b i e n g r a n d a été à cet égard le souci de ceux qui on t eu à déve lopper la f ab r i ca t ion d u coke métal lu i -gique. Il n ' e n est pas m o i n s vra i que , dans ce cas, o n n e re t i r e que 20 % d e l 'azote c o n t e n u dans la houille, c o r r e s p o n d a n t à env i ron 10 à i5 k g . de sulfate d ' ammonia ­que par t o n n e d e h o u i l l e . Cette p r o p o r t i o n se t r o u v e aug­m e n t é e d a n s la gazéification de la hou i l l e pa r les procédés MONO -et s 'élève alors à 4o k g . ou 60 % e n v i r o n d e l'azoté c o n t e n u , ma i s ce m o d e de p r o d u c t i o n n e s ' app l ique que dans des c i rcons tances spéciales.

La p r o d u c t i o n de sulfate d ' a m m o n i a q u e d a n s le m o n d e at­t e igna i t 1 157 000 t o n n e s en 1911, et la p r o d u c t i o n française, e n v i r o n 62 000 t o n n e s , se t r o u v a i t in fé r ieure d'environ 21 000 t o n n e s à n o t r e c o n s o m m a t i o n , r e l a t i v e m e n t faible par r a p p o r t à celle d u n i t r a t e d u Chi l i , 336 000 t o n n e s .

Page 5: L'ÉTAT ACTUEL DES INDUSTRIES ÉLECTROCHIMIQUES

FÉVRIER L A HOUILLE BLANCHE

H y a donc p o u r la fixation de l 'azote de l 'air u n b u t d ' u n intérêt social d ' au t an t p lus g r a n d q u ' o n peu t envisager p o u r une époque r e l a t ivemen t p r o c h a i n e , i g4o d i sent les u n s , 2 o3a d i sent d 'aut res s ta t is t iques , l ' épu i semen t des g i semen t s du Chil i . H est p e r m i s d 'aff irmer a u j o u r d ' h u i que l ' indus t r i e saura r emplace r la n a t u r e et fourn i r aux besoins des généra­tions à venir tou t l 'azote qu i p o u r r a lui être nécessaire .

C'est ainsi que si l 'on éprouva i t la nécessité de r emp lace r ,une p roduc t i on annue l l e d e 4 mi l l ions de t o n n e s de n i t r a t e du Chil i , cons t i t uan t u n e a u g m e n t a t i o n sensible su r les chif­fres actuels , il suffirait, e n a p p l i q u a n t , il est v ra i , les mei l ­leurs procédés r é c e m m e n t mis à j o u r p o u r cer ta ins engra i s azotés, d 'ut i l iser l ' énerg ie c o r r e s p o n d a n t à i 200 000 kw . C'est là u n e perspect ive qu i ne sera pas au-dessus des forces de l ' h u m a n i t é , qu i r ecour ra , en cas de besoin , à l 'u t i l isat ion des rapides des g r a n d s fleuves afr icains .

La p roduc t i on directe des n i t ra tes cons t i tua i t d o n c u n des plus beaux p rob lèmes indus t r ie l s . Au n o m b r e des solut ions qui devaient ê t re t rouvées , n o u s devons en p r e m i e r l ieu vous s ignaler l 'œuvre cons idérable des I n g é n i e u r s no rvég iens B I R K E L A N D et E Y D E , lesquels devaient , c o m m e C A S T N E R l 'avait fait pour l ' expér ience de D A V Y , adap te r aux exigences de l ' indus t r ie la célèbre expér ience de C A V E N D I S H , en réa l i san t à par t i r de IQO5 l ' a rc à c h a m p t o u r n a n t , qu i avai t dé jà fait l 'objet en 1896 d ' in té ressan ts essais à Genève. Les résul ta ts ob tenus devaient conf i rmer les vues fo rmulées e n 1870 par .Marcel! in B E R T H E L O T et le four de 18 k w . devenai t b ientôt le pu i ssan t appare i l de k 000 k w . qu ' i l est a u j o u r d ' h u i .

Quoique de n o m b r e u x i n v e n t e u r s a ient p résen té des solu­t ions variées, et q u ' u n e us ine m ê m e ait été cons t ru i t e en F rance , dans le d é p a r t e m e n t des Hautes-Alpes , la ques t ion n 'a été abordée nu l le pa r t avec la m ê m e a m p l e u r q u ' à Not-toden, où u n p lan s y s t é m a t i q u e m e n t app l iqué , c o m p o r t a n t l ' ins ta l la t ion successive de forces mot r ices cons idérables , a p e r m i s de réaliser u n e oeuvre d i g n e d ' a d m i r a t i o n . Ces us ines c o m p o r t a n t l 'ut i l isat ion de p lus de 3oo 000 H P , la p roduc t i on d u n i t r a te de c h a u x devai t a t t e ind re b i en tô t p lus de 160 000 tonnes . La mise au p o i n t des procédés d e condensa t i on a fait u n pas sensible grâce à la col labora t ion de nos compat r io tes , n o t a m m e n t de M . S C H L O E S I N G .

Ces procédés d 'oxyda t ion de l 'azote a t m o s p h é r i q u e présen­t en t p o u r t a n t u n po in t faible : la mauva i s e u t i l i sa t ion de l ' énergie c o n s o m m é e , le r e n d e m e n t effectif n ' é t a n t que de 3 %. S C H O E N H E R B a i n d i q u é , en effet, q u e , dans ce t te opé­ra t ion , 4o % de l ' énerg ie son t absorbés p a r les refroidisseurs des fours , 17 % son t p e r d u s p a r r a y o n n e m e n t , 3o % peuven t ê tre récupérés dans les chaud iè res , 10 % enfin son t cédés aux refroidisseurs su ivan t les chaud iè res .

Aussi, c o m m e les procédés de p r é p a r a t i o n d e l 'azote a m ­moniaca l para issent i n c o n t e s t a b l e m e n t p lus avancés , on s 'occupe d ' amél io re r le r e n d e m e n t m o y e n des ins ta l la t ions en che rchan t à p r o c u r e r à l ' ag r i cu l tu re , n o n pas le n i t r a te de chaux , ma i s b i en le n i t r a t e d ' a m m o n i a q u e à 35 % d 'azote , l ' a m m o n i a q u e é tant o b t e n u e p a r u n des procédés indi rec ts qu ' i l m e reste à m e n t i o n n e r :

Le p lus i m p o r t a n t est dû à F R A N K e t G A R O , e t dérive, du ca rbure de ca l c ium. Se b a s a n t sur u n e observat ion faite avant 1860 p a r des fabr ican t s f rançais . M A R G U E R I T T E et SOTJRDEVAL , à la r e c h e r c h e d ' u n p rocédé d e fabr ica t ion d u cyanure , ces savants se r e n d i r e n t c o m p t e que la fixation de l 'azote, observée à cet te époque , deva i t ê t re a t t r ibuée à la présence d e peti tes quan t i t é s de c a r b u r e a lca l ino- tér reux dans les masses t ra i tées . Hs a r r ivè ren t a insi à r e c o n n a î t r e la r e m a r ­quable p ropr ié té d u c a r b u r e de c a l c i u m d e sub i r u n e vér i ta­ble combus t ion dans l 'azote, lo r sque ce p r o d u i t est por té , à

l 'état p u l v é r u l e n t , en u n po in t de sa masse , à la t empéra tu re d ' i n f l ammat ion , env i ron 900 d eg ré s .

L 'app l ica t ion d e ce procédé , s i n g u l i è r e m e n t facilitée pa r l ' emplo i des appare i l s de rectif ication de l 'air l iquide de no t re col lègue C L A U D E , lesquels fourn i ssen t l 'azote à l 'étal de g r a n d e pu re t é , s'est développée dans p lus ieurs pays . La pro­duc t ion de c y a n a m i d e , r é p a n d u e dans p lus ieurs pays , s'élève à 160 000 t o n n e s c o r r e s p o n d a n t à près de 32 000 tonnes d 'azote. Cette c y a n a m i d e p e u t être, soit uti l isée d i r ec temen t , et c'est là. son p r i n c i p a l emplo i , soit t ransformée avec facilité en a m m o n i a q u e , et les us ines n o r v é g i e n n e s d 'acide n i t r i que sont a insi à m ê m e d e t rouver auprès des usines d e cyanamide les m o y e n s d 'écouler leur p r o d u c t i o n à l 'état de n i t r a te d ' a m m o n i a q u e .

L ' i ndus t r i e de la c y a n a m i d e a réalisé de g r a n d s p rogrès dans ces de rn i è re s années et cons t i tue ac tue l lement u n des procédés les p lus s imples de fixation de l 'azote.

Tou t r é c e m m e n t , enfin, on s'est occupé de la fixation de l'azote à l 'état d e n i t r u r e d ' a l u m i n i u m ; le docteur S E R P E C K ,

qui devai t t r o u v e r auprès d ' u n e de nos g randes Compagn ies françaises u n pu i s san t concours , s'est app l iqué à réal iser cette r éac t ion , et l ' i m p o r t a n c e des essais effectués en Savoie aura sa place dans l 'h is toire indus t r ie l le de l 'azote.

On a t ou t d ' abord consta té q u ' u n m é l a n g e de c h a r b o n et d ' a l u m i n e , por té à u n e t e m p é r a t u r e voisine de 1 900 0 dans u n e a t m o s p h è r e d 'azote, se t r ans fo rme en n i t r u r e d ' a l u m i ­n i u m . Ce n i t r u r e , a t t aqué pa r la soude caus t ique , est sus­cept ible de d o n n e r à l 'état d ' a m m o n i a q u e tou t l 'azote qu'i l r e n f e r m e . E n c o m b i n a n t r a t i o n n e l l e m e n t ce t r a i t emen t avec la fabr ica t ion d e l ' a l u m i n e , M. B A D I N est a r r ivé , avec une énerg ie qu i lui fait h o n n e u r , à r a t t ache r u n e nouvel le b ran ­che de l ' i ndus t r i e de l 'azote à celle d e l ' a l u m i n i u m .

D e r n i è r e m e n t , on a pensé , en r a i son de certaines diffi­cultés r encon t rées d a n s l ' é tabl i ssement des apparei ls spé­ciaux, à réal iser la fabr ica t ion d u n i t r u r e en deux phases d is t inc tes , e n r é d u i s a n t la baux i t e à l 'état de fe r ro-a lumi-n i u m , d o n t l 'azotat ion e x o t h e r m i q u e est u n e des p lus cur ieu­ses man i fes t a t ions des affinités d ' u n é lément , d o n t il est peu t -ê t re p e r m i s d e dire a u j o u r d ' h u i qu'i l a été s ingul iè re­m e n t m é c o n n u .

La t rès g r a n d e i m p o r t a n c e de l ' indus t r ie de l 'azote au po in t de v u e spécial de l 'u t i l isat ion d e l ' énergie é lectr ique a pu para î t r e mise en ques t ion par des procédés d e synthèse di­recte , qu i on t été m i s sur p ied r é c e m m e n t . Il s e m b l e bien p o u r t a n t que l ' aven i r des ins ta l la t ions actuelles n e doive pas être m i s e n discussion de que lque temps .

Messieurs et chers Collègues, les résul ta ts , d o n t j e viens de vous faire la t rop l o n g u e et p o u r t a n t b ien incomplè te é n u m é r a t i o n , n ' o n t été possibles que grâce à l ' énergie élec­t r ique à bas p r ix , que l 'on a p u p r o d u i r e à l 'aide des forces h y d r a u l i q u e s . Vous savez, p o u r en avoir e n t e n d u souvent le c o m p t e r e n d u , c o m b i e n g r a n d s on t été les efforts dépensés p o u r créer les pu issan tes us ines qui fourn i s sen t les quant i t és d ' éne rg ie qu i n o u s s o n t nécessaires .

La F r a n c e deva i t ê t re p a r m i les na t ions indust r ie l les un des pays appelés à r ecour i r de p lus e n p lus à cette houi l le b l a n c h e , d o n t o n a d i t si h e u r e n s e m e n t qu 'e l le s'offre d'elle-m ê m e , t and i s qu ' i l f au t le t ravai l de l ' h o m m e p o u r ex t ra i re la hou i l l e n o i r e . Les conséquences d e no t r e s i tuat ion h y d r o ­g r a p h i q u e sur; n o t r e act ivi té na t iona le on t été considérables .

La nécessi té d e baser la cons t ruc t ion des us ines su r des d o n n é e s aussi exactes que possible a été facilitée pa r u n e do ­c u m e n t a t i o n r e m a r q u a b l e q u e nous devons au Service des Grandes Forces Hydrau l iques , ins t i tué auprès d u Minis tère

Page 6: L'ÉTAT ACTUEL DES INDUSTRIES ÉLECTROCHIMIQUES

LA HOUILLE BLANCHE N° 2

de l 'Agr icu l tu re . Sous la d i rec t ion de M. l ' Inspec teur généra l T A V E R N I E R et M. l ' I ngén ieu r en Chef de la B B O S S E , ont été publ iés les r e n s e i g n e m e n t s les p lus comple t s sur le débit des r iv ières de la r ég ion des Alpes et des Pyrénées , et le n o m b r e des observa t ions cons ignées dans cette magn i f ique publ ica­t ion s 'accroît chaque année .

La créat ion des s ta t ions d e j a u g e a g e , les mé thodes de m e ­sure m i n u t i e u s e m e n t décr i tes , l ' é lude approfondie d u r é g i m e glacia i re on t été p o u r les indus t r ies h y d r a u l i q u e s u n é lément préc ieux, el elle leur do i t des cer t i tudes sur le r ég ime des bassins, qu i au ra i en t p u pa ra î t r e d ' u n espoi r b ien t éméra i re il y a que lques années . Nous l eu r devons les no t ions les p lus intéressantes sur les débits caractér is t iques et on est fixé a u j o u r d ' h u i avec u n e app rox ima t ion qu i d o n n e des bases suffisantes e t p e r m e t d ' é tud ie r les régu la r i sa t ions , c 'est-à-dire la créat ion des réservoirs , que tous les h o m m e s d 'expér ience cons idèren t c o m m e u n e des nécessités de nos ins ta l la t ions actuel les .

Dès 1902, à l 'occasion d u Congrès de la Houil le Blanche, les ques t ions si diverses que c o m p o r t e l ' a m é n a g e m e n t des forces mot r ices avaient fait l 'objet de c o m m u n i c a t i o n s de la p lus h a u t e i m p o r t a n c e . Elles se ron t traitées de nouveau au Congrès de Lyon, qu i se r é u n i r a cette année sous la p ré ­sidence de n o t r e d i s t ingué col lègue, M. C O R D I E R , et n u l doute qu ' i l ne m a r q u e u n e nouve l le étape dans u n e b r a n c h e qui fait t an t d ' h o n n e u r à nos Col lègues hyd rau l i c i ens .

Ils se sont t rouvés en présence de p rob lèmes très variés , auxque ls ils o n t d û appor te r des solut ions souven t nouvel les . Les prises d 'eau, qu i cons t i tuen t u n e des difficultés de ces insta l la t ions , doivent être disposées de tel le sorte que le fonc­t i o n n e m e n t des us ines soi t assuré sans i n t e r rup t i on et r é ­ponde souvent aux exigences d ' u n service pub l i c dans les c i rconstances les p lus différentes : glaces d 'h iver ou c rues d e la fonte des neiges , à la sui te desquelles le débi t de nos tor­rents a lp ins var ie dans des p ropor t i ons cons idérables . Or, la p lupar t des us ines b ien-é tabl ies a r r iven t à ne pas connaî t re plus d ' u n e j o u r n é e d 'a r rê t dans l ' année et cer taines d 'en t re elles a r r iven t à la r édu i r e à que lques heu re s .

Les condui tes forcées,- d 'abord exécutées en tôle r ivée p o u r les chutes de m o y e n n e h a u t e u r , — j u s q u ' à 200 m . — aux­quelles on s'est tout d ' abord adressé, on t nécessité des tubes soudés et étirés q u a n d on a dû recour i r aux p lus hau tes chutes . Les p rogrès réalisés dans la cons t ruc t ion des tubes à h a u t e pression, i m p é r i e u s e m e n t r éc l amés .pa r l ' indus t r ie des gaz c o m p r i m é s , devait p e r m e t t r e à l ' indus t r ie d 'aborder des pressions qui é taient restées l imi tées à la presse h y d r a u l i q u e p r o p r e m e n t d i t e . On a passé success ivement de 4oo à 65o, pu i s à 960 m . d a n s les Pyrénées , et on installe acfuel lemenl. en Suisse, u n e force de T 65o m . de h a u t e u r de chu te .

Les tu rb ines e l les-mêmes on t p u être calculées dans de* condi t ions qui donnent , pleine satisfaction et il n 'es t pas -ra>'o de. r e n c o n t r e r d a n s les un i tés actuelles u n r e n d e m e n t de $1 %, qui ne d i m i n u e que dans u n e faible mesu re quand la t u rb ine fonc t ionne à demi c h a r g e .

D 'après u n tab leau établi en 19ro, pa r les soins de M. P I N O T , la puissance hydro-é lec t r ique aménagée de la F rance s'élevait en eaux m o y e n n e s à 600 000 H P , se rêpar-l issant en : 473 000 p o u r la r ég ion des Alpes ; 55 000 p o u r le P la teau Centra l ; 5T 000 p o u r la rég ion des Pyrénées , e1 4 1 0 0 0 p o u r les aut res r ég ions .

Sur cette pu i ssance aménagée , près de la moit ié , soit 291 000 H P , est consacrée à l ' é lec l rochimie et à l'éleclromét/>l-lu rg ie . P e n d a n t les d ix de rn iè res années , la puissance totale des a m é n a g e m e n t s de houi l le b l anche a crû dans la propor­tion de 1 à 5 ,2 .

A la m ê m e époque , on a r r iva i t , à l 'a ide de d o c u m e n t s d ' u n e incontes tab le exac t i tude , à évaluer à 54o mi l l ions de francs, les cap i t aux immobi l i sé s dans les ins ta l la t ions h y d r o ­électr iques , d o n t p lus de 120 d ans les usines s 'occupanl d ' é l ec t roch imie e t d ' é l ec t rométa l lu rg ie .

Ce magn i f ique effort ne saura i t e n res ter là et les consta­tat ions faites su r n o t r e d o m a i n e hou i l l e r do iven t p e r m e t t r e d 'envisager de nouvel les ins ta l la t ions ; n o u s r appe l l e rons seu lemen t que , dès 190/1, M. de la B R O S S E avait ca lculé la pu issance h y d r a u l i q u e de la Savoie et d u D a u p h i n é à 1 000 000 de chevaux d 'é t iage et à 2 3ooooo c h e v a u x en eaux m o y e n n e s , et enfin que l ' ensemble de nos r ég ions m o n t a ­gneuses serait suscept ib le de fourn i r 4 600 000 chevaux d 'é t iage et 9 2 0 0 0 0 0 en eaux m o y e n n e s .

Aussi, la p l u p a r t des g r andes villes de la r ég ion mér id io ­nale ont-el les p u recour i r à l ' énerg ie hyd roé l ec t r i que , soit exc lus ivement c o m m e Toulouse , Nice, Tou lon , soit p o u r une très g r a n d e pa r t i e de leurs besoins c o m m e L y o n , Marseil le, Bordeaux.

L ' admi rab l e réseau qu i couvre les t rois r ég ions d u Cenl re , du Sud-Est et du Sud-Ouest , est en t ra in de t r a n s f o r m e r la vie é c o n o m i q u e d e ces r ég ions , où nous voyons n o t a m m e n t reveni r d a n s les m o i n d r e s vi l lages -des mét ie r s q u ' o n en croyai t d i spa rus e t où n o u s cons ta tons u n accro issement i n i n t e r r o m p u de la c o n s o m m a t i o n d ' éne rg ie a v a n t m ê m e que l ' ag r i cu l tu re ait c o m m e n c é à user des facilités qui p e u v e n t résul ter p o u r e l le d e ces n o u v e a u x m o y e n s d 'act ion fonct ion­n a n t cet te fois-ci avec des m o t e u r s ac t ionnés par l ' énergie envoyée de nos m o n t a g n e s .

A côté de n o u s , e n Ital ie, le m o u v e m e n t s'est é t endu dans des condi t ions qu i font t r ès g r a n d h o n n e u r à la c l a r t é de vues de nos vois ins . T u r i n , Milan, Venise, Bologne e t Borne reçoi­v e n t la to ta l i té de l ' énergie nécessaire à l eu r écla i rage des us ines h y d r a u l i q u e s et, t o u t r é c e m m e n t , o n i n a u g u r a i t à Naples u n t r a n s p o r t de force a m e n a n t , sous la t ens ion de 88 000 volts , les forces des A p e n n i n s , d i s t an t s de 180 k i lom.

Il nous semble que chez -nous, n o n p lus , on ne saura i t en rester là ; aussi avons -nous enreg i s t ré avec in té rê t les projets d 'électrif ication d e cer ta ines d e nos C o m p a g n i e s de c h e m i n s de fer, qui c o n c o r d e n t avec ceux d e la Suisse et de l ' I tal ie. N 'appara î t - i l pas que les us ines ainsi crées cons t i t uen t une sorte d e dota t ion des généra t ions fu tures , qu i n o u s devront de leur avoir p r o c u r é à t ou t j a m a i s des m o y e n s d 'éclairage et d e t r anspo r t , d o n t le coût d e v i e n d r a p r e s q u e n u l après l ' amor t i s semen t des cap i taux engagés ?

Dans u n e c o m m u n i c a t i o n ' faite en 1904, M. dé la B R O S S É

en a t t r i b u a n t divers coefficients p robab les d e d ix -hu i t heures de m a r c h e par j o u r aux m o t e u r s indus t r i e l s , de huit, heures aux m o t e u r s de c h e m i n s d e fer et t r a m w a y s , a d o n n é des bases d 'éva lua t ion que nous app l ique rons .à la s ta t i s t ique de l ' année 1911, qu i évalue à 3 i44 000 H P la pu i s sance des m o t e u r s indus t r ie l s et à 10 3og 000 H P la pu i s sance des m o t e u r s d e c h e m i n s de fer et t r a m w a y s . '

On arr ive ainsi à u n e pu i s sance nécessaire d e 5o mi l l iards 700 mi l l ions de c h e v a u x h e u r e s . La pu i s sance hydro-élec­t r ique de no t r e pays est ac tue l l emen t d u d ix ième de ce chif­fre. Elle peu t être i m m é d i a t e m e n t accrue d e 5o % p a r l 'amé­n a g e m e n t d e deux forces mot r i ces , d o n t , vous le savez, l 'é tude est c o m p l è t e m e n t t e r m i n é e ; celle d u B h ô n e à Genis-siat et celle de la D u r a n c e à Se r re -Ponson .

On a d i t avec ra i son que l 'u t i l i sa t ion d e c h a c u n e d e ces forces co r respondra i t à la découver t e de bass ins houil lers p rodu i san t , l ' un ï 800 000 t o n n e s , le second 800 000 tonne? de c h a r b o n pa r a n .

Page 7: L'ÉTAT ACTUEL DES INDUSTRIES ÉLECTROCHIMIQUES

FÉVRIER LA HOUILLE BLANCHE

Il semble b ien q u ' e n présence de semblab les résu l ­tats à a t t endre , les Admin i s t r a t i ons compé ten te s soient disposées, e t n o u s s o m m e s h e u r e u x de le cons ta te r , à faire t o m b e r les obstacles qu i s 'opposent e n c o r e à l eu r a m é n a g e m e n t et à l 'u t i l i sa t ion r ap ide de n o t r e r ichesse hydrau l ique . Déjà, p o u r les forces h y d r a u l i q u e s du do­ma ine pr ivé , les ini t ia t ives ind iv idue l les o n t e u p o u r conséquence la t r ans fo rma t ion é c o n o m i q u e d e r ég ions pauvres . Certes, en ce q u i conce rne le d o m a i n e p u b l i c , on conçoit qu ' en présence des exigences d e l ' h e u r e p r é ­sente, l 'Etat ait le l ég i t ime souci d e ne pas se dessaisir à tout j a m a i s d e ce d o m a i n e , et l ' i ndus t r i e s'est inc l i ­née devant les réserves qu ' i l a p u conven i r d e fo rmu le r à cet égard . Tou t d é m o n t r e p o u r t a n t q u e la col lect ivi té ne peu t m a n q u e r de recuei l l i r u n e la rge pa r t i c ipa t ion dans les avantages à ob ten i r et le P a r l e m e n t dev ra , pa r une appréc ia t ion équi tab le de la s i tua t ion , é tabl i r u n rég ime l ibéral . Les bases d ' u n e en ten te loyale sont pos­sibles. 11 nous para î t nécessaire de les t r ouve r avan t que d 'aut res pays p r e n n e n t su r n o u s l ' avance que n o u s avons su leur d i spu te r .

En t ravai l lant à ce résul ta t , nous a u r o n s r e m p l i , mes chers Collègues, l ' un des b u t s qu i n o u s son t ass ignés par ceux qui ont t racé no t re voie : p o u r s u i v r e l ' appl ica t ion la plus é tendue des forces et des r ichesses du pay s .

Nos lecteurs on t r e t rouvé , d a n s le d i scours p récéden t , la d o c u m e n t a t i o n que nous avons déjà si s o u v e n t mi se sous leurs yeux . Mais, e n la c i rcons tance , elle e m p r u n t e à la hau te s i tuat ion de l ' au teur si qualifié p o u r t ra i te r ce sujet, une valeur par t icu l iè re ; d 'a i l leurs , l 'exposé q u ' o n v ien t de lire d u déve loppemen t de l 'E lec t roch imie c o m p o r t e u n e vue d ' ensemble d ' où se d é g a g e n t d ' u n e m a n i è r e saisissante les perspectives d ' aven i r de cette i ndus t i e : c'est à ce doub le titre que nous avons r ep rodu i t ces p a g e s .

En les l isant , i l n 'es t pas u n t echn ic i en qu i n e r e m a r q u e r a la modest ie de M. G A L L p a r l a n t de tous , sauf de lui à qui la science é lec t roch imique est p o u r t a n t redevable d e t ra­vaux si féconds. Ceci prouve, b i en u n e fois de p l u s q u e c'est à leur modes t ie que se r econna i s sen t les vra is savan t s .

AMÉNAGEMENT D'UNE HAUTE CHUTE EN HAUTE MONTAGNE

D'une in téressante conférence faite r é c e m m e n t à la So­ciété d'Agriculture, Sciences et Industrie de Lyon, p a r no t re col laborateur M. C H A R L E S , nous ex t rayons la descr ip t ion suivante . Elle m o n t r e b ien de quel le s o m m e d ' audace , de science et d ' énerg ie les m i n e u r s de la hou i l l e b l a n c h e doi­vent faire p reuve p o u r c o n q u é r i r les mervei l leuses et iné­puisables richesses que la n a t u r e a placées aux flancs de nos m o n t a g n e s .

.% Une chu te , quel le que soit sa pu i s sance , n ' a b e a u c o u p de

valeur que si elle est à peu près cons t an te ou , d u m o i n s , si sa force, m i n i m a est encore assez g r a n d e e t de d u r é e assez courte pour que le secours d e m a n d é à t ou t au t re source d 'énergie soit l imi té et n ' e n t r a î n e pas l ' immobi l i sa t ion de capi taux cons idérables .

Cette condi t ion n 'es t réalisée que lo r squ 'on p e u t a c c u m u ­ler en u n réservoir su f f i samment g r a n d l 'eau inut i l i sée p e n -

d a n t u n e pa r t i e de la j o u r n é e ou de l ' année , p o u r en tirer par t i a u x h e u r e s où la d e m a n d e de force est p lus g r a n d e , et p e n d a n t les pér iodes o ù le froid et la sécheresse rédu i sen t le déb i t d u cours d 'eau exploi té .

P lu s la h a u t e u r de c h u t e uti l isée est g r a n d e , p lus pet i t est le v o l u m e d 'eau nécessaire p o u r la p roduc t ion d ' u n e force d o n n é e , et p lus faible, pa r conséquen t , le v o l u m e de. la réserve à cons t i tue r p o u r les m o m e n t s de p é n u r i e .

De p lus , u n e ins ta l la t ion hydroé lec t r ique pu i s san te en basse c h u t e nécessi te des m a c h i n e s éno rmes , tandis q u ' e n h a u t e c h u t e ces m ê m e s é léments , sauf la l ongueu r de la c o n d u i t e forcée, se r édu i sen t en d imens ion , en poids et en p r ix . Aussi , che rchc - t -on de préférence les hau tes chu tes a l imen tées pa r des ru i sseaux provenant , de glaciers et t ra­ve r san t des lacs ou des vallées que l 'on peut , à l 'aide de t r a v a u x r e l a t i v e m e n t peu coûteux , t r ans fo rmer en réservoirs assez vastes p o u r parer , dans u n e la rge m e s u r e à l ' i r régula­r i té de déb i t de ces ru i s seaux .

L ' ins ta l la t ion hyd roé l ec t r i que de l 'Adamel lo nous fourn i ra u n e x e m p l e t yp ique des t r a v a u x de ce g e n r e .

I N S T A L L A T I O N H Y D R O É L E C T R I Q U E

D E L ' A D A M E L L O

L'Adamel lo s'élève à p lus de 3 5oo mè t res su r u n dos con­t refor ts des Alpes Ré lh iques qu i de scenden t vers la p la ine l o m b a r d e , p rès de Breseia.

L ' é c o u l e m e n t du glacier vers l 'ouest , fo rme u n réseau de t o r r e n t s qu i se p réc ip i t en t é c u m a n t s en t re des s o m m e t s cou­ver t s , j u s q u ' à la l imi t e des ne iges , de p i n s et de hêt res , et, d e s c e n d e n t pa r u n e succession de vallées sauvages se je ter d a n s l 'Ogl io au vi l lage de Cedegolo .

E n ce p o i n t , cette r iv ière reçoit la Pogl ia , a l imen tée elle-m ê m e pa r l 'Adamè , le Sa la rno e t la Pogl ia d 'Arno , émis ­saire d u lac d ' A r n o .

Le lac d ' A r n o , s i tué à i 8oo mèt res d ' a l t i tudes , a 571 000 m è t r e s ca r rés . U n i n g é n i e u r , M. Lu ig i S tucch i , f rappé do la va leur indus t r i e l l e de ce réservoir n a t u r e l p r e sque inac­cessible, e n fit l ' acquis i t ion après s 'être assuré la concession des affluents de la Pog l i a ; il t r a n s m i t ses droi ts à la Société Généra le E lec t r ique de l 'Adamel lo , formée en avr i l 1907 p o u r ut i l i ser les forces h y d r a u l i q u e s d u va ! Gamonica . Troi$